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Congo

Trimestriel - Avril 2014 - N° 3

C2A Conseils Associés en Afrique Congo


Cabinet de Conseil Juridique et Fiscal
Agrément CEMAC n° SCF 10

Partenaire

Eric TASI NDJODO, Associé

affai r e s
le journal d’UNICONGO 327, avenue Marien Ngouabi Bureaux :
Imm. SCI LES COCOTIERS, 1er étage ABIDJAN - CONAKRY
BP 4905 Pointe Noire DOUALA
Tél : 00 (242) 06 953 97 97 LIBREVILLE - PARIS

L ’ e s s e n t i e l

Dossier
Fo cu s Un ic ong o

btp
Cap sur l’excellence
Réforme dans la gouvernance, projet de
convention collective pour le secteur
médical, rencontres entre responsables
des ressources humaines… L’Union ne
ménage pas ses efforts pour optimiser
son fonctionnement. Zoom quelques points
forts de ce premier trimestre. Lire p. 4

Grand angle

Produits Bayo : une


volonté de diversification

Un avenir en
L a Fa b r i q u e d e p r o d u i t s l a i t i e r s ,
alimentaires, de papeterie et assimilés
(FPLAPA), qui conditionne les produits
Bayo, renforce ses investissements,

construction
notamment pour créer et développer des
vergers dans différents sites du Congo.
Une ambition de croissance qui concerne
aussi l’exportation de ses produits.
Lire p. 14

Région
Du côté des infrastructures publiques comme
La Lékoumou des travaux initiés par le secteur privé, les entre-
L’exploitation imminente prises sont à pied d’œuvre pour bâtir le Congo
du gisement de fer de
Zanaga et les grands de demain. Présentation des enjeux et des opé-
t r av a u x c o n s e n t i s rateurs d’un secteur en pleine mutation.
dans le cadre de la
Lire p. 17
municipalisation accélérée sont en passe
de transfigurer cette région du Congo,
restée longtemps enclavée. De bon augure Emploi/Formation
en perspective de la fête nationale de Afrique
l’Indépendance, à Sibiti, le 15 août prochain.
Lire p. 44 Le défi de Le tourisme,
Pays la formation incontournable
Vers un nouveau
miracle ivoirien ?
par le Net levier de croissance
Le début de ce millénaire a laissé une
On les désigne par un curieux acronyme : L’Afrique se distingue par une diversité
empreinte amère dans les mémoires
les Mooc (massively open online courses). géographique propice à toutes les formes
ivoiriennes, meurtries par des conflits
Derrière ce sigle se cache un dispositif mis de tourisme. C’est notamment le cas du
fratricides qui ont aussi impacté lourdement
en place par les plus grandes universités tourisme «vert », très porteur vis-à-vis
l’économie locale. A l’aune d’une stabilité
pour permettre, via Internet, à des centaines d’une large clientèle, dont celle des pays
politique retrouvée, passage en revue des
atouts dont dispose le pays pour tenter de
de milliers d’étudiants de suivre leurs cours industrialisés. Passage en revue des atouts
renouer avec un passé glorieux.
en ligne. Décryptage des forces et des li- et des axes de développement de ce sec-
Lire p. 45 mites d’un système qui laisse présager une teur à l’échelle continentale.
grande évolution dans la transmission des Lire p. 49
savoirs de par le monde.
GRATUIT
Lire p. 42
congo économie - N°3 - avril 2014 3

edito Sommaire

19
Chers partenaires et lecteurs,
Après les deux premiers numéros de notre journal, parus respectivement
en septembre 2013 et février 2014, nous lançons le troisième numéro
portant sur le dossier des BTP. Le choix de ce secteur n’a pas été
fait au hasard car les BTP sont le reflet indéniable du dynamisme de
l’économie congolaise et des mutations fulgurantes des villes et du
paysage rural du Congo.
04 14
Tout en se focalisant sur l’économie congolaise, Congo Economie veut
être la vitrine de notre Union en vous informant sur ses activités, celles de ses fédérations,
mais également des entreprises membres dont l’impact socio-économique mérite qu’on y
39 45
accorde une attention particulière.
Les analyses des dossiers du secteur privé congolais et des fédérations professionnelles
occuperont une place de plus en plus grande dans notre journal. Pour cela, l’Union, les fédérations
et leurs membres constituent des sources d’informations indispensables pour alimenter les
42
différents articles du journal. Ainsi, l’implication et les apports de tous sont nécessaires pour Focus sur Unicongo
garantir l’abondance et la qualité des informations de cette publication. Réforme dans la gouvernance d’Unicongo p. 4
La régularité de la parution trimestrielle du journal sera soutenue par un renforcement des Vers un projet de convention collective pour le secteur médical p. 4
ressources humaines, matérielles et organisationnelles dédiées à cette activité, dont l’objectif est Le premier conseil d’administration de l’année p. 4
de contribuer, d’une manière notoire, à l’amélioration de la visibilité de l’Union, notamment, Actus Unicongo p. 5
vis-à-vis de ses propres membres, des partenaires nationaux et étrangers. Laser
Le prochain numéro portera sur un autre secteur important de l’économie congolaise, dont Brazzaville au cœur de la construction des infrastructures de développement p. 7
le choix a été fait au cours de la rédaction du présent numéro. Outre la version papier utilisée Un axe routier qui rapproche du Cameroun p. 8
Des camions bien encombrants p. 9
jusqu’à présent, une publication sur le site web de l’Union est à l’étude pour en faciliter l’accès Reprise des réunions de la Commission nationale des investissements p. 10
au plus grand nombre, d’autant plus que le journal est gratuit. Une stratégie étatique pour développer le « local content » au Congo p. 11
Vos observations sur notre journal sont les bienvenues, c’est à ce titre que nous restons ouverts Le secteur minier congolais, un gisement potentiel d’emplois p. 12
à vos contributions. Partenariat public-privé : pour améliorer l'employabilité des jeunes p. 13
Grand angle
Christian Barros, président d’Unicongo Produits Bayo : une volonté de diversification p. 14
Dossier : BTP
Le BCBTP confirme son ambition de jouer les premiers rôles dans les BTP p. 17
Un vaste programme de construction pour l'habitat p. 17
contacts unicongo DGGT : sur tous les fronts des BTP
David Bourion, président de la fédération des BTP Unicongo
p. 19
p. 20
Une fédération qui veut faire des émules p. 23
RELATIONS ADHéRENTS, membres éTUDES & Pointe-Noire/Brazzaville/Ouesso, artère vitale du réseau routier congolais p. 23
associés & NON ADHéRENTS DOCUMENTATION Socofran : une si longue expérience… p. 26
Pierre-Yves Pochet, DG de SGEC-Congo p. 29
Processus d’adhésion Sollicitations / Conseil d’ordre juridique, social
EGET Congo, le plein d’énergie p. 30
& fiscal - Documentation pour l’entreprise
Egis International : une filiale congolaise bien implantée p. 32
Mireille Rafidinarivo - Chargée des adhérents Bouygues Energies & Services Congo : accompagner le développement p. 34
Tél. : (+242) 06 929 74 65 Mél : adherents@unicongo.org Socotec Bassin du Congo affirme son ancrage local p. 35
GTA : les secrets de la longévité p. 36
RELATIONS D’AFFAIRES éVéNEMENTIEL
Groupe Apave : des compétences avérées p. 38
& PARTENARIATS Les entreprises de BTP des pays émergents avantagées par un bouclier financier p. 39
Le coup de gueule d’un architecte p. 39
Accompagnement des entreprises Salons et événements (JMSST, SEEC…)
Informations économiques et sectorielles… Emploi/Formation
Le défi de la formation par le Net p. 42
Ka’tia Mberi - Déléguée développement
Tél. : (+242) 06 635 40 40 Mél : developpement@unicongo.org Région
La Lékoumou : un développement sur fond de minerai de fer p. 44
APPUI formation services Pays
RECRUTEMENT divers
Vers un nouveau miracle ivoirien ? p. 45
Dépôt d’offres / candidatures Analyse des besoins et inventaire Location salle et visioconférence /
Site : www.emploi.cg
Afrique
des offres (formation initiale, Vente d’agendas
continue…) Distribution Journal Eco / Le tourisme, un incontournable levier de croissance p. 49
Facturation & règlements
Marguerite Kounkou – Assistante administrative (BZV)
Nathalie Lopez – Assistante administrative (PNR)
Tél. : (+242) 06 629 59 06 (PNR) Mél : secretariatbzv@unicongo.org
06 841 04 07 (BZV) secretariatpnr@unicongo.org

congo économie unicongo.org


Congo Economie est une publication éditée par l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo.
Contact Brazzaville : boîte postale 42. Secrétairiat de rédaction : Didier Bras
Tél. : (+242) 06 841 04 07 Direction artistique : Jean-Noël Dubois trans air congo
Mél : secretariatbzv@unicongo.org
Contact Pointe-Noire : boîte postale 1713 Ont participé à ce numéro :
Tél. : (+242) 06 629 59 06 Hamid Affalou, Jean Banzouzi Malonga, Prosper
Mél : secretariatpnr@unicongo.org Bizitou, Didier Bras, Jean De La Haute, Germain
Président : Christian Barros Garon, Jean Clotaire Hymboud, Dominique Manga,
Email : c.barros@codisco-congo.com Jean-Jacques Samba, François Sitac.
Directeur de la publication : Jean-Jacques Samba
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4 congo économie - N°3 - avril 2014 Focus sur Unicongo Focus sur Unicongo congo économie - N°3 - avril 2014 5

cation des emplois et la grille salariale ; actualités union et fédérations


- L’autre partie répond par une contre-

Réforme dans la Premier petit déjeuner RH :


proposition de l’avant-projet de conven-
tion collective, qu’elle transmet à la
partie qui en a eu l’initiative, ainsi qu’à
l’administration du Travail ; l’enthousiasme au rendez-vous !
gouvernance d’Unicongo
- L’avant-projet et la contre-proposition
de convention collective sont examinés
par l’administration du Travail, qui en Le 27 février dernier, des responsables de la terme ? Qu’en est-il de la place de la fonction
vérifie la conformité par rapport aux lois fonction RH se sont réunis autour d’un petit RH au sein des entreprises au Congo ? Ne de-
et règlements en vigueur et apprécie les déjeuner pour débattre sur les problématiques vrait-elle pas être mise au cœur de l’entreprise
points de divergence pour juger de l’op- de recrutement au Congo. Ce petit déjeuner, à pour participer, comme toutes les autres fonc-
ment son rôle d’organe d’administration de l’Union, La récente dotation en équipement de visioconférence portunité de préparer la convocation de l’adresse des dirigeants et cadres de la fonction tions, au processus de création de valeur ? Au-
sur les deux pôles que constituent Brazzaville et à Brazzaville et à Pointe-Noire a notoirement modifié la commission mixte paritaire chargée de ressources humaines, a été organisé à l’initiative tant de questions soulevées qui ont fait l’objet
Pointe-Noire. la gestion des réunions au niveau de toutes les ins- négocier la convention collective sous la conjointe d’Unicongo et de Marie-Pascale Mirre, d’échanges riches et animés. Quelques pistes
 
Les enjeux auxquels doit faire face
l’Union ont nécessité une refonte de ses Une administration modernisée,
tances de l’Union, réunions aujourd’hui rendues pos-
sibles à distance, avec cet avantage de la suppression
direction d’un inspecteur du travail, di-
recteur départemental du Travail désigné
consultante en ressources humaines, directrice
du cabinet Mirre Conseil. Diplômée de l’Essec
de solutions ont été identifiées. Les participants
ont exprimé leurs attentes et les préoccupa-
une communication renforcée de la contrainte de voyage, qui vise à améliorer le taux par arrêté du ministre du Travail. de Paris, elle intervient régulièrement au Congo. tions qu’ils souhaitent partager et étudier en
modes d’organisation et de fonctionne- Cette restructuration, rendue indispensable par les de participation du plus grand nombre des membres à A l’issue de ce rappel et du constat de D’autres petits déjeuners RH seront organisés au commun : Comment appréhender la gestion
ment. Retour sur les principaux axes de ambitions de l’Union face aux exigences de perfor- ces réunions importantes à la vie de l’Union. la très faible présence des chefs d’entre- sein d’Unicongo tous les deux mois. Ils ont pour prévisionnelle des emplois et des compétences
cette réforme. mances dans ses missions, aux mutations de l’écono- Le lancement, en septembre 2013, du journal Congo prises, la réunion a été conclue par une objectifs principaux d’accompagner le dévelop- (GPEC) ? Comment attirer, recruter et fidéliser
mie congolaise et du contexte de l’économie mondiale, Economie complète l’arsenal des outils de commu- décision de convocation d’une autre pement de la fonction RH au sein des entreprises congolaises les talents ? Quelles politiques motivationnelles mettre en place

L
a révision des statuts d’Unicongo, en février aux besoins de ses membres et aux attentes des par- nication de l’Union, qui contribue à l’accroissement réunion, au cours de laquelle la partie et de contribuer à la professionnalisation de la fonction et au dans le contexte socioculturel du Congo ? Comment faire du
2012, et leur modification, en novembre de tenaires, aussi bien nationaux qu’internationaux vis- de son rayonnement vis-à-vis de ses membres et employeur constituera une commission perfectionnement de ses acteurs. Le thème choisi : « Comment plan de formation un outil stratégique ? Autant de thèmes de
la même année, ont entraîné une profonde à-vis des organisations patronales du secteur privé, des adhérents potentiels, mais aussi à l’égard de ses devant travailler dans les prochains réussir ses recrutements dans un contexte de pénurie de main-  
réflexion pour les prochains petits déjeuners RH. Le deuxième
restructuration de la gouvernance de l’Union, a profondément modifié son fonctionnement, qui est partenaires. La qualité de ce journal est l’expres- jours, pour proposer un avant-projet de d’œuvre congolaise qualifiée ? », a fait l’objet d’une présentation d’entre eux est programmé le 22 mai 2014 à partir de 8 heures
notamment dans son organisation, avec le renforce- accompagné d’un renforcement des outils de gestion sion de l’implication remarquable des différentes convention collective du sous-secteur de trente minutes. Puis, chacun a pu s’exprimer et faire part de à Unicongo (Pointe-Noire) sur le thème suivant : « Motivation :
ment de son unicité par l’institution des fédérations et des ressources, tant au niveau humain que matériel. fédérations professionnelles à travers les dossiers secteur santé à la partie syndicale, avec son expérience. En effet, les DRH se plaignent souvent d’être comment développer le sentiment d’appartenance à l’entreprise
professionnelles nationales en lieu et place des fédé- La mise en place d’une structure interne chargée de la sectoriels développés et des partenaires publics des copie à l’administration du Travail. confrontés à des difficultés pour trouver et fidéliser du personnel dans le contexte socioculturel congolais ? ». Pour toute participa-
rations professionnelles régionales, du comité des gestion comptable de l’Union, jusque-là externalisée, secteurs concernés. qualifié au Congo. Pour faire face à cette pénurie, les entreprises tion, veuillez vous inscrire à l’adresse suivante : secretariatpnr@
fédérations en remplacement des comités régionaux a permis la réappropriation de cette fonction essen- La quête permanente de l’efficacité dans la représen- Jean-Jacques SAMBA ne devraient-elles pas mettre en place des stratégies sur le long unicongo.org
de Brazzaville et de Pointe-Noire, du conseil d’admi- tielle dans l’administration financière, qui est l’un des tation et la défense des intérêts des membres et le ren-
nistration comme organe d’orientation et de décision facteurs de la crédibilité de toute institution. Ainsi, la forcement de sa capacité à être une véritable force de Agenda
en substitution du comité national, des commissions production régulière des comptes, des états financiers proposition dans les dossiers du secteur privé congo-
thématiques, organes chargés d’étudier les dossiers et de toutes les informations nécessaires aux appré- lais, à travers le dialogue avec tous les partenaires, Février 2014 trolier pour accompagner le Plan de déve- et d’autre part en mettant en relation Pointe-Noire redouble d’efforts pour of-
transversaux concernant plusieurs, sinon tous les sec- ciations et décisions de gestion des différentes ins- est l’objectif essentiel de la réforme en cours au sein • 1re édition du Forum international loppement national 2012-2016 », c’est le des entreprises françaises « le Pavillon frir un programme de choix et de qualité
teurs couverts par les fédérations professionnelles, et tances de l’Union, conforte la modernisation de son d’Unicongo depuis 2012. Build Africa de Brazzaville. Unicongo y a thème qui va rassembler des entreprises France » d’Ubifrance, avec les structures à tous ceux qui feront le déplacement.
d’un secrétariat général structuré pour jouer pleine- administration. participé du 6 au 7 février 2014 avec un venues des quatre coins du globe. locales. En marge du forum, Unicongo organise
Prosper BIZITOU, trésorier d’Unicongo stand d’exposition. • Journée mondiale de la sécurité et la des rendez-vous B to B pour une déléga-
santé au travail : vendredi 25 avril 2014. Mai 2014 tion de douze entreprises françaises, ac-
Avril 2014 La Journée mondiale de la sécurité et • 5e édition du Forum Green Business, compagnées par Ubifrance.

Le premier conseil Vers un projet de convention • 2e édition de la Conférence interna-


tionale et exposition sur les hydrocar-
la santé au travail, événement phare et
annuel organisé par Unicongo, aura lieu
du 20 au 22 mai 2014, à l’hôtel Atlantic
de Pointe-Noire. • Salon Entreprise Emploi du Congo

d’administration
bures au Congo, du lundi 14 au mercredi
collective pour le secteur médical
cette année à la base industrielle de Total Au fil des ans, le Green Business congolais (SEEC), au palais du Parlement, du 15
16 avril 2014. « Valoriser de nouvelles E&P Congo (TEPC), le vendredi 25 avril a acquis une renommée internationale en au 16 mai 2014 à Brazzaville, et à l’hôtel
ressources en hydrocarbures et renforcer 2014, à Pointe-Noire. Unicongo y parti- devenant le rendez-vous incontournable Elaïs, du 22 au 23 mai 2014 à Pointe-

de l’année
les infrastructures du secteur de l’aval pé- cipera, d’une part en animant un stand, des entreprises « écolo ». La CCIAM de Noire.
La fédération des services et professions libérales ne dispose
pas de convention collective, d’où l’actuel recours à la conven-
Conformément à ses statuts adoptés en février 2012 et modifiés en
tion collective du commerce, dont les métiers sont loin de cor- Atelier de sensibilisation autour des Concertation entre la fédération
respondre à ceux des différents services et professions de la fé- des parapétroliers d’Unicongo et
novembre de la même année, l’Union a tenu son premier conseil
d’administration le 11 février 2014 à son siège de Pointe-Noire. Ce dération. L’Union s’est penchée sur ce dossier qui concerne les « forêts modèles » en République du Congo la direction générale des Impôts
conseil d’administration est le premier à avoir été organisé simul- cliniques, cabinets, et laboratoires d’analyses médicales.
tanément à Brazzaville et à Pointe-Noire par visioconférence entre d’autres pays du bassin du Congo. Depuis l’émergence
et des Domaines
les deux villes. L’Union a douze fédérations professionnelles, Une procédure d’avant-projet du concept au Canada, puis à Rio en 1992, les « forêts Suite aux difficultés rencontrées par les sociétés
L’ordre du jour a comporté, entre autres points importants soumis parmi lesquelles une fédération des services en trois temps modèles » ont été adoptées comme modèle de gouver- membres de la fédération parapétrolière, venant de
aux débats des administrateurs, le projet de lettre ouverte au pré- et professions libérales. Celle-ci regroupe les Ce projet a été récemment transmis à Unicon- nance de territoires totalisant 100 millions d’hectares, l’application de la circulaire interprétative de la loi de
sident de la République, le projet d’Unicongo-Formation, le réa- services les plus divers tels que les conseils go par l’administration du Travail du Kouilou répartis dans plus de trente pays. Les « forêts modèles finances 2012 relative aux dispositions de l’article
ménagement des réunions du comité des fédérations et du conseil juridiques, fiscaux, en gestion, marketing et pour relancer les travaux eu égard à la néces- » sont portées et sponsorisées par les gouvernements 126 ter alinéa 3 qui pose la date d’exécution comme
d’administration. management, les cabinets de notaires et d’avo- sité de plus en plus pressante de doter d’une auprès du Réseau africain et du Réseau international date d’exigibilité de l’impôt, Unicongo a sollicité une
La lettre ouverte au président de la République a été publiée dans cats, les cabinets et cliniques médicaux, ainsi convention collective ce sous-secteur en forte de forêts modèles. Elles sont une base avancée d’expéri- rencontre avec la direction générale des Impôts et
le journal Les Dépêches de Brazzaville en février 2014. Concer- que les laboratoires d’analyses médicales, les croissance. Pour cela, une réunion regroupant mentation économique et sociale et alimentent, par leurs du Domaine, qui a eu lieu le 28 février 2014 à Brazza-
nant Unicongo-Formation, une équipe a été mise place au sein de agences immobilières. De nouveaux services dix-huit représentants de cliniques et cabinets innovations et leurs résultats, les politiques nationales et ville. Les membres de la fédération ont apprécié le fait
l’Union pour proposer, dans les prochains mois, une architecture du naissent avec le développement, la diversifica- médicaux et de laboratoires d’analyses médi- internationales. Ce lien original entre la base et le niveau que l’administration fiscale ait été sensible au bien-
projet visant à combler l’absence de structures offrant des forma- tion de l’économie congolaise et des métiers cales de Brazzaville et de Pointe-Noire a été politique a fait ses preuves dans tous les pays d’implan- fondé de leur argumentaire. Il a été convenu qu’elle
tions dans certains domaines demandés par les adhérents. nouveaux qui posent un véritable problème de organisée par visioconférence le 27 février Un atelier de sensibilisation sur le processus de « forêts tation. Ces cinq dernières années, le processus s’est sur- solliciterait d’Unicongo l’organisation d’une réunion
L’examen de la proposition de réaménagement des réunions du co- convention collective applicable pour les ré- 2014 à Unicongo. Au cours de cette réunion,  modèles » a été organisé à Brazzaville le 1er avril 2014 tout développé en Afrique centrale avec le soutien des tripartite entre les fédérations du pétrole et des para-
mité des fédérations et du conseil d’administration a abouti, après gir. La spécificité des métiers d’un service à un où très peu de chefs d’entreprises étaient pré- sous l’égide du ministère du Développement durable et pays de la sous-région et du Canada. Il s’est étendu à pétroliers, et l’administration fiscale, afin d’examiner
débat, au maintien de l’organisation actuelle, qui prévoit d’une autre, ou d’une profession libérale à une autre, sents (la majorité des représentants étant des de l’Economie forestière, avec l’appui technique du Ré- neuf paysages du bassin du Congo, répartis dans cinq les améliorations qui pourraient être apportées aux
part une réunion du comité des fédérations tous les deux mois, et pose un réel problème d’application d’une employés, directeurs des ressources humaines, seau africain de forêts modèles. Parmi les participants, pays et couvrant une superficie approximative de 16 mil- processus de validation administrative en vigueur au
d’autre part une réunion du conseil d’administration tous les trois convention collective unique. Face à la diffi- chefs du personnel ou comptables), la procé- les représentants des différentes administrations pu- lions d’hectares. Le processus « forêts modèles » a fait ses sein de chacun des opérateurs de la place, en vue de
mois. Toutefois, le conseil d’administration a insisté sur la néces- culté et au vide créés par l’absence de conven- dure à suivre en matière de projet de conven- bliques, ONG, organismes internationaux et sociétés pri- preuves comme approche innovante de dialogue territo- raccourcir les délais de facturation des services ren-
sité de focaliser le comité des fédérations sur les dossiers intéres- tion collective, à l’initiative de quelques diri- tion collective a été rappelée par le secrétaire vés d’exploitation forestière membres d’Unicongo. Cet rial et de mise en œuvre de partenariats public-privé pour dus par les parapétroliers, et donc le délai de recou-
sant exclusivement les fédérations, en vue de réserver au conseil geants de cabinets, cliniques et laboratoires général d’Unicongo, à savoir : atelier est le premier d’une série de trois, à Brazzaville, la gestion durable, la stimulation de l’entrepreneuriat lo- vrement de l’impôt. Etant admis que l’impôt ne sau-
d’administration les grands dossiers exigeant des orientations ou médicaux de Pointe-Noire et sous l’égide du - La partie patronale ou syndicale la plus dili- Louango et Mvouti. Le Réseau africain de forêts modèles cal et le business social vert. Les « forêts modèles » don- rait être exigible sans facturation, a fortiori pour les
des décisions de l’Union, cela en vue d’éviter le chevauchement directeur départemental du Travail au Koui- gente élabore l’avant-projet de convention est un des six réseaux régionaux au sein du Réseau in- nent des résultats pratiques encourageants en termes de transactions ou contrats en devises étrangères. Dans
entre les deux instances lou, une concertation a été organisée à Pointe- collective qu’elle transmet à l’autre partie et ternational de forêts modèles (RIFM), horizontalement réduction de la pauvreté, de déforestation et sur les effets l’attente de cette prochaine réunion et de la confir-
Noire, il y a un peu plus d’une année, en vue à l’administration du Travail avec accusé de structuré à l’échelle mondiale. Depuis dix ans, ce concept du changement climatique. La réserve de biodiversité de mation de la position définitive révisée de l’adminis-
Jean-Jacques SAMBA, d’ébaucher un avant-projet de convention col- réception. Cet avant-projet comprend trois novateur est expérimenté avec des résultats probants Dimonéca, dans le Mayombe, a été retenue pour abriter tration, la fédération des parapétroliers a sollicité un
secrétaire général d’Unicongo lective applicable au sous-secteur médical. parties : le corps de la convention, la classifi- en Afrique centrale, notamment au Cameroun et dans la première « forêt modèle » en République du Congo. moratoire des redressements relatifs à ce point.
6 congo économie - N°3 - avril 2014 Laser Laser congo économie - N°3 - avril 2014 7

Brazzaville au cœur de la
construction des infrastructures
de développement en Afrique
Les spécialistes de la construction des infrastructures pour l’Afrique se africain devrait être trouvé en développant
le capital humain par l’appropriation des
sont rencontrés à Brazzaville, les 6 et 7 février 2014, dans le cadre du Forum hommes eux-mêmes. Les difficultés ne sont
Build Africa. Ce cadre d’échanges et de réflexion a regroupé des décideurs pas insurmontables car l’Afrique peut
s’inspirer de plusieurs expériences pour
politiques, experts, bailleurs de fonds et ONG de développement de tous trouver son chemin et aller de l’avant », a
les continents. Tous venus pour répondre à cette question : Comment dit Jean-Jacques Bouya lors de son point de
presse rendu à la fin du forum.
stimuler, soutenir et construire le développement socio-économique à Il a aussi été relevé lors de ce forum que
partir de nouvelles infrastructures ? » très peu d’entreprises africaines accè-
dent aux grands marchés de construction
d’infrastructures dans le continent. Et
pourtant, ce forum Build Africa a permis

P
our répondre à la question- de révéler que l’Afrique détient aussi une
thème de ce forum, la réflexion expertise en matière de BTP, capable de
a consisté d’abord à identifier rivaliser avec les grandes entreprises des
les obstacles qui entravent le autres continents. Une expertise encore
développement des infrastructures, puis à minime, certes, mais existante, capable
dresser un répertoire des projets d’infras- d’élever et de soutenir de grandes grues
tructures de base susceptibles d’accélérer dans le ciel des villes africaines, avec des
le développement du continent, et enfin à mains africaines et des têtes pensantes lo-
formuler des solutions aux différents pro- cales. Ces cités africaines, pour lesquelles
blèmes techniques, financiers, politiques les architectes présents au forum ont pro-
et autres, rencontrés spécifiquement en posé de nouveaux types de visages urbains
Afrique. Le tour de la problématique pour corriger l’actuel. Mais pour toutes
des infrastructures de développement en ces constructions rêvées, il faut avant
Afrique a été réalisé en une série de dé- tout investir dans la formation des cadres,
bats, de séances plénières, d’ateliers inte- techniciens, ingénieurs et experts de tous
ractifs et de discussions d’experts. ordres, ont indiqué les participants.

