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Analyse de la chaine de valeur oignon dans la commune de Madaoua au

Niger
SOUMANA Boubacar1*, ALI Mahaman1
1
Département de Sociologie et Économie Rurale, Faculté d’Agronomie, Université de Niamey
*
Auteur correspondant : san_boub@yahoo.fr

RESUME :
Cette étude portant sur l’analyse de la chaine de valeur oignon a été réalisée dans deux
villages du département de Madaoua situé dans la région de Tahoua. Il a été d’abord procédé
à la collecte des données secondaires puis primaires à l’aide des entretiens auprès des
operateurs, supporteurs et acteurs institutionnels de la chaine de valeur. L’étude était axée sur
une analyse fonctionnelle, économique, et de la performance. Au total, 90 acteurs ont été
interviewés dont 30 producteurs (10%), 10 grossistes (50%), 10 détaillants (10%) 10
transformateurs (10%) et en fin 30 acteurs supporteurs. Il ressort de l’étude que la chaine de
valeur est composée de cinq différents maillons animés essentiellement par des hommes, et
caractérisés par une quasi-absence de relation d’affaire entre les acteurs tant sur le plan
horizontal que vertical. Par ailleurs, l’analyse économique révèle que les producteurs tirent
plus de profit avec 51 à 72% de la valeur ajoutée suivis par les grossistes avec 30%.
Cependant, l’étude fait ressortir des problèmes de pression parasitaire et de conservation.
Mots clés : chaine de valeur, oignon, Madaoua, Tahoua, Niger.

Abstract: Onion chain value analysis in Madaoua, department of Niger.


This study analyzing the onion value chain has taken place in two villages of Madaoua
department located in Tahoua region. it was first carried out the collection of secondary and
primary data through interviews with operators and supporters of value chain. The study
based on a functional, economic, and end performance analysis. 90 actors were surveyed in
two villages in the study area. It appears from the study that the value chain has five different
links consisting mainly of men, namely: input supply, production, processing and
intermediation, characterized by very few business relationships between the actors as
horizontally and vertically. Moreover, the economic analysis indicates that producers benefit
more than other actors in the chain with 51-72 percent of the added value and then employees
with 30%. However, the analysis shows a lack of form of organization of production, much
less marketing and constituting a brake in the development of the chain. In addition, there is a
lack of modern processing, pest pressure and a lack of adequate storage facilities.
Keywords: Value Chain, Onion, Madaoua, Tahoua, Niger.

1
1. Introduction

Dans la plupart des pays africains, l’agriculture a un rôle crucial, en étant la principale
activité créatrice de richesse et un secteur qui occupe la majeure partie de la population.
Malheureusement, elle butte à de lourdes contraintes notamment dans les pays sahéliens où
elle ne garantit pas une sécurité alimentaire. Selon [1], l’Afrique prise dans son ensemble
est confrontée à des déficits alimentaires dont les manifestations aigues prennent la forme
de famine. Mais de nos jours cette insécurité alimentaire est d’autant plus grande dans les
pays au sud du Sahara à savoir les zones arides et semi-arides. Or « la croissance
économique des pays sous développés, et par conséquent, l'amélioration du standard de vie
de leurs populations passe par le développement de l’agriculture » [2]. En effet, au Niger
ce secteur est confronté à beaucoup de problèmes, dont entre autre la dégradation des terres
de culture, l’insuffisance et l’inégale répartition des pluies, la réduction des terres de
culture entrainée par une croissance démographique rapide, mais aussi et surtout le faible
niveau d’investissement de la part de l’État [3]. Cette situation a pour conséquence la
baisse de la production agricole, menaçant ainsi les moyens d’existence de 85% de la
population du pays d’année en année [3] ; alors que le pays dispose d’importante réserve
en eau souterraine mobilisable pour réduire la dépendance de l’agriculture pluviale. Ainsi,
la promotion des cultures irriguées tournées vers la diversification depuis les années 70 est
une alternative avec le développement de certaines cultures telles que l’oignon. En effet,
durant la campagne 2012/2013 sur 46717ha qu’occupent les légumes au plan national,
18889 ha sont occupés par l’oignon soit 41,21% de la superficie [4], avec une production
annuelle de plus de 711963tonnes dont 46% provient du département d Madaoua [5] .
Cette situation fait du Niger le 2nd producteur derrière le Nigeria depuis des années, tout en
occupant la première place comme exportateur d’oignon en Afrique de l’Ouest. Son réseau
commercial permet d’approvisionner les principaux marchés côtiers de la sous-région [6],
surtout avec un avantage comparatif tant sur la quantité exportable que sur ses qualités
organoleptiques face aux autres pays [7]. Par ailleurs, le Niger est l’un des plus grands
consommateurs d’oignon après le Nigeria, mais aussi un pays pour lequel la production et
la commercialisation de l’oignon constituent l’une des principales sources de revenu à
travers la diversité des acteurs (operateurs et supporteurs) [8].
Selon les statistiques plus de 10 % de la population nigérienne vit des valeurs ajoutées
créées par cette chaine de valeur ; 22 milliards sont la contribution à l'économie nigérienne
en 2012 [9]. La chaine de valeur oignon, mobilise plus de 75 000 actifs agricoles au Niger

