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Revue "Repères et Perspectives Economiques"

Vol. 5/N° Spécial / février 2022

ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest :


de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente
en Côte d’Ivoire et au Sénégal

DOSSO Mafini1, Commission Européenne, CCR, Espagne


DIANKHA Assane, Ministère du Commerce et des PME, Sénégal

ISSN : 2509-0399 Reçu le : 06 décembre 2021


Date de mise en ligne : 08 février 2022 Evalué le : 25 janvier 2022
Pagination : 99-127 Accepté le : 03 février 2022

Référence
DOSSO, M., DIANKHA, A., « ZLECAf et changement structurel en Afrique de
l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal», Revue "Repères et Perspectives Economiques" [En ligne], Vol. 5,
N° spécial / février 2022, mis en ligne le 08 février 2022.

Avertissements
Ni la Commission européenne, ni aucune personne agissant au nom de la Commission n’est responsable de l’usage qui
pourrait être fait des informations données dans cet article. Le contenu de la présente publication ne reflète pas
nécessairement la position ou l’opinion de la Commission européenne. La responsabilité exclusive des points de vue,
interprétations ou conclusions contenus dans ce document incombe aux auteurs.
Ni la République du Sénégal, ni aucune personne agissant au nom de la République du Sénégal n’est responsable de l’usage
qui pourrait être fait des informations données dans cet article. Le contenu de la présente publication ne reflète pas
nécessairement la position ou l’opinion de la République du Sénégal. La responsabilité exclusive des points de vue,
interprétations ou conclusions contenus dans ce document incombe aux auteurs.

1
ORCID: http://orcid.org/0000-0003-4132-2914
ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

AfCFTA and structural change in West Africa: on the relevance of smart specialization
strategies in Côte d’Ivoire and Senegal

ABSTRACT

The AfCFTA would constitute one of the most important integration blocs owing to its
geographical and socioeconomic scope. Although the opportunities are still innumerable, the
challenges are manifold, as evidenced by the ongoing negotiations. In addition to cyclical and
operational problems, challenges arise at the structural level due to debt issues, the
dependence of economies on extractive industries, natural resources and external financing, as
well as the low diversification or similarity of exported products. In the perspective of the
regional integration, this article questions the relevance of the implementation of smart
specialization strategies or S3 in Côte d'Ivoire and Senegal. S3 refer to the processes by which
a country or region is structurally and singularly transformed through innovation, taken in its
broad meaning. Drawing on international S3 experiences, this article adopts a qualitative
approach to discuss the conditions for the adoption of smart specialization principles in these
two emerging economies. The analysis highlights the countries’ challenges and performances,
and it positions prospectively S3 within the framework of existing structural transformation
policies. The two countries have initiated an economic catching-up process, but they are still
struggling to penetrate more complex industries or product lines, reflecting their low
innovation capacities. The results suggest that for each S3 stages, data and information on
territorial potentials, as well as the involvement of various stakeholders, are needed to inform
the decision-making processes for innovation. Additional conditions relate to the wider
dissemination of the innovation culture, the directionality and level of resources for
innovation, the development of participatory governance mechanisms and the adoption of a
finer granularity in the prioritisation of innovation investments. Finally, specific capacity-
building programmes would certainly be relevant to enhance the preparedness of the two
countries for structural transformations supported by smart specialization strategies.

Keywords: African Continental Free Trade Area (AfCFTA); Côte d’Ivoire; Senegal; smart
specialization strategies (S3); structural change.

Classification JEL : O25 ; O31 ; L16 ; F15

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ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Résumé

La ZLECAf constituerait à terme un des blocs d’intégration parmi les plus importants par sa
portée géographique et socio-économique. Bien que les opportunités soient encore
innombrables, les défis sont multiples comme l’attestent les négociations en cours. En plus
des problèmes conjoncturels et opérationnels, les défis apparaissent au niveau structurel en
raison des problèmes d’endettement, de la dépendance des économies Africaines à l’égard des
industries extractives, des ressources naturelles et des financements extérieurs et également de
la faible diversification ou de la similitude des produits exportés. Dans la perspective de
l’intégration régionale, cet article s’interroge sur la pertinence de la mise en œuvre de
stratégies de spécialisation intelligente ou S3 en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Les S3 font
référence au processus par lequel un pays ou une région se transforme structurellement et
singulièrement par l’innovation, prise dans son sens large. S’inspirant des expériences
internationales S3, cet article adopte une approche qualitative afin de discuter des conditions
pour l’adoption des principes S3 dans ces deux économies. L’analyse souligne les enjeux et
performances des pays et elle positionne, de manière prospective, la S3 dans le cadre des
politiques de transformation structurelle existantes. Les deux pays ont entamé un rattrapage
économique mais ils peinent encore à s’affirmer dans des industries ou branches de produits
plus complexes, reflétant de faibles capacités d’innovation. Les résultats suggèrent que pour
chaque étape de la S3, des données et informations sur le potentiel territorial, ainsi que
l’implication de diverses parties prenantes, sont nécessaires pour informer la décision
publique en matière d’innovation. Des conditions additionnelles sont relatives à la diffusion
plus large de la culture de l’innovation, au renforcement des ressources pour l’innovation, à
l’élaboration de mécanismes de gouvernance participative et à l’adoption d’une granularité
plus fine dans la prioritisation des investissements d’innovation. Enfin des programmes
spécifiques de renforcement de capacités seraient certainement pertinents pour améliorer
l’état de préparation des deux pays pour la transformation structurelle soutenue par des
stratégies de spécialisation intelligente.

Mots clés : Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) ; Côte d’Ivoire ;


Sénégal ; stratégie de spécialisation intelligente (S3) ; changement structurel.
Classification JEL : O25 ; O31 ; L16 ; F15.

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ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

INTRODUCTION

La Côte d’Ivoire et le Sénégal figurent parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique
sub-saharienne avec des taux de croissance supérieurs à 6% sur la période 2015-2019
(données de la Banque mondiale). Cependant les profils d’exportation présentent encore une
très faible complexité économique, suggérant l’insuffisance de capacités locales exclusives
dans la fabrication de produits complexes et la perte potentielle d’opportunités de croissance
(Hidalgo et Hausmann, 2009 ; Poncet et de Waldemar, 2013).2 Bien que ces deux pays
figurent parmi les économies relativement résilientes d’Afrique sub-saharienne (Banque
Africaine de Développement [BAD], 2021), la crise a montré que le déficit de capacités
productives et innovantes et une faible culture d’innovation réduisent la résilience du tissu
industriel et des petites et moyennes entreprises (PME) notamment dans les activités et
secteurs traditionnels et les plus vulnérables. Aux enjeux de la crise actuelle s’ajoutent ceux
de la mise en place de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf ou
AfCFTA en anglais), une initiative unique par son envergure géographique et économique
(Union Africaine [UA], 2018). La diversification et la modernisation des systèmes de
production deviennent encore plus urgentes afin d’accroitre le niveau de préparation et la
résilience des entreprises et du tissu industriel local.