La présence de personnalités
  Pour sa part, le Congo s’est engagé, de-
puis plus de dix ans, dans la construction
de premier plan tous azimuts d’infrastructures de déve-
Parmi les personnalités présentes et dont forum. Le président de la République Selon le ministre congolais de l’Aména- loppement afin d’asseoir son ambition :
les interventions ont été marquantes, on du Congo, M. Denis Sassou-Nguesso, gement du territoire en charge des grands aller vers l’émergence d’ici à l’an 2025.
peut citer M. Vicente Fox. L’ancien pré- a déclaré à cette occasion que « l’un des travaux, M. Jean-Jacques Bouya (principal Une gageure difficile à relever. C’est ainsi
sident du Mexique, qui a une riche expé- grands mérites de ce forum est de nous organisateur de ce forum), l’Afrique a ses qu’un important budget d’investissements
rience des défis économiques, a partagé rappeler deux exigences : la première est propres réalités. D’où l’idée qu’un modèle est consacré chaque année à la construc-
son vécu de constructeur d’infrastructures qu’il est plus que jamais temps de mettre de gestion propre au continent devrait être tion de routes, ponts et autres ouvrages
avec tous les participants. A ses côtés, davantage en commun nos atouts pour un étudié. « L’Afrique est devant un dilemme concourant au développement. Cette dy-
on peut citer le gouverneur de la banque développement harmonieux du continent. – abondance de biens, mais pas de déve- namique a impulsé le désenclavement de
centrale du Nigeria, M. Sanusi Lamido La seconde réside dans la nécessité pour loppement –, c’est pour cela qu’un modèle l’hinterland congolais, ouvrant davantage
Sanusi, ou encore le docteur Avier Sala l’Afrique de s’approprier désormais son le pays aux autres états de la sous-région,
Martin, éminent professeur d’économie à propre développement ». Unicongo a participé à ce forum avec un stand confirmant ainsi son rôle historique de
implanté dans la salle des banquets du Palais
l’université américaine de Columbia. Ces des congrès, qui a eu l’honneur d’être visité par pays de transit (voir article sur les grands
derniers ont décrypté l’environnement Nécessité d’une forte mobilisation le président de la République, M. Denis Sassou- travaux dans le dossier BTP).
Nguesso, à l’issue de la cérémonie d’ouverture.
économique et le climat d’affaires du internationale et de formation
continent africain, éclairant de leurs ana- Il ressort des discussions de ce forum que
lyses les pistes à explorer en matière de le continent africain présente une insuf-
financement et de construction des infras- fisance d’infrastructures qui freinent son
tructures de développement. Ces installa- développement. Une évidence ! Mais
tions que sont les ponts, routes, chemins entre autres raisons, il y a les capacités
de fer, édifices publics, ports, aéroports, financières qui ne permettent pas de ré-
ouvrages électriques et hydrauliques, etc. pondre favorablement à la demande. D’où
Le Congo a été honoré d’avoir accueilli la nécessité de mobiliser la communauté
ce premier forum international sur les internationale pour répondre aux diffé-
infrastructures en Afrique, qui prévoyait rents besoins, dans ses différents aspects.
accueillir 500 personnes et qui, finale- Par ailleurs, l’implication du secteur privé
ment, a regroupé environ 1 000 délégués a été mise en évidence par les participants
représentant 49 pays, parmi lesquels 10 dans le sens d’une complémentarité entre
ministres africains. Un succès partagé les secteurs privé et public. Un partenariat
avec le Fonds Africa 50 de la Banque public-privé gagnant-gagnant, impliquant
africaine de développement (BAD) et une plus forte participation des banques
la Banque mondiale, partenaires de ce qui, jusque-là, demeurent frileuses…  
8 congo économie - N°3 - avril 2014 Laser Laser congo économie - N°3 - avril 2014 9

Des camions bien


b r è v e s Éc o
La moisson congolaise sur le forum un contrat d’assistance technique avec le construction du barrage hydroélectrique
La République du Congo a mis à profit ce groupe Edifis Capital. Aux termes de ce de Sounda, près de Pointe-Noire, et dont vement amélioré l’approvisionnement de
Congo : des projets forum pour arracher certains contrats avec contrat, le Groupe Edifis Capital devra ac- la puissance nominale est estimée à envi- la capitale, qui n’a pas connu de pénurie

encombrants…
de modernisation des bailleurs de fonds, ou encore obtenir compagner et conseiller le Congo dans la ron 1000 MW. C’est un vieux projet dont et de hausse de prix du ciment pendant
des engagements avec certains autres par- mise en place d’une unité vouée aux PPP. l’idée et les bases de construction remon- la période de saison sèche de juin à sep-
Le département de la Lékoumou va tenaires. L’un d’entre eux porte sur la créa- Notamment dans les secteurs agricoles, les tent aux années 1960, avec le premier pré- tembre 2013, à la différence des années
bénéficier de quelque 150 projets de tion d’un fonds d’investissement afférant à infrastructures économiques et sociales. sident congolais, l’abbé Fulbert Youlou. antérieures. La route conforte le marché
modernisation d’un montant de 400 la création d’une chaîne agro-industrielle, De même, en matière énergétique, un pro- La seconde édition du Forum Build Africa en favorisant la concurrence grâce à un
milliards de francs CFA, Ces investisse- pour une valeur d’investissement de 100 tocole d’accord a été signé avec la Société aura lieu dans deux ans. meilleur approvisionnement, une véritable
ments, en lien avec l’organisation, en millions de dollars. En matière de partena- financière internationale (SFI) pour défi- fluidité des échanges entre les villes et les
août prochain, des festivités du 54e anni- riat public-privé (PPP), le Congo a signé nir un concept adéquat et adapté pour la Jean BANZOUZI MALONGA Bien qu’étant encore en cours de construction, la route de Pointe-Noire- départements.
versaire de l’indépendance du pays, ont Brazzaville provoque déjà l’encombrement de l’avenue de l’OUA, couramment Outre le transport du fret, la fluidité du
été annoncés par le ministre congolais mouvement des personnes s’est accrue
appelée route du Djoué, et du carrefour du Boulevard, qui, en l’absence de gares avec le transport des passagers sur le nou-

Un axe routier qui


de l’Aménagement du territoire et de la
Délégation générale aux grands travaux routières aux abords de la ville, sont devenus de véritables parkings pour des vel axe routier, qui se développe avec des
(DGGT), Jean-Jacques Bouya (Lire aussi dizaines de camions avec semi-remorques transportant des conteneurs. Sans véhicules souvent inappropriés de trans-
article sur la Lékoumou p. 44.) port de marchandises pour la plupart, ren-
oublier les rues du quartier industriels de Mpila… dant le voyage des personnes très difficile

rapproche du Cameroun
Croissance toujours soutenue Si son impact sur les avenues de Braz- ville, qui n’avaient que l’option du CFCO Stationnement de camions
en Afrique de l’Ouest zaville est bien visible, l’axe routier de pour le transport terrestre de leur fret pro- porte-conteneurs au carrefour
Pointe-Noire/Brazzaville a également venant de Pointe-Noire, sauf lorsqu’elles du Boulevard.
L’année 2014 devrait être faste pour l’en- changé bien de choses au niveau écono- étaient obligées de recourir à très grands
semble des économies de l’Afrique de mique et social. Au niveau économique, frais au transport aérien, avec toutes les
l’Ouest, si l’on en croit le rapport annuel un véritable secteur structuré de trans- conséquences imaginables sur les coûts.
2013 de la Commission de la Commu- ports routiers est en train de se mettre
nauté économique des Etats d'Afrique L’axe routier Brazzaville-Ouesso-Sembé-Souanké, ment de produits alimentaires et de maté- en place, avec la création, notamment à Des effets vertueux
de l'Ouest (Cédéao). Une croissance de riaux de construction. Il a été également Pointe-Noire, de nombreuses entreprises Aujourd’hui, certaines entreprises de
7,1% y est en effet prévue, contre 6,3%
long de près de 1 000 kilomètres et bitumé à près observé que des produits importés au formelles dotées d’un parc important de Brazzaville, particulièrement celles du
durant l’exercice 2013. C’est la Sierra Cameroun sont réexportés au Congo pour camions, et d’infrastructures de gestion BTP, se sont dotées d’une flotte de camions
Leone qui devrait battre tous les re- le marché de Brazzaville par la route, modernes. Il est courant de rencontrer, à pour contourner les nombreuses difficul-
cords en 2014 avec un PIB en hausse de 80 %, a ouvert depuis bientôt quatre ans le mar- compte tenu de la différence des coûts sur la sortie du pont du Djoué, dans le sud de tés auxquelles elles étaient confrontées au
de 14,6%. Cinq autres pays (le Burkina ces produits, plus avantageuse de la voie Brazzaville, de longs convois de plusieurs CFCO, notamment, du point de vue des
Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Liberia ché de la capitale congolaise aux produits de l’agri- camerounaise via le port de Douala, par dizaines de camions appartenant à une délais d’acheminement. Ainsi, la régulari-
et le Nigeria) sont également appelés à rapport à la voie congolaise via le port de même entreprise. té de la desserte par la route de Brazzaville
dépasser la moyenne régionale. culture et de l’industrie camerounaises. Pointe-Noire, ce qui ramène à l’ordre du Par ailleurs, il est à relever que la route a au départ de Pointe-Noire, mais également
jour le problème de la compétitivité du
port de Pointe-Noire.
desserré l’étau des entreprises de Brazza- des autres départements du Sud, a relati-  
En 2011, les premiers camions camerou- Le nouvel axe routier produit déjà des
nais arrivés à Brazzaville via Bertoua, effets intégrateurs entre le Congo et le
point de convergence des produits agri- Cameroun, et même le Tchad. Cepen-
coles provenant de l’est et du nord du Ca- dant, force est de s’interroger sur ce
meroun à destination du Congo, achemi- que l’économie congolaise peut offrir
naient de la pomme de terre de la zone de au marché camerounais, car les camions
Schang, en terre Bamiléké, de l’oignon, camerounais retournent vides en direc-
de l’arachide, du haricot et du bissap des tion du Cameroun. Cette dernière ques-
régions septentrionales du Cameroun. tion nous amène aussi à réfléchir sur la
A Bertoua, la plupart des produits agri- place de l’économie congolaise au sein de
coles arrivent en vrac ou dans des sacs l’Afrique centrale, au-delà du rôle de pays
de 100 kg ou plus pour être triés, calibrés, de transit que le Congo tient à reconqué-
nettoyés et reconditionnés en filets de 25 rir grâce aux importants investissements
à 35 kg avant l’acheminement au Congo. consentis dans le domaine des infrastruc-
Depuis peu, des produits manufacturés de tures de transport.
l’industrie camerounaise arrivent à Braz-
zaville par la route. Il s’agit essentielle- Jean-Jacques SAMBA

Camions provenant du Cameroun,


stationnés au marché Total, chargés
de pommes de terre et d’oignons.

 
10 congo économie - N°3 - avril 2014 Laser Laser congo économie - N°3 - avril 2014 11

Une stratégie étatique


Les mesures de promotion du secteur privé national
b r è v e s é c o congolais visent à mettre en œuvre certains principes,
parmi lesquels :
Libye : une production - Le principe de l’attribution préférentielle aux entre-
prises nationales congolaises de certains contrats ou acti-

pour développer le « local


de pétrole en berne vités spécifiques, tant que leurs offres ne dépassent pas
un certain seuil à définir ;
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le secteur pétrolier
- La règle générale du contenu local pour tous les projets
est régulièrement perturbé par des mouvements de protestation qui entraînent la
développés par des investisseurs et partenaires étrangers ;

content » au Congo
chute de la production. Courant mars, des protestataires ont fermé le champ pé-
- La règle des activités réservées aux entreprises natio-
trolier d'al-Charara (au sud du pays), qui produit 340 000 b/j. Puis, quelques jours
nales congolaises, notamment en matière de fourniture
plus tard, la fermeture par d'autres protestataires du champ pétrolier d'a-Fil (éga-
de certains biens et services ;
lement au sud) a entraîné une baisse de la production pétrolière à 150 000 b/j.
- Dans les secteurs des hydrocarbures et des mines en
Le manque à gagner pour l’Etat libyen – qui était le quatrième producteur africain
particulier, la réservation d’intérêts de participation dans
de pétrole avant la chute du régime du colonel Kadhafi – est estimé à environ 10
les champs arrivés à échéance ou leur réattribution aux
milliards de dollars.
Afin de promouvoir et développer le sec-
teur privé national, il s’est tenu courant
Afrique : comment relancer Quand premier trimestre 2014, à Pointe-Noire et
à Brazzaville, une table ronde sur le local
Gare routière des passagers de   l’industrialisation ? l’Allemagne fait
content, sous la direction d’un comité de
et dangereux. Au niveau social, la route Bifouiti, sur la route du Djoué.
Le dernier rapport annuel de la Commis-
les yeux doux
est créatrice d’emplois, avec la naissance sion économique des Nations unies pour à l’Afrique pilotage mis en place par décret prési-
d’emplois directs dans les entreprises de traversées par la route, tels que l’agricul- l’Afrique et la Commission de l’Union afri- dentiel et présidé par M. Denis Ngokana.
transport, mais également des emplois ture, l’artisanat et l’industrie. L’élargis- caine s’est penché sur la question cruciale « J'invite tout le monde en Afrique à
induits dans les secteurs des services, sement et la fluidité du marché grâce à la du développement de l’industrialisation apprendre l'allemand et à participer à
Cette table ronde, à laquelle ont assisté
comme la logistique, la maintenance et la route est également un facteur indéniable sur le continent. Selon ses préconisations, l'aventure que représentent les études plusieurs chefs d’entreprise, avait pour
réparation, sans oublier l’impact dans les de développement des entreprises et, fina- il est nécessaire d’adopter « des politiques en Allemagne.  » Telle est l’invitation objet de recueillir les avis et propositions
différents secteurs productifs des contrées lement, de l’emploi. industrielles crédibles et promouvoir des adressée par Angela Merkel, la chance-
organisations efficaces », pointant égale- lière allemande, ajoutant vouloir « davan- de différents entrepreneurs en vue d’éla-
ment « la faiblesse des structures institu- tage coopérer. Cela signifie éveiller l'inté- borer un cadre réglementaire et légal à
tionnelles ». Le rapport insiste en outre sur rêt de l'économie allemande pour qu'elle

Reprise des réunions de


soumettre à l’attention du Gouvernement.
les opportunités que revêtent les parcs investisse davantage ». Des déclarations
industriels et encourage le dialogue entre qui s’inscrivaient en amont du quatrième
sommet Union européenne-Afrique orga-

la Commission nationale
le secteur public et les parties prenantes
du secteur privé. nisé début avril à Bruxelles.

des investissements Les enjeux du fonds africain pour la sécurité alimentaire


Le ministère de l’Eco- C’est au sein du secrétariat de la FAO (Food and agriculture or-
nomie, des Finances, du ganization) organisme dépendant des Nations unies, qu’a été
Plan, du Portefeuille pu- instauré le Fonds unique africain, dédié à l’amélioration de la
blic et de l’Intégration sécurité alimentaire à travers le continent. Proposé en 2012
a abrité, les 3 février par le président Denis Sassou-Nguesso au cours de la confé-
et 31 mars 2014, deux rence régionale pour l'Afrique à Brazzaville, ce dispositif a été
sessions de la Com- officiellement lancé en juin 2013. Son objectif est de soute-
mission nationale des nir un large éventail de projets visant à améliorer la sécurité
investissements avec 46 alimentaire, la nutrition, l'agriculture et le développement ru-
dossiers et 25 dossiers ral. Les six premiers pays bénéficiaires (République centrafricaine, Ethiopie, Malawi, Mali, Les différentes interventions des participants ont permis
de demandes d’agré- Niger, Soudan du Sud) vont recevoir chacun deux millions de dollars. de mettre en évidence plusieurs freins empêchant l’émer-
ment aux avantages de gence d’un tissu industriel de PME/PMI viables. Il s’agit
la charte des investis- Réunion du 31 mars 2014 de la Commission entre autres des difficultés d’accès aux financements, du
sements. Ces deux réu- nationale des investissements, manque de formation des leaders et managers, l’indivi-
nions sont intervenues au ministère de l’Economie. dualisme des entrepreneurs, l’absence de main-d’œuvre
après l’unique réunion   Le chiffre qualifiée, la faiblesse des capacités technologiques, etc.
organisée l’année dernière, le 8 février 2013, décret n°2004-30 du 18 février 2004 fixant Tous ces facteurs concourent à ce que les PME/PMI lo-

6 400
et la suspension de fait de l’examen des dos- les modalités d’agrément des entreprises cales sont incapables de répondre aux appels d’offres des
siers d’agrément aux avantages de la Charte aux avantages de la Charte des investis- grandes sociétés de la place, et aussi de l’Etat congolais.
nationale des investissements suite à l’ins- sements, à l’exception des entreprises L’initiative du comité de pilotage pour la promotion et le dé-
titution de la Commission de renégociation nouvelles installées dans les zones encla- veloppement du secteur privé national repose sur une direc-
des conventions d’établissement, conformé- vées, dont certains avantages sont prolon- tive du président de la République. En effet, le 15 avril 2013,
ment aux dispositions de la loi n°41-2012 gés sur la quatrième et cinquième années dans une directive rendue publique, le Président écrivait à

milliards
du 29 décembre 2013 portant loi de finances qui suivent les trois premières années. De l’attention des ministères des Mines, des Hydrocarbures, de
pour l’année 2013. même que les avantages des régimes G et l’Industrie et du Commerce : « A l’instar des économies plus
Les dossiers ont été examinés conformé- S n’ont été accordés qu’une seule fois non avancées, le développement et la stabilité de l’économie
ment aux nouvelles dispositions édictées renouvelable. congolaise doivent reposer, pour une part importante, sur
par les récentes lois de finances, à savoir : Toutes les demandes de dérogation aux un socle national solide… J’invite donc particulièrement
la suppression de l’exonération de la taxe dispositions rappelées ci-dessus doivent En dollars, la richesse cumulée des 1 645 milliar- les départements ministériels des Mines, des Hydrocar-
spéciale sur les sociétés, qui n’est plus être sollicitées par les investisseurs à l’au- daires recensés dans le monde par le magazine bures, de l’Industrie et du Commerce à proposer toutes les
accordée concomitamment avec l’exoné- torité de tutelle de la Commission natio- Forbes. Soit une progression de 18 % en un an. Et mesures nécessaires à caractère légal ou réglementaire,
ration de la taxe spéciale sur les sociétés ; nale des investissements. Les dossiers dans cette course à l’abondance, c’est Bill Gates pour créer un cadre propice à la promotion et au dévelop-
l’application de la taxe au taux réduit à 5% examinés portent essentiellement sur les (76 milliards de dollars estimés), fondateur de pement des entreprises privées congolaises dans les sec-
à l’importation des équipements en rem- secteurs des BTP, l’hôtellerie, la fabrica- Microsoft, qui reconquiert son leadership aux dé- teurs clés de l’économie, notamment ceux des mines, des
placement de l’exonération antérieurement tion des matériaux de construction et des pens du Mexicain Carlos Slim. hydrocarbures et de l’industrie de base. » Au sens de cette
accordée sur les droits et taxes de douane. articles en plastique, et le recyclage des directive, on entend par entreprise privée congolaise « toute
Par ailleurs, la durée d’application des déchets. entreprise constituée et enregistrée au Congo, ayant son
conventions d’établissement a été limitée siège au Congo et dont les parts ou actions sont détenues
à trois ans, conformément à l’article 13 du Jean-Jacques SAMBA en majorité par des citoyens congolais ».
12 congo économie - N°3 - avril 2014 Laser Laser congo économie - N°3 - avril 2014 13

Le secteur minier Partenariat public-privé :


sociétés privées congolaises. de tonnes de fer à partir des itabirites pendant pouvant aboutir à la délivrance du CAP.
Ces mesures sont édictées sur la base de vingt-cinq ans. 800 emplois sont attendus. Les Cefa fonctionneront comme des entre-
l’expérience et des meilleures pratiques - D.M.C-Exxaro, avec la mine de Mayoko, prises éducatives au sein desquelles le direc-
observées dans d’autres pays, notamment
congolais, un gisement qui a des réserves 685 millions de tonnes, teur joue le rôle de « véritable manager »,

pour améliorer
en Afrique…, tout en gardant à l’esprit une production prévisionnelle de 17 millions capable de mobiliser des ressources, de dialo-
l’exigence, pour le Congo, de demeurer de tonnes par an, soit de 500 000 tonnes par guer avec le secteur productif local pour iden-
un pays attractif pour les partenaires étran-
gers, précise la directive présidentielle.
potentiel d’emplois an au démarrage et 1 000 emplois attendus.
- MPD, avec la mine de Zanaga, qui a 6,8
tifier les besoins de formation et les opportu-
nités de placement des apprenants pour des

l’employabilité des jeunes


En réalité et dans la pratique, les grandes milliards de tonnes de minerai de fer de ré- stages en entreprise ou des emplois. Ce projet
entreprises installées au Congo, les serves ayant une teneur à la surface un can- expérimental s’appuie sur l’analyse fine de
donneurs d’ordre de travaux n’ont pas Le Projet d’appui à la diversification de l’économie ga/cuirasse à hématite hautement enrichie la demande socioprofessionnelle, qui met en
attendu cette directive pour se mettre (60% de Fe) Itabirite fraîche massive/BIF évidences des nouvelles formes de formation
dans cette dynamique. Car Il ne suffit (Pade) a organisé un atelier thématique d’échanges (20%-35% de Fe), une production envisa- selon une approche par compétence, dans des
pas de faire des lois, mais aussi que les sur le potentiel d’emploi et les offres de formation gée de 45.000.000 de tonnes par an. Plus de dispositifs d’alternance impliquant directe-
entreprises soient en capacité de pouvoir
dans le secteur minier, le 14 mars 2014, à la chambre 1000 emplois sont attendus. Dans un contexte marqué par la mondialisation de l’économie et la crise du mar- ment les entreprises et l’ensemble du secteur
répondre à ces ordres ou appel d’offres. - Congo Mining, avec la mine de Mayoko- ché de l’emploi, une meilleure connaissance de la nature du marché du travail productif, ce qui est une nouveauté dans le dis-
L’une des stratégies à mettre en place de commerce de Brazzaville. Au cours de cet atelier, Moussondji, qui a 182 millions de tonnes positif fonctionnel actuel des établissements
pour permettre le développement du les participants ont suivi tour à tour les présentations d’hématite et 735 millions de tonnes de et une analyse de la demande socioprofessionnelle, tout comme une articula- d’enseignement technique et professionnel en
local content est la rencontre entre les magnétite de réserves, avec une production tion aux réalités socio-économiques locales, régionales et nationales, s’avèrent République du Congo mais également au sein
entreprises congolaises, qui ont besoin du projet Pade, du Fonds d’appui à coûts partagés prévisionnelle de 3 millions de tonnes par an de l’Afrique centrale.
d’être accompagnées, et celles du Nord, (FACP), le programme des subventions à la formation et 800 emplois attendus. indispensables.
plus aguerries. C’est la dynamique insuf- Face à ce panorama enchanteur, M. Aimé Le Cefa des Métiers de la mainte-
flée par Total E&P Congo, (l’un des plus et des modalités d’intervention au FACP, le référentiel Emmanuel Yoka, directeur général de Une quête sans fin : l’adéquation Le Centre d’éducation, de formation - soit le Certificat d’aptitude professionnelle nance industrielle à Pointe-Noire
grands donneurs d’ordre de travaux du des métiers miniers. Congo Iron et président de la fédération emploi/formation et d’apprentissage (Cefa) (CAP) du métier considéré pour les appre- Plusieurs études sur les besoins en qualifica-
Congo) à travers la mission Oil & Gaz des mines d’Unicongo, a présenté le poten- La situation de l’emploi en République du Le METPFQE a engagé un processus de nants ayant satisfait aux épreuves terminales tions ont été menées à divers titres : une en-
qui a eu lieu récemment à Pointe-Noire, Les moments les plus captivants de cet ate- - Sintoukola Potash, avec 804 millions de tiel d’emplois, actuels et futurs, les besoins Congo est au centre des préoccupations conception et de mise en œuvre de nouveaux telles que définies dans le référentiel de cer- quête sur le besoin en main-d’œuvre dans la
et qui a permis de mettre face-à-face les lier ont été la présentation de la cartographie tonnes de réserve à 19% de K2O et 337 mil- qualitatifs, les canaux de formation et de re- du Gouvernement, qui en a fait un objectif dispositifs de formation par apprentissage tification et au regard du Livret profession- ville de Pointe-Noire a été lancée par l’Asso-
grandes entreprises européennes suscep- actuelle du potentiel de recherche et d’ex- lions de tonnes à 10% de K2O, une produc- commandations. Il a relevé que les besoins central de sa politique de développement. impliquant les secteurs productifs et les nel d’apprentissage, qui restitue les appré- ciation Pointe-Noire industriel (Apni) et exé-
tibles de candidater dans le projet Moho- ploitations minières au Congo par Monsieur tion envisagée de 2 millions de tonnes par en formation dans le secteur minier étaient Ainsi, les choix stratégiques faits pour les partenaires de la société civile dans la créa- ciations du formateur de Cefa et du tuteur cutée par son observatoire des marchés au
Nord avec leurs homologues congolais, Séraphin Moumpossa, directeur général de an, avec 800 emplois attendus. confrontés à un cruel déficit d’offres locales. années à venir visent à accroître substan- tion de Centre d’éducation, de formation et d’entreprise; cours du mois de juin 2007. Préalablement,
que Total E&P Congo entend intéresser à la géologie au ministère des Mines et de la - Luyan des mines, avec la mine de Mboukou- Il a introduit son intervention par une suc- tiellement l’offre et à améliorer le marché d’apprentissage (Cefa) pour améliorer l’em- - soit, en concertation avec les représentations une étude sur les besoins en qualifications a
son projet. Et c’est dans cet élan que le Géologie. Cette cartographie a été résumée massi et des réserves de 1.146.550.000 cincte photographie de la fédération des de l’emploi. En outre, des efforts seront ployabilité des jeunes. Les caractéristiques professionnelles, une Attestation de recon- été conduite par les services de l’UCP-ETP
pétrolier français à organisé, il y a trois au niveau des grands projets de potasse : tonnes de carnallite, une production prévi- mines solides d’Unicongo, créée le 22 mars déployés pour une meilleure adéquation d’organisation et de fonctionnement des naissance de qualification professionnelle en partenariat avec Unicongo, et a abouti à
mois, une formation d’une quarantaine de - MPC, avec respectivement 800 milliards sionnelle de 600.000 tonnes par an, un dé- 2011 suite au fort développement du secteur entre les besoins du marché et la forma- Cefa placent le partenariat « CEFA/Entre- (AQP). Celle-ci, reconnue par les conven- une première identification des filières de la
managers congolais au concept de mana- de tonnes de réserves dans la zone de Mengo marrage de la production en 2015, et plus de minier, constitué à ce jour de huit socié- tion des jeunes, qui demeurent sévèrement prise » au cœur des dispositifs de formation tions collectives, précise un niveau de quali- future structure pédagogique du Cefa.
ging qualité. et une production envisagée de 1,2 million 300 emplois attendus. tés : Congo Iron SA, MPD, Soremi, MPC, touchés par le chômage. C’est d’ailleurs professionnelle des jeunes et des personnels fication dans un emploi propre à la branche,
de tonnes par an, 4 000 emplois attendus Les projets de fer concernent : Congo Mining, Exxaro, Sintoukola Potash, à ce titre que, dans le budget 2013 de en situation d’emploi. Dans ce nouveau acquise généralement à l’issue d’un parcours François SITAC,
Jean Banzouzi Malonga dont 2 000 directs. - Core Mining, avec la mine du mont Avima, Cominco. Il a ensuite présenté un aperçu des l’Etat, une part importante du financement contexte, le Gouvernement a signé deux de formation personnalisé, plusieurs AQP coordonateur national Sofreco
qui a des réserves de 580 millions de tonnes différents corps de métiers qui révèlent des du système éducatif est accordée priori- conventions de financement avec :
de minerai de fer de haute teneur (60%), 690 besoins énormes pour une industrie minière tairement à l’enseignement technique et - la Banque africaine de développement
millions de tonnes de minerai dont la teneur embryonnaire (voir encadré ci-dessous). Il a professionnel, pour donner les moyens (BAD) dans le cadre du Programme d’ap-
est comprise entre 30 et 45,5%, une produc- particulièrement insisté sur le goulot d’étran- au ministère en charge de la Formation pui à la réinsertion socio-économique des
tion prévue de 35 millions de tonnes par an, glement qui se situera dans les secteurs tech- technique, professionnelle, de la Forma- groupes défavorisés (PARSEGD), pour
un démarrage de cette production en 2019, niques de base et intermédiaire, notant la tion qualifiante et de l’Emploi de mettre l’appui à la création de trois Cefa : Métiers
et 600 emplois attendus. nécessité de faire une place aux femmes pour en œuvre la politique du gouvernement de services à Pointe-Noire, Métiers ruraux
- Congo Iron, avec la mine du mont Nabem- relever ces défis. Au niveau management (pu- congolais en la matière. à Dolisie, Métiers de service à Brazzaville ;
ba, qui a des réserves totales de 352 millions blic ou privé), le président de la fédération a - l’Agence française de développement
de tonnes de minerai de haute teneur (55- affirmé que les besoins sont indéniables, mais
62,4%), 1.722 milliards de tonnes avec une gérables. Ils se rapportent à la stratégie de dé-
teneur de 33,9%. L’exploitation est prévue veloppement, à la fonction de contrôle et suivi
en deux phases, la première de 35 millions des activités et fiscalité, au suivi comptable et
de tonnes par an de fer à haute teneur pen- à l’évaluation économique.
dant dix ans, et la deuxième de 35 millions Jean-Jacques SAMBA

