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PRÉFACE
Afin de concrétiser la vision de Madagascar de devenir « Une nation forte, prospère et
solidaire pour la fierté et le bien-être des Malgaches », la lutte contre la malnutrition prend
actuellement un nouvel itinéraire. La nouvelle Politique Nationale de Nutrition (PNN) 2022-
2030 vise à tracer ensemble des voies plus sûres pour mobiliser la population et les décideurs
à s’engager entièrement dans la réduction durable du fléau de la malnutrition.

Une bonne nutrition est le fondement d’une vie saine, qui se traduit par des communautés
prospères et une stabilité économique. Un dollar investi dans les interventions nutritionnelles
à base communautaire engendre 16 dollars de gain selon le « Rapport sur la nutrition
mondiale » de 2015. Une nutrition adéquate est associée à une forte potentialité physique
et mentale et à une augmentation des revenus de la population. Une bonne nutrition au
cours des 1000 premiers jours de la vie d’un enfant contribue de façon déterminante à la
pleine réalisation du potentiel physique, intellectuel et humain de cette personne pendant
l’adolescence et à l’âge adulte.

Des efforts ont été déployés pour diminuer le taux de malnutrition chronique de 56,4% en
1992 à 39,8% en 2021, mais les progrès accomplis restent insuffisants et lents. A Madagascar
en 2021, plus de 1,6 millions d’enfants ne correspondent pas à la taille idéale pour leur âge.
Environ 7,7%, soit 310 000 enfants malgaches souffrent de malnutrition aigüe, c’est-à-dire
qu’ils sont trop maigres pour leur taille. Selon la FAO, la sous-alimentation touche 44,4% de
la population malagasy entre 2016 et 2018. Madagascar est classé, en 2020, parmi les pays
ayant un niveau de faim alarmant : 36 points sur 100, et 105ème pays sur 107. Par ailleurs, les
perturbations causées par la pandémie à COVID-19 menacent d’annuler les progrès réalisés
au cours de la dernière décennie, soulignant le besoin d’accélérer les investissements dans
la nutrition.

Ainsi, le Gouvernement malgache a décidé de formuler une nouvelle Politique Nationale


de Nutrition. Elle reflète son engagement à prendre les mesures nécessaires pour réduire
durablement toutes formes de malnutrition d’ici 2030. La PNN s’aligne avec la Politique
Générale de l’Etat qui vise à améliorer le bien-être de la population en optimisant les bonnes
pratiques alimentaires, et en promouvant les opportunités de développement pour atteindre
le plein potentiel des enfants et l’épanouissement de chaque ménage. Dans le Grand Sud,
où la population est victime d’insécurité alimentaire chronique due à des aléas climatiques
comme la sécheresse chronique, des mesures transformationnelles ont été initiées pour
endiguer le fléau de la malnutrition.

Cette nouvelle politique utilise l’approche systémique issue du Lancet 2021, en considérant
les réalités à Madagascar. Elle a été élaborée de façon participative avec une série de
consultations régionales et nationales, y compris l’écoute des besoins dans les régions et les
points de vue des décideurs et des partenaires. Nous remercions toutes les personnes qui
ont participé directement ou indirectement à la formulation de cette Politique Nationale de
Nutrition.

Ainsi, investissons dans le Capital Humain pour l’avenir de nos enfants. Investir dans les
infrastructures physiques ne suffit plus pour enclencher l’émergence. Aucun pays ne pourra
sortir de la pauvreté ni développer durablement leur économie tant qu’ils ne veilleront
pas à ce que leur population soit correctement nourrie, que la nutrition soit au cœur du
développement.

Le Professeur VOLOLONTIANA Hanta Marie Danielle


Coordonnateur National – Office National de Nutrition

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SIGLES ET ABREVIATIONS
AMIO Agences de Mise en Œuvre
AMS Assemblée Mondiale de la Santé
BNGRC Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes
BPCNN Bureau Permanent du Conseil National de Nutrition
CIN Conférence Internationale sur la Nutrition
CNN Conseil National de Nutrition
CNSE Comité National de Suivi et Evaluation
CRN Conseil Régional de Nutrition
COVID-19 Pandémie à coronavirus 2019
EAH Eau Assainissement Hygiène
EDSMD Enquête Démographique et de Santé à Madagascar
ENISM Enquête National sur l’Iode et le Sel à Madagascar
FAF Fer Acide Folique
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture 
GRC Gestion des Risques et des Catastrophes
GRSE Groupe régional de suivi évaluation
IDH Indice de Développement Humain
INSTAT Institut National de la Statistique
MEAH Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène
MPPSPF Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion
de la Femme
MICS Multiple Indicators Cluster Survey (Enquête par grappes à indicateurs
multiples)
N4G Nutrition For Growth
ODD Objectifs de Développement Durable
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONN Office National de Nutrition
ORN Office Régional de Nutrition
OSC Organisation de la Société Civile

4 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


PAM Programme Alimentaire Mondial
PEM Plan Émergence Madagascar
PIB Produit Intérieur Brut
PGE Politique Générale de l’Etat
PNAMN Plan National d’Actions Multisectorielles pour la Nutrition
PNAN Plan National d’Actions pour la Nutrition
PNN Politique Nationale de Nutrition
PNS Politique Nationale de Santé
PNSE Plan National de Suivi-Evaluation
ProSAR Projet de Sécurité Alimentaire, Nutrition et Renforcement de la
Résilience 
PTF Partenaires Techniques et Financiers
RGPH Recensement Général de la Population et l’Habitat
SUN Mouvement Scaling-Up Nutrition
TAMD Taux Annuel Moyen de Diminution
UA Union Africaine
UNICEF Fond des Nations Unies pour l’Enfance
USAID United States Agency for International Development
USD Dollar américain
U PNNC Unité de Programme National de Nutrition Communautaire
U PPSN Unité de mise en oeuvre du Programme de Prévention et Sécurisation
Nutritionnelle

SIGLES ET ABREVIATIONS 5
TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION 7
2. CONTEXTE 9
2.1 Géographique et démographique 9
2.2 Socio-économique et politique 10
2.3 Culturelle et Genre 10
3. SITUATION NUTRITIONNELLE 12
3.1 État nutritionnel de la population 12
3.2 Causes de la malnutrition à Madagascar 14
3.3 Conséquences de la malnutrition à Madagascar 16
4. LES ENGAGEMENTS DU PAYS 17
5. VISION, BUT, OBJECTIFS ET PRINCIPES DIRECTEURS 19
5.1Vision 19
5.2 But 19
5.3 Objectif général 19
5.4 Cibles Nutritionnels 19
5.5 Objectifs stratégiques 20
5.6 Principes directeurs 21
6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 23
6.1 Approche systémique et dimension multisectorielle 23
6.2 Système de santé pour la nutrition 25
6.3 Systèmes alimentaires pour la nutrition 26
6.4 Système Eau, Assainissement et Hygiène pour la nutrition 27
6.5 Système éducation pour la nutrition 28
6.6 Système de protection sociale pour la nutrition 28
6.7 Axe transversal : coordination, gouvernance et communication pour la nutrition
29
7.2 Cadre institutionnel de coordination 32
7.2 Dispositifs au niveau régional et local 33
7.3 Conditions de réussite 33
7.4 Mécanismes de financement 35
7.5 Suivi et évaluation 35
REFERENCES 36
Annexe 1 Processus de développement de la PNN 38
Annexe 2 : Détails des engagements du Pays 42
Annexe 3 : Cartographies des politiques, stratégies et programmes à Madagascar 45

6 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


1. INTRODUCTION
La malnutrition est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté. La pauvreté
et la malnutrition sont enfermées dans un cercle vicieux de mortalité accrue : morbidité,
retard du développement cognitif, ralentissement de la croissance physique, réduction
de la capacité d’apprentissage et, enfin, réduction de la performance au travail, de la
productivité et des revenus à l’âge adulte. Leurs impacts négatifs se répercutent sur les
économies nationales, érodant le fondement même de la croissance économique, à savoir
la force et l’énergie des personnes, leur capacité de création, d’analyse et d’initiative et leur
esprit d’entreprise. Les preuves scientifiques au niveau mondial concordent pour indiquer
que, pour réussir, tout programme visant à améliorer la qualité des ressources humaines
et la valeur du Capital Humain doit inclure une composante de réduction du taux de
malnutrition (1).

L’ambition du Plan Emergence


Madagascar (PEM) 2019-2023 est de «  Bâtir une Nation forte, prospère et
hisser cet État insulaire au rang des solidaire pour la fierté et le bien-être des
pays émergents. Pour rattraper le Malagasy »
retard de développement connu depuis
des décennies, un changement de Vision de Son Excellence Monsieur
paradigme s’impose dans la planification le Président de la République, Andry
RAJOELINA
et la mise en œuvre de cette nouvelle
Politique Nationale de Nutrition (PNN).

1. INTRODUCTION 7
Une première PNN a été adoptée par le gouvernement en 2004 et traduite en actions
concrètes dans un premier Plan National d’Actions pour la Nutrition (PNAN I) allant de
2005 à 2011. Une deuxième version du PNAN a été élaborée pour la période allant de 2012
à 2015, alors que le PNAN  III couvre la période de 2017 à 2021. Cette nouvelle PNN sera
accompagnée par une quatrième itération du plan national, le Plan National d’Actions
Multisectorielles pour la Nutrition (PNAMN) qui couvrira la période de 2022 à 2026 avec
plus de focus sur la collaboration multisectorielle.

L’élaboration de la PNN a été réalisée d’une façon multisectorielle et pluridisciplinaire,


démontrant ainsi la complexité des problèmes liés à la nutrition et à l’alimentation ainsi
que des facteurs qui les déterminent (le processus de développement est décrit en détail
dans l’annexe 1). Ce document de politique nationale :

◼ Montre la reconnaissance par tout un chacun de l’ampleur de la malnutrition dans le


pays et ses conséquences sur le développement humain et socio-économique ;

◼ Marque l’engagement politique ferme et définitif à combattre ce fléau à dimension


multisectorielle ;

◼ Fixe les objectifs à atteindre et crée un cadre référentiel de toutes les actions à
entreprendre en matière de nutrition ;

◼ Met en place un cadre institutionnel pour la coordination et la mise en œuvre des


interventions nutritionnelles.