Le présent article réaffirme ces défis actuels et à venir de l’intégration et discute de la


pertinence de l’adoption d’approches stratégiques du développement industriel et territorial
tiré par l’innovation en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Ainsi la question est de savoir comment
accélérer la transformation structurelle tirée par l’innovation dans le cadre de la ZLECAf et
d’une globalisation croissante ? Afin d’apporter des éléments de réponse, nous nous inspirons
des principes mis en avant par les stratégies de spécialisation intelligente (S3 ou RIS3). Les
S3 sont des stratégies de transformation structurelle basée sur l’innovation sous toutes ses
formes incrémentales, radicales, mixtes, technologiques, non technologiques,
organisationnelles, de commercialisation, sociales, parmi d’autres exemples. Développées
dans le cadre de la politique Européenne de développement régional et urbain, elles visent à
stimuler la construction de nouveaux avantages compétitifs en limitant l’adoption de
‘politiques dites de taille unique’ ou les comportements d’imitation politique dans les choix
d’investissements d’innovation (Foray et al., 2012 ; Foray et al., 2009). La portée du concept
a rapidement dépassé les frontières de l’Union Européenne, pour donner naissance à des
travaux et communautés académiques, des expérimentations et initiatives de coopération
2
L'Observatoire de la complexité économique, en abrégé OEC, est une plateforme en ligne de visualisation et de
diffusion de données en ligne centrée sur la géographie et la dynamique des activités économiques des pays et
secteurs. L'OEC a été créé en 2012 à partir du MIT en tant que projet open source.

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politique ou scientifique à l’échelle internationale (United Nations Interagency Task Team et


European Commission JRC, 2021 ; Esparza Masana et Ipanaqué, 2021 ; Kruse et Wedemeier,
2021 ; Dosso et al., 2020). Cependant, sa diffusion ne s’est pas faite sans remise en cause,
questionnements et débats (Di Cataldo et al., 2021; Gianelle et al., 2020 ; Foray, 2019 ;
Capello et Kroll, 2016), mais elle a contribué à des améliorations de la gouvernance
territoriale de l’innovation, de processus de collaboration interrégionale ainsi que de
nouveaux processus d’apprentissage politique mutuel (Guzzo et Gianelle, 2021 ; Gianelle et
al., 2016 ; Polverari et Dozhdeva, 2018).3 S’inspirant des nouvelles approches industrielles,
cet article adopte une approche qualitative et s’attache à démontrer la pertinence et
l’adaptabilité des principes de la S3 dans les trajectoires de rattrapage et de transformation
structurelle mises en place en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

La section 2 rappelle, dans un premier temps, les composants principaux de l’accord pour la
ZLECAf et les défis principaux des États signataires. Dans un second temps, elle qualifie et
met en lumière les spécificités et similarités des trajectoires de rattrapage économique et
industriel de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. La section 3 explique le concept de stratégie de
spécialisation intelligente et les principes opérationnels clés de cette nouvelle approche de
politique industrielle et d’innovation. L’analyse des plans nationaux de développement nous
permet de positionner la S3 de manière prospective et pratique dans l‘espace de politiques de
développement de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. La section 4 discute des conditions
préalables et propose des recommandations et la section 5 conclut.

1. DEFIS DE L’INTEGRATION AFRICAINE ET PERFORMANCES DE LA COTE D’IVOIRE ET

DU SENEGAL

1.1. ZLECAf : évolutions et défis de l’intégration économique continentale

La ZLECAf est un pilier essentiel vers l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union
Africaine en matière de transformation structurelle de l’économie (UA, 2018). Signée par 54
États4, sa phase opérationnelle a été lancée par les Chefs d’État et de Gouvernement de
l’Union Africaine lors d’un Sommet historique tenu à Niamey au Niger, le 07 juillet 2019.
Elle constitue une étape fondamentale vers la création d’une Communauté Économique pour
l’Afrique. Elle vise le développement d’un marché commun continental avec la libre
circulation des personnes, des capitaux, des marchandises et des services, qui sont essentiels

3
Voir également les travaux et coopérations S3 à l’adresse suivante : https://s3platform.jrc.ec.europa.eu
4
A la date du 5 février 2021, 36 États l’avaient ratifié (https://afcfta.au.int/en/about) ; en décembre 2021, il
s’agirait de plus de 44 pays qui auraient maintenant ratifié l’accord (source co-auteurs).

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pour le renforcement de l’intégration économique, la promotion du développement agricole,


la sécurité alimentaire, l’industrialisation et la transformation structurelle économique.
Figure 1. Les différentes phases de l'intégration régionale en Afrique

Source : Ministère du Commerce et des PME du Sénégal (n.d.)


Notes : Les CER ou Communautés Économiques Régionales sont des regroupements régionaux d’États africains
et sont les piliers de l’Union Africaine qui en reconnait 8. Voir à https://au.int/fr/organes/cer
BNT : Barrières non tarifaires
CEA : Communauté Économique pour l’Afrique
DD : Droits de douane
UD : Union douanière
ZLE : Zone de Libre-Échange

Les négociations qui se déroulent en deux grandes phases couvrent respectivement le


commerce des marchandises et des services d’une part, et d’autre part, la politique de
concurrence, les droits de propriété intellectuelle, les investissements et le commerce
électronique. Cette approche permettra à terme d’établir des règles claires, transparentes,
prévisibles et mutuellement avantageuses pour régir le commerce dans ces différents
domaines grâce à la mise en cohérence de la multiplicité et du chevauchement des régimes
commerciaux applicables sur le Continent5.

L’importance des domaines couverts témoigne de l’ambition exprimée par les Chefs d’État et
de Gouvernement, ainsi que de l’objectif visé, soit l’accroissement du commerce intra-africain
afin de promouvoir et de réaliser un développement socio-économique, inclusif et durable.
A cet effet, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement [CNUCED]
estime que l’élimination des barrières douanières devrait générer un gain de 16,1 milliards de
dollars US, et portera le commerce intra-africain (estimé à 16,6%) à 33% lors de la période
transitoire (CNUCED, 2019). La ZLECAf, qui est le deuxième bloc d’intégration le plus
important jamais établi (derrière le Partenariat régional économique global en Asie et dans le

5
L’objectif est de réduire l’effet du « fameux bol de spaghetti », c’est-à-dire, l’enchevêtrement et le
chevauchement de nombreuses organisations régionales en Afrique.

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Pacifique), constitue un marché de 1,5 milliards de consommateurs et un PIB combiné de plus


de 2500 milliards de dollars d’après la Commission Économique des Nations Unies pour
l’Afrique (Ighobor, 2018).
Relativement aux marchandises, l’Accord prévoit l’élimination des droits de douane sur 90%
des lignes tarifaires ; les 10% restants étant répartis entre les produits sensibles (7%) et les
produits exclus (3%). Aucune élimination de droits de douane n’est prévue pour cette dernière
catégorie. Concernant le commerce des services, les États membres prendront des
engagements sur 5 des 12 secteurs de services identifiés dans la Classification W120 de
l’Organisation Mondiale du Commerce [OMC] 6 et considérés comme étant prioritaires pour
le Continent. Il s’agit des secteurs de Services fournis aux entreprises, les Services de
communication, les Services financiers, les Services de tourisme et voyage et les Services de
transport.
Néanmoins, la ZLECAf reconnaît que la préservation des acquis dans les Communautés
Économiques Régionales (CER) est essentielle pour la réalisation des objectifs de ce marché
continental. Cela a permis à certaines CER, dont la Communauté Économique des États de
l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO], de négocier en bloc. En effet, les pays membres de la
Communauté, en plus de la Mauritanie, ont déposé au niveau du Secrétariat de la ZLECAf
une liste de concession tarifaire7 commune pour les marchandises et une liste d’engagement
spécifique sur les services8. Cette dynamique vise à renforcer les politiques commerciales
communes déjà applicables au sein des CER, à promouvoir le développement de chaînes de
valeur de biens et services et à impliquer les acteurs locaux dans la mise en œuvre des
engagements pris par les États, entre autres objectifs.
Cependant un des défis majeurs de la ZLECAf consisterait à réduire les effets de la
dépendance à l’égard d’industries extractives souvent peu fiables et non durables mais
également ceux de la dépendance vis-à-vis des ressources étrangères et de la dette. En effet, le
constat est que les ressources, surtout naturelles, sont la plupart du temps exportées à l’état
brut (Obeng-Odoom, 2020). De même, d’autres facteurs nuisent au commerce régional en
Afrique. Il s’agit notamment de l’application de droits de douane sur les importations en
provenance du continent, de l’absence de diversification ou de la similitude des produits
exportés, de l’instabilité politique et la faible qualité de la logistique et des infrastructures.
Ainsi, le renforcement des chaînes de valeur à l’échelle régionale devrait permettre