2
et procure environ 50 milliards par an comme chiffres d’affaires aux producteurs [8]. En
effet, bien que le Niger ait un avantage comparatif par rapport aux pays de la sous-région,
la chaine de valeur connait de nombreux problèmes tant au niveau de la production qu’à la
commercialisation. C’est dans ce contexte qu’est intervenu le présent article pour identifier
les différents problèmes à travers une analyse fonctionnelle et économique.
2. Matériels et méthode.
2.1 Approche méthodologique de l’analyse de la chaine de valeur
Les matériels utilisés dans le cadre de cette étude sont les questionnaires adressés aux acteurs
directs et les guides administrés auprès des personnes ressources ayant des connaissances sur
la filière oignon. S’agissant des logiciels, le SPSS et EXCEL ont été utilisés pour les analyses
et ARCGIS pour l’élaboration de la carte de la zone.
La méthode utilisée pour l’analyse, est celle de Value Links conçue par la GTZ de la
Coopération internationale allemande. Cette méthode est entièrement orientée vers l’action et
est basée sur des leçons tirées des projets et programmes de développement rural et de
promotion du secteur privé soutenus par la GTZ. Elle subdivise le savoir-faire de la promotion
de la chaîne de valeurs en 12 modules organisés selon le cycle de projet. Ces modules peuvent
être scindés en deux phases : la première réservée l’étude théorique de la filière comporte 4
modules et la seconde qui en comporte 8, concerne les actions sur le terrain [10].
L’avantage de cette méthode est qu’elle présente en détail les éléments d’analyse d’une chaine
de valeur à savoir l’analyse fonctionnelle et économique, l’identification des contraintes et
stratégies de mise à niveau. En outre, elle décrit les mécanismes de facilitation de
développement de la chaine de valeur à travers des concertations visant à clarifier les rôles du
gouvernement, du privé et du bailleur de fonds en matière d’organisation de projet de
promotion de la chaine, d’évaluation des besoins et des marchés, d’introduction des normes
sociales, écologiques et de qualité de produit. A terme, cela permettra d’institutionnaliser
l'action collective des acteurs de la chaîne dans le but d’accroitre la performance de cette
chaine de valeur.
Dans la commune de Madaoua, deux villages à savoir Kollé et de Tounfafi ont été choisis par
les cadres techniques de l’État. Le Premier a été choisi du fait d’être un pôle de production
d’oignon, alors que le second village l’a été pour la diversité des spéculations cultivées en
dehors de l’oignon (choux, carotte,). Un échantillon de 90 acteurs (operateurs et supporteurs)
représentant 10% de l’ensemble a été pris de manière aléatoire
L’évaluation de la performance économique a été faite à l’aide des paramètres calculés dans
le tableau ci-dessous.

