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QUESTIONS DE FOND RELATIVES AUX CHAINES DE VALEUR,

AUX OPPORTUNITES ET A LA CROISSANCE:


ROLES DES PROJETS FINANCES CONJOINTEMENT PAR LE FIDA

Par David Kingsbury

Introduction

1 L’objet du présent document est de faciliter la discussion entre les


participants à l’atelier sur les questions majeures relatives à la mise en œuvre
effective des investissements sur les chaines de valeur dans la région Afrique de
l’Ouest et du Centre (AOC) et susciter une atmosphère d’échange d’informations
entre les spécialistes du développement rural jusqu’au au-delà même de cet atelier.

2 Après avoir donné un aperçu des caractéristiques saillantes d’une approche


de chaines de valeur et de l’évolution du financement par le FIDA de ces
investissements en Afrique de l’Ouest et du Centre, des discussions sur certaines
questions sont prévues dans le cadre de quatre groupes de travail sur les
thèmes de la gouvernance, la professionnalisation des organisations de producteurs
agricoles, l’entreprenariat rural, et les modalités de financement. Les thèmes
transversaux que sont le suivi & l’évaluation, l’approche genre et l’analyse
économique seront également abordés.

L’approche de la chaine de valeur

3 Il est important d’avoir une compréhension commune de la signification de la


chaine de valeur et des concepts qui l’accompagnent. Cela contribuera à
appréhender que la méthode de formulation de projet autour de cette approche est
différente de celles en cours dans d’autres projets de développement agricole et
rural, sans perdre de vue les enjeux que suscitent cette approche de la chaine de
valeur dans le processus de mise en œuvre de ces projets.

4 Après avoir passé en revue les définitions données par différents organismes
internationaux, ce document adopte celle-ci qui est initialement proposée par
l’USAID1

La chaine de valeur englobe un large éventail d’activités et de services


à travers lesquels un produit ou un service doit passer, de sa
conception à sa mise sur le marché local, national, régional ou

1
USAID. “Value chain program design: promoting market-based solutions for MSME and
industry competitiveness.” October 2007.
mondial. La chaine de valeur comprend notamment les prestataires
d’intrants, les producteurs, les transformateurs et les acheteurs. Elle
est portée par une variété de prestataires de services techniques,
commerciaux et financiers. La chaine de valeur comporte des volets à
la fois structurels et dynamiques. La structure de la chaine de valeur
influence les dynamiques de comportement des entreprises
commerciales qui, à leur tour, influent sur les performances de cette
même chaine de valeur.

5 Cette définition est neutre/ne tient pas compte de l’équité. Aussi, l’enjeu
pour une organisation ayant reçu mandat du FIDA n’est-il pas de formuler et mettre
en œuvre des interventions sur les chaines de valeur dont les populations rurales
pauvres peuvent tirer profit. Dans le cadre de la revue de juillet 2010 des
investissements du FIDA sur les chaines de valeur menée par la Division technique2
du FIDA (appelée dans ce document « l’étude du FIDA ») il est déclaré qu’ « une
intervention sur les chaine de valeur profitable aux populations pauvres consiste en
des approches les intégrant dans ces chaines avec comme objectif d’augmenter
leurs revenus, d’abord par l’amélioration des prix au producteur et la prise en
compte de manière coordonnée des contraintes ». Ces approches doivent
nécessairement tenir compte des relations de pouvoir entre les acteurs du marché,
identifier les activités servant à uniformiser les règles du jeu entre les acteurs les
plus riches et donc ayant plus de pouvoir et les populations rurales pauvres qui sont
faibles sur le marché.

6 Depuis sa fondation, le FIDA et les projets qu’il finance ont eu à traiter des
aspects relatifs au développement des produits agricoles. Cependant, avant la
récente mise au devant de la scène de la chaine de valeur, la plupart de ces projets
étaient concentrés uniquement sur la phase de production, peu d’entre eux avaient
adopté une approche coordonnée verticalement du producteur au consommateur.
Bien que l’augmentation des revenus agricoles aient été pendant longtemps un
objectif central des projets financés par le FIDA, les instruments majeurs pour
l’atteindre consistaient, en général, en la promotion de l’augmentation des
rendements et des technologies d’économie de main-d’œuvre sur le terrain, ainsi
que l’expansion des terres cultivables. Cet accroissement des revenus à travers une
plus grande participation économique des populations pauvres à un niveau plus
élevé sur la chaine commerciale, n’était pas un objectif largement partagé.
Cependant, cela constitue un objectif central dans le cadre de l’approche de la
chaine de valeur profitable aux populations pauvres.

7 Comme dans tout investissement effectué par le FIDA, l’approche mettant


l’accent sur les populations rurales pauvres soulève des défis majeurs. Dans le
cadre d’une approche neutre et ne prenant pas en compte l’équité, un projet sur les
chaines de valeur doit permettra de réaliser des résultats positifs si le processus de
valeur ajoutée allant de la production à la consommation finale est plus efficient, les

2
IFAD. “Pro-Poor Rural Value-Chain Development.” Prepared by Vineet Raswant and Ravi
Khanna for the Technical Advisory Division. July 2010.

