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Descriptif du cours

UNIVERSITE DU BURUNDI

FACULTE D’AGRONOMIE ET DE BIO-INGENIERIE (FABI)

DEPARTEMENT DE SOCIO-ECONOMIE RURALE (SER)

B.P. 2940 Bujumbura-Burundi 1

ANALYSE ECONOMIQUE DES POLITIQUES COMMERCIALES SER 307

SYLLABUS DE COURS DESTINE AUX ETUDIANTS DE BAC III, SER

Titulaire du cours:

Dr.Ir. NIMENYA Nicodème

Année académique 2015-2016

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Téléphone : (257) 22 22 43 57   ; Fax : (257) 22 24 75 30 ; E-mail : facagroburundi@yahoo.fr
Descriptif du cours

ANALYSE ECONOMIQUE DES POLITIQUES COMMERCIALES SER 307 (30 heures, 2 crédits), BAC III, SER

Responsable du cours : Nimenya Nicodème, Ph.D.,

Objectifs de la formation

- Compréhension des déterminants du commerce international


- Compréhension de l’environnement régulateur des relations commerciales
- Compréhension des effets des instruments de la politique commerciale
- Acquisition des notions fondamentales permettant la compréhension de la cohérence des politiques
nationales aux politiques régionales
- Analyse des enjeux de l’intégration régionale par le commerce et de la globalisation

Prérequis

Pour être admis à ce cours, les étudiants doivent avoir réussi avec succès les épreuves portant sur les cours
d’économie politique, de microéconomie, de macroéconomie et d’économie internationale.

Contenu du cours

- Politiques commerciales : aspects contemporains et historiques


- Politiques commerciales en concurrence pure et parfaite
- Politiques commerciales en concurrence imparfaite
- Calcul et analyse des principaux indicateurs du commerce avec TradeSift

Méthodes pédagogiques 

Syllabus, cours magistral, projections power point et travaux en groupes sur les études de cas de politique
commerciale

Evaluation des connaissances

Travaux dirigés en groupes sous la supervision de l’enseignant et/ou des assistants en plus d’une épreuve
d’évaluation écrite.

Références bibliographiques

- Becuwe, S. (2006). Commerce International et politiques commerciales. Armand Colin


- Cockburn, J., Decaluwe, B., Fofana, I. (2010). Libéralisation commerciale et pauvreté en Afrique. Presses
de l’Universite Laval, 297p.
- Gibbs, M. (2007). Les politiques commerciales, UN DESA, New York, 89p.
- Krugman, P.R. & Obstfeld, M. (2003). International Economics – Theory and policy, Sixth edition, 754 p.
- Sadoulet, E., de Janvry, A. (1995). Quantitative Development Policy Analysis. The Johns Hopkins
University Press, Baltimore and London, 438p.

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Table des matières

Chapitre 1 – Les politiques commerciales: aspects contemporains et historiques

1.1. Le GATT et la montée du protectionnisme


1.2. L’OMC
1.3. Les Accords Commerciaux Régionaux (ACR)

Chapitre 2 – Les politiques commerciales en concurrence pure et parfaite

2.1. Les fondements de l’analyse en équilibre partiel


2.2. La théorie des distorsions intérieures
2.3. Analyse du droit de douane : Cas d’un grand pays et d’un petit pays

Chapitre 3 – Les politiques commerciales en concurrence imparfaite

3.1. Protectionnisme et promotion des exportations (Modèle de Curtis)


3.2. Protection tarifaire et différenciation du produit (Modèle de Lancaster)
3.3. Le dumping

Chapitre 4 – Analyse des politiques commerciales avec TradeSift

4.1. Ouverture commerciale


4.2. Avantage comparatif révélé
4.3. Commerce intra-industriel : modèle de Rossini
4.4. Indice de Finger-Kreinin
4.5. Indice d’intensité commerciale
4.6. Indice de concentration commerciale

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Introduction générale

Introduction générale

Le cours a pour objet l’analyse des politiques commerciales mises en œuvre par les gouvernements. Faut-il par
exemple utiliser un droit de douane ou un contingent à l’importation pour protéger un secteur particulier de la
concurrence étrangère ? Quels sont les gagnants et les perdants de tel ou tel instrument de politique
commerciale? Au niveau global, les bénéfices excèdent-ils les couts ? Ce cours offre un cadre général qui
permet de comprendre les effets des instruments les plus importants de la politique commerciale. Nous
distinguons les politiques adoptées et leurs effets dans un contexte de concurrence parfaite (chapitre 2) et
celles mises en œuvre dans des structures de marches a concurrence imparfaite (chapitre 3).

Chaque fois nous faisons la distinction entre petits pays et grands pays. Un pays est dit petit s’il est dans
l’incapacité d’influer sur le prix mondial du bien importé ou exporté. En d’autres termes, le pays subit le prix
concurrentiel sur le marché mondial et qu’en conséquence la courbe d’offre étrangère est parallèle à l’axe des
abscisses. Une telle hypothèse est fréquemment vérifiée. Le commerce international est souvent très
concurrentiel, même lorsqu’il porte sur des produits dont le commerce intérieur est dominé par quelques
vendeurs.

Il arrive cependant qu’un pays détienne une part importante du commerce mondial d’un des produits qu’il
importe ou exporte pour être capable d’avoir une influence sur le prix mondial. Le pays est appelé grand pays
et possède un pouvoir de monopsone ou de monopole selon qu’il est importateur ou exportateur. Dans cette
éventualité, ce pays disposant d’un pouvoir de marché sur les prix de vente étrangers, peut exploiter cet
avantage en instituant un droit de douane sur les importations. Alternativement, un grand pays exportateur
peut subventionner les exportations et impacter également sur les prix d’achat étrangers. Le chapitre 4 est
consacré aux travaux pratiques et illustre les principaux indicateurs commerciaux à partir desquels les
décideurs politiques peuvent se baser pour imprimer des orientations de politique commerciale. Le calcul des
principaux indicateurs se fera grâce au logiciel TradeSift. Les politiques commerciales ne peuvent pas être
analysées en dehors de l’environnement régulateur des échanges internationaux. Avant d’entrer dans le vif du
sujet, le cours (chapitre 1) propose le passage en revue des principaux organes de régulation du commerce
international à savoir l’Accord General sur les Tarifs douaniers et le Commerce (GATT) et l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC). Ce chapitre jette un regard sur les Accords Commerciaux Régionaux (ACR) et
les enjeux du libre-échange et de la mondialisation.

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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Chapitre 1 - Les politiques commerciales: aspects contemporains et


historiques

Depuis plus de soixante ans, les politiques commerciales ont été d’abord gouvernées par un traitée  :
l’Accord General sur les Tarifs et le Commerce (GATT) qui a permis, par la tenue de grandes négociations
internationales, d’abaisser de manière substantielle les protections tarifaires 2, puis depuis 1995 par
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Cette période a été également marquée par la création
de blocs régionaux liés à la constitution des Accords Commerciaux Régionaux (Zones d’Echange
Préférentielle, Zones de libre-échange, Unions douanières, etc.).

1.1.Le GATT et la montée du protectionnisme

Comme la seconde guerre mondiale débouchait sur un cloisonnement, les Etats-Unis d’Amérique (USA)
et les autres nations alliées ont souhaité créer un nouvel ordre international libéré des erreurs du passé.
Pour comprendre la volonté qui animait les représentants des pays alliés de réglementer les échanges
internationaux et de mettre sur pied un système ordonné dans les paiements, il est utile de rappeler, au
préalable, brièvement ce que fut « l’expérience des années trente ».

1.1.1. L’expérience des années 1930

Les années 1930 sont caractérisées par l’égoïsme, l’isolationnisme, le bilatéralisme, le nationalisme, le
totalitarisme, etc. Afin de rejeter le fardeau de cette crise sur son voisin, chaque pays tentait d’exporter
son chômage et cherchait à atteindre, par tous les moyens, une balance commerciale favorable.

Pour ce faire, les moyens les plus couramment utilisés étaient les suivants :

- La majoration des droits de douane frappant les importations : cette mesure visant à réduire les
importations était en général accompagnée de campagnes xénophobes qui encourageaient la vente des
produits obtenus localement au moyen de slogans tels : « Achetez américain » ou «  Achetez Français »,
etc.

- le contingentement des importations : il s’agissait de limiter à une quantité fixée par référence a une
période donnée, la quantité de marchandises qui serait admise dans le pays pour une période à venir
d’égale durée ;

- la mise en vigueur d’un système de contrôle des échanges généralisé : chaque importation était
conditionnée à la délivrance d’une licence spéciale, les exportations étaient subventionnées, des accords
commerciaux étaient conclus avec chaque partenaire pour orienter les courants d’échanges et en
réguler les volumes.
2
Il faut bien évidemment nuancer cette libéralisation commerciale sous les auspices du GATT/OMC est handicapée
par l’émergence des mesures non-tarifaires qui peuvent avoir de manière cachée une dimension de barrière aux
échanges.
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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

- la dépréciation des monnaies : afin que l’étranger puisse acheter a bon marché les produits nationaux
et en même temps que la hausse corrélative des cours des autres monnaies (en termes de monnaie
nationale dévaluée) décourage l’importation.

Toutes ces mesures étaient utilisées dans le but de réduire les importations, stimuler les exportations,
substituer à tout prix, par des productions nationales, les biens fabriquées par l’étranger, afin de réduire
le chômage. Pour les autres pays, la conséquence attendue était la diminution de leurs exportations et
un accroissement du sous-emploi. Pour cette raison, on qualifie cette période par l’expression
d’ « égoïsme sacré des années 1930 ». Peu importait en effet la réduction du niveau mondial des
échanges, si le succès d’un pays dans sa lutte contre le sous-emploi provoquait un accroissement du
chômage dans les autres pays.

Evidemment, lorsque toutes les nations essaient de se tirer d’affaire aux dépens du voisin, le résultat est
un fléchissement des flux d’échanges. Ainsi au cours de la période 1914-1948, le volume du commerce
international s’est accru à un rythme quatre fois plus faible que celui de la production mondiale.

Ainsi les efforts consentis pour réaliser des balances commerciales favorables, résurgences des théories
démodées ayant eu cours aux XVIIe et XVIIe siècles, font pire que s’annuler. Ces politiques
mercantilistes, en négligeant le bénéfice mutuel que tire chaque pays de l’échange international,
mettent en avant les bienfaits de l’exportation et les méfaits de l’importation, le profit de l’un est
dommage de l’autre.

Apres un siècle de libéralisme classique, les consortiums, les contingents aboutirent a tuer la
concurrence, à multiplier les rouages administratifs, à favoriser certaines branches au détriment
d’autres et finalement a couter très cher. Le schéma théorique du libéralisme classique qui stipule le
rééquilibre automatique des échanges n’existe plus dans la période de l’entre deux-guerres.

Dans cette période de réduction des échanges, de contingentements, les négociations bilatérales
deviennent la règle et le recours à la protection quasi-systématique.

1.1.2. Fondements du GATT

L'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (AGETAC selon l'acronyme français), plus connu
sous le nom de GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) a vu le jour le 30 octobre 1947. Il tente
de prévenir, par la voie de la négociation collective multilatérale, le retour des politiques
protectionnistes qui avaient si durement aggravé la crise mondiale des années 1930. Son cœur est
constitué par la clause de la nation la plus favorisée, par laquelle un pays membre s'engage à accorder à
tous les signataires le tarif douanier bilatéral le plus avantageux. Durant un demi-siècle, la réduction des
tarifs douaniers organisée dans ce cadre a été impressionnante. La crise économique des années 1970-
1980 a certes ralenti ce mouvement, mais il faut tempérer l'impression que donnent parfois les
pressions en faveur (ou contre) les barrières non tarifaires en signalant que la publicité qui leur est faite
vient de l'élargissement même des échanges à des domaines autrefois protégés (agriculture, services),
voire à de nouveaux acteurs. Finalement, c'est au moment où ce qui n'était qu'un accord international
se transforme en institution, avec l'Organisation mondiale pour le commerce (OMC, Marrakech, 1995)
que le système de libre-échange mondial semble piétiner. Il dispose pourtant, avec l'Organe de
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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

règlement des différends (ORD) d'un arbitre chargé de gérer les conflits, ce qui diminue en principe la
prépondérance américaine.

Avant la fin de la deuxième guerre mondiale, les gouvernements alliés s'entendent sur les principes
d'une coopération devant régir les relations commerciales et monétaires lorsque la paix sera revenue,
tirant les leçons de la montée du protectionnisme des années 1930. Sous l'égide du GATT, les pays
industrialisés vont se concerter pour mettre en œuvre plusieurs vagues de libéralisation. Ces rounds,
précédés d'âpres négociations, ont stimulé l'expansion du commerce mondial et contribué à accélérer la
croissance économique.

Pourtant, il reste encore beaucoup à faire. Si l'on en croit les estimations de l'Organisation de
Coopération et de Développement Economique (OCDE) 3, la suppression de tous les droits sur le
commerce de marchandises et une diminution des coûts commerciaux de 1% de la valeur du commerce
mondial amélioreraient de plus de 170 milliards de dollars par an le bien-être au niveau mondial. Ces
gains donneraient une impulsion à toutes les régions du monde, majorant de pas moins de 2% le produit
intérieur brut (PIB) annuel actuel des pays les moins développées.