3
Tableau I : Paramètres d’analyse économique
Maillon Paramètres
Production PB (produit brut monétaire) = Q (quantité produite) x Pu (prix unitaire)
VAB (valeur ajoutée brute ) = PB – CI (consommation intermédiaire) [10] avec
CI=∑des charges liées aux intrants
VA (Valeur ajoutée nette) = VAB-Amortissement
RBE( Revenu brut d’exploitation )= VA-(rémunération main d’œuvre + Frais
Financiers +Taxe) [10]
RNE (résultat ou excédent net exploitation) =RBE-Amortissement [11]
Commercialisation VA=PB-CI (consommations intermédiaires) avec CI=consommables et services
Consommable= (achat oignon+ sac de conditionnement) ; Service= transport
ENE (Excédent Net d’Exploitation) =VA- (Main d’œuvre+ Taxe)
IP (indice de profitabilité ou de rentabilité)=RNE/CT [12]
Transformation VA=PB-CI (consommations intermédiaires) avec CI=consommable +service

Les matériels utilisés dans le cadre de cette étude sont :


-8 types de questionnaires dont 7 adressés aux operateurs et supporteurs de la chaine de valeur
à savoir : les producteurs, grossistes, détaillants, transformateurs, consommateurs,
démarcheurs, les Dockers (transporteurs), le 8ieme étant adressé aux marchés locaux. Le choix
de ces operateurs et supporteurs de la chaine a permis de la cartographier la chaine, de faire
l’analyse économique et d’identifier les problèmes des acteurs.
-Les logiciel SPSS, EXCEL et Word pour le traitement des données, et en fin ARCGIS pour
la confection de la carte de la zone d’étude.
2.3 Eéchantillonnage
Dans la commune de Madaoua, deux villages à savoir Kollé et de Tounfafi ont été choisis par
les cadres techniques de l’État. Le Premier a été choisi du fait d’être un pôle de production
d’oignon, alors que le second village l’a été pour la diversité des spéculations cultivées en
dehors de l’oignon (choux, carotte,) Dans le souci d’avoir une vision plus globale de la chaine
de valeur dans la commune de Madaoua, un échantillon de 90 acteurs choix de manière
aléatoire (operateurs et supporteurs) a été pris comme le montre le tableau suivant.

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Tableau II : Méthode d’échantillonnage.
Acteurs Nombre total pourcentage échantillon Références
producteurs 615 ménages 5% 30 Carnet de famille(chef de village)
transformateurs 108 personnes 10% 10 Liste établie en assemblée villageoise
Liste établie en assemblée villageoise
grossistes 21 personnes 50% 10
détaillants 105 personnes 10% 10 Liste établie en assemblée villageoise
2 bureau de 5 Focus
Dockers membres groupe 10 Associations des Dockers
2 bureaux de 5 Focus
démarcheurs membres groupe 10 Bureaux des démarcheurs
consommateurs Bouchers, vendeuse 10
Marché Vendeurs d’oignon Observation
Total 90

2.4 Présentation de la zone d'étude


Le département de Madaoua est situé dans la partie centrale du Niger, à l’extrême Sud - Est
de la région de Tahoua. Il est limité à l’Est par la région de Maradi (Département de Guidan
Roumdji et Dakoro) ; au Sud, il fait frontière avec le Nigeria sur une distance de 65 km ; à
l’Ouest par le département de Malbaza et au Nord par le département de Bouza. Il couvre une
superficie de 4 856 km² pour une population de 544 215 habitants avec une densité de 112
habitants au km²[18].. La carte suivante indique la commune de Madaoua.