2
revenus et les bénéfices tout au long de la chaine augmentent, avec des
consommateurs réalisant potentiellement des économies. Il est souvent plus facile
de réaliser ces bénéfices si des producteurs agricoles plus aisés, des hommes
d’affaires bien établis et des consommateurs opulents sont ciblés. Le défi peut être
décourageant pour le FIDA et ses partenaires. Les populations rurales pauvres en
Afrique de l’Ouest et du Centre habitent souvent loin des marchés lucratifs, n’ont
pas suffisamment accès aux intrants modernes et aux capitaux, sont mal
organisées et manquent d’informations adaptées et opportunes pour prendre des
décisions relatives à la production et à la commercialisation. Et concernant
précisément les chaines de valeur, les populations rurales pauvres ont tendance à
être moins intégrées dans ces chaines de valeur qui sont traditionnellement plus
développées sur le plan de la coordination verticale et horizontale, notamment les
produits d’exportation comme le coton et les cultures arbustives pérennes (café,
cacao, huile de palme, gomme). Ainsi, le défi spécifique du FIDA est d’accroitre les
revenus et les économies à différents niveaux de la chaine de valeur afin que les
populations rurales pauvres puissent en tirer profit. Cela a des implications
pratiques majeures à toutes les étapes du cycle de projet, de la formulation à
travers la mise en œuvre jusqu’à l’évaluation. En vérité, pour une organisation avec
un mandat du FIDA, si les gains sur la chaine de valeur augmentent sous forme
d’une efficience accrue sur le marché, une augmentation des revenus ou des
économies pour le consommateur, et que les populations rurales pauvres n’en
bénéficient pas un tant soit peu, le projet n’aura pas atteint son objectif de réussite.

Evolution du financement par le FIDA des activités sur les chaines de


valeur

8 Bien qu’aucune démarcation claire de la frontière entre ce qui constitue un


projet de développement agricole standard et un projet sur la chaine de valeur ne
soit possible, il n’est pas hasardeux de dire que l’importance des investissements
sur des projets de chaines de valeur dans le cadre des opérations du FIDA s’est
davantage affirmée ces dernières années. L’étude du FIDA fait remarquer que 78
projets avec des éléments d’approches de la chaine de valeur ont été approuvés par
le Conseil exécutif du FIDA depuis 1999, et que 57 d’entre eux l’ont été depuis
2006. La région Afrique de l’Ouest et du Centre compte 20 de ces 78 projets sur les
chaines de valeur approuvés depuis 1999, avant toutes les autres divisions
régionales du FIDA. Ces projets sont énumérés au tableau 1 à la fin de ce
document.

9 Sur les projets récemment approuvés en Afrique de l’Ouest et du Centre,


certains sont des projets de développement régional avec des volets sur des
aspects des chaines de valeur (R.D. du Congo, Congo), ou ciblent un produit en
concentrant d’abord les efforts sur le niveau de production. Cependant, six projets
sont tout à fait explicites dans la priorité accordée au développement des chaines
de valeur pour des produits spécifiques. Ces cinq projets sont au Benin, au Burkina
Faso, au Cameroun, en Guinée, en Mauritanie et au Sénégal. Le tableau 2 identifie
la couverture par région et par produit de ces projets. La couverture par produit va
des denrées traditionnelles de consommation courante – manioc, riz, mil et niébé
aux produits à créneau plus naturel que sont le sésame, l’hibiscus (‘Bissap’ au

3
Sénégal) et la gomme arabique. Les légumes et la volaille/le bétail sont également
couverts

Questions relatives à la gouvernance des chaines de valeur

10 Dans le contexte des marchés de produits de base, la gouvernance concerne


toutes les relations de pouvoir et les règles du jeu des transactions entre les
acteurs. L’objectif de toute intervention soutenue par le FIDA dans ce domaine
devrait être de contribuer au développement d’un contrôle équitable et durable et
de la structure de pouvoir tout au long de la chaine, notamment au niveau
politique, pour augmenter les avantages que peuvent en tirer les populations
rurales pauvres. Les activités relatives à la gouvernance sont notamment:
¾ Le dialogue politique et le plaidoyer qui renforcent la compétitivité des
chaines de valeur, rendent les transactions plus équitables et moins
bureaucratiques, les prix des intrants plus abordables et plus disponibles à
temps;
¾ Le soutien au développement des organisations de producteurs agricoles, en
renforçant le pouvoir de négociation sur la chaine;
¾ La mise en place de plateformes d’information à jour sur les marchés pour
les producteurs, notamment sur les valeurs marchandes ou sur l’amélioration
de l’accès des producteurs à cette information;
¾ Le renforcement de la confiance: renforcer la confiance entre les acteurs de
la chaines à travers des ateliers, des réunions et des séances d’échange
d’information, et encourager la transparence opérationnelle; et
¾ La mise en place et le développement de partenariats entre les secteurs
public et privé.

11 A chaque échelon de la chaine de valeur, il est utile de définir des règles et


des procédures opérationnelles standard qui vont administrer les transactions entre
les acteurs du marché. Les questions relatives à la gouvernance transparaissent sur
la totalité de la structure de la chaine de valeur, et plusieurs d’entre elles seront
abordées dans les sections ultérieures à propos des organisations des producteurs
agricoles, le financement et l’entreprenariat.

12 Dans l’analyse de la gouvernance de la chaine de valeur d’un produit donné,


il faudra essayer de répondre aux questions suivantes:
¾ Les prix des intrants et des extrants définis sont-ils compétitifs, ou l’un ou
plusieurs acteurs exercent-ils un pouvoir significatif sur le marché?
¾ Quelles sont les conditions permettant aux acheteurs et aux vendeurs d’avoir
accès au crédit, et est-ce que les anomalies entrainent davantage de pouvoir
de négociation pour certains acteurs du marché relativement aux autres?
¾ Comment est-ce que les informations sur le marché (prix, évolution des
conditions du marché, exigences de normes et qualité, etc.) sont-elles
véhiculées et qui en a accès ? et
¾ Quels rôles les gouvernements locaux et nationaux jouent-ils dans l’influence
sur les conditions du marché (les impôts officiels et non officiels, la
régulation, les subvenions directes et indirectes, les autres politiques, etc.)?

