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Focus Le panorama agricole Les repères du temps par

Unicongo des régions congolaises les mots des langues africaines


Passage en revue des actualités Les cultures vivrières sont prédominantes Bien au-delà des frontières, le langage traverse les
de l'Union, toujours en première dans l'agriculture du Congo. Où trouve-t-on origines géographiques et la perception du temps sur
ligne dans la défense des intérêts ces productions, quelles sont-elles ? notre continent.
du secteur privé congolais. La réponse dans ce numéro. Plongée au cœur de cet univers sémantique.

avril 2020 - N° 17

le journal d’

Dossier

les
potentialités
naturelles
du congo
contacts unicongo
Relations adhérents - Membres
congo économie - N°17 - avril 2020
édito
Chers adhérents et membres associés de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo,
associés - Adhésions
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+242 06 814 20 44
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• Relations Adhérents PNR votre soutien, malgré le contexte économique très difficile de notre pays ces six dernières années.
+242 06 929 74 65
adherentspnr@unicongo.org Congo Eco joue pleinement son rôle d’outil de communication pour les entreprises membres
de l’Union en particulier, mais également d’information sur l’économie congolaise d’une
Relations d'affaires & partenariats -
Accompagnement des entreprises
manière générale.
(Fiches sectorielles, études de marchés, Comme les numéros précédents, celui-ci porte sur un dossier spécifique : « les potentialités natu-
mises en relations & rendez-vous
relles du Congo à transformer en opportunités économiques ». Ce numéro 17 de Congo Eco
d'affaires) - Evénementiel
• Développement & Appui Recrutement vise à mettre en lumière les énormes possibilités de diversification de l’économie congolaise.
+242 06 611 10 73 Toutefois, la transformation des potentialités naturelles en opportunités économiques exige la
developpement@unicongo.org
levée progressive des différents facteurs bloquants, comme l’imposent la prochaine ouverture du
Conseil & orientation fiscale, marché avec l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf ) et
Juridique et social - Documentation :
textes législatifs & réglementaires
l’Accord de Facilitation des échanges de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
• Études & Documentation La survie de l’économie congolaise dans le vaste marché de la Zone de libre-échange conti-
+242 06 621 56 68
documentation@unicongo.org
nentale africaine est une gageure, car elle dépendra des capacités nationales à créer les condi-
tions de compétitivité et d’attractivité des investissements. L’amélioration du capital humain,
Services divers la mise en place des infrastructures idoines et la cohérence des politiques publiques sectorielles
Règlements -
Distribution Journal Alphonse MISSENGUI, sont des facteurs indispensables pour permettre au Congo de jouer son rôle dans le nouvel
Congo Eco espace économique continental.
président d’Unicongo
• Administration
+242 06 841 04 07 De même, la mise en œuvre pressante des mesures de l’Accord de facilitation des échanges,
secretariatbzv@unicongo.org en vigueur depuis février 2017 et ratifié par la République du Congo le 5 octobre de la même
et +242 06 629 59 06
secretariatpnr@unicongo.org année, est essentielle pour l’amélioration de l’environnement des affaires, qui doit accompagner
la diversification de l’économie.
Recrutement
Dépôt d’offres / candidatures
Site : www.emploi.cg Aux multiples défis qu’affronte déjà notre pays, s’est ajouté depuis décembre 2019 contre toute
+242 06 611 10 73 attente, la terrible pandémie du coronavirus, un fléau majeur, du fait de son énorme impact
recrutement@unicongo.org
social et économique. Le covid-19 a ébranlé les fragiles fondations de notre économie, dont la
Formation principale ressource, le pétrole, connait depuis un moment les cours les plus bas depuis 2002. Un
Analyse, besoins
et inventaire sursaut national s’impose à nous, pour éradiquer ce virus, mais également pour surmonter ses
des offres / Formation conséquences sur notre économie et sur l’emploi, grâce notamment, à un dialogue public-privé
+242 06 635 40 40
formation@unicongo.org actif, que nous souhaitons vivement à la hauteur du péril collectif.

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congo économie
Sommaire 10 42
Congo Eco est une publication
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Direction artistique :
Jean-Noël Dubois
Ont participé à ce numéro :
Jean Banzouzi Malonga, Didier Bras, Focus sur Le coin de Dossier • L’impact du change-
ment climatique sur
Culture
Sara Danielle, Francis de Cardorelle,
Jerémy Delegue, Joana Gomes, Unicongo l'entreprise 15 l’économie congolaise 50
Audrey Madingou, Christian Herbert
4 10
Massamba, Durlon Abiaga Ngome,
Auxence Léonard Okombi, Patrice
• Les potentialités du Congo
• Le secteur minier
Région Les repères du temps
par les mots des
• Averda
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Focus sur Unicongo congo économie - N°17 - avril 2020

Assemblée générale ordinaire :


le plus grand événement annuel
de l’Union
En application d’une disposition statutaire, l’Union patronale et interpro-
fessionnelle du Congo (Unicongo) a tenu, au titre de l’année 2019, son
assemblée générale ordinaire le 21 novembre dernier à Pointe-Noire.

Jean-Jacques SAMBA

U
ne année après celle tenue à l’hôtel
Pefaco Maya-Maya de Brazza-
ville, les adhérents et membres
associés d’Unicongo ont participé,
le 21 novembre 2019, à l’assem-
blée générale ordinaire de l’année 2019
à l’hôtel Elais. La cérémonie d’ouverture
et la présentation des différents rapports
ont été rehaussées par la présence des
représentants d’administrations publiques
départementales et d’organismes interna-
tionaux partenaires.
Pendant près de trois heures, les partici-
pants ont suivi avec une attention soute-
nue la présentation du rapport moral du
conseil d’administration par Monsieur
Christian Barros, président de l’Union, et
des rapports des différents secteurs par les
représentants des fédérations profession-
nelles. Les rapports se sont appesantis sur cation économique. Unicongo n’a cessé ration du climat des affaires ; le recours à
le contexte économique très difficile qui d’interpeller les pouvoirs publics pour la voie judiciaire chaque fois que cela sera
perdure depuis 2014, avec la persistance l’établissement d’un véritable dialogue nécessaire, face aux dérives juridiques
de l’atonie des secteurs économiques et de public-privé, en vue de créer les conditions flagrantes de certaines administrations
la demande intérieure au cours de l’année nécessaires pour la relance de l’investisse- publiques contre les entreprises privées.
2019, malgré les prévisions optimistes de ment privé dans les secteurs hors pétrole. A la clôture des travaux, monsieur Chris-
croissance économique de 5% annoncées Le mandat de trois ans du bureau étant tian Barros, au regard de sa contribution
pour cette année, sur la base d’un baril arrivé à son terme, l’assemblée générale a aux importantes réalisations de l’Union
et d’une production pétrolière en hausse été clôturée par l’élection d’un nouveau au cours de la dernière décennie, a été
significative de 2018 à 2019. Tous les rap- bureau du conseil d’administration d’Uni- longuement ovationné par l’assemblée
ports sont par ailleurs revenus sur le très congo récemment renouvelé, qui sera pré- générale.
mauvais climat des affaires, dont l’élément sidé pour les trois prochaines années par
majeur est le harcèlement que subissent Alphonse Missengui, de Score Casino,
les entreprises avec les contrôles simulta- ancien vice-président du bureau sortant. Il
nément organisés par différentes adminis- succède à Christian Barros, qui a conduit
trations. aux destinées d’Unicongo de 2004 à
Les perspectives de redressement éco- 2019. Alphonse Missengui est entouré
nomique en 2020 ont été unanimement de Christophe Pujalte, de Bolloré Trans-
liées à l’apurement de la dette publique port & Logistics, et de Prosper Bizitou,
intérieure et à la mise en œuvre de cer- de Price Waterhouse Coopers, respective-
taines réformes, visant notamment l’amé- ment vice-président et trésorier.
lioration du climat des affaires. Il a éga- Le nouveau bureau a retenu comme
lement été reconnu que la diversification priorités : l’accélération de l’ouverture
de l’économie est indispensable face au d’Unicongo aux PME congolaises en vue
poids écrasant du pétrole sur l’économie d’élargir sa base d’adhérents ; la dynami-
congolaise. Malheureusement, le coût des sation des fédérations professionnelles et
facteurs de production – dû particulière- des commissions thématiques ; l’inten-
ment aux déficiences logistiques (électri- sification des rencontres avec les admi-
cité, transports…) – et les incohérences nistrations partenaires pour créer les
des décisions sectorielles sont un véritable conditions favorables à un dialogue pu-
frein à la compétitivité et à la diversifi- blic-privé, tant indispensable à l’amélio-

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congo économie - N°17 - avril 2020
Focus sur Unicongo
L'Union des patronats
Depuis sa création, Unipace s’est impli-
quée dans d’importants dossiers intéres-
sant au plus haut niveau le secteur privé
de la zone Cemac : il s’agit de la négo-
ciation de l’Accord de partenariat écono-

d'Afrique centrale :
mique (APE) entre l’Afrique centrale et
l’Union européenne, de la libre circulation
des ressortissants dans l’espace Cemac et
de la nouvelle réglementation de change
de la Cemac. Plus récent, le dossier de la
Zone de libre-échange continentale afri-

la voix du secteur privé


caine (ZLCAf ) intéresse énormément
l’Unipace, au regard des multiples muta-
tions qu’elle doit impliquer au niveau des
économies nationales, régionales et conti-
nentale et du secteur privé africain.

de la sous-région
La négociation de l’APE
entre l’Afrique centrale et
l’Union européenne
Au lancement à Brazzaville en 2003 du
processus des négociations de l’Accord

L'
de partenariat économique (APE) entre
Union des patronats d’Afrique l’Union européenne et l’Afrique centrale
Jean-Jacques SAMBA centrale est composée de syn- dans la configuration Cemac, l’Unipace
dicats patronaux de cinq pays s’est imposée comme porte-parole de tout
membres de la Cemac : le le secteur privé des pays membres de la
Groupement interprofessionnel Cemac, à l’exception de la Guinée Equa-
Créée le 13 décembre 1997 à Douala, l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) du Cameroun (Gicam), le Groupement toriale qui était classée Pays moins avancé
a tenu trois assemblées générales successives en 2019, marquant sa relance après une interprofessionnel centrafricain (Gica),
l’Union patronale et interprofessionnelle
(PMA) et qui ne disposait pas à l’époque
d’une organisation patronale. Ainsi,
longue période de léthargie, au moment où des dossiers cruciaux sont à l’ordre du jour du Congo (Unicongo), la Confédération l’Unipace a participé à tous les travaux de
patronale du Gabon (CPG) et la Confé- négociations de l’APE à Bruxelles et dans
au niveau des institutions régionales. dération nationale du patronat tchadien les capitales de la sous-région. L’Unipace
(CNPT). s’est impliquée dans ces négociations

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Focus sur Unicongo congo économie - N°17 - avril 2020

jusqu’à leur blocage qui a conduit en janvier sition du visa pour la circulation des hommes échanges commerciaux internes. La récente
2009 à la signature en solo d’un accord d’étape dans l’espace communautaire, l’Unipace s’est suppression du visa d’entrée au Gabon et en
ou intérimaire par le Cameroun avec l’Union mobilisée au cours des années 2000 pour la le- Guinée Equatoriale aux ressortissants de la
européenne, accord ratifié par le Cameroun en vée de cette contrainte, dans un premier temps Cemac a finalement levé cette entrave à la libre
juillet 2014 dans la perspective de la signature à l’endroit des hommes d’affaires et chefs circulation des hommes, entrave qui demeure
de l’APE régional qui n’a jamais eu lieu. d’entreprises. Considérée comme la région malheureusement, avec la rareté ou l’absence,
la moins intégrée du monde, avec un com- dans certains cas, des liaisons aériennes directes
La libre circulation des ressortissants merce intra-régional qui atteint à peine 3% de entre les villes des pays d’Afrique centrale.
Cemac dans l’espace communautaire son commerce extérieur, l’entrave à la mobi-
Consciente de l’obstacle à l’intégration régio- lité intra-Cemac des personnes a été pendant La nouvelle réglementation
nale constitué pendant longtemps par l’impo- longtemps un corollaire du faible niveau des de change de la Cemac
L’entrée en vigueur au milieu de l’année 2019
du nouveau règlement de change de la Cemac,
publié en décembre 2018, et des instructions
et lettres circulaires subséquentes, a ébranlé
les entreprises dans un contexte marqué par la
chute du cours du baril de pétrole et la rareté des
devises étrangères. La perturbation des impor-
tations et des règlements financiers des presta-
tions indispensables aux entreprises, résultant
des blocages et des lourdeurs de l’application
de la nouvelle réglementation, ont poussé
l’Unipace à se mobiliser. Cette mobilisation a
eu pour but de sensibiliser la BEAC, les autori-
tés nationales et communautaires sur les graves
conséquences économiques et financières de
l’application brutale de certaines dispositions
de la nouvelle réglementation de change.
Les initiatives de l’Unipace à travers les ren-
contres avec la BEAC, les syndicats profes-
sionnels nationaux des secteurs (pétroliers et
miniers, industriels…) particulièrement affec-
tés par la nouvelle réglementation, ont per-
mis d’obtenir des mesures d’assouplissement,
notamment dans les délais d’application des
dispositions de la nouvelle réglementation.

La Zone de libre-échange
continentale africaine
L’Unipace tient à jouer pleinement son rôle
de représentant du secteur privé d’Afrique
centrale, dans le cadre de la mise en place de
la Zone de libre-échange continentale afri-
caine. Jusqu’à présent, les politiques de la zone
Cemac ont oublié le secteur privé, sans lequel
cette zone ne sera qu’une coquille vide pour
cette région africaine qui peine à s’intégrer
depuis des décennies, en dépit de l’utilisation
d'une monnaie commune et de l’ambition de
partage d’un marché commun. La Cemac veut
se fondre dans un vaste ensemble économique
continental dont elle risquera de subir les im-
pacts négatifs, plutôt que d’en tirer les effets
bénéfiques pour son secteur productif qui doit
contribuer à cette zone de libre-échange, sous
peine de disparaître en l’absence de compétiti-
vité sur des marchés nationaux très étroits.

Plus de rencontres et de visibilité


pour Unipace
En juillet 2019, l’Unipace a tenu à Douala
une assemblée générale extraordinaire pour
l’examen du brûlant dossier de la nouvelle
réglementation de change Cemac. Ensuite,
pour la première fois depuis sa création, elle a
tenu une assemblée générale ordinaire à Braz-
zaville le 24 septembre 2019, au siège d’Uni-
congo, organisée sous la direction de Monsieur
Célestin Tawamba, président du Groupement
interprofessionnel du Cameroun et président
en exercice de l’Unipace. Étaient présents M.
Christian Barros et M. Alphonse Missengui,
président et vice-président d’Unicongo, M.
Alain Ba Oumar, président de la Confédération
patronale Gabonaise (CPG), M. Ali Annadif,
vice-président de la Confédération nationale
du patronat tchadien (CNPT) et les secrétaires
généraux des différentes organisations patro-
nales. Outre les quatre patronats présents, le

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congo économie - N°17 - avril 2020
Focus sur Unicongo
Groupement interprofessionnel centrafricain
(GICA) a été représenté par le Gicam.
Cette assemblée générale de Brazzaville a été
rehaussée par la présence des responsables de
l’Organisation et du Bureau international du Les membres présents
travail (OIT et BIT) en Afrique centrale repré- de l'assemblée générale
sentés au plus haut niveau par Mme Aminata d'Unipace.
Maïga, M. François Murangira et M. Lassina
Traoré, respectivement directrice du BIT à
Kinshasa, directeur du BIT à Yaoundé et spé-
cialiste technique principal pour les activités
des employeurs au bureau du BIT à Yaoundé.
Au cours de cette assemblée générale, un tour
d’horizon a été fait des conjonctures écono-
miques nationales et sous-régionale et des
dossiers préoccupants du secteur privé, notam-
ment les difficultés d’accès aux devises, la place
de l’Afrique centrale dans la Zone de libre-
échange continentale (ZLEC) et la gouver-
nance de l’Unipace.
Les membres de l’Unipace ont unanimement
reconnu le rôle essentiel de leur union comme L’Unipace s’est également dotée au cours de tion patronale gabonaise (CPG). Elle a ainsi
plateforme du secteur privé de l’Afrique cette assemblée générale d’un plan d’action marqué sa ferme volonté de se mobiliser en
centrale et interlocuteur de la Cemac, de la pour la période 2019-2022 qui vise essen- permanence sur tous les dossiers d’intérêt
CEEAC et des organismes internationaux tiellement le renforcement de la position de commun – notamment le climat des affaires
partenaires (BAD, Banque mondiale, Union l’Unipace en tant que représentant du secteur qui place tous les pays membres de la Cemac
européenne, PNUD…) pour tous les dos- privé communautaire et interlocuteur de la entre le 167e et le 184e rang du Doing Bu-
siers d’intérêt communautaire touchant ou Commission de la Cemac et des institutions siness sur 190 pays dans le monde –, la grande
impliquant le secteur privé. Pour cela, une à caractère économique, financier et social, la vulnérabilité des économies nationales et ré-
résolution a été prise d’élargir l’Unipace aux veille sur les performances économiques de la gionales due à leur très forte dépendance vis-
organisations patronales de la RDC et d’An- zone, le commerce intra-communautaire et les à-vis de quelques matières premières, notam-
gola, qui sont deux économies importantes processus d'intégration régionale. ment du pétrole. Cette assemblée générale de
de l’Afrique centrale, sans oublier la Guinée Trois mois après Brazzaville, l’Unipace a Libreville a réaffirmé la volonté de l’Unipace
Equatoriale. Pour cela, le BIT a promis de tenu une assemblée générale extraordinaire de pérenniser le principe de la rotation des
soutenir l’Unipace dans la mise en œuvre de à Libreville le 13 décembre 2019, en marge assemblées générales dans les différents pays
cette résolution. de la célébration des 60 ans de la Confédéra- des organisations membres.

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Sucess story congo économie - N°17 - avril 2020

JDMK-Congo : parcours
Agé de 45 ans, ingénieur en génie civil
de formation, Joachim Didier Mouandza
Kaya a exercé des fonctions de respon-

d’une entreprise réussie


sabilité dans plusieurs entreprises privées
au Congo et en France. En 2012, il a
quitté son poste de cadre salarié à Total
E&P Congo pour créer la société JDMK-
Congo, une SARLU spécialisée dans la

T
rès intéressé par les métiers de
QHSE, en 2009, Joachim Didier construction, l’accompagnement HSE, le
Mouandza Kaya décide d’aller se
perfectionner en France où il passe contrôle des équipements de mesure et
un master en maintenance immobi- incendie. Voici l’itinéraire d’une aventure
lière et sécurité, et un autre master spécialisé
en système de management HSEQ. Il rentre réussie dans le secteur de la construc-
au Congo en 2011 où il reprend du service
à Total E&P Congo. Aussitôt il est consulté tion, la réhabilitation, l’aménagement et la
par de nombreuses entreprises de la place
pour la formation de leur personnel en pro- maintenance de bâtiments et les travaux
cédures d’exploitation des stations-services, publics, avec une grande expérience dans
la prévention, la lutte contre les incendies et
la conduite défensive, puis pour la concep- la construction des stations-services et
tion et le contrôle de certains projets. « Très
débordé et finalement n’arrivant plus à concilier des installations pétrolières et des dépôts
mon travail en entreprise avec mes prestations
privées, il a fallu choisir car je risquais d’être
d’hydrocarbures.
inefficace de part et d’autre. Je me suis désengagé
de mon poste de cadre salarié pour me consacrer à
mon entreprise. J’ai donc démissionné en 2012, Jean Banzouzi Malonga
et le 2 mars 2012 j’ai créé la société JDMK qui

œuvre dans le génie civil, le génie pétrolier et le • Cameps : réhabilitation des entrepôts de
QHSE ». L’ancien employé est ainsi devenu stockage de produits et consommables de

KACC
lui aussi patron d’entreprise. santé à Brazzaville et à Pointe-Noire.
Vos solutions en JDMK a son siège social à Brazzaville, Fort de cette grande expérience, JDMK a
avec une agence à Pointe-Noire. Les été référencé chez Total en 2017, le major
Intérim & recrutement, effectifs varient selon le nombre de chan- des pétroliers au Congo. JDMK est donc
Gestion de paies et conseil tiers ouverts et l’intensité des travaux. Soit parmi les entreprises locales de génie civil
24 agents permanents au départ, avec des qui travaillent avec Total. Hélas, du fait de
pics de 120 employés pour exécuter quatre la crise économique actuelle, JDMK n’em-
à cinq chantiers simultanés. ploie plus qu’une demi-douzaine d’agents
En effet, très rapidement, le carnet de com- permanents. « Nous préférons employer des
mandes de JDMK se remplit. La nouvelle personnes en contrat-chantier et nous les ré-
entreprise travaille particulièrement avec munérons conformément à la réglementation
les sociétés pétrolières et les autres entre- en vigueur », précise Mouandza Kaya.
prises privées de la place. Notamment :
• Total E&P Congo : travaux d’élargisse- De multiples contraintes
ment de la voie A de la base industrielle et L’un des grands challenges actuels de
plusieurs chantiers de génie civil sur tous JDMK, c’est de trouver le personnel qua-
les sites on shore (bureaux, Djeno, côte lifié. « Nos agents permanents sont bien qua-
sauvage…). lifiés, chacun dans son métier. Mais quand
1. Interim et recrutement • SCLOG : travaux de parking et de piste il s’agit de recruter du personnel directement
• Gestion externalisée de votre personnel local et expatrié du dépôt de Ouesso, travaux de génie civil opérationnel pour des chantiers précis, il est
• Consolidation de vos équipes et repérage de vos futurs talents DCI et assise des bacs, d’Oyo, de Ouesso et difficile d’en trouver sur le marché. Cela
• Importante CVthèque de profils variés d’Impfondo, puis divers travaux : dépôts de constitue un gros problème, parce que souvent
• Maitrise des spécificités des conventions collectives et des dispositions légales et Brazzaville, de Mossendjo, de Loutété, etc. les gens viennent sans expérience profession-
règlementaires en vigueur au Congo
• X-oil : construction de la station-ser- nelle, et nous sommes obligés de les former sur
2. Prestations globales sur chantier vice de Loandjili à Pointe-Noire et de la le terrain », déclare le patron de JDMK.
• Recherche et mise à disposition de personnels incluant la fourniture et gestion des deuxième piste de la station-service Patte Et, pour contourner la difficulté, la so-
EPI et transport sur site d’oie, la fourniture et l’installation des ciété a signé un contrat avec l’université
matériels de sécurité et l’environnement : Marien-Ngouabi (ENSP) et d’autres uni-
3. Externalisation des paies et conseils RH les séparateurs d’hydrocarbures, les tés de versités privées, pour l’utilisation des étu-
• Libérer votre service RH de taches liées au traitement de la paie jauge, etc. diants en stage pratique. « L’autre difficulté,
• Conseils techniques et solutions assurant une externalisation conforme de la paie
de vos employés • Afric : construction des stations : Ma- c’est qu’actuellement il n’y a pas de chantiers,
• Gestion quotidienne de vos ressources humaines (discipline, préparation contrats tour, Avenue de France Brazzaville et le carnet de commande est presque vide. Par
de travail, rédaction règlement intérieur, etc.) Boundji etc. ailleurs, les banques ne nous accompagnent
• Laborex : construction du dépôt de Braz- pas. Ou encore, quand elles le font, c’est à des
zaville, Construction R+1 des Bureaux de taux d’intérêt très élevés qu’on ne rencontre
Pointe Noire et Brazzaville Pointe-Noire. quasiment pas ailleurs. De ce fait, il suffit
Tél : +242 06 504 55 55 • Aerco : construction du centre de traite- qu’il y ait un petit retard de paiement, vous
ment des déchets de l’aéroport Maya-Maya. perdez votre marge bénéficiaire et de crédibi-
Email : info@kac-congo.com • Snat : construction de la station-service lité. Dans ces conditions, il est très difficile de
kac-congo.com d’Odziba. travailler comme on le souhaite. »

