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ECONOMIE DES FILIERES ALIMENTAIRES ET AGRO

INDUSTRIELLES

0. INTRODUCTION
OBJECTIFS DU COURS

Apprendre aux étudiants ce qu’est une chaîne de valeur et une filière alimentaire et agro-
industrielle, les composants et les déterminants d’une filière, les techniques et méthodes
d’analyse d’une filière afin d’en déterminer les points forts et les points faibles permettant
d’indiquer aux intervenants là où il faut s’investir pour améliorer leurs performances.

CHAÎNE DE VALEUR

Une chaîne de valeur d’un produit signifie une formation successive des valeurs depuis sa
conception ou sa planification du processus de sa production jusqu’à la dernière étape de
son existence (généralement confondue à sa consommation) via beaucoup d’étapes tels
que la production, le transport, la transformation, la distribution et la commercialisation.

FILIERE D’UN PRODUIT

Une filière d’un produit agricole intègre non seulement sa chaîne de valeur mais aussi les
agents qui concourent de près ou de loin à la formation de ces valeurs. Ainsi, une filière
met en évidence les mécanismes de formation des valeurs au niveau des différents agents
économiques.

Ces deux notions sont très proches et selon divers auteurs, elles sont confondues. Elles
sont très complexes et font intervenir beaucoup de variables dont la prise en compte
amène à une complexité analytique de ces domaines.

CONTENU DU COURS

Chapitre 1. Chaîne de valeur


Chapitre 2. Chaîne de valeur: compréhension, cartographie, graphes
Chapitre 3. Méthodes d’analyse d’une filière
Chapitre 4. Etude de la rentabilité économique et financière d’une filière  : notions et
principes fondamentaux de base

1
Stades Semences/Recherche Intrants Production Conservation Transformation Commercialisation Consommation
Chaîne
d’opérations
Chaîne
d’acteurs
Chaîne
de profits
Table
ronde
Régulation
(autorité)

Processus Paramètres Description


Elaboration Thème Economie des filières alimentaires et agro-industrielles
Objectif général Développement des filières alimentaires et agro-industrielles

Pré requis Economie rurale


Objectifs spécifiques Apprendre aux étudiants ce qu’est une filière alimentaire et agro-industrielle, les
composants et les déterminants d’une filière, les techniques et méthodes d’analyse d’une
filière afin d’en déterminer ses points forts et ses points faibles permettant d’indiquer les
intervenants là où il faut s’investir pour améliorer ses performances.

Conditions générales - BAC II,


- Effectifs :

2
Bref contenu du cours - Notions de base de l’économie des filières alimentaires et agro-industrielles ;

- - Introduction à l’analyse des filières ;

- Chaîne de valeur
- Chaîne de valeur: compréhension, cartographie, graphes
- Méthode d’analyse d’une filière.
- Etude de la rentabilité économique et financière d’une filière  : notions et principes
fondamentaux de base

3
Références Lothoré A ., Delmans P. (2009). Accès au marché et commercialisation de produits
bibliographiques agricoles. Valorisation d’initiatives de producteurs. 178 pages

Terpend N. (1997). Guide pratique de l’approche filière.


Le cas de l’approvisionnement et de la distribution des produits alimentaires dans les
villes. 174 pages

Duteurtre G. (2000). Une méthode d’analyse des filières. CIRAD; 46 pages

Kandeh K. et al. (2011). Agribusiness pour la prospérité de l’Afrique. ONUDI. 393


pages. ISBN 13 : 978-92-1-206195-5

Porter M E. (1993). L'avantage concurrentiel des nations. Paris : InterEditions, 883


pages

Fraval P. (2000). Eléments pour l’analyse économique des filières agricoles en Afrique
sub-saharienne. Bureau des politiques agricoles et de la sécurité alimentaire.
Ministère des affaires étrangères, DGCID, 100p

Fabre P. (1994). Note de méthodologie générale sur l’analyse de filière  : utilisation de


l’analyse de filière pour l’analyse économique des politiques . Document de
formation pour la planification agricole. Service de la formation. Division de
l’analyse des politiques, FAO, Rome, 105 p
Informations - Syllabus
- Références bibliographiques
Activités - Cours magistral
- Travaux
- Exposés

4
Intervention Déroulement - Introduction
- Rappel
- Suite
- Echange
Productions Travaux en groupe
Motivation - chaîne d’opérations
- chaîne d’acteurs
- chaîne de profits
Interactions - Echange entre professeur et étudiants
- Recherches bibliographiques et documentaires
- Internet
Appropriation Evaluation - Travaux : 25%
- Examen : 75%

5
CHAPITRE I. CHAINE DE VALEUR

1. CONCEPTS ÉLÉMENTAIRES DE CDV


DEFINITIONS

Définition fonctionnelle:

la chaîne de valeur, décrit l’ensemble des activités nécessaires pour mener un produit ou
un service de sa conception, à travers différentes phases de production (impliquant une
succession de transformations physiques et d’utilisations de divers services), à sa
distribution aux consommateurs finaux, puis à sa destruction après utilisation1. Il est utile
de préciser qu'on l'appelle ainsi car il y a une valeur ajoutée à chaque étape considérée.

Définition par les opérateurs:

la chaîne de valeur, selon la GTZ dans son ouvrage de référence "Value links", c'est aussi
l'ensemble des intervenants qui accomplissent les fonctions mentionnées plus haut
(producteurs, transformateurs, commerçants, distributeurs, grossistes, détaillants d'un
produit donné). Ces opérateurs de la chaîne sont liés par une série de relations
commerciales qui font transiter le produit depuis les producteurs primaires jusqu'aux
consommateurs finaux. Selon ce point de vue qui privilégie la séquence des fonctions et
de leurs opérateurs respectifs, une chaîne de valeur se présente comme une série de
maillons (links).

Analyse de CdV (rappel):

étudie la structure et la dynamique de la CdV en vue d'élaborer une stratégie (ou encore
une approche) de la CdV.

Développement de CdV:

met en oeuvre une stratégie pour faire face aux contraintes et/ou pour profiter des
opportunités à de multiples niveaux des CdV.
En plus du glossaire présenté dans la boîte à outil, il y a trois notions-clés utiles pour la
bonne compréhension:

(1)Les axes horizontaux et verticaux de la CdV: quand des acteurs de la CdV situés à
différents étapes de la chaîne (entre fournisseurs d'intrants et producteurs par exemple)
établissent des liens entre eux, on parle de liaisons verticales. Elles peuvent aller d'une
simple passation d'informations à une coordination plus significative et à divers degrés
d'intégration verticale. Quand des relations s'établissent à un même niveau (par
exemple entre coopératives de production pour minorer certains coûts) on parlera de
même de coordination ou selon leur importance, d 'intégration horizontale.
1
M. Porter "L'avantage concurrentiel" 1986

6
(2)La gouvernance de la CdV: décrit les relations éventuellement changeantes entre ceux
qui sont dans la capacité de fixer les conditions des transactions aux différentes étapes
de la CdV voire sur son ensemble et les autres acteurs. (voir plus loin "structure et
dynamique")

(3)La compétitivité: la capacité pour une entreprise ou un secteur ou un territoire à


fournir et vendre durablement un ou plusieurs biens ou services marchands sur un
marché donné en situation de concurrence.

2. ÉVOLUTION DES CONCEPTS

 L'approche filière

Cette méthode proche de l'analyse de CdV fut développée dès les années 50' en France
par l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et par le Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et
en Afrique francophone par la suite.

– Au sens technique, c'est l'étude des processus de transformation à partir de d'intrants,


de matière première jusqu'au produit finis permettant notamment d'identifier les
améliorations à apporter.

– Avec l'analyse économique (comptable), on évalue les contributions internes entre les
consommations et les productions intermédiaires partant d'une matière première pour
arriver à un produit fini ainsi que la contribution de la filière à l'économie (au PIB)
d'un pays.

– L'analyse stratégique focalise sur les objectifs, les contraintes et les résultats des
différents acteurs de la filière, les modes d'organisation et de régulation.

 L'approche par les systèmes des produits de base

A peu près à la même époque apparaissait cette approche (commodity systems approach)
qui se centre sur la dimension verticale dans la production agricole et qui débouche sur le
concept d'agri-business.

 L'avantage compétitif de Porter

L'américain Michael Porter qui entend promouvoir la compétitivité des entreprises va


appréhender le processus de production de manière plus large et plus systématique: il
prend en compte ce qu'il considère comme les activités principales (les aspects
logistiques internes et externes entourant la production proprement dite, la
commercialisation, la vente, les services après vente) et les activités de soutien des

7
entreprises (depuis l'infrastructure de l'entreprise, la gestion des ressources humaines, la
conception et les modes d'approvisionnement en intrants).

Considérant que la notion de compétitivité s'applique non seulement à l'entreprise mais


aussi au secteur d'activité (voir définition plus haut), cette représentation de Porter a
connu des développements au-delà de la gestion d'entreprises.

 Chaîne de valeur mondiale

Plus récemment des chercheurs2 ont appliqué le concept de CdV à la mondialisation


considérant son utilité pour mettre en lumière la répartition des marges bénéficiaires (ou
valeur ajoutée) tout au long de la CdV d'un produit agricole d'exportation (café, cacao,
banane, coton, etc.) et pour montrer le degré d'intégration à l'économie-monde de
certaines régions.

 L'analyse de CdV comme outil de lutte contre la pauvreté

A l'origine, l'analyse CdV n'est donc pas un instrument destiné à la lutte contre la
pauvreté: il vient d'un domaine qui vise essentiellement à maximiser les profits, à garder
les parts de marché, une option bien différente de ce qui généralement caractérise les
systèmes de production des petits producteurs. Pour l'adapter, il faut assumer l'idée qui
est bien exprimée dans les prémisses de l'ouvrage de référence de la GTZ (value links): le
concept de croissance en faveur des pauvres (pro-poor growth) se fonde sur la conviction
que "seule la croissance économique et le succès commercial des pauvres sont capables
de fournir une solution durable au problème de la pauvreté".
C'est à partir de cette nécessité de connecter l'agriculture familiale avec les marchés que
l'idée d'utiliser l'analyse de CdV dans cette optique a fait son chemin amenant même à
l'élaboration de diverses méthodes spécifiques dont les plus (re-) connues sont
probablement celles de la GTZ, de la FAO, de l'ILO et de l'USAID.