 
DOMAINE MINIER USINE METIE RS SUPPORT
(AFD), avec le Projet d’appui à la refonda-
tion du système d’éducation et de formation
- Ingénieur en chef - Directeur de projet - Gestionnaire des ressources (Parsef), visant la construction de deux Cefa :
- Ingénieur principal des mines - Manager de projet humaines Métiers du BTP à Brazzaville, Métiers de la
- Ingénieur des mines - Manager construction - Surveillant en ressources maintenance industrielle à Pointe-Noire.
- Ingénieur des mines débutant - Manager contrats humaines
- Géologue minier en chef - Manager maintenance - Chef comptable Promouvoir l'emploi et répondre aux
- Géologue minier - Ingénieur planning - Comptable principal besoins du secteur productif : éduca-
- Arpenteur en chef - Ingénieur contrôle coûts - Comptable/superviseur tion et formation professionnelle
- Technologue minier Ingénieur QA/QC de la comptabilité
L’AFD fournit une assistance au METPFQE
- Mineur de surface - Ingénieur mécanique - Acheteur principal
- Mineur de fond - Ingénieur électricité - Acheteur
à travers la convention de financement CCG
- Opérateur en minéralurgie - Ingénieur civil - Commis aux comptes « Dans notre pays, tout doit être fait pour 3006 1A signée le 4 octobre 2007 avec le
- Superviseur - Métallurgiste en chef créditeurs que l’enseignement technique et la for- Gouvernement congolais, pour la mise en
- Arpenteur - Ingénieur métallurgiste - Superviseur de la paye mation professionnelle répondent aux œuvre du Parsef.
- Soudeur - Ingénieur procédés de fabrication - Surintendant des services contraintes évolutives du monde sociopro-
- Formateur - Technologue principal en réglage environnementaux fessionnel, induites par les progrès tech- Les missions qui sont dévolues au
- Coordinateur Forage - Technologue en réglage - Agent de l’environnement nologiques fulgurants. Les enseignements Cefa TOTAL CONGO SA
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et légers professionnel, de la Formation qualifiante tion actant de l’atteinte d’un niveau donné
et de l’Emploi. de compétence :
14 congo économie - N°3 - avril 2014 Grand angle Grand angle congo économie - N°3 - avril 2014 15

sucess story chis, oranges, ananas et autres fruits de la renouvellement des machines vétustes et
passion devront alimenter la chaîne. Pour à l’acquisition d’une nouvelle ligne de

Produits Bayo :
cela, l’entreprise investit dans la création production de yaourts, celle de la trans-
et le développement de vergers à Mataka, formation des fruits locaux en concentrés
Louzamou et Songa, dans le département de jus, d’une ligne de soufflage de bou-
du Pool. teille en PVC, et celle de traitement et de
En attendant les premières récoltes et conditionnement d’eau. L’eau est d’ail-

une volonté de
l’opérationnalité de ce projet, FPLAPA leurs un nouveau produit Bayo qui sera
organise déjà des marchés de collecte bientôt sur le marché.
auprès des producteurs de fruits locaux. Bien que les produits laitiers et les jus de
Yokama, près de la gare de Matoumbou, fruits soient plus connus des consomma-
les districts de Louingui et de Boko sont teurs, FPLAPA, qui emploie 118 agents,

diversification
les sites retenus avant d’étendre cette fabrique aussi depuis 2008 des cahiers
activité dans les autres départements du qui ne connaissent pas de mévente, avec
pays. Selon Gilbert Bayeni Lupey, cette une production de quelque 15 000 unités
initiative inclusive d’approvisionnement par jour. A cette usine de cahiers située
est surtout un encouragement pour les à Mbouono, la Fabrique des produits lai-
paysans afin de plus produire, et dévelop- tiers, alimentaires, de papeterie et assi-
per, par la même occasion, l’arrière-pays. milés projette de produire une gamme de

I
Désarticulée lors des différents conflits que le nstallés dans la banlieue sud de commerciales, notamment la vente des La Fermière, auprès de qui il recevra Une gamme de produits élargie papier hygiénique pour le marché local et
Brazzaville, les deux sites de pro- fournitures de bureau sous l’enseigne des un enseignement approfondi sur la qua- Avec une production journalière actuelle Des ambitions non assouvies sous-régional. Une véritable ambition qui
pays a connus dans les années 1990, la Fabrique duction de la Fabrique des produits Ets Bath. Il profite d’un voyage en France lité des yaourts. Une expertise qui lui de 20 000 pots de yaourt, à laquelle Outre la satisfaction du marché local en ne cesse de s’étendre.
laitiers, alimentaires, de papeterie pour faire avancer son projet d’activités servira grandement pour faire naître, en s’ajoutent le lait caillé et celui en poudre jus de fruits, l’ambition de cette entre-
de produits laitiers, alimentaires, de papeterie et assimilés (FPLAPA), à savoir Massi- laitières et alimentaires en acquérant 1992, la marque Bayo. Ces efforts seront instantané, la Fabrique des produits lai- prise est aussi d’exporter les concen- Jean Clotaire HYMBOUD
et assimilés (FPLAPA), qui conditionne les sia pour les produits laitiers et Mbouono une étuve, une cuve de 200 litres et une interrompus en 1998 lors des conflits tiers, alimentaires, de papeterie et assi- trés de fruits congolais, un autre axe de

Congo
pour les boissons et les articles en papier, conditionneuse manuelle. Un matériel récurrents que le pays a connus, avec milés élargit, dès 2005, sa gamme de son évolution. Pour l’heure, FPLAPA,
produits Bayo, diversifie son offre pour répondre sont aussi retirés que leurs produits sont qui sera inexploité deux ans durant, faute destruction et pillage de matériels. Repli produits en s’attaquant au marché des qui a bénéficié de l’expertise du Pro-
aux exigences et à la demande du marché local. connus et appréciés des consommateurs. de capitaux pour concrétiser ce projet. sur Pointe-Noire, capitale économique, jus de fruits. Quotidiennement sortent de gramme intégré de relance industrielle
Spécialisée dans la transformation des Entre-temps, Joseph Louvouezo conti- qui présente des conditions de sécurité cette chaîne 8 000 bouteilles, toute conte- (Piri Congo) initié par l’Organisation
Tout en promouvant la production paysanne de produits laitiers, la production des jus de nue d’affiner le projet pour lancer la pre- adéquates pour installer une deuxième nance, de jus naturels non gazéifiés de des Nations unies pour le développement

&
fruits et la fabrication des cahiers, cette mière production de yaourts conditionnés fabrique, à Tchimangui, en 1999. Un an divers fruits provenant d’Afrique du Sud. industriel (Onudi) pour un renforcement
fruits locaux, qu’elle projette de conditionner société à responsabilité limitée uniper- dans des pots « Yogo Santé », en 1987. plus tard, grâce à un crédit obtenu à la Pour Gilbert Bayeni Lupey, coordonna- des capacités productives et commer- B usin e ss
avec des équipements déjà en place et testés. sonnelle, dotée d’un capital de 20 mil- Conseillé par la Caisse française de déve- Socofin et à l’apport technique du cabinet teur des départements et services, le défi ciales, a obtenu des banques locales une F inanc e S
lions de francs CFA, a été officiellement loppement (CFD) en 1990, il rencontre de conseil Bernard Sergent Ingenering, actuel de FPLAPA est l’approvisionne- ligne de crédits de quelque trois milliards
créée en 1992 par Joseph Louvouezo. Dès M. Guinchar, un industriel français du Joseph Louvouezo réhabilite la chaîne ment des usines en fruits locaux, qui ne de FCFA avec 20% d’apport personnel.
1985, ce promoteur a exercé des activités secteur, président-directeur général de laitière de Brazzaville. manquent pas de saveur. Mangues, lit- Un financement qui sert présentement au

Groupe BAYO
Siège social : Brazzaville - BP 4022
Tél. : (+242) 05 725 98 11 / 04 415 91 45 • E-mail : fplapabayo@yahoo.fr
F.P.L.A.P.A. Laiterie Bayo
Activités Agroalimentaires Nos produits déjà disponibles
• Fabrique de yaourts à boire • Yaourts aromatisés • Mise en bouteille et vente d’eau
• Fabrique de lait caillé • Lait caillé minérale
• Fabrique de jus naturel • Jus de fruit naturel • Transformation des fruits locaux
• Fabrique de yaourts • Yaourts nature en concentré de jus
• Fabrique de yaourts fruités • Lait en poudre instantané
• Ensachement de lait en poudre

Fabrique de Produits de Papeterie et Assimilés


Activités de papeterie Nouveaux produits
• Fabrique de cahiers scolaires, rames et ramettes de feuilles • Cahiers G ro
up e
O
BAY
• Fabrique de papiers hygièniques • Rames de feuilles
• Emballage de rames de feuilles

Nos unités de productions


F.P.L.A.P.A : Fabrique de produits laitiers et alimentaires
de papeterie et assimilés (laiterie Bayo)
Brazzaville : Mbouono Pointe Noire : Face Aéro club
BP 4022 BP 5815
Tél. : (+242) 05 725 98 11 Tél. : (+242) 05 523 65 48
(+242) 04 415 91 45 Fax : (+242) 04 465 30 76
F.P.L.A.P.A.: Papier Josepha BAYO
BTP
Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 17

dossier
Le BCBTP confirme son
ambition de jouer les premiers
rôles dans le secteur des BTP
En se dotant d’importants matériels techniques de pointe, le
Bureau de contrôle du bâtiment et des travaux publics (BCBTP)
entend créer de véritables passerelles d’échange et de coopé-

BCBTP
ration technique avec tous les opérateurs du secteur.

D
ans la perspective de conférer à la Répu- (méthode européenne), comprenant une presse à rôles en Afrique dans ce secteur stratégique des
blique du Congo sa réelle vocation de compactage giratoire (PCG3), un orniéreur et une BTP, en tant que partenaire de référence. Son ex-
pays de transit au sein de la Communauté machine d’essai de fatigue et de détermination du pertise s’est considérablement accrue et ses capa-
économique des Etats de l’Afrique cen- module des enrobés. En plus desquels on note des cités d’intervention, tant matérielle qu’humaine,
trale (CEEAC), le gouvernement de la République ateliers de forage d’eau et d’autres équipements tendent vers l'excellence.
s’est engagé à allouer au BCBTP une subvention de laboratoire et de contrôle technique. Le BCBTP
d’équipement conséquente pour l’acquisition confirme donc son ambition de jouer les premiers Dominique Manga & Jean Banzouzi Malonga
d’un important lot de matériel technique moderne
composé, entre autres, de matériels et instruments

Un vaste programme
d’auscultation des chaussées, parmi lesquels un
radar d’auscultation des épaisseurs et la qualité des
couches de chaussées, une dynaplaque pour la me-
sure de la portance des plateformes de chaussées

de construction
et des bâtiments industriels, et un déflectographe
Lacroix pour la mesure de la déflexion (déforma-
tion) de toutes les chaussées. On compte aussi un
analyseur du profil en long pour la mesure de l’uni-
longitudinal des chaussées, un IMAG mesurant

pour l’habitat
et évaluant les conditions de sécurité des pistes
aéronautiques pendant les phases de décollage et
d’atterrissage des avions.
« En se dotant de ces matériels, le Bureau de
contrôle du bâtiment et des travaux publics, sous
l’impulsion de sa tutelle, le ministère de l’Equi- Pour combler le déficit dans le domaine de l’habitat, l’Etat
pement et des Travaux publics, entend créer des
véritables passerelles d’échanges et de coopé- congolais s’est engagé dans un vaste projet de construction
ration technique avec tous les acteurs impliqués de logements sociaux. Et le secteur privé n’est pas en reste
dans le bâtiment et travaux publics, ce au plan
national, sous-régional et régional. Avec comme de cet élan.
ambition l’érection des ouvrages pérennes et de
qualité, au moyen des outils modernes et perfor- Dans le cadre de l’exécution du Plan national de mande toujours croissante, le gouvernement congo-
mants que cette béquille technique, de surcroit développement 2012-2016, il a été prescrit au minis- lais s’est lancé dans un programme de construction
conseil de l’Etat dans l’art de bâtir, entend dé- tère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Ha- tous azimuts des HLM. Ce projet vise à construire
sormais mettre à la disposition de tous », déclare bitat une dizaine de missions, en tête desquelles la environ 2 800 logements à fin 2014, notamment à
avec fierté M. Louis-Patrice N'Gagnon, ingénieur construction des logements sociaux et l’organisation Brazzaville et Oyo. Ce programme est réalisé par la
en chef des travaux publics et directeur général du secteur immobilier. Ainsi, ces dernières années, société chinoise Weitec, pour un coût global d’envi-
du BCBTP. l’action de ce ministère s’est beaucoup plus focali- ron 103 milliards de FCFA, incluant la construction
Une fierté légitime, d’autant plus qu’à ce jour le sée sur l’habitat, notamment la construction de cités des 200 logements de l’ex-camp de Mpila et ceux du
BCBTP se présente comme l’entité la mieux équi- d’habitation modernes. Depuis son indépendance il camp 15-Août, au centre-ville, dont la réalisation a
pée d’Afrique centrale en matériel de contrôle y a une cinquantaine d’années, le Congo a toujours été confiée à Beijing Construction.
des bâtiments et travaux publics. Surtout qu’en accusé un déficit criard en matière de logements dits A Pointe-Noire deux sites de construction de loge-
plus de ce matériel déjà cité, il y aussi du maté- sociaux. Et pourtant, le pays ne compte qu’à peine ments sociaux sont retenus. Le premier est celui du
riel de formulation des enrobés du niveau 1 à 4 4,5 millions d’habitants. Pour répondre à une de- village Diosso, dans le district de Loango, où seront
18 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 19

Délégation générale aux grands travaux :


dans la périphérie nord-ouest de la ville. Ce projet, dit « Les les prix de revient de nos réalisations. Dans nos réalisations
résidences Caraïbes », sera quasiment une nouvelle petite de cité résidentielle, nous faisons des routes, des ponts, des N’empêche, la DGGT est souvent accusée
ville, le long du littoral, avec toutes les commodités souhai- extensions d’électricité que nous préfinançons. Nous sou- d’être à la fois juge et partie, dans ce sens

sur tous les fronts


tées. Un autre projet similaire de 100 logements à Brazzaville haitons être accompagnés par l’Administration publique que c’est elle qui attribue les marchés, les fi-
est aussi en projet avec Maisons Sans Frontière. Les travaux pour amortir ces investissements sous une forme négociée, nance et en contrôle le résultat. Jean-Jacques
devraient démarrer cette saison sèche, sur les hauteurs de la malheureusement, nous ne sommes pas très souvent écou- Bouya s’en défend: « Notre action étant
ville capitale, à Mont-Barnier. tés. Nous ne demandons pas des exonérations totales, mais transversale, chaque fois qu’un ministère
Mais si le secteur privé parvient à réaliser ce genre de projets, au moins des taux réduits. Cela nous permettrait de réduire souhaite réaliser un projet, nous en recevons
ce n’est pas sans difficultés, notamment sur le plan de l’accès un peu les coûts de nos maisons, ou de réduire les coûts les caractéristiques techniques. Nous les

des BTP
au domaine foncier, et surtout sans l’aide de l’Etat. M. Roger d’investissements. » Résorber le déficit et réduire le coût des examinons ensemble puis nous lançons un
Roc, le directeur général gérant de la société Maisons Sans logements demeurent encore une gageure pour les autorités appel d’offres national ou international en
Frontière, s’en plaint en ces termes : « Le secteur du bâtiment congolaises. N’empêche, les constructions de logements dits vue de sa réalisation. Ce processus est sys-
connaît plusieurs problèmes. On nous demande de réaliser sociaux en cours à Brazzaville, Pointe-Noire, Oyo, Kinkala tématique. Les choix de travaux se font en
des bâtiments à moindre coût, mais cela nous paraît diffi- et ailleurs constituent, un tant soit peu, un début de solution. concertation avec les ministères concernés,
cile à faire, d’autant plus que les matériaux de construction via la mise en place d’une commission à la-
sont fortement taxés à l’importation. Cela se répercute sur Jean Banzouzi Malonga quelle tout le monde participe : bénéficiaires
du projet, collectivités locales, ministère de

A
construits 152 logements, en plus d’un centre de santé, d’un tort ou à raison, cette sorte de mas- Au lendemain de la guerre civile qu’a connue le l’Aménagement du territoire, etc. Une fois
poste de sécurité publique, d’un jardin d’enfants, etc. A cet todonte fut taxée dès le départ de « le projet retenu et l’entreprise exécutante
effet, 62 hectares de terrain ont été acquis pour la construc- doublon », jouant quasiment le rôle
Congo, de 1997 à pratiquement l’an 2000, il a fallu re- sélectionnée, nous signons un contrat. Nous
tion imminente de logements sociaux qui vont du F3 au F5. dévolu aux ministères en charge de mettre le pays sur la voie du développement en créant le signons parce que l’Etat nous a délégué
Ils seront exécutés par la société chinoise SZTC (Société la Construction, de l’Urbanisme et de l’habi- les conditions d’une reconstruction rapide et quasi la maîtrise d’ouvrage de ses grandes réa-
Zhengwei Technics Congo). tat, et d’autre part des Travaux publics et de lisations et qu’à ce titre, nous assumons la
Le deuxième site est celui de l’ex-camp de la police, en l’Equipement. Certains pensent que la créa- simultanée de l’ensemble des infrastructures. C’est responsabilité de leur exécution tant phy-
plein centre-ville de Pointe-Noire, où 1000 logements se- tion de la DGGT résulte de l’appréciation des ainsi que fut créée la Délégation générale des grands sique que financière ». Il faut souligner que
ront construits. La pr emière phase, qui a déjà commencé, échecs des différents plans de développement les projets sont financés par le ministère de
concerne un ensemble de quatre bâtiments de quatre étages économiques et des investissements sans travaux (DGGT), le 3 décembre 2002. Une structure l’Economie, des Finances et du Portefeuille
avec terrasse, abritant 22 logements chacun, soit un total de cohérence réalisés dans le passé. Et aussi par chargée de la passation et de l’éxécution des contrats public, qui assure les paiements après vérifi-
88 logements en plus d’infrastructures telles que les crèches, rapport aux lourdeurs constatées dans la mise de marchés publics, ainsi que des contrats de déléga- cation des tâches réalisées.
jardins publics, centre de santé, etc. en route des projets par les ministères tradi-
Comme pour donner plus de chance de réussite à ce projet, la tionnellement en charge de la construction. tion des services publics de l’Etat. La part du lion aux entreprises
gestion de ce programme a été confiée à la Soprim (Société Quoi qu’il en soit, il y a un peu plus d’un an, chinoises
de promotion immobilière) qui remplace l’ancienne Soprogi. la Délégation générale des grands travaux a d’un seul et même ministère était nécessaire. vation de la DGGT au rang de ministère a En une douzaine d’années d’existence, la
La Soprim est le promoteur du programme immobilier exé- été transformée en un ministère à part entière, Cela nous a en effet donné les moyens de aussi l’avantage de permettre au Parlement Délégation générale aux grands travaux a
cuté par le ministère de la Construction, de l’Urbanisme et prenant en compte l’aménagement du terri- mettre en œuvre de manière pragmatique de contrôler son action, et, le cas échéant, de réalisé plusieurs projets : plus de 1 000 kilo-
de l’Habitat. toire. « Le regroupement de la Délégation gé- la politique ambitieuse du chef de l’Etat et lui donner satisfecit sur ses réalisations. Car mètres de routes ont été bitumés. Huit aéro-
Cependant, même si ce programme offre des opportunités de nérale aux grands travaux et du portefeuille d’obtenir des résultats palpables », explique jusque-là la DGGT échappait au contrôle de ports, quelque 200 bâtiments administratifs,
logements à plusieurs Congolais, il apparaît que ces maisons de l’Aménagement du territoire sous la coupe le ministre Jean-Jacques Bouya. Cette élé- l’Assemblée nationale. une douzaine d’usines et de systèmes d’ad-
ne sont pas, de l’avis général, des habitations à loyer modéré.
En effet, les prix de ces habitations ne sont pas à la portée du
Congolais à faible ou moyen revenu. Quand on pense que le
Smig est de 50 400 francs et que le salaire du fonctionnaire le
moins payé est de 90 000 francs, il est réellement impossible
d’acquérir ces habitations, dont les coûts sont de l’ordre de
65 millions de francs CFA pour le modèle de trois chambres,
et 79 millions pour le modèle de quatre chambres. C’est plu-
tôt le projet de 1 000 logements, lancé en 2010 à Kintélé, qui
pourrait répondre à la demande des plus démunis. Ce projet,
d’un coût prévisionnel de 50 milliards de francs CFA, est
réalisé par la société israélienne AB Construction Ltd, avec
la participation de SGE-C (une entreprise française) et de
l’entreprise chinoise DAWA Ingeniering. Mais les autorités
politiques congolaises sont conscientes des coûts élevés de
ces maisons. Le ministre de la Construction, de l’Urbanisme
et de l’Habitat, M. Alphonse Silou, disait à ce propos que
«  ce n’est qu’en produisant, localement, tous les intrants
dans la construction qu’on pourra baisser les coûts de pro-
duction et nous rapprocher du véritable pouvoir d’achat de
nos concitoyens. Il sera également indispensable de changer
de paradigme dans la façon de résoudre le problème du loge-
ment, non seulement en répondant aux besoins des pauvres,
mais aussi en faisant des logements abordables pour tous,
tout en évitant que les classes sociales à revenus plus élevés
s’approprient les logements destinés aux pauvres ».

L’empreinte du secteur privé dans la


construction de l’habitat
A côté des projets étatiques, ces dernières années, le secteur
privé s’implique de plus en plus dans des projets de construc-
tion de l’habitat. Et sur ce volet, il est sans conteste que c’est
la société Maisons Sans Frontière qui se distingue le plus.
Cette société, basée à Pointe-Noire, a viabilisé et mis en
valeur l’ancienne lagune de Tchikobo, où 300 villas de haut
standing et d’architecture moderne ont été construites. Cette
cité résidentielle, appelée ROC de Tchikobo, est un équili-
brage socio-économique en plein centre-ville, puisqu’elle
compte une zone tertiaire (en construction) où seront érigés
16 immeubles de plus de 8 étages, qui abriteront des com-
merces, des bureaux, hôtels, banques et sièges de grandes
sociétés, etc. Maisons Sans Frontière, qui a déjà réalisé avec
succès le ROC de Tchikobo, envisage aussi à moyen terme
de construire une autre cité de 3 000 maisons à Pointe-Noire,
20 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier

duction d’eau. Et aussi le barrage hydroé-


lectrique d’Imboulou, d’une capacité de 120
Entretien avec
mégawatts (MW). D’autres, comme celui de
Moukoukoulou, d’une capacité de 78 MW, David Bourion, président de la fédération des BTP Unicongo

« Le secteur des BTP


réhabilités, celui de Liouesso (19 MW),
mis en chantier. Quelque 700 kilomètres de
lignes électriques ont été installés, ainsi que
1 000 kilomètres de fibre optique sont en
train d’être installés et raccordés aux cen-

est en pleine croissance  »


traux New Generation Network, etc.
Dans tous ces projets, il est sans conteste
que c’est aux entreprises chinoises que sont
revenus la plupart des chantiers. En effet,
dans le cadre de la coopération Sud-Sud, le
Congo et la Chine sont liés par un partena-
riat stratégique depuis 2006. Ainsi, le Congo Nouveau président de la fédération BTP d’Uni-
bénéficie dans ce cadre d’importants inves-
tissements chinois permettent de réaliser de congo, David Bourion, qui est également direc-
nombreux projets dans le cadre d’un vaste teur général de Socofran, s’emploie à mobiliser
programme d’équipement et d’aménage-
ment du territoire. On peut citer entre autres l’ensemble des entreprises du bâtiment et des
le barrage hydroélectrique d’Imboulou et ses travaux publics. Une manière de rendre la fédéra-
lignes à très haute tension, les routes Pointe-
Noire-Brazzaville et Brazzaville-Ouesso via
tion encore plus active, au moment propice où le
Owando et Makoua, la route Obouya-Okoyo secteur connaît une embellie. Décryptage.
jusqu’à la frontière du Gabon, la modernisa-
tion de l’ensemble des places aéroportuaires Congo Economie : Pouvez-vous nous pré- travaux d’électricité, de menuiserie métal- du point de vue du marché, des tendances ?
du pays. De récents accords de partenariat senter la fédération BTP dans son organi- lique, revêtements muraux et de sols, de David Bourion : Comme on peut le constater,
stratégique signés entre les présidents Denis sation et son fonctionnement ? climatisation, et aussi des entreprises plus l’activité du BTP est très importante au Congo
Sassou N’Guesso et Xi Jinping, il ressort la David Bourion : La fédération BTP Uni- importantes qui font également du bâti- depuis 2005, à la fois du côté des infrastruc-
réhabilitation des 200 logements sociaux et congo est l’une des douze fédérations de ment tout corps d’état. A côté de cela, nous tures publiques, pilotées par la Délégation gé-
la construction d’un port minéralier à Pointe- l’Union. Elle est en train de se développer avons cinq ou six très grandes entreprises nérale des grands travaux (DGGT), agissant
Noire. En plus de la réalisation de ces grands d’une manière assez importante depuis ces (parmi lesquelles Socofran) qui sont très pour le compte de l’Etat congolais en qualité
ouvrages, la Chine est présentedans la forma- deux ou trois dernières années, puisque actives, notamment dans toute la partie tra- de maître d’ouvrage délégué, mais également
tion des cadres congolais du BTP, capables auparavant elle n’avait qu’une activité assez vaux publics, revêtement des routes, VRD, au niveau privé, notamment à Pointe-Noire
d’exploiter ou d’assurer la maintenance de réduite. Elle est en passe de retrouver de la grands terrassements et autres. où beaucoup de développements se font en
ces infrastructures. vigueur. Nous comptons actuellement 26 Les principales entreprises du secteur n’ont termes de projets pétroliers et miniers. Il y a
membres, équilibrés entre Brazzaville et rejoint la fédération que ces trois dernières un peu partout dans le pays des travaux de
Jean BANZOUZI MALONGA Pointe-Noire, sachant que les grands acteurs années. Il y a donc un important effort qui construction des infrastructures portuaires,
sont présents dans les deux villes. Nous a été fait. Il s’agit entre autres de SGE-C aéroportuaires, des routes, de l’électricité, de
avons deux demandes d’adhésion en cours, Congo (Groupe Vinci), Escom, Astaldi, l’hydraulique et d’autres travaux exécutés
ce qui portera le nombre à 28 adhérents. Socofran et Unicon. Sipam va aussi nous dans le cadre de la municipalisation accélérée.
Les adhésions se font de la même manière rejoindre dans les prochaines semaines. Les Il s’agit d’un vrai maillage du pays en
que pour toutes les sociétés qui adhèrent à principaux acteurs du pays en matière de tra- termes d’infrastructures qui a été souhaité
Unicongo. C’est-à-dire par le dépôt d’un vaux publics et de construction de bâtiments par le président de la République, et qui
dossier administratif, juridique et fiscal jus- et de routes sont désormais membres de la se traduit aujourd’hui sur le terrain. On
tifiant de la régularité de la société, du bon fédération, ce qui lui donne bien entendu peut affirmer qu’il y a une tendance forte.
paiement de ses impôts et taxes, du bon res- plus de poids. Ce phénomène très favorable Aujourd’hui, le secteur du BTP est l’un des
pect des règles et lois du pays, notamment est lié à la nouvelle organisation d’Unicongo premiers pourvoyeurs d’emplois, mais éga-
en termes d’emploi du personnel. depuis bientôt deux ans. C’est-à-dire le ras- lement le premier à générer de la croissance
La particularité de notre fédération, c’est semblement entre Pointe-Noire et Brazza- dans le pays (on annonce un taux de 6 à
qu’elle regroupe des entreprises du bâti- ville, qui a permis de fédérer les différents 7%). Et ce n’est pas près de s’arrêter, car
ment et travaux publics dans toute sa vo- acteurs au sein d’une même fédération pour au niveau des perspectives à venir il y a en-
cation, c’est-à-dire des entreprises de gros la rendre plus active. core beaucoup de projets qui sont en train
œuvre, de second œuvre et d’autres spécia- de se déclencher, notamment avec les Jeux
lisées dans les corps d’état technique. Il y a Congo Economie : Comment se présente panafricains de 2015, qui vont permettre au
donc à la fois des PME qui assurent tous les actuellement le secteur des BTP au Congo secteur du BTP de poursuivre sur sa lancée.
22 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 23