8 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


© UNICEF/UN0314411

2. CONTEXTE
2.1 Géographique et démographique

Située dans la zone Sud-Ouest de l’océan Indien, l’île de Madagascar est bordée de 5 603 km
de côtes et dotée d’une superficie de 587 041 km². Le pays occupe une place stratégique
parmi les îles de l’océan Indien du fait, entre autres, de la richesse de son potentiel agricole
diversifié (agriculture, élevage, pêche, foresterie, foncier), de sa taille et sa population. Il
possède un fort potentiel humain et naturel avec une population jeune et dynamique, une
beauté des ressources naturelles et de la biodiversité, des ressources du sous-sol et de la
mer. Malheureusement, ces potentiels ne sont pas encore pleinement exploités.

Madagascar compte 23 régions divisées en 119 districts (2). Les régions et les communes
représentent les collectivités territoriales décentralisées.

Depuis l’indépendance, la société


malagasy traverse la plus profonde
Une société en mutation profonde
mutation de son histoire. Le taux de
où la population doublera d’ici 2040 
croissance démographique reste élevé,
environ 3%. En juin 2018, le troisième
RGPH 2018
recensement général de la population et
de l’habitation (RGPH) dénombre
25  680  642  habitants dont la moitié est âgée de moins de 18  ans. La population a été
multipliée par cinq en 60 ans et on s’attend à ce qu’elle double d’ici 2040, dépassant les
50 millions d’habitants (3).

Madagascar se trouve parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique au
niveau mondial. Plusieurs Régions de Madagascar subissent aujourd’hui les conséquences

2. CONTEXTE 9
du changement climatique, à des degrés et des vulnérabilités divers. Connu pour ses
impacts sur la biodiversité, le changement climatique entraîne aussi des conséquences
extrêmement lourdes sur le développement et les conditions de vie des populations.
En effet, d’une part, les précipitations deviennent très irrégulières, plus intensives et
provoquent ainsi une recrudescence des inondations et plus d’érosion dans certaines
régions du pays détruisant les cultures. On note aussi un retard des précipitations qui
bouleverse les calendriers agricoles avec des conséquences sur le rendement1 . Dans le
Grand Sud, la très faible pluviométrie et de longues sécheresses récurrentes, aggravé par le
phénomène El-Nino en 2016, entraine une dégradation soutenue de la sécurité alimentaire
des populations2 .

2.2 Socio-économique et politique

Le niveau de vie des Malagasy n’a cessé de régresser depuis l’indépendance alors que
le pays n’a pas connu de conflits majeurs. Le contexte politique fragile a contribué à la
détérioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations pauvres et
vulnérables. La mauvaise gouvernance et toutes les crises politiques répétitives (1972,
1991–1992, 2001–2002 et 2009–2013) ont eu des impacts importants sur les performances
économiques et sociales et le niveau de vie de la population. Cependant, avant la pandémie
de la COVID-19, l’économie malgache se trouvait sur une trajectoire ascendante depuis
cinq ans atteignant, en 2019, un taux de croissance estimé à 4,8%. On estime que l’impact
combiné des perturbations du commerce mondial et des mesures de confinement à
Madagascar a entraîné une contraction du PIB de 4,2 % en 2020, semblable à celle observée
lors de la crise politique de 20093 .

En 2021, l’Indice de développement humain (IDH) a une valeur de 0,528. Madagascar est
classé au 167ème rang sur 189 pays.

2.3 Culturelle et Genre

Les filles ont généralement de meilleures ressources biologiques que les garçons pour
leur survie jusqu’à l’âge de cinq ans, ce qui leur donne de meilleures chances de survie
dans des circonstances naturelles. Cependant, la discrimination fondée sur le sexe à
l’égard des filles peut affecter la survie, entraînant une mortalité féminine plus élevée que
prévue. A Madagascar, la prévalence de la malnutrition chronique est généralement plus
faible chez les filles que chez les garçons, probablement en raison du risque plus élevé
d’accouchement prématuré chez les garçons, qui est inextricablement lié à un plus faible
poids à la naissance. Par ailleurs, les parents, en particulier les pères, peuvent réagir et
interagir différemment avec les fils et les filles. (MICS, 2018)

1  USAID, Madagascar - Environnement et Changement Climatique, dernière mise à jour le 01/02/2022, disponible sur
https://www.usaid.gov/fr/madagascar/environment
2  Madagascar, Analyse IPC de l’insécurité alimentaire aigüe, Avril-Décembre 2021, Publié en mai 2021. Disponible sur
https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/IPC_Madagascar_Acute_Food_Insecurity_2021AprDec_Report_
French.pdf
3  .https://www.banquemondiale.org/fr/country/madagascar/publication/madagascar-economic-update-
covid-19-increases-poverty-a-new-reform-momentum-is-needed-to-build-back-stronger

10 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Certains stéréotypes de genre prévalent en matière de nutrition à Madagascar car les
femmes sont principalement responsables de la nutrition de la famille, en particulier des
enfants. Les rôles de genre traditionnels forts autour de la garde des enfants jouent un rôle
important dans la malnutrition chez les enfants car les mères sont considérées comme
les principaux pourvoyeurs. Les communautés ridiculiseraient les pères activement
impliqués dans les activités de garde d’enfants, et leurs femmes seraient considérées
comme paresseuses ou incompétentes. La dépendance financière des femmes les oblige
à compter sur les membres masculins de leur famille pour payer la nourriture, qui est
généralement chère. Les femmes et les enfants sont également limités dans la quantité
de nourriture qu’ils mangent parce que les normes traditionnelles stipulent que les
hommes mangent en premier et jusqu’à ce qu’ils soient pleinement rassasiés (4) .D’autre
part, le Plan d’Emergence Madagascar pour 2019-2023 inclut dans sa priorité numéro 13
l’empouvoirement de la femme et la protection de l’enfant.

2. CONTEXTE 11
3. SITUATION NUTRITIONNELLE
3.1 État nutritionnel de la population

Madagascar est en 10ème position mondiale des pays les plus affectés par la malnutrition
chronique en 2020, et en 7ème position en Afrique4(5). Malgré une amélioration apparente
depuis les années 1990 (diminution de la prévalence de 56,4% en 1992 à 39,8% en 2021),
la prévalence de la malnutrition chronique à Madagascar reste supérieure au seuil très
élevé de 30% (6) avec une disparité importante par région, notamment dans les Hautes
Terres Centrales (7), ainsi que par sexe (les garçons sont plus touchés par la malnutrition
chronique que les filles : 43,6% des garçons comparés à 36,1 % des filles) voir Figure 1. De
plus, le nombre total d’enfants malnutris a en réalité continué d’augmenter d’année en
année du fait de la croissance démographique (de 1,2 million 1992 à plus de 1,6 million en
2021).

Depuis 2013, la prévalence de malnutrition aiguë suit une tendance dégressive (de 8,2% à
7,7% en 2021), touchant 310 000 enfants de moins de 5 ans, mais dépasse encore les 5 %, et
elle est considérée comme « moyen » par l’OMS/UNICEF (6). Les garçons plus touchés par
la malnutrition aiguë que les filles (8,7 % et 6,6 % respectivement). De plus, cette moyenne
nationale cache de grandes disparités selon les régions (Figure 1), qui peuvent dépasser le
seuil très élevée (> 15%), notamment dans les régions du Grand Sud.

4  Burundi, Eritrea, Niger, Libya, Democratic Republic of the Congo et Central African Republic)

12 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Figure 1 : Distribution de la malnutrition chronique à Madagascar par région – et les cibles du
PNN 2026 et 2030

Taux de malnutrition chronique chez les enfants de 0 à 23 mois

EDS 2021 CIBLE 2026 CIBLE 2030


NATIONAL: 39,8 NATIONAL: 28,4 NATIONAL: 25,9

1.7 14.21 12.49


31 30.43 30.29
28.1 20.24 18.05

28.8 36.3 13.92 25.03 10.49 25.03


29.6 22.33 20.65
22.3 18.13 16.11
44.9 31.29 28.27
Lor
37.6 47.12 Lor 43.53
31.83 Lor 42.7
29.51
37.6 25.35 22.62
51.6 31.4 26.13
51.9 31.09 26.28
34.9 29.39 28.11
49.1 25.67 20.26 Légendes
45.7 37.98 36.2 Malnutrition chronique
49.2 32.17 28.23 0-2,5
2,5-10
32.6 18.9 15.74 10-20
26.7 18.4 16.49 20-30
48.5 41.14 39.44 Plus de 30
Classification Unicef/OMS 2018
46.8 45.23 44.86
45.3 43.76 43.41

100 0 100 200 300 km

Figure 2 Distribution de la malnutrition aiguë à Madagascar par région – et les cibles du PNN
2026 et 2030

Taux de malnutrition aigüe globale chez les enfants de 6 à 59 mois

EDS 2021 CIBLE 2026 CIBLE 2030


NATIONAL: 7,5 NATIONAL: 5 NATIONAL: 3

7.8 3.55 1
9.5 5.3 2.78
9.8 7.55 5.75

12.4 11.3 12.4 9.65 12.4 8.33


7.3 6.35 5.59
5.9 2.95 0.59
3.7 0.66 0.66
Lor
7.4 4.65 Lor
3.1 0.53 Lor
0.75 0.53
8.6 2.65 0.27
3.9 0.58 0.58
4.1 0.4 0.4
6.7 3.95 2.3
2.6 0.05 0.43 Légendes
10.2 6.1 2.82 T.MAG
2.4 32.17 0.16 0-2,5
2,5-5
5.2 3.6 2.32 5-10
6.8 4.65 3.36 10-15
12.4 4.45 3.49 Plus de 15
Classification Unicef/OMS 2018
9.9 7.1 5.42
15.2 9 5.28

100 0 100 200 300 km

3. SITUATION NUTRITIONNELLE 13
Quant à l’insuffisance pondérale, 23,4% des enfants de moins de cinq ans en souffrent et
12,6% des enfants ont un faible poids à la naissance en 2021 (7).

En ce qui concerne le surpoids en 2021, 1,8% des enfants de moins de 5 ans sont en surpoids,
et les régions les plus touchées sont Ihorombe (4,4%), Vatovavy Fitovinany (3,2%), Amoron
i mania (3,1%) et Melaky (3,1%) (6).

Pour les femmes en âge de procréer, la proportion en sous-nutrition s’est réduite de 19%
en 2003-2004 à 14,8% en 2020, mais pendant la même période, la proportion de femmes
obèses a triplé de 1% à 2,9% (5).

Une enquête nationale sur l’Iode et le Sel à Madagascar (ENISM) menée en 2015-2016 a
montré une insuffisance en iode chez les femmes en âge de procréer avec une médiane
de la concentration urinaire en iode de 46 μg/L, indiquant une carence modéré basé sur
les seuil internationaux (9,10).