Figure 1 : Carte de la commune de Madaoua

5
3. Résultats
3.1Caractéristiques générales de l’exploitation d’oignon
Dans les deux villages, la culture de l’oignon est exclusivement réservée aux hommes dont
l’âge moyen est de 38 ans, avec toutefois l’âge du plus jeune qui est de 19 ans alors que le
plus âgé 65 ans. L’agriculture est la principale, alors tandis que l’élevage constitue l’activité
secondaire car elle permet d’épargner le revenu tiré de la culture d’oignon sous forme de tête
d’animaux. Le tableau3 présente les caractéristiques des exploitations.
Tableau II : Éléments caractéristiques des exploitations
Facteurs de production Superficie <0,2 ha (Petit producteur) en % 79
engagés 0,2 à 0,4 ha (Producteur moyen) en % 14
> 0,4 ha (Gros producteur) en % 7
Intensité du travail (homme-jour /hectare) 228
Age moyen des exploitants (ans) 38
Modes d’accès aux Héritage (%) 87
terres Prêt (%) 7
Location (%) 6
Nature de la main Actif familial (homme-jour /hectare) 68
d’œuvre utilisée Actif contractuel (homme-jour /hectare) 160
Total Effectif (homme-jour /hectare) 228
Total de jour de travail par hectare (jour) 46
Motopompe (%) 97
Système d’irrigation Traditionnels (calebasse) en % 3
système de culture Monoculture (%) 100

La production d’oignon est étalée sur les 12 mois/12 reparti en 3cycles ; le 1er commençant de
Septembre à décembre, le 2nd de décembre à février, en en fin le 3ieme de janvier à Avril. En
effet, les superficies exploitées ayant constitués un facteur discriminatoire, il a été alors
procédé à la catégorisation des producteurs : < 0,2ha pour les petits producteurs ; 0,2 à 0,4 ha
pour les producteurs moyens et en fin > à 0,4 ha pour les gros producteurs. Quant au mode
d’accès à la terre, il est essentiellement dominé par héritage (87%). S’agissant de la main
d’œuvre elle à 70% est contractuelle pour une durée totale de travail évaluée à 46 jours.
La quantité d’engrais diffère selon les saisons en fonction de l’objectif de la production. Une
utilisation plus importante est remarquée en saison pluvieuse et saison sèche froide (400kg)

6
du fait que la totalité la production est destinée à la vente directe sur le marché alors que 50 à
70% de celle de la saison sèche chaude est destinée à la conservation (vente différée). La
différence du niveau de rendement entre les saisons s’explique par le fait que au premier
cycle, les parcelles sont très souvent détruites par la maladie de pourriture des racines,
l’inondation des planches par l’eau de ruissellement alors qu’au niveau des deux autres cycles
ces problèmes ne sont pas remarqués. En outre, au 1ier cycle, les bulbes sont récoltés avant la
fin de leur de développement (petites tailles) car les premières récoltes sont plus
rémunératrices (prix élevé), tandis que la récolte intervient à un stade de développement des
bulbes plus avancés (gros diamètres) au niveau des deux autres cycles.
Tableau III : la quantité moyenne des intrants et rendement à l’hectare

Cycle les intrants Rendement


Engrais Semences Produits phytosanitaires Carburant (ha)
(kg) (kg) (litre) (litre)
HNS HS Insecticide
1ier 400 9 8 5 1 450 27,14
2ieme 350 7.2 5 5 0 370 47,4
3ieme 200 5.4 6 4 28 530 51,83
HS : Herbicide sélectif ; HNS : Herbicide non sélectif.

3.2 Analyse fonctionnelle de la chaine de valeur :

L’analyse fonctionnelle révèle l’existence de 5 maillons au niveau de la chaine de valeur


oignon à Madaoua comme le montre la figure2. Ces maillons sont animés par des operateurs,
des supporteurs, des acteurs institutionnels et en fin des facilitateurs de la chaine de valeur.
. Les relations d’affaires sont caractérisées par une quasi-absence de coordination tant sur le
plan horizontal que vertical. En effet, les producteurs pratiquent le système de vente
individuelle mettant surtout les producteurs en position de faiblesse dans la négociation du
prix l’oignon face aux grossistes qui profitent de la situation pour imposer leur prix.