2
(Gereffi and Korzeniewicz 1994; Kaplinsky 1999)

8
On en dira plus dans le chapitre consacré à l'utilisation de l'analyse de CdV (chap. 2) mais
on peut commencer par délimiter le domaine de ces analyses. De manière générale, les
analyses de CdV peuvent:

– Permettre une meilleure compréhension et une meilleure adaptation de l'agriculture


familiale face à une commercialisation plus exigeante. Ces exigences peuvent
constituer des menaces comme la domination croissante de certaines marques
(imposants par exemple leurs standards privés, détenant ou monopolisant les circuits
de distribution), elles peuvent signifier à terme une perte de marge de man œuvre et un
assujettissement aux donneurs d'ordres (standard bearer - standard taker), elles
peuvent illustrer les défis face aux demandes accrues en termes de qualité, de volume
et de régularité.

– Prospecter, identifier les opportunités qui sont à la portée de l'agriculture familiale


parce qu'elle a accès aux technologies modernes d'information et de communication,
parce que ses coûts de production sont faibles, parce qu'elle peut profiter de transferts
de connaissance en intégrant certaines filières.

En fait, l'analyse de CdV étant d'une grande flexibilité, elle prend une dimension d'outil
de lutte contre la pauvreté dans la mesure où on lui donne un objectif qui y correspond.
Les "points d'entrée" peuvent être très variés: la répartition des marges en regard des
valeurs ajoutées au long de la chaîne en vue d'une négociation, observer la répartition des
rôles et les pouvoirs qui en découlent (gouvernance) pour un meilleur positionnement
d'une organisation professionnelle dans une filière, etc.

A retenir de l'évolution des concepts:

L'analyse de CdV n'a pas été conçue au départ dans une optique de lutte contre la
pauvreté: pour lui donner cette dimension, il faut choisir un point d'entrée en
conséquence.

" L'analyse de CdV emprunte des éléments de domaines variés, ce n'est pas une théorie
totalement cohérente, " 3 et il n'y a pas "une méthode correcte" pour réaliser une analyse
de CdV4, mais en ECOFIN, cette méthode existe (voir chapitre sur l’étude de la
rentabilité).

4. L'APPROCHE SYSTEMIQUE DE L'ANALYSE DE CdV

 La CdV comme un système

On assimile une CdV à un système dont il peut être utile de rappeler la définition: c'est un
ensemble de composants et un réseau de relations fonctionnelles qui interagissent pour
réaliser un objectif.
3
DFID
4
Kaplinsky and Morris (2001)

9
Les catégories suivantes sont utilisées pour l'analyse de la CdV: sa délimitation , la
structure (éléments descriptifs des relations internes et externes à la CdV qui permettent
d'asseoir le diagnostic) et la dynamique de la CdV (les efforts stratégique qui peuvent être
faits pour le développement d'une CdV) ainsi que les résultats (effets) de son
développement.

Note: Tous les points ci-dessous sont à considérer au niveau local, national ou
international au niveau local, national ou international selon le produit considéré.

 La délimitation d'une CdV

Il est essentiel de déterminer précisément l'objet et les aspects contextuels pertinents de


l'analyse car celle-ci représente en-soi un investissement et elle s'inscrit naturellement
dans un processus qui mène au développement de la CdV qui représente un effort encore
plus ardu et lourd. Le choix d'un produit est crucial et l'on pourra avoir des conclusions
différentes - et plus ou moins opérationnelles - selon que l'on envisage de soutenir, par
exemple, les produits de l'élevage, les produits laitiers … ou la petite production
fromagère. La connaissance du contexte est aussi indispensable: le système de culture du
coton est très différent entre l'Ouganda et le Mali, par exemple. Enfin, les contraintes et
opportunités internationales sont parfois déterminantes: par exemples les nouvelles règles
qui régissent l'entrée de la banane des pays sud américain pour les producteurs des pays
ACP et le taux d’échange.

 La structure et la dynamique des CdV

– Structure:

Demande finale: les informations sur les détaillants et/ou les grossistes constituent le
point de départ de l'analyse.

Environnement des affaires: il s'agit des lois, règlements et normes qui s'appliquent,
éventuellement les traités internationaux pertinents pour les denrées d'exportation mais
aussi, de manière plus générale, les conditions d'infrastructure pour le transport et
l'entreposage.

Liens verticaux et horizontaux: pour les premiers, on s'attachera à voir comment sont
organisés les acteurs entre différents niveaux de la CdV, par ex.: entre les producteurs
et les transformateurs (absence de contacts? accords verbaux? contrats?). Pour les liens
horizontaux, on traitera du degré d'association (coopératives, exploitations
individuelles, etc.).

Services d'appui: cela concerne le crédit, l'assistance technique sous ses diverses
formes.

– Dynamique

Amélioration de la CdV: c'est la démarche classique où l'on cherche à améliorer la


compétitivité.

10
Gouvernance et rapports de force de la CdV: On établit d'abord qui est éventuellement
dominant dans la CdV en se référant à un type de gouvernance. A cet effet, on se base
sur 4 configurations classiques: ouverte (le marché fixe les rapports entre les acteurs
et les prix), équilibrée (les acteurs sont complémentaires et coopèrent), dominée (une
entreprise établit les paramètres à suivre), hiérarchique (les différents niveaux sont
intégrés verticalement, l'entreprise dominante est donneuse d'ordres).

En second lieu, on évalue les rapports de forces dans la CdV, les participations et les
rétributions aux efforts passés et futurs. Eventuellement on élabore les méthodes et les
moyens ainsi que les résultats escomptés des modifications que l'on pourrait envisager
dans ces relations de pouvoir.

Coopération-compétition entre acteurs: on évalue les possibilités et les conséquences


éventuelles du renforcement des liens horizontaux et verticaux.

Transfert d'information: l'expérience ayant démontré que l'information était


essentielle, il s'agit de voir comment "gérer la connaissance" (c'est à dire de manière
pertinente) entre les différents niveaux et les différents acteurs de la CdV.

 Les effets du développement d'une CdV

Même si l'analyse et par après le développement de CdV peut entraîner des effets dans
des domaines très divers (emploi, sécurité alimentaire, etc.), on peut par soucis de clarté,
résumer ceux-ci à deux résultats clés: la compétitivité et avantages financiers et
économiques pour les différents acteurs. Ces résultats ont entre eux une relation souvent
dynamique.
5. UTILISATION, AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE L'ANALYSE DE CDV
DOMAINES D'UTILISATION

L'analyse de CdV dans une optique de lutte contre la pauvreté peut s'appliquer dans de
nombreux domaines:
 Politique sectorielle en agriculture: commanditer une analyse de CdV bien encadrée
peut apporter des éléments de réflexion très utiles aux décideurs politiques sur les
opportunités et les contraintes des sous-secteurs d'activité.

 Planification territoriale: Des méthodes ont été mises au point (voir plus loin "value
links" par exemple) pour s'adapter à des démarches de planification participative au
niveau local.

 Intégration des organisations de producteurs à une filière d'exportation: Pour les


organisations de producteurs, les syndicats de travailleurs ruraux, l'analyse de CdV est
un instrument indispensable pour évaluer les situations et les perspectives dans le
domaine des denrées agricoles d'exportation, mais aussi pour d'autres productions. Elle

11
permet aussi de donner une base à une plus forte intégration dans la filière, dans une
interprofession, par exemple.

 Recherche: les instituts de développement, les centres de recherches, certains


programmes particuliers (M4P du DFID, par exemple) réalisent et utilisent
intensivement cet outil et proposent souvent des solutions pratiques.

 Appui des bailleurs au développement de CdV : soit pour évaluer les effets des
actions menées, soit dans la perspective d'un appui à un pays ou à une région, les
bailleurs commanditent des analyses de CdV ou utilisent les résultats d'analyses déjà
réalisées.

METHODES D'ANALYSE DE CdV

On peut considérer trois voies d'analyse de CdV:

 L'approche planificatrice complète: ce sont des méthodes intégrales conçues pour


accompagner, au choix, une, plusieurs, voire toutes les étapes d'une analyse des CdV,
en suivant un processus graduel depuis le choix d'une filière jusqu'aux voies et moyens
pour l'améliorer. Les plus connues sont "value links" de la GTZ, "Agrifood Chain
Performance" et "Easypol" de la FAO, "Making Value Chains Working for the Poor"
du DFID.

 Les instruments participatifs pour ateliers-séminaires: la mobilisation des


connaissances des acteurs - qui fait d'ailleurs partie intégrante des méthodes complètes
mentionnées au point précédent - peut aussi être traitée à part, comme un exercice de
planification stratégique (national, régional, local). Là aussi diverses méthodes ont été
utilisées: SHAPE de ITC ou PACA de Mesopartner (Jörg Meyer-Stamer).

 Choix d'un appui direct à certains acteurs des CdV: une analyse centrée sur les
forces et faiblesses des acteurs de la CdV, conduit à subsidier l'un d'eux sous réserve
de son engagement moral et financier d'améliorer toute la CdV: ce sont des initiatives
dans le cadre de partenariats public-privé5 (PPP) avec là-aussi quelques modèles
élaborés: la "Global Development Alliance "(USAID), le "Business Linkage
Challenge Fund" (DFID) et certains projets de la GTZ. Plus qu'une analyse, c'est une
approche qui se veut pragmatique avec le constat implicite que seuls ceux qui sont
dans la CdV et qui ont les connaissances et pouvoir requis sont capables de réaliser les
améliorations souhaitables.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE L'ANALYSE DE CdV


5
Un partenariat public – privé est un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des
prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Le
partenaire privé reçoit en contrepartie un paiement du partenaire public et/ou des usagers du service qu'il
gère. (wikipedia)

12
 Avantages de l'analyse de CdV

– C'est un outil qui peut produire des représentations graphiques assez "parlantes"
comme des schémas, des diagrammes, des tableaux synthétiques, et donner lieu à des
exercices participatifs où des non-spécialistes peuvent, être mieux informés et apporter
au processus de formation de connaissances et éventuellement de décision.