4
13 En s’inspirant des documents de conception de l’AOC, les questions de
gouvernance/politiques relatives aux marchés des intrants et des extrants et aux
informations sur le marché font l’objet de discussions dans le reste de cette section.

14 Concernant la politique gouvernementale, les incitations biaisées dues aux


politiques commerciales et tarifaires et à la concurrence déloyale constituent des
obstacles potentiels au développement de certaines chaines de valeur promues
dans le cadre des projets financés par le FIDA en AOC. Par exemple, la concurrence
déloyale sous forme de dumping adoptée par l’Union européenne a bloqué la
production d’oignons dans certaines zones de l’AOC. Le développement de la
production de l’oignon doit être encouragé par les projets financés par le FIDA en
Guinée et au Cameroun. Est-il sensé de s’investir dans cette filière au moment où
les politiques commerciales sont des éléments dissuasifs potentiels ?

15 Le riz est un autre exemple intéressant au Cameroun où l’engagement du


gouvernement à booster de manière significative sa production locale est handicapé
par les politiques tarifaires. Il y a plusieurs années, la CEMAC (Union douanière de
l’Afrique central) a levé le taux tarifaire commun de 20%, ainsi que de 20% la taxe
sur la valeur ajoutée sur le riz importé. Cependant, la TVA n’a pas été levée sur le
riz produit localement, ce qui a créé un découragement par rapport à la production
locale destinée aux marchés locaux, notamment les grands marchés du sud du
pays. Le dialogue politique est-il concrètement possible dans ce contexte, ou doit-
on chercher des solutions alternatives ?

16 Un problème commun dans la zone CFA concerne la surévaluation de la


monnaie qui entraine un découragement à booster la production locale.
Historiquement, la surévaluation de la monnaie en AOC a contribué au
contentement des consommateurs politiquement importants avec des produits
alimentaires d’importation artificiellement à bas prix. Et cela a contribué à affaiblir
la vitalité de l’économie agricole en exerçant une pression sur les prix au
producteur sur les marchés locaux et d’exportation.

17 Un domaine majeur de développement des chaines de valeur constitue


l’accès aux intrants. Dans le cadre des efforts de développement des organisations
de producteurs, l’achat d’intrants en gros est souvent la première intervention
tentée. La pauvreté des graines est souvent la principale contrainte pour
l’augmentation de la productivité des chaines de valeur. Pourtant, dans de
nombreux pays africains, la faiblesse des systèmes de certification constitue un
goulot d’étranglement majeur pour l’obtention à temps de graines de qualité par les
producteurs agricoles. Là aussi, il existe un domaine d’application pour le dialogue
politique en encourageant les organisations de producteurs à mener leurs propres
activités de plaidoyer.

18 Les projets financés par le FIDA peuvent également soutenir le


développement de réseaux de distribution d’engrais. Entre autres choses, il est
nécessaire d’analyser attentivement l’économie de l’usage des engrais, notamment
le caractère risqué de leur utilisation. Ce problème potentiel a été exacerbé par la
hausse dramatique des prix ces dernières années et par la crise des prix des

5
produits alimentaires qui a démarré en 2008. Egalement dans certains pays comme
la Guinée, les programmes d’importation des engrais notamment celui du Japon,
constituent des obstacles au développement d’un système privé de distribution des
engrais. Les importations japonaises sont subventionnées, arrivent de manière
inopinée et sont distribuées à travers des canaux officiels (opaques). Dans ces cas,
le dialogue politique peut être mené afin que les importations soient rétrocédées
aux distributeurs privés pour la vente aux prix du marché.

19 L’information c’est le pouvoir et celle sur les prix du marché ne fait pas
exception. Des asymétries d’information sont souvent notées sur les marchés en
AOC, et cela peut avoir des impacts négatifs sur les populations pauvres en termes
d’information relatives aux prix attractifs pour leurs produits, de savoir où vendre et
comprendre rapidement les conditions changeantes du marché. Et la mise en place
de systèmes d’information donnant des informations utiles et à temps aux acteurs
du marché, y compris les populations pauvres, reste une entreprise complexe. Il
faudra bien examiner la pertinence de l’information à générer et à diffuser, les
implications en termes de formation pour interpréter et fonder les décisions sur
cette information ainsi que les capacités des prestataires de services. De plus, la
relative étroitesse de certains marchés en AOC peut remettre en question l’utilité
des données du marché. Cela est dû au fait que sans volumes importants de
marchandises, la représentativité des prix observés peut s’avérer être
problématique.

20 Ces dernières années également, la technologie du téléphone cellulaire est


devenue une méthode viable de communication de l’information sur le marché. Les
organisations de producteurs agricoles peuvent être aidées à renforcer les capacités
en termes de collecte et de diffusion de données par le biais du téléphone cellulaire.
De toute façon, les agences publiques d’information sur les prix lourdement
bureaucratisées qui diffusent périodiquement des informations sur les prix du
marché dans des journaux, relèvent du passé.

21 A la lumière de ce qui précède, les questions ci-après peuvent faire l’objet de


discussions durant l’atelier:
A. Dans votre (vos) projet(s), procédez-vous explicitement à un suivi de la
gouvernance de la chaine de valeur et la manière dont elle évolue? Quels sont
les problèmes les plus importants que vous avez rencontrés ? Seriez-vous
intéressé(e) à recevoir de l’assistance technique/formation sur ce sujet?
B. Existe t-il des domaines politiques nécessitant un dialogue/concertation? Si
non, quelles « autres bonnes solutions » y a t-il pour réaliser les objectifs du
projet relativement au développement des chaines de valeur?
C. Envisagez-vous de soutenir la création d’un système d’information sur le
marché? Qu’en est-il de tous les aspects pertinents relatifs à la génération et la
diffusion de l’information ?

