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Chapitre 2 (suite)

2. Stratégie pour la conduite de grands projets en Afrique


2.1. Un contexte géopolitique et économique en évolution

les nouvelles puissances émergentes, telles que l'Inde, le Brésil, la Turquie et surtout la Chine,
ont déplacé leur focalisation vers l'Afrique en raison de ses abondantes ressources et
opportunités. Cette dynamique crée une concurrence intense avec les pays occidentaux,
notamment la Chine, qui s'est adaptée aux exigences sociales, environnementales et éthiques
en Afrique.
Cependant, cette orientation vers l'Afrique expose le continent aux fluctuations économiques
mondiales, entraînant une diminution des exportations, surtout dans le contexte de la baisse
des cours des matières premières comme le pétrole. Cette situation décourage certains
investisseurs, ce qui se traduit par une stagnation des aides publiques au développement. Bien
que les transferts monétaires des immigrants vers l'Afrique représentent une ressource
cruciale, ils sont peu investis dans des projets économiques concrets.
L'investissement en Afrique présente des défis liés aux restrictions sur l'expatriation dans
certains pays, avec des quotas et des critères favorisant la main-d'œuvre nationale. La
politique de Black Economic Empowerment (BEE) en Afrique du Sud, lancée par Nelson
Mandela, vise à rééquilibrer la présence économique des Noirs, avec la participation active
d'entreprises françaises comme Total et Alcatel-Lucent. Cependant, la première phase du BEE
(1994-1998) a été critiquée pour favoriser une élite noire sans réelle création de valeur.
En réponse, le gouvernement introduit le Broad-Based BEE en 2003, élargissant les critères
d'évaluation des entreprises. Bien que le BEE ait ouvert l'économie à une majorité, des
critiques persistent, notamment concernant la création d'une petite classe riche et les effets
négatifs sur les Blancs en termes d'emploi et d'émigration qualifiée. En 2011, le
gouvernement envisage une révision de l'Affirmative Action en raison d'un déficit de
compétences à haut niveau. Ainsi, la politique de BEE en Afrique du Sud, bien que ayant
augmenté la représentation des Noirs aux postes de direction, fait face à des défis persistants,
remettant en question son efficacité dans la réduction des inégalités économiques.
2.2. Stratégie de ressources humaines pour un grand projet en Afrique
En Afrique, les projets industriels majeurs font face à des défis sur le marché du travail, où la
demande d'emploi ne concorde pas toujours avec les compétences spécialisées requises,
en particulier dans la construction d'installations techniques et la production industrielle.
Pour remédier à cette lacune, une stratégie complète est préconisée, englobant le soutien à
la formation sectorielle locale, le recrutement et la formation en Europe, la création d'un
centre de formation sur place, ainsi que l'expatriation d'experts. Le processus de
recrutement s'articule entre les travailleurs non qualifiés locaux, les travailleurs qualifiés
nationaux et quelques postes hautement qualifiés à l'échelle internationale. Des initiatives
telles que le programme "RH-Excellence Afrique" du CIAN cherchent à soutenir des centres
de formation d'excellence, certifiant des filières de formation et labellisant des
établissements en partenariat avec l'Agence française de Développement, coordonné à
Abidjan.
Si l'on se penche sur le cas de la Guinée, cet exemple révélateur explore les défis
complexes associés aux investissements industriels dans un pays abondant en ressources
naturelles telles que la bauxite, le minerai de fer, l'or et les diamants. Plusieurs projets
d'envergure, avec des investissements colossaux, suscitent l'intérêt de divers acteurs
internationaux, notamment chinois, émiratis, français et russes. Les enjeux cruciaux se
situent dans la création d'emplois qualifiés pour une population souvent analphabète, les
tensions liées à l'emploi local, et la nécessité d'adapter les compétences des travailleurs
guinéens aux normes des entreprises internationales. Les investisseurs sont ainsi
confrontés au défi complexe d'anticiper les besoins en main-d'œuvre, de renforcer la
formation locale et de minimiser l'emploi expatrié, tout en répondant aux exigences des
autorités guinéennes et des communautés locales.
La mise en place d'un programme de responsabilité sociale et environnementale est cruciale
pour les entreprises internationales en Afrique. Cela inclut les compensations et le
relogement lors de déplacements de villages liés aux implantations industrielles. Des
initiatives de santé, de prévention des maladies, de protection sociale, et de soutien au
développement local sont essentielles. Gérés parfois par des ONG, ces programmes
requièrent l'expertise de spécialistes du développement communautaire, jouant un rôle clé
dans l'acceptabilité sociale et politique.

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