6
https://www.wto.org/french/tratop_f/serv_f/mtn_gns_w_120_f.doc
7
Cette liste contient les lignes tarifaires à libéraliser (90%), les produits sensibles (7%) et les exclusions (3%)
pour tous les membres de la CEDEAO.
8
Il s’agit d’une compilation des différents engagements que chaque État de la CEDEAO a pris pour libéraliser
ses services.

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l’amélioration de la compétitivité et de la qualité pour les pays possédant un avantage


comparatif sur les produits de base, ainsi que de développer les capacités productives des
industries naissantes en Afrique (El Gazzan et Hassani, 2021).
D’ailleurs, la Banque Africaine de Développement entend soutenir le Secrétariat de la
ZLECAf dans ses initiatives et programmes en matière d’échanges commerciaux et de
productions industrielles. Ce soutien ciblerait les domaines liés à l’industrialisation, aux
finances, aux infrastructures et à la logistique9. La ZLECAf devrait également apporter une
réponse aux effets négatifs de la crise sanitaire sur le plan économique. Celle-ci a entraîné une
contraction des échanges internationaux de biens et services. Elle a également poussé
plusieurs États à réviser leur programme de développement économique, à l’image du Sénégal
avec son Plan d’Action Prioritaire 2 Ajusté et Accéléré (PAP 2A) pour la relance de
l’économie. Le Plan National de Développement (PND) de la Côte d’Ivoire pour la période
2021-2025 fait également référence aux différentes stratégies d’atténuation des effets de la
pandémie qui affecte dans une plus grande mesure les populations les plus vulnérables ou
ayant un accès limité aux infrastructures de santé.

1.2. Le rattrapage économique de la Côte d’Ivoire et du Sénégal : évolutions récentes


des performances industrielles et commerciales

Le continent Africain n’a pas été épargné par la crise sanitaire qui a affecté particulièrement
les économies dépendantes du tourisme et de l’exportation de ressources naturelles. Les
perspectives restent néanmoins positives avec une croissance espérée de plus de 3% à
l’échelle continentale. A l’image du continent, les performances exceptionnelles enregistrées
par la Côte d’Ivoire et le Sénégal au cours de la dernière décennie ont fortement été affectées
par la pandémie de COVID19. Bien que la Côte d’Ivoire maintienne une croissance positive
en 2020, les deux économies s’avèrent moins robustes quant à leurs capacités à gérer des
grands chocs externes. (BAD, 2021).

Le tableau 1 fournit des statistiques sur les performances économiques et commerciales


récentes de quelques pays sélectionnés de la sous-région ou du monde à des fins de
comparaison. Il confirme que les deux économies étudiées contribuent également à tirer la
croissance du continent vers le haut. (Voir l’annexe 1)

Le CIP ou indice de compétitivité industrielle classent les économies selon trois dimensions,
que sont la capacité à produire et à exporter des produits manufacturés, l’extension et la

9
https://www.afdb.org/fr/news-and-events/press-releases/la-banque-africaine-de-developpement-et-le-secretariat-
de-la-zlecaf-explorent-les-moyens-pour-stimuler-lindustrie-africaine-46551

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modernisation technologique, et l’impact mondial ou la participation du pays à la production


et au commerce de produits manufacturés dans le monde (United Nations Industrial
Development Organization [UNIDO, ONUDI en français], 2013). Le CIP permet de conduire
des analyses comparatives ou de référence. Il est également pertinent comme outil pour suivre
le changement structurel dans le long terme (UNIDO, 2020). Le CIP met l’accent sur
différentes dimensions du développement industriel et peut guider pour la décision publique,
également pour des études plus ciblées. La Côte d’Ivoire et le Sénégal restent encore
relativement peu compétitifs lorsqu’ils sont comparés au Botswana dans le quintile
intermédiaire inférieur ou aux économies marocaine et sud-africaine figurant dans le quintile
supérieur.

Néanmoins plusieurs initiatives publiques et public-privées et des stratégies nationales de


transformation structurelle ont été mises en place au cours de cette dernière décennie dans les
deux pays.10 Le troisième ensemble d’indicateurs suggèrent que les impacts structurels de ces
actions se font encore attendre. En effet, l’ECI ou indice de complexité économique d’un pays
est plus élevé lorsque le pays est capable de fabriquer un ensemble très diversifié de produits
complexes. Cette complexité n’émane pas uniquement des connaissances locales de
production mais de l'ubiquité des produits fabriqués (le nombre de pays qui exportent le
produit) et de la sophistication et la diversité des produits fabriqués par ces autres pays. La
valeur des exportations Ivoiriennes est relative à plus de 50% au stade des matières premières,
alors que les biens d’équipement occupent moins de 3% (9% au Maroc ; 43% en Malaisie) ;
cette dernière proportion est similaire pour le Sénégal dont 60% de la valeur des exportations
pour l’année 2019 est relative aux biens intermédiaires et de consommation.11 La complexité
économique reflète la diversité et la sophistication des capacités de production intégrées dans
les exportations de chaque pays. (Hidalgo et Hausmann, 2009)12

Ainsi, le renforcement des capacités d’innovation et l’adoption et l’appropriation des


nouvelles technologies par les entreprises locales sont donc instrumentales pour le rattrapage
et la croissance (UNIDO, 2013 ; Dosi, 1990). Le classement selon l’indice mondial de
l’innovation (Global Innovation Index, GII, en anglais) illustre les faibles performances
d’innovation des deux économies qui appartiennent au premier quartile (rangs de 100 à 132).
Les deux pays figurent dans le second quartile pour uniquement deux dimensions sur les sept
que combinent l’indice : les institutions et le perfectionnement des entreprises pour la Côte
10
Les visions ‘Émergence 2020’ en Côte d’Ivoire et ‘Sénégal Émergent’ ainsi que les diagnostics et PND
correspondants.
11
Voir World Integrated Trade Solution (WITS) de la Banque mondiale (disponible en anglais et en espagnol)
12
Voir également ‘The Atlas of Economic Complexity, Growth Lab’ at Harvard University at
https://atlas.cid.harvard.edu

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d’Ivoire ; et pour le Sénégal, les institutions et les résultats liés au savoir et à la technologie. A
titre de comparaison, le Rwanda et le Botswana occupent respectivement les rangs 54 et la 59
sur la dimension Institutions (3e quartile) ; tandis que la Namibie se classe 57e pour le capital
humain et recherche (3e quartile) (World Intellectual Property Organization [WIPO, OMPI en
français], 2021). La Côte d’Ivoire est classée 124e sur le capital humain et recherche tandis
que le Sénégal se classe 131e sur le perfectionnement des entreprises.