Congo Economie : Quels sont les grands Ce qui est certain, c’est que les entreprises n’est pas forcément toujours la même... qu’en termes de commande privée avec les
problèmes auxquels les entreprises du sec- chinoises ont montré depuis plusieurs an- nombreux projets en cours dans les secteurs
teur des BTP sont confrontées ? nées leur capacité à répondre très vite à la Congo Economie : Quel est l’avenir du sec- pétroliers, miniers et industriels.
David Bourion : Nous avons plusieurs demande de l’Etat congolais sur certains teur des BTP au Congo, à court, moyen ou
types de problèmes. Le premier concerne grands projets. Elles sont capables de se long termes ? Congo Economie : Un souhait ? un vœu ?
les approvisionnements en matériaux. Il y mobiliser très vite, avec beaucoup de main- David Bourion : L’avenir du secteur des David Bourion : conformément au Pacte
a peu de disponibilité locale puisque, mal- d’œuvre, et d’exécuter des travaux dans des BTP est rassurant. L’avenir du Congo est de solidarité proposé en début d’année par
heureusement, le secteur industriel n’est pas délais très courts. Ce que de nombreuses positif puisque le pays a des recettes impor- le président d’Unicongo au président de la
encore assez développé. Hormis les agrégats entreprises, y compris européennes, ne tantes, notamment pétrolières. Il y a énor- République, je souhaite que nos entreprises
produits localement dans les différentes car- peuvent pas toujours faire. mément de projets pour mailler le pays en de BTP puissent être payées dans des délais
rières, la plupart des autres matériaux sont Mais il faut aussi faire la part des choses. infrastructures de base, comme le souhaite raisonnables. Lorsque les entreprises sont
importés, y compris parfois le ciment, même Au niveau de notre fédération BTP, nous ne le président de la République. Beaucoup de régulièrement payées il y a un bénéfice qui
s’il y a deux ou trois projets de cimenterie en comptons aucune entreprise chinoise. On projets miniers sont également en phase de en est tiré, tant pour l’économie que pour les
cours de réalisation en plus celle qui existe constate que ces entreprises ne respectent démarrage et devraient permettre de déve- populations. Les travaux sont réalisés dans
déjà. C’est une source de problème puisque pas forcément les mêmes obligations que lopper à terme l’hinterland. Ces projets ne des délais corrects, les infrastructures sont
cela augmente potentiellement les prix, alors les nôtres, que ce soit en termes de paie- peuvent exister que s’il y a des infrastruc- livrées et les populations peuvent en bénéfi-
qu’on pourrait peut-être produire certains ment d’impôts et taxes, que dans l’emploi tures de transport ; des routes et chemins de cier. Sans compter le rôle de redistribution qui
matériaux localement à moindre prix. De des Congolais. Elles emploient beaucoup de fer dédiés et des moyens logistiques. Le sec- est le nôtre, soit avec nos sous-traitants, soit
nombreux projets industriels en cours de réa- main-d’œuvre chinoise là où nous consen- teur du BTP est donc en ligne directe avec le avec nos fournisseurs locaux, et également
lisation devraient, nous l’espérons, pouvoir tons beaucoup d’effort pour former et ac- développement de tous les projets en cours. en favorisant le recrutement et la formation
améliorer les choses à court ou moyen terme. compagner la main d’oeuvre congolaise. En Il est évident que le secteur du BTP a une de la main-d’œuvre congolaise, que nous
Le deuxième type de problèmes, c’est la termes de prix et de délais d’exécution, ces forte croissance devant lui, tant en termes employons en priorité.
logistique. Tout passe par le port de Pointe- entreprises sont parfois plus compétitives de commande publique au travers des pro- Propos recueillis par
Noire, qui est le hub de la sous-région. Il y actuellement que les nôtres. Mais la qualité jets lancés par l’Etat congolais via la DGGT, Jean BANZOUZI MALONGA
a donc une problématique pour acheminer
les matériaux sur Brazzaville. C’est soit par

Une fédération qui


voie aérienne – et cela coûte cher –, soit par La rencontre a duré environ deux heures et
voie maritime jusqu’à Pointe-Noire puis l’ambiance était très conviviale. Les diffé-
par le chemin de fer, qui, heureusement, rents responsables ont échangé sur leurs dif-
enregistre quelques améliorations depuis

DGGT veut faire des émules


férentes préoccupations du moment.
quelques mois. Ou encore par la route Nous avons eu le plaisir de recevoir, en plus
Pointe-Noire/Brazzaville actuellement en des membres déjà inscrits à Unicongo, six
construction. Le tronçon Pointe-Noire/ dirigeants de société intéressés par une ad-

D
Dolisie, déjà achevé, facilite quelque peu le hésion à notre syndicat. A ce jour, quelques-
transport de nos matériaux. ébut février, nous avons organisé laissée nos aînés et que nous devons essayer
un «  café-casse-croûte » afin de de faire vivre. Une quinzaine de personnes unes de ces sociétés ont déjà confirmé leur
La troisième problématique rencontrée par intention de faire partie de notre équipe en
nos adhérents est celle des paiements. Il faut rassembler nos adhérents de la se sont retrouvées autour d’un café crois-
fédération BTP, ainsi que les diri- sant, suivi d’une assiette de charcuterie retournant au siège d’Unicongo leurs dos-
que l’Etat puisse honorer ses engagements siers complets d’adhésion. Nous veillerons
de paiement à temps pour permettre aux geants de société intéressés par une éven- préparée par l’équipe de Jacques Aliaga,
tuelle adhésion à Unicongo. Nous avons le sympathique propriétaire du restaurant à ce que nous puissions nous retrouver plu-
entreprises de réaliser leurs travaux et tenir sieurs fois dans l’année, pour échanger en
leurs délais. C’est un sujet qui revient régu- réuni ce petit monde dans un endroit autre La Taverne du Corse, à Brazzaville. Nous
que les bureaux de notre syndicat dans le avons eu également le plaisir d’être accom- toute décontraction devant un bon café et un
lièrement, mais qui s’est fortement accentué bon plateau de charcuterie.
ces six derniers mois. Des retards importants but d’une plus grande décontraction, et aussi pagné par notre vice-président, Alphonse
ont été pris par l’Etat, qui ont d’ailleurs aug- pour retrouver un peu cette « ambiance de Missengui, qui, malgré un emploi du temps
casse-croûte » que l’on peut retrouver sur très chargé, nous a honorés de sa présence Germain GARON, vice-président
menté la dette intérieure, particulièrement de la fédération des BTP
celle du secteur du BTP. certains chantiers, tradition que nous ont et a partagé avec nous ce moment agréable.
Le quatrième problème auquel nous
sommes confrontés est l’accès à la main-

Pointe-Noire/Brazzaville/Ouesso,
d’œuvre qualifiée. Le Congo regorge de
main-d’œuvre voulant travailler ; hélas, il
y a très peu de centres de formation profes-
sionnelle. Nous sommes obligés de faire de
la formation ou de l’accompagnement de
notre personnel en interne. Nous attendons
avec impatience le centre d’éducation de
artère vitale du réseau routier congolais
formation et d’apprentissage (CFA) en bâ-
timent, qui doit se mettre en place et dans La route Pointe-Noire-Brazzaville
lequel Unicongo est partenaire. Sans conteste, la construction de la route de circu- Le tronçon de la route Pointe-Noire-Dolisie
Il est indispensable que le niveau de forma- a officiellement été ouvert au trafic le 22
tion des populations congolaises augmente lation lourde, de la ville portuaire de Pointe-Noire décembre 2011. Environ 300 milliards de
pour qu’on puisse avoir demain plus de jusqu’à Ouesso via Brazzaville, va booster le dé- francs CFA, pour près de 160 km. C’était le
cadres congolais dans notre secteur, comme segment le plus difficile à réaliser de la route
dans d’autres d’ailleurs. Au sein d’Uni- veloppement du Congo. Si la plupart des chantiers nationale 1, qui relie la ville portuaire mari-
congo, nous essayons en interne depuis sont confiés à des entreprises chinoises, le contrôle time, capitale économique, à Brazzaville, la
quelques mois de développer un centre de capitale administrative et politique, soit un
formation pour certains types de métiers
technique de leurs réalisations revient plutôt à des peu plus de 535 km. Les travaux du second
particuliers à notre secteur d’activités. bureaux européens. tronçon Dolisie-Brazzaville (375 km) sont
en cours. Mais déjà l’impact est considérable
Congo Economie : Certains acteurs des au niveau de l’économie nationale. Lorsque,
BTP dénoncent les conditions d’accès aux le 20 mai 2009, les travaux de la route lourde
marchés publics et la part belle faite aux Pointe-Noire-Dolisie ont démarré effecti-
entreprises chinoises. Qu’en pensez-vous ? vement, très peu de Congolais y croyaient
David Bourion : Pour accéder aux mar- vraiment. Et pour cause, avec la présence de
chés publics de la DGGT il faut remplir un nombreux challenges à relever, parmi les-
certain nombre de conditions et de critères. quels le Mayombe, une zone au relief varié,
Notamment en termes de chiffre d’affaires, fait de montagnes, de profondes vallées, de
de capacité technique et financière (y com- forêt dense et où les pluies sont diluviennes.
pris pour absorber les retards potentiels de Et pourtant, la société chinoise China State
paiements). Dans ces conditions, il est évi- Construction Engineering Corporation LTD
dent que les TPE et PME ne peuvent pas y est parvenue en mobilisant 500 engins,
forcément avoir accès à certains grands plus de 3 000 ouvriers dont près de 800
marchés publics. chinois travaillant quasiment nuit et jour.
trans air Congo
26 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 27

Socofran :
Le tronçon a nécessité la construction de huit
ponts et la pose de 304 dalots sur une chaus- terminal à conteneurs, pour un montant de 32 milliards des problèmes de retard de paiement de l’Etat. Quand sance sont considérables, tant dans la construction des
sée de près de 16 m au point le plus large et de francs CFA. Les travaux ont consisté en la création l’Etat accuse de trop de retard sur ce plan, nous ne pou- bâtiments que dans les infrastructures de base. Bien que
de 11 m aux endroits les plus rétrécis. Pour d’un nouveau quai (G4) de 270 mètres dont les travaux vons plus nous approvisionner correctement auprès de la concurrence soit très rude, notamment avec l’arrivée

une si longue
la majorité des Congolais, cette route consti- sont déjà achevés, et en la réhabilitation des postes à nos fournisseurs et nous ne pouvons plus payer nos sous- massive des entreprises chinoises.
tue la plus grande infrastructure, ou mieux, quai existants (G1, G2 et G3) pour lesquels la fin des traitants. Alors les chantiers s’arrêtent, ou tout au moins Le secteur d’exploitation des mines solides, qui se déve-
le plus important projet jamais réalisé dans travaux est prévue dans le courant de cette année 2014. trainent en longueur ». loppe très rapidement dans le pays, est une niche de mar-
le pays depuis son indépendance en 1960. Soit un total linéaire de 800 mètres de quais. Le deu- chés pour les entreprises de travaux publics. Socofran a
D’un bout à l’autre, de Pointe-Noire à xième volet concerne la réalisation d’une nouvelle digue Des sollicitations des plus grands déjà été sollicité pour son expertise par le canadien Mag-

expérience…
Brazzaville, la construction de cette route extérieure de protection sur 300 mètres en mer, livrée A cela, il faut ajouter que l’entreprise est, à certains minérals Potasses Congo et l’américain Gerald Metals
nécessitera 9 millions de mètres cubes de en juillet 2012. Et toujours sur le port, un marché nous endroits, obligée de composer avec d’autres interve- (Soremi), qui développent des projets respectivement de
terrassement et 250 000 tonnes d’enro- été attribué par Congo Terminal (Groupe Bolloré), le nants qui ont des installations traversant les chantiers. potasse au Kouilou, et de polymétaux dans la Bouenza.
bés à dérouler. Pour un montant global de concessionnaire du terminal à conteneurs, pour la réali- Par exemple, les sociétés nationales d’électricité, de Tout cela est de bon augure.
300 milliards de FCFA. Mais il est vite sation de toutes les plateformes, dont une partie gagnée distribution d’eau, et aussi des PTT, qui sont des entre-
apparu que ces données seraient largement sur la mer. C’est un marché d’environ 30 milliards de prises d’Etat qui ne travaillent pas au même rythme que
remises en cause du fait que le trafic à francs CFA », précise M. David Bourion, le directeur Socofran. Quoi qu’il en soit, ses perspectives de crois- Jean De La Haute
écouler et les tonnages à évacuer avaient général de Socofran.
été sous-évalués. De ce fait, sur le tronçon L’année dernière, Socofran a aussi réalisé et livré à temps
Pointe-Noire/Dolisie, les constructeurs Créée il y a 70 ans, la société Socofran est l’un des ac- un chantier majeur du nord de la République, dans le
sont actuellement en train de reconsoli- teurs majeurs du secteur des BTP au Congo-Brazzaville. cadre de la municipalisation accélérée du département
der l’ouvrage en renforçant la couche de des Plateaux. Il s’agit des travaux de réhabilitation et de
bitume de la chaussée de circulation. C’est Son président et actionnaire principal, M. Hubert Pen- renforcement des chaussées des routes Ngo-Djambala et
le prix à payer pour booster le développe- dino, qui a posé ses valises dans ce pays en 1968, se Nord de Brazzaville, qui va être élargie en Djambala-Lékana, sur 165 km. Mais l’entreprise n’est SRL
ment du Congo, qui passe nécessairement considère comme un enfant du pays, façonnant une en- vue des prochains Jeux panafricains. Mais pas seulement engagée dans la construction des ponts et Société Générale de Construction
par cette route. En effet, il n’est pas exa- avant cela, Socofran a démontré son sa- chaussées. Ces dernières années, elle a aussi démontré
géré d’affirmer que le développement du treprise de droit congolais qui a su s’imposer par son sa- voir-faire dans d’autres réalisations, par- ses compétences dans l’érection de grands édifices. On Via Portella della Ginestra, 12
Congo passe nécessairement par la route voir-faire. La société, qui brasse actuellement un chiffre fois plus grandes, et en tout cas nettement peut citer entre autres l’immeuble ex-Socopao à l’entrée Umbertide
lourde nationale 1, en ce sens qu’elle per- plus complexes. L’histoire en témoigne… du Port autonome de Pointe-Noire, l’immeuble R+5 Tél : + 39 075 941 46 77
met de connecter l’unique port maritime d’affaires d’à peu près 70 milliards de francs CFA par d’Eni Congo (en face de la tour Mayombe), l’immeuble
Fax : + 39 075 941 46 48
du pays avec Brazzaville, en passant par an, compte environ 2 500 employés hors sous-traitants, De grandes réalisations R+7 sur l’avenue Charles-de-gaulle, à côté de Bureautec.
les autres villes secondaires. C’est non Socofran peut être fière d’avoir réalisé de Et en génie civil et industrielle, la nouvelle brasserie-li- www.seas.it
seulement une voie d’intérêt national,
dont 95 % de nationaux. grands projets d’infrastructures au Congo. monadière (Bralico) à Mongo-Kamba, ainsi que les tra- info@seas.it
mais aussi d’intégration sous-régionale En remontant le temps, on peut citer, entre vaux sur les aéroports de Pointe-Noire et d’Ollombo. Et
puisqu’elle fait la jonction avec le projet autres, au cours de la décennie 1980, les bientôt, Socofran réalisera le premier échangeur routier

L
de la CEEAC partant de Ndende (Gabon) a particularité de Socofran est qu’il avec 70% de fournisseurs locaux, avec une travaux de terrassement et de réalisation du Congo, à Pointe-Noire, sur l’avenue de l’Aéroport.
jusqu’à Dolisie (225 km). Puis joindre
Kinshasa en face de Brazzaville, sur la rive
s’agit une société congolaise qui
ne travaille qu’au Congo, et seu-
présence quasi permanente sur l’ensemble
du territoire national : à Brazzaville, Oyo,
des pistes d’accès pour le réalignement du
chemin de fer Congo-Océan, l’aménage-
Des entreprises pétrolières réputées très exigeantes en
matière de qualité et de sécurité ont fait confiance à la so- Génie Civil
gauche du fleuve Congo. En observant lement à titre ponctuel en dehors Ouesso et Dolisie, avec six carrières en ment du terminal pétrolier de Djeno et de ciété. Ainsi, dans le cadre du projet pétrolier Moho-Nord
le nombre impressionnant de conteneurs
convoyés par cette voie, il est certain que
du pays. Hubert Pendino, son P-DG, a
pris le parti de s’installer dans ce pays en
exploitation, dont deux dans la région de
Pointe-Noire, autant dans les environs de
la base industrielle d’Elf Congo (Total),
la route nationale 2 Brazzaville-Etsouali-
de Total E&P Congo dont on parle tant dans le pays (voir
Congo Economie n° 2), Socofran a réussi à décrocher un
Routes et Voiries
même avant terme, elle a déjà supplanté le
chemin de fer Congo-Océan.
y réinvestissant les revenus de son entre-
prise, notamment dans l’immobilier, et
Brazzaville, une à Dolisie et une autre à
Ouesso. Une véritable intégration dans le
Obouya, ainsi que celles de Kinkala-Boko
et Loudima-Sibiti. Plus récemment, So-
contrat. Il s’agit de la construction, en partenariat avec
Bouygues Construction, d’un atelier SPS à la base indus- Chemin de Fer
également dans les infrastructures propres pays, dans l’optique de vouloir faire tra- cofran s’est illustrée sur trois volets dans trielle de Total. Montant : 4,5 millions d’euros. Déjà, il y
Le tronçon Brazzaville-Ouesso de son entreprise, c’est-à-dire le siège à vailler les Congolais, pour le Congo. les chantiers du Programme d’investisse- a trois ans, dans le même secteur pétrolier, Socofran avait Ponts
La route nationale 2, reliant Brazzaville à Pointe-Noire, ainsi que ses différentes En termes d’activités, Socofran a beau- ments prioritaires du Port autonome de réalisé des travaux de terrassement et de pose de pipeline
Ouesso sur environ 980 km en passant par bases, gages d’une pérennité par rapport à coup de projets dans son carnet de com- Pointe-Noire (PAPN). « Nous y sommes pour le pétrolier Eni Congo.
Owando et Makoua, est classée bretelle de ses concurrents, entreprises souvent qua- mandes. L’un de ces nouveaux projets, intervenus en groupement avec Saipem SA
la Transafricaine de l’axe Lagos et Mom- lifiées « d’offshore » et parfois présentes sur lequel la société est adjudicataire, est dans le cadre d’un marché global de réha- Une démarche qualité aux normes internationales
basa. C’est la seconde artère principale du pour une courte durée. Socofran travaille le réaménagement de la deuxième sortie bilitation et d’extension des quais G du Cependant, même si les donneurs d’ordres lui font
réseau routier congolais. Après la réhabi- confiance, de nombreux Congolais critiquent sévèrement,
litation et l’élargissement des chaussées à tort ou à raison, la qualité des travaux réalisés par So-
de Djiri-Ingha (86 km) et Etsouali-Ngo
(60 km), respectivement confiés aux socié-
cofran, notamment sa lenteur dans l’exécution des chan-
tiers. David Bourion, son DG s’en défend : « Socofran, Aménagement
tés Escom et Socofran, l’Etat congolais c’est un peu comme l’enfant du pays ou de la famille qui
s’est attaqué à la réalisation des chantiers est toujours critiqué, plus fréquemment et plus ouverte- Hydraulique
des tronçons Owando-Ouesso en passant ment que les autres. Il faut noter que nous avons fait de
par Makoua (326 km). Le tronçon Owan-
do Makoua jusqu’à Mambili a été livré au
nombreux efforts depuis plusieurs années pour augmen-
ter le niveau de qualité de nos travaux. Nous travaillons
Aéroports
trafic le 15 mai 2012, entièrement financé
par l’Etat congolais pour un montant de Un réel engagement sociétal
actuellement aux normes européennes. Nous sommes
en train de lancer une démarche de certification ISO au Ports
près de 160 milliards de francs CFA. La travers de notre laboratoire. Sachez que, pour tous nos
construction de cette route a été confiée à la
compagnie chinoise China Road & Bridge
Socofran, qui se positionne comme une entreprise travaux, nous avons notre propre laboratoire certifié par
le ministère de l’Equipement et des Travaux publics, qui
Bâtiments
citoyenne, procède régulièrement à des dons de
Corporation. Le groupe allemand Gauff-In- matériaux aux populations. Ainsi, pour la construc- contrôle la qualité de l’exécution de nos travaux. Ce qui
génieur en a assuré le contrôle technique. tion du dispensaire de santé des sœurs religieuses nous permet d’avoir un gage de qualité dans ce que nous
L’ouvrage a été conçu pour accueillir un de Jhavouey, à Brazzaville, l’entreprise a participé réalisons. Ce n’est pas le cas de toutes les entreprises.
trafic de 1 000 à 3 000 véhicules par jour. à hauteur d’environ 20 millions de francs CFA en Notre qualité de travail n’a rien à envier à celle des ma-
Owando-Makoua étant achevé, il reste à re- matériaux, en partenariat avec le Rotary Club jors du secteur », souligne David Bourion.
lier Makoua à la ville de Ouesso (199 km), Doyen. Socofran participe aussi à la construction Ce qui est certain, c’est qu’il y a environ cinq ans, So-
dont les travaux sont d’ailleurs très avan- d’écoles, au financement d’acquisition de médica- cofran a mis en place en interne une démarche qualité par
cés, nécessitant un investissement de 129 ments et des fournitures scolaires. C’est le cas de l’élaboration des procédures en termes d’organisation et
milliards de francs CFA. Une fois termi- sa participation dans la réhabilitation de l’école d’exécution des travaux, et surtout dans la partie de son
née, la route nationale 2 permettra de relier primaire de Loandjili, à Pointe-Noire, en partena- laboratoire pour les essais sur les différents travaux (ter- SE.AS S.a.r.l.u
Ouesso à la frontière du Sud-Cameroun, rassement, revêtement bitumineux, béton, etc.). B.P. 1426
riat avec la Fondation LCB. Par ailleurs, l’entre-
permettant d’évacuer vers Brazzaville la Quant à la lenteur ou la longueur des travaux, le DG Tél. : (+242) 22 294 27 19/ (+242) 05 518 03 18
prise participe très fortement à la redistribution
328, Avenue Marien Ngouabi
production industrielle et agricole du Nord- en privilégiant ses achats aux fournisseurs locaux, de Socofran explique que le commun de la population
Pointe-Noire - Congo
Congo, mais également du Cameroun, dont pour environ 75%. Elle porte aussi une attention ignore parfois que l’entreprise n’est pas forcément payée
les camions arrivent à Brazzaville depuis particulière aux populations riveraines de ses en temps et en heure. De ce fait, Socofran préfinance les
2011. Ici se dégage aussi le caractère sous- chantiers. travaux, et à un moment donné ne peut plus le faire. Dans
régional de cette route. ce cas, les travaux qui ont commencé s’arrêtent. « Vous
observez bien à Brazzaville et ailleurs que certaines en-
Jean De La Haute treprises sont obligées de suspendre leurs travaux pour
28 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 29