– L'analyse de CdV peut avoir pour objet aussi bien des denrées agricoles destinées à
l'exportation – c'est évidemment son champ traditionnel – mais aussi des produits
destinés à la consommation locale, des produits vivriers en particulier, pour autant
qu'il y ait évidemment des excédents commercialisables existants ou en perspective.

– La flexibilité de l'analyse de CdV va plus loin puisqu'on peut l'adapter à des domaines
plus généraux comme celui de la sécurité alimentaire déjà cité, mais aussi
l'environnement, l'approche genre, ainsi que d'autres thèmes qui pourraient être
envisagés.

– L'analyse de CdV peut aussi se combiner à d'autres approches notamment celle qui
favorise les coordinations - surtout horizontales - locales, connues sous le vocable de
"grappes" ou clusters6. Ces notions sont elles-mêmes utiles dans une démarche de
développement local, elles débouchent souvent sur des alliances stratégiques avec les
pouvoirs locaux et des formes de relations mixtes entre producteurs d'un même bassin
d'emploi: entre compétition et coopération pour certaines fonctions (d'où le vocable de
Porter : "coopétition") dans certains domaines (achats d'intrants, transport, promotion
commerciale, etc.).

 Inconvénients de l'analyse de CdV

– L'analyse de CdV peut s'adapter, mais encore faut-il savoir le faire: la difficulté
consiste à prendre en compte les aspects contextuels particuliers sans tomber dans
l'excès de données. si l'on prend en compte les 3 mondes agricoles tels que définis
dans le rapport de la Banque Mondiale de 20087, on comprendra qu'un exercice ne
pourra pas traiter une situation au Guatemala comme celle qui prévaudrait en Corée du
Sud, même si dans les 2 cas l'agriculture familiale et un même produit étaient en jeu.

– Certains paramètres que l'on utilise sont lourds de conséquence puisque la


compétitivité, par exemple, signifie entre autres choses la baisse de coûts: les
recommandations auxquelles ont peut aboutir peuvent donc entraîner des atteintes aux
conditions de travail.

– L'exemple précédent illustre la difficulté de trouver le bon point d'entrée de l'analyse,


celui qui va encadrer l'exercice pour qu'il soit orienté à une certaine fin (lutte contre la
pauvreté avec des approches environnement et genre, par exemple) tout en restant
rigoureux dans le traitement des informations.

6
Un cluster, selon Michael Porter, est un groupe d’entreprises et d ’institutions associées dans un champ particulier,
géographiquement proches et liées par des attributs communs et des complémentarités.
7
Les trois catégories sont: "agricoles", "en transition" et "urbanisés".

13
– La fréquence des représentations graphiques mentionnée comme un atout pour leur
lisibilité et leur clarté peut parfois enthousiasmer …et masquer la pauvreté de certaines
analyses, les erreurs, dans la consolidation des comptes financiers des agents, les
hypothèses lourdes. Réviser l'analyse de manière critique n'est pas souvent possible
pour la somme de travail et de connaissances qui sont nécessaires. Les méthodes
complètes (value links par exemple) qui impliquent un travail en groupe minimisent
ces risques mais ils sont exigeants en organisation et temps de travail.

– Historiquement, une partie des représentants de l'agriculture familiale de l'Afrique


francophone éprouve des réticences compréhensibles devant la simple mention du mot
filière, concept fort proche de celui de chaîne de valeur et souvent utilisé comme
synonyme, considérant que les expériences en la matière8 ont conduit à des désastres
écologiques et des impasses économiques. Sur le plan idéologique aussi, on le
remarque surtout en Amérique latine, la notion de compétitivité peut provoquer un
rejet par ce qu'il suppose une logique centrée sur le profit appliquée à l'agriculture
familiale au détriment de sa propre logique (sécurité alimentaire, système de vie,
référence culturelle, etc.).

6. QUELQUES ENSEIGNEMENTS TIRÉS DE L'ANALYSE DE CDV


TENDANCES RECENTES DANS LES CdV

 Dominance: on observe que les acteurs en aval des CdV, selon les cas les
transformateurs ou les négociants, sont de plus en plus dominants. Ce sont eux qui
décident des améliorations sur les processus de production, qui dictent les nouvelles
règles à suivre, notamment celles qui sont érigées en "standards privés", qui établissent
de nouvelles répartitions des rôles et qui délocalisent éventuellement partie des
processus de production et de transformation.

Concentration: dans un contexte de forte pression sur les prix au détail, les grandes
firmes dominantes tendent à évincer les autres du marché: celui-ci correspond de
moins en moins au modèle de concurrence parfaite avec, fréquemment, des firmes qui
représentent des oligopsones (demande de produits) et des oligopoles (offre sur le
marché final).

Pour la banane 5 firmes concentrent 80% du commerce international, pour le cacao, 5


opérateurs achètent 60% de la récolte exportée et pour le café, ce sont 3 torréfacteurs
qui se partagent le marché mondial.

La répartition de la valeur ajoutée au long des CdV illustre ces deux premières
tendances tendance: pour le café, le cacao et la banane, par exemple, les producteurs
reçoivent entre 10% et 15% de la valeur ajoutée alors que les transformateurs et les
négociants se partagent de l'ordre de 30% à40%, une part qui va croissant.
8
On pense tout naturellement au coton qui même s'il a soutenu toute une économie rurale avec certains
succès sur le plan économique a eu des conséquences néfastes en termes d'environnement et en termes de
dépendance.

14
D'autre part, certains économistes appellent à adopter des conclusions moins tranchées
concernant la question de la répartition dans le prix aux consommateurs entre
producteurs et autres acteurs: avec les gains de productivité du café, par exemple, les
coûts de production ont tendance à stagner ou à diminuer alors que les coûts de
transformation et de distribution augmentent.

 Le rôle croissant de la grande distribution illustre aussi la dominance et la


concentration en bout de chaîne. Ce phénomène s'observe tant au niveau international
que dans les pays en développement: Au Kenya, par exemple, 200 supermarchés et 10
hypermarchés se partagent 30% déjà du commerce de détail.

 Externalisation: dans certaines CdV, l'intégration verticale est abandonnée pour faire
place à une division des tâches et des responsabilités. Cette stratégie n'empêche pas le
contrôle des entreprises dominantes sur les rouages essentiels des CdV.

 Exigences du marché accrues: les standards publics qui ont été élaborés pour le
commerce international témoignent en fin de compte de l'exigence des consommateurs
en termes de respect des règles sanitaires, de l'environnement et du droit des
travailleurs; cependant les firmes dominantes ont tendance à externaliser les coûts
quitte à répercuter ceux-ci sur les petits producteurs. D'autre part, on assiste à une
prolifération de standards privés qui sont dictés par les entreprises dominantes le
plus souvent à des fins de marketing. De toute manière, le respect des standards
représentent un coût non négligeable (jusqu'à 200 USD pour un petit producteur
d'Amérique centrale pour correspondre par exemple à l'EurepGAP). En outre, ces
phénomènes montrent l'importance prépondérante prise par la gestion de
l'information (sur ce qu'il convient de faire pour parvenir au marché) et donc aux
moyens (TIC) d'y accéder et de la faire circuler.

CdV ET OPPORTUNITÉS POUR LES PETITS PRODUCTEURS

 Les tendances indiquées plus haut représentent des difficultés croissantes pour
maintenir les positions dans les CdV, cependant on constate que les petits
producteurs peuvent avoir accès à un nombre croissant de CdV. Par exemple, les
petits producteurs de bananes de îles des petites Antilles (ACP) ont des difficultés à se
maintenir dans la compétition pour le marché européen, cependant, la production de
fruits et légumes pour le tourisme et certaines productions de niche peuvent permettre
à certains d'entre eux d'envisager une alternative.

 Plusieurs auteurs montrent que les marchés locaux et nationaux, notamment celui
des produits vivriers dans les pays en développement, dans un contexte
d'urbanisation croissante, représentent des potentiels importants pour établir ou
renforcer des CdV.

 Il faut cependant relativiser les effets directs et immédiats de l'amélioration des CdV
notamment en ce qui concerne l'emploi: il augmentera surtout si c'est l'objectif choisi
(le point d'entrée) mais il est peu probable d'aboutir rapidement à des effets de
grande envergure.

15
CdV ET ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS (OP)

 Les pouvoirs publics et les bailleurs qui veulent intervenir sur les CdV dans une
optique de lutte contre la pauvreté doivent pouvoir compter sur des organisations de
producteurs (OP) solides et compétentes.

 Certaines OP sont tiraillées entre les deux principaux rôles qui leur sont
généralement dévolus: celui de plaidoyer et celui d'appui concret à la production
(information des marché, conseil, fournisseur d'intrants, vente groupée).

 On observera que les 2 rôles sont utiles dans le cadre d'amélioration des CdV: dans le
cas de la filière de l'oignon au Sénégal, par exemple, le dialogue entre OP et pouvoirs
publics, et donc les capacités de plaidoyer, a revêtu une grande importance pour une
bonne gestion de l'offre (éviter que les prix ne chutent).

 Evidemment, les OP spécialisées dans une CdV sont essentielles et les appuyer est
approprié. Bien souvent une étape initiale est nécessaire qui consiste à renforcer les
capacités de ces OP dans des domaines assez généraux tant les relations dans les
CdV peuvent être asymétriques.