Pour le statut en fer et en vitamine A chez les femmes et les enfants, ainsi que pour d’autres
micronutriments, les données sont manquantes, ou trop anciennes (7). Néanmoins,
les données disponibles décrivent une situation de forte prévalence des carences en
micronutriments avec 42% des enfants moins de 5  ans et 35% des femmes en âge de
procréer carencés en vitamine A (8,9). Selon l’EDSMD-V 2021, près d’un enfant de 6 à 59
mois sur deux (46%) souffre d’anémie (26% sous une forme légère, 20% sous une forme
modérée et moins d’un pour cent sous une forme sévère), la prévalence de l’anémie est un
peu plus élevée parmi les garçons que les filles (48% contre 44%). La proportion de femmes
de 15 à 49 ans anémiques est de 26% dont 14% présentent une forme légère, 11% sous forme
modérée et une proportion très faible souffre d’anémie sous forme sévère (moins de 1%).
La prévalence de l’anémie est particulièrement élevée parmi les femmes enceintes (34%)
et celles ayant 6 enfants et plus (29%)(7).

3.2 Causes de la malnutrition à Madagascar

La malnutrition résulte en général des causes pouvant être classées en causes immédiates,
causes sous-jacentes et causes fondamentales. Ses manifestations se répercutent au
niveau individuel, des ménages et de la communauté comme illustrée dans le cadre
conceptuel de la malnutrition (figure 3).

La malnutrition chronique est exacerbée par le cycle intergénérationnel de la malnutrition


qui se transmet de génération en génération par la mère (10). Les femmes adultes de
petite taille sont plus susceptibles d’avoir des bébés de faible poids à la naissance, en
partie parce que la taille de la mère a une influence importante sur le poids à la naissance
(11). Les enfants nés avec un faible poids de naissance sont plus susceptibles de présenter
un retard de croissance pendant l’enfance et de devenir des adultes de petite taille, ainsi
le cycle continue (12).

Il est donc important de cibler les interventions clés pour rompre les effets néfastes de la
transmission intergénérationnelle de la malnutrition chronique et mieux assurer l’avenir
des futures générations.

14 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Figure 3 : Cadre conceptuel pour la prévention de la malnutrition sous toutes ses formes.

Résultats pour
les enfants et NUTRITION MATERNELLE ET INFANTILE
les femmes Amélioration de la survie, de la santé, du développement physique et cognitif, de la
préparation à l’école, et des résultats scolaires des enfants et des adolescents;
amélioration de la survie et de la santé, et augmentation de la productivité et des
revenus des femmes et des adultes; renforcement de la prospérité et de la cohésion
sociales

Facteurs
REGIMES ALIMENTAIRES SOINS
immédiats
Des régimes alimentaires sains, Des soins de qualité, favorisés par des
favorisés par des aliments et des services et des pratiques adéquats à
pratiques alimentaires adéquats chez destination des enfants et des femmes
les enfants et les femmes

Facteurs
sous-jacents NOURRITURE PRATIQUES SERVICES
Aliments riches en Pratiques alimentaires Services de nutrition, de
nutriments et adaptés à adaptées à l’âge, et ce santé et
l’âge (lait maternel dès la petite enfance, et d’assainissement
durant la petite enfance, bonnes pratiques adéquats, dans le cadre
notamment), eau d’hygiène et de d’environnements
potable et agréable au préparation/ alimentaires sains
goût, et sécurité consommation des favorisant une
alimentaire des aliments alimentation de qualité
ménages

Facteurs
RESSOURCES NORMES
favorables
Ressources (notamment humaines, Normes et mesures socioculturelles
sociales, financières etn positives visant à promouvoir le droit à
environnementales) suffisantes pour la nutrition des enfants et des femmes
permettre aux femmes et aux enfants
d’exercer leur droit à la nutrition

GOUVERNANCE
Bonne gouvernance (s’agissant notamment des mesures politiques, financières et
sociales des secteurs public et privé) permettant de garantir le droit des enfants et des
femmes à la nutrition

Adapté du Cadre conceptuel des facteurs déterminants de la nutrition maternelle et infantile de


l’UNICEF (2020).

Les causes immédiates sont un apport alimentaire inadéquat et les maladies  : à


Madagascar, pratiquement la totalité des enfants malgaches sont allaités (98% à 0-5 mois,
97% à 6-9 mois et 92% à 12-15 mois) (7), mais seulement 45% sont mis au sein dans l’heure
qui suit la naissance (17) et 54% des nourrissons de moins de 6 mois sont exclusivement
allaités au sein (7). Dans les 0-5 mois, 17% des enfants allaités ont également reçu de l’eau,
dans 6% des cas on a donné à l’enfant des liquides autres que le lait, et 19% des enfants
sont allaités mais reçoivent en même temps des aliments de complément (7).

3. SITUATION NUTRITIONNELLE 15
Parmi les enfants de 6-23 mois, 20% ont été nourris suivant le régime alimentaire minimum
acceptable pour leur groupe d’âges. Seulement 17% des enfants de 6-8 mois ont reçu
l’apport alimentaire minimum et 22% pour les enfants de 12-17 mois (7). Pour les maladies,
la diarrhée, la pneumonie et le paludisme sont encore parmi les principales causes de
mortalité chez les enfants de moins de 5 ans (13).

Les causes sous-jacentes sont l’insécurité alimentaire des ménages, le manque d’accès
aux services de santé de base, le manque d’accès à l’eau potable et les conditions de vie
peu hygiéniques  : la sous-alimentation (14) touche 44,4  % de la population malagasy et
les Malgaches continuent d’avoir un régime alimentaire insuffisant, presque monotone
et peu varié. Ceci est dû à l’insuffisance de production diversifiée, la faible disponibilité et
l’accès insuffisant à des aliments nutritifs, une méthode d’agriculture dépassée, le faible
pouvoir d’achat des ménages, un manque de connaissance sur les bonnes habitudes
nutritionnelles. Les pratiques de soins inadéquats, l’accès insuffisant aux services de
santé de qualité et l’environnement malsain s’ajoutent aux causes sous-jacentes de la
malnutrition à Madagascar.

Les causes profondes sont influencées par l’accès aux terres arables adaptées aux besoins
des familles et à l’insécurité grandissante. Ce manque de sécurité foncière entraîne
aussi des difficultés d’aménagement, pénalise les processus d’intensification agricole et
contrarie les investissements sectoriels.

Les effets des aléas climatiques fréquents, les impacts sociaux et économiques de la
pandémie de la COVID-19, la vulnérabilité des exploitations familiales, y compris le statut
défavorable des femmes, les couvertures géographiques encore très limitées des actions
en nutrition et de la protection sociale et les lacunes dans la coordination et gouvernance
multisectorielle (15) s’ajoutent aux causes profondes. Les perspectives économiques à
court terme restent subordonnées à la capacité des pouvoirs publics de maintenir un
environnement politique et sécuritaire apaisé.

3.3 Conséquences de la malnutrition à Madagascar

La sous-nutrition chez les femmes et les enfants n’est pas seulement un problème de santé
publique mais aussi un problème social et économique, puisque les pertes économiques
annuelles dues à la sous-nutrition sont considérables. Par ailleurs, la malnutrition a des
conséquences irréversibles qui se font sentir tout au long de la vie d’une personne. Ci-dessous
les incidences économiques, sur la santé, sur l’éducation et la productivité.

◼ Incidence économique : le fardeau économique associé à la malnutrition à Madagascar


s’élève chaque année à 743 millions USD, soit environ 7% du PIB (1).

◼ Incidence sur la santé : presque la moitié des mortalités infantiles (44%) est associée à
la sous-nutrition (21).

◼ Incidence sur l’éducation  : les enfants souffrant de sous-nutrition ont un taux de


redoublement de 23% comparé aux élèves convenablement nourris qui ont un taux de
redoublement de 17% (21).

16 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


◼ Incidence sur la productivité : un Malagasy né aujourd’hui n’aura à l’âge adulte qu’une
productivité équivalente à 37% de ce qu’il aurait pu avoir s’il avait bénéficié d’un accès
complet aux services de santé et d’éducation (21).

L’amélioration de la nutrition est donc essentielle à l’atteinte des Objectifs de Développement


Durable (ODD) et surtout pour concrétiser l’atteinte des objectifs de la Politique Générale de l’État
(PGE). Pour rattraper le retard, l’engagement des acteurs y compris tous les partenaires de
Madagascar et des décideurs est impératif dans cette lutte contre la malnutrition.

4. LES ENGAGEMENTS DU PAYS


Madagascar a fait plusieurs engagements au niveau national et mondial, soulignant son
engagement continu en matière de nutrition. Les engagements actuels sont énumérés ci-dessous,
dont les détails se trouvent à l’annexe 2.

Plan Émergence Madagascar (PEM)


La lutte contre la malnutrition fait partie du PEM. Elle est classée dans le socle social, capital
humain, engagement 5, Priorité 10 : accès aux soins et bien-être social.

4. LES ENGAGEMENTS DU PAYS 17


Objectifs de Développement Durable5
Madagascar vise à atteindre les objectifs des Objectifs de Développement Durable (ODD) à
l’horizon 2030. Notamment, l’ODD 2, intitulé « Faim Zéro », qui vise à éliminer la faim, assurer
la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable (17). Par
ailleurs, les autres ODD ont une interdépendance démontrée par rapport à la nutrition (18).

Cibles de l’Assemblée mondiale de la santé6


En tant que membre à part entière de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) et ayant
adopté en 2012 les six cibles mondiales de la nutrition de cette Assemblée, Madagascar est
tenu de respecter les engagements de cette instance pour 2025 et 2030 sur la nutrition
(18,19).

Engagements au Sommet mondial sur les systèmes alimentaires7


L’engagement de Madagascar relatif au sommet des Nations Unies sur les systèmes
alimentaires, qui s’est tenu pendant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York
le 23 septembre 2021, se résume à la promotion d’une alimentation diversifiée, saine et
nutritive avec l’implication du secteur privé et de la société civile, à travers une production
résiliente face au changement climatique (avec la transformation locale, l’agribusiness,
l’approche paysage et l’utilisation des énergies renouvelables) ainsi que l’entrepreneuriat
des jeunes et des femmes.

Adhésion à la deuxième Conférence internationale sur la nutrition8


Madagascar a participé à la deuxième session de la Conférence internationale sur la nutrition
(CIN2), qui a eu lieu à Rome en novembre 2014, et adhère ainsi à sa déclaration finale
d’élaborer des politiques nationales visant à éradiquer la malnutrition et à transformer les
systèmes alimentaires et de santé publique pour rendre les régimes nutritifs accessibles à
tous.

