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Insécurité alimentaire et Stratégies d’adaptations dans

les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est du Cameroun.


Octavie Ginette Njupuen Njiembokue

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Octavie Ginette Njupuen Njiembokue. Insécurité alimentaire et Stratégies d’adaptations dans les Ré-
gions de l’Extrême-Nord et de l’Est du Cameroun.. Géographie. Université de Yaoundé I (Cameroun),
2021. Français. �NNT : �. �tel-03644683�

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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN RÉPUBLIQUE OF CAMEROON
PAIX-TRAVAIL-PATRIE PEACE-WORK-FATHERLAND
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I THE UNIVERSITY OF YAOUNDÉ I

FACULTÉ DES ARTS, LETTRES ET FACULTY OF ARTS, LETTERS AND


SCIENCES HUMAINES SOCIAL SCIENCES

CENTRE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE EN POST GRADUATE SCHOOL FOR THE
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET HUMAN, SOCIAL AND
EDUCATIONAL SCIENCES
ÉDUCATIVES

UNITÉ DE RECHERCHE ET DE DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR


FORMATION DOCTORALE EN HUMAN AND SOCIAL SCIENCES
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES

DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE DEPARTMENT OF GEOGRAPHY

INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET STRATÉGIES


D’ADAPTATION DANS LES RÉGIONS DE L’EXTRÊME-NORD
ET DE L’EST DU CAMEROUN

Thèse présentée en vue de l’obtention du diplôme de Doctorat/Ph.D en Géographie

Spécialité : Dynamiques Urbaines et Rurales


Option : Dynamiques Rurales
Par
Octavie Ginette NJUPUEN NJIEMBOKUE
Matricule : 08F346
Master en Géographie

Sous la direction de
Moïse MOUPOU
Professeur des Universités
Université de Yaoundé I

Soutenue le 26 Juillet 2021


Jury :
Président : DONGMO Jean-Louis, Professeur Université de Yaoundé I (Cameroun)
Rapporteur : MOUPOU Moise, Professeur Université de Yaoundé I (Cameroun)
Membres : GONNE Bernard, Professeur Université de Maroua (Cameroun)
OJUKU TIAFACK, Maître de Conférences Université de Yaoundé I (Cameroun)
LIEUGOMG Médard, Professeur Université de Yaoundé I (Cameroun)
ii 
 

DÉDICACE

Aux

 Femmes, aux filles, aux enfants victimes des violences de toutes natures
 Enfants qui ne demandent pas à venir au monde mais payent le prix fort de l’égo
humain.

À la grande famille Njupouen

Sur un coup de tête pendant ma deuxième année à l’Université, j’ai faillie abandonné mais vous
avez su trouver les mots pour me redonner l’envie de poursuivre mes études. Vous vous êtes jamais
plaints des contraintes financières qu’impliquent un long cursus universitaire au contraire vous
m’avez encouragé et soutenu. C’est encore ensemble que nous avons traversés l’épreuve que j’ai
subie pendant la rédaction de ce travail. Merci pour cet amour, ce soutien inconditionnel à mon
égard.

« Il est impossible de changer le passé mais on peut décider de gagner ou perdre l’avenir, il suffit
de changer la semence si tu n’aimes pas ce que tu récoltes en ce moment ».

 
  
iii 
 

REMERCIEMENTS

 Au Pr Moupou Moïse que j’appelle affectueusement « Wa ». Plus qu’un encadreur, vous êtes
mon père et mon modèle. Malgré vos multiples contraintes administratives, vous n’avez cessé
de m’encourager à boucler ce travail à travers vos remarques, corrections et suggestions.
 Au Pr Elong Gabriel, avec une main de fer, vous m’avez inculqué les bases de la géographie
rurale au point où j’étais déterminée à être une villageoise qui promeut le monde rural et trouve
des réponses durables quant à l’amélioration des conditions de vie de la population rurale.
 Aux enseignants du département de Géographie en l’occurrence le Pr Tchawa Paul« le père
des enfants », le Pr Dongmo Jean-L, le Pr Mougoué Benoit, le Pr NKwemoh Clément, le Pr
Ngoufo Roger, le Pr Amougou Arimathée, le Pr Youta Happi, le Pr Ojuku Tiafack, Dr
Mediebou Chindji« ma rose », Dr Bouba Dieudonné, Dr Tende Renz, Dr Ndi Roland, Dr
Bamboye Gilbert, Dr Mabou Blaise, vous êtes non seulement la crème de l’enseignement
supérieur mais des mentors. La graine de la géographie que vous avez semé à éclot à présent.
 Aux Pr Socpa Antoine, Dr Fofiri, Dr Tatuebu, MM Fifen Olivier, Ngako Raoul, Djibrilla Paul,
Batha, Ouambo Roger merci pour vos disponibilités, vos conseils, vos technicités qui ont
permis d’améliorer ce travail.
 À son excellence Nji Komidor Hamidou actuel ambassadeur du Cameroun en Algérie, Mr
Madior Fall pour vos conseils
 Aux autorités administratives et traditionnelles du Mayo-Tsanaga notamment M. Happi De
Nguiamba J.V., à l’époque 1e adjoint au Préfet et actuel Sous-préfet de Kye-Ossi, le Lamido
Djaliwé Zogoï, chef de Canton Matakam-Sud, le Lamido Ibrahim Hamaoua, chef de canton
de Zamay, tous les lawans des villages enquêtés. Vous m’avez ouvert les portes du
département et de vos villages, veillé à ma sécurité sur le terrain.
 À mes hôtes et guides dans le Mayo-Tsanaga à savoir MM Emonnou Dapla, Barthelemy, Tige,
Simon, Mme Djibrillla.
 À MM Awe Djogo, Godwe Frederic, Sambaï Noel, Nyago Dingba Justin chef service
enquêtes et statistiques agricoles Extrême-Nord, Ngatcheboy André, Allamine Dizouka
 À toute la grande équipe du PAM à Maroua à la période de mon stage, à sa tête le Dr Diongue
Aliou, Mme Eldjouma Fadimatou, MM Bah Eugène, Kouamen Alain, Fopa Guy, Hamadou
Paul, Ngolong Emmanuel, Sedric Zamedjo, Flabert Kwelle, Boukar Zilbinkaï, Assala
Amadiang J-B, Appolinaire Adamou, Kingdjock Alain, Tchonang Parfait, Roméo, Mlle Ella,

 
  
iv 
 

cette voix au téléphone qui m’a ouvert les portes de l’humanitaire et vous qui m’avez encadré
sur le terrain.
 Au Dr Houlibélé Dour-Yang, Mme Tiotsop Helène, MM Tsien Mba Eudes, Payan du PNSA,
Abieguebe Désiré des services de l’agriculture et de l’élevage du Lom-et-Djerem.
 Aux autorités administratives et traditionnelles du Lom-et-Djerem en l’occurrence Mr Kinoua
André, Mr Kitio Bertin, sa majesté Avom Benjamin L., sa majesté Ndoe Pierre, sa majesté
Kombo Pascal
 Aux Dr Ngono Ndzengué P., Mme Pouene Manuella, MM Ziba Nang Samuel, Nchangé Osé
des services de santé du Lom-et-Djerem
 À mes guides sur le terrain : MM Kader Nchare, Happy Gado, Armand Siamsewe.
 À ma famille du département de Géographie: Dr Mediebou, Mmes Evina, Nya E., Nguieyep
G., Tchana M-L., Kom Lydie, Chimène Wamba, MM Ndjeussi Yves, Dzeufack Gaetan, des
rencontres qui se soldent par des liens de complicité très forts, merci d’avoir encadré et
soutenu la petite sœur que je suis.
 À Papa Mfomou Njupouen André, Maman Ntentié Jacqueline, Mes frères et sœurs : MM
Talipouo Ghislain, Martial Njankouo, Mouliom Gael, Ndam Boris, Mme Fortune Walitza,
Mlle Rayé Brenda, nos enfants : Mlle Talipouo Lexie, Mlle Mila Walitza, Mr Talipouo Enos,
Mr Tijan Walitza, le petit Warren Néri, Louane fortune merci pour l’amour et le soutien
inconditionnel.
 Aux grandes familles Pon Rayé, Pon Pon Rayé, Ngambé et Mbouembouo, mes oncles et tantes
Dr Ngambé Maurice, Dr Ngambé Didier, Dr Ngambé Eugénie épse Mbenga , Mr Fafa Roger,
Mme Ndoukoue Florence, Mama Lucie pour le soutien multiforme.
 Aux ainées : MM Ngapna Jérémie, Moumié Edmond, Mmes Mefire Marguerite, Mfonka
Arlette, toi qui m’a offert ma toute première tenue à mon entrée au lycée.
 À mes ami (es) et connaissances : Dr Foulla, MM Dapla Kaïssina Flaubert, Alinda Alat,
Ndeme Emmanuel, Haridam E, Lhaba Patrick, Pepouere Jean Paul, Koulia Mayapa, Tsafack
Raoul, Mles Mefeu Diane, Mabouri Léa, Ndeme Sandrine, Ndeme Christelle, Guileine
Mibou, Mmes Bando Carine, Bouba Aimée, merci d’avoir été là quand j’avais le plus besoin
 Au Dr Mobitang qui malgré la fatigue de sa nuit de garde a pris soin de moi après mon
agression. Elle m’a accueillie comme une mère au chevet de sa fille blessée.
 Àux moniteurs du Culte d’Enfants de la paroisse de la Briqueterie II sous la houlette de Mme
Mork-Stordal Suzie.
 À Mr Lingom Emmanuel, Mme Mfondi Rachel, pour la bifurcation que vous avez été dans
ma vie.

 
  

 

RÉSUMÉ

Le nombre de personnes sous-alimentées ne cesse de croître dans les pays du monde. Le Cameroun
est identifié parmi les pays où les populations ont une forte sévérité d’insécurité alimentaire. Les
ménages ont des déficits extrêmes en aliments. En matière d’état nutritionnel, près de 34% des
enfants de moins de 05 ans souffrent de malnutrition chronique et 13% de façon sévère. Les
actions pour palier à ce problème jusqu’ici demeurent insuffisantes et l’insécurité alimentaire
persiste dans les zones prioritaires d’interventions humanitaires. Cette thèse porte sur :
« l’Insécurité alimentaire et stratégies d’adaptation dans les régions de l’Extrême-Nord et
de l’Est du Cameroun ». Elle vise à fournir une base des faits probants sur la situation de
l’insécurité alimentaire et les défis à relever pour renforcer les mécanismes d’adaptations des
ménages en termes de ressources propres disponibles. L’hypothèse principale énonce que
l’insécurité alimentaire dans les régions de l’Extrême-Nord et de l’Est du Cameroun est le résultat
de l’environnement macro-économique, socio-économique, culturel, la nature des moyens de
subsistance des populations. Pour la vérifier, la méthode hypothético-déductive couplée à
l’approche participative a été utilisée. Le traitement des données recueillies sur le terrain s’est fait
à l’aide des logiciels mathématiques R et Excel. D’après l’analyse des résultats, il en ressort que
le Mayo-Tsanaga à l’Extrême-Nord et le Lom-et-Djerem à l’Est ont des productions agricoles
spécifiques à leurs zones agroécologiques, qui se réduisent au fil des années à cause des contraintes
physiques. Ces deux départements frontaliers aux pays en crise sécuritaire subissent des assauts
de la part d’une entité terroriste qui sème le chaos, l’arrivée massive des réfugiés et des personnes
déplacées internes. Ils viennent s’installer dans un contexte précaire où les ressources structurelles
et alimentaires sont limitées. Ceci est renforcé par les moyens de subsistances vulnérables. La diète
est monotone et non diversifiée dans ces zones d’enquêtes. Ces déséquilibres alimentaires
combinés aux mauvaises pratiques infantiles exposent le jeune enfant à la malnutrition. Les
chiffres sont au-delà du seuil d’urgence et d’alerte. Les ménages font usage des stratégies
d’adaptations négatives. Cependant, les efforts conjoints des institutions publiques, de la société
civile et des partenaires humanitaires ont entrepris des actions afin de combler les besoins de base
des ménages affectés pour une période déterminée. Toutefois, il convient d’équiper l’homme dans
toutes ses cinq dimensions de la bonne connaissance, des bonnes pratiques pour qu’il puisse sortir
de ce cercle vicieux de l’insécurité alimentaire.

Mots clés : insécurité alimentaire, état nutritionnel, stratégies d’adaptation, Mayo-Tsanaga, Lom-
et-Djerem

 
  
vi 
 

ABSTRACT

The number of people without food is continuously increasing in the world every day. Cameroon
happens to be one of the countries with food insecurity as households have food shortages.
Multinational value statistics reveal that close to 34% of children less than or equal to 5 years
suffer from chronic malnutrition with 13% being severe. Measures to solve this problem remain
insufficient and food insecurity persists in priority humanitarian zones. This thesis on « Food
insecurity and adaptation strategies in the Far North and Eastern Regions of Cameroon», is
geared at exposing the problems of food insecurity. It probes into the challenges in reinforcing
adaptation mechanisms by households faced with this difficulty. The main hypothesis states that
food insecurity in the Far-North and East regions of Cameroon is a result of the macro-economic,
socio-economic, cultural, nature of means of subsistence of the population and environment. A
hypothetico-deductive method, coupled with a participative approach was used to verify this
hypothesis. Field data was treated through the R and Microsoft Excel Spread Sheet. Results from
analyses reveal that Mayo-Tsanaga in the Far North and Lom and Djerem in the East have specific
agricultural productions in their agro-ecological zones which is diminishing over the years due to
physical constraints. These border divisions in a State in security crisis are as well faced with
chaotic occurrences from terrorists promoting massive arrival of refugees and internally displaced
persons. Their settlement is not only precarious, but as well meets limited structural and food
resources accompanied by vulnerable subsistence means. With a non-diversified and monotonous
feeding habit, food consumption disequilibrium is observed, exposing the children to malnutrition.
With increasing number of cases, the households use negative adaptive strategies for survival.
However, collective efforts from public institutions, civil society and humanitarian partners have
brought in measures to resolve the household difficulties. It is therefore important to equip the
people with all dimensions of knowledge and good practices in order to overcome food insecurity.

Keywords: food insecurity, nutritional state, adaptation strategies, Mayo-Tsanga, Lom and Djerem

 
  
vii 
 

SOMMAIRE

DÉDICACE ..................................................................................................................................... ii 


REMERCIEMENTS ......................................................................................................................iii 
RÉSUMÉ ......................................................................................................................................... v 
ABSTRACT ................................................................................................................................... vi 
SOMMAIRE ................................................................................................................................. vii 
TABLE DES TABLEAUX ............................................................................................................ ix 
TABLE DES FIGURES ................................................................................................................. xi 
TABLE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES ...................................................................xiii 
TABLE DES PHOTOS ................................................................................................................ xiv 
TABLE DES ENCADRES ........................................................................................................xviii 
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES .................................................................... xix 
......................................................................................................................................................... 1 
INTRODUCTION GÉNÉRALE..................................................................................................... 1 
I‐ CONTEXTE DE L’ÉTUDE ................................................................................................................................. 3 
II‐ JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET .......................................................................................................... 13 
III‐ INTERET DE LA RECHERCHE ...................................................................................................................... 15 
IV‐ DÉLIMITATION DES ZONES D’ÉTUDES ...................................................................................................... 17 
V‐ PROBLÉMATIQUE ...................................................................................................................................... 21 
VI‐ QUESTIONS DE RECHERCHE ..................................................................................................................... 27 
VII‐ CONTEXTE SCIENTIFIQUE ........................................................................................................................ 27 
VIII‐ CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE ..................................................................................................... 37 
XI‐ OBJECTIFS DE RECHERCHE ........................................................................................................................ 60 

X‐ HYPOTHESES DE RECHERCHE ............................................................................................................ 61 
XI‐ MÉTHODOLOGIE ....................................................................................................................................... 61 
HS 2 : Les habitudes alimentaires et les pratiques de soins exposent les enfants de 0-59 mois aux carences
alimentaires d’où la malnutrition. .................................................................................................................. 76 
XII‐ LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES .............................................................................................................. 77 
XIII‐ ORGANISATION DE LA THÈSE ................................................................................................................. 78 

PARTIE I : LES CAUSES ÉVIDENTES DE LA PERSISTANCE DE L’INSÉCURITE


ALIMENTAIRE............................................................................................................................ 80 
CHAPITRE I : CONTEXTE DE PRODUCTION ALIMENTAIRE DANS LES ZONES
AGROÉCOLOGIQUES................................................................................................................ 81 
I‐1‐ ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET PROFIL DES ZONES AGROECOLOGIQUES ............................................ 81 
I‐2‐ SYSTÈMES DE PRODUCTION ET DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES .......................................................... 102 
I‐3‐ LES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES ET DESCRIPTION DES PRINCIPALES CULTURES DE CONSOMMATION 
POPULAIRE ET LEURS ZONES DE PRODUCTIONS ......................................................................................... 117 
I‐4‐ STRUCTURE DE COMMERCIALISATION ET TENDANCE DES PRIX SUR LES MARCHÉS ............................ 141 

 
  
viii 
 

CHAPITRE II : IDENTIFICATION DES FACTEURS AGGRAVANTS DE L’INSÉCURITÉ


ALIMENTAIRE.......................................................................................................................... 169 
II‐1‐ ENVIRONNEMENT SECURITAIRE ET SOCIO‐ECONOMIQUE DANS LE LOM‐ET‐DJEREM ET LE MAYO‐
TSANAGA ..................................................................................................................................................... 169 
II‐2‐ PROFIL SOCIO‐CULTUREL ET DEMOGRAPHIQUE DES POPULATIONS AFFECTEES OU VULNERABLES .. 185 
II‐3‐ VULNÉRABILITE DES MOYENS DE SUBSISTANCE .................................................................................. 206 

PARTIE II : DES EFFETS MANIFESTES AUX ESSAIS DE SOLUTIONS .......................... 213 


CHAPITRE III : LES PRATIQUES ALIMENTAIRES ET ÉTAT NUTRITIONNEL DES
MENAGES CIBLES : LES EFFETS MANIFESTES SUR LA SANTE DES ENFANTS DE 0 à
59 MOIS ...................................................................................................................................... 214 
III‐1‐ COMPRENDRE LE RôLE DE L’ALIMENTATION POUR L’ORGANISME .................................................... 215 
III‐2‐ LES HABITUDES ALIMENTAIRES ........................................................................................................... 220 
III‐3‐ PRATIQUE DES SOINS INFANTILES ....................................................................................................... 259 
III‐4‐ ÉTAT DE LA SANTÉ PUBLIQUE ............................................................................................................. 284 

III‐5‐ LA PREVALENCE DE LA MALNUTRITION ..................................................................................... 293 

CHAPITRE IV : MÉCANISMES INSTITUTIONNELS ET STRATÉGIES D’ADAPTATION


DES MÉNAGES À L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ............................................................. 312 
IV‐1‐ LES ACTIONS SPÉCIFIQUES DE L’ÉTAT CAMEROUNAIS ET SES INSTITUTIONS .................................... 312 
IV‐2‐ LES INTERVENTIONS HUMANITAIRES ................................................................................................. 325 

IV‐3‐ LES STRATÉGIES D’ADAPTATION DES MÉNAGES ....................................................................... 342 
IV‐4‐ SUGGESTIONS POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ............................ 351 

CONCLUSION GÉNÉRALE ..................................................................................................... 366 


BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 376 
ANNEXES .................................................................................................................................. 412 
2) Vérifier la présence d’œdèmes bilatéraux .............................................................................................. 436 

Annexe 16 : Évaluation du test de l’appétit .............................................................................. 438 


Annexe 17 : Rappel traitement systématique CRENAS ............................................................. 439 
Annexe 18 : Calculer le rapport poids/taille................................................................................ 440 
 ................................................................................................................................................................... cdxlii 

TABLE DES INDEX .............................................................................................................. cdxliii 


TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... cdxlvii 

 
  
ix 
 

TABLE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Nombre des personnes sous-alimentées (en millions) ................................................. 3 


Tableau 2 : Populations en insécurité alimentaire aiguë en Afrique (en millions) ......................... 4 
Tableau 3 : Recherche documentaire dans les centres de lecture ................................................. 63 
Tableau 4 : Critère de choix des villages d’enquêtes .................................................................... 69 
Tableau 5 : Opérationnalisation de l’échantillon .......................................................................... 71 
Tableau 6 : Tableau synoptique de la recherche ........................................................................... 76 
Tableau 7 : Modélisation de la saison culturale dans le Mayo-Tsanaga par arrondissement ....... 95 
Tableau 8 : Variation de la pluviométrie et saison culturale dans le Lom-et-Djerem ................ 101 
Tableau 9 : Calendrier saisonnier des pratiques agricoles .......................................................... 105 
Tableau 10 : Calendrier saisonnier en zone de forêt-savane ....................................................... 108 
Tableau 11 : Pression parasitaire et les maladies des plantes ..................................................... 110 
Tableau 12 : Affections animales courantes ............................................................................... 112 
Tableau 13 : Situation acridienne ................................................................................................ 113 
Tableau 14 : Maladies des bêtes .................................................................................................. 115 
Tableau 15 : Les denrées alimentaires produites par arrondissement ......................................... 121 
Tableau 16 : Superficie totale pour chaque arrondissement ....................................................... 122 
Tableau 17 : Bilan cérealier du Mayo-Tsanaga de 2013 à 2018 ................................................. 124 
Tableau 18 : Les spéculations de l’aire géographique du Mayo-Tsanaga .................................. 126 
Tableau 19 : Production animale annuelle du département ........................................................ 126 
Tableau 20 : Évolution de la production du lait dans le Mayo-Tsanaga ..................................... 129 
Tableau 21 : La production agricole par arrondissement dans le Lom-et-Djerem...................... 132 
Tableau 22 : Production animale et ses dérivés dans le Lom-et-Djerem .................................... 135 
Tableau 23 : Les principaux marchés du département ................................................................ 141 
Tableau 24 : Disponibilité des denrées sur les marchés de 2013 à 2018 .................................... 147 
Tableau 25 : Marchés importants du Lom-et-Djerem ................................................................. 153 
Tableau 26 : Disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés ......................................... 158 
Tableau 27 : Les moyens de subsistance des ménages dans le Mayo-Tsanaga .......................... 206 
Tableau 28 : Facteurs de vulnérabilité des moyens de subsistances des ménages ...................... 208 
Tableau 29 : Éléments de précarité des moyens de subsistance dans le Lom-et-Djerem ........... 210 
Tableau 30 : Classification simple des constituants alimentaires ............................................... 217 
Tableau 31 : Éléments nutritifs de l’alimentation d’un jour ....................................................... 219 
Tableau 32 : Représentation proportionnelle de la consommation alimentaire des ménages de
Zamay pendant une période normale .......................................................................................... 231 
Tableau 33 : Représentation proportionnelle de la consommation alimentaire des ménages de
Zamay pendant une période de difficile ou post-conflit ............................................................. 233 
Tableau 34 : Représentation proportionnelle de la consommation des ménages à Woumbou ... 244 
Tableau 35 : Représentation proportionnelle de la consommation des ménages du village
Ouanden ...................................................................................................................................... 245 
Tableau 36 : Calorie nécessaire pour un commerçant................................................................. 254 
Tableau 37 : Calorie nécessaire pour un agriculteur ................................................................... 255 
Tableau 38 : Valeur nutritionnelle des aliments couramment consommés dans les Monts
Mandara et le Lom-et-Djerem ..................................................................................................... 256 
Tableau 39 : Situation sanitaire dans le district de santé de Mokolo .......................................... 286 
Tableau 40 : Situation sanitaire dans le district de santé de Garoua-Boulaï ............................... 288 
Tableau 41 : Situation sanitaire dans le district de santé de Betare-oya ..................................... 290 

 
  

 

Tableau 42 : Types de malnutrition et leurs symptômes ............................................................. 295 


Tableau 43 : Nombre d’admissions des malnutris dans les CNAS/CNTI .................................. 303 
Tableau 44 : Projets et programmes du MINADER ................................................................... 314 
Tableau 45 : Nombre de personnes formées dans les CEAC ...................................................... 317 
Tableau 46 : Agences des Nations Unies sur le terrain ............................................................... 327 
Tableau 47 : ONG international dans les zones d’interventions ................................................. 331 
Tableau 48 : ONG nationales sur le terrain ................................................................................. 336 
Tableau 49 : Les stratégies d’adaptation négatives ..................................................................... 349 
Tableau 50 : Déterminants des bonnes pratiques ........................................................................ 356 

 
  
xi 
 

TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Population en phase 3 crise de l’IPC/CH ou pire ........................................................... 5 


Figure 2 : Carte de localisation des zones d’étude ........................................................................ 20 
Figure 3 : Les composantes de la sécurité alimentaire .................................................................. 43 
Figure 4 : Conceptualisation de l’insécurité alimentaire ............................................................... 46 
Figure 5 : Composantes de l’état nutritionnel ............................................................................... 47 
Figure 6 : Conceptualisation de l’état nutritionnel ........................................................................ 48 
Figure 7 : Schéma conceptuel de l’insécurité alimentaire et de l’état nutritionnel ....................... 51 
Figure 8 : Conceptualisation des stratégies d’adaptations ............................................................ 54 
Figure 9: Échelle de la hiérarchie des besoins selon Maslow dite « pyramide de Maslow » ....... 57 
Figure 10 : Villages enquêtés dans le Mayo-Tsanaga ................................................................... 72 
Figure 11 : Villages enquêtés dans le Lom-et-Djerem .................................................................. 73 
Figure 12 : Le relief du Mayo-Tsanaga ......................................................................................... 88 
Figure 13 : Le relief du département du Lom-et-Djerem .............................................................. 90 
Figure 14 : Régime pluviométrique moyen de Mokolo ................................................................ 91 
Figure 15 : Indice pluviométrique de Mokolo de 2008 à 2018 ..................................................... 92 
Figure 16 : Évolution du nombre de jours pluvieux...................................................................... 93 
Figure 17 : Régime pluviométrique bimodal ................................................................................ 97 
Figure 18 : Indice pluviométrique du Lom-et-Djerem .................................................................. 98 
Figure 19 : Nombre de jours de pluie ............................................................................................ 98 
Figure 20 : Production agricole de 2013 à 2018 ......................................................................... 123 
Figure 21 : Production des denrées alimentaires de 2014 à 2018 ............................................... 133 
Figure 22 : Effectif cheptel par arrondissement en 2018 ............................................................ 136 
Figure 23 : Nombre de pêcheurs par la nationalité ..................................................................... 137 
Figure 24 : Zones de production pastorale et halieutique dans le Lom-et-Djerem ..................... 139 
Figure 25 : Répartition spatiale des marchés du Mayo-Tsanaga ................................................ 142 
Figure 26 : Variation des prix des denrées alimentaires de 2013 à 2018 .................................... 144 
Figure 27 : Principales denrées alimentaires exportées .............................................................. 148 
Figure 28 : Principaux produits importés par le Mayo-Tsanaga ................................................. 148 
Figure 29 : Les produits alimentaires en transit .......................................................................... 149 
Figure 30 : Flux des denrées à l’échelle nationale et internationale ........................................... 150 
Figure 31 : Avis des ménages sur les prix ................................................................................... 151 
Figure 32 : Part des dépenses mensuelles et quotidiennes alimentaires et non alimentaires des
ménages du Mayo-Tsanaga ......................................................................................................... 152 
Figure 33 : Localisation des marchés du Lom-et-Djerem ........................................................... 154 
Figure 34 : Évolution des prix sur les marchés de 2013-2018 .................................................... 157 
Figure 35 : Niveau des prix par arrondissement ......................................................................... 159 
Figure 36 : Zones d’insécurité alimentaire dans le Lom-et-Djerem ........................................... 161 
Figure 37 : Circuit d’approvisionnement des marchés ruraux .................................................... 162 
Figure 38 : Flux des exportations alimentaires ........................................................................... 163 
Figure 39 : Flux des produits importés par le Lom-et-Djerem ................................................... 164 
Figure 40 : Flux des produits en transit ....................................................................................... 164 
Figure 41 : Flux des produits alimentaires dans la sous-région .................................................. 165 
Figure 42 : Part de dépenses mensuelles et quotidiennes alimentaires et non alimentaires des
ménages ....................................................................................................................................... 166 
Figure 43 : Avis des ménages sur les prix des denrées alimentaires........................................... 167 
Figure 44 : Cartographie de la zone rouge et des villages attaqués ............................................ 173 
Figure 45 : Dégradation de la structure pédologique .................................................................. 183 

 
  
xii 
 

Figure 46 : Ventilation des ménages enquêtés par sexe .............................................................. 187 


Figure 47 : Diagramme circulaire de l’origine des ménages enquêtés ....................................... 188 
Figure 48 : Nombres de PDI recensés à l’Extrême-Nord en 06 ans ........................................... 190 
Figure 49 : Flux des déplacés internes ........................................................................................ 193 
Figure 50 : Points d’entrée des réfugiées à l’Est ......................................................................... 195 
Figure 51 : Localités d’accueil des réfugiés hors camp .............................................................. 199 
Figure 52 : Répartition des réfugiés dans les arrondisssements hôtes ........................................ 200 
Figure 53 : Évolution de la population du Camp de Minawao ................................................... 203 
Figure 54 : Localisation des réfugiés dans le Mayo-Tsanaga ..................................................... 204 
Figure 55 : Résumé du rôle de l’aliment pour le corps ............................................................... 218 
Figure 56 : Composition quotidienne des repas .......................................................................... 224 
Figure 57 : Processus traditionnel de décorticage des graines de céréales ................................. 227 
Figure 58 : Modélisation de la répartition intrafamiliale du repas .............................................. 235 
Figure 59 : Une plante de manioc ............................................................................................... 237 
Figure 60 : Composition quotidienne des repas dans le Lom-et-Djerem .................................... 243 
Figure 61 : Modélisation de la répartition intrafamiliale du repas .............................................. 247 
Figure 62 : Décision prise pour l’habitude alimentaire ............................................................... 262 
Figure 63 : Principales sources d’approvisionnement en eau dans le Mayo-Tsanaga ................ 263 
Figure 64 : Circuit de captage et de distribution d’eau à Mokolo ............................................... 269 
Figure 65 : Les différents modes d’approvisionnement en eau dans le Lom-et-Djerem ............ 272 
Figure 66 : Méthode de traitement d’eau de boisson dans les ménages ..................................... 273 
Figure 67 : Les types de latrines utilisés dans les deux départements ........................................ 277 
Figure 68 : Les avis sur l’effectivité du partage des latrines ....................................................... 278 
Figure 69 : Types et sources de combustibles pour la cuisson des aliments ............................... 283 
Figure 70 : « La faim cachée » .................................................................................................... 294 
Figure 71 : Cycle intergénérationnel des problèmes de croissance ............................................ 305 
Figure 72 : Schéma causal de la malnutrition dans les zones d’études ....................................... 306 
Figure 73 : Taux de prévalence de la malnutrition aiguë à l’Extrême-Nord............................... 307 
Figure 74 : Tendance de la malnutrition chronique dans la Région de l’Extrême-Nord ............ 308 
Figure 75 : Taux de prévalence de la malnutrition aiguë à l’Est................................................. 308 
Figure 76 : Tendance de la malnutrition chronique dans la Région de l’Est .............................. 309 
Figure 77 : Acteurs de la lutte contre l’insécurité alimentaire et leurs niveaux d’implication ... 326 
Figure 78 : Cartographie des acteurs dans les zones d’interventions dans le Mayo-Tsanaga .... 340 
Figure 79 : Cartographie des acteurs dans les zones d’interventions dans le Lom-et-Djerem ... 341 
Figure 80 : L’aide par ménage par département ......................................................................... 344 
Figure 81 : Niveau de satisfactions par les aides ........................................................................ 345 
Figure 82 : Enjeux de l’éducation du caractère face aux facteurs aggravants de l’insécurité
alimentaire ................................................................................................................................... 355 

 
  
xiii 
 

TABLE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES

Planche 1 : Le mayo tsanaga en saison de pluie et en saison sèche .............................................. 86 


Planche 2 : Principaux cours d’eaux du Lom-et-Djerem .............................................................. 87 
Planche 3 : Aspects du relief dans le Mayo-Tsanaga .................................................................... 89 
Planche 4 : Techniques culturales sur les Monts Mandara ......................................................... 104 
Planche 5 : Pratiques culturales dans le Lom-et-Djerem ............................................................ 109 
Planche 6 : Les céréales cultivées dans le Mayo-Tsanaga .......................................................... 119 
Planche 7 : Quelques produits forestiers non ligneux ................................................................. 140 
Planche 8 : Les marchés du Mayo-Tsanaga ................................................................................ 143 
Planche 9 : Les marchés du Lom-et-Djerem ............................................................................... 155 
Planche 10 : Dégâts des incursions de B.H dans les villages ...................................................... 177 
Planche 11 : Méthodes et procédés d’extraction manuelle ......................................................... 180 
Planche 12 : Orpaillage et ses méfaits sur le bien-être des populations ...................................... 184 
Planche 13 : Vue du site des déplacés de Zamay ........................................................................ 191 
Planche 14 : Camp de Gado en images ....................................................................................... 196 
Planche 15 : Vie au Camp de Minawao ...................................................................................... 202 
Planche 16 : Groupes d’aliments nécessaire pour une bonne santé ............................................ 216 
Planche 17 : Les différents plats de couscous consommés dans les Monts Mandara ................. 221 
Planche 18 : Les types de sauces préparées en vue de l’accompagnement du couscous ............ 223 
Planche 19 : Les beignets de consommation populaire............................................................... 224 
Planche 20 : Technique de stockage des denrées dans le Mayo-Tsanaga ................................... 226 
Planche 21 : Pratique de la répartition de la nourriture au sein des ménages ............................. 234 
Planche 22 : Processus d’obtention de la farine de manioc en images ....................................... 238 
Planche 23 : Typologie des repas dans le Lom-et-Djerem.......................................................... 241 
Planche 24 : Distribution des repas intrafamiliale au sein des ménages ..................................... 248 
Planche 25 : Les différents spiritueux traditionnels consommés dans les zones d’études .......... 252 
Planche 26 : Les types d’ouvrages .............................................................................................. 265 
Planche 27 : La difficile équation d’obtention de l’eau potable par les ménages ....................... 267 
Planche 28 : Aspect de l’eau obtenue.......................................................................................... 268 
Planche 29 : Les points d’eaux dans le Lom-et-Djerem ............................................................. 271 
Planche 30 : Les types de toilettes dans le Mayo-Tsanaga ......................................................... 274 
Planche 31 : les latrines traditionnelles dans le Lom-et-Djerem ................................................. 276 
Planche 32 : les types d’habitats dans le Lom-et-Djerem ........................................................... 280 
Planche 33 : Types d’habitats dans les Monts Mandara ............................................................. 282 
Planche 34 : Visages de la malnutrition dans le Lom-et-Djerem ................................................ 297 
Planche 35 : Visages de la malnutrition sévère dans le Mayo-Tsanaga...................................... 299 
Planche 36 : Prise des paramètres anthropométriques ................................................................ 302 
Planche 37 : Actions menées sur le terrain par les institutions ................................................... 321 
Planche 38 : Aide alimentaire des Nations Unies aux populations touchées .............................. 328 
Planche 39 : Aide non alimentaire des Nations Unies aux populations touchées ....................... 330 
Planche 40 : Quelques réalisations des ONG internationales dans le Mayo-Tsanaga ................ 333 
Planche 41 : Quelques réalisations des ONG internationales dans le Lom-et-Djerem ............... 334 
Planche 42 : Démonstration culinaire aux femmes réfugiées de Minawao ................................ 335 
Planche 43 : Quelques réalisations des bailleurs de fonds et des organismes divers .................. 338 
Planche 44 : « Succès stories ».................................................................................................... 346 
Planche 45 : Adaptation dite positive par les activités additionnelles ........................................ 348 

 
  
xiv 
 

TABLE DES PHOTOS

Photo 1 : Écran d’accueil répertoire des données ......................................................................... 74 


Photo 2 : Aspect de la végétation en saison sèche ........................................................................ 82 
Photo 3 : Lit du mayo tsanaga en saison de pluie ......................................................................... 86 
Photo 4 : Lit du mayo tsanaga en saison sèche ............................................................................. 86 
Photo 5 : Fleuve lom du côté de Betare-oya ................................................................................. 87 
Photo 6 : Fleuve pangar par Mbitom ............................................................................................. 87 
Photo 7 : Chaînes de montagne à Gouria ...................................................................................... 89 
Photo 8 : Paysages rocheux à Mokola ........................................................................................... 89 
Photo 9 : Cordon pierreux à Rhumsiki ........................................................................................ 104 
Photo 10 : Cordon pierreux à Mokola ......................................................................................... 104 
Photo 11 : Champ en plaine à Bao Tassaï ................................................................................... 104 
Photo 12 : Champ irrigué à Mokola ............................................................................................ 104 
Photo 13 : Paysage cultural des pentes........................................................................................ 104 
Photo 14 : Association de culture sur une parcelle ..................................................................... 109 
Photo 15 : Igname produit à Garoua-boulaï ................................................................................ 109 
Photo 16 : Sorgho SP rouge ........................................................................................................ 119 
Photo 17 : Soja ............................................................................................................................ 119 
Photo 18 : Graines de niébé......................................................................................................... 119 
Photo 19 : Mil penicillaire ........................................................................................................... 119 
Photo 20 : Afromamum citratum ................................................................................................ 140 
Photo 21 : Chenilles .................................................................................................................... 140 
Photo 22 : Vue du marché de Mogodé ........................................................................................ 143 
Photo 23 : Vue du marché de Zamay .......................................................................................... 143 
Photo 24 : Marché des céréales .................................................................................................. 143 
Photo 25 : Poissons secs sur les bâches....................................................................................... 143 
Photo 26 : Caravane de commerçants ......................................................................................... 155 
Photo 27 : Marché communal de Betare-Oya ............................................................................. 155 
Photo 28 : Marché de Longa-Mali .............................................................................................. 155 
Photo 29 : Marché d’Ouanden .................................................................................................... 155 
Photo 30 : Divers denrées............................................................................................................ 155 
Photo 31 : Friperie sur le marché de Woumbou.......................................................................... 155 
Photo 32 : village incendiée ........................................................................................................ 177 
Photo 33 : Marché après un attentat-suicide ............................................................................... 177 
Photo 34 : Maisons brûlées ......................................................................................................... 177 
Photo 35 : Enfants blessés ........................................................................................................... 177 
Photo 36 : Démantèlement de la roche-mère .............................................................................. 180 
Photo 37 : Concassage du gravier ............................................................................................... 180 
Photo 38 : Gravier réduit en poudre ............................................................................................ 180 
Photo 39 : Lavage du gravier dans le bac.................................................................................... 180 
Photo 40 : Rivière qui sert de bac de lavage .............................................................................. 184 
Photo 41 : Mineurs dans les chantiers ......................................................................................... 184 
Photo 42 : Trou béant à Longa-mali............................................................................................ 184 
Photo 43 : Site abandonné à Colomine ....................................................................................... 184 
Photo 44 : Huiles usées dans les cours d’eaux ............................................................................ 184 
Photo 45 : Champ de maïs détruit ............................................................................................... 184 
Photo 46 : Camp des déplacés de Zamay .................................................................................... 191 
Photo 47 : Déplacées devant leur habitat .................................................................................... 191 

 
  
xv 
 

Photo 48 : Une déplacée dans sa cuisine ..................................................................................... 191 


Photo 49 : Jardin de case d’un déplacé ....................................................................................... 191 
Photo 50 : Vue du camp de gado-badzere ................................................................................... 196 
Photo 51 : Habitats au camp ........................................................................................................ 196 
Photo 52 : Château d’eau gravitaire ............................................................................................ 196 
Photo 53 : École publique du camp ............................................................................................. 196 
Photo 54 : Vue de l’habitat .......................................................................................................... 202 
Photo 55 : Point d’eau du camp .................................................................................................. 202 
Photo 56 : Centre communautaire ............................................................................................... 202 
Photo 57 : Fil d’attente pour la ration ......................................................................................... 202 
Photo 58 : Ensemble d’aliments énergétiques et de protection ................................................... 216 
Photo 59 : Les aliments de construction ou de Croissance ......................................................... 216 
Photo 60 : Plat de couscous de mil accompagné de sauce de gombo ......................................... 221 
Photo 61 : Plat de couscous de maïs accompagné des feuilles de moringa ................................ 221 
Photo 62 : Plat de couscous maïs, sauce gombo ......................................................................... 221 
Photo 63 : Plat de couscous de maïs, sauce d’arachide aux petits poissons secs ........................ 221 
Photo 64 : Sauce à base de feuille de baobab .............................................................................. 223 
Photo 65 : Feuilles de tasba avec un ajout de graines de niébé ................................................... 223 
Photo 66 : Beignet à base de niébé .............................................................................................. 224 
Photo 67 : Beignet à base de farine de blé .................................................................................. 224 
Photo 68 : Technique de stockage des épis de maïs .................................................................... 226 
Photo 69 : Grenier traditionnel en banko pour la conservation de l’oignon ............................... 226 
Photo 70 : Silo en terre battue ..................................................................................................... 226 
Photo 71 : Vannage du mil ......................................................................................................... 228 
Photo 72 : Les racines et feuilles insectifuges attachés et placés dans les sacs de sorgho .......... 230 
Photo 73 : Groupe de travail dans la cour intérieur du Lamido de Zamay ................................. 231 
Photo 74 : Mère et fille autour du repas ...................................................................................... 234 
Photo 75 : Les hommes autour du repas ..................................................................................... 234 
Photo 76 : La famille du chef de village de Gado (Garoua-boulaï) en train de nettoyer les
tubercules de manioc ramenés du champ .................................................................................... 238 
Photo 77 : Les tubercules de manioc trempés dans les grandes bassines d’eaux dans le canton
kay-kay à Betaré-Oya .................................................................................................................. 238 
Photo 78 : Le manioc sortis de l’eau et réduits en morceaux entrain de sécher sur une bâche... 238 
Photo 79 : Farine de manioc obtenue après séchage en vente sur le marché de Bétare-Oya ...... 238 
Photo 80 : Brassage de la boule de manioc ............................................................................... 240 
Photo 81 : Plat de couscous acompagné de sauce d’arachide au sissongho ............................... 241 
Photo 82 : Boule de manioc à la sauce gluante « bol » ............................................................... 241 
Photo 83 : Plat de couscous manioc accompagné de viande « soya » et l’huile ......................... 241 
Photo 84 : Plat de couscous manioc accompagné de poisson frit ............................................... 241 
Photo 85 : Les victuailles des forêts pour les mets d’accompagnement de la boule................... 246 
Photo 86 : Une famille au canton kaï kaï (Betare-oya) autour du ‘dia koyo’ ............................. 248 
Photo 87 : Une famille autour d’un plat de riz à Goza (Garoua-boulaï) ..................................... 248 
Photo 88 : Whisky, cigarette vendues dans une caisse ............................................................... 252 
Photo 89 : L’odontol ou arki ....................................................................................................... 252 
Photo 90 : Maïs germée en vente ................................................................................................ 252 
Photo 91 : Canaris de bil-bil au marché ...................................................................................... 252 
Photo 92 : Puisard aménagé ........................................................................................................ 265 
Photo 93 : Point d’eau ................................................................................................................. 265 
Photo 94 : Puits à ciel ouvert ....................................................................................................... 265 
Photo 95 : Puits sommairement aménagé ................................................................................... 265 

