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INDUSTRIELLES
0. INTRODUCTION
OBJECTIFS DU COURS
Apprendre aux étudiants ce quest une chaîne de valeur et une filière alimentaire et agro-
industrielle, les composants et les déterminants dune filière, les techniques et méthodes
danalyse dune filière afin den déterminer les points forts et les points faibles permettant
dindiquer aux intervenants là où il faut sinvestir pour améliorer leurs performances.
CHAÎNE DE VALEUR
Une chaîne de valeur dun produit signifie une formation successive des valeurs depuis sa
conception ou sa planification du processus de sa production jusquà la dernière étape de
son existence (généralement confondue à sa consommation) via beaucoup détapes tels
que la production, le transport, la transformation, la distribution et la commercialisation.
Une filière dun produit agricole intègre non seulement sa chaîne de valeur mais aussi les
agents qui concourent de près ou de loin à la formation de ces valeurs. Ainsi, une filière
met en évidence les mécanismes de formation des valeurs au niveau des différents agents
économiques.
Ces deux notions sont très proches et selon divers auteurs, elles sont confondues. Elles
sont très complexes et font intervenir beaucoup de variables dont la prise en compte
amène à une complexité analytique de ces domaines.
CONTENU DU COURS
1
Stades Semences/Recherche Intrants Production Conservation Transformation Commercialisation Consommation
Chaîne
dopérations
Chaîne
dacteurs
Chaîne
de profits
Table
ronde
Régulation
(autorité)
2
Bref contenu du cours - Notions de base de léconomie des filières alimentaires et agro-industrielles ;
- Chaîne de valeur
- Chaîne de valeur: compréhension, cartographie, graphes
- Méthode danalyse dune filière.
- Etude de la rentabilité économique et financière dune filière : notions et principes
fondamentaux de base
3
Références Lothoré A ., Delmans P. (2009). Accès au marché et commercialisation de produits
bibliographiques agricoles. Valorisation dinitiatives de producteurs. 178 pages
Fraval P. (2000). Eléments pour lanalyse économique des filières agricoles en Afrique
sub-saharienne. Bureau des politiques agricoles et de la sécurité alimentaire.
Ministère des affaires étrangères, DGCID, 100p
4
Intervention Déroulement - Introduction
- Rappel
- Suite
- Echange
Productions Travaux en groupe
Motivation - chaîne dopérations
- chaîne dacteurs
- chaîne de profits
Interactions - Echange entre professeur et étudiants
- Recherches bibliographiques et documentaires
- Internet
Appropriation Evaluation - Travaux : 25%
- Examen : 75%
5
CHAPITRE I. CHAINE DE VALEUR
Définition fonctionnelle:
la chaîne de valeur, décrit lensemble des activités nécessaires pour mener un produit ou
un service de sa conception, à travers différentes phases de production (impliquant une
succession de transformations physiques et dutilisations de divers services), à sa
distribution aux consommateurs finaux, puis à sa destruction après utilisation1. Il est utile
de préciser qu'on l'appelle ainsi car il y a une valeur ajoutée à chaque étape considérée.
la chaîne de valeur, selon la GTZ dans son ouvrage de référence "Value links", c'est aussi
l'ensemble des intervenants qui accomplissent les fonctions mentionnées plus haut
(producteurs, transformateurs, commerçants, distributeurs, grossistes, détaillants d'un
produit donné). Ces opérateurs de la chaîne sont liés par une série de relations
commerciales qui font transiter le produit depuis les producteurs primaires jusqu'aux
consommateurs finaux. Selon ce point de vue qui privilégie la séquence des fonctions et
de leurs opérateurs respectifs, une chaîne de valeur se présente comme une série de
maillons (links).
étudie la structure et la dynamique de la CdV en vue d'élaborer une stratégie (ou encore
une approche) de la CdV.
Développement de CdV:
met en oeuvre une stratégie pour faire face aux contraintes et/ou pour profiter des
opportunités à de multiples niveaux des CdV.
En plus du glossaire présenté dans la boîte à outil, il y a trois notions-clés utiles pour la
bonne compréhension:
(1)Les axes horizontaux et verticaux de la CdV: quand des acteurs de la CdV situés à
différents étapes de la chaîne (entre fournisseurs d'intrants et producteurs par exemple)
établissent des liens entre eux, on parle de liaisons verticales. Elles peuvent aller d'une
simple passation d'informations à une coordination plus significative et à divers degrés
d'intégration verticale. Quand des relations s'établissent à un même niveau (par
exemple entre coopératives de production pour minorer certains coûts) on parlera de
même de coordination ou selon leur importance, d 'intégration horizontale.
1
M. Porter "L'avantage concurrentiel" 1986
6
(2)La gouvernance de la CdV: décrit les relations éventuellement changeantes entre ceux
qui sont dans la capacité de fixer les conditions des transactions aux différentes étapes
de la CdV voire sur son ensemble et les autres acteurs. (voir plus loin "structure et
dynamique")
L'approche filière
Cette méthode proche de l'analyse de CdV fut développée dès les années 50' en France
par l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et par le Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et
en Afrique francophone par la suite.
– Avec l'analyse économique (comptable), on évalue les contributions internes entre les
consommations et les productions intermédiaires partant d'une matière première pour
arriver à un produit fini ainsi que la contribution de la filière à l'économie (au PIB)
d'un pays.
– L'analyse stratégique focalise sur les objectifs, les contraintes et les résultats des
différents acteurs de la filière, les modes d'organisation et de régulation.
A peu près à la même époque apparaissait cette approche (commodity systems approach)
qui se centre sur la dimension verticale dans la production agricole et qui débouche sur le
concept d'agri-business.
7
entreprises (depuis l'infrastructure de l'entreprise, la gestion des ressources humaines, la
conception et les modes d'approvisionnement en intrants).