L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) est née en janvier 1995, après le cycle dit de l'Uruguay, au
lendemain des accords de Marrakech. Elle a pour mission d'assurer des échanges mondiaux plus
nombreux et plus loyaux ; la philosophie attachée au GATT est inchangée, mais les méthodes ne sont
plus tout à fait les mêmes et les secteurs concernés par les négociations non plus.
Le GATT a toujours suscité des critiques, comme toutes les "success story", mais l'OMC se voit depuis
quelques années (et en particulier depuis l'échec du sommet de Seattle en 1999) remise en cause dans
son utilité même.

1.1.3. Les différents cycles de négociation


Depuis l’entrée en vigueur du GATT jusqu’au cycle de l’Uruguay, huit grands cycles de négociations ont
été menés. Le Tableau 1 en retrace les domaines couverts, le nombre de pays participants ainsi que
l’issue des négociations.

Tableau 1 – Cycles de négociations du GATT (1947-1994)


Année Lieu/Appellation Domaines couverts Nombre de Issue des négociations
Pays
participants
1947 Genève Droits de douane 23 104 accords de réduction
des droits de douane
1949 Annecy Droits de douane 13 147 accords de réduction
des droits de douane
1951 Torquay Droits de douane 38 réduction des droits de
douane de 25% par
rapport au niveau de

3
L’OCDE est née en 1960 lorsque 18 pays Européens, les Etats-Unis et le Canada ont uni leurs forces pour fonder
une organisation vouée au développement économique. Actuellement, cette organisation compte trente-cinq pays
membres. Pour plus de détails, visitez le lien suivant : www.ocde.org

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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

1948, une centaine


d'accords (la RFA fait
partie de la négociation).
1956 Genève Droits de douane 26 réduction des droits de
douane; environ 60
nouvelles concessions
tarifaires; le Japon a
accédé au GATT en 1955.
1960- Genève (Dillon Droits de douane 26 49 accords bilatéraux de
1961 Round) réduction des droits de
douane
(notamment entre la CEE
et ses partenaires).
1964- Genève (Kennedy Droits de douane et 62 réduction des droits de
1967 Round) mesure antidumping douane de 35% ; mesures
anti-dumping ;
mécanismes préférentiels
jugés insuffisants par les
pays en développement.
1973- Genève (Tokyo Droits de douane, 102 réduction des protections
1979 Round) mesures non tarifaires tarifaires de 34% ; mesures
et « accord-cadres » non tarifaires ;
mise au point des codes
anti-dumping.
1986- Genève (Uruguay Droits de douane, 123 réduction des droits de
1994 Round) mesures non tarifaires, douane ; mesures non
règles, services, tarifaires ;
propriété agriculture, services, droits
intellectuelle, de propriété intellectuelle,
règlement des préférences commerciales
différends, textiles, pour les pays en
agriculture, développement
établissement de
l’OMC
Source : OMC citée par Bécuwe (2006)

1.1.4. Du GATT à l'OMC

Le GATT a été créé en 1947, lors du sommet de Genève, par 23 pays. Une naissance douloureuse, qui
fait suite à l'échec de la charte de La Havane (1945), non ratifiée par les Etats-Unis. L'accord du GATT est
entré en vigueur au début de 1948 avec pour objectifs, d'une part, l'abolition des contingentements,
c'est-à-dire l'abolition des quantités maximales qui peuvent être importées ou exportées au cours d'une
période donnée, ou quotas, et, d'autre part, la diminution des droits de douane, ou tarifs, entre les
parties signataires.

Par ailleurs, l'accord devait également permettre aux Etats de se consulter sur les problèmes d'ordre
commerciaux. De fait, le GATT est surtout connu pour l'organisation d'une série de négociations
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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

commerciales multilatérales. Le cadre multilatéral est généralement considéré comme favorable aux
petits pays et aux nations moins développées car il permet d'éviter pour partie les face-à-face bilatéraux
où les rapports de force jouent pleinement ; c'est pourquoi les critiques qui veulent faire croire que le
GATT puis l'OMC sont des jouets aux mains de Washington ont des bases très fragiles.

De 1947 à 1994, le bilan est plutôt positif en ce qui concerne la diminution des droits de douane sur les
produits industriels, mais négatifs pour les produits agricoles. Les services ne rentraient pas dans le
champ de compétence du GATT; il est vrai qu'ils faisaient (à l'époque) bien moins souvent l'objet d'un
commerce entre nations.

1.1.5. L’OMC

Une réforme du GATT s'est révélée nécessaire devant les changements du commerce international
(importance des services, participation accrue des pays émergents) et le besoin de plus en plus pressant
d'une autorité arbitrale. Le 15 avril 1994, à Marrakech, a été signée par les 125 ministres des pays
intéressés la création de l'OMC. Alors que le GATT avait un caractère provisoire (c'est la raison pour
laquelle il n'est pas doté d'une vaste administration comparable à la Banque mondiale, au FMI ou à
l'OCDE), l'OMC et les accords qui en relèvent sont permanents. On parle de "pays membres" pour l'OMC
alors que le GATT ne reposait que sur des "parties contractantes", ce qui prouve que le GATT n'était
guère plus qu'un nœud de contrats et de compromis : à peine 500 permanents, soit 5 fois moins que le
FMI et environ 20 fois moins que la Banque mondiale. En plus du commerce des biens, l'OMC s'intéresse
aux services et à la propriété intellectuelle.

L'OMC est véritablement née le 1er janvier 1995 et elle siége à Genève. Elle est le seul organisme
international qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Les accords de l'OMC
occupent une place centrale et constituent les règles juridiques de base pour le commerce international
et la politique commerciale. Ils poursuivent deux objectifs principaux :

(1). Favoriser autant que possible la liberté des échanges et poursuivre progressivement la libéralisation
par voie de négociation (… to ensure that trade flows as smoothly, predictably and freely as possible)

(2). Instituer un moyen impartial de règlement des différends.

C'est sur ce dernier point qu'il y a une grande innovation par rapport à au GATT. L'OMC a mis en place
une nouvelle procédure de règlement des différends, administrée par "l'Organe de règlement des
différends" (ORD), qui connaît un succès dépassant toutes les attentes.
L'OMC regroupe 148 pays membres en octobre 2004 : la Chine a adhéré et la Russie devrait entrer
prochainement. On est loin des 23 participants à l'origine du GATT, on se rapproche d'une organisation
universelle (l'OMC comme "ONU du commerce"). Les contributions des membres au budget de l'OMC
sont fixées en fonction du poids de chaque membre dans le commerce international des marchandises,
des services et des droits de propriété intellectuelle pour les trois dernières années.

1.2.L'Organisation Mondiale du Commerce au début du XXIème siècle

1.2.1. Les limites actuelles de l'OMC

a) La multiplication des accords régionaux


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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Les accords régionaux risquent de gêner les échanges avec les pays situés en dehors de la région et de
faire obstacle à une plus grande ouverture des marchés, en limitant en définitive les perspectives de
croissance de chacun. Les accords commerciaux régionaux préférentiels représentent déjà la moitié des
échanges mondiaux, et cette part ne fait qu'augmenter. De plus, on observe un retour du bilatéralisme
depuis 2001. Enfin, l'essentiel du commerce international est aujourd'hui intra-firme. Seules les
barrières tarifaires et non tarifaires d'origine étatique ont jusqu'à présent retenu l'attention des
négociateurs, mais avec l'intégration croissante des marchés les entraves aux échanges pourraient
résulter de plus en plus des pratiques des entreprises, éventuellement couvertes par les Etats (Chaebols
coréens…). Or l'OMC n'est pas mandatée pour prendre en charge la question de la concurrence au
niveau international ; le thème fait l'objet de discussions au sein de l'organisation, et, parfois, des
décisions informelles sont prises, mais c'est tout.

b) L'incertitude sur le rôle effectif du GATT dans la croissance des échanges mondiaux

L'économiste Andrew Rose a osé poser une question tabou : "Savons-nous vraiment si l'OMC contribue
réellement à dynamiser les échanges commerciaux ?". A cette question, la réponse communément
admise (par les pro-OMC comme par les anti-OMC) est : oui, bien entendu. Mais, selon Rose, "alors que
les théories et les déclarations fortes abondent, il n'y a pas, à ma connaissance, de preuve empirique
irréfutable selon laquelle l'OMC et son prédécesseur le Gatt ont encouragé le commerce". Cet auteur a
étudié à la loupe quel était l'effet de l'appartenance à l'OMC ou au Gatt sur plus de170 pays au cours de
ces 50 dernières années. Il a d'abord comparé la situation de chaque pays avant et après son entrée
dans le GATT ou l'OMC. Puis, après avoir tenu compte des facteurs géographiques ou historiques ayant
des effets sur l'ouverture commerciale, il a examiné si l'appartenance à ces organisations donnait un
"petit plus" en matière d'échanges. Résultat : rien. "En réalité, on ne devrait pas être surpris par ces
résultats pour deux raisons. La première, c'est que le GATT prévoit explicitement que tous les pays en
développement doivent bénéficier d'un traitement différencié". Ils ont le droit de garder des barrières
commerciales, et ne s'en privent pas. "En second lieu, les pays non membres ont souvent droit à des
traitements très favorables". C'est le cas, par exemple, de la Russie, de l'Arabie Saoudite ou, avant 2000,
de la Chine. Les Etats-Unis, le Japon ou l'UE sont juridiquement autorisés à avoir des barrières tarifaires
avec ces pays. Mais, en pratique, ils étendent la "clause de la nation la plus favorisée" (c'est-à-dire les
meilleurs tarifs commerciaux) à presque tous les pays du monde, membres ou non de l'OMC. "On trouve
donc aujourd'hui à la fois des pays non membres qui, comme la Russie, ont droit aux meilleurs tarifs, et
des pays membres, en Afrique ou au Moyen-Orient, qui ont des barrières élevées tout à fait légales".

Par ailleurs, les pays en développement qui ont libéralisé leur commerce l'ont fait unilatéralement, pour
des raisons qui leur sont propres. C'est le cas du Mexique : après son entrée au GATT, en 1986, le taux
des importations taxées est passé en cinq ans de 6,4% à 7,1%. Ce n'est que dix ans plus tard, après
l'accord de libre-échange en Amérique du Nord (ALENA), que les droits de douane sont tombés.

Les responsables de l'OMC n'ont pas bien réagi à l'étude de Rose, on s'en serait douté ; «Ils la détestent,
Les responsables de l'OMC n'ont pas bien réagi à l'étude de Rose, on s'en serait douté ; «Ils la détestent,
commente-t-il. Mais, s'ils pensent que je me trompe, ils n'en ont pas donné les raisons !"

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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

1.3.Quelles perspectives ?

Depuis l'échec de Seattle (1999), les perspectives sont nettement moins ambitieuses que par le passé :
de même qu'il existe une "fatigue de l'ajustement structurel", il existe depuis quelques années une
fatigue de la négociation commerciale multilatérale. L'OMC s'intéresse de plus en plus à des secteurs et
à des intérêts qui ont su esquiver toutes les vagues de libéralisation depuis un demi-siècle et qui sont
dotés de ressources importantes pour protéger leurs rentes. Et plusieurs grands pays n'accordent plus à
la libéralisation des échanges une grande attention ; par exemple, le Farm Bill américain (2002) marque
le revirement des pays du Nord en faveur d'un soutien interne important à l'agriculture, en opposition
totale avec l'argumentaire avancé depuis des années sur l'impact déstabilisant pour les marchés
mondiaux de telles politiques.

Le Programme de Doha pour le développement, adopté en novembre 2001, constitue une feuille de
route pour les négociations en cours ; l'agenda demande une amélioration sensible de l'accès aux
marchés, en particulier pour les pays en développement. Il prévoie des négociations sur le retrait
progressif des politiques de distorsion dans l'agriculture. Mais les progrès sur ce dossier risquent fort de
rester limités. L'amélioration de l'accès au marché pourrait, dans le domaine agricole et industriel,
constituer la principale avancée du nouveau cycle. Bien que les niveaux moyens de protection soient
aujourd'hui relativement faibles, l'existence de pics tarifaires crée toujours de fortes distorsions ; il y a là
un chantier important à l'avenir.

1.4.Conclusion

M. Tran van Thinh, chef de la délégation de la Commission européenne à Genève, a affirmé que "le
GATT a été conçu à un moment où le commerce opérait à la vitesse des bateaux à vapeur ; aujourd'hui,
il va à une vitesse supersonique". La création de l'OMC était donc une nécessité. Aujourd'hui, elle est à
la fois victime de son succès (afflux de recours en direction de l'ORD qui fait figure de tribunal impartial,
protestations des alter-mondialistes…) et comme impuissante à dynamiser le nouveau cycle de
négociations devant des membres de plus en plus hétérogènes et (semble-t-il) de plus en plus réticents
à faire de nouveaux pas en direction du libre-échange (en particulier sur la question agricole), du moins
dans un cadre multilatéral.