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Figure 2 : Les maillons de la chaine et ses acteurs

3.3 Analyse économique de la chaîne de valeur oignon

L’analyse économique de la chaine de valeur porte sur les analyses des couts, de la valeur
ajoutée et de la performance. Au niveau du maillon de la production, il est noté des couts
variables et des couts fixes. Les coûts variables sont constitués des frais en intrants et à la
main d’œuvre alors que les coûts fixes sont constitués des amortissements des matériels
agricoles (motopompe et appareil de traitement phytosanitaire). Il se dégage que les intrants et
la main d’œuvre représentent l’essentiel du coût total avec respectivement 45% et 49%.

L’analyse des coûts au niveau des intrants, montrent que quelque soit le cycle de production,
les plus importants sont ceux liés à l’acquisition des semences (8% à14%), au carburant (14%
à 16%) comme le montre le tableau ci-dessous

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Tableau IV : Coût de production d’un hectare en FCFA

Le maillon de distribution constitué de grossistes, collecteurs et détaillants montre que le coût


de commercialisation est essentiellement lié à l’achat de l’oignon pour tous les acteurs. Pour
les grossistes cette charge représente 70% sur l’axe Cotonou contre 62% sur l’axe Ghana alors
que le cumul des autres coûts représente respectivement sur les mêmes axes 30% et 38%.
Cette différence est essentiellement liée au transport (13% contre 17%) du fait de
l’augmentation du trajet sur l’axe Madaoua-Ghana, mais aussi aux frais douaniers (6% contre
10%) sur l’axe Ghana. En effet, l’analyse du coût de commercialisation selon les cycles
montre que celui-ci est plus élevé au 1ier et 2ieme cycle au niveau de toutes les destinations du
fait du prix élevé d’achat de l’oignon.

L’évaluation du coût de commercialisation de 100kg est présentée dans le tableau ci-dessous.

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Tableau V : coût de commercialisation d’un sac de 100kg en FCFA

La transformation de l’oignon concerne aussi bien le buble que les feuilles qui se présentes en
séchées et en fermentées. La transformation d’un sac d’oignon 50kg fournit 5 tia (soit 1/4 du
sac de 50kg) pour l’oignon altéré et 10 tia (soit 2/4 du sac de 50kg) pour l’oignon de semence
soit un rendement respectif de 25% et 50%. La différence de rendement après séchage
s’explique par la qualité de l’oignon de semence qui est mature et sans pourriture
Tableau VI : coût de la transformation en FCFA

Feuilles fermentés de 50 Feuilles sechées (


Rubique kg Bulbes sechés( sac de 50kg) sac de 100kg)
Bulbes de semence bulbes alterés
Montant % Montant % Montant % Montant %
Achat feuilles - - - - - - 50 50,00%
Achat sac vide 50 4,80% 50 2,00% 50 2,20% - -
Achat reste d'oignon - - 2000 78,40% - - - -
Achat oignon alteré - - - - 1500 65,20% - -
Main d'œuvre 1000 9502,00% 500 19,60% 750 32,60% 50 50,00%
Cout de production 1050 100,00% 2550 100,00% 2300 100,00% 100 100,00%

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Feuilles séchées : « Gabou Chirmé » ; Feuilles fermentées = (Gabou Noir), bulbes séchés=« Gabou Blanc »

La valeur ajoutée créée au niveau des producteurs, présente une grande disparité selon le
cycle de production. Celle-ci s’explique d’une part par la variation de prix sur le marché,
d’autre part la différence du niveau de rendement selon les saisons. C’est ainsi qu’on obtient
les fortes valeurs ajoutées créées au 1ier et 2nd cycles à cause du prix de vente du sac élevé
(35000F) pour le premier, alors que pour le second cycle cela résulte de l’augmentation du
niveau de rendement qui a permis de compenser la baisse du prix (25000F/sac). Au troisième
cycle malgré l’amélioration des rendements, la valeur ajoutée reste faible du fait de la baisse
drastique des prix(10 000 F CFA/sac)

Tableau VII : valeur ajoutée et résultat net d’exploitation des producteurs/hectare