Entretien avec

Pierre-Yves Pochet, directeur général de SGEC-Congo

« Travail de qualité et
formation sont notre
credo »
Pierre-Yves Pochet : Nous faisons de
notre mieux pour améliorer la qualité de vie
au travail et suivons les règles de notre mai-
son mère, Vinci. Notre ambition est de ne
plus déplorer d’accidents au travail. Nous
Congo Economie : Pouvez-vous nous pré- voulons que tous les travailleurs partent de
senter votre entreprise ? chez eux en pleine santé le matin et rentrent
Pierre-Yves Pochet : SGEC Congo est une chez eux le soir de la même manière. Au
filiale du groupe Vinci France. Son installa- préalable, nous assurons un énorme tra-
tion au Congo remonte au début des années vail de formation. Notre premier objectif
1980. Nous sommes arrivés au Congo pour est que les gens viennent chez nous pour
réaliser le bâtiment abritant à l’époque l’hô- gagner leur vie, pas pour la perdre.
tel Méridien et celui de la Banque des Etats Avec plus de trente ans d’activité au Congo, Le deuxième objectif est d’améliorer les
de l’Afrique centrale. Ensuite nous avons l’entreprise SGEC-Congo a assuré des grandes compétences, les postes de travail de nos
réalisé divers chantiers de bâtiments, dont employés par beaucoup de formations. Notre
la caserne des sapeurs-pompiers, la tour réalisations sur l’étendue du territoire national, vœu est que les gens progressent avec nous.
Nabemba à Brazzaville, et la tour Mayombe notamment la construction des infrastructures Nous faisons aussi en sorte de mieux payer
à Pointe-Noire. C’était jusqu’au début des notre personnel, dans le strict respect de la
années 1990, avant de connaître une période
aéroportuaires. Son directeur général, Pierre- convention collective, car plus les employés
de baisse d’activité, jusqu’en 1996, année Yves Pochet, fait état de l’implication de sa so- sont bien payés, plus ils auront l’esprit libre.
au cours de laquelle nous avons réalisé les ciété dans la modernisation du pays. Nous sommes bien conscients qu’un ouvrier
bureaux d’Elf Congo. Depuis lors, nous qui arrive le matin au travail avec le souci
sommes permanents sur le marché. Nous de nourrir sa famille le soir, de payer l’école
avons réalisé des chantiers d’adduction
d’eau, des routes et des voiries urbaines à de la construction, nous sommes ouverts à
Pointe-Noire et Brazzaville. SGEC Congo tout ce qui présente un enjeu suffisant pour
à surtout participé à la municipalisation que l’on soit compétitif.
accélérée du département de la Likouala, à
Impfondo, en 2005. Une réalisation emblé- Congo Economie : Peut-on avoir une idée
matique parce qu’il fallait faire un chantier de votre chiffre d’affaires et le nombre de
aéroportuaire à Impfondo en faisant venir personnes employées par votre entreprise ?
les cailloux de Boundji, à plus de 1 000 kilo- Pierre-Yves Pochet : Le chiffre d’affaires
mètres de là. Depuis lors, nous nous sommes est variable. Nous sommes à plus de 100
retrouvés dans les autres départements millions d’euros par an. Quant au person- Génie civil – Ouvrage d'art – Routes – Bureau d'étude
concernés par la municipalisation accélérée, nel, il varie entre 3 000 et 4 000 personnes,
notamment pour la réalisation des aéroports. au nombre desquelles 40 à 50 expatriés
Actuellement, nous sommes en train de réa- européens et 60 à 70 expatriés africains. • Bâtiments à panneaux modulaires préfabriqués
liser l’aéroport de Sibiti, dans lequel il y a • Containers démontables et déménageables
deux millions de terrassement de mètres Congo Economie : Pouvez-vous énumé-
cubes à faire, dans un délai très court. rer quelques particularités de votre entre- • Bâtiments préfabriqués permanents
L’année précédente c’était à Djambala, où prise ?
les conditions météorologiques étaient par- Pierre-Yves Pochet : Nous essayons de • Bâtiments préfabriqués en acier
ticulièrement compliquées. Malgré tout, vendre un travail de qualité et de toujours • Cabine polyester
nous avons réalisé le chantier en temps et en respecter les engagements pris auprès de
heure. A Kinkala, en 2012, nous avons fait nos clients. Nous nous battons dans ce do- • Bâtiments de construction traditionnelle
l’héliport et les voiries, tout comme l’aéro- maine. Nous savons qu’on nous reproche
port d’Ewo en 2011. Nous nous sommes ac- d’être chers, mais nous nous focalisons sur
tivement impliqués pendant les trois ans de la qualité, sur la formation. Nous fournis-
la municipalisation accélérée de Brazzaville. sons beaucoup d’efforts en organisant de
plus en plus de formations au profit des
Congo Economie : Quels sont précisément Congolais. Depuis le mois de janvier 2014,
les différents domaines dans lesquels vous nous avons été certifiés ISO 9001, une certi-
exercez ? fication en termes de qualité. Nous sommes
Pierre-Yves Pochet : Le groupe Vinci en train de travailler sur la certification ISO
œuvre dans tous les domaines du bâtiment 14001 et OHSAS 18001, qui sont des cer-
et des travaux publics. Nous sommes his- tifications en santé-sécurité du travail et en Nos références :
toriquement arrivés au Congo comme environnement. Nous nous efforçons donc
société du bâtiment. Aujourd’hui, nous d’être exemplaire dans tous ces domaines, Total • CFAO • ENCO • Bouygues • Douanes du Congo
réalisons plus de chantiers routiers ou de que ce soit sur le plan de la qualité du tra- Forces militaires congolaises
génie civil et nous nous intéressons aux vail, de la formation, sans oublier la qualité
autres domaines du BTP. Avec le groupe de vie de nos travailleurs, la sécurité et aus-
Vinci en soutien, nous sommes capables de si l’environnement. Nous pensons qu’en 7 rue Orsy
répondre à toutes les demandes de ce sec- progressant dans ces domaines nous aurons BP 2344 – Brazzaville Pointe Noire
teur, que ce soient les adductions d’eau, le toujours notre place. Tél. : (242) 06 673 62 49 Tél. : (242) 06 635 36 15
traitement d’eau, le génie civil industriel,
le bâtiment tout corps d’état, ou les gros Congo Economie : Abordons le volet so- www.norma-constructions.com
ouvrages de génie civil. Dans le domaine cial de vos employés…
30 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier

EGET Congo,
à ses enfants, va moins bien travailler que
s’il est à l’aise. Toutes ces considérations
nous amènent à rémunérer correctement, et
le mieux possible, nos travailleurs. Malgré
tout, au Congo, nous savons que l’ouvrier

le plein d’énergie
aura toujours des difficultés pour vivre.
Nous travaillons avec Unicongo sur la re-
mise en forme de la convention collective
de notre secteur. Nous serons d’accord sur le
fait que les ouvriers soient bien payés, mais
nous voudrions qu’il en soit de même dans
toutes les entreprises qui font le même tra-
vail que nous

Congo Economie : A quels genres de diffi- Portée par les compétences de son créateur, Bernard Bruyère,
cultés êtes-vous confrontés ?
Pierre-Yves Pochet : Il y a le fait que les EGET Congo est une véritable success-story dont bénéficient
gens ont du mal à lire leur bulletin de paye,
faute de formation. La formation prend aussi
les 200 salariés qui constituent les forces vives de l’entreprise.
cette question en compte. Nous déplorons Le secret ? L’alliance du professionnalisme et de la passion.
au Congo un déficit en ingénieurs formés,

S
en ouvriers qualifiés. L’un de nos soucis, pécialisée dans les métiers de
c’est que dans les départements où nous l’énergie, EGET Congo est en-
exécutons les chantiers de la municipalisa- trée en activité il y a à peine deux
tion accélérée, on nous demande de recruter ans, en avril 2012, avec le chan-
la main-d’œuvre sur place. Nous acceptons, tier de l’électrification des villes d’Ignié et
d’autant qu’embaucher les gens de la loca- de Ngabé, dans le département du Pool.
lité coûte moins cher que de les déplacer, il La nouvelle société y a installé les réseaux
n’y a pas de problème à cela. Malheureuse- d’éclairage public, de moyenne et de basse
ment, dans les départements, il y a moins tension, pour un montant de 2,3 milliards
d’ouvriers qualifiés. Ce que nous expliquons de francs CFA. Ces chantiers, livrés en
aux autorités, c’est de nous permettre d’em- temps et en heure, ont permis de gagner
mener sur place des personnes qualifiées, la confiance du donneur d’ordres qu’est la
qui pourront transmettre leur savoir-faire à Délégation générale des Grands travaux
celles recrutées localement. (DGGT), qui lui a confié le marché de 800
Nous faisons un métier qui nécessite beau- millions de francs CFA pour le renforce-
coup de formations, et nombre d’entre elles ment en basse tension de la ville d’Owando
se font sur place. Les formations que nous en 2013. Ensuite, EGET Congo fut adju-
assurons doivent toucher entre 300 à 500 dicataire du marché de la construction de
personnes chaque année. Et la tendance la ligne moyenne tension de 30 km reliant
est à l’augmentation, pour en toucher un Tchikapika, Tongo (qui est déjà en service)
plus grand nombre encore. Pour progresser, jusqu’à Bokambo, pour un montant d’envi-
parvenir à réaliser de meilleurs chantiers et ron 3,4 milliards de francs CFA.
en sécurité, il faut garder notre personnel. Le professionnalisme de son manager, M.
C’est l’une des difficultés auxquelles nous Bernard Bruyère, l’organisation de l’entre-
sommes régulièrement confrontés, mais que prise et son équipement, ainsi que le res- l’éclairage public. La livraison se fera à démarré dans une entreprise familiale qu’il
nous réussissons bien souvent à expliquer. pect des clients et la réactivité permettent temps pour la célébration de la fête natio- a dirigée après le départ du père en retraite :
à EGET Congo d’avoir actuellement la nale du 15 août 2014. Montant du marché : « Nous travaillions pour EDF. Après je suis
Vos perspectives d’avenir ? capacité de mener de grands chantiers 4,3 milliards de francs CFA. parti dans une entreprise en Côte d’Ivoire
Pierre-Yves Pochet : Aujourd’hui, l’Afrique prestigieux. C’est ainsi qu’à Brazzaville où je suis resté trois ans, puis je me suis
devient à la mode. Le Congo aussi. Nous EGET Congo a obtenu le marché de la Un développement exponentiel installé au Togo où j’ai fondé une société,
voyons une concurrence nouvelle apparaître. maintenance de tous les feux tricolores et Parallèlement à tout ce qui est réseau, puis au Burkina Faso et au Bénin. Et plus
Nous réalisons un travail de fond pour conti- de l’ensemble de l’éclairage public, tout en EGET Congo œuvre aussi dans le tertiaire, tard je suis rentré chez Bouygues en qualité
nuer à mériter notre place au Congo. Nous réfectionnant le réseau, notamment dans les l’électricité bâtiment, avec un gros chantier de responsable de grands réseaux basse
sommes présents dans ce pays depuis plus de arrondissements 2, Bacongo, et 5, Ouenzé. de la Fondation Perspectives d’avenir, sur tension travaillant au Gabon et au Laos. »
trente ans. Nous espérons encore y travailler De même, l’entreprise est présente à Sibiti un bâtiment de R+5 sur l’avenue des Trois- Arrivé au Congo en fin 2001 chez Sogeco,
pour les trente années à venir… ou plus ! où elle exécute les travaux d’installation Martyrs. Elle a également un marché pour Bernard Bruyère a démissionné de chez
des réseaux basse et moyenne tension, l’électrification des stations-service de Total Bouygues Energies et Services pour créer
Propos recueillis par Dominique MANGA avec pose des postes de transformation et Congo. Tous ces marchés ont fait que EGET EGET Congo, qui connaît une évolution
Congo a engrangé un chiffre d’affaires de très rapide au bout de deux ans. Mais pour
6 milliards de francs CFA en 2013 et pré- autant, les difficultés ne manquent pas.
voit un chiffre d’affaires de 10 milliards de « Bien que nous soyons une jeune entre-
francs CFA en 2014, fruit du labeur de près prise, nos plus grandes difficultés ne sont
de 200 employés, tous déclarés à la Sécurité ni techniques ni matérielles, mais plutôt du
sociale, précise Bernard Bruyère. domaine de recouvrement de nos créances
envers l’Etat, donc de paiement. La rentrée
A la question de savoir ce qui caractérise d’argent est notre principale difficulté, mais
son entreprise, Bernard Bruyère répond : pas avec nos clients privés. Nous les choi-
métallerie du congo « Ce qu’il y a de particulier chez EGET sissons méticuleusement », précise Bernard
Congo, c’est qu’à la base, le patron, moi- Bruyère. Il se félicite d’avoir réussi à cou-
même, je suis un technicien. Selon moi, vrir une police assurance-maladie pour tous
aujourd’hui, pour diriger une entreprise de les cadres de son entreprise, une couverture
ce type, il faut être du métier. J’ai fait mes en cas d’accident et de décès pour tous ses
preuves dans le domaine. Ensuite, nous ouvriers. Aujourd’hui, Bernard Bruyère,
avons tous les équipements nécessaires qui est marié à une Congolaise, pense qu’il
pour exécuter les chantiers. De ce fait, tous a définitivement posé et défait ses valises
les chantiers qui nous sont confiés sont ter- dans ce pays. Et partant, il pense faire de
minés dans les délais, et correctement exé- EGET Congo une entreprise qui a définiti-
cutés », affirme-t-il. Une réalité. vement pris ses racines au Congo.
Autre réalité, l’expérience de Bernard
Bruyère dans l’électricité. Un vécu qui a Jean De La Haute
32 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 33

Egis International :
lais, de les accompagner en formation pour constituer attendu. Avec de nombreux véhicules en surcharge, trafic beaucoup plus important que ce qui était prévu
une équipe pérenne. L’objectif est d’avoir une équipe en tout cas plus lourds que ce qu’il devrait être. Tous avec des surcharges, notamment des grumiers. Depuis,
solide et permanente. Hélas, nous rencontrons beau- ces phénomènes conjugués font que le dimensionne- la surcharge a été résorbée, il y a des contrôles de poids
coup de difficultés pour trouver les compétences qu’il ment qui était prévu à l’origine est insuffisant pour le qui permettent d’avoir des véhicules plus conformes au
nous faut. besoin actuel. Je vous le dis tout de suite, ce n’est pas code de la route. Ce qui n’était pas du tout le cas au

une filiale congolaise


nous qui avions réalisé l’étude ou l’estimation du trafic. début. Il n’empêche que le trafic est très important, et
Congo Economie : On vous reproche du laxisme dans Mais quelle que soit l’entreprise, il faut retenir que c’est il était logique que la structure initialement prévue soit
le contrôle des travaux exécutés sur la route Pointe- toujours difficile d’estimer le trafic pour une route qui insuffisante. Elle est maintenant renforcée.
Noire Brazzaville où l’entreprise est en train de repas- n’existait presque pas auparavant. Avant sa construc- Je crois qu’il ne faut incriminer personne sur cet état
ser pour corriger ? tion, cette route avait un trafic pratiquement nul, notam- de fait. Ce n’est pas forcément illogique de faire une

bien implantée
Vincent Garnier : Sur cette route, ce n’est pas forcé- ment dans le Mayombe, surtout en saison des pluies. route légèrement sous-dimensionnée en se disant qu’on
ment une histoire de contrôle. C’est plutôt une question Mais dès qu’on a créé le passage, une partie très impor- va la renforcer après dix ans par exemple. C’est une
de dimensionnement de la chaussée. Les études avaient tante du trafic, qui passait par le chemin de fer, et même pratique assez courante dans les travaux routiers, même
été réalisées pour un trafic donné, mais dans les faits une partie du trafic sur Kinshasa qui passait par Matadi, en Europe. On ouvre une route, et au fur à mesure que
la route accueille un trafic bien supérieur à ce qui était a commencé à emprunter cette route. Il y a donc eu un le trafic augmente on la renforce en prévoyant dès le dé-
part que la plateforme puisse supporter le renforcement
de chaussée. Pour le tronçon Pointe-Noire-Dolisie, il se
trouve qu’on a été obligé d’accélérer le renforcement.
Groupe d’ingénierie, d’études de projets et de contrôle Et sur les sections qui ne sont pas encore faites, l’entre-
de travaux, Egis International a acquis une notoriété prise de construction met directement une couche plus
dans le pays avec la route Pointe-Noire-Brazzaville. importante. Donc, sur le premier tronçon Pointe-Noire-
Dolisie, le renforcement a été réalisé au bout de deux
La société investit beaucoup dans la formation du ans, alors qu’on espérait le faire au bout de dix ans, et
personnel pour s’installer de manière pérenne dans sur le reste de la route nous sommes passés directement
à la bonne mesure.
le pays. Explications avec Vincent Garnier, son chef
d’agence au Congo

Congo Economie : Qu’est-ce que Egis présent dans 100 pays dans le monde, avec
International ? 12 000 collaborateurs évoluant dans 17
Vincent Garnier : Avant de vous présenter filiales-pays. La filiale congolaise est donc
Egis International, il faut savoir que c’est localement la tête de pont des différentes
une société appartenant au Groupe Egis, qui sociétés du Groupe. Nous sommes établis
est un groupe d’ingénierie de la construc- au Congo depuis longtemps, sous le nom
Mise en œuvre de la couche d'imprégnation
tion détenu à 75% par la Caisse des dépôts de BCEOM, une société qui a été intégrée
sur la route Pointe-Noire/Brazzaville.
et à 25% par des actionnaires privés (cadres au Groupe Egis en 1996. Nous sommes
partenaires et des salariés). Le Groupe est revenus au Congo depuis 2007 en tant

qu’Egis. Nous comptons 28 salariés congo- contrôlent la qualité des travaux effectués
lais en CDI, auxquels il faut ajouter un par une entreprise chinoise. Nous avons
certain nombre d’employés via nos sous- aussi sous notre contrôle la réalisation de
traitants. Nous totaliserions alors environ la seconde piste et du tarmac de l’aéroport
200 à 250 personnes, dont une trentaine de Brazzaville-Maya-Maya, ainsi que les
d’expatriés. Nous réalisons ici, au Congo, routes Boundji-Ewo sur environ 80 km.
un chiffre d’affaires d’environ 15 millions Un autre chantier assez important, c’est Travaux de maîtrise des érosions.
d’euros par an. celui concernant les érosions de Brazza-
ville. Ce ne sont pas vraiment des travaux Congo Economie : Votre entreprise assure-elle des ac-
Congo Economie : Dans quels secteurs routiers, mais plutôt de terrassement pour tions caritatives ou de sponsoring ? Quelle place pour
d’activités exercez-vous ? maîtriser ou canaliser toutes les eaux plu- l’engagement sociétal ?
Vincent Garnier : Un des domaines dans viales sur les terrains sablonneux de Braz- Vincent Garnier : Comme je le disais plus haut, pour le
lequel nous travaillons le plus au Congo zaville. Il y a aussi les voiries de Diata et moment, nous sommes encore une succursale d’Egis in-
concerne les infrastructures routières. de Mfilou. Dans le domaine des études ternational, mais nous songeons à nous installer dans ce
Mais nous travaillons aussi dans les ports nous avons un ouvrage en béton pour la pays en créant un Egis Congo. Dès lors, nous pourrions
et voies navigables, les aéroports, les SNPC, qui permettra d’approvisionner répondre à certaines sollicitations. Je vous rappelle que
mines, les bâtiments. Il y a bien d’autres les avions en kérosène, et aussi quelques nous ne sommes pas une entreprise d’exécution des tra-
domaines sur lesquels nous pourrions activités pour Aerco et des entreprises vaux, mais plutôt de contrôle. Nous n’avons donc pas la
intervenir ici, comme l’hydraulique et minières. Egis International a bouclé les même taille que les entreprises que nous contrôlons. De
l’énergie. Nous cherchons à pérenni- études de tout ce qui est en relation avec ce fait, nous pouvons faire des actions de sponsoring,
ser notre installation en embauchant des les accès au stade de Kintélé en construc- mais ce ne sera jamais à la même échelle que les entre-
gens que nous formons, pour garder les tion. Il s’agit notamment de la deuxième prises qui exécutent des travaux. Sachez qu’en général,
structures. Nos expatriés sont là, mais ils et troisième sortie Nord, et le projet d’un le coût du contrôle ne représente que 2 à 3% du coût des
repartent après. Nous voulons constituer pont d’environ 7 km sur la vasière le long travaux. Mais déjà nous faisons beaucoup de formation
une équipe locale permanente, capable de du fleuve Congo, pour relier le quartier de au profit du personnel congolais, ce qui est très impor-
répondre aux besoins du pays. Il y a deux Talangaï à la nouvelle ville de Kintélé. tant, parce que ce sont des gens qui parfois peuvent tra-
parties dans notre métier : la conception On peut aussi citer la corniche partant du vailler pour d’autres structures.
et le contrôle et suivi de chantiers. La pont du Djoué jusqu’à la case de Gaulle.
conception consiste à réaliser des études, L’appel d’offres va être bientôt lancé et Propos recueillis par
des projets, tandis que le contrôle tra- nous aurons le contrôle de l’exécution des Jean BANZOUZI MALONGA
vaux consiste à intervenir auprès d’une travaux.
entreprise attributaire d’un marché pour
contrôler les travaux qu’elle exécute. Congo Economie : Quelles difficultés
rencontrez-vous ?
Congo Economie : Sur quels chantiers Vincent Garnier : La première difficul-
opérez-vous actuellement ? té, c’est à propos des documents, ensuite,
Vincent Garnier : Le plus gros concerne le fait de trouver du personnel qualifié
le chantier de construction de la route adapté à nos besoins. Nous recrutons sur
Pointe-Noire/Brazzaville (550 km). C’est place des personnes que nous sommes
notre plus grosse mission de contrôle dans obligés de former, aussi bien en études
le pays. Nous avons des agents tout au qu’en contrôle de travaux. Nous essayons
long du tracé, sur les sites de travaux. Ils au maximum d’embaucher des Congo-
34 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 35

Bouygues Energies & Services : Socotec Bassin du Congo


accompagner le Anciennement ETDE, l’entreprise est devenue
Bouygues Energies & Services Congo depuis mai
2013. Un changement de nom qui lui permet de
affirme son ancrage local
développement
Les nombreux chantiers des bâtiments et travaux publics initiés au Congo de-
mieux se situer dans le milieu des affaires, et de puis une dizaine d’années ont amené la Socotec Bassin du Congo à s’installer à
répondre parfaitement à l’identité du groupe au- Brazzaville. Les contrôles techniques sont le cœur des métiers de cette filiale du
quel il appartient. Groupe Socotec International. M. Olivier Framery, directeur général adjoint et res-
ponsable opérationnel de Socotec Bassin du Congo nous présente l’entreprise.
Présent au Congo depuis plus d’une décennie, Bouygues Congo Economie : Quelle est la carte d’identité de So-
Energies & Services accompagne le Congo dans son processus cotec Bassin du Congo ?
de développement. Particulièrement dans le déploiement des ré- Olivier Framery : Socotec Bassin du Congo a été créée
seaux de transport et de distribution d’électricité. La société dis- en février 2010. Le nombre d’employés actuel est de 35 Savez-vous tout ce que peut
pose également de compétences dans les domaines de l’infor- personnes. La particularité de Socotec sur le Congo est vous apporter Socotec ?
matique, l’instrumentation et les réseaux de télécom. Bouygues le fait que nous avons du personnel de Socotec Interna-
Energies & Services, ce sont environ 350 salariés dont 90% de tional. C'est-à-dire environ six personnes supplémen-
Congolais répartis sur tous les chantiers et sur toute l’échelle des taires. Notre personnel technique permanent se compose
compétences ; des ouvriers aux ingénieurs, en passant par les d’équipes pluridisciplinaires d’ingénieurs et techniciens

Maîtriser les risques,


agents de maîtrise. Sur l’ensemble de ses chantiers la société dont les compétences permettent d’assurer la totalité de
emploie près de 500 intérimaires et journaliers, généralement nos missions et d’apporter dans les meilleurs délais tout
recrutés au plus près, dans les villages voisins des chantiers. Ils le soutien nécessaire. Le personnel de Socotec interna-

c’est contribuer
sont professionnellement formés par les cadres de la maison. tional est en poste sur les grosses opérations, principa-
Ces dernières années, Bouygues Energie et Services Congo lement celles qui sont en cours. Nous avons réalisé un
s’est distingué par son expertise dans le secteur de l’éner- chiffre d’affaires de près de 2 milliards de francs CFA en
gie électrique à travers plusieurs projets réalisés au Congo. 2013 et nous sommes reconnus au niveau étatique, nos
Notamment les lignes de transport d’électricité à très haute
tension (THT), relatives à l’interconnexion de Pointe-Noire
plus grands clients étant principalement la Délégation
générale aux grands travaux (DGGT) et le ministère de à un avenir durable.
à Brazzaville en 220 kV, sur une distance de 500 km (avec la Construction. Bien évidemment, nous travaillons aussi
postes électriques, logistique et approvisionnements). Un pour des clients privés, notamment des sociétés immo-
contrat de 175 millions d’euros environ. A ce grand projet il bilières et des assurances en tant qu’expertise. La parti-
faut ajouter l’électrification urbaine et rurale avec la réhabilita- cularité de Socotec Bassin du Congo est que nous avons
tion et le renforcement des réseaux électriques de Brazzaville, dans notre zone géographique le Congo-Brazzaville, la Si le monde a besoin de dynamisme, il a aussi besoin de sérénité.
Pointe-Noire, Oyo et Ouesso. Et aussi une intervention remar- RDC, la RCA, le Cameroun et l’Angola. Nous n’avons Structurées autour des métiers de l’inspection, de l’assistance
quable dans le cadre de la municipalisation accélérée d’Imp- pas encore créé de filiale dans les pays concernés mais technique, du conseil, de la formation et de la certification,
fondo, Dolisie, Ewo, Kinkala, etc. cela va se faire. nos interventions s’adaptent à vos exigences les plus diverses
en matière de qualité, de sécurité, santé et environnement.
Eclairage public Congo Economie : Où en êtes-vous en termes d’activi-
En matière d’éclairage public, Bouygues Energies & Services tés récentes, actuelles et à venir ? Socotec propose en particulier des prestations d’Assistance à Maîtrise
Congo a signé des contrats avec la Société nationale d’électri- Olivier Framery : Au Congo nous sommes sur le secteur d’Ouvrage pour vous aider à améliorer la performance de vos projets
cité et le ministère de l’Energie et de l’Hydraulique. Ce qui lui du contrôle technique-construction, leitmotiv de société. de Bâtiments et de Travaux Publics dans leurs dimensions coût,
a ouvert les marchés de la réhabilitation de l’éclairage public qualité et délai.
Nous faisons de l’assistance maîtrise d’ouvrage, de la
à Brazzaville, la maintenance-entretien des feux de signalisa- surveillance des travaux, des vérifications électriques, Implanté en Afrique depuis plusieurs décennies,
tion pour la mairie, etc. Et à Pointe-Noire, le renforcement de des diagnostics structures, etc. En ce moment notre plus le groupe Socotec accompagne vos ambitions et vos projets.
l’éclairage public dans le cadre de la phase 2 du projet ENI grand projet en cours au Congo-Brazzaville concerne le
Congo, dans la zone de N’Goyo. Mais Bouygues Energies & projet du futur stade de Kintélé, où nous avons des mis-
Services n’intervient pas seulement dans les marchés publics. sions d’assistance maîtrise d’ouvrage, de surveillance de
La société apporte également ses compétences dans les do- travaux et de contrôle technique. Approximativement, Construction
maines de l’automatisme et l’instrumentation pour le compte une quinzaine de nos agents sont en permanence sur ce Immobilier
des sociétés pétrolières. Particulièrement sur les sites onshore site de Kintélé. Nous avons aussi une équipe à proximité
de Djéno (Total E&P Congo), de Mboundi (Eni Congo) de la de l’aéroport de Maya-Maya, où nous opérons également. Industrie
Coraf (SNPC), et sur le site offshore de Nkossa. Dans le même Nous sommes sur la phase terminale, mais il y a encore le Santé
élan, Bouygues a développé une expertise dans le secteur ter- pavillon présidentiel qui est en cours de réalisation, ainsi
tiaire, en travaux neufs, rénovation et maintenance. que l’hôtel en face de l’aéroport, où des extensions ont
été réalisées par rapport au projet initial. Nous avons très
Adduction d’eau potable récemment ouvert des bureaux à Pointe-Noire, qui seront
Bouygues Energies & Services a obtenu de la Direction géné- inaugurés au mois de mai, et nous faisons du diagnostic SOCOTEC BASSIN DU CONGO - Quartier MPILA
rale des grands travaux, en partenariat avec la Société natio- sur Pokola, des opérations sur Oyo, sur le quartier Mpila Immeuble du 5 Février - BP 1270 BRAZZAVILLE
nale de distribution d’eau, les marchés des usines de traitement avec la construction de logements, d’un mémorial, d’un Tél : (+242) 22 281 13 42 / (+242) 06 687 13 21
d’eau potable de Djiri (production : 900 m3/h) et du Djoué lycée et d’un centre commercial. Nous couvrons quasi- E-mail : olivier.framery@i-socotec.org
(1 440 m3), ainsi que la réhabilitation des stations de traitement ment l’ensemble du territoire.
d’eau de Kinkala et de Djambala. Comme on le constate, la so-
ciété offre une gamme de services très étendue, ce qui justifie Congo Economie : Il vous est reproché d’être un peu Tous vos contacts Socotec
sont changement d’appellation. Celui-ci consiste « simplement laxiste dans le contrôle des travaux, notamment ceux sur www.socotec.com
à répondre de façon globale – de la conception à l’exploita- exécutés par les entreprises chinoises. Qu’en dites-vous ?
tion – aux deux enjeux majeurs des clients publics et privés de Olivier Framery : En fait, les entreprises chinoises sont
la société : la performance énergétique et le développement de un peu difficiles à gérer dans le sens où la globalité des
services pour s’adapter aux nouveaux usages », dixit Claude plans et documents émane des bureaux d’études de la
Queyranne, directeur général des filiales africaines du Groupe, Chine. La problématique est que ces documents sont en
lors de la conférence de presse annonçant ce changement de chinois ; vous comprenez donc la difficulté première, à
nom. C’est aussi une manière pour la filiale congolaise d’af- tel point que même avec la présence d’interprètes au ni- Votre partenaire en maîtrise des risques
firmer sa complémentarité avec toutes les autres activités du veau des sociétés chinoises, c’est toujours difficile. Dans
Groupe, renforçant ainsi son positionnement dans son axe de notre effectif, nous avons dû recruter des personnes qui
constructeur durable. parlent et lisent le chinois. C’est ce que nous avons fait
Jean Banzouzi Malonga par exemple sur le site de Kintélé, et maintenant ça va
36 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 37