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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Chapitre 2 – Politiques commerciales en concurrence pure et parfaite

2.1. Introduction

Dans un souci de protéger les marchés locaux contre une concurrence internationale, de stimuler les
exportations ou d’augmenter les recettes publiques, les gouvernements mettent en place des outils
variés de politique commerciale. Les outils utilisés à cet effet peuvent être rangés en trois principales
catégories. La catégorie la plus dominante et la plus visible est constituée d’interventions commerciales
directes à savoir les droits de douane, les subventions et les quotas sur les importations et les
exportations. La catégorie qui vient en deuxième position est constituée de programmes nationaux
spécifiques aux produits (agricoles et alimentaires, etc.). Au Burundi les pouvoirs publics interviennent
dans la fixation du prix de quelques produits sensibles (les produits BRARUDI, le sucre, le carburant,
etc.). Les programmes nationaux se rapportent souvent aux prix planchers (ou minima) ou prix plafonds
(maxima). La troisième catégorie est constituée de politiques macroéconomiques telles que les taux
d’intérêt et les taux de change.

Tous les outils ci-haut épinglés ont un impact sur la formation des prix. Ils dénaturent ainsi le processus
normal de détermination par le libre jeu de confrontation de l’offre et de la demande. C’est ce choc sur
la détermination des prix qui est appelée « distorsion sur les prix ». Bien que tous ces outils et, en
particulier les programmes nationaux spécifiques aux produits, aient un impact de distorsion des prix, ce
chapitre se limite au rôle des interventions directes commerciales. Nous passons ainsi successivement
en revue l’impact des droits de douane sur les importations et les exportations et ce, à plusieurs
niveaux : (i) en termes de prix internationaux, (ii) la consommation, (iii) la production, (iv) les échanges,
(v) les recettes publiques ainsi que (vi) le bien-être économique.

Avant de passer à cette analyse proprement dite, nous tenons à mettre en relief les mises au point
suivantes. Primo, pour des raisons de simplicité, nous considérons le seul marché du bien concerné par
les interventions commerciales. C’est ce qu’on appelle analyse en équilibre partiel. Les effets de
substitution et de concurrence éventuelle entre plusieurs produits devraient être considérés mais
demandent des développements qui dépassent le cadre de ce cours. Secundo, l’analyse est aussi
statique dans la mesure où les effets et les mesures sont contemporains. Si par exemple, on s’intéressait
à l’impact des mesures commerciales à l’instant t+1 alors que les mesures ont été prises à l’instant t, on
serait en présence d’une analyse dynamique. Cette analyse statique en équilibre partiel permet
également une analyse du bien-être économique basé sur le concept du surplus du producteur et du
consommateur. Tertio, c’est également une analyse de court terme plutôt que de long terme.

2.2. Notion de surplus du producteur et du consommateur

L’analyse du bien-être économique est un outil classique permettant de visualiser et de comparer les
coûts et les bénéfices auxquels font face les producteurs et les consommateurs. Dans les lignes qui
suivent nous définissons le surplus du producteur et celui du consommateur avant d’en faire une
visualisation graphique.

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Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Concrètement, le surplus du consommateur correspond à l’excédent de prix que le consommateur est


disposé à payer pour chaque unité consommée par rapport au prix actuellement payé pour cette unité.
Ce surplus est mesuré par la surface en dessous de la courbe de demande D et située au-dessus de la
ligne des prix d’équilibre P*. Cette surface mesure le bien-être dans la mesure où, la courbe de demande
reflétant l’utilité marginale offerte par chaque unité du bien, elle (la surface) mesure donc la différence
entre la valeur monétaire de l’utilité totale et le coût requis pour accéder à cette utilité.

Du côté du producteur, le surplus du producteur est mesuré par la surface entre la courbe d’offre O et le
niveau des prix d’équilibre P*. C’est une mesure du bien-être étant donné que, la courbe d’offre reflète
le coût marginal de chaque unité du bien produit, la différence par rapport au prix est donc une
différence entre le revenu brut et le coût total des facteurs variables 4.

Le graphique 5.1 met en relief le surplus du producteur et celui du consommateur. C’est à cette analyse
graphique que nous ferons recours pour l’évaluation d’impact des distorsions découlant des politiques
agricoles et alimentaires adoptées aux frontières.

P Surplus du Consommateur O

P*

Surplus du producteur
D

Q* Q
Figure 2.1 – Surplus du producteur et surplus du consommateur

2.3. Les interventions commerciales directes en théorie

Les interventions commerciales directes incluent les mesures tarifaires et les mesures non-tarifaires. Les
mesures tarifaires sont constituées de taxes ou droits de douane spécifiques et ad-valorem. Un droit de
douane est dit spécifique si elle est constituée d’une somme d’argent fixe prélevée sur une quantité
physique du produit. Par exemple, un prélèvement de 1000Fbu par sac de 100kg de manioc importé est

4
C’est ce que Sadoulet et de Janvry (1995) appellent la rente des facteurs fixes. Si par exemple la terre
est le seul facteur fixe, et qu’il y a une substitution imparfaite entre la terre et les facteurs variables et que
ces derniers sont infiniment élastiques vis-à-vis de l’offre, le surplus du producteur devient la rente
foncière.
11
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

une taxe spécifique. Par contre, quand un pourcentage fixe de la valeur des biens. Par exemple, un pays
donné peut appliquer un droit de douane de 10% sur la valeur du riz importé. Si le riz importé est de 20
tonnes ayant une valeur douanière de 40.000.000 Fbu. Le montant de la taxe douanière est de
4.000.000Fbu.

Les droits de douane ad valorem fournit un niveau constant de protection des produits locaux en termes
d’inflation comparativement aux droits de douane spécifiques. Cependant, ces droits de douane ad
valorem sont moins faciles à appliquer et à administrer parce qu’ils requièrent l’évaluation du prix du
bien par l’autorité compétente. Cette évaluation peut se faire sur base des prix Franco à Bord (FOB)
comme c’est le cas des Etats Unis et du Canada ou des prix Coûts, Assurance et Fret (CAF) comme c’est
le cas de la plupart des pays européens.

L’analyse du droit de douane et de ses effets économiques est un préalable à l’analyse des autres
instruments de politique commerciale.

2.3.1 Droit de douane spécifique et droit de douane ad valorem

On distingue le droit de douane spécifique et le droit de douane ad valorem ou en pourcentage.

1) Droit de douane spécifique

Le droit de douane spécifique est le prélèvement sur la valeur C.A.F. d'une taxe fixe t' par unité
importée. Le prix intérieur du bien importé est alors P*+t'. Les droits spécifiques sont beaucoup plus
rares que les droits ad valorem. Par exemple, certains jus d'orange sont taxés aux Etats-Unis depuis
1940 d'un droit de 35 cents par gallon 5. Contrairement aux droits ad valorem, le niveau de protection
offert par cette forme de droit de douane varie avec le prix mondial : à la baisse lorsque le prix mondial
augmente, à la hausse lorsque le prix mondial baisse.

Le droit de douane spécifique est exprimé en valeur absolue et ne varie pas quand le prix du produit
varie. Par exemple, si un droit de douane spécifique de 2 euro par unité est prélevé sur un produit qui
entre dans l’UE à 27 au titre du Tarif Extérieur Commun (TEC), ce chiffre ne changera pas si le prix du
produit augmente ou diminue. Le tableau ci-après donne l’exemple d’un droit de douane spécifique de 2
euros par unité. Dans l’exemple du tableau 2.1, le prix du produit (sa valeur en douane pour être précis)
varie de 4 à 19 euros (première colonne).

Le droit spécifique de 2 euros s’applique quel que soit la valeur en douane. La troisième colonne du
tableau montre comment évolue le prix du produit après imposition du droit spécifique et la quatrième
colonne indique ce que le droit spécifique représente en % de la valeur en douane. On voit que :

• Lorsque le prix du produit augmente, le montant prélevé n’augmente pas, ce qui fait que le prix après
imposition du droit spécifique est toujours supérieur de 2 euros à la valeur en douane quelle que soit
celle-ci.
• Lorsque le prix du produit augmente, le droit spécifique exprimé en pourcentage de la valeur en
douane diminue sans cesse (de 50% à 10%).

5
Un gallon est une unité du système métrique anglo-saxon qui équivaut à peu près à 4,5 litres pour le système
impérial (Grande-Bretagne) et 3,785 litres pour le système américain.
12
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Le droit de douane ad valorem est le prélèvement, lors du passage à la frontière d'une marchandise,
d'un taux fixe en % sur la valeur C.A.F. (coût-assurance-fret) du montant importé. Soit t le taux ad
valorem du droit et P* le prix mondial unitaire C.A.F., le prix intérieur du bien importé est alors
P*.(1+t). Cette forme de droit de douane est très répandue dans le monde en dépit des
négociations internationales qui ont contribué depuis plus de cinquante ans à une forte réduction
des taux. La particularité du droit de douane ad valorem est d'offrir un niveau de protection insensible
aux variations du prix mondial du produit taxé.

Le droit de douane ad valorem est exprimé en pourcentage. Par exemple, dans le tableau, un droit de
douane ad valorem de 20% est appliqué à la valeur en douane. Le pourcentage reste constant quelle
que soit la valeur en douane. La colonne 6 montre comment évolue le montant du droit prélevé à
mesure que la valeur en douane augmente. La dernière colonne indique comment évolue le prix du
produit après imposition du droit de douane. On voit que :
• Lorsque le prix du produit augmente, le montant prélevé augmente.
• Lorsque la valeur en douane augmente, l’écart entre le prix après imposition et la valeur en douane ne
cesse d’augmenter.

Tableau 2.1 – Comparaison des droits de douane spécifique et ad valorem

2.3.2. Mesures non tarifaires

13
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Les mesures non tarifaires peuvent prendre plusieurs formes variées mais leur rôle s’apparente à celui
des subventions et quotas. Les retards non officiels dans l’octroi des permis d’importations et
d’exportations par exemple ont un effet comparable à celui des quotas (limitations quantitatives). Les
exigences excessives d’emballages et les coûts de livraison excessifs se comportent comme des droits de
douane. Les concessions de crédit fournies acheteurs étrangers se comportent comme des subventions
agricoles. Très récemment, Nimenya et al. (2012) montrent que les mesures non tarifaires incluant les
exigences techniques et les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) peuvent être converties en
équivalents tarifaires ayant le même impact que l’ensemble des mesures non tarifaires incriminées.

L’objectif de ce chapitre est d’illustrer de façon conceptuelle les effets de ces interventions directes
commerciales sur les prix internationaux et locaux, la production locale et étrangère, la consommation,
les échanges et les recettes publiques. Etant donné que ces effets dépendent fortement de la taille
relative du pays qui ne renvoie en aucun cas à sa superficie géographique ou à sa production agrégée
mais plutôt à son poids dans les échanges internationaux (c’est-à-dire que ses interventions sont de
nature à affecter les prix internationaux), nous considérons le cas d’un grand pays. Un pays tombe dans
la catégorie des petits pays si la demande de ses exportations ou l’offre de ses importations est
parfaitement élastique. Un pays est rangé dans la catégorie des grands pays si ces variables ne sont ni
parfaitement élastiques ni parfaitement inélastiques. Enfin, un pays sera appelé très-grand pays si les
deux variables sont parfaitement inélastiques.

2.4. Interventions menées par les pays importateurs

2.4.1. Droits de douane à l’importation

a) Cas d’un grand pays

La figure 2.1 représente un marché du point de vue de deux pays h et f. Le graphique de gauche
représente le point de vue d’une économie domestique (pays h) et le graphique de droite représente le
« reste du monde » ramené à un seul pays pour simplifier, ici appelé « pays h ».

Le graphique du milieu représente le marché des échanges entre les deux pays. La demande
d’importations pour le pays h est la différence entre sa demande locale (D) et son offre locale (O), soit D-
O et ce à tous les prix possibles. De cette différence est extraite la courbe de la demande excédentaire.
L’offre à l’exportation du pays f est le montant par lequel l’offre étrangère (celle du pays f) excède sa
demande (O*-D*) à tous les prix possibles. De cette différence est extraite la courbe d’offre à
l’exportation.

Lorsque le prix est égal à Pf, l’offre et la demande sont équilibrées dans le pays h et il n’y a pas besoin
d’importer. En revanche, dans le pays f, l’offre est supérieure à la demande. La distance en pointillés
verts correspond à ce que le pays f est prêt à exporter (son excès d’offre au prix Pf). Comme le prix est
trop élevé pour absorber les exportations potentielles de f, il y a une pression à la baisse (flèche rouge
de la Figure 2.1).

14
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Figure 2.1 – Excès d’offre à l’exportation dans le pays f

Lorsque le prix est égal à Ph, il y a un excès de demande sur le marché du pays h et donc celui-ci est
disposé à importer une quantité égale à la distance en pointillés verts. Cependant, à ce prix, le marché
du pays f est équilibré et il n’y a pas d’exportations disponibles pour satisfaire la demande
d’importations de h. Comme le prix est trop bas pour satisfaire la demande d’importations de h, il y a
une pression à la hausse (flèche rouge de la Figure 2.2).