A l'origine, l'analyse CdV n'est donc pas un instrument destiné à la lutte contre la
pauvreté: il vient d'un domaine qui vise essentiellement à maximiser les profits, à garder
les parts de marché, une option bien différente de ce qui généralement caractérise les
systèmes de production des petits producteurs. Pour l'adapter, il faut assumer l'idée qui
est bien exprimée dans les prémisses de l'ouvrage de référence de la GTZ (value links): le
concept de croissance en faveur des pauvres (pro-poor growth) se fonde sur la conviction
que "seule la croissance économique et le succès commercial des pauvres sont capables
de fournir une solution durable au problème de la pauvreté".
C'est à partir de cette nécessité de connecter l'agriculture familiale avec les marchés que
l'idée d'utiliser l'analyse de CdV dans cette optique a fait son chemin amenant même à
l'élaboration de diverses méthodes spécifiques dont les plus (re-) connues sont
probablement celles de la GTZ, de la FAO, de l'ILO et de l'USAID.
2
(Gereffi and Korzeniewicz 1994; Kaplinsky 1999)
8
On en dira plus dans le chapitre consacré à l'utilisation de l'analyse de CdV (chap. 2) mais
on peut commencer par délimiter le domaine de ces analyses. De manière générale, les
analyses de CdV peuvent:
En fait, l'analyse de CdV étant d'une grande flexibilité, elle prend une dimension d'outil
de lutte contre la pauvreté dans la mesure où on lui donne un objectif qui y correspond.
Les "points d'entrée" peuvent être très variés: la répartition des marges en regard des
valeurs ajoutées au long de la chaîne en vue d'une négociation, observer la répartition des
rôles et les pouvoirs qui en découlent (gouvernance) pour un meilleur positionnement
d'une organisation professionnelle dans une filière, etc.
L'analyse de CdV n'a pas été conçue au départ dans une optique de lutte contre la
pauvreté: pour lui donner cette dimension, il faut choisir un point d'entrée en
conséquence.
" L'analyse de CdV emprunte des éléments de domaines variés, ce n'est pas une théorie
totalement cohérente, " 3 et il n'y a pas "une méthode correcte" pour réaliser une analyse
de CdV4, mais en ECOFIN, cette méthode existe (voir chapitre sur létude de la
rentabilité).
On assimile une CdV à un système dont il peut être utile de rappeler la définition: c'est un
ensemble de composants et un réseau de relations fonctionnelles qui interagissent pour
réaliser un objectif.
3
DFID
4
Kaplinsky and Morris (2001)
9
Les catégories suivantes sont utilisées pour l'analyse de la CdV: sa délimitation , la
structure (éléments descriptifs des relations internes et externes à la CdV qui permettent
d'asseoir le diagnostic) et la dynamique de la CdV (les efforts stratégique qui peuvent être
faits pour le développement d'une CdV) ainsi que les résultats (effets) de son
développement.
Note: Tous les points ci-dessous sont à considérer au niveau local, national ou
international au niveau local, national ou international selon le produit considéré.
– Structure:
Demande finale: les informations sur les détaillants et/ou les grossistes constituent le
point de départ de l'analyse.
Environnement des affaires: il s'agit des lois, règlements et normes qui s'appliquent,
éventuellement les traités internationaux pertinents pour les denrées d'exportation mais
aussi, de manière plus générale, les conditions d'infrastructure pour le transport et
l'entreposage.
Liens verticaux et horizontaux: pour les premiers, on s'attachera à voir comment sont
organisés les acteurs entre différents niveaux de la CdV, par ex.: entre les producteurs
et les transformateurs (absence de contacts? accords verbaux? contrats?). Pour les liens
horizontaux, on traitera du degré d'association (coopératives, exploitations
individuelles, etc.).
Services d'appui: cela concerne le crédit, l'assistance technique sous ses diverses
formes.
– Dynamique
10
Gouvernance et rapports de force de la CdV: On établit d'abord qui est éventuellement
dominant dans la CdV en se référant à un type de gouvernance. A cet effet, on se base
sur 4 configurations classiques: ouverte (le marché fixe les rapports entre les acteurs
et les prix), équilibrée (les acteurs sont complémentaires et coopèrent), dominée (une
entreprise établit les paramètres à suivre), hiérarchique (les différents niveaux sont
intégrés verticalement, l'entreprise dominante est donneuse d'ordres).
En second lieu, on évalue les rapports de forces dans la CdV, les participations et les
rétributions aux efforts passés et futurs. Eventuellement on élabore les méthodes et les
moyens ainsi que les résultats escomptés des modifications que l'on pourrait envisager
dans ces relations de pouvoir.
Même si l'analyse et par après le développement de CdV peut entraîner des effets dans
des domaines très divers (emploi, sécurité alimentaire, etc.), on peut par soucis de clarté,
résumer ceux-ci à deux résultats clés: la compétitivité et avantages financiers et
économiques pour les différents acteurs. Ces résultats ont entre eux une relation souvent
dynamique.
5. UTILISATION, AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE L'ANALYSE DE CDV
DOMAINES D'UTILISATION
L'analyse de CdV dans une optique de lutte contre la pauvreté peut s'appliquer dans de
nombreux domaines:
Politique sectorielle en agriculture: commanditer une analyse de CdV bien encadrée
peut apporter des éléments de réflexion très utiles aux décideurs politiques sur les
opportunités et les contraintes des sous-secteurs d'activité.
Planification territoriale: Des méthodes ont été mises au point (voir plus loin "value
links" par exemple) pour s'adapter à des démarches de planification participative au
niveau local.
11
permet aussi de donner une base à une plus forte intégration dans la filière, dans une
interprofession, par exemple.
Appui des bailleurs au développement de CdV : soit pour évaluer les effets des
actions menées, soit dans la perspective d'un appui à un pays ou à une région, les
bailleurs commanditent des analyses de CdV ou utilisent les résultats d'analyses déjà
réalisées.
Choix d'un appui direct à certains acteurs des CdV: une analyse centrée sur les
forces et faiblesses des acteurs de la CdV, conduit à subsidier l'un d'eux sous réserve
de son engagement moral et financier d'améliorer toute la CdV: ce sont des initiatives
dans le cadre de partenariats public-privé5 (PPP) avec là-aussi quelques modèles
élaborés: la "Global Development Alliance "(USAID), le "Business Linkage
Challenge Fund" (DFID) et certains projets de la GTZ. Plus qu'une analyse, c'est une
approche qui se veut pragmatique avec le constat implicite que seuls ceux qui sont
dans la CdV et qui ont les connaissances et pouvoir requis sont capables de réaliser les
améliorations souhaitables.