8
congo économie - N°17 - avril 2020
Sucess story
Dans ce contexte difficile, comment l’en- relations d’affaires et arracher une petite possible de faire référence à JDMK qui les parties prenantes du Congo Brazzaville », dit le
treprise arrive-t-elle à survivre malgré la part du marché, tant soit-il. » œuvre pour y parvenir, pour acquérir le patron de JDMK. Pour autant, ce dernier aurait-
crise actuelle ? Mouandza Kaya répond : matériel nécessaire, notamment, les nou- il un souhait, voire un coup de gueule à formuler ?
« La situation est très difficile. Nous sommes De l’espoir malgré la crise velles technologies, de telle sorte de ne « Mon souhait est que l’Etat soit attentif aux PME
carrément dans la résilience. Même quand L’année dernière JDMK n’a pas pu at- pas être en marge des changements et car elles sont le moteur du développement local. Un
on a du travail, certains clients ont du mal à teindre son objectif en termes de chiffre du progrès de la technologie. « Pour cela, pays qui n’accompagne pas les PME néglige un pan
nous payer. Nous nous efforçons à pérenniser d’affaires. Mais malgré cette situation de nous avons un plan de formation pour le très important de son économie et ne pourrait résor-
nos relations avec les clients permanents ou crise, il y a une lueur d’espoir. JDMK a personnel et nous faisons de la veille infor- ber le chômage. L’Etat a mis en place le Centre de
réguliers. Nous contactons toutes les socié- pour objectif de figurer parmi les majors mationnelle et technologique. Nous souhai- formalité des entreprises (CFE) qui a été récemment
tés de la place avec lesquelles nous n’avions de la construction au Congo. Quand on tons contribuer au management de l’écosys- remplacé par l’Agence congolaise pour la création des
jamais travaillé pour essayer d’élargir nos parlera du génie civil au Congo, il sera tème des PME de construction avec toutes entreprises (ACPE). C’est bien, mais très insuffisant.
On attend plutôt un système d’accompagnement des
PME couvrant entre autres le volet financier. » En
effet, JDMK, qui fait travailler environ 100 per-
sonnes l’année sur plusieurs chantiers, attend
de bénéficier d’accompagnements de l’Etat. Et
d’ajouter : « Si le gouvernement ne fait qu’accentuer
ou augmenter les taxes, de nombreuses PME vont
faire faillite et fermer leurs portes. Par ailleurs, je
pense que les PME locales devraient avoir une place
privilégiée dans les politiques de l’Etat. Quant à mon
BUROTEC PAPETERIE INDUSTRIE BAT 21X29.7cm.pdf 1 27/03/2020 18:18:33 coup de gueule c’est sur la CNSS. Au regard du pour-
centage de la contribution des entreprises, ce n’est pas
à mon avis très correct. 20,28 % pour l’entreprise,
4 % pour l’employé et 0 % pour l’Etat. Je pense que
ces pourcentages doivent être revus à la baisse pour les
Tout pour le bâtiment, tout à votre portée PME, dont l’Etat doit prendre en charge une partie.
J’ai l’impression que c’est l’entreprise qui s’occupe de
tout pour l’employé : la santé, la retraite, etc., mais
quelle est la contribution de l’Etat ? »

Agence Pointe-Noire Agence Brazzaville


98, Bld Charles de Gaulle à côté de Ph. Croix du Sud Immeuble MONTE CRISTO
Pointe-Noire - République du Congo B.P. 828 Centre ville - Brazzaville République du Congo
Tél. : 05 579 66 88 / 05 579 66 89 Tél. : 05 579 00 47 / 05 579 66 60
batiment@burotec.biz / salesbatiment@burotec.biz E-mail : batimentbzv@burotec.biz

www.burotec.biz La société JDMK est en train de


construire son nouveau siège à
Brazzaville, financé par la BCI. Il s’agit
• Informatique • Mobilier • Papeterie • Cadeaux • Bagagerie
d’un bâtiment R+5 à usage commercial
• Coffre • Consommables et de bureau. Au rez-de-chaussée sera
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9
Le coin de l'entreprise congo économie - N°17 - avril 2020

Averda : vous gagnez


Aujourd'hui les camions bleus et les uniformes
de Averda sont de plus en plus visibles dans
nos rues. Nous avons voulu en savoir plus sur

à ne pas gaspiller !
cette entreprise et sur les missions qu'elle réa-
lise ici.

Jean Banzouzi Malonga

N
ous sommes très chanceux au Congo, front de mer et vos parcs. Comme vous pouvez Quel est l'impact positif de Averda ?
car nous pouvons profiter de prome- l'imaginer, l'une des grandes priorités est aussi Outre la contribution positive pour tout le
nades époustouflantes le long du fleuve de maintenir les marchés propres et salubres. monde d’avoir des rues et des marchés plus
à Brazzaville, de parcs soignés, de propres, la société s'engage aussi à protéger ses
plages sans déchets à Pointe-Noire, de De nombreux Congolais travaillent-ils employés. Une grande importance est accor-
collectes quotidiennes des déchets à Oyo, de pour Averda ? dée à la santé et à la sécurité au travail, avec des
quartiers résidentiels propres, d’espaces publics Averda est l'un des principaux employeurs formations régulières pour tout le personnel et
étincelants, de déchets collectés, et tout cela se au Congo. Plus de 2000 hommes et femmes des prix remis aux meilleurs employés.
passe le plus souvent lorsque nous sommes travaillent pour l'entreprise, des balayeurs de L'entreprise s'engage également à faire en sorte
profondément endormis. Souvent, nous ne rues aux mécaniciens, des responsables de la que les femmes jouent un rôle central dans
pensons même pas à qui s'occupe de garder le sécurité aux cadres commerciaux. Naturelle- l'entreprise et investit dans le développement
monde qui nous entoure propre et sain. Qui ment, chaque employé fait vivre au moins deux de son personnel féminin. Autrefois, beaucoup
sont ces personnes ? D'où viennent-elles ? Et membres de sa famille grâce à son salaire (sou- de gens pensaient que la gestion des déchets
quelle est leur contribution réelle à l'avenir de vent beaucoup plus) c’est pourquoi l'impact était un travail d'hommes, mais les femmes
notre nation sur le long terme ? économique global de Averda est significatif. occupent des postes clés à tous les niveaux
chez Averda Congo. Le personnel talentueux
Une expérience internationale Une transmission didactique a la possibilité de s'élever dans la hiérarchie de
Depuis 2015, une entreprise internationale Averda pense qu'il est vraiment primordial l'entreprise, et peut-être même d'être transféré
appelée Averda s'occupe de tout. La société a d'enseigner aux jeunes Congolais l'importance vers d'autres opérations à l'étranger.
commencé à travailler au Moyen-Orient et a de la gestion des déchets et de l'environne-
acquis une expérience dans de nombreux pays, ment. Après tout, ils sont l'avenir de ce pays.
y compris dans des villes de classe mondiale Avec l’aide d’une entreprise locale d'anima-
comme Dubaï. Elle a lancé ses opérations tion, ils ont développé un dessin animé pour
à Brazzaville avant de signer des contrats à enfants avec deux personnages mascottes,
Pointe-Noire en 2016. Glad et Vad : un écolier congolais et un chien
Averda a apporté beaucoup d'équipements bleu. Ces mascottes sont utilisées pour com-
afin d’améliorer la prise en charge des déchets muniquer avec les enfants et leur transmettre
au Congo. Elle dispose maintenant de plus de les connaissances de Averda afin qu’ils aient
200 véhicules, dont des camions de collecte, une meilleure approche de la gestion des dé-
des balayeuses mécaniques et a déployé plus de chets et de l'utilisation des bacs.
3 000 bennes dans tout le pays. Avec près de 200 000 vues en ligne, le dessin
animé est devenu un succès viral instantané, et
Quel est le rôle de Averda dans de nombreuses communautés les person-
dans ma région ? nages sont maintenant devenus des noms fami-
Que vous soyez à Brazzaville, à Pointe-Noire liers. La vidéo a été diffusée lors d'une tournée
ou à Oyo, les employés locaux collectent et des écoles primaires à Brazzaville, Pointe-Noire
nettoient à peu près tout ce que vous voyez : et Oyo, sous le patronage des ministres et des
ils collectent les déchets de vos quartiers, net- représentants des municipalités. À ce jour, les
toient les caniveaux, balaient manuellement représentants de Averda ont visité plus de 160
et mécaniquement les rues du centre-ville, du écoles et distribué 20 000 livres.

10
Le coin de l'entreprise congo économie - N°17 - avril 2020

Régal Congo : Proximité


des clients et des prix attractifs
Créé par M. Daswani Parmanand, Régal Congo est un grand Groupe exerçant dans une chaîne de
supermarchés. Il est spécialisé dans la distribution des produits agroalimentaires, l’électroménager
et les produits bazar ; avec des activités supplémentaires dans le secteur de l’informatique, la
papeterie et aussi de vente de motos et tricycles. Régal Congo a ouvert ses portes le 1er juin 1998
et se caractérise par une politique de proximité aux clients avec des prix de ventes très attractifs.

E
Jean Banzouzi Malonga
n 22 ans de présence au Congo,
Régal Congo s’est progressivement
installé à Brazzaville, Pointe-Noire
et Dolisie, soit 24 magasins répartis
sur les trois villes, avec l’ambition
d’ouvrir des magasins dans d’autres locali-
tés du pays. Plus de 500 postes d’emplois
ont déjà été créés au profit des congolais.
Ils sont encadrés par une cinquantaine de
cadres expatriés, en charge entre autres,
de la formation en interne des employés

12
congo économie - N°17 - avril 2020
Le coin de l'entreprise
congolais dans les fonctions et métiers de
livreurs, responsables de rayons, animateurs
de marques, etc.
L’une des forces du Groupe Régal, c’est
le fait que l’entreprise est bien placée en
développement des grandes marques, no-
tamment pour de nombreux produits de
renommée internationale que Régal repré-
sente, et dont il assure l’animation. Ainsi,
pour plusieurs marques, Régal Congo s’ap-
provisionne directement auprès des fabri-
cants. Cela lui donne l’avantage de placer
ces produits sur le marché à des prix attrac-
tifs par rapport aux concurrents qui s’ap-
provisionnent auprès des intermédiaires.
Mais Régal Congo a aussi d’autres atouts.
Daswani Parmanand le président directeur
général de Régal Congo a 38 ans de pré-
sence au Congo. Il connaît le pays, les us
et coutumes et les besoins de la clientèle
locale. De ce fait, il a pu mettre en place
une chaine de magasins répondant parfai-
tement à la demande. «  En terme de logis-
tiques nous sommes très bien équipés, avec de
nombreux entrepôts et camions pour livrer

GVA Congo et ses


à temps réel. Nous sommes donc très réactifs
pour la disponibilité des produits. Par ailleurs,
l’emplacement de nos magasins jusque dans les
quartiers populaires, permet aux clients d’accé-
der facilement aux produits dont ils ont besoin.
Nous nous sommes rapprochés des clients qui

offres Canalbox
dorénavant n’ont plus besoins d’aller jusqu’au
centre-ville pour acheter leurs produits » ex-
plique Daswani.
En outre, poursuit-il, « nous sommes dispo-
nibles pour satisfaire tous les types d’acheteurs.
C’est-à-dire que nous faisons en même temps
de la vente en gros et en demi-gros (certes avec
de faibles marges mais régulières), et aussi de la
vente au détail, directement chez le consomma-
teur. Tout cela concoure au fait que nous ayons
l'internet très haut débit pour les entreprises et le grand public
des prix attractifs, avec des marges de profit une connexion de qualité et à bon prix entre
cumulées confortables » précise Daswani Par- Pointe-Noire et Brazzaville, soit une paire de
manand le PDG de Régal Congo. Acteur majeur sur le marché des télécommunications, le Groupe Vivendi Afrique (GVA) fibre à louer. C’est ce que nous n’avons pas pour
A la question de savoir comment apprécie- est opérationnel au Congo depuis octobre 2018. Une présence marquée par d’intenses l’instant, ni via E²C, ni via Congo Telecom
t-il le marché congolais, Daswani Parma- (propriétaire et gestionnaire de la ligne Pointe-
nand déplore qu’il y a trop de variations de activités et caractérisée par le déploiement très rapide d’un réseau de fibre optique à Noire/Brazzaville). Sans cette paire de fibre
prix de vente des marchandises sur le mar- nous ne pouvons pas déployer la fibre optique
ché. D’où une concurrence accrue. Et en travers les artères de la ville de Pointe-Noire, où eut lieu le lancement officiel de ses sur Brazzaville », explique M. Le Guen.
plus, sur certaines marques il y a la concur- offres de services sous la marque Canalbox, le 18 avril 2019. Il s'agit d'internet à très Le sujet a été passé en revue entre le DG
rence déloyale du secteur informel qui de GVA Congo et le ministre de l’Energie
fausse les prix sur le marché. N’empêche, haut débit, destiné aux entreprises et au grand public dans les domiciles. et de l’Hydraulique, sans oublier le nou-
« Nous sommes confiants envers le Gouver- veau directeur général de E²C qui, appa-
nement congolais qui nous avait bien accueilli remment, sont enthousiastes et vivement
et nous a autorisé de nous installer et dévelop- Jean Banzouzi Malonga intéressés à pouvoir développer d’autres
per nos affaires dans ce pays. Nous en sommes services et d’autres sources de revenu
reconnaissants et nous remercions les autorités pour la compagnie E²C. En attendant, les
pour cela. Malgré la crise nous allons continuer Après avoir obtenu sa licence d’exploitation sont au plus vite attendus dans la capitale équipes techniques de GVA Congo et de
à investir dans le respect des lois et règlements, auprès de l’Agence de régulation des postes administrative et politique du pays. « Pour E²C travaillent ensemble à Pointe-Noire et
à ouvrir d’autres points de vente et créer des et communications électroniques (AR- Brazzaville, la priorité est de lancer notre offre des séances de travail techniques ont déjà
emplois et satisfaire les congolais. C’est pour ça PCE), le Groupe Vivendi Afrique (GVA) résidentielle Canalbox Premium et d’atteindre eu lieu. GVA jouit d’une grande expérience
que nous sommes là depuis bientôt 22 ans ! » a investi environ 3,5 milliards FCFA pour 200 000 prises installées afin de connecter la dans le déploiement des infrastructures en
Ajoute Daswani Parmanand le développement de son réseau à Pointe- population brazzavilloise avec un débit de fibre optique et pourra accompagner E²C
A propos de la crise économique et finan- Noire et emploie plus de 150 personnes. qualité et une vitesse inégalée pour le grand sur la partie contrôle et optimisation.
cière qui sévit au Congo depuis presqu’une Ce réseau bénéficie d’un accord de parte- public. Nous souhaitons également connecter Ainsi, si ces décisions et accords sont pris
demi-douzaine d’années déjà, le PDG de nariat signé avec la société Energie Elec- les entreprises afin qu’elles puissent améliorer rapidement, dès le courant de l’année
Régal Congo reconnait qu’elle a eu un trique du Congo (E²C) pour l’utilisation leur productivité », affirme M. Yann Le 2020 GVA pourra apporter un service
impact négatif sur son entreprise. « Il y a des poteaux électriques comme support de Guen, directeur général de GVA Congo. internet de haute qualité pour les entre-
eu baisse d’activités depuis 5 ans. Cependant, la fibre optique en aérien. Pour pouvoir lancer les services de la fibre prises et les ménages à Brazzaville, affirme
on note une légère stabilité depuis 2019, bien Ainsi, très facilement, et surtout à des prix optique Canalbox sur Brazzaville, il faut Yann Le Guen.
que ça reste encore bas. Mais nous n’avons très accessibles, les Ponténégrins ont de- un investissement de 3.5 Mds FCFA que
licencié aucun agent du fait de la crise ou de la puis lors accès à l’internet. Le service, qui a l’entreprise a déjà validé, puis profiter de
baisse d’activités. Pas de compression du per- commencé au centre-ville, s’étend progres- la licence déjà accordée par l’ARPCE, le
sonnel. Nous avons plutôt usé d’intelligence en sivement dans les quartiers dits de la cité et régulateur, et aussi de l’accord qui existe
régulant le personnel sur d’autres activités » en périphérie. déjà avec l’Energie Electrique du Congo
affirme le patron de Régal Congo. Si à Pointe-Noire, la capitale économique pour tirer les câbles sur les poteaux élec-
du Congo, les prestations de Canalbox triques. Qu’attend donc GVA pour instal-
sont favorablement appréciés, ses services ler son réseau à Brazzaville ? « Il nous faut

13
Dossier
Les potentialités
naturelles àentransformer
opportunités
du Congo économiques
Secteur Africa Transformation Terminaux L'impact
minier 22 Environnement des fruits du bassin du changement
Solutions 39 locaux 40 du Congo 42 climatique 44
Jean-Jacques SAMBA

Ce qui différencie les pays, ce ne sont pas les potentialités naturelles, mais plutôt
leurs capacités à les transformer en opportunités économiques. Ainsi, les pays pauvres
disposent d’énormes ressources naturelles, à la différence des pays développés qui
en sont souvent très peu pourvus. Par contre, ces derniers ont su créer les conditions
indispensables au développement en investissant dans le capital humain et les infras-
tructures idoines et en mettant en place un environnement des affaires favorable à
l’investissement privé.

Les énormes potentialités naturelles du – et de l’ATC après la nationalisation – la


Congo peuvent devenir des opportunités éco- première artère de transport multimodal en
nomiques dans les secteurs agricole, industriel, Afrique centrale. Cette artère, qui comprenait
des transports, du tourisme, des TIC et des le port de Pointe-Noire, le CFCO, les ports
services, si les infrastructures, le capital humain et les voies navigables jusqu’à Bangui, a eu
et l’environnemental des affaires répondent un impact considérable sur le développement
aux exigences du développement de l’inves- et le commerce entre le Congo et ses voisins
tissement privé. La position géographique du jusqu’au milieu des années 70, avant l’avène-
pays avait pendant longtemps fait de l’Agence ment du pétrole, comme principale richesse
trans-équatoriale de communication (Atec) économique du Congo.
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Brazzaville et Kinshasa, les deux des nombreuses chambres froides présentes dans La pêche et la pisciculture
capitales les plus proches du monde la quasi-totalité des villes congolaises, vendant La pêche maritime est confrontée à l’effondre-
Si à peine cinq kilomètres séparent les deux capi- uniquement des produits carnés et du poisson ment du stock de poisson dans les eaux congo-
tales, elles ne sont pas aussi proches économique- congelés importés. Les conditions de conserva- laises, pour diverses raisons, notamment le rétré-
ment, le niveau de leurs échanges commerciaux tion souvent aléatoires de ces chambres froides cissement des zones de pêche par l’exploitation
étant dérisoires et principalement assuré par posent un grave problème de santé publique à pétrolière et les pratiques illégales de pêche qui
le secteur informel en faveur de Kinshasa. Les cause des risques d’avaries des produits, du fait détruisent la ressource. En revanche, la pêche
études de marché des entreprises de Brazzaville des coupures fréquentes d’électricité. À côté de continentale sur les fleuves, rivières et lacs, par-
n’intègrent généralement pas ce grand marché, ces chambres froides, des magasins chargés des ticulièrement dans les régions septentrionales
pourtant physiquement à leur portée. Le seul conserves de toutes sortes, également importés, du pays, et la pisciculture qui produisent très
commerce formel important entre les deux villes bordent les principales rues et avenues des villes. peu par rapport au potentiel devraient bénéficier
se limite à l’électricité du barrage d’Inga qu’im- Les dispositions fiscales et douanières des diffé- d’investissements conséquents pour permettre
porte la République du Congo et au transit des rents codes et charte d’investissement et des lois au Congo d’améliorer sa balance alimentaire.
marchandises à destination ou en provenance de de finances, qui visent à inciter le financement Le fumage de poisson, qui est une technique
la RDC. Pourtant, avant l’entrée en activité du d’un secteur agricole et d’élevage moderne, cou- traditionnelle maîtrisée dans les grandes zones
CFCO en 1934, Brazzaville dépendait totale- plé à l’agro-industrie, n’ont pas encore produit les de pêche continentale, ainsi que la salaison du
ment du chemin de fer de Léopoldville-Matadi, résultats attendus. L’électrification rurale, mais poisson communément appelé Congo ya sika,
de 1898 à 1934, pour les importations et expor- également la cohérence indispensable des di- pourraient être à la base de la création et du
tations, ce qui avait favorisé à l’époque le com- verses politiques sectorielles dans l’aménagement développement des PME de conservation et de
merce entre les deux villes. du territoire, le transport, le domaine foncier, l’in- transformation du poisson local.