Figure 2.2 – Excès de demande d’importation dans le Pays h

15
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Finalement, au terme d’un processus de tâtonnement walrasien, le prix va s’établir au niveau P m. En


effet, à ce prix, la demande d’importations de h est égale à l’offre d’exportations de f. En d’autres
termes, la demande excédentaire de h est comblée par l’offre excédentaire de f (Figure 2.3).

Figure 2.3 – Equilibre de libre echange

b) Effets du droit de douane sur le prix et les quantités échangées

Supposons maintenant que le pays h instaure un droit de douane spécifique représenté par T (Figure
2.4). En l’absence du droit de douane, les importations et les exportations s’équilibreraient au prix Pm
au point 1 d’intersection entre la demande d’importation et l’offre d’exportation.

Figure 2.4 – Effets d’un droit de douane sur le prix et les quantités échangées
16
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Cependant, du fait de l’existence d’un droit de douane T, le prix qui équilibre l’offre d’exportation et la
demande d’importation va changer. Une partie du droit de douane va être absorbée par les
exportateurs du pays f sous forme d’une baisse de leur prix avant droit de douane et l’autre partie se
reflètera par un prix plus élevé dans le pays h. Les expressions « prix plus élevé » et « prix moins élevé »
sont relatives au prix qui aurait prévalu en libre échange, soit Pm. Pour comprendre ce mécanisme, on
peut se référer à l’effet d’une taxe intérieure sur le prix d’un bien. Pour amortir l’effet de la taxe sur
leurs ventes les producteurs vont consentir une baisse de leur prix. En d’autres termes, le « fardeau » du
droit de douane va être supporté en partie par les exportateurs et en partie par les importateurs. La
répartition exacte dépend des conditions spécifiques du marché (ces conditions sont traduites dans les
équations des courbes d’offre et de demande).

En définitive, le droit de douane entraîne une distorsion : le prix du produit en h devient supérieur au
prix du produit en f. Cette distorsion est égale au montant du droit spécifique, T. Le mécanisme est le
suivant : la nouvelle demande d’importations émanant de h est plus faible du fait de la hausse des prix
liée au droit de douane. La production intérieure de h augmente et parallèlement la demande
intérieure de h baisse (ceci peut se vérifier sur la Figure 2.4). Ces deux effets se conjuguent pour réduire
les quantités importées qui passent de Mm à M T (MT < Mm).

Parallèlement, le prix ayant baissé en f, la demande intérieure a augmenté et en même temps l’offre a
baissé. Il s’ensuit une réduction des quantités exportées. Un équilibre est atteint lorsque l’offre
excédentaire de f a suffisamment baissé (point 3) pour être juste égale à la demande excédentaire de
h (point 2). C’est ce nouvel équilibre qui est illustré sur la Figure 1.4. Ainsi, le droit de douane exerce
bien un effet protecteur sur l’industrie domestique en réduisant les quantités importées et en
augmentant les quantités produites localement.

c) Effet du droit de douane sur le bien-être dans le pays importateur

La figure 2.5 illustre l’effet global du droit de douane sur le « bien-être » du pays h. Comme le prix passe
de Pm à PT, la quantité offerte par les producteurs domestiques augmente: de O m à OT. Quant à la
quantité demandée par les consommateurs du pays h, elle diminue : de D m à DT.

17
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

.
Figure 2.5 – Effets d’un droit de douane sur le bien-etre dans le pays importateur

La Figure 2.6 illustre l’effet net du droit de douane sur le « bien-être » du p ays h. Comme le pr i x passe
de Pm à PT, la quantité offerte par les producteurs domestiques augmente : de Om à OT. Quant à la
quantité demandée par les consommateurs du pays h, elle diminue : de Dm à DT.

Du fait de la variation du prix, nous constatons que:

• le surplus du consommateur baisse de la surface a+b+c+d


• le surplus du producteur augmente de la surface a
• le montant du droit de douane est donné par la surface c+e (puisque le droit de douane est égal à P T-
P*T

18
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Figure 2.6 – Effet net d’un droit de douane dans le pays importateur

Bien que cela soit contestable, on fait habituellement la somme des gains et des pertes de surplus afin
d’évaluer l’effet net du droit de douane sur le « bien-être » du pays. Cet effet net est donné par :

Baisse du surplus des consommateurs – hausse du surplus des producteurs – montant des droits de
douane
= (a+b+c+d) – a – (c+e) = (b+d) – e

C’est donc la comparaison des deux triangles b et d avec le « rectangle » e qui va déterminer si l’effet
net est une perte ou un gain. Sur le graphique de gauche de la Figure 2.6, il est évident que b+d < e.
Cependant, il est facile d’imaginer une situation inverse, comme celle décrite par le graphique de droite
ci-après, où la somme b+d est supérieure au rectangle e.

Les deux triangles b+d représentent la « perte d’efficience » qui résulte du fait que l’instauration d’un
droit de douane modifie artificiellement les incitations à consommer et à produire. Le rectangle e
représente le « gain des termes de l’échange » qui est dû au fait que l’instauration du droit de douane
oblige le pays exportateur à réduire son prix pour compenser partiellement le droit de douane.
Finalement, plus un pays est en mesure de peser sur le prix de son partenaire, plus il est probable que la
surface e l’emporte sur la somme des surfaces b+d. Cependant dans le cas dit du « petit pays », l’effet
net du droit de douane est nécessairement négatif, car la surface disparait (voir l’analyse ci-après).

Cas d’un petit pays

Un petit pays est défini par le fait qu’il n’est pas en mesure d’influencer le prix mondial. En d’autres
termes, le droit de douane qu’il instaure ne fait que s’ajouter au prix mondial, sans faire baisser ce
dernier. On a donc le graphique ci-après.

19
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Figure 2.7 – Effet d’un droit de douane imposé par un petit pays

Lorsque qu’un pays n’est pas en mesure de modifier les termes de l’échange en sa faveur par
l’instauration d’un droit de douane, il en résulte une perte nette de bien-être (la réduction du surplus du
consommateur l’emporte sur les gains conjugués des producteurs et du gouvernement). Cette perte
nette est représentée par les deux surfaces b et d.

2.4.2. Contingentements ou quotas

Le quota est une restriction quantitative sur les quantités importées, généralement renouvelée de
période en période. Ainsi un gouvernement pourra-t-il instaurer un quota de 100 000 voitures par an en
provenance d’un certain pays. Ce quota de 100 000 voitures sera réparti entre les titulaires de licences
d’importations selon diverses modalités. Il est important de souligner que l’instauration d’une
restriction quantitative aux importations ne fait pas que limiter les importations au montant défini. Cela
augmente aussi le prix intérieur du produit.

Le quota d'importation est une restriction directe sur la quantité d'un bien qui peut être importée. La
restriction est généralement mise en œuvre par l'octroi de licences à des entreprises locales
importatrices ou encore directement aux gouvernements des pays exportateurs. Le premier effet d'un
quota est d'augmenter le prix intérieur du produit importé, en raréfiant l'offre. Le prix intérieur
augmente du même montant qu'un droit de douane qui limite les importations au même niveau.
La différence entre un quota et un droit de douane est qu'avec un quota, le gouvernement du pays
importateur ne perçoit pas de recettes douanières. S'il accorde des licences d'importations, les recettes
20
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

vont en fait aux détenteurs de ces licences qui réalisent une rente de situation (rente de quota)
en vendant plus cher sur le marché intérieur des produits qu'ils ont obtenu à des prix mondiaux
inférieurs.

Si les détenteurs de ces licences sont des entreprises locales, l'effet du quota est exactement le même
que l'effet d'un droit de douane. Si ces détenteurs sont les gouvernements des pays exportateurs (cas
des importations de sucre aux Etats-Unis), la rente est transférée à l'étranger. Le coût du quota est alors
plus élevé que celui du droit de douane.

Le quota peut-être discriminatoire ; il ne concerne alors que les importations d'un pays ou d'un
groupe de pays. La gestion des quotas s'opère au moyen de licences, qui peuvent être attribuées selon
des modalités diverses : vente aux enchères, soit aux distributeurs locaux du produit importé, soit
directement à ses producteurs, règle du "premier arrivé, premier servi", etc...

En principe interdites par le GATT puis l'OMC, les barrières quantitatives tolérées restent
nombreuses grâce aux exceptions prévues (agriculture) et aux dérogations (Arrangement multifibres à
partir de 1974, qui limitent les exportations de textiles en provenance des pays en voie de
développement). Les quotas d'importation ont un caractère "officiel" car ils font l'objet de publications
(gestion par le GATT puis par l’OMC). Ils ne doivent pas être confondus avec les accords
d'autolimitation qui sont des arrangements bilatéraux en marge des accords internationaux ou encore
des mesures de protection unilatérales (contingentements). Une dérogation de 1955 permet aux Etats-
Unis de maintenir des contingents d'importation importants sur les produits agricoles. Le Japon en
applique aux produits de l'agriculture et de la pêche, aux chaussures, aux combustibles et à certains
produits chimiques et pharmaceutiques. Dans la CEE, la mise en place du Marché unique a conduit au
démantèlement et à la suppression des restrictions quantitatives nationales. D'une manière générale,
les quotas "officiels" sont en voie de régression et tendent à se concentrer sur certains secteurs.
L'acte final de l'Uruguay Round prévoit par exemple le démantèlement, étalé sur dix ans, de
l'accord multifibres.

Dans le graphique qui suit, on s’en tient à l’analyse du « petit pays », mais, par transposition, on peut
voir que le raisonnement est analogue à celui développé par l’analyse du droit de douane et, par
conséquent, de l’étendre ensuite au cas du pays qui, par l’importance de son quota, est en mesure de
modifier les termes de l’échange en sa faveur.

21
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Figure 2.8 – Effets d’un quota sur les echanges dans un petit pays

L’instauration d’une restriction quantitative signifie que le pays peut ajouter à son offre intérieure
(courbe O) une quantité fixe qui déplace en fait la courbe d’offre vers la droite. La courbe désignée par
O+quota représente en fait l’offre totale. L’intersection avec la demande intérieure se fait au point EQ.
Il en résulte un montant d’importations évidemment égales au contingent fixé. Mais le prix, au lieu
d’être égal à Pm, est maintenant égal à PQ. On a donc un effet strictement équivalent à celui d’un droit
de douane spécifique d’un montant égal à {PQ - Pm}.

La figure 2.9 montre que les effets d’un droit de douane et d’un quota sont les mêmes pour le cas d’un
grand pays.

Considérons la Figure 2.9 qui montre les échanges entre un pays A importateur et le Reste du Monde
(the Rest of the World : ROW) pris pour une entité agrégée. La demande d’importations pour le pays A
est la différence entre son offre locale et sa demande locale (d-s) à tous les prix possibles. De cette
différence est extraite la courbe de la demande excédentaire ED. L’offre du ROW des importations de A
est le montant par lequel l’offre étrangère (celle du ROW) excède sa demande (S-D) à tous les prix
possibles. De cette différence est extraite la courbe d’offre excédentaire ES. La demande et l’offre
d’importations se croisent au prix d’équilibre Pw où qe est la quantité importée par A et exportée par le
ROW. En soustrayant du prix les coûts de transport nécessaires pour la livraison des biens entre le pays
22
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

exportateur et le pays importateur, nous obtenons un prix d’équilibre qui prévaut aussi bien sur le
marché local que sur les marchés extérieurs en l’absence d’interventions commerciales.
A ce prix d’équilibre Pw = Pd où Pw est le prix mondial et Pd le prix local, les quantités consommée et
produite sur le marché local sont qc et qp pendant que les quantités consommée et offerte sur dans le
reste du monde (ROW) sont respectivement Qc et Qp.

Un droit de douane cause une modification de la courbe de demande excédentaire du pays de ED à ED’ ;
la distance verticale entre les deux étant le niveau du droit de douane. La modification dans la courbe
de demande excédentaire se fait de façon parallèle pour un droit de douane spécifique pendant qu’elle
diverge de son ancienne direction pour un droit de douane ad valorem. Dans le cas d’un grand pays, la
courbe d’offre excédentaire ES a une allure croissante ; ainsi la nouvelle courbe de demande
excédentaire ED’ fait baisser le prix mondial à Pw’. Les producteurs et les consommateurs dans le pays A
font face un prix local élevé Pd’. La quantité produite dans A augmente de qp à qp’ pendant que la
quantité consommée chute de qc à qc’. L’inverse se produit dans le ROW : les producteurs et les
consommateurs font face à des prix plus bas Pw’. La quantité produite dans ROW diminue de Qp à Qp’
pendant que la quantité consommée augmente de Qc à Qc’. Conséquemment, la quantité échangée
entre ROW et A chute de qe à qe’.

Figure 2.9 – Effets d’un droit de douane et d’un quota sur  les importations

A ce prix d’équilibre Pw = Pd où Pw est le prix mondial et Pd le prix local, les quantités consommée et
produite sur le marché local sont qc et qp pendant que les quantités consommée et offerte sur dans le
reste du monde (ROW) sont respectivement Qc et Qp.