 
  
xvi 
 

Photo 96 : Puisard creusé dans le sable ....................................................................................... 265 


Photo 97 : Enfant entrain de puiser de l’eau ............................................................................... 265 
Photo 98 : Forage à motricité humaine ....................................................................................... 267 
Photo 99 : Forage à pompe .......................................................................................................... 267 
Photo 100 : File d’attente au point d’eau à Minawao ................................................................. 267 
Photo 101 : File d’attente au forage Gleu ................................................................................... 267 
Photo 102 : File d’atente au point d’eau de Mogodé .................................................................. 267 
Photo 103 : Femmes et enfants en attente de la montée de l’eau ................................................ 267 
Photo 104 : Eau receuillie dans le sable ...................................................................................... 268 
Photo 105 : Eau issue d’un puits sommaire ................................................................................ 268 
Photo 106 : Eau recueillie dans le puisard creusé dans le lit d’un mayo .................................... 268 
Photo 107 : Eau provenant du forage .......................................................................................... 268 
Photo 108 : Point d’eau fonctionnelle à Gado............................................................................. 271 
Photo 109 : Point d’eau en bon état à Betaré .............................................................................. 271 
Photo 110 : Puits dans une concession à Goza............................................................................ 271 
Photo 111 : Rivière à Goza ......................................................................................................... 271 
Photo 112 : Forage endommagé et à l’abandon à Woumbou ..................................................... 271 
Photo 113 : Forage abandonné à Yanda ...................................................................................... 271 
Photo 114 : Cabine de latrine faite de natte tissée....................................................................... 274 
Photo 115 : Dalle de latrine cimentée ......................................................................................... 274 
Photo 116 : Latrine en pierre ....................................................................................................... 274 
Photo 117 : Cabine construite avec des pierres et de la boue ..................................................... 274 
Photo 118 : Latrine couverte des feuilles .................................................................................... 276 
Photo 119 : Latrine dallé ............................................................................................................. 276 
Photo 120 : Latrine en brique ...................................................................................................... 276 
Photo 121 : Cabine faite de vieilles tôles .................................................................................... 276 
Photo 122 : Latrine non aménagée .............................................................................................. 276 
Photo 123 : Latrine douche ......................................................................................................... 276 
Photo 124 : Habitat en terre battue à Goza.................................................................................. 280 
Photo 125 : Habitats couverts en tôle à Longa mali .................................................................... 280 
Photo 126 : Habitat en terre battue couverte de natte à Woumbou ............................................. 280 
Photo 127 : Vue des logements au canton Kaé-Kaé à Betare-oya .............................................. 280 
Photo 128 : Cases en terre battue et toit en paille à Mokola ....................................................... 282 
Photo 129 : Ensemble de 5 cases fait en brique de terre à Mokola ............................................. 282 
Photo 130 : Case fait en terre et toit de paille à Midré ................................................................ 282 
Photo 131 : Abris au camp des déplacés de Zamay .................................................................... 282 
Photo 132 : Carte sanitaire du CSPP de Woumbou .................................................................... 291 
Photo 133 : Un nourrisson interné au CSPP de Woumbou ......................................................... 292 
Photo 134 : Enfant de 07 ans atteint de kwashiorkor .................................................................. 297 
Photo 135 : Nourrisson atteint d’IPN .......................................................................................... 297 
Photo 136 : Enfants MAM .......................................................................................................... 297 
Photo 137 : Enfant MAS ............................................................................................................. 297 
Photo 138 : Malnutris sévère combiné d’une infection............................................................... 299 
Photo 139 : Nourrisson malnutris................................................................................................ 299 
Photo 140 : Enfant MAS atteint de rachitisme ........................................................................... 299 
Photo 141 : Enfant malnutris sévère, présentant les œdèmes +++ .............................................. 299 
Photo 142 : Enfant MAS avec complication médicale au CNTI de Garoua-boulaï ................... 300 
Photo 143 : Mesure du périmètre brachial .................................................................................. 302 
Photo 144 : Mesure de la taille .................................................................................................... 302 
Photo 145 : Pesée sur une balance mécanique ............................................................................ 302 

 
  
xvii 
 

Photo 146 : Vérification des œdèmes .......................................................................................... 302 


Photo 147 : Don d’engrais du MINADER .................................................................................. 321 
Photo 148 : Identification des vecteurs de la glossine par les vétérinaires de la MSEG ............ 321 
Photo 149 : CNA de Rhumshiki .................................................................................................. 321 
Photo 150 : Plaque indicative du CNA de Mokolo I................................................................... 321 
Photo 151 : CNTI de Garoua-Boulaï........................................................................................... 321 
Photo 152 : ATPE ....................................................................................................................... 321 
Photo 153 : Don du Chef de l’État .............................................................................................. 323 
Photo 154 : Don du BIR .............................................................................................................. 324 
Photo 155 : DGV aux PDI de Koza ............................................................................................ 328 
Photo 156 : Denrées pour la DGV .............................................................................................. 328 
Photo 157 : Sel iodé pour les réfugiés ......................................................................................... 328 
Photo 158 : Huile raffinée ........................................................................................................... 328 
Photo 159 : Sacs de riz pour la DGV .......................................................................................... 328 
Photo 160 : DGV aux PDI de Zamay .......................................................................................... 328 
Photo 161 : Salle de classe construit par le HCR ........................................................................ 330 
Photo 162 : Forage construit par le HCR .................................................................................... 330 
Photo 163 : Salle de classe construit par UNICEF...................................................................... 330 
Photo 164 : École publique de Gado ........................................................................................... 330 
Photo 165 : Centre préscolaire construit par Plan Int.................................................................. 333 
Photo 166 : Charbon écologique ................................................................................................. 333 
Photo 167 : Latrines construites par CICR.................................................................................. 333 
Photo 168 : Forage construit par PUI et IRC .............................................................................. 333 
Photo 169 : Latrines construites par SI ....................................................................................... 334 
Photo 170 : Jeunes formés à la couture ....................................................................................... 334 
Photo 171 : Forage construit par SI ............................................................................................. 334 
Photo 172 : Ingrédients pour la sauce ......................................................................................... 335 
Photo 173 : Étape de cuisson de la sauce .................................................................................... 335 
Photo 174 : Étape de cuisson du riz ............................................................................................ 335 
Photo 175 : Cuisson au feu de bois ............................................................................................. 335 
Photo 176 : Séance de sensibilisation ......................................................................................... 335 
Photo 177 : Support de cours ...................................................................................................... 335 
Photo 178 : Hangar construit par ALVF ..................................................................................... 337 
Photo 179 : Donateurs ................................................................................................................. 338 
Photo 180 : Cameroun-Banque Mondiale ................................................................................... 338 
Photo 181 : Cameroun-Banque Mondiale ................................................................................... 338 
Photo 182 : Don USA-IRD ......................................................................................................... 338 
Photo 183 : Projet Michele Ferrero ............................................................................................. 338 
Photo 184 : Forage réalisé par EDC ............................................................................................ 338 
Photo 185 : Couturier brodeur ..................................................................................................... 346 
Photo 186 : Avoirs alimentaires .................................................................................................. 346 
Photo 187 : Enfants guéris de la malnutrition ............................................................................. 346 
Photo 188 : Salon de coiffure homme ......................................................................................... 346 
Photo 189 : Meunerie .................................................................................................................. 348 
Photo 190 : Petite échoppe .......................................................................................................... 348 
Photo 191 : Petite échoppe .......................................................................................................... 348 
Photo 192 : Mini-marché............................................................................................................. 348 
Photo 193 : Bâtiments de l’hôpital construits par la population ................................................. 360 

 
  
xviii 
 

TABLE DES ENCADRES

Encadré 1: La pluviométrie et ses conséquences sur l’agriculture................................................ 94 


Encadré 2: Bilan de la campagne agricole 2017 dans le Mayo-Tsanaga ...................................... 94 
Encadré 3 : Campagne agricole 2015-2016 dans le Lom-et-Djerem ............................................ 99 
Encadré 4 : Campagne agricole 2017-2018 dans le Lom-et-Djerem .......................................... 100 
Encadré 5 : Les contraintes de l’agriculture dans le Lom-et-Djerem ......................................... 111 
Encadré 6 : Les contraintes de l’agriculture dans le Mayo-Tsanaga........................................... 114 
Encadré 7 : Essai de solution au conflit agropastoral.................................................................. 130 
Encadré 8 : L’imbroglio centrafricain. État, rebelles et bandits.................................................. 170 
Encadré 9 : Psychose générale au sein des paysans .................................................................... 176 
Encadré 10 : Difficultés des réfugiés hors camp ......................................................................... 198 
Encadré 11 : Alimentation du nourrisson dans la localité de Mokolo ........................................ 260 
Encadré 12 : Alimentation du nourrisson dans la localité de Garoua-Boulaï ............................. 260 
Encadré 13 : Pratique d’alimentation des nourrissons dans la localité de Diang ........................ 261 
Encadré 14 : Les maladies de la faim .......................................................................................... 310 

 
  
xix 
 

LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES

ACEFA : Amélioration de la Compétivité des Exploitations Familiales


Agropastorale
ACF : Action Contre la Faim
AHA : Africa Humanitarian Action
ANJE : Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant
ATMS : Agent Technicien Médico-sanitaire
ATPE : Aliments Thérapeutique Prêts à l’Emploi
AIEA : Agence Internationale de l’Énergie Atomique
AVZ : Agent de Vulgarisation de Zone
BAD : Banque Africaine de Développement
BH: Boko Haram
BM: Banque Mondiale
BNCAM : Brigade Nationale de Contrôle des Activités Minières
CAPAM : Cadre d’Appui et de Promotion de l’Activité Minière
CDDR : Centre de Documentation pour le Développement Rural
CBT : Cash Based Transfer
CED : Centre pour l’Environnement et le Développement
CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale
CFSVA: Compréhensive Food Security and Vulnerability Assessment
CILSS Comité Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
CMA: Centre Médical d’Arrondissement
CNA: Centre de Nutrition Ambulatoire
CNS: Centre de Nutrition Supplémentaire
CNTI: Centre de Nutrition Thérapeutique Interne
CNONGD: Conseil National des Organisations Non Gouvernementales de
Développement
CRD : Cahiers de la Recherche-Développement
CSB : Corn Soya Blend
CSC : Centre de Santé Communautaire
CSI : Centre de Santé Intégré
CSP : Centre de Santé Protestant
CNUCD: Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
DAADER : Délégation d’Arrondissement de l’Agriculture et du Développement
Rural
DAEPIA : Délégation d’Arrondissement de l’Élevage, des Pêches et des Industries
Animales
DDADR : Délégation Départementale de l'Agriculture et du Développement Rural
DDEB : Délégation Départementale de l’Éducation de Base
DDEPIA : Délégation Départementale de l’Élevage, des Pêches et des Industries
Animales
DGSN : Délégation Génerale à la Sûreté Nationale
DGV : Distribution Générale de Vivres
DREPIA : Délégation Régionale de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
DS : District de Santé

 
  
xx 
 

DTM : Matrice de suivi des Déplacements des Populations


ECAM : Enquêtes Camerounaise Auprès des Ménages
ECHO : European Commission’s Directorate General for Humanitarian Aid
EDC : Electricity Development Corporation
EDS : Enquête Démographique et de Santé
F75 : Lait thérapeutique pour le traitement de la MAS en CNTI
F100 : Lait Thérapeutique pour le traitement de la MAS en CNTI
FA : Femme Allaitante
FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
F CFA : Franc des Communautés Financières d’Afrique
FE : Femme Enceinte
FEDECARDIO : Fédération Française de Cardiologie
FICRC : Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant-
Rouge
FFA: Food For Asset
FOSA : Formation Sanitaire
FPAE : Fondation Paul Ango Ela
FSIN: Food Security Information Network
FSNWG: Food Security and Nutrition Working Group
GHI: Global Hunger Index
ha: Hectare
HD: Hopital de District
IA : Insécurité Alimentaire
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
IDE : Infirmier Diplômé d’État
INC : Institut National de la Cartographie
INS : Institut National de la Statistique
LANAVET : Laboratoire National Vétérinaire
MAG : Malnutrition Aiguë Globale
MAM : Malnutrition Aiguë Modérée
MAS : Malnutrition Aiguë Sévère
MARP : Méthode Accéléré de Recherche Participative
MCBT : Multipurpose Cash-Based Transfer
MICS : Enquête par grappes à indicateurs multiples
MIDIMA : Mission de Développement Intégré des Monts Mandara
MINADER : Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
MINAT : Ministère de l’Administration Territoriale
MINEPAT : Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Amènagement du
Territoire
MINEPIA : Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales
MINMIDT : Ministère des Mines, des Industries et du Développement Technologique
MINREX : Ministère des Relations Extérieures
MINSANTE : Ministère de la Santé Publique
MSF : Médecins Sans Frontière
mm : milimètre
OCHA : Bureau de la Coordination des affaires humanitaires
ODK : Open Data Kit
OMS : Organisation Mondiale de la Santé

 
  
xxi 
 

ONU FEMMES : Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des
femmes

ONG : Organisation Non Gouvernementale


OP : Organisation des Producteurs
PAM /WFP : Programme Alimentaire Mondiale/World Food Programme
PAS : Plan d’Ajustement Structurel
PB : Périmètre Brachial
PBF/FBP : Financement Basé sur la Performance
PDI : Personnes Déplacées Internes
PCD : Plan Communal de Développement
PCIMA : Prise en Charge Integrée de la Malnutrition
PEC : Prise en Charge
PLV : Population Locale Vulnérable
PNACC : Plan National d’Adaptation aux Changements Climatiques du Cameroun
PNAN : Politique Nationale de Nutrition
PNDP : Programme National de Dévelopement Participatif
PNVRSA : Programme national de veille et de renforcement de la sécurité
alimentaire
PMH : Pompe à Motricité Humaine
QuiBB : Questionnaire des Indicateurs de Base et de Bien-être
RCA : République CentrAfricaine
SA : Sécurité Alimentaire
SMART : Standardized Monitoring and Assessement of Relief and Transitions
SMIAR : Système Mondial d’Information et d’Alerte Rapide sur l’Alimentation et
l’Agriculture
SP : Saison des Pluies
SRO : Sels de Réhydratation Orale
SS : Saison Sèche
SS : Superviseur de Secteur
UNHCR : Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
ZAE : Zone AgroEcologique

 
  

 

INTRODUCTION GÉNÉRALE

 
  

 

Le monde vit un contexte très dynamique de croissance démographique, la population est


estimée à plus de 9 milliards d’habitants sur la planète en 2050 (CIRAD/INRA, 2010 cité par
Bonnet P. et al., 2011). Pour assurer la survie de cette population, l’alimentation et le bien-être
multidimensionnel sont des défis majeurs. La société, les individus, les ménages vivent sous la
menace permanente d’un tueur silencieux. Il s’agit du double fardeau de l’alimentation et de
la malnutrition. Sans une alimentation saine, équilibrée, accessible, appropriée l’organisme
humain ne peut jouer son rôle, celui de maintenir en vie sa structure physique. Et il ne peut
avoir d’organisation sociale, ni d’économie, ni de développement d’un État. Les difficultés des
ménages pauvres, hôtes, déplacés à satisfaire leurs besoins de base en alimentation conduisent
à une dégradation de leur consommation ainsi que de leurs moyens de subsistance. Ce qui les
expose à une insécurité alimentaire aiguë (FEWS NET, 2018). La lutte contre ce fléau exige de
déterminer la population qui en souffre, de déceler pourquoi les causes perdurent et proposer
des solutions concrètes susceptibles de vraiment donner un coup de pied dans la fourmilière de
l’insécurité alimentaire au Cameroun en général. Car sa lutte s’est avérée être une lutte sans fin
malgré l’objectif que s’est fixé l’État, celui d’assurer la sécurité alimentaire du pays.

L’objectif est de faire le point sur l’insécurité alimentaire au Cameroun. Pour y arriver,
cette étude compte faire usage des méthodes d’enquêtes classiques dites traditionnelles et des
méthodes d’approche participatives, innovantes dans la recherche scientifique. Parvenir à
démontrer que les mesures, programmes jusqu’ici prises ne donnent pas des résultats escomptés
et que le renouvellement de l’intelligence des pratiques est nécessaire pour arriver à la sécurité
alimentaire est l’un des résultats attendus de ce travail.

 
  

 

I- CONTEXTE DE L’ÉTUDE

Après les crises alimentaires de 1970 et plus tard de 2008, la question est depuis restée au
centre de l’actualité mondiale. La situation d’insécurité alimentaire est définie par le manque
ou l’insuffisance d’accès aux aliments sains, nutritifs et en quantités pour mener à bien une vie
normale. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors du
sommet mondial de l’alimentation de 1996, l’oppose à la sécurité alimentaire qui est l’accès
de tous, à tout moment, à une alimentation équilibrée et suffisante pour mener à bien une vie
active. Elle demeure de nos jours, une préoccupation dans les pays du monde entier.

La prévalence de la sous-alimentation est l’élement primordial de l’évaluation de la faim.


Elle se fonde sur la mesure de l’insécurité alimentaire basée sur les expériences (FAO, 2017).
Les personnes sous-alimentées sont des personnes qui ont des difficultés à se procurer des
aliments en qualité et en quantité pour se nourrir et se maintenir en santé. Les rapports de l’état
de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 1990-2019), présentent des estimations du
nombre de personnes souffrant de la faim (tableau 1).

Tableau 1 : Nombre des personnes sous-alimentées (en millions)


1990-92 1999-01 2004-06 2007-09 2010-12 2014-16 2017-18
Monde 1000 919 898 867 867 794,6 820,8
Régions 20 18 13 15 16 14,7 n.c
développées
Pays en 980 901 885 852 852 779,9 n.c
développement
Afrique 175 205 210 220 239 232,5 256,1
Source : SOFI 1999-2019 n.c : non communiqué

La redistribution de la sous-alimentation dans le monde est évolutive depuis 1990. Les


personnes sous-alimentées dans le monde baisse relativement mais pas de façon très
siginificative tandis qu’en Afrique la tendance est plutôt évolutive. Elle part de 175 millions de
personnes sous-alimentées en 1990 pour le nombre de 256,1 millions en 2018 soit une
prévalence de 19,9 %. Ces chriffres démontrent à suffisance le défi quant à l’éradication de la
Faim Zéro d’ici 2030 porté par le programme de développement durable ou l’assemblée
mondiale de la santé qui vise la réduction de 30% de l’insuffisance pondérale d’ici 2025.

En 2016, le cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) et le Cadre


Harmonisé (CH), font des analyses et identifient une fois de plus les pays d’Afrique où les
populations ont une forte sévérité d’insécurité alimentaire en 2017 (tableau 2).

 
  

 

Tableau 2 : Populations en insécurité alimentaire aiguë en Afrique (en millions)


Pays Burundi Ethiopie Lesotho Malawi Cameroun Mozambique Nord RCA RDC Tchad
du
nigéria
Chriffres 2,3 9,7 0,5 6,7 0,3 1,9 8,1 2 5,9 1
Source : FSIN 2017

Ces pays sont actuellement confrontés à des crises alimentaires majeures (figure 1).
L’alerte est donnée depuis 2016 par le Système Mondial d’Information et d’Alerte (SMIAR)
de la FAO.

 
  

 

Source : FSIN, 2017

Figure 1 : Population en phase 3 crise de l’IPC/CH ou pire

 
  

 

La figure 1 montre les pays où les populations ont une insécurité alimentaire sévère dans
la phase 3 selon l’IPC/CH. Ces pays ont connu au moins une crise alimentaire aiguë au cours
des 03 dernières années ou au moins 3 crises alimentaires au cours des 10 dernières années
(FSIN, 2017). La phase 3 et plus est une phase d’urgence. Les ménages ont des déficits
considérables en aliments, incapables de couvrir leurs besoins alimentaires de base même avec
l’aide alimentaire. Ils font recours aux avoirs relatifs aux moyens de subsistance, source de
déficit de consommation alimentaire. Le taux de malnutrition aiguë est élevé, seuil de l’urgence.
L’évolution de la mortalité est évidente et les actions d’urgence impératifs.

Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés en 2000, énoncent huit
objectifs, met l’homme au centre des préoccupations pour l’amélioration des conditions de vie.
Beaucoup d’énergies sont mobilisées pour le rendre possible. Ce qui explique les oscillations
de chiffres. Plus d’un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté, ce qui explique
le taux de famine et de mortalité dans certains pays revu à la baisse. Le pourcentage de
personnes sous-alimentées dans les régions en développement est passé de 23,2 % en 1990-
1992 à 14,9% en 2010-2012 (PNUD, 2016). Toutefois, un bilan mitigé car une personne sur
huit continue de souffrir de sous-alimentation, 164 millions de jeunes enfants pâtissent de sous-
alimentation chronique et 1/5 dans les pays du monde en retard de croissance. Bref, la faim
diminue mais l’éventualité d’en finir complètement est loin d’être atteint (Hugon, 2013 ; OMD,
2014).

Calqués sur les réalités des pays, transformer véritablement le monde sont les motivations
du programme de développement durable à l’horizon 2030. Il implante 17 objectifs universels
qui couvrent un large éventail de défis avec pour but de mobiliser les actions plus concrètes et
les moyens à mettre en œuvre. Les objectifs du développement durable (ODD) prennent effet
en 2016. Dans cette optique, les pays, les instituions, les sociétés civiles, les privées s’engagent
à améliorer les vies et l’avenir de la planète. Novembre 2015, 195 pays membres de la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) concluent
le premier accord sur le climat (Accord de Paris).

Cependant, le voyant rouge des perturbations climatiques et de l’économie accroît la


vulnérabilité. Les anomalies du climat favorisées par le phénomène d’El ninô (2006-2007)
causent des dommages énormes. Les fortes sécheresses marquées par des saisons de faible
pluviosité, des violentes tempêtes se succèdent. En Éthiopie, on note un faible niveau de
précipitation entre octobre et novembre 2017 d’où une sécheresse prolongée. L’ouragan

 
  

 

Matthew de catégorie 4 dévaste Haïti, déjà affaibli par la sécheresse de 2016. La canicule en
Russie en 2010, les fortes sécheresses en Amérique du Nord en 2012, le typhon Haiyan en
Extrême-Nord, aux Philippines en 2013 pourtant ces pays sont producteurs et pourvoyeurs du
marché mondial de céréales. Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des
Nations Unies (OCHA), la corne de l’Afrique fait face à sa forte sécheresse depuis 60 ans.
Environ 12 millions de personnes sont menacées de famine. Les conclusions de Dillon J.C et
d’Oxfam sont tout aussi pessimistes. Cette sous-région serait l’un des « points névralgiques
d’insécurité alimentaire » et la population peine à se nourrir. Le Programme Alimentaire des
Nations Unies déclare que plusieurs millions de personnes vivent sous la menace de la famine
à l’Est du Mali et au Nord du Cameroun.

Les matières premières agricoles sur les marchés mondiaux voient leurs prix doublés
voire triplés en 2008. Les causes sont le désinvestissement des filières agricoles et les mauvaises
récoltes dans de nombreux pays. Après 2008, il y a une légère augmentation de la production
et des baisses de prix s’ensuivent mais le prix du blé reste élevé à cause de la production
médiocre en Russie et en Allemagne. La production de la viande et des produits laitiers inédits
surtout que la production n’a pas évolué en 2013. La facture mondiale des importations
alimentaires atteint son plus bas niveau (SMIAR/FAO, 2015). Les céréales sont au cœur de
l’alimentation humaine. La hausse des prix entraîne l’évolution des habitudes alimentaires vers
les régimes plus riches en protéines, en matières grasses et en sucre. La majeure partie de la
production supplémentaire provient des régions où les facteurs déterminants comme les
superficies et l’eau disponible, les réglementations sont moins contraignantes. C’est un effort
fait pour atténuer la volatilité des prix. Graves soucis pour les pays importateurs en majorité
pays en développement (Chalmin P., 2018).

L’Afrique est généreusement pourvue en ressources naturelles et agricoles capables de


nourrir l’ensemble de la planète. Ce continent dispose d’environ 700 millions d’hectares de
terres arables. Malgré ces atouts, la faim y frappe près de 236 millions de personnes. Pour
l’expliquer, les facteurs naturels et conjoncturels sont avancés. La plupart des Africains vivent
avec moins de deux dollars par jour. Leur survie dépend des cultures vivrières de base, plus
touchées par l’augmentation des prix sur le marché local aussi. La sécheresse et les instabilités
politiques réduisent les accès des populations aux aliments. Dans ce contexte, peut-on
considérer que l’abondance des richesses naturelles constitue un risque pour l’Afrique ? Sinon
comment expliquer le risque alimentaire qui y subsiste et le niveau a tendance à augmenter.

 
  

 

Les pays d’Afrique sont classés selon leur situation alimentaire. Déficit exceptionnel de
la production et des disponibilités vivrières ; République Centrafricaine, Zimbabwe. Manque
d’accès généralisé ; Burkina Faso, Djibouti, Érythrée, Guinée, Libéria, Malawi, Mali,
Mauritanie, Niger, Sierra Leone, Tchad. Grave insécurité alimentaire localisée ; Cameroun,
Congo, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Lesotho, Madagascar, Mozambique, République Démocratique
du Congo, Sénégal, Somalie, Soudan du Sud, Soudan, Ouganda (FAO, 2013). Et tous ces pays
ont toujours besoin d’une aide alimentaire extérieure.

Les récentes réformes des politiques touchent les secteurs de l’agriculture et de la pêche
et permettent aux facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande d’être désormais plus
sensibles aux signaux du marché. L’offre et la demande restent donc influencées par l’action
menée par les pouvoirs publics pour soutenir les producteurs et constituer des stocks. D’autant
plus que la majorité des ménages urbains et ruraux des pays en développement compte sur les
achats alimentaires pour se nourrir. Et les prix élevés aggravent l’insécurité alimentaire et la
malnutrition au sein de la population pauvre car elle diminue la quantité et la qualité des
aliments consommés (Siégnounou, 2010).

Les conflits communautaires, les instabilités politiques, les violences augmentent et


deviennent des équations difficiles à résoudre. En 2018, les conflits sont cités comme le
principal moteur de l’insécurité alimentaire dans 18 pays (environ 78 millions de personnes
exposées et en difficulté alimentaire) dont 11 pays d’Afrique (Burundi, Cameroun, Éthiopie,
Mali, Niger, Nigéria, RCA, RDC, Somalie et Soudan). Cette insécurité entraîne la restriction
d’accès aux services sociaux de base détruits par la guerre, destructions des champs, des moyens
de subsistance. Conséquences, les déplacements massifs des populations et la pression sur les
localités d’accueil. De violents combats dans la localité d’Ouham (RCA) en 2013 ont amplifié
de la production céréalière, pourtant bassin de production et grenier du pays. Montée des prix
des produits alimentaires de plus de 60 % dans les zones de conflit dans les régions du Sud et
de l’Est de la RDC (SOFI/FAO, 2013-2018, Tisseron A., 2017).

Selon Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à
l’alimentation, « la faim n’est pas une calamité naturelle » au contraire, elle est le fruit des
choix politiques inadaptés. Les risques liés au climat ou à la conjoncture peuvent être maîtrisés
si le cadre structurel peut le permettre à défaut de le résorber. L’une des causes profondes du
risque alimentaire en Afrique réside dans l’inadéquation entre les règles relatives à
l’encadrement de la production, de la commercialisation et de la distribution de la production.

 
  

 

Cette inadéquation davantage entretenue par la mondialisation, sur le double plan de l’économie
et du droit. Les solutions adoptées sont loin de résoudre les problèmes structurels (insuffisance
des investissements dans l’agriculture surtout pour les petits exploitants, accaparement des
terres par les nantis, le manque de transparence et d’équité sur les marchés de denrées
alimentaires et les conflits relatifs au changement climatique). En cas de crise, les dirigeants se
focalisent sur la résolution de la crise en elle-même et ne s’étendent pas davantage sur les
solutions durables. « C’est malheureusement une tendance générale dans le monde» déplore
Jacques Diouf, découragé par l’incapacité des dirigeants du monde à tenir compte des
avertissements d’avant la crise de 2008 ». « Nous réagissons alors que la crise est déjà là »
(Masimba Tafinenyika, 2011). Et même les professionnels du développement et de l’action
humanitaire peinent à poser un diagnostic efficient et apporter des solutions à long terme (Janin
P., 2010). Les difficultés d’accès à une nourriture saine et durable augmentent le pourcentage
de retard de croissance chez les enfants.

D’après la FAO et l’UNICEF qui se consacrent aux conditions de vie des enfants, 1
habitant de la terre sur 3 (environ 2 milliards de personnes) ont de la peine à satisfaire leurs
besoins alimentaires de base. Cette sous-alimentation particulièrement est présente dans les
pays en développement et ses conséquences sont particulièrement graves chez les enfants. 155
millions d’enfants en 2016 souffrent de retard de croissance c’est-à-dire une taille inférieure
par rapport à leur âge, effet de la faim et des maladies qui lui sont associées (FSIN, 2017). On
parle d’insécurité alimentaire aussi quand les apports alimentaires sont insuffisants, ou bien
juste suffisants pour survivre mais très déséquilibrés par rapport aux besoins réels du corps (il
manque des nutriments essentiels à la bonne santé). Il en découle une malnutrition, à l’origine
de ses diverses carences (manque de protéines ou de vitamines) qui provoquent des maladies
graves surtout chez les enfants.

La malnutrition est aussi une urgence humanitaire ; elle est la cause principale de plus de
la moitié des décès d’enfants de moins de 05 ans. De façon générale, elle altère la croissance,
diminue les performances physiques et intellectuelles, rend l’organisme plus sensible aux
infections. Particulièrement dévastatrices lorsqu’elle touche les nourrissons ou ceux encore
dans le ventre de leur mère. En dehors d’un retard de croissance, un retard mental provoque
aussi certaines malformations (qui touchent le développement des yeux, du système nerveux et
du système immunitaire). Un tiers des décès d’enfants sont dus à des carences nutritionnelles,
sachant que jusqu’à 80% de la structuration du cerveau interviennent pendant les 1000 premiers
jours de la vie. Les ménages en milieu rural sont les plus vulnérables, face aux contraintes

 
  
10 
 

financières et structurelles, les familles pauvres ont tendance à consommer des produits moins
chers et moins nutritifs ainsi qu’à réduire les dépenses du ménage. Et cette réaction a des
conséquences désastreuses et durables sur le bien-être social, physique et mental des millions
de jeunes. Elle limite leurs capacités d’apprentissage, réduit la productivité, accroît la mortalité
et freine le développement de la région. (Banque Mondiale, 2014). Et dans le pire des scénarios
suscités, le Cameroun est évoqué plus d’une fois.

Le Cameroun, un pays longtemps considéré comme le « grenier de l’Afrique centrale »,


connaît ces dernières années une situation de précarité alimentaire qui explique dans une
certaine mesure les émeutes de février 2008, qualifiées « d’émeutes de la faim ». Or les
conditions naturelles d’une agriculture capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire dans ce
pays sont réunies. Au rang de ces conditions, le relief constitué des basses terres, de plateaux,
des hauts plateaux. Il est régi par un climat équatorial (au Sud) et un climat tropical (au Nord).
Cettte variété climatique devrait favoriser la production sur place de l’essentiel des aliments de
base. La différence entre les faits et la réalité locale est perceptible. Il est paradoxal qu’en 2010,
14750, 54 tonnes de maïs 363 827 tonnes de blé et 12 043,44 tonnes de produits laitiers
proviennent de l’extérieur. Une analyse spatiale de la situation en 2010 montre l’insécurité
alimentaire présente des niveaux inégaux de gravité selon les zones agroécologiques. Les zones
agro-écologiques sahéliennes et soudaniennes sont des zones rurales à haut risque et à déficit
alimentaire chronique, la partie méridionale est une zone rurale à risque modéré et à déficit
alimentaire occasionnel (quantitatif et qualitatif) (FAO/Cameroun, 2010). Le Cameroun est
classé parmi les pays du monde qui font le plus face à la faim avec un score reflétant un niveau
grave (Global Hunger Index, 2017).

À la fin des années 1970, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale invitent
les États africains parmi lesquels le Cameroun, à payer leurs dettes et leur imposent des
Programmes d’Ajustements Structurels (PAS). Sur ce fondement, l’État camerounais s’est
désengagé de ses fonctions régaliennes pour se concentrer sur les missions dites « essentielles »
à savoir l’économie, la défense, la diplomatie etc…l’agriculture et la souveraineté alimentaire
n’étaient plus inscrites parmi les priorités. L’État contraint de réorganiser sa politique de
dépense, abandonne tous les programmes et politiques alimentaires, les subventions aux
agriculteurs ainsi que tous les mécanismes d’encouragement à la production. À cause de ce
programme, les agriculteurs camerounais sont livrés à eux-mêmes. À la suite de la
mondialisation de l’économie, le libre-échange expose de plus en plus les matières premières
camerounaises à l’exportation. Il n’est pas rare que le Cameroun, grand producteur de banane,

 
  
11 
 

connaisse des pénuries de cette denrée. Il y a alors à craindre qu’au-delà du Cameroun, c’est la
sécurité alimentaire de la sous-région de l’Afrique Centrale se trouve menacée (Yamthieu S.,
2012). Les pénuries ou les raretés des produits sur les marchés locaux qui font l’actualité sont
en réalité une variable de l’insécurité alimentaire. Le problème devenu préoccupant s’est
manifesté sous forme d’inflation des prix des produits alimentaires, l’augmentation du volume
des importations alimentaires et le phénomène de la vie chère.

La situation enviable du Cameroun sur le plan agricole et alimentaire se détériore


graduellement à partir de 1970. Les sécheresses de 1971-1972, la crise économique de 1986-
1987, occasionnent des manques de grande ampleur dans les régions septentrionales et les PAS
viennent porter le coup de grâce. L’État, principal acteur de la sécurité alimentaire est diminué,
ses capacités d’interventions se réduisent comme peau de chagrin. Le comice agro-pastoral
cesse d’être organisé en 19881 et le marché, au détriment de l’État, devient le principal
régulateur des prix. Ces changements induisent sur le plan social d’autres problèmes. La crise
économique favorise le phénomène de l’exode rural qui voit débarquer en ville une masse de
jeunes migrants venus des villages. La classe des « pauvres urbains » qui voit le jour, accentue
en ville la demande en denrées alimentaires qui, faute d’être issue de l’agriculture locale, est
comblée par les importations. Plus les populations migrent vers la ville, plus la main d’œuvre
agricole dans les villages se fait rare, plus la demande est forte en ville. Avec tous les risques
que cela comporte, qu’il s’agisse des pénuries alimentaires ou des flambées de prix. Le constat
est clair, la situation actuelle n’est pas fortuite au contraire, elle est la résultante d’une
succession de faillites dans le système alimentaire. Les statistiques officielles admettent que 25
% de la population, soit un camerounais sur quatre, souffre d’insécurité alimentaire
(INS/ECAM II, III, 2004).

C’est également dès 1970, que le Cameroun vit au rythme des assistances humanitaires.
Les agences commes le FIDA (Fonds International de Développement Agricole) est présent
depuis 1980, CARE intervient au Cameroun dans le secteur de la sécurité alimentaire, de la
santé primaire depuis 1978, la Croix Rouge Française depuis 1967 et intervient régulièrement
depuis 2008. Les Médecins Sans Frontières interviennent depuis 1992 en collaboration avec la
Croix Rouge Camerounaise. Les premières actions d’Action Contre la Faim sont en 2013 sans
parler de l’aide au développement des institutions financières comme la Banque Mondiale, le
FMI etc... Les premières aides alimentaires d’urgence pour l’Extrême-Nord sous le joug des
                                                             
1
 Anonyme, « Comice agropastoral national d’Ebolowa, les préparatifs sur la bonne voie », In Journal Comice,
Ed spéciale, juillet-août 2010, pp 24 cité par Meba A., 2014

 
  
12 
 

déficits cérealiers débutent en 1970-1984. D’après les rapports du MINADER Extrême-Nord,


entre 1974 et 1985, cette région reçoit 23 354 tonnes d’aides alimentaires, en 1990-1998, 22 716
tonnes et entre 2002-2003, 2000 tonnes d’aides alimentaires de la part des agences des Nations
Unies comme la FAO et le PAM.

Les résultats d’enquêtes MICS 2015, démontrent qu’en matière d’état nutritionnel, les
enfants de moins de 05 ans, environ 15 % des enfants souffrent d’insuffisance pondérale (4%
de façon sévère). Près d’un tiers des enfants (32%) souffrent de malnutrition chronique et 13%
de façon sévère. Le niveau d’émaciation est estimée dans sa forme globale (sévère et modérée)
tandis que 1% dans sa forme sévère. Au cours de la période d’avant l’enquête (2009-2014), le
risque pour un enfant de décéder (mortalité infantile) avant son premier anniversaire est estimé
à 60 pour mille. Le premier mois semble critique et déterminant pour la survie de l’enfant.
Même avec l’aide alimentaire et la prise en charge gratuite, les ménages ont des déficits
alimentaires, conditionnant les enfants à la malnutrition aiguë à des taux supérieurs à la
normale. Les ménages sont de plus en plus incapables de couvrir le minimum de leurs besoins
alimentaires en recours aux avoirs des moyens d’existences (FSIN, 2017). Plus que le spectacle
qu’offre le gouvernement à l’occasion de ses différentes opérations « coups de poings », c’est
bien une politique nationale coordonnée, tenant compte des besoins de la population qu’il faut
mettre en place pour venir à bout du problème. Mais le Cameroun en a-t-il les moyens ? se
demande Nnanga mvomo S., (2011).

Dans sa volonté de booster la production du monde rural, les budgets de fonctionnement


du ministère de l’agriculture, du ministère de l’élevage sont régulièrement revus à la hausse
chaque année. En 2013, ils sont de 10 % de plus du budget d’investissement et de 7,4 du budget
global de l’État. La mise sur pied des projets et programmes pour le développement de
l’agriculture.

 Le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique


(PDDAA), approuvé en 2002 et adopté par le Cameroun en 2013.
 Le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) et le Programme National
d’Investissement à Long Terme (PNIMT) en 2014-2020.
 Le Programme National de lutte contre l’insécurité alimentaire (2008-2015) est
aussi conçu.

Le taux de réalisation des activités budgétisées au MINADER en 2018 est de 78,3 % et


la cible à atteindre est à 93,58 % en 2022. L’un des objectifs est de réduire les risques

 
  
13 
 

d’insécurité alimentaire conjoncturelle et le pourcentage de la population nationale touchée par


l’insécurité alimentaire de 5,70% (2018) à 4,38% en 2022 (Cadre de Dépenses à Moyen Terme,
2020-2022). Le projet de Développement de l’Élevage (PRODEL) a pour objectif de favoriser
un environnement favorable au développement inclusif des chaînes de valeurs pour les petits
producteurs et un accroissement des investissements dans la production, la transformation et la
commercialisation des produits issus de l’élevage démarré en 2017. Il va bénéficier d’un
financement de 60 milliards de la Banque Mondiale et 30 communes dans les régions de
l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Est (dans le Lom-et-Djerem) choisis pour sa
mise en œuvre (MINEPIA/PRODEL, 2017).

La montée de l’extrémisme au Nigéria voisin fait fermer les frontières, coupe les liens
avec les axes routiers par là le commerce transfrontalier. Les attaques sont continuellement
perpétrées par la secte boko haram dans la Région de l’Extrême-Nord. À cause de sa proximité
avec la République Centrafricaine et suite aux violences intercommunautaires, le Cameroun a
reçu des vagues de réfugiés centrafricains et nigérians fuyant les violences. Cette insécurité au
niveau des villages frontaliers provoque également des déplacements des populations vers
l’intérieur du pays. En Mai 2018, l’Extrême-Nord comptabilise 96 000 réfugiés nigérians (dont
65 000 au camp de Minawao) et 238 000 déplacés internes camerounais (International Crisis
Group, 2018). Les travaux de Kogni (1989) et Njiembokue (2015) révèlent que les populations
de la Kadey à l’Est pratiquent très peu l’agriculture, dépendant des activités de chasse et de
cueillette. Cette région très enclavée influence fortement le circuit d’approvisionnement des
denrées alimentaires. Avant 2016, 2,5 millions de personnes environ dans les régions de
l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua, du Nord et de l’Est sont en insécurité alimentaire dont 300 000
en insécurité alimentaire sévère. C’est dans ce contexte très précaire que viennent s’installer les
réfugiés nigérians et centrafricains. Le Cameroun est bien loin d’atteindre les objectifs des
Objectifs du Développement Durable d’ici 2030.

II- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

La sécurité alimentaire au Cameroun est sous forte pression en rapport au contexte


économique et sécuritaire que subit le pays. Les rapports sur le nombre de sous-nutris ou sur la
mortalité infantile sont régulièrement publiés. Les caprices du climat et les autres aléas
climatiques causent d’énormes dommages aux moyens d’existences des ménages. Ces faits
renforcent l’inquiétude dans un contexte de guerre civile dans les pays frontaliers et au niveau

 
  
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des frontières. Les vagues de déplacement qui en résultent sont un défi d’accueil pour les
ménages hôtes.