Le secteur agricole : dustrie, le commerce, la formation et la fiscalité


opportunités et contraintes des collectivités locales, devraient accompagner le Kinshasa, un marché
Malgré ses douze millions d’hectares de terres développement de la production agricole. Quant potentiel à 5 kilomètres
arables, l’abondance de sa pluviométrie et sa à l’élevage, l’un des freins à son développement de Brazzaville sur
faible population, l’agriculture congolaise, qui est entre autres la difficulté d’approvisionnement l'autre rive du fleuve.
emploie près de 40% de la population active, ne en aliments de bétail, liée notamment à l’insuffi-
représente que 5% du produit intérieur brut et 1 sance de la production nationale de maïs.
à 2% des exportations. L’incapacité de cette agri- Outre les problèmes de disponibilité des
culture à nourrir la population congolaise oblige semences de qualité, de vieillissement des
le pays à recourir aux importa- actifs du monde rural, le secteur agricole, qui Le secteur forestier
tions massives de divers produits heureusement attire de plus en plus des néo- La forêt, principale richesse du Congo avec
Au lieu de ne se alimentaires – représentant 70% ruraux (anciens fonctionnaires et cadres des l’agriculture avant 1970, ne représente plus que
limiter qu’à la de ses besoins et un peu plus d’un entreprises privées), particulièrement le long 10% des exportations nationales, et presque
milliard de dollars américains – de la RN1 et RN2 et dans les bassins agricoles autant dans le PIB du Congo, à côté des 92%
production, les qui obèrent gravement sa balance traditionnels, a besoin d’investissements consé- et 60% environ que représente le pétrole. Grâce
investissements commerciale hors pétrole et sa
balance de paiement.
quents dans la logistique (transport, conserva-
tion et stockage, conditionnement et transfor-
aux nombreuses initiatives en matière de déve-
loppement durable, la forêt est une ressource
dans le secteur Face à cette situation paradoxale, mation). Cette logistique devrait permettre de renouvelable ayant un énorme potentiel de créa-
agricole doivent les politiques publiques successives réduire les énormes pertes aujourd’hui estimées tion d’emploi, sur le plan industriel, alimentaire
ont misé sur les coopératives, les à 50% au moins, entre la récolte et l’assiette du et environnemental et pour la lutte contre le
également porter fermes d’État, puis l’agro-indus- consommateur, du fait du caractère périssable changement climatique. L’investissement dans la
trie. Le déclin de la paysannerie des produits agricoles. Ces pertes affectent les gestion durable de la forêt pourrait significative-
sur la logistique. qui s’en est suivi, a été accentué revenus des acteurs de la chaîne agricole, les ment contribuer à la réduction de l’exode rural
par l’exode rural vers les grandes prix sur le marché et l’attractivité de l’investis- qui engorge les grandes villes, accueillant de plus
villes. La très faible base économique des pe- sement dans le secteur agricole. Ainsi, au lieu en plus des nouveaux arrivants dans la précarité.
tites villes « rurales » nées ces quinze dernières de ne se limiter qu’à la production, les investis-
années dans les régions, grâce aux investisse- sements dans le secteur agricole doivent égale- Le secteur industriel : l’étroitesse
ments publics massifs dans les infrastructures, n’a ment porter sur la logistique. Cette logistique du marché local et les opportunités
pas pu endiguer l’exode qui désertifie le monde participerait à la dynamique du développement de l’intégration régionale
rural. Du fait de l’insuffisance de la production de la chaîne des valeurs dans le secteur agricole, L’industrie congolaise est dominée par des entre-
agricole et de l’élevage, ces petites villes rurales à l’amélioration de la compétitivité de la pro- prises essentiellement liées au secteur pétrolier,
participent à l’augmentation de la dépendance duction locale face aux importations, et pour- cohabitant avec quelques industries manufactu-
alimentaire du Congo vis-à-vis des importations. rait même ouvrir aux possibilités d’exportation rières, produisant exclusivement pour le marché
Cette dépendance est illustrée par la triste image des produits agricoles. local. Certaines de ces industries manufacturières

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congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
sont fortement dépendantes d’importations de Brazzaville et Kinshasa consolideront le corri- Le secteur minier
matières et consommables. La concurrence de dor intégrateur partant de Pointe-Noire pour la Les premières découvertes du potentiel minier
plus en plus aigüe sur le marché local très étroit, RCA. L’économie congolaise devrait tirer profit de la République du Congo ont permis la mise
rend indispensable l’exploration des possibilités de la réalisation de ces projets, à condition que en exploitation des minerais non ferreux (cuivre,
d’exportation sur le marché de la sous-région, les mesures de facilitation des échanges, recom- zinc et plomb) de Mfouati, Mindouli et Nga-
en vue d’atteindre des niveaux de production qui mandées par l’Organisation mondiale du com- mandzambala entre les années 1905 et 1925.
permettent de réduire les coûts fixes et de réaliser merce (OMC) et l’Organisation mondiale des Ce potentiel s’est considérablement élargi avec
des économies d’échelles sur les approvisionne- douanes (OMD), soient mises en œuvre sans les importantes réserves de fer localisées dans
ments des matières et consommables. Pour cela, faille au port de Pointe-Noire et le long des cor- les départements de la Lékoumou (Mayoko,
il va falloir exploiter les dispositions prévues par ridors routiers et fluviaux. Zanaga, Bambama, Madzoumou), au sud du
la Cemac et la CEEAC dans le cadre de l’agré-
ment au tarif préférentiel des produits industriels,
répondant aux critères des produits d’origine
communautaire, parmi lesquels, la fabrication
à base d’au moins 40 % de matières premières
locales. Actuellement, les produits manufacturés
bénéficiant de l’agrément CEEAC sont princi-
palement fabriqués par l’industrie camerounaise,
très orientée vers la transformation des matières
locales, notamment agricoles.
L’industrie congolaise doit absolument intégrer
le marché communautaire dans son marché po-
tentiel, lorsque les facteurs tels que le taux d’uti-
lisation des matières et intrants locaux et les faci-
lités de transport le permettent. Produire pour le
seul marché congolais ne garantit pas souvent la
compétitivité de la plupart d’industries manu-
facturières, confrontées à la concurrence sur un
marché national trop réduit.

Le secteur énergétique
L’énergie est le talon d’Achille du Congo, alors
qu’il dispose d’une hydrographie devant lui per-
mettre de produire l’énergie nécessaire à son
développement. Contrairement au pétrole et au
gaz qui sont des ressources non renouvelables
et des centrales thermiques polluantes, l’hydro-
électricité présente des avantages indéniables,
sous réserve que la construction des infrastruc-
tures n’endommagent pas les écosystèmes et
n’impactent pas gravement l’environnement.
La construction du barrage de Sounda, dans le
département du Kouilou, attendue depuis 1961
avec une capacité de 600 à 1.000 MW suivant
les options, devrait largement combler le déficit
énergétique du Congo qui est l’un des facteurs
handicapant le développement des entreprises et
affectant entre autres les coûts et la compétitivité.

Le secteur des transports et


services connexes : la reconquête
du rôle de pays de transit
Le rôle de pays de transit parfaitement assumé
par le Congo au sein de l’AEF, grâce à l’Agence
trans-équatoriale de communication (Atec),
relayée après l’indépendance par l’Agence trans-
congolaise des communications (ATC), a forte-
ment souffert de la dégradation des transports
ferroviaire et fluvial et de l’interruption du tra-
fic sur le CFCO pendant les conflits armés qu’a
connu le Congo depuis l’année 1997.
La perte, au début des années 90, du trafic minier
de manganèse de la Comilog par le CFCO et le
port de Pointe-Noire et la déviation au port de
Douala, et tout récemment au port de Kribi du
trafic import-export du Tchad et de la RCA et
d’une partie importante des exportations de bois
de la Sangha et de la Likouala, ont fortement
réduit la vocation de pays de transit du Congo.
Les gros investissements réalisés au port de
Pointe-Noire, ainsi que la construction de
la nationale n°1 et de la nationale n°2 jusqu’à
Ouesso et la frontière camerounaise ont ouvert
des nouvelles perspectives à la vocation de pays
de transit du Congo, en dépit des graves dégra-
dations de certains tronçons de la nationale
n°2. Les projets de construction de la route de
Ouesso pour Bangui et du pont route/rail entre

17
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

pays, et de la Sangha (mont Nabemba, Ivindo, tion locale des minerais existent. Cependant, et Dolisie, dont la production globale de près de
Boundoudo, Avima, et Youkou), dans le nord la contrainte majeure de l’industrie minière 1, 5 million de tonnes de ciment est largement
du pays. À cela il faudra ajouter la potasse et les demeure ses besoins énergétiques, que la pro- au-dessus des besoins nationaux, suite à l’arrêt des
phosphates localisés dans les départements de duction nationale actuelle ne pourra couvrir. De nombreux chantiers publics d’infrastructures.
Kouilou/Pointe-Noire, le cuivre dans le bassin même, les problèmes de transport pour l’évacua-
cuprifère situé entre Mindouli et Mfouati, sans tion jusqu’à la côte et l’aménagement d’un port Le secteur du tourisme
oublier les gisements d’or dispersés sur tout le minéralier devront être résolus. Encore très loin derrière les grands pays du tou-
territoire national. Le grand gisement de calcaire, qui s’étend de risme africain que sont le Maroc, l’Egypte, la
Plusieurs opportunités d’investissement liées à Mindouli à la Bouenza, a été à la base de l’im- Tunisie, l’Afrique du Sud, Maurice et le Kenya,
la construction d’industries pour la transforma- plantation de quatre cimenteries entre Mindouli l’Ethiopie, le Sénégal et bien d’autres, faisant
partie du top 10 des pays du continent les plus
compétitifs en matière de voyage et de tourisme
selon le World Economic Forum, le Congo am-
bitionne de développer son secteur du tourisme
en accroissant sa contribution jusqu’à 10% du
PIB, au terme du Plan national de développe-
ment (PND). Cet objectif, à atteindre en très peu
de temps au regard des défis à relever, s’adosse sur
l’énorme potentiel du Congo dans le domaine du
tourisme. La mise en valeur de ce potentiel exige
des gros investissements en ressources humaines,
en infrastructures directes et d’accompagnement,
et d’importants efforts en termes de climat des
affaires pour rendre la destination Congo com-
pétitive et attractive.

Le potentiel touristique du Congo est très diver-


sifié. Il est composé de sites naturels côtiers, des
aires protégées couvrant 13% du territoire natio-
nal telles que Odzala-Kokoua, Nouabalé-Ndoki,
Conkouati Douli et Ntokou Pikounda, des sites
le long du riche réseau hydrographique, notam-
ment sur le fleuve Congo avec ses cataractes,
les rivières, telles que le Djoué avec son barrage
hydro-électrique de Brazzaville, la Loufoulakari
avec ses chutes, l’Alima, la Likouala-Mossaka, la
Sangha et l’Oubangui. Les villes et leurs alen-
tours regorgent également des sites et bâtiments
historiques tels que Loango dans le Kouilou avec
son musée de l’esclavage, la centenaire tour de
contrôle du premier aéroport de Brazzaville à
Bacongo, dont le bâtiment couramment appelé
« l’Angola libre » a été cannibalisé et transformé
en épicerie et salle de jeu, en dépit de sa valeur
hautement historique pour l’aviation au Congo.
La première mairie de Brazzaville, construite en
1912 et en piteux état, est inconnue de la plu-
part des Brazzavillois qui fréquentent pourtant
la corniche du fleuve. Si le port de Loango est
bien connu de tous comme lieu d’embarquement
des esclaves sur la côte congolaise au 17e et 18e
siècle, le marché et le point de départ de la piste

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congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
des esclaves ou piste des caravanes à la mai-
rie de Brazzaville sont totalement ignorés.
De même est ignoré l’itinéraire dans Braz-
zaville du premier chemin de fer minéralier
du Congo qui a précédé le CFCO, dont les Champs de manioc.
va-et-vient des petites locomotives à vapeur,
rythmaient la vie entre Mfouati-Mindou-
li-Ngamandzambala, le quartier Sangolo-
OMS jusqu’à la flottille, en contrebas de la
Case De Gaulle.
En dépit de tout le potentiel, le tourisme est
encore à un niveau artisanal au Congo, au
point où le parc hôtelier, qui a connu un dé-
veloppement remarquable ces dix dernières
années, ne compte exclusivement que sur le
tourisme d’affaires lié aux congrès et confé-
rences internationales et aux voyages des en-
trepreneurs. Ce tourisme, fortement impacté
par la situation économique difficile que
traverse le pays, a entraîné un effondrement
des taux d’occupation des hôtels qui désé-
quilibre l’exploitation de la majorité de ces
établissements. On peut observer que dans parafiscale appliquée aux hôtels participe à la ticulièrement besoin de compétences de lais. Pour combler les graves déficiences en
les nouvelles villes créées à l’occasion des cherté de la destination Congo, sans oublier pointe en perpétuelle évolution du fait des compétences locales, les entreprises sont
municipalisations accélérées, de nombreux les difficultés des liaisons aériennes directes innovations rapides, et exigent des infras- contraintes de se tourner à l’extérieur pour
hôtels sont quasiment vides et s’exposent à entre les deux grandes villes congolaises et tructures d’électricité et de télécommu- recruter, ce qui paraît souvent incompris
une dégradation irréversible. Au niveau fis- les autres capitales d’Afrique centrale. nications performantes. La fibre optique face au chômage endémique que vivent les
cal et parafiscal, les hôtels souffrent d’une dont le Congo s’est doté depuis quelques milliers de jeunes diplômés congolais, dont
taxation exorbitante composée de la TVA et Le secteur des technologies de années est encore loin de déployer tout le profil est loin de répondre aux besoins du
des centimes additionnels à 18,9%, de la taxe l’information et de la communication son potentiel en termes de mutations dans marché de travail.
du séjour hôtelier à 10% pour le fonds de et le secteur des services le développement économique et social.
développement touristique et de la taxe hô- Les technologies de l’information et de la Elle devrait ouvrir d’énormes perspectives
telière à 2% pour les collectivités locales, soit communication et les services en général d’investissement en fonction de l’amélio-
un taux cumulé de 30,9% de taxes sur le tarif sont des secteurs d’appui et de support à ration de l’environnement des affaires et
hors taxes des hôtels. Cette taxation fiscale et tous les secteurs de l’économie. Ils ont par- des compétences du capital humain congo-

21
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

© MPD Congo
Camion transportant
du minerai en Australie

secteur minier Le potentiel géologique du Congo Conformément au code minier, le minis-

Le secteur minier au
se découvre au fur et à mesure tère des Mines et de la Géologie a joué un
Le potentiel géologique du Congo est rôle de promoteur du secteur pour assurer le
d’ores et déjà prometteur, et ce en dépit du développement harmonieux du pays et a su
fait qu’une vaste partie du territoire ne soit soutenir les investisseurs pour mettre en va-

Congo-Brazzaville : état
pas encore explorée. On note cependant leur des gisements de tailles mondiales. Cela
que tous les permis attribués à ce jour cou- s’est couronné en 2017 par le démarrage de
vrent désormais environ un tiers du terri- la production minière en République du
toire national. Congo. Il faut néanmoins rester vigilant, car

des lieux et contraintes


le secteur minier reste très fragile. D’autres
Les permis de recherche projets de grandes envergures démarreront
Afin de déterminer le potentiel géologique à condition de lever les contraintes et de
de la République du Congo, le ministère des continuer à soutenir les opérateurs en faisant
Mines et de la Géologie a octroyé depuis en sorte que l’ensemble des administrations
2005 plus d’une centaine d’autorisations de soient en cohérence avec la stratégie du mi-
Aimé Emmanuel Yoka, DG Congo Iron, président de la fédération prospection et une cinquantaine de permis nistère des Mines.
des Mines ; Florent Lager, AGA MPD Congo, vice-président de la de recherche. Les recherches portent sur les
fédération des Mines et membre comité exécutif ITIE Congo ; Patrick minerais industriels (fer, potasse, phosphate 2017-2020 : démarrage de la
Stevenaert, PDG Cominco, vice-président de la fédération des Mines. et poly-métaux), l’or, le diamant, le coltan, production minière industrielle en
mais aussi sur l’uranium et le lithium. République du Congo
La production minière à l’échelle industrielle
Les sociétés titulaires a démarré depuis 2017. En 2020 trois socié-
d’un permis d’exploitation tés minières sont en production : Soremi,

L
Suite aux recherches et études réalisées de- Lulu et Sapro.
a République du Congo est dotée de puis 2007 par les sociétés minières, le minis-
Les articles sur le ressources minières importantes et
variées. Depuis l’entrée en vigueur
tère des Mines et de la Géologie a octroyé à
ce jour 15 permis d’exploitation à 12 sociétés
• Soremi : cuivre (Bouenza)
L’actionnaire majoritaire est China Natio-
secteur minier ont du code minier de 2005, les inves- minières dont neuf sociétés sont membres de nal Gold Group Corporation (Chine) et le
été écrits en février tissements réalisés par les entreprises la Fédération des Mines solides du Congo minoritaire, à l’origine du projet, est Gerald
minières ont permis de valoriser les connais- (FedMines)2. Metals Group (USA). Cette société a dé-
2020 soit avant la sances du sous-sol congolais par la décou- Ces permis d’exploitation sont localisés au marré ses activités en 2008 avec deux permis
verte des ressources minérales suivantes : sud et au nord-ouest du pays ainsi qu’illustré d’exploration. Entre 2014 et 2017 la société
pandémie mondiale fer, potasse, phosphate, poly-métaux (cuivre, par la carte ci-après. a construit une usine de séparation des mi-
de Covid-19 qui aura zinc et plomb), or, diamant et coltan. Cette
connaissance a été amplifiée par les travaux Source : ministère des Mines et de la Géologie et FedMines.
des impacts sur les récents du ministère des Mines et de la Géo- n° Société Substances Nom du Permis Fédération des Mines
différents projets logie, de Total, du BRGM, d’Asperbras et 1 MPD Congo Fer Zanaga Membre
d’autres encore. 2 Congo Iron Fer Nabéba Membre
miniers et leur délais Le potentiel de production annuel de mine- 3 Sapro-Mayoko Fer Mayoko-Lekoumou Membre

de réalisation. rai de fer s’élèverait à 100 millions de tonnes, 4


5
Congo Mining
Sino Congo Resource
Fer
Fer
Mayoko-Moussondji
Bikélé
Membre
celui de la potasse de 3 à 5 millions de tonnes,
6 Core Mining Fer Avima
du phosphate de 4 millions de tonnes, du
7 Cominco Phosphate Hinda Membre
cuivre de 50.000 tonnes et plusieurs milliers
8 Sintoukola Potash Potasse Dougou Membre
de tonnes de zinc et de plomb. 9 Kola Potash Potasse Kola Membre
L’exploitation des futures mines de potasse, 10 Luyuan des mines Potasse Mboukoumassi 1 et 2 Membre
de phosphate et de fer se fera sous forme in- 11 MPC Potasse Mengo Membre
dustrielle tandis que pour l’or et le diamant 12 SOREMI Polymétaux Boko-Songo Membre
le secteur est principalement artisanal (4.664 13 SOREMI Polymétaux Yanga-Koubenza Membre
artisans en 2012 d’après une étude conjointe 14 LuLu Polymétaux Mpassa-Moubiri
du PNUD et du ministère des Mines)1. 15 LuLu Polymétaux Mindouli

22
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
nome de Pointe-Noire. En raison de leur
localisation (départements de la Bouenza
et du Pool) les sociétés bénéficient d’une
des meilleures infrastructures du Congo, la
route nationale 1, preuve que la réalisation
d’une infrastructure impacte favorablement
le secteur minier. Enfin le cours du minerai Carte de la répartition
de cuivre oscille entre 4.000 et 6.000 USD/t des permis de
quand le cours du minerai de fer oscille entre recherches minières.
50 et 85 USD/t ou le concentré de phos- Source : ministère des Mines
phate est actuellement à 72,5 USD/t. et de la Géologie 2019.

nerais et de traitement du cuivre. Depuis


2017, Soremi exporte environ 15.000 tonnes
de cathode de cuivre par an. La phase 2 du
projet permettra de produire également du
zinc et, à terme, du plomb. La construction
de l’usine de zinc a démarré et devrait être
terminée mi-2020 pour produire environ
6.000 tonnes de zinc d’ici la fin de l’année.

• Lulu : plomb et zinc (Pool)


La société chinoise Lulu a obtenu des per-
mis de recherche des polymétaux non fer-
reux dans la zone de Mindouli en 2007 et
la production a démarré fin 2017. Elle aurait
exporté 1.100 tonnes de minerais bruts de
zinc et de plomb en 2017 et environ 3.000
tonnes en 2018 3.

• Sapro : fer (Niari)


En 2016, le groupe congolais Sapro a acquis
la société DMC qui appartenait à la société
sud-africaine Exxaro, titulaire du permis
d’exploitation Mayoko-Lékoumou. Les
réserves de minerais de fer sont estimées à
2,6 Mds de tonnes. En 2019, Sapro a réa-
lisé deux exportations de minerai de fer :
18.000 tonnes en avril et 30.000 tonnes en
décembre. Le volume de production de cette
société située proche de la voie ferrée du
CFCO (Mayoko-Pointe-Noire) a été limité
en raison des énormes contraintes logis- 2020 : les contraintes auxquelles boursement des emprunts. Bien entendu, le
tiques liées à la faiblesse des infrastructures : font face les sociétés minières volet environnemental et la responsabilité
Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) Pour passer à l’étape de construction, les so- sociétale ne sont pas négligés et se font en
peu adapté à l’exportation de minerai en ciétés minières ont besoin de lever des cen- accord avec les principes de l’Equateur qui
vrac et absence de port minéralier, mauvais taines de millions voir des milliards d’USD obligent toute institution financière à s’as-
état de la voie ferrée, absence de disponibilité en fonction des projets. Les prêteurs et surer de la validation d’une étude d’impact
d’énergie dans la zone de la mine, etc. investisseurs imposent des termes de finan- environnemental et social pour chaque pro-
cement de plus en plus contraignants mais jet qu’elle finance.
Le fait que les deux premières sociétés qui reflètent le fait que seule une mine sur La première contrainte qui impacte tous les
minières entrées en production au Congo 500 représente un investissement rentable projets miniers, toutefois à différents degrés,
exploitent des polymétaux n’est pas un ha- contre un champ sur 10 dans le pétrole. Les est le cours des matières premières. Le deu-
sard. En effet, les coûts de réalisation de ces investisseurs font donc face à des risques de xième type de contrainte est d’ordre admi-
projets sont de 200 à 300 millions d’USD, financement ainsi qu’à des risques environ- nistratif et pourrait trouver des solutions
alors que les autres projets sont plutôt de nementaux et opérationnels qui poussent à avec une volonté politique déterminée et
500 millions à plusieurs milliards d’USD. un arbitrage drastique des projets dans les- une vision claire de ce secteur transversal. La
Les projets de polymétaux sont aussi moins quels ils investissent. troisième contrainte est relative aux infras-
tributaires d’infrastructures (productions en Les projets doivent donc être technique- tructures (portuaire, transport et énergie).
milliers de tonnes par an et non en millions ment robustes, avec une solution de trans- Face à ces différentes contraintes, les sociétés
de tonnes). Ils exportent leur production port et d’exportation réaliste et avoir une minières s’organisent et cherchent active-
par la route en conteneur via le Port auto- rentabilité suffisante pour garantir le rem- ment des solutions.