Professionnalisation des organisations de producteurs agricoles

6
22 L’investissement sur les organisations de producteurs constitue peut être
intéressante pour faciliter l’accès équitable des producteurs ruraux, notamment les
populations pauvres aux marchés agricoles. Les avantages peuvent être
notamment la baisse des coûts des intrants, la hausse des prix au producteur et
l’obtention de plus grandes marges dans la commercialisation des produits. Les
groupes de producteurs suffisamment forts pour négocier des prix d’intrants et des
contrats de transport en gros peuvent générer de substantielles économies pour
leurs membres. Ils peuvent également négocier des prix au producteur plus
attractifs et offrir des garanties de financement du crédit à la production
saisonnière. Cependant, le développement et le soutien aux organisations de
producteurs jusqu’à la maturité nécessite du temps et des ressources. Il faudra
également de considérables capacités managériales pour gérer ces organisations
avec efficacité et transparence et créer un climat de confiance dans lequel les
institutions financières peuvent être prêtes à étendre le crédit. Leur accaparement
par les élites (ainsi que la cooptation par le gouvernement ou les partis politiques
en compétition) constitue un autre risque permanent. Si c’est le cas, les intérêts
des élites peuvent ne pas coïncider avec ceux des membres moins nantis. En
outre, comme c’est fréquemment le cas, si la prise de décisions est dominée par les
hommes, les priorités de femmes peuvent être ignorées. Et finalement, les
organisations de producteurs agricoles paraissant avoir réussi ont tendance à attirer
les bailleurs avec des agendas en compétition. Il peut s’avérer être extrêmement
difficile pour ces organisations de refuser l’argent de bailleurs. Cela peut amener
ces organisations à diluer leurs activités et être débordées et donc s’éloigner de leur
mission initiale consistant à fournir à leurs membres des services commerciaux
agricoles des intrants et des extrants.

23 Les activités traditionnelles de soutien du FIDA à la professionnalisation sont


notamment:
¾ La fourniture coordonnée de parquets intégrés d’intrants, de vulgarisation, de
transfert de technologies, de renforcement des capacités, etc. en soutien aux
petites associations, aux coopératives, aux syndicats et aux fédérations;
¾ La formation en organisation et en gestion aux agents et aux membres;
¾ L’intégration verticale: encouragement des bénéficiaires à mener des
activités complémentaires sur la chaine ou former des organisations faitières;
¾ La mise en place de plateformes d’information fournissant aux organisations
de producteurs des informations actualisées, notamment sur les prix du
marché, ou pour améliorer l’accès des producteurs à cette information;
¾ Encouragement des membres des organisations de producteurs à diversifier
leurs méthodes de production – de celles traditionnelles à celles de cultures à
fort rapport économique ou à celles dont la demande existe;
¾ La livraison à temps des intrants nécessaires pour booster et améliorer la
qualité finale du produit. Il peut s’agir d’achats en gros pour diminuer les
coûts unitaires au profit du producteur agricole; et
¾ L’établissement de relations commerciales entre les organisations de
producteurs et les acheteurs pour faciliter la vente. Ces relations
commerciales peuvent être développées aux niveaux local, national et/ou
international.

7
24 L’une des questions majeures que les projets appuyés par le FIDA doivent
essayer de résoudre est l’enchainement correct des interventions pour la promotion
du développement des organisations de producteurs. Il s’agit notamment des
questions relatives au développement des organisations faitières, des services à
offrir aux membres, au soutien à la gestion et à la gouvernance organisationnelle
interne (communications transparentes, garantie de représentation des populations
pauvres et des femmes). Bien que les approches à l’emporte-pièce et à taille unique
soient déconseillées –il est préférable d’avoir des stratégies spécifiques selon les
cas – de nombreuses questions nécessitent une réflexion approfondie.

25 D’abord, quand doit-on initier l’appui à la création d’organisations faitières ?


Bien qu’il soit nécessaire d’avoir du temps pour rassembler les petits groupes
éparpillés et sans coordination afin de bénéficier des économies d’échelle et de
renforcer leur pouvoir sur le marché, la mise en place de syndicats et de
fédérations doit être effectuée tout au début. Et éviter le risque de créer des
hiérarchies inefficaces et couteuses qui ne pourront pas fournir des services utiles
aux membres et représenter vraiment leurs intérêts auprès du gouvernement, du
secteur privé et des bailleurs.

26 Ensuite, est-il sensé de fournir d’abord des services en termes d’achat


d’intrants ou de commercialisation d’extrants ou les deux simultanément ? Et qu’en
est-il des services auxiliaires, notamment la vulgarisation, l’alphabétisation, le
plaidoyer politique et les autres services sociaux? Quand doit-on promouvoir la
diversification vers d’autres produits?

27 On peut conjecturer sur des réponses possibles à ces questions après


examen des expériences des organisations de producteurs qui ont réussi dans la
région. Les coopératives de coton au Mali, les producteurs d’oignons en Guinée, les
producteurs de sésame en Gambie sont des exemples d’organisations avec un long
et riche parcours auprès desquelles des leçons peuvent être tirées. Bien que la
revue de leurs expériences aille au-delà de la portée de ce document, quelques
leçons peuvent être citées. D’abord, la plupart de ces organisations démarrent leurs
activités par la fourniture d’intrants plutôt que par la commercialisation des
extrants. Ensuite, une attention particulière est accordée au renforcement des
capacités managériales à tous les niveaux de ces organisations, y compris la
transparence dans la gouvernance interne. Et enfin, on a veillé à ce que les
missions initiales ne soient pas diluées avec d’autres activités pouvant submerger
leurs capacités de gestion.