Objectifs de l’Union africaine 9


La 23ème session ordinaire du Sommet de l’Union africaine (UA), regroupant des chefs d’États
et des gouvernements, a eu lieu du 26 au 27 juin 2014 à Malabo, en Guinée équatoriale. La
déclaration définit les engagements des pays membres en termes d’alimentation et de
nutrition.

Adhésion au Mouvement « Scaling-Up Nutrition »10


Madagascar est membre à part entière du Mouvement «  Scaling-Up Nutrition  » (SUN)
depuis 2012. L’État est engagé à la feuille de route SUN 2021-2025.

Engagement sur la Nutrition pour la croissance (N4G)11


Le sommet phare N4G a été accueilli par le gouvernement du Japon les 7 et 8 décembre 2021
avec la participation active de Madagascar. L’événement a réuni un échantillon représentatif
de parties prenantes pour annoncer les engagements financiers et politiques finaux et
tracer la voie vers 2030 avec des recommandations concrètes à la communauté mondiale.

5 https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/hunger/
6 https://www.who.int/fr/publications-detail/WHO-NMH-NHD-14.2
7 https://www.un.org/fr/food-systems-summit
8 https://www.fao.org/about/meetings/icn2/background/fr/
9 https://au.int/pt/node/29004
10 https://scalingupnutrition.org/
11 https://nutritionforgrowth.org/

18 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


© UNICEF/UNI302582

5. VISION, BUT, OBJECTIFS ET PRINCIPES DIRECTEURS


5.1Vision
Madagascar une nation émergente, prospère et solidaire pour la sécurité nutritionnelle de
tous.

5.2 But
Rendre effectif le droit à une nutrition adéquate à la population malagasy.

5.3 Objectif général


Garantir à toute la population malagasy une nutrition adéquate pour le développement de
son capital humain.

5.4 Cibles Nutritionnels


Les cibles nutritionnels sont présentés dans le tableau 1 ci-dessous et ont été calculé en
utilisant l’outil OMS Nutrition Global Targets Tracking Tool actualisé avec les données de
l’EDSMD V 2021 et en utilisant les données de base de 2012.

Tableau 1: Les objectifs nutritionnels de la Politique Nationale de Nutrition de 2026 et 2030

Baseline Cibles Cible


INDICATEURS CLES 2021* Nationales Nationales
(%) 2026 (%) 2030 (%)
Prévalence de la malnutrition chronique 39,8 28,4 25,9
chez les enfants de moins de 5 ans

5. VISION, BUT, OBJECTIFS ET PRINCIPES DIRECTEURS 19


Baseline Cibles Cible
INDICATEURS CLES 2021* Nationales Nationales
(%) 2026 (%) 2030 (%)
Prévalence de l’anémie chez les femmes 26,4 20,4 18,7
en âge de procréer
Prévalence de l’insuffisance pondérale à 16,3 13,8 13,4
la naissance
Prévalence du surpoids chez les enfants 1,8 Maintenir à <1
de moins de 5 ans
Taux d’allaitement maternel exclusif au 54 70,2 74
cours des 6 premiers mois de la vie
Prévalence de la malnutrition aigüe 7,7 <5 <3
chez les enfants de moins de 5 ans

*Source : EDSMD V 2021

5.5 Objectifs stratégiques

1. Réduire durablement toutes les formes de malnutrition en adoptant l’approche


systémique pour la nutrition.

2. Etendre l’accès aux Services Essentiels en Nutrition incluant l’accroissement de


la demande et la couverture en service de prévention et de prise en charge de la
malnutrition.

3. Renforcer la prévention et la prise en charge de la malnutrition aigüe ainsi que les


interventions d’urgence dans le grand Sud et les poches de la malnutrition aigüe dans
les autres régions.

4. Assurer une meilleure coordination multisectorielle au niveau national et dans les 23


régions entre les différents secteurs concernés par la Nutrition, en assurant la synergie,
la cohérence et la complémentarité des interventions et des financements.

5. Augmenter les ressources allouées à la lutte contre la malnutrition au niveau national


et décentralisé et diversifier les sources de financement (budget de l’Etat et les
financements externes).

6. Répondre aux besoins nutritionnels et alimentaires de la population tout au long du


cycle de vie avec un accent sur les femmes enceintes et allaitantes, les adolescentes et
les enfants de moins de 5 ans.

7. Disposer d’un système de gestion d’informations nutritionnelles à jour.

20 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


5.6 Principes directeurs

La présente PNN est un document de référence auquel tout acteur impliqué dans la
lutte contre la malnutrition doit se conformer et qui sert à structurer l’ensemble des
interventions liées à la nutrition autour d’un cadre commun. Ce document permet d’avoir
une compréhension partagée du contexte national et résume les principes d’intervention
favorables à la nutrition pour tous les secteurs impliqués.

Droit à l’alimentation et à la nutrition


Madagascar est signataire de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont l’article
25 stipule « le droit à une alimentation pour tous » et donc, doit être un droit fondamental
pour chaque Malagasy. Le pays est aussi signataire de la Convention relative aux droits
de l’enfant et de la Convention pour l’élimination de toutes formes de discriminations à
l’égard des femmes qui valorisent la nutrition de ces deux groupes cibles.

Équité
Toutes les interventions doivent couvrir l’ensemble de la population, surtout les plus
vulnérables (enfants, adolescentes, femmes, personnes âgées, handicapées, malades,
victimes de catastrophes…), pour que tous puissent en bénéficier selon leur besoin et sans
discrimination.

Considération de la dimension du genre


La considération de la dimension du genre dans la politique nationale est d’une importance
cruciale. Elle vise à accroître la participation des femmes aux processus de décision à
tous les niveaux et dans différents secteurs, tout en soulignant l’importance du rôle des
hommes et des garçons dans ce processus.

Coordination multisectorielle de la nutrition


La coordination multisectorielle, la cohérence et la synergie des interventions et
des investissements au niveau national et niveau décentralisé sont des conditions
indispensables garantissant un fort impact. Pour cela, il est nécessaire d’assurer une
coordination et une transparence dans les opérations de planification et de financement
du projet tout le long de sa mise en œuvre, ainsi que la gestion des connaissances entre
toutes les parties prenantes.

Collaboration et partenariat
En partenariat avec les ministères sectoriels, les différentes plateformes existantes (la
société civile, les chercheurs, le secteur privé, les parlementaires, les partenaires techniques
et financiers) et les médias conjuguent leurs efforts pour l’application effective de la
politique nationale de nutrition.

Éthique et bonne gouvernance


La mise en œuvre des interventions sera dictée par le respect de la dignité humaine, du
genre, des valeurs sociales et culturelles favorables à une bonne nutrition. La gestion et
la mise en œuvre doivent être transparentes et conformes aux principes de redevabilité.
L’Office National de Nutrition (ONN), en tant qu’organisme de coordination, doit recevoir
l’ensemble des informations et rapports concernant les réalisations (techniques et

5. VISION, BUT, OBJECTIFS ET PRINCIPES DIRECTEURS 21


financières) des intervenants en nutrition sur toute l’étendue du pays et à tous les niveaux,
en collaboration avec les ministères concernés ou partenaires techniques et financières.

Décentralisation
Une décentralisation effective des interventions et des moyens est une exigence pour
atteindre les populations mêmes les plus isolées. Celle-ci requiert une implication effective
des autorités nationales, régionales, locales et traditionnelles.

Pérennisation
Afin de garantir une lutte efficace contre la malnutrition et une réduction durable de la
malnutrition, la PNN recommande vivement que la dimension de pérennisation soit prise
en compte dans toutes les interventions en favorisant celles ayant la preuve d’un impact
au long terme.

Efficacité de l’utilisation des fonds alloués à la nutrition


Les Partenaires techniques et financiers (PTF) s’alignent sur les objectifs et les besoins
du pays dans une bonne harmonisation pour éviter les doublons et les duplications des
efforts.

Une gestion axée sur les résultats et le suivi du financement de la nutrition au niveau
national sont nécessaires pour tous les investissements en nutrition destinés à produire des
résultats concrets au niveau de la communauté, et ils sont primordiaux pour les décideurs
politiques autant que pour les citoyens, la société civile, le secteur privé et les donateurs.

22 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


© UNICEF/UN0280947

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES


Les stratégies adoptées dans cette nouvelle politique reposent sur les meilleures pratiques
positives mises en œuvre jusqu’ici à Madagascar dans la lutte contre la malnutrition, ainsi
que les bonnes pratiques au niveau global. Ces stratégies visent à assurer une nutrition
adéquate à la population malagasy et à prévenir la malnutrition à tous les stades critiques
du cycle de vie (les 1000 premiers jours, les enfants d’âge préscolaire et scolaire, femmes
enceintes, femmes allaitantes, adolescentes) tout en éliminant les discriminations à
l’encontre des filles et des femmes en matière de nutrition et luttant contre l’exclusion des
groupes marginalisés.

La convergence et la synergie avec les politiques et programmes de développement sont


essentielles pour une meilleure efficacité et une plus grande durabilité des interventions
en matière de nutrition.

6.1 Approche systémique et dimension multisectorielle

La causalité complexe des problèmes nutritionnels et leurs liens très étroits avec les
facteurs politiques, socio-économiques, environnementaux et/ou changement climatique
et la gestion des ressources, poussent actuellement à dépasser l’approche biomédicale
classique et les solutions isolées.

Il est de plus en plus évident que la résolution du problème de la malnutrition passe par une
approche systémique de la collaboration multisectorielle, qui engage plusieurs secteurs
dans le renforcement des systèmes entiers ou de l’ensemble des systèmes (25–28).

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 23


L’approche systémique permet de mieux cerner les liens, les relations et les interactions
qui se nouent entre les différents secteurs de la nutrition, ainsi que la manière dont ils
se comportent les uns par rapport aux autres. Il est important de noter qu’un système
comprend les politiques, les programmes,
les services et les acteurs et peut inclure
plusieurs secteurs, engageant les ministères L’approche systémique pour la
sectoriels, le secteur privé, les PTF et la nutrition est un moyen pour renforcer
société civile. les relations, et donc la coordination,
entre les différents secteurs qui ont un
La PNN propose une approche systémique impact sur la nutrition.
pour la nutrition qui renforce la capacité de
cinq systèmes clés — alimentaires, la santé,
l’eau hygiène et l’assainissement, l’éducation et la protection sociale — ayant le plus grand
potentiel pour fournir des aliments nutritifs, des services nutritionnels de qualité et des
pratiques nutritionnelles optimales tout au long du cycle de la vie.