23
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Les contraintes liées au cours nellement monté à une moyenne de 93,85


des matières premières USD la tonne en raison de l’effondrement
L’évolution des cours des minerais est liée du barrage dans une mine de fer au Bré-
à la combinaison de facteurs économiques sil (2e producteur de fer au monde) et des
Répartition des permis tels que la baisse de la consommation intempéries en Australie (1er producteur
d'exploitation minière chinoise et indienne, des facteurs géopoli- mondial). Le cours du fer sur l’année 2019
tiques (le Brexit, les tensions entre les Etats- a été extrêmement volatil5. De nombreux
Source : ministère des Unis et la Chine, le coronavirus, etc.), le analystes prédisent un prix moyen du mi-
Mines et de la Géologie ralentissement de l’économie globale et la nerai de fer en dessous de 70 USD/t à la
et FedMines. surabondance de matières premières sur le fin de l’année 2020. Cette volatilité ne joue
marché international en raison de l’ouver- pas en faveur du financement des projets de
ture de nombreuses mines quand les prix fer au Congo, dont les coûts sont estimés à
étaient élevés. plusieurs milliards d’USD.
Sur l’année 2019, les marchés internatio-
naux des matières premières ont été très • Le cours de la potasse et du phosphate
volatils et ont été marqués par une baisse En prenant comme base le cours en janvier
des cours des matières premières (baisse 2011, on constate que le cours de la potasse
globale de 8 % en 2019) 4. A cela s’ajoute et du concentré de phosphate a augmenté
le faible niveau des prix du pétrole qui jusqu'à mi 2013. Ensuite les cours se sont
impacte négativement la capacité finan- effondrés. Le cours de la potasse a repris
cière du Congo et amplifie le risque pays, en 2019 pour atteindre 265,5 USD/t mais
rendant plus difficile la mobilisation des reste toujours bien inférieur aux 367 USD/t
financements. de janvier 2011. Le cours du concentré de
phosphate se situe à 72,5 USD/t en janvier
Les cours des quatre principales 2020 contre 155 USD/t en janvier 2011.
matières premières disponibles Les cours si bas rendent plus difficile la
au Congo recherche de financement. Les coûts de
production devront être réduits afin de
• Le cours du minerai de fer pouvoir rembourser les emprunts et avoir
Le prix moyen du fer a chuté de 62%, une rentabilité suffisante pour les inves-
de 130 USD/t en 2013 à 55 USD/t en tisseurs. Toute augmentation significative
2015. Il est ensuite lentement remonté des coûts locaux (taxes, péages, délais dans
à 59 USD/t en 2016 puis 72 USD/t en les certifications environnementales, etc)
2017 avant de redescendre à 69,75 USD réduit d’autant plus la marge de la société
en 2018. En 2019 le cours est exception- et son attractivité pour un prêteur.

24
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
• Le cours du cuivre La nouvelle réglementation des changes 6 application des conventions d’exploitation de fer). Bref, le secteur minier congolais
Depuis 2013, le cours du cuivre a chuté en de la CEMAC du 1er mars 2019 risque minières pour permettre aux sociétés de a la capacité de répondre à un monde en
passant de 8 000 USD/t à 4 500 USD/t d’impacter le développement du secteur progresser. transition. Cela explique en grande partie
en décembre 2015. Entre 2015 et fin 2019, minier au Congo et au sein de la zone CE- la résilience des investisseurs qui se sont
les cours sont légèrement remontés et os- MAC car elle vient remettre en cause des Les contraintes liées regroupés au sein de la fédération des
cillent entre 5 000 et 7 000 USD/t avec une dispositions contenues dans les conven- aux infrastructures Mines depuis 2011. Cela devrait aussi
moyenne d’environ 6 000 USD/t. tions minières et en contradiction avec les Les contraintes en matière d’infrastruc- inciter les autorités publiques à mettre en
clauses de stabilisation. Les différentes pro- tures font l’objet d’un article spécifique, place un organisme dédié au développe-
Les contraintes administratives positions de la BEAC pourraient gripper car c’est un élément essentiel au déve- ment des projets miniers qui, de par leur
Les sociétés minières ont chacune signé significativement les opérations avec une loppement des projets miniers. Face à transversalité, en font des projets parti-
avec l’Etat une convention d’exploitation règlementation des changes qui semble se ces contraintes, les sociétés minières ne culiers et structurants pour l’économie
minière et certaines ont été ratifiées tandis focaliser sur le maintien des devises en zone baissent pas les bras et cherchent des solu- nationale.
que d’autres sont en cours de ratification. CEMAC alors que beaucoup de miniers tions. Aucune société minière n’a quitté
La loi de finances 2019 avec son article 386 travaillent avec des fournisseurs locaux et le Congo mais elles ont réduit, depuis
bis prévoyant la révision des conventions, internationaux. 2015, leurs activités sur les sites, à l’excep-
remettrait en cause le principe de stabili- Les nombreux contrôles administratifs, tion de celles qui sont déjà en production,
sation et les exonérations des conventions parfois non fondés, ralentissent le déve- pour faire face à la crise économique. Les
d’exploitation minière et aurait des consé- loppement des projets. Il serait souhaitable sociétés minières redimensionnent leurs 1. Etude conjointe du PNUD et du Ministère des Mines
quences désastreuses sur le développement de former les inspecteurs/contrôleurs aux projets, tenant compte des différentes et de la Géologie.
des projets miniers. spécificités du secteur minier en créant, par contraintes et ont relancé des études en 2. La Fédération des Mines compte dix membres,
dont neuf sont titulaires d’un permis d’exploitation, le
La validité des certificats de conformité exemple, des divisions au sein des impôts, vue de pouvoir démarrer les activités. dixième membre est la société GenMin (fer) qui est en
environnementale devrait s’étendre sur la douanes, et autres ayant une connaissance Le secteur minier au Congo-Brazzaville phase de prospection
durée du projet. La durée de validité des approfondie des enjeux et dispositions ré- rentre désormais dans une phase critique. 3. Rapport ITIE Congo 2017 publié en décembre 2019.
certificats varie d’une société à l’autre et gissant le secteur minier, à l’instar d’autres C’est d’ailleurs également le cas pour l’in- 4. 34e édition du rapport cyclope dirigé par Philippe
Chalmin, janvier 2020.
certaines n’ont un certificat valable que pays d’Afrique. dustrie minière à l’échelle globale qui doit 5. 94 USD/t en janvier 2019, 85 USD/t en mars
pour un an ou quatre ans. Cette durée de Certaines sociétés minières font aussi face résoudre l’équation difficile de contraintes puis un pic de 120 USD/t début juillet avant de chu-
validité met à risque les sociétés minières à des contestations des licenciements pour toujours plus grandes tout en maintenant ter à nouveau à 85USD/t début août et à 82 USD/t
puisqu’en cas de refus de renouvellement, motif économique, alors que les droits ont des coûts opérationnels qui doivent rester en novembre.
les sociétés ne pourraient pas poursuivre été respectés et souvent des indemnités bas pour le consommateur final. 6. Règlement n°02/18/CEMAC/UMAC/CM du 21
décembre 2018.
leurs activités. Le certificat de conformité additionnelles conséquentes ont été versées Les futures mines congolaises sont de
est un document essentiel pour constituer à titre gracieux. classe mondiale et répondent à la fois
les dossiers de financement et un délai Les sociétés minières membres de la fédé- aux besoins de transitions énergétiques
d’un an ou de quatre ans ne permet pas ration des Mines veulent développer leur (cuivre, cobalt, lithium), transitions dé-
le financement d’un projet de centaines de projet et l’Etat devrait continuer à veiller à mographiques (phosphate, potasse) et
millions d’USD. la stabilisation de la législation et à la bonne transitions en infrastructures (minerai

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25
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Si l’ensemble des projets de fer rentraient en exploitation, la production théorique


serait de 100 millions de tonnes de fer par an (Mtpa) dans la prochaine décennie
faisant du Congo un des cinq premiers producteurs au monde. Le pays pourrait
également devenir un acteur majeur de la production d’engrais au niveau mondial,
avec un potentiel annuel de 3 à 5 millions de tonnes de potasse et 4 millions de
tonnes de phosphate.

Le potentiel du
minerai de fer et
des engrais au
Congo-Brazzaville
Aimé Emmanuel Yoka, DG Congo Iron, président de la fédération
des Mines ; Florent Lager, AGA MPD Congo, vice-président de la
fédération des Mines et membre comité exécutif ITIE Congo ; Patrick
Stevenaert, PDG Cominco, vice-président de la fédération des Mines.

Le potentiel de développement per ce que certains experts ont appelé un «


dans le minerai de fer Pilbara Africain », en référence à la région Clusters de minerai
La production mondiale totale de minerai australienne qui produit 324 millions de de fer et la localisation
de fer a été d’environ 1,2 milliards de tonnes tonnes annuels de fer pour une durée pré- des gisements de fer.
en 2019 et deux pays sont les principaux pays vue de 60 ans. Source GenMin.
producteurs : l’Australie (1er producteur)
avec une production annuelle d’environ 600 Un cluster Sud et un cluster Nord
millions de tonnes en 2019 et le Brésil (2e pour le minerai de fer
producteur) avec une production mondiale La position géographique des gisements de limiter le nombre d’infrastructures, minimi-
d’environ 300 Mtpa. fer, fait apparaître distinctement deux pôles sant ainsi l’impact environnemental et déve-
La Chine est le pays qui a le plus d’impact de développement (clusters) : un cluster loppant le commerce transfrontalier au sein
sur le cours du minerai de fer et toute per- Nord (départements) avec le Cameroun des Etats membres de la Cemac.
turbation de son économie impacte les cours et un cluster Sud (départements Niari et Plusieurs cadres institutionnels existent
mondiaux. Ainsi la Chine consomme envi- Lékoumou) qui pourrait comprendre les déjà et pourraient servir à la réflexion sur la
ron 90% du minerai de fer mondial et a im- projets de fer du Gabon (notamment ceux mutualisation de ces infrastructures : le Pool
porté 1,069 milliards de tonnes en 2019. La explorés par GenMines). énergétique de l’Afrique centrale (PEAC),
Chine est également le premier producteur Certaines sociétés minières élaborent une mais surtout la Communauté économique
mondial d’acier et a produit 996 millions de stratégie visant à mutualiser les infras- et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac)
tonnes d’acier en 2019 alors que le deuxième tructures (énergie, transport, etc.) entre le et la Communauté économique des Etats
producteur, l’Inde, n’a produit que 110 mil- Congo et le Gabon, d’une part, et le Congo d’Afrique centrale (CEEAC).
lions de tonnes. et le Cameroun, d’autre part. La mutuali- Pour que ces projets transfrontaliers soient
La République du Congo a l’opportunité sation de ces infrastructures permettra de un succès, il est essentiel d’avoir un cadre de
de devenir un acteur majeur sur le marché faciliter la levée des financements en ayant concertation entre la Cemac et la CEEAC,
du minerai de fer, non seulement par ses plusieurs Etats garants et des partenariats les ministères des Mines des Etats membres
volumes de production (estimé à plus de (PPP, Concession, BOT) avec les sociétés et les sociétés minières.
100 Mtpa), mais aussi par la qualité de son minières. Des fonds et banques d’inves- Ce travail de longue haleine a évidemment
produit qui pourra concurrencer les leaders tissements et d’autres organismes finan- commencé mais est plus complexe qu’il n’y
mondiaux que sont les sociétés BHP, Rio ciers pourraient être intéressés, même si les paraît. Ainsi le processus suivi pour l’élabo-
Tinto et Vale. nombreuses institutions multilatérales ne ration du projet de code minier communau-
La localisation des gisements de minerai de semblent pas réellement intéressées au déve- taire par la Cemac depuis 2015, financé par
fer aux frontières du Congo, Gabon et Ca- loppement de ces infrastructures pour des la GIZ (coopération allemande) est assez to-
meroun plaide en faveur du développement raisons incluant les faibles cours actuels des pique. Ce projet de code serait au stade de la
d’une mutualisation des gisements et du minerais, ou encore le risque réputationnel validation par les Etats membres bien qu’au-
développement d’infrastructures régionales associé au financement des projets miniers. cune société minière au Congo n’ait reçu ni
qui permettrait aux trois pays de dévelop- Pourtant, la mutualisation permettrait de le projet ni l’opportunité d’être associée aux

28
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
travaux. Nous restons confiants quant au
fait que ce projet sera transmis aux sociétés
minières membres de la Cemac avant son
adoption et que celles-ci seront aussi asso-
ciées au projet d’élaboration de la politique
minière de la Cemac.
Si la Communauté européenne du charbon
et de l'acier (Ceca) a préexisté à la création
de l’Union européenne (UE), le développe- Vers une productivité
ment des projets de minerai de fer pourrait accrue ?
bien donner une consistance à la Cemac, à
condition d’intégrer les acteurs du secteur En 2006, lors du sommet africain
que sont les opérateurs miniers et les fédéra- sur les engrais, les ministres de
tions qui les représentent. Se passer de cette l’Agriculture de l’Union Africaine
expertise réduirait les chances de remporter s’étaient fixés comme objectif
ce défi majeur. d’atteindre 50 kg de fertilisants

© MPD Congo
par hectare d’ici à 2015 (contre
Une intégration des projets de fer plus de 120k/ha dans le monde).
dans la nouvelle route de la soie On n’a atteint que 17 kg/ha.
De par ses ressources naturelles et sa situa- Les dirigeants africains se
tion géographique dotée d’une façade mari- sont engagés en vue d’induire
time sur l’atlantique, le Congo sera amené en matières premières et de se mettre sur le Le potentiel du Congo en une forte croissance agricole
à jouer un rôle important dans le cadre du devant de la scène internationale. Ce projet matière d’engrais N-P-K, essentiel en mettant l’accent sur la
projet chinois de nouvelle route de la soie 1. devrait concerner 68 pays et 4,4 milliards au développement agricole productivité et notamment
Certains projets en développement en Ré- d’habitants, il nécessitera d’énormes quan- En Australie, le développement du secteur par le recours aux engrais.
publique du Congo sont d’ores et déjà en tités d’acier et donc de minerai de fer. Les minier a impacté tous les autres secteurs. Au
discussion avec les autorités chinoises pour gisements du Congo, Gabon et Cameroun Congo, le secteur industriel pourrait béné-
intégrer leur projet à la route de la soie et sont très bien positionnés pour répondre à ficier des engrais produits avec la potasse et
bénéficier de financements prévus à cet effet. cette demande. le phosphate, et augmenter ses débouchés
Cette nouvelle route 2, dévoilée à l'automne Il convient néanmoins d’être prudent. Si du fait des nouveaux besoins suscités par les
2013, est l'une des priorités de la diplomatie l’impact économique de ce projet peut être nouveaux centres de consommation dans les
chinoise, sous la présidence de Xi Jinping. bénéfique, il faudrait mesurer précisément zones minières.
Cette politique de constructions d’infras- son impact sur l’environnement et le risque
tructures portuaires, ferroviaires et terrestres d’endettement que cela peut entraîner à Les besoins mondiaux d’engrais
permettra à la Chine de s’approvisionner moyen terme. La population mondiale ne cesse de croître,

29
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

d’environ 80 millions d’habitants par an, et Les projets miniers d’engrais


devrait atteindre près de 10 milliards d’ha- au Congo
bitants d’ici 2050. Dans le même temps, la Quatre sociétés membres de la fédération
planète a perdu le tiers de ses terres arables des Mines ont dépensé plusieurs centaines
durant ces quarante dernières années suite de millions de dollars en recherche, forage
aux érosions et à la pollution. et études de faisabilité et ont prouvé des
La réduction de la pauvreté à l’échelle glo- réserves importantes selon les normes
bale, l’émergence d’une classe moyenne en internationales : Cominco (phosphate de
Chine et l’amélioration du train de vie en- Hinda), Kore Potash (Sintoukola Potash
traînent une augmentation de la consom- et ses projets Dougou et Kola, au nord du
mation de viande, elle-même liée à une fleuve Kouilou), MPC (Potasse de Men-
augmentation exponentielle de la consom- go) et Luyuan (potasse au sud du fleuve
mation de grains. Pour nourrir mieux et Kouilou).
plus cette population croissante, le monde Compte tenu des contraintes exposées
n’a d’autres choix que d’améliorer les ren- précédemment, ces sociétés ont été obli-
dements des cultures. gées de redimensionner leurs projets. Elles
Une plante a besoin, pour grandir, d’éner- investissent de nouveau plusieurs mil-
gie (la lumière du soleil), de CO2, d’eau et lions de dollars, afin de réactualiser et de
des éléments nutritifs. Après une récolte, réviser leurs études de faisabilité et études
la terre est appauvrie et les engrais per- d’impact environnemental et social, afin
mettent de remplacer les éléments nutritifs de pouvoir lever les financements pour
déficitaires. Les trois principaux éléments démarrer la production et exporter de la
nutritifs sont l’azote (N = nitrates), le phos- potasse et du concentré de phosphate.
phore (P = phosphate) et le potassium (K Usine de concentré de phosphate à l’échelle globale puisque la FAO estimait En l’absence à court terme d’un port miné-
= potasse). L’azote est le principal consti- d'Elandsfontein de la société Kropz en Afrique qu’environ 1,3 milliards de tonnes de den- ralier, Cominco a lancé la mise à jour de
tuant des protéines et est indispensable du Sud qui constitue une base de projet rées alimentaires sont gaspillées chaque son étude de faisabilité définitive (DFS)
pour la croissance et le développement d'usine de Cominco au Congo. année dans le monde, soit un tiers de tous pour son projet redimensionné et expor-
des plantes. Le phosphore est vital pour le les aliments produits pour la consommation tera, via le PAPN, environ 1,5 Mtpa de
bon développement des racines et aide la En moyenne, le monde consomme 57% humaine. Chaque année, les consomma- concentré de phosphate 3 pour être trans-
plante à résister aux sécheresses, mais aussi d’azote, 24% de phosphore et 19% de po- teurs des pays riches gaspillent environ 230 formé en engrais phosphatiques dans des
permet aux fruits de murir. Le potassium tassium. Trois principales cultures (blé, riz, millions de tonnes de produits alimentaires, usines à l’étranger. Les études seront fina-
améliore la photosynthèse et la résistance maïs) consomment 50% des engrais pro- soit l'équivalent de la production alimentaire lisées au milieu de l’année 2020 et une
aux maladies et à la sécheresse. La plante duits dans le monde. nette totale de l'Afrique subsaharienne. Les décision d’investir est attendue au cours de
a aussi besoin d’autres éléments nutritifs à Le problème d’approvisionnement constant nombreuses vagues migratoires de jeunes l’année.
titre secondaire (Ca, Mg, S, etc.). en NPK provient également du gaspillage Africains vers l’Occident s’expliquent en Sintoukola Potash (Kore Potash) étudie la
partie par cette tension à devoir nourrir une faisabilité de produire 400 ktpa de potasse
population grandissante. sur son projet « Dougou Extension » dans
Le PAM indiquait d’ailleurs que chaque le Kouilou et a déjà réalisé une étude de ca-
augmentation de 1% sur l’indice de la drage au premier trimestre 2019, une cam-
faim entraîne une augmentation de 2% pagne de forage au quatrième trimestre
de la migration. Pour mettre cette don- 2019 et au tout début 2020. Les études de
née en perspective, il suffirait donc que la préfaisabilité de ce projet seront terminées
faim dans un pays n’augmente que de 10% au deuxième trimestre 2020. Après une le-
pour qu'un cinquième de la population de vée de fonds complémentaire, Sintoukola
ce pays migre. La mise en place de pro- préparera une étude de faisabilité définitive
jets d’engrais devient donc non seulement (DFS) d’une durée de douze mois, menée
capitale, mais vitale quand on sait les tragé- simultanément avec une mise à jour de
dies qui se jouent en mer. l’étude d’impact environnemental et social,
et qui se terminera milieu de l’année 2021.
Le Congo, mais aussi l’Afrique ont pour Une mise en route de la phase construc-
objectif de développer l’agriculture. tion des infrastructures minières du projet
Aker Solutions est un fournisseur mondial de services à l’industrie pétrolière L’Union africaine (UA) et la FAO (Orga- « Dougou Extension » suivra, et pourrait
et gazière couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur avec Aker Solutions nisation des Nations unies pour l’alimen- débuter au cours du second semestre 2021.
Congo SA en tant que notre entité locale; jusqu’à présent engagé dans tation et l’agriculture) indiquent que les MPC est en recherche de financement
le marché du Congo profond en fournissant des systèmes de production rendements y sont parmi les plus faibles pour poursuivre la construction de l’usine.
sous-marins. Aker Solutions Congo SA a signé un Accord de partenariat au monde. Selon les statistiques 2016 de
avec Emexdis Engineering, une société locale. Emexdis Engineering est la Banque mondiale, la consommation Si les sociétés minières s’adaptent en trou-
une société d’ingénierie locale de renom disposant d’une capacité locale d’engrais au Congo est de moins de 2 kg/ vant des solutions, le boom minier ne sera
importante et d’une liste de référence étendue couvrant tous les principaux ha contre 140 kg/ha en moyenne dans le possible qu’avec un engagement fort de
acteurs du secteur pétrolier et gazier congolais. Sur la base de la capacité monde. La consommation d’engrais en l’Etat sur les enjeux stratégiques (stabilité
et des compétences sous-marines locales existantes d’Aker Solutions et de Afrique devrait donc augmenter de 70% des clauses juridiques et fiscales, énergie,
la capacité d’ingénierie locale d’Emexdis, nous travaillerons pour introduire en dix ans. Le potentiel de croissance est infrastructures, difficultés administratives,
toute la capacité d’Aker Solutions au Congo. énorme. etc.) de ces projets structurants pour l’éco-