mieux au niveau des contrôles. Sachez que Olivier Framery : les difficultés princi- puisse être considéré comme une société « nir. Nous sommes une société à l’écoute
le bureau de contrôle que nous sommes ne pales sont dans l’ordre des phases concep- offshore » dans le sens où Socotec Bassin de la clientèle locale, nous essayons présentation et sa base technique de Vindoulou, et enfin Une fierté légitime dans le but de répondre au mieux aux attentes des
peut pas prendre partie, que ce soit pour tions. Beaucoup de projets sont malheu- du Congo est une société de droit congo- d’apporter un maximum de services par de différents chantiers à travers le pays. Habilitée à entre- Pour Louis Sakala, il y a un réel besoin de bons inter- maîtres d’ouvrage, même les plus ambitieux. Sinon, ce
le client ou pour l’entreprise. Nous avons reusement lancés avant que le bureau de lais. Elle est détenue, certes, à 99% par rapport à ce qui est demandé. Nous avons prendre tout type d’études, conception et réalisation des locuteurs et de bonnes réponses sur place. Les ingé- sera toujours les projets étudiés par les bureaux d’ail-
l’obligation d’être impartial. Avec les en- contrôle ne soit désigné. De ce fait, lorsque Socotec International, mais physiquement une très bonne connaissance des pays tro- projets des bâtiments et travaux publics, la GTA a déve- nieurs et architectes propriétaires des cabinets d’études leurs, parfois peu adaptés à nos besoins », soutient le
treprises chinoises, la difficulté n’est pas nous sommes nommés, à 80% du temps nous sommes bien là, nous avons un per- picaux et nos systèmes de contrôles sont loppé une expérience et une expertise dans la construc- doivent dépasser leur qualité de techniciens pour deve- directeur général adjoint de GTA.
souvent technique, loin de là, mais beau- les phases de travaux sont déjà lancées et sonnel local de près de 35 personnes. Si très adaptés. tion des stations-service, des bâtiments – notamment des nir des véritables hommes et femmes d’affaires, nouant M. Louis Sakala termine sur une note d’espoir et de
coup plus pour des difficultés d’interpréta- quelquefois avancées, alors que nous de- nous étions une société offshore, nous grands immeubles à usage hôtelier, d’habitation et de des partenariats avec de grands bureaux plus outillés et fierté : « Tous les grands investissements en cours dans
tion. Mais tout se passe bien actuellement, vrions être nommés en amont, dès la créa- aurions un personnel totalement expatrié Congo Economie : Avez-vous un souhait ? bureau. A titre d’exemple : le deuxième module de l’hôtel plus expérimentés à l’extérieur. Cela leur permettrait de notre pays – routes, ports, centrales hydrauliques,
et nous n’en sommes pas à notre premier tion des dossiers ou des projets, pour que, avec des contrats d’expatriés. L’ensemble Olivier Framery : J’espère très sincère- Olympique Palace à Brazzaville, le Gilbert’s (hôtel Azur) s’assurer un transfert d’expertise de plus en plus indis- usines… – vont continuer à améliorer, faciliter notre
projet avec les entreprises chinoises. Le justement, lorsque l’ensemble des docu- de nos surveillants de travaux sont de na- ment que le Congo va continuer de déve- sur la Côte sauvage, à Pointe-Noire, etc. pensable de nos jours, afin que les entreprises et maîtres environnement de travail et nous rendre plus perfor-
personnel Socotec Bassin du Congo a ments sont réunis et remis à l’entreprise, tionalité congolaise. Nous jouons la carte lopper l’ensemble de ses projets, qui sont A son actif également, la construction de l’imposant d’ouvrage aient sur place des interlocuteurs chevron- mants au fil des mois. En tout cas nous sommes très
tout de même une longue expérience du la plus grosse des problématiques soit déjà du Congo, tout simplement. d’ailleurs gigantesques. Il y a beaucoup de siège de l’ARPCE à Brazzaville, inauguré en novembre nés, et surtout des bonnes réponses à leurs questions. fiers de compter parmi les bâtisseurs de notre pays. »
contrôle de travaux et a l’habitude de gé- résolue. Ce n’est pas le cas actuellement choses à faire dans ce pays et beaucoup de 2013 et qui a été la face visible de son expertise. « Elle « Sous d’autres cieux, les cabinets d’architectes sont
rer ce type de communication. Je ne sais et c’est un des plus gros soucis que nous Congo Economie : Qu’est-ce qui dis- choses se font déjà. L’ensemble des pro- nous a hissés sur un piédestal honorable, une position rattachés à des bureaux d’études techniques qui, eux-
pas si certaines sociétés de contrôle sont rencontrons en termes techniques. tingue Socotec de la concurrence ? jets, qui sortent ou qui sont en phase de qui nous assure aujourd’hui une visibilité certaine et que mêmes, fédèrent leurs compétences à travers le monde Jean Banzouzi Malonga
laxistes, mais au niveau de Socotec, nos Olivier Framery : Je pense que si des sortir, dénote le dynamisme du Congo par nous souhaitons naturellement conserver », souligne le
contrôles sont très rigoureux. A chaque Congo Economie : Etes-vous une entre- maîtres d’ouvrage aussi importants que la rapport à son économie et au bien-être de directeur général adjoint de GTA, M. Louis Sakala.
projet, il y a un chef de projet dédié, nous prise dite « offshore », qui va rapidement DGGT nous ont choisis pour prendre en sa population. Je souhaite un plein succès Mais la GTA ne se distingue pas seulement dans le sec-
n’avons pas de souci à ce niveau. s’en aller, ou au contraire avez-vous charge les gros projets de la République à tous les projets. teur du bâtiment. L’entreprise a su capitaliser la longue
l’intention de vous installer de façon du Congo, c’est qu’ils ont confiance en expérience de son actionnaire principal, le Groupe
Congo Economie : Quelles sont les diffi- pérenne ? nous. C’est une reconnaissance tacite de la Propos recueillis par Tabet, qui n’a plus rien à démontrer dans la construc-
cultés auxquelles vous êtes confrontés ? Olivier Framery : Je ne pense pas qu’on qualité du travail que nous pouvons four- Jean Banzouzi Malonga tion des routes. GTA a fait récemment l’aménagement
(pavage et électrification) de la rue Bandza à Brazza-
ville, de l’avenue Maya-Maya à l’avenue de la Tsiemé

GTA : les secrets


(Projet PEEDU). « Notre volonté de capitaliser toutes
nos expériences et de toujours privilégier un rapport
de partenariat avec nos clients est un de nos atouts
majeurs. Aujourd’hui, nous ressentons une forte montée
de confiance de la part des investisseurs envers notre
entreprise », affirme Louis Sakala. Cette confiance se

de la longévité
confirme d’ailleurs avec d’autres projets que les investis-
seurs et opérateurs économiques ont récemment confiés
à GTA. Parmi lesquels la construction des immeubles
Le 3 juin 2014, la Générale sièges des Assurances générales du Congo (AGC) et du
ministère des Mines à Brazzaville, le siège de Plasco à
des travaux et aménagements Pointe-Noire, l’usine de fabrication de produits phar-
(GTA) fêtera ses vingt-cinq ans maceutiques à Ollombo, etc. Forte de toutes ces activi-
d’existence. Retour sur l’épo- tés, l’entreprise brasse un chiffre d’affaires d’environ 5
milliards de francs CFA par an, fruit du labeur de près
pée de cette entreprise qui de 329 agents, dont une soixantaine en contrat CDI et
a su s’imposer dans le une vingtaine d’expatriés. La tendance haussière de la
secteur du bâtiment et courbe du chiffre d’affaires se confirme chaque année
G.T.A. S.A. des travaux publics au
grâce aux performances avérées de l’entreprise sur le
terrain, à l’approche partenariale que GTA développe
GÉNÉRALE DES TRAVAUX & AMÉNAGEMENTS Congo grâce à la qualité avec ses clients, et aussi et surtout à sa ligne de gestion
de ses prestations. axée sur la prudence et la rigueur.
. Construction d’immeubles à usage d’habitation, commercial ou industriel
. Travaux routiers, Génie civil, Equipements urbains Quelques points d’achoppement
. Exploitation de carrière, Commercialisation des matériaux concassés Mais tout n’est pas rose dans le secteur. L’entreprise
. Forage et battage des pieux fait face à certaines difficultés, communes, d’ailleurs,
. Centrale à béton : Production, Vente et Livraison de béton prêt à l'emploi à l’ensemble des entreprises des BTP. Louis Sakala en
. Construction et Maintenance des stations services
énumère quelques-unes : « L’approvisionnement dif-
. Etudes techniques
ficile en matériaux de construction et équipements du
Vous voulez un travail de qualité… bâtiment sur le marché local. Je pense au fer à béton,
au ciment, et même au bois, paradoxalement. C’est aus-

L'
Vous voulez optimiser votre investissement…
Etat congolais, qui souhaitait ville, afin d’assurer sa propre production si le cas des matériels et équipements d’électricité, de
maintenir une présence perma- d’agrégats routiers et de béton. Puis l’en- plomberie, de climatisation, aux nouveaux types de re-
CHOISISSEZ LA GTA ! nente dans le secteur du bâti- treprise s’est développée au fil des ans, vêtements… Les clients veulent aujourd’hui du moderne
ment, notamment celui de la exécutant plusieurs chantiers, essentiel- et sont de plus en plus exigeants. Il est difficile de se
construction des logements sociaux, se lement publics à l’époque. Hélas, la GTA fournir sur place et les importations sont compliquées.
mit à la recherche d’un partenaire fiable fit ensuite les frais des troubles sociopoli- Cela m’amène à évoquer les difficultés et tracasseries
lors de la fermeture de la Semico, l’an- tiques de 1997, perdant tout son matériel, administratives au niveau des formalités, taxes et droits
cienne société mixte de construction. Il pillé, et voyant ses locaux vandalisés. Au à payer à l’importation. L’occasion de rendre hommage
se tourna alors vers le Groupe Antoine sortir de ces événements, la Soprogi s’est au travail quotidien des responsables de notre confédé-
Tabet. C’est ainsi que naquit la Générale désengagée de l’entreprise, qui n’avait ration Unicongo auprès des autorités, et des adminis-
des travaux et aménagements (GTA) le 3 alors plus que deux actionnaires : l’Etat trations du pays pour trouver le juste équilibre permet-
juin 1989. A l’origine, trois partenaires ou congolais (12,5%) et le Groupe Antoine tant de faciliter notre travail à ces niveaux. Ensuite il y
sociétaires formaient la GTA. D’une part Tabet (87,5%). Durant cette période, a l’acheminement des matériaux à Brazzaville, encore
l’Etat congolais, représenté par le Gou- l’entreprise dut surmonter plusieurs han- difficile, mais qui est en passe d’être résolu radicale-
vernement et sa Société de promotion et dicaps, mais grâce à la ténacité de ses ment avec la construction de la route Pointe-Noire/
GTA ACTEUR DE DÉVELOPPEMENT AU CONGO DEPUIS 1989 de gestion immobilière (Soprogi) avec dirigeants, elle est parvenue, lentement Brazzaville.
50% des actions, et d’autre part le Groupe mais sûrement, à se reconstruire et re- Autre aspect, les technologies évoluent vite et nous avons
Siège Social, Direction Générale, Atelier : Adresse postale : Antoine Tabet (50%). La société GTA a prendre son envol. de moins en moins de ressources au niveau des ingé-
Avenue Gallieni - Mpila - Brazzaville BP 1114 démarré ses activités avec un contrat de nieurs, techniciens, et même ouvriers qualifiés pour les
Carrière : Banlieue Sud-ouest de Brazzaville Brazzaville - République du Congo 115 logements sociaux financés par la So- Des réalisations qui ont valeur études et la mise en œuvre des équipements de nouvelle
à Mayala, après la Ferme Kombé Tél./Fax (242) 22 281 19 71 progi, et repartis comme suit : 100 à Braz- de label génération. Aujourd’hui, nous sommes presque toujours
Représentation de Pointe-Noire : Tél. Mobile : (242) 06 666 66 12 zaville Mont-Boukiero, 10 à Djambala, et Actuellement la GTA articule ses activi- amenés à ajouter à nos contrats un volet mise en œuvre
Administration : Rond-point de la Base Tél. Mobile (PNR) : (242) 06 945 87 55 5 à Gamboma. tés autour de trois pôles, notamment celui et montage afin que les fournisseurs viennent encadrer
Base Technique : Mvindoulou sur la RN1 E-mail : gta.brazza@yahoo.fr Pour mieux répondre à ses besoins, elle a de Brazzaville où se trouve son siège, nos équipes. Il y a lieu de mettre en œuvre une véritable
rapidement acquis une carrière à Mayala, son atelier central et sa grande station de politique en matière de formation dans notre secteur »,
dans la banlieue sud-ouest de Brazza- concassage, de Pointe-Noire, avec sa re- précise M. Sakala
38 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier Dossier congo économie - N°3 - avril 2014 39

Groupe Apave :
d’Exim Bank, une institution financière

Les entreprises de BTP des


chinoise, avait signé avec la Délégation gé-
nérale des grands travaux trois conventions
de crédits de 300 milliards de francs CFA
pour couvrir les besoins en financement des

des compétences avérées pays émergents avantagées


entreprises de l’empire du Milieu au Congo-
Brazzaville. Quelques mois plus tard, en
mars 2013, à l’occasion de la visite du pré-
sident de la République populaire de Chine

par un bouclier financier


à Brazzaville, les autorités des deux pays
signèrent une convention de même nature,
de l’ordre du milliard de dollar US.
Depuis 1867, la société française Apave accompagne les entreprises et les collectivités Dans le même ordre d’idées, selon de
dans leur volonté de maîtriser leurs risques techniques, humains et environnementaux, nombreux experts, l’annulation de la dette
congolaise par le Brésil a permis, en contre-
à travers une offre complète de prestations : inspection, bâtiment, essais et mesures, Appuyées par Exim Bank, une institution financière partie, aux deux pays d’élaborer des méca-
formation, conseil. Toutes visent à augmenter la sécurité des hommes et des biens, à chinoise, les entreprises de l’empire du Milieu exer- nismes financiers qui se rapportent aux
protéger l'environnement et à optimiser la performance des organisations. çant au Congo-Brazzaville ne semblent pas su- entreprises du géant sud-américain. Leader
actuel des entreprises brésiliennes exerçant
bir les contraintes financières qui ralentissent les au Congo-Brazzaville, Asperbras implante

A
pave est implantée en France à nent avec les structures du Groupe Apave. l’enveloppe du bâtiment (façades & toitures) SDV, TEPC…) implantés à Pointe-Noire. chantiers de certaines entreprises. Une situation, à une zone industrielle et commerciale à Ma-
travers 130 agences, 31 labo- L’effectif global de l’entreprise s’élève à ou les systèmes de sécurité incendie. loukou, à 80 km en amont de la capitale, sur
ratoires et centres d’essais, 143 environ 120 personnes : agents, techniciens Enfin, Apave Congo se positionne égale-
quelque chose près, similaire pour les entreprises le fleuve Congo, pour un premier investisse-
sites de formation, et se déve- supérieurs et ingénieurs. Une expertise reconnue ment sur des missions d’assistance tech- brésiliennes. Des experts de la finance publique at- ment estimé à 250 milliards de FCFA. Cette
loppe à l'international sur des marchés Apave Congo intervient également pour nique : tirent déjà l’attention sur ce bouclier financier. zone de 654 273 m2 abritera une vingtaine
porteurs tels que le secteur pétrolier, les Outre son savoir-faire dans les domaines le compte des majors de l’industrie Oil & • lors de la construction : pour le suivi d’exé- Construction du complexe
d’industries de transformation portant sur
grandes infrastructures industrielles et de l’inspection Oil&Gas et de la formation, Gas, à travers le suivi de leurs projets de cution et le contrôle qualité des ouvrages sportif de Kintélé. les secteurs de la plasturgie, des tuiles, de la
civiles, le génie civil, via ses 48 filiales Apave Congo se distingue également dans bâtiments, sur des missions de contrôle (sites de Mboundi et de Djeno) ; peinture, du métal, de la céramique, etc. De
et participations en Europe, Asie, Moyen- le secteur de la construction. technique construction, de project mana- • pour l’exploitation des bâtiments, avec cette zone industrielle sortira aussi un port

C
Orient, océan Indien et Afrique. gement, ou bien concernant le contrôle la réalisation d’audits sécurité incendie ou es derniers mois, l’Etat à libéré pour 54 milliards de FCFA. A ce projet, se cier quand il y a retard de paiements ? Un moderne pour désengorger le Port autonome
A ce titre, Apave Congo a gagné la confiance de projets de création de dépôts pétroliers d’installations électriques existantes. un nombre considérable de paie- greffe la construction des lignes de transport pan du voile sur la fluidité des mécanismes de Brazzaville.
La présence au Congo et les des grands donneurs d’ordre publics pour à Pointe-Noire et Brazzaville (SNPC). ments en faveur des entreprises d’énergie par la China National Machinery de financement de ces chantiers a été levé Outre l’érection de cette zone industrielle de
activités liées à la construction le suivi de projets d’envergure comme la L’expertise d’Apave Congo est par ailleurs C’est donc avec une gamme de services exécutant d’importants chantiers and Equipment Import and Export pour en décembre dernier lorsque le ministère Maloukou, Asperbras est impliquée dans la
Depuis 1995, Apave Congo offre aux insti- construction du ministère des Finances ou reconnue dans le diagnostic d’ouvrages de sans cesse renouvelée et étendue qu’Apave publics. Cela est arrivé à point, d’autant quelque 17 milliards de FCFA. A ces deux des Transports, de l’Aviation civile et de la réalisation d’un programme dans le domaine
tutions publiques, clients privés et opérateurs bien la réhabilitation du siège social de la génie civil, comme sur le terminal pétrolier Congo s’efforce de répondre au mieux à la que certaines entreprises commençaient à cas en exécution sans entraves financières Marine marchande a signé un mémorandum de l’hydraulique portant sur l’amélioration
du pays une expertise de proximité avec une BDEAC à Brazzaville, impliquant des com- de Djeno ou sur les bases des différents demande de ses clients sur un marché de la travailler au ralenti, quand d’autres avaient s’ajoutent de nombreux contrats déjà réa- d’entente pour la réhabilitation du chemin de la desserte en eau potable par forage en
agence située à Pointe-Noire, en lien perma- pétences liées aussi bien à la structure qu’à opérateurs (ENI, Schlumberger, Saipem, construction en pleine évolution. carrément cessé les travaux… En fait, il lisés, telle la route lourde de 165 km entre de fer Congo-Océan (CFCO) avec la société zone rurale. La première des bornes-fon-
revient souvent aux chefs d’entreprise en- Pointe-Noire et Dolisie, mise en service il China Railway Construction Corporation taines de ce projet, estimé à 193 milliards
gagées dans les marchés publics de l’Etat y a deux ans pour environ 300 milliards de International. Cet accord devra permettre de FCFA, a été réceptionnée en août 2013
d’évoquer, parmi les difficultés rencontrées, FCFA. La China State Construction Engi- de réhabiliter les lignes ferroviaires Pointe- à Kingoma, une localité située à 200 km
la question de l’irrégularité des pouvoirs pu- neering Corporation Ltd (CSCEC) qui l’a Noire/Brazzaville (510 km) et Mbinda- au sud-est de Brazzaville. Certains écono-
blics à tenir ses engagements financiers pour réalisée, s’attelle, pour quarante-huit mois, Mont Belo (280 km). Cette entreprise se mistes pensent que ce type de financements,
le règlement des différentes commandes pu- sur le deuxième tronçon Dolisie-Brazzaville propose de réaliser des études de faisabilité non seulement fausse les règles du jeu de
bliques dont ils sont les maîtres d’ouvrage. (environ 350 km) évalué à plus de 765 mil- technique et financière, mais surtout d’aider la concurrence dans les appels d’offres en
Malgré leur pouvoir financier, si la durée liards de FCFA. le Congo à rechercher des financements favorisant la firme qui est soutenu par son
d’attente des paiements est trop longue, auprès des institutions financières chinoises. Etat (banque d’Etat ?) qui apporte le finan-
cela impacte sur les délais d’exécution. Le Des financements proposés par les Ces dites institutions ne sont pas en reste cement, mais alourdit aussi la dette de l’Etat
commun des Congolais, ou plutôt les spécia- pays des entreprises attributaires pour financer les chantiers obtenus par les congolais.
listes, se posent des questions sur les modes Comment ces entreprises des pays émer- entreprises chinoises dans les pays où elles Jean Clotaire HYMBOUD
de financement des chantiers exécutés sur gents font-elles pour soutenir le coût finan- opèrent. Ainsi, en juillet 2012, le gouverneur & Jean De la Haute
l’ensemble du territoire par les entreprises
des pays émergents, qui sont brésiliennes
et majoritairement chinoises. Connaissent-
elles les mêmes problèmes d’accès aux Entretien avec
paiements ?
L’un de ces points d’interrogation concerne Jean-Félix Demba-Ntelo
le complexe sportif de Kintélé, qui devra être

Le coup de gueule
achevé en 2015 pour abriter les onzièmes
Jeux africains qui se dérouleront dans la
capitale en cette période. En vingt-huit
mois, la société chinoise Zhengwei Tech-

d’un architecte
nique Congo devra livrer un stade de 60 000
places, un palais des sports de 10 000 spec-
tateurs, un centre nautique de 16 000 places,
un hôtel cinq étoiles de 200 chambres, un
centre de médias, un héliport et un village
olympique pouvant accueillir 8 000 visi- Architecte urbaniste de son état, ancien ministre
teurs. Cet investissement de 300 milliards de
FCFA nécessite la présence de quelque 4000 des Travaux publics, de la Construction et de l’Ur-
ouvriers congolais et chinois qui y travaillent banisme (1991-1992), Jean-Félix Demba-Ntelo
jour et nuit, et qu’il faudrait payer régulière- s’insurge contre la mise à l’écart des architectes
ment, sans interruption d’approvisionnement
en matériaux de construction congolais dans la plupart des grands chantiers en
L’autre chantier en exécution, de moindre cours dans le pays. Explications.
ampleur, est le barrage de Liouesso sur la
rivière Lengoué, dans le département de la Congo Economie : Comment est organisée congolais reconnu comme tel. Il s’agit de M. ce sont des architectes français ou euro-
Sangha, dont la première pierre a été posée la communauté des architectes du Congo ? Edouard Moukengue Milondo. Et, par ordre péens qui travaillaient au Congo, tant pour
en mai 2012. A ce jour, cette infrastructure J.F. Demba-Ntelo : La communauté des d’arrivée, je suis le deuxième, rentré de l’Etat que pour le privé, et cela pratiquement
qui devra produire 19 mégawatts est exé- architectes nationaux congolais remonte aux France en 1976. Vous remarquez que l’Etat jusqu’au début des années 80.
cutée, normalement et sans encombres par environs des années 1975, avec le retour de congolais a accusé un grand retard dans la Au cours de la décennie 1980, plusieurs
China Ghezouba Group Company Limited formation, en France, du premier architecte formation des cadres architectes. Avant cela, jeunes architectes congolais formés à
40 congo économie - N°3 - avril 2014 Dossier

l’étranger – en France, Italie, Algérie, ex-URSS et Cuba – Congo Economie : Comment s’est organisée la profession lais de s’y inscrire. Elle l’impose également à tout architecte
sont rentrés au pays. En une dizaine d’années, plus d’une du point de vue privé ? étranger venant s’installer au Congo. Et pour tout architecte
vingtaine d’architectes sont arrivés. Parmi lesquels Ntsatou J.F. Demba-Ntelo : Au fil des ans, d’autres architectes sont étranger venant exécuter un chantier ou réaliser un projet au
Ignace, Claude Alphonse Silou (actuel ministre en charge arrivés et se sont installés ; les uns à leur compte, d’autres re- Congo et non inscrit à l’ordre, de s’associer à un architecte
de l’Habitat), Norbert Mbila, Eugène Mbemba, etc. En- crutés par la fonction publique. Avec l’avènement de la démo- congolais. C’est un dispositif qu’on retrouve dans plusieurs
semble nous avons impulsé une nouvelle dynamique à la cratie, et donc la libéralisation, j’ai personnellement initié la pays. C’est non seulement pour protéger la profession, mais
profession, notamment avec la création en 1978 du CRETH création de l’Ordre national des architectes, au moment où je aussi le marché du bâtiment dans le pays, et peut-être égale-
(Centre de recherches et d’études techniques de l’habitat), suis devenu ministre des Travaux publics, de la Construction ment le transfert de technologie.
qui fut une innovation. C’était un grand cabinet de l’Etat et de l’Urbanisme, sous le gouvernement d’André Milongo,
où se concevaient l’architecture de l’ensemble des édifices pendant la Transition, en 1991-92. J’ai donc introduit une loi Congo Economie : Vous êtes retraité de la fonction pu-
publics, et aussi les plans directeurs des villes, avec l’assis- créant l’Ordre national des architectes du Congo. blique et vous tenez un cabinet privé, êtes-vous satisfait de
tance française. Le CRETH était sous ma direction en 1978. Au terme de cette loi n°013-92 du 29 avril 1992, il est créé un l’exercice de cette profession au Congo ?
Il fut remplacé par l’actuel BEBTP (Bureau d’études des Ordre des architectes du Congo dont le but est d’organiser, de J.F. Demba-Ntelo : Je ne peux pas dire que je suis vrai-
bâtiments et travaux publics) en 1989. Nous étions dans un promouvoir la profession d’architecte et d’en contrôler l’exer- ment satisfait parce que la loi n’est pas respectée. Je le dis
système dit communiste, l’Etat était le seul employeur de cice. Cette loi met en place un Conseil national de l’Ordre sans langue de bois. On observe dans notre pays que les
tous les architectes congolais qui rentraient de formation. des architectes qui fait obligation à tous les architectes congo- architectes étrangers interviennent où, quand, et comme ils
veulent, et souvent avec le silence des pouvoirs publics. Re-
gardez tous les grands bâtiments qui se construisent en ville
comme dans les départements. Cela se fait sans le respect de
la contrainte édictée par la loi. Les architectes étrangers arri-
vent, exécutent des projets et repartent sans observer les dis-
positions prévues par la note d’application de la loi. Celle-ci
prévoit, en ses articles 8 et 9, que l’Ordre des architectes
soit associé par les pouvoirs publics à toutes les questions
d’aménagement du territoire, de grandes infrastructures,
etc. Hélas, ce n’est pas le cas. L’architecte étranger qui veut
s’installer et exercer au Congo doit s’inscrire à l’Ordre des
architectes et remplir les conditions afférentes. Un archi-
tecte étranger qui vient uniquement pour réaliser un projet
doit donc s’associer à un architecte congolais.