Cycle de production
Agrégats (FCFA) moyenne
1er cycle 2ieme cycle 3ieme cycle
PB 9 595 500 11 944 387 5 952 000 9 163 962
CI 708 630 636 012 702 260 682 301
VA 8 886 870 11 308 375 5 249 740 8 481 662
Main d'œuvre 716 424 659 290 775 150 716 954
RBE 8 170 447 10 649 085 4 474 591 7 764 707
Amortissement 7 250 7 250 98 750 37 750
RNE 8 163 197 10 641 835 4 375 841 7 726 957
Au niveau du maillon intermédiation, la valeur ajoutée créée lors de la vente au Ghana est la
plus grande au niveau des deux premiers cycles (environ 11 000F à 16 000F au Ghana contre
8 000F au Bénin). Cependant, au 3ieme cycle, celle résultant de la vente à Cotonou est
légèrement plus élevée comparée à celle du Ghana à cause de l’augmentation du coût lié au
transport mais aussi du faible écart du prix entre le prix de vente et le prix d’achat. Par
ailleurs, on remarque que l’excédent net d’exploitation (bénéfice) suit la même tendance que
la valeur ajoutée car celui-ci est plus élevé au 1ier et 2nd cycle avec respectivement 6375 à
11350F sur l’axe Ghana et 5350F sur l’axe Cotonou. Cependant, on remarque que au 3ieme
cycle le profit des grossistes et plus élevé sur l’axe Cotonou (4400F) contre seulement 2400F
sur l’axe Ghana à cause de la baisse du prix de vente alors que les taxes, frais de douane
etc… ; sont restés les mêmes. En fin, les collecteurs et détaillants génèrent respectivement
4000F et 2500F de gain/sac. Ces résultats permettent de comprendre pourquoi les grossistes
préfèrent l’axe Madaoua-Benin au 3ieme cycle sont consignés dans le tableau suivant :

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Tableau VIII : la valeur ajoutée et revenu net des intermédiaires par sac de 100kg
(FCFA)

Agrégat Grossistes collecteur détaillant


3ieme 3ieme 3ieme
1ier Cycle 2ieme Cycle 3ieme Cycle
cycle cycle cycle
Cotonou Ghana Cotonou Ghana Cotonou Ghana Niamey Madaoua Madaoua
Prix de vente 50 000 60 000 40 000 45 000 25 000 27 000 17000 12000 12500
Consommation
7 260 9 760 7 235 9 735 7 210 9 710 13 050 8450 10200
intermédiaires
Valeur ajoutée 8 740 16 240 8 765 11 265 7 790 7 290 3 950 3550 2300
cout de
44 650 48 650 34 625 38 125 20 600 24 600 14 850 8 000 10 000
commercialisation
excedent net
5 350 11 350 5 375 6 375 4 400 2 400 2 150 4 000 2 500
d'exploitation

La transformation dégage une valeur ajoutée appréciable dans la chaine de valeur. En effet, la
production et commercialisation des feuilles séchées « Lawachi » créent 3150F de valeur
ajoutée et génèrent 2100F de revenu/sac de 50kg essentiellement capté par le transformateur
(47%), alors que pour la même quantité les « bulbes séchés » génère 6800F de valeur ajoutée
et 5640F de revenu reparti entre les différents acteurs. Notons que le profit tiré par les
grossistes du « bulbes séchés » s’explique par le fait que les grossistes font la spéculation en
revendant les produits hors zone(Dosso).

Tableau IX : Valeur ajoutée et revenu au niveau du maillon transformation


Type de agrégat PB CI VA Revenu répartition du
produit revenu
Feuilles transformateur 2000 0 2000 1000 47%
fermentés ( collecteur 1250 1000 250 250 12%
sac de 50kg) Grossiste 2000 1600 400 350 17%
Détaillant 2500 2000 500 500 24%
total 7750 4600 3150 2100 100%
Bulbes séchés transformateur 6000 5000 1000 1000 17%
( sac de 50kg) collecteur 5000 2500 2500 1500 27%
Grossiste 8000 6200 1800 1640 29%
Détaillant 9500 8000 1500 1500 27%
total 28500 21700 6800 5640 100%