Nouveaux services qu’Aker Solutions


Le Congo est un des rares pays qui a la nomie du pays. Le Congo doit pleinement
possibilité de produire, sur son sol, ces fa- jouer son rôle dans ce défi majeur qu’est la
peut fournir au marché du Congo meux N-P-K. En effet, il dispose des gise-
ments de classe mondiale de phosphate et
faim dans le monde.

de potasse. L’azote, quant à lui, est séparé


n FEED et services d’ingénierie de l’air ambiant en utilisant une quan-
n Opérations et maintenance tité importante de chaleur. La présence 1. Ce projet est un ensemble de liaisons maritimes et
n Intégrité des actifs (AIM) de large quantité de gaz naturel au Congo de voies ferroviaires entre la Chine et l'Europe passant
n Brownfield EPC, M&M commence à attirer des investisseurs et
par le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne,
l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
n Soutien à la fin de vie de champs pétroliers et /ou gaziers industriels intéressés par la production 2. Cette stratégie est appelée OBOR pour « One Belt,
n Déclassement d’engrais azotés. One Road » ou BRI pour « Belt and Road Initiative »
Le Congo pourrait, à terme, occuper une en anglais et « Initiative route et ceinture » ou « nouvelle
Aker Solutions Congo SA | Pointe Noire route de la soie » en français.
position maîtresse en Afrique dans le sec- 3. Le concentré est un produit enrichi à partir du minerai
Croisement Rue Ngeli Ngeli et 26 Rue Tchikata, Quartier Wharf, Arrondissement 1 Lumumba
BP 1154, Pointe Noire, République du Congo
teur des fertilisants et livrer des engrais sur à 11% pour atteindre un produit semi-fini d’une teneur
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30
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Les infrastructures nécessaires


au développement des projets
miniers et leur localisation
en fonction des projets secteur
Aimé Emmanuel Yoka, DG Congo Iron, président de la fédération
tique d’environ 300 km, pour les projets tonnes de produits miniers et nécessite-
des Mines ; Florent Lager, AGA MPD Congo, vice-président de la situés dans les départements du Niari ou ront un accès portuaire comprenant des
fédération des Mines et membre comité exécutif ITIE Congo ; de la Lékoumou, et de plus de 1000 km, espaces de stockage importants et des
Patrick Stevenaert, PDG Cominco, vice-président de la fédération pour les projets situés dans le nord du infrastructures de chargement des navires
des Mines. pays, dans les départements de la Sangha adaptés. Une solution portuaire adéquate
et Cuvette-Ouest. Les sociétés membres est indispensable pour lever le financement
de de la fédération des Mines qui déve- des projets. L’exploitation des terminaux
Si le Congo dispose de certaines infrastructures de transport, d’évacuation et d’éner- loppent un projet de fer sont Sapro,
Congo Mining et MPD Congo dans le
gie, les études de faisabilité réalisées par les sociétés minières montrent que les sud, et Congo Iron au nord du pays. Infrastructures
existantes et à réaliser
infrastructures 1 nécessaires au développement de leurs projets sont soit insuffi- Les options portuaires
en fonction de la
localisation des projets
santes, soit inexistantes 2. Tous ces projets de fer, de potasse ou de miniers
phosphate exporteront des millions de

L
es sociétés minières, et notamment
les grands projets d’exportation de
millions de tonnes par an, ont be-
soin de routes, de chemins de fer
opérationnels, d’un port adapté et
d’accès à l’énergie en quantité suffisante.
Les contraintes en matière d’infrastruc-
tures varient en fonction de la position
géographique de chaque projet minier
et, évidemment, du gisement, du type de
minerai à exploiter et du procédé d’enri-
chissement nécessaire.
La disponibilité des infrastructures, leur
fiabilité, le financement de nouvelles in-
frastructures, les délais et coûts de réali-
sation, les coûts d’accès (tarifs et péages)
conditionnent la décision d’investisse-
ment et déterminent l’avenir des projets
miniers 3.
Nous allons passer en revue ces infras-
tructures, en faire un bref état des lieux et
identifier les contraintes et besoins pour
le développement de l’industrie minière
au Congo.
La carte ci-dessous positionne les prin-
cipaux grands projets miniers ainsi que
les infrastructures existantes ou à créer. Il
ressort que les gisements de potasse et de
phosphate sont situés sur la bande côtière,
pour la majorité à moins de 50 km des
côtes, dans le département du Kouilou.
Les sociétés membres de la fédération
des Mines qui développent des pro-
jets de potasse sont Sintoukola (Kore
Potash), MPC (MagMinerals Potasse
Congo) et Luyuan des Mines. La société
Cominco (Kropz) développe un projet
de phosphate.
En revanche, les gisements de minerai
de fer sont très éloignés de la côte Atlan-

32
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
minières pour accéder à leur gisement. l’exportation paiera un péage de 60 000
Le transport par la route sur une longue FCFA (chargé et vide) à la station de
Train minéralier de fer distance de plusieurs millions de tonnes péage de Mengo, ce qui représente 2.000
de la société DMC-SAPRO de minerais n’est pas envisageable sur un FCFA/tonne ou 1 277 FCFA par km.
en gare de Pointe-Noire plan économique et sur du long terme. C'est effectivement entre 25 et 212 fois
(mars 2019). Toutefois, et en raison de l’absence plus élevés que les frais de péage payés ail-
d’autres infrastructures de transport leurs dans la région. Le coût additionnel
disponibles, plusieurs sociétés minières pour cette société minière s’élève à plus
étudient la possibilité de transporter de 3 milliards de FCFA par an et a un
par route et d’exporter des quantités impact négatif non négligeable sur la via-
plus faibles afin de démarrer leur projet. bilité économique du projet. Les miniers,
Il s’agit de Cominco, Sintoukola, Core en développant leurs projets, construiront
Mining et MPD Congo. L’instauration, aussi diverses routes d’accès permettant
début 2019, de tarifs de péage très éle- de participer au désenclavement des po-
vés sur la RN1 a constitué un frein au pulations de certaines régions.
développement des projets miniers situés Les options de transport voies

minier
sur l’axe de la RN1, car ces derniers n’ont ferrées et pipeline
d’autres alternatives que d’emprunter cet Dans le sud du pays, la voie ferrée de
axe routier. Les miniers ne sont pas op- l’ex-Comilog est gérée par le Chemin
posés à participer à l’entretien des routes, de fer Congo-Océan (CFCO). Cette
mais le coût doit être raisonnable et pro- infrastructure est choisie par Congo
portuaires des projets miniers et le charge- assiste les sociétés minières dans la re- portionnel à la distance parcourue. Le Mining 4 et Sapro pour transporter le
ment des bateaux permettront de recruter cherche de solutions d’exportation. décret n°2019-251 du 30 août 2019 fixe minerai de fer jusqu’à Pointe-Noire. Les
un niveau de personnel important. Pour d’autres sociétés minières, la dis- les nouveaux tarifs de péage sur la RN1, difficultés opérationnelles rencontrées
Depuis 2013, il est prévu la construction tance de transport jusqu’au PAPN est un toutefois, ces tarifs restent extrêmement par Sapro en 2019 ont démontré qu’il est
d’un nouveau port minéralier situé entre frein puisque le coût de transport aug- élevés par rapport aux tarifs pratiqués nécessaire de réhabiliter complètement
la Coraf et la Pointe-Indienne. La majo- mente proportionnellement. Sintoukola dans les autres pays de la sous-région, où la voie ferrée entre Mbinda et Dolisie
rité des sociétés minières au sud du pays Potash (Kore Potash) a choisi pour son ils varient entre 6 FCFA et 51 FCFA par et de moderniser la ligne entre Dolisie
avaient identifié et réservé des espaces dans projet Kola de développer une solution kilomètre pour des routes similaires. Le et Pointe-Noire. Cette voie de chemin
l’enceinte du futur port pour leurs installa- portuaire autonome à proximité de Ma- niveau de péage exigé sur la RN1 péna- de fer devrait être réhabilitée et dimen-
tions de séchage des produits miniers, de dingo-Kayes (Kouilou) et étudie la pos- lise encore plus les usagers qui n'utilisent sionnée pour permettre le transport de
traitement de l’eau pour les pipelines trans- sibilité de développer une jetée proche la route que sur de courtes distances. trains minéraliers en toute sécurité pour
portant le minerai, de stockage et d’entre- de la Pointe-Indienne pour un projet Par exemple, pour un projet minier, tout les autres usagers. Cette voie ferrée, si
posage des produits avant chargement sur redimensionné et ainsi éviter de traver- camion transportant le produit destiné à elle était étendue sur plus de 150 km et
navire. Ces installations exigent de vastes ser la ville.
superficies compatibles avec les 1 700 ha Certains opérateurs de potasses et
prévus pour le nouveau port. Malheureu- phosphate échangent des informations
sement, la construction de ce port (quais, et étudient une solution d’exportation
jetées, route d’accès, énergie), initialement commune à moyen/long terme sur la
estimée par une société chinoise à plus de 2 côte au nord de Pointe-Noire. De même,
milliards de USD, est reporté sine die faute les sociétés de minerai de fer telles que
de financement. Sapro, Congo Mining et MPD Congo
Si les sociétés Soremi et Lulu peuvent échangent afin de trouver une solution
exporter leur production de cathodes de portuaire.
cuivre et les lingots de plombs et de zinc Pour les projets situés dans la Sangha
par conteneurs via le Port autonome de (Congo Iron, Equatorial Resources,
Pointe-Noire (PAPN), malheureuse- Core Mining), ni le PAPN ni le futur
ment, ce port en raison de sa position, de port minéralier ne sont des solutions
la surface des terre-pleins disponible et retenues, puisque ces projets envisagent
du tirant d’eau de 12 -13 mètres maxi- d’exporter leur production par le port
mum n’est pas adapté au trafic des vra- de Kribi au Cameroun. Cependant, la
quiers minéraliers. Les dizaines de mil- République du Congo toucherait dans
liers de tonnes de fer exportés par Sapro cette stratégie d’exportation des reve-
en 2019 ont nécessité un vaste espace nus calculés sur la base de chaque tonne
de stockage et démontré la nécessité transportée, tout en réalisant une meil-
d’étendre la surface du PAPN et sur- leure rentabilité économique pour toutes
tout d’avoir un système de chargement les parties prenantes.
(convoyeur) des minerais en vrac.
En outre la capacité du port ne sera pas Les routes
suffisante pour l’ensemble des projets Au cours de la dernière décennie, la Ré- Créée le 28 novembre 2008, a Société CEC S.A. dont les
la Société Centrale Électrique actionnaires sont la République
miniers malgré les travaux d’extension publique du Congo a consenti un effort du Congo (80 % des actions) et
Certifiée ISO 14001 depuis le mois de mai
2017, le CEC S.A. est la première société au
du Congo S.A. (CEC S.A.) assure
actuellement en cours. Le tirant d’eau li- important en construisant des routes, la production d’électricité à partir
Eni Congo (20 %) a un statut de Congo à avoir obtenu la dernière version
producteur indépendant renouvelé du certificat (ISO 14001 : 2015), faisant
mite la taille des navires et augmentera le et notamment, la RN1 reliant Pointe- de gaz naturel et la vente par le décret n° 2019-170 du 1er juillet ainsi de l’environnement une priorité.
coût de transport maritime et la compé- Noire à Brazzaville. Les sociétés Sore- de l’électricité produite. 2019. Ce dispositif autorise la vente de L’obtention de cette certification a permis
Le respect de l’environnement et la l’électricité produite aux sociétés de dis- d’améliorer de manière significative les
titivité des sociétés minières congolaises. mi et Lulu, qui sont localisées dans les tributions et de commercialisation ainsi impacts sur l’environement : réduction
responsabilité sociale sont intégrés
Une autre contrainte est l’obligation, départements de la Bouenza et du Pool à une stratégie d’augmentation
qu’aux clients industriels. des émissions de gaz à effet de serre,
rationalisation de la gestion des déchets.
pour atteindre le PAPN, de traverser et dont la production est de quelques régulière de la capacité. La centrale utilise le gaz naturel
toute la ville de Pointe-Noire et des milliers de tonnes, ont bénéficié de cette congolais donc il est très propre mais il
a ultérieurement amélioré les émissions
quartiers à forte densité de population infrastructure. La société est propriétaire de la Centrale de NOx et de CO2 par l’activation de
Électrique de la Côte Matève, située à la technologie « PREMIX » dans ses
entraînant des risques plus importants Malheureusement, pour d’autres pro- 15 km du centre ville de Pointe-Noire. brûleurs. La société s’inscrit dans une
d’embouteillage et d’accidents. jets miniers, certaines routes et pistes se Cette unité, équipée à l’origine de dynamique d’amélioration continue de la
2 turbines à gaz ANSALDO type V94.2 performance environnementale.
Néanmoins, certaines sociétés minières sont dégradées en raison du non-respect d’une puissance unitaire de 157 MW, a
comme Congo Mining et Cominco ont des charges par essieu par certains trans- été complétée fin 2019 par une troisième
La société recherche également l’excellence
turbine à gaz de 170 MW, portant la
redimensionné leur projet et envisagent porteurs, des intempéries et le manque capacité installée à 484 MW.
et soutient l’intégrité publique, la santé
d’exporter des volumes plus faibles dans d’entretien des routes et pistes. Les fortes La société est aujourd’hui en mesure de
et la sécurité des travailleurs et celles des
communautés locales vivant dans les
un premier temps en utilisant le PAPN. intempéries ont également affecté les fournir 80 % de la production nationale zones intéressées par ses activités.
d’électricité.
Il est à noter que l’autorité portuaire routes et pistes aménagées par les sociétés L’ambition, à terme, est d’atteindre une
L’objectif collectif, c’est « Zéro Accident »
pour les salariés de l’entreprise comme
capacité de près de 1 000 MW. pour ses intérimaires et ses sous-traitants.

33
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

disposait d’autres embranchements, pourrait seconde option serait de transporter ce ton- l’enrichissement du minerai. Chaque mine
aussi servir à d’autres projets miniers. nage depuis le site jusqu’à Franceville (Ga- a un procédé d’enrichissement propre et un
Ce programme de réhabilitation est estimé bon) par camions puis par train de France- tonnage très différent et l’énergie nécessaire
à plusieurs centaines de millions de Dollars ville jusqu’au port minéralier de GSEZ à varie fortement en fonction du projet.
et prendrait plusieurs années de travaux. Un Owendo (proche de Libreville). La capacité de production installée actuelle
tel investissement est difficile dans l’envi- du Congo est de 600 mégawatts (MW), mais
ronnement économique et financier actuel. Les mines de fer du nord du pays dans les faits elle avoisine plus les 530 MW.
De plus, il faudrait créer un embranchement Pour les projets de minerais de fer dans la Les projets miniers lorsqu’ils fonctionneront
menant au futur port minéralier, les deux Sangha, tel que ceux de Congo Iron 6 (projet à plein régime, demanderont 500 MW, soit
infrastructures étant liées pour permettre Nabemba) Core Mining (Projet Avima) ou 80% de la production électrique installée du
l’exportation des grands tonnages de mine- Equatorial Resources 7 (Projet Badondo), Congo, et quasiment 100% de sa production
rai de fer. Tenant compte de l’état actuel et leur position géographique exclut, pour effective. Des investissements significatifs
de la capacité totale de cette voie, la société des raisons de rentabilités économiques et ont été réalisés récemment, telle que l’aug-
MPD Congo (Projet Zanaga) 5 a choisi environnementales, la possibilité d’utiliser le mentation à 470 MW de la capacité de pro-
l’option d’un pipeline, entre le site minier CFCO, le PAPN et le futur port minéralier. duction de la CEC à Pointe-Noire, ce qui
et le futur port minéralier, pour transporter Pour pouvoir exporter la production estimée est positif pour les projets miniers du Koui-
le fer sous forme de sinter fines (minerai en à 40 millions de tonnes de minerai de fer par lou. Néanmoins, pour les projets situés dans
suspension dans l’eau). Cette solution de an, Congo Iron a pris l’option de construire d’autres départements (Niari ou Lékou-
transport garantit la rentabilité du projet, un chemin de fer sur plus de 500 km entre mou), le coût de construction des lignes
la disponibilité de l’infrastructure de trans- le Nord-Congo et le port de Kribi au Ca- hautes tensions pour approvisionner en
port et minimise l’impact environnemental. meroun. Pour cela, Congo Iron recherche électricité les futures mines pèse très lourd
Cette solution est néanmoins dépendante de activement des investisseurs pour financer dans l’investissement global nécessaire et
la construction d’un port minéralier, afin de cet énorme projet et a progressé au cours risque d’être non rentable. Il devient même
disposer d’espaces suffisants pour installer des derniers mois en mettant en place un prohibitif pour les projets miniers situés au
l’usine de traitement de l’eau et de stocker le consortium de classe mondiale. nord du pays.
minerai en vrac. La société Core Mining a pris l’option d’ex- Pour ces sites miniers, les projets de barrages
En attendant le futur port, la société MPD porter sa production par camions depuis son de Sounda, Mourala ou Chollet pourraient
Congo étudie la faisabilité d’une petite pro- site jusqu’au port de Kribi (Cameroun) en apporter des solutions, à l’instar du poten-
duction estimée entre un et deux millions attendant la réalisation de la voie de chemin tiel hydro-électrique du pays estimé à 3 000
de tonnes de minerai de fer par an (le Early de fer de Congo Iron. MW. Cette stratégie énergétique est au cœur
Phase Project –EPP) via le Congo ou le Ga- de la phase II du projet Nabeba, qui aura be-
bon. La première option serait de transpor- La production et le transport soin d’environ 350 MW, et de la phase II du
ter le minerai depuis le site dans la Lékou- de l’énergie projet Zanaga qui aura besoin d’environ 250
mou jusqu’à Mossendjo par camions, puis Les miniers ont besoin d’importantes quan- MW. De même, le potentiel de l’énergie so-
via la CFCO de Mossendjo au PAPN. La tités d’énergie pour l’extraction minière et laire doit faire l’objet d’études approfondies.

34
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
Les différents projets hydroélectriques,
s’ils se réalisent, apporteront une réponse
aux besoins en énergie dans un délai mi-
nimum de cinq ans. L’option de l’énergie
solaire est intéressante, car une centrale
solaire se construit en dix-huit mois, tou-
tefois, pour les projets en zone forestière
la capacité et l’impact environnemental
doivent être analysés.
Dans l’intervalle, les sociétés minières
ont recours aux groupes électrogènes
ou centrales électriques fonctionnant
au gasoil qui sont très couteux et ont
un impact négatif sur l’environnement.

secteur minier
Ainsi le prix du carburant est un fac-
teur déterminant pour toutes les sociétés
minières, en particulier pour celles qui
envisagent de transporter les minerais
par camions. Afin de faciliter le démar-
rage de la production, il devrait être
accordé à ces sociétés un prix inférieur
au prix du marché, le « prix mine », d’un
montant similaire au « prix pêche » ou
« ferroviaire », comme mentionné dans
Contenu local et entreprenariat dans les mines congolaises :
quelles opportunités pour les
certaines conventions minières.
Certaines sociétés minières, qui auront
besoin de gaz naturel dans le cadre de
l’enrichissement du minerai et/ou de son

communautés et parties prenantes ?


séchage, étudient actuellement la possi-
bilité d’une cogénération.