Après le mémoire de Master qui a permit de poser les jalons de l’insécurité alimentaire
dans l’arrondissement de la Bombe à l’Est, où il en ressort que les populations souffrent d’une
insécurité alimentaire structurelle. Cet arrondissement situé dans une zone de contact forêt-
savane, limitrophe au Nord-Est par la République centrafricaine est une terre d’accueil des
réfugiés centrafricains depuis les remous politiques de ce pays dans les années d’indépendance.
Seulement de 2010 à 2014, il a accueilli une population réfugiée de 442 880 personnes environ.
À la faveur de ce voisinage, l’arrondissement connaît un trafic important des denrées
alimentaires et manufacturières. Ce qui est la cause des inflations sur le marché local. Le
mauvais état des routes, l’enclavement physique et socio-économique, les techniques de
production agricole archaïques, le manque de contrôle des prix sur le marché, la satisfaction
difficile des besoins de base de la population surtout liée à l’insuffisance des revenus monétaires
sont aussi les causes de l’insécurité alimentaire. Ce problème est perceptible également au
travers de la monotonie de la diète. Le plat adulé est le couscous de manioc, les calculs de
l’apport calorifique affichent 374 kilocalories consommés par un individu par jour bien
inférieur aux 2 500 kilocalories prescrits par la FAO/OMS. La population est très peu active
dans l’agriculture à cause de la dépendance aux produits forestiers non ligneux. Bref ce travail
a prouvé que l’insécurité alimentaire sévit sous plus d’une forme dans les campagnes du
Cameroun.

Quatre régions (Est, Extrême-Nord, Adamaoua, Nord) présentent des scores dégradées
de la situation générale en matière de sécurité alimentaire, évoluant de 18,8 % en 2015 à 23,8%
en 2018. À l’Extrême-Nord, 35,5 % des ménages sont en insécurité alimentaire, 5,1 % en
insécurité alimentaire sévère et 30,4 % en insécurité alimentaire modérée. Le Mayo-Tsanaga
cité parmi les départements les plus touchés (48%). L’Est stagne avec 8% en insécurité
alimentaire (PNSA/PAM, 2016). Ces régions en 2014-2015 présentent de fortes similitudes
contextuelles pour la situation d’insécurité alimentaire soit évoquée dans les rapports
d’évaluation de la sécurité alimentaire.

Les conflits sont en nette augmentation au sein des communautés humaines. Ce drame
d’une ampleur indescriptible détruit les vies et sépare les familles, retarde le développement
d’une société et d’un pays. Les réfugiés au Cameroun, dans un contexte où l’hôte peine à se
nourrir convenablement soulève bien de questionnements. Les enquêtes menées auprès des

 
  
15 
 

ménages et les résultats publiés par l’Institut National de Statistique (ECAM I, II, III et IV)
démontrent à suffisance la précarité et la pauvreté desdits ménages hôtes. C’est une situation
qui se gère comment face aux défis structurels surtout dans les régions concernées.

Alors il a semblé nécessaire de pousser la réflexion en faisant une étude comparative dans
au moins deux régions à risque du Cameroun confrontées aux problèmes de sécurité
alimentaire.

III- INTERET DE LA RECHERCHE

III-1- Intérêt scientifique

Ce travail se veut innovateur en raison de l’utilisation des nouvelles méthodes enquêtes


communément appelée la MARP. Le recours à cette méthode d’enquête est utile car elle
découle d’un processus d’implication active de la population locale dans l’évaluation de ses
besoins, dans la conception et la mise en œuvre des programmes et projets de secours et des
prises de décisions qui les affectent mieux adaptés au contexte local. ACF (2009), pense que
les populations affectées doivent être prises comme des partenaires dans toute aide alimentaire
ou structurelle au lieu des bénéficiaires passifs.

Il est temps au Cameroun de s’arrimer au courant mondial celui de la création d’un


système d’information et de cartographie de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité
(SICIAV) pour une bonne récolte des informations sur les niveaux de pénurie alimentaire, de
dénutrition ,de les mettre au niveau des services pour des mesures mieux ciblées et plus
efficaces.

Depuis les années 1990, l’accent est mis sur la réduction de la faim et la malnutrition dans
le programme de développement et la reconnaissance du droit humain à une alimentation
adéquate et de la nutrition au niveau international. Ainsi, la réduction de la faim et de la
malnutrition comme point focal dans le contexte du développement global, la réduction de la
pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Qui a aujourd’hui
évolué en Objectifs de Développement Durable.

Sur la base des données du terrain, faire des suggestions qui seront utiles à tous ceux
concernés par la faim dans le monde, qui étudient ces questions ainsi que ceux qui participent
au combat mené pour l’éradiquer.

 
  
16 
 

III-2- Intérêt pratique

L’insécurité alimentaire est comme un problème à part entière qui permet d’enrichir la
compréhension des gradients sociaux en termes d’alimentation, d’état nutritionnel et d’état de
santé en lien avec la nutrition au-delà de son lien avec les inégalités sociales. Ce travail dans un
premier temps permettra de comprendre la façon d’agir face à une situation d’insécurité
alimentaire d’une population donnée, les localiser et leur apporter une aide à temps de manière
efficace à leur procurer un satisfecit (réponses appropriées pour problèmes précis).

Les programmes d’aides alimentaires restent objet de controverse à l’exemple de la prise


en compte le critère de sélection des bénéficiaires et l’objet d’aide d’où la nécessité de ce travail
pour élargir le débat sur les moyens d’action et l’efficacité des programmes d’aides
alimentaires.

Certaines stratégies de lutte contre l’insécurité alimentaire ont été élaborées sans tenir
compte des réalités sociales, ce qui a entraîné un échec aux différentes phases de leur exécution
pour qu’on parle encore en l’année 2017 de l’insécurité alimentaire dans nos sociétés. Les
auteurs tels que France Caillavet, Katia, Castebon, Nicole Darmon…soulignent que les
problèmes et stratégies identifiées jusqu’ici ont été centrés davantage sur l’individu que sur les
déterminants sociaux (réalité du terrain : origine ethnique, groupe social, anciennes activités,
nouvelles activités, anciennes et nouvelles habitudes alimentaires, les conditions de vie des
populations en question et le cadre de vie…) ce que cette thèse se propose de relever comme
défi.

En tant qu’universitaire de réitérer des suggestions à nos dirigeants en complétant les


informations sur le phénomène de l’insécurité alimentaire dans une zone précise afin qu’ils
fassent de leur volonté politique une arme permanente de combat et non une déclaration
passagère conjoncturelle liée à une conférence. En bref, à travers les résultats, aider les
gouvernants, les ONG et autres…à connaître, maîtriser l’espace et le phénomène où ils sont
appelés à travailler. Interviennent-ils au bon endroit ? Le niveau de vulnérabilité des personnes
ayant besoin de leurs aides ?de quoi la population a réellement besoin pour pallier au déficit
alimentaire en connaissance des ressources locales disponibles ? Et ainsi contribuer à compléter
les informations sur indicateurs pour suivre le progrès dans l’atteinte des objectifs de
développement durable (ODD).

 
  
17 
 

IV- DÉLIMITATION DES ZONES D’ÉTUDES

La délimitation s’est faite sur un triple plan : thématique, spatial et temporel.

IV-1- Sur le plan thématique

L’insécurité alimentaire est la difficulté ou l’absence de moyens d’avoir accès à une


alimentation saine et nutritive pour qu’un individu puisse mener une vie saine. L’accès peut-
être conditionné par des éléments physiques, économiques et des aptitudes. Les régions ont du
potentiel mais très peu valorisé ou mal utilisé qui ne profite pas suffisamment aux ménages ce
malgré les contraintes. Ce travail s’interroge sur le fait que malgré les nombreuses projets et
programmes du MINADER sous la houlette du programme national de la sécurité alimentaire,
les solutions peinent à faire effet et de nouveaux éléments viennent envenimer la situation.

Le problème de la santé des enfants s’apparente de plus en plus à un manque ou une


mauvaise pratique des soins infantiles, une alimentation inappropriée pour leur tranche d’âge.
Tous ces facteurs combinés maintiennent le taux de la malnutrition au Cameroun et dans les
régions de l’Extrême-Nord et de l’Est en particulier. Cette thèse établit le lien qu’il y a entre
l’insécurité alimentaire, l’état nutritionnel et alimentaire d’une population cible dont la
malnutrition des enfants est l’une des manifestations.

IV-2- Sur le plan spatial

Cette thèse a été menée dans deux départements de deux régions à risque du
Cameroun (figure 2): le Mayo-Tsanaga à l’Extrême-Nord et le Lom-et-Djerem à l’Est.

Pourquoi le Mayo-Tsanaga à l’Extrême-Nord et le Lom-et-Djerem à l’Est Cameroun ?

Ce sont les régions où les populations ont un faible accès à la santé, les urgences dues à
la sévérité des aléas climatiques quasi permanentes ; la nutrition y est problématique à cause
des choix alimentaires, un faible accès à l’eau potable, la défécation à l’air libre est de tradition.
L’Extrême-Nord est une région où la pauvreté est particulièrement sévère, elle concentre 60 %
des pauvres et la MAG à 12,4% dépasse le seuil définit par l’OMS (Unicef 2013, ECAM 4,
2014). À cause de l’insécurité dans les pays qui leur sont frontaliers (Nigéria, RCA) et des
attaques perpétrées dans leurs contrées, le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem depuis 2014 a
vu la population réfugiée, les déplacés internes accroîtrent au sein de leurs populations
significativement. Et cet afflux accentue la pression de la demande sur les ressources existantes
et des répercussions graves sur les conditions des vies des populations. La prévalence de

 
  
18 
 

l’insécurité alimentaire à l’Extrême-Nord est de 33% et le Mayo-Tsanaga 2e département où


l’insécurité alimentaire est plus prononcée avec 49% après le Logone-et-Chari (69%). L’Est
stagne à 8% par rapport au niveau établi en 2015. (UNHCR 2015, PNSA 2016).

La Région de l’Est-Cameroun

La Région de l’Est est située dans le Sud-Est du Cameroun, limitée à l’Ouest par les
régions du Centre et du Sud, à l’Est par la république Centrafricaine et au Sud par le Congo
Brazzaville. De coordonnées géographiques 4°0’0’’N et 14°0’0’’E (DMS), elle est située à 699
m d’altitude, compte quatre départements notamment la Boumba-et-Ngoko, le Haut-Nyong, la
Kadey et le Lom-et-Djerem, couvre une superficie de 10 900 200 ha qui s’étend sur 109 002
km 2. C’est une région faiblement peuplée avec 7,1 habitants au km2. Cette zone d’étude fait
office de recueil et d’installation des réfugiés venant surtout de la République Centrafricaine en
raison de l’instabilité qui y règne.

Le Département du Lom-et-Djerem

Le Département du Lom et Djerem est allongée dans la partie septentrionale de la région


de l’Est couvre une superficie de 26 353Km². Le chef-lieu du département est Bertoua. Elle est
limitrophe par le MBERE au Nord, le DJEREM au Nord-Ouest, le MBAM au Sud-Ouest, la
R.C.A au Nord-Est, la KADEY au Sud-Est, le HAUT-NYONG et la HAUTE SANAGA au
Sud

La Région de l’Extrême-Nord

L’une des Régions du Cameroun la plus peuplée, l’Extrême-Nord est située dans le Nord
du pays, frontalière du Tchad et du Nigéria. Elle couvre une superficie de 34 246 km2 et abrite
plus de 3 111 792 habitants lors du dernier recensement de 2005 d’une densité moyenne de 90.8
habitants au km2.

Le département du Mayo-Tsanaga encore appelé les Monts Mandara

Le Département du Mayo-Tsanaga est né de l’éclatement de l’ancien Département du


Margui-Wandala suite au décret N°81/52 du 11/12/1981 ayant donné naissance à deux
Départements à savoir : Le Mayo-Tsanaga et le Mayo-Sava. Le Chef-lieu du Département du
Mayo-Tsanaga est Mokolo. Il est limité au Nord par le Département du Mayo-Sava, au Sud par
le Département du Mayo-Louti dans la Région du Nord, à l’Est par le Département du Diamaré,

 
  
19 
 

à l’Ouest par la République Fédérale du Nigeria. Il couvre une superficie d’environ 4 433 km²
répartie au sein de sept unités administratives.

Dans le cadre de l’analyse de la situation de l’insécurité alimentaire, l’échelle d’analyse


est le milieu rural des départements convoqués, y compris les villages d’installation des
personnes déplacés internes et des réfugiés.

IV-3- Sur le plan temporel

Cette étude couvre la période de 2013 jusqu’à 2019 dans la mesure des données
techniques des activités de production disponible. L’objectif du Sommet Mondial de
l’Alimentation de 1996, de réduire le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde est
un vain mot. Le Cameroun est secoué par les émeutes de la faim en 2008. Une enquête conjointe
du PAM et du gouvernement en 2011 révèle que 30,3 % de la population rurale demeure
vulnérable à l’insécurité alimentaire. Un rapport de l’UNICEF sur la PCIMA en 2011-2012
relève que le taux de mortalité et de prévalence de la malnutrition aiguë globale des enfants
dans les régions de l’Est et de l’Extrême-Nord. Les vives tensions dans la sous-région, au
Nigéria avec les attaques de Boko Haram, en République Centrafricaine avec une guerre civile
meurtrière, le Cameroun se dessine comme le réceptacle des populations en fuite qui viennent
s’installer dans un contexte précaire où les populations des régions d’accueil ont des besoins
alimentaires de base. Cette étude s’inscrit dans le questionnement des mesures prises jusqu’ici
qui se révèlent sans grande amélioration au contraire fait stagner l’insécurité alimentaire.

 
  
20 
 

Figure 2 : Carte de localisation des zones d’étude

 
  
21 
 

V- PROBLÉMATIQUE

L’insécurité alimentaire menace certaines zones du Cameroun. L’essentiel de la


production agricole est généré par de petites exploitations agricoles familiales (0,5 à 1,5 ha).
Son développement se heurte à des problèmes de disponibilités et d’accès aux intrants, à la
faible productivité des élevages et au manque d’organisation des filières. À ces contraintes
s’ajoutent le manque de technologies et de matériels appropriés à la transformation et au
stockage des produits et les difficultés de commercialisation dans les zones reculées (Ministère
de l’Agriculture, 2004). Depuis lors cette situation ne s’est guère améliorée surtout dans les
régions de l’Extrême-Nord et de l’Est.

Zone de repère de disette à cause des campagnes de razzia après la période coloniale,
les invasions acridiennes (1930-1965) qui ravageaient tout sur leurs passages. La région de
l’Extrême-Nord connaît des conditions climatiques rudes et historiquement des sécheresses
(2009-2011) inhérente à une pluviométrie insuffisante de l’ordre de 400 à 1200 mm/an (Suchet,
(1988); Seignobos et al., (2000), DRADER, (2018).

L’évolution des précipitations dans la Région de l’Extrême-Nord est marquée par deux
phases, une phase déficitaire depuis 1970 et une phase excédentaire depuis 1991. Le type de
climat qui y règne (la pluviosité totale annuelle, les dates de démarrage des cultures et les
périodes d’arrêt…) définissent fortement la vulnérabilité des ménages à l’insécurité alimentaire.
Un autre facteur qui expose davantage les ménages est la vente d’une partie des récoltes et les
ménages qui le font sont 1,79 % plus exposés en 2007 donc 3,85 % plus vulnérables à
l’insécurité alimentaire (Chetima, 2018). Et par ailleurs, à l’échelle du ménage, le Mayo-Danaï,
le Mayo-Sava, le nord du Mayo-Tsanaga et le Logone et Chari ont été plus exposés à l’insécurité
alimentaire, le déficit céréalier d’un ménage varie entre deux à trois sacs de céréale, environ 7
ménages sur 10 ne produisent pas ce qu’ils consomment (Seignobos et al., 1995-1996 cités par
Chetima, 2018).

La Région de l’Extrême-Nord est la plus peuplée au Cameroun avec un nombre


important de ménages ruraux pauvres. Elle présente un tissu agricole très médiocre dont bien
loin de l’autosuffisance alimentaire. Il y coexiste des formes de vulnérabilité structurelle et
conjoncturelle. Les ménages sont au quotidien confrontés à une insécurité alimentaire à cause
de la forte insuffisance de la production céréalière, la pauvreté, des aléas climatiques, des
remous liées au foncier, la forte pression démographique qui interagit sur les terres cultivables.

 
  
22 
 

Les contraintes d’accès aux intrants agricoles, la rareté des terres arables et leur surexploitation
et l’insuffisance de l’encadrement des paysans sont autant des facteurs d’insécurité alimentaire.
Le taux de scolarisation est le plus bas de tout le pays (70%). Le tissu économique dépend en
majeure partie du Nigéria voisin. Les échanges transfrontaliers informels et la forte spéculation
sur les marchés ont une incidence sur la sécurité alimentaire dans la région.

Quant à l’Est, elle est la Région la plus vaste (109 011 km2) et moins peuplée avec une
densité de 8 habitants au km2. 28 % des ménages ont une consommation alimentaire pauvre et
limitée. Les proportions des ménages pauvres (22,3%) et très pauvres (24,8%) sont élevées. Il
y sévit un taux de malnutrition aiguë (4,5%), de malnutrition chronique (34,4%) et
d’insuffisance pondérale (19,1%). Malgré ces potentialités (sa superficie, son climat, sa
situation géographique très stratégique…) elle reste confrontée aux contraintes des pratiques
rudimentaires de cultures, d’élevage conséquences des faibles rendements, l’enclavement
physique par un réseau routier en piteux état, les infrastructures marchandes en faibles
quantités, un faible pouvoir d’achat du fait de la pauvreté monétaire (Socpa A., 2011).

Les campagnes agricoles de 2015-2016 et de 2017-2018 affichent un déficit vivrier en


équivalent céréale (EC) d’environ 50 088 tonnes (T) par rapport au besoin réel de la population
qui n’a été que de 5 mois sur 12 pour plusieurs ménages (PNSA, 2016). La faible pluviosité
enregistrée en 2018 comparée aux dernières années a favorisé le développement des chenilles
et ennemis des cultures causant d’énormes dégâts sur les parcelles mises en valeur dans le
Mayo-Tsanaga. Pourtant, ce département avec son microclimat bénéficie de 1000 mm de pluie
par an. Il fait preuve d’une autonomisation agricole avec une production de 220 577 tonnes de
céréales (DRADER, 2018).

Quant à la Région de l’Est, elle est sous un climat équatorial caractérisé par de fortes
chaleurs et une pluviométrie abondante de 1500 à 2000 mm/an en moyenne pour 08 mois de
pluie. Elle présente un paysage agricole enrichi et varié (tubercules, féculents, maraîchers), une
importante ressource en eau appartenant à l’un des grands bassins hydrographiques du
Cameroun traversée par le Nyong, la Doumé, la Kadey la Ngoko, le Dja, le Pangar et le Lom
propice à la pêche. Sa forêt verdoyante est une ressource renouvelable et dynamique, offrant de
multiples biens et services aux différents utilisateurs. L’attribution et l’utilisation des ressources
forestières ces dernières décennies ont connu une évolution significative avec un accent
particulier sur l’exploitation des ressources ligneuses (bois d’exportation, bois de chauffage, la

 
  
23 
 

déforestation pour l’installation des camps des réfugiés et autres) et non ligneuses (demande
alimentaire plus importante).

Traditionnellement le vivrier cultivé et consommé est le manioc et le plantain. L’année


2017 a été marquée par une très mauvaise pluviosité, au lieu de 2 200 mm d’eau il est descendu
à 844 mm d’eau. Mal répartie sur l’ensemble du département, elle ne permet pas le respect du
calendrier agricole. Cette irrégularité des pluies occasionne un flétrissement des cultures en
particulier le maïs, le riz, le cacao et l’arachide (DDADER, 2017). En milieu rural, 8 ménages
sur 10 sont pauvres traduisant un taux de précarité à 59,4%. Les besoins par ordre de priorité
sont en intrants agricoles (20%), accès aux soins de santé (13%), à l’éducation (13%), à l’eau
potable (10%) et la construction de l’habitat (14%) (ECAM 3, 2007 ; RADEC, 2013).

L’Extrême-Nord identifie les besoins prioritaires de sa population en terme


d’alimentation (24%), d’accès aux soins de santé (20%), de besoin d’éducation (13%) d’où le
taux de prévalence à l’insécurité alimentaire qui persiste à 33%. C’est l’une des régions qui a
le plus besoin d’une assistance humanitaire (ECAM, 2014 ; PNSA/PAM, 2016 ; OCHA, 2016).
La consommation alimentaire est essentiellement basée sur les céréales (mil, maïs, sorgho) et
le mil est d’appoint dans les ménages. Les routes sont d’accès difficile pendant la saison des
pluies et rendent l’accessibilité aux denrées alimentaires problématiques. Les transporteurs
ruraux se font rares dans les bassins de production. Entre le premier trimestre de l’année 2007
et de l’année 2014, les plus fortes hausses du niveau général des prix sont enregistrées, à
l’Extrême-Nord à 40,1% et à l’Est à 38,5%, résultats de l’augmentation des prix des produits
alimentaires respectivement à 56, 9% et 55,5%, des produits non alimentaires à 21,3% les deux
régions (ECAM 4, 2014 ; PAM/PNVRSA, 2018).

Dans le cadre du suivi de la sécurité alimentaire au Cameroun, le ministère de


l’agriculture à travers le programme national de veille et de renforcement de la sécurité
alimentaire a fait une collecte de données entre le 10 et le 28 février 2018 dans les 4 régions
prioritaires du Cameroun (Extrême-Nord, Est, Adamaoua, Nord). Il en ressort que la sécurité
alimentaire des populations est relativement améliorée mais la situation reste préoccupante, la
Région de l’Extrême-Nord (11,2%) demeure la plus touchée par l’insécurité alimentaire,
laquelle prend de l’ampleur dans la région de l’Est (10% en février 2018 contre 6,6% en 2015-
2016. Conséquences les ménages font recours à une utilisation importante des stratégies des
moyens de subsistances et de consommation alimentaire. Les rapports dénoncent les difficultés
liées à la pratique agricole, les cultures qui subissent une pression parasitaire et des maladies

 
  
24 
 

comme la pourriture brune. Tout ceci contribue à perturber les disponibilités alimentaires
fragilisant la sécurité alimentaire de la population.

Les aliments riches en vitamines A n’ont pas été consommés dans au moins 37% des
ménages de l’Extrême-Nord, le faible pouvoir d’achat et l’insuffisance des stocks alimentaires
des ménages limitent leurs accès aux produits alimentaires et favorisent l’utilisation des
palliatifs qui les confinent dans l’insécurité alimentaire (RFSA, 2014 ; PAM/PNRSA, 2018).
Les multiples usages des céréales réduisent la part destinée à la consommation familiale.
L’environnement des soins et des pratiques d’hygiène met en mal la situation nutritionnelle
d’une frange de la population. Les dernières enquêtes nutritionnelles menées dans la région
(SMART 2015, 2016, 2017) présentent une prévalence de la malnutrition aiguë de 9,0% donc
41,9 % d’enfants de moins de 05 ans atteints soit 3 enfants sur 5 en retard de croissance. En
2017, le taux de malnutrition chronique est plafonné à 22,9% .une étude menée par l’Unicef en
2015 lie cette situation à la précarité des ménages. La malnutrition sévit de manière endémique
dans la région de l’Est, répartie par poche de malnutrition soit 37,1% d’enfants atteints de
malnutrition chronique, 11% de sévère, 6% de malnutrition aiguë et 22 % d’insuffisance
pondérale à la naissance soit 2 enfants sur 5 en retard de croissance (Weingärtner, 2006 ;
RADEC, 2013 ; EDS/MICS, SMART 2014).

De par leurs positions, le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem sont des départements


frontaliers qui les ouvrent aux migrations. À cause des instabilités politiques et sociales qui
affectent les pays de l’Afrique centrale, le Cameroun a accueilli des réfugiés provenant des pays
frontaliers tels la République Centrafricaine (RCA) et le Nigeria. Le flux de réfugiés accueillis
principalement par les Régions de l'Est, de l'Adamaoua et du Nord, a été estimé à 253 000 en
fin septembre 2015. En proie aux attaques incessantes de Boko Haram, les populations des
villages riverains du Nigéria se sont déplacées vers les zones de sécurité et au cours de leur
fuite, plusieurs ont perdu de la famille, leurs biens de subsistance. « Un afflux massif des
personnes imprévues dans une zone est une situation difficile à gérer, aussi bien pour les
populations hôtes que pour les personnes qui sont accueillies. La région de l’Est qui accueille
des populations centrafricaines fuyant les conflits dans leur pays, est une zone où la survie
peut, à priori, paraître favorable, du fait notamment des conditions climatiques douces et de la
végétation abondante. Mais au-delà de ces conditions naturelles favorables, ces deux régions
présentent des difficultés certaines…et cette situation est de nature à faire naître des tensions
parmi les réfugiés et entre ces derniers et les hôtes, dans un contexte où l’accès aux besoins de
base peut devenir une source de friction » (UNFPA/IFORD 2014). Le Mayo-Tsanaga en proie

 
  
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à une pauvreté structurelle et à une vulnérabilité aiguë que le conflit de Boko Haram intensifie,
fragilise les populations et leurs moyens de subsistances. D’après le bureau de la coordination
des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le nombre de personne nécessitant une
assistance alimentaire immédiate a triplé depuis Juin 2015, pour atteindre les 200 000
personnes. En février 2016, le HCR comptait déjà 72 000 réfugiés à Maroua. À cause de cette
incursion de la secte dans les villages proches des frontières, le DTM compte 170 000 déplacés
internes.

L’afflux de réfugiés a donné lieu à des changements drastiques dans la composition des
populations locales. La réponse sécuritaire des autorités camerounaises va limiter les
mouvements des personnes et des biens au niveau des frontières or c’est une population
fortement dépendante du commerce transfrontalier ; Extrême-Nord au Nigéria, Est à la
République Centrafricaine. Ces restrictions fragilisent une voie que les ménages utilisent pour
satisfaire leurs besoins primaires. Les centres de santé, les écoles, les points d'eau et les autres
ressources disponibles sont surexploités en raison de cette explosion démographique soudaine.
La ville frontière de Kentzou (l’un des points d’entrée des réfugiés centrafricains au Cameroun)
fait partie des zones qui ont été particulièrement affectées entre février et mars 2014. « Nous
avons établi les sites de réfugiés dans des villages où il y avait déjà des services essentiels
comme des centres de santé et des écoles, mais lorsqu'un village qui compte normalement 1
500 ou 2 000 habitants doit accueillir d'un seul coup plusieurs milliers de personnes, ces
structures sont débordées » (UNHCR, 2014). Le niveau de consommation alimentaire est faible
pour 10,6% de la population hôte et 27,6% ont une consommation limite. Il y a tout d’abord la
dégradation générale des conditions de vie. Ces facteurs ont affecté le pouvoir d’achat des
ménages et leurs capacités à se procurer des vivres sur le marché, les disponibilités alimentaires
sont ainsi réduites (IFORD/PLAN-CAMEROUN, 2010).

Selon l’enquête de nutrition 2011 au sein de la population refugiée la malnutrition aiguë


globale est de 17% et la malnutrition sévère est de 4,3%. En terme relatif ou absolu,
l’aggravation de la situation nutritionnelle des enfants camerounais explique pourquoi la
mortalité infanto-juvénile a sensiblement augmenté (UNHCR, 2012). Et en 2014, le rapport du
PAM fait état des taux de malnutrition aiguë chez les réfugiés oscillant entre 20% et 30% bien
au-dessus du seuil d’urgence de 15%. La population augmente alors que la production agricole
reste en grande partie stable, la région a enregistré des cas de malnutrition aiguë chez les enfants
réfugiés (environ 20% d’entre eux) mais aussi, de plus en plus, chez les enfants des
communautés d’accueil. « On voit plus de Camerounais maintenant », constate le Dr Dzudjo

 
  
26 
 

Pierre, qui dirige un programme de dépistage et traitement nutritionnel à Garoua Boulai. Quand
nous avons commencés le programme de la prise en charge, « le programme s’adressait aux
réfugiés centrafricains mais on s’est aperçu que les Camerounais souffraient eux aussi des
mêmes problèmes ».

L’arrivée des réfugiés dans les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est vient davantage
renforcer les effets de ces faiblesses structurelles, entraînant une dégradation de la situation
alimentaire des populations dans l’ensemble et l’état nutritionnel des enfants. Les populations
du Cameroun souffrent des impacts d’une triple crise humanitaire avec des effets conjugués.
La détérioration importante du contexte socioéconomique et sécuritaire a augmenté l’insécurité
alimentaire, la malnutrition et la vulnérabilité aux épidémies (Plan de Réponse Humanitaire
2017/2020). La région de l’Extrême-Nord est historiquement connu (Beauvilain A., (1990) ;
Seignobos C., (2011) classé depuis longtemps parmi les zones d’excellence à l’insécurité
alimentaire car régulièrement confrontés aux crises nutritionnelles, épidémies, d’inondations et
de sécheresse. Une évaluation du ministère de l’Économie, de la Planification et de
l’Aménagement du Territoire en 2010 a montré qu’à l’Est l’insécurité alimentaire concerne
22,8% de ménages réfugiés et 13% de ménages hôtes avec une consommation alimentaire limite
(MINSANTE/Profil Sanitaire Analytique, 2016). Et à travers les activités de suivi et
d’accompagnement à la production et de sécurité alimentaire, le gouvernement camerounais et
ses partenaires d’aide au développement ont mis sur pied des réponses institutionnelles à travers
de dizaines de programmes spécifiques d’appui au développement du monde rural depuis 1980.
Malgré ces interventions, on note une persistance de la précarité alimentaire de la population
avec des effets sur leurs santés que les enfants manifestent naturellement. C’est sous cet angle
que ce travail met le point sur un éventail de facteurs qui confortent ce phénomène, fait une
analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle de la population touchée avec un ciblage
prioritaire sur les enfants de 0-59 mois et la manière dont ces populations se procurent à manger
dans un contexte de crise et post-crise. Les ménages du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem
subissent une insécurité alimentaire ambiante et la situation s’enlise davantage avec l’arrivée
des réfugiés et les vagues de déplacement des populations. Comment comprendre cette situation
dans deux milieux ruraux distincts censés être des zones de production alimentaire encadrés par
les assistances régulières. Comment peut-on résoudre ce problème définitivement en comptant
sur la ressource qu’est l’homme (en tant qu’acteurs externes et acteurs internes). C’est ainsi
qu’une analyse profonde de cette problématique a permis de relever des pistes de réflexion dont
la principale se décline ainsi :

 
  
27 
 

VI- QUESTIONS DE RECHERCHE

VI-1- Question principale de recherche

Qu’est ce qui explique la persistance de l’insécurité alimentaire dans le Mayo-Tsanaga et le


Lom-et -Djerem ?

VI-2- Questions spécifiques de recherche

 Quels sont les facteurs qui aggravent l’insécurité alimentaire dans les Monts Mandara
et le Lom-et-Djerem ?
 Quelle est la relation entre les pratiques alimentaires et nutritionnelles des ménages et
la conséquence manifeste sur la santé des enfants de 0 à 59 mois.
 Quelles sont les réponses institutionnelles et locales entreprises pour juguler
l’insécurité alimentaire

VII- CONTEXTE SCIENTIFIQUE

VII-1- Situation de l’insécurité alimentaire en Afrique

Cambrezy L. et Janin P., (2003) Alors que la production agricole suit une courbe
croissante dans les autres grandes aires géographiques, elle connaît, selon la FAO, une
stagnation en Afrique subsaharienne, voire une dégradation en raison de l’écart croissant entre
l’offre et la demande. Les ressources alimentaires mobilisables par les ménages ruraux et
urbains varient donc fortement en fonction du volume des récoltes ou de leur accessibilité
géographique et économique. « Le nombre de sous alimentés risque d’être multiplié par deux
en Afrique passant de 175 à 300 millions, avec des disparités régionales extrêmement fortes à
l’horizon 2010 » (Collomb, 1999). Si les disponibilités alimentaires sont quantitativement
insuffisantes (moins de 2500 calories/jour/personne), elles le sont également qualitativement :
la diversité alimentaire est faible dans le Sahel et tend à se réduire avec la baisse du niveau de
vie en ville au profit d’aliments de substitution parfois moins prisés des consommateurs et de
l’alimentation hors domicile. Les carences en micro-nutriments sont fortes.
En Afrique subsaharienne, 36 pays sur 45 sont bénéficiaires de l’aide alimentaire du
Programme Alimentaire Mondial en 2000. Sur plus de 5.192.000 tonnes de vivres programmés
pour 2002-2004 par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) près des deux-tiers est destinée
à la seule aide d’urgence. Ces déficits persistants ont des conséquences directes et cumulatives
sur les états nutritionnels des individus physiologiquement et socialement vulnérables (femmes

 
  
28 
 

enceintes et allaitantes, enfants en bas-âge, personnes âgées, femmes seules chefs de ménages,
réfugiés et déplacés, enfants de la rue, cadets sociaux, etc...), aux ressources aléatoires et
incertaines. La parenté, souvent mise à contribution, n’a pas toujours les moyens de subvenir
aux plus démunis et tend à devenir plus sélective dans ses soutiens, faute de réciprocité. En
l’espace de deux décennies, la plupart des indicateurs nutritionnels se sont sensiblement
dégradés en Afrique subsaharienne : la fréquence de personnes malnutries est passée de 34% à
57% en Afrique Centrale, de 33% à 43% en Afrique Australe alors qu’elle aurait très
sensiblement diminuée en Afrique de l’Ouest, passant de 40% à 14% (FAO 2002). A l’échelle
de la planète, sur 27 pays ayant plus d’un tiers de leur population malnutrie, 19 sont situés en
Afrique subsaharienne et pour les dix pays ayant un taux supérieur à 50%, sept sont situés en
Afrique. Ce sont les enfants de moins de 5 ans les plus durement touchés par la dégradation
globale des conditions d’existence : le nombre de malnutris aurait augmenté de près de 60%
entre 1980 et 1995 et la prévalence a été estimée à 33% en 2000. Encore ne s’agit-il que des
données nationales ou régionales agrégées qui ne permettent pas toujours de prendre en compte
les « poches » interstitielles d’insécurité alimentaire et de sous nutrition. Car, même si la plupart
des pays d’Afrique subsaharienne sont menacés, le risque d’insécurité alimentaire est plus
fortement rattaché à certains pays et certaines régions : l’Afrique centrale semble
particulièrement touchée alors même que les potentialités naturelles sont importantes tandis que
l’Afrique de l’Ouest l’est moins, en dépit de contraintes agro-climatiques plus fortes et de
potentialités agricoles globalement moins importantes.
Le risque alimentaire est en général géographiquement localisé du fait d’une grande
diversité de conditions agro-écologiques, mais aussi économiques, culturelles et politiques à
l’intérieur même de ces pays. Ces régions se distinguent des autres par un plus haut degré de
vulnérabilité : soit du fait d’incertitudes climatiques plus grandes (zones arides ou semi-arides
en particulier), soit du fait d’un déséquilibre trop important entre les charges de population et
les ressources (érosion des sols, surpâturage), soit, à l’inverse, du fait d’une trop grande
dépendance vis à vis d’une ressource momentanément menacée. L’effondrement des cours
d’une culture de rente peut, comme une sécheresse décimant un cheptel, ruiner en quelques
mois les espoirs de ces sociétés de subvenir à leurs besoins.
Les nombreuses guerres civiles ainsi que les conflits ethniques plus ou moins liés au
contrôle des ressources rendent également certaines régions plus fragiles que d’autres en
fonction de l’évolution de la dangerosité. À l’abandon des campagnes du fait de l’insécurité,
s’ajoute alors la détresse des populations réfugiées dans les pays voisins ou déplacées dans leur
propre pays. Ces populations, rassemblées dans des camps, constituent autant de poches

 
  
29 
 

d’insécurité alimentaire. D’une manière plus large, l’état de guerre rend l’acheminement de
l’aide aléatoire, inaccessible ou dangereux. Malheureusement, il n’y a donc pas toujours de
relation stricte entre les besoins alimentaires des populations et le volume de l’aide envoyé sur
le terrain.
Pourtier R. (2001) les rejoint sur le triste constat qu’en Afrique on est tenté, quand
surgit le spectre de la famine, d’incriminer la nature, d’établir une causalité simple entre les
drames de la faim et la sécheresse. Les famines ne résultent pourtant pas seulement de calamités
naturelles. Seuls les milieux sahéliens sont exposés à des aléas climatiques aux conséquences
graves : des sécheresses sévères, plus ou moins cycliques, y menacent les troupeaux et les
hommes. À cela s’ajoutent les ravages des acridiens : les hommes restent démunis contre les
invasions périodiques de criquets dont les nuées, grosses de milliards d’insectes, réduisent à
néant les cultures sur leur passage. Mais si les caprices de la nature ont leur part de
responsabilité, la plupart des famines contemporaines sont la conséquence d’une organisation
territoriale déficiente et de dysfonctionnements politiques…car ce sont les troubles politiques
et les guerres civiles qui trainent la famine à leur trousse. Renchérit le rapport d’OXFAM
(2016) En 2012, la région sahélienne d'Afrique centrale et de l'Ouest a de nouveau connu une
grave crise alimentaire suite à la sécheresse qui a affecté la production alimentaire, fait grimper
les prix des denrées alimentaires et exposé des millions de personnes, déjà vulnérables de
manière chronique, à une nouvelle année de rigueur et de faim. Au plus fort de la crise, plus de
18 millions de personnes dans 9 pays ont été touchées, et la vie de plus d'1 million d'enfants a
été menacée car les foyers ne parvenaient pas à se procurer suffisamment de nourriture pour
survivre. Au Tchad, des femmes ont été contraintes de creuser dans des fourmilières pour
trouver des graines, tandis que des centaines de milliers de familles à travers la région ont dû
se contenter d'un seul repas par jour. L'ampleur de la crise a certes été importante, mais elle
aurait dû être prévisible. Les épisodes de sécheresse sont devenus fréquents au Sahel, et la crise
de 2012 est survenue peu de temps après des crises également liées à la sécheresse, en 2010 et
en 2005, ainsi qu'une crise du prix des denrées alimentaires en 2008. De nombreuses
communautés sont maintenant en situation de vulnérabilité chronique (230 000 enfants meurent
des suites de sous-nutrition, même les années de « bonnes » récoltes), alors les moindres chocs
peuvent avoir des impacts désastreux.
La faim et la malnutrition sont des défis toujours d’actualité. Selon les dernières
estimations des agences des Nations à Rome (FSIN, mars 2018) 793 millions de personnes
souffrent encore de faim dans le monde. Ce qui veut dire qu’une personne sur neuf n’a toujours
pas accès aux aliments de base nécessaires à ses besoins énergétiques quotidiens. Environ 2

 
  
30 
 

milliards de personnes souffrent par ailleurs de faim cachée liée à un manque en vitamines et
en minéraux (en particulier vitamine A, en fer, en iode et en zinc). Enfin 1.9 milliards de
personnes ne bénéficient pas d’une alimentation équilibrée, ce qui entraine des problèmes de
surpoids, d’obésité, de sous-nutrition mais aussi des maladies non transmissibles et chroniques(
maladies cardiaques, diabète et autres…) comme l’ont montré les dernières crise alimentaires
de 2005, 2008, et de 2011, l’insécurité alimentaire à des causes complexes et le problème de la
faim dans le monde et en Afrique aujourd’hui ne pourra être résolu seulement par une
augmentation de la productivité agricole.

VII-2- Situation de l’insécurité alimentaire au Cameroun

Meurier V. (2003) dresse un bilan sur la situation alimentaire mondiale et surtout des
productions céréalières, composante essentielle du repas des Hommes. Elle s’inquiète de leur
diminution, et donc de leur disponibilité dans le monde en croissance démographique. Elle
pense que les productions agro-alimentaires pourraient « assurer une alimentation suffisante »
mais affirme en même temps que la sous-alimentation et la malnutrition ne sont pas et ne seront
pas dues à la pénurie d’aliment, mais au manque de pouvoir d’achat des gens. MINAGRI
(2004) fait un constat selon lequel l’autosuffisance alimentaire du Cameroun est un acquis
aujourd’hui perdu, qui n’exclut pas la malnutrition d’une partie de sa population[…] En ville
tout comme dans l’arrière-pays, les marchés regorgent en toutes saisons de vivres frais et autres
denrées consommables mais cette abondance apparente cache des pénuries réelles au niveau du
consommateur final[…]et des disparités énormes entre régions excédentaires (Ouest, Nord-
ouest, Littoral) et déficitaires (Est, Sud, Extrême-nord). Le DSDRS (2005) réitère en se basant
sur les statistiques de la FAO, que le Cameroun se classe parmi les pays en développement les
moins performants en matière alimentaire. La ration alimentaire actuelle (2260 calories/jour/
hab.) y est à peine supérieure à la ration moyenne estimée pour l’Afrique subsaharienne (2200
calories) et reste bien inférieure à celle calculée pour l’ensemble des pays en voie de
développement (2 680 calories). En fait, malgré son évolution soutenue, le taux de croissance
de la production agricole reste inférieur à celui de la progression de la population du pays. En
somme, selon le PAM (2008), environ 2 802 000 personnes au Cameroun sont en insécurité
alimentaire et les plus fortes proportions de ménages ayant une consommation pauvre et limite
en 2007 sont le centre, le nord-ouest, l’est et le littoral.

Ngoufo R. et al. (2009) précisent qu’en 1996 plus de la moitié de la population totale
consommait moins de 2400 calories/jour prescrites par la FAO comme le seuil minimum. En

 
  
31 
 

milieu rural déjà structurellement faible, ce chriffre s’écroulait à cause de la défaillance des
mécanismes mis en place dans le but de soutenir les prix d’achat aux producteurs à la suite des
chutes des cours mondiaux.