Les possibilités d’apprentissage mutuel, d’intégration de connaissances et d’échange de


bonnes pratiques entre pays Africains sont donc multiples. Sur cette voie, la ZLECAf
constitue une opportunité de progresser sur les partenariats pour le développement durable
tout en offrant un espace d’innovation unique en termes de diversité, de portée et d’impacts
potentiels.

2. SPECIALISATION INTELLIGENTE : PRINCIPES CONCEPTUELS ET PRATIQUES POUR

UNE TRANSFORMATION STRUCTURELLE PAR L’INNOVATION

La stratégie de spécialisation intelligente fait référence au processus par lequel une région ou
un territoire se transforme structurellement et singulièrement par l’innovation, notion prise ici
dans son sens large. La combinaison des choix d’investissement pour l’innovation et des
trajectoires de différentiation est unique au territoire dans la mesure où ces choix reflètent les
atouts, forces et défis de développement du territoire, mais également parce qu’ils sont
construits sur la base de données probantes et de dialogues participatifs ou inclusifs ancrés
localement. S3 est donc un processus d’apprentissage des acteurs afin de découvrir les
domaines d’innovation dans lesquels le territoire peut espérer exceller. (Foray et al., 2009)

Les S3 ou stratégies de recherche et d’innovation pour la spécialisation intelligente13


(dénomination complète) se sont fait connaitre à l’échelle internationale par le biais du
programme initié par la Commission Européenne. Le programme est mis en place sous la
tutelle institutionnelle de sa Direction générale pour la politique urbaine et régionale (DG
REGIO) en collaboration avec le Centre Commun de Recherche (CCR ou JRC) de la

13
Dans l’Union Européenne, les S3 sont initialement liées à la régulation (EU) 1303/2013, relative au Fonds
européen de développement régional (FEDER) selon le principe de la conditionnalité ex-ante. Ainsi pour
l’attribution des financements du FEDER de la période de programmation 2014-2020, les régions devront définir
et adopter au préalable une stratégie de spécialisation intelligente et identifier les priorités d’investissements
soutenus par les programmes opérationnels notamment pour les objectifs de renforcement de la recherche, du
développement technologique et de l’innovation, et également, les objectifs de renforcement de l’accessibilité́ ,
l’usage et la qualité́ des technologies de l’information et de la communication (https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/EN/TXT/PDF/?uri=CELEX:32013R1303)

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14
Commission Européenne qui héberge la plateforme de spécialisation intelligente.
Développées en réponse aux défaillances observées dans les systèmes régionaux d’innovation
et aux inégalités interrégionales croissantes, les S3 se retrouvent au cœur des réformes de la
politique Européenne de cohésion (développement régional) avec pour objectif de contribuer
à la réalisation d’une croissance intelligente, durable et inclusive. (Foray et al., 2012)15

2.1. Les principes d’opérationnalisation de la S3 pour la transformation structurelle


de l’économie par l’innovation
L’approche de la spécialisation intelligente est construite sur des logiques et principes clés qui
la distinguent des politiques industrielles et d’innovation traditionnelles.

D’une part, la logique de planification dont l’aboutissement se présente sous forme d’une
priorité ou d’un nombre très restreint de priorités stratégiques. Ces priorités se formulent et
se matérialisent comme des sentiers ou avenues de transformation souvent à la croisée des
secteurs ou des domaines existants. Dans l’approche S3, la formulation des priorités ne suit
pas une logique sectorielle mais une direction de transformation ; par exemple, il ne s’agit pas
de soutenir ‘l’Agriculture’ ou ‘les technologies de l’agriculture’ à part entière, ce qui
reviendrait à concevoir des instruments de soutien plutôt génériques (compte tenu des faibles
ressources de l’innovation et de la spécificité des processus d’innovation dans les sous-
secteurs ou industries associées), mais plutôt d’y associer une direction de transformation ou
du changement. La priorité est donc définie à un niveau de granularité intermédiaire, ni celui
du secteur, ni celui des projets individuels non liés, mais celui qui facilite l’émergence de
nouvelles connections, capacités et activités d’innovation dans la direction souhaitée du
changement structurel.

D’autre part, la logique entrepreneuriale des S3 se reflète dans le processus de découverte


graduelle de sélection, de développement et de déploiement des activités transformatrices par
les acteurs de l’écosystème. Alors que la planification s’appuie sur une logique centralisée ou
descendante, la découverte entrepreneuriale se déploie selon une logique décentralisée ou
ascendante et participative (Foray et al., 2021 ; Perianez-Forte et Wilson, 2021). Selon Foray
et al. (ibid.), cette logique duale de la S3 est fondamentale dans la mesure où le planificateur
public n’est pas omniscient et est confronté à une forte incertitude quant à la prédiction des
probabilités de succès des multiples projets individuels au niveau microéconomique. Ce

14
Le centre commun de recherche (CCR) est le service scientifique interne de la Commission européenne. Il
réalise des recherches et fournit des conseils scientifiques indépendants, fondés sur des éléments factuels, qui
contribuent à étayer l'élaboration des politiques de l'Union Européenne. See at https://ec.europa.eu/jrc/en
15
Voir également l’adresse suivante :
https://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docoffic/official/communic/smart_growth/comm2010_553_en.pdf

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d’Ivoire et au Sénégal

risque est encore plus élevé lorsque le territoire a une faible culture de suivi et d’évaluation de
projets (d’innovation). L’importance de la priorisation d’un seul ou de très peu de domaines
d’investissements pour l’innovation est aussi une condition nécessaire à la fois pour bénéficier
des économies d’agglomération pouvant résulter de la concentration des activités
d’innovation (voir la discussion dans l’article de Breschi sur la dimension spatiale de la
concentration, Breschi, 2008) et pour permettre une utilisation plus efficiente des ressources
et des soutiens spécifiques à l’innovation. Dans le cas des processus d’innovation, ces
ressources et instruments de politique qui peuvent être de nature financière, infrastructurelle,
institutionnelle ou se déployer sous formes de programmes de renforcement des capacités sont
très spécifiques au secteur et au lieu ou territoire considéré ; les différences correspondantes
sont également, et parfois encore plus, prononcées entre des régions ou des villes appartenant
au même pays.

La logique entrepreneuriale devient prédominante lorsque la priorité ou les priorités


thématiques sont choisies. Les priorités peuvent être affinées ou faire l’objet de révisions
selon les expériences des différents acteurs, les dialogues participatifs, les retours des pilotes
déployés et également les défis et dynamiques sociales, technologiques et de marché. Ces
priorités sont ensuite traduites en feuilles de route pour la transformation soutenant le
développement d’activités transformatrices. Ces dernières sont identifiées selon un processus
participatif dénommé le processus de découverte entrepreneuriale (PED). Le PED,
particularité et défi clé de la mise en œuvre d’une S3, prend la forme d’interactions entre les
hélices de l’innovation – les autorités publiques, l’industrie/les entreprises, l’éducation et la
recherche, et la société civile – afin d’identifier les activités de transformation et le plan
d’action ou de mise en œuvre.