Un droit de douane cause une modification de la courbe de demande excédentaire du pays de ED à ED’ ;
la distance verticale entre les deux étant le niveau du droit de douane. La modification dans la courbe
de demande excédentaire se fait de façon parallèle pour un droit de douane spécifique pendant qu’elle
diverge de son ancienne direction pour un droit de douane ad valorem. Dans le cas d’un grand pays, la
courbe d’offre excédentaire ES a une allure croissante ; ainsi la nouvelle courbe de demande
excédentaire ED’ fait baisser le prix mondial à Pw’. Les producteurs et les consommateurs dans le pays A
23
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

font face un prix local élevé Pd’. La quantité produite dans A augmente de qp à qp’ pendant que la
quantité consommée chute de qc à qc’. L’inverse se produit dans le ROW : les producteurs et les
consommateurs font face à des prix plus bas Pw’. La quantité produite dans ROW diminue de Qp à Qp’
pendant que la quantité consommée augmente de Qc à Qc’. Conséquemment, la quantité échangée
entre ROW et A chute de qe à qe’.

Les modifications dans le bien-être économique tributaires de l’imposition d’un droit de douane
comparativement à une économie ouverte sont extraites de la Figure 2.9 et peuvent être résumées
comme suit :

Table 2.2 – Effets d’une taxe à l’importation sur le bien-être économique


Variation Importateur A ROW

Surplus du consommateur -a-b-c-d 1


Surplus du producteur a -1-2-3-4
Recettes publiques c+e
Bien-être national -b-d+e -2-3-4
Bien-être global -b-d-2-4
(A & ROW)

Les produits agricoles tels que les céréales en Afrique en général et le riz en Côte d’Ivoire en particulier,
ont été protégés à travers les droits de douane appliqués aux importations. Cette pratique commerciale
émanait de la volonté du gouvernement d’assurer la sécurité alimentaire. Le coût de cette politique est
d’une part la perte dans l’efficience étant donné que les droits de douane aux frontières protègent et
subsidient en quelque sorte le producteur le plus inefficient et d’autre part les enjeux re-distributifs au
détriment des consommateurs qui font face à des prix élevés.

Dans certains cas, les gouvernements des pays en développement ont poursuivi une politique de
sécurité alimentaire accessible à des prix cassés en faisant une subvention des importations pour le
compte des consommateurs. En dépit d’un gain en termes de surplus du consommateur, le pays
importateur perd en termes de revenu national (perte de surplus des producteurs et des recettes
publiques). C’est ce qui s’est passé au Burundi avec la mesure présidentielle de détaxation des
importations alimentaires. Bien évidemment, aucun analyste ne saura mettre en relief tous les effets liés
à cette mesure sans passer par des modèles d’équilibre général. Dans l’analyse en équilibre partiel, on
sait uniquement se prononcer sur une chute des recettes publiques ainsi qu’une perte du bien-être des
producteurs. Pour limiter ces pertes, certains ont souvent combiné une subvention à la consommation
avec une taxe à l’exportation au coût d’une grande distorsion des prix (Sadoulet et de Janvry, 2003).

24
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

b) Quota aux importations

Etant donné qu’un quota appliqué aux importations a les mêmes effets qu’une taxe aux importations,
considérons de nouveau la Figure 2.9 pour illustrer ses effets. Un quota q’e est imposé par les pouvoirs
publics aux importations du pays A. Cette mesure provoque une chute de la demande excédentaire de
ED à ED’. Globalement, les effets d’un quota ressemblent à ceux d’un droit de douane : (i) les prix sur le
marché intérieur montent, (ii) la production intérieure augmente, (iii) la consommation intérieure chute
pendant que (iv) les prix mondiaux et les importations chutent.

Les changements inhérents au quota qui interviennent dans le bien-être des différents agents
économiques comparativement à une économie ouverte se dégagent de nouveau à partir de la Figure
2.9.et peuvent être résumés comme suit (Tableau 2.3) ; :

Table 2.3 – Effets d’un quota aux importations sur le bien-être économique

Variation Importateur A ROW

Surplus du consommateur -a-b-c-d 1


Surplus du producteur a -1-2-3-4
Modification des revenus liés au c+e
quota
Bien-être national -b-d+e -2-3-4
Bien-être global -b-d-2-4
(A & ROW)

(c) Les restrictions volontaires aux exportations (RVE)

Les restrictions volontaires aux exportations (RVE) ou accords d'autolimitation est un quota sur les
importations administré par le pays exportateur au lieu de l'être par le pays importateur. Ces
restrictions sont généralement imposées sous la pression du pays importateur (ce qui suppose qu'il
dispose d'un poids économique suffisant pour pouvoir négocier) et le pays exportateur y consent pour
éviter d'autres formes de restrictions et pouvant conduire à une guerre commerciale. D'un point de vue
économique, leurs effets sont exactement semblables à ceux des quotas d'importation dont les licences
sont allouées à des gouvernements étrangers. Les restrictions volontaires se révèlent dès lors plus
coûteuses pour le pays importateur qu'un droit de douane qui limiterait les importations du même
montant.

Les RVE n’étaient pas réglementées par le GATT. De plus, leur statut de traité commercial négocié leur
permettait d'échapper à l'interdiction par le GATT des restrictions quantitatives, dans la mesure où ces
restrictions sont fondées sur une relation contractuelle tacite entre gouvernements et restent
"opaques". Ce vide juridique explique qu'elles se sont multipliées au cours des années 1980-90. Elles ont
surtout été utilisées par les régions à fort pouvoir de négociation, Etats-Unis et la CEE. Citons, à titre
d'exemple, l'accord conclu en 1981 entre les gouvernements américain et japonais destiné à limiter la
pénétration des voitures japonaises sur le marché américain à 1,68 millions de véhicules/an. Cet
25
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

accord, révisé en 1984-85 (1,85 millions) fut reconduit unilatéralement par le gouvernement japonais
pour éviter des frictions inutiles avec les groupes de pression américains.

2.4.3. Mesure du niveau de protection

L’indicateur du niveau de protection des producteurs induite par les instruments de politique
commerciale tels que les droits de douane est le Taux Effectif de Protection (TEP). Le taux effectif de
protection (TEP) d’un secteur est généralement défini comme étant :

Où est le droit de douane ad-valorem appliquée aux produits finis, le droit de douane ad-
valorem appliquée aux consommations intermédiaires (exemple les pièces servant au montage
automobile), le prix mondial du bien fini et le prix mondial des consommations intermédiaires.

Exemples :

- Soit un pays A qui veut protéger son usine automobile en pratiquant un droit de douane à
l’importation de 25% sur les véhicules importés. Sachant qu’un véhicule est vendu au prix
mondial de 8,000$US pendant que les pièces ayant servi à la fabrication de ce véhicule
comptent pour 6,000$US. Dans ces conditions les usines de montage automobiles dans  le pays
A pourront se permettre de vendre les véhicules au prix de 10,000$US (soit 8,000*1,25) au lieu
de 8,000$US seulement.

Les usines de montage bénéficient d’une protection qui n’est pas de seulement 25%. En effet, avant le
droit de douane le montage automobile pourrait se faire si son coût ne dépasse pas 2,000$US, soit la
différence entre la valeur du véhicule (8,000$US) moins les consommations intermédiaires (6,000$US).
Avec l’imposition du droit de douane, le montage peut toujours à condition qu’il ne dépasse 4,000$US,
soit la nouvelle valeur ajoutée (=10,000-6,000).

- Si le pays A encourage par contre la production locale des pièces automobiles en instaurant une
taxe à l’importation de ces pièces de 10%. Le coût des pièces passe ainsi de 6000 $US à
6600$US. S’il n’y a pas de taxation de véhicules importés, le TPE se situe à :

26
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

2.5. Les interventions menées par les pays exportateurs

Cas d’un grand pays

Les interventions commerciales menées par les pays exportateurs peuvent être analysées parallèlement
aux interventions commerciales des pays importateurs. Nous analysons dans cette section
successivement les effets d’une taxe à l’exportation incluant les effets d’une subvention à l’exportation
avant de passer aux effets d’un quota aux exportations.

2.5.1. Taxe et quota à l’exportation

Une taxe à l’exportation est un prélèvement effectué par un pays sur les biens exportés. Comme la taxe
à l’importation, la taxe à l’exportation peut être spécifique, ad valorem ou alors les deux. A l’instar de la
taxe à l’importation, cette intervention commerciale creuse un écart entre les prix mondiaux et
intérieurs. Avec une taxe à l’exportation, les prix intérieurs descendent en dessous des prix mondiaux.
C’est l’inverse de ce qui se produit avec la taxe à l’importation qui élève les prix intérieurs au-dessus des
prix mondiaux.

Avant la vague des programmes d’ajustement structurel dans les pays en développement, ces pays ont
toujours largement appliqué des taxes à l’exportation aux produits agricoles afin d’obtenir des recettes
en devises et d’augmenter les recettes publiques. Dans le cas particulier d’un petit pays, les taxes aux
exportations peuvent causer de sérieuses pertes sèches.

Considérons la Figure 2.10 où une imposition d’un taux de taxation spécifique modifie la courbe d’offre
excédentaire de ES à ES’ par une distance verticale t. Dans le cas d’un grand pays, la demande
excédentaire ED accuse une tendance baissière de façon qu’une faible offre à l’exportation à un prix
donné fait monter les prix mondiaux à Pw’.

Les producteurs et les consommateurs dans le pays A font face à un prix bas Pd’. La quantité produite
dans A chute de qp à qp’ pendant que la quantité consommée dans A augmente de qc à qc’. Les
producteurs et consommateurs dans ROW font face à un prix élevé Pw’. La quantité produite dans ROW
augmente de Qp à Qp’ pendant que la quantité consommée chute de Qc à Qc’ 6. Comme résultat, la
quantité échangée entre A et ROW chute de qe à qe’. Les changements de bien-être dus à cette mesure
commerciale sont dégagés de la Figure 2.10 et peuvent être résumés comme suit  (Tableau 2.4) :

6
L’ampleur de ces modifications dépend de l’élasticité prix de la demande et de l’offre dans A et dans ROW.
27
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Figure 2.10 – Les effets d’une taxe et d’un quota a l’exportation

Tableau 2.4 – Effets d’une taxe aux exportations sur le bien-être économique
Variation Exportateur A ROW

Surplus du consommateur a+b -1-2-3-4


Surplus du producteur -a-b-c-d-e 1
Recettes publiques d+f
Bien-être national -c-e+f -2-3-4
Bien-être global -c-e-2-4
(A & ROW)

b) Quota aux exportations

Dans la Figure 5.3 l’exportateur A impose un quota qe’ à ses exportations mondiales. Avec l’application
de ce quota, la nouvelle courbe d’offre excédentaire ES’ se situe en haut à gauche de l’ancienne courbe
d’offre ES. Le marché mondial trouve un nouvel équilibre là où la nouvelle courbe d’offre excédentaire
croise la courbe de demande excédentaire ED au prix mondial Pw’. A ce prix, une offre excédentaire
subsiste dans le pays A. Cet excédent est éliminé au prix local Pd’. Dès lors, tout comme une taxe aux

28
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

exportations, un quota aux exportations fait monter les prix mondiaux et fait baisser les prix intérieurs
et les échanges.

Les implications en termes de bien-être d’un quota aux exportations comparativement à une situation
d’économie ouverte sont dégagées de la Figure 5.3 et se présentent sous la même forme que celle
présentée au Tableau 5.3 sauf que les « recettes publiques » sont remplacées par « changement de
revenu lié au quota ».

2.5.2. Subvention à l’exportation

La subvention est une aide financière étatique à une industrie destinée à accroître sa production
locale (subvention à la production) ou à favoriser ses exportations en vendant à l'étranger à un prix
inférieur au prix national (subvention à l'exportation). Comme pour les droits de douane, la subvention
peut être ad valorem (% sur la valeur unitaire produite ou exportée au prix F.A.B., à l'intérieur de la
frontière), spécifique (montant en valeur par unité produite ou exportée) ou compensatrice (montant
variable égal à la différence entre le prix objectif et le prix mondial).

Contrairement aux droits de douane, acceptés et réglementés par les accords du GATT et par
l'OMC, les subventions sont jugées plus dangereuses et beaucoup moins tolérées. Les subventions à
l'exportation sont assimilées à du dumping (vente à perte) et sont interdites par l'OMC. Les
subventions à la production ont longtemps été négligées dans les accords internationaux, parce que
considérées comme des mesures de politique intérieure. A partir du Tokyo Round (1973-1979), un code
des subventions est établi. Actuellement l'OMC juge que toute intervention publique qui procure un
avantage à son bénéficiaire est assimilable à une subvention et peut autoriser les pays pénalisés
à instaurer des droits de douane compensatoires. Les effets sur les prix d'une subvention à l'exportation
sont exactement inverses de ceux d'un droit de douane.

Un exemple de subvention à l'exportation : la politique agricole commune (PAC) européenne a cherché


à garantir des prix élevés aux agriculteurs européens : la Communauté Economique Européenne
(CEE) achetait les produits agricoles chaque fois que les prix descendaient en-dessous d'un
certain seuil d'intervention. Afin d'empêcher que cette mesure provoque une hausse des
importations, elle fut complétée par des droits de douane qui compensaient la différence entre les prix
mondiaux et les prix CEE.