Alain christian E. B. (2010) soulève le problème dû au fait que depuis longtemps en


effet, le Cameroun fait partie du cercle assez restreint des pays subsahariens qui connaissent
une relative « autosuffisance alimentaire ». Cette expression étant devenue redondante dans les
discours des dirigeants et autres hommes politiques camerounais ; ceci laisse supposer que la
production alimentaire ou vivrière correspond aux besoins de la population pour ne pas dire
qu'elle est excédentaire. Cependant, un certain nombre de faits et d'évènements viennent
s'inscrire en faux contre ce discours. Dans un premier temps, la FAO a classé le Cameroun en
2002 dans la catégorie des Pays à Faible Revenu et à Déficit Vivrier (PFRDV) en raison de ses
mauvaises performances économiques et surtout de la chute de sa production agricole qui ne
parvient plus à satisfaire toute la population. D'où le recours à l'importation de produits
alimentaires, et parfois à l'aide alimentaire. Ensuite, au cours du mois de février de l'année 2008,
le Cameroun, à l'instar de beaucoup d'autres pays comme le Burkina Faso, l'Egypte, la Guinée
Conakry, l'Indochine, le Sénégal, le Mali ou les Philippines, a traversé une période de crise
marquée par une série d'émeutes. Ces émeutes ont été baptisées par d'aucuns « les émeutes de
la faim »7 dans la mesure où l'une des raisons qui ont poussé les populations à descendre dans
les rues était l’accroissement du phénomène de l'insécurité alimentaire. Mais bien avant ces
évènements de Février 2008 c'est-à-dire le 21 Mai 2006, le PAM a organisé et animé au
Boulevard du 20 Mai à Yaoundé, en collaboration avec le MINADER, une marche contre la
faim dénommée « Fight Hunger Walk the World ». L'objectif de cette marche était non
seulement de collecter divers dons en espèces et en nature, mais aussi et surtout de sensibiliser
les camerounais sur le problème de l'insécurité alimentaire qui a tendance à s'enraciner dans ses
zones d'activités prioritaires que sont l'Est et le grand Nord qui se trouve être des zones
sensibles..

En 2005 déjà, Socpa A. décriait la situation de l’insécurité alimentaire « derrière le voile


des apparences, l’insécurité alimentaire au Cameroun est une réalité palpable même si les
produits « made in Cameroun » (igname, manioc, plantain, macabo, eru) se retrouvent sur les
étals des vendeurs et vendeuses des marchés des pays voisins (RCA, Congo, Tchad, Guinée
Équatoriale, Gabon, Nigéria). Force est de souligner que cette insécurité alimentaire ne se
manifeste pas seulement dans les zones écologiques défavorables (cas du grand Nord), mais
également dans les zones dites « à hautes aptitudes agronomiques » du Sud Cameroun… ». En

 
  
32 
 

2011, Dans ses travaux de HDR il dresse une fois de plus un aperçu sur la situation en disant
que le Cameroun est souvent présenté à tort comme un pays autosuffisant sur le plan alimentaire
et dont le bilan céréalier semble équilibré. En réalité, la situation du pays s’est dégradée
progressivement depuis les années 80. Selon le ministère de l’agriculture (Programme Spécial
pour la Sécurité Alimentaire), alors que 81% en 1992 et se seraient depuis stabilisées autour de
80%. Les productions alimentaires n’ont pas suivi l’accroissement démographique et
économique. Ainsi, les disponibilités énergétiques sont passées de 2340 kilocalories /personne
et par jour au début des années 80 à 2140 kcal en 1995-1996. Par ailleurs, ces moyennes
nationales ne reflètent pas les larges disparités entre les régions et les groupes de population.
Les données les plus exhaustives portent sur les trois provinces septentrionales. L’analyse des
tendances de la sécurité alimentaire classe l’Extrême-Nord et le Nord dans la catégorie à haut
risque et à déficit alimentaire chronique caractéristique des zones agro-écologiques sahéliennes.
Selon la FAO, le taux de couverture des besoins alimentaires varie de 25 à 80% dans ces zones.
De plus, les conclusions des enquêtes récentes du PNVRSA menées dans le Nord et l’Extrême-
Nord du Cameroun indiquent que les principaux obstacles à la sécurité alimentaire sont en
général l’insuffisance de la production céréalière due au système traditionnel de production. Le
sous-équipement des pêcheurs notamment l’absence des moyens de conservation. La pauvreté
sans cesse croissante des populations renforcée par une croissance démographique élevée. Les
difficultés de transaction intra et interrégionales, les interdits alimentaires, le degré de
vulnérabilité de la femme imputable à la difficulté d’accès à la propriété foncière, l’absence
d’autonomie, les mariages précoces et les difficultés d’accès aux crédits.

Ceci renforcé par le rapport du CFSVA en 2011, le Cameroun connait des problèmes
de sécurité alimentaire. En zone rurale, 9,6% des ménages sont en insécurité alimentaire (2,2%
sous une forme sévère et 7,4% sous une forme modérée). Ces ménages ont une consommation
alimentaire qui n’est pas satisfaisante et ont des problèmes d’accès à la nourriture. Ils recourent
donc à des stratégies de survie pour faire face au manque d’argent et de nourriture, la fréquence
de ce recours reste cependant très limitée. Les stratégies les plus utilisées sont (par ordre
d’importance) : consommer les aliments moins chers (72,3% des ménages), réduire la quantité
de nourriture consommée (44,8%) et réduire le nombre de repas (33%). L’un des défis du pays
est d’arriver à nourrir dans les décennies à venir 19,4% millions d’habitants qui devraient
doubler dans les prochaines années alors que le pays est déjà en situation de déficit céréalier.
Cité par Mathias Eric O. N, en Juin 2005 dans un article, Courade G. (1994), qui étudie
« l’insécurité alimentaire urbaine au Cameroun dans son contexte », met en perspective

 
  
33 
 

géographique et historique cette dynamique d’insécurité en étudiant ses enchaînements avec


l’aggravation des inégalités, la pauvreté monétaire, les déficiences du système
d’approvisionnement et les problèmes de malnutrition.

Nfor D. (2011) dans ses travaux pense que l’insécurité alimentaire, est une situation
dans laquelle la population manque d’aliments de base. L’apport alimentaire primaire suffit à
satisfaire leur habitude alimentaire et leur fournit l’énergie et les nutriments pour une vie pleine
et active. Dans le centre de l’arrondissement de Nkambé, le maïs est considéré comme l’un des
aliments de base qui, et quand il y a pénurie, il y a insécurité alimentaire même lorsque d’autres
céréales et protéines avec les mêmes valeurs énergétiques sont en abondance.

Mvomo S.L. (2011) dit que les pénuries qui font aujourd’hui l’actualité, sont en réalité
une variable de l’insécurité alimentaire qui touche le Cameroun depuis au moins une vingtaine
d’années. Le phénomène, devenu préoccupant au début des années 1990, s’est manifesté sous
d’autres figures telles que les hausses des prix des produits alimentaires, l’augmentation
continue des volumes des importations alimentaires et le phénomène de la vie chère.
Aujourd’hui, les statistiques officielles admettent que 25% de la population, soit un
camerounais sur quatre, souffrent d’insécurité alimentaire. En effet, la situation enviable du
Cameroun sur le plan agricole et alimentaire se détériore graduellement à partir de 1970. Les
sécheresses de 1971 et 1972, qui occasionnent les premières pénuries de grande ampleur dans
les régions septentrionales, révèlent la vulnérabilité du pays qui fait alors appel à l’aide
alimentaire internationale. La crise économique de 1986-1987 et surtout la logique des
programmes d’ajustement structurel viennent porter le coup de grâce. L’État, qui était le
principal acteur de la sécurité alimentaire, est diminué. Ses capacités d’intervention se réduisent
comme peau de chagrin. Celui-ci est contraint d’abandonner tous les programmes et politiques
alimentaires, d’arrêter les subventions aux agriculteurs ainsi que tous les mécanismes
d’encouragement à la production.

Le comice agro-pastoral cesse d’être organisé après 1988 et le marché, au détriment de


l’État, devient le principal régulateur des prix. Ces changements induisent sur le plan social
d’autres problèmes. La crise économique favorise le phénomène de l’exode rural qui voit arriver
en ville une masse de jeunes migrants venant des villages. La classe des « pauvres urbains » qui
voit ainsi le jour, accentue en ville la demande en produits alimentaires qui, faute d’être issus
de l’agriculture locale, est comblée par les importations. Ainsi, plus les populations migrent,
plus la demande est forte en ville. Plus cette demande est forte, plus on a recours aux

 
  
34 
 

importations, avec tous les risques que cela comporte, qu’il s’agisse des flambées des prix ou
des pénuries alimentaires. Le constat est donc clair. Les pénuries alimentaires, telles qu’on les
observe depuis plusieurs années, ne sont pas un accident de parcours. Elles sont la résultante
d’une succession de faillites dans le système alimentaire, lesquelles meublent la structure de la
consommation des ménages au Cameroun. Plus que le spectacle qu’offre le gouvernement à
l’occasion de ses différentes opérations « coups de poing », c’est bien une politique nationale
coordonnée, tenant compte des besoins nationaux qu’il faut mettre en place pour en venir à
bout. Mais le Cameroun en a-t-il les moyens ?

Janin P. et Édouard de Suremain C. (2012) remarque qu’ainsi dans les pays les moins
avancés (PMA) qui cumulent un certain nombre de handicaps structurels en dépit souvent de
réelles potentialités, l’insécurité renvoie encore souvent à des situations de manque ou de
pénurie alimentaires. Certaines peuvent être ponctuelles, d’autres plus durables. Elles résultent
de l’insuffisance de denrées alimentaires produites ou stockées en quantités comme en qualités.
De fait, si les styles alimentaires évoluent rapidement en ville, parmi les couches sociales
favorisées, la monotonie alimentaire est encore une réalité pour la majorité des consommateurs.
Cette forme d’insécurité, plutôt cyclique, voire saisonnière, relativement prévisible, touchait
traditionnellement surtout les populations rurales, dépendantes de leurs récoltes et des marchés
de proximité pour se nourrir. Fofiri N. (2013) d’entrée de jeu dans sa problèmatique des
déterminants de l’offre alimentaire vivirère au Nord-Cameroun, cite Kossouma L. (2001) qui
relève que la sitaution alimentaire demeure inquiêtante dans la partie septentrionale. Cette
notion est le quotidien des autorités adminitratives, des organismes des Nations Unies (PAM,
FAO) et autres bailleurs de fonds. La sollicitation des aides alimentaires y est récurrente, la
région vit au rythme de l’instabilité des pric des produits alimentaires de base tant en zone rurale
qu’en zone urbaine.

CFSVA 2017, les résultats de l’analyse globale de la sécurité alimentaire et de la


vulnérabilité révèlent que 16 % des ménages souffrent d’insécurité alimentaire dont 0.9% sous
sa forme sévère et 15.2% sous une forme modérée. L’insécurité alimentaire sévère touche
surtout les régions de l’Extrême-Nord (3% des ménages).

Les principaux résultats du PNVRSA/PAM 2018 donnent un avis mitigé certes la


sécurité alimentaire des populations est relativement améliorée dans les quatre Régions
prioritaires du Cameroun en février 2018, mais la situation reste préoccupante. Les régions de
l’Extrême-Nord (11.2% dont 1% en insécurité alimentaire sévère) et du Nord (11%) restent les

 
  
35 
 

plus touchées par l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire a pris de l’ampleur dans la
Région de l’Est (10% en février 2018 contre 6% en 2017) tandis qu’elle a baissée dans
l’Adamaoua (7.5% en février 2018 contre 9.3% en 2017). Dans la Région de l’Est, les
ménages ont fait recours à une utilisation importante des stratégies des moyens d’existence et
de consommation alimentaire en février 2018 ; les aliments riches en vitamine A n’ont pas été
consommés dans 37% des ménages de l’Extrême-Nord et dans 28% au Nord. Le faible pouvoir
d’achat et l’insuffisance des stocks alimentaires des ménages limitent leur accès aux produits
alimentaires et favorisent l’utilisation des palliatifs néfastes qui les confinent dans l’insécurité
alimentaire.

Aperçu des besoins alimentaires Cameroun (2018) l’insécurité alimentaire reste


encore fortement répandue dans les régions septentrionales où les effets des sécheresses et
inondations s’ajoutent à l’insécurité et à la perte des biens et moyens de subsistance. Près de
2,6 millions de personnes ont besoin d'une assistance alimentaire dont 1,5 million d’enfants.
Parmi elles, 180 000 personnes sont en situation d’urgence et ont besoin d’une assistance
alimentaire immédiate. Les réfugiés centrafricains à l’Est du Cameroun se trouvent également
en situation de vulnérabilité dans un contexte où les arrivées se poursuivent et exercent une
pression supplémentaire sur des ressources alimentaires et agricoles limitées. De plus, le sous-
financement de la réponse en faveur de ces réfugiés a contraint les partenaires du secteur à
réduire de 50% les portions de vivres distribuées en 2017. Dans ses travaux faits en 2018,
Chetima découvre une fois de plus que l’Extrême-Nord a un contexte physique et un
environnement humain favorisant l’insécurité alimentaire. Les sols sont pauvres dans leur
majorité, ceux qui sont riches étant limités dans les vallées des cours d’eaux. Cette situation
ayant une incidence sur sa production agricole et la sécurité alimentaire. C’est la région est la
plus pauvre du Cameroun. 56,3 % des ménages sont pauvres en 2007 contre 55,5% en 2001.
Les personnes sont dans l’incapacité d’avoir un revenu de 637 F CFA pour se nourrir et subvenir
à leurs besoins. La variabilité intra-annuelle des témperature et de l’humidité perturbent la
croissance des plants et la productivité en cas de démarrage tardif des pluies. La quasi-totalité
des ménages pratiquent l’agriculture or seul 0,1% ont obtenu des financements auprès des
banques. Seuls 56,6 % sur 63,7% ont certes béneficiés de l’encadrement du MINADER mais
la plupart restent insatifaits. Cette situation s’est aggravée avec le retrait progressif de la
SODECOTON dans les secteurs comme Mora et Koza. Selon la CILSS (2019), l’Extrême-
Nord est une zone sous pression car même avec l’aide humanitaire au moins un ménage sur
cinq se trouve dans la situation suivante ou pire : une consommation alimentaire réduite et

 
  
36 
 

d’adéquation minimale mais incapacité de se permettre certaines dépenses non alimentaires


essentielles sans s’engager dans des stratégies d’adaptations irréversibles.

VII-3- Une vue de la malnutrition dans le monde et au Cameroun en particulier

OMS 1996, la malnutrition sévit dans les pays en développement, 174 millions d’enfants
de moins de 05 ans présentent une insuffisance pondérale et 230 millions des retards de
croissance. Les privations, les souffrances et le gaspillage du potentiel humain que représentent
ces chiffres sont inacceptables à tout point de vue. À l’échelle Mondiale, plus de 800 millions
de personnes ne peuvent pas toujours satisfaire leurs besoins essentiels en énergie et en
protéines. Plus de 2 milliards de personnes n’ont pas un apport suffisant en micronutriments
essentiels et des centaines souffrent d’affections dues à une alimentation malsaine ou
déséquilibrée.

En 2015, on recense encore 20 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans sur les
12.2 millions estimés chaque année c’est-à-dire 54% des décès d’enfants en bas âge dans les
pays en développement, sont dus à la malnutrition. Dans certaines régions, notamment dans
l’Afrique subsaharienne et en Asie Méridionale, la stagnation de la population associée à la
croissance démographique rapide a engendré une augmentation de la population totale
d’enfants en état de malnutrition (plusieurs formes de malnutrition liée à la carence en
micronutriments, en protéino-énergetique…). Chez les nourrissons et les enfants en bas âge,
même une anémie légère engendre des retards de développement. Une aggravation de la
malnutrition infantile entre 1991 et 1998 dans toutes les zones géographiques du Cameroun, la
situation alimentaire s’est fortement dégradée au cours de la période : le taux de de retard à la
croissance (taille pour âge), le taux d’insuffisance pondérale (poids pour âge) et le taux
d’émaciation (ou de maigreur : poids pour taille). Sept ans plus tard, ces taux de retard de
croissance des enfants sont passés à 11 et 29%. Résultant d’une alimentation insuffisante ou
d’une maladie qui a provoqué une perte de poids, cette tendance traduit une situation
nutritionnelle et sanitaire inquiétante (EDS, 1991 et 1998).

Selon le PNAN/CMR 2017, les maladies infectieuses restent prédominantes chez les
enfants et contribuent à maintenir ou à aggraver la malnutrition dans un cercle vicieux. On note
qu’il y’a une recrudescence des épidémies de rougeole qui augmentent le risque de la
malnutrition et de la carence en vitamine A. l’état nutritionnel des enfants de moins de 05 ans
est préoccupant. La situation du retard de croissance demeure stationnaire et anormalement
élevée. En 1991, la prévalence était de 24.4 % comparée à 30.4 % en 2006. En 2011, elle était

 
  
37 
 

de 33 % (EDS/MICS) et 31.7% en 2014 (MICS, 2014). Le Cameroun fait partie des 36 pays
les plus touchés par la malnutrition chronique à travers le monde et compte à lui seul près de
44% d’enfants malnutris chroniques en zone CEMAC. En ce qui concerne l’émaciation,
l’enquête MICS 2014 révèle que 5.2% d’enfants de moins de 05 ans souffrent de malnutrition
aiguë contre 6% en 2011 et 14.8% souffrent d’insuffisance pondérale contre 15% en 2011
(EDS-MICS 2011 et MICS 2014). Les régions du Nord, de l’Adamaoua, de l’Est et de
l’Extrême-Nord présentent les taux de malnutrition les plus élevés sous toutes ses formes. En
2018, et selon les dernières enquêtes nutritionnelles SENS 2016 (pour les populations réfugiées)
et SMART 2017, il a été estimé que plus de 150 000 enfants de moins de 5 ans souffriront de
malnutrition aiguë dont 44 7007 dans sa forme sévère associée à une mortalité élevée. Autant
dire que la situation ne s’améliore guère.

Tous ces travaux démontrent que le Cameroun, malgré son statut agricole a connu au fil des
années, une hausse importante de l’insécurité alimentaire révélée au monde par les émeutes de
la faim et qui se manifeste dans les ménages au travers de la malnutrition des enfants. Loin de
s’en réjouir, nos travaux viennent enrichir les compréhensions du comité scientifique et
humanitaires sur les raisons du maintien de cette situation malgré les mesures prises et comment
les ménages s’y adaptent.

VIII- CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE

VIII- 1- Cadre conceptuel

L’objectif étant de bien cerner les contours du sujet de recherche, une bonne compréhension
des concepts se révèle déterminante. L’intérêt est porté sur les termes suivants ; sécurité
alimentaire, insécurité alimentaire, état nutritionnel, malnutrition, stratégie d’adaptation,
moyens de subsistances.

Sécurité alimentaire

En parcourant la littérature, le premier constat que l’on fait est que ce concept admet
plusieurs définitions. La seule période de 1975 et 1991, Maxwell et Frakenberger (1992) en ont
référencé plus de 30. La sécurité alimentaire est un concept complexe et constitue une grande
préoccupation de la communauté internationale (SMA, 1996). Elle est définie comme une
situation dans laquelle toutes les personnes ont un accès physique, social et économique durable
à une nourriture suffisante, sûre et nutritive qui répond à leurs besoins diététiques et à leurs

 
  
38 
 

préférences alimentaires, pour mener une vie saine et active (FAO, 2001b). De ce point de vue,
il ne suffit pas qu’une économie nationale dispose de quantités suffisantes de denrées
alimentaires pour que la sécurité alimentaire soit atteinte. Il faut que les individus aient les
moyens d’y avoir accès (Azoulay et Dillon, 1993). Des auteurs comme Détry et Hérault (2001)
soutiennent qu'au sein de toute population il existe toujours une couche qui ne parvient pas à
satisfaire l'ensemble de ses besoins, même en conjoncture moyenne. Pour ces derniers, c'est la
couche pauvre ou vulnérable.

L’USAID définit la sécurité alimentaire de la manière suivante, « Quand toutes les


personnes en tout temps ont un accès tant physique qu’économique à une nourriture suffisante
pour répondre à leurs besoins alimentaires pour une vie productive et saine ». Trois variables
distinctes sont essentielles pour atteindre la sécurité alimentaire : 1) la disponibilité alimentaire
:il s’agit des quantités suffisantes de types d’aliments adéquats et nécessaires provenant de la
production nationale, importations commerciales ou bailleurs de fonds autres que l’USAID qui
sont constamment disponibles pour les personnes ou sont à une distance raisonnable ou à leur
portée. 2) L’accès alimentaire : les personnes qui ont des revenus suffisants ou autres ressources
pour acheter ou échanger afin d’obtenir des niveaux de nourriture nécessaire pour maintenir la
consommation d’un régime alimentaire/niveau de nutrition adéquat. 3) l’utilisation de la
nourriture : la nourriture est utilisée correctement, de bonnes techniques de transformation de
la nourriture et les techniques de stockage sont utilisées, il existe une connaissance suffisante
de la nutrition et des soins de l’enfant et cette connaissance est appliquée et il existe également
des services adéquats de santé et d’assainissement. (Détermination de politiques USAID,
Définition de la Sécurité alimentaire, 13 avril 1992). La FAO (2000) la définie également
comme suit : « la sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont
économiquement, socialement, physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et
nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur
permettre de mener une vie active et saine. Par conséquent, il y a insécurité alimentaire
lorsqu’une personne ou un groupe de personne manque d’aliments sains et nutritifs, ou a peur
d’en manquer et doit faire des choix alimentaires qui risquent d’être néfastes pour sa santé.

La notion de sécurité alimentaire recouvre deux principales acceptions en fonction du


niveau de développement des pays. Pour une grande partie de l’humanité (notamment les
populations des pays en développement, la sécurité alimentaire est toujours synonyme de
parvenir à une couverture quantitative et qualitative des besoins en aliments et en eau. En

 
  
39 
 

revanche, dans les pays développés qui sont généralement à l'abri de la pénurie et de la
malnutrition, elle désigne davantage la sécurité sanitaire des produits destinés à l'alimentation
humaine. Mais au delà de ce clivage, la littérature fait ressortir quatre dimensions
fondamentales de sécurité alimentaire dont les interactions rendent le concept complexe. Il
s’agit de la disponibilité, de l’accessibilité, de la qualité des aliments et de la stabilité des
approvisionnements et de l’utilisation (figure 3). Ce qui rejoint le point de vue de MAEE/DCP
(2010), les principaux domaines couverts par la sécurité alimentaire émergent des produits de
ces définitions : (i) la disponibilité des produits agricoles grâce à une production agricole
suffisante. (ii) l’accessibilité aux denrées alimentaires avec des moyens de subsistance
adéquats. ((iii) la qualité de l’alimentation notamment nutritionnelle et sanitaire. (iv) la stabilité
des approvisionnements permettant de prévenir les crises alimentaires. (v) l’utilisation c’est-à-
dire la manière d’utiliser la nourriture. Les dimensions de la sécurité alimentaire :

 La disponibilité physique des aliments

La disponibilité alimentaire désigne la quantité de nourriture réellement présente dans un


pays ou une région sous toutes les formes de production domestique, d’importation
commerciale et d’aide alimentaire. La disponibilité alimentaire d’une zone ou d’un pays
confronté à une situation d’urgence dépend : (i) des stocks et de la production actuelle de la
région ; (ii) de la capacité du marché – c’est-à-dire, la volonté et la capacité des commerçants
– à importer des denrées ; et (iii) des stocks maintenus et des denrées acheminées dans la région
par les agences gouvernementales et d’aide. Il se peut que la nourriture soit disponible en
quantité suffisante dans le pays, mais non dans la zone, si les contraintes logistiques ou
sécuritaires empêchent les denrées en provenance d’autres parties du pays de pénétrer dans la
zone, ou si les commerçants n’ont aucun intérêt à apporter des denrées à cause de la faiblesse
du pouvoir d’achat dans la région, ou si les parties en conflit empêchent délibérément la
nourriture de parvenir à un groupe de population (PAM, 2009).

Les disponibilités comprennent l’ensemble des quantités domestiques de denrées


alimentaires produites au cours de l’année, plus le volume des stocks disponibles en début
d’année et les quantités de denrées alimentaires qui peuvent être acquises avec les revenus
disponibles ou importés (FAO, 2001a).Elles permettent de déterminer le bilan alimentaire d’un
pays à partir de l’agrégation des disponibilités des ménages. Au Burkina Faso, ce bilan
considère comme productions domestiques les productions de céréales traditionnelles (mil,
sorgho, maïs, fonio) et de riz. Pour le calcul des disponibilités, on a déduit les pertes de

 
  
40 
 

production évaluées à 45%pour le riz et 15% pour les autres productions céréalières (DGPSA,
2003). Les stocks de céréales regroupent les stocks disponibles au niveau des paysans et des
commerçants de ces produits. Les importations se composent essentiellement du blé (en farine)
et de riz. En définitive, le niveau des disponibilités peut être jugé globalement satisfaisant au
plan national, alors que des localités ou des individus n’ont pas accès aux céréales. L’accès aux
aliments s’avère donc une composante essentielle de la sécurité alimentaire. Dans les
campagnes, elles portent essentiellement sur la constitution des stocks de sécurité en période
dite d’abondance ou période de récoltes annuelles pour faire face à la soudure dont la sévérité
varie d’une année à l’autre (Fofiri N., 2003)

 L’accessibilité physique et économique aux denrées

L’accès à la nourriture désigne la capacité des ménages à se procurer de façon régulière


la quantité adéquate de nourriture au travers de sa propre production domestique, de ses
réserves, de ses achats, du troc, des dons, des emprunts ou de l’aide alimentaire. Les ménages
accèdent à la nourriture grâce à la combinaison de différents éléments : leur propre production
(récoltes, élevage de bétail ou pisciculture) ; la chasse, la pêche ou la cueillette ; la nourriture
reçue par l’intermédiaire des réseaux sociaux ; les approvisionnements assurés par le
gouvernement, les distributions des ONG ou les projets vivres-contre-travail ; le troc ou les
achats sur le marché. L’argent liquide employé dans les achats peut provenir de différentes
sources : vente des récoltes (alimentaires ou commerciales) ; vente du bétail et des produits
associés ; emploi rémunéré ; travail occasionnel ; commerce ; vente de produits issus de la
cueillette ou de la collecte (poissons, fruits sauvages, bois de chauffe, etc.) ; vente de produits
et autres articles domestiques non agricoles ; ou argent reçu des réseaux sociaux, y compris les
versements effectués de l’étranger.

L'accès à la nourriture pour un ménage correspond à ses capacités en termes de production et


d’échanges. On distingue généralement l’accessibilité physique et l’accessibilité économique
selon la FAO.

- L’accessibilité physique signifie que la nourriture doit être accessible à chacun, y


compris aux individus et aux groupes vulnérables tels que les nourrissons, les jeunes enfants,
les personnes âgées, les personnes handicapées physiquement, les personnes malades et en
phase terminale ou ayant des problèmes médicaux persistants y compris d’ordre mental, et les
prisonniers. La nourriture doit aussi être accessible partout aux gens vivant dans des régions

 
  
41 
 

éloignées. La nourriture doit également être accessible aux victimes des catastrophes naturelles
et anthropiques, des conflits armés et des guerres, ainsi qu'aux populations autochtones et aux
groupes ethniques. L'accès physique aux denrées disponibles se réfère aux lieux d'échange et à
la régularité des approvisionnements.
- L’accessibilité économique implique les moyens financiers des personnes ou des
ménages pour acheter de la nourriture nécessaire à un régime alimentaire adéquat. Ceux-ci
doivent être suffisants pour satisfaire aux besoins diététiques de l'individu et du ménage tout au
long de l'année. La denrée disponible est liée au pouvoir d’achat des ménages qui résulte des
effets conjugués des niveaux du revenu et des prix. Cette relation est complexe dans la mesure
où l’essentiel du revenu des ménages agricoles provient de la vente des excédents.
L’accessibilité à la nourriture occupe une place importante dans le raisonnement de (Sen, 1999)
qui soutient que la vraie question n’est pas la disponibilité totale de nourriture mais son accès
par les individus et les familles. Pour cet auteur, si une personne manque de moyens pour
acquérir la nourriture, la présence de nourriture sur le marché n’est pas une grande consolation.
« Si le tout État a montré ses limites, le marché ne peut tout résoudre dans le domaine de l’accès
physique et économique de chacun (notamment pour les individus non solvables ou sans liens
sociaux forts) aux biens alimentaires, dans les pays enclavés ou dans les sociétés déstructurées
par une crise. Retrouver la sécurité alimentaire après avoir aggravé les inégalités sociales ne va
pas de soi ». la disponibilité et l’accessibilité de la nourriture doivent être garanties de façon
stable tout au long de l’année.

 Stabilité des approvisionnements

Elle implique la régularité des disponibilités alimentaires aussi bien sur le plan spatial que
sur le plan temporel. La stabilité des approvisionnements est affectée par des facteurs internes
et des facteurs externes aux ménages. Au nombre de ces variables, on peut citer l’instabilité de
la production domestique, la déficience des infrastructures de stockage et des systèmes
domestiques de commercialisation, la fluctuation interannuelle et interrégionale des prix, la
fluctuation cyclique de l'offre et de la demande sur les marchés internationaux.

 Qualité des aliments consommés

L’aspect nutritif des aliments est important dans le concept de sécurité alimentaire. La
demande de produits alimentaires dépend de la perception du consommateur de la quantité des
éléments nutritifs présents dans un bien donné pour lui permettre de mener une vie saine et

 
  
42 
 

active. Il importe donc de prendre en considération les préférences et les besoins nutritionnels
du consommateur dans l’analyse de la sécurité alimentaire. Les besoins nutritionnels désignent
la quantité d’énergie et de nutriments (notamment les protéines, les glucides, les lipides, les
vitamines, les minéraux, les oligo-éléments et l’eau) nécessaires à une catégorie d’individus
pour leur permettre d’être en bonne santé, de se développer et de mener une vie normale. Ces
besoins ne sont pas stables pour un individu et varient en fonction de son âge, de son sexe de
son poids corporel, de son activité et de son état physiologique (maladie, grossesse ou
allaitement).

 Utilisation des aliments

L’utilisation de la nourriture désigne : (a) l’usage par un ménage de la nourriture à laquelle


il a accès, et (b) la capacité d’un individu à absorber et à métaboliser les nutriments, qui
correspond à l’assimilation effective de la nourriture par le corps humain. L’utilisation de la
nourriture par les ménages dépend : (1) des équipements dont ils disposent pour la
transformation et le stockage de la nourriture. (2) de leurs connaissances et de leurs habitudes
en termes de préparation des aliments, d’alimentation des jeunes enfants et des personnes
dépendantes, comme les personnes malades ou âgées (cet aspect pouvant être affecté par un
manque de connaissances nutritionnelles appropriées, et/ou en raison d’interdits culturels
influant sur l’accès à des aliments de haute qualité nutritive, en fonction de l’âge ou du sexe).
(3) de la façon dont la nourriture est partagée dans le ménage (en fonction ou non des besoins
de chacun des membres). Et (4) de l’état de santé de chaque individu (susceptible d’être affecté
par la maladie, ou de mauvaises conditions d’hygiène, sanitaires et de soins médicaux).

Il s’agit de la manière dont la nourriture est utilisée à un niveau micro (ménage –


individuel) ; la distribution de la nourriture au sein d’un ménage, sa préparation et ensuite son
absorption au niveau individuel ; c’est « la mesure de la capacité de la population à puiser
suffisamment de nourriture pendant une période donnée ». (Hoddinott & al. 2002). Les facteurs
déterminants sont d’ordre physiologique (assimilation adéquate des nutriments), hygiénique
(qualité de l’eau et conditions sanitaires générales) et éducatif (conditions de conservation et de
traitement de la nourriture, connaissances élémentaires de la nutrition …). Alary V. (2012), y
ajoute une sixième dimension la diversité des choix alimentaires.

 
  
43 
 

Disponibilité physique des Stabilité des


aliments approvisionnements

Accès physique et Sécurité alimentaire Diversité des choix


économique aux denrées alimentaires

Utilisation des aliments et Qualité des


leur consommation approvisionnements

Figure 3 : Les composantes de la sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire résulte ainsi de l’interaction entre les éléments qui viennent d’être
décrits basés sur les besoins. Outre ces dimensions d’autres facteurs doivent être prises en
compte :

 Des caractéristiques physiques et culturelles des aliments : au-delà de la


disponibilité il faudrait également que cette nourriture soit sans danger pour la santé et
acceptable culturellement (conforme aux habitudes alimentaires du groupe concerné).
 De la non-concurrence des autres besoins : la couverture des autres besoins
vitaux comme le logement, l’accès à l’eau, l’habillement, les soins de santé et l’intégration
sociale minimale est nécessaire sans quoi la satisfaction de ces besoins mettrait en péril les
ressources destinées à accéder à la nourriture en quantité suffisante (Njiembokue, 2015).

Il faut donc que ces différentes conditions soient remplies pour qu’on parle de sécurité
alimentaire. C’est pourquoi Egg et Gabas (1998) précisent que c’est une erreur de vouloir traiter
la sécurité alimentaire comme un besoin fondamental, indépendamment des autres objectifs du
ménage. En effet, dans certaines situations, en particulier pour des raisons de prestige ou
d’honneur, le ménage agricole peut donner la priorité à la préservation de son patrimoine au
détriment d’une alimentation minimale. Il est donc nécessaire d’étudier la sécurité alimentaire
dans un contexte plus large de sécurité du ménage.

 
  
44 
 

Insécurité alimentaire

C’est une situation qui existe lorsque les personnes n’ont pas un accès à des denrées
alimentaires sûres et nutritives en quantité suffisante qui garantiront une croissance et un
développement normal, une vie active et saine. Elle peut résulter de l’absence des denrées, d’un
pouvoir d’achat insuffisant, d’une mauvaise distribution ou d’une mauvaise utilisation des
aliments au niveau domestique. Elle peut être saisonnière, chronique ou transitoire appuyée par
Essimi Biloa A.C. (2010) qui affirme que l’insécurité alimentaire est définie par les
communautés comme le manque de moyens, qu’il s’agisse de biens, d’argent, d’aptitudes
humaines ou de relations permettant d’assurer une alimentation adéquate. Il détermine que les
processus accélérateurs les plus fréquents sont la rareté, la spéculation, l’inégalité des revenus
et leur fluctuation et (ou alors à la fois) l’abus de position dominante.

La Fédération internationale du diabète (FID) de faire le point sur la problématique de


« l'insécurité alimentaire » et ses conséquences sur les enfants de leur pays natal. On entend par
insécurité alimentaire l'absence d'accès fiable à des aliments nutritifs et abordables en quantité
suffisante. Les personnes à faible revenu touchées par l'insécurité alimentaire ont des ressources
limitées et des problèmes d'accès à des aliments sains et abordables ; connaissent des cycles de
privation et de suralimentation, ainsi que des niveaux élevés de stress ; et sont davantage ciblées
par la commercialisation d'aliments non sains. Leur accès aux soins de santé est également
limité. Tous ces éléments combinés favorisent le développement de maladies non
transmissibles (MNT), dont le diabète de type 2. En bref, l’insécurité alimentaire est définie
comme une disponibilité limitée ou incertaine d’aliments adéquats nutritionnellement et sûrs,
ou une capacité limitée ou incertaine pour acquérir des aliments appropriés par des moyens
socialement acceptables.

Les facettes de l’insécurité alimentaire déterminée par Dénis Ouédraogo et al. (2007)

Elle désigne la situation des populations en deçà du seuil requis pour s’alimenter à partir
de leur propre production et/ou de leur revenu annuel et qui sont obligées de consommer leur
épargne, parfois de vendre leurs moyens de productions ou de solliciter la solidarité (CILSS,
2004). Elle regroupe donc l’ensemble des situations où les populations souffrent ou risquent de
souffrir des manifestations de la faim ; Il existe deux types d’insécurité alimentaire, l’une
chronique et l’autre temporaire. La première caractérise les individus ou groupe qui souffrent
en permanence d’une alimentation déficiente. Ils ne peuvent satisfaire leurs besoins

 
  
45 
 

nutritionnels de manière continue, ne peuvent produire ou acheter des denrées dont ils ont
besoin ni en quantité ni en qualité suffisante. L’insécurité temporaire traduit une impossibilité
pour les individus et les groupes de satisfaire momentanément leurs besoins nutritionnels.
L’instabilité de leur production ou des prix en est très souvent la cause principale.

L’insécurité alimentaire est chronique lorsqu’il y a consommation d’une ration


alimentaire insuffisante, de façon continue pour satisfaire les besoins physiologiques ordinaires.
Elle résulte également de déficiences dans l’approvisionnement en disponibilités alimentaires,
de l’instabilité de ces approvisionnements dans le temps et l’espace et de possibilités
insuffisantes d’accès économique et physique des individus et des ménages aux biens
disponibles. La défaillance de l’un ou de plusieurs des facteurs qui sous-tendent ces
composantes globales provoque une insécurité pour certains groupes de population qui en
subissent les effets en termes de malnutrition ou de famine. La malnutrition toutefois se réfère
à l’aspect plutôt qualitatif de l’alimentation puisqu’elle correspond à une ration alimentaire
déséquilibrée (Troubé, 2007). ACF-IN, (2011) dit que l’insécurité alimentaire c’est lorsque les
gens sont sous-alimentés à cause du manque physique de disponibilité de denrées, ou du non-
accès pour raisons économiques ou sociales aux denrées et/ou de l’utilisation inadéquate des
aliments. L’analyse est fondée sur quatre principales dimensions de l’insécurité alimentaire qui
ont permis de faire le profil de l’insécurité alimentaire dans les zones d’études (figure 4 et 6).

Les personnes touchées par l’insécurité alimentaire sont :

1. Les individus dont la consommation alimentaire n’atteint pas les minimas


énergétiques requis.

2. Les individus qui présentent des symptômes physiques imputables à des carences
nutritionnelles liées à un régime alimentaire non équilibré ou inadapté ou encore les individus
incapables physiologiquement de consommer de la nourriture à cause d’une infection ou
d’une maladie. D’où la prise en compte du 3ème pilier de l’insécurité alimentaire qu’est
l’utilisation des aliments et leur consommation afin de comprendre l’état nutritionnel des
ménages vulnérables en général. Ce pilier est fortement influencé par les pratiques de soins au
sein du ménage, l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène (ACF, 2009) et
l’envrionnement des soins de santé.

 
  
46 
 

CONCEPT DIMENSIONS VARIABLES INDICATEURS

La production des
denrées alimentaires

Les superficies des


Indisponibilité des Production champs détruits
approvisionnements alimentaire

Outils de production
rudimentaire

Quantité de pluie

Fluctuation des prix des


Insécurité
denrées sur le marché
Alimentaire
Pouvoir d’achat des
ménages

Périodicité/Inexistence
Sources de des marchés dans les
Inaccessibilité
physique ou nourriture villages
économique
Mauvais état des routes
/distance et densité des
marchés

Fréquence des dons


alimentaire

Période de soudure

Insécurité et destruction
Instabilité des Contexte physique et des circuits
approvisionnements sécuritaire d’approvisionnements

Nombre de PDI et des


réfugiés
Figure 4 : Conceptualisation de l’insécurité alimentaire
En bref l’insécurité alimentaire est le résultat de crises ou d’évènements auxquels les
populations sont exposées, associées à une défaillance des mécanismes d’adaptation et des

 
  
47 
 

stratégies d’adaptation. Elle implique souvent la dégradation de l’environnement social et


naturel. Il arrive souvent que les ménages vulnérables ne soient plus en mesure de gérer
l’équilibre de leurs besoins alimentaires à court terme (la survie) et de leurs moyens d’existence
(la subsistance) sur le long terme. Et en milieu rural, l’insécurité alimentaire des ménages
résulte, entre autres, d’un manque d’accès aux terres (paysans sans terre), d’une mauvaise
gestion des cultures (cultures de rente développées aux dépens des cultures vivrières), de pertes
lors du stockage et de l’insuffisance d’intrants agricoles (engrais, agents de protection des
cultures (Dillon et Benbouzid, 1995).

L’État Nutritionnel

C’est l’état physiologique d’une personne qui résulte des rapports entre la capacité du
corps à digérer, absorber et à utiliser les nutriments essentiels (Guide de nutrition, FAO 2015 ;
ACF, 2009) qui proviennent des aliments consommés (figure 5).

ETAT NUTRITIONNEL

Apport en Besoins en nutriments Capacité de l’organisme


nutriments à digérer, absorber et
utiliser les nutriments

Figure 5 : Composantes de l’état nutritionnel

Les aliments fournissent des nutriments nécessaires à l’organisme humain. Il a besoin


d’une quantité de ces éléments nutritifs pour fonctionner normalement et maintenir l’efficacité
du système immunitaire. La bonne santé d’un organisme favorise l’assimilation de ces
nutriments. L’état nutritionnel est influencé par de multiples facteurs qui sont inter reliés. Les
plus importants sont l’alimentation, la santé et les soins de santé. Une incompréhension
incomplète des besoins nutritionnels et un manque de connaissances, des moyens pour satisfaire
ces besoins grâce aux aliments disponibles peuvent mener à la malnutrition. Il est nécessaire
d’avoir une idée réelle de la situation de l’état nutritionnel des ménages cibles (figure 6).

 
  
48 
 

CONCEPT DIMENSIONS VARIABLES INDICATEURS

.Précarité des moyens de


Environnement subsistance
social .Monotonie de la
diète/composition des
repas
.Nombre des FOSA et
distance
parcourue/qualité des
Santé soins de santé

.Distance parcourue pour avoir


de l’eau potable/ Nombre
d’heure d’attente autour du
Causes
puits/types de source
structurelles . Toilettes
sommaires/conditions
d’hygiène et assainissement
État . Habitats précaires
nutritionnel
Indices d’admissions dans
les CNA/CNTI :
. poids/âge (P/A)
Conséquences de . poids/taille (P/T)
la MPE .taille/âge (T/A)
. Périmêtre brachial
Taux MAG/MAS
Pratiques de
soins infantiles . Nombre de kilocalories
.alimentation maternel et
Régimes sevrage
alimentaires
inadéquats
Figure 6 : Conceptualisation de l’état nutritionnel

Le terme malnutrition est un indicatif d’un mauvais état nutritionnel (sous/alimentation


ou sur/alimentation) spécifique en nutriments essentiels tels que les vitamines et les minéraux.