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Avantages de l'analyse de CdV
– C'est un outil qui peut produire des représentations graphiques assez "parlantes"
comme des schémas, des diagrammes, des tableaux synthétiques, et donner lieu à des
exercices participatifs où des non-spécialistes peuvent, être mieux informés et apporter
au processus de formation de connaissances et éventuellement de décision.
– L'analyse de CdV peut avoir pour objet aussi bien des denrées agricoles destinées à
l'exportation c'est évidemment son champ traditionnel mais aussi des produits
destinés à la consommation locale, des produits vivriers en particulier, pour autant
qu'il y ait évidemment des excédents commercialisables existants ou en perspective.
– La flexibilité de l'analyse de CdV va plus loin puisqu'on peut l'adapter à des domaines
plus généraux comme celui de la sécurité alimentaire déjà cité, mais aussi
l'environnement, l'approche genre, ainsi que d'autres thèmes qui pourraient être
envisagés.
– L'analyse de CdV peut aussi se combiner à d'autres approches notamment celle qui
favorise les coordinations - surtout horizontales - locales, connues sous le vocable de
"grappes" ou clusters6. Ces notions sont elles-mêmes utiles dans une démarche de
développement local, elles débouchent souvent sur des alliances stratégiques avec les
pouvoirs locaux et des formes de relations mixtes entre producteurs d'un même bassin
d'emploi: entre compétition et coopération pour certaines fonctions (d'où le vocable de
Porter : "coopétition") dans certains domaines (achats d'intrants, transport, promotion
commerciale, etc.).
– L'analyse de CdV peut s'adapter, mais encore faut-il savoir le faire: la difficulté
consiste à prendre en compte les aspects contextuels particuliers sans tomber dans
l'excès de données. si l'on prend en compte les 3 mondes agricoles tels que définis
dans le rapport de la Banque Mondiale de 20087, on comprendra qu'un exercice ne
pourra pas traiter une situation au Guatemala comme celle qui prévaudrait en Corée du
Sud, même si dans les 2 cas l'agriculture familiale et un même produit étaient en jeu.
6
Un cluster, selon Michael Porter, est un groupe dentreprises et d institutions associées dans un champ particulier,
géographiquement proches et liées par des attributs communs et des complémentarités.
7
Les trois catégories sont: "agricoles", "en transition" et "urbanisés".
13
– La fréquence des représentations graphiques mentionnée comme un atout pour leur
lisibilité et leur clarté peut parfois enthousiasmer
et masquer la pauvreté de certaines
analyses, les erreurs, dans la consolidation des comptes financiers des agents, les
hypothèses lourdes. Réviser l'analyse de manière critique n'est pas souvent possible
pour la somme de travail et de connaissances qui sont nécessaires. Les méthodes
complètes (value links par exemple) qui impliquent un travail en groupe minimisent
ces risques mais ils sont exigeants en organisation et temps de travail.
Dominance: on observe que les acteurs en aval des CdV, selon les cas les
transformateurs ou les négociants, sont de plus en plus dominants. Ce sont eux qui
décident des améliorations sur les processus de production, qui dictent les nouvelles
règles à suivre, notamment celles qui sont érigées en "standards privés", qui établissent
de nouvelles répartitions des rôles et qui délocalisent éventuellement partie des
processus de production et de transformation.
Concentration: dans un contexte de forte pression sur les prix au détail, les grandes
firmes dominantes tendent à évincer les autres du marché: celui-ci correspond de
moins en moins au modèle de concurrence parfaite avec, fréquemment, des firmes qui
représentent des oligopsones (demande de produits) et des oligopoles (offre sur le
marché final).
La répartition de la valeur ajoutée au long des CdV illustre ces deux premières
tendances tendance: pour le café, le cacao et la banane, par exemple, les producteurs
reçoivent entre 10% et 15% de la valeur ajoutée alors que les transformateurs et les
négociants se partagent de l'ordre de 30% à40%, une part qui va croissant.
8
On pense tout naturellement au coton qui même s'il a soutenu toute une économie rurale avec certains
succès sur le plan économique a eu des conséquences néfastes en termes d'environnement et en termes de
dépendance.
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D'autre part, certains économistes appellent à adopter des conclusions moins tranchées
concernant la question de la répartition dans le prix aux consommateurs entre
producteurs et autres acteurs: avec les gains de productivité du café, par exemple, les
coûts de production ont tendance à stagner ou à diminuer alors que les coûts de
transformation et de distribution augmentent.
Externalisation: dans certaines CdV, l'intégration verticale est abandonnée pour faire
place à une division des tâches et des responsabilités. Cette stratégie n'empêche pas le
contrôle des entreprises dominantes sur les rouages essentiels des CdV.
Exigences du marché accrues: les standards publics qui ont été élaborés pour le
commerce international témoignent en fin de compte de l'exigence des consommateurs
en termes de respect des règles sanitaires, de l'environnement et du droit des
travailleurs; cependant les firmes dominantes ont tendance à externaliser les coûts
quitte à répercuter ceux-ci sur les petits producteurs. D'autre part, on assiste à une
prolifération de standards privés qui sont dictés par les entreprises dominantes le
plus souvent à des fins de marketing. De toute manière, le respect des standards
représentent un coût non négligeable (jusqu'à 200 USD pour un petit producteur
d'Amérique centrale pour correspondre par exemple à l'EurepGAP). En outre, ces
phénomènes montrent l'importance prépondérante prise par la gestion de
l'information (sur ce qu'il convient de faire pour parvenir au marché) et donc aux
moyens (TIC) d'y accéder et de la faire circuler.
