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INTRODUCTION GENERALE
0.1. Mise en contexte

La ville de Kinshasa connait des grandes disparités aussi bien sur le plan social que du
niveau de l’urbanisation des milieux de vie. Ces disparités se traduisent par des
grandes différences des niveaux de vie au sein d’une même population. Les habitudes
des consommations des ménages kinois sont souvent vers les habitudes étrangères, ces
grades modifications sont à des problèmes de revenu des ménages et au manque des
politiques alimentaires fiables (Ministère du plan,2004)

La République Démocratique du Congo offre plusieurs opportunités d’investissement


dans le secteur agricole allant de la production à la commercialisation, afin de créer
une chaîne de valeur compétitive au niveau de la sous-région. Avec son potentiel
agronomique exceptionnel et une superficie de terres, fort malheureusement les
produits alimentaires le plus consommés et commercialisés dans les différents
supermarchés sont des produits agricoles importés. (Muteba D., 2010).

Les importations alimentaires accentuent le niveau de vulnérabilité des ménages face


aux chocs des prix sur les marchés intérieurs. La part de cette dépendance alimentaire
dans la zone urbaine de Kinshasa, un grand centre de consommation et de
commercialisation des produits agricoles. D’après les observations des certains
chercheurs les produits agricoles les plus consommés et commercialisés dans les
supermarchés installés à Kinshasa, les résultats renseignent que près de 80% des
produits agricoles consommés sont importés contre 20% produits localement. En
outre, cette dépendance alimentaire varie en fonction des types de produits dans les
proportions telles que le sucre, l’huile végétale, la pomme de terre le lait, le riz, le
fruit, le maïs, la viande, la tomate et l’oignon.

Cette situation conduit à des pertes de devises conséquentes et montre en même temps,
l’importance relative dans le développement de ces différentes filières au niveau local
afin de sortir cette impasse. (Tshomba Kalumbu,2020).
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Le système alimentaire mondial est également décrié pour ses conséquences


environnementales, telles que les gaz à effet de serre, la pollution et la pénurie d’eau,
la dégradation des sols et la perte de biodiversité, qui contribuent aux changements
climatiques (Reisch et al., 2013). Une alimentation locale pourrait contribuer à contrer
ces effets environnementaux négatifs du système alimentaire mondial (Bengtsson,
2018; Brunori et al., 2016).

Plusieurs bénéfices ont été associés une alimentation locale. Cela inclut le bien-être
des agriculteurs, qui comprend des dimensions économiques et sociales ; le
développement local, qui implique des dynamiques de valorisation des ressources
territoriales ; le bien-être de la communauté ; et la protection de l’environnement
(Mundler & Laughrea, 2016).

Parmi les freins les plus régulièrement cités, s’agissant de la commercialisation des
produits locaux, sont le coût des produits, la disponibilité, le manque d’information sur
la disponibilité de ces produits, l’absence de campagne de promotion de ces produits
(Derfa, 2008, Pearson et Bailay, 2009).

Pearson et Bailay (2009) soulignent dans son étude par ailleurs certains inconvénients
inhérents aux circuits courts de commercialisation à savoir parmi lesquelles le fait de
ne pas faire jouer, les avantages comparatifs entre les régions, le prix exagérément
élevé pour certains produits, l’impact environnemental quelque fois élevé pour
certaines productions locales inadaptées aux conditions naturelles de la zone.

Sabi S. (2019) a analysé les effets des foires agropastorales (FAP) dans le
développement des Activités Génératrices de Revenus (AGR) et a conclu que des
forains bénéficiaires pour un développement locales des foires agropastorales génèrent
des effets qui impactent les revenus des forains et la création et la formalisation des
groupements/associations et entreprises de forains favorisent les activités la
commercialisation des produits des participants.
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0.2. Problématique de l'étude

L’agriculture et les industries connexes sont essentielles à la base de la croissance


ainsi qu’à la réduction de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire des masses, les
bonnes politiques alimentaires mises en applications sont essentielles à la
consommation et a la commercialisation des produits agricoles locaux et faire face à la
compétition des prix de ventes des autres produits agricoles sur le marché local. (FAO,
2019).

Il sied de noter que, la production agricole en République Démocratique du Congo a


chuté et ce dans presque toutes les filières, notamment en raison de mauvaise
politiques agricoles voir l’inexistence des politiques alimentaires, des problèmes de la
crise politique, qui a touché le pays. La République Démocratique du Congo importe
plus de 1,5 milliard de dollars de denrées alimentaires. De ce fait, la sous-utilisation de
ce potentiel agricole constitue un frein à la consommation des produits agricoles
locaux à Kinshasa et la commercialisation de ces produits dans les supermarchés
installer à Kinshasa. (FAO, 2019).

Le temps est venu pour donner de la valeur a la production agricole locale pour gagner
en termes des devises et faire face à l’offre extérieur qui gangrène les tous les
supermarchés installer à Kinshasa ainsi permettre le développement global et lutter
contre l’insécurité alimentaire.

D’ici 20 ans si le secteur agricole ne pas valoriser et le commerce produits locaux reste
faible par rapport aux produits agricoles importés, la RDC se présenterait davantage
comme un grand marché potentiel et un grand espace commercial des produits
agricoles importés dans l’espace d’échange régional avec en perspective près de
doublé sa population d’ici 2040. Pour faire face à cet enjeu, deux contraintes majeures
se présentent à la RDC. La première perspective est celle d’accroitre la productivité
agricole et la seconde, celle relative à l’approvisionnement régulier à la fois face à la
demande locale et à la compétitivité des produits agricoles importés. Pour sortir de
cette impasse, il s’avère important de comprendre les caractéristiques actuelles des
importations alimentaires et d’identifier les facteurs de motivations qui stimulent les
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acteurs à préférer les produits agricoles importés. Ces informations permettraient aux
décideurs politiques d’orienter les mesures au profit du développement du secteur
agricole (Tollens ,2004),

Ainsi, analyser la relation les produits agricoles locaux et importés commercialisés


dans les supermarchés installés dans la ville de Kinshasa équivaut à répondre à la
question suivante :

 Quels sont les facteurs explicatifs à la sous valorisation des produits agricoles
locaux dans le supermarché à Kinshasa ?
 Quels sont les mesures à mettre en place pour une revalorisation des produits
locaux au même titre que les produits importés ?