 
  
49 
 

La malnutrition

Elle fait référence à la non-satisfaction des besoins physiologiques ou biologiques de


certaines franges de la population. C’est une notion plus large dans la mesure où elle inclut, au
delà des individus souffrant d’insécurité alimentaire, ceux qui, bénéficiant d’accès suffisant à
la nourriture, ne satisfont pas leurs besoins pour des raisons diverses : maladie, comportements
alimentaires inadéquats. La malnutrition, selon les cliniciens, désigne une sous-nutrition
résultant soit d’une consommation insuffisante de protéines, de calories ou de micronutriments,
soit de la maladie. Cet état peut être caractérisé par divers symptômes comme la perte de poids,
le retard de croissance ou autres signes cliniques. La relation entre malnutrition et insécurité
alimentaire peut-être visualisé comme étant composée d’éléments qui se chevauchent (figure
7).

Dans un guide publié par ACF International (2009) la malnutrition est un état
physiologique anormal dû à un régime alimentaire mal équilibré (déficience ou excès) en
quantité et /ou en qualité. (Prudhon C., 1999). Le corps humain a besoin d’énergie et de
nutriments pour fonctionner. Si l’apport en nourriture n’est pas suffisant, le corps commence à
décomposer le gras et les muscles, le métabolisme ralentit, la régulation thermale s’interrompt,
le système immunitaire s’affaiblit et la fonction rénale se détériore.

Une alimentation réduite, une dépense énergétique accrue et une maladie, conséquences
d’un état nutritionnel pauvre est connu sous le nom de la malnutrition. Elle est associée à la
mort ainsi qu’a un risque accru de maladie, des résultats académiques limités ou médiocres, une
capacité économique et de production réduite. On distingue trois type de malnutrition ; la
malnutrition chronique, la malnutrition aiguë et les carences en micronutriments.

 Malnutrition chronique ou retard de croissance (stunting), cause un retard de la


croissance, ce qui entraîne un indice taille/âge inférieur à la moyenne. Elle est due à des
carences nutritionnelles chroniques ou temporaires (énergétiques ou en micronutriments) et/ou
peut être aussi la conséquence d’une exposition à des infections répétées. Elle peut aussi être
due aux mauvaises conditions de vie, qui entravent (ou ont entravés) la croissance de l’enfant.
 Malnutrition aiguë ou atrophie ou émaciation (wasting), entraîne un indice
poids/taille inférieur à la moyenne et/ou la présence d’un œdème bilatéral et reflète la situation
nutritionnelle actuelle de l’enfant et/ ou est causée par une réduction de la consommation de
nourriture ou une maladie causant une perte de poids soudaine et des œdèmes. Elle est due à

 
  
50 
 

des carences nutritionnelles (faible apport ou mauvaise absorption). Les programmes d’Action
contre la Faim ciblent surtout, mais pas exclusivement, ce type de malnutrition.

Une distinction est faite entre la malnutrition aiguë modérée et la malnutrition aiguë
sévère. La malnutrition sévère est associée au risque très élevé de mortalité si elle n’est pas
traitée immédiatement. Elle se présente généralement sous deux formes :

• marasme, avec une minceur extrême comme principal symptôme,

• Kwashiorkor, avec, pour signe principal, la présence d’un œdème bilatéral.

La malnutrition modérée ne menace pas immédiatement la vie mais doit être traitée pour éviter
un développement éventuel de malnutrition sévère.

 Carences en micro nutriments (vitamines et minéraux), sont le signe d’un apport


insuffisant ou de la malabsorption de vitamines et minéraux. La nature des carences
nutritionnelles peut être classée selon les conséquences qu’elles engendrent et la manière dont
elles sont diagnostiquées. Dans le cadre de ce travail, la malnutrition est le résultat d’une
carence en nutriments spécifiques ou d’un régime alimentaire non varié (mauvais choix ou
proportion inadéquate d’aliments).

 
  
51 
 

Insécurité
Aimentaire

État nutritionnel
Utilisation
des
aliments

Consommation Etat de santé,


EXPOSITION AUX RISQUES ET AUX CHOCS

alimentaire maladie Causes


individuelle immédiates
Disponibilité
en aliments

Résultats
liés au
Conditions
Pratique de soin mode de
Accès des d’hygiène et
Accès aux vie
services et
ménages aux de santé
infrastructures aliments
de base
Causes sous-
jacentes
Environnement Revenus et production
politique agricole des ménages, dons,
échanges, prêts Stratégies
liées au
mode de
vie
Conditions
agro-
écologiques Capital Ressources
liées au
Naturel, physique, mode de
Causes de base humain, social, financier vie

Source : PAM, 2008 cités par Socpa A., 2011

Figure 7 : Schéma conceptuel de l’insécurité alimentaire et de l’état nutritionnel

L’analyse est fondée sur les principaux indicateurs de l’insécurité alimentaire. En résumé, la
figure donne un aperçu des racines sous-jacentes de l’insécurité alimentaire. Afin de faire face
à ce choc particulier ou ce phénomène d’insécurité alimentaire, les politiques et les ménages
font recours aux stratégies d’adaptation.

 
  
52 
 

Stratégie d’adaptation

Pour mieux comprendre ce concept, il a fallu le désagréger d’abord :

- La stratégie est évoquée pour la première fois dans l’armée. Elle vient en un sens de
l’espace, pour y retourner. « stratos » c’est en grec ancien, « stratègos » la stratégie qui
s’intéresse aux moyens de réaliser les buts généraux de la guerre. C’est-à-dire un déploiement
et un usage approprié des forces, un agencement spatial spécifique de ressource censé assurer
le succès global de l’opération. (Dictionnaire de la Géographie, 2003). L’objectif évoqué ici
était de limiter les actions de destruction au strict nécessaire, de les éviter le plus possible car à
cette époque les guerres frontales entraînaient de grandes pertes humaines. En bref la stratégie
est basée sur une démarche d’anticipation en vue d’un objectif. Elle vise à choisir des actions,
à les mettre en œuvre et à les coordonner afin d’obtenir un résultat. Elle a été appliquée au
domaine des sciences sociales avec le sens de « suite d'opérations » menées par un individu ou
un groupe pour parvenir à un objectif choisi (Franqueville, 1987 cité par N’da L., 2012).
- L’adaptation est la « mise en place d’efforts cognitifs et comportementaux destinés à
gérer des demandes spécifiques évaluées comme étant ardues ou dépassant les capacités d’une
personne » (Lazarus et Folkman 1984 cité par N’da L., 2012). Lorsque nous sommes confrontés
à des situations difficiles ou stressantes, nous réagissons de différentes façons, par exemple en
essayant de rendre la situation plus tolérable au alors en tentant de diminuer le stress et les
émotions négatives engendrées par la situation. Ces réactions peuvent être considérées comme
« l’adaptation ». elle peut s’effectuer de manière réactive ou planifiée et peut être implémentée
par les individus, les communautés ou les autorités à une échelle plus grande (Arlington et al.,
2013). C’est en fait un processus complexe qui dépend d’une multitude de variable incluant la
situation, l’évaluation de celle-ci ainsi que les ressources qui sont à la disposition de la personne
vue dans le cadre de ce travail comme les moyens de subsistances.
- Stratégies d’adaptation : les psychologues la définissent comme l’ensemble des
réponses physiques, psychiques d’un individu soumis à des circonstances stressantes
notamment une agression imprévue. Il s’agit des tentatives du sujet pour faire face activement
aux évènements de la vie. Cet ensemble de phénomènes complexes sert à modérer l’impact de
tels évènements sur le fonctionnement physique, social et émotionnel. Pour faire face aux effets
néfastes des changements climatiques, les populations locales ont développé diverses stratégies
d’adaptation, soit individuellement, soit collectivement, à partir de connaissances endogènes
(Vissoh P. et al., 2012). C’est pour cela qu’Adger, (2003) dit que l’homme s’est depuis toujours

 
  
53 
 

adapté à son milieu et aux variabilités climatiques de celui-ci, il s’agit d’une capacité inhérente
des humains, une capacité attachée à leur habilité à agir collectivement. Dans le cadre
alimentaire, les stratégies désignent la façon dont les ménages utilisent et combinent leurs avoirs
pour s’assurer leurs besoins nutritionnels.

Les changements qui ont touché le sahel ces dernières décennies ont contribué à
amplifier les maux sociaux comme ce fut le cas des émeutes de la faim de 2008 liée à la flambée
des prix des denrées alimentaires. D’où une mise sur pied des mesures d’adaptation relatives à
la sécurité alimentaire et exposées à travers le programme d’action national d’adaptation (Kanté
A., 2011). Pour dire que l’insécurité alimentaire est au centre des stratégies d’adaptation. Ce
sont des réponses temporaires qui visent à réduire ou à minimiser les effets d’un évènement
stressant ou d’une situation défavorable où l’accès alimentaire est perturbé de façon anormale
(ACF, 2009). Le PAM, 2005 cité par Sanoussi Yagi, 2011 la définit comme l’ensemble des
activités auxquelles recourent un ménage ou un groupe de personnes afin de se procurer la
nourriture, des revenus et des services quand leurs moyens habituels de subsistance ont été
perturbés ou sont susceptibles de l’être. Elles sont à la fois préventives et curatives, variables
d’un ménage à l’autre et selon les zones agro-écologiques. Lorsqu’elles sont développées par
un ménage en période de choc, elles peuvent être qualifiées de stratégies viables ou de détresse.
Les stratégies viables sont durables et préservent les futurs moyens de subsistance, la dignité et
l’état nutritionnel. Quant aux stratégies de détresse, elles sont celles qui minent les moyens de
subsistance, la dignité ou l’état nutritionnel et augmentent la vulnérabilité à long terme. En bref
les stratégies d’adaptation sont des solutions alternatives que les gens choisissent pour survivre
lorsque les circonstances particulières sapent leurs modes de vie et leurs moyens de subsistance
habituels (Croix Rouge et Croissant Rouge, 2005).

Pour faire face à la situation d’insécurité alimentaire qui prévaut à l’Extrême-Nord et à


l’Est, l’État appuyé par ses partenaires, les ménages ont mis sur pied des stratégies d’adaptations
pour éviter les conséquences négatives qui menacent leurs moyens de subsistances (figure 8).
L’intérêt de la recherche est de présenter ces stratégies et surtout de les analyser pour en
déterminer la pertinence et leurs durabilités dans le temps.

 
  
54 
 

CONCEPT  DIMENSIONS VARIABLES INDICATEURS

Don alimentaire aux


PDI/ménages hôtes

Politique L’État et ses


institutions Don intrants
agricoles

Protection/ Sécurité

DGV/Cash
transfert/Cantines
scolaires/FFA

Humanitaire Les ONG des Nations Formation AGR


Stratégie Unies/Internationales
PCIMA
d’adaptation et locales

Démonstration
culinaire

Construction des
puits, forages et
écoles

. Nombre de
repas/jour
Ménages Satisfaction des
.Consommation
besoins de base d’aliments moins
coûteux

Activités
additionnelles/alternatives

Vol/Mendicité/Emprunt
d’argent,
d’aliment/Prostitution

Dépendance à l’aide
alimentaire

Figure 8 : Conceptualisation des stratégies d’adaptations

 
  
55 
 

Moyens de subsistance ou d’existence

Les normes Sphère définissent les moyens de subsistance de la façon suivante: “Les
moyens de subsistance se composent des capacités, des biens (y compris les moyens matériels
ainsi que sociaux) et des activités requis pour se donner un moyen de gagner sa vie qui soit
propice à la survie et au bien-être futur.(the Sphere Project, Geneva, 2004)

Les moyens de subsistance se composent des capacités, biens et activités d’un ménage,
nécessaires à la satisfaction de ses besoins élémentaires – alimentation, abri, santé, éducation
et revenus. Les moyens de subsistance sont durables s’ils peuvent gérer et moduler avec succès
les effets de tensions et de chocs externes, préserver ou améliorer leurs capacités et leurs biens,
et subvenir aux besoins des générations futures. Les moyens de subsistance d’un ménage
dépendent des éléments suivants : (i) l’éventail des biens disponibles pour le ménage, comme
les biens naturels (ressources terrestres, sylvestres, aquatiques), physiques (outils, etc.),
humains (santé, compétences), sociaux (ex.: réseaux d’affinité), financiers (revenus, épargne,
accès au crédit, par exemple) et politiques. (ii) les structures politiques, économiques, sociales
et juridiques de la société, qui peuvent être considérées comme des « systèmes de facilitation
». Et (iii) les choix effectués par le ménage dans les limites des opportunités et des contraintes
liées à (i) et (ii). Les biens peuvent inclure à la fois ceux possédés par le ménage (ex. : terrain,
outils, compétences, économies, santé = capacité à travailler) et les biens collectifs auxquels le
ménage a accès (ex. : forêts, rivières, puits, marchés, banques alimentaires, services micro-
financiers). Les moyens de subsistance sont étroitement liés à l’accès à la nourriture en ce sens
qu’ils englobent la production du ménage et les moyens d’obtenir des revenus. Les accès au
logement, à la santé et à l’éducation influent aussi sur l’accès à la nourriture via les exigences
qu’ils exercent sur les ressources en espèces à court terme et leur influence sur les capacités de
production et de revenu à long terme. Pour Solidarités International 2011, les moyens de
subsistances sont directement liés aux personnes, à leurs diverses ressources et aux activités
qu’elles mettent en œuvre pour subvenir à leurs besoins vitaux. Ils doivent toujours être
appréhendés en tenant compte des problématiques liées aux domaines politiques, économiques
et au contexte socio-culturel.

Les moyens de subsistance sont aussi les activités qui assurent l’existence. Dans le
contexte de la sécurité alimentaire, cela englobe les gens, leurs capacités, leurs biens, leurs
revenus et les activités requises pour subsister, y compris les moyens d’obtenir la nourriture
(Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, 2005). Ce

 
  
56 
 

sont la combinaison de toutes les activités agricoles et non agricoles composant les ressources
économiques et alimentaires permettant au ménage d’exister (en subvenant à ses besoins
essentiels) et de se développer (ACF-IN, 2011). Un foyer jouit de moyens de subsistances
durables lorsqu’il est en mesure de surmonter des crises et autres difficultés et lorsqu’il peut
préserver ses capacités et ses biens sans miner l’environnement naturel. En d’autres termes on
parle de moyens de subsistances durables quand les gens sont capables de satisfaire leurs
besoins tout en améliorant leur propre bien-être et celui des générations futures. Le cadre des
moyens d’existence durables met l’accent sur les forces et les capitaux que les populations
possèdent afin de garantir leur propre sécurité alimentaire et leurs moyens d’existences (DFID,
1996). Ils sont représentés en cinq grandes catégories de capital sur lesquelles peuvent
s’appuyer les populations pour parvenir à des résultats positifs en termes de moyens
d’existences, tel que des revenus plus élevés et plus de bien-être, une meilleure sécurité
alimentaire.

VIII-2- Cadre théorique

VIII-2-1-La théorie des besoins de base de Maslow (1908-1970)

Abraham Maslow définit l’Homme comme un tout présentant des aspects


physiologiques (organisation du corps physiologiques et biologiques), psychologiques et
sociologiques (sécurité, appartenance, reconnaissance) et spirituels (dépassement). Le besoin
est un sentiment de manque ou de privation accompagnée d’un désir de le faire disparaître.
Maslow détermine ainsi une hiérarchie des besoins (figure 9):

˗ La satisfaction des besoins physiologiques ; ils sont liés à la survie des individus ou de
l’espèce, ce sont des besoins (faim, soif, respirer, sexualité…). Encore appelé besoins inférieurs,
tout organisme humain suit le principe de l’ « homéostasie » c’est-à-dire un processus
automatique qui vise à maintenir un état normal et constant du flux sanguin permettant ainsi de
maintenir la vie.
˗ Les besoins de protection (sécurité) ; consistent à se protéger contre les différents
dangers qui nous menacent (physiques ou psychologiques) (besoin d’avoir un toit, se sentir en
sécurité physique)
˗ Les besoins d’amour (appartenance) ; révèlent non seulement la dimension sociale de
l’individu qui a besoin de se sentir accepté par les groupes dans lesquels il vit (famille, école…).
˗ Les besoins d’estime de soi (reconnaissance) ; prolonge le besoin d’appartenance c’est-
à dire l’individu souhaite être reconnu en tant que personne au sein des groupes auxquels il

 
  
57 
 

appartient. L’être humain a aussi besoin d’avoir confiance en soi (besoin d’être respecté, d’un
regard chaleureux, d’être entendu, de vivre des réussites, de s’estimer et d’être fier de soi).
˗ Les besoins spirituels (dépassement) ou de réalisation de soi ou d’accomplissement ;
selon Maslow c‘est le sommet des aspirations humaines (besoins cognitifs et esthétiques :
connaître, comprendre, s’entourer d’ordre et de beauté, besoins d’accomplissement de soi : la
réalisation de son plein potentiel, l’épanouissement, comprendre le vrai sens des choses et
l’altruisme (disposition à s’intéresser à autrui, à manifester de la générosité et du
désintéressement).

Besoin de réalisation de soi

Besoin d'estime de soi

Besoin d'amour, d'appartenance

Besoin de protection et de séurité

Besoin de maintien de la vie


(faim, soif; sexualité, repos...)

Figure 9: Échelle de la hiérarchie des besoins selon Maslow dite « pyramide de Maslow »

Ce n’est qu’une fois satisfaits les besoins physiologiques fondamentaux (faim, soif,
sexualité, chaleur…), une fois garanti le besoin d’évoluer dans un environnement sûr et
structuré (offrant un abri, de la protection, de la stabilité) que les autres besoins peuvent à leur

 
  
58 
 

tour être satisfaits. Les besoins physiologiques sont les besoins les plus dominants chez tout
être vivant. En état d’insatisfaction, ces besoins représentent le but unique vers lequel
l’ensemble de l’organisme se mobilise, rendant tout autre besoin sans importance voire
inexistant. Bissong J. (1985) dans l’un de ses articles le confirme qu’au cours de l’histoire,
l’homme a toujours eu à faire face à 3 besoins essentiels à savoir ; se nourrir, se vêtir et s’abriter.
Selon la région d’étude, l’accent est mis sur l’un ou sur l’autre de ces besoins qui devient une
priorité. Dans la région polaire par exemple l’homme peut mourir plus vite de froid que de faim,
ainsi l’abri et les vêtements sont prioritaires pour sa survie par rapport à la nourriture. En
Afrique, se nourrir constitue le besoin le plus pressant, quand la nourriture est assurée, on peut
s’attaquer aux autres problèmes…car pour son bien-être l’homme doit satisfaire ces 3 besoins
primordiaux.

Dans le cadre de ce travail, elle s’applique à la population cible qui se trouve être exposée
à la non satisfaction de ses besoins de base. Les ménages se trouvent face à une situation
menaçant leurs vies, le problème d’accès à une alimentation en quantité et en qualité donc dans
un besoin ou un désir de la voir disparaître. L’apparition de ce besoin pousse à l’action, incite
à vouloir les satisfaire à tout prix d’où des actions en conséquence avec des résultats. Afin de
maintenir un accès suffisant à la nourriture, la population cible recourt à de nombreuses
stratégies à travers les moyens à portée de main.

VIII-2-2- La spécificité du fait alimentaire dans la théorie économique

La théorie économique à la lumière des textes fondateurs de la période du XVI e au XIX


e
siècle retient également la thèse de la spécificité agricole et alimentaire, deux thèmes majeurs
pouvant l’illustrer : le fonctionnement des marchés alimentaires avec le problème de la cherté
des vivres et le thème de l’indépendance alimentaire. Un des objectifs fondamentaux de la
société est de garantir au peuple un approvisionnement alimentaire régulier et substantiel
comme le rappelle Smith (1776) : « aucune société ne peut être florissante et heureuse, si la
majorité de ses membres est pauvre et misérable ». Beaucoup de penseurs reconnaissent la
nécessité de la satisfaction des besoins alimentaires d’une population donnée.

Concernant la dépendance alimentaire, elle est mesurée au travers du volume


d’importation et d’aide alimentaire reçue, qualifiée de direct si celle-ci survient au niveau de
l’alimentation. L’aide alimentaire décrit le transfert entre un pays donateur à un pays
bénéficiaire de produits agroalimentaires. Son but est de contribuer à assurer la sécurité

 
  
59 
 

alimentaire en répondant en temps voulu et de manière appropriée au déficit alimentaire.


L’efficacité à résoudre l’insécurité alimentaire dépend à la fois de la forme d’aide et du contexte
dans lequel elle est appliquée. Boisguilbert (1966) cité par Clément A. (2000) souligne la
dimension incompressible de la demande dans la mesure où elle correspond à des besoins vitaux
pendant que les adversaires du libéralisme insistent sur l’absence de délai possible dans
l’expression de la demande en disant : « …mais je ne puis me passer un jour de pain sans avoir
la mort devant mes yeux ». Ainsi la demande en produits alimentaires est constamment sous
pression, tension d’autant plus forte que la pression démographique sur les ressources
alimentaires s’exerce sans répit. Comme essai de solution, tout en partageant l’idée que la nation
doit nourrir son peuple, les physiocrates ont contribué à orienter la question agricole vers les
problèmes de production et non plus vers ceux de la consommation et de l’approvisionnement
des marchés. Selon eux l’agriculture est le seul secteur producteur de richesse ; tout doit être
fait pour en favoriser le développement. Son produit n’est pas simplement un bien de
subsistance mais aussi une marchandise dont le prix doit répondre à un impératif de rentabilité
tout en permettant de satisfaire les besoins populaires. Les efforts doivent porter sur les
conditions de la production et non plus seulement sur les questions de distribution. Donc il faut
encourager l’agriculture marchande, favoriser la grande agriculture en fournissant à la terre des
capitaux afin d’améliorer sa productivité. En réalité, quel est le quota qu’occupe l’agriculture
parmi les moyens de subsistances de la population homogène des Régions de l’l’Extrême-Nord
et de l’Est-Cameroun et de la zone d’étude en particulier pour prétendre lutter contre l’insécurité
alimentaire.

VIII-2-3-Le déterminisme thermodynamique par ALAIN MOUREY (2004).

Le besoin de se nourrir concerne tous les êtres vivants sans exception. Il est de même
nature et ressort du même type de mécanismes. En outre, la vie s’est développée de telle manière
que des interdépendances nutritionnelles se sont créées entre les trois règnes (végétal, bactérien
et animal) et à l’intérieur de ceux-ci. Les différentes sources d’énergie alors existantes
permettent l’interaction et la combinaison des corps chimiques en présence pour donner
naissance aux composés de base de la matière vivante. Quand il y a une source d’énergie et que
cette énergie peut être captée par un récepteur pour satisfaire au principe de stabilité. Il en
résulte alors un flux d’énergie. Le déterminisme thermodynamique représente ce qu’il y a de
commun entre les interactions énergétiques des origines et le besoin nutritionnel. Un organisme
vivant n’étant vivant que par les réactions thermodynamiques qui caractérisent son existence.il
doit disposer d’une source qui permette d’assouvir la soif d’énergie de ses récepteurs

 
  
60 
 

matériels.la source d’énergie doit donc être renouvelée et en permanence sous peine de maladie,
de mort, à partir de ce existe dans l’environnement (les aliments).cette échange est dictée par le
besoin de se nourrir (besoin nutritionnel), qui est un besoin biologique vital et est accompli par
le processus alimentaire. Ce besoin est issu du déterminisme biologique (caractérisé par
l’apparition des besoins parmi lesquels figure le besoin de se nourrir convenablement selon les
composantes vitales. Du point de vu de l’éthique, la nutrition a pour objectif d’identifier les
problèmes qui menacent la santé dans son acception la plus large et de proposer des
interventions pertinentes. Et du point de vu de la morale il est universellement admis que la
pauvreté est accidentelle, que la malnutrition qui peut en résulter est une souffrance, et qu’il
faut protéger, soigner ceux qui en sont victimes. Enfin du domaine des situations dites
d’urgences, il faut sortir la malnutrition du dispensaire et de l’hôpital pour lui donner rang
d’épidémie et les mesures y afférentes. Comme c’est le cas des zones d‘étude, l’approche la
plus courante se limite encore à apprécier l’état nutritionnel des enfants à travers une approche
épidémiologique tatillonne et des techniques controversées, et visant une stratégie de traitement
de la malnutrition grave et modérée. Afin de trouver des réponses satisfaisantes, des objectifs
sont fixés dont un principal et plus spécifiquement.

XI- OBJECTIFS DE RECHERCHE

XI-1- Objectif principal

L’objectif principal de cette thèse est de génerer et de fournir une base des faits probants qui
enlisent la situation de l’insécurité alimentaire dans les départements du Mayo-Tsanaga et du
Lom-et-Djerem.

XI-2- Objectifs spécifiques

Plus spécifiquement il s’agit dans ce travail de :

˗ Présenter et analyser les facteurs physiques, économiques, socio-culturels et sécuritaires


de l’insécurité alimentaire susceptibles de restreindre la capacité des communautés à se nourrir
convenablement.
˗ Démontrer que les pratiques alimentaires et nutritionnelles des ménages ont un impact
sur leur état nutritionnel que les enfants de 0 à 59 mois manifestent.
- Répertorier et évaluer les réponses institutionnelles et locales misent en place pour
subvenir aux besoins de base des populations touchées

 
  
61 
 

Pour atteindre ces objectifs, nous avons émis des hypothèses dont une principale et des
spécifiques.

X- HYPOTHESES DE RECHERCHE

X-1- Hypothèse principale

Avec cette situation, l’hypothèse principale est :

L’insécurité alimentaire dans les départements des Monts Mandara et du Lom-et-Djerem est le
résultat de l’environnement physique, macro-économique, socio-culturel, sécuritaire, la nature
des moyens de subsistance des ménages.

X-2- Hypothèses Spécifiques

L’étude se décline en hypothèses spécifiques.

- l’environnement physique, macro-économique, la situation sécuritaire et les politiques


spécifiques de production/commercialisation, l’insécurité sont les facteurs qui aggravent
l’insécurité alimentaire.

- les habitudes alimentaires et les pratiques de soins exposent les enfants de 0-59 mois
aux carences alimentaires d’où la malnutrition

- les populations combinent différents capitaux et capacités pour faire face à l’insécurité
alimentaire et ainsi satisfaire leurs besoins de base.

La méthodologie adoptée dans le cadre de ce travail est élaborée ainsi.

XI- MÉTHODOLOGIE

Selon Ajabu B.d. (2011) cité par Mulungula F.(2015), la méthodologie est un ensemble
intégré de procédure visant à produire la vérité scientifique à l’aide des méthodes et techniques
qui sont les outils utilisés à cette fin. Pour Grawith (1996) cité par Ndaya (2011) la méthode est
une démarche à la fois théorique et appliquée au moyen de laquelle l’esprit par le biais des
outils de collecte et de sélection pour atteindre de manière approchée des objectifs qu’on assigne
au départ de la recherche. Ce travail est le résultat de la combinaison de deux méthodes ; une
méthode classique ou traditionnelle dite hypothético-déductive et une méthode de recherche
rapide, interactive pour mieux comprendre la réalité locale en abrégé MARP.

 
  
62 
 

Pour la réalisation de cette thèse, la méthodologie s’appuie sur deux types de données :
les données primaires (issues des enquêtes de terrain et entretien avec la population cible) et les
données secondaires (issues des recherches documentaires entre autres les données statistiques
et les sources cartographiques, graphiques).

XI-1- La collecte des données de sources secondaires

La documentation

Les données de sources secondaires sont des informations qui ont déjà été recueillies par
d’autres chercheurs, les institutions étatiques, les organisations non gouvernementales ou des
centres de recherche. Pour une bonne collecte desdites données car cruciale pour identifier le
degré d’insécurité alimentaire et les problèmes y afférents. La base des données des centres de
lecture et des unités administratives ont été consulté (tableau 3) :

En dehors des centres formels de documentation, nous avons profité des semaines de
braderie des livres de la maison d’édition Harmattan qui se sont tenues plus d’une fois au
campus de l’université de Yaoundé I pour acquérir des livres sur l’insécurité en Afrique, les
projets de développement agricoles, les activités non agricoles en milieu rural, la ruralité dans
les pays du Sud, le développement et la lutte contre la pauvreté en Afrique, les techniques et
alimentation au Sahel…. Les secrétariats privés installés autour du campus de l’Université de
Yaoundé I sont une mine d’or, nous sous sommes procurée des livres sur la géographie de
l’Afrique et du Cameroun, la cuisine et la culture Gbaya, l’Est de 1960, villes et campagnes du
Cameroun. L’accès à la documentation privée des enseignants, des aînés académiques et des
sites de recherche surtout agritrop.cirad.fr, les publications du CIRAD sur la recherche
agronomique pour le développement.

 
  
63 
 

Tableau 3 : Recherche documentaire dans les centres de lecture


Les centres de documentations Les documents obtenus
À Yaoundé
La bibliothèque du département de Géographie Thèses et mémoires sur la question alimentaire,
de l’Université de Yaoundé I/de la FALSH. annales et revues de géographie
Des documents sur l’aide alimentaire, la participation
villageoise au développement, le défi alimentaire, le
La Fondation Paul Ango Ela (FPAE) commerce frontalier au Cameroun, la faim dans le
monde, Réfugiés et exilés, la S.A en questions, les
enjeux forestiers, la pauvreté au Cameroun.
La sécurité alimentaire en Afrique, les techniques de
production et de consommation, des documents sur le
Le CDDR SMA, sur le programme spécial pour la S.A du
Cameroun ; phase pilote, documents et résumés des
débats et colloques sur la S.A mondiale organisé par
l’OMC. Nutrition humaine en Afrique, nutrition et
pathologie nutritionnelle.
À l’Extrême-Nord
La délégation régionale du MINADER à Les rapports d’activités du MINADER de 2013-2018
Maroua/DDADER de Mokolo
La délégation régionale et d’arrondissement du Les rapports d’actvités du MINEPIA
MINEPIA à Maroua et Mokolo
Les communes de Mokolo, koza, Mogode, Consultation du PCD
Souledé-Roua
Les services de santé de Mokolo (CSI, hôpital de Les rapports d’activités sur la malnutrition, les aires de
district et le district de santé) santé et leurs fonctionnements
L’atlas de l’Extrême-Nord et les rapports sur les
La bibliothèque du MIDIMA à Maroua réalisations du MIDIMA dans les Monts Mandara
Les documetns sur la problématique de l’accès à l’eau
Les rapports d’évaluation de la situation humanitaire ;
Le site d’OCHA Cameroun/UNCHR PAM/HCR/OCHA Cameroun et les activités
humanitaires.
À l’Est
Les services de la sous-préfecture de Betare-oya Rapports sur l’état de la population et du camp de
et de Garoua-boulaï minawao. Les autorisations de recherche dans les
localités en question.
Les services de santé de Betare-oya (hôpital de Les données sur la malnutrition (les admissions, les
district, district de santé) traitements…)
CMA de Diang Situation de la malnutrition dans la localité
Les communes de Diang, Ngoura, Garoua- Consultation du PCD
Boulai, Betare-oya
La délégation départementale du MINADER Données sur la production agricole du département de
Lom-et-Djerem à Bertoua 2013 à 2018
Les délégations d’arrondissement du MINADER Données spécifiques sur la production agricole
(Diang, Belabo, Ngoura, Garoua-Boulai, Betare-
oya)
Source : NJIEMBOKUE, 2015-2019

Cette documentation a permis de faire une analyse détaillée de la situation au niveau


mondial et local, a fourni une bonne base de préparation des travaux de terrain. Nous avons pu
facilement concevoir la collecte des données primaires et avoir une idée des outils et méthodes
et sites d’enquêtes.

 
  
64 
 

XI-2- Collecte des données de sources primaires

˗ Les enquêtes de terrain

Ce sont les données recueillies directement auprès de la population cible. Deux types de
données vont être nécessaires ; les données quantitatives et les données qualitatives. Les
données quantitations sont collectées grâce au questionnaire ménage, au questionnaire-marché.
Les données qualitatives sont collectées grâce à l’observation, aux entretiens et à la MARP. Ce
qui a impliqué un contact direct avec les ménages interrogés. La descente sur les terrains s’est
faite deux fois par département sur deux ans. Ceci pendant la saison sèche et la saison de pluie ;
l’objectif visé était de vivre la situation des ménages pendant les bonnes périodes de récolte et
les périodes de soudure.

˗ Mayo-Tsanaga ; mois d’août 2018 et mois de mars 2019


˗ Lom-et-Djerem ; mois de Septembre 2018 et mois d’avril 2019

XI-2-1- L’observation participante

C’est dans la peau d’une stagiaire au sein du bureau régional du Programme Alimentaire à
Maroua (PAM) que le premier contact a été possible avec les ménages et le terrain. Pendant
une période trois mois (Mai-Juin-Juillet), le fait de participer aux activités humanitaires a permi
d’observer les ménages hôtes, les ménages réfugiés et les personnes déplacées internes dans
leur milieu de vie. Les élements (qui, quoi et quels comportements) à observer étant définis à
partir des variables et dans le but de vérifier l’hypothèse de travail. La phase d’observation
ponctuée par une prise de note rigoureuse de toutes informations. C’est à la fin du stage, que la
descente a été effective sur un spectre de terrain plus large surtout dans la zone rurale du Mayo-
Tsanaga pour pouvoir soumettre les questionnaires d’enquêtes et travailler avec les groupes de
travail. Un parcours très utile pour apprendre des activités locales, des habitudes alimentaires
et d’évaluer la fréquence et l’étendue spatiale des actions humanitaires dans les zones ruraux.

XI-2-2- Les entretiens

- Les entretiens avec les informateurs clés

Sur la base d’une grille d’entretien, l’entretien s’est faite avec des personnages clés (tableau 4)
sur la question de l’insécurité alimentaire et certains aspects de la vie des communautés (les

 
  
65 
 

moyens de subsistances, les pratiques alimentaires dans les ménages, les difficultés du
quotidien, la culture, les retombés de l’afflux des réfugiés et des déplacés…).

Tableau 4 : Liste des personnes clés

.le chef de canton matakam-sud


.le chef de canton de Zamay
.le chef service environnement de la commune de
Dans le Mayo-Tsanaga Mokolo
.le délégué d’arrondissement MINEPIA à Mokolo
.le chef enquêtes et statistiques agricoles à la
délégation départementale du MINADER à
Mokolo
.le chef de centre de santé de Mokolo I
.les délégués régionaux et départemental du
MINADER à Bertoua
.le chef du district de santé de Betaré-Oya
Dans le Lom-et-Djerem .Le chef de 3e dégré du village Ouanden
. la nutritionniste CNTI/CNAS de l’hôpital de
district de Betare-Oya
.le point focal nutrition au CMA de Diang
.le chef section du registre coopérative/GIC du
Lom-et-Djerem
Source : Enquêtes de terrain, septembre 2018-avril 2019

- Les groupes de travail

On entend par entretien le fait d’avoir des réunions et des discussions avec la population
cible. Les groupes de travail se sont averés utiles pour compléter les informations surtout
qualitatives obtenues à l’aide du questionnaire ménage. Cet exercice n’a pas été très compliqué
dans la zone de l’Extrême-Nord car la population se regroupe naturellement chez le lawan
(appellation chef du village) juste pour une curiosité et le contact est facile à établir mais la
petite difficulté était de trouver un interprète. Par contre à l’Est regrouper la population n’était
pas évident car pas facile de les faire sortir des trous des mines d’or. Donc le nombre de
personnes par groupe de discussion a varié selon la bonne volonté et la disponibilité de la
population. Nous avons eu affaire à deux types de groupes de travail (tableau 4) : les groupes
hétérogènes et les groupes homogènes selon le village.

 
  
66 
 

Tableau 5 : Les groupes de travail


Groupes de Villages (Mayo- Villages (lom- Thème de discussion
travail Tsanaga) et-djerem)
.les moyens de subsistance, les
habitudes alimentaires, les mesures
.Kossehone/Ouro Diang au centre d’adaptation, la taille des ménages,
Groupe tada du village la difficulté d’accès aux services
homogène .Sirak/Gouria sociaux de base, de potentielles
composé .camp des déplacés suggestions pour l’amélioration de
uniquement des de Zamay leurs conditions. Les fluctuations
hommes. des prix des denrées sur le marché.
Le traumatisme vécu par les
déplacés internes.
.discussion sur les habitudes
.camp des réfugiés Minawao alimentaires, le mode cuisson des
Groupe de Minawao aliments, les problèmes rencontrés
homogène .Koza pour l’accès à la nourriture, leurs
composé façons de gérer les nourrissons et les
uniquement de enfants en bref les problèmes
femmes d’alimentation

Groupe des .marché de Mokolo Mokolo Prix des denrées alimentaires,


commerçants l’approvisionnement des marchés en
denrées et les difficultés rencontrées
. les problèmes du village, les
difficultés d’accès aux services
sociaux de base, le taux de morbidité
Ouanden dans le village, la consommation des
ménages. Les prix des denrées sur le
marché.
Groupe .Magoumaz
hétérogène .Zamay .Bertoua Tous les délégués d’arrondissement
composé (réunion de des services de l’agriculture du
d’hommes de coordination) département : l’état des lieux de la
femmes production agricole du département,
les contraintes de production et les
programmes et projets du
MINADER.
Source : Enquêtes de terrain, septembre 2018-avril 2019

Le nœud des échanges avec les femmes pour discuter des habitudes alimentaires au sein du
ménage, des activités génératrices de revenus ou des problèmes nutritionnels, avec les déplacés
pour établir le motif de déplacement, leurs conditions de vie actuelles et la manière dont ils se
procurent la nourriture en dehors des aides alimentaires. Les ateliers au sein des groupes de
travail ont été très pratiques grâce à l’utilisation des outils d’enquêtes participatives de la
MARP.

 
  
67 
 

XI-2-3- La MARP

 Pourquoi la MARP ?

La participation de la communauté est un processus d’implication active de la


population locale dans l’évaluation de ses besoins, dans la conception et la mise en œuvre des
programmes et projets de secours et des prises de décisions qui les affectent (ACF, 2009). La
MARP est décrite comme étant une méthodologie de collecte rapide d'informations riches et
fiables sur le terrain par la combinaison de différents outils et techniques qui suscitent et
maintiennent la participation des communautés tout le long du processus (Lassissi A, 1998).

Le recours à des méthodes participatives est utile pour le diagnostic et la bonne


compréhension de la réalité rurale. À travers les différents outils utilisés, le lien est établi pour
un processus de communication plus proche et plus révélateur que le questionnaire. Ces outils
ont permi de consulter la population directement par rapport à leur perception de la notion de
bien-être dans le but de faire prendre conscience à la population locale de ses problèmes et des
causes de ceux-ci, et de créer les conditions d'une recherche et d'une formulation des solutions
à ces problèmes. La matière première ici étant le savoir local (défini comme l’ensemble des
expériences et des connaissances utilisées dans le processus d’identification de problème, de
décisions pour trouver des décisions aux problèmes et aux défis). L’objectif est de faire la
recherche « avec » la population et non « sur » la population car considérée comme partenaire
et pas comme objet d’étude, la population se confie facilement.

 Les outils de la MARP utilisés

- Le calendrier agricole
- La représentation proportionnelle de l’alimentation
- Le tableau comparatif des prix

˗ Le calendrier agricole qui aidera à comprendre les différences saisonnières en matière de


disponibilité, d’accès et d’utilisation de la nourriture.
˗ Une représentation proportionnelle pour obtenir une bonne estimation des quantités soit la
proportion des diverses sources de revenus et ses différentes dépenses, des divers aliments
consommés.
˗ Le tableau comparatif des prix pour déterminer le coût de la vie avant l’arrivée des
réfugiés dans le village et avec leurs installations.

 
  
68 
 

Travaux en atelier :

Le calendrier agricole multidimensionnel est élaboré avec le groupe de travail. Très utile
car en matière d’insécurité alimentaire, il est fréquent que la situation change au cours des
saisons et la disponibilité de la nourriture y est très dépendant. Sur une grande feuille de papier
tracé avec des lignes des éléments à renseigner : pluie, saison sèche, désherbage, semis, récolte,
réserves alimentaires, maladie, moyens de subsistance. Le calendrier est divisé sur les 12 mois
de l’année et le point marqué sur l’activité du mois. Le nombre de points marqués traduisent
l’intensité de l’activité ainsi que la période des possibilités d’activités alternatives, les périodes
des maladies qui veulent dire aussi ralentissement des activités de subsistance et vulnérabilité
accrue à l’insécurité alimentaire. C’est au cours de l’atelier que sont ressorties les périodes
marquantes de l’histoire des populations.

La représentation proportionnelle des repas est utilisée au sein d’un ménage sur une semaine
pour connaître le score de consommation alimentaire des ménages. Utile pour comprendre le
nombre de prise de repas, les composantes des plats consommés d’où s’il y a diversité ou non.
Elle est établie sur deux périodes ; la période normale (avant l’arrivée des réfugiés donc 2012-
2013) et la période de partage des ressources (à partir de 2014, les réfugiés et les personnes
déplacés internes commencent à s’installer donc les ressources disponibles pour un ménage se
partage désormais pour deux) pour établir une comparaison des deux périodes. Les ateliers
étaient vraiment très participatifs. L’enquête marchée a servi de connaître les tendances des prix
des denrées alimentaires sur les marchés. Avec le groupe de travail des commerçants, il est
établi un tableau comparatif des prix sur plusieurs années. Les éléments à renseigner sur la
fiche ; les produits, l’unité et les prix par année. Ces données sur les prix ont été complétées par
les rapports d’activités des services concernés. L’administration d’un questionnaire afin
d’exhorter la population à participer à l’analyse du problème qui se pose et cela a permis aussi
d’avoir plus de données quantitatives.

XI-2-4- L’enquête-ménage

 La population cible

La population cible est composée des ménages hôtes, des déplacés internes et dans une
autre mesure des réfugiés du camp et hors camp. Selon une enquête conjointe IFORD/PLAN-
CAMEROUN, 15 030 ménages réfugiés ont été dénombrés installés dans 15 villages de l’Est.

 
  
69 
 

Combinés aux données du BUCREP sur la population du Cameroun, nous avons pu extraire
notre échantillon pour les besoins d’enquêtes.