Les tendances indiquées plus haut représentent des difficultés croissantes pour
maintenir les positions dans les CdV, cependant on constate que les petits
producteurs peuvent avoir accès à un nombre croissant de CdV. Par exemple, les
petits producteurs de bananes de îles des petites Antilles (ACP) ont des difficultés à se
maintenir dans la compétition pour le marché européen, cependant, la production de
fruits et légumes pour le tourisme et certaines productions de niche peuvent permettre
à certains d'entre eux d'envisager une alternative.
Plusieurs auteurs montrent que les marchés locaux et nationaux, notamment celui
des produits vivriers dans les pays en développement, dans un contexte
d'urbanisation croissante, représentent des potentiels importants pour établir ou
renforcer des CdV.
Il faut cependant relativiser les effets directs et immédiats de l'amélioration des CdV
notamment en ce qui concerne l'emploi: il augmentera surtout si c'est l'objectif choisi
(le point d'entrée) mais il est peu probable d'aboutir rapidement à des effets de
grande envergure.
15
CdV ET ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS (OP)
Les pouvoirs publics et les bailleurs qui veulent intervenir sur les CdV dans une
optique de lutte contre la pauvreté doivent pouvoir compter sur des organisations de
producteurs (OP) solides et compétentes.
Certaines OP sont tiraillées entre les deux principaux rôles qui leur sont
généralement dévolus: celui de plaidoyer et celui d'appui concret à la production
(information des marché, conseil, fournisseur d'intrants, vente groupée).
On observera que les 2 rôles sont utiles dans le cadre d'amélioration des CdV: dans le
cas de la filière de l'oignon au Sénégal, par exemple, le dialogue entre OP et pouvoirs
publics, et donc les capacités de plaidoyer, a revêtu une grande importance pour une
bonne gestion de l'offre (éviter que les prix ne chutent).
Evidemment, les OP spécialisées dans une CdV sont essentielles et les appuyer est
approprié. Bien souvent une étape initiale est nécessaire qui consiste à renforcer les
capacités de ces OP dans des domaines assez généraux tant les relations dans les
CdV peuvent être asymétriques.
Cependant, cet appui, pour être efficace, doit évidemment passer à une autre étape en
vue d'adapter les pratiques des producteurs aux exigences d'une CdV améliorée et en
règle générale, cela signifie un investissement qui peut s'avérer important
(éventuellement pour les infrastructures nécessaires) avec un niveau d'expertise élevé
et surtout une longue durée.
L'amélioration d'une CdV peut signifier des efforts et des sacrifices pour les petits
producteurs, elle peut éventuellement passer par un rapport de force avec d'autres
acteurs de la chaîne pour améliorer la position des petits producteurs mais elle ne peut
signifier un état de conflit permanent: les OP sont nécessaires pour expliquer et
accompagner les réformes nécessaire, pour défendre les intérêts des producteurs et
pour installer la confiance dans les relations entre les acteurs d'une CdV
Une analyse d'une CdV et, plus encore, son développement nécessitent une
participation et une adhésion aux solutions proposées. On observe que des perceptions
ou des convictions basées sur le contexte socioculturel et historique9 pourront être
déterminants: par exemple en Afrique de l'Ouest francophone, on observe parfois que
la recherche du profit, les connotations des mots "filière" et "coopératives" peuvent
provoquer des réactions mitigées qui peuvent aller jusqu'à la défiance. Les OP ont là
aussi un rôle à jouer pour aider leurs membres à prendre les solutions appropriées en
connaissance de causes.
9
Les implications diverses de la culture du coton installée durant la période coloniale ou encore le
processus de libéralisation avec des repreneurs prédateurs
16
Les points précédents indiquent qu'une participation active des OP à l'analyse de la
CdV est indispensable et qu'un appui aux OP est probablement efficace pour le
développement d'une CdV.
D'autre part, comme il a été indiqué dans les méthodes d'analyse (3è point), les petits
producteurs ne sont pas nécessairement le "point d'entrée" idéal. Le cas du PIP2,
un programme financé par la CE dans 27 pays ACP, illustre bien cette option: l'appui
du COLE ACP est dirigé vers les exportateurs nationaux de fruits et légumes avec des
méthodes d'intervention qui provoquent des retombées probablement plus nombreuses
et durables que ne l'aurait fait une intervention directe avec les petits producteurs.
De manière plus générale encore, ce ne sont pas seulement les interventions directes
qui peuvent avoir des effets importants sur les CdV: par définition, celles-ci intègrent
d'une manière systémique le contexte dans lequel elles se développent, par conséquent,
la grande majorité des programmes en appui au secteur privé surtout quand l'agro-
alimentaire est visé, ont des répercussions sur les CdV de produits agricoles, de même
que les politiques qui régissent le commerce international et leurs éventuelles
réformes. Evidemment, dans ce dernier cas, les positions de certains bailleurs peuvent
être délicates.
Intervenir sur les CdV peut entraîner des conséquences sur l'emploi, les conditions de
travail, la sécurité alimentaire et d'autres aspects fondamentaux: la qualité et la
profondeur de l'analyse de CdV est donc cruciale mais ce n'est nullement une science
exacte et en fin de compte il ya toujours des décisions à assumer et donc une légitimité
à respecter.
17
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CHAPITRE 3. METHODE DANALYSE DUNE FILIERE
Quelques définitions
19
A linverse, certains marchés nont pas de localisation matérielle : les transactions sy
opèrent par télex, téléphone comme les marchés de matière première, du pétrole, les
marchés monétaires etc.
Dans la théorie économique, on considère dans la plupart des cas que le prix est bas plus
les acheteurs demandent une grande quantité de produits. On construit alors une « courbe
de demande » voir schéma. A linverse, les vendeurs offrent sur le marché dautant plus
de bien que le prix est élevé. On construit alors une courbe doffre. Léquilibre théorie du
marché se situe au point de rencontre entre les deux courbes.
Prix Offre
Demande
Quantités
Le marché théorique
Le marché est donc une façon de confronter offre et demande afin de réaliser un échange
de services, de produits, ou de capitaux : lajustement se fait par les prix. On parle
déconomie de marché lorsque les échanges de marchandises ou de services se font pour
lessentiel par le marché. A linverse, une économie planifiée peut laisser un certain rôle
au marché, mais celui-ci ne joue pas un rôle majeur dans lorientation de la production et
la détermination des prix.