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L’évaluation de la performance a été faite à l’aide des ratios. En effet, le Ratio valeur ajoutée
/produit brut traduisant la part de la valeur ajoutée dans le produit brut montre qu’en valeur
relative le producteur d’oignon est l’acteur qui crée le plus de valeur ajoutée avec un ratio
(VA/PB) variant de 88% à 92,6% contre 17% à 31% pour les grossistes qui sont leurs
collaborateurs. La valeur ajoutée plus élevée au niveau du maillon production s’explique par
le fait que c’est une production primaire qui utilise essentiellement la force de travail
(composante de la valeur ajoutée) et un très faible niveau d’intrants (engrais, carburant). Par
contre pour le maillon intermédiation, la charge principale est l’achat de l’oignon, les écarts
de prix entre prix d’achat et prix de vente étant relativement faible, on a donc une valeur
ajoutée créée faible. Cette dernière est redistribuée sous forme d’excédent net d’exploitation
(ENE) et d’amortissement au niveau du maillon production, alors que pour le maillon
intermédiation elle est constituée d’excédent net et de taxe avec une proportion élevée de cette
dernière au niveau des grossistes (20%).
Par ailleurs, cet excédent est plus élevé au niveau des producteurs comparés avec les autres
acteurs directs avec un ratio (Excédent/valeur ajoutée) variant de 92 à 94%, alors que la
moyenne de l’ensemble de la chaine est de 91,4%.
Tableau X : agrégats comptables et ratios de performance
Excedent
Categorie d'agent VA/produit Amortisse Excedent net/Cout
brut Taxe/VA ment net/VA total
Producteur 1ier cycle 92,6% 0,0% 0,1% 91,9% 569,9%
Producteur 2ieme cycle 94,6% 0,0% 0,1% 94,1% 817,0%
Producteur 3ieme cycle 88,2% 0,0% 1,9% 85,1% 283,8%
Grossiste Ghana 1ier cycle 27,1% 24,9% 0,0% 69,9% 23,3%
Grossiste Ghana 2ieme cycle 25,0% 35,9% 0,0% 61,0% 18,0%
Grossiste Ghana 3ieme cycle 27,0% 55,4% 0,0% 32,0% 9,8%
Grossiste Cotonou 1ier cycle 17,5% 29,1% 0,0% 61,2% 12,0%
Grossiste Cotonou 2ieme cycle 21,9% 29,0% 0,0% 61,3% 15,5%
Grossiste Cotonou 3ieme cycle 31,2% 32,0% 0,0% 56,5% 21,4%
Collecteur 3ieme cycle 29,6% 0,0% 0,0% 100,0% 42,0%
Detaillant local 3ieme cycle 18,4% 0,0% 0,0% 100,0% 22,5%
transformateur bulbes sechés 59,0% 0,0% 0,0% 91,5% 117,4%
Transformateur feuilles fermentées 97,5% 0,0% 0,0% 48,7% 110,1%
Grossiste bulbes sechés 22,5% 20,0% 0,0% 388,9% 90,5%
Grossiste feuilles fermentées 20,0% 10,0% 0,0% 87,5% 21,2%
collecteur bulbes sechés 10,0% 0,0% 0,0% 500,0% 100,0%
collecteur feuilles fermentés 20,0% 0,0% 0,0% 100,0% 25,0%
detaillants bulbes sechés 15,8% 0,0% 0,0% 100,0% 1880,0%
Detaillant feuilles fermentés 20,0% 0,0% 0,0% 100,0% 25,0%
Sur l'ensemble de la chaine 91,8% 0,1% 0,4% 91,4% 512,7%

13
4.Discussion
L’étude a fait ressortir que les petites exploitations (moins de 0,4ha) sont les plus nombreuses
dans la zone d’étude avec 67% correspondant ainsi au résultat trouvé par [13]. L’évaluation
de la quantité d’engrais utilisée montre que celle-ci est constituée essentiellement de l’urée
dont la dose est excessive avec environ 317kg/ha soit 138kg d’Azote. Cette dose est proche de
311kg/ha trouvée par [13] dans la basse vallée de la Tarka . Le rendement moyen dans la zone
qui est de 42t/ha est supérieur à celui trouvé par [14] à Madaoua (24t/ha) et [17] au Benin
(30t/ha). 24t/ha. Cette différence s’explique par la maitrise des mauvaises herbes grâce à
l’introduction du glyphosate et du PENDILIN EC 500, dont le premier permet de détruire les
mauvaises herbes avant repiquage alors que le 2nd appliqué après repiquage inhibe leur
germination dans la parcelle pour limiter toute concurrence avec la culture de l’oignon.