Les défis sont nombreux depuis quelques


années pour le secteur minier au Congo,
déjà très affecté par la chute des cours enclavées. Nous examinerons les diffé-
pour la majorité des matières premières, Aimé Emmanuel Yoka, DG Congo Iron, président de la fédération rentes opportunités pour les trois acteurs
et la volatilité des cours pour d’autres. des Mines ; Florent Lager, AGA MPD Congo, vice-président de la majeurs (Etat, entreprises et communau-
Néanmoins, les sociétés minières fédération des Mines et membre comité exécutif ITIE Congo ; Patrick tés locales), tout en soulignant les pièges
cherchent des solutions aux contraintes Stevenaert, PDG Cominco, vice-président de la fédération des Mines. à éviter pour un contenu local réussi, opti-
des infrastructures et ont levé des fonds misant à la fois l’employabilité, l’entrepre-
pour financer la mise à jour de leurs nariat et l’impact social, tout en minimi-
études pour des projets redimensionnés. Tout projet minier impacte les communautés riveraines. Un ancrage réussi des sociétés sant l’impact environnemental.
minières auprès des communautés locales est une condition nécessaire, même si elle
Des politiques publiques dans
n’est en aucun cas suffisante, à la réussite d’un projet. En particulier dans un contexte le soutien au contenu local
mondial où le phénomène de nationalisation des ressources semble revigoré. Des trois acteurs participant au succès d’une
stratégie de contenu local, l’Etat est sans au-
cun doute celui dont le rôle est le plus déter-

I
minant, de par sa capacité à apporter une
l n’est pas surprenant qu’en début de cohésion entre les différentes politiques pu-
projet, les attentes des communautés bliques, de par ses objectifs d’investissement
1. Emmanuel Yoka et Florent Lager, «Les infrastruc- en termes d’emplois 1, de réduction de dans les infrastructures, l’éducation et enfin
tures: la clé du développement du secteur minier congo- la pauvreté ou encore d’une croissance de par son énergie à lever les contraintes
lais», Congo Economie - Publication d’Unicongo,
décembre 2014. inclusive, soient au cœur des préoc- administratives. Tous ces éléments auront
2. Emmanuel Yoka et Florent Lager «Les investisse- cupations. Afin de satisfaire une partie de un impact direct sur la rentabilité du secteur
ments dans les infrastructures conditions sine qua non ces attentes, les sociétés minières mettent minier au Congo-Brazzaville.
pour le développement des projets miniers au Congo»,
Journal de la Direction des Affaires Juridiques du Mi- en place des plans de gestion environne- Chaque politique publique de contenu
nistère des Affaires Étrangères et de la Coopération – mentale et sociale et l’Etat des stratégies de local requiert donc un état des lieux des
Hors-série mars 2016.
3. Emmanuel Yoka et Florent Lager, «Zoom sur le sec- développement et des politiques publiques. forces et faiblesses de la main-d’œuvre et
teur des mines solides au Congo-Brazzaville : défis et De telles stratégies, si elles sont réussies, du tissu économique local et l’identification
impacts d’un secteur transversal», Congo Economie - suscitent une forte acceptabilité sociale précise des besoins actuels et futurs des en-
Publication d’Unicongo, mai 2017.
4. La société Congo Mining est depuis 2015 détenue par des projets miniers auprès des parties pre- treprises si l’on veut se donner une chance
la société anglaise InterAlloys qui l’a racheté à la société nantes locales, et accorde à l’investisseur d’atteindre ses objectifs. Les besoins en
australienne Equatorial Ressources. Elle opère sur le site minier responsable une « licence sociale formation certifiante et diplômante 3, qui
Mayoko-Moussondji proche du site de Sapro.
5. La société Mining Project Development Congo pour opérer ». Selon une enquête de Ernst dans le secteur minier sont de plus en plus
(MPD Congo), filiale de Glencore et Zanaga Iron Ore & Young 2, l'obtention de cette « licence » techniques et digitalisés, ne peuvent être
Company, développe le Projet Zanaga Dans le dépar-
tement de la Lékoumou. Le projet vise à produire dans constitue un facteur de risque pour les établies qu’à la suite d’une revue objective
sa première phase 12 Mtpa puis d’augmenter dans la projets miniers car ils doivent davantage des compétences locales par les pouvoirs
deuxième phase la production à 30 Mtpa. répondre aux attentes de la société en publics, en collaboration avec les sociétés
6. Ce projet est la partie congolaise du projet de fer
Nabemba-Mbalam, situé à cheval sur le Cameroun et termes de contributions communautaires, minières. Ainsi en mars 2014, un atelier
le Congo. Cette société était une filiale de l’australien d’enrichissement collectif, de protection de du PADE (financé par la Banque mon-
Sundance Resources, mais depuis 2019 le consortium l’environnement, de responsabilité sociale diale) avait été organisé à Brazzaville avec
chinois (Sinosteel Baron et Yentai Port) détient 51,2%
du capital de CAMIRON et le groupe SUNDANCE a et d’engagement des parties prenantes. les sociétés minières, la société civile et les
41,8 % du capital. Le financement du projet de plus de 6 Les différents projets miniers en cours au directeurs d’université, afin d’identifier les
milliards USD sera assuré par des investisseurs chinois.
7. En février 2020 Equatorial Resources a conclu un ac- Congo-Brazzaville s’inscrivent dans cette goulots d’étranglements dans la formation.
cord d’alliance stratégique avec la société congolaise Rock dynamique et ont commencé, bien avant L’atelier avait révélé un déficit significatif
Mining qui devra l’aider sur le plan logistique, le recru- leur entrée en production, à faire vivre en formation dans les secteurs techniques
tement, le maintien des relations avec le gouvernement,
les communautés locales et les autres parties prenantes. des zones qui sont, pour la plupart, très de bases et intermédiaires (voir tableau).

35
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Besoins miniers typiques en phase d'exploitation


Profil des emplois par activité et niveau d'études
Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3
Profils non spécialisés à semi-spécialisés Profils semi-spécialisés à spécialisés Profils très spécialisés et (ou) très expérimentés

Secteurs Métiers Ouvriers Superviseurs / Agents de maîtrise Spécialistes-Managers

Centre de formation Professionnelle BTS - Université Universités - Grandes écoles Goulot d’étranglement dans
(BEP-CAP) Bac + 3 à Bac + 5
la formation secteur minier
Administration x x x
congolais.
Affaires Commercial Finance (compta, achats, transit, ventes,
x x x
gestion des contrats…)

Relations extérieures x x Source : Fédération


Entreprise (fonctions centrales) Juridique x
des Mines Solides.
Ressources Humaines x x x
Gestion des immobilisations x x x
Gestion des camps x x
Informatique et Télécommunication x x
Santé - Sécurité x x x
Ainsi l’État devra inciter au développe-
HSEC Relations communautaires x x x ment des filières techniques et convaincre
Environnement x x x
les jeunes d’aller vers ses formations, ce qui
Gestion des opérations x x
Technicien / Ingénieur Minier x x
est moins simple qu’il n’y parait.
Opérateurs miniers (foreur, artificier) x x L’État doit encore faciliter la recherche
Mine (Extraction, Traitement, Terrils,
Gestion de la production x
x
x
x
d’emploi en investissant dans des agences
Opérateur d'engins
Infrastructures)
Scientifiques, géologues x x de l’emploi efficaces, informatisées et trans-
Opérateurs divers x parentes, afin de permettre aux candidats de
Opérateurs usines de traitement
Laboratoire
x
x
x
x x
connaître les emplois offerts, les formations
Gestion des opérations x x à suivre et les besoins des entreprises.
Rail / Pipeline
Opérateurs x Trop souvent, les objectifs de contenu local
Controleurs
Conducteurs de train
x
x
x
x
sont traduits en termes quantitatifs et non
Gestion des opérations, Opérateurs, Laboratoire x x x qualitatifs et par la mise en place d’un cadre
Port et Transport Conducteurs de véhicules x trop strict, accompagné de nombreuses
Formation
Marins
Formateurs (tous métiers)
x
x x x
sanctions, sans tenir compte de la réalité du
Logistique, Energie, Services Logisticiens, électriciens etc. x x x pays concerné 4.
Divers x x
Une fois les objectifs de contenu local
Electricité x x
Ingénierie, Technologie
Mécanique x x
formulés, les gouvernements s’appuient
Contrôle de processus et qualité x x généralement sur l’approche de la carotte
Gestion x x
et du bâton. Dans certains cas, des réduc-
Electricité x x

Maintenance (Mine, Pipe, Rail et Mécanique x x


tions d’impôts ou d’autres mécanismes
Port) Ajusteurs x x incitatifs sont mis en place en faveur
Soudeurs x
x
x
x
des sociétés minières qui encouragent le
Pneumatique
développement des compétences et aug-
Effectifs faibles, besoins en formation réduits Effectifs importants et besoins en formation cruciaux pour le développement des projets mentent l’employabilité des populations.
Effectifs moyens et(ou) besoins en formation importants Goulot d'étranglement Malheureusement et le plus souvent, c’est

36
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
uniquement l’approche consistant à sanc- donc de revenus fiscaux supérieurs et de tation, par d’autres types de compétences. qualifiés aux populations riveraines et qui
tionner les sociétés qui est choisie. développement économique. Les industries extractives sont par nature favorisent les candidatures locales lorsqu’il
Ces deux approches ne peuvent interve- cycliques et peuvent créer, mais aussi dé- s’agit d’emplois semi-qualifiés ou qualifiés.
nir de manière objective que si les autori- Du rôle des sociétés minières dans truire rapidement des emplois en fonction Les projets miniers en phase de développe-
tés publiques ont mis en place un plan de le développement du contenu local de la conjoncture économique. ment, telle que Sintoukola Potash, intègrent
développement des compétences locales, Soucieuses d’obtenir et de maintenir leur Cependant, les parties prenantes poussent des programmes de formation qualifiante à
incluant un transfert de compétences pro- « licence sociale pour opérer », et d’obte- inlassablement au développement des pro- l’intention des populations locales.
gressif et réaliste avec des indicateurs précis nir l’appui des établissements financiers jets miniers car le véritable levier se trouve Si, en phase d’exploration, les sociétés mi-
et mesurables dans le temps. internationaux qui appliquent les Principes dans la contribution des emplois indirects nières ont encouragé l’agriculture locale en
En ce qui concerne l’accès des entreprises de l’Equateur tout en se conformant aux et induits qui peuvent représenter 10 à achetant les fruits et légumes produits par
locales aux appels d’offres des entreprises meilleures pratiques et standards inter- 15 % des emplois nationaux. Les projets les communautés riveraines (MPD Congo,
minières, l’État doit faciliter la création nationaux, notamment ceux du Groupe miniers ont un effet d’entrainement sur Congo Iron SA, Cominco), la fourniture
d’entreprises, élaborer une fiscalité com- Banque mondiale, les sociétés minières d’autres activités – telles que l’agriculture et de biens et services par les communautés
préhensible, raisonnable, voire incitative sont désireuses de maximiser l’utilisation l’alimentation – au travers de l’essor des be- s’avère difficile, en raison de problèmes de
pour les entrepreneurs locaux. des potentialités locales. La main-d’œuvre soins de consommation liées à l’apparition disponibilité, de qualité et de prix liés aux
Enfin le climat des affaires et la bonne gou- locale, lorsqu’elle est réellement formée, de nouvelles villes ou de nouveaux centres réalités logistiques de zones souvent encla-
vernance sont au cœur des préoccupations. compétente et qu’elle adhère pleinement d’activités. Cette réalité est en accord avec vées. Les emplois non techniques tels que
Si la législation du travail doit être appli- aux valeurs de l’entreprise contribue à la plupart des pays miniers et la République la production alimentaire nécessitent de
quée de manière rigoureuse par les entre- optimiser les coûts des projets. La liste des du Congo ne fera pas exception. comprendre les exigences des entreprises
prises, il doit en être de même de la part écueils à éviter pour que le développement La compréhension du terme « local » doit minières qui doivent pouvoir s’approvision-
des travailleurs. A titre d’exemple, plusieurs local soit une réussite est longue et nous être bien précisée, car il est souvent pris ner en aliments de manière prévisible pour
sociétés minières congolaises ont été atta- n’en mentionnerons ici que quelques-uns. au pied de la lettre par les populations des quantités données et à un niveau de
quées au tribunal par des anciens employés Tout d’abord, sur le plan très attendu de locales qui s’opposent au recrutement de qualité élevé pour éviter des produits non
après que ces derniers aient touché et création d’emplois, il convient de rappeler personnes originaires d’autres régions du frais qui pourraient rendre les employés
consommé des droits, qui dans certains cas le décalage entre le montant des investisse- pays. La notion de contenu national de- malades et donc impacter la continuité et
dépassaient significativement les seuils pré- ments miniers dans l’économie nationale et vrait être préférée dans le secteur minier la rentabilité des projets.
vus par la convention collective des mines le nombre d’emplois directement créés au qui représente une opportunité pour l’en- A cela s’ajoute le travail nécessaire auprès
solides. Les demandes sont bien souvent Congo par les sociétés minières. Selon les semble des Congolais. des entrepreneurs locaux, qui ne sont pas
abusives et pour des montants irréalistes, données actuelles, les différents projets en Aucun département, sur toute l’étendue toujours préparés à travailler selon des
d’autant qu’en phase d’exploration, aucune République du Congo représenteront, une du territoire, n’aura un vivier assez riche normes internationales, auxquelles les so-
recette n’est générée. Ce type d’action est fois rentrés en production, environ 5 000 pour fournir tous les candidats. Pour faire ciétés ne peuvent déroger.
susceptible de rendre les sociétés minières emplois directs, soit moins de 1 % de la po- face aux attentes en matière d’emploi et Pourtant, dans certains cas, les sociétés
frileuses à l’embauche, aussi bien dans le pulation active. De plus, lorsque la phase de de formation des populations directement minières font en sorte de réserver certains
présent que dans le futur. Un respect de construction d’un projet prend fin, nombre impactées par les projets miniers, les socié- appels d’offres à des entreprises locales ou
la législation par toutes les parties reste d'emplois créés temporairement prendront tés minières élaborent des politiques RH encouragent l’association entre fournis-
un vecteur puissant de création d’emplois, fin et seront remplacés, en phase d’exploi- qui réservent en priorité les emplois non seurs locaux, ou entre fournisseurs locaux

37
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

et étrangers, pour aider à l’amorçage de l’écono- développement des compétences, à condition 1. Baruskov, publication de Darychuk & Travers (2016), observe que la création d’emplois du-
mie locale, à condition que cela n’impacte pas la que les opportunités et contraintes soient ob- rables est le meilleur investissement qu’une nation puisse faire pour son avenir.
sureté et la santé des employés, des populations jectivement analysées, afin d’être incitatifs et 2. Enquête menée auprès de 600 dirigeants d’entreprises du secteur minier et dont le rapport a été
publié dans le magazine « Mining Weekly » en décembre 2018
ou de l’environnement. L’objectif est que l’entre- axés sur des résultats concrets. Les nombreux 3. Dans ce texte, nous distinguerons formations diplômantes (celles qui délivrent un diplôme d’éta-
prise locale devienne de plus en plus compétitive obstacles ne seront évités que si les pouvoirs blissement reconnu par l’Etat), les formations certifiantes (celles qui débouchent sur un certificat de
qualification reconnu par les branches professionnelles et qui apportent des compétences sur un métier
et qu’elle soit en mesure d’augmenter ses com- publics, le secteur privé et les communautés précis, en lien direct avec les besoins des entreprises) et les formations qualifiantes (celles qui ont une
pétences, dans le but de postuler à des appels locales travaillent à l’unisson sur le dévelop- visée professionnelle plus immédiate, qui sont souvent de courte durée et ne débouchent pas sur un
d’offres plus importants financièrement et tech- pement d’un plan de formation volontariste et diplôme ou un titre mais qui permettent d'obtenir une attestation de stage ou de formation décerné par
l’entreprise elle-même, souvent en collaboration avec un organisme de formation.
niquement plus complexes. sur un alignement de l’offre et des besoins de 4. Ludovic Bernet et Florent Lager « Secteurs extractifs et politiques de contenu local : à la recherche
Les sociétés minières, à travers la fédération l’industrie minière. d’un juste équilibre », L'Afrique et les marchés mondiaux des matières premières - ARCADIA 2019
des Mines solides et avec l’Etat, continueront à
communiquer sur leurs besoins actuels et surtout
futurs auprès des PME congolaises et des jeunes
travailleurs, afin qu’ils puissent bénéficier des
opportunités offertes par ce secteur.

Des opportunités qui s’offrent


aux populations locales
L’impact des projets miniers sur les commu-
nautés locales peut être important et ces pro-
jets ne peuvent se développer que s’ils sont
bénéfiques d’une manière ou d’une autre pour
les populations.
Les sociétés minières au Congo-Brazzaville • QUINCAILLERIE INDUSTRIELLE ET BATIMENT
entretiennent des relations très étroites avec leur
communauté, même s’il est parfois nécessaire • FROID ET CLIMATISATION • SERVICE TRAVAUX
de tempérer les espoirs des uns et des autres qui • DESINSECTISATION / DESINFECTION / DERATISATION
aimeraient voir les sociétés se substituer aux pou- • MAGASIN DE PECHE • MAGASIN HOME
voirs publics dans les domaines de la santé, de
l’éducation ou des infrastructures (demande de • ATELIER COUTURE
construction de routes, de ponts, etc.).
En plus des divers métiers qui seront créés, plu-
sieurs opportunités s’offriront aux travailleurs et
entrepreneurs congolais qui auront suivi et réussi
les formations dispensées par les pouvoirs publics
et/ou les sociétés minières.
Ce sera avant tout la chance pour beaucoup de
passer de l’informel à l’économie formelle, en of-
frant leurs produits et services selon des critères
indiqués au préalable par les opérateurs. Un pro-
jet pilote entre Congo Iron SA et l’association
des femmes de Souanké a permis de développer
des compétences locales pour la production de
chemises des travailleurs sur site, et par la même
occasion a représenté une économie nette de
30 % par rapport aux chemises qui étaient im-
portées depuis l’Australie. Cette initiative, pour
se faire à plus grande échelle, nécessitera un rôle
actif des banques locales et des sociétés de micro-
crédit, pour permettre aux entrepreneurs locaux
d’accéder au financement à des conditions inté-
ressantes, afin qu’ils augmentent leur production.
Ce modèle peut se répliquer sur plusieurs régions
et dans plusieurs secteurs de l’économie.
Sur le plan environnemental, les sociétés mi-
au
ouve
Du n SCO :
nières continueront à contribuer à la protection
DI
de la biodiversité par le financement et l’appui
logistique à certains parcs nationaux, la forma- à CO de ve
nte
tion et/ou la rémunération des éco-gardes en col-
ème poi
nt
ition
laboration avec des ONG tels que WCS, WWF un 2 re dispos port
ou Noé. t
à vo entrée du ion ”)
à l’ uct
D’une très grande importance dans l’écosystème situé SVP c
onstr
local, la question de la délimitation et superpo- ent “
nnem
(ancie
sition des permis peut créer des conflits entre
sociétés minières et forestières ou entre sociétés
et artisans miniers. L’impact environnemental MAGASIN KM4 06 621 37 37
et social des artisans miniers et petites mines BP 459 - POINTE NOIRE - CONGO
devraient être mesurés. Le risque que ces opé- codisco@codisco-congo.com
rateurs exploitent dans l’enceinte des permis oc-
troyés à d’autres sociétés minières ou forestières MAGASIN PORT 06 660 99 18
ou dans l’enceinte de parcs nationaux ou aires MAGASIN HOME PORT 06 660 99 10
protégées est réel et plusieurs sociétés minières, magasinport@codisco-congo.com
forestières et ONG ont alerté les autorités sur
cette problématique. DEPARTEMENT TECHNIQUE 06 621 38 38
Les objectifs de contenu local peuvent contri- Technique@codisco-congo.com
buer à une meilleure redistribution de la
richesse, à une réduction de la pauvreté et au

38
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
Africa Environnement Solutions : aussi à la gestion des déchets industriels,
c’est-à-dire du tri jusqu’à la transforma-
tion ou le recyclage des déchets. À ce
sujet, notre intervention c’est au niveau

surveillance et restauration
du suivi, c’est-à-dire de l’audit. Enfin,
nous sensibilisons aussi les communau-
tés vivant dans des zones industrielles sur
les risques environnementaux, et donc la
prévention par l’information. Cela pour

de l’environnement,
une bonne cohabitation entre les indus-
tries et les communautés voisines.

Vous êtes une jeune entreprise,

pour le développement durable


avez-vous les ressources humaines
compétentes et les équipements
matériels adéquats ?
Nous avons les compétences requises
pour mener ces activités. Ensuite nous
avons établi des partenariats avec des
entreprises et cabinets à l’extérieur du
Pouvez-vous nous présenter pays, car nos clients nous exigent d’avoir
vos différentes activités ? des laboratoires certifiés Cofrac (Comité
Cabinet conseil spécialisé dans la gestion de l’environnement, Africa Environnement Solutions Dans notre activité de survey et monito- français d’accréditation). Il s’agit d’une
ring, il y a une gamme de services concer- certification internationale pour prouver
(AES) a pour objectif d’intégrer la gestion de l’environnement à celle de la conservation nant la qualité de l’air interne (à l’inté- la crédibilité des résultats de nos analyses
des ressources naturelles à travers une implication active des projets environnementaux rieur des bâtiments) et externe sur les et études. De ce fait nous sommes en
sites industriels et les zones rurales. Nous partenariat avec le laboratoire Ladrôme
dans des partenariats public-privé. AES a pour spécialité la réalisation des études d’impact travaillons aussi sur la qualité des eaux de France qui nous accompagne dans la
environnemental et social, ainsi que le survey et monitoring environnemental. Précisions sur souterraines et de surface pour contrôler réalisation de grands projets.
les phénomènes de pollution et autres. La Pour la réalisation des études d’impact
les activités de cette SARL avec son promoteur Petho Bibalou. qualité des sols et l’analyse des boues et environnemental nous utilisons la toute
déblais de forage entrent aussi dans notre dernière technologie d’appareil d’ana-
champ d’activités. À cela il faut ajouter la lyse. Nous avons des analyseurs multi-
Propos recueillis par Jean Banzouzi Malonga désinfection, la désinsectisation et déra- paramètres de la qualité de l’air, capables
tisation. Notre offre de services s’étend de détecter au moins 25 paramètres.

39
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Nous avons aussi des analyseurs mul- Avez-vous un message à l’endroit


tiparamètres de la qualité d’eau in situ de nos lecteurs ?
(rivière, lac, forage, etc.) avec lecture des Je voudrais attirer l’attention de l’en-
résultats à l’immédiat. Nous avons aussi semble des acteurs économiques sur la
des sondes spécifiques pour les puits de question de la préservation de l’envi-
forages, des appareils d’analyse pour les ronnement. Aujourd’hui, à l’ONU et
sols contaminés. ailleurs, dans les grandes conférences
Notre mini-laboratoire nous permet de telles que la COP on parle de l’environ-
conditionner les échantillons pour les pré- nement. La bonne santé de la société
lèvements à envoyer à notre partenaire, le dans son ensemble, celle des travailleurs,
laboratoire Ladrôme. Ici, au Congo, nous des habitants de la Terre en dépend.
avons également quelques partenaires ca- Nous, Africa Solutions Environnement,
pables de réaliser certaines analyses, parmi sommes disponibles pour aider toutes les
lesquels le laboratoire K-chimie. entreprises qui le désirent afin de trouver
des solutions à tous les problèmes d’en-
Bénéficiez-vous d’un accompagnement vironnement qui se posent à elles.
quelconque ?
Au départ nous n’avions aucun accompa-
gnement. Nanti d’une expérience acquise
auprès d’autres grands groupes interna- Petho Bibalou
tionaux où j’ai travaillé auparavant, je me
suis lancé avec un financement person-
nel dans la création de cette société. Peu
après nous avons bénéficié de l’appui de
Total E&P Congo qui a un programme
de soutien, de suivi et d’accompagne-

La transformation des fruits


ment des PME dans le cadre du local
content. C’est aujourd’hui notre parte-
naire qui nous accompagne dans la réa-
lisation de nos activités, à chaque étape.

locaux par FPLAPA Laiterie Bayo :


Nous avons aussi le soutien du ministère
en charge de l’Environnement. D’autres
grandes entreprises de la place sont aussi
intéressées par nos activités. Notamment
la Coraf, l’AOGC qui est aussi en pro-

une solution contre le gâchis


cessus de collaboration concernant les
accords des politiques de prestations.