Les activités transformatrices liées à une priorité sont ainsi définies de façon à résoudre des
problèmes multiples et à favoriser l’émergence et le développement de (nouvelles)
connections, de nouveaux réseaux d’innovateurs, de synergies et complémentarités entre les
projets et des externalités d’information et de connaissances (Foray et al., 2021). Elles sont
définies par Foray et ses co-auteurs comme « une collection d’actions et de capacités
d'innovation, toutes orientées vers un certain changement structurel. Ces actions et capacités
d'innovation sont « extraites » d'une structure existante, ou plusieurs structures, et complété
par des capacités extrarégionales » (ou externes au territoire considéré) (traduction des
auteurs de Foray et al., 2021, p. 87). Ces activités transformatrices ne se limitent pas à la
recherche, mais incluent des activités de formation ou de renforcement de capacités et des
infrastructures, des activités de transfert de technologie, de certification, d’activités de

110 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N° spécial, février 2022


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

réseautage, parmi d’autres exemples (voir le tableau 3, Dosso, 2019). Leur diversité traduit la
multiplicité des problèmes d’innovation (définition large), de connectivité des acteurs et de
capacités d’innovation à résoudre.

Le tableau suivant présente les étapes clés d’une S3 et les besoins types associées en termes
de données et d’information.

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N° spécial, février 2022 111


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Tableau 2. Élaboration et mise en œuvre de la S3 : étapes clés§, collecte des données et illustrations
de la Côte d’Ivoire et du Sénégal
Étapes clés de la S3 et Collecte des données Acteurs clés dans la fourniture des données
dimensions principales et des infor mations (exemples)
D e type centralisé, collecte de COT E D’I V OI RE* SENEGAL *
données et d’informations
ÉT APE 1 : standardisées Cabinet de la Présidence de la Cabinet Présidence de la
ÉT ABL I SSEM ENT DES République et République
PRI ORI T ÉS Cabinet du Premier Ministre
Données statistiques sur Ministères :
l’économie, facteurs de - Ministre des affaires
- Définies selon une granularité
croissance, domaines en besoin Ministères :
intermédiaire (choix d’une direction étrangères et des Sénégalais de
de changement structurel - des affaires etrangères, de l'extérieur
du changement : la priorité ne doit ni
Positions concurrentielles et sur l’intégration Africaine et de la
être trop vaguement définie, ni - des finances et du budget ;
les chaînes de valeurs diaspora - de l’économie, du plan et de
refléter des lignes individuelles de
Diffusion technologique et - de l’économie et des finances la coopération ;
produits)
tendances sociétales - du budget et du portefeuille - du commerce et des PME ;
- Reflète des capacités - forces et
Capacités d’innovation et de l’État - de l’industrie et du
potentiels - propres au territoire et
d’entrepreneuriat - du plan et du développement développement des PMI ;
les opportunités (innovations et
- du commerce et de l’industrie - de l’enseignement supérieur,
mégatendances socio- - de la promotion de
technologiques) de la recherche et de
l’investissement et du
- Basée sur une analyse statistique de l’innovation ;
développement du secteur privé - de l’artisanat et de la
type Atouts, Forces, Faiblesses,
- de la promotion des PME, de transformation du secteur
Opportunités, Menaces (AFOM)
l’artisanat et de la informel ;
transformation du secteur - des Infrastructures, des
informel
Transports terrestres et du
- de l’enseignement supérieur Désenclavement ;
et de la recherche scientifique - de l’économie numérique et
- de l’économie numérique, des des télécommunications ;
télécommunications et de - des Collectivités territoriales,
l’innovation
du Développement et de
l’Aménagement des Territoires,
Sources internationales
Sources internationales

D e type décentralisé, collecte Acteurs de la quadruple hélix Acteurs de la quadruple hélix


de données et d’information de - Gouvernement - Gouvernement
différents types et formats - Entreprises - Entreprises
ÉT APE 2 : FEUI L L E DE - Universités / recherche - Universités / recherche
La demande de données - Société civile - Société civile
ROUT E POUR L A
probantes se fait sur une base ad
T RANSFORM AT I ON hoc Exemples d’acteurs locaux clés Exemples d’acteurs locaux clés
de l’écosystème Ivoirien de de l’écosystème Sénégalais de
- Prévalence de la logique Les sources d’informations l’innovation (hors ministères et l’innovation (hors ministères et
entrepreneuriale/ décentralisée de incluent par exemple les projets, organismes d’Éducation organismes d’Éducation
décision (PED) acteurs et ressources supérieure/Recherche) supérieure/Recherche)
- Dialogues et décisions relatives aux (* * ) (* * )
capacités, projets, activités et acteurs Un cadre commun et CCI-CI, CEPICI, CGECI, , CCIAD, UNCCIAS, ASEPEX,
pour la transformation comparable de travail devra être MPME, FIPME, APEX-CI, ASPIT
- Processus de retours d’information mis en place pour intégrer et Innovation hubs et réseaux Innovation hubs et réseaux
vers l’étape 1 traiter les données hétérogènes d’innovateurs (Ci20, O’Village, d’innovateurs (OPTIC, CTIC
Baby Lab, Impact Hub, etc.), Dakar, Jokkolabs, etc.), de
de chercheurs et inventeurs chercheurs et inventeurs
(FENDICI), Coopératives (ASPII), Coopératives agricoles
agricoles et industrielles locales et industrielles locales
DER/FJ
Agences nationales et acteurs Agences nationales et acteurs
internationaux internationaux
ÉT APE 3 : PL AN Les données de type évaluation
D’ACT I ON ET M I SE EN sont plus importantes à cette
étape 3 Idéalement l’initiative devrait faciliter la mise en place d’une équipe
Œ UV RE nationale S3 ou unité de gestion de projet S3 dédiée et des
- Mobilisation, coordination des Les données de suivi très mécanismes de suivi et évaluation spécifiques aux investissements
instruments financiers et évaluation régulier des avancements sur les pour les activités de transformation par l’innovation dans le domaine
(contribution à la transformation) projets individuels et un de priorité
- Privilégier le soutien financier à baromètre synthétique de La forme institutionnelle adaptée varie selon les structures socio-
un ensemble de projets coordonnés l’activité de transformation institutionnelles locales et les modèles de gouvernance nationaux.
pour les synergies, retours
d’informations et externalités Utilisation du baromètre et des Acteurs de la quadruple hélix
positives évaluations afin de maximiser - Gouvernement
- Mettre en place des instruments de les externalités - Universités / recherche
politique d’innovation, des informationnelles et de décider - Entreprises
mécanismes de coordination et des de la continuité / discontinuité - Société civile
principes de suivi et d’évaluation des activités, des nouveaux
pour intégrer les apprentissages des projets, de l’extension du
échecs et succès soutien, etc.

Sources : Élaboration des auteurs à partir de Foray, Eichler et Keller (2021) et les sites officiels des
gouvernements de la République de Côte d’Ivoire et de la République du Sénégal. (Les notes du
tableau sont présentées dans l’annexe 2)

112 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N° spécial, février 2022


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Un autre aspect fondamental de la S3 se révèle dans l’importance d’une analyse initiale des
forces, potentiels et défis du territoires (du type AFOM ou SWOT en anglais), et plus
généralement de l’utilisation de données probantes tout le long du processus, notamment à des
fins de suivi, d’évaluation et de révision ou d’ajustement des priorités, de la feuille de route,
des activités de transformation et des instruments S3 spécifiques de soutien à l’innovation.
2.2. Les plans nationaux de développement (PND) pour la transformation
structurelle en Côte d’Ivoire et au Sénégal

Cette section introduit les visions et plans politiques pour le développement des deux
économies analysées. Ce cadrage préliminaire est important car les stratégies de spécialisation
intelligente ou S3 doivent s’intégrer de façon cohérente avec les objectifs et politiques
existantes, tout en renforçant et affinant la priorisation des choix et investissements en matière
d’innovation ainsi que leur directionnalité.