A la différence du postulat de la théorie néoclassique, lajustement des offres et des
demandes par le marché ne se fait pas naturellement ni instantanément. Pour fonctionner,
le marché a besoin dun cadre réglementaire : législation fiscales, douanières,
réglementations sanitaires, normes ou standards de qualité. Dautre part, les marchés
physiques nécessitent des infrastructures : places de marchés, routes, unités de mesure
communes, etc. Cest pourquoi léconomie de marché nest pas une économie du
« laissez-faire ».
On désigne par le terme dinstitutions marchandes lensemble des règles qui permettent au
marché de fonctionner.
Les marchés des différents produits ne se ressemblent pas. Sur certains, le nombre
dacheteurs et de vendeurs est très importants, sur dautres, il ny a que quelques vendeurs.
On définit différents types de marchés suivant le nombre de vendeurs et dacheteurs :
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Demande Un vendeur Quelques vendeurs Nombreux
Offre Vendeurs
Un acheteur Monopsone
Quelques acheteurs
Nombreux acheteurs Monopole Oligopole Concurrence
La part de marché dune entreprise correspond à la part des quantités échangées sur un
marché qui vendue par cette entreprise.
La concurrence
Le mot concurrence est utilisé dans 2 sens très différents lun de lautre. Au sens le plus
général, il y concurrence sil y a compétition. On parle de concurrence entre plus firmes
ou entre plus pays, sur un marché, les vendeurs sont appelés concurrents. Dans ce sens,
une entreprise peut être compétitive (cest-à dire être capable de remporter des parts de
marché) de différentes manières : en produisant moins cher, ou en produisant de
meilleure quantité, ou en faisant plus de publicité, etc.
Au sens de la théorie économique, on parle souvent de concurrence pour définir une
situation bien particulière : la concurrence pure et parfaite. Dans ce cas, une entreprise est
compétitive si elle vend à un prix inférieur à celui de ses concurrents. On parle par
exemple de marché de concurrence, ou de marché concurrentiel.
Capitalisme
Le capitalisme est un système économique qui peut être défini par 4 éléments
fondamentaux :
- La propriété des principaux moyens de production est privée
- La plupart des objets produits sont des « marchandises », cest-à-dire des biens produits
pour être vendeurs sur un marché.
- Les individus sont « libres »de vendre, dacheter, de passer des contrats pour rechercher
un profit maximum qui est la finalité essentielle de la production.
- Une fraction importante de la population vend sa force de travail contre une
rémunération : ce sont des salariés. La détention du capital est source de revenus.
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Capitalisme dEtat
Léconomie informelle
Lapproche filière
22
La filière est un mode de découpage et de représentation du système économique. Il sagit
dun concept danalyse et non pas dun type dorganisation existant ou que lon chercherait
à promouvoir.
La méthode proposée ici est « standard ». Elle doit être déclinée en fonction de la
question de recherche posée : par exemple, si lon sintéresse à lamélioration des
conditions de transports dune marchandise, on privilégiera lapproche comptable et
lapproche spatiale. Si, dun autre côté, létude vise à proposer des normes ou des
réglementations relatives au commerce dun produit, on insistera dans lanalyse sur les
aspects organisationnels de la filière.
La méthode globale proposée sarticule en 4 phases : la délimitation de la filière, la
typologie dacteurs, lanalyse comptable, et lanalyse organisationnelle. Cette démarche
est résumée dans le tableau ci-dessous.
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PHASES OBJECTIFS METHODE DE
COLLECTE DE
LINFORMATION
1. Délimitation de la -Identification des acteurs -Bibliographie
filière et des fonctions -Enquêtes préliminaires
-Estimation des prix et des (entretiens ouverts
quantités
-Construction du graphe de
la filière
-construction dune carte
des flux
2. Typologie des acteurs -Analyse de stratégies -Enquêtes systématiques
auprès dun échantillon
dacteurs
3. Analyse comptable -Analyse des revenus et des -Relevés des prix sur les
marges ; répartition de la marchés
valeur ajouté et de -Etude des comptabilités
laccumulation de capital dacteurs
4. Analyse de -Compréhension des -Histoires de vies
lorganisation relations entre acteurs et des -Entretiens ouverts auprès
règles qui régissent ces de personnes ressources
relations
A. la délimitation de la filière
Lorsque lon sinterroge par exemple sur les voies dapprovisionnement dune ville en un
type daliment donné, on doit prendre en compte les différents stades de transaction entre
production et consommation. Chacun des stades peut être soumis à des contraintes
particulières de fonctionnement. La filière retrace dabord la succession des opérations
qui, partant en amont du produit, aboutit en aval, après plusieurs stades de transfert dans
le temps, lespace et la forme, à un produit fini au niveau du consommateur. La filière est
définie comme lensemble des agents économiques qui contribuent directement à la
production puis à la transformation et à lacheminement jusquau marché de réalisation
dun même produit.
Cette phase consiste à fournir une définition précise des produits retenus à délimiter la
hauteur de la filière, son épaisseur, sa délimitation géographique et spatiale. Elle est
stratégique dans la mesure où on risque de passer à côté de la réalité si dès le départ on
exclut un espace explicatif.
-La définition du produit et ses caractéristiques propres
A quel type de produit on intéresse ? Fruit en général ou mangues seulement
24
Quelles sont ses caractéristiques : périssabilité, son statut dans lalimentation, la durée du
cycle de production, ses substituts dans la consommation, son aptitude technologique, les
coefficients techniques et la maîtrise du produit.
- Sa hauteur
Il sagit de prendre en compte les activités ou fonctions dont il faut faire cas (fonctions
commerciales, techniques
).
- Sa largeur
Les différents sous-systèmes qui sont inscrits dans la filière que vous voulez prendre en
compte (sous-système artisanal, industriel, fermier
.)