0.3. Hypothèse de l'étude

Au regard de cette question soulevée ci-dessus dans la problématique, nous émettons


les hypothèses suivantes :

 Les facteurs dus à la faible valorisation des produits agricoles locaux sont dus à

l’absence des filières (des circuits longs) et donc une forte présence des circuits
courts. De ce fait la création des filières mettant en lien les producteurs et les
supermarchés aideraient à revaloriser les produits locaux dans ces derniers

0.4. Méthodologie de recherche

Toute recherche scientifique est soumise aux méthodes et techniques d’investigation.


Pour cette étude, la collecte et le traitement des données a été rendue possible grâce
aux méthodes et techniques ci-après :

a) Méthode

 La méthode analytique : nous sera utile pour examiner les données récoltées

en vue de discerner les éléments qui se rapporte à la consommation et la


commercialisation des produits agricoles dans les supermarchés logés
Kinshasa ;
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 La méthode comparative : Cette méthode nous a été utile dans l’analyse de


nos résultats et nous a permettras de comparer nos résultats avec ceux des
auteurs issus de l’analyse empirique afin de trouver le point de convergence et
de divergence pour ensuite tirer des conclusions.
 La méthode descriptive : nous a permis de représenter le cadre conceptuel et

théorique du travail, d’une part et d’une autre part, nous allons voir comment
certaines variables clés dans cette étude ont évolué dans l’économie congolaise

b) Technique

 La technique documentaire : nous a orientés vers une fouille systématique des


documents écrits ayant une liaison avec le sujet choisis. Nous avons consulté
des livres, mémoires, rapports et des statistiques ;
 La technique d’interview : grâce à cette technique, nous avons pu entrer en
contact avec certains experts congolais pour obtenir les informations
recherchées.
 Technique d’entretien : nous a permis de développer une démarche qualitative
et de favoriser l’expression des points de vue des intervenants.

0.5. Choix et intérêt du sujet

Le choix de ce sujet que nous traitons relève d’une grande importance dans la mesure
où il touche la vie sociale et économique, nous avons été attirés par les enjeux que
suscite de commerce des produits agricoles locaux et importés dans la ville province
de Kinshasa.
L’intérêt de ce sujet est de trois sorte :

 Notre modeste contribution conduira dans une moindre mesure à une plus

grande connaissance des notions se rapportant à la commercialisation des


produits agricoles locaux par les supermarchés en général et dans le cadre
Congolais en particulier ayant été peu exploité en RD Congo.
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 Elle permettra aussi aux producteurs et commerçants agricoles de savoir

comment réorienter ou améliorer leurs activités en vue de mieux répondre à la


demande des supermarchés.

 Ce travail renforce notre capacité intellectuelle et constitue pour nous une

opportunité de concilier les connaissances théoriques apprises tout au long de


notre formation.

0.6. Délimitation du sujet

Par souci d’être plus précis, nous avons délimité notre travail dans le temps et dans
l’espace. Dans cette étude, nous nous intéressons au cas du supermarché dénommé Kin
marché au cours de l’année 2022.

0.7. Objectifs et canevas du travail

Notre travail a pour objectif général est d’identifier les facteurs explicatifs de la faible
commercialisation des produits agricoles locaux dans la ville de Kinshasa face aux
produits agricoles importés dans les supermarchés installés à Kinshasa.

De manière spécifique, cette étude vise à mettre en évidence les produits locaux et
importés dans les supermarchés.

Pour atteindre cet objectif, nous avons réparti notre travail en trois principaux
chapitres, outre, l’introduction et la conclusion générale.

Le présent travail est subdivisé en trois chapitres. Le premier chapitre aborde la revue
de la littérature. Le deuxième chapitre fera la description du cadre d’étude et des
approches méthodologiques. Enfin, le troisième chapitre portera sur la présentation et
discussion des résultats.
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CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE


Le présent chapitre est basé sur la revue de la littérature sur le produits agricoles
locaux et importés et est essentiellement structuré en deux (2) sections abordant tour à
tour l’analyse théorique et les discussions empiriques en vue d’aider nos lecteurs
d’avoir la connaissance parfaite de notre thématique d’étude.

Section 1 : Analyse théorique

Par le souci de clarté et pour la meilleure compréhension de notre travail, il est


nécessaire de fixer des idées sur les termes clés en rapport avec notre sujet et qui
constituent la charpente.
Ainsi nous commencerons par expliquer le concept agriculture, ainsi que les autres
concepts similaires.

1.1. Concept agricole

Ce concept concerne tout ce qui est relatif à l'agriculture, alors nous devons savoir ce
quoi l'agriculture.
1.1.1. Définitions

L'agriculture dans son acception large désigne l'ensemble des travaux transformant le
milieu naturel pour la production des végétaux et des animaux utiles à l'homme. En
plus donc de la culture des végétaux, sont également prises en compte les activités
d'élevage, de pêche et de chasse (Larousse, 2017).

Plusieurs définitions sont données à ce concept agriculture que nous ne saurions


présenter, raison pour laquelle nous nous limitons à celles-ci :
L'agriculture dans son acception générale, désigne l'ensemble des travaux transformant
le milieu naturel pour la production des végétaux et des animaux utiles à l'homme
(Norton R., 2005, p.7.)

L’agriculture est un processus par lequel les êtres humains aménagent leurs
écosystèmes pour satisfaire les besoins alimentaires en premier et autres, de leurs
sociétés. Elle désigne l’ensemble des savoir-faire et activités ayant pour objet la
culture des terres, et plus généralement, ensemble des activités développées par
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l’homme, dans un milieu biologique et socio-économique donnée, pour obtenir les


produits végétaux et animaux qui lui sont utiles, en particulier ceux destinés à son
alimentation (Nawel M., 2017).

D’après Kuznets cité par Bella H. (2009), l'activité agricole est dotée de nombreuses
spécificités dont il faut tenir compte pour comprendre son fonctionnement :

a. La Terre

La Terre joue un rôle particulier dans l'activité agricole. Les techniques agricoles
exigent d'être développées sur des grandes étendues de Terre, les superficies des
exploitations agricoles se mesurent souvent en hectares.
Comparativement à l'activité industrielle, la Terre est un facteur de production
important pour la pratique de l'activité agricole. Par ailleurs, l'abondance ou non des
Terres peut justifier le système de production pratiqué. Ainsi, dans les zones où le
facteur Terre est limitant, l'activité agricole sera plus intense en capital ou en travail.
Contrairement aux zones dans lesquelles ce facteur est abondant où l'activité sera
extensive.
b. Les conditions naturelles et les saisons