Peut-on savoir concrètement


ce que vous avez déjà réalisé ?

L'
Récemment nous avons participé pour
le compte de l’AOGC à la réalisation arrivée massive sur le marché des
des études de surface pour la gestion de mangues entre octobre et dé-
l’environnement sur le site pétrolier de la À la haute saison de production fruitière, entre novembre et avril, les marchés des villes cembre, d’ananas entre décembre
Pointe-Indienne. congolaises offrent un spectacle désolant de gâchis des fruits qui sont vendus à même et février, et d’oranges de février
Nous faisons à peu près la même chose à avril est un événement specta-
avec la Coraf avec qui nous allons travail- le sol dans une chaleur étouffante. Entre la récolte et l’assiette du consommateur culaire. Les énormes pertes de fruits enre-
ler dans le cadre de la qualité de l’air pour gistrées au cours de cette période ont pour
répondre aux exigences du ministère. Il urbain, 50 à 60% des fruits sont certainement perdus. principales causes les mauvaises techniques
s’agit en projet d’y installer des stations de récolte, le conditionnement, le transport
météorologiques, ainsi que des capteurs et le stockage inappropriés pour des pro-
Jean-Jacques SAMBA
standards afin de mesurer la qualité de duits périssables et l’absence d’industrie de
l’air à tout instant. transformation. Beaucoup de fruits arrivent
Notre société a aussi effectué des études sur le marché déjà abîmés, ce qui réduit leur
de faisabilité et d’impact pour la réalisa- valeur marchande.
tion des forages d’eau, tant chez des par- Par ailleurs, l’engorgement du marché
ticuliers que pour le compte des indus- pendant la haute saison de production et
triels. À l’exemple de celui réalisé dans le l’absence d’infrastructures de conserva-
port pour le compte des Grands Moulins tion entraînent un effondrement des prix,
du Kouilou. accompagné des pertes d’invendus. Plus la
production de fruits est abondante, moins
Quelles sont vos perspectives les producteurs et tous les acteurs de la
de développement ? distribution en tirent profit, à l’exception
AES étant encore une jeune société, des transporteurs dont les tarifs augmen-
notre ambition est de donner une image tent généralement avec la dégradation
positive des entreprises du secteur de des routes et la diminution de l’offre de
l’environnement au Congo. Mais bien transport dans les zones d’accès très dif-
plus, notre vision c’est d’avoir une en- ficile. Cette situation paradoxale n’est pas
vergure internationale, d'étendre nos ac- de nature à inciter l’investissement dans la
tivités en Afrique à travers une politique culture fruitière.
de partenariat externe pour créer ou
intégrer un grand réseau de développe- Les particularités de l’initiative
ment, un réseau de business dans le sec- de la laiterie Bayo
teur de la gestion de l’environnement. La Laiterie Bayo est la toute première
Nous voulons donc quitter notre statut entreprise congolaise, lancée depuis 2015
de SARL pour arriver à une image de dans la transformation à grande échelle
société anonyme (SA). de fruits locaux, pour la production de jus.

40
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
Cette transformation se fait sur le site in- les équipements. Cette capacité est large-
dustriel de Mbouono, le site de Massissia ment supérieure à l’offre en fruits du mar-
étant exclusivement affecté à la produc- ché, d’où le caractère crucial du problème
tion de yaourt et de lait caillé. La trans- d’approvisionnement, dont la solution
formation des fruits locaux était jusque-là dépendra entre autres des facilités d’accès
artisanale et très marginale, et ne pouvait à tous les bassins de production fruitière et
répondre à l’abondance des fruits qui arri- de l’encouragement au développement de
vent massivement sur le marché en un laps la culture fruitière intensive.
de temps très court. La production du jus des fruits locaux re-
présente 25% du chiffre d’affaires de Bayo
Les sources d’approvisionnement avec 16 travailleurs. Le jus de mangue, de
en fruits grenadille, de litchi et le cocktail sont les
Bayo produit du jus concentré à base d’ana- plus appréciés sur le marché.
nas, de mangues, de litchi, de grenadille, de
barbadine et d’orange. Les approvision- Les perspectives
nements en fruits s’étalent de novembre L’entreprise a deux grands projets, la mise
à janvier pour l’ananas, de novembre à en place d’une chambre froide pour aug-
décembre pour la mangue et le litchi, de menter le stockage des fruits et la produc-
janvier à mars pour la grenadille et la bar- tion des fruits séchés. Il sied de relever que
badine et de juin à août pour l’orange. l’investissement dans la conservation et la
Les fruits sont achetés au kilogramme, transformation des fruits est un facteur sus-
à 300 frs pour le litchi, 150 frs pour la contre, l’approvisionnement dans le nord ceptible d’encourager l’augmentation de la
mangue, 275 frs pour l’ananas, 160 frs pour du Congo est confronté aux difficultés du Salle de production production fruitière, dès lors que le débou-
l’orange et 265 frs pour la grenadille et la transport routier. de jus à Bayo. ché sera assuré, ainsi que l’amélioration des
barbadine. Certains producteurs viennent Pour garantir la régularité de ses approvi- recettes de leur vente.
livrer les fruits directement à l’usine en sionnements en fruits, Bayo encourage le L’exportation en zone Cemac est égale-
supportant eux-mêmes le transport. Pour regroupement des producteurs de fruits pour une production annuelle estimée ment l’une des ambitions de Bayo, qui est
les autres fournisseurs, Bayo organise des en coopératives. Actuellement, 64 coopé- à 150 tonnes de fruits, parmi lesquels la conscient de la contrainte que représentent
campagnes d’achats dans les villages et as- ratives de commercialisation fonctionnent goyave et le corossol. la conformité aux normes ISO et les exi-
sure le transport jusqu’à l’usine, en utilisant dans les villages pour livrer leur production gences de la compétitivité.
ses deux camions de 5 et 20 tonnes. Lors de de fruits à Bayo. Dans le souci de conso- Les capacités de production
la dernière campagne annuelle, les appro- lider ses sources d’approvisionnement, de l’usine
visionnements dans le Pool, la Bouenza et Bayo a récemment mis en plantation 200 La capacité installée permet de traiter 5
le Niari auprès des producteurs avaient at- hectares d’arbres fruitiers dans la zone de tonnes de fruits par heure, la banane étant
teint 400 tonnes, tous fruits confondus. Par Louingui, dans le département du Pool, le seul fruit qui ne pourrait être broyé par

Villes
desservies :
PRINCIPAUX Dolisie - Louteté
CLIENTS : Mossendjo - Brazzaville

Marchandises (bois) :
Oyo - Ouesso - Kellé
Ville à RÉPARATION
& MISE EN SERVICE
Taman, Sicofor, Thanry, l’internationnal :
Congo Déjià Woods. Douala-Kribi

DES POMPES CENTRIFUGES


(Cameroun)
Produits Pétroliers :
Sclog, Puma, Xoil

(U.T.A)
UNITED TRANSPORT AFRICA CONGO SA Filiale Congolaise de la société
TRANSPORT ROUTIER DES MARCHANDISES EUROFILIALES
(Grumes, Débité, Ciment, produits pétroliers et divers) PUMP OIL SERVICES (POS)
72 Rue des marins - Avenue de l’aéroport
RCCM N° 10B1723 BP 8121 Pointe-Noire république de Congo Pointe – Noire
Tél : 05 557 20 57 / 05 529 42 06 (+242) 05 550 90 51 / 06 431 03 10

41
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Terminaux du bassin du Congo :


point nodal des corridors desservant
la sous-région
vestissements. L’arrivée du groupe français tant qu’opérateur de la concession, avec des
Jean Banzouzi Malonga Necotrans le 1er décembre 2014 en tant engagements qui se traduisent par la mise
qu’opérateur de la concession portuaire en place des équipements de manutention
pour une durée de quinze ans avait redon- et d’acconage, la délimitation/sécurisation
né de l’espoir aux acteurs économiques. des zones d’opération et celles de zones de
Malgré l’environnement actuel, la crise économique et financière qui a fortement Necotrans s’était fixé pour objectif d’opti- circulation, la réhabilitation des entrepôts
miser le trafic des marchandises au port de et l’optimisation de la gestion de la plate-
impacté le volume des imports/exports de ses clients nationaux depuis bientôt cinq Brazzaville, afin que le fleuve Congo puisse forme portuaire.
ans, le Groupe Bolloré au Congo s’est engagé à élargir ses offres logistiques par réellement jouer son rôle d’axe de pénétra- Le projet est suffisamment avancé, il reste
tion dans les pays de la sous-région. Hélas, à réaliser certains travaux de réhabilitation
le développement de nouveaux corridors. Il s’agit principalement des axes Pointe- la réhabilitation du port fluvial de Brazza- du port pour augmenter ses capacités, no-
Noire/Kinshasa et Pointe-Noire/Bangui via Brazzaville. Avec comme point nodal les ville tant attendue n’est pas arrivée ; Neco- tamment les zones de stockage, les voies de
trans, l’opérateur de la concession, ayant circulation, le mur d’enceinte, et les rails.
Terminaux du bassin du Congo (TBC) au port fluvial de Brazzaville. fait faillite. Certains observateurs pensent que ces der-
Suite à la faillite de Necotrans, le Groupe niers points constituent le nœud actuel de
Bolloré reprend le projet TBC en 2017 en ce projet, dans ce sens qu’il faut définir de

Présent au Congo depuis près de soixante


ans, le Groupe Bolloré a engagé ses activi-
tés dans les domaines de la consignation,
transit, acconage, et la logistique pétrolière
en 1962, avec les bureaux de SDV et Saga
Congo. 47 ans plus tard, en 2009, inter- CONTACTS SIÈGE :
vient la gestion (concession) du terminal à Pointe-Noire - BP 429
conteneurs du Port Autonome de Pointe-
Noire, sous l’appellation de Congo Ter- 3, rue Sima - Mbondo, Quartier Tchikobo
minal. Et depuis le 1er septembre 2017, Bureau Brazzaville
le Groupe Bolloré s’est installé sur le port
fluvial de Brazzaville avec les Terminaux
Rue Gaulois - quartier M’pila centre-Ville
du Bassin du Congo (TBC). Référence imprimerie nouvelle du Congo
Depuis plus de trois décennies, le port flu-
vial de Brazzaville peine à retrouver le dy-
namisme voulu, du fait de l’absence d’in-

42
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
façon consensuelle les solutions gagnant- capable de desservir plus rapidement la
gagnant pour toutes les parties impliquées RDC (Kinshasa), la RCA, et même le
dans ce projet. nord de l’Angola. Pour cela, Bolloré a
investi plus de 15 millions d’euros dans la
Des points de fragilité construction d’infrastructures et de génie
Si la volonté des partenaires impliqués dans civil, l’électrification du terminal et l’ins-
ce projet laisse entrevoir des lendemains tallation de 4 grues, don de l’Union euro-
meilleurs, il n’en demeure pas moins qu’il péenne à l’Etat congolais. Deux grues sont
subsiste de nombreux points de fragilité destinées au levage des marchandises en
dans cette concession. On peut citer, entre vrac, et les deux autres d’une capacité de 40
autres, la concurrence déloyale faite à TBC tonnes sont destinées au trafic conteneurs.
par les nombreux ports pirates ou informels TBC possède plus de 10.000 m² de maga-
installés en amont et tout le long du fleuve. sins capables de garantir en toute sécurité
Et, le plus criant, c’est le fait que l’exclu- le stockage des marchandises à destination
sivité du terminal pour le traitement des des pays limitrophes.
marchandises n’est pas respectée. Ainsi fait, TBC devient un point nodal
En effet, vraisemblablement, le CFCO a dans le corridor Pointe-Noire/Brazzaville/
autorisé certains importateurs ou certaines Kinshasa/ Bangui, jouant quasiment le rôle
grandes entreprises de Pointe-Noire à de port sec en arrière du port de Pointe-
débarquer leurs chargements ou marchan- En effet, si jamais le CFCO retrouvait son en partance de Pointe-Noire sont livrés à Noire. En plus, il est appelé à jouer un rôle
dises à la gare ferroviaire de Brazzaville dite rythme d’exploitation d’antan, les corri- Brazzaville au bout de 3-4 jours contre 10 à fondamental pour l’exportation du bois du
« gare PV », alors qu’aux termes des accords dors Pointe-Noire/Brazzaville, Pointe- 15 jours précédemment, et à Kinshasa au bout Nord-Congo qui arriverait à Brazzaville
le vrai terminal serait celui de TBC. L’ap- Noire/Kinshasa, ou encore Pointe-Noire/ de 5 à 7 jours contre plus de 15 jours aupara- par flottaison sur le fleuve Congo. Et l’ap-
plication de cette concession s’en trouve Bangui via Brazzaville devraient connaître vant », relève le journal interne de Bolloré- provisionnement de l’hinterland en pro-
compliquée… un développement spectaculaire, notam- Congo dans une de ses parutions. duits importés. À condition que le CFCO
N’empêche, malgré ces travers, le Groupe ment en profitant du Bon de livraison À noter que la mise en place du BL Direct soit aussi performant.
Bolloré devenu opérateur principal de la direct (BLD). avec une mise à la consommation (régime
concession est en train de redynamiser Certes, le corridor routier est plus rapide IM4) ou une mise en admission tempo-
l’exploitation et créer les synergies pour que la voie ferroviaire, mais il demeure plus raire (IM5) est profitable aux usagers qui,
ouvrir le corridor vers Kinshasa depuis jan- couteux, notamment avec l’instauration dorénavant, ne payent plus le 1% jusque-là
vier 2018. La reprise effective et optimale des péages dont les tarifs très exorbitants obligatoire dans le régime IM8 qui garan-
du trafic sur le CFCO entre Pointe-Noire empêchent les importateurs d’être davan- tit la circulation des marchandises sur toute
et Brazzaville devrait permettre aux acteurs tage compétitifs. l’étendue de Congo.
économiques de bénéficier de ce corridor Avec le BLD, « par une procédure simplifiée, À partir du TBC (au port fluvial de Braz-
ouvert par Bolloré. les biens en conteneurs complet et/ou groupage zaville) le Groupe Bolloré est maintenant

43
Dossier congo économie - N°17 - avril 2020

Zone maraîchère inondée à


Les causes de ce changement climatique sont

L’impact du change-
Mafouta-Brazzaville Sud.
la déforestation, l'utilisation de combustibles
fossiles (pétrole, gaz, charbon…), l'élevage Le bois de chauffage,
intensif du bétail ainsi que les industries et une des causes de la
les différents transports, produisant des gaz déforestation au Congo.

ment climatique sur


à effet de serre qui élèvent la température à
la surface de la Terre. Ces activités libèrent
d'énormes quantités de gaz à effet de serre tion annuelle de sucre à 46 000 tonnes, alors
qui viennent s'ajouter à celles naturellement qu’elle aurait dû s’élever à 70 000 tonnes par

l’économie congolaise :
présentes dans l’atmosphère, augmentent rapport aux prévisions. L’irrigation a permis
leur concentration et, finalement, l'effet de de doubler le rendement à l’hectare de canne
serre et le réchauffement de la planète. Ces à sucre et de retrouver le niveau normal de
gaz à effet de serre sont le dioxyde de car- la production. Le changement climatique a

causes, conséquences
bone (CO2) produit par les incendies de également un impact sur le cycle de floraison
forêts, les industries, les automobiles et les et de maturité de certains fruits qui sont de
différents moteurs ; le méthane résultant de plus en plus précoces. En 2019 par exemple,
la fermentation de la masse très importante les manguiers ont produit plus tôt que d’ha-

et opportunités
de matières organiques générées par l’agri- bitude dès le mois d’octobre, par rapport à
culture et l’élevage ; le protoxyde d'azote, un d’autres arbres fruitiers tels que les safoutiers
gaz incolore produit par l'utilisation d'en- et l’ananas qui produisent habituellement à
grais azotés ; et les gaz fluorés utilisés dans la même période. On observe également de
des produits tels que les réfrigérateurs, les plus en plus des productions contre-saison
climatiseurs, les mousses et les aérosols. de certains fruits, notamment la mangue et
l’ananas.
L’agriculture, l’exploitation forestière La déforestation, liée à certaines cultures
Les journées très chaudes, plus que d’habitude, et les pluies abondantes, violentes, fréquentes et le changement climatique traditionnellement faites en forêt comme
et de plus en plus hors saison, provoquant des inondations et des érosions dévastatrices, Dans certains cas, le changement climatique celles du palmier à huile, du bananier, du
se traduit par des longues périodes de séche- caféier et du cacaoyer et du manioc, trouve
nous confrontent brutalement aux effets du changement climatique. Les villes, qui se sont resse provoquant un effondrement de la pro- des solutions alternatives à travers l’agrofo-
duction agricole et de l’élevage avec la dispa- resterie qui associe sur les mêmes parcelles
développées souvent en marge des normes, subissent cruellement les affres du changement rition des pâturages, comme cela est souvent les arbres forestiers ou fruitiers, les cultures
climatique. Les différents secteurs de l’économie ne sont pas à l’abri des conséquences de vécu dans le Sahel et la corne de l’Afrique. à l’ombre des arbres et l’élevage. De même,
Dans d’autres cas, le changement climatique les expériences encourageantes des cultures
ce phénomène dont ils sont dans une certaine mesure les causes directes ou indirectes. est accompagné de précipitations excessives en savanes du palmier à huile, du manioc, du
et fréquentes qui détruisent les cultures et cacaoyer et du caféier associées à des plan-
les infrastructures. À cela s’ajoute la proli- tations de forêts peuvent réduire significati-
Jean-Jacques SAMBA fération des espèces nuisibles telles que les vement la déforestation. La mise en œuvre
criquets pèlerins et les chenilles légionnaires des plans d’aménagement des concessions

L
qui dévastent les champs, sans oublier le forestières au Congo, s’inscrivant dans la
e changement climatique se manifeste développement des maladies parasitaires, gestion durable des forêts, permet de réduire
principalement par le réchauffement comme le paludisme. considérablement l’impact de la déforesta-
des températures qui sont au-des- Au Congo, pour la première fois dans l’his- tion sur le changement climatique. Les aires
sus des moyennes saisonnières habi- toire de la culture de la canne à sucre, Sa- protégées préservant la faune, la forêt et les
tuelles. Le mois de juin 2019 a d’ail- ris-Congo a été obligé d’investir à partir de écosystèmes, participent également à la lutte
leurs été déclaré le plus chaud en Europe par 2014 dans l’irrigation des plantations, par le contre le changement climatique et créent
Copernicus, un programme de surveillance pompage de l’eau du Niari pour faire face à des opportunités économiques et d’emplois,
de la Terre, disposant d’une constellation la baisse de la pluviométrie, au moment où avec le développement de l’écotourisme im-
de satellites. Ce programme a estimé que la les cannes ont besoin d’eau. Avec le chan- pliquant les populations locales.
température du mois de juin 2019 a été de gement climatique, la sècheresse observée
3°C supérieure à la moyenne des tempéra- depuis 2012 avait fait chuter le rendement Les infrastructures économiques
tures relevées entre 1850 et 1900. à l’hectare et entraîné la baisse de la produc- De toutes les infrastructures, le réseau rou-

44
congo économie - N°17 - avril 2020
Dossier
de 1972, tandis que la Convention-cadre
des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) a été lancé au
sommet de Rio de Janeiro de 1992, pour
maîtriser l’augmentation des gaz à effet SOCIÉTÉ DE TRAITEMENT, RECYCLAGE
de serre causée par l’homme, dans le but
d’éviter un dérèglement dangereux du ET D’INCINÉRATION DU CONGO
climat.
Les pays signataires de la CCNUCC ont • Récupération, stockage, traitement, recyclage • Traitement biologique et
ensuite lancé en 1995 la Conférence des et commercialisation des huiles usées incinération des boues de forage
Parties (COP) à la Convention de l’ONU • Nettoyage à très haute tension et • Location des bennes
sur le climat organisée depuis lors chaque dégazage de tous types de tanks • Location des camions
année. La COP1 a eu lieu à Berlin en • Assainissement, vidange industrielle et • Transport des produits pétroliers
1995, suivi en 1997 de la COP3 à Kyoto domestique • Dépollution des sites
au Japon, où pour la première fois un pro- • Incinération des déchets industriels, • Maintenance, configuraiton et
tocole contraignant visant à encadrer les hospitaliers et pétroliers retubage des chaudières
émissions de CO2 de plus d’une centaine • Incinération et recyclage des déchets • Traitement des eaux usées
de pays a été élaboré. En 2015 fut organi- chimiques
sée à Paris la retentissante COP21, qui a
abouti à la signature de l'Accord de Paris,
contenant l’engagement de la communau-
té internationale de contenir le réchauffe-
ment climatique bien en-dessous de +2°C,
voire le limiter à +1,5°C. Après Paris, il
y a eu en 2016 la COP 22 à Marrakech
au Maroc, en 2017 la COP23 à Bonn en
tier urbain et rural est le plus affecté par Allemagne, en 2018 la COP24 à Katowice
le changement climatique. Les érosions et en Pologne, enfin en décembre 2019 la
les inondations dues aux fortes pluies dé- COP 25 à Madrid en Espagne.
truisent les routes et perturbent gravement
le transport dans les villes et à l’intérieur Atténuation et adaptation 35 avenue Félix Eboué derrière Aquamarine - BP 4401 - Pointe-Noire
du pays. L’activité économique, et sur- En dépit de la gravité des conséquences Tél. : + 242 06 857 31 90 / 05 363 72 66
tout le secteur du transport routier, subit du changement climatique, il est impen- E-mail : sotrafinco.inc-cgpnr@hotmail.com
d’énormes coûts générés par la dégrada- sable de croire à l’élimination totale des
tion accélérée du matériel et les perturba- gaz à effet de serre produits par les activités sotrafincocgpnr@yahoo.com
tions qui réduisent la fluidité du transport humaines, compte tenu des implications
des lieux de production aux marchés, avec économiques et financières, mais égale-
le risque d’enclavement auquel s’exposent ment sociales qui en découleraient. À dé-
certaines zones entières des villes ou des faut d’éliminer totalement les gaz à effet de
départements de l’intérieur. Dans les villes, serre, l’atténuation est une solution qui vise
les constructions sur des terrains inon- à moins émettre de gaz et à restaurer ou
dables ou sur des sols fragiles exposés aux protéger les capacités de puits de carbone
érosions pluviales du fait de l’absence de des écosystèmes ou agro-écosystèmes. Le
canalisations appropriées menacent dan- REDD (Réduction des émissions liées
gereusement les infrastructures publiques à la déforestation et à la dégradation des
ainsi que l’habitat privé. Ainsi, les consé- forêts) s’inscrit dans cette démarche, ainsi
quences et les coûts économiques et so- que tous les projets de reforestation.
ciaux du changement climatique sont par- L’adaptation au changement climatique
ticulièrement amplifiés par les défaillances consiste à mettre en appliquer des straté-
de la gouvernance urbaine, à l’origine du gies, initiatives et mesures visant à réduire
lotissement des terrains inappropriés à la la vulnérabilité des systèmes naturels et
construction et aux déficiences des voiries humains contre les effets présents ou futurs
urbaines, dont le développement est en du changement climatique. Par exemple, la
décalage avec l’extension rapide des villes. construction des bâtiments avec des maté-
riaux isothermiques (briques en terre cuite
La mobilisation internationale et bois) est une solution d’atténuation à
L’ampleur des conséquences du change- l’intérieur des maisons des grandes chaleurs
ment climatique sur la planète et l’inquié- extérieures, de même que la végétalisation
tude qu’il fait planer chez la majorité des des rues et avenues. Les villes congolaises
dirigeants politiques du monde justifie ont besoin de stratégies et mesures d’adap-
la mobilisation générale, dès 1972, à tra- tation idoines pour face d’une manière
vers le Sommet de la Terre de Stockholm efficace à ce phénomène aux conséquences
organisé depuis lors tous les dix ans par de plus en plus dévastatrices.
l’ONU. En 1982 fut organisé le deuxième
le Sommet de la Terre à Nairobi (Kenya),
en 1992 le troisième à Rio de Janeiro (Bré-
sil), en 2002 le quatrième à Johannesburg
(Afrique du Sud) et en 2012 le cinquième
à Rio de Janeiro, dernier Sommet en date,
appelé Rio+20. Tous ces sommets ont eu
pour but de définir les moyens de stimuler
le développement durable et de promou-
voir la culture de respect de l'environne-
ment au niveau mondial.
Le Programme des Nations unies pour
l'environnement (PNUE) a été mis en
place à la suite du sommet de Stockholm