 Cependant, cet appui, pour être efficace, doit évidemment passer à une autre étape en
vue d'adapter les pratiques des producteurs aux exigences d'une CdV améliorée et en
règle générale, cela signifie un investissement qui peut s'avérer important
(éventuellement pour les infrastructures nécessaires) avec un niveau d'expertise élevé
et surtout une longue durée.

 L'amélioration d'une CdV peut signifier des efforts et des sacrifices pour les petits
producteurs, elle peut éventuellement passer par un rapport de force avec d'autres
acteurs de la chaîne pour améliorer la position des petits producteurs mais elle ne peut
signifier un état de conflit permanent: les OP sont nécessaires pour expliquer et
accompagner les réformes nécessaire, pour défendre les intérêts des producteurs et
pour installer la confiance dans les relations entre les acteurs d'une CdV

 Une analyse d'une CdV et, plus encore, son développement nécessitent une
participation et une adhésion aux solutions proposées. On observe que des perceptions
ou des convictions basées sur le contexte socioculturel et historique9 pourront être
déterminants: par exemple en Afrique de l'Ouest francophone, on observe parfois que
la recherche du profit, les connotations des mots "filière" et "coopératives" peuvent
provoquer des réactions mitigées qui peuvent aller jusqu'à la défiance. Les OP ont là
aussi un rôle à jouer pour aider leurs membres à prendre les solutions appropriées en
connaissance de causes.

CdV ET BAILLEURS DE FONDS

9
Les implications diverses de la culture du coton installée durant la période coloniale ou encore le
processus de libéralisation avec des repreneurs prédateurs

16
 Les points précédents indiquent qu'une participation active des OP à l'analyse de la
CdV est indispensable et qu'un appui aux OP est probablement efficace pour le
développement d'une CdV.

 D'autre part, comme il a été indiqué dans les méthodes d'analyse (3è point), les petits
producteurs ne sont pas nécessairement le "point d'entrée" idéal. Le cas du PIP2,
un programme financé par la CE dans 27 pays ACP, illustre bien cette option: l'appui
du COLE ACP est dirigé vers les exportateurs nationaux de fruits et légumes avec des
méthodes d'intervention qui provoquent des retombées probablement plus nombreuses
et durables que ne l'aurait fait une intervention directe avec les petits producteurs.

 De manière plus générale encore, ce ne sont pas seulement les interventions directes
qui peuvent avoir des effets importants sur les CdV: par définition, celles-ci intègrent
d'une manière systémique le contexte dans lequel elles se développent, par conséquent,
la grande majorité des programmes en appui au secteur privé surtout quand l'agro-
alimentaire est visé, ont des répercussions sur les CdV de produits agricoles, de même
que les politiques qui régissent le commerce international et leurs éventuelles
réformes. Evidemment, dans ce dernier cas, les positions de certains bailleurs peuvent
être délicates.

 Intervenir sur les CdV peut entraîner des conséquences sur l'emploi, les conditions de
travail, la sécurité alimentaire et d'autres aspects fondamentaux: la qualité et la
profondeur de l'analyse de CdV est donc cruciale mais ce n'est nullement une science
exacte et en fin de compte il ya toujours des décisions à assumer et donc une légitimité
à respecter.

17
18
CHAPITRE 3. METHODE D’ANALYSE D’UNE FILIERE

II. 1. Introduction à l’analyse des filières

Quelques définitions

Aborder le système économique suppose en premier lieu de s’appuyer sur quelques


définitions de bases dont les plus importantes sont mentionnées dans les lignes qui
suivent :

Les agents économiques

En économie, les individus ou groupes d’individus qui interviennent dans la production,


l’échange, la transformation ou la consommation de produits sont appelés agents. Certains
auteurs parlent aussi d’acteurs économiques. Ces agents sont des personnes, des familles,
des groupes de personnes constitués en association ou en entreprises, des administrations
publiques etc.
Les agents réalisent des fonctions économiques : cultiver des céréales, transporter des
animaux sur pied, transformer de l’arachide en huile et en tourteau, consommer des
tomates, etc. Les fonctions économiques principales sont : produire pour vendre et
acheter pour consommer. Ces 2 fonctions définissent l’essence même de la vie
économique : les échanges de biens marchandises ou de services.

Qu’est-ce qu’un marché ?

Au sens courant, le marché est un emplacement où se tient à intervalles plus ou moins


réguliers une réunion d’acheteurs et de vendeurs échangeant des marchandises. La place
de marché où s’amoncellent les fruits et les légumes : ainsi apparaît le marché dans
l’imagination. Salons, foires, expositions, halles marchandises, correspondent bien à cette
notion de marché. Mais ce sens ne recouvre pas la totalité des marchés aujourd’hui et les
économistes utilisent le terme dans un autre sens.
En économie, le marché est un lieu de rencontre éventuellement abstrait où les offres des
vendeurs rencontrent les demandes des acheteurs qui s’ajustent à un certain prix. On dit
que le marché est le lieu de confrontation des offreurs et des demandeurs d’un bien,
service ou facteur de production parfaitement identifié, aboutissant à la formation d’un
prix, et à la détermination du volume échangé.
Pour un marché donné, les ventes peuvent s’effectuer en un même endroit ou en plusieurs
endroits différents. Dans le cas d marché du lait caillé se N’Djamena, par exemple, un
grand nombre d’échanges sont effectués par ventes directes à domicile, en plus des places
de marchés de la ville.
Pour différencier le lieu « théorique » de la rencontre de l’offre et de la demande du lieu
« réel » où se rencontre effectivement les vendeurs et les acheteurs, on parle dans le
second cas de « marchés physiques » ou de « places de marchés ». Par exemple, le
marché hebdomadaire de Linia est un marché physique.

19
A l’inverse, certains marchés n’ont pas de localisation matérielle  : les transactions s’y
opèrent par télex, téléphone comme les marchés de matière première, du pétrole, les
marchés monétaires etc.
Dans la théorie économique, on considère dans la plupart des cas que le prix est bas plus
les acheteurs demandent une grande quantité de produits. On construit alors une « courbe
de demande » voir schéma. A l’inverse, les vendeurs offrent sur le marché d’autant plus
de bien que le prix est élevé. On construit alors une courbe d’offre. L’équilibre théorie du
marché se situe au point de rencontre entre les deux courbes.

Prix Offre

Demande

Quantités

Le marché théorique

Le marché est donc une façon de confronter offre et demande afin de réaliser un échange
de services, de produits, ou de capitaux : l’ajustement se fait par les prix. On parle
d’économie de marché lorsque les échanges de marchandises ou de services se font pour
l’essentiel par le marché. A l’inverse, une économie planifiée peut laisser un certain rôle
au marché, mais celui-ci ne joue pas un rôle majeur dans l’orientation de la production et
la détermination des prix.
A la différence du postulat de la théorie néoclassique, l’ajustement des offres et des
demandes par le marché ne se fait pas naturellement ni instantanément. Pour fonctionner,
le marché a besoin d’un cadre réglementaire  : législation fiscales, douanières,
réglementations sanitaires, normes ou standards de qualité. D’autre part, les marchés
physiques nécessitent des infrastructures : places de marchés, routes, unités de mesure
communes, etc. C’est pourquoi l’économie de marché n’est pas une économie du
« laissez-faire ».
On désigne par le terme d’institutions marchandes l’ensemble des règles qui permettent au
marché de fonctionner.

Les différents types de marchés

Les marchés des différents produits ne se ressemblent pas. Sur certains, le nombre
d’acheteurs et de vendeurs est très importants, sur d’autres, il n’y a que quelques vendeurs.
On définit différents types de marchés suivant le nombre de vendeurs et d’acheteurs :

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Demande Un vendeur Quelques vendeurs Nombreux
Offre Vendeurs
Un acheteur Monopsone
Quelques acheteurs
Nombreux acheteurs Monopole Oligopole Concurrence

Ces différences dans la structure du marché induisent des comportements économiques


extrêmement différents, Les prix, par exemple, ne se fixent pas au même niveau sur un
marché relativement concurrentiel et sur le marché oligopolistique.
Si le monopole (caractérise par la présence d’un seul vendeur) est une situation
relativement exceptionnelle, l’oligopole est une situation très caractéristique du monde
actuel.
Exemples : marché du sucre au Tchad : monopole ?
Marché du lait frais (quarantiers) : oligopole ?
Marché du lait caillé : marché de concurrence
Marché des céréales

La part de marché d’une entreprise correspond à la part des quantités échangées sur un
marché qui vendue par cette entreprise.

La concurrence

Le mot concurrence est utilisé dans 2 sens très différents l’un de l’autre. Au sens le plus
général, il y concurrence s’il y a compétition. On parle de concurrence entre plus firmes
ou entre plus pays, sur un marché, les vendeurs sont appelés concurrents. Dans ce sens,
une entreprise peut être compétitive (c’est-à dire être capable de remporter des parts de
marché) de différentes manières : en produisant moins cher, ou en produisant de
meilleure quantité, ou en faisant plus de publicité, etc.
Au sens de la théorie économique, on parle souvent de concurrence pour définir une
situation bien particulière : la concurrence pure et parfaite. Dans ce cas, une entreprise est
compétitive si elle vend à un prix inférieur à celui de ses concurrents. On parle par
exemple de marché de concurrence, ou de marché concurrentiel.

Capitalisme

Le capitalisme est un système économique qui peut être défini par 4 éléments
fondamentaux :
- La propriété des principaux moyens de production est privée
- La plupart des objets produits sont des « marchandises », c’est-à-dire des biens produits
pour être vendeurs sur un marché.
- Les individus sont « libres »de vendre, d’acheter, de passer des contrats pour rechercher
un profit maximum qui est la finalité essentielle de la production.
- Une fraction importante de la population vend sa force de travail contre une
rémunération : ce sont des salariés. La détention du capital est source de revenus.