La dépendance de l'agriculture vis-à-vis des conditions naturelles et des saisons est très
marquée. Elle l'est davantage dans les pays en développement où la maîtrise des
techniques sophistiquées n'est pas encore un acquis. Cette dépendance entraîne
certaines conséquences : la saisonnalité de l'emploi des facteurs et le risque. La
saisonnalité des facteurs, même si elle n'est pas spécifique à l'agriculture impose à la
fonction de production agricole des caractéristiques particulières. On parle par
exemple de tomates pluviales, de tomates irriguées. Quant au risque, aucune activité
économique n'y échappe. En agriculture, au risque classique qui provient de
l'incertitude quant au prix auquel une marchandise sera vendue, s'ajoute une
incertitude sur la quantité de produits obtenus avec des moyens de production et une
technique de production donnée. Un orage peut par exemple ravager l'ensemble des
résultats, une pluviométrie peu abondante peut entraver le développement normal des
plantes, une épidémie peut détruire la production d'un élevage.
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c. La rigidité de la demande

Concernant la demande des produits alimentaires, elle est peu sensible aux prix (loi de
KING) et au revenu (loi d'ENGEL). Mais, il faut tout de même faire la distinction
entre produit alimentaire et produit agricole. Tout produit alimentaire n'est pas agricole
et tous les produits agricoles ne sont pas alimentaires. Cependant, il apparaît que la
rigidité de la demande alimentaire se transmet pour l'essentiel à la demande des
produits agricoles. Cette situation a pour effet une difficile intégration de l'agriculture
dans une économie en croissance (Baibolaka N., 2011).
La notion de croissance économique est ainsi devenue une préoccupation pour Toutes
les économies car au-delà de la satisfaction des besoins de la population, l'objectif de
toute économie est aussi de connaître la phase de croissance et de développement
économique.
L'agriculture, en tant que secteur d'activité de l'économie peut contribuer au PIB de
celle-ci. Dans la théorie économique, la contribution de l'agriculture au PIB se fait
selon plusieurs points de vue. Le caractère "primaire" des activités agricoles en fait
souvent un secteur en amont des autres. Il est donc un secteur d'activité au service des
autres secteurs dans le processus du développement. Mais au-delà de ce rôle de secteur
en amont du développement, d'autres auteurs estiment que le développement du
secteur agricole pour lui-même offre aussi des gages d'un véritable développement.
Les sections suivantes ont pour objet d'exposer ces différentes approches.

1.1.2. Historique de l’agriculture

L'agriculture est née avec la mise en terre de premières semences et de la


domestication des animaux par l'homme, lors de la Révolution néolithique, il y a plus
de dix mille ans. On peut supposer que cela a débuté par une agriculture de
subsistance. Puis, peu à peu, s'est créé une agriculture de production et de négoce.
Aujourd'hui, l'organisation des marchés, la démographie, les techniques, le savoir-faire
et l'application de hautes technologies sont à la disposition de l'agriculteur pour obtenir
des niveaux de production jamais atteints dans l'histoire de l’Homme (Mazoyer M. et
al, 2002).
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Pendant des dizaines de milliers d'années, l'homme assure sa subsistance avec la


chasse, la pêche et la cueillette. Puis se produit le passage de la simple cueillette à
l'organisation structurée de l'agriculture.
1.1.3. Agriculture et modernité

Au sens étymologique du terme, agriculture signifie culture des champs. Jusqu'au


début du XIXe siècle, elle était autonome, et fournissait à l'homme l'essentiel de son
alimentation ainsi que de son énergie. Cette agriculture était renouvelable, tant qu'il n'y
avait pas surexploitation. La chaîne des conversions énergétiques végétales, animaux,
énergie était de très faible rendement, mais elle générait aussi des sous-produits utiles
comme le fumier. L'utilisation croissante de techniques modernes, les progrès en
matière de machinisme, les améliorations génétiques des productions animales et
végétales, les progrès en matière d'intrants (engrais et produits phytosanitaires), ont
permis d'augmenter très fortement les rendements au cours du XXe siècle. (Mazoyer
M.et Roudart L, 2002)

Dès 1946, l'agriculture devient dans de nombreux pays une industrie, qui non
seulement assure les besoins de l'exploitant, mais fournit un surplus destiné à couvrir
les besoins de la population non agricole ainsi que l'exportation. On parle d'agri
business. Subventionnée par la PAC, l'agriculture européenne est même victime de
crises de surproduction, tandis que la filière agroalimentaire détermine en partie
l'avenir du secteur. L'agriculture d'aujourd'hui repose sur des concepts fondamentaux,
basés sur la fiabilité et la rapidité d'action. Les problèmes combinés tel que la chute
inattendue du rendement ou l'augmentation brusque de la température ne se résolvent
qu'avec une bonne maîtrise rationnelle de tous les éléments constitutifs du système de
production. Développement agricole et son impact sur la disponibilité et le
provisionnement des produits agricoles (Mazoyer M et Roudart L., 2002).
1.1.4. Rôles de l’agriculture

L'agriculture, principale activité du monde rural, doit continuer à jouer son rôle
historique qui se résume comme suit :
 Fournir de matières premières à l'industrie généralement localisée dans les
centres urbains, dans une première phase du développement ;
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 Transférer de la main-d’œuvre rurale à diverses activités des secteurs


secondaire et tertiaire ;
 Générer des ressources nécessaires au financement du développement du pays,
grâce à divers mécanismes de mobilisation des recettes en devises et en
monnaie locale ;
 Constituer l'exutoire naturel des produits manufacturés mis au point par le
secteur industriel. (Mapepe Ileko, 2014)
1.1.5. Agriculture au service du reste de l’économie

L'élément central des modèles de développement expliquant le rôle de l'agriculture sur


la croissance est la notion de surplus, généré dans le secteur agricole. À cet effet, les
physiocrates reconnaissaient que l'importance d'un surplus agricole était essentielle
pour la bonne santé des finances publiques et le niveau de l'activité économique.
Trois préoccupations majeures ressortent de la littérature sur le rôle de l'agriculture
dans la croissance et le développement économique (Reijnts et al, 1995) :
 Les déterminants d’un surplus dans le secteur agricole à travers des gains de

productivité dus à l’investissement et aux innovations ;


 Les différents mécanismes de transfert de surplus ;

 L’utilisation de ce surplus pour réaliser le développement industriel via les

investissements publics, lorsque ce surplus est transféré par les taxes.