 La technique d’échantillonnage non probabiliste

Cette technique d’échantillonnage consiste à faire un choix raisonné, étant donné que
l’étude porte sur le problème de l’insécurité alimentaire dans les zones hétérogènes du
département du Mayo-Tsanaga dans la Région de l’extrême Nord et du département du Lom-
et-Djerem dans la Région de l’Est. Il se trouve qu’en dehors des raisons évoquées sur les choix,
ce sont les points d’entrée des réfugiés d’une part et de l’autre des zones de raids, d’attentats
suicides, d’enlèvements qui ont provoqué le déplacement massif des populations. Le choix s’est
porté sur quatre arrondissements dans chaque département. Les villages d’enquêtes ont
également répondu à un certain nombre de critères raisonnés (tableau 6).

Tableau 4 : Critère de choix des villages d’enquêtes


Critères de choix des Critères de choix des
Mayo-Tsanaga arrondissements et Lom-et-Djerem arrondissements
villages d’enquêtes d’enquêtes
Village enclavé et sur les Zone urbaine situé à la
Magoumaz montagnes Foulberé frontière avec la RCA
Mokolo Garoua- (goza)
Abrite le camp des Boulai Gado- Village abritant le
Zamay-centre réfugiés de minawao et badzeré grand camp des
le camp des déplacés réfugiés de Gado
internes
Ziler Grande zone de Mali Zones rurales enclavés
production certes mais très dépendant de
très enclavée. Zone l’exploitation artisanale
koza Lamordé ayant subi des incursions Betare-Oya Tibanga de l’or. Fort accueil des
de BH et abrite réfugiés hors camp
également des déplacés
internes et des retournés
Rumshiki Zones rurales enclavées Ouanden Zones rurales très
n’ayant pas été la cible enclavée dépendant
des attaques de BH, énormément de
mais ayant reçu bon l’exploitation artisanale
Mogodé Gouria nombre de déplacés et Ngoura Woumbou de l’or. Faible
de retournés. Zone communauté de
touristique à cause des réfugiés centrafricains.
chaînes montagnes
Midré II Motombo Zones rurales avec une
Souledé- Souledé- Zones rurales très Diang réelle production
Roua goldak enclavées Yanda agricole, enclavée
surtout en saison de
pluie.
Source : Enquêtes exploratoire de terrain, juillet 2018

L’autre motivation de parcourir ces différents villages était de visiter un plus grand
nombre de communautés en interrogeant à chaque fois qu’un nombre limité de personnes car

 
  
70 
 

la plupart des zones urbaines ou périurbaines reçoivent des aides de la part des organismes
humanitaires et aller dans les zones rurales difficiles d’accès où les organisations n’y arrivent
pas.

 Calcul de l’échantillon

Pour avoir le nombre total de ménages dans les sites d’enquêtes tirés, les calculs sont
faits sur la base des données fournies du dernier recensement du Cameroun (2005) concernant
les ménages hôtes. Les données d’estimation sur les déplacés et les réfugiés qui varient d’une
ONG humanitaire à l’autre a juste orientés le choix des villages d’installation. Il a était question
de les comptabiliser parmi l’échantillon (la plupart des ménages déplacés et des réfugiés hors
camp sont dilués au sein des ménages hôtes sauf dans le cas des camps reconnus comme le
camp des réfugiés de Gado, Minawao et le camp des déplacés de Zamay). Selon la formule de
Nwana (1982) appliquée aussi par Ndam I (2008).

n=Nx5%

n : taille de l’échantillon N : taille des ménages 5% : proportionnelle représentative

Pour trouver la taille de l’échantillon, le total des ménages se multiplie par le taux de
pourcentage adéquat. Le souci c’est d’avoir un échantillon vraiment représentatif de l’ensemble
des ménages de la zone d’enquête.

Application de la formule :

˗ Soit un total de 16 villages où placer le questionnaire ménage.


˗ Selon le nombre total des ménages par village, un pourcentage de 10% est copté pour le
total de plus de 100 ménages, 20 % pour les villages de moins de 100 ménages (tableau 7). Pour
un souci d’équilibre et de représentativité.

 
  
71 
 

Tableau 5 : Opérationnalisation de l’échantillon


Villages d’enquêtes Total ménage Opérationnalisation Résultats

magoumaz 620 620×10% 62


zamay 337 337×10% 34
ziler 469 469×10% 47
lamordé 187 187×10% 19
gouria 876 876×10% 88
rumshiki 166 166×10% 17
Midré II 343 343×10% 34
soulédé 375 375×10% 37
mali 834 834×10% 83
Tibanga (canton kaï) 290 290×10% 29
goza 318 318×10% 32
Gado-badzere 136 136×10% 14
ouanden 62 62×20% 12
woumbou 35 35×20% 7
Motombo 74 74×20% 15
yanda 67 67×20% 13
Total / / 543

Réalisation : Njiembokue, septembre 2018

Après l’opérationnalisation, un total de 543 questionnaires est obtenu et administré dans


l’ensemble des villages d’enquêtes (figures 10 et 11).

 
  
72 
 

Figure 10 : Villages enquêtés dans le Mayo-Tsanaga

Les villages enquêtés dans les arrondissements du Mayo-Tsanaga sont : arrondissement


de Mogodé (Gouria, Rhumshiki), arrondissement de Mokolo (Zamaï, Magoumaz),
arrondissement de Koza (Ziler, Lamordé), arrondissement de Souledé-Roua (Midré II,
Souledé).

 
  
73 
 

Figure 11 : Villages enquêtés dans le Lom-et-Djerem

Les villages enquêtés dans le département du Lom-Djerem sont : arrondissement de


Garoua-Boulaï (Goza, Gado-Badzeré), arrondissement de Ngoura (Woumbou, Ouanden),
arrondissemnt de Betare-Oya (Mali, Tibanga), arrondissement de Diang (Yanda, Motombo).

 
  
74 
 

- Pendant le terrain

La première phase d’administration du questionnaire s’est faite par questionnaire support


papier (mois d’août 2018 dans le Mayo-Tsanaga et le mois de septembre 2018 dans le Lom-et-
Djerem). Or le terrain à couvrir étant très vaste, le voyage ou le parcours des villages à moto
sur des routes carrossables et surtout les mises en garde des autorités quant à la sécurité dans
certaines zones en question. Il a fallu aviser pour non seulement voyager léger et sans bagage
susceptible d’attirer l’attention. L’outil de collecte ODK collect va permettre de pallier ce
problème. Cet outil est pratique, qui demande juste de créer sur une plateforme software de
stockage des données sur kobo.humanitarian.response.info. (Photo 1).

Photo 1 : Écran d’accueil répertoire des données

L’application dans le téléphone et le questionnaire téléchargé, il suffit de dérouler le


questionnaire point par point et de cocher les réponses du répondant. À la fin de l’exercice, sur
543 questionnaires soumis, 402 ont été répondus. Ce nombre parce qu’il y a eu des villages à
l’exemple de Soulédé où le chef du village a refusé que nous puissions y travailler ce malgré
l’autorisation du Préfet du département au motif de l’absence de l’autorisation du Sous-préfet
de l’arrondissement de Soulédé-Roua.

 
  
75 
 

- Après le terrain

Deux types de données ont été collectés :


 Les données quantitatives à l’aide du questionnaire
 Les données qualitatives à l’aide de l’observation, des entretiens et de la MARP.
Les données du questionnaire ont été télechargées à partir du site d’hebergement sous format Excel
puis retranscrites sur R2 pour traitement. Les réponses ont été par la suite codifiées et les résultats
ressortis sous forme de texte et retranscrits soient en tableaux soient en graphiques.
L’analyse des données statistiques, empiriques et secondaires a été effectuée par le logiciel Excel.
En revanche, les cartes ont été réalisées à partir des fonds de carte topographiques de l’INC des
régions de l’Extrême-Nord et de l’Est, des données de l’ONG OCHA, et celles des enquêtes
qualitatives. De ce fait, des calculs manuels ont été faits pour harmoniser les informations obtenues
dans le texte.
Cependant, les données qualitatives (issues des descriptions des scènes de vie et des entretiens)
ont fait l’objet d’une transcription et une analyse de contenu. Les résultats ont été repertoriés dans
les tableaux. A la fin des différentes analyses, les résultats obtenus ont permi de vérifier les
hypothèses émises dans cette étude (Tableau 8).

                                                             
2
Le logiciel R est un logiciel statistique de traitement des données quantitatives et qualitatives, à la fois une
plateforme informatique et un environnement de travail.

 
  
76 
 

Tableau 6 : Tableau synoptique de la recherche


Question de recherche principale Objectif de recherche principal Hypothèse de recherche principale Méthode Outils utilisés Thèse
générale de la
recherche
Comment expliquer la persistance de L’objectif principal est de générer L’insécurité alimentaire dans les Régions Méthode
l’insécurité alimentaire dans les et de fournir une base des faits de l’Extrême-Nord et de l’Est-Cameroun comparative
Monts Mandara et le Lom-et-Djerem probants qui enlisent la situation est le résultat de l’environnement macro- basée sur une
de l’insécurité alimentaire dans économique, socio-culturel, sécuritaire, la approche
l’Extrême-Nord et de l’Est- nature des moyens de subsistance de la hypothético-
Cameroun en termes de ressources population. déductive et
propres disponibles. participative
(MARP)

Questions spécifiques Objectifs spécifiques Hypothèses spécifiques Méthodologie de Chapitres correspondants


la recherche
QS 1 : Quels sont les facteurs qui OS 1 : Présenter et analyser les HS 1 : L’environnement physique, Données les entretiens, Chapitre I : Contexte de
aggravent l’insécurité alimentaire facteurs physiques, économiques, l’environnement macro-économique, la secondaires l’observation production alimentaire dans
dans les Monts Mandara et socio-culturels et sécuritaires de situation sécuritaire et les politiques Données participante les zones agroécologiques
le Lom-et-Djerem ? l’insécurité alimentaire spécifiques de primaires questionnaire
susceptibles de restreindre la production/commercialisation sont les questionnaire
capacité des communautés à se facteurs qui aggravent l’insécurité tableau Chapitre II : Identification
nourrir convenablement. alimentaire. comparatif des des facteurs aggravants de
prix l’insécurité alimentaire
calendrier
QS 2 : Comment s’établit le lien OS 2 : Démontrer que les HS 2 : Les habitudes alimentaires et les Données Questionnaire Chapitre III : Les pratiques
entre les pratiques alimentaires et pratiques alimentaires et pratiques de soins exposent les enfants secondaires Grille alimentaires et État
nutritionnelles des ménages et la nutritionnelles des ménages ont de 0-59 mois aux carences alimentaires Données d’entretien nutritionnel de des ménages
conséquence manifeste sur la santé un impact leur état nutritionnel d’où la malnutrition. primaires Représentation cibles : les effets manifestes
des enfants de 0 à 59 mois ? que les enfants de 0 à 59 mois proportionnelle sur la santé des enfants de
manifestent. des repas 0-59 mois

QS 3 : Quelles sont les réponses OS 3 : Répertorier et évaluer les HS 3 : Les populations combinent Données Questionnaire, Chapitre IV : Mécanismes
locales et institutionnelles réponses locales et différents capitaux et capacités pour faire secondaires Grille institutionnels et Stratégies
entreprises pour juguler l’insécurité institutionnelles mises en place face à l’insécurité alimentaire et ainsi Données d’entretien d’adaptation des ménages à
alimentaire ? pour subvenir aux besoins de base satisfaire leurs besoins de base. primaires l’insécurité alimentaire
des populations touchées.

 
  
77 
 

XII- LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

Surtout lors des descentes sur le terrain, d’énormes difficultés sont relevées. Toutefois de
nombreux conseils ont permis de surmonter bon nombre.

 Sur le terrain

La situation sécuritaire du Cameroun est volatile depuis 2013 beaucoup plus dans les
Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est. De ce fait les populations sont devenues très méfiantes
à l’endroit des potentiels étrangers qui foulent le sol de leurs villages. La barrière est
systématiquement érigée entre les parties.

La réticence de certains à répondre aux questions et à laisser visiter leurs habitats, rendant même
la prise de vue difficile, certains exigeant une rétribution pour les moindres informations et les
photos.

La difficulté de rencontrer certains responsables dans les délégations d’arrondissements


toujours fermées ou ouverts mais sans aucune présence humaine toute la journée.

Le refus catégorique de certains responsables de donner des informations sous prétexte que le
recteur ou le doyen chargé de la recherche de l’université devrait les notifier par voie
électronique de la visite des potentiels étudiants dans leurs structures, ceci malgré l’ autorisation
de recherche signé par le chef de département et l’autorisation de recherche dans la localité soit
par le préfet soit le sous-préfet.

Les autorités ont instruit des consignes « de ne pas passer la nuit dans certaines villages » (de
la zone rouge ; villages proches de la frontière avec le Nigéria ou villages connus comme zone
des coupeurs de routes du côté de l’Est de ne pas voyager seule) car c’est dans la nuit ou au
cours des voyages isolés que la plupart des exactions avaient lieu. Il fallait donc quitter le village
au plus tard à 16 h pour éviter les mauvaises rencontres et les risques de kidnapping. Pendant
la saison de pluie à l’Extrême-Nord, il était hors de question que la pluie vous trouve dans un
village traversé par un mayo car quand il pleut le mayo déborde et il est impossible de retourner
sur ses pas. Ceci a entravé le retour du nombre des questionnaires prédéfinis

L’enclavement et l’éloignement de certains villages, le coût des moyens de transport très élevé,
les risques d’accidents de moto fréquents.

 
  
78 
 

À cause de l’analphabétisme, la difficulté de trouver des interprètes qui comprennent et


traduisent fidèlement vos propos.

La perte des données d’enquêtes complémentaires suite à une agression physique, sur le chemin
retour du terrain de l’Est.

La grande difficulté financière vu le temps que cela a pris à boucler ce travail de recherche.

 Les mesures prises pour éviter certains désagréments

Ces mesures sont également des suggestions à prendre très au sérieux par les prochains
ou potentiels chercheurs.

Toujours se rassurer que vous avez votre attestation de recherche avant d’aller sur le terrain

Sur le terrain se présenter d’abord aux autorités administratives car aptes à vous prodiguer des
conseils sur la conduite à tenir sur le terrain. Et l’autorité est le garant de votre sécurité
personnelle sur le terrain

La porte d’entrée d’un village est le chef du village, celui-ci vous facilitera la communion avec
la population. D’ailleurs c’est son accord qui vous permet de vous déployer dans le village et
d’obtenir des réponses fiables.

Dans la partie septentrionale, se renseigner toujours sur la conduite à tenir au sein de la


population (comment s’habiller, se tenir face à un chef, surtout accepter ce que l’on vous offre
à manger ou à boire, accepter la différence de culture et la respecter surtout)

Ne jamais prendre le risque de visiter un camp des réfugiés seul, sans guide ou accompagnant
il en va de votre sécurité. Un incident tourne rapidement à une catastrophe et à un incident
diplomatique.

XIII- ORGANISATION DE LA THÈSE

Le travail ainsi constitué est réparti en deux grandes parties. Dans la première partie,
nous présentons les causes évidentes du maintien de la situation de l’insécurité alimentaire
dans ces régions et par ricochet dans ces départements d’enquêtes. Cette partie se subdivise
en deux chapitres :
 Le Chapitre 1 donne un aperçu général des zones cibles dans leur contexte
agroécologique, de leur environnement physique jusqu’aux tendances des prix des

 
  
79 
 

produits des denrées sur le marché.


 Le chapitre 2 édifie sur les facteurs aggravants de l’insécurité alimentaire, à partir de
son environnement sécuritaire jusqu’à la vulnérabilité des moyens de subsistances.
La deuxième grande partie renseigne sur les incidences de cette situation sur l’état nutritionnel
de la population cible. Et des essais de solutions institutionnelles voir des essais
d’accommodation des ménages.
 Le chapitre 3 fait l’état nutritionnel des enfants de 0-59 mois, cette tranche âge choisie
parce que très vulnérable. Les enfants sont les premiers à manifester quand il y a un
problème dans le ménage.
 Le chapitre 4 passe en revue les réponses institutionnelles et les stratègies d’adaptation
des ménages face à l’insécurité alimentaire.

 
  
 

PARTIE I : LES CAUSES ÉVIDENTES DE LA PERSISTANCE DE


L’INSÉCURITE ALIMENTAIRE

 
  
81 
 

CHAPITRE I : CONTEXTE DE PRODUCTION ALIMENTAIRE DANS LES ZONES


AGROÉCOLOGIQUES

La nature offre des possibilités et un univers de contraintes dont


les hommes en société disposent et qu’ils subissent pour répondre
aux besoins qu’ils estiment essentiels, l’alimentation notamment.

Courade Georges, 1992, p 746. 

INTRODUCTION

On ne peut parler de sécurité alimentaire sans se référer aux grandes zones écologiques
et biogéographiques dans lesquelles se développe la production agricole. Reliefs, climats, sols,
végétation et hydrographie créent à l’Extrême-Nord et à l’Est-Cameroun, par des combinaisons
diverses, des milieux de vie variés assurant des productions agricoles plus ou moins spécialisées
suivant les techniques et les civilisations en place. Ce sont les premiers facteurs qui ont un
impact certain sur la production alimentaire. Cet ensemble d’élement, permet de constituer une
véritable banque de données afin de comprendre la spécificité et les multiples défis qui
composent l’économie alimentaire (en termes de capacités et de potentialités de production)
des Monts Mandara et du Lom-et-Djerem par-là la disponibilité physique de la nourriture et ces
contraintes.

I-1- ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET PROFIL DES ZONES


AGROECOLOGIQUES

La classification des zones agro écologiques permet de prendre connaissance, de


déterminer les potentialités et les capacités de production pour un réel apport alimentaire. Les
systèmes de production alimentaire dans une région donnée représentent un ensemble diversifié
d’adaptation au paysage local et à son climat. On doit déterminer (les principaux systèmes de
production de la région, leur importance, les principales denrées de première nécessité et les
cultures de rente produites localement, l’estimation des pâturages, du volume de la pêche et de
la production de ces différents produits, les fluctuations saisonnières normales de la
disponibilité alimentaire dans la région, la disponibilité et l’accès aux semences). Tous ces
aspects servent à comprendre le contexte de l’insécurité alimentaire qui sévit dans la zone.
Selon ACF (2009), l’environnnement physique a un impact sur les chocs, la saisonnalité qui
forme le contexte général de vulnérabilité. Ce sont des données nécessaires pour fournir une

 
  
82 
 

base à l’analyse de la situation. Sur le chéma conceptuel de l’insécurité alimentaire (rappel


figure 7), l’envrionnement physique et socio-économiques sont des facteurs sous-jacents ou
causes de base de l’insécurité alimentaire.

I-1-1- La végétation du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem

I-1-1-1- Une végétation rêche selon les saisons dans le Mayo-Tsanaga

Le Mayo-Tsanaga présente une savane arbustive dans les plaines et sur les plateaux. Les
montagnes sont sans couvert végétal. Les paysages sont verdoyants en saison de pluie et ont un
aspect de désert en saison sèche à cause du manque d’eau (Photo 2). Les espèces sont de type-
soudano sahélien et les plus courantes sont ; le faidherbia ou Acacia albida, le baobab, le
tamarinier de son nom scientifique Tamarindus indica, le caïlcédrat ou Kahya senegalensis,
Balanites aegyptiaca, Anogeissus leiocarpus, Butyrospermum parkii, Ziziphus mauritiana ou
jujubier, le Comniphora africana, l’Andam soniadigidata…en plus des arbres fruitiers comme
le goyavier, le manguier, le papayer (Letouzey R., 1985 ; Eyog Matig O. et al, 2006 ; Perevet
Z., 2018).

Njiembokue, mars 2019


Photo 2 : Aspect de la végétation en saison sèche

En saison sèche, le paysage est sec et prend une couleur jaunâtre, seul subsiste les arbres adaptés à la
dite saison. Les derniers arbustes offrent de quoi brouter aux animaux. Le paysage devient triste et aride
sous un soleil brûlant.

La végétation du Mayo-Tsanaga est diamétralement opposée à celui du Lom-et-Djerem, qui


reste verte tout au long de l’année. Il y existe deux réserves forestières : la réserve forestière de
Zamaï et la réserve forestière du Mayo legga. La population est très tributaire de cette végétation

 
  
83 
 

car elle sert dans la pharmacopée traditionnelle, fertilisant, fourrage pour la nutrition des bêtes,
dans la nutrition humaine (fruits du tamarin, les feuilles de baobab, les feuilles du moringa, les
fruits du jujube), le bois de chauffe. Certains arbres sont utilisés pour marquer les limites des
propriétés et davantage pour leur ombrage. Cette surexploitation par l’Homme dégrade
rapidement le couvert végétal et la réserve forestière n’est plus que l’ombre d’elle-même à cause
de l’installation des camps des réfugiés et des déplacés à proximité.

I-1-1-2-Une végétation luxuriante dans le Lom-et-Djerem

La flore est subdivisée en trois zones ; zone de transition péri-forestière (Betaré-oya,


Ngoura, Mandjou, Bertoua 1er et 2e), zone de forêt (Diang et Belabo), zone de transition forêt-
savane (Garoua-boulaï). En zone de savane, on note la prédominance des espèces comme le
bokassa ou Chromolaena odorata, de l’Imperata cylindrica, du Pennisutum purpurem,
Musanga cercropiodes (parassolier), Eupatorium sp, Hyparhénya rufa, Mimosa sp. La
présence des galéries forestières par endroit et des raphiales dans les zones marécageuses. Dans
la partie forêt, de nombreux essences sont récensées et exploitées ; l’iroko (Chlorophora
excelsa), le padouk (Ptérocarpussyaxii), le fraké (Terminalia superba), le sapelli, le bubinga,
le movinga, le mabena, le maobi, l’ébène (Letouzey R., 1985, PCD des communes de Garoua-
Boulaï et de Bétare-Oya, 2018).

Ce vaste ensemble forêt-savane offre un réel milieu de vie car fournit des essences pour
la pharmacopée traditionnelle, du bois de chauffe et de cuisson, les produits forestiers non
ligneux pour la consommation (les chenilles, les vers, le fruit du moabi, la mangue sauvage, la
cola sauvage, le fruit d’ébène, le yolimbé, les rondelles (Olom en bobilis), le poivre noire, le
koutou (champignon local), le Tondo ( un condiment pour les sauces), le Djansang, l’okok
(Gnetum aficanum). La faune riche fournit de la viande. C’est un avantage comparatif que le
Lom-et- Djerem dispose par rapport au Mayo-Tsanaga.

I-1-2- Les sols

I-1-2-1- Un sol particulièrement rocailleux dans le Mayo-Tsanaga

Le sol est formé d’un mélange de minéraux cristallisées ou amorphes, de matières


organiques, d’eau, de gaz et de vie. L’énergie reçue du soleil fait de lui un milieu dynamique et
évolutif. Il contient des minéraux hérités qui forment l’essentiel de son squelette et des
minéraux néoformés dont les constituants sont les argiles, les hydroxydes et les carbonates. Les
argiles se lient à l’humus pour former le complexe absorbant. Celui-ci se fixe des cations qu’il

 
  
84 
 

échange avec les solutions du sol. Les racines des végétaux à leur tour viennent puiser leurs
éléments nutritifs dans ces solutions (Humbel H., 1972). C’est sur cette surface dure et
rocailleuse là que les hommes confient les cultures pour leur nutrition.

Compte tenu de la rapide évolution des connaissances en pédologie suite à de nouvelles


techniques d’analyse, Aubert G. (1963) recense et classe les sols de l’Extrême-Nord et du
Mayo-Tsanaga parmi les dix classes de sols. Ils font partie de la grande classe I des sols
minéraux bruts (ils sont le résultat de l’érosion donc ne sont pas d’origine climatique). Se
retrouvant en majeure partie sur les nombreux massifs des Monts Mandara, Eno Belinga (1984)
va un peu plus dans les détails. Il subdivise ce sol en groupes :

˗ les sols d’apport sur alluvions ; ce sont des alluvions qui n’ont subi qu’une
relative accumulation de matières organiques. Ce sont des sols perméables, qui renferment peu
d’argiles et faciles à cultiver. On les trouve dans les lits des rivières temporaires.
˗ Les sols d’apports sur pédiments (c’est un glacis modelé dans une roche dure qui
s’arénise (désagrégation granulaire) très fréquent dans le massif cristallin des Mandara et ses
pourtour, et Humbel H. (1972) les taxe de sols squelettiques de montagne.

En termes d’aptitudes agricoles : les variétés de sols du département du Mayo-Tsanaga sont très
peu profondes. De couleurs brunes ou brun-rouge, leur teneur en matière organique très faible
ne pouvant supporter une végétation abondante, ces sols se prêtent aisément à la céréaliculture,
à la culture des arachides, des oignons, des légumineuses. Les sources de l’IRAD (1996) citées
par Socpa A. (2011) dénombrent aussi pour les cultures comme le coton, le mil-sorgho, le
niébé, l’oignon et le sésame. Bref, la production agricole y est très sélective et sous le joug des
conditions climatiques.

I-1-2-2- Les sols rouges-brun de la forêt équatoriale

Les sols de l’Est du Cameroun dans son grand ensemble font partie de la classe VIII des
sols à sesquioxydes (Aubert G., 1963, Humbel H., 1972). Constitués des sous classes des sols
ferralitiques modaux sur roches acides composés de kaolinite dominante et de traces d’illites
(au Nord de Bertoua), des sols sur roches diverses composés de kaolinite et d’hydroxydes de
fer (se retrouve autour de Garoua-Boulai) et des sols sur roches acides ces affleurements sont
surtout fréquents en savane (Eno Belinga, 1984). Ces sols ont de bons caractéristiques
physiques (teneur en argile, capacité de rétention d’eau) compensant le faible potentiel
chimique.

 
  
85 
 

Aptitudes culturales : les sols y sont de couleur rougeâtre, généralement profonds


(environ 10 m). Ils ne supportent pas une agriculture intensive parce qu’ils s’épuisent vite à
cause des eaux de ruissellement incluant un apport en engrais. Ce problème est souvent résolu
par un système de rotation des terres cultivables. En forêt, les sols sont bons pour le cacao, le
café (mais nécessitent les apports d’engrais minéraux), le manioc, le plantain etc... En savane,
ces sols sont plus fragiles et déficients en azote (Garoua-Boulaï et le Nord des arrondissements
de Ngoura et Bétaré-Oya). Ils supportent la rotation vivrière normale et des cultures spéciales
comme la canne à sucre. Et plus encore le maïs, le coton, le mil-sorgho, l’igname et les pommes
de terre (Socpa A., 2011).

I-1-3- L’hydrographie

I-1-3-1- L’intermittence de l’hydrographie dans les Monts Mandara

Les cours d’eaux sont saisonniers, résultent surtout du ruissellement des eaux des
montagnes. Ils sont en général secs en saison sèche (planche 1). Les principaux cours d’eaux
les mayos (en langue fufulbé) Moskota (dans le mayo moskota), Nguétchéwé, Koupayé (tous
se déversent dans la plaine de Limani). Les mayos Tsanaga, Boula et Louti (Mokolo) se jettent
dans le bassin du Lac Tchad. Les mayos Gawar et Zamaï (dans le canton de Zamaï) et les mayos
Monftoum et Kamasa (à Mogodé). Soulédé Roua est arrosé par neufs mayos ; mayo
Mekoudom, mayo Bastad, mayo Vereodejd, mayo Kelewe, mayo Roua, mayo Kaza, mayo
Malangaz, mayo Mazam et le mayo Tsanaga. À l’ouest de Koza, ruisselle le mayo Mawa et à
l’est le mayo Kilda.

Les lacs se retrouvent généralement dans les plaines. Les lacs dans les zones de Mawa,
Galdala et Ziler dans la partie nord de Koza permettent une agriculture par irrigation car la
nappe phréatique y est située à moins de 5 m. Ces zones sont inondées ou inondables en saison
de pluie avec des crues très fortes. De tels lacs proviennent essentiellement des précipitations
soit de l’accumulation du sable et de la vase ramenée des montagnes. Soumis aux grands
aménagements, ce réseau hydrographie joue un rôle majeur dans la production agroalimentaire
et ainsi assure l’assiette du consommateur final.

 
  
86 
 

Planche 1 : Le mayo tsanaga en saison de pluie et en saison sèche

B
A
Njiembokue, août 2018 Njiembokue, mars 2019
Photo 3 : Lit du mayo tsanaga en saison Photo 4 : Lit du mayo tsanaga en saison
de pluie sèche

Le mayo tsanaga sert de frontière entre l’arrondissement de Mokolo et l’arrondissement de Soulédé au


niveau de Bao tassaï, un radier y est construit pour la circulation des biens et des personnes. En saison
de pluie, le lit déborde (A), la crue est forte et noie parfois le pont après une forte pluie, impossible de
traverser si l’on se trouve d’un côté. Alors qu’en saison sèche, il est complètement à sec (B), les roches
qui meublent le fond sont mises à nu aucune goutte d’eau ne subsiste. Malgré ces innombrables cours
d’eaux, le département manque cruellement d’eau pendant la rude saison sèche.

Les mayos dans le Mayo-Tsanaga existent au gré des saisons, débordante en saison de pluie et
complètement secs en saison sèche alors dans le Lom-et-Djerem, ils sont permanents malgré
les saisons.

I-1-3-2- Une hydrographie riche en cours d’eau et permanent malgré les saisons

Le réseau hydrographique du Lom-et-Djerem est caractérisé par une kyrielle de cours


d’eaux. Les plus importants sont le Lom, le Djerem et le Pangar (planche 2) qui prennent leur
source dans le Département du Mbéré dans l’Adamaoua. Les deux premiers cours d’eau se
rejoignent dans le Nord de l’arrondissement de Bélabo pour former le fleuve Sanaga, qui est à
la fois le bassin du même nom et source d’électricité de la partie Sud du pays. En plus de la
Sanaga, le projet structurant du Lom Pangar vient enrichir le réseau hydrographique du
Département. On note la présence de la Kadey qui naît au sud-est de Garoua-Boulaï, s’écoule
vers Doumé affluent du Congo, qui à son tour donne des affluents tels l’Oudou, la Djadombe,
le Mobe (DDADR Lom-et-Djerem, 2018). Malgré le changement de saisons, les cours ne
tarissent pas comme c’est le cas dans le Mayo-Tsanaga.

 
  
87 
 

Planche 2 : Principaux cours d’eaux du Lom-et-Djerem

A
Njiembokue, 2018 Commune de Betaré-oya, 2018
Photo 5 : Fleuve lom du côté de Betare- Photo 6 : Fleuve pangar par Mbitom
oya

Le fleuve lom (A) bordé par les grands arbres de la forêt, a un débit moyen de 17m3/s. il est long de 380
km et traverse le nord de l’arrondissemnt de Betare-oya par le canton laï. Sur sa rive droite, coule le
pangar (B). Il est un affluent du Lom. Les fleuves Lom et Pangar sont le réservoir de plusieurs petites
rivières entre autres : le kpawara, le mbal, le mbitom, le taparè, le mali, le mboukou, le mba, le
karambani…ils possèdent un énorme potentiel hydraulique d’où la mise en eau du barrage de Lom
pangar ; la production halieutique y est encore artisanale. Les lits et les fonds de ces cours d’eaux font
l’objet d’une intense exploitation minière.

Les cours d’eaux dans le Lom-et-Djerem sont innombrables et font l’objet de plusieurs
utilisations. La représentation topographique montre un paysage marqué par des hauts reliefs
dans le Mayo-Tsanaga.

I-1-4- Le relief

I-1-4-1- Un vaste paysage de fer dans le Mayo-Tsanaga

Le relief du Mayo-Tsanaga est accidenté. Il est constitué de trois grands ensembles (figure
12) :

‐ Les plateaux intérieurs dont les altitudes s’étagent de 700 à 1000 mètres et
représentent les 30% de la superficie totale.
‐ Les pentes sont médiocres. Les plaines à inselberg de bordure, espace de
transition entre les montagnes et les plaines et font 39 % de la superficie.

 
  
88 
 

‐ Les massifs montagneux se répartissent le long du côté Nord de Mokolo. Les


sommets les plus élevés sont le Mont Ziver (1412 mètres) et le Mont Oupaï (1280 mètres) et
font 31 % de la superficie (Hiol Hiol F., 1999, Perevet Z., 2018).

Particulièrement ils sont composés des grands rochers granitiques très anciens (Neba A., 1987).
Ces ensembles ont des potentialités agricoles diverses, atouts majeurs pour la diversification
des cultures.

Figure 12 : Le relief du Mayo-Tsanaga

La figure 12 présente une localité de fer, où se succède plateau (en jaune clair) dans les
localités de Bourha, les alentours de Mokolo et de Soulédé. Les plaines en marron clair se
trouvent aux encablures du plateau Kapsiki à la plaine Gawar et du plateau de Mokolo à la
plaine de Koza, les massifs rocheux atteignent 900 voire 1400 m d’altitude. Les plus

 
  
89 
 

remarquables sont le pic volcanique du Kapsiki à Rhumsiki (Neba A., 1987), les chaînes de
montagne à Gouria le paysage rocheux de Mokola (planche 3). Une première influence du relief
est la pente dès qu’elle dépasse une certaine valeur, les travaux de culture deviennent difficiles
surtout pour la culture attelée (Gillardot P., 1997). Pour s’adapter, les paysans font des terrasses
avec un alignement des cailloux appelés « terrasses de culture ». Ce sont aussi des excellentes
bandes antiérosives empêchant certes le lessivage rapide des sols par les eaux de pluie.

Planche 3 : Aspects du relief dans le Mayo-Tsanaga

B
A

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 7 : Chaînes de montagne à Gouria Photo 8 : Paysages rocheux à Mokola

Ce relief est une architecture de blocs de pierre impressionnante, superposée les uns sur les autres (B).
Parfois un atout car servant de fondation pour la construction des infrastructures, parfois un obstacle
à l’extension humaine et la construction des lieux d’aisance. Le nom Mont Mandara à cause des chaînes
de montagnes (A) qui forment un immense bloc à la frontière Cameroun-Nigéria, barrière
infranchissable aux incursions des groupes armées (il explique aussi le faible taux d’incursion dans
l’arrondissement de mogodé).

Le relief du Mayo-Tsanaga est fort riche en rochers et en chaînes de montagnes alors que celui
du Lom-et-Djerem est monotone, très peu élevé.

I-1-4-2- Un relief sous forme de dôme ou demi-orange

Le contraste du relief (figure 13) du département du Lom-et-Djerem est un ensemble de


pénéplaines avec des faibles élévations mais accidentées par endroit, c’est ce que Neba A.
(1987) appelle « demi-orange ». L’altitude moyenne des monts est de 600-900 m (Mont Gango
680 m, Mont Tembere 740 m).

 
  
90 
 

Figure 13 : Le relief du département du Lom-et-Djerem

La figure 13 présente un relief principalement constitué de plaines à l’Est du département


(couleur marron clair) avec une altitude moyenne de 800 mètres. On y note aussi la présence
des vallées par endroit. Par contre le nord-est du département, vers Garoua-Boulaï est dépeint
par les plateaux (couleur marron foncé) jalonnés aussi par des vallées mais peu profondes et
des bas-fonds inondables. L’altitude moyenne est de 900 à 1000 mètres. Vers l’ouest et le sud
du département (couleur jaune foncé et clair), les formes de demi-orange se font le plus
ressentir. Le relief est défini par des vallées et des plaines d’une altitude moyenne de 500 à 700

 
  
91 
 

mètres. Cette zone est aussi jonchée de zones marécageuses ou zones inondables. Au contraire
du relief des Monts Mandara, celui du Lom-et-Djerem présente des atouts non négligeables à
l’exemple des zones inondables pour la culture du maraîcher qui ne fait pourtant pas l’objet
d’une production massive. Or cette culture est indéniable dans la lutte contre l’insécurité
alimentaire en termes d’apport en nutriments dans la nutrition et de revenus au sein du ménage.

I-1-5- Le climat

I-1-5-1- Un climat sahélien d’altitude

Le Mayo-Tsanaga appartient au grand ensemble de la zone agro-écologique soudano-


sahélienne. C’est une zone de savane à climat soudanien, modifié par sa position en altitude
(750-1500 m), avec une pluviosité moyenne annuelle de 700-900 mm. Il pleut 5 mois de pluie
et 7 mois de sécheresse (en moyenne), avec une température moyenne de 26,1° C (Suchel, 1988
cité par Hiol Hiol F., 1999). Un seul élément du climat est pris en compte, la pluviométrie
nécessaire à la pratique de l’agriculture.

Le Mayo-Tsanaga est sous un régime pluviométrique moyen (figure 14), marqué par une
saison sèche et une saison humide. Selon Birot P. (1973), en région tropicale, un mois est dit
humide si son cumul est supérieur ou égal à 100 mm et sec dans le cas contraire.

350,0

300,0
Précipitations (en mm)

250,0

200,0

150,0

100,0

50,0

0,0
Jan Féb Mar Avr Mai Juin Juil Aout Sept Octo Nov Déc

Figure 14 : Régime pluviométrique moyen de Mokolo


Dans ce cas les mois humides sont juin, juillet, août et septembre, donc quatre mois de
pluies (plus de 100 mm de pluie). Il est régi par le climat soudano-sahélien à régime
pluviométrique monomodal. Certaines années, le mois de mai et octobre sont des mois humides

 
  
92 
 

avec des faibles précipitations inférieures à 100 mm. Les mois secs sont janvier, février, mars,
novembre et décembre. Cette période est marquée par l’aridité qui sévit (la verdure subsiste par
endroit, les rivières sont complètement asséchées). L’indice de sécheresse de Palmer Wayne
(1965), est une mesure de la sécheresse sur la base des précipitations et des températures, traduit
ici par l’indice pluviométrique (figure 15). Cet indice est utile pour quantifier le déficit de
pluviométrie sur plusieurs mois ou plusieurs années. Le chiffre 0 est utilisé comme moyenne,
l’état de la sécheresse se lit au travers des valeurs positives ou négatives. En dessous de 0, -1
est considéré comme le début de la sécheresse, -2 est une période extrêmement sèche. Dans le
cas contraire c’est la période humide à partir de 0, 1.
Indice pluviométrique

2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
‐0,5
‐1,0
‐1,5
‐2,0
‐2,5
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 15 : Indice pluviométrique de Mokolo de 2008 à 2018


Il ressort de cette figure 15 que la pluviométrie dans le Mayo-Tsanaga est inégalement
répartie sur la période de l’étude. Ce graphique montre qu’au-dessus de zéro ce sont les années
excédentaires, et en dessous de zéro ce sont les années déficitaires. Les années 2008, 2009,
2010, 2011, 2012,2013 et 2015, 2016, 2018 sont des années modérément sèches. Les années
2014 et 2017 ont été des années très sèches ou déficitaires, mais pas au même niveau. Sur les
11 années, ce type de sécheresse est revenu 2 fois. Cette probabilité d’occurrence confirme le
fait que cette localité est particulièrement connue pour les stress hydriques (1968-1970, 1980-
1985, 2003-2005). Une diminution décennale de précipitations de 4,07% au cours des six
dernières décennies et une augmentation de la température selon les saisons soit 38°C au mois
de mars et 40°C au mois d’avril (Yann L’hôte, 2000, PNACC 2015, INC cité par Perevet Z.,
2018). Cette analyse est faite sur un ou deux mois (figure 16) afin d’avoir une idée précise sur
l’impact que pourrait avoir le déficit hydrique sur la production agricole. Pourtant ce

 
  
93 
 

département est le plus arrosé de la Région de l’Extrême-Nord, par rapport aux autres
départements de la Région.

80
Nombre de jours pluvieux

75

70

65

60

55
y = ‐0,7455x + 71,927
50
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 16 : Évolution du nombre de jours pluvieux


Il ressort de la figure 16 qu’à l’échelle annuelle, la tendance évolutive du nombre de jours
des pluies est en diminution sur les 11 années d’observation. Les résultats indiquent que la
moyenne annuelle du nombre de jours de pluies est de 67,45 jours. L’année 2014 est la plus
étalée, avec un total de 77 jours de pluies, tandis que l’année 2017 est la moins étalée, avec un
total de 57 jours. L’évolution annuelle de la pluviométrie démontre qu’il y a certes eu une bonne
répartition des pluies en 2014, mais les volumes étaient faibles. Par contre en 2017, les pluies
sont vraiment mal réparties. Elles ont eu un démarrage précoce ou « faux départ », avec des
fortes intensités mais à un moment donné, des poches de sécheresse ont été observées d’une à
plusieurs jours successifs sans pluies, d’où le « faux départ » pour les agriculteurs. « L’arrivée
tardive » des pluies dans les Monts Mandara, le démarrage de la saison des pluies s’étale sur 9
décades, marquées par la venue de la première pluie, mais les conditions pour la mise en place
des cultures ne sont réunies qu’un mois plus tard, à partir de la 2eme décade. Selon Chétima
(2018), les pluies se sont étalées du mois d’avril au mois de mai, et les premiers semis ont été
observés du mois de juin au mois de juillet. Cette sécheresse est ce que Whilhite & Glantz,
(1985), cité par l’OMM (2012), nomme la sécheresse agricole, à cause de ses conséquences sur
l’agriculture (Encadrés 1 et 2). L’auteur démontre que même si l’augmentation des pluies
totates annuelles va au-delà de 850 mm n’entrâine aucune amélioration de l’apport alimentaire
au contraire elle provoque une dégradation de la couverture des besoins des ménages en céreales
localement produits.

 
  
94 
 

Encadré 1: La pluviométrie et ses conséquences sur l’agriculture


Les pluies se sont installées au mois d’avril et les cultures ont été mises en place au
mois de mai. En Juin, une poche de sécheresse a été observée à la deuxième décade, ce qui
a perturbé la croissance normale des plantes. Les cultures à long cycle ont été également
impactées négativement pendant la période de maturation par la baisse de la pluviométrie.

Des acridiens et quelques sautereaux ont été notés sur la culture du mouskwari
comme chaque année de cycle de la campagne et en début de la nouvelle campagne agricole
sur les cultures pluviales. Les poches de sécheresse observées en début de saison pluvieuse
ont favorisé des dégâts dus aux chenilles défoliatrices.