Cette nouvelle orientation vise à améliorer durablement la sécurité nutritionnelle des


populations vulnérables en saisissant les interactions et les interconnexions entre ces cinq
systèmes. La PNN convoite à rendre ces cinq systèmes mieux équipés et plus redevables
à l’amélioration de l’état nutritionnel de la population malagasy et de la lutte contre toutes
formes de malnutrition surtout chez les femmes et les enfants (Figure 4).

Une coordination, une gouvernance et un plaidoyer solides sont nécessaires pour garantir
une approche systémique de la nutrition. De plus, tenant compte des aléas naturels et le
changement climatique que subit Madagascar, la gestion des risques et des catastrophes
fait partie intégrante des systèmes et interventions pour lutter contre la malnutrition.

De ce fait, la PNN s’appuie de plus sur deux orientations stratégiques transversales liées
à la coordination, la gouvernance et le plaidoyer pour la nutrition ainsi qu’à la gestion des
risques et des catastrophes pour la nutrition.

COO
TION RD
A I
IN EAH
N
RD

AT
COO

ION

ALIMENTAIRE SANTE
Figure 4 : Les systèmes de la Politique
Nationale de Nutrition - alimentaires,
santé, eau assainissement et hygiène,
éducation et protection sociale
ION

COO

PROTECTION
T

EDUCATION
R

SOCIALE
A

D
N

N
I

I AT
RD
ION
COO

24 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


6.2 Système de santé pour la nutrition
Introduction
Le système de santé assure la disponibilité des services équitables comprenant notamment
la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent. Pour la nutrition, il
s’agit de pérenniser et d’étendre la couverture des programmes de santé-nutrition intégrés
au niveau communautaire ainsi que d’augmenter les ressources dédiées à la lutte contre
la malnutrition au sein de ces programmes. La mise en place de la Couverture Sanitaire
Universelle (CSU) doit soutenir la prévention et la prise en charge de la malnutrition et
permettre des soins de santé primaires accessibles et répondant aux critères de qualité. Il
est également requis de mieux intégrer la prévention et la prise en charge de la malnutrition
aigüe dans les projets liés à la santé de la mère, de l’adolescent et de l’enfant.

Aussi, afin de continuer les mesures sociales et de santé publique sur les impacts de la
pandémie de COVID-19, les actions de prévention seront intensifiées. La Politique Nationale
de Santé (PNS) garantit l’offre de services de santé et de nutrition de qualité à tous, sans
distinction de genre. Par ailleurs, la promotion de l’autonomie décisionnaire des femmes
en termes d’accès à la santé, pour elles comme pour leurs enfants, est une nécessité. En
outre, la promotion de la participation et l’implication des hommes aux soins de santé
et nutritionnels des femmes et des enfants est indispensable pour améliorer l’accès et
l’utilisation des services de santé et de nutrition de tous les membres du ménage.

Résultats attendus du système de santé pour la nutrition


D’ici 2030, la mortalité maternelle et infanto-juvénile est réduite par l’amélioration de
l’accès de la population aux soins de santé et de nutrition de qualité ainsi que la promotion
d’une alimentation saine, équilibrée, diversifiée, nutritive et sûre.

Interventions stratégiques

◼Intervention 1  : Améliorer l’apport alimentaire et
nutritionnel de toute la population


◼Intervention  2  : Améliorer l’apport alimentaire et
nutritionnel des femmes enceintes


◼Intervention  3  : Améliorer l’apport alimentaire et
nutritionnel des enfants de moins de 5 ans


◼Intervention 4  : Améliorer l’apport alimentaire et
nutritionnel des adolescentes non-scolarisé


◼Intervention 5 : Renforcer la prise en charge de la
malnutrition aiguë


◼Intervention 6 : Renforcer la prévention et la prise
en charge des maladies liées à la nutrition chez
les enfants et les femmes


◼Intervention 7 : Prévenir les grossesse précoce et
réduire la taille des ménages

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 25


6.3 Systèmes alimentaires pour la nutrition
Introduction 
Des politiques et programmes efficaces peuvent façonner les systèmes alimentaires et
contribuer à améliorer la nutrition et promouvoir des modes de production, de distribution
et de consommation alimentaires durables, qui protègent le droit à une alimentation
adéquate pour tous.

Les actions des systèmes alimentaires visent à assurer que les projets agricoles ont un
impact positif et mesurable sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages
vulnérables. Cela suppose une mise à l’échelle des projets ayant un impact reconnu
sur la nutrition des populations grâce à un meilleur accès (physique et financier) à une
alimentation adéquate (en quantité et qualité), aux ressources productives (sécurisation
foncière, services financiers, marchés) et à l’emploi. D’autre part, l’efficacité de la lutte
contre la malnutrition passe par le soutien apporté au développement de l’agriculture
familiale et paysanne, à la transformation, la conservation et la fortification alimentaire
ainsi qu’aux pratiques d’agroécologiques en s’assurant que la priorité soit accordée à la
promotion des acteurs et des marchés locaux.

L’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire et sur l’état de santé et


nutritionnel des populations à travers les inondations, les sécheresses, la famine, la
résurgence des pathologies disparues et les épidémies doit être pris en considération. Il
est nécessaire de mettre en place des actions visant l’amélioration de la résilience des
populations qui comprennent la gestion adéquate des ressources naturelles pour la
contribution aux moyens de subsistance ruraux, et à la nutrition des habitants.

Résultats attendus des systèmes alimentaires pour la nutrition


D’ici 2030, les systèmes alimentaires pour la nutrition assurent l’accès à une alimentation
saine, équilibrée, diversifiée et nutritive avec l’implication de tous les acteurs.

© UNICEF/0294299

26 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Interventions stratégiques
◼ Intervention 1 : Promouvoir l’accès à une alimentation saine, équilibrée, diversifiée et
nutritive

◼ Intervention 2 : Promouvoir une production résiliente face au changement climatique

◼ Intervention 3 : Assurer la sécurisation alimentaire et nutritionnelle dans le grand Sud

6.4 Système Eau, Assainissement et Hygiène pour la nutrition


Introduction
Le système Eau, Assainissement et Hygiène (EAH) assure à la population l’accès à l’eau
potable et à des services d’assainissement et d’hygiène sûrs. L’environnement familial
dans lequel les enfants se développent et grandissent est fortement corrélé à leur état
nutritionnel. Des liens directs et indirects existent entre le système EAH et la malnutrition
chronique : des maladies diarrhéiques à la parasitose intestinale, du dysfonctionnement
entérique et environnemental aux contraintes socio-économiques et temporelles et des
pratiques des soins de l’enfant. L’accès à l’EAH constitue un facteur important de la lutte
contre toutes les formes de malnutrition au niveau communautaire, à travers les écoles,
les formations sanitaires et les ménages eux-mêmes. En outre, il est nécessaire d’étendre
et de renforcer les interventions ayant un impact important sur la réduction des maladies
hydriques, des maladies liées à l’environnement et de la sous-nutrition. Les opérateurs des
services d’eau et d’assainissement s’accordent sur la nécessité d’incorporer la perspective
du genre.

Résultats attendus du système Eau,


Assainissement et Hygiène pour la nutrition
D’ici 2030, le système de l’Eau, Assainissement et
Hygiène pour la nutrition assure un environnement
favorable à la nutrition en diminuant l’incidence
des maladies liées aux manques d’hygiène, l’eau
insalubre et à l’assainissement inadéquate.

Interventions stratégiques
◼ Intervention  1  : Améliorer l’accès l’eau potable
surtout des ménages avec enfants en bas âge
◼ Intervention 2 : Améliorer l’accès à l’hygiène au
niveau des ménages et des institutions publiques
◼ Intervention  3  : Améliorer l’accès à
l’assainissement au niveau des ménages et
communautaires
◼ Intervention 4 : Améliorer la promotion des
services et pratiques clés EAH dans les sites
communautaires de nutrition
◼ Intervention 5 : Améliorer la pratique du MUS/
MUSE au niveau des zones bénéficiant des
adductions d’eau

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 27


6.5 Système éducation pour la
nutrition
Introduction
Le système éducation garantit l’accès de la
population à l’éducation. L’enseignement
et le milieu scolaire jouent un rôle clé pour
une éducation de qualité et continue, pour
la sensibilisation aux bonnes habitudes
alimentaires et d’hygiène (corporelle et
alimentaire), à l’amélioration de l’état
nutritionnel des enfants scolarisés, surtout
les adolescentes, ainsi qu’à l’importance
d’une activité physique suffisante. Il
s’agit également d’un lieu approprié pour
le développement du jeune enfant. Le
programme scolaire constitue l’un des
moyens efficaces pour faire passer les
messages éducationnels à travers les
enseignants et les élèves qui seront les
relais au sein de leur foyer et auprès de la
© UNICEF/UN0438158
communauté.
Résultats attendus du système éducation pour la nutrition
D’ici 2030, l’état nutritionnel des élèves est amélioré grâce au système éducation pour la
nutrition permettant d’assurer leur plein potentiel intellectuel et physique, tout en leur
assurant la poursuite du cycle de scolarisation.

Interventions stratégiques
◼ Intervention 1 : Renforcer le paquet de la nutrition en milieu scolaire

◼ Intervention 2 : Renforcer la coordination intra- et intersectorielle en milieu scolaire

6.6 Système de protection sociale pour la nutrition


Introduction 
Des études ont démontré qu’une augmentation du revenu de la population vulnérable, et en
particulier chez les femmes, se traduit par une nette amélioration du bien-être et du statut
nutritionnel des enfants (29). Les interventions visant l’autonomisation des femmes sont à
prioriser, notamment par la facilitation de leur accès aux crédits et aux financements afin
de renforcer leur rôle dans la lutte contre la malnutrition. Il s’agit de promouvoir la relance
de l’activité économique des ménages vulnérables pour leur autonomisation financière. Le
volet nutrition doit être pris en compte dans toutes les interventions de protection sociale.

Résultats attendus du système de protection sociale pour la nutrition


D’ici 2030, le système de protection sociale pour la nutrition  contribue à une meilleure
accessibilité des ménages, particulièrement les plus vulnérables et les femmes, aux
services sociaux de base et à travers la mise en place de filets sociaux de sécurité réguliers
pour favoriser le changement social et comportemental lié à la nutrition.