Avant 1950, de nombreux auteurs affirmaient que la croissance du secteur agricole a


précédé ou peut être causé la révolution industrielle. En 1967, à l'aube de la révolution
industrielle, J. S. Mill affirmait que la productivité de l'agriculteur limite la taille du
secteur industriel. Les historiens de la révolution industrielle ont noté la récurrence
d'une certaine logique par laquelle la révolution agricole a précédé la révolution
industrielle par un décalage de cinquante à soixante années.
Mais à partir de 1970, les économistes considéraient de plus en plus le secteur agricole
comme un secteur retardé dans l'économie, générateur d'un surplus de main-d'œuvre
tel que l'a formalisé Lewis (1955). L'intérêt était porté sur la croissance résultant dans
le secteur non agricole. Le secteur agricole devait fournir à ce dernier les éléments
nécessaires à son expansion.
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En s'inscrivant dans cette logique, l'économiste Kuznets (1964) distingue quatre voies
par lesquelles l'agriculture concourt au développement économique (Shindano L.,
2010) :
a. Les produits

Le secteur agricole fournit la nourriture permettant d'alimenter les travailleurs des


autres secteurs. Il fournit également à l'industrie les matières premières. Un secteur
agricole productif fournira des produits bon marché, d'où une amélioration du niveau
de rémunération réel et donc une possibilité d'accumulation pour les autres secteurs.
De plus, l'augmentation de la production agricole a un effet sur la croissance du
Produit Intérieur Brut (PIB).
b. Le marché

Le secteur agricole peut constituer une demande de biens industriels et de services.


Une amélioration de la productivité dans ce secteur devrait permettre l'amélioration
des revenus du monde paysan et par conséquent l'accroissement de leur
consommation. Le secteur agricole peut ainsi faciliter l'émergence de nouvelles
débouchées pour les industries. Les devises L'exportation de produits agricoles est une
source de devises pour l'économie. Dans un contexte où l'activité agricole est
importante, ces devises peuvent servir à l'importation des machines et matières
premières dont a besoin l'industrie pour se développer. D'un autre côté, l'agriculture
peut permettre l'économie de devises en produisant des denrées qui étaient autrefois
importées.
d. Facteurs de production

L'agriculture fournit aux autres secteurs le surplus de main-d’œuvre dont elle dispose.
Ces analyses de Kuznets se retrouvent dans différents travaux des économistes du
développement. L'accent était mis sur le développement industriel, car lui seul était à
même de fournir des conditions d'un véritable développement économique. Cette
fascination pour la modernisation leur a fait avoir une « doctrine de primauté de
l'industrialisation sur le développement agricole, qui a sapé du même coup les
possibilités de contribution de l'agriculture au développement global ».
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Krueger A. (1995) a résumé ces premières théories du développement comme


composées de plusieurs fils directeurs :

 Le désir et la volonté de modernisation ;

 L'interprétation de l'industrialisation comme la voie de la modernisation ;

 La conviction qu'une politique de substitution des importations était nécessaire

à la protection des industries naissantes ;


 La méfiance à l'égard du secteur privé et du marché et la conviction que le

gouvernement, en sa qualité de tuteur paternaliste et bienveillant, devrait


prendre la direction du développement ;
 La méfiance vis-à-vis de l'économie internationale et le manque de confiance

dans les possibilités de développement des exportations des pays en


développement (Shindano L., 2010).
1.1.6. Produits locaux, produits authentiques, produits localisés

a. Produits locaux

Selon Merle et Piotrowski (2011), les produits locaux se définissent par la proximité
en termes de distance géographique entre le producteur et le consommateur. Le produit
local est donc nécessairement consommé dans un rayon proche de son lieu de
production. Le concept de ‘proche’ ne sera précisé en termes de kilométrage par aucun
auteur. Il conviendra donc à chacun de définir une distance psychologiquement
acceptable pour considérer que le produit consommé est local.
b. Produits authentiques

Dans le cas de produits transformés, ils doivent l’être de manière artisanale et non
industrielle (Alice de Viron, 2017).

c. Produits localisés

Avant de poursuivre, et pour éviter une confusion, une importante distinction est à
faire entre produits locaux, ceux qui nous concernent pour la suite de ce travail, et les
produits localisés. Les produits localisés sont ceux protégés par une appellation ou
indication géographique. Ces derniers sont attachés à une origine territoriale, sans
limite en termes de distance de vente. Bien sûr, un produit localisé peut également être
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un produit local et inversement dans le cas où il est vendu dans un certain rayon à
proximité de l’activité de production. (Merle & Piotrowski, 2012).
1.2. Filière

Selon Nganda A. (2021), un produit consommé est le résultat d’actions d’une chaîne
de personnes, qui produisent, transforment, transportent ou vendent. Ces étapes
constituent la filière du produit.
On distingue plusieurs types de filière : la filière longue et la filière courte ; la filière
courte mobilisant au plus un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. La
vente directe est une filière courte : le produit est vendu par le producteur au
consommateur, sans la présence d’intermédiaires (transformateurs, grossistes,
distributeurs...).
Ci-dessous sont présentés les grands ensembles qui composent une filière de produit
agricole. Tous ne sont pas présent dans chaque filière. D’autre part, si l’on prend une
filière industrielle (par exemple la fabrication d’une voiture ou d’un médicament),
d’autres ensembles existent comme la conception, la recherche, etc.
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Auteur : Nganda A. (2021)

1.2.1. Circuit Court et circuit long

Entre le producteur et le consommateur, les matières premières subissent une série de


transformations, conduites pas des intermédiaires entre lesquels se répartit la valeur
ajoutée sur le produit. Le circuit le plus court est celui de la remise directe au
consommateur, où le producteur lui-même vend son produit, transformé ou non, au
consommateur final. A l’autre extrémité, un des circuits les plus longs correspond à la
production agro-industrielle classique. Le producteur agricole produit la matière
première ; elle est trans formée en produits alimentaires par des groupes industriels de
dimension multinationale ; les produits standard correspondants sont commercialisés
aux centrales d’achat des principales chaînes de supermarchés et d’hypermarchés
(Martine François et al., 2000).
Un autre élément est évoqué par Chiffoleau et Prevost (2012) qui définissent les
circuits courts alimentaires comme des formes de vente mobilisant au plus un
intermédiaire entre
producteurs et consommateurs. La définition donnée par le Ministère français de
l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche (cité dans Alim’agri, 2014) établit les
circuits courts comme un mode de commercialisation des produits agricoles qui
s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente
indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire.
Ces définitions mettent donc en avant le fait que la notion de circuits « courts », en
opposition aux circuits « longs », renvoie bien au nombre d’intermédiaires entre
l’activité de production et le consommateur et pas seulement à la distance physique.
Dans le cas où il n’y a pas d’intermédiaire entre le producteur et le consommateur,
nous parlerons de vente directe.
Quant aux circuits courts de proximité, le terme proximité articule deux types de
proximité. La première qui est géographique, réfère à la distance en termes de
kilométrage. La seconde, qui est organisationnelle, réfère à la distance relationnelle, à
la compatibilité entre les acteurs et donc à la possibilité de les faire interagir. (Praly,
Chazoule, Delfosse, Bon et Cornee, 2009).
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1.3. La commercialisation et ses fonctions

Selon le dictionnaire le grand Robert (2015), la commercialisation est l’action de


commercialiser.