Basés sur des diagnostics stratégiques, les plans de développement de la Côte d’Ivoire et du
Sénégal précisent les axes ou piliers, les orientations stratégiques, les objectifs nationaux
qualitatifs et quantitatifs (voir les tableaux 3 et 4), les cibles sectorielles, le cadrage
macroéconomique et budgétaire, la stratégie de financement, le cadre de gouvernance et de
suivi et les conditions de la mise en œuvre. Ils traduisent également les ambitions des
gouvernements en matière de transformation structurelle des économies et de modernisation
des secteurs prioritaires (voir les figures 2 et 3).

La Côte d’Ivoire a adopté la vision Émergence 2020 pour la décennie précédente et le Plan
National de Développement, PND 2016-2020, soutenant ainsi des investissements et une
croissance rapide après la crise socio-politique majeure connue par le pays. Le PND 2021-
2025 devrait soutenir l’ambition du pays de réaliser sa transformation économique et sociale
et son positionnement au rang des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à
l’horizon 2030. Le PND 2021-2025 est structuré autour de six piliers qui sont les suivants : (i)
Accélération de la transformation structurelle de l’économie par l’industrialisation et le
développement de grappes ; (ii) Développement du capital humain et promotion de l’emploi ;
(iii) Développement du secteur privé et de l’investissement ; (iv) Renforcement de l’inclusion,
de la solidarité nationale et de l’action sociale ; (v) Développement régional équilibré,
préservation de l’environnement et lutte contre le changement climatique et ; (vi)
Renforcement de la gouvernance, modernisation de l’État et transformation culturelle.
(Ministère du Plan et du Développement de la République de Côte d’Ivoire, 2021)

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N° spécial, février 2022 113


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Tableau 3. Indicateurs d’impacts du PND 2021-2025, Côte d’Ivoire

Source : Ministère du Plan et du Développement, 2021

114 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N° spécial, février 2022


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Figure 2. Structure fonctionnelle des axes d’intervention relatifs au pilier 1, Côte d’Ivoire

Source : Ministère du Plan et du Développement, 2021


Le Plan Sénégal Emergent (PSE) est le cadre de référence des politiques du gouvernement
pour conduire le pays sur la voie de l’émergence à l’horizon 2035 (ministère de l’économie,
du Plan et de la Coopération, 2018). Le PSE repose sur trois piliers fondamentaux qui sont :
(i) Transformation structurelle de l’économie et croissance ; (ii) Capital humain, Protection
sociale et Développement durable et, (iii) Gouvernance, Institutions, Paix et Sécurité.
(Ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, 2018)

À la suite de la première phase du PSE (2014-2018), l’ajustement de la phase II du PSE vise


une meilleure réponse aux besoins du pays notamment par une valorisation croissante des
ressources localement, tout en favorisant une substitution aux importations. En effet, le PAP
2A prévoit une contribution encore plus importante du secteur industriel au produit intérieur
brut (PIB) et la part des exportations par tête (voir le tableau 4).

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N° spécial, février 2022 115


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Tableau 4. Les indicateurs d’impact du PAP 2A, Sénégal

Source : Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan, 2018


Figure 3. Secteurs prioritaires du PAP 2A (2019-2023), Sénégal

Source : Ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération internationale, 2020.

3. DE LA PERTINENCE DE STRATEGIES DE SPECIALISATION INTELLIGENTE (S3) EN

COTE D’IVOIRE ET AU SENEGAL : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS

116 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N° spécial, février 2022


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

L’adoption d’approches stratégiques dans les décisions d’investissements pour l’innovation se


pose comme une nécessité pour la réalisation d’une transformation structurelle durable. Les
programmes de développement mis en œuvre par les gouvernements de Côte d’Ivoire et du
Sénégal confirment l’intentionnalité et l’ambition de moderniser les économies tout en se
positionnant comme des acteurs clés des chaînes de valeurs régionales dans la perspective
d’une intégration continentale croissante. Cependant en plus de freiner les dynamiques de
croissance des deux pays, la pandémie actuelle a exacerbé les problématiques et les goulots
d’étranglement tant au niveau structurel qu’aux niveaux infrastructurel et opérationnel. Les
conséquences de la pandémie de COVID-19 s’ajoutent aux défis existants des états Africains
et à ceux soulevés par la mise en place de la ZLECAf, soulignant ainsi l’urgence de renforcer
la directionnalité des investissements pour l’innovation et les capacités locales d’innovation
des structures productives et des chaînes de valeur locales et régionales.

Dans une dynamique de changement structurel, les stratégies de spécialisation intelligente


offrent une approche par étapes, des cadres et outils pragmatiques pour soutenir les décisions
publiques en matière d’innovation. En effet, elles permettent à des territoires, pays ou régions,
à différents niveaux de développement de renforcer ou construire des avantages compétitifs
uniques en se concentrant sur une seule priorité ou un nombre très restreint de domaines
prioritaires stratégiques d’innovation. Dans les cas du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, tous
deux signataires de la directive ECOPOST, la politique d’innovation de la CEDEAO16,
l’adoption de stratégies de type S3 s’inscrirait d’une part dans le cadre des orientations
stratégiques liées à la transformation structurelle de l’économie. D’autre part, les S3 peuvent
servir de levier à la fois pour améliorer la connectivité et la densité des écosystèmes locaux
d’innovation (par la sélection et ou le suivi des projets et activités complémentaires), ainsi que
pour une intégration directionnelle des instruments de politique d’innovation existants et
émergents. En effet les deux pays reconnaissent les manquements institutionnels en matière
de politique d’innovation ou ont entamé un processus de renforcement institutionnel du
système d’innovation (Iuzuka et al, 2018). Par ailleurs, les expériences Européennes
suggèrent que les S3 peuvent également servir de base concrète pour le développement de
partenariats transfrontaliers ou interrégionaux pour la modernisation industrielle régionale.17

16
DIRECTIVE A/DIR.1/06/12 sur la Science, la Technologie et l’Innovation signée à Yamoussoukro, Côte
d’Ivoire, Juin 2012 (voir à http://ecowas.akomantoso.com/_lang/en-
US/collection/_iri/akn/ecowas/documentCollection/officialJournal/commission/2012-06-29/61/eng@/!main
17
A titre d’illustration, les initiatives sous la TAF (en français : Facilité d'Assistance Technique à la
Modernisation Industrielle et à l'Investissement) qui a facilité la mise en place de 19 projets individuels d’un
montant cumulé de plus de 150 millions d’euros émanant de 14 partenariats de la plateforme thématique S3 pour
de la modernisation industrielle ; plus de 50 régions Européennes ont été impliquées (voir à
https://s3platform.jrc.ec.europa.eu/taf).

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N° spécial, février 2022 117


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Des conditions préalables sont néanmoins indispensables pour améliorer l’état de préparation
pour le développement de S3, elles-mêmes construites à partir de l’analyse des forces,
potentiels et défis propres au territoire. Ces conditions ou étapes seraient relatives notamment
aux ressources et instruments de financement de l’innovation, à la diffusion plus large de la
culture de l’innovation, aux cadres de gouvernance et de suivi pour l’innovation, aux données
pour la prioritisation granulaire des investissements d’innovation ainsi qu’à des schémas de
capacitation adéquats et orientés pour une transformation structurelle et territoriale tirée par
l’innovation.