Congo Economie : Quels sont les grands problèmes aux-


quels les architectes congolais sont confrontés ?
J.F. Demba-Ntelo : Le premier problème concerne l’orga-

Ofis
nisation du marché du bâtiment au Congo, organisé en deux
secteurs : public et privé. La loi sur l’ordre s’impose aux deux
secteurs. Tout promoteur ou bâtisseur d’un édifice public
ou privé est tenu de passer par un cabinet d’architecte. Mal-
heureusement, la loi n’est pas respectée. Il y a un problème
culturel à surmonter dans ce sens que, depuis longtemps, le
Congolais en général ne fait pas recours à un architecte pour
concevoir les plans de sa maison. Chacun dessine son plan tel
qu’il veut et recrute des maçons qui l’exécutent, avec tous les
risques imaginables. L’architecte est donc contourné, pour ne
pas dire ignoré dans la construction de nos maisons.
Le deuxième problème, qui est inadmissible, c’est le dé-
sordre au niveau des pouvoirs publics. Dans une grande
majorité des projets qui se réalisent actuellement dans le
pays il n’y a pas, ou très peu, d’architectes congolais qui y
participent. On peut encore admettre cette ignorance des po-
pulations qui ne consultent pas un architecte pour construire
leur maison. Mais on ne pourrait passer sous silence cette
pratique de l’Etat qui déroge à cette disposition de sa propre
loi. Très peu d’architectes congolais participent à l’œuvre
de construction engagée dans le pays. Ce n’est pas normal.
C’est un manque à gagner pour les architectes congolais qui
sont au chômage par manque d’activités ou de marchés.
Par ailleurs, les grands projets devraient faire l’objet d’un
concours d’architecture, avec exposition publique des ma-
quettes. C'est-à-dire mettre en compétition plusieurs cabinets
d’architectes pour qu’on puisse avoir l’excellence même des
projets, choisir les meilleurs, et aussi avoir la maîtrise des
coûts. C’est ce qui s’est fait à l’époque pour les bâtiments de
l’ancienne banque BCC, la BDEAC, etc. Regardez les bâti-
ments que proposent actuellement les Chinois ; à quelque
chose près, ils se ressemblent tous. Les Chinois reproduisent
presque les mêmes plans, des bâtiments qui se ressemblent
et avec une qualité de matériaux qu’on peut quelquefois re-
mettre en cause. La variété, l’esthétique, et donc la beauté du
paysage de la ville sont sacrifiés. On pouvait éviter cela s’il y
avait compétition.

Congo Economie : il y a donc un problème d’accès aux


marchés publics pour les architectes congolais… ?
J.F. Demba-Ntelo : Au moment où il y a de grands travaux
dans le pays, l’Etat a malheureusement jeté son dévolu sur
des projets clés en mains, où l’entrepreneur arrive avec son
architecte, ses plans, et parfois même avec ses ouvriers.
Du coup les architectes congolais, ou installés au Congo,
sont exclus du marché, et quasiment de tout le processus de
construction du pays. L’Etat devrait revoir cet état de chose.
Propos recueillis par Jean de la Haute
42 congo économie - N°3 - avril 2014 Emploi - Formation Emploi - Formation congo économie - N°3 - avril 2014 43

de suivre un enseignement de qualité, gra- « cours en ligne ouvert et massif »), et qui attirent de plus
tuit, et d’inscrire ensuite l’obtention d’un en plus de jeunes (ou de moins jeunes) pour se former, Philantropie ou intérêt à terme ?
certificat de ces établissements sur son ont le vent en poupe.
CV. Puisqu’il est délivré par un établis-
sement prestigieux, ce certificat est une Un Mooc, qu’est-ce que c’est ? Les dispositifs mis en place par les universités pour assurer les cours dispensés par le biais des Mooc supposent
véritable plus-value pour celui ou celle Mais attention, tous les Mooc ne sont pas d’une qualité bien entendu des surcoûts assumés par les ressources de ces mêmes établissements, et en premier lieu par…
qui l’a obtenu. Et au-delà de cet acquis, équivalente. Cela va de la simple vidéo mise en ligne à les inscriptions des étudiants sur le site. Une situation qui ne va pas sans faire réagir certains, dont Diana Lau-
la démarche souligne la curiosité de l’étu- des modules de cours très structurés. Sur certains d’entre rilard, spécialiste de l’apprentissage par les technologies numériques à l’université de Londres. Citée par notre
diant et sa motivation pour progresser. eux, les étudiants peuvent intervenir et enrichir le cours confrère Courrier international*, elle souligne que « les étudiants des campus qui paient leur inscription plus de
(ils peuvent poser des questions en temps réel, prendre 9 000 livres [environ 10 700 euros] méritent de bénéficier de ce genre d’innovation depuis dix ans », tout en
Facile d’accès et gratuit des notes, enregistrer la vidéo, étudier des Powerpoint, ajoutant : « Je ne vois pas pourquoi ils se ruineraient pour payer l’éducation des autres ! » Du côté des facultés,
Le Net a ceci de « magique » qu’il suffit travailler sur des Wikis…). La principale différence qui on considère que le système permet de renforcer la visibilité et le prestige de leur « marque » et qu’il contribue

Le défi de la
d’avoir une connexion et une adresse mail existe entre un Mooc et un cours en ligne est sa dimension à renforcer leur stratégie d’internalisation.
pour suivre ces cours et, mieux encore, communautaire puisque des milliers d’étudiants, répar-
se comporter comme si l’on se trouvait tis sur l’ensemble du globe y assistent. Nulle obligation N° 1221, du 27 mars au 2 avril 2014.
dans une véritable salle de classe. Les ins- de tous les contacter ! Vous n’entrez en relation qu’avec H. A.
crits peuvent créer des groupes de travail, celles et ceux qui ont les mêmes sujets d’apprentissage ;
échanger à travers des forums de discus- selon votre convenance, vous pouvez interagir, collabo-

formation par le Net


sion, ou encore préparer leurs examens rer. L’entraide entre les participants est un élément essen-
– qui sont identiques, le plus souvent, à tiel du Mooc. Cela change également le rapport à l’ensei-
ceux que l’on passe dans les campus – gnant omniscient : il devient un collaborateur, au même
ensemble. Il n’y a généralement aucune titre que les élèves. Son travail consistera aussi à surveil-
sélection pour s’inscrire. ler la qualité des réponses et à apporter, éventuellement,
Ces cours en ligne sont soit directement des compléments d’information ou des améliorations aux
proposés par le site de l’université, soit sur réponses énoncées par les autres participants. Ces der-
des plateformes comme Udacity, Course- niers ne constituent d’ailleurs pas une masse uniforme.
ra, edX… ; ces dernières enregistrent déjà En effet, s’inscrivent à des Mooc de futurs étudiants qui
plus de trois millions d’étudiants inscrits. souhaitent se familiariser avec un domaine, des anciens

S
Ils existent depuis 2008 aux Etats-Unis, mais ils uivre les cours de Harvard ou de Les meilleurs enseignants sont désormais qui veulent réactualiser ou approfondir leurs connais-
Princeton sans bouger de chez à portée de clic… à condition bien sûr sances, des professionnels qui ont besoin d’acquérir
commencent tout juste à se faire connaître sur les soi, où que l’on se trouve sur que l’on maîtrise la langue de l’université des compléments de savoirs pour aborder de nouveaux
autres continents. De quoi parle-t-on ? D’une révo- la planète, c’est possible. In- d’origine ! Déjà, un véritable réseau mon- projets, de simples néophytes curieux… C’est donc une
croyable. Certains dépensent des fortunes dial regroupant des dizaines d’établisse- nouvelle façon d’apprendre qui s’élabore, un nouvel outil
lution dans le monde de l’enseignement supérieur : pour régler leurs inscriptions et obtenir ments, des centaines d’enseignements, pédagogique basé sur l’échange.
des cours prodigués par les plus grandes universi- un diplôme prestigieux quand d’autres se des cours magistraux qui abordent tous
tés via Internet et ouverts à des centaines de mil- satisfont de suivre des cours en ligne… les domaines de la connaissance est en Des certifications intéressantes
Certes, on n’obtient pas le même diplôme, place… En bref, ce que l’on appelle les L’autre intérêt des Mooc est d’offrir un suivi de la per-
liers d’étudiants de par le monde. mais il est toutefois aujourd’hui possible Mooc (massively open online courses, ou formance de l’étudiant. Attention, il n’est pas question
de diplôme, mais bien de certificat. Il s’agit en général
de suivre cet apprentissage en passant des tests chaque
semaine, puis un examen final, ou encore en rendant des
travaux écrits. Certes, il peut être difficile de faire recon-
naître le sérieux des certificats délivrés compte tenu de
l’anonymat des internautes. En effet, l’identité des per-
sonnes inscrites n’est pas vérifiée. Raison pour laquelle
un organisme, Pearson VUE, présent dans 170 pays,
permet de passer des tests automatisés sous le contrôle
d’examinateurs présents physiquement. Cela garantit
une authenticité recherchée par certains employeurs,
mais elle a évidemment un coût. Si les Mooc sont gra-
tuits, certains sites font payer leur certification (y compris
lorsqu’elles se font en ligne).
Les Mooc connaissant un véritable succès, d’autres pro-
grammes que ceux proposés par les plateformes d’uni-
versités anglo-saxonnes ont été créés, comme en Inde,
IINGÉNIERIE ET ACTIONS DE FORMATION IÉTUDES ET ANALYSE DE PROJETS IASSISTANCE TECHNIQUE en Espagne, en Allemagne… En France, certaines écoles
d’ingénieurs ont ouvert des sessions comme Centrale
• Formation sur-mesure ; • Études de faisabilité de projets ; • Assistance au processus de passation des marchés ; Lille, Polytechnique, Télécom Bretagne, mais aussi cer-
taines universités comme Lille-1, ou encore des écoles de
• Formation à la carte ; • Études d’impact environnemental et social de projet ; • Maîtrise d’oeuvre de projets et programmes de commerce aussi prestigieuses que HEC. L’Afrique s’in-
• Formation-Action ; • Études socio-économiques des projets et filières ; développement ; téresse de près aux Mooc, et pas seulement du côté des
• Formation inter et intra-entreprises ; • Maîtrise d’ouvrage déléguée ; étudiants. Ainsi, l’université Cadi Ayyas de Marrakech,
• Analyse de politiques et programmes de
• Analyse des besoins de formation ; • Assistance à maîtrise d’ouvrage ; au Maroc, a été pionnière dans la mise en ligne de Mooc
développement ; en 2013.
• Élaboration de plan de formation ; • Assistance à la définition et à l’élaboration de
• Évaluation des actions de formation. • Évaluation et audit des projets et actions de projets/programmes ;
développement. • Appui institutionnel et organisationnel.
Pour retrouver la liste des plates-formes :
https://www.class-central.com
Liste des Mooc francophones :
mooc-francophone.com

Hamid Affalou

Congo
44 congo économie - N°3 - avril 2014 Région Pays congo économie - N°3 - avril 2014 45

La Lékoumou : Vers un nouveau


Des évolutions qui vont susciter
de nombreux intérêts
Un boom économique se dessine donc
déjà dans ce département, notamment
son chef-lieu Sibiti, désormais facile à

un développement sur miracle ivoirien ?


rejoindre par Loudima, à partir de l’axe
routier Pointe-Noire/Brazzaville. Sibiti,
avec ses rues poussiéreuses, commence à
offrir un nouveau visage grâce aux chan-
tiers de la municipalisation accélérée en

fond de minerai de fer


cours. Pour la première fois, les rues de
la ville, notamment la place publique dite
de la Concorde, reçoivent leurs couches
de bitumes. Un nouvel éclat ! « La ville
de Sibiti change de physionomie. Bientôt
certains bâtiments du centre-ville laisse-
ront la place à des édifices administratifs
modernes, à l’instar de l’hôtel de ville et
du conseil départemental », s’est exclamé
un confrère.
Hélas cette municipalisation, ou plutôt
cette urbanisation accélérée, a son revers.
Elle va à coup sûr conforter la Lékoumou,
et surtout son chef-lieu Sibiti, dans un
Le département de la Lékou- triste record ; celui du taux de prévalence
du sida le plus élevé du pays : 9% en 2005, De l’indépendance à nos jours, l’histoire
mou, jusque dans un passé ré- et actuellement un peu plus de 6% de la
cent, ne faisait guère parler de population qui est séropositive. de la Côte d’Ivoire a alterné les plus
lui. Mais les choses ont changé Une autre curiosité de la région, c’est la grandes espérances et les pages les plus
présence des peuples autochtones com-
depuis bientôt trois ans avec le munément appelés pygmées. Habitant la
sombres. Au moment où le pays renoue
développement et l’exploitation forêt, ils font l’intérêt des touristes. Mais avec une certaine stabilité politique, re-
la destruction de leur habitat naturel, du tour sur cet itinéraire mouvementé et
imminente du gisement de fer fait de l’exploitation forestière, les pousse
de Zanaga, et les grands travaux à sortir. Il n’est plus nécessaire de s’enfon- décryptage des atouts qui pourraient lui
de la municipalisation accélérée, cer dans la profondeur des forêts pour les permettre de retrouver son lustre d’antan.
rencontrer. Nombre d’entre eux cohabitent
engagés en prélude de la fête maintenant avec les Bantous et épousent
nationale de l’Indépendance, à pour ainsi dire la culture moderne, au
grand dam des amateurs d’exotisme.
Sibiti, le 15 août prochain. Au-delà des travaux engagés à l’occasion

V
de la municipalisation accélérée et dont ous avez dit miracle ? Force est juillet 1989, dans l’espoir de forcer les cours
profitent déjà de nombreuses entreprises de constater que les performances La Côte d’Ivoire en chiffres mondiaux à augmenter, mais sans résultat.
du secteur BTP, la région de la Lékoumou économiques de la Côte d’Ivoire Trois mois plus tard, la Côte d’Ivoire finit
va vraiment faire parler d’elle, ou plutôt dans les années 1960 et 1970 par se résigner à liquider son énorme stock

D
ans l’esprit des Congolais, évo- dustries, Foralac, Bois tropicaux du Congo tifères. Le BRGM (Bureau de recherches va beaucoup plus intéresser les hommes n’avaient pourtant rien de surnaturel. En de cacao aux grands négoces.
• Croissance PIB 2013 : 8,5% (9,8% en 2012)
quer la Lékoumou renvoie à (BTC), Sipam, etc. Et aussi l’arrivée de géologiques et minières) estime chaque d’affaires lorsque entrera en production effet, tout est alors réuni pour lui permettre
l’image de cette région restée sociétés asiatiques telles Sicofor, Asia année à 14% la production diamantifère l’exploitation du fer du district de Zana- de réussir sa destinée post-indépendance. • Inflation 2013 : 1,7% (1,3% en 2012) Une difficile succession politique
longtemps enclavée, située au Congo Industries, etc. Soit un ensemble de originaire du massif du Chaillu, donc de la ga. Ce sera à la fin de l’année en cours. Un bon équilibre entre des investissements • Population : 22,8 millions hab. Toutes ces désillusions annoncent aussi la fin
sud-ouest du pays et dont le chef-lieu est 3 500 hectares en exploitation. région de la Lékoumou. Et plus encore, lorsque les routes reliant publics judicieux, un secteur privé actif et la • Répartition PIB par secteurs d’activité (est. 2013) de vie d’Houphouët-Boigny, affaibli par la
Sibiti, une bourgade perdue dans le mas- l’ensemble des cinq districts seront ache- présence d’investissements étrangers. Ajou- - primaire : 26,3% maladie qui finira par l’emporter en décembre
sif forestier du Chaillu (900 m) à un peu Du fer, mais aussi du diamant vées, dans deux ans au maximum. tez à cela un Etat fort incarné par son leader - secondaire : 21,3% 1993. C’est Henri Konan Bédié, président de
plus de 350 km de Brazzaville. On compte Mais de plus en plus, la région fait par- charismatique, Félix Houphouêt-Boigny, - tertiaire : 52,4% l’Assemblée nationale, qui assure l’intérim à
cinq districts dans ce département : Sibiti, ler d’elle au niveau international grâce Jean Banzouzi Malonga sans oublier le fameux binôme du café-ca- la mort de père de l’indépendance ivoirienne,
• Principaux partenaires d’exportation (est. 2012)
Komono, Zanaga, Bambama et Mayéyé. au projet du minerai de fer de Zanaga, cao à une époque où les cours sont au plus avant d’être investi par les urnes en 1995. Du
Les paysages y sont splendides, particu- de classe mondiale, avec des ressources haut. Un constat qui conduit le chef de l’Etat - Pays-Bas (8,8%), Etats-Unis (8,1%), Nigeria 8%, bilan de sa présidence, on retient notamment
lièrement au bord du fleuve Ogooué, long prouvées de 6,8 milliards de tonnes (32% ivoirien à créer la célèbre Caistab, cette Allemagne (7,5%), France (4,5%), Canada (4,2%) le concept de l’« ivoirité » qu’il va chercher
de 900 km, qui prend sa source dans les Fe) pour des réserves de 2,5 milliards de caisse de stabilisation et de soutien des prix • Principaux partenaires d’importation (est. 2012) à promouvoir. Une notion selon laquelle une
monts Ntalé pour s’écouler vers le Gabon tonnes (34% Fe). Il est exploité par MPD Les chantiers de la municipalisation des productions agricoles, chargée de la ges- - Nigeria (25%), France (11%), Chine (7,2%) personne ne serait ivoirienne qu’à la seule
voisin, qu’il traverse d’est en ouest. Il per- Congo SA, une filiale du non moins cé- accélérée devraient aussi améliorer tion des filières du café, du cacao, mais aussi condition que son père et sa mère le soient
met l’observation de chutes merveilleuses lèbre Glencore. Les dernières études ont les réseaux d’assainissement. du coton. Son rôle ? Assurer une sorte de également ; concept qui va s’avérer une vé-
et de ponts en lianes impressionnants. mis en évidence l’intérêt d’un développe- variable d’ajustement entre les producteurs ritable bombe à retardement. Il s’agit aussi
Les cultures principales sont la banane, le ment de ce projet par étapes. La première et les négociants afin de stabiliser les cours. de couper l’herbe sous le pied à son princi-
manioc, l’arachide, le café, le maïs et le conduira MPD à produire, d’ici fin 2014, De quelle manière ? L’organisme achète aux tives et sociales font de la Côte d’Ivoire un Un malheur n’arrivant jamais seul, une ter- pal rival, Alassane Ouattara, ancien Premier
palmier à huile, dont les noix sont trans- environ 12 millions de tonnes par an de producteurs sur la base d’un tarif déterminé pays qui compte sur le continent. Reste que rible sécheresse s’abat sur le pays en 1983, ministre d’Houphouët-Boigny et montré du
formées sur place. minerai concentré et également jusqu’à 2 à l’avance et stocke cette production avant ce modèle souffre d’un mal qui va lui être ravageant 250 000 hectares de cultures de doigt pour l’origine présumée burkinabée de
Pendant la période coloniale, on y rencon- millions de tonnes par an de minerai direc- de la vendre, ce qui permet de lisser les bien préjudiciable à l’orée des années 1980. café et de cacao. Le « Vieux », tel qu’on sur- son père. Une chose est sûre, le climat se tend
trait à grande échelle des plantations de tement exportable (DSO). cours puisque la vente intervient tout au long L’économie ivoirienne dépend fortement de nomme Houphouêt-Boigny au pays, a beau et le pays passe souvent sous les fourches
palmier à huile et surtout d’hévéa, initiées La deuxième étape est une expansion à de l’année et non au seul rythme des saisons. l’extérieur et de la volatilité des cours des parvenir à un accord ponctuel avec les négo- caudines des organismes internationaux,
par l’Institut français de recherches pour 30 ou 40 millions de tonnes par an de la Rapidement, cette garantie de revenus per- matières premières agricoles. En outre, elle ciants et industriels internationaux, celui-ci notamment de l’Union européenne qui lui re-
les huiles et oléagineux. Ici était installée la production de minerai concentré. Après met à bon nombre de producteurs de s’enri- présente des inégalités de productivité dans fait long feu. Le secteur semble avoir mangé proche des problèmes de gouvernance dans le
première école d’agriculture de l’Afrique toutes les études de faisabilité, aujourd’hui chir et de développer leurs exploitations. ses différents secteurs. Des erreurs de ges- son pain blanc, même si la Caistab continue cadre de projets qu’elle a financés. En interne,
équatoriale française (AEF). Hélas, après achevées, ce sont les travaux d’ingénierie tion et l’accroissement des dettes de l’Etat d’acheter aux planteurs locaux à des prix qui la montée en puissance des conflits sociaux,
l’indépendance, les gouvernants du jeune qui sont en cours. Le projet devrait en- Heurs et malheurs vont finir par sonner le glas du modèle ivoi- s’élèvent à plus du double de ceux pratiqués mais aussi politiques, avec l’incarcération de
pays n’ont pu maintenir les installations… trer en production au troisième trimestre du binôme café-caco rien. La chute brutale des cours mondiaux sur le marché… endettant considérablement plusieurs leaders de l’opposition, met le feu
Des terres de cette contrée ne sortent plus 2014. Mais si on ne parle maintenant de Durant les deux décennies qui suivent l’in- du café et du cacao en 1978 est un premier les finances du pays. En mai 1987, la dette aux poudres. A tel point que la décennie 90
que des cultures vivrières : arachide, ma- la Lékoumou et de son chef-lieu Sibiti dépendance, la plupart des indicateurs sont coup d’arrêt important, et le boycott de ces extérieure de la Côte d’Ivoire atteint 10 mil- se termine à l’aune d’un drôle de réveillon :
nioc, banane, etc. Du point de vue écono- qu’en termes d’exploitation imminente du donc au vert, avec des taux de croissance du cours, via l’instauration d’une tarification liards de dollars, ce qui amène le pays à sus- le 24 décembre 1999, un coup d’Etat place
mique, l’exploitation forestière constitue fer, on retiendra aussi que les districts de PIB annuels entre 7 et 10%. Le niveau de propre, ne fera qu’accentuer les pertes du pendre unilatéralement les remboursements le général Robert Gueï à la tête du pays, en
la principale activité de la Lékoumou, avec Bambama, Komono et Zanaga sont égale- vie de la population progresse et le dévelop- secteur (estimées à 500 milliards de francs de la dette. Comme un dernier coup de po- tant que président du Comité national de salut
comme principaux opérateurs Taman In- ment connus pour être des zones diaman- pement des infrastructures sanitaires, éduca- CFA pour la seule période 1980-1982). ker, les exportations de cacao sont gelées en public de la République de Côte d’Ivoire.
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L’indispensable réforme du cacao sur la période 2012-2015. La contribution près d’Abidjan, produit à elle seule environ
Depuis la suppression de la Caistab dans de l’Etat ivoirien est évaluée à 195,86 mil- 30% de l’électricité de Côte d’Ivoire. Les
La culture du palmier à huile les années 1990 et la libéralisation du sec- liards FCFA, la plus grande partie, revenant travaux dont elle fait l’objet, conduits par le
est un axe central du secteur teur (encouragée, rappelons-le, par le FMI aux partenaires au développement. Au-delà groupe coréen Hyundai, permettront de por-
primaire ivoirien. et la Banque mondiale), le secteur du cacao du souhait de booster la croissance agri- ter sa capacité de 300 à 450 MW dans l’espoir
ivoirien se distingue par une grande opacité cole, l’objectif est aussi de créer de l’em- qu'elle devienne la plus puissante d’Afrique
de fonctionnement, avec une multiplicité ploi, d’assurer la sécurité alimentaire et de de l’Ouest. Le vœu des dirigeants ivoiriens
d’intervenants. Des conditions propices aux réduire le taux de pauvreté d’ici 2020, date est de faire de ce pays l’un des hubs énergé-
détournements de fonds. La réforme, initiée à laquelle le pays souhaite faire partie des tiques de la sous-région.
par le nouveau président Alassane Ouattara, pays émergents.
marque un retour à un modèle plus planifié : Un tertiaire en plein essor
« Au lieu de rémunérer le paysan en dernier, Des ressources minières En Côte d’Ivoire comme dans le reste du
il a décidé de lui réserver au moins 60 % du prometteuses monde, le secteur des services connaît un
prix international du cacao, explique San- Le potentiel minier est important en Côte développement important. Plusieurs filières
gafowa Coulibaly, le ministre ivoirien de d’Ivoire mais il est encore peu exploité. tirent l’activité, notamment les télécoms, où
l’Agriculture. L’Etat et la structure de ges- Le secteur ne participe qu’à 1% du PIB et six opérateurs se partagent un marché domi-
tion paritaire centralisée, où siègent les re- sa contribution à l’emploi (3 000 emplois né par Orange CI, devant MTN et Moov. A
présentants de la profession, ne peuvent pré- directs estimés) et aux ressources fiscales est noter que le gouvernement ivoirien a renfor-
lever plus de 22 % de ce prix pour supporter assez faible. La volonté d’attirer les investis- Les activités minières cé le cadre réglementaire du secteur des TIC
les frais de gestion. Les 18% restants sont af- sements privés nécessite un cadre législatif présentent des marges de en mettant sur pied un nouvel organe de ré-
fectés à la rémunération de ces différents ac- adapté aux évolutions du secteur. Dans cet développement importantes. gulation, l’Agence de régulation des techno-
teurs. » Pour autant, le vieillissement du ver- esprit, le Code minier, qui datait de 1995 a logies de l’information et de la communica-
ger ivoirien (délaissé pendant une décennie, été amendé en octobre 2013. Par ailleurs, si malheureusement, l’économie nationale n’en multiplie l’exploration et la prospection de tion. Le secteur bancaire demeure quant à lui
sa régénération nécessite de cinq à dix ans) et les données géologiques sont encore insuf- profite pas. gaz naturel dans le bassin sédimentaire ivoi- l’un des plus performantes de la sous-région,
le développement du swollen shoot (maladie fisantes, des gisements importants ont été rien pour mettre à jour des découvertes. Il vise dominé par la Société générale des banques
qui détruit les cultures) sont de réels sujets découverts dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Pétrole et gaz, les 250 millions de pieds cubes au terme de de Côte d’Ivoire (SGBCI), avec son réseau
de préoccupation. Par ailleurs, des planteurs Il s’agit principalement des gisements de fer, un potentiel à développer l’année 2014 grâce à l’entrée en production de 67 agences, dont 45 à Abidjan et 22 en
installés illégalement dans des forêts classées de nickel, de nickel associé au cuivre et au L’essor du secteur des hydrocarbures est ré- de nouveaux puits gaziers. De surcroît, la province. Ecobank, présent en Côte d’Ivoire
Les années de guerre ont été expulsés, ce qui a mécaniquement chrome et de gisements du groupe des pla- cent en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne l’or relance du projet de gazoduc entre Takoradi, comme dans 32 autres pays africains, se
C’est donc un régime inédit qui inaugure Alassane Ouattara, diminué les surfaces cultivées. Une chose est tines et même de scandium. Toujours dans noir, durant les premières années de l’indé- au Ghana, et Assinie, sur la côte ivoirienne, positionne comme un challenger de taille.
ce nouveau millénaire. Souhaitant restaurer garant d’une concorde sûre, la richesse que recèle le cacao ivoirien l’Ouest du pays, le mont Klahoyo-Tia recèle pendance, l’option choisie a consisté à impor- est également à l’ordre du jour. D’autres institutions comme NSIA Bank, la
l’ordre de quelque manière que ce soit, le civile toujours fragile. renvoie à une question qui concerne aussi des gisements de fer estimés à 1,2 milliard ter du pétrole brut, raffiné sur place par la So- La Côte d’Ivoire a intégré, en octobre 2012, Banque atlantique de Côte d’Ivoire (Baci),
général Gueï instaure une nouvelle Consti- l’exploitation d’autres matières premières : de tonnes, et le mont Gao en contiendrait 1 ciété ivoirienne de raffinage (SIR). Puis vint l’Union internationale de l’industrie du gaz la Banque internationale pour le commerce
tution, indique vouloir endiguer la corrup- celle de la transformation locale. Et pour pe- milliard de tonnes. En ce qui concerne l’or, la découverte des premiers puits de pétrole (UIG), l’équivalent de l’Opep pour le gaz, et l’industrie de Côte d’Ivoire (Bicici) et la
tion et la criminalité, qui ont fleuri dans ce ser davantage sur les échanges mondiaux, le la Côte d’Ivoire exploite quatre mines d’or, dans les années 1970. Si la Côte d’Ivoire fait devenant ainsi le premier pays de l’Uemoa Société ivoirienne de banque (SIB) – détenue
contexte de crise économique, par tous les pari d’une politique commune avec le voisin dont la dernière vient d’être inaugurée à aujourd’hui partie des pays qui présentent de et le second de la zone Cédéao à rejoindre par le groupe marocain Attijariwafa Bank –
moyens. Le militaire espère ensuite acquérir ghanéen, numéro deux mondial, reste d’ac- Agbaou, à 200 km au nord d’Abidjan. Avec gisements pétroliers et gaziers relativement cette organisation après le géant nigérian. La occupent également une place de choix.
une légitimité par les urnes lors des élections tualité, même si ses modalités d’application ses 35 tonnes de réserves estimées, elle est importants, leur exploitation évolue à un Côte d’Ivoire peut également compter sur Le secteur des assurances est aussi très actif,
présidentielles d’octobre 2000. C’est cepen- demeurent encore floues. détenue à 85% par l’entreprise canadienne rythme cadencé. Selon les dernières estima- un parc énergique essentiellement constitué avec plus de trente sociétés présentes sur un
dant Laurent Gbagbo, du Front populaire Endeavour Mining Corporation, à 10% par tions transmises par le gouvernement ivoirien de barrages hydroélectriques et de centrales marché dominé par Colina SA. A noter éga-
ivoirien (FPI), qui remporte ce scrutin dont Un secteur primaire incontournable l’Etat de Côte d’Ivoire et 5% par la Société début mars, la production pétrolière est esti- thermiques qui fonctionnent au gaz naturel. lement, le développement des activités de
Alassane Ouattarra et Henri Konan Bédié L’agriculture occupe toujours une place pour le développement minier de la Côte mée à 37 000 barils par jour. Une production Actuellement, la centrale thermique d’Azito, bancassurance. C’est le Groupe NSIA qui
ont été exclus sur décision de la Cour su- essentielle dans l’économie ivoirienne. d’Ivoire (Sodemi). Elle vient s’ajouter à que les autorités aimeraient voir rapidement
prême. Le général Gueï conteste le résultat et Elle emploie 70% de la population active, celles d’Ity (Ouest), de Tongon (Nord) et de augmenter à 80 000 barils/jours, mais qui
s’autoproclame président de la République. sa contribution au PIB local est estimée à Bonikro (Centre-Ouest). demeure modeste en comparaison de celle du L’exploitation des
Des manifestations s’ensuivent ; réprimées 27% et elle représente 60% des recettes Quant au diamant ivoirien, il faut rappeler premier producteur africain, le Nigeria, avec hydrocarbures évolue
dans le sang, elles feront plus de 300 morts. d’exportation. Le secteur est assez diversi- qu’il a fait l’objet de nombreux trafics, y com- ses 3 millions de barils/jour. à un rythme cadencé.
En dépit du Forum de réconciliation de 2001 aériens militaires ivoiriens. La tension est Pour l’équipe d’Alassane Ouattara, il est fié – cacao, café, anacarde, oléagineux, riz, pris dans le financement de la crise qui a se- Le marché national de la distribution et de
– auquel participent les principaux protago- alors à son paroxysme et plusieurs milliers nécessaire de restaurer un environnement maïs, fruits, etc. – et repose sur des petites et coué le pays depuis les dix dernières années. la commercialisation des produits pétroliers
nistes de la vie politique ivoirienne – le pays de ressortissants étrangers, dont une majo- administratif et bancaire trop peu propice moyennes exploitations familiales comme En décembre 2005, estimant que l’argent issu a toujours été l’affaire des multinationales.
retombe dans le conflit armé lorsque, le 19 rité de Français, sont contraints de quitter aux affaires, mais aussi de réhabiliter des sur de grandes plantations industrielles. de l’exploitation des mines par les chefs de Mais depuis quelques années ce secteur enre-
septembre 2002, des soldats rebelles tentent la Côte d’Ivoire. Il faudra attendre 2007 et infrastructures vieillissantes. C’est le cas du Dans les années 1990, l’application des pro- guerre dans le nord de la Côte d’Ivoire servait gistre une plus forte présence des entreprises
de prendre le contrôle d’Abidjan, la capi- de nouveaux accords de paix signés à Oua- réseau téléphonique, des routes, des ports grammes d’ajustement structurel a conduit à financer des groupes armés, le Conseil de ivoiriennes. Vu les réformes dans l’environ-
tale économique, de Bouaké, au centre, et gadougou pour que la situation s’apaise. et de l’acheminement de l’énergie dans de au désengagement de l’Etat et à l’arrêt du sécurité des Nations unies décide d’imposer nement des affaires et le développement de
de Korhogo, au nord du pays. La tentative Ces accords vont permettre l’avènement nombreuses zones du pays. Pour relever ces financement de nombreux programmes de un embargo sur l’exportation du diamant brut la croissance économique, l’intérêt pour ce
échoue à Abidjan, mais les rebelles s’empa- d’un gouvernement « paritaire », avec huit défis, le soutien des bailleurs de fonds est développement des filières. De fait, l’acti- ivoirien. Malgré la fin de la crise et le retour segment d’activité devrait s’amplifier. Quant
rent de ces deux dernières villes et créent ministres du FPI de Gabgbo, autant pour indispensable. La mission du FMI qui sé- vité agricole ivoirienne dépend beaucoup à l’ordre politique, le pays ne peut commer- à la production de gaz naturel, elle a doublé
de fait une sorte de partition du pays. Une les Forces nouvelles, les autres portefeuilles journe en Côte d’Ivoire en septembre 2011 de l’appui direct de grands groupes agro- cialiser et industrialiser sa production de dia- entre 2012 et 2013, passant de 110 millions
résolution de l’ONU instaure une force d’in- revenant aux représentants des autres forces pointe la nécessité de mettre en place « des industriels internationaux. C’est le cas de la mants. Les mines restent encore exploitées de pieds cubes à 220 millions. Le pays ne
terposition (Onuci) avec l’envoi de 10 000 politiques ivoiriennes. Reportée plusieurs mesures permettant d’accroître les recettes filière café-cacao, investie par des sociétés de façon artisanale et clandestinement. Ainsi, compte pas en rester là. Le Gouvernement
Casques bleus. fois, l’élection présidentielle finit par avoir publiques en élargissant l’assiette fiscale, de telles que Cargill, Callebaut, Touton, ADM,
Les Accords de Linas-Marcoussis (France) lieu le 31 octobre 2010. Au terme du second réformer le système juridique, notamment Nestlé, etc., qui participent à l’amélioration
sont signés en janvier 2003. Ils prévoient le tour, c’est Alassane Ouattarra qui l’emporte. dans le domaine des activités commerciales de la qualité des fèves et à la régénérescence
maintien au pouvoir du président Gbagbo Le candidat sortant conteste le résultat ; ce et d’améliorer l’environnement sécuritaire ». des vergers. Les banques commerciales
jusqu’aux prochaines élections, la création sera le début d’une énième crise, avec des Pour les autorités du pays, un autre objectif ivoiriennes et les institutions financières
d’un gouvernement de réconciliation natio- affrontements violents entre les partisans des est incontournable : s’alléger du fardeau de internationales ne sont pas en reste, à l’instar
nale et l’installation de soldats de la Com- deux camps et qui va se traduire par l’arres- la dette qui plombe les finances publiques. de la Société financière internationale (SFI,
munauté économique des Etats de l’Afrique tation de Laurent Gbagbo en avril 2011, puis Ce sera chose faite en juin 2012 lorsque le filiale de la Banque mondiale) qui investit
de l’Ouest (Cédéao) et de 4 000 soldats fran- le mois suivant, l’intronisation d’Alassane FMI, la Banque mondiale et le Club de Paris également dans le secteur primaire local.
çais dans le cadre de l’opération Licorne, Ouattarra en tant que quatrième président de approuvent une réduction de la dette exté- Aujourd’hui, l’agriculture ivoirienne conti-
placés entre les belligérants pour éviter une la République de Côte d’Ivoire. rieure de 64,2 % soit 8,18 milliards de dol- nue de fournir au marché mondial essentiel-
reprise du conflit. Mais la tension demeure lars. Le taux d’endettement est ainsi passé lement de la matière brute, sans valeur ajou-
et, en 2004, les rebelles décrètent l’état d’ur- Une dette publique qui entrave de 51% du PIB en 2010 à 32% du PIB en tée. Même le conditionnement approprié de
gence dans le nord du pays. En réaction, les les investissements 2013. Pour atteindre ce résultat, les institu- produits agricoles, qui confère une meilleure
forces militaires gouvernementales (Fanci) A l’issue de la crise post-électorale, le nou- tions de Bretton Woods avaient insisté sur la qualité et une durée de conservation plus
mettent en place une contre-offensive bap- veau président élu doit faire face à bien des nécessité de plusieurs réformes, parmi les- longue – et donc de la valeur ajoutée –, n’est
tisée opération Dignité. Dans ce contexte, défis. De nombreuses PME-PMI ont vu leur quelles le maintien d’une politique macro- pas maîtrisé pour la plupart des filières.
l’aviation ivoirienne bombarde la base aé- outil de production endommagé, voire dé- économique saine, la publication régulière Pour donner un nouveau coup de fouet au
rienne française de Bouaké. Les autorités truit au plus fort de la crise. Ces entreprises de données sur les finances publiques, mais primaire ivoirien, l’exécutif mise sur le Pro-
ivoiriennes plaident pour une erreur de com- réclament des dédommagements, des amé- également une réforme de la gouvernance gramme national d’investissement agricole
mandement mais la riposte française ne se nagements fiscaux, indispensables pour leur dans la filière cacao, dont la Côte d’Ivoire (PNIA) qui implique plus de 2 000 mil-
fait pas attendre, détruisant tous les moyens permettre de retrouver un peu d’oxygène. demeure le premier producteur mondial. liards FCFA d’investissements à réaliser
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privé. Le pays s’est aussi engagé dans la facilitation des formalités