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Capitalisme d’Etat

Le capitalisme d’état (qui a caractérisé la plupart des pays d’Afrique subsaharienne de


1960 au milieu des années 80) peut être défini par 3 éléments fondamentaux :
- De grandes unités économiques, « monopoles » et entreprises multinationales contrôlent
une part importante de la vie économique ;
- L’état est au service des monopoles
- Les entreprises publiques sont victimes par rapport aux entreprises privées d’une sous-
rémunération de leur capital du fait des choix de l’état qui limite souvent les prix payés
par les industriels.

Les différentes échelles d’analyse en économie

La microéconomie est la partie de l’analyse économique qui étudie le fonctionnement


d’un système de marché en partant des comportements individuels. La micro-économie
étudie les comportements individuels en matière de consommation, d’épargne, de
production, investissement, d’offre de travail. La micro-économie étudie aussi le
fonctionnement des marchés et la formation des prix.
La macroéconomie est la partie de l’analyse économique qui étudie le fonctionnement de
l’économie en l’appréhendant d’emblée dans sa globalité. Elle raisonne sur des grandeurs
globales ‘agrégats) résultant de l’activité des grands groupes d’agents économiques
(ménages, entreprises, état). L’objectif de la macro-économie est d’expliquer, sous forme
de modèles, le fonctionnement d’ensemble, à court et/ou à long terme, d’un système
économique. L’analyse macroéconomique est fréquemment utilisée pour éclairer et
guider la politique économique (en particulier la politique monétaire).
La mésoéconomie désigne la partie de l’analyse économique intermédiaire entre la
« micro » et la « macro » (meso=milieu). Elle appréhende les phénomènes économiques
au niveau des secteurs et branches d’activités, des régions, des filières, des systèmes de
production, etc. La mésoéconomie s’est beaucoup développée autour des approches
système.

L’économie informelle

La théorie s’est forgée principalement en Europe et aux Etats-Unis autour de l’étude de


l’économie capitaliste et des économies industrielles. L’économie est de ce fait parfois
incapable de rendre compte des réalités économiques des pays du sud.
L4économie informelle ou souterraine (suivant les auteurs) est l’ensemble des activités
qui ne donnent pas lieu à des déclarations fiscales. En fait, l’économie informelle
représente la plus grosse part du secteur agroalimentaire de certains pays du Sud, et
notamment des pays d’Afrique subsaharienne. Il s’agit donc pour les économistes d’aller
au-delà de la séparation entre économie formelle et économie informelle. L’analyse filière
est un outil qui peut permettre de comprendre le fonctionnement de l’économie
informelle.

L’approche filière

22
La filière est un mode de découpage et de représentation du système économique. Il s’agit
d’un concept d’analyse et non pas d’un type d’organisation existant ou que l’on chercherait
à promouvoir.

« La filière est un système d’agents qui concourent à produire, transformer,


distribuer et consommer un produit ou un type de produit. » 

Ils assurent chacun des fonctions individuelles ou collectives et entretiennent des


relations entre eux et avec l’extérieur du système. Dans son acception économique, la
filière prend en compte à la fois les enjeux techniques, comptables, spatiaux et
organisations de ces fonctions et de ces relations.
L’analyse filière permet de repérer des relations de linéarité, de complémentarité et de
cheminement entre différents stades de transformation au sein des systèmes.
Avant d’aborder dans le détail la méthode proposée, il convient de rappeler que toute
démarche de diagnostic doit être fondée sur la construction d’une question de recherche.

II.2. Méthode d’analyse des filières

La méthode proposée ici est « standard ». Elle doit être déclinée en fonction de la
question de recherche posée : par exemple, si l’on s’intéresse à l’amélioration des
conditions de transports d’une marchandise, on privilégiera l’approche comptable et
l’approche spatiale. Si, d’un autre côté, l’étude vise à proposer des normes ou des
réglementations relatives au commerce d’un produit, on insistera dans l’analyse sur les
aspects organisationnels de la filière.
La méthode globale proposée s’articule en 4 phases  : la délimitation de la filière, la
typologie d’acteurs, l’analyse comptable, et l’analyse organisationnelle. Cette démarche
est résumée dans le tableau ci-dessous.

METHODE D’ANALYSE DES FILIERE

23
PHASES OBJECTIFS METHODE DE
COLLECTE DE
L’INFORMATION
1. Délimitation de la -Identification des acteurs -Bibliographie
filière et des fonctions -Enquêtes préliminaires
-Estimation des prix et des (entretiens ouverts
quantités
-Construction du graphe de
la filière
-construction d’une carte
des flux
2. Typologie des acteurs -Analyse de stratégies -Enquêtes systématiques
auprès d’un échantillon
d’acteurs
3. Analyse comptable -Analyse des revenus et des -Relevés des prix sur les
marges ; répartition de la marchés
valeur ajouté et de -Etude des comptabilités
l’accumulation de capital d’acteurs
4. Analyse de -Compréhension des -Histoires de vies
l’organisation relations entre acteurs et des -Entretiens ouverts auprès
règles qui régissent ces de personnes ressources
relations

A. la délimitation de la filière

1. Définition d’une filière

Lorsque l’on s’interroge par exemple sur les voies d’approvisionnement d’une ville en un
type d’aliment donné, on doit prendre en compte les différents stades de transaction entre
production et consommation. Chacun des stades peut être soumis à des contraintes
particulières de fonctionnement. La filière retrace d’abord la succession des opérations
qui, partant en amont du produit, aboutit en aval, après plusieurs stades de transfert dans
le temps, l’espace et la forme, à un produit fini au niveau du consommateur. La filière est
définie comme l’ensemble des agents économiques qui contribuent directement à la
production puis à la transformation et à l’acheminement jusqu’au marché de réalisation
d’un même produit.

2. Schéma théorique de la délimitation de la filière

Cette phase consiste à fournir une définition précise des produits retenus à délimiter la
hauteur de la filière, son épaisseur, sa délimitation géographique et spatiale. Elle est
stratégique dans la mesure où on risque de passer à côté de la réalité si dès le départ on
exclut un espace explicatif.
-La définition du produit et ses caractéristiques propres
A quel type de produit on intéresse ? Fruit en général ou mangues seulement

24
Quelles sont ses caractéristiques : périssabilité, son statut dans l’alimentation, la durée du
cycle de production, ses substituts dans la consommation, son aptitude technologique, les
coefficients techniques et la maîtrise du produit.

- Sa hauteur
Il s’agit de prendre en compte les activités ou fonctions dont il faut faire cas (fonctions
commerciales, techniques…).

Production, commercialisation, distribution, consommation

- Sa largeur
Les différents sous-systèmes qui sont inscrits dans la filière que vous voulez prendre en
compte (sous-système artisanal, industriel, fermier….)

- Son épaisseur
On ne peut comprendre le comportement d’un opérateur que si l’on prend en
considération l’ensemble de ses activités. Bien souvent, les acteurs impliqués dans une
filière donnée interviennent aussi dans d’autres filières. Par exemple, des producteurs de
céréales peuvent réaliser des activités d’élevage ; des commerçants laitiers peuvent être
impliqués dans des commerces de boissons, etc.

Les méthodes mises en œuvre pour délimiter la filière reposent généralement sur une
collecte de données à partir de :
- bibliographie ;
- Statistiques (officielles, professionnelles) recul critique (crées) ;
- enquêtes auprès des services gouvernementaux, organisations professionnelles ;
- enquêtes préliminaires auprès des opérateurs.

3. Enquêtes préliminaires

Les enquêtes préliminaires auprès des opérateurs permettent, à travers des questions très
concrètes, de cerner le comportement des acteurs et d’en déduire des hypothèses sur leurs
principales stratégies. Elles portent essentiellement sur la structure des entrées et des
sorties de produits de chaque opérateur :
- nature du partenaire
- lieu de transaction
- époque et régularité
- quantité de produit
- qualités de produit

Le traitement de l’enquête aboutit à des résultats :


- quantitatifs (flux) qui permettent de créer les statistiques
- qualitatifs : compréhension du fonctionnement des types d’opérateurs.

4. Le repérage des fonctions

25
Entre les producteurs et les consommateurs se succède toute une série d’opérations qui
permettent aux produits analysés de changer de lieu et d’avoir une forme consommable
répondant à la demande en quantité et en qualité. On distingue ainsi les fonctions de
collecte, de transport, de stockage, de transformation, de commercialisation et de
distribution d’un produit transformé. Chacune de ces fonctions en un lieu et en un temps
donné, est assurée par une technique et des outils déterminés qui ont leur performance et
leurs contraintes propres. Par exemple le transport en avion, en bateau, en voiture, à pied
ou à dos de chameau ne sont pas économiquement de même nature.
La connaissance de ces techniques par fonction, des contraintes et des performances
permet de préparer le passage de l’analyse vers l’acteur et de mieux comprendre
l’environnement qui détermine les stratégies qu’il va mettre en œuvre.

Les fonctions techniques

Elles consistent à faire passer le produit d’un «  état » à un autre à travers une opération
technique.
Exemples

Etat du produit Opération


Blé Céréaliculture
Farine Meunerie
Pain Boulangerie
Animaux Engraissement
Carcasse Abattage
Pièces de vente Découpe
Steack Tranchage
Steak-frites Cuisson

Les fonctions commerciales

Les intermédiaires sont repérés par les fonctions qu’ils effectuent entre la production et la
consommation : opération d’achat/revente, transport, stockage ….. On définit
généralement les différents acteurs présents dans les filières vivrières africaines comme
suit :
- les détaillants sont les opérateurs qui vendent directement au consommateur final du
produit ;
- les grossistes sont les intermédiaires entre les producteurs et les détaillants. Certains
peuvent être spécialisés dans des fonctions de collecte et revendre les produits à des
grossistes et détaillants. On peut avoir superposition des fonctions de grossiste et
détaillant, ou même de producteur et grossiste voire détaillant ;
- les transporteurs assurent un service de transport. Ils peuvent être eux-mêmes impliqués
dans des opérations d’achat et de revente.
- Les courtiers sont des intermédiaires réalisant des services de tri, mise en liaison
grossiste-producteurs.
5. Les prix et les quantités

26
Estimation des quantités

Les données chiffrées sur les quantités traitées à chaque étape de la filière permettent de
relativiser la production et la consommation. Une attention particulière sera accordée
aux :
- Unités de mesure (surtout pour les produits liquides ou semi-liquides)
- au stade de transformation ex. 100kg de bovin vif=55kg de carcasse=40kg de viande
- à la cohérence des données
Production+import=Consommations+Export+stock

Relevé des prix

Il s’agit de relever les prix entre producteur et consommateur. Les prix d’achat et de
revente par chaque intermédiaire doivent être évalués.
Les relevés de prix sur les marchés africains comportent de nombreuses difficultés.
Quelques recommandations pour la collecte des données sur les prix.