La Côte d’Ivoire et le Sénégal, comme plusieurs pays du continent, enregistrent encore un


déficit important en matière d’investissements dans la recherche et l’innovation, encore bien
en dessous de la cible de 1% du Produit Intérieur Brut (PIB). Certes, l’accroissement des
fonds extérieurs pour l’innovation conjuguée aux initiatives régionales et programmes de
financement émanant des secteurs publics, de quelques entreprises privées ou ONG
contribuent à atténuer les défis des acteurs de nos écosystèmes. Cependant, ces financements
d’innovation en général ne sont accessibles qu’à un nombre limité d’acteurs, notamment ceux
qui sont très actifs dans les écosystèmes technologiques émergents ou encore à un faible
nombre de chercheurs. Dans les S3, l’identification de sources de financement et l’élaboration
d’un cadre de financement dédié se fait très tôt dans le processus, en raison notamment des
risques significatifs inhérents à l’innovation (et des réticences des investisseurs), mais
également pour concevoir et mettre en œuvre un plan d’action réaliste. Une implication
principale pour des économies avec les ressources limitées pour l’innovation, comme celles
de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, est qu’une stratégie de mobilisation de ressources et des
instruments de financements dédiés18 devront certainement être pensés en amont du
processus, y compris pour un potentiel pilote multi-régions. Dans cette dernière perspective,
des innovations réglementaires aux niveaux national et régional seront surement nécessaires
pour rassurer et attirer davantage de capitaux notamment ceux de type capital risque ou des
garanties ou financements gouvernementaux spécifiques pour les activités d’innovation.

En plus des données issues des plans nationaux et les diagnostics associés (étape 1 :
établissement des priorités), la disponibilité d’informations sur le potentiel et les capacités
d’entrepreneuriat et d’innovation, les instruments existants de financement de l’innovation
(au-delà du soutien à la recherche et développement universitaire) et sur la diffusion des

18
Voir le tableau de la page 80 du GII 2020 qui lie les différents types de financement au stade du cycle de vie
des entreprises (amorçage, expansion, croissance, maturité) à
https://www.wipo.int/edocs/pubdocs/en/wipo_pub_gii_2020-chapter4.pdf

118 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N° spécial, février 2022


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

technologies s’avèrent cruciales pour informer le choix d’un ou de quelques domaines


prioritaires d’innovation. Dans le cadre de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, les enquêtes menées
par l’Observatoire Africain de la STI (AOSTI) ainsi que les cartographies existantes des
écosystèmes technologiques émergents (AfriLabs et Briter Bridges, 2019 ; AfriLabs et
Djembe Consultants, 2021 ; Dosso et al., 2021) constitueraient un point de départ pertinent,
tout en permettant des analyses comparatives et de positionnement au sein de l’espace
régional ou continental. Dans une perspective d’inclusivité, ce type d’approche devra être
étendu au-delà des capitales ou centres économiques et de la dimension purement
technologique afin de mettre la lumière sur les potentiels d’innovation socio-économiques peu
ou pas visibles existants dans les régions et districts des deux pays. Cela implique la mise en
place d’activités de sensibilisation et d’éducation destinées à accroitre les capacités et la
culture d’innovation des acteurs locaux et en particulier des microentreprises et PME dans les
secteurs informel et formel, et plus généralement, celles des acteurs intermédiaires tels que les
chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture. Les acteurs de type hubs d’innovation ou
réseaux d’innovateurs existants devraient être engagés dans cette dynamique et faciliter ainsi
l’engagement de la jeunesse dans la dynamique du changement (par exemple par le biais de
formations courtes et professionnelles, laboratoires d’idées, d’ateliers de créativité et de
sensibilisation, de concours réguliers d’innovation nationaux et locaux, etc.).
En plus d’une démarche informée par les données probantes, les S3 encouragent également la
mise en place d’une gouvernance participative, le processus de découverte entrepreneuriale
(PED). Le PED permet d’obtenir des informations clés à l’étape 2 de la S3 (Feuille de route
pour la transformation). Il est également destiné à atténuer les biais de sélection et les effets
de la présence d’intérêts purement individuels. L’expérience actuelle révèle une grande
hétérogénéité dans la mise en œuvre des PED notamment en raison des institutions formelles
et informelles et des caractéristiques socio-culturelles et historiques qui sont propres à chaque
territoire. Bien qu’ils soient très hétérogènes, quelques facteurs de succès des PED peuvent
être soulignés. En effet selon Perianez-Forte et Wilson (2021), ces facteurs incluent la
continuité (maintien de l’intérêt), la mise en place de mécanismes et d’instruments pour
soutenir le PED (par exemple les plateformes multipartites, forums, groupes et activités
thématiques ou autres mécanismes incitatifs), une organisation et coordination basées sur des
règles claires et sur la transparence et le renforcement de capacités des différents représentants
des groupes de parties prenantes.

CONCLUSION

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N° spécial, février 2022 119


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

La mise en place de la ZLECAf ouvre de nombreuses perspectives de croissance pour les


économies Africaines. Bien que les défis soient également multiples, la ZLECAf constitue
une opportunité de progresser sur les partenariats pour le développement durable tout en
offrant un espace d’innovation unique en termes de diversité, de portée et d’impacts sociétaux
considérables. Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux économies phares de la
région, présentent des atouts considérables afin de saisir pleinement les opportunités de
l’intégration. La capacité de ces économies à bénéficier des opportunités de la ZLECAf
dépend de l’état de préparation de leur tissu économique et industriel. Les performances
commerciales et les scores de compétitivité industrielle et d’innovation montrent que le
chemin est encore long et sinueux.
Cet article discute de la pertinence de la mise en œuvre de stratégies de spécialisation
intelligente en Côte d’Ivoire et au Sénégal dans la double perspective de transformation
structurelle et de l’intégration croissante. Les expériences internationales S3 confirment que
ce type de stratégie peut soutenir un changement qualitatif dans la gouvernance de
l’innovation ainsi que la diffusion plus large d’une culture favorable à l’innovation et à
l’expérimentation politique. Elles peuvent également servir de levier pour le développement
de partenariats interrégionaux industriels et la mise en place de feuilles de route et plans
d’actions dédiés pour l’innovation. Des conditions préalables sont néanmoins indispensables
pour améliorer l’état de préparation pour le développement de S3, elles-mêmes construites à
partir de l’analyse des forces, potentiels et défis propres au territoire. Ces conditions ou étapes
seraient relatives à la diffusion de la culture de l’innovation, au niveau de ressources
engagées, aux instruments spécifiques de financement et de suivi pour l’innovation et à la
granularité des priorités d’innovation. Enfin, des programmes de renforcement de capacités
seraient également pertinents pour une transformation structurelle soutenue par des stratégies
de spécialisation intelligente.
La perspective d’adoption de stratégies de type S3 dans les économies innovantes et
informelles d’Afrique de l’Ouest soulève des interrogations multiples qui, nous l’espérons,
susciteront plusieurs recherches et travaux académiques futurs. Ces travaux sont importants
pour informer, orienter et renforcer les dynamiques nouvelles et émergentes d’innovation sur
le continent. Certaines de ces avenues de recherche ont été partiellement abordées dans
l’espace restreint de cet article, soulignant par la même les limitations de la présente réflexion.
Parmi celles-ci, la question des effets des politiques territoriales de développement industriel
et d’innovation sur les transitions digitales, vertes et sociétales demeurera certainement au
centre des préoccupations des gouvernements et des sociétés pour les années et décennies à
venir.