C’est une activité ou une opération qui a pour objet la vente d’une marchandise, d’une
valeur ou l’achat de celle-ci mise sur les marchés après l’avoir transformé ou non. La
commercialisation est donc l’achat du produit du maïs mis sur les marchés destinés à
la vente après l’avoir transformé ou non. Généralement en Afrique, la signification du
terme commercialisation varie en fonction des différentes catégories sociales. Pour le
fermier ce terme se rapporte à la vente de ses produits agricoles. Pour la ménagère c'est
l'achat des vivres au marché (Biaou F., 1987).

Selon Barker (1981), on définit la commercialisation comme l'activité qui a lieu au


marché, le terme global utilisé pour décrire les échanges entre acheteurs et vendeurs
qui tentent de maximiser leur profit ou utilité subjective.

Pour ne pas limiter la commercialisation au seul lieu d'échange, c'est-à-dire lieu de


rencontre entre l'offre et la demande, Fanou (1996) définit la commercialisation
comme étant toute activité économique associée aux flux des biens et des services, dès
la production primaire jusqu'à la consommation finale. L'auteur ajoute qu'un produit
agricole, pour devenir produit alimentaire doit subir quatre transformations principales
: une transformation physique, une transformation de taille de lot, une transformation
dans le temps et une transformation dans l'espace. Cette définition prouve d'une part
que le producteur et le consommateur ne résident pas nécessairement au même endroit
et d'autre part que le produit tel qu'il sort des champs n'est pas souvent désiré sous
cette forme par le consommateur. Par ailleurs, le consommateur est intéressé par
l'achat de ses besoins au plus bas prix possible alors que le producteur cherche des
revenus maxima dans la vente de son produit. La commercialisation des produits
agricoles débute aux champs dès que le fermier a l'intention de vendre son produit. La
commercialisation comprend aussi l'acquisition des intrants et équipements agricoles
nécessaires à la conduite de l'exploitation agricole. Seule la commercialisation des
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outputs, particulièrement celle du maïs, fera l'objet d'analyse au cours de la présente


recherche. Les fonctions commerciales sont les différentes opérations qui permettent
de fournir en des lieux et en temps opportuns aux consommateurs, les produits dont ils
ont besoin. Elles sont exécutées par les différents agents intermédiaires qui agissent
individuellement ou collectivement et se spécialisent dans les divers services
impliqués dans l'achat et la vente des produits dans leur transfert du producteur au
consommateur final (N’oueni K. et Tagali D., 2020)

Pour Biaou F. (1987), ces différentes fonctions sont de trois natures à savoir :
 Les fonctions d'échanges (collecte et distribution) ;
 Les fonctions physiques (transformation, stockage et transport) et
 Les services rendant possible l'accomplissement des deux premières catégories
de fonctions (financement, prise de risque, emballage...).
1.3.1. Acteurs de commercialisation

Les acteurs de la commercialisation constituent les éléments essentiels de la chaîne de


commercialisation sans lesquels le produit ne peut pas transiter du producteur au
consommateur (N’oueni K. et Tagali D., 2020).

Oladapo (1993) mentionne que, si pour les produits manufacturés, un grossiste et


quelques détaillants suffissent ; pour les produits agricoles il y a nécessité d'avoir une
panoplie de ces catégories. Car le nombre de petits paysans ou gros producteurs est
largement supérieur à celui des industries. Il soutient que le rôle de ces acteurs est
nécessaire à chaque étape de la commercialisation, depuis l'acheminement des produits
des zones de production jusqu'aux marchés de consommation.

Adégbidi (1996), constate un nombre d'intermédiaires faible entre la production et la


consommation dans l'étude du marché du porc local au sud du Bénin. Néanmoins, la
présence des commerçants courtiers perturbe le fonctionnement du système de
commercialisation, puisqu'ils contrôlent la circulation de l'information avec pour
implication l'encaissement d'une part importante du revenu.
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Pédé (2001) a remarqué qu'il y a un accroissement numérique au niveau des


commerçants après la libéralisation de la commercialisation des produits agricoles.
Cette étude s'intéressera à l'identification des différents acteurs intervenant sur le
marché des noix de cajou ainsi que leurs rôles à chaque étape de la commercialisation.

1.4. Gouvernance locale et attractivité territoriale

L'attractivité territoriale se définit comme la capacité à attirer et à retenir les


entreprises et les populations au vu de ses activités à travers l'existence de facteurs
divers qui font qu'un territoire, de par ses caractéristiques propres, exerce un effet
d'attraction plus ou moins fort sur les entreprises, les structures, les ménages et autres
(Sabi S., 2019).

Le phénomène d'attractivité met en situation d'un côté le territoire, et de l'autre la


structure. Le premier, développant son domaine selon trois axes (économique, social et
environnemental), doit intégrer l'agent économique final qu'est l'entreprise et les
ménages. Alors que le second, abordant le choix de la localisation de ses activités, doit
cerner toute "l'épaisseur" de la donne territoriale ; cette offre territoriale, complexe,
doit rencontrer la demande (de l'entreprise) sur un marché de projets d'implantation qui
sert de révélateur pour mieux analyser les termes de l'échange et du contrat social
passé entre les deux protagonistes. Dans un tel marché, les facteurs premiers de
l'attractivité territoriale s'analysent classiquement en facteurs immédiatement
déterminants pour l'entreprise, en potentialité de partenariat public-privé et en capacité
de pilotage par le territoire de son développement économique (Pegui F.Y., 2010)

Le concept de gouvernance locale désormais au cœur des problématiques de


développement territorial, comporte deux dimensions proches mais distinctes. Elle
s'inscrit en premier lieu, dans le champ des sciences politiques, au renouvellement des
formes et de la nature des politiques publiques. Elle traduit également une
interdépendance entre les pouvoirs publics et les institutions associées à l'action
collective. En second lieu, la gouvernance locale peut se comprendre dans une
perspective plus économique, comme un système de coordination entre des acteurs
appartenant à un même territoire. En ce sens, la gouvernance territoriale peut être
P a g e | 19

définie comme un processus institutionnel et organisationnel de construction d'une


mise en compatibilité des différents modes de coordination entre acteurs
géographiquement proches, en vue de résoudre les problèmes productifs des territoires
(Pecqueur, 2000). Bien plus, le rôle de la gouvernance locale invite à passer
progressivement d'une logique concurrentielle à une logique organisationnelle des
politiques locales, ce qui s'impose de plus en plus dans le cas des politiques d'attraction
des entreprises (Bazin, 1998).
1.5. Aperçu théorique
1.5.1. Les approches d'analyses en commercialisation