L’analyse fonctionnelle de la chaine de valeur a montré une quasi-absence d’organisation des


producteurs et un manque de coordination entre les acteurs affectant ainsi sérieusement la
compétitivité de la chaine. Le même constat a été fait par [8], car des initiatives sérieuses
n’ont toujours pas été prises dans le sens de fédérer ces acteurs. Cependant, des structures
informelles se mettent en place pour pallier à cette insuffisance. Par ailleurs, l’analyse des
éléments du coût de production révèle que la main d’œuvre représente environ 50% du coût
de production soit environ 700 000Fcfa. Ce résultat est supérieur à 450 000 F trouvé par [6]
dans la même commune du fait de l’utilisation plus importante de la main d’œuvre salariée au
détriment de celle qui est familiale. Quant à la part du coût lié au carburant (15%), elle est
supérieure à 11,36% trouvée par [6] à Madaoua, mais inferieur à celui trouvé par [15] au
Sénégal dans la vallée (18%). Ainsi, l’analyse comparative du coût de production, révèle que
celui-ci est plus élevé au 1ier et 3ieme cycle (plus de 1.400.000F) contre 1.300.000F au 2ieme
cycle. Ces résultats sont supérieurs à 1 100 000F trouvé par [8] dans la même commune, mais
largement inferieur à celui du [16] qui est de 3 000 000F au Maroc où l’agriculture est très
modernisée par l’utilisation des tracteurs et moissonneuses.

Par ailleurs, l’analyse économique démontre que les producteurs créent non seulement la plus
grande valeur ajoutée, mais aussi tirent le plus grand profit (bénéfice). Les mêmes résultats
ont été trouvés par [12] au Burkina Faso. Une analyse de la performance, montre aussi que les
producteurs ont un indice de profitabilité le plus appréciable variant de 283% à 820% selon
les saisons. Les mêmes résultats ont été trouvés par [12] au Burkina Faso (520 à 817%). Cela
s’explique par le faible coût de consommations intermédiaires dans le processus de
production observé au niveau des deux pays.

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5.Conclusion
La culture de l’oignon est la principale source de revenu des différents acteurs de la chaine de
valeur notamment les producteurs et grossistes avec une superficie moyenne par exploitant de
0,07ha à 1,2ha et un rendement moyen très appréciable de l’ordre de 42t/ha, variable selon les
cycles de production. En effet, cette chaine de valeur est caractérisée par une importante
création de la valeur ajoutée qui profite beaucoup plus à ces mêmes acteurs plutôt qu’au
autres agent de l’économie tels que l’Etat (faible taux d’imposition qui est de 0,1%), les
banques (absence de crédit). L’analyse des stratégies actuelles de commercialisation au
niveau de la zone d’étude montre que celles-ci sont inefficaces et le marché est caractérisé par
un déséquilibre entre l’offre et la demande pendant la période du 1ier et du 3ieme cycle de
production. Ainsi, la vente individuelle par absence d’organisation, affaibli la position des
producteurs dans les négociations de prix. Pour améliorer la performance de la chaine de
valeur oignon, il faut : structurer les producteurs en groupement ou coopérative au niveau
communal, appuyer les producteurs en intrants et matériels agricoles notamment la mise en
place des unités de production des semences afin de fournir des semences de qualité à
moindre coût. Les recherches dans les structures de stockage adéquates permettront une
meilleure valorisation de la production du 3ème cycle en créant plus de valeur ajoutée et de
revenu aux producteurs.

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