Rapport annuel d’activité du DRADER-EN, 2014-2015, pp 11-12

Encadré 2: Bilan de la campagne agricole 2017 dans le Mayo-Tsanaga


La campagne agricole 2017 a connu un démarrage très timide au mois de mai. En
effet, les premières pluies sont arrivées dès le 10 avril, donc assez tôt et elles ont fait naître
beaucoup d’espoir au niveau des paysans, qui ont connu des difficultés à la fin de la
campagne précédente suite au départ brutal desdites pluies. Contrairement aux attentes, ces
pluies ont commencé à arriver avec intermittences et avec des poches de périodes sèches de
plus d’une semaine. Ce qui a entrainé, non seulement une mauvaise levée dans la plus grande
partie du département à savoir les Arrondissements de Mokolo, Koza, Mayo-Moskota,
Soulédé-Roua et Hina, mais certains paysans n’ont pas pu semer jusqu’en début du mois de
juillet. Ce qui a sûrement eu une conséquence indéniable sur les rendements et sur la qualité
même de certains produits.

Au-delà de cette mauvaise répartition des pluies dans le temps et même dans l’espace,
le département du Mayo-Tsanaga a connu une situation phytosanitaire assez grave avec
l’apparition des chenilles et autres grillons dans tous les arrondissements au mois de juin.

Rapports annuel d’activités du DDADR Mayo-Tsanaga, 2017, pp 5-6

En saison pluviale, l’agriculteur se met directement dans les travaux champêtres


(défriche, labour, semis, entretien, récolte…). Cette activité est appelée « cycle cultural ou

 
  
95 
 

agricole ». Elle est dépendante du cycle des saisons de pluies (Dupriez H. & De Leerner P.,
1983). La répartition inégale de la pluie se ressent au niveau de chaque arrondissement qui
essaye de s’adapter au rythme du climat, avec chacun une saison culturale qui lui est propre
(tableau 7).
Tableau 7 : Modélisation de la saison culturale dans le Mayo-Tsanaga par
arrondissement
Mokolo
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Mogodé
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Hina
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Mozogo
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018

 
  
96 
 

Koza
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018

Soulede roua
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Bourha
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Légende :
Saison sèche Saison culturale
Source : Rapports d’activités DDADER, DRADER-EN, 2013-2019

Il existe une grande disparité dans la répartition des pluies au niveau des arrondissements
du Mayo-Tsanaga. Le département dans son ensemble a environ 7 mois de saison de pluies. Le
sol est humide à cause de la présence de l’eau, donc favorable à la germination des semis. La
saison culturale s’étale du mois d’avril au mois d’octobre. C’est dans cette fourchette de temps
que les agriculteurs peuvent entreprendre les différentes phases des travaux champêtres.
La saison culturale à Mokolo depuis 2013 varie de 7 à 4 mois et de 7 à 2 mois à Koza.
C’est la même observation pour Mogodé. La moyenne pour l’ensemble des autres
arrondissements est de 4 mois. Ceci explique aussi la spécificité des cultures de chaque
arrondissement. Le cycle végétatif du sorgho par exemple dépend de ses besoins en eau. Au
moment du semis, la graine est sèche mais pour germer elle doit s’imbiber d’eau, et dès que la
tigelle et les racines sont formées, la jeune plante est sensible à la sécheresse et si les pluies
s’arrêtent, le flétrissement de la plante est possible, ce qui rend le travail agricole nul (Dupriez

 
  
97 
 

H. & De Leerner P., 1983). Les prévisions des rendements agricoles ne sont pas reluisantes
pour cette région. Et les questions telles que Quand semer ? Quoi semer ? Comment semer ?
Où semer ? se posent encore (Chetima, 2018). Le constat qui se dégage est que dans le Mayo-
Tsanaga, sous l’influence de ce climat, il ne peut y avoir qu’un cycle cultural de quelques mois
(juin, juillet, août, septembre en rapport avec la hauteur des pluies). C’est pour cela que les
agriculteurs procèdent parfois à l’irrigation, avec des cultures adaptés à ce climat. Tel
qu’observé, le climat du Lom-et-Djerem est tout le contraire de celui du Mayo-Tsanaga.

I-1-5-2- Un climat doux et humide

Appartenant au grand domaine climatique équatorial, le climat du Lom-et-Djerem est


chaud et humide. Il se caractérise par deux saisons sèches et deux saisons de pluies à durées
variables. La pluviométrie est de l’ordre de 1500 à 2000 mm (08 mois de pluie voire plus en
moyenne, voir tableau sur les variations saisonnières par arrondissement). 02 saisons sèches de
novembre à mars, de juin à août. 02 saisons de pluies de mars à juin et d’août à novembre. Le
Lom-et-Djerem a un régime pluviométrique bimodal (figure 17).

300,0

250,0
Pluviométrie (en mm)

200,0

150,0

100,0

50,0

0,0
Jan fev Mar Avr Mai Juin Juil Aou Sept Oct Nov Dec

Figure 17 : Régime pluviométrique bimodal


La majeure partie de l’année est humide. Le graphique présente 9 mois de pluie avec des
hauteurs de pluie de plus de 100 mm. Les mois d’avril, mai, juin, août, septembre et octobre
enregistrent des quantités de précipitations élevées de l’année, plus de 200 mm en septembre et
octobre. Sur le plan annuel, cette pluviométrie est discontinue et se présente en dents de scie
(figure 18).

 
  
98 
 

3,0
Indice pluviométrique 2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
‐0,5
‐1,0
‐1,5
‐2,0
‐2,5

Figure 18 : Indice pluviométrique du Lom-et-Djerem

Le Lom-et-Djerem a connu des années de déficits pluviométriques de 1980 à 2012, il a


eu 4 années (1982, 1996, 2000, 2002) modérément sèches et une année 1986 très sèche. Mais
tout le temps, ce département est normalement humide selon les indices de Palmer (-0,5 à 0,5).
Les années modérément humides sont 1985, 1998, 2006,2007 et les années très humides 1999
et 2009. Ce qui veut dire que le caractère de la sécheresse affecte moins cette zone comme
l’indique le nombre de jours de pluie (figure 19).

150
Nombre de jours pluvieux

140

130

120

110
y = 0,3118x + 119,06
100

90

Figure 19 : Nombre de jours de pluie

La figure 19 indique que le nombre de jours de pluie enregistrés entre 1980 et 2012 est
en permanente augmentation. Il pleut en moyenne sur 117 jours par an, avec un pic de 150 jours

 
  
99 
 

en 2017. L’année 2001 est la moins étalée, avec un total de 94 jours de pluies. Cependant cette
discontinuité de la pluviométrie s’est prolongée après 2012, selon les prévisions du PNACC
(2015) causant des torts aux différentes campagnes agricoles (encadrés 4 et 5).

Encadré 3 : Campagne agricole 2015-2016 dans le Lom-et-Djerem


Ce climat trouve son opportunité dans la mise en place de deux cycles agricoles dans le
département. Mais pour l’année 2015 en cours nous avons été marqués par une perturbation
climatique, criarde due à l’ambiguïté des semis, l’absence de pluie tout au long du 1er
semestre, la discontinuité des pluies. Ceci fait une compromission sur les rendements
escomptés des récoltes issues de cette campagne. Le calendrier agricole est pratiquement
perturbé.
Le début de l’année 2016 est marqué par le prolongement de la saison sèche bien
rude. Cependant, le retour des pluies est observé le 17 mars 2016 à 17 heures c’est la 1ère
pluie dans le Lom-et-Djerem. Bien que ce semestre ait reçu à temps les 1ères pluies, la
fréquence et la quantité d’eau tombée sont insuffisantes, il s’en est suivi d’un ensoleillement
sans pareille. Contrairement aux deux dernières campagnes, le mois de janvier et de février
ont été entièrement secs. Les pluies se sont installées dans la première décade de mars puis
ont connu des interruptions durant une bonne partie de la deuxième décade et même pendant
touts la troisième décade. Seuls les mois de juin à octobre ont relativement été bien arrosés
avec pratiquement en moyenne deux pluies utiles par décade. Les cultures mises en place au
cours de cette campagne agricole connaissent effectivement l’attaque des ennemis. Cette
année a été particulièrement difficile pour plusieurs cultures telles que : le cacao, le maïs, le
manioc, et autre cultures maraîchères à cause de l’invasion des chenilles défoliatrices qui
ont tout dévasté dans le Département. 30 à 40% de chacune des superficies concernée ont
été détruites.

Rapports annuelles d’activités DDADER Lom-et-Djerem, 2015-2016

 
  
100 
 

Encadré 4 : Campagne agricole 2017-2018 dans le Lom-et-Djerem


Mais pour le semestre en cours nous avons été marqués par une perturbation
climatique, criarde due à l’ambiguïté des semis, la discontinuité et la rareté des pluies.
Malgré le prolongement de la saison sèche durant tout ce troisième trimestre marquée par
l’absence quasi-totale des pluies du 2nd cycle de la campagne 2017, les spéculations sont
mises en valeur. L’exercice 2017 a été caractérisé par une perturbation majeure de la
pluviométrie, mal répartie dans l’ensemble. On note de très grandes irrégularités des pluies
durant cette 2ème campagne. La conséquence serait probablement négative car le calendrier
agricole n’est pas respecté comme de coutume. Ce semestre a été particulièrement
désastreux pour plusieurs cultures telles que : le cacao, le maïs, le manioc, et autres cultures
fruitières à cause de l’apparition des chenilles défoliatrices dans le Département.

La fin de l’année 2017 est marquée par le prolongement de la saison sèche bien rude.
Cependant, la fréquence et la quantité d’eau tombée sont insuffisantes et très mal reparties,
il s’en est suivi de grands temps d’ensoleillement très rude contrairement dans les années
antérieurs. Les cultures mises en place au cours de cette année connaissent effectivement
l’attaque des ennemis

Rapports annuels d’activités du DDADER Lom-et-Djerem, 2017-2018

Ce climat pourtant très propice à la culture d’une gamme variée des produits alimentaires
(arachide, maïs, manioc, légumes, etc.) tout au long de l’année (tableau 8), est très perturbée
ces dernières années (DDADER, 2017).

 
  
101 
 

Tableau 8 : Variation de la pluviométrie et saison culturale dans le Lom-et-Djerem


Arr An/ M J F M A M J J A S O N D
Bertoua1er Pluviomètre disponible mais pas installée
2016 Pluviomètre disponible depuis juin 2017
Bertoua 2e 2017 Pluviomètre installé
2018
2016 Pluviomètre disponible depuis juin 2017
Mandjou 2017 Pluviomètre installée
2018
2016
Garoua- 2017 Pas de relevés pluviométriques
boulaï 2018 Pas de relevés pluviométriques
2016
Betare-oya 2017
2018
2016
Belabo 2017
2018
Ngoura Pluviomètre disponible mais pas installée
Diang Pluviomètre disponible depuis juin 2017
Légende :
Saison sèche Saison culturale
Source : Rapports d’activités DDADER, 2014-2018

Le tableau ci-dessus permet d’avoir un aperçu de la saison culturale dans le département


du Lom-et-Djerem. Quel que soit l’arrondissement, l’agriculture peut se faire tout au long de
l’année. Cette pluviométrie permet au moins deux récoltes au cours de l’année. Ce qui est un
avantage non négligeable pour une bonne production agricole. La discontinuité des pluies s’est
fait ressentir au cours des années 2016, 2017 et 2018. En 2018, les pluies démarrent en début
du mois de février à Belabo et s’achèvent à la fin du mois de novembre (soit 10 mois de saison
des pluies), ce qui n’est pas le cas pour les années 2016 et 2017 qui totalisent 09 mois de saison
de pluie chacune, donc un mois de pluie en moins.
La localité de Betaré-Oya enregistre 10 mois de pluie en 2016, 09 mois en 2017 et 08
mois de pluie en 2018. Cette irrégularité des pluies pourrait avoir des conséquences sur la
production locale. Les relevés indiquent que la saison culturale s’étend sur près de 09 à 10 mois
dans le département du Lom-et-Djerem. L’activité agricole débute peu avant le retour des pluies
et se déroule par rapport au cycle de la pluie, c’est-à-dire en lien avec l’intensité des pluies et
la diminution des quantités de précipitations qui tombent dans la localité (Dupriez H. & De
Lerneer P., 1983).

 
  
102 
 

L’environnement physique ainsi que le profil agroécologique des départements ainsi


identifiés, déterminent voire conditionnent non seulement les choix des techniques mises en
œuvre par les agriculteurs pour pouvoir tirer l’essentiel de leur alimentation mais aussi a un
impact certain sur la production. Le rendement d’une culture résulte d’un processus complexe,
qui se déroule dans le temps, d’interactions qui s’établissent entre un peuplement végétal et un
milieu (sol, climat) sous l’action des techniques (CRD, 1987). Faire une analyse des différentes
ZAE a aidé à ressortir les potentialités de production. Les données suivantes vont permettre de
voir la quantité de nourriture produite localement disponible immédiatement et à long terme et
faire une estimation de la demande (rapport offre et demande).

I-2- SYSTÈMES DE PRODUCTION ET DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES

Les éléments physiques et la nature des politiques spécifiques de production ont un effet
certain sur la situation alimentaire. La compréhension de la situation passe par le diagnostic des
informations essentielles. Il peut s’agir des systèmes de production (échelle et unités de
production), l’estimation des denrées de première nécessité produites localement, les
fluctuations au cours d’une saison de la disponibilité alimentaire, l’approvisionnement en
intrants et semences, l’encadrement de la part des pouvoirs publics et la lutte contre les ennemis
des produits de l’agriculture.

I-2-1- Les systèmes de production et les pratiques culturales sur les Monts Mandara

 Les techniques culturales

Ce sont les manières concrètes d’agir des agriculteurs. Tributaires de l’exploitation


agricole, elles sont personnalisées, indexées à un système de production particulier. Elles
peuvent dépendre des conditions du milieu et des moyens techniques dont dispose le paysan ou
de l’histoire de la société (Teissier J.H., 1979). Les paysages de fer des Monts Mandara sont
remarquables par leurs cordons pierreux sur les pentes et la pratique de la traction animale dans
les plaines.

Pour pallier l’insuffisance des terres cultivables et la dureté du climat, les agriculteurs ont
développé un système de valorisation des terres très ingénieux, la culture en terrasses (voir
planche). Il consiste à ranger les cailloux pour former une espèce d’escalier et ainsi lutter contre
l’érosion pour pouvoir y cultiver (planche 4). « Malgré l’altitude absolue tout à fait moyenne
des montagnes, leur mise en culture permanente nécessite une maîtrise de l’espace par le biais

 
  
103 
 

d’un contrôle de la pente et de l’érosion. L’efficacité de la technique d‘aménagement des pentes


en terrasses est reconnue pour enrayer l’érosion sur des montagnes qui subissent des pluies
brèves mais violentes. À une stabilisation réussie des sols, épaissis par un remblayage manuel,
il convient d’ajouter l’infiltration forcée des eaux sur place. Les sols fragiles de montagne sont
légers et, même encombrés de cailloux, se révèlent relativement faciles à pénétrer et à ameublir
à la houe. N’est-ce pas un facteur agronomique décisif pour la fixation d’anciennes
civilisations agraires ? L’épierrage des sols à la main allait de pair avec l’édification des murs
de soutènement des terrasses. Les sols friables développés sur arènes, entre les rochers,
conviennent à un travail à la houe, minutieux mais relativement peu pénible. Cependant, l’usure
rapide des outils nécessite la disposition du fer travaillé par des forgerons » Jean Boutrais
(1985).

 
  
104 
 

Planche 4 : Techniques culturales sur les Monts Mandara

A
B

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 9 : Cordon pierreux à Rhumsiki Photo 10 : Cordon pierreux à Mokola

D
C

Njiembokue, Août 2018 Njiembokue, mars 2019


Photo 11 : Champ en plaine à Bao Tassaï Photo 12 : Champ irrigué à Mokola

Njiembokue, Août 2018


Photo 13 : Paysage cultural des pentes

Les agriculteurs procèdent à l’alignement des pierres pour créer des espaces pouvant accueillir des
plantes. (A) les pierres sont rangées en ligne de telle sorte à créer des escaliers, en (B) les pierres sont
rangées en rond, ces murettes de pierres déblaient et délimitent l’espace disponible pour les cultures
tels des petits ilôts. C’est une pratique propre dans les zones de montagne car le sol est très rocailleux
et s’érode facilement. C’est une technique de préparation des sols difficile de tâche mais nécessaire
pour la survie d’un ménage. Par contre dans les plaines où le sol est plat, les agriculteurs font recours
aux ânes ou aux bœufs pour le labour et les buttes sont ainsi tracées et semées (C) soit à l’agriculture
irriguée (D), dans les bas-fonds ou à proximité des rivières. Ils font une dérivation d’eau qui va circuler
entre les sillons et ainsi maintenir les cultures à flot. Ceci se fait surtout pour les cultures maraîchères.
Pendant les périodes des cultures, le moindre espace ne reste vacant. Les graines sont semées entre les
blocs de pierres (E) pour un rendement maximal.

De concert avec les enquêtés et à l’aide du calendrier saisonnier (tableau 9), les
principales activités qui occupent les agriculteurs au cours d’une année ont été ressorti.
L’objectif de cette étape est d’identifier les périodes des pratiques susceptibles de limiter ou

 
  
105 
 

d’influencer les disponibilités alimentaires au sein du ménage pendant le cycle des activités
agricoles (désherbage, semis, récolte), la périodicité des maladies, de la fluctuation des prix des
denrées sur les marchés et des activités génératrices de revenu. Mais aussi des années
particulières qui ont aussi eu un impact certain dans le quotidien des ménages.

Tableau 9 : Calendrier saisonnier des pratiques agricoles


Mois Jan Fév Ma Av Ma Ju Juil Ao Sept Oct Nov Déc
Activités
Pluie + + + +
Saison sèche + + + + + + + +
désherbage + +
Labour + + +
semis + +
Récolte + + + + +
Prix des + + + + + + ++ ++ +++ + ++ ++
denrées sur le + +
marché
Réserves + + + + + + ++ ++
alimentaires ++ ++
des + +
ménages/pério
de de soudure
Maladie ++ ++
++ +
AGR + + + + + + + ++ +++ + + +
++ +
Source : groupe de travail, village Zamay, août 2018 ++ par ordre d’importance

Évènements marquants :

4 mois de pluie (mai, juin, juillet, août) et 08 mois de saison sèche

La phase de préparation du champ se fait généralement au mois de mars-avril, juillet, août, sept
et les semis selon la clémence du climat se fera au mois de mai et juin. On aura deux phases de
récolte la première au mois de janvier-février et la seconde au mois de novembre-décembre. Au
cours du défrichage, les arbres comme le jujubier ne sont pas coupés parce qu’ils constituent
un excellent fertilisant. Les agriculteurs le font avec le feu (les levés des feux pré culturaux
supérieurs à 65%, Projet Sahel vert, 2018) ou les herbicides. L’agriculture y est encore
rudimentaire.

Les réserves des céréales sont disponibles en quantités surtout après les récoltes (Septembre,
octobre, novembre et décembre) selon les types de culture. Elles s’amenuisent dès le début de
la saison sèche (Janvier, février, mars, avril) et pendant la période des semis (mai, juillet) car la
plupart des ménages puisent les semences dans les greniers. Les greniers des ménages se vident

 
  
106 
 

complètement au mois de juillet-août, période de « haute soudure » où la situation alimentaire


des ménages est très précaire. C’est également pendant ces mois que les denrées sont très chères
sur les marchés pourtant stables au début de l’année.

Les maladies récurrentes sont le paludisme à cause de l’abondance des moustiques surtout au
mois de juillet- août, la diarrhée, la méningite pendant la saison sèche. Et le rhume y sévit aussi.

Année 2011 : il y a eu une épidémie de choléra

Année 2014 : elle marque l’arrivée des vagues de déplacés et l’installation des réfugiés

Conséquences : augmentation des prix des denrées, prolifération des maladies contagieuses
(gale, pian). Ces maladies saisonnières également contribuent à réduire le déploiement véritable
des ménages dans les pratiques agricoles, rendent inactifs les agriculteurs d’où le risque de ne
pas assurer leurs réserves alimentaires et ainsi exposer le ménage à l’insécurité alimentaire.

 Les systèmes de cultures

En milieu sahélien, la longue saison sèche complique les choses rendant la moitié de
l’année improductive. À la grande flexibilité dont fait preuve les systèmes agronomiques des
populations des Monts Mandara centraux face à l’agression du milieu, les Mafa ont optés (ou
maintenus) pour une organisation plus rigide qui limite à leurs yeux un maximum de risques.
Les agrosystèmes des massifs Mafa reposent sur une rotation biennale opérant sur l’alternance
petits mils/sorghos ou l’association niébé/arachides, maïs/arachides. Ces cultures maîtresses
sont accompagnées de productions secondaires, généralement regroupées l’année des petits
mils, où l’on force sur les niébés et l’oseille de Guinée. L’année des petits mils est moins
valorisée, car ses rendements sont médiocres pour capitaliser les grains. Elle est toutefois plus
sûre par rapport à celle du sorgho, qui reste une année à risque où on fait le pari d’engranger un
surplus de grains. L’année petit mil/niébé enrayerait une perte de fertilité et un ensemble de
maladies du sorgho, neutralisant le Striga... Cette rotation biennale, voire triennale (White,
1941) chez les groupes voisins peut être partiellement comprise comme une parade à la famine
pour des communautés privées de zones de cueillette. La culture à grande échelle du niébé peut
imposer un système de rotation complexe et contraignant comme c’est le cas dans le nord des
monts Mandara (Pasquet et Fotso, 1994).

 
  
107 
 

 Le système foncier

La terre dans les montagnes appartenait aux premiers occupants, qui les mettaient en
valeur et pouvaient en disposer selon leurs besoins. De nos jours, avec la pression
démographique, le système foncier dans le Mayo-Tsanaga est partagé entre le système moderne
et le droit coutumier. Ces autorités administratives et traditionnelles interviennent souvent lors
de la gestion des litiges fonciers. La terre privilégiée pour les cultures est obtenue via le don,
l’achat, le défrichement pionnier, la location ou l’héritage de père en fils (la fille n’hérite pas
de la terre). La transaction se fait devant les témoins ou le chef du village ou du canton, sa
valeur est selon sa fertilité et difficile d’immatriculer un terrain. Ces pratiques culturales ont
quelques similitudes chez les ménages du Lom-et-Djerem surtout concernant le système
foncier.

I-2-2- Le système de production Chez les Bantous du Lom-et-Djerem

 Les techniques culturales

Au mois d’octobre-novembre, en zone de pleine forêt commence la préparation du


champ. L’agriculteur prend le temps d’observer le paysage de la forêt, histoire de voir la zone
la plus accessible selon ses moyens pour la création du champ. Ensuite, il fait une ceinture
appelée layon (des tracés) où il devra se positionner pour travailler et en fonction de sa force
physique, il peut déblayer 50 cm voire 1 ha de superficie à cultiver. C’est ce que Sebillotte M.
(1978) appelle « l’itinéraire technique ». Le défrichage se fait à la machette surtout au mois de
novembre. En décembre, l’agriculteur abat les petits arbres, l’objectif étant de créer une
clairière. En janvier, il abat les gros arbres à l’aide d’une tronçonneuse et il peut en laisser
quelques-uns à cause de leur grosseur ou de leur rôle (l’ombre qu’ils vont procurer aux plantes).

La fin du mois de février, le défrichement se fait par le feu et dès les premières pluies au
mois de mars, on fait des trouaison pour y planter le bananier plantain. On n’a pas besoin de
retourner le sol car il est naturellement riche en humus. Par contre, dans la partie de la savane
où les terres sont laissées en jachère pour 5 ans, le défrichement se fait par le feu au mois de
février et commence les semis au mois de mars après le ramollissement du sol par les pluies.
Par-là se dessine les activités (tableau 10) qui occupent les populations rurales et a une influence
sur la disponibilité alimentaire des ménages.

 
  
108 
 

Tableau 10 : Calendrier saisonnier en zone de forêt-savane


Mois Jan Fév Ma Av Ma Ju Juil Ao Sept Oct Nov Déc
Activités
Pluie +++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ +++
Saison sèche + + + + + + + +
désherbage
semis +++ +++
Récolte + + + + + + + + +++ + + +
Prix des denrées ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ ++
sur le marché +
Réserves + + + + + + + + + + + +
alimentaires des
ménages/soudure
Maladie +++ +++
+ +
AGR + + + + + + + + + + + +
Source : focus group, village Woumbou septembre, 2018 ++ par ordre d’importance

Évènements marquants :

‐ 2 saisons de pluies : mi-mars à mi-juin et mi-août à mi-novembre


‐ 2 saisons sèches : mi- novembre à mi-mars et mi-juin à mi- août.

L’agriculture sur brûlis mais une activité qui vient après l’orpaillage activité principale pour la
majeure partie des ménages ruraux du côté Nord-Est et Sud du département. La période des
semis (mars-avril début des pluies) ;

Les prix des denrées sur le marché sont élevés toute l’année

La récolte du manioc se fait toute l’année, c’est la culture principale et un champ garde-manger.
Le manioc amer qui y est cultivé a un cycle cultural long (6 mois) ; il est conservé dans le sol
et n’est déterré que lorsquil faut le vendre ou le consommer. La majorité des ménages sont figés
dans leur alimentation, pas d’alternatif au couscous de manioc. Les ménages vivent la soudure
pendant la période des semis (mars-avril), période de renouvellement possibles des boutures de
manioc dans les champs, de semis de maïs car la semence provient des réserves alimentaires.
C’est cette période où les ménages qui pratiquent l’agriculture sont susceptibles de manquer de
réserves, ce qui n’est pas le cas des ménages qui ne pratiquent pas l’agriculture et achètent pour
se nourrir.

 
  
109 
 

Les périodes des maladies sont surtout les mois de novembre et décembre (paludisme,
pneumonie, maladie respiratoires et hydriques). Elles contribuent à affaiblir aussi la main
d’œuvre tant agricole que minière et exposent les ménages à l’insécurité alimentaire.

 Les systèmes de cultures

On note de nombreuses associations sur les parcelles. Cacao/banane-plantain, maïs-


manioc, macabo/pistache…Lorsque les trouaisons sont faites pour planter la banane-plantain
(écart de 3 m entre les pieds), le cultivateur met également les plants de cacao. En mai-
septembre, sur la même parcelle, on y ajoute le macabo, le pistache (qui est une plante ligneuse
donc après sa floraison va libérer le sol pour s’attacher aux arbres et laisser les tubercules se
développer). La récolte du macabo se fait au bout de 2 ans, le pistache au bout de 06 mois
environ et le bananier-plantain 1an et demi. Sur la parcelle en jachère réhabilitée par le feu, le
cultivateur y cultive le maïs et le manioc (les buttes sont faites 1 m à gauche et 1m à droite pour
les tiges de manioc (Planche 5). La récolte du maïs se fait au bout de 3 mois et celle du manioc
se fait au long de l’année (6 mois, 1an, 1 an et demi selon la variété pour sa maturité). Le champ
pour le manioc est un véritable grenier. Ces cultures sont faites sans utilisation des engrais car
les sols sont très fertiles. Les engrais sont surtout utilisés pour les cultures comme la pomme de
terre pour une production double.

Planche 5 : Pratiques culturales dans le Lom-et-Djerem

B
A D

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, septembre 2018


Photo 14 : Association de culture sur une Photo 15 : Igname produit à Garoua-
parcelle boulaï
Sur une même parcelle ; on note les plants de manioc (A), du bananier-plantain (B), de macabo, de la
canne à sucre, des légumes-feuilles et du maïs. À cause de la fertilité du sol, les produits récoltés sont
de bonnes qualités (D) et la taille d’un tubercule d’igname peut atteindre 5 à 10 mètre de long. Pendant
que parmi ces produits, les ménages donnent une préférence pour la consommation d’une seule denrée,
l’ensemble de ces produits agricoles est très prisé par les allogènes qui achètent pour expédier à leurs
familles dans d’autres régions.

 
  
110 
 

 Le système foncier

La terre s’obtient par héritage, achat (surtout pour faire les grandes plantations). Dans
cette zone de forêt, forêt-savane, l’immatriculation des terres est très difficile car le droit des
premiers occupants est reconnu mais le droit de la souveraineté de l’État aussi. La majorité des
ménages ne possède pas de titre foncier pour les terres exploitées tant pour l’habitat que pour
la valorisation agricole ce qui met les populations rurales dans une insécurité foncière. Les
allogènes installés achètent les terres de gré à gré et la transaction peut se faire auprès des
autorités traditionnelles. Toute cette énergie, ce déploiement de la part des agriculteurs des
Monts Mandara et du Soleil levant est cependant entravée par de nombreuses contraintes qui
créent des déficits de production et même au niveau de la consommation du ménage.

I-2-3- Les contraintes de la production alimentaire

En dehors des conditions physiques, naturelles évoquées, la production alimentaire subit


d’autres contraintes qui réduisent la disponibilité alimentaire des ménages et les rend
vulnérables à l’insécurité alimentaire.

 Les ennemis des cultures

La bonne germination et la bonne floraison des plantes courent des risques d’attaques des
maladies (tableau 11) et des insectes de toutes natures. Par leurs actions, les champs subissent
des vastes dévastations.

Tableau 11 : Pression parasitaire et les maladies des plantes


Cultures Symptômes ou anomalies
-Jaunissement précoce des feuilles / Feuilles recroquevillées
Manioc
-Taches blanchâtres sur les feuilles / Pourriture des tubercules

-Attaque des termites / Attaques d’insectes/charançons


Maïs
-Attaque des rongeurs / Attaques des borers en champ

-Renversement des tiges par les vents


Bananier plantain
-Présence des nématodes et scolytes dans les racines
Igname -Jaunissement précoce des feuilles / Pourriture des tubercules
-Pourriture des cabosses
Cacaoyer
-Dessèchement des plants en pépinière / Capside
-Attaque des baies et branches par les scolytes
Café robusta
Cacao, maïs manioc, -Attaques des chenilles défoliatrices (près de 30 à 40 % des superficies de
cultures maraîchères chacune détruite.
Piment -Pourriture du piment en champ/ chute précoce des fruits
Source : DDADER Lom-et-Djerem, enquêtes de terrain 2018

 
  
111 
 

Dans le Lom-et-Djerem, pour la préparation du sol, les agriculteurs utilisent des


herbicides chimiques pour désherber en plus du feu. Ce qui contribue à appauvrir
progressivement les sols et les rend improductifs à la longue. Après la mise en place des
cultures, les maladies suscitées attaquent à leur tour les plantes et font chuter le taux de
rendement par culture. Les rats et autres rongeurs, les insectes (charançons, termites) détruisent
les stocks des récoltes or c’est dans ces réserves que la majorité des ménages prélève les
semences pour la prochaine campagne. La phase de traitement, de fumigation ou de dératisation
se fait toujours à l’aide des produits chimiques comme les fongicides « kalao », les insecticides
« ONEX SUPER ». Ce qui soulève la question de son impact sur ces produits de consommation
populaire. Les toxines naturelles comme les mycotoxines sont une menace suffisante et
contaminent une grande variété des denrées destinées à la consommation humaine et animale
(AIEA/FAO, 2017). Combien de fois les toxines chimiques provenant de l’utilisation abusive
des insecticides chimiques par les agriculteurs pour palier au lessivage des sols. Ce qui pose
une fois de plus la question sur la qualité et la sécurité sanitaire des aliments consommés.
D’autres contraintes sont évoquées dans les rapports d’activités du DDADER (encadré 5).

Encadré 5 : Les contraintes de l’agriculture dans le Lom-et-Djerem


Au nombre des difficultés rencontrées :
.L’insuffisance du personnel, situation préoccupante avec les départs imminents de plusieurs
cadres à la retraite
.L’insuffisance des infrastructures d’accueil : certaines DAADER, les postes agricoles…
.L’absence des rapports ainsi que le manque de collaboration entre la DDADER et les diffèrent
projet/programme du MINADER ici présent dans le Département
.L’absence du crédit de fonctionnement pour le Projet Bas-Fonds
.L’impraticabilité des pistes de collecte agricole
.L’absence totale du kit climatique notamment du pluviomètre au niveau des DAADER
.Les conflits agropastoraux de plus en plus nombreux avec l’arrivée des refugiés de la RCA
.L’insécurité dans la zone frontalière avec la RCA
.L’indisponibilité de tracteurs facilitant le labour en cette période où nous voulons projeter dans
la pratique de l’agriculture de seconde génération
.L’insuffisance voire le manque de matériel végétal amélioré
.Le manque de matériels de démonstration (sécateurs, pulvérisateurs, etc…)
.L’installation des sociétés minières et/ou de pêches dans certains arrondissements prennent de
l’ascendance sur l’activité agricole
.Les encadreurs à la base ne disposent pas de moyens de locomotion et manquent aussi du
carburant pour effectuer les visites régulières sur les sites de productions.
.Le labour est l’activité qui a le plus été difficile à réaliser et a amené les agriculteurs à se
retirer de la pratique de la culture du riz.
.L’insuffisance des appuis des organisations des producteurs
Au vu des difficultés rencontrées, beaucoup reste à faire dans le Lom-et-Djerem pour que la
relance de l’agriculture redevienne une réalité dans le Département.
Rapports annuels d’activités DDADER Lom-et-Djerem, 2014-2018

 
  
112 
 

Dans le cadre de la production animale, l’élevage de subsistance pratiqué est également soumis
aux contraintes diverses. Les épizooties (tableau 12) sont courantes dans cette zone.

Tableau 12 : Affections animales courantes


Spéculations Affections récurrentes
Bovins Abcès/boiterie/bronchites/castrations/clavelée
Porcins Coccidiose aviaire/ constipation/ diarrhée
Ovins Dystocie/ ectoparasitoses/eczéma
Caprins Emphysème pulmonaire/ endoparasitoses
Fièvre aphteuse/ fractures/ gale
Mammites/mastite/orchite/piétin/ piroplasmose
Plaies/ pneumonies/PPR/stress/traumatisme
Trypanosome/tuberculose
Source : Entretien avec le Délégué du DDEPIA Lom-et-Djerem, avril 2019

À part ces affections, l’élevage dans le Lom-et-Djerem souffre du manque de pâturage,


en majorité envahi par les « bokassas » ou Chromolaena odorata, de l’arrivée massif des
éleveurs centrafricains sur le territoire et la partie ennoyée du barrage de Lom Pangar a réduit
considérablement les fourrages pour les animaux. Les grands trous à l’abandon et la pollution
des eaux (cyanure, plomb) dans les zones aurifères sont à l’origine des accidents et de
l’intoxication des animaux. Face à la zoonose qui sévit, les services d’encadrement sont souvent
démunis à cause de l’insuffisance des soins apportés aux animaux. En 2018, la couverture
sanitaire du cheptel bovin n’a pas été effective à cause de l’approvisionnement tardif en vaccin
(le périvax et le nodulovax) par le LANAVET. Seuls 05 arrondissements sur 08 ont pu vacciner
leur cheptel bovin. Il s’agit de Ngoura qui a reçu 8000 doses de vaccins, Mandjou 1471 doses ;
Belabo 900 doses, Betare-oya 2570 doses et Diang 300 doses de vaccins (DDEPIA, 2018). Il
est à préciser que le LANAVET situé à Garoua, dans le Nord du Cameroun est le centre chargé
de la production et la commercialisation des vaccins vétérinaires, c’est l’unique centre qui
couvre tout le triangle national. L’office pharmaceutique vétérinaire (OPV) du Cameroun a été
fermé dans les années 1990, suite aux dettes contractées à l’extérieur (240 millions
précisément). Il était chargé d’importer, de distribuer les produits vétérinaires (Njayou Ngapana
A., 2007). Or le secteur vétérinaire est un des garants de la stabilité, de la qualité de la chaîne
alimentaire allant de la ferme à l’assiette du consommateur (Pascal Bonnet et al, 2011).

Par contre le Mayo-Tsanaga est une terre de légendes de destructions des cultures par les
insectivores. Les travaux de Seignobos C. et al, (1996) évoquent une famine en pays Mofu en
1925 provoquée par le ravage des champs de mil par le grillon « modey mekeri » ou « grillon
à grosse tête ». En 1986, dans la localité, une invasion massive des chenilles spodoptera

 
  
113 
 

exempta. Les insectes y ont été particulièrement ravageurs des cultures et des stocks dans les
silos. L’Extrême-Nord en général est une région avec une forte présence des parasitoïdes
(Ngamo Tinkeu L.S. et al., 2016), les ennemis naturels des cultures et des céréales (tableau 13).

Tableau 13 : Situation acridienne


Cultures Acridiens destructeurs
Sorgho SP Chenilles/mouches blanches
maraîchers Chenilles défoliatrices
Niébé/maïs Pucerons/coléoptères/chenilles
Citrons/mangues Mille-pattes/chenilles/borers
Arachides Mille-pattes/chenilles
Source : DDADR Mayo-Tsanaga, enquêtes de terrain 2018

Les chenilles défoliatrices, les sautereaux sont de farouches ennemis des cultures dans les
montagnes. Ils sont de plusieurs espèces (Zonecerus.v, Oeudaleus senegaleensis, Zonocerus,
variegatus, Acrotylus sp). En 2013, en une campagne, ils ont infesté près de 4 071,5 ha de
céréales sur l’ensemble du département et 1 016,25 traités soit une perte de 3 055,25 hectaces
de cultures; en 2016, 1 096 ha infestés et 22 traités soit un gap de 1 074 hectares; 2017, 8 158
ha infestés et 650 ha traités soit 7 508 hectares de cultures détruites. En 2018, c’est 7 139 ha de
cultures anéantis et seul 70 ha ont pu être traité à cause de l’insuffisance des insecticides
« Diamond Fast 10 SC » mises à disposition de la brigade phytosanitaire (DDADR, 2018).
Parfois, les agriculteurs sont obligés de refaire les semis.

Dans cette zone particulièrement, les agriculteurs font un recours massif aux intrants
agricoles, engrais à cause de la rigueur du climat et du sol. Or les intrants agricoles sont rares
et présents très chers pour un agriculteur moyen. Pour les semences, l’exploitant agricole
prélève sur la dernière récolte donc aussi très rares sur le marché de proximité. Les produits
phytosanitaires pour le traitement des champs et autres viennent pour la plupart des pays
frontaliers et échappent au contrôle de la brigade phytosanitaire qui ne garantit pas leurs
qualités. Pour espérer s’en sortir, les agriculteurs regroupés en GIC ont recours au crédit auprès
des fournisseurs locaux : 19 800 F CFA-22 000 F CFA pour le sac de 50 kg de NPKSB. 17 800
F CFA-20 000 F CFA pour le sac de 50 kg d’urée (46% N), 1 100 F CFA -1 500 F CFA pour
un sachet de 1kg de sulfate de zinc. Le remboursement peut se faire après la vente des produits
de la récolte soit en argent soit en nature (un certain nombre de sac de céréale) surtout applicable
à un agriculteur seul. Les contraintes à l’agriculture du Mayo-Tsanaga sont nombreuses
(encadré 6) et relevées dans les rapports annuels d’activités du DDADR.