28 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


© UNICEF/UN0622801

Interventions stratégiques
◼ Intervention  1  : Assurer la protection sociale des groupes vulnérables en matière de
nutrition

◼ Intervention 2 : Elaborer des documents cadres de la protection sociale pour la nutrition

◼ Intervention 3  : Renforcer la coordination intra- et intersectorielle de la protection


sociale pour la nutrition

6.7 Axe transversal : coordination, gouvernance et communication pour la


nutrition
Introduction 
La prise en compte de la malnutrition par les autres politiques sectorielles pouvant
contribuer à la lutte contre la malnutrition est une condition de l’atteinte des objectifs de
la PNN. Tous les secteurs qui sont parties prenantes dans la lutte contre la malnutrition
développent leur synergie et complémentarité pour atteindre les objectifs de la PNN. De
plus, il convient d’assurer que les diverses dimensions du genre (promotion de l’accès des
femmes à la terre, à la propriété, au travail, au pouvoir décisionnaire, au contrôle du budget
familial, à l’éducation, aux formations, aux services financiers) et les rôles et responsabilités
multiples des femmes et des hommes soient pris en compte dans le processus de mise en
œuvre. Ainsi, la lutte contre la malnutrition a une dimension multisectorielle indéniable,
rendant indispensable l’augmentation des ressources dédiées à la nutrition au sein de
chacun des différents secteurs.

Dans le contexte actuel de la nutrition à Madagascar, une stratégie de plaidoyer bien


structurée est vitale pour renforcer la reconnaissance de l’importance de la nutrition,
et surtout de transformer l’engagement des décideurs. Les investissements alloués à la
nutrition sont largement insuffisants. De plus, la priorisation des activités de nutrition
demeure un sujet brûlant qui nécessite des actions urgentes en matière de plaidoyer et de
visibilité des activités de l’ONN et des autres acteurs de nutrition.

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 29


Afin d’y parvenir, l’ONN veillera à ce que les éléments clés suivants soient assurés :

◼ Une vision institutionnelle bien définie

◼ Une stratégie de plaidoyer et de communication disponible et fonctionnelle

◼ Les lignes d’intervention du secteur nutrition figurent dans la Politique Générale de


l’Etat (PGE) et dans les plans de développement à tous les niveaux (liste des documents
en annexe 3)

◼ Les dispositifs nationaux et régionaux (CNN, CRN, CNSE, GRSE…) sont en place et
fonctionnels.

Résultats attendus de l’axe transversal  : coordination, gouvernance et communication


pour la nutrition
D’ici 2030, les efforts des différents systèmes convergent dans la mise en œuvre de la
Politique Nationale de Nutrition, à travers l’axe transversal de la coordination, gouvernance
et communication pour la nutrition.

Interventions stratégiques
◼ Intervention 1 : Renforcer le cadre juridique pour la nutrition

◼ Intervention 2 : Renforcer la coordination intra- et intersectorielle

◼ Intervention 3 : Assurer le suivi et évaluation de la Politique et des Plans d’action

◼ Intervention 4 : Renforcer la recherche en nutrition

◼ Intervention 5 : Plaidoyer et mobilisation des ressources pour la nutrition

◼ Intervention 6 : Renforcer la communication et le plaidoyer pour la nutrition

© UNICEF/UN0508140

30 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


6.8 Axe transversal  : gestion des risques et des catastrophes pour la
nutrition
Introduction
Les aléas d’origines naturels et/ou anthropiques, tels que les inondations et cyclones, la
sécheresse et les invasions acridiennes, représentent un facteur déclencheur ou aggravant
pour toute forme de malnutrition, en particulier la malnutrition aiguë. Les interventions
en matière de nutrition doivent être basées sur le cycle de la gestion des risques et des
catastrophes (GRC) dont les concepts clés sont la prévention, la mitigation, la préparation,
les réponses, le relèvement, la reconstruction ou réhabilitation en vue de renforcer la
résilience de la population affectée.

Résultats attendus de l’axe transversal : gestion des risques et des catastrophes pour la
nutrition
D’ici 2030, l’axe transversal de la gestion des risques et des catastrophes pour la nutrition
renforce la résilience et attenue les impacts des aléas et des catastrophes sur la sécurité
nutritionnelle.

Interventions stratégiques
◼ Intervention 1 : Préparation, prévention et mitigation des risques humanitaires

◼ Intervention 2 : Prise en charge des populations touchées par la crise

◼ Intervention 3 : Réhabilitation et relèvement après la crise

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 31


© UNICEF/UN0573511

7. CADRE DE MISE EN ŒUVRE


7.2 Cadre institutionnel de coordination

La mise en œuvre effective de la Politique Nationale de Nutrition dans une approche


multisectorielle et intégrée nécessite une structure institutionnelle permettant de
coordonner les différents départements impliqués, ainsi qu’une instance décisionnelle
ayant autorité sur les ministères et autres intervenants engagés dans la lutte contre la
malnutrition, afin de coordonner et implémenter les politiques sectorielles.

L’ancrage institutionnel permet d’accélérer la mise en œuvre des engagements pris


sur la nutrition. Afin de démontrer cet engagement à haut niveau, le Gouvernement
de Madagascar entend renforcer son leadership dans la lutte contre la malnutrition en
capitalisant sur les acquis.

La mise en œuvre de la politique publique de nutrition est guidée à Madagascar par un


Conseil National de la Nutrition représentant les ministères sectoriels, appuyé dans la
coordination multisectorielle par l’Office National de Nutrition, tous deux placés sous la
tutelle de la Primature et créés par décrets signés respectivement en 2004et 200712 :

1. le CNN, est voulu comme un organe politique de haut-niveau et « centre de conception,


délibération, consultation, concertation, orientation et contrôle des grandes lignes de
la PNN  » (article Premier du Décret 2004-1071 portant institution du conseil national
de nutrition) et des orientations stratégiques du développement de la nutrition.
Prévu comme une plateforme interministérielle associant également des membres
du Parlement, des chefs religieux, la société civile et des partenaires techniques et

12  Décret N 2004-1072 portant création de l’Office National de Nutrition et décret N 2007-394 fixant l’organisation et le fonctionnement de l’Office
National de Nutrition.

32 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


financiers, il est animé par un bureau permanent (BPCNN).

2. l’ONN appuie le CNN par la gestion de la coordination technique multisectorielle des


activités de nutrition, du suivi et évaluation, de la recherche et développement (article
4 du Décret No 2007-394 fixant l’organisation et le fonctionnement de l’Office National
de Nutrition). L’ONN est un organe indépendant présidé par un Coordonnateur National
nommé par le Premier Ministre et doté d’une autonomie financière. Le Coordonnateur
National assure également le Secrétariat du Bureau Permanent du CNN. L’ONN est
également démembré en 2213 offices régionaux de nutrition (ORN), qui couvrent tout le
territoire national.

En tant qu’organe de pilotage, les missions du BPCNN consistent à approuver, à valider et à


donner les orientations stratégiques à l’endroit de l’ONN. Pour effectuer le suivi du respect des
orientations stratégiques de la PNN, le BPCNN et le CNN s’appuient sur les documents des
PNAN successifs et de leur Plan de mise en œuvre et du Plan national de suivi et évaluation
(PNSE), ainsi que sur les rapports d’activités périodiques, les rapports d’audit externe et les
rapports d’évaluation externe.

7.2 Dispositifs au niveau régional et local

À l’échelle régionale, les structures régionales de l’ONN, à savoir les Offices Régionaux de
Nutrition (ORN), se chargent d’assurer la coordination et le suivi. Les dispositifs d’exécution
de cette coordination et de ce suivi sont développés dans le PNSE du PNAMN. Les AMIO
sont les organes d’exécution. Elles comprennent les services déconcentrés des ministères,
les programmes et projets, la société civile, le secteur privé, les ONG nationales ou
internationales, ainsi que les PTF et jouent un rôle prépondérant dans la concrétisation
de la PNN au niveau opérationnel. Les acteurs en communication ont également un rôle
important à jouer dans l’accompagnement de la mise en œuvre des activités.

7.3 Conditions de réussite


Coordination, cohérence et synergie
Mettre en œuvre une approche de lutte contre la malnutrition implique que le pays
dispose de systèmes, processus et structures organisationnelles nécessaires pour
fournir un environnement favorisant la lutte multisectorielle contre les problèmes de
malnutrition. Cela demande une coordination importante et une collaboration effective
entre secteurs, depuis la planification jusqu’à l’évaluation, pour s’attaquer simultanément
et de manière cohérente aux causes multiples de la malnutrition. Afin de garantir l’impact
et la complémentarité, tout programme et projet de nutrition doivent être coordonnés par
l’ONN sur la base de leur pertinence et cohérence.

Engagement politique
Cet engagement est nécessaire au plus haut niveau de l’État (pouvoir exécutif et législatif)
en raison de l’ampleur du défi de la lutte contre la malnutrition à Madagascar. Ceci se
traduit par un engagement à tous les niveaux, des financements conséquents et des
actions concertées à tous les niveaux, en accord avec les besoins de la population.

13  Le 23ème ORN est en cours de création

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 33


Programmation sur la base d’une analyse multisectorielle
Les processus de mise en œuvre et de suivi et évaluation de la PNN sont définis à partir
d’une analyse complète et contextuelle de la situation nutritionnelle. Ils impliquent tous
les secteurs concernés, afin d’obtenir une perspective holistique et contextualisée des
besoins, risques et causes, et de trouver la meilleure approche intégrée pour y répondre.
La programmation s’intéressera à toutes les formes de malnutrition, analysera leurs
interactions et traitera la problématique de la malnutrition de manière globale.

Stratégies de réponse intégrées et pérennes


Les stratégies et les moyens de mise en œuvre des réponses adaptées doivent être exécutés
à grande échelle, sous forme de paquet et de manière pérenne afin d’obtenir un impact
significatif et durable sur la malnutrition.

Approche communautaire de nutrition 


L’approche communautaire de nutrition assure une nutrition à la portée de toutes
les couches de la population. Toutes les zones vulnérables peuvent être ciblées pour
l’implémentation des sites communautaires, qu’il soit en ville ou en milieu rural. Cette
nutrition communautaire vise donc la transformation des problèmes nutritionnels d’une
communauté et de leurs facteurs d’influence, en vue de développer des interventions
pertinentes pour améliorer l’accès à l’alimentation nutritive et diversifiée, dans la perspective
d’améliorer l’état nutritionnel et le capital humain. Toutefois, l’agent communautaire (AC)
reste toujours au cœur de cette approche communautaire.

Participation et redevabilité communautaire


Cela implique l’association de la communauté à toutes les phases, de la conception à
l’évaluation du PNAMN, en passant par la mise en œuvre. Cela lui permet de contribuer
à identifier ses besoins, rechercher les solutions et participer à l’exécution ainsi qu’à
l’évaluation des interventions. Dans ce cadre, toutes les personnes ressources au niveau
local devraient jouer le rôle d’acteurs majeurs.