28 L’investissement dans la professionnalisation nécessitera la contractualization


d’une variété de prestataires de services. Il peut s’agir d’entités du secteur public,
privé et des ONG. Pourtant dans de nombreux pays de l’AOC, les capacités des
prestataires de services sont faibles. Cela est particulièrement vrai dans le domaine
de la commercialisation des produits agricoles. La présence ou l’absence de
capacités des prestataires de services doit être prise en compte dans l’élaboration
de plans de renforcement des capacités réalistes et faisables pour les organisations

8
de producteurs. Bien que le recours à l’assistance internationale soit possible, il
reste cher et doit donc être modérément utilisé.

29 Un autre point mérite d’être remarqué. Il peut s’avérer être plus compliqué
de promouvoir les organisations faitières de base dans les chaines de valeur des
cultures vivrières par rapport à celles des cultures d’exportation de rente. Il existe
plusieurs raisons à cela, notamment en l’absence de débouchés garantis, les
pourvoyeurs de crédit seront réticents à prêter pour l’achat et l’investissement dans
les intrants, et les producteurs seront en droit d’être réticents à prendre des risques
de crédit ; la possibilité de la consommation domestique des produits alimentaires
rend difficile pour les organisations de producteurs la garantie d’une offre constante
aux acheteurs.

30 Cela ne veut pas du tout dire que le développement de la chaine de valeur de


ces produits ne doit pas faire l’objet d’une promotion. Après tout, c’est là où les
populations pauvres gagnent leurs moyens de subsistance. Donc, il faudra veiller à
bien apprécier les contraintes inhérentes à l’organisation des producteurs pauvres
dans le cadre du développement des chaines de valeur des cultures vivrières
traditionnelles.

31 Les questions suivantes peuvent faire l’objet de discussions au sein des


groupes de travail:
A. Quel est l’état actuel du développement des organisations de producteurs, et
comment pourrait-on enchainer la création et le développement des
organisations faitières?
B. Si l’on traite des chaines de valeur pour des cultures vivrières relativement
non monétaires, quelles interventions sur la chaine de valeur sont plus
réalistes et intéressantes en termes d’avantages que peuvent en tirer les
populations rurales pauvres au court et au moyen terme ? Comment doit-on
procéder pour enchainer ces interventions?
C. Quels sont les domaines prioritaires en termes de prestation de services ?
Existe-t-il des prestataires de services qualifiés dans votre pays ?

L’entreprenariat rural

32 Le développement de la chaine de valeur implique le fait d’aller au-delà de la


production au niveau simplement de l’exploitation agricole en développant des
relations verticales en termes de fourniture d’intrants, de transformation, de
commercialisation, de manufacture d’équipements et de services de réparation. Il
existe un grand potentiel pour augmenter les emplois et les revenus hors de la
ferme

33 Les activités de promotion de l’entreprenariat sont notamment:

¾ Les aspects techniques et de gestion des petites entreprises;


¾ Le renforcement de l’accès au financement;
¾ Le développement de partenariats public-privé, avec notamment la
standardisation et l’accessibilité aux procédures contractuelles agricoles, ainsi

9
que la formation des producteurs agricoles pour s’adapter aux exigences du
marché;
¾ L’encouragement des acteurs du marché à se rassembler dans le cadre de
marchés locaux/régionaux pour le développement et la coordination des
chaines de valeur et du renforcement de la confiance;
¾ Le plaidoyer politique pour la création d’un environnement plus favorable à
l’investissement commercial;
¾ La diffusion de l’information sur les opportunités commerciales offertes par
les marchés nationaux et internationaux (y compris les foires commerciales
et la demande organique dans les marchés des pays développés) ; et
¾ La recherche action sur le développement de l’entreprise rurale.

34 Concernant la promotion de l’entreprenariat, peut-être le défi le plus


important auquel doivent faire face les projets financés par le FIDA n’est-il pas le
changement d’attitude ? Les officiels du secteur public ne sont pas toujours à l’aise
dans leur collaboration avec les acteurs du secteur privé. Les personnels de projets
et les agents chargés de la vulgarisation sont généralement plus conscients des
enjeux de la production agricole par rapport à ceux commerciaux. Cela entraine la
tendance des officiels du secteur public à regarder les entrepreneurs privés avec
méfiance, et surtout les « intermédiaires » qui sont considérés comme des
parasites plutôt que comme des acteurs qui créent de la valeur tout au long de la
chaine commerciale.

35 En outre, on doit se méfier de cette tendance de longue date consistant à


penser d’abord à la production et ensuite à la réalité, c’est-à-dire aux opportunités
du marché.

36 Pour relever ce défi, il faudra élaborer des critères commerciales rigoureuses


pour financer les investissements pour le développement de l’entreprise,
comprendre les enjeux du marché ainsi que les opportunités (au lieu d’une
approche strictement orientée sur la production) et être plus rapide et flexible dans
la réponse face à ces opportunités. Le document conceptuel du Programme national
d’appui aux chaines de valeur de la Guinée établit clairement que la nouvelle
attitude devrait être de ‘vendre avant de produire’.