D'après Duteurtre (2000), les différentes échelles d'analyses en commercialisation sont


les niveaux macroéconomique, mésoéconomique et microéconomique du marché.
Pour l'analyse macroéconomique, le fonctionnement est appréhendé d'emblée dans sa
globalité. Quant à l'analyse mésoéconomique, elle appréhende les problèmes
économiques au niveau des branches et secteurs d'activités, des régions, des filières,
des systèmes de production (approche filière, approche sous-secteur). L'analyse
microéconomique s'intéresse au comportement individuel et rôles des différents
acteurs (approche circuit). A travers cette section, nous présentons les différentes
approches susmentionnées et qui sont couramment utilisées dans le cadre de l'étude du
marché des produits agricoles. Nous spécifierons nos analyses sur celles qui
s'accommodent à la présente étude.

1.5.1.1. Approche filière

Une filière agricole est une chaîne d'opérations concernant un produit, depuis la
production jusqu'à la commercialisation, en passant par les différentes étapes de
conditionnement et de transformation. La filière est un système d'agents qui
concourent à produire, transformer, distribuer et consommer un produit ou un type de
produits (Duteurtre, 2000).

Pour Bourret Landier (op.cit), la filière fait partie de l'appareil de production, de


distribution et de transformation qui comprend l'ensemble des entreprises agricoles,
industrielles et commerciales auxiliaires et prestataires de services, traitant à titre
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principales ou secondaires. La filière est souvent composée de sous-filières de telles


sorte que pour un même produit de base, on peut considérer de sous filières
distinguées par différentes techniques de production/transformation, des acteurs de
tailles différentes, des zones géographiques et des marchés distincts. L'analyse filière
est une approche pluridisciplinaire d'analyse de la performance, des contraintes, des
opportunités de développement de la filière dans son ensemble ou de certains des
maillons ou activités. L'analyse filière permet de repérer des relations de linéarité, de
complémentarité et de cheminement entre différents stades de transformation des
systèmes.

L'approche filière est développée par Barris et Couty et repris par Ahohounkpanzon
(1992) et Singbo (2000), et elle postule que cette approche est liée au système de
production. Ainsi une analyse du fonctionnement du marché devrait intégrer les
domaines de la production et de la commercialisation afin de mieux interpréter les
résultats.

1.5.1.2. Approche circuit

Selon Thyamiou (1985), le circuit commercial d'un produit donné est la succession des
intermédiaires et marchés par lesquels passe ce produit du producteur au
consommateur. D'après Barris et Couty (1981), le circuit est une succession
d'intermédiaires et des lieux par lesquels transitent pendant une période définie, des
flux : de produits (allant du producteur au consommateur), de monnaie (allant du
consommateur au producteur), et d'informations. L'approche circuit permet entre
autres, d'examiner le niveau de concurrence effective d'une part, et le rôle joué par les
différents intermédiaires dans la formation des prix d'autre part. L'une des limites de
cette approche est qu'elle ne prend pas en compte les effets rétroactifs de la
commercialisation. Cette approche est intéressante pour notre étude en ce sens qu'elle
nous permet d'identifier les différents circuits des noix de cajou et dans le même temps
d'identifier les acteurs.
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1.5.1.3. Approche sous-secteur

L'approche sous-secteur examine les liens entre la production, la commercialisation et


la transformation. Il s'agit de considérer le système de commercialisation comme un
réseau ou un sous-secteur.

Cette approche utilisée par Adégbidi (1996), prend en compte tous les facteurs
générateurs de revenus de l'unité de production qui peuvent affecter la quantité du
produit commercialisé. Cette approche peut être utilisée dans le cadre de la présente
étude. Mais la limite de celle-ci dans le cadre de la commercialisation des produits
agricoles est qu'elle est orientée vers la commercialisation du produit final.

1.5.1.4. Le paradigme Structure - Conduite - Performance (S.C.P.)


Le paradigme SCP postule qu'il existe une relation entre les trois niveaux ci-dessous
cités.

Houédjoklounon (2001), explique que dans sa conception originelle, la relation entre


les trois niveaux était déterministe : la structure détermine la conduite et les deux
déterminent la performance. De ce fait. Mais les critiques dont a fait l'objet cette
perception unidirectionnelle de la relation causale entre les trois niveaux d'analyse ont
conduit à la mise au point d'un modèle beaucoup plus dynamique prenant en compte
l'interrelation entre les différents niveaux (Andanguidi, 2000).

De ce fait le paradigme SCP sera interprété comme un modèle dynamique et non


déterministe. Ainsi les différents éléments s'influencent mutuellement ; ce qui entraîne
des effets sur tout le système de commercialisation. De plus, comme l'a remarqué Lutz
(1994), dans un marché imparfait, les acteurs jouissent d'une certaine autonomie
d'action qui influence non seulement la performance mais aussi la structure future du
marché. Toutefois, ce modèle comme tous les autres, fait l'objet de certaines critiques.
En effet, selon Sherman (1984), ce modèle serait beaucoup plus approprié à l'analyse
de l'intégration horizontale dans le contexte des firmes constituant un seul marché, or
le commerce des produits agricoles comprend plusieurs catégories de marchés lorsque
la compétition est imparfaite. Ces derniers auteurs ont suggéré que le modèle SCP soit
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complété par une analyse sous-secteur (subsector analysis) qui prend en compte sa
critique.

Lemeur (1994), par ses critiques sur ce paradigme, souligne que ce modèle devra
également intégrer les relations sociales entre tous les intervenants dans la chaîne de
commercialisation pour mieux refléter la réalité. Malgré l'ensemble des diverses
critiques faites sur ce modèle, nous estimons qu'il pourrait être un outil important pour
notre étude. Il a été utilisé par plusieurs auteurs sur la commercialisation des produits
agricoles au Bénin et ailleurs. D'après (Issaka et al., 2014), la définition de chaque
composante de même que les éléments qu'elles comportent sont :

 La structure : elle désigne l'ensemble des caractéristiques organisationnelles


qui influent sur la concurrence et le processus de formation du prix.
 La conduite : elle évoque le comportement et les stratégies utilisées par les
acteurs qui interviennent dans le marché.
 La performance : La performance du marché intervient comme le moyen
d'appréciation de l'efficacité économique de la structure et du comportement du
marché. Elle exprime les résultats économiques liés au fonctionnement du
marché. Le tableau suivant présente les différents éléments de chaque
composante.