120 Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol. 5, N° spécial, février 2022


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Revue Repères et Perspectives Economiques, Vol.5, N° spécial, février 2022 121


ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

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d’Ivoire et au Sénégal

ANNEXES

Annexe 1

Tableau 1. Comparaison des performances macroéconomiques et commerciales


PIB/hab (a) Compétitivité Industrielle (b) Complexité économique (c)
Indicateurs

PIB/hab. (2019) Var. PIB réel / hab. Rang CIP (2019) et Rang ECI (2019) Exportations principales Importations Principales
Pays Quintile
$ courants (moy 2017-19) variation (2015-) & var. (2015-) (2019) (2019)

Or (15,5%; 16,8 milliards Pétrole brut (10,1%; 8,93


$), platine (8,9%), voitures milliards $), pétrole raffiné
Intermédiaire (7%), minerai de fer (4,8%), voitures (4,3%),
Afrique du Sud 6001,4 0,7 52 (-5 ) supérieur
57 (-4 )
(6,2%) et briquettes de pièces de véhicules
charbon (4,6%) (3,5%), or (3%)

Diamants (26,2%; 1,77


Diamants (89%; 4,8
milliards $), Pétrole raffiné
Intermédiaire milliards $), cable isolé
Botswana 7970,8 3,5 93 (-3 ) inférieur
86 (+4 ) (1,9%), Or, Viande bovine
(10,9%), Voitures (2,4%),
camions de livraison et
et carbonates
électricité
Fèves de cacao (27,9%; Pétrole brut (13,4%; 1,47
3,84 milliards $), or milliard $), riz (5,6%),
Intermédiaire (7,9%), caoutchouc (7,8), poisson congelé sans filets
Côte d'Ivoire 2276,3 6,7 97 (+1 ) 118 (-4 ) pétrole raffiné (7,4%) et (4,4%), pétrole raffiné
inférieur
pétrole brut (6,8%) (2,9%) et médicaments
emballés
Or (49,8%; $10.8 milliards Tubes métalliques flexibles
de $), pétrole brut (11,5%; 2,11 milliards $),
(21,5%), fèves de cacao navires à ferraille (5,6%),
Intermédiaire
Ghana 2210,4 7,1 117 (-9 ) 133 (-18 ) (7,39%), pâte de cacao navires à usage spécial
inférieur
(2,32%) et minerai de (3,5%), voitures (2,7%) et
manganèse (2,25%) pétrole raffiné (2,6%)

Thé (18,1%; 1,13 milliards Pétrole raffiné (16,4%; 3,07


$), fleurs coupées (9,5%), milliards $), voitures
Intermédiaire pétrole raffiné (6,5%), (2,78%), médicaments
Kenya 1816,5 5,4 112 (-5 ) 87 (+8)
inférieur café (3,6%) et minerai de emballés (2,5%), blé
titane (2,3%) (2,3%) et fer laminé à
chaud (2,2%)
Circuits intégrés (23,1%; Circuits intégrés (13,2%;
63 milliards $), pétrole 27,4 milliards $), pétrole
raffiné (6,5%), gaz de raffiné (8,8%), pétrole brut
Malaysie 11414,2 4,9 22 (=) Top quintile 26 (-1) pétrole (4,2%), dispositifs (3,4%), équipement de
à semi-conducteurs diffusion (1,9%) et
(3,5%) et huile de palme briquettes de charbon
(3,3%)
Voitures (11,9%; 3,91 Pétrole raffiné (9,3%; 4,56
milliards $), cable isolé milliards $), voitures
(11,4%), engrais (4,2%), pièces de
minéraux ou chimiques véhicules (2,7%), gaz de
Maroc 3230,4 3,1 62 (= ) Intermédiaire 89 (+17 ) mixtes (8,2%), acide pétrole (2,6%) et briquettes
phosphorique (4,5%) et de charbon (2,24%)
costumes pour femmes
non tricotés (4,22%)
Pétrole brut (72,1%; 46 Pétrole raffiné (19,1%; 10
milliards $), gaz de milliards $), voitures (3%),
pétrole (12,2%), navires à blé (2,8%), verrerie de
Intermédiaire
Nigeria 2229,9 1,6 92 (-4 ) 140 (-1 ) ferraille (3,5%), tubes laboratoire (2,7%) et
inférieur métalliques flexibles médicaments emballés
(3,3%) et fèves de cacao (2,5%)
(1,1%)
Or (32,6%; 444 millions Pétrole raffiné (14,6%; 411
$), pétrole raffiné (10%), millions $), or (8,6%), sucre
café (5,6%), thé (5,4%) et brut (2,6%), médicaments
Rwanda 820,1 7,2 140 (=) Inférieur 106 (+4 )* minerais d'étain emballés (2,4%) et équip.
de diffusion (1,7%)

Or (15,6%; 679 millions Pétrole raffiné (18,8%; 2,1


$), pétrole raffiné (14,4%; milliards de dollars),
628 millions $), acide pétrole brut (3,6%), riz
Intermédiaire
Sénégal 1430,1 5,9 103 (+3 ) 102 (-10 ) phosphorique (7,9%), (3,14%), voitures (2,1%) et
inférieur
poisson congelé (7,4%) et extrait de malt
arachides (4,4%)

Sub-Saharan
1600,9 2,8
Africa

Source : Élaboration des auteurs à partir de (a) Données de la Banque mondiale ; (b)
Données ONUDI / UNIDO ; (c) Données de l’OEC (https ://oec.world/en)

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ZLECAf et changement structurel en Afrique de l’Ouest : de la pertinence des stratégies de spécialisation intelligente en Côte
d’Ivoire et au Sénégal

Notes : $ : US dollars / * Variation depuis 2018

Annexe 2. Notes pour l’élaboration du Tableau 2


§
Dans la version initiale pour les régions Européennes, six étapes sont suggérées : 1) Analyse
du potentiel d’innovation ; 2) Mise en place des processus et de la Gouvernance S3 ; 3)
Développement d’une vision partagée pour le changement ; 4) Identification des priorités ;
5) Plan d’action ; 6) Suivi & Évaluation. (Foray et al 2012)

Col 1 / Col 2 : Colonnes 1 et 2 élaborées à partir de Foray, Eichler et Keller (2021)

(*) Col 3 / Col 4 : *dénominations téléchargées à www.gouv.ci, pour la Côte d’Ivoire et pour
le Sénégal à https://sec.gouv.sn/institutions/le-gouvernement (consultés en novembre 2021).

(**) Les listes sont des suggestions initiales, non-exhaustives et adaptables. Elles sont basées
sur les travaux et connaissances accumulées des auteurs et les recherches effectuées pour cet
article.

Abréviations utilisées dans les deux dernières colonnes (ordre alphabétique) :

- COTE D’IVOIRE

APEX-CI : Association pour la Promotion des Exportations de Côte d'Ivoire

CCI-CI : Chambre du commerce et de l’industrie de Côte d'ivoire

CEPICI : Centre de Promotion des Investissements en Côte d'Ivoire

CGECI : Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (Patronat ivoirien)

FEDINCI : Fédération des inventeurs et innovateurs de Côte d'Ivoire

FIPME : Fédération Ivoirienne des Petites et Moyennes Entreprises

MPME : Mouvement des petites et moyennes entreprises

- SENEGAL

ASPII : Association Sénégalaise pour la promotion de l’invention et de l’innovation

ASEPEX : Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations

CCIAD : Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar

CTIC Dakar : Croissance des technologies de l'information et de la communication de Dakar

DER/FJ : Délégation générale à l'Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes

UNCCIAS : Union Nationale des Chambres de Commerce, d’Industrie, Agriculture et des


Services du Sénégal

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