37 Un autre changement d’attitude est nécessaire relativement au droit de


propriété sur les équipements de transformation (moulins à mil, décortiqueuses,
rizerie etc.) – doit-il être collectif ou privé. Ne faudrait-il pas privilégier l’initiative
individuelle concernant les équipements de transformation et la machinerie
agricole, plutôt que de penser toujours automatiquement à la propriété collective,
une approche qui n’est jamais durable

38 Bien qu’on appelle intuitivement à encourager le développement de


l’entreprise, cela contient des risques clairement identifiés dans la littérature
applicable. L’étude menée par le FIDA révèle que les entreprises ont tendance à
manquer de capitaux, parce qu’appartenant pour l’essentiel à la famille. Les taux
d’échec sont élevés remettant en question le développement de la chaine de valeur.
Elles peuvent cependant être les moteurs du développement de la chaine de valeur

10
quand elles sont nombreuses et ont une longue histoire. L’étude du FIDA donne
quelques exemples en Asie. Les exemples en AOC sont notamment l’ouvrage de
forge et l’usinage du riz. Cependant, le développement de la petite entreprise est
spécialement difficile dans les zones reculées et peu peuplées, du fait de la taille
relativement petite des marchés et des coûts de formation élevés.

39 La promotion de la petite entreprise peut également avoir des risques si les


grandes unités de transformation s’intéressent à un marché particulier. Ces grandes
unités sont mieux capitalisées et sont en mesure de réaliser des économies
d’échelle et par conséquent éliminer les petites unités. L’étude du FIDA cite un cas
en Ouganda relatif à la transformation du café.

40 Une étude du ‘Swiss Development Corporation (SDC)3 avance que les


services commerciaux intégrés peuvent être une option pour aider les petites et
moyennes entreprises à participer entièrement aux chaines de valeur agricoles.
Cela signifie qu’il faudra placer temporairement les prestataires de services sous
contrat dans les zones rurales en tant qu’acheteurs et vendeurs de produits
agricoles. Bien que cela ne soit pas certainement une solution, cela peut être
l’unique option pratique à court terme dans les zones rurales reculées, car les
sociétés privées peuvent être réticentes à y aller et travailler avec les populations
pauvres. Cependant, il faudra veiller à ce que ces agents intégrés ne rentrent pas
en compétition directe avec les entités privées.

41 L’opérationnalisation des interventions sur les chaines de valeur implique


souvent le développement de partenariats public-privé. Bien que le FIDA ait une
certaine expérience de collaboration avec les entreprises privées, ces relations sont
récentes et au stade pilote. Il sera nécessaire d’expérimenter les approches
potentiellement novatrices afin d’en tirer des leçons et intensifier les nouveaux
dispositifs institutionnels. Il faudra de l’apprentissage par l’action, un suivi
méticuleux et des stratégies d’échange d’information à l’intérieur et à travers les
pays et les régions.

42 Les questions suivantes peuvent faire l’objet de discussions au sein des


groupes de travail:
A. Quelles sont les activités les plus intéressantes pour le développement de la
petite et moyenne entreprise sur la (les) chaine(s) de valeur dans laquelle
(lesquelles) vous travaillez ? Quelles sont les contraintes majeures qui
freinent la croissance de ces entreprises?
B. La nécessité du changement d’attitude est-elle réelle dans la situation de
votre pays ? Quelles sont les attitudes les plus importantes qui doivent
changer et comment peut-on s’y prendre de manière réaliste?

3
Daniel Roduner
, “Donor Interventions in Value Chain Development” Préparé pour le ‘Swiss Development Corporation’. Berne,
Juillet 2007

11
C. Quelle expérience avez-vous en termes d’exercices de renforcement de la
confiance entre les acteurs de la chaine de valeur? Existe-t-il des domaines
où des progrès ont été réalisés? D’autres où il faudra davantage travailler?

Modalités de financement

43 Comme c’est le cas avec d’autres types de programmes d’appui à


l’agriculture en AOC, l’accès au financement constitue un obstacle majeur dans le
développement des chaines de valeur. Il peut être difficile de faire participer les
banques commerciales et les institutions de la micro finance aux opérations de
crédit pour plusieurs raisons. D’abord, les banques commerciales et les institutions
de la micro finance sont habituellement réticentes à investir dans les zones rurales
en Afrique et dans l’agriculture du fait de la perception qu’elles ont de la faiblesse
des retours d’investissement et des risques. Ensuite, l’environnement économique
et politique dans de nombreux pays de l’AOC n’a pas été propice à l’investissement
privé pendant des années. Enfin, les taux d’intérêt élevés en vigueur dans nombre
de pays peuvent décourager les emprunteurs potentiels à se tourner vers les
banques pour contacter un prêt.

44 Pendant des années, le FIDA appuie ponctuellement des projets avec des
lignes de crédit à court et moyen terme. Des fonds de garantie sont proposés avec
un partage des risques entre le FIDA et les institutions financières participantes,
mais ces dernières se sont montrées extrêmement réticentes à exposer leurs
propres ressources à un quelconque risque. La faiblesse des taux de
remboursement et de décaissement a entrainé l’abandon presque total des lignes
de crédit avant la fin des années 1990. L’appui au développement d’un crédit rural
et d’institutions d’épargne spécialisés s’est répandu depuis cette période. Bien que
cela soit sans aucun doute un pas dans la bonne direction, la disponibilité du crédit
à court et moyen terme reste très problématique à tous les niveaux des chaines de
valeur, à l’exception des industries agroalimentaires et des société d’import-export
bien implantées.

45 Il serait fastidieux dans le cadre de ce document de procéder à la revue de


toute la littérature relative à ce qui a marché ou non. Il suffit de dire, en dépit des
expériences décevantes en matière de crédit agricole, qu’il existe quelques
domaines intéressants. L’élargissement du crédit à court terme aux petits
commerçants pour avoir une rotation rapide entre l’achat et la vente peut être
rentable pour les institutions de microcrédit. Quand cela est possible, des dispositifs
contractuels agricoles peuvent permettre de surmonter les contraintes liées au
crédit pour les achats d’intrants.