Section 2 : Discussions empiriques sur la commercialisation des produits


locaux

2.1. Perception par les consommateurs des produits locaux

Plusieurs auteurs soulignent les avantages sociaux et environnementaux que les


consommateurs perçoivent dans les produits locaux (Morgan et al., 2006 ; Norberg-
Hodge et al. 2002 ; Person et Balay, 2009). Pour la plupart des consommateurs, les
produits locaux sont perçus comme de qualité supérieure (Boyle, 2003 ; Lee, 2000)
frais (La Trobe, 2001), plus nutritifs de bon goût et de sécurité (Seyfang, 2004),
authentiques, purs, naturels (Defra, 2008).

Cependant, d’autres travaux soulignent l’ambigüité qui entoure le concept de produit


local. Dans une étude visant à comparer les impacts sur le changement climatique des
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produits 8 locaux et des produits non locaux menée au Royaume Uni, Edwards-Jones
et al. (2008) montrent que les consommateurs associent différents attributs aux
produits locaux. D’après les résultats de cette étude, 22% des participants, considèrent
un produit comme local s’il est produit dans un rayon 30 miles (48 km) de leur lieu
d’habitation ; alors que pour la majorité des répondants, un produit est dit local s’il est
produit et consommé dans une même zone. Cette ambigüité qui rend difficile une
définition claire d’un produit local est aussi soulignée par des auteurs comme Derfa
(2008) ainsi que Person et Bailey (2009).
2.2. Les motivations d’achat des produits locaux

Plusieurs travaux se sont intéressés aux motivations qui sous-tendent l’achat de


produits locaux. Selon la chaine de distribution alimentaire IGD (2006), la fraicheur
des produits est la principale motivation pour 60% de consommateurs, la solidarité
envers les producteurs locaux (29%), les préoccupations environnementales (24%) et
le goût (19%).

D’autres travaux confirment ces résultats et mentionnent également la sécurité, la


pureté, le naturel (Draper et Green, 2002 ; La Trobe, 2001, Nygard et Storstad, 1998,
Winter, 2003). Une récente étude menée au Royaume Uni (Derfa, 2008) souligne que
les principales motivations d’achat des produits locaux sont la solidarité envers les
producteurs et la communauté locale, la fraicheur des produits, le goût, la réduction
des « food miles » et le fait de connaître l’origine du produit.
2.3. Les freins à la consommation des produits locaux

Les freins les plus régulièrement cités sont le coût des produits, la disponibilité, le
manque d’information sur la disponibilité de ces produits, l’absence de campagne de
promotion de ces produits (Derfa, 2008, Pearson et Bailay, 2009). Pearson et Bailay
(2009) soulignent par ailleurs certains inconvénients inhérents aux circuits courts de
commercialisation à savoir :
 Le fait de ne pas faire jouer les avantages comparatifs entre les régions ;

 Le prix exagérément élevé pour certains produits ;

 L’impact environnemental quelque fois élevé pour certaines productions locales

inadaptées aux conditions naturelles de la zone.


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2.4. Les profils des consommateurs des produits locaux

Plusieurs profils de consommateurs des produits locaux sont identifiés à travers la


littérature selon différents critères. Une étude menée en Angleterre (FSA, 2003)
distingue cinq profils de consommateurs de produits locaux en se basant leurs
motivations notamment :
 La qualité : ceux qui perçoivent les produits locaux comme supérieur en termes
de fraicheur, de goût de produits
 La communauté : ceux qui consomment pour soutenir l’économie locale et les
services locaux
 La confiance : ceux qui sont rassurés par le fait de connaître la source de
provenance du produit
 La santé : ceux qui perçoivent les produits locaux comme contenant moins de
produits chimiques
 L’aspect « vert » : qui sont préoccupés par la durabilité et l’environnement
naturel
 La diversité : ceux qui préfèrent avoir plusieurs options quand ils font les
courses
 Le plaisir : ceux qui tirent une valeur de plaisir à diversifier leurs expériences
d’achat.
Quant à l’étude menée par l’équipe Derfa (2008), elle distingue quatre segments de
consommateurs de produits locaux :
 Les partisans (23%) : ceux qui achètent régulièrement

 Les Cyniques (16%) : ceux qui n’achètent pas du tout

 Les Persévérants (« Persisters ») (25%) : ceux qui font l’effort d’acheter sur la

base des attributs positifs perçus


 Les abstentionnistes (36%) : ceux qui estiment qu’il est difficile de surmonter

les barrières pour acheter malgré la reconnaissance des avantages potentiels.

Par ailleurs selon une étude américaine (Lydia Zepeda and Jinghan Li, 2006), les
caractéristiques démographiques ne sont pas des facteurs dominants qui influencent les
gens à acheter local. Les attitudes et comportements liés à l’environnement et la santé
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n’affectent non plus significativement l’achat des produits locaux. Ce sont plutôt les
attitudes et comportements liés à la nourriture et à l’achat qui augmentent
significativement l’achat des produits locaux. L’étude Derfa (2008) pour sa pat, met en
évidence l’influence des caractéristiques socio- économiques dans l’achat des produits
locaux. Cette étude montre que les personnes âgées, les femmes et ainsi que les
personnes mariées ont plus des intentions d’achat des produits locaux. Selon toujours
cette étude, la situation d’usage du produit influence aussi l’achat. Ainsi, l’étude
souligne que les CSP aisées achètent plus les produits locaux quand ils consomment
hors foyers.

Conclusion partielle

Dans ce chapitre premier, nous avons examinés les notions théoriques en rapport avec
le thème du travail en mettant l’accent sur les concepts clés du sujet enfin de se faire
une image généralisée sur le sujet examiné dans le cadre de ce travail. Le chapitre a
concerné deux sections. La première étant l’analyse théorique, il a s’agit d’expliquer
en des termes clairs des notions de base en rapport avec notre thème et un aperçu
théorique a également était présenté. La seconde concerne la discussion empirique.
Celle-ci a eu trait à la présentation des différentes études empiriques ayant portés sur
des sujets proches au nôtre.