45
Région
Le panorama L
e manioc est la première assaisonnées, mélangées avec du
culture vivrière produit dans poisson fumé et préparés à l’huile de
tous les départements du palme avec de la pâte d’arachide. Ces
Congo. Originaire d’Amérique feuilles entières peuvent également être
du Sud il a été apporté par fermentées pendant plusieurs jours avant

agricole des régions


les Portugais au XVIe siècle. d’être préparées en bouillon ou à l’huile.
De son appellation « yucca »
en Amérique centrale et Mandioca en La banane vient après le manioc
Amazonie dérivent les mots « yaka » et compte tenu du tonnage produit. Le
« mandioco » qui désignent le manioc bananier est cultivé en zones forestières

congolaises
au Congo. Le manioc est cultivé dans dans le Kouilou, le Niari, la Lékoumou, la
des petites exploitations familiales non Bouenza, le Pool, la Cuvette, la Cuvette-
mécanisées dont les rendements ne Ouest, la Sangha et la Likouala. Ainsi,
dépassent pas le tiers du rendement la région des Plateaux est la seule au
potentiel par hectare. La production Congo qui ne produit pas énormément
annuelle du Congo dépasse un peu plus de bananes. La banane plantain et la
d’un million de tonnes. banane douce sont produites partout,
Pour la consommation courante, le cependant, les régions septentrionales,
L’agriculture congolaise, qui représente à peine 5% du PIB et entre 1% à 2% des exportations, manioc subit une transformation
artisanale qui permet d’obtenir deux
notamment la Sangha et la Likouala,
sont le plus orientées vers la culture de
produits : les pains de manioc, dont la la banane plantain. Etant très périssable,
est dominée par les cultures vivrières, qui couvrent près de 75% des surfaces cultivées. Ce forme varie d’une région à une autre, la banane est principalement confrontée
ainsi que son poids qui peut aller de 300 aux difficultés de conservation et de
secteur souffre d’un déficit de statistiques, il occupe environ 35% de la population active qui ne grammes à 10 kilogrammes ; mais aussi transport vers les marchés urbains, qui
la farine de manioc, appelée foufou, sont également approvisionnés par les
cesse malheureusement de décroître, à cause de l’exode rurale et du vieillissement des actifs produite à partir des cossettes séchées importations provenant du Cameroun et
et écrasées. Le caractère saisonnier de la province angolaise du Cabinda.
agricoles. Que produisent les régions en cultures vivrières ? de la production et artisanal de la
transformation soumet le marché à des Les ignames et les patates douces
variations de l’offre et des prix, pouvant sont cultivés en savane dans le Niari,
Jean-jacques samba aller du simple au double à l’ouverture la Lékoumou, la Bouenza, le Pool et
des nouvelles plantations au début les Plateaux et servent d’aliments de
de la saison des pluies. La pression base comme le manioc et la banane
de la demande du marché sur les prix plantain. Comme aliment de base, il y
oriente de plus en plus la consommation a également le taro dont la culture est
urbaine vers le pain et le riz, avec toutes associée à celle du bananier en zones
les conséquences sur la dépendance forestières. A la différence des autres
alimentaire vis-à-vis des importations. produits vivriers, les ignames, les taros
Outre les tubercules, la plante du et les patates douces sont très peu
manioc produit des feuilles qui sont un périssables et supportent parfaitement
légume abondant sur le marché et très les conditions précaires de stockage,
prisé par la Congolais sous le nom de de conditionnement et de transport
« saka-saka ». Ces feuilles sont pilées, jusqu’aux marchés urbains.
Région congo économie - N°17 - avril 2020

Mfouati, Boko-Songho, Bouansa et


Madingou sont les principaux bassins
de production. En septembre 2016,
un projet d’appui à deux cents petits
producteurs de haricot dans les districts
de Boko-Songho et Loudima avait
été lancé à Madingou. Ce projet de
trois ans sur financement de l’Union
européenne, pour environ un milliard
de FCFA, entre dans le cadre de la
relance de la production agricole et
de la diversification de l’économie
et de l’atteinte de l’autosuffisance
alimentaire. Kindamba, dans le Pool,
et le département des Plateaux sont
également des zones de production
de l’haricot, dont une partie importante
des besoins du marché est couverte
par les importations de la RDC et du
Cameroun.

Les légumes sont principalement


produits dans les zones maraîchères
Le riz, la pomme de terre et cultures vivrières (OCV) et de l’absence urbaines ou péri-urbaines de Brazzaville,
l’oignon sont les cultures vivrières dont d’une politique nationale d’appui. Si la Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi et d’autres
la production a très fortement baissé, consommation nationale de riz et de grandes agglomérations. Loin des villes,
au point où, le riz et la pomme de terre pomme de terre n’est plus couverte que quelques grands bassins maraîchers se
produits au Congo ont presque disparu par les importations, l’oignon, naguère développent, c’est le cas de Louingui
du marché. Cultivé jusqu’au début des abondamment produit dans les plateaux, et Boko, Mindouli et Mati dans le Pool-
années 2000 dans le Niari à Mossendjo, est encore cultivé dans les régions du Nord, et Ngo dans les Plateaux. La
la Bouenza à Madingou, le Pool à Pool et de la Bouenza, mais en quantité saison sèche, particulièrement propice
Kindamba et la Cuvette-Ouest à Ewo, infime face aux énormes besoins du à la production maraîchère marchande,
la production du riz, comme celle de la marché national. correspond à la période de haute
pomme de terre, a gravement souffert saison. Il est important de relever que
de la liquidation de l’Office congolais des L’arachide est principalement cultivée la culture maraîchère d’autosubsistance
dans la Bouenza, le Niari, la Lékoumou, contribue à une amélioration
le Pool, les Plateaux et la Cuvette significative de l’alimentation de la
comme culture vivrière. Elle fut une population rurale.
culture industrielle dans la Bouenza où La proximité de la plupart des bassins
elle était produite pour approvisionner de production par rapport aux marchés
l’huilerie de N’Kayi (Huilka) jusqu’au urbains et la bonne desserte routière
début des années 1990. Depuis la de ceux qui en sont éloignés facilitent
liquidation de Huilka, sa production la commercialisation des produits
réduite aux petites exploitations maraîchers. Cependant, les problèmes
paysannes s’est effondrée. de conditionnement, de conservation et
de transformation demeurent entiers,
Le maïs, comme l’arachide, est une car ils occasionnent d’énormes pertes
culture à la fois vivrière et industrielle dans la distribution, notamment pendant
pour la fabrication de l’aliment de bétail. la haute saison.
Longtemps associée au développement Parmi les cultures maraîchères, les
des fermes agricoles et d’élevage d’Etat plantes d’assaisonnements (poivron,
(Socavilou, Matsimou et autres) au cours piment, ciboule, céleri, persil), la tomate
des années 80 et 90, le maïs est cultivé et l’aubergine, le choux, la salade de
dans le Kouilou, le Niari, la Lékoumou, laitue, la carotte et le gingembre ont
la Bouenza, le Pool, les Plateaux et la particularité d’être chères sur le
la Cuvette. La liquidation des fermes marché du fait de leur offre très réduite,
d’Etat et de la Minoterie et aliments de certainement à cause des très grandes
bétail (MAB) a fait chuter la production exigences de ces cultures.
de maïs qui avait atteint les 15 000
tonnes au milieu des années 1980, Les fruits sont produits en général
à l’apogée de la ferme d’Odziba dans dans les villages ou dans leurs
le Pool-Nord, des grandes plantations alentours. On observe une intense
de la Bouenza et de la mécanisation activité de production fruitière dans les
de cette culture. Des grands projets départements du Pool, de la Bouenza
de plantations industrielles ont été et du Kouilou, notamment dans les
récemment lancés dans le Niari et la zones de Boko, Mindouli, Mouyondzi
Bouenza, avec pour objectif l’exportation et Loudima pour les agrumes. Outre
de maïs et l’approvisionnement des la banane douce, les fruits les plus
industries locales d’aliments de bétail, produits sont la mangue, les agrumes,
en vue de soutenir l’élevage dont l’offre le safou, l’avocat, la papaye, l’ananas –
est insignifiante au regard d’énormes particulièrement à Louingui et Boko –,
importations du Congo de volailles, le litchi et le mangoustan. La grenadille
d’œufs de table et de viande. et la barbadine sont principalement
produits dans le Pool. Le département
L’haricot est une culture vivrière de la Likouala fournit le petit citron,
importante dans les pays du Niari, dont les pertes du fait de l’enclavement
notamment dans la Bouenza, où et de l’acheminement par voie fluviale

48
congo économie - N°17 - avril 2020
Région
ne favorisent pas la culture intensive de les plantations de Mokéko, Kandéko,
ce fruit, pourtant importé du Cameroun Etoumbi et Kounda.
par avion pour le marché de Pointe- Les complexes agro-industriels de
Noire, d’où son prix très élevé. Sangha-Palm et de la Régie nationale
La pastèque, un fruit récent dans des palmeraies du Congo (RNPC)
les habitudes de consommation des permettaient d’approvisionner le
Congolais, fait l’objet d’une culture de marché congolais en huile de palme,
plus en plus intensive, particulièrement notamment
dans la Bouenza, à Loutété, Bouansa les savonneries, parmi lesquelles
et Madingou et sur la route nationale Savcongo était la plus grande.
n°2, dans les Plateaux et la Cuvette- L’arrêt de Sangha-Palm et de la RNPC
Ouest. Son caractère de fruit très peu depuis un peu plus de deux décennies
périssable favorise sa production loin a sonné le glas de cette culture, que
des marchés urbains de consommation. quelques projets privés ambitionnent
La goyave et la figue, deux fruits de revigorer, notamment celui des
exotiques totalement disparu du marché, plantations de palmiers à huile en
à la différence du corossol toujours savane, avec l’essai encourageant
produit entre Mindouli et Loutété, du sur la route nationale n°2, au nord
Litchi et du Mangoustan qui sont bien de Brazzaville. La culture du palmier
acclimatés entre Louingui et Boko dans à huile en savane vise à éviter la
le Pool. déforestation qui est un grand fléau
Comme les légumes, la production environnemental dans les pays d’Asie
des fruits est confrontée aux du Sud-Est.
problèmes de conditionnement et de
conservation, à l’absence des véhicules
de transport appropriés et d’industries
de transformation. Cela est à l’origine
d’énormes pertes et de l’effondrement
des prix, pendant la haute saison de
production, où le marché totalement
dépourvu d’infrastructures
de stockage et de conservation
est engorgé.

Les cultures de rente :


domination de la canne à sucre
La culture industrielle de la canne à
sucre a été lancée en 1956 à Jacob,
aujourd’hui N’Kayi, par la Société
industrielle et agricole du Niari (SIAN)
qui appartenait à la famille Vulgrain.
Devenue Suco en 1971 à la suite de la
nationalisation par l’Etat congolais, la
privatisation en 1991
de Suco reprise par la famille Vulgrain Banque d’affaire et société de bourse.
a donné naissance à Saris-Congo, une
société du groupe Somdiaa.
Avec 12 500 hectares plantées et
exploitées par Saris-Congo,
la canne à sucre est de loin
la plus importante culture
de rente, qui permet de
produire 70 000 tonnes
de sucre annuellement,
pour le marché local et
l’exportation.

Le café et le cacao sont


traditionnellement cultivés sur
des petites superficies dans la
Lékoumou, le Niari, les Plateaux,
la Cuvette, la Cuvette- Ouest, la
Sangha et la Likouala. Ils ne figurent
presque plus parmi les exportations
du Congo, depuis la liquidation de
l’Office du café et cacao (OCC), qui
commercialisait ces deux produits
jusqu’au début des années 1990
et disposait d’une petite usine de
torréfaction à Brazzaville. Quelques
initiatives tentent de relancer la culture
de ces deux produits dans les zones
traditionnelles de production.

Le palmier à huile était


particulièrement cultivé dans la Sangha,
la Cuvette et la Cuvette-Ouest, dans BP 2889 - Brazzaville
Société Anonyme au Capital de 500 000 000 FCFA
Avenue Amilcar Cabral Email : info@lcb-capital.com Agrément COSUMAF N° MFAC-SB-01/2015
Tél. : +242 06 700 23 75 www.lcb-capital.com RCCM : CG/BZV/16 B 6426 - NIU M2017110000653141
Fax : +242 22 281 09 77

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Culture congo économie - N°17 - avril 2020

Les repères du temps


par les mots
des langues africaines
Jean-Jacques Samba

L'histoire de l'humanité s'est construite dans la corrélation entre les astres


et la mesure du temps. Il n'est donc guère étonnant de trouver des corres-
pondances sémantiques pour les désigner. En voici quelques illustrations.

S
avez-vous que dans toutes les langues du Congo, Par ailleurs, on peut observer que dans toutes les langues rajoute le mot « passé », le mot « présent » ou le mot « à ve-
la lune et le mois sont désignés par le même africaines, les menstrues des femmes sont désignées avec nir », il exprime ainsi le passé, le présent ou le futur.
mot : sanza en lingala, ngônda en kituba, ou le même mot que la lune et le mois, compte tenu du cycle Le mot soleil signifie également l’heure ou le moment, c’est
ngond en vili et dans plusieurs autres langues de ces menstrues qui est comparable à celui de la lune. En ainsi que dans les langues congolaises, si on veut savoir à
du Sud du Congo ou du Sud-Est du Cameroun, interrogeant une femme si elle a vu ses règles, traduit en quelle heure ou à quel moment est fixé le départ, traduit lit-
ntsui en téké, swengué en bochi, tioungui en français, ce serait : « As-tu vu ta lune ou ton mois ? » téralement, ce serait « à quel soleil est fixé le départ ? »
yaka. Il en est de même au Centrafrique avec
ndzé en sango, à l’est de l’Afrique avec mwezi en swahili, Que dire de la pluie et de l’année désignées Les repères ancestraux du temps
ukwézi en kinyarwanda, à Madagascar avec volana en mala- avec le même mot dans toutes les langues congolaises et la vie économique et sociale
gasi (langue malgache), avec wata en haoussa à l’ouest de et dans certaines langues africaines ? Les activités économiques telles que la chasse, la pêche et
l’Afrique et au Cameroun, lewourou en peul ou poular, wer Le début de la saison des pluies correspondait au début de l’agriculture étaient et demeurent intimement liées aux sai-
en wolof au Sénégal, kalo en malinké et en bambara, xaso l’année dans la tradition congolaise, pour cette raison, dans sons. Cependant les dérèglements climatiques de ces der-
en soninké et sarakolé, kiké en soussou de Guinée, sra en toutes les langues congolaises, le mot pluie est le même que nières années bouleversent profondément le lien entre les
baoulé, agni, bété et ébrié en Côte d’Ivoire, dzinu en évé au le mot année : mvoula, mvoul et mboula (toutefois en lingala, saisons et les activités économiques, notamment dans le sec-
Togo et au Ghana, twi en ashanti au Ghana, kiuugu en mooré mobou c’est également l’année comme mboula). En bambara teur agricole, avec toutes les conséquences de perturbation
au Burkina, onawa en igbo au Nigeria. dans les zones mandingues, l’année c’est saan et la pluie, des rendements, de la production et de l’offre sur le marché,
Dans d’autres langues hors d’Afrique, la lune et le mois sont saandji, qui signifie l’eau de l’année. En RCA, la pluie, c’est face à l’accroissement de la population et de la demande.
également désignés par le même mot : en roumain, langue ngou nzapa, traduit littéralement en « eau de Dieu », parce Au niveau social, les changements de modes de vie avec
latine, lunà, en bosniaque et croate, mjesec, en samoan, ma- que la pluie tombe du ciel, et l’année c’est ngou. l’urbanisation accélérée et l’érosion des coutumes et tradi-
sina, en indonésien, bulan, en maori, langue de Polynésie, Le début de la saison des pluies est caractérisé par l’ense- tions a modifié l’habitat naguère en terre, dont la construc-
marama et en turc, ay. mencement des nouvelles plantations, la germination et le tion n’était possible qu’en saison sèche, ainsi que les fêtes
bourgeonnement des plantes, synonyme de renaissance de la et cérémonies familiales au village (construction de tombes,
Pourquoi la lune et le mois sont désignés vie, marquant le début d’un nouveau cycle, qui est l’année. De retraits de deuils et mariages) qui ne s’accommodaient pas
par le même mot dans la totalité des langues africaines ? même, dans l’ancien calendrier romain, l’année commençait à la saison des pluies.
Dans l'ancien calendrier romain ayant précédé le calendrier en mars, à la fin de l’hiver et au début du printemps, avec le
Julien, le premier jour du mois était celui où les prêtres an- début de la nouvelle saison agricole, dans une nature animée Les déperditions des langues africaines dans les villes,
nonçaient la nouvelle lune sur la colline du Capitole à Rome. par le bourgeonnement et la floraison des plantes, les chants un désastre collectif
Dans ce calendrier lunaire, l’apparition de la nouvelle lune d’oiseaux et et le bourdonnement des insectes. Cet article est le fruit, d’une part, de mon séjour en Algérie,
annonçait le début du mois, et le mois durait jusqu’à l’appa- La similitude des effets sur la nature et des activités humaines il y a plus de 40 ans, où j’ai pu m’initier à la langue arabe
rition de la prochaine lune. Cette référence du mois à la lune au début de la saison des pluies au Congo, mais aussi à la fin comme étudiant, et découvrir la référence des mois du ca-
est en vigueur dans le calendrier islamique ou hégirien, dont de l’hiver et au début du printemps dans les régions de la zone lendrier islamique à la lune, et, d’autre part, d’une enquête
les douze mois, à savoir Muharram, Safar, Rabi'al-awwal, tempérée, explique ce lien qui avait été établi, d’une part entre menée auprès des locuteurs des langues africaines pendant
Rabi'al-thani, Jumada al-awwal, Jumada al-thani, Radjab, le début de la saison des pluies et le début de l’année dans les trois ans, au fil d’une vingtaine de réunions auxquelles j’ai
Sha'ban, Ramadan, Chawwal, Dhu al-Qi'dah, Dhu al-Hijjah traditions congolaises, chez les Bambaras et dans la langue participé sur le continent africain, d’est en ouest, de l’Afrique
correspondent parfaitement à la période qui sépare l’appari- sango en RCA, et d’autre part entre le début du printemps en côtière au Sahel et de l’Afrique subsaharienne à l’Afrique du
tion de deux nouvelles lunes. mars, et le début de l’année chez les Romains. Comme mars Nord. Le constat est sans appel sur la maîtrise des langues
En Afrique subsaharienne, l’apparition de la lune corres- pour les Romains était le premier mois de l’année, septembre maternelle, de plus en plus fragile, observée chez les citadins
pondait également au début du nouveau mois, d’où l’uti- (septem étant sept en latin) était le septième mois, octobre d’Afrique noire que j’ai rencontrés aux cours des différentes
lisation du même mot pour désigner la lune et le mois, (octo, c’est huit en latin) le huitième mois, novembre (novem, réunions qui n’arrivaient pas à établir dans leurs langues le
dans toutes les langues africaines, de l’Est, de l’Ouest et ou neuf en latin) le neuvième mois et décembre (decem, ou lien entre la lune et le mois, la pluie et l’année. Le caractère
du Sud du continent africain. Dans le nord de l’Afrique, dix en latin) le dixième. cosmopolite des villes qui favorise l’utilisation quotidienne des
où sont pratiqués l’islam et la langue arabe, en dépit de langues autres que les langues maternelles et l’absence de
la référence des mois musulmans à la lune, les mots lune Le soleil n’est pas en reste comme repère du temps l’enseignement des langues africaines à l’école en est cer-
ou plus précisément croissant de lune et mois sont dif- dans les traditions africaines tainement la cause.
férents en arabe (Al hilal pour le croissant de lune et Al Cet astre appelé ntangou ou ntango dans les langues congo-
shahr pour le mois). laises est également synonyme du temps, selon qu’on lui

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