- Son épaisseur
On ne peut comprendre le comportement dun opérateur que si lon prend en
considération lensemble de ses activités. Bien souvent, les acteurs impliqués dans une
filière donnée interviennent aussi dans dautres filières. Par exemple, des producteurs de
céréales peuvent réaliser des activités délevage ; des commerçants laitiers peuvent être
impliqués dans des commerces de boissons, etc.
Les méthodes mises en uvre pour délimiter la filière reposent généralement sur une
collecte de données à partir de :
- bibliographie ;
- Statistiques (officielles, professionnelles) recul critique (crées) ;
- enquêtes auprès des services gouvernementaux, organisations professionnelles ;
- enquêtes préliminaires auprès des opérateurs.
3. Enquêtes préliminaires
Les enquêtes préliminaires auprès des opérateurs permettent, à travers des questions très
concrètes, de cerner le comportement des acteurs et den déduire des hypothèses sur leurs
principales stratégies. Elles portent essentiellement sur la structure des entrées et des
sorties de produits de chaque opérateur :
- nature du partenaire
- lieu de transaction
- époque et régularité
- quantité de produit
- qualités de produit
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Entre les producteurs et les consommateurs se succède toute une série dopérations qui
permettent aux produits analysés de changer de lieu et davoir une forme consommable
répondant à la demande en quantité et en qualité. On distingue ainsi les fonctions de
collecte, de transport, de stockage, de transformation, de commercialisation et de
distribution dun produit transformé. Chacune de ces fonctions en un lieu et en un temps
donné, est assurée par une technique et des outils déterminés qui ont leur performance et
leurs contraintes propres. Par exemple le transport en avion, en bateau, en voiture, à pied
ou à dos de chameau ne sont pas économiquement de même nature.
La connaissance de ces techniques par fonction, des contraintes et des performances
permet de préparer le passage de lanalyse vers lacteur et de mieux comprendre
lenvironnement qui détermine les stratégies quil va mettre en uvre.
Elles consistent à faire passer le produit dun « état » à un autre à travers une opération
technique.
Exemples
Les intermédiaires sont repérés par les fonctions quils effectuent entre la production et la
consommation : opération dachat/revente, transport, stockage
.. On définit
généralement les différents acteurs présents dans les filières vivrières africaines comme
suit :
- les détaillants sont les opérateurs qui vendent directement au consommateur final du
produit ;
- les grossistes sont les intermédiaires entre les producteurs et les détaillants. Certains
peuvent être spécialisés dans des fonctions de collecte et revendre les produits à des
grossistes et détaillants. On peut avoir superposition des fonctions de grossiste et
détaillant, ou même de producteur et grossiste voire détaillant ;
- les transporteurs assurent un service de transport. Ils peuvent être eux-mêmes impliqués
dans des opérations dachat et de revente.
- Les courtiers sont des intermédiaires réalisant des services de tri, mise en liaison
grossiste-producteurs.
5. Les prix et les quantités
26
Estimation des quantités
Les données chiffrées sur les quantités traitées à chaque étape de la filière permettent de
relativiser la production et la consommation. Une attention particulière sera accordée
aux :
- Unités de mesure (surtout pour les produits liquides ou semi-liquides)
- au stade de transformation ex. 100kg de bovin vif=55kg de carcasse=40kg de viande
- à la cohérence des données
Production+import=Consommations+Export+stock
Il sagit de relever les prix entre producteur et consommateur. Les prix dachat et de
revente par chaque intermédiaire doivent être évalués.
Les relevés de prix sur les marchés africains comportent de nombreuses difficultés.
Quelques recommandations pour la collecte des données sur les prix.
- La nécessité de coupler les relevés dune pesée (tout relevé de prix doit pouvoir être
rapporté à une quantité vendue). L es unités de traditionnelles utilisées ne sont pas
toujours homogènes.
Exemple : Si en juin le prix dun tas de tomate est de100 et quil est de 200 septembre,
rien ne permet pas de conclure sur lévolution du prix.
Tout relevé doit donc être accompagné dune pesée sont très perturbantes pour les
commerçants et cette opération implique un tact tout particulier de lenquêteur.
-Pour les prix au détail, le moins perturbant est lachat du produit, le relevé du prix
dachat et la pesée en dehors du marché. Cette méthode est coûteuse.
- Pour les prix de gros et lorsque les transactions ont lieu au champ ou au domicile du
producteur, on doit sentendre avec le commerçant pour convenir de laccompagner sur le
lieu dachat et obtenir leurs déclarations sur le prix avec le producteur.
- Pour les prix officiels, il faut vérifier que cest le prix effectivement perçu par le
producteur.
Une étude sur les prix, sur les modalités de leurs formations ainsi que sur leurs évolutions
peut permettre de dévoiler létat de loffre et /ou de la demande, les modes de négociation
entre acteurs (influence sur la formation du prix).
27
Il sagit de visualiser la chaîne dintermédiaires entre production et consommation. Le
graphe de filière représente lensemble des intermédiaires entre production et
consommation et leurs liaisons. Les flèches dans le graphe de filière désignent des
opérations de transfert de propriété des produits. Dans le cas dautoconsommation, la
flèche est une boucle.
Sur la carte des flux, on localise les lieux de transaction, en gros et au détail, ainsi que les
infrastructures de stockage, de transformation et les voies de communication. On trace les
flux de produit entre ces différents espaces.
Pour obtenir les informations sur les flux et lorganisation de la filière, on procède
généralement de la façon suivante :
On commence par une enquête auprès de ménages et on interroge les ménages sur le
mode dacquisition du produit (autoproduction et de lachat).
Sur les lieux dachat par les consommateurs (généralement, marchés de détail), on
interroge les commerçants sur les lieux dachat et la nature des fournisseurs (producteurs,
grossistes, détaillants) ; et ainsi de suite jusquau lieu de production. On doit aussi
identifier les fournisseurs dintrants et de services (transport, crédit
) aux producteurs.
On vérifie les déclarations des opérateurs en les suivant dans leurs transactions.