La fin de ce chapitre nous permet de passer au cadre d’étude at approches


méthodologiques.
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CHAPITRE 2. CADRE D’ETUDE ET APPROCHES


METHODOLOGIQUES
Dans ce deuxième chapitre, il sera question de présenter notre champ d’étude ; à savoir
le supermarché Kin marché dans sa première section, et la démarche méthodologique
dans sa deuxième section.
Section 1 : Présentation de Kin marché

Kin Marché est une chaîne de supermarchés alimentaires, présente en République


démocratique du Congo depuis 2004 et appartenant au Groupe BNB (Biso na Biso,
traduction : "Entre Nous").
Disposant à ce jour d'une vingtaine de points de vente dans des emplacements de
premier plan, Kin Marché se déploie à travers les villes du Congo afin de répondre aux
besoins quotidiens de chaque famille congolaise avec plusieurs gammes de produits.
1.1. Historique

Kin Marché débute en 2004, en ouvrant son premier magasin proche du Grand Marché
avec une petite boutique gérée par trois amis.
À partir de 2015, la marque Kin Marché ouvre son deuxième magasin et régulièrement
d'autres points de vente à travers la République Démocratique du Congo pour atteindre
à ce jour une vingtaine de magasins.
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Les principales villes d’implantation sont : Kinshasa, Lubumbashi et Matadi. Le


magasin plus récent a ouvert ses portes aux consommateurs le 26 décembre 2020, dans
le quartier Bon-marché, dans la commune de Barumbu à Kinshasa.
Kin Marché fournit aux consommateurs congolais une large variété de produits
couvrant l'ensemble de ses besoins essentiels (Produits Frais, Epicerie, Boissons, Santé
& Beauté, et Non-alimentaire), des services complémentaires (services bancaires,
téléphoniques, parking...) dans un environnement accueillant.
1.2. Vision
La vision de l’entreprise Kin marché repose sur les éléments suivants
 Devenir la marque préférée de la population.
 Devenir la marque reconnue pour ses standards d’excellence et d’éthique.
 Avoir des employés professionnels, responsables, autonomes et considérés.
 Être une entreprise fidèle et équitable envers ses partenaires en proposant des
perspectives de croissance forte.
 Être une entreprise moderne intégrant les meilleures technologies.
 Être une entreprise familiale respectée et respectueuse de ses clients, partenaires
et institutions.

1.3. Mission
La mission de l’entreprise est de fournir une expérience unique d’achat aux
consommateurs et une qualité inégalée des produits et des services auprès des
communautés congolaises où l’entreprise opère.

1.4. Valeur
Les valeurs du supermarché sont les suivantes : ambitieux, travailleur, ingénieux,
unité, confiance et courage.

1.5. Engagement
L’engagement de Kin marché est d’être au service de des communautés pour que
celles-ci vivent une vie meilleure.
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1.6. Réseau de distribution

Actuellement, l’entreprise dispose de 26 points de distribution des produits du


supermarché sur l’ensemble du territoire congolais, lesquelles sont :
Kin Marché Regina, Kin Marché Assanef, Kin Marché Bandal, Kin Marché Delvaux,
Kin Marché 7e rue Limete, Kin Marché Kintambo Magasin, Kin Marché Victoire, Kin
Marché Ozone, Kin Marché Masina, Kin Marché Matadi, Kin Marché Cité verte, Kin
Marché 30 juin Lubumbashi, Kin Marché sous region Lemba, Kin Marché Cité
moderne, Kin Marché Sonas, Kin Marché Brikin, Kin Marché Kapela, Kin Marché
Golf, Kin Marché 24 Novembre, Kin Marché Bon marché, Kin Marché Kingasani, ,
Kin Marché Boma, Kin Marché Sendwe, Kin Marché Ruashi, Kin Marché Goma, Kin
Marché Kolwezi, Kin Marché Bibwa.

Section 2 : Approches méthodologiques

2.1. Techniques de récollette des données

Dans tout travail scientifique, l’approche méthodologique constitue la partie très


déterminante. Etant donné la nature du problème que nous nous sommes posés et
considérant les variables à manipuler, l’instrument d’investigation qui nous a paru le
plus approprié pour cette enquête est la technique d’interview et celle documentaire.
La technique d’interview nous a permis de recueillir des informations auprès des
membres des coopératives, principalement les chefs des coopératives et le secrétaire
général.
La technique documentaire est l’analyse que nous avons faite sur l'ensemble des
documents consultés.
Elle nous a permis de glaner des informations à partir des réflexions faites par
certaines structures internationales qui se sont également penchées sur les notions
portant sur le même thème que le nôtre Cette technique nous a évidemment permis de
mieux appréhender certains aspects du problème qui au départ constituaient des
véritables obstacles à la bonne continuation du travail.
A ces documents provenant de ces organismes, se sont ajoutés certains ouvrages
généraux et, quelques travaux de fin de cycle, mémoires et thèses ayant traité du même
thème que nous. Nous avons aussi orienté notre recherche sur internet : cela nous a
P a g e | 29

permis d’avoir beaucoup plus d’informations et de clarifications par rapport à notre


thème.
Notre but étant de repérer les problèmes liés à la commercialisation des produits
locaux par rapport aux produits importés, la technique d’entretien nous est précieuse
pour recueillir les informations nécessaires et pertinentes.
Il existe deux sortes d'entretien, entretien non directif d'une ou deux heures, nécessitant
une pratique psychologique confirmée et un entretien semi-directif plus court et plus
aisé.

Dans notre recherche nous avons jugé bon d'utiliser l'entretien semi-directif pour
pouvoir obtenir des données désirées et crédibles. En effet, nous avons choisi
l'entretien semi-directif pour faciliter l'interview avec les personnes qui avaient un
temps limité.

2.2. Traitement des données

Nous avons également utilisé les méthodes suivantes :


 La méthode analytique : nous sera utile pour examiner les données récoltées
en vue de discerner les éléments qui se rapporte à la consommation et la
commercialisation des produits agricoles dans les supermarchés logés
Kinshasa ;
 La méthode comparative : Cette méthode nous a été utile dans l’analyse de
nos résultats et nous a permettras de comparer nos résultats avec ceux des
auteurs issus de l’analyse empirique afin de trouver le point de convergence et
de divergence pour ensuite tirer des conclusions.
 La méthode descriptive : nous a permis de représenter le cadre conceptuel et
théorique du travail, d’une part et d’une autre part, nous allons voir comment
certaines variables clés dans cette étude ont évolué dans l’économie
congolaise ;
Conclusion partielle
Dans ce chapitre nous avons dressé une brève présentation de du cadre de notre étude.
Les méthodes de traitement et techniques de récoltes des données ont été également
mises en évidence dans ce chapitre, mais aussi la source des données. Le dernier point
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est consacré à la présentation des données dont l’interprétation suivra au chapitre


suivant.

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