La redevabilité inclut le suivi du niveau d’adoption des engagements pris par les
gouvernements, les systèmes et les parties prenantes pour la nutrition. Par ailleurs,
elle veille à ce que des ressources suffisantes soient allouées aux actions de nutrition,
plaide pour une augmentation des investissements et une meilleure gouvernance de la
nutrition, améliore la transparence dans les dépenses liées à la nutrition et assure la mise
en place de mécanismes appropriés pour mesurer les résultats, l’effectivité et l’efficacité
en coût des différentes interventions. Dans la pratique, les principes d’efficacité de cette
redevabilité reposent sur -le fait que les communautés et les populations bénéficiaires ont
accès à l’information, impliqués dans les décisions qui les concernent et bénéficient des
mécanismes sûrs et réactifs pour traiter leurs plaintes ou leurs insatisfactions. Elles sont en
droit d’attendre que les organisations ou projets qui les assistent sont efficaces et que les
ressources sont gérées et utilisées de façon correcte et pour l’usage prévu.

Renforcement des capacités des ressources humaines


Disposer de ressources humaines compétentes, effectivement engagées dans le travail
avec la communauté et disposant de qualités de leader sont des conditions de succès.
Celles-ci doivent être complétées par une formation initiale et continue de qualité. La

34 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


disponibilité des moyens, la qualité de la formation pluridisciplinaire axée sur la compétence
et l’accent sur les formations des formateurs, mais aussi des prestataires sont nécessaires
pour améliorer les résultats en termes de qualité de services.

Priorisation
Les interventions prioritaires devraient être orientées sur les groupes à haut risque,
identifiés en considérant des critères nutritionnels, géographiques, socio-économiques et
sanitaires, en se basant sur les données de base.

Système de gestion de l’information, de suivi et d’évaluation performant


Ce système favorise la circulation fluide des informations et retours d’informations,
l’analyse et l’interprétation en temps opportun ainsi que la prise de décisions basées sur les
données. Le système doit être simple, avec un éventail limité de données et d’indicateurs
sélectionnés pour tous les niveaux, et pouvoir également être exploité et utilisé à tous les
échelons, de la périphérie au niveau central, pour les prises de décision.

7.4 Mécanismes de financement

Le financement de la PNN se base sur la mobilisation des ressources propres de l’État, le


financement externe issu des PTF ou les donateurs ainsi que les financements innovants.

Le Gouvernement a démontré son engagement par l’allocation de lignes budgétaires


affectées à la nutrition. Les PTF et donateurs devront aviser l’ONN de tous les fonds alloués
à la nutrition et préciser les dispositifs d’utilisation des fonds pour assurer l’utilisation
efficace des financements alloués à la nutrition.

Le mécanisme de financement devra intégrer des procédures permettant une mobilisation


rapide des ressources, une allocation efficace, une gestion décentralisée et un suivi des
fonds. Ce mécanisme doit inclure un système de gestion transparent, reflétant la bonne
gouvernance, garant de la confiance de la population et des bailleurs de fonds.

7.5 Suivi et évaluation

Le CNN assurera le suivi de la PNN dans son ensemble, en se référant à l’article 2 du décret
2004-1071. Au niveau décentralisé, les Comités régionaux de nutrition (CRN) assurent le
suivi participatif et l’évaluation locale de la mise en œuvre de la PNN. Les indicateurs de
suivi et la périodicité de la collecte des données nécessaires seront consignés dans le
PNAMN et, de façon plus détaillée, dans le Plan national de suivi et évaluation (PNSE) y
afférents.

Les revues de la mise en œuvre de la PNN se feront tous les cinq ans, après des revues à mi-
parcours préparées par le CNN et CRN. Les revues quinquennales sont à la fois internes et
externes et prendront en compte aussi bien des indicateurs de résultats que les indicateurs
d’impact en rapport avec les interventions programmées dans les plans.

Une évaluation externe à la fin de chaque plan d’action est également envisagée
afin d’apprécier l’impact de la mise en œuvre de la PNN sur l’atteinte des objectifs et,
éventuellement, réorienter les stratégies.

6. ORIENTATIONS ET RÉSULTATS STRATÉGIQUES 35


REFERENCES
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Madagascar. Enquête sur les Indicateurs du Paludisme 2016. 2017.

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14.ACC/SCN. 4th Report on The World Nutrition Situation- Nutrition throughout the Life
Cycle, in The World Nutrition Situation. Geneva, Switzerland.: ACC/SCN; 2000.

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29. REACH, SUN. Compendium of Actions for Nutrition (CAN)- Version 1. 2016.

REFERENCES 37
Annexe 1 Processus de développement de la PNN
La PNN a été réalisée d’une façon multisectorielle et pluridisciplinaire démontrant ainsi
la complexité des problèmes liés à la nutrition et à l’alimentation et des facteurs qui les
déterminent. Cette approche innovante d’approche systémique pour la nutrition nécessite
la participation active des acteurs des cinq systèmes/secteurs clés à savoir les systèmes
alimentaires, la santé, l’eau assainissement et hygiène, l’éducation et la protection sociale,
et des acteurs des interventions transversale de la coordination, la gouvernance et la
communication ainsi que de la gestion des risques et des catastrophes.

Dès le lancement officiel de l’élaboration de la PNN en juillet 2021, une équipe de travail
technique, conduite par l’ONN et incluant les équipes d’appui TASC et REACH, a été mise
en place pour assurer la conception technique et mener le processus de rédaction. Une
équipe de travail technique étendue a été aussi mise en place incluant les points focaux
des plateformes SUN et les points focaux ministériels pour la nutrition avec des réunions
hebdomadaires. Pendant le mois de juillet aussi se déroulait la mise à jour de l’analyse
situationnelle pour la nutrition à Madagascar.

Au mois d’Août 2021 s’est effectué la cartographie et l’analyse des politiques de nutrition,
y compris les plans, politiques et stratégies sectorielles. Ce qui a permis d’identifier les
interventions liées à la nutrition dans les plans, politiques et stratégies sectorielles et de
les croiser avec les preuves internationales des meilleures pratiques et des interventions à
fort impact sur la nutrition.

Des ateliers de consultations régionaux et interview des personnes-clés ont été menés
pour assurer l’implication des acteurs régionaux et locaux dans le processus. Ces ateliers
ont pour objectifs d’impliquer tous les acteurs régionaux et des communautés dans le
développement du PNN et de renforcer la collecte des informations au niveau régional.
Les ateliers régionaux se sont déroulés dans 22 régions vers la fin Aout – début septembre
2021 avec la participation de 170 entités. Les résultats de ces ateliers régionaux ont été
consolidés pour être utilisé comme base de travail pour l’atelier de consultation nationale.

La première consultation nationale s’est tenu les 21 et 22 Septembre 2021 au Motel


Antananarivo. Les objectifs de l’atelier sont de renforcer l’implication de tous les acteurs
nationaux dans le développement des documents PNN et PNAMN, ainsi que de collecter
les informations au niveau national. Les exercices par système ont permis d’initier les
logiques d’intervention par système, qui a continué le 26 octobre à Antananarivo.

Le deuxième atelier national a été mené les 27 et 28 octobre 2021 au Live Hôtel Antananarivo
avec la participation de 46 personnes/17 entités. Cet atelier s’appuie sur un processus inclusif,
itératif, multisectoriel, regroupant les personnes issues des parties prenantes au niveau
national. Pendant l’atelier, les participants ont été divisés en groupes toujours en fonction
des 5 systèmes et des deux interventions transversales. Pendant cet atelier, les logiques
d’intervention ont été complétées et les indicateurs ont été identifiés.

38 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Une série d’ateliers nationaux de finalisation a été menée les 30-31 mars, 1er et 5 Avril 2022
à Antananarivo, pour finaliser la PNN. Les ateliers ont été divisés en plusieurs jours pour
avoir au plus 2 systèmes et interventions transversales par jour pour assurer une meilleure
interaction et animation des groupes. Le draft 1 de la PNN et PNAMN ont été envoyé par
e-mail, avant les ateliers, à tous les acteurs pour avoir leurs retours. Pendant ces ateliers,
le draft 1 a été retravaillé selon les retours reçus et ceux des participants pour ressortir le
draft 2. Ces ateliers ont vu la participation de 28 personnes pour les systèmes éducation
et eau assainissement et hygiène pour la nutrition, 44 personnes pour les systèmes
santé et protection sociale pour la nutrition, 34 personnes pour les systèmes alimentaires
pour la nutrition et 46 personnes pour les interventions transversales de coordination,
gouvernance et plaidoyer ainsi que la gestion des risques et des catastrophes. Au total, 31
entités y ont participé.

La validation technique interne de la PNN et du PNAMN a eu lieu le 19 Avril 2022 à travers


une réunion en ligne avec la participation de l’ONN, l’U-PNNC et des 22 ORNs.

La validation technique présentielle finale a eu lieu le 20 Avril 2022 au Carlton Anosy


pendant une réunion regroupant 52 personnes issues de 23 entités. La fiche de présence
de cet atelier de validation est disponible ci-dessous.

N° Nom et prénom Entité Fonction

Gouvernement
1 VOLOLONTIANA Hanta Marie ONN CN
Danielle
2 RAZAFIMAHATRATRA ONN CSSE p.i.
Fanjanomenjanahary Marie
Aimé
3 ANDRIANJAKANIRINA ONN RRP
Henintsoa
4 RAHARIJAONA Andriamihaja ONN RSE
5 RAZAFINDRASATA Fidy ONN UPNNC DN
6 RAKOTOMALALA Norotiana ONN UPNNC RP
7 RAFALIMANANTSOA Jules ONN RUCT
8 ANDRIANIRINA Armand ONN RSAM
9 RAVELONARIVO Harijaona ONN RNU/PSN
10 RANIVOARIVAO F. Hasiniaina ONN RAI
11 RAKOTOMALALA Felana ONN AI
12 RABEMANANTSOA Andry ONN CBD
Tsirofo
13 HENRI Niella ONN RCI

Annexe 1 Processus de développement de la PNN 39


14 RANDRIAMANANTENA Fidèle ONN DEGRA / COM
15 ANDRIAMBOLOLONA Nicole ONN Assistance du CN
Aimée
16 RAHARIMANANA Laingo Mamy ONN RRH
17 RABARIJAONA Lalalanirina ONN Assistante
18 RAMAROSO Anna ONN RAAF
19 RASOLONIRINA Britney ONN RRD
Havannah
20 RASOARINORO Jeannine ONN Consultante
21 RANDRIANJAFIZANAKA M. Primature Directeur des études
Fanohiza
22 RAONIZAFINARIVO Voasary MEF/Direction Représentante
Ravo générale du
Trésor
23 RAJEMARINOELISOA Miraho MPPSPF Chargé d’étude / SG
Felaniaina
24 RANDRIANARIVELO Felana MICC Chef de service / DPE
Vololoniaina
25 RAHARINOMENA Fanja MINAE SG
26 RAHERIJAONA Clara MINAE Collaborateur technique SG
27 RAZOELIARISOA Adeline MINAE SSAN
28 RASOAMANANJARA MPEB Directeur de l’Aquaculture
Hantanirina
29 MAHAZOASY Roger MID Directeur de la coopération
décentralisée, de l’Inter-
collectivité et du Partenariat
Public Privé