- La nécessité de coupler les relevés d’une pesée (tout relevé de prix doit pouvoir être
rapporté à une quantité vendue). L es unités de traditionnelles utilisées ne sont pas
toujours homogènes.
Exemple : Si en juin le prix d’un tas de tomate est de100 et qu’il est de 200  septembre,
rien ne permet pas de conclure sur l’évolution du prix.
Tout relevé doit donc être accompagné d’une pesée sont très perturbantes pour les
commerçants et cette opération implique un tact tout particulier de l’enquêteur.

-Pour les prix au détail, le moins perturbant est l’achat du produit, le relevé du prix
d’achat et la pesée en dehors du marché. Cette méthode est coûteuse.

- Pour les prix de gros et lorsque les transactions ont lieu au champ ou au domicile du
producteur, on doit s’entendre avec le commerçant pour convenir de l’accompagner sur le
lieu d’achat et obtenir leurs déclarations sur le prix avec le producteur.

- La fréquence des relevés


Elle doit tenir compte des variations temporelles. Si les prix varient fortement d’un
moment à l’autre de la journée, on prendra bien soin de procéder aux relevés à heures
fixes, pour permettre les comparaisons, si possible l’heure de plus grande fréquentation
du marché.

- Pour les prix officiels, il faut vérifier que c’est le prix effectivement perçu par le
producteur.
Une étude sur les prix, sur les modalités de leurs formations ainsi que sur leurs évolutions
peut permettre de dévoiler l’état de l’offre et /ou de la demande, les modes de négociation
entre acteurs (influence sur la formation du prix).

6. Construction du graphe de filière et de la carte des flux

27
Il s’agit de visualiser la chaîne d’intermédiaires entre production et consommation. Le
graphe de filière représente l’ensemble des intermédiaires entre production et
consommation et leurs liaisons. Les flèches dans le graphe de filière désignent des
opérations de transfert de propriété des produits. Dans le cas d’autoconsommation, la
flèche est une boucle.
Sur la carte des flux, on localise les lieux de transaction, en gros et au détail, ainsi que les
infrastructures de stockage, de transformation et les voies de communication. On trace les
flux de produit entre ces différents espaces.
Pour obtenir les informations sur les flux et l’organisation de la filière, on procède
généralement de la façon suivante :
On commence par une enquête auprès de ménages et on interroge les ménages sur le
mode d’acquisition du produit (autoproduction et de l’achat).
Sur les lieux d’achat par les consommateurs (généralement, marchés de détail), on
interroge les commerçants sur les lieux d’achat et la nature des fournisseurs (producteurs,
grossistes, détaillants) ; et ainsi de suite jusqu’au lieu de production. On doit aussi
identifier les fournisseurs d’intrants et de services (transport, crédit…) aux producteurs.
On vérifie les déclarations des opérateurs en les suivant dans leurs transactions.
On peut aussi partir des lieux de production si ceux-ci sont bien repérés et suivre le
produit jusqu’au consommateur final. Dans ce cas, on est amené à ne pas prendre en
compte les produits importés.
On peut également partir des marchés de détail si ceux-ci sont bien identifiés. On
interroge les commerçants sur la nature de leurs fournisseurs et de leurs clients pour
reconstituer la chaîne d’approvisionnement.

Exemple-type d’un graphe de filière


Producteurs

Collecteurs
(1) (2)
Collecteurs
Grossistes
Grossistes

(3) (4)

Détaillants

Consommateurs
(1) et (2) circuits courts

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(2) circuits régionaux

L a page suivante présente l’exemple des filières d’approvisionnement en produits laitiers


(lait liquide et beurre de cuisine) de la ville d’Addis-Abeba (Ethiopie). Ces exemples sont
tirés de DUTEURTRE (1998).

B. Typologie des acteurs

Jusqu’à présent, nous avons parlé des filières de manière verticale.


- Cheminement du produit
- Successions des opérateurs et des échanges
- Graphe et flux
Mais au sein d’une filière, on a des agents (avec une ou plusieurs fonctions) qui
interrogent entre eux pour le fonctionnement du système permettant à tous de satisfaire
leurs besoins et leurs opérations.
Ces agents ou acteurs ont leurs objectifs propres qui peuvent diverger ou freiner la
réalisation des objectifs de certains. Tous ces acteurs élaborent des stratégies pour réaliser
leurs objectifs. C’est lorsque que le système fonctionne parfaitement que chaque acteur
peut réaliser ses objectifs.
L’étude des stratégies des acteurs au sein de la filière permet donc d’identifier les nœuds
de blocage, les relations de pouvoirs et les freins au bon fonctionnement du marché.
Connaître les stratégies des acteurs, c’est connaître les finalités, anticiper sur les
tendances et comprendre les différences de performances au sien d’une filière.
Il s’agit de décrire dans son ensemble les forces et les contraintes, puis de décortiquer les
réseaux et les circuits pour être en mesure d’en caractériser les opérateurs, les
mécanismes et les dysfonctionnements et de repérer les centres de commandes et les
modes de régulation.
L’outil permettant d’identifier et de caractériser les acteurs, c’est la TYPOLOGIE.

1. Construction d’une typologie

Le préalable à toute étude filière est la bibliographie et les entretiens avec les personnes
ressources.

a/ Le ZONAGE agro-socio-économique

Il permet de situer les acteurs dans leur environnement et de mettre en évidence les
facteurs déterminants influant sur leurs comportements.
L’exemple présenté concerne l’étude des quartiers (composante sociale, densité,
fréquentation, lieux de passage, pouvoir d’achat, activité économique) pour la typologie
des unités de transformation du lait à CASABLANCA : Localisation des fronts de
transformation et des grandes dynamiques (collecte extra, grands axes qui drainent le lait
informel, zones de transfo 1 et2 circuit des industriels…)

b/ Localisation

29
Localisation géographique des acteurs (outils de spatialisation) qui permettra d’effectuer
et l’échantillonnage.

c/ Enquêtes préliminaires

Doivent d’opérer un découpage de la zone d’étude le plus représentatif de la réalité et de


sa diversité (niveau de vie, densité, accès à la formation …..) soulignant les différents
circuits et les phénomènes particuliers sur certaines zones (zone de transit, zone de
transformation, zone de recyclage, zone de commercialisation…..).
Ces enquêtes doivent aboutir à l’échantillonnage.

d/ Echantillonnage

Identifier les acteurs qui seront enquêtes et qui sont les plus représentatifs de la diversité.
L’échantillonnage se construit à partir d’une bonne connaissance du milieu et doit être
l’aboutissement du travail préliminaire d’investigation (a/,b/,c/). Le nombre d’enquêtes est
valable et dépend du champ d’étude, du temps et des moyens impartis.
Les échantillons doivent être codifiés selon des critères simples et faciles à identifier.
Exemple des mahalabates (minilaiteries) à casablanca : emplacement a (grands axes très
fréquentés par tous), b (axes fréquentés dans les quartiers populaires) c, (lieux de
proximité dans les quartiers ou cités) et indice socio-économique 1(pouvoir d’achat élevé)
2, (pouvoir d’achat moyen), 3 (pouvoir d’achat limité).

e/ Construction du questionnaire d’enquêtes

Le questionnaire dépend de la problématique et des questions auxquelles on veut


répondre.
Ex de questionnaire.cf.questionnaire en annexe.

Les précautions et les gardes fous


- Prévoir la tendance à la minoration des chiffres aux performances, aux quantités, aux
rendements et aux bénéfices. Il faut faire quelques enquêtes tests, et identifier la marge
qu’il faudra éventuellement pondérer sur les enquêtes.
- Prévoir et construire le questionnaire de manière à éviter les réticences sur certaines
questions, par exemple :
* L’origine du lait et les détails concernant les troupeaux
* Les quantités achetées, vendues, les prix et les marges
* Les problèmes liés à la qualité et les traitements effectués
- Données déclaratives utilisées pour élaborer les critères pour la typologie
- Données raisonnées et pondérées après regroupements permettent de dégager les
enquêtes fiables et définitives qui serviront à estimer les quantités et à hiérarchiser les
types.
Ex de Palmiers à huile : données sur les stratégies, les produits, les contraintes, les
clients, les techniques ont permis de dresser une première typologie en fonction de l’offre,
de la technologie et de la clientèle. Les données pondérées et recoupées sur les quantités

30
et les performances ont permis de quantifier les flux et de hiérarchiser en fonction des
volumes et du CA.

F/Traitement des résultats et finalisation


Traitement des données :
Recoupements
Confrontation avec les personnes ressources et certains acteurs
Affinage

Ex : de la typologie des collecteurs de lait dans le secteur informel à casablanca

g/ Interprétations et stratégies des acteurs


C’est la partie de l’analyse où il faut faire la synthèse entre les données chiffrées
(performances, rations), les types, le milieu et ses contraintes et les objectifs des acteurs.
Il n’y a de lois ou de règles.