On peut aussi partir des lieux de production si ceux-ci sont bien repérés et suivre le
produit jusquau consommateur final. Dans ce cas, on est amené à ne pas prendre en
compte les produits importés.
On peut également partir des marchés de détail si ceux-ci sont bien identifiés. On
interroge les commerçants sur la nature de leurs fournisseurs et de leurs clients pour
reconstituer la chaîne dapprovisionnement.
Collecteurs
(1) (2)
Collecteurs
Grossistes
Grossistes
(3) (4)
Détaillants
Consommateurs
(1) et (2) circuits courts
28
(2) circuits régionaux
Le préalable à toute étude filière est la bibliographie et les entretiens avec les personnes
ressources.
a/ Le ZONAGE agro-socio-économique
Il permet de situer les acteurs dans leur environnement et de mettre en évidence les
facteurs déterminants influant sur leurs comportements.
Lexemple présenté concerne létude des quartiers (composante sociale, densité,
fréquentation, lieux de passage, pouvoir dachat, activité économique) pour la typologie
des unités de transformation du lait à CASABLANCA : Localisation des fronts de
transformation et des grandes dynamiques (collecte extra, grands axes qui drainent le lait
informel, zones de transfo 1 et2 circuit des industriels
)
b/ Localisation
29
Localisation géographique des acteurs (outils de spatialisation) qui permettra deffectuer
et léchantillonnage.
c/ Enquêtes préliminaires
d/ Echantillonnage
Identifier les acteurs qui seront enquêtes et qui sont les plus représentatifs de la diversité.
Léchantillonnage se construit à partir dune bonne connaissance du milieu et doit être
laboutissement du travail préliminaire dinvestigation (a/,b/,c/). Le nombre denquêtes est
valable et dépend du champ détude, du temps et des moyens impartis.
Les échantillons doivent être codifiés selon des critères simples et faciles à identifier.
Exemple des mahalabates (minilaiteries) à casablanca : emplacement a (grands axes très
fréquentés par tous), b (axes fréquentés dans les quartiers populaires) c, (lieux de
proximité dans les quartiers ou cités) et indice socio-économique 1(pouvoir dachat élevé)
2, (pouvoir dachat moyen), 3 (pouvoir dachat limité).
30
et les performances ont permis de quantifier les flux et de hiérarchiser en fonction des
volumes et du CA.
Les colporteurs T1 (30%) draine le lait invendu de leur village. Ils sont souvent des
éleveurs eux-mêmes ou des membres de familles déleveurs. Ils opèrent sur des quantités
de lordre de 100 litres et utilisent des mobylettes comme moyens de transport. Ils ont une
clientèle fidèle dans les quartiers populaires qui leur achètent des petites quantités (10
à20 litres).
31
Les colporteurs T2 (15%) opèrent de la même manière que les T1 mais avec des trucks
ou des voitures. Ils le même rôle que les ramasseurs et assurent parfois le ramassage pour
les industriels en période de haute lactation. Ils ont une clientèle et plus diversifiée que
les colporteurs T1.
Les itinérants (5%) sont très actifs en haute lactation et très mobiles. Ils pratiquent des
prix assez bas.
Les spéculateurs (20%) sont très bien informés. La plupart sont munis de
lactodensimètres. Ils cherchent les productions éloignées et négligées par les industriels.
Ils achètent le fait à des prix élevés, leurs stratégies étant de faire du volume. Ils n ont pas
de problème pour écouler leurs marchandises du fait de leur réseau et de leur capacité
mobile.
Les transformateurs (25%) proposent en plus du leben les jeudi et vendredi pour faire
le sekouk.
Les crénaux (5%) sont le dernier type de colporteur. Leurs clients sont les mahalabates
« de luxe » et celles désireuses de se lancer dans la qualité. Ils apportent la garantie dun
lait à haute teneur en matière grasse et une hygiène au dessus de la moyenne et la
provenance régulière du lait. Prix de beurre de cuisine (en Birr/kg)
Pic de Fassika Dépression de Kerämpt Pic de
Fassika
C. Analyse comptable de la filière
Petite saison
Lanalyse comptable des pluies
de la filière Grande
comprend létude des prix saison
des produits, des coûts dans laPetite
saison
filière, des comptes des agents et des comptes de la filière.
des pluies(Kerämt) Saison sèche des pluies
1. Létude des prix des produits
Il est souvent utile détudier la saisonnalité des prix. Pour cela, on relève les prix de
manière périodique (toutes les semaines ou tous les mois) sur un échantillon de marchés
représentatifs.
Les suivis des prix présentent des « pièges » quil faut cherché à éviter (voir paragraphe
A.5)
Exemple : Suivis sur une année du prix du beurre de cuisine sur le marché dAddis-Abeba
(DUTEURTRE, 1998). : voir page suivante
32
333333333
Les comptes des agents peuvent être abordés par des enquêtes auprès dun échantillon
dacteurs représentatifs. On cherchera à accéder aux livres de comptes des acteurs lorsque
cela est possible.
33
On peut aussi être amené à calculer les coûts indirects : assurances (A) et frais
financiers (FF). En particulier, les frais relatifs aux tontines ou au remboursement
des crédits sont à prendre en compte.
Dans les filières que lon rencontre en Afrique (dites « informelles »), les agents
commerciaux peuvent ne pas tenir de comptabilité détaillée. On se base donc
souvent à prendre en compte les coûts directs.
Lexcédent (ou profit) dun acteur est égale à la marge moins les coûts. On définit
lExcédent brut (EB) comme la différence entre la marge brute et les charges
directes (ou coûts directs) (CD):
EB = MB - CD
Lexcédent brut sert à montrer si une activité est très rémunératrice ou non.