Parlement
30 RANDRIAMAMAFANJARY Assemblée SG
Calvin Nationale
31 RAKOTOBE Luc Assemblée Assistant Parlémentaire
Nationale
Nations Unies
32 RAOBELINA Holy FAO Nutrition Officer
33 DIAW Marieme PAM Cheffe Nutriiton
34 JOYEUX Mathieu UNICEF Chef de Section Nutrition

40 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Plateforme SUN
35 RAZAFIMANDINMBY Plateforme PCA
Andriamandranto HINA
36 RANDRIAMANANJARA Odile UN Nutrition Facilitateur National
Michèle REACH
Société civile
37 RAZAFINDRAKOTO Yolande AFAFI Centre Cheffe de missiion
38 RANAIVOSON ADRA Directeur technique
Andriamaminiaina Nutrition santé
39 ANDRIAMBOLASON ACF Technicienne
Faraniaina Tiana communication
40 Walsh Joanne GIZ PROSAR AT
41 Daume Heike GIZ PROSAR AT

42 ANDRIAMAHEFA Oliva GIZ PROSAR CT en gouvernance de la


nutrition
43 RAJAOBELISON Josia GIZ PROSAR Consultant en gouvernance
44 RANDRIANETSY Andry Patrick APDRA PF Nutrition
45 ANDRIAMIZAKA Carole PASAN / JICA Executive Advisor
46 ANDRIAMAHEFAZAFY Aina PASAN / JICA MCS
Liselle
47 RAKOTONARIVO Rinah Zo CARE Spécialiste sécurité
alimentaire et CC
48 RAKOTOLEHIBE Diane USAID/HP+ Consultante en Com et
documentation
49 RAMANOROMILA Nono USAID/HP+ DFO
Théophile
50 RAJOELY Carole USAID/HP+ Assistante Administrative
et Logistique
51 RAMAMONJISOA Eli USAID/HP+ Consultant
52 NOELSON Rivo USAID Spécialiste santé de l’enfant

Annexe 1 Processus de développement de la PNN 41


Annexe 2 : Détails des engagements du Pays
Plan Émergence Madagascar (PEM)
La lutte contre la malnutrition fait partie du PEM. Elle est classée dans le socle social, capital
humain, engagement  5, Priorité  10  : accès aux soins et bien-être social, avec l’objectif de
réduire le taux de malnutrition de 41,6 % à 35 % en 2023.

De plus, le PEM se fixe comme défi une croissance économique accélérée du monde rural à un
rythme de près de 5% pour le secteur primaire. La production Agricole doit être compétitive et
durable, intégrant des exploitations familiales et des unités de transformation modernisées pour
assurer la sécurité alimentaire et conquérir les marches d’exportation.

Les stratégies consistent à :

◼ Accroître la productivité d’une manière durable et de garantir le développement des


systèmes de production compétitifs basés sur l’agrobusiness afin de répondre aux
besoins des marches nationaux, régionaux et internationaux ;

◼ Développer les infrastructures d’exploitation normalisées et étendre les zones de


production ;

◼ Augmenter les revenus des producteurs agricoles et des pêcheurs, et procurer des
emplois décents à la population rurale ;

◼ Contribuer à la sécurisation alimentaire et nutritionnelle et à l’amélioration de la résilience


face au changement climatique

◼ Faire de Madagascar le grenier alimentaire de l’Océan Indien et de la sous-région ;

◼ Renforcer les recherches en matières agricoles.

Objectifs de Développement Durable


Madagascar vise à atteindre les objectifs des Objectifs de Développement Durable (ODD) à
l’horizon 2030. Notamment, l’ODD 2, intitulé « Faim Zéro », qui vise à éliminer la faim, assurer
la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable (17). Les
cibles spécifiques à la nutrition sont les suivantes :

◼ 2.1 D’ici à 2030, éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et
les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès tout au long de
l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante.

◼ 2.2 D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y compris en réalisant d’ici
à 2025 les objectifs arrêtés à l’échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à
l’émaciation parmi les enfants de moins de 5 ans, et répondre aux besoins nutritionnels
des adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées.

Par ailleurs, les autres ODD ont une interdépendance démontrée par rapport à la nutrition
(18).

42 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Cibles de l’Assemblée mondiale de la santé
En tant que membre à part entière de l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) et ayant
adopté en 2012 les six cibles mondiales de la nutrition de cette Assemblée, Madagascar est
tenu de respecter les engagements de cette instance pour 2025 et 2030 sur la nutrition (18,19).

◼ Réduire de 40% le nombre d’enfants de moins de 5 ans présentant une malnutrition


chronique ;

◼ Réduire de 50% l’anémie chez les femmes en âge de procréer ;

◼ Réduire de 30% l’insuffisance pondérale à la naissance ;

◼ Pas d’augmentation du pourcentage d’enfants en surcharge pondéral ;

◼ Porter les taux d’allaitement maternel exclusif au cours des 6 premiers mois de la vie à au
moins 50% ;

◼ Réduire et maintenir au-dessous de 5% la prévalence de la malnutrition aigüe chez l’enfant


d’ici 2025 et au-dessous de 3% d’ici 2030.

Engagements au Sommet mondial sur les systèmes alimentaires


L’engagement de Madagascar relatif au sommet des Nations Unies sur les systèmes
alimentaires qui s’est tenu pendant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York le 23
septembre 2021,se résume à la promotion d’une alimentation diversifiée, saine et nutritive
avec l’implication du secteur privé et de la société civile à travers une production résiliente
face au changement climatique (avec la transformation locale, l’agribusiness, l’approche
paysage et l’utilisation des énergies renouvelables)ainsi que l’entrepreneuriat des jeunes et
des femmes. Ceci dans le cadre d’une gouvernance favorisant des moyens de subsistance
équitables et résilients. Madagascar s’est aussi engagé à tout mettre en œuvre pour accélérer
le processus de décentralisation effective afin d’établir un équilibre territorial et garantir
l’équité en matière de répartition des ressources publiques.

Adhésion à la deuxième Conférence internationale sur la nutrition


Madagascar a participé à la deuxième session de la Conférence internationale sur la nutrition
(CIN2), qui a eu lieu à Rome en novembre 2014, et adhère ainsi à sa déclaration finale d’élaborer
des politiques nationales visant à éradiquer la malnutrition et à transformer les systèmes
alimentaires et de santé public pour rendre les régimes nutritifs accessibles à tous.

Objectifs de l’Union africaine


La 23ème session ordinaire du Sommet de l’Union africaine (UA), regroupant des chefs d’États
et de gouvernements, a eu lieu du 26 au 27 juin 2014 à Malabo, en Guinée équatoriale. La
déclaration définit les engagements des pays membres :

◼ Éliminer, à l’échelle mondiale, la faim et prévenir toutes formes de malnutrition, en


particulier la sous-alimentation, le retard de croissance, le dépérissement, le déficit
pondéral et l’excès pondéral de l’enfant de moins de 5  ans, ainsi que les carences en
micronutriments, et faire reculer les maladies non transmissibles dues à l’alimentation
dans toutes les classes d’âge

◼ Investir davantage dans des interventions et actions efficaces de nature à améliorer le


régime alimentaire et la nutrition des populations, y compris dans les situations d’urgence

Annexe 2 : Détails des engagements du Pays 43


Adhésion au Mouvement « Scaling-Up Nutrition »
Madagascar est membre à part entière du Mouvement « Scaling-Up Nutrition » (SUN) depuis
2012. Les engagements de l’État selon la feuille de route SUN 2021-2025 visent à :

◼ Augmenter la contribution de l’État pour maximiser l’effet levier et renforcer la durabilité


du financement des activités de nutrition

◼ Augmenter la contribution des partenaires (dont le secteur privé, incluant les financements
innovants) et l’efficacité de l’utilisation de l’aide

◼ Améliorer l’utilisation des fonds alloués à la nutrition, en matière de décentralisation et


d’efficience.

Engagement sur la Nutrition pour la croissance (N4G)


Le sommet phare N4G a été accueilli par le gouvernement du Japon les 7 et 8 décembre
2021. L’événement a réuni un échantillon représentatif de parties prenantes pour annoncer
les engagements financiers et politiques finaux et tracer la voie vers 2030 avec des
recommandations concrètes à la communauté mondiale. Madagascar a pris les engagements
suivants :

Financement :
1. Le gouvernement malgache engage 398 millions de dollars US sur 10 ans.

2. L’Etat malgache augmentera son allocation pour le secteur de la nutrition de 50%, chaque
année, de 2022 à 2026 lors de la mise en œuvre du Plan National d’Actions Multisectorielles
en Nutrition (2022 à 2026) pour la mise en œuvre du paquet essentiel en nutrition au
niveau national.

Régimes alimentaires :
3. Réduire la malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans de 41,6% en 2021 à
32,1% en 2026 sous la coordination de l’Office national de la nutrition.

4. Réduire le taux de malnutrition aiguë globale de 6,4% en 2021 à 5% en 2026

5. Atteindre au moins 50% des enfants de 6 à 23 mois qui ont accès au régime alimentaire
minimum.

Résilience :
6. De 2022 à 2026, le gouvernement malgache s’engage à développer un programme pour
répondre à l’insécurité alimentaire de la population vulnérable, à plaider pour plus de
ressources et à coordonner les parties prenantes pour mettre en œuvre le programme
pour une meilleure focalisation sur la résilience et la durabilité des effets sur l’état
nutritionnel.

Données :
7. Jusqu’en 2026, le gouvernement malgache et ses partenaires s’engagent à disposer
d’un système national d’information numérique fonctionnel pour accéder à des données
nutritionnelles de qualité provenant du terrain en temps réel pour la prise de décision

44 POLITIQUE NATIONALE DE NUTRITION À MADAGASCAR 2022-2030


Annexe 3 : Cartographies des politiques, stratégies et programmes à
Madagascar

Annexe 3 : Cartographies des politiques, stratégies et programmes à Madagascar 45


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