Quelques exemples de stratégies :


*Les stratégies de « survie » :
*Les stratégies d’enrichissement :
*Les stratégies d’adaptation aux changements : climatiques, de demandes, d’innovation
techniques, aux crises, aux nouvelles réglementations.
Par exemple, les mahalabates qui investissent dans un pasteurisateur pour être les
premiers à occuper le terrain lors de la prochaine réglementation sur l’hygiène alimentaire
au Maroc.
La typologie des unités de transformation du lait à CASABLANCA (qui illustre bien le
déroulement de la méthodologie et ses résultats) est présentée à la fin de l’atelier dans le
cadre de l’étude de cas….

2. Exemple : typologie des colporteurs laitiers à casablanca

Cet exemple est tiré de LETEUIL (1999)


Typologie des colporteurs
Type Rayon (km) Zone, quartiers Quantité Prix d’achat Prix de vente
de vente (litre/jour) (dh/l) (dh/l)
Colporteurs T1 5 3 et 4 100 2.80/3.30 3.00/3.75
Colporteurs T2 20 1, 2,3 et 4 1000 2.80/3.50 3.50/4.00
Itinérants 35 3 et 4 1000 2.50 3.00/3.50
Spéculateurs 50 1,3 et 4 1500 3.50/3.80 4.00/5.00
Transformateurs 5/15 3 et 4 120 2.80/3.00 3.20/4.00
Créneaux 10 1,3 et 4 100 à 200 3.00/3.50 4.50/5.00

Les colporteurs T1 (30%) draine le lait invendu de leur village. Ils sont souvent des
éleveurs eux-mêmes ou des membres de familles d’éleveurs. Ils opèrent sur des quantités
de l’ordre de 100 litres et utilisent des mobylettes comme moyens de transport. Ils ont une
clientèle fidèle dans les quartiers populaires qui leur achètent des petites quantités (10
à20 litres).

31
Les colporteurs T2 (15%) opèrent de la même manière que les T1 mais avec des trucks
ou des voitures. Ils le même rôle que les ramasseurs et assurent parfois le ramassage pour
les industriels en période de haute lactation. Ils ont une clientèle et plus diversifiée que
les colporteurs T1.
Les itinérants (5%) sont très actifs en haute lactation et très mobiles. Ils pratiquent des
prix assez bas.

Les spéculateurs (20%) sont très bien informés. La plupart sont munis de
lactodensimètres. Ils cherchent les productions éloignées et négligées par les industriels.
Ils achètent le fait à des prix élevés, leurs stratégies étant de faire du volume. Ils n ’ont pas
de problème pour écouler leurs marchandises du fait de leur réseau et de leur capacité
mobile.

Les transformateurs (25%) proposent en plus du leben les jeudi et vendredi pour faire
le sekouk.

Les crénaux (5%) sont le dernier type de colporteur. Leurs clients sont les mahalabates
« de luxe » et celles désireuses de se lancer dans la qualité. Ils apportent la garantie d’un
lait à haute teneur en matière grasse et une hygiène au dessus de la moyenne et la
provenance régulière du lait. Prix de beurre de cuisine (en Birr/kg)
Pic de Fassika Dépression de Kerämpt Pic de
Fassika
C. Analyse comptable de la filière

Petite saison
L’analyse comptable des pluies
de la filière Grande
comprend l’étude des prix saison
des produits, des coûts dans laPetite
saison
filière, des comptes des agents et des comptes de la filière.
des pluies(Kerämt) Saison sèche des pluies
1. L’étude des prix des produits

On distingue, suivant le niveau de la filière auquel on se place :


- Les prix au producteur (marchés de collecte)
- Les prix de gros ou de demi-gros (prix payés par les commerçants)
- Les prix au consommateur (marchés de détail)

Il est souvent utile d’étudier la saisonnalité des prix. Pour cela, on relève les prix de
manière périodique (toutes les semaines ou tous les mois) sur un échantillon de marchés
représentatifs.
Les suivis des prix présentent des « pièges » qu’il faut cherché à éviter (voir paragraphe
A.5)
Exemple : Suivis sur une année du prix du beurre de cuisine sur le marché d’Addis-Abeba
(DUTEURTRE, 1998). : voir page suivante

32
333333333

2. Les comptes des agents : coûts, marges et excédents

3. Les comptes des agents : coûts, marges et excédents

Les comptes des agents peuvent être abordés par des enquêtes auprès d’un échantillon
d’acteurs représentatifs. On cherchera à accéder aux livres de comptes des acteurs lorsque
cela est possible.

Les coûts des agents (charges)

Les coûts ou charges directes comprennent :


1) Les consommations intermédiaires (CI)
2) Les salaires et charges sociales (S), et 3) les impôts et les taxes (I)
CD = CI + S + I.

33
On peut aussi être amené à calculer les coûts indirects : assurances (A) et frais
financiers (FF). En particulier, les frais relatifs aux tontines ou au remboursement
des crédits sont à prendre en compte.
Dans les filières que l’on rencontre en Afrique (dites «  informelles »), les agents
commerciaux peuvent ne pas tenir de comptabilité détaillée. On se base donc
souvent à prendre en compte les coûts directs.

Les marges et excédents

On définit la Marge Brute comme la différence entre le prix de vente et le prix


d’achat :
MB= P vente - P achat

L’excédent (ou profit) d’un acteur est égale à la marge moins les coûts. On définit
l’Excédent brut (EB) comme la différence entre la marge brute et les charges
directes (ou coûts directs) (CD):

EB = MB - CD

L’excédent brut sert à montrer si une activité est très rémunératrice ou non.
Il peut arriver qu’on ait une marge brute élevée, mais que l’excédent brut soit très faible
ou négatif (lorsque les charges sont élevées). Donc ce n’est pas parce que les marges
commerciales sont élevées que les commerçants s’enrichissent……

Attention à l’unité de mesure choisie : Doit-on calculer un excédent brut par kg de


produit vendu ou transformé ? Ou bien un excédent brut par semaine ou par mois ? Dans
le cas des produits transformés, doit-on calculer les coûts par kg ou litre de produit
transformé ? Ou bien par kg de produit fini ?
En résumé : Excédents (ou profits)=produits de ventes-charges(ou coûts)

La rentabilité des acteurs


L’étude des comptes des acteurs permet d’aborder les niveaux de rentabilité des diverses
activités dans la filière. Ces niveaux de rentabilités sont liés aux savoir-faire, aux
techniques utilisées, aux pouvoirs de marché et aux niveaux de prix, mais aussi aux
revenus complémentaires obtenus dans d’autres activités que celle qui concerne la filière
étudiée. Par exemple, il est rare que les commerçant soient spécialisés dans l’achat ou la
vente d’un seul produit. En fonction des saisons où des opportunités, ils s’orientent vers
les activités qu’ils jugent les plus rémunératrice en fonction de leur situation.

4. Les comptes de la filière

34
Les comptes de filière permettent de :
- suggérer des voies de diminution du prix final au consommateur
- évaluer la distribution des revenus dans la filière
- évaluer l’importance de la valeur ajoutée nationale de la filière
Pour cela, on étudie la formation des prix, des coûts et des marges aux différents niveaux
de la filière
- coûts de production (et excédents des productions)
- coûts de transformation (et excédents des transformateurs)
- coûts de transport (et excédent des transporteurs)
- coûts de commercialisation et de stockage (et excédents des commerçants)

L’étude de la répartition des excédents aux différents échelons de la filière permet


d’étudier les principaux lieux d’accumulation de capital et de création de richesse.
On peut être amené à calculer la valeur ajoutée totale de la filière :

VA= Produits des ventes - Consommations intermédiaires

D. L’organisation de la filière

L’étude de l’organisation des acteurs consiste à analyser la nature des relations entre
individus au sein de la filière et des règles qui régissent ces relations. On parle de formes
institutionnelles pour désigner les structures sociales dans lesquelles s’insèrent les
relations économiques. En comparant les activités économiques au déroulement d’un jeu,
on parle d’organisations pour désigner les acteurs du jeu (par exemple les familles,
réseaux, entreprises, associations, coopératives), et d’institutions pour désigner les règles
du jeu (par exemple les contrats, réglementations, conventions, relations de pouvoir).
La figure ci-dessous présente une typologie des organisations et des institutions
susceptibles d’être rencontrées dans des filières vivrières en Afrique

Organisations : acteurs du jeu Institutions : règles et jeu

1. Les types d’entreprises 1. Structure des marchés

2. Les associations et groupements 2. contrats oraux ou écrits

3. Les formes d’intégration 3. Relations de pouvoir

4. Les réseaux d’acteurs 4. Réglementations publiques

5. Conventions de qualité
Toutes ces formes institutionnelles ont été abordées par des exemples pendant l’atelier.
Certaines ont fait l’objet d’un examen plus détaillé que les autres. Il s ’agit des formes
suivantes.

1. Les types d’entreprises

35
(Cf. typologie paragraphe B)
Taille
Technologie
Stratégies
Modalités d’exercice du pouvoir

2. Les associations ou groupements

Objectifs
Statut juridique
Budget

3. Formes d’intégration verticale/horizontales

Filières intégrées/consortiums-trust

4. Réseaux d’acteurs

En Afrique, les échanges commerciaux sont souvent fondés sur des réseaux d’acteurs qui
ont une base ethnique, familiale, linguistique ou religieuse : réseaux de commerçants
tchadiens en RCA, grands commerçants Haoussa, mourides, etc. Loin de constituer des
survivances d’économies anciennes, ces réseaux sont au contraire des structures
dynamiques, imaginatives, jouant à la fois des opportunités offertes par l’économie
moderne et des modes de fonctionnement économiques et sociaux des sociétés dont ils
sont issus.
Ces réseaux permettent notamment l’établissement de la confiance et l’échange
d’information entre partenaires de la transaction.

5. Contrats

Les contrats sont extrêmement variés. Ils peuvent prendre des formes orales ou écrites,
pérennes ou éphémères Ils peuvent concerner :
L’approvisionnement en intrants ou l’accès aux ressources
La commercialisation des produits finis

6. Réglementations publiques

Il est important de prendre en compte les réglementations publiques pour comprendre les
stratégies des acteurs économiques. En particulier, il s’agit de :
Législation fiscale
Réglementations douanières
Réglementations sanitaires
Normes et standards
Les conditions d’application de ces réglementations doivent aussi être étudiées. En effet,
les pratiques des services publiques peuvent différer des règles définies dans les textes.
La compréhension de ces pratiques est parfois complexe.