Le tourisme,
et procédures administratives des opérateurs économiques (création
d’entreprises en 48 heures, délivrance de l’agrément à l’investisse-
ment en 21 jours, facilitation de l’accès aux terrains industriels), mais
n’occupe encore que la 167e place sur 189 dans le classement 2014 du

un incontournable
Doing Business sur la facilité à faire des affaires. En outre, l’image du
pays reste ternie par des années de mauvaise gouvernance. Malgré ces
difficultés, l’objectif est affiché à la manière d’un leitmotiv : la Côte South African Airways

levier de croissance
d’Ivoire veut faire partie des pays émergents à l’orée de 2020. vous invite à découvrir
D’ici là, l’eau aura beaucoup coulé sous les ponts d’Abidjan et d’ail-
leurs, au même titre que la liste des candidats à l’émergence. Quant à
les destinations touristiques
la Côte d’Ivoire, gageons que lorsque son tour viendra, il n’y aura plus de l’Afrique Australe :
lieu de convoquer le vieux mythe du « miracle » ivoirien, mais plutôt
de saluer la conséquence d’une paix retrouvée. Les ressources produites par le tourisme sont précieuses en raison des retombées qu’elles Cape - Town
Didier Bras génèrent dans de larges domaines, y compris en termes de création d’emplois, enjeu cru-
cial pour une Afrique émergente. Dans un marché hautement concurrentiel, comment dé- Johannesburg
a été précurseur en ce domaine, mais la liste des établisse- velopper des offres spécifiques au continent ? Entre difficultés structurelles et perspec- Windhoek
ments bancaires qui ont décidé d’offrir à leur clientèle un tives de développement, petit tour d’horizon du secteur.
guichet unique pour l’ouverture d’un compte et la souscrip- Victoria Falls
tion à une police d’assurance est en constante progression.
L’activité de réassurance commence aussi à être investie par Mauritius

L
des sociétés ivoiriennes, à l’image de Sonar-CI et Sereni- orsqu’on aborde la question du déve- sur les 400 000 emplois directs et indirects l’Afrique du Sud et la Tanzanie sont en
ty-SA, qui défient des organismes supranationaux tels que loppement du tourisme en Afrique, concernés par cette activité. Idem en Egypte, première ligne parmi les axes de dévelop- Livingston
Cica-Ré et Africa-Ré. c’est l’unanimité qui prévaut en ce où Hicham Zaazou, le ministre du Tourisme, pement majeurs du tourisme en Afrique au
qui concerne son potentiel, mais indiquait en janvier dernier une chute de 41% cours des cinq prochaines années. Mais l’en- Harare
L’émergence en 2020 ? aussi sa marge de progression considérable, de l’activité en 2013 par rapport à l’exercice jeu est aussi d’attirer de nouvelles clientèles.
Voilà bientôt trois ans qu’Alassane Ouattara a pris ses fonc- particulièrement en Afrique subsaharienne. précédent. Un constat d’autant plus préoc- Traditionnellement attractive auprès des an-
tions après les épisodes tragiques qui ont ponctué l’annonce Pourtant, un premier constat s’impose. Le cupant que le secteur est la première source ciennes « puissances tutellaires », l’Afrique Contactez-nous
des résultats du dernier scrutin présidentiel. En dépit des tourisme est bien en progression sur l’en- de devises du pays. Même le Maroc, qui fait aussi l’objet de convoitises de la part des ou votre agence de voyage,
poches de tension qui demeurent dans l’ouest et le nord du semble du continent. Selon l’Organisation peut s’enorgueillir d’une situation politique pays asiatiques émergents, à commencer par pour de plus amples informations
pays, la situation sécuritaire s’est améliorée. Les bailleurs de mondiale du tourisme (OMT), institution qui et sociale plus stable, a subi les contrecoups la Chine. Mais si les programmes de coopé- sur les « packages holiday ».
fonds internationaux se sont impliqués pour aider le pays à dépend des Nations unies, 63,6 millions de de ces bouleversements dans le monde arabe, ration économique avec l’empire du Milieu
se relever, et l’appel aux investisseurs semble entendu. Au touristes internationaux sont entrés en Afrique accusant une baisse, certes moins importante, sont légion aux quatre coins du continent,
Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire en 2012 (dont 33,8 millions pour l’Afrique mais notable, de 6,9% en 2012 et 7,1% en y compris sur le plan des investissements
(Cepici), on souligne que l’agro-industrie demeure l’axe subsaharienne), contre 17,4 millions en 1990 2011, selon les chiffres de son Haut-Commis- dans les infrastructures dédiées au tourisme,
d’investissement prioritaire, activité où les projets d’indus- (dont 6,7 millions pour l’Afrique subsaha- sariat au plan (HCP). les touristes chinois semblent bouder osten-
trialisation sont déterminants. Les secteurs de l’énergie, des rienne). Néanmoins, cette marge est à relati- siblement l’Afrique. Exception faite de
mines, de l’hôtellerie et des technologies de l’information et viser car c’est bien l’ensemble du secteur qui Des difficultés… et des sources l’Afrique du Sud et de l’Afrique de l’Est,

AGC
de la communication suscitent aussi l’intérêt des investis- est en progression dans le reste du monde, d’espoir notamment au Kenya où le ministère du
seurs. Notons par ailleurs que l’adoption, depuis juin 2012, boosté notamment par le développement Au-delà des tensions politico-sociales lo- Tourisme local se félicite d’une « croissance
d’un nouveau Code des investissements offre de nouvelles des liaisons aériennes low cost et un pouvoir cales et des programmes mis en œuvre pour notable du nombre de touristes chinois au
attractivités pour ces derniers. De même la création du tri- d’achat en hausse dans les pays émergents. A développer le tourisme sur le plan national, cours des sept dernières années », au point
bunal de commerce d’Abidjan est un signe de normalisa- titre d’exemple, la place prise par la région on observe des points d’achoppement assez de les classer « parmi les meilleurs marchés
tion dans le règlement des litiges entre acteurs du secteur Asie-Pacifique dans le marché mondial du récurrents sur l’ensemble du continent. Un émetteurs de touristes ». L’enjeu est grand
tourisme est passée de 8% en 1980 à 22% en constat acté par la Banque mondiale qui, pour le reste du continent car, selon l’OMT,
Des ports en première ligne 2000, alors qu’elle n’a évolué que de 3 à 5% dans un récent rapport**, encourage les Etats la Chine devrait compter quelque 100 mil-
en Afrique durant la même période*. à une collaboration plus étroite avec le sec- lions de touristes en 2020, contre 40 millions
Parmi les atouts dont elle dispose, la Côte d’Ivoire teur privé afin de faciliter l’accès au foncier aujourd’hui.
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compte beaucoup sur son ancrage portuaire. Du côté De l’importance de la stabilité et de simplifier les règles d’obtention des
du Port autonome d’Abidjan, après un exercice 2011 politique visas. Selon Iain Christie, l’un des auteurs de Quelles stratégies www.flysaa.com
très mauvais en raison des retombées de la crise post- Le développement du secteur touristique en ce document, « le tourisme doit faire partie de développement ? pour plus d’informations
électorale, les projets de modernisation de ses infras- Afrique est également conditionné par une intégrante de l’économie et de la structure Une autre caractéristique de l’Afrique est la sur nos produits et destinations.
tructures sont revenus à l’ordre du jour. Les travaux de image de marque écornée par des zones de étatique de chaque pays et être vu comme vigueur de son taux de croissance. Au cours
réhabilitation du port de pêche vont débuter de manière tension politiques peu propices à l’accueil des une plus-value par tous : le président, les des cinq dernières années, le PIB réel a affi-
imminente et devraient lui permettre de passer de 7 à visiteurs. Il suffit de fureter sur les sites des ministres, les citoyens ». ché une hausse moyenne de 4,9%, soit une Devenez membres
10 m de tirant d’eau, avec la création d’une unité in- ministères des Affaires étrangères de pays De son côté, Mthuli Ncube, économiste hausse plus élevée que la moyenne mondiale de notre programme de fidélité
dustrielle qui pourrait employer 4 000 personnes. Par gros pourvoyeurs de touristes pour mesu- en chef et vice-président du groupe de la de 3%. Sensibles à la bonne santé écono- « VOYAGER » afin gagner des Miles
ailleurs, depuis décembre dernier, l’appel d’offres pour rer l’importance du sacro-saint principe de Banque africaine de développement (BAD), mique des pays d’Afrique subsaharienne ces et bénéficier d’avantages distinctifs
la réalisation d’un second terminal à conteneurs sur les précaution. L’omniprésence des circuits de ajoute que pour espérer l’expansion de ce dernières années, de nombreux groupes hô- et des offres spéciales.
quais Sud a été remporté par un groupement constitué l’information a aussi pour conséquence une secteur, « il est impératif de disposer de teliers internationaux sont prêts à y investir
des sociétés APM Terminals, Bolloré Africa Logistics, surreprésentation des risques. Un état de fait meilleures liaisons aériennes, de routes et massivement pour attirer une clientèle inter-
Bouygues TP. Ce contrat de partenariat de type public- que déplorait récemment le ministre ivoirien de chemins de fer, mais aussi de garantir nationale, y compris cette classe moyenne Service clientèle SAA
privé (PPP) permettra de doter la plateforme portuaire du tourisme, Roger Kacou : « Quand un pays une plus grande ouverture des frontières et africaine qui se développe sur fond de crois- Brazzaville : 06 650 9192
d’Abidjan du plus important hub de transbordement de est en crise, les journalistes courent vers le d’améliorer le marketing pour des créneaux sance soutenue. C’est le cas de l’américain Pointe-Noire : 06 626 2616
la façade Atlantique de l’Afrique. lieu où elle se passe et en font une publicité comme les voyages écologiques et d’aven- Starwood Hotels & Resorts Worldwide
De son côté, le deuxième port du pays, à San Pedro, va avec les moyens médiatiques dont le monde ture ». Pourtant, l’optimisme semble de Inc (un des plus importants groupes hôte-
bénéficier d’investissements évalués à 1 100 milliards dispose. Par contre, quand les choses vont mise du côté de l’Organisation mondiale du liers mondiaux, avec des enseignes haut de E-mail : medhyboloko@flysaa.com
de francs CFA pour son extension et le développement mieux on ne voit plus les journalistes… » tourisme, qui a d’ailleurs organisé son ving- gamme telles que Le Méridien, Westin, She-
de ses capacités. La plupart des projets – établis selon Il n’en reste pas moins que le tourisme est tième congrès en août 2013 sur le site des raton, etc.) qui, d’ici 2020, prévoit de faire
l’étude du schéma directeur du port à l’horizon 2035 le premier exposé aux conséquences des chutes Victoria, sur le fleuve Zambèze, aux passer son parc d’hôtel africain de 37 éta-
– devraient, là aussi, être menés dans le cadre de par- conflits. Le secteur est aujourd’hui exsangue confins du Zimbabwe. L’occasion, pour son blissements à 100 unités. Dans une échéance
tenariats public-privé. La priorité est également donnée au Mali. Quant aux pays qui ont fait la une secrétaire général, le Jordanien, Taleb D. Ri- plus proche, d’ici 2015, le groupe aura ouvert
au bitumage des connexions routières reliant le port de l’actualité au moment des « printemps fai, d’affirmer que « le développement futur de nouveaux hôtels en Afrique du Nord, mais
de San Pedro à son hinterland régional. A cet effet, la arabes », ils ont toutes les peines du monde à de l’Afrique serait étroitement lié au secteur aussi au Sénégal, au Nigeria et l’Ile Maurice,
Banque africaine de développement (BAD) s’est enga- rehausser la courbe des taux d’occupation hô- touristique ». tout en étudiant de nouveaux projets d’im-
gée à soutenir la réalisation du bitumage de l’axe Odien- teliers. C’est le cas de la Tunisie où, trois ans plantations au Kenya, au Ghana, en Angola,
né-Bougouni en direction du Mali, de l’axe Danané-Nzé- après la révolution de Jasmin, on constate une Une clientèle asiatique à séduire ou encore au Rwanda et en Angola.
rékoré en direction de la Guinée, et la construction d’un chute de 30% de l’activité. Une estimation La marge de progression du secteur est Ce type d’implantation pose une question
pont sur le fleuve Cavally en direction du Liberia. basse qui se traduit par des hôtels et des com- loin d’être limitée géographiquement. Se- de fond à laquelle chaque pays doit ré-
D. B. merces fermés (notamment dans le domaine lon la Banque mondiale, des pays comme pondre en fonction de ses caractéristiques
de l’artisanat), mais aussi des répercussions le Botswana, le Cap-Vert, la Namibie, locales. Quel est le modèle de développe-
50 congo économie - N°3 - avril 2014 Afrique

ment le plus opportun ? Entre tourisme d’affaire, industrie En termes de tourisme de loisirs, les investissements étrangers faune qui a valeur de richesse patrimoniale mondiale, une
touristique de masse, et des « niches » plus à même de valo- sont plus traditionnellement enclins à se porter vers les grands flore aux caractéristiques rares, des spécificités culturelles im-
riser les caractéristiques locales, l’enjeu est de taille. ensembles hôteliers, via des structures vouées à privilégier le menses… tout est requis pour asseoir un développement por-
Le tourisme d’affaires semble un axe de développement prio- volume d’accueil. C’est le cas depuis longtemps en Afrique du teur. Mais aujourd’hui, toutes ces richesses sont d’autant plus
ritaire du secteur. Les populations augmentent à une vitesse Nord où l’approche « de masse » domine l’offre touristique. valorisées lorsqu’elles s’inscrivent dans les principes du dé-
vertigineuse dans les grandes métropoles africaines et la Au Maroc, doté d’une double façade sur l’Atlantique et la Mé- veloppement durable et de ses effets vertueux. De nombreux
vocation de ces dernières à être des pôles économiques in- diterrannée, ou en Tunisie, les grands groupes internationaux labels, nationaux comme internationaux, sont ainsi apparus,
contournables suppose une capacité d’accueil accrue pour les sont omniprésents et les formules all inclusive drainent une avec valeur de caution. Cet objectif de développement du-
conférenciers ou hommes d’affaires qui viendront du monde clientèle internationale aux ressources assez diversifiées. Mais rable est d’ailleurs édicté parmi les priorités de l’Organisation
entier. Car si la croissance se nourrit des performances du aux côtés de cette industrie touristique, bien que dominante au mondiale du tourisme, c’est-à-dire en adoptant une démarche
secteur touristique, celui-ci profite également de l’expansion regard du faible nombre de réceptifs hôteliers en Afrique sub- qui permette un usage optimal des ressources environnemen-
économique. Le cas de Pointe-Noire illustre bien cette réalité, saharienne, quelles sont les formules capables d’étoffer l’offre tales, en respectant le caractère socioculturel authentique des
où le dynamisme économique de la ville (exploitation pétro- touristique dans cette partie du continent ? communautés d’accueil et en assurant des retombées socio-
lière, nouveaux permis d’exploration minière dans la région, économiques pour le plus grand nombre. Les initiatives sont
développement du tertiaire…) a permis d’attirer une clientèle Des atouts spécifiques, des offres diversifiées nombreuses en la matière.
d’affaires en hausse, entraînant par conséquent la création de Le potentiel touristique de l’Afrique subsaharienne serait bien De longue date, des micro-structures ont essaimé, particuliè-
nouveaux réceptifs hôteliers. long à lister. Un littoral immense et souvent paradisiaque, une rement en Afrique de l’Ouest, pour accueillir les visiteurs au
cœur des villages. Des formules qui présentent l’avantage de
retombées économiques directes pour l’environnement éco-
nomique et humain in situ. Une tendance que le gouverne-
ment sud-africain a souhaité valoriser en 2011 en encoura-
geant les investissements en direction des petites, moyennes
et micro-entreprises touristiques (SMME) dans le but de
créer 225 000 emplois dans le secteur touristique à l’échéance
2020. Dans un souci de décentralisation de sa politique en fa-
veur du tourisme, la Côte d’Ivoire vient de relancer les offices
régionaux du tourisme et mis en place un projet de circuit
touristique autour du cacao. « L’or vert [le cacao] peut être
un atout majeur pour le secteur touristique ivoirien », a ainsi
souligné Roger Kacou, le ministre ivoirien du Tourisme. La
dimension purement écologique n’est pas en reste, à l’image
de toutes les initiatives qu’il est possible de mener notamment
en Afrique centrale, autour de la forêt du bassin du Congo et
de ses caractéristiques exceptionnelles qui se prêtent particu-
lièrement à cette approche d’un « tourisme vert ».

L’essor des certifications


Parallèlement à toutes ces potentialités et initiatives locales,
d’aucuns ont donc jugé utile de fédérer ces bonnes inten-
tions autour de « labels », à l’instar de ce qui existe déjà dans
d’autres secteurs. Parmi eux, et la liste n’est pas exhaustive,
citons l’Afrique du Sud avec le programme initié par l’ONG
Fair Trade in Tourism South Africa, qui s’inscrit dans une lo-
gique, déjà utilisée dans le domaine de la consommation, de
« tourisme équitable ». Son principe consiste à bâtir un réseau
composé d’organismes touristiques et d’associations locales
afin de mettre en place un système de certification. Celle-ci
est attribuée selon des critères qui reposent, entre autres, sur
des salaires décents versés aux employés locaux, la protection
des ressources naturelles et une plus grande transparence dans
la redistribution des profits générés par le tourisme.
Il est à noter que les certifications accordées concernent aussi
bien des petites structures rurales que des établissements plus
luxueux. Selon Jennifer Seif, directrice exécutive, de cette
ONG, l’intérêt pour ces entreprises certifiées est de « pouvoir
bénéficier d’une assistance technique qui leur permet de tra-
vailler dans le respect des règles du développement durable,
d’avoir un accès facilité au marché, une plus grande crédibi-
lité au regard du client et la possibilité d’échanger les expé-
riences avec les autres établissements certifiés ». Une initia-
tive qui a aujourd’hui dépassé les frontières de l’Afrique du
Sud pour faire des émules de par le monde, mais également
en interne, comme en janvier dernier au Bénin, qui vient de
mettre en place Eco-Bénin, un programme de certification au
tourisme équitable sur ses terres.
Parmi les atouts dont dispose l’Afrique, les institutions de
Bretton Woods aiment à relever que le rendement de l’inves-
tissement y est l’un des meilleurs au monde. C’est le cas par-
ticulièrement de l’Afrique subsaharienne qui pourrait se trou-
ver à l’aube d’un décollage économique, comme la Chine il
y a trente ans ou l’Inde il y a vingt ans, précisant que « le tou-
risme est l’un des principaux moteurs de l’évolution actuelle
et pourrait être un agent transformateur de ce décollage ».
Gageons que la prophétie soit entendue, à commencer par
celles et ceux qui, demain, feront de l’Afrique une destination
touristique incontournable.

* www.worldbank.org/.../africa-tourism-report-2013
** Tourism in Africa: Harnessing Tourism for Improved
Growth and Livelihoods

Didier Bras

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