A partir de 1970, les prix d'intervention furent si élevés que l'Europe produisait beaucoup plus
qu'elle ne consommait, alors qu'en situation de libre-échange, elle aurait été importatrice nette
de produits agricoles. La CEE se tourna alors vers une politique de subvention à l'exportation destinée à
écouler sur les marchés étrangers ses excédents de production. Cette subvention compense la
différence entre les prix mondiaux et les prix européens.

Cependant, la hausse des exportations européennes qui en résulta tendait à déprimer le prix
mondial, accroissant davantage la subvention nécessaire. Une analyse coût-bénéfice montre clairement
que les coûts de cette politique pour les consommateurs et les Etats européens excédaient les gains
qu'en tiraient les agriculteurs. L'acte final du cycle de l'Uruguay Round n’a pas remis en cause la
PAC : la préférence communautaire subsiste; l'ouverture aux produits agricoles étrangers reste limitée;
enfin, la réduction des exportations subventionnées sera beaucoup plus progressive que ce prévoyait le

29
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

préaccord de Blair House de novembre 1992. Notons pour finir que l'agriculture a toujours constitué et
constitue encore une source de conflits internationaux et de "guerre" commerciale dans la mesure où
tous les pays industriels (Japon, Etats-Unis, Europe) soutiennent fortement leur agriculture

L’analyse de la subvention est strictement symétrique à celle du droit de douane. De même qu’un droit
de douane peut être spécifique ou ad valorem, une subvention peut être spécifique ou ad valorem.

a) Analyse graphique

Prenons l’exemple d’une subvention spécifique d’un montant S octroyée par unité exportée. Le
graphique ci-après illustre les effets d’une subvention spécifique dans le cas du « grand » pays.

En comparant avec le graphique des effets du droit de douane spécifique, on peut voir que les effets
sont strictement inverses. Au lieu de prélever un droit de douane spécifique T sur chaque unité
importée, on donne une subvention spécifique S pour chaque unité exportée.

Le prix du produit dans le pays exportateur passe alors de P m à PS. Cependant, dans la mesure où le pays
exportateur est un grand pays, la subvention exerce un effet dépressif sur le pays importateur où le prix
passe à P*S
.

Figure 2.11 – Effet d’une subvention sur le commerce

30
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Dans le pays exportateur :

• le surplus du consommateur diminue d’un montant égal la surface a+b.


• le surplus du producteur augmente d’un montant égal à la surface a+b+c
• le gouvernement perd le montant de la subvention (surface b+c+d + e + f + g)

Le bilan est donc une perte nette de : (a+b+c) – ( a+b) – ( b+c+d+e+f+g) = -(b+d+e+f+g) . La somme des
surfaces b+d représente les pertes d’efficience La somme e+f+g est une sorte de don au pays
importateur. Pour le pays qui subventionne ses exportations, le coût net est positif. Pour le pays
importateur, la subvention est une « bénédiction » !

31
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

2.6. Autres instruments de politique commerciale

Comme vu précédemment, on classe les instruments protectionnistes en deux grandes catégories : les
droits de douane et les nouveaux instruments protectionnistes (ou instruments non-tarifaires). Cette
dernière catégorie regroupe tous les instruments en principe interdits par les accords internationaux
mais tolérés sinon acceptés dans les faits. Depuis sa création, l’un des objectifs prioritaires de
l’OMC a été de marginaliser le rôle des instruments non-tarifaires en interdisant leur utilisation
dans de nouveaux accords et en demandant aux Etats membres la transformation de ceux déjà
existant en leur équivalent tarifaire.

Les droits de douane constituent la forme la plus simple et la plus transparente des politiques
commerciales parce qu'ils sont aisément quantifiables et agissent directement sur les prix. Mais depuis
quelques décennies, la plupart des interventions gouvernementales en matière de politique
commerciale utilisent d'autres instruments dont l'action est plus indirecte et plus floue : subsides à
l'exportation, quotas d'importation, restrictions volontaires d'exportation, condition d'exécution
locale, droits antidumping et compensateurs, protectionnisme par le change et accords sur les prix, etc.

2.6.1. Le dumping

Traditionnellement, le dumping est une vente à perte, c’est-à-dire une vente à un prix inférieur au coût
moyen de production. Dans le contexte du commerce international, le dumping consiste pour une
entreprise à proposer sur les marchés étrangers des prix plus bas que sur son marché domestique Le
but recherché par l’entreprise est un accroissement de ses ventes pour capter des parts de
marché supplémentaires au détriment de ses concurrents. Jugée déloyal, le dumping est
généralement condamné par les accords commerciaux internationaux

Le dumping a été initialement expliqué pour des marchés parfaitement concurrentiels. Dans un tel
contexte, le prix de vente « normal » pratiqué par une firme pour un produit donné est celui qu’elle
propose sur son marché domestique puisqu’il correspond à son coût moyen de production. Par
conséquent, elle doit normalement avoir le même prix de vente sur les marchés étrangers.

Lorsque les marchés sont imparfaitement concurrentiels, ce schéma d’analyse perd beaucoup de sa
pertinence car l’existence de différences dans les prix pratiqués localement et à l’étranger peut alors se
justifier par le comportement rationnel et « loyal » des entreprises, sans volonté de vente à perte.
Les écarts internationaux de prix deviennent l’expression de politiques classiques de discrimination des
prix.

Ainsi, le dumping peut se justifier économiquement si deux conditions sont présentes. D'abord, les
entreprises doivent être "price-maker" sur le marché local. Ensuite, les marchés, qui ont des
demandes d'intensité différente, doivent être segmentés, c'est-à-dire que les consommateurs du
marché local ne peuvent pas accéder au marché étranger, ou bien difficilement (dans le cas contraire, la
spéculation éliminerait l'écart de prix entre les deux marchés).

Bien que le dumping puisse avoir une justification micro-économique, les législations
commerciales nationales persistent à l’assimiler seulement à une forme déloyale de concurrence
pouvant mettre en péril les producteurs locaux et faire disparaître la concurrence (dumping
prédateur).
32
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

Les pays les plus puissants (particulièrement les Etats-Unis) ont donc cherché à imposer à leurs
partenaires commerciaux leurs règles nationales en la matière. Le GATT n’est intervenu que pour
assurer le respect d'un cadre réglementaire général.

Les procédures antidumping sont des mesures nationales compensatoires destinées à corriger le
comportement jugé anticoncurrentiel de firmes ou de pays étrangers (vente à perte). Les procédures
antidumping se sont développées dans les années 1980-90. Elles sont nettement localisées au plan
géographique et sectoriel. Les pays les plus souvent visés par ces procédures sont la Chine, le Japon, la
Corée et les Etats-Unis. Les pays plaignants sont surtout les Etats-Unis, l'Union européenne,
l'Australie et le Canada. Les plaintes antidumping se concentrent sur un faible nombre de produits,
dont les métaux de base (acier), les produits chimiques, les machines et les équipements électriques
ainsi que les matières plastiques.

Les procédures antidumping sont tolérées par l'OMC lors du règlement des différends. L'OMC
prévoit la possibilité d'accroître la protection d'un marché national en cas de préjudice grave, comme
par exemple une hausse massive et rapide des importations. Cette clause de sauvegarde permet
d'instaurer des droits antidumping et compensateurs ou d'adopter une restriction quantitative. Mais
ces procédures sont critiquables car la fiabilité des techniques d’estimation du dumping reste
douteuse ; de plus, les cas de véritable dumping prédateur restent rares. L’abus de ces procédures
est également dangereux lorsque leur succès encourage les producteurs locaux à multiplier les
plaintes contre leurs concurrents étrangers, ce qui peut finir par nuire à la concurrence.

Les législations antisubventions, surtout utilisées par les Etats-Unis, fonctionnent selon le même
principe. Dans la pratique, les deux législations se confondent, car on estime le dumping engendré,
entre autres causes, par les subventions accordées aux producteurs étrangers. Notons pour terminer
que l'Acte final de l'Uruguay Round ne prévoit que des changements à la marge et des adaptations de
ces législations.

2.6.2. Accès aux marchés publics

La discrimination dans les procédures d'attribution des marchés publics et les normes nationales sont
des moyens indirects de limiter ou d'interdire les importations par des voies réglementaires. Elles
engendrent des barrières non tarifaires. Finalement, les « autres instruments » regroupent toutes
les pratiques autres que celles déjà mentionnées, susceptibles d’engendrer des barrières à
l’entrée. Certains agissent directement au plan macroéconomique, comme les manipulations du taux de
change; d’autres à des niveaux microéconomiques, comme les accords sectoriels de prix.

L'existence de vastes marchés publics réservés aux producteurs locaux (fourniture aux
administrations, marchés militaires, grands équipements) a été longtemps une pratique courante. Les
règlements interrégionaux et internationaux (de Union européenne, de l’OMC) tentent aujourd'hui de
libéraliser ce secteur en favorisant la diffusion des appels d'offre, en imposant la règle de non-
discrimination et de traitement identique des firmes locales et étrangères, et en facilitant les
procédures internationales de contestation du résultat des adjudications.

33
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

2.6.3. Protection par les normes

Les normes sont aussi un moyen puissant de créer de la protection en raison de leur extrême
diversité. On ne citera que quelques exemples caractéristiques.

• Les normes techniques sur un produit : auparavant la législation allemande fixait la teneur
minimale en alcool des liqueurs à 32°, ce qui interdisait la vente sur son territoire sous l’appellation de
liqueurs des boissons similaires plus faiblement alcoolisées. Or, ces boissons, à prix plus faibles,
étaient généralement d’origine étrangère.

• Les normes de contenu local : pour éviter les implantations d'usines étrangère d'assemblage du
type "usine-tournevis" (tous les éléments intermédiaires sont alors importés du pays d'origine), de
nombreux pays ont conçu des normes qui exigent l'achat ou la production sur place de certains
composants.

• Les normes d'origine : elles sont destinées à éviter les manœuvres de contournement des barrières
protectionnistes grâce au transit par un pays tiers. L'Union européenne a ainsi étendu aux
photocopieurs en provenance des Etats-Unis un droit de douane antidumping de 20% appliqué
jusque-là au Japon, estimant que les producteurs japonais contournaient la protection en faisant
transiter leur matériel par les Etats-Unis avant de l'exporter vers l'Europe.

2.6.4. Les autres instruments

Le protectionnisme par le change désigne les manipulations de la valeur de la monnaie nationale. La


dépréciation d'une monnaie permet d'améliorer la compétitivité-prix des producteurs nationaux
relativement aux producteurs étrangers. Elle permet donc à la fois d'accroître les exportations et de
diminuer les importations en favorisant les producteurs locaux de biens substituts. On peut assimiler
cette méthode protectionniste à la combinaison d'une subvention à l'exportation et d'un tarif douanier
pour tous les secteurs produisant des biens échangés internationalement.

Le «dumping social» désigne les pratiques des pays en voie de développement destinées à réduire
artificiellement les coûts de production de leurs exportations et améliorer ainsi leur compétitivité-prix.
On trouve dans cette catégorie le travail des enfants, les bas salaires, l'absence de législation du travail.
Les accords de prix désignent des accords gouvernementaux destinées à limiter la compétitivité-prix
des produits importés. Par exemple, la Communauté européenne a passé en 1990 un accord dans le
secteur des semi-conducteurs obligeant les exportateurs japonais à vendre leurs produits à un prix
plancher supérieur ou égal à 9,5 % de leur coût de production.

Exercices
1. La courbe de demande du blé dans une économie est donnée par et son offre
est donnée
Dégagez et représentez graphiquement la demande a l’importation de ce pays. Quel est le prix
du blé en l’absence de commerce ?

2. Considérons une économie étrangère dont la courbe de demande est :


pendant que son offre est donnée par :

34
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

a) Dégagez et représentez graphiquement l’offre à l’exportation de ce pays et déterminez le


prix qui prévaudrait en l’absence de commerce.
b) Admettons que les économies locale (h) et étrangère (f) commercent entrent elles a des
frais de transaction nuls. Dégagez et représentez graphiquement l’équilibre de libre-
échange. Quel est le prix mondial du blé ? Quel est le volume des échanges ?

3. L’économie locale (h) impose un droit un droit de douane spécifique de 0,5 sur ses importations
de blé.
a) Déterminez et représentez graphiquement l’effet de ce droit de douane sur les variables
suivantes : (i) le prix du blé dans chaque pays, (ii) la quantité du blé offerte et demandée
dans chaque économie, (iii) le volume des échanges
b) Déterminez l’effet de ce droit de douane sur le bien-être des groupes suivants  : (i) les
producteurs du pays importateur, (ii) les consommateurs du pays importateur, (iii) le
gouvernement du pays importateur.
c) Montrez graphiquement et calculez les gains des termes de l’échange, la perte d’efficience,
l’effet total sur le bien-être de ce droit de douane.

4. Supposons que l’économie étrangère f soit un grand pays dont la demande et l’offre intérieures
sont respectivement données par les équations :

et

Recalculez l’équilibre de libre échange et les effets d’un droit de douane spécifique de 0,5
pratiqué par l’économie locale h. Discutez les résultats dégagés par rapport au statut grand
versus petit pays.