Il peut arriver quon ait une marge brute élevée, mais que lexcédent brut soit très faible
ou négatif (lorsque les charges sont élevées). Donc ce nest pas parce que les marges
commerciales sont élevées que les commerçants senrichissent
34
Les comptes de filière permettent de :
- suggérer des voies de diminution du prix final au consommateur
- évaluer la distribution des revenus dans la filière
- évaluer limportance de la valeur ajoutée nationale de la filière
Pour cela, on étudie la formation des prix, des coûts et des marges aux différents niveaux
de la filière
- coûts de production (et excédents des productions)
- coûts de transformation (et excédents des transformateurs)
- coûts de transport (et excédent des transporteurs)
- coûts de commercialisation et de stockage (et excédents des commerçants)
D. Lorganisation de la filière
Létude de lorganisation des acteurs consiste à analyser la nature des relations entre
individus au sein de la filière et des règles qui régissent ces relations. On parle de formes
institutionnelles pour désigner les structures sociales dans lesquelles sinsèrent les
relations économiques. En comparant les activités économiques au déroulement dun jeu,
on parle dorganisations pour désigner les acteurs du jeu (par exemple les familles,
réseaux, entreprises, associations, coopératives), et dinstitutions pour désigner les règles
du jeu (par exemple les contrats, réglementations, conventions, relations de pouvoir).
La figure ci-dessous présente une typologie des organisations et des institutions
susceptibles dêtre rencontrées dans des filières vivrières en Afrique
5. Conventions de qualité
Toutes ces formes institutionnelles ont été abordées par des exemples pendant latelier.
Certaines ont fait lobjet dun examen plus détaillé que les autres. Il s agit des formes
suivantes.
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(Cf. typologie paragraphe B)
Taille
Technologie
Stratégies
Modalités dexercice du pouvoir
Objectifs
Statut juridique
Budget
Filières intégrées/consortiums-trust
4. Réseaux dacteurs
En Afrique, les échanges commerciaux sont souvent fondés sur des réseaux dacteurs qui
ont une base ethnique, familiale, linguistique ou religieuse : réseaux de commerçants
tchadiens en RCA, grands commerçants Haoussa, mourides, etc. Loin de constituer des
survivances déconomies anciennes, ces réseaux sont au contraire des structures
dynamiques, imaginatives, jouant à la fois des opportunités offertes par léconomie
moderne et des modes de fonctionnement économiques et sociaux des sociétés dont ils
sont issus.
Ces réseaux permettent notamment létablissement de la confiance et léchange
dinformation entre partenaires de la transaction.
5. Contrats
Les contrats sont extrêmement variés. Ils peuvent prendre des formes orales ou écrites,
pérennes ou éphémères Ils peuvent concerner :
Lapprovisionnement en intrants ou laccès aux ressources
La commercialisation des produits finis
6. Réglementations publiques
Il est important de prendre en compte les réglementations publiques pour comprendre les
stratégies des acteurs économiques. En particulier, il sagit de :
Législation fiscale
Réglementations douanières
Réglementations sanitaires
Normes et standards
Les conditions dapplication de ces réglementations doivent aussi être étudiées. En effet,
les pratiques des services publiques peuvent différer des règles définies dans les textes.
La compréhension de ces pratiques est parfois complexe.
36
Exemple des pratiques douanières : souvent en décalage avec les réglementations
officielles.
37
CHAPITRE 4. APPROCHE THEORIQUE DE LETUDE DE
LA RENTABILITE ECONOMIQUE ET
FINANCIERE DES FILIERES: NOTIONS ET
PRINCIPES FONDAMENTAUX DE BASE
1. Introduction
• est de lordre du «financier» ce qui a trait aux agents pris individuellement ou par
grands types (les paysans, les commerçants de détail, les collecteurs primaires,
).
Cest le domaine privilégié de lanalyse des comptes de production-exploitation,
de la rentabilité des investissements,
• des facteurs de production qui ne sont que partiellement utilisés («usés») au cours
dune période, leur dégradation totale par le processus de production se faisant sur
plusieurs périodes: ce sont les investissements
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Facteurs de Produit
production Agent productif
Investissements
La richesse nouvelle que crée une activité de production nest pas mesurée par la
valeur brute P du produit mais, logiquement, par cette valeur P diminuée des richesses
quil a fallu détruire («consommer») pour la produire.
La valeur P du produit final incorpore la valeur de tous les facteurs qui ont
concouru à la production de P. Outre la valeur des consommations intermédiaires, elle
tient donc compte des flux de dépenses sur la période liée: (i) au travail nécessaire à tout
processus productif, (ii) au service financier qui rend possible nombre dactivités
productives, et (iii) aux taxes et impôts divers. Ce principe peut être représenté comme
suit:
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Frais
Travail financiers Taxes
Consommations Produit
Agent productif
intermédiaires
40
Frais
Travail financiers Taxes
Consommations Produit
Agent productif
intermédiaires
Amortissements
6. Le compte de production
Charges Produits
Stocks en début dexercice Stocks en fin dexercice
Total Total
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7. Le compte dexploitation
EMPLOIS RESSOURCES
Rémunération du personnel (salaires, Valeur ajoutée intérieure
charges sociales
)
Subventions dexploitation, indemnités
Frais financiers (intérêts, assurance) pour sinistre
Impôts et taxes
Résultat brut dexploitation
amortissement = Résultat net dexploitation
Total Total
8. Le compte de production-exploitation
EMPLOIS RESSOURCES
Pour établir un compte unique, on ne prend en compte que les flux d échange
entre tous ces agents, dune part, et le reste de léconomie (nationale ou internationale), de
lautre. Les transferts internes entre les agents appartenant à lensemble sont éliminés. Le
(ou les) solde(s) obtenu(s)10 représente(nt) le (ou les) résultat(s) consolidé(s) de
lensemble des agents.
Pa Pt Pc
Industries de
Agriculteurs Commerçants
transformation
PA Pt
CI a Pa Pt Pc
CIt CIc
VAa VAt VAc
Le compte consolidé est la «somme des comptes» des agents de la filière après
lélimination des éléments qui sannulent du fait de leur présence en «produits» (dun
agent en amont dans la filière) et en «charges» (dun autre agent en aval).
43
CIa [Pa] Agriculteurs
[Pa]
[Pt] Industries de transformation
CIt
[Pt]
[Pc] Commerçants
CIC
VA filière
CIa
CIt Pc
CIc
VA filière
44