36
Exemple des pratiques douanières : souvent en décalage avec les réglementations
officielles.

37
CHAPITRE 4. APPROCHE THEORIQUE DE L’ETUDE DE
LA RENTABILITE ECONOMIQUE ET
FINANCIERE DES FILIERES: NOTIONS ET
PRINCIPES FONDAMENTAUX DE BASE

1. Introduction

L’analyse de la rentabilité économique et financière d’une filière agricole permet de

comprendre les principes de la comptabilité financière,

déterminer la valeur ajoutée,

obtenir les comptes de production-exploitation,

mettre en place les comptes des agents pris individuellement et le compte


consolidé de la filière.

Les termes «financier» et «économique» sont employés dans leur acceptation


commune en matière d’étude et de développement:

• est de l’ordre du «financier» ce qui a trait aux agents pris individuellement ou par
grands types (les paysans, les commerçants de détail, les collecteurs primaires,…).
C’est le domaine privilégié de l’analyse des comptes de production-exploitation,
de la rentabilité des investissements,…

• est de l’ordre de l’«économique» ce qui a trait aux résultats et analyses concernant


l’ensemble du système économique analysé (économie nationale, secteur,
filière,…) ou de grands regroupements d’agents hétérogènes (études régionales,
études de «segments» de filière,…). C’est le domaine privilégié de l’analyse des
comptes consolidés, des grands agrégats,…

Cette analyse ne peut s’appliquer qu’à un agent productif: ce qui signifie


l’existence des flux d’intrants et des flux de produits

En terme de flux – indépendamment des opérations se déroulant à l’intérieur des


frontières de l’agent – au cours d’une période, le processus de production se caractérise
par l’existence d’un flux d’intrants et d’un flux de produits:

• des facteurs de production qui sont totalement transformés («consommés») au


cours d’une période: ce sont les consommations intermédiaires,

• des facteurs de production qui ne sont que partiellement utilisés («usés») au cours
d’une période, leur dégradation totale par le processus de production se faisant sur
plusieurs périodes: ce sont les investissements

38
Facteurs de Produit
production Agent productif

Investissements

2. La notion de valeur ajoutée

Soit CI, la valeur des consommations intermédiaires et P la valeur du Produit, la


différence
P-CI représente la valeur que l’agent a ajouté, au cours d’une période comptable, à la
valeur des éléments initiaux détruits (les consommations intermédiaires) grâce au
processus de
Production/transformation.

La valeur ajoutée (VA) est définie par l’équation: VA = P - CI

La richesse nouvelle que crée une activité de production n’est pas mesurée par la
valeur brute P du produit mais, logiquement, par cette valeur P diminuée des richesses
qu’il a fallu détruire («consommer») pour la produire.

La valeur ajoutée mesure la création de richesse, l’apport du processus de la


production considéré à la croissance de l’économie.

A ce titre, elle est au cœur de toute étude économique s’intéressant au


développement, et pas seulement à l’analyse des filières.

3. Principes de comptabilité financière: la valeur ajoutée

La valeur P du produit final incorpore la valeur de tous les facteurs qui ont
concouru à la production de P. Outre la valeur des consommations intermédiaires, elle
tient donc compte des flux de dépenses sur la période liée: (i) au travail nécessaire à tout
processus productif, (ii) au service financier qui rend possible nombre d’activités
productives, et (iii) aux taxes et impôts divers. Ce principe peut être représenté comme
suit:

39
Frais
Travail financiers Taxes

Consommations Produit
Agent productif
intermédiaires

4. Valeur ajoutée et Résultat Brut d’Exploitation (RBE)

Le RBE représente le bénéfice d’exploitation une fois déduit de la valeur de la


production tous les coûts d’exploitation de l’exercice: consommations intermédiaires,
travail, frais financiers et taxes.

RBE = VA – (rémunération travail + frais financiers + taxes)

La Valeur ajoutée se décompose en 4 éléments:


• la rémunération du personnel,
• les frais financiers,
• les taxes et impôts,
• le solde, appelé RBE, représentant le gain (ou la perte) d’exploitation
de l’exercice

VA = rémunération du personnel + frais financiers + taxes + RBE

5. Valeur ajoutée et Résultat Net d’Exploitation (RNE)

On attribue à la production obtenue au cours de l’année la valeur théorique de


l’usure correspondante des investissements, valeur appelée «amortissement». En tant que
mesure de la consommation d’un facteur de production utilisé, l’amortissement est un
élément de la valeur P, mais il n’en est pas un élément courant faisant partie des flux
effectifs de chaque exercice.

40
Frais
Travail financiers Taxes

Consommations Produit
Agent productif
intermédiaires

Amortissements

On appelle Résultat Net d’Exploitation (RNE) le solde du RBE diminué de la


valeur de l’amortissement:

RNE = RBE – amortissement

6. Le compte de production

Le compte de production permet de calculer la valeur ajoutée. Il retrace les


opérations sur biens et services (qui correspondent aux flux de consommations
intermédiaires et de produits). Les ressources de ces comptes sont appelées «produits» et
les emplois «charges».

Charges Produits
 Stocks en début d’exercice  Stocks en fin d’exercice

 Consommations intermédiaires:  Ventes:

1. Achats de matière et marchandises 1. Marchandises et produits finis


2. Travaux, fournitures et services 2. Déchets et sous-produits
3. Transports et déplacements
4. Frais divers de gestion (y compris  Travaux faits par l’entreprise par elle-
frais et commissions bancaires même
 Valeur ajoutée intérieure brute :  
VA Brute – Amortiss. = VA Nette

Total Total

41
7. Le compte d’exploitation

Il s’agit du compte des répartitions s’opérant à l’occasion de l’activité productive


de l’agent. Il met en évidence la ventilation de la valeur ajoutée entre les différents agents.
Il part du solde dégagé par le compte de production (en «ressources») auquel sont
ajoutées les subventions d’exploitation reçues par l’agent. Les « emplois», eux, indiquent
la répartition de l’ensemble de ces revenus entre les différents agents ayant participé à
l’activité productive.

EMPLOIS RESSOURCES
 Rémunération du personnel (salaires, Valeur ajoutée intérieure
charges sociales…)
 Subventions d’exploitation, indemnités
 Frais financiers (intérêts, assurance) pour sinistre

 Impôts et taxes
 Résultat brut d’exploitation
– amortissement = Résultat net d’exploitation

Total Total

8. Le compte de production-exploitation

Il récapitule les opérations et les résultats économiques d’un agent productif au


cours d’un exercice. On l’obtient en fusionnant le compte de production et le compte
d’exploitation.

EMPLOIS RESSOURCES

 Stocks en début d’exercice  Stocks en fin d’exercice

 Consommations intermédiaires:  Ventes:


 Achats  Marchandises et produits finis
 Travaux, fournitures et services  Déchets et sous-produits
 Transports
 Frais divers de gestion  Travaux faits par l’entreprise
par elle-même

 Valeur ajoutée intérieure brute  Subventions d’exploitation,


 Rémunération du personnel indemnités pour sinistres,…
 Frais financiers
 Impôts et taxes
 Résultat brut d’exploitation dont:
 Amortissement
 Résultat net d’exploitation
9. Le compte consolidé de la filière
TOTAL TOTAL
42
Les comptes de différents agents constituant la filière (ou le segment de filière)
peuvent être agrégés en un compte unique de l’ensemble de la filière: on parle alors de
consolidation des comptes.

Pour établir un compte unique, on ne prend en compte que les flux d ’échange
entre tous ces agents, d’une part, et le reste de l’économie (nationale ou internationale), de
l’autre. Les transferts internes entre les agents appartenant à l’ensemble sont éliminés. Le
(ou les) solde(s) obtenu(s)10 représente(nt) le (ou les) résultat(s) consolidé(s) de
l’ensemble des agents.

Le principe de la consolidation peut être schématiquement présenté par une filière


simple composée de trois agents successifs, comme suit:

CIa CIt CIc

Pa Pt Pc
Industries de
Agriculteurs Commerçants
transformation

Les comptes de production de ces agents sont respectivement:

PA Pt
CI a Pa Pt Pc
CIt CIc
VAa VAt VAc

Le compte consolidé est la «somme des comptes» des agents de la filière après
l’élimination des éléments qui s’annulent du fait de leur présence en «produits» (d’un
agent en amont dans la filière) et en «charges» (d’un autre agent en aval).

Si nous mettons les comptes individuels ensemble, nous obtenons:


10
Valeur ajoutée, résultat brut d’exploitation, résultat net d’exploitation.

43
CIa [Pa] Agriculteurs

[Pa]
[Pt] Industries de transformation
CIt
[Pt]
[Pc] Commerçants
CIC
VA filière

Les données entre crochets s’annulent mutuellement, de sorte que le compte de


production final se résume à:

CIa
CIt Pc
CIc
VA filière

Le compte de production-exploitation consolidé de l’ensemble de la filière


présente la structure classique d’un compte de production-exploitation:

• consommations intermédiaires: constituées par l’ensemble des consommations


intermédiaires qui ne proviennent pas d’un agent de la filière,
• produit: constitué par les flux du bien livré sur le marché de consommation
finale ou le marché intermédiaire retenu comme «limite aval» du segment de
filière choisi, auxquels s’ajoutent les flux de produits accessoires (produits
«fatals», sous-produits,…),
• valeur ajoutée: calculée par différence entre les valeurs des deux éléments
précédents ou bien par addition des valeurs ajoutées par chacun des agents
constituant la filière, elle se ventile elle-même en revenus pour les autres agents
fondamentaux:
- rémunération du personnel,
- frais financiers,
- taxes et impôts,
- solde (résultat brut d’exploitation).

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