5. L’industrie de l’aviation en Europe reçoit des aides de la part de plusieurs gouvernements qui
sont estimées à 20% du prix d’achat de chaque appareil (avion). Par exemple, un avion qui se
vend à 50 millions de dollars aurait pu coûter 60 millions de dollars pour sa production. En
même temps, la moitié du prix d’achat de chaque avion représente les couts des pièces
achetées dans d’autres pays incluant les Etats-Unis. Si ces estimations sont correctes,
déterminez le taux de protection effective reçue par les producteurs européens d’avions.

6. Revenons à l’exemple du problème numéro 2. En débutant l’analyse a l’équilibre de libre-


échange, supposons que l’économie étrangère f accorde des subventions aux exportateurs de
0,5 par unité du produit. Calculez les effets de cette politique commerciale sur les prix dans
chaque pays, les groupes d’agents économiques dans chaque pays et l’effet global sur le bien-
être pour les deux économies prises ensemble.

7.  Le pays dit Acirema est une petite économie incapable d’influencer les prix mondiaux. Il
importe des arachides au prix de 10$us par sac. La courbe de demande est donnée par :
pendant que l’offre est donnée par :
Déterminez l’équilibre de libre-échange. Calculez et déterminez graphiquement les effets d’un quota
qui limite les importations à 50 sacs d’arachide sur les variables suivantes :
a) La hausse du prix sur le marché intérieur
b) La rente des quotas
35
Politiques commerciales en concurrence pure & parfaite

c) Les pertes consécutives à la distorsion sur la consommation


d) Les pertes consécutives à la distorsion sur la production

36
Politiques commerciales en concurrence imparfaite

Chapitre 3 – Les politiques commerciales en Concurrence imparfaite

3.1. Introduction

Dans la concurrence pure & parfaite, un pays ne peut pas à la fois protéger & exporter le même bien.
Mais sur des marchés de concurrence imparfaite, les deux actions sont possibles. Les marchés de
concurrence imparfaite sont de caractéristiques assez variées. Ils peuvent être des marchés à structure
monopolistique ou oligopolistique, des marchés caractérisés par des économies d’échelle, des marchés
caractérisés par une forte différenciation des produits ou une information incomplète, etc. qui
constituent toutes des barrières à l’entrée.

Dans les marchés à concurrence imparfaite, le prix est supérieur au cout marginal de production. C’est
le cas des marchés monopolistiques (Figure 3.1). Les monopoles présentent affecte négativement le
bien-être social et affecte différemment le surplus des consommateurs et des producteurs (Figure 3.2)
et laissent apparaitre un effet net négatif ou une charge morte (Figure 3.3). Dans pareilles situations,
l’imposition des droits de douane est une opportunité d’extraire partiellement ou totalement de la rente
de monopole des monopoles des entreprises étrangères ou de permettre à des firmes potentielles
domestiques d’exporter.

Contrairement aux conclusions de l’effet d’un droit de douane appliqué en concurrence pure et parfaite,
l’Imposition de droits de douane de vient source de commerce.

Ce chapitre passe successivement en revue quatre modèles les plus couramment exploités en matière
de politique commerciale en concurrence imparfaite. Il s’agit:

- du modèle de Curtis (1983) qui est un modèle de politique commerciale qui vise à s e protéger
des importations pour promouvoir les exportations
- du modèle de Lancaster (1984) ou modèle de politique commerciale de protection tarifaire &
différenciation des produits
- du modèle de Rossini (1984) ou de politique tarifaire & commerce intra-branche: Modèle de
Rossini
- Dumping ou la politique de vente à l’extérieur a des prix faibles par rapport à ceux qui prévalent
sur le marché local
Avant de passer en revue ces modèles, il importe beaucoup de rappeler la rente des monopoles que les
gouvernements des pays importateurs peuvent extraire à travers l’imposition d’un droit de douane.

3.2. Production, fixation et effets sur le bien-être du monopole

A travers la maximisation de leurs profits, les monopoleurs égalisent à l’optimum le cout marginal (cm) à
la recette marginale (Rm) contrairement à une firme concurrentielle qui, à l’équilibre, égalise l’offre (Cm)
et la demande (RM) (Figure 3.1).

Par ce comportement, le monopole produit une quantité de monopole Q M faible par rapport à la
quantité socialement optimale, c’est-à-dire celle de concurrence (Q C). A travers cette création de

37
Politiques commerciales en concurrence imparfaite

pénurie du bien sur le marché, le prix du monopole (P M) est indubitablement plus élevée que le prix de
concurrence parfaite (PC).

Figure 3.1 – Equilibre concurrentiel et équilibre du monopole

Si le monopole vend la quantité Q au prix p (Q), les recettes totales du monopole sont données par :

La fonction de recette marginale nous donne la variation de ces recettes avec les quantités :

En conditions d’equilibre concurrentiel, les consommateurs et les producteurs se partagent le surplus de


maniere classique: celui des consommateurs (SC C) est delimite par l’axe des oordonnees, la la doite de
demande et le niveau des prix pendant que celui des producteurs (SP C) est delimitee par l’axe des
abscisses, le niveau des prix et la courbe d’offre (Figure 3.2). L’effet sur le bien-etre social s’evalue a
travers la somme des deux (SSC = SPC + SCC).

38
Politiques commerciales en concurrence imparfaite

Figure 3.2 - Solution concurrentielle et bien-etre social

39
Indicateurs de commerce

Chapitre 4 – Principaux indicateurs du commerce

Ce chapitre met en évidence les principaux indicateurs commerciaux en utilisant le logiciel Trade Sift :

 Indice d’ouverture commerciale (IOC) ;


 Avantage comparatif révélé (ACRev) :
 Avantage comparatif révélé bilatéral 2 (ACR bilatéral2) ;
 Indice de concentration commerciale (ICC)
 Indice de Finger-Kreinin (FK)

Ce logiciel permet d’observer la structure du flux d’échanger et des droits de douane. Il facilite ensuite le
calcul d’un vaste éventuel d’indicateurs liés aux échanges. Les droits de douane ne font pas cependant
l’objet de notre étude étant donné que les exportations des pays de la CAE vers les Etats-Unis se font en
franchise de droits de douane dans le cadre de l’AGOA.

II.1. Les indicateurs

II.1.1. Indice d’ouverture (IO)


L’indice d’ouverture (IO) est égal au ratio des échanges (somme des exportations et des importations)
sur le PIB. Le PIB doit être exprimé en valeurs courants, l’ouverture est parfois exprimée en
exportations/PIB.

Lorsque l’indice se situe ente zéro, on parle d’économie complètement fermée et un, on parle
d’économie complétement ouverte7.

En général, les grands pays présentent une faible indice d’ouverture (par ex  : les Etats-Unis), tandis que
les petites économies affichent des valeurs plus importantes (par ex : Singapour, dont l’indice
d’ouverture est supérieur à 1). Si les échanges représentent, un faible part du PIB, un Accords
Commerciaux Régionaux (ACR) bénéficiera sans doute à l’amélioration de la prospérité 8.

L’indice d’ouverture pour les pays les plus grands sont en général «moins ouvert» (en réalité moins
dépendants du commerce extérieur et que les pays détenteurs de ressources naturelles abondantes le
sont relativement davantage (Serranite, 1999).

Les pays les plus fermés seront ceux qui maximisent leurs recettes fiscales (avec des importations peu
élastiques aux prix intérieurs sans, pour autant, mener nécessairement une politique commerciale
fermée (Pritchett et Serthi, 1994).

7
http://www.tradesift.com
8
http://www.tradesift.com
40
Indicateurs de commerce

D’une manière générale, les petits pays sont plus ouverts au commerce (Rodrik, 1998 et Alesina et al,
2005) alors que les grands s’appuient davantage sur la demande intérieure pour stimuler leur
croissance. Ce phénomène engendre une plus grande sensibilité des petits pays aux conjonctures
internationales, ce qui rend plus enclins à mener des stratégies de compétitivité dans l’optique
d’accroitre leurs exportations. Pour détailler l’argument développé par Alesina et al, (2005), si les petits
pays sont plus ouverts au marché, c’est qu’en termes relatifs, ils bénéficient plus de cette ouverture que
les grands pays dans un régime commercial libéralisé comme noté auparavant par Lloyd (1998) «les
petites nations obtiennent de plus grand gains par unité de commerce international que les grands
nations». La relation (2.1) établit la première version de calcul de l’indice d’ouverture commerciale
basé sur l’ensemble du commerce extérieur.

(2.1)

Avec indique l’indice d’ouverture du pays rapporteur ; le total des exportations du pays
, est le total des importations de ce pays rapporteur est son produit intérieur Brut (PIB).

Le graphique 1 montre l’évolution de l’indice d’ouverture commerciale des exportations et des


importations des pays de la CAE basé sur l’ensemble du commerce extérieur de 2002 à 2013.

Graphique 1. Evolution de l’Indice d’ouverture Commerciale première version des pays de la CAE
2002-2013

41
Indicateurs de commerce

Source : Nos soins à l’aide des indices d’ouverture commerciale sur base des donnés télécharger sur le
site web http://comtrade.un.org/db/

Au regard de ce graphique, nous sommes arrivés à conclure que:

 De 2002 à 2005, le Kenya a un indice d’ouverture la plus élevé par rapport aux autres pays de la
CAE des échanges effectués sur l’ensemble du commerce extérieur;
 De 2005, le Burundi a un indice d’ouverture aussi la plus élevé par rapport autres pays de la CAE
des échanges effectués sur l’ensemble du commerce extérieur.
 De 2006 à 2013, la Tanzanie a un indice d’ouverture aussi la plus élevé par rapport autres pays
de la CAE des échanges effectués sur l’ensemble du commerce extérieur.

Comme l’indique ce graphique ci-dessous, nous remarquons que l’indice ou le taux d’ouverture de
l’économie des pays de la CAE avec le monde est ouvert d’où une économie complètement ouverte.
Sauf pour certaines exceptions où le Kenya n’a pas effectué des échanges des exportations et des
importations surtout en 2011 et en 2012 et l’Ouganda en 2010.
Cela montre que les pays de la Communauté Est Africaine sont classés parmi les petits pays car selon
Rodrik, 1998 et Alesina et al, 2005, les petits pays sont plus ouverts au commerce alors que les grands
pays s’appuient davantage sur la demande intérieure pour stimuler leur croissance.
Le graphique qui suit, montre l’évolution de la deuxième version de calcul de l’indice d’ouverture des
exportations des pays de la CAE avec les Etats-Unis d’Amérique de 2002-2013. Nous avons utilisé la
formule suivante :

(2.2)

Avec l’indice d’ouverture du pays rapporteur ; le total des exportations du pays

, est son produit intérieur Brut (PIB).

Le graphique 2 qui suit, montre l’évolution de l’indice d’ouverture des exportations des pays de la CAE
avec les Etats-Unis d’Amérique.

42
Indicateurs de commerce

Graphique 2. Evolution de l’Indice d’ouverture Commerciale des pays de la CAE (2002 à 2013)

Source : Adaptation de l’auteur à l’aide des indices d’ouverture commerciale faits dans TradeSift sur
base des données téléchargées sur le site web http://comtrade.un.org/db/
Au regard de ce graphique, nous sommes arrivés à conclure que :
 Depuis 2002 jusqu’à 2007 c’est le Kenya qui a un indice d’ouverture la plus élevé par rapport
aux autres pays de la Communauté Est Africaine des exportations effectués avec les Etats-Unis
d’Amérique ;
 Depuis 2008 jusqu’à 2013 c’est la Tanzanie qui a un indice d’ouverture la plus élevée par
rapport aux autres pays de la CAE des exportations effectués avec les Etats-Unis d’Amérique.

Avec ce même graphique, nous pouvons conclure que :


 Depuis 2002 jusqu’à 2004 c’est l’Ouganda qui a un indice d’ouverture le moins élevé par
rapport aux autres pays de la CAE des exportations effectués avec les Etats-Unis d’Amérique.
 Depuis 2004-2013, on a conclu que c’est le Rwanda qui a un indice d’ouverture le moins élevé
par rapport aux autres pays de la CAE des exportations effectués avec les Etats-Unis
d’Amérique.
L’indice d’ouverture ou le taux d’ouverture des exportations des pays de la CAE prouve que l’économie
des pays de la CAE est complètement ouverte. Sauf pour certaines exceptions où le Burundi de 2002 à
2005 ; le Rwanda de 2002 à 2004 ; la Tanzanie de 2002 à 2004 n’ont pas effectué des échanges des
exportations avec les Etats-Unis d’Amérique.

43
Indicateurs de commerce

Cela montre que les pays de la Communauté Est Africaine sont classés parmi les petits pays car selon
Rodrik, 1998 et Alesina et al, 2005, les petits pays sont plus ouverts au commerce alors que les grands
pays s’appuient davantage sur la demande intérieure pour stimuler leur croissance.

II.1.2. Avantage comparatif révélé (ACRev)

II.1.2.1. Définition
La notion d’avantage comparatif révélé (ACRev) correspond à la part des exportations d’un produit i par
rapport à l’ensemble des exportations d’un pays donné divisé par la part des exportations de ce pays par
rapport au total d’exportations mondiales (ou marché international d’exportations) 9.