46 Les dispositifs novateurs notamment le crédit bail et le crédit warrantage


méritent une plus grande attention et la recherche action doit s’y intéresser. Cela
dit, il existe des risques, notamment la réticence des institutions de la micro finance
à y participer et les problèmes inhérents, dans les approches utilisant des biens
physiques fixes comme formes de garantie (dégâts et vol).

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47 Pour essayer de régler la question de l’absence de crédit d’investissement,
plusieurs projets proposent des fenêtres d’octroi de crédit pour la transformation et
les autres équipements. Des dispositifs de partage des coûts sont également
disponibles pour éviter que cela soit des dons. Dans le cadre de ces mécanismes,
des comités régionaux et nationaux composés de représentants d’organismes
publics, d’organisations de producteurs agricoles, du secteur et d’autres groupes
d’acteurs doivent décider de l’acceptabilité des demandes de financement. Bien que
cela soit louable dans la perspective de promotion des approches participatives, et
qu’il soit important de combler ce déficit de financement important, il faudra veiller
à la garantie de critères de financement stricts – plutôt que de faire des vœux pieux
– ces comités régionaux et nationaux sont présents pour approuver les demandes
de financement.

48 Les questions suivantes peuvent faire l’objet de discussions dans les groupes
de travail:
A. Si dans votre (vos) projet(s) on prévoit d’expérimenter des dispositifs de
financement novateurs, notamment la contractualisation agricole, le crédit
bail, le crédit warrantage, etc. est-il également possible de mener un
recherche action en vue d’un suivi rapproché des leçons tirées?
B. Votre (vos) projet(s) comporte(nt) t-il(s) des fenêtres d’octroi de crédit?
Comment mettriez-vous en vigueur les critères commerciales/financières
quant aux décisions à prendre pour approuver les investissements?

Questions transversales

49 Le suivi & l’évaluation, l’intégration du genre et l’économie sont des thèmes


transversaux dans l’ensemble des groupes de travail.

50 Dans la plupart des projets sur les chaines de valeur en AOC, les plans de
S&E suivent l’approche classique de l’évaluation initiale, périodique et finale. Le
cadre (log frame) est avancé comment document référence dont le S&E doit suivre
la trace. Bien qu’il soit sensé d’effectuer des études préliminaires, la base devrait
être les chaines de valeur couvertes dans le cadre du projet. Les bases de référence
doivent permettre d’aborder entre autres ces questions : Quelle est la structure
actuelle des chaines de valeur ? Où se trouvent les goulots d’étranglement sur les
chaines de valeur empêchant l’amélioration de la performance ? Comment les
acteurs à différents niveaux de la chaine de valeur interagissent-ils pour créer ou
prévenir des résultats efficients et équitables ? Dans quelles activités à tous les
niveaux de la chaine de valeur les populations rurales pauvres – notamment les
femmes – sont-elles actuellement engagées ? Quel est le champ d’application de
l’augmentation des revenus et des emplois à tous les niveaux de la chaine de
valeur ? Existe t-il une compétition ou différentes formes de comportements non
compétitifs ? Quels groupes ou associations de producteurs jouent un rôle dans
l’achat d’intrants, la transformation et la vente ? Le produit est-il compétitif sur les
marchés locaux par rapport à l’importation ou par rapport aux autres produits des
autres régions du pays ? Le produit en question peut-il entrer en compétition sur
les marchés d’exportation (s’il ya lieu) ? Comment obtient-on actuellement des
informations sur le marché, et existe-t-il des moyens pour renforcer la transparence

13
et uniformiser les règles du jeu relativement à la circulation de l’information ? Ce
sont des questions importantes qui devront être abordées lors des évaluations
initiales et périodiques et dans les activités d’analyse.

51 L’analyse de la cartographie du genre devrait être incorporée dans les plans


de S&E. Ces exercices permettent d’identifier l’implication des femmes dans la
production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles. A
moins que ces exercices ne soient effectués avec des résultats destinés à prendre
en compte les préoccupations des femmes, les femmes rurales risquent de
demeurer ‘invisibles’ dans les investissements sur les chaines de valeur, même si
elles sont déjà actives. Ces préoccupations doivent faire l’objet d’un suivi rapproché
comme c’était le cas dans le rapport de supervision d’octobre 2009 du projet
PROFIL au Burkina Faso, rapport dans lequel on faire remarquer que pas beaucoup
de choses ont été faites pour impliquer les femmes dans les interventions du projet.

52 Même dans les périodes fastes, les marchés agricoles en AOC subissent des
fluctuations de prix prononcées. Pourtant, les conditions du marché sont devenues
plus volatiles, nécessitant un suivi rapproché et continu. Par exemple, une
justification du projet agropastoral du Tchad récemment approuvé est que les prix
de la production de l’élevage ont été élevés ces dernières années. La crise des prix
des produits alimentaire est venue influencer les prix à la hausse, la crise financière
mondiale qui tendraient à faire baisser la demande, les fluctuations sauvages des
prix du pétrole au niveau international qui ont probablement eu des répercussions
sur la demande en produits de l’élevage du pays producteur de pétrole qu’est le
Nigeria. La volatilité des prix a potentiellement eu de grands effets sur les revenus
et l’emploi des populations rurales et des implications majeures sur la performance
du projet.

53 Une analyse initiale du prix à la frontière (prix de parité à l’importation et à


l’exportation) doit être effectuée de manière périodique tout au long de la mise en
œuvre du projet pour évaluer la compétitivité des marchés locaux et à
l’exportation. Il faut remarquer qu’on effectue à peine cette analyse lors de la
formulation du projet (le projet du Cameroun étant la seule exception, à cette
date). Dans les futures activités de formulation, l’analyse du taux de rendement
interne qui est largement inopérante devrait être remplacée par une analyse
économique avec des réflexions intéressantes sur la compétitivité, les marges
commerciales, la structure des aiguillons du marché, et là où on peut réaliser des
économies sur les chaines de valeur.

54 Les questions ci-dessous peuvent faire l’objet de discussions dans les


groupes de travail:
A. Quelles activités faudra t-il mener pour améliorer les plans de S&E de votre
(vos) projet(s)?
B. Les préoccupations des femmes sont-elles totalement prises en compte dans
les plans de travail et budgets annuels de votre (vos) projet(s) ? Avez-vous
besoin de formation sur les techniques de cartographie du genre sur la
chaine de valeur ?

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C. Des analyses des prix à la frontière sont-elles effectuées dans votre (vos)
projet(s)? Avez-vous besoin d’assistance/formation dans ce domaine?

Conclusion

55 Les approches sur les chaines de valeur sont très intéressantes pour booster
les revenus et les emplois dans les zones rurales et réduire la pauvreté. Dans le
contexte de la crise mondiale des prix des denrées alimentaires qui a démarré en
2008, le FIDA a été prescient d’avoir initié la formulation de cette vague de projets
plusieurs années auparavant. Pourtant, si le FIDA et les gouvernement et
organisations de la société civile partenaires en AOC doivent réduire la pauvreté de
manière considérable à travers ces investissements, il sera nécessaire d’adopter les
nombreuses mesures énumérées dans ce document. Il sera également nécessaire
pour le FIDA et ses partenaires d’assurer un suivi rapproché des progrès et du
partage des savoirs à travers la région. Les discussions et les échanges qui auront
lieu durant cet atelier sont un premier pas important. On espère que les échanges
d’expériences se poursuivront avec la facilitation de FIDAfrique et de quelques
autres plateformes de savoirs régionales appropriées.

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Tableau 1: Projets d’investissement avec des éléments de chaines
de valeur, financés par le FIDA depuis 1999
(Valeurs en dollars US)

Pays et projet Coût total Montant VC Pourcentage


Ghana: Commercialisation et 27 688 976 6 127 198 22,13%
amélioration des plantes sarclées
Burkina Faso: Soutien à la chaine de
16 858 458 1 453 949 8,62%
valeur des produits agricoles
Gabon: Développement rural et agricole 8 629 254 6 827 662 79,12%
Nigeria: Développement de la micro
57 903 135 7 142 772 12,34%
entreprise rurale
Burkina Faso: Irrigation à petite échelle
19 061 258 3 023 337 15,86%
et gestion de l’eau
Ghana: Croissance dans les zones rurales
103 553 046 26 574 421 25,66%
du nord
Sénégal: Soutien à la chaine de valeur
31 609 452 13 809 240 43,69%
des produits agricoles
Congo: Développement rural dans les
Départements de Likouala, Pool et 21 677 800 11 880 400 54,80%
Sangha
R.D. Congo: Réhabilitation agricole
39 019 756 1 148 828 2,94%
intégrée dans la Province de Maniema
Ghana: Financement rural et agricole 41 864 937 11 628 184 27,78%
Benin: Soutien à la croissance
47 782 873 28 903 814 60,49%
économique dans les zones rurales
Burkina Faso: Services de
25 210 100 20 009 500 79,37%
développement de l’entreprenariat rural
Mauritanie: Développement des chaines
de valeur pour la réduction de la 17 765 713 9 497 555 53,46%
pauvreté
Côte d'Ivoire: Réhabilitation agricole et
25 634 272 7 467 599 29,13%
réduction de la pauvreté
Gambie: Développement de l’élevage et
15 942 244 12 048 196 75,57%
de l’horticulture
Benin: Soutien au développement rural 14 788 232 3 724 081 25,18%
Cameroun: Développement des marchés
21 677 361 13 477 565 62,17%
des plantes sarclées
Cameroun: Soutien au développement de
24 290 175 4 729 146 19,47%
la chaine de valeur des produits
Nigeria: Expansion des plantes sarclées 36 089 433 3 891 952 10,78%
Sao Tome-et-Principe: Développement
participative de la pêche artisanale et des 13 447 444 4 123 407 30,66%
petites exploitations agricoles
TOTAL
610 493 919 197 488 806 32,35%

Source: Tableau des données PPMS compilées dans le ‘PT Study’… Annexe2, Tableau 8.

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Table 2: Produis couverts dans six projets sur les chaines de valeur en AOC

Pays et projet Zone Produits

Benin: PACER Tout le territoire acajou, ananas, manioc, riz,


national légumes potagers

Burkina Faso: PROFIL Nord, Sahel, Mouhoun niébé, sésame, oignon,


Centre-nord volaille, petits ruminants

Cameroun: PADFA Extrême nord, Nord, Riz, oignons


Ouest, Nord-ouest

Guinée: PNAAFA Forêt et moyenne Riz, huile de palme, gomme,


Guinée, avec des oignons, pomme de terre,
possibilités d’expansion tomates, mais, fonio, petit
dans d’autres régions piment

Mauritanie: PROLPRAF Oasis Dattes, jardinage, volaille,


viande rouge (y compris les
produits dérivés), gomme
arabique

Sénégal: PAFA Basin arachidier Mil, niébé, sésame, hibiscus,


poulet (trois produits
additionnels peuvent être
ciblés plus tard durant la
mise en œuvre)

Sources: De nombreux rapport de formulation et d’évaluation des projets du FIDA.

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