Il faut noter que :

 L’indice Balassa étude l’«avantage comparatif révélé» par rapport à la part du produit dans
l’ensemble des échanges mondiaux comme le montre la relation (2.3) :

(2.3)
indique l’avantage comparatif révélé du produit , exportation du produit

désignant le pays rapporteur et le monde ; total des exportations, désignant le pays

rapporteur et le monde ; exportation du produit désignant le monde ; total

des exportations désignant le monde.

 Il montre la part du produit dans l’ensemble des exportations (du pays par rapport à la part du
part du produit dans l’ensemble des échanges mondiaux ;
 Un pays présente un «avantage comparatif révélé» lorsque sa part des exportations d’un bien
dépasse la part équivalente des exportations dans le monde ;
 Il se situe entre zéro (aucune exportation de ce produit) et l’infini ;
 Si l’ACR est supérieur à 1, le pays présente un avantage comparatif révélé pour ce produit ;
 Il peut atteindre des valeurs extrêmement élevées quand les pays sont très spécialisés. Cependant,
les comparaisons entre pays et entre périodes de temps peuvent prêter à confusion 10.

9
http://www.tradesift.com
10
http://www.tradeSift.com
44
Indicateurs de commerce

II.1.2.2. Avantage comparatif révélé bilatéraux 1 et 2


L’avantage comparatif révélé bilatéral 1 (ACRB 1) est le ratio de la part du produit dans les
exportations totales du pays à la part du même produit dans les exportations totales du pays .

L’avantage comparatif bilatéral 2 nous donne une indication de l’importance des exportations d’un pays
donné vers un marché donné par rapport à ce que le monde exporte vers ce marché. Si un ACR bilatéral
est supérieur à 1, cela sous-entend que ce pays i dispose d’un avantage comparatif révélé sur le marché
du pays j par rapport au reste du monde. Il sert à interpréter la compétitivité des exportations du pays
sur un marché donné. Dans cette étude, nous sommes intéressés par l’analyse de la compétitivité des
exportations des pays de la CAE sur le marché américain.

Selon Balassa (1965), si l’indicateur est supérieur à 1, le pays est considéré comme spécialisé dans la
branche (avantage comparatif dans la branche), puisqu’il est relativement plus exportateur que la zone
de référence. Bien étendu, la spécialisation du pays est d’autant plus forte que l’indicateur prend une
valeur élevée supérieur à 1. Au contraire, si l’indicateur est inférieur à 1, le pays n’est pas spécialisé dans
la branche (désavantage comparatif). Le désavantage est d’autant plus grand que l’indicateur
s’approche de zéro.

Voici la formule qu’on a utilisée:

(2.4)

est l’avantage comparatif révélé bilatéral du produit , désignant le pays

rapporteur et pays partenaire ; exportations du produit , désignant le pays rapporteur et

pays partenaire ; total des exportations, désignant le pays rapporteur et pays

partenaire; exportations du produit , désignant le monde et pays partenaire ;


total des exportations, désignant le monde et pays partenaire.
II.1.2.3. Les résultats de l’Avantage comparatif révélé bilatéral 2

II.1.2.3.1. Les résultats obtenus des exportations sur le café, le thé, coton et les épices
Sur ce point nous avons calculé l’avantage comparatif bilatéral 2, en utilisant les données téléchargées
avec le logiciel TradeSift sur le café, le thé et les épices.

Le tableau 2 en donne les résultats de l’Avantage Comparatif Révélé Bilatéral 2 des exportations des
pays de la CAE vers les Etats-Unis d’Amérique sur le café, le thé et les épices.

45
Indicateurs de commerce

Tableau 2. Evolutions de l’Avantage Comparatif Révélé Bilatéral 2 des pays de la CAE avec les Etats-
Unis d’Amérique pour le café, thé et épices
Année Burundi Kenya Ouganda Rwanda Tanzanie
2002 110.97 109.25 150.47 0.00 19.68
2003 232.62 114.37 119.52 0.00 56.28
2004 224.91 99.99 63.38 150.22 74.54
2005 160.18 34.81 76.75 142.28 74.24
2006 208.70 28.07 108.64 186.80 63.79
2007 131.00 29.42 108.62 68.22 74.71
2008 210.95 34.03 103.63 0.00 58.03
2009 0.00 31.69 85.50 74.41 51.30
2010 0.00 26.74 122.94 131.08 62.42
2011 128.22 - 88.32 97.89 62.45
2012 0.00 - 110.22 0.02 55.060
2013 82.23 24.59 141.05 0.11 61.70
Source : Calculs de l’auteur à partir du logiciel TradeSift
Au regard de ce tableau, nous sommes arrivés à conclusion que le Burundi (2002 à 2008, 2011 et 2013) ;
le Kenya (2002 à 2010 et 2013), le Rwanda (2004 à 2007, 2009 à 2011et 2013), l’Ouganda (2002 à 2013)
et la Tanzanie (2002 à 2013) ont une avantage comparatif bilatéral 2 supérieur à 1. Ce qui nous montre
que les pays de la CAE sont relativement plus performants que ses voisins dans la production du café,
thé et les épices.
La part des exportations des états membres de la CAE vers les Etats-Unis d’Amérique est supérieure à la
part des exportations avec le monde. Les pays de la CAE dispose un ACRB2 sur le marché des Etats-Unis
par rapport aux restes du monde.
Selon Balassa (1965), si l’indice de BRCA2 a une valeur supérieure à 1, le pays a un avantage comparatif
par rapport aux autres pays pour ce produit.
Le Burundi (2009 à 2010) et le Rwanda (2002, 2003, 2008, 2012 et 2013) ont un avantage comparatif
bilatéral 2 inférieur à 1.
Comme l’indice de BRCA2 est inférieur à 1, cela nous montre que ces deux pays n’ont pas spécialisé
dans la branche (désavantage comparatif).
Dans les années, 2011 et 2012 pour le Kenya et 2002, 2003, 2008 et 2012 pour le Rwanda, ces deux pays
n’ont pas effectués des échanges avec les Etats-Unis d’Amérique.
II.1.2.3.1. Les résultats obtenus des exportations sur les fruits et les légumes
Sur ce point nous avons calculé l’avantage comparatif bilatéral 2, en utilisant les données téléchargées
avec le logiciel TradeSift sur les fruits et les légumes.
Le tableau 3 en donne les résultats de l’Avantage Comparatif Révélé Bilatéral 2 des exportations des
pays de la CAE vers les Etats-Unis d’Amérique sur les fruits et les légumes.

46
Indicateurs de commerce

Tableau 3. Résultats de l’Avantage Comparatif Révélé Bilatéral 2 des pays de la CAE avec les Etats-
Unis d’Amérique pour les fruits et les légumes
Année Burundi Kenya Ouganda Rwanda Tanzanie
2002 0.00 7.52 0.10 0.00 4.99
2003 0.00 14.80 0.60 0.00 10.62
2004 0.00 20.04 0.47 0.00 5.88
2005 0.00 2.43 0.06 0.00 20.12
2006 0.00 2.55 0.02 0.00 41.60
2007 0.00 1.61 0.17 0.00 27.74
2008 0.00 1.96 0.47 0.00 17.06
2009 0.00 2.60 0.86 0.00 9.27
2010 0.00 4.98 0.08 0.00 13.55
2011 0.00 - 0.12 0.00 1.22
2012 0.00 - 0.28 0.00 3.11
2013 0.00 0.96 0.50 0.00 5.88
Source : Calculs de l’auteur à partir du logiciel TradeSift
Au regard de ce graphique, nous sommes arrivés à conclusion que seul le Kenya (2002 à 2013) et la
Tanzanie (2002 à 2013) ont une avantage comparatif bilatéral 2 supérieur à 1.
La part des exportations des états membres de la CAE vers les Etats-Unis d’Amérique est supérieure à la
part des exportations avec le monde. Les pays de la CAE dispose un ACRB2 sur le marché des Etats-Unis
par rapport aux restes du monde.
Selon Balassa (1965), si l’indice de BRCA2 a une valeur supérieure à 1, le pays a un avantage comparatif
par rapport aux autres pays pour ce produit.
Le Burundi (2002 à 2013), le Kenya (en 2013), le Rwanda (2002 à 2013) ont un avantage comparatif
bilatéral 2 inférieur à 1. Comme l’indice de BRCA2 est inférieur à 1, cela nous montre que ces deux pays
n’ont pas spécialisé dans la branche (désavantage comparatif). Il faut noter que le désavantage est
d’autant plus grand si l’indicateur s’approche de zéro. Bien étendu, la spécialisation d’un pays est
d’autant plus forte que l’indicateur prend une valeur élevée supérieur à 1.

II.2. Accès révélé de Finger-kreinin


L’indice Finger et Kreinin (1979) mesure le degré de similitude des exportations ou la production de deux
pays sur une marché tiers. La nation de minimum (notée min dans la formule ci-après) permettant de
prendre en compte pour tous les produits la part que les 2 pays exportent à l’identique. Cet indice varie
entre les valeurs 0 et 1, 0 indique que les deux structures sont complètement différentes.

C’est-à-dire que les produits exportés par le pays i ne sont pas exportés par le pays j et vice-versa et 1
indique que les deux structures sont identiques. C’est-à-dire que les deux pays exportent les mêmes
produits et avec la même intensité (mais ils peuvent être de taille différente). Si les deux pays sont très
similaires, une création d’échanges est plus probable car ils peuvent choisir d’importer chez le
fournisseur le plus efficient et s’ils sont très différents, un accord préférentiel pourrait mener à
«détournement des échanges».

47
Indicateurs de commerce

FK par destination :

(2)

Avec la part du produit dans les exportations du pays et ; la part du produit dans

les exportations du pays ; la part total des exportations du produits du pays ; la part

du produit dans les exportations du pays 2 ; la part total des exportations du produits du
pays 2.
Les résultats de l’estimation des coefficients de similarités sont résumés dans le tableau 4.

Tableau 4. Les résultats de l’analyse avec l’indice révélé de Finger-Kreinin

Pays Pays Pays 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

rapporteur1 rapporteur2 partenaire

Burundi Ouganda Etats-Unis 0.60 0.50 0.51 0.04 0.12 0.63 0.05 0.48

Burundi Rwanda Etats-Unis 0.71 0.28 0.00 0.13 0.05 0.70 0.00 0.04

Burundi Tanzanie Etats-Unis 0.27 0.35 0.28 0.07 0.12 0.46 0.01 0.33

Ouganda Tanzanie Etats-Unis 0.41 0.30 0.41 0.33 0.37 0.43 0.55 0.41 0.37

Rwanda Ouganda Etats-Unis 0.34 0.48 0.58 0.20 0.47 0.61 0.58 0.06 0.01

Rwanda Tanzanie Etats-Unis 0.32 0.27 0.27 0.08 0.30 0.41 0.46 0.14 0.16
Source : Calculs de l’auteur à partir du logiciel TradeSift

Avec ce tableau, Le Rwanda et la Tanzanie se distinguent par une forte ressemblance de leur profil
d’exportation.

Pour toutes nos observations, nous avons trouvé que presque tous les pays de la CAE ont un indice 0. Ce
qui montre que les deux structures sont complètement différentes, c’est-à-dire que les produits
exportés par le pays i ne sont pas exportés par le pays j et vice-versa.

48
Indicateurs de commerce

II.3. Indice de concentration commerciale


L’indice de concentration commerciale mesure le degré de concentration des exportations d’un pays
donné en termes de produits exportés ou importés. Si un ICC est égal à 1 signifie qu’un pays donné
exporte un seul et même produit. Plus l’ICC ne se rapproche de zéro, plus la structure des exportations
sont diversifiées.

Il est sensible au niveau d’agrégation ; plus le nombre de produits est bas, plus sa valeur est élevée. Il est
utilisé pour analyser dans quelle mesure les exportations d’un pays sont diversifiées dans le monde et
avec des pays partenaires spécifiques11.

Sa formule est la suivante :

(3)

indique l’indice de concentration commerciale pays rapporteur et pays partenaire ;

exportation pays rapporteur et pays partenaire ; total des exportations pays

rapporteur et pays partenaire 

Les résultats d’indice de concentration commerciale se trouvent dans le tableau 5.

Tableau 5. Résultats d’analyse avec l’indice de concentration commerciale


Rapporteur 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Burundi 0.48 0.88 0.75 0.48 0.66 0.42 0.86 0.81 0.25 0.85 1.00 0.45
Kenya 0.20 0.26 0.22 0.59 0.61 0.64 0.63 0.55 0.41     0.58
Rwanda 0.91 0.97 0.39 0.43 0.52 0.38 0.39 0.25 0.60 0.53 0.80 0.53
Uganda 0.42 0.33 0.32 0.24 0.31 0.29 0.28 0.31 0.53 0.43 0.47 0.59
Tanzanie 0.19 0.12 0.14 0.16 0.23 0.20 0.15 0.15 0.19 0.24 0.16 0.17
Source : Calculs de l’auteur à partir du logiciel TradeSift

Comme l’indice de concentration se rapproche de plus à plus à zéro alors, la structure des exportations
effectuées par les pays de la CAE est diversifiée.

11
http://www.tradeSift.com
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