 
  
114 
 

Encadré 6 : Les contraintes de l’agriculture dans le Mayo-Tsanaga


Les difficultés sont :
.Les personnels non qualifiés nommés aux postes de responsabilité dans les postes agricoles ne
donnent pas un rendement satisfaisant en raison de manque de volonté pour certains et
l'insuffisance du niveau pour d'autres.
.La difficulté dans l’obtention des informations et en plus des informations fiables à la base.
.La baisse de l'utilisation des engrais en raison de la mévente du soja due au phénomène de
BOKO HARAM qui sévit au Nigeria
.le manque de financement des petites exploitations agricoles.
.L’insuffisance en personnel ne permet pas de couvrir véritablement toutes les zones agricoles et
par conséquent de répondre avec efficacité aux besoins des producteurs.
.La problématique d’accès et d’usage des intrants agricoles (semences, engrais, pesticides et
outils etc.)
.Les pesticides ou engrais sont chers et de mauvaises qualités
.Les caprices pluviométriques
.L’insécurité au niveau des zones frontalières/abandon des champs
.Le manque d’esprit communautaire pour un développement participatif
.Le retard de financement des microprojets des paysans
.Les prêts effectués aux populations par les GIC ne sont pas tous restitués ou remboursés.
.L’attaque des denrées par les fourmis et les rongeurs /Stock de pesticide insuffisant.
.L’absence d’une franche collaboration entre certains programmes et projets sous tutelles et les
services déconcentrés d’accompagnement du MINADER
.L’éloignement des producteurs avec les agents de police phytosanitaire, indisponibilité,
inexistence de certains chefs de bureau
.Les motos et véhicules de service d’intervention vieillissant et en mauvais état.
.L’enclavement des bassins de production bilan général cache des zones vulnérables à
l’insécurité alimentaire. Il est aussi important de signaler le risque majeur de déperdition de la
production destinée à la consommation locale dans la fabrication de la bière locale qui absorbe
plus de 25% de la production du sorgho (SP et SS).
.Tous les producteurs utilisent les engrais et les produits phytosanitaires. Le respect de la dose et
du délai de traitement est une préoccupation majeure. L’utilisation des mêmes matières actives
est continue, ainsi, on constate que les ennemis de cultures développent de plus en plus la
résistance. Des efforts substantiels doivent être fournis pour le calcul de la dose à apporter à un
sol pour couvrir les besoins optimaux des cultures
Il est à noter que la Région de l’Extrême Nord fait face à un défi de sécurité alimentaire difficile
à relever.
Rapports annuels d’activités DDADR Mayo-Tsanaga, DRADER-EN, 2013-2019

Un autre cas de figure est celui des conflits agropastoraux, très courants dans la zone car
zone de production animale et de transit. Le problème porté à l’attention des autorités
traditionnelles ou administratives est souvent réglé par une entente entre les parties où l’éleveur
est sommé de régler la note au grand dam de l’agriculteur ayant perdu le fruit du dur labeur.
En ce qui concerne la production animale. Sa première difficulté est le manque de pâturage
pour les bêtes ce qui favorise l’élevage transhumant ou la claustration synonyme de l’élevage
hors sol qui se pratique dans les pays occidentaux. Et même, les pistes de transhumance sont

 
  
115 
 

réduites et pas tracées à cause de la pression démographique et de la priorité à l’exploitation


agricole. Pendant la saison de pluie, les mayos sont débordées et les herbes sont abondantes,
les bêtes s’abreuvent et se nourrissent convenablement. Or pendant la saison sèche, les mayos
ont tari, l’herbe se fait rare, les bêtes sont nourries avec les tiges de mil, les tourteaux
d’arachides, les résidus des champs et s’abreuvent à la même source que les humains. Ces bêtes
sont sujettes à de nombreuses maladies également (tableau 14).
Tableau 14 : Maladies des bêtes
Spéculations Maladies
Charbons/ maladie nodulaire/Trypanosomose/ distomatose
Bovins Ectoparasitose/ gastro entérite/ Endoparasitose/dermatophylose
piroplasmose
Caprins Gastro entérite/ affection respiratoire/ Parasitose interne
Ovins Diarrhée/ peste des petits ruminants
porcins Cysticercose/ grippe porcine
Source : DREPIA-EN, enquêtes de terrain 2018
Les services compétentes font face au refus de certains éleveurs à faire vacciner leurs
bêtes pourtant les campagnes sont obligatoires, au manque de volonté d’associativité, les
éleveurs préfèrent l’individualité. Et à cause de la porosité des frontières, ces éleveurs traversent
de nuit les frontières avec les troupeaux pour éviter les contrôles par les agents vétérinaires. Ce
qui a pour résultat la persistance des maladies contagieuses, la perte des bêtes et la mise en
danger de la vie des consommateurs car les bêtes sont abattus également hors contrôle des
services agréés. La mouche tsé-tsé qui est à l’origine de la trypanosomiase, tue environ 3
millions de bêtes chaque année, coûtant au secteur agricole de l’Afrique subsaharienne 4,75
milliards de dollars (AIEA/FAO, 20007). Les grands marchés du bétail ont été fermés à cause
de l’insécurité.
La production agricole dans les deux départements fait face à de nombreuses
contraintes. Face à la destruction des cultures par les parasites, le traitement chimique hors de
leur portée et même insuffisant dans les services compétents, les paysans sont impuissants. Le
fait d’utiliser les semences prélevées de la dernière récolte pour la nouvelle campagne, favorise
le cycle de reproduction des insectes ravageurs car ces semences sont des nids des larves,
difficile à éradiquer si on les cultive nous-même.
Le secteur de l’élevage intervient dans la sécurité alimentaire à plusieurs niveaux :
 Garde-manger, source de protéines animales
 Source de revenu dans la mesure où à tout moment on peut vendre un animal pour
résoudre un problème ponctuel (alimentation, santé, éducation…) au sein de la famille

 
  
116 
 

 Moyen de subsistance car certains ménages ne font que cette activité, ce sont des
éleveurs. Ce problème s’est posé au sein des réfugiés centrafricains à l’Est du Cameroun ;
nombreux étaient des éleveurs, or il fallait une reconversion vers d’autres secteurs d’activités
pour survivre.
 D’un point de vue culturel aussi, l’élevage ou la possession des bêtes augmente le
prestige social ; les rites coutumiers, la consommation populaire lors des fêtes (funérailles,
mariage…).
 Au niveau de l’État, l’élevage est une source d’importante d’investissement et de
recettes. En 2018, ce secteur dans le département du Lom-et-Djerem a rapporté un montant de
11 435 950 millions de F CFA (Onze millions quatre cent trente-cinq mille neuf cent cinquante
franc CFA). Dans le Mayo-Tsanaga, la vente des bovins a généré une somme de 38 20 5000
millions de F CFA (trente-huit millions deux cent cinq mille franc FCFA) et du cheptel ovin la
somme de 178 332 000 F CFA (Cent soixante-dix-huit millions trois trente-deux mille franc F
CFA) soit le prix moyen d’un mouton à 22 000 F CFA. Et cette sécurité alimentaire ne peut
être assurée que lorsque l’on est sûr d’avoir d’accès à une denrée alimentaire saine et nutritive.

La mauvaise productivité animale résulte des problèmes d’infrastructures, de mauvaise


qualité des aliments et de maladies d’animaux, d’un faible encadrement des services compétents
observés dans les deux départements qui concourt énormément à l’insécurité alimentaire au
sein des ménages. Même la consommation des viandes contaminées par les maladies ou les
germes est un risque de santé publique. En 2017, les services sanitaires après inspection sur les
marchés et dans les abattoirs, ont saisi des organes bovins douteux. À Betaré-oya, 82 kg de
poumons, 10 kg de foie. À Bertoua, 233 kg de poumons, 179 kg de foie et 38 kg de ganglion
(DDEPIA, 2017). Dans le Mayo-Tsanaga, 3078 kg d’abats bovins, 210 unités d’œufs de table,
130 kg de viande de porc, 47 kg de viande ovine (DREPIA-EN., 2018).
Les bêtes malades ne remplissent également plus certaines fonctions très utiles aux
ménages pauvres (la traction pour les labours, le transport de la marchandise à dos d’animaux,
le transport de l’eau sur des longues distances, l’apport du fumier organique pour les cultures).
Or les ménages du Mayo-Tsanaga sont très dépendants de ces fonctions secondaires de
l’élevage et ces contraintes sanitaires accentuent aussi leur insécurité alimentaire.
Les techniques culturales traditionnelles ne garantissent pas une production extensive de
certaines cultures comme le macabo. On consomme les feuilles et les tubercules, donc le paysan
ne dispose pas de sa semence facilement pour la prochaine campagne. La pomme de terre est
un vivrier très fragile car elle pourrit vite à cause de la forte chaleur dans les zones sahéliennes.

 
  
117 
 

Cela a pour conséquence, la vente rapide de sa production au risque de le faire à bas prix et ne
pas avoir une rentabilité du coût de la production (Ducreux G. ; Tsala N. et Omokolo N. ;
Sidikou D. ; Zoundjihékpon J. et al. 1997). La production alimentaire, les stocks et les flux
permettent de comprendre les variations dans la disponiblité des denrées alimentaires dans les
zones d’études.

I-3- LES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES ET DESCRIPTION DES PRINCIPALES


CULTURES DE CONSOMMATION POPULAIRE ET LEURS ZONES DE
PRODUCTIONS

Elles désignent la quantité d’aliments physiquement produites dans une région ou une
localité précise (ACF, 2009). On prend en compte les stocks, les flux et les productions
agricoles au niveau des ménages ou de la localité. En d’autres termes, elles sont le produit de
l’ensemble des pratiques agricoles (agriculture, pêche, élevage) à petite échelle dans le but de
satisfaire les besoins alimentaires de la famille et de vendre l’excèdent si nécessaire. En fonction
des zones agro-écologiques, de la culture de la population, le milieu impose une gamme de
cultures dominantes. Ce qui fait l’identité d’une zone.

I-3-1- La production agricole dans le Mayo-Tsanaga

Le niveau d’ensoleillement et le contraste du climat observé dans le département du Mayo-


Tsanaga favorise l’agriculture céréalière (planche 6) et l’élevage.

 les céréales
Elles occupent la première place du classement à l’instar du ;
- Sorgho

L’Extrême-Nord présente une exceptionnelle richesse variétale de sorghos (plus de 1 500


variétés), liée d’une part au cloisonnement ethnique incitant chaque groupe à sélectionner ses
espèces et, d’autre part, à la présence de groupes conquérants qui ont ouvert de vastes zones de
plaine à la diffusion de sorghos venant d’horizons plus lointains. Les Monts Mandara (partie
Mafa) qui représentent une sorte de cul-de-sac migratoire avec la convergence de deux mayos
(mayo tsanaga et mayo boula) offrent un véritable foisonnement de variétés et aussi de formes
hybrides difficiles à classer (de configurations différentes (planche). Les graines dissymétriques
aplatis sur la face ventrale, bombés sur la face dorsale sont caractéristiques. La forme de la
plante est variable, mais les épillets sont faibles (Seignobos C., 2000). De même, Sherry Watts
(1979) dans son rapport « report on the Agricultural Crops and Traditional Markets of the

 
  
118 
 

Mandara Mountains Region » parle de trois variétés de sorgho cultivés sur les Monts Mandara ;
le sorgho rouge et le blanc de la saison de pluie et le jaune de la saison sèche. C’est
probablement ce que les techniciens en agriculture appellent sorgho SP ou sorgho SS.

Le sorgho SS encore appelé muskuwari ou sorgho de soudure de par son cycle de


production court, permet de fortes densités de semis. Très exigeant en matière de sols fertiles
mais très résistant aux aléas climatiques, il contient du polyphénol qui rend les graines farineuse
et en mode cuisson donne à la boule une couleur foncée et un goût amer. Il peut se contenter de
750 mm d’eau qui à défaut des pluies, bénéficie sur les bords des mayos des meilleures terres
à fort pouvoir de rétention en eau ou encore de microclimats sur les piémonts des massifs (
Marathée J.P., 1970 cité par Siegnobos C., 2000).

Le sorgho rouge quant à lui possède une panicule très ramassée, rond le grain est petit de
couleur brique ou acajou et amer. Il se conserve très mal car riche en lipides se détériore
rapidement. Et avec sa farine on confectionne la boule ou « couscous » mais surtout très prisé
pour la fabrication de la bière ou de la bouillie. Il est à noter que les champs de sorgho sont très
visés par les ennemis de la culture et par la rudesse du climat pourtant occupe une place non
négligeable dans la production céréalière, base de la ration alimentaire des ménages.

- Maïs

Très exigeante en matière d’eau, le maïs est une céréale qui a l’avantage d’avoir un cycle
court et sert beaucoup pendant la soudure. Il se conserve très bien et longtemps. Il se consomme
en épi ou réduit en farine pour le couscous ou la bouillie. Il est étiqueté céréale d’avenir (Sautier
D., O’Déyé M., 1989). En plus de l’avantage d’être cultivé dans toutes les zones
agroécologiques, il est consommé par divers peuples sous diverses formes.

- Mil

Céréale de base pour l’alimentation en milieu sahélien, le mil est particulièrement


résistant aux nombreux défis environnementaux.

 
  
119 
 

Planche 6 : Les céréales cultivées dans le Mayo-Tsanaga

A B

Njiembokue, août 2018 Njiembokue, août 2018


Photo 16 : Sorgho SP rouge Photo 17 : Soja

C D

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 18 : Graines de niébé Photo 19 : Mil penicillaire
Les céréales sont variées et multiformes. Il y a le sorgho rouge (A) ou sorgho SP, cultivée pendant la
saison de pluie. Il est très prisé pour la fabrication de la boisson locale, le soja de couleur marron (B),
principalement cultivé en saison sèche. Le niébé (C) est une légumineuse qui s’adapte aux sauces et se
consomme également sous forme de beignets. Enfin il y a le mil pénicillaire (D) ou muskuvvari. Les
graines sont de petites tailles, de couleurs variées.

En plus des céréales, le Mayo-Tsanaga s’illustre aussi dans la production des légumineuses et
l’ensemble forme une bonne gamme de denrées alimentaires (tableau 15)

 les légumineuses
‐ le niébé

Le niébé est comme le voandzou de son nom scientifique (Vigna unguiculata) constitue
une plante qui concourt à la protection des sols, en raison de son pouvoir antiérosif (il s’agit
d’une excellente plante de couverture) et de sa capacité à fixer l’azote atmosphérique dont
bénéficie ensuite le sorgho, essentiel chez les montagnards du nord des Monts Mandara qui ne

 
  
120 
 

disposent d’aucune autre source de protéines (pêche et chasse très limitée). Les graines sont
semées au mois de juin-juillet et récolté au mois d’octobre-novembre. On consomme les graines
fraîches ou sèches. Son feuillage sert pour l’alimentation des animaux. C’est aussi une plante
textile ; on en tire les pédoncules floraux, chez les variétés où cet organe présente une longueur
suffisante, une fibre résistante à partir de laquelle se tressent de très fines cordelettes à usage
multiples (Chevaler, 1944 cité par Seignobos C., 2000)

‐ les arachides

Espèce américaine, l’arachide (Arachis hypogaea) fut introduite sur la côte de Guinée
vers 1550 et connut une diffusion relativement rapide. Il s’agissait de types Virginia rampants,
avec des tiges secondaires alternes et une tige principale (Iyébi-mandjek O., Seignobos C.,
2000). Surtout pratiquées sur les montagnes, les arachides du Mayo-Tsanaga se présentent sous
deux formes : celle de petite graine, uniforme de couleur et riche en huile produite dans les
zones de Soulédé, Koza…et celle de Mogodé, Hina, Bourha… graine plus grosse, arrondie à
rayures ou veinée appeler par les populations de « arachide délavée », de qualité inférieure car
facilement réduite en poudre. La mise au point de variétés à haut rendement s’accompagne d’un
accroissement des superficies et d’un encadrement de la production. Un calendrier rigoureux
établit le déroulement des différentes phases culturales. Un labour, un hersage et trois sarclages
sont nécessaires pour assurer un meilleur rendement. Parallèlement, on développe la culture
attelée, le semis en lignes, qui sera ensuite appliqué à du vivrier. L’emploi d’engrais végétaux
est nécessaire pour augmenter la densité du semis pour un bon rendement. Toutes ces pratiques
ouvrent la voie à une culture en partie intensive.

 le maraîcher
‐ l’oignon
‐ l’ail

Ce sont surtout des produits de rente. Ils connaissent une importante production surtout
dans les arrondissements de Koza, Hina, Mokolo et Soulédé. Chaque spéculation correspond
à un arrondissement précis, les cultures sont disparates surement à cause de la duplicité du
climat et de l’état de sols.

 
  
121 
 

Tableau 15 : Les bassins de production et les types de produits alimentaires

Arrondissements Bourrha Soulédé-Roua Mokolo Mogodé Hina koza Mayo moskota

Spéculations

niébé, arachides, sésame, voandzou, arachides, niébé, arachides, niébé niébé, voandzou
Légumineuses arachides, voandzou, souchet, arachides niébé arachides Soja, souchet Sésame, soja
souchet, soja Niébé, soja, Soja, Voandzou, voandzou arachides
voandzou, sésame voandzou soja
sésame, soja sésame sésame
maïs, riz maïs, sorgho SP, sorgho SP, Maïs, sorgho maïs, sorgho .maïs, sorgho païs, sorgho SP
Céréales pluvial, pénicilliaire, riz maïs SP SP SP sorgho SS, riz
sorgho SP pluvial pénicilliaire, pénicilliare, riz SP, sorgho pénicilliare, riz SP
Riz pluvial, riz SP SS SP pénicillaire
sorgho SS
Fruits canne à sucre mangues, citrons goyaves, canne - canne à sucre canne à sucre mangues,
à sucre citrons, canne à
sucre
Racines manioc, patate patate douce manioc, taro, pomme de - patate douce taro, patate
tubercules douce, macabo, terre Manioc, taro douce
macabo, taro pomme de macabo, taro,
terre, patate manioc, patate
douce douce

Cultures de - - - coton - -
rente
Maraîchers gombo oignon SP gombo, oignon - oignon SP oignon SP, gombo
SP .ail tomate SP,
carottes, laitue légumes verts
poireau, choux gombo
Source : DDADER Mayo-Tsanaga, enquêtes de terrain 2018

 
  
122 
 

Les cultures sont les céréales (maïs, riz pluvial, sorgho SP…), les légumineuses (niébé,
arachides, souchet comestible, voandzou, sésame, soja…), les racines tubercules (manioc, taro,
macabo, pomme de terre, patate douce…) et les fruits (mangues, citrons, canne à sucre). Des
surfaces sont mises en valeur par les agriculteurs pour les cultures. Ces cultures sont
inégalement cultivées par arrondissement. Les céréales et les légumineuses sont produites dans
les 7 arrondissements par contre le maraîcher de la saison pluvieuse se cultive dans
l’arrondissement de Mokolo et Koza. Les racines tubercules davantage dans les
arrondissements de Bourrha, Mokolo, Mogodé et dans une moindre mesure dans les
arrondissements de Koza, Soulédé, Mayo-Moskota.

I-3-1-1- Superficie totale, superficie cultivable et superficie cultivée.

Le Département du Mayo-Tsanaga couvre une superficie d’environ 4 393 km² pour


439 300 ha. Cette superficie est repartie comme suit par arrondissement (tableau 16)

Tableau 16 : Superficie totale pour chaque arrondissement


Arrondissements Mokolo Koza Mogodé Bourha Hina Soulédé Mayo Mayo-
Roua Moskota Tsanaga
Superficie (km²) 1 390 355 729 730 552 348 289 4 393
Source : DDADR de Mokolo, enquêtes de terrain 2018

Le relief très caillouteux et accidenté de ce département en plus de la pression


démographique ne permet pas une extension véritable des pratiques agricoles. L’espace
cultivable se réduit au fil des années. Sur les 4 393 km2 disponibles, 3 076 km² soit 307 600 ha
sont mises en valeur pour l’agriculture. Pour que la nourriture soit disponible, il faut produire
une certaine quantité capable de satisfaire la demande locale et la demande extérieure si
possible. Pour approvisionner les marchés, les quantités disponibles proviennent soit de la
production agricole locale, soit des importations. Au cours de ces 06 dernières années, la
production agricole du Mayo-Tsanaga affiche au compteur des chiffres de près de 4 00 000
tonnes en matière de production céréalière, base même de l’économie de cette région. Même le
tonnage de la production des légumineuses est non négligeable (figure 20).

 
  
123 
 

500000
Quantités en tonnes
400000

300000

200000

100000

0
2013 2014 2015 2016 2017 2018

Céréales Légumineuses Racines tubercules Maraîchers Fruits

Denrées alimentaires produites

Figure 20 : Production agricole de 2013 à 2018


Les cultures principales sont les céréales, les légumineuses et notamment les racines
tubercules. En 2013, les quantités obtenues sont de 405 336,5 tonnes de nourriture, stable en
2014 sauf que le rendement des racines tubercules et les fruits manquent. En 2015, la production
affiche un chiffre record de 618 564,71 tonnes avec une production des tubercules et des fruits
de 149 075,78 tonnes qui prouvent une relance notable dans ce secteur. Malheureusement, les
années précédentes, on remarque la chute de la production et parfois la production fruitière
manque à l’appel. La superficie cultivée en 2018 est de 270 599,25 ha. Les productions de
l’année la plus récente présente ; pour les céréales, une superficie prévue de 148 474,5 ha et
144 062,375 ha ensemencés pour une production annuelle de 229 070,1 tonnes de céréales, les
légumineuses, 120 050,75 ha de superficie prévue 114 558,875 ha réalisés pour une production
de 15 221,95 tonnes et les tubercules pour une superficie de 124 04,25 ha planifié. Seul 8 978
ha réalisés pour une production de 121 926,17 tonnes. Bref, pour l’année 2018, le Mayo-
Tsanaga a eu une production de 501 218,22 tonnes de denrées alimentaires sur une superficie
de 270 599,25 ha.

Les céréales étant la base de l’alimentation dans la zone d’étude, il a paru nécessaire
d’évaluer la production en rapport avec le besoin réel du ménage (Tableau 17)

 
  
124 
 

Tableau 17 : Bilan cérealier du Mayo-Tsanaga de 2013 à 2018


Année Population Besoins en Productions Solde (T) Appréciation
totale céréales (T) totales céréalières
(T)
2013 838 546 153 035 225 683,25 +726 48,25 Excédentaire
2014 834 463 166 893 220 577 +53684 Excédentaire
2015 834 463 166 893 391 089,12 +224196,12 Excédentaire
2016 907 752 204 4067 336 142 -170 7925 Déficitaire
2017 939 599 165 664,48 219 598,50 +539 34,02 Excédentaire
2018 1 024 675 204 935 229 070,10 -181 5864,9 Déficitaire
Source : DDADR de Mokolo, DRADER-EN

Il ressort de ce tableau que le bilan céréalier du département du Mayo-Tsanaga est positif.


De prime à bord, la sécurité alimentaire semble assurée. Or selon le MINADER, une personne
a besoin de 0,20 tonnes de céreales par an pour se nourrir. La production réelle au niveau du
ménage varie entre 0,8 tonnes à 2,2 tonnes pour les grands producteurs. Afin de se faire une
idée de la population qui a besoin d’assistance, les humanitaires font une enquête pour évaluer
les vulnérabiltés des ménages et les enregistrer. Il en ressort que la taille des ménages est de
l’ordre de 05 à 14 personnes en moyenne pour les foyers polygamiques. Ceci est confirmé par
le 3 e recensement de la population et de l’habitat en 2005, 14 est la moyenne des ménages à
l’Extrême-Nord. En considérant qu’une famille de 05 personnes produit en moyenne 2,2 tonnes
par an. Ce tonnage divisé par le nombre de personnes donne un total de 0,44 tonnes de
céreales/an/personne. Ce même tonnage divisé pour une famille de 14 personnes, donne 0,15
tonnes/an/personne soit un déficit de 2,05 tonnes. Par conséquent, il y a une production notable
dans le Mayo-Tsanaga mais les apports ne comblent pas les besoins alimentaires des ménages.
C’est évident qu’une famille de 08 personnes qui produit la même quantité de nourriture qu’une
famille de 04 personnes dispose de moins de nourriture par personne (FAO, 1996). Chetima
dans ses travaux démontre que depuis 2004 jusqu’en 2009, le département du Mayo-Tsanaga a
toujours eu une production cérealière excédentaire pourtant cette rélative production n’a jamais
améloirée la couvertuve des besoins alimentaires des ménages.

Tout ceci peut s’expliquer par une régression des hectares cultivables au fil des années,
Ce qui corrobore les enquêtes auprès des ménages, sur la superficie mise en valeur en moyenne
par un ménage, seul 26,1% ont 1 ha pour cultiver, 21,9% de ménages ont 2 ha et très peu de
ménages (2,2%) ont 3 ha. Ceci peut s’expliquer par l’abandon des champs par les paysans
déplacés (boom démographique d’une part et abandon des terroirs d’autre part), l’insécurité, les
défaillances de la machine de production sans oublier les caprices du climat et aussi la sortie
des denrées alimentaires vers les pays voisins.

 
  
125 
 

Le département est aussi une zone de haute production animale, prend de nombreuses
fonctions auprès des populations en dehors de la consommation de la viande dans les ménages.

I-3-1-2- Tendances annuelles et variations saisonnières de la production animale

En matière de rendement de l’élevage

L’élevage constitue l’une des activités de production qui fait partie de la tradition des
populations. Sa place est fort variable selon les systèmes agricoles (Diry J-P., 1999). Il joue un
rôle clé dans la hiérarchisation sociale (surtout en milieu sahélien) en termes de possession des
têtes de bœufs : « …Un homme comme Tizhe Meha est riche selon les deux critères pris en
compte par les Kapsiki du Cameroun et les Higi du Nigeria. I1 est riche en biens (gelepi), mais
aussi en personnes (ncelu). Pour les Kapsiki, ce deuxième aspect l'emporte, sans toutefois
pouvoir être dissocié du premier. Un homme qui a des biens peut devenir un grand homme, de
même que celui qui dispose dans sa concession de nombreux bras pour le servir ne peut rester
pauvre en biens. C'est le bétail et plus particulièrement les bœufs qui font la liaison entre les
deux formes de richesse. Le bétail ouvre l'accès aux biens et permet d'accroître le nombre de
personnes qui vivent dans la concession, mais il est aussi le résultat de la transformation du
travail en richesse. C'est par les bœufs que s'effectue le passage de la production à la
reproduction et de la fertilité à la sécurité au cœur de la société kapsiki/higi. Les deux formes
de richesse, humaine et matérielle, alimentent l'envie et la jalousie entre frères, membres de
mêmes clans ou de mêmes lignages. Les richards risquent alors d'être la cible d'attaques
occultes, qui peuvent même émaner de proches. Les bœufs marquent la différence entre les
gens… » Rapporte Walter Van Beek lors de ses recherches ethnologiques en pays Kapsiki en
1988. Les bêtes sont aussi utilisées pour les fêtes traditionnelles, les funérailles, les sacrifices,
les mariages, la traction animale, la consommation, la fumure organique, jouent un rôle clé dans
l’économie familiale des ménages. Il existe plusieurs spéculations dans le département du
Mayo-Tsanaga (tableau 18).

 
  
126 
 

Tableau 18 : Les spéculations de l’aire géographique du Mayo-Tsanaga


Espèces Catégories
Bovins Bœufs, vaches, taurillon, zébu, veau, taureau
Caprins Chèvres, boucs, chevreaux
Porcins Verrats, truies, porcelets
Ovins Béliers, brebis, agneaux,
Asins Ânes
Équins Chevaux
Camelins Chameaux
Volailles Poulets villageois, dindons, pigeons, canards, coquelets, oie, pintades, poulets de
chair, poulets ponte, paon
Élevage non Aulacode, lapins
conventionnels
Source : DREPIA-EN, enquêtes de terrain 2018
En matière de production animale, il existe plusieurs espèces : les bovins, les caprins,
les ovins, les porcins, les asins, les équins, les camelins, les volailles et les élevages non
conventionnels (les lapins, les aulacodes). Les catégories de chaque espèce sont aussi multiples.
Les animaux sont élevés pour diverses raisons. Les abattages se font dans les abattoirs, les
tueries des ménages. Le tableau 19 fait mention de la tendance annuelle en matière de
production, d’abattages et des quantités de viande à disposition pour les ménages.

Tableau 19 : Production animale annuelle du département


Espèces et utilités 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Cheptel 73 765 74 812 74 812 62 806 23 806 63 806
Abattage contrôlés 4345 4898 5312 6602 8159 7641
Bovin Quantités de
viande produite (t) 651,75 734,7 796,8 992,8 1223,85 1146,15
Cheptel 59 129 59 129 59 129 54 403 160 934 160 930
Abattage contrôlés 3447 2840 4547 2893 4072 3358
Ovin Quantités de
viande produite (t) 51,705 42,6 68,205 43,395 109,9 90,666
Cheptel 94 426 94 426 96 426 90 245 114 634 114 634
Abattage contrôlés 6062 6546 5650 4821 7147 5495
Caprin Quantités de
viande produite (t) 90,93 98,19 137,14 72,315 178,67 137,375
Cheptel 3525 3525 3525 6897 8259 11753
Abattage contrôlés 687 687 / / / 2323
Porcin Quantités de 20,61 20,61 116,15
viande produite (t) / / /
Cheptel 144 851 144 401 162 201 160 333 190 019 133 859
Abattage contrôlés 3639 4216 4135 8262 / /
Avicole Quantités viande
produite (t) 5,4585 6,324 6,2 12,393 333,1075 182,616
Quantités d’œufs
produits 215 103 285 800 313 280 62 4842 723 730 340 000
Source : DREPIA-EN, enquêtes de terrain 2018

 
  
127 
 

L’effectif du cheptel bovin au terme de l’année 2018 donne un chiffre de 63 806 têtes de
bœufs. 7 641 bêtes ont été abattues (abattage contrôlé). L’abattage contrôlé est l’abattage fait
dans les abattoirs sous le contrôle des services sanitaires or les abattages dans les tueries
échappent en majorité au contrôle de la qualité. Ce service a mis à disposition des ménages au
cours des six dernières années quelque 924,35 tonnes de viandes. Pendant la saison de pluie,
les bêtes sont grasses et le poids moyen d’une carcasse est de 150 kg. Or en saison sèche, il
baisse d’au moins 10%. Ce cheptel fait l’objet d’un commerce intérieur et extérieur. Son revenu
s’élève à 770 560 000 FCFA pour une vente moyenne de 2582 bêtes. L’élevage bovin est
l’apanage des grands éleveurs communément appelés « aladjis » alors que celui des petits
ruminants est pratiqué par le plus grand nombre de la population. Même en matière
d’infrastructure d’exploitation, l’élevage des bovins se fait au grand air et nécessite de vastes
enclos. Les pastoraux du département nourrissent les bovins avec les résidus des récoltes et les
sous-produits agro-alimentaires (tiges de mil, les fanes des légumineuses, les tourteaux de
coton, coques de coton et tourteau d’arachides) pendant la saison sèche. Et en saison des pluies,
les bovins se nourrissent au pâturage naturel (la végétation est y très abondante). En 2013, le
cheptel bovin est à 73 765 têtes de bœuf, en 2016. Il est de 62 806 têtes de bœuf et chute à
23 806 têtes en 2017. Au cours de ces 06 dernières années, la baisse de la production s’explique
par les attaques, vols, enlèvements des bergers contre rançon d’autant plus qu’ils ont été la cible
privilégiée des assauts de B.H.

Le caprin est surtout élevé, privilégié pour les fêtes comme la tabaski, les mariages, les
baptêmes, les cérémonies mortuaires et sa peau pour l’artisanat. En 2018, sa production
annuelle est de 114 634 bêtes. L’abattage au cours de ses six dernières années a mis à disposition
en moyenne 119,10 tonnes de viandes. Les chèvres font l’objet d’un commerce intérieur et
extérieur. Les porcs élevés sont destinés à la vente et la consommation. Les races rencontrées
sont le large white et les hybrides (issus du croisement entre le large white et la naïma race
locale). Le département compte à ce jour un effectif de 11 753 têtes avec en moyenne 52,45
tonnes de viande. Il existe une porcherie moderne homologuée à Mokolo et 9 porcheries non
homologuée, 10 aires d’abattages et 2 marchés (Mokolo et Mokong). Les porcs font l’objet
d’un commerce intérieur et approvisionnent les marchés de Mora et de Yaoundé. Très sensible
à la maladie de la peste porcine, du manque de nourriture et au parasite, de nombreuses bêtes
ont été abattues en 2012 pour essayer d’éradiquer la peste et l’élevage sera interdite jusqu’en
2017.

 
  
128 
 

Le cheptel ovin est plus important dans le département. Il s’élève à 59 129 têtes (2013),
160 930 têtes (2018). 1311 bêtes abattues donnent une quantité de 35,39 tonnes de viandes.
L’abattage des ovins se fait dans les abattoirs, les tueries mais également au sein des ménages.
Ces bêtes sont surtout élevées pour les fêtes traditionnelles, rituelles et la consommation. Elles
servent aussi à l’économie familiale (mariage, frais de santé et de scolarité). La
commercialisation des ovins se fait dans les marchés de toutes les localités et pour les
évènements ponctuels dans le voisinage, l’animal est vendu de gré à gré entre l’éleveur et
l’acquéreur. Les moutons et les chèvres sont élevés dans les cases, et parfois mêlés aux bovins
transhumants. L’originalité de l’élevage sur les monts Mandara est celui de la claustration (on
enferme l’animal et on l’engraisse seulement). Boutrais J. (1973) explique : « L’élevage du «
bœuf de case » ou du « taureau du maray » est né de la contrainte de fortes densités de
peuplement, d’une mise en terrasses des pentes, de la disparition des zones de parcours et,
enfin, de la volonté de maintenir comme base des rituels, le bovin, en sublimant cet élevage. La
progression de cette tendance vers un élevage claustré dans des cases surcreusées se lit à
travers les restes de pâtures encloses autour de points d’eau (pays Mafa comme Ziver,
magoumaz…) ». La peau du mouton est aussi prisée pour la fabrique des chaussures, des sacs
et des tapis.

L’aviculture y est très précaire, mais florissant. Les volailles élevées en plein air,
divaguent toute la journée à la recherche de quoi picoter. Et le soir, dorment dans les cuisines
et les branches d’arbres. Très diversifiée dans la production, on y retrouve toutes sortes de
volailles (oie, dinde, paon, pigeons, poulets villageois, pondeuses, canards… et les chiffres sur
trois mois font état de 133 859 volailles). Très demandés sur le marché, car très sollicités pour
les sacrifices selon leurs couleurs, les poulets villageois font partie intégrante de l’économie
familiale. La production du poulet de chair est très contraignante. Le coût est très élevé, la rareté
du son pour la fabrication des provendes, la rareté des poussins d’un jour et la décomposition
des œufs par excès de chaleur entraînent une baisse de productivité en saison sèche avec des
fortes mortalités saisonnières.

L’élevage des équins, des camelins et des asins est surtout prospère car utilisé pour les
courses de chevaux, les parades, le transport (chevaux, ânes), à l’attelage (âne). Les ânes sont
aussi élevés pour leurs peaux et même leur viande. À ce jour, le département répertorie un
effectif de près de 9 806 têtes d’ânes et de 734 chevaux. La commercialisation de ces races se
fait de gré à gré entre le propriétaire et l’acheteur. L’abattage des 634 ânes donne 380,4 tonnes

 
  
129 
 

de viandes. Enfin, l’élevage non conventionnel qui se fait à titre personnel a produit 21
aulacodes et 459 lapins en 2018. L’apiculture est inexistante dans le département du Mayo-
Tsanaga.

La commercialisation des bêtes est un rendez-vous hebdomadaire. Elle se fait dans les
marchés à bétails. Le bétail mis en vente est celui produit localement mais vient aussi du Tchad
et du Nigéria (avant le début des incursions de B.H). Le principal marché de bétail est à Zamay,
dans l’arrondissement de Mokolo. Les produits dérivés de la production animale sont
importantes et apportent une plus-value au sein des ménages et dans l’économie régionale.

- Le lait

Jusqu’ici la production (tableau 20) est encore traditionnelle et se passe principalement


dans l’arrondissement de Hina.

Tableau 20 : Évolution de la production du lait dans le Mayo-Tsanaga


2013 2014 2015 2016 2017 2018
Lait frais (en litres) 77 323 76 823 53 364 15 066 43 060 11 9560
Lait caillé ou 43 518 nr 43 518 59 760 nr nr
« kossam »
Lait transformé en 3 002 nr 3 002 261 nr nr
beurre (en kg)
Lait transformé en nr nr 600 3717 nr nr
yaourt (en litres)
Source : Rapports d’activités DREPIA-EN, 2013-2018 nr : non renseigné

Le tableau 20 souligne que la production du lait frais donne en 2013, 77 323 litres. Ce lait
subit des multiples transformations. En 2013, il est transformé en lait caillé pour donner 43 518
litres. Le litre coûte en moyen 500 F CFA. En beurre, il en résulte 3 002 kg et un kilogramme
est à 3500 F CFA. En 2014, la production du lait frais donne 76 823 litres. Elle baisse à 53 364
litres en 2015 et à 15 066 litres en 2016. Pendant la production du lait caillé ces années passe
de 43 518 litres à 59 760 litres, celui du beurre passe de 3 002 kg à 261 kg. La production en
2017 du lait frais affiche 43 060 litres et double pratiquement en 2018 à 11 9560 litres
(DREPIA-EN., 2018). Les principaux acheteurs du lait frais chez les éleveurs sont les vendeurs
de lait caillé ou « kossam » et les ménages. Ce secteur d’activité souffre malheureusement d’un
problème de collecte de lait auprès des éleveurs, du manque d’infrastructures appropriées, des
moyens de conservation à long terme.

 
  
130 
 

- Le cuir (les peaux d’animaux)

Récupérés dans les abattoirs ou chez les particuliers, les peaux vont subir un premier
nettoyage sur place avant d’être vendus aux grands exploitants. Une partie est destinée pour
une tannerie moderne à Garoua, une autre pour le Nigéria et enfin les artisans locaux pour la
fabrication des sacs, chaussures, chaises et tapis… C’est une activité très lucrative pour les
jeunes, une pièce se vend en moyenne à 5 000 F CFA et génère un bénéfice de 16 055 000 F
CFA pour une quantité de 3 211 peaux vendues.

- Les cornes de bœufs

Comme dirait la loi de la nature (en physique) « rien ne se perd tout se transforme ». Les
cornes des bœufs sont récupérées surtout pour l’artisanat. On fabrique avec les chaises, les
accessoires de maison et les décorations d’intérieur. La Région de l’Extrême est connue comme
un haut lieu de l’artisanat et du tourisme.

Le problème des conflits agropastoraux très fréquents dans le département est objet de
vifs conflits entre les éleveurs et les agriculteurs, les pistes de transhumance sont inexistantes
donc non contrôlée. Les troupeaux détruisent les champs et pour essayer de régler le problème,
l’un des essais de compromis est le suivant (encadré 8) :

Encadré 7 : Essai de solution au conflit agropastoral


« Il existe une sorte d’entente entre les éleveurs et les agriculteurs. Après les récoltes le
troupeau vient occuper les champs et se nourrit des résidus des tiges. C’est un compromis
gagnant-gagnant car l’éleveur trouve un parc et une source de nourriture pour son bétail
et le champ de l’agriculteur bénéficie des bouses, véritable engrais naturel pour le
champ »

Délégué d’arrondissement du MINEPIA de Mokolo, 2018

Ce secteur d’activité a subi d’énormes pertes à cause de l’insécurité transfrontalière.


Seulement dans le Mayo-Tsanaga sur la période 2012-2016, le MINEPIA déplore près de 408
éleveurs affectés (26 tués dans les rapts, 371 éleveurs déplacés). Le nombre de bovins emportés
est de 5 890 têtes de bœufs, 7 185 chèvres, moutons et 4 003 volailles. De nombreux marchés
de bétail fermés entre autres les marchés de bétail de Krawa Mafa, d’Achigachia et de Tourou.
Les enlèvements des pêcheurs dans les zones de pêche ont conduit à l’abandon de l’activité,

 
  
131 
 

conséquences baisse de l’approvisionnement des marchés et les moyens de subsistance des


ménages mises en mal.

I-3-2- La production agricole dans le Lom-et-Djerem

Cette zone de transition forêt humide-savane permet une agriculture vivrière variée.
Classée en trois groupes : les produits maraîchers, les produits vivriers et les cultures pérennes.
2
Le département du Lom-et-Djerem s’étale sur 26 353 km soit 2 634 500 hectares. Les
spéculations cultivées sont les cultures maraîchères (le piment, la tomate, le gombo, la banane
douce, les légumes verts, le poivron, la patate douce, la pastèque). Les cultures vivrières sont
le maïs, le manioc, les arachides, la banane/plantain, le macabo, l’igname, le riz, haricot, maïs
semence. Les cultures pérennes sont le cacao, le palmier à huile, pépinière cacao, hévéa, le café
robusta (tableau 21).

Plusieurs spéculations se cultivent à la fois dans les champs de plusieurs arrondissements.


Dans les surfaces plus ou moins grandes, les agriculteurs pratiquent la polyculture. Diry J-P.,
(1999) évoque les raisons de cette pratique ; un facteur physique ou humain limitant,
déterminant pour la production, la demande du marché intérieur et extérieur. Les cultures
vivrières se cultivent dans les 8 arrondissements du département. Le maraîcher se produit
beaucoup plus dans les arrondissements de Bertoua, de Betare-Oya et de Diang

 
  
132 
 

Tableau 21 : La production agricole par arrondissement dans le Lom-et-Djerem

Arrondissements Bertoua 1er Bertoua 2e Mandjou Ngoura Betare-Oya Garoua-boulaï Belabo Diang
Spéculations
Cultures maïs, manioc maïs, manioc maïs, manioc maïs, manioc manioc, Maïs manioc, Maïs maïs, manioc maïs, manioc,
vivrières arachide arachide arachide Arachide, Arachide, Arachide, Arachide, arachide,
banane/plantain, banane/plantain banane/plantain banane/plantain Banane/plantain Banane/plantain banane/plantain banane/plantain
macabo macabo, macabo, Taro, macabo macabo, igname macabo, igname banane douce macabo,
igname, riz igname igname Igname, riz Haricot, Patate Haricot, Patate macabo, igname
riz douce douce igname
Cultures tomates, gombo, morelle tomates, Légumes verts piment frais, légumes verts tomate, piment tomate, piment
maraîchères légumes verts Amarante, légumes verts tomate, Gombo gombo Poivron,
tomate Gingembre gombo
légumes verts Légumes verts Légumes verts,
gingembre pistaches
piment
Cultures café, cacao - - café, cacao café, cacao - café, hévéa, cacao, palmier
pérennes Palmier à huile palmier à huile palmier à huile cacao à huile, café
fruits papaye papaye - Safou, mangue pastèque - ananas pastèque
avocat, casse-
mangue,
pastèque

Source : DAADER, DDADR du Lom-et-Djerem, 2018

 
  
133 
 

Cette agriculture s’est pratiquée ces 5 dernières années sur une surface de : 9 607,75 ha
(2014), 18 124,536 ha (2015), 7740,167 ha (2016), 572,5 ha (2017), 2954,25 ha (2018). Les
performances alimentaires issues de cette valorisation (figure 21) présagent un mauvais
rendement ou une faible productivité. On remarque toutefois une baisse des parcelles mises en
valeur et la production suivra sans doute.

80000

70000

60000
Quantités en tonnes

50000

40000

30000

20000

10000

0
2014 2015 2016 2017 2018
Cultures maraîchères 913,32 1403,42 11344,4 794,3 376,85
Cultures vivrières 31010,2 70855,92 32521,708 25819,754 19117,8

Cultures maraîchères Cultures vivrières

Figure 21 : Production des denrées alimentaires de 2014 à 2018

La production donne respectivement en termes de denrées alimentaires : 31 923,52 tonnes


en 2014, 72 259,34 tonnes en 2015, 43 866, 108 tonnes en 2016, 26 614,054 en 2017 et
19 494,65 en 2018. Les données techniques de production des années 2016-2017 de
l’arrondissement de Garoua-Boulaï n’ont pas été relevées en 2016-2017, raison pour laquelle
ces chiffres ne reflètent malheureusement pas tout le département (DDADER, 2016-2017). Il
faut bien avouer que la production en denrées de consommation de base frôle à peine la barre
de 50 mille tonnes en une année pendant que le Mayo-Tsanaga affiche un score de 400 mille
tonnes en moyenne. Les raisons évoquées par les paysans sont diverses :

 l’irrégularité des pluies compromet le rendement par hectare ;


 les champs sont détruits par les animaux ;
 la préférence aux activités minières ;

 
  
134 
 

 l’insuffisance de la main d’œuvre agricole et des activités d’encadrement par les


services compétents et déconcentrés de l’État.

Toutes les conditions sont réunies dans ce département pour que la production et la mise à
disposition des denrées alimentaires soient compromises malgré les potentialités de cette
région.

I-3-2-1- En matière de rendement de l’élevage

Malgré la présence prédominante de la forêt, elle abrite les mouches tsé-tsé (responsables
de la trypanosomiase) sérieux handicap à l’élevage bovin. Le Lom-et-Djerem fait des scores
nobles dans ce secteur surtout dans l’élevage d’autosubsistance. La production animale tourne
autour de :

 l’élevage des bovins (vache, veau, castré, génisse, taurillon) ;


 la pêche (tilapia, carpe, poisson chat, crevettes, silures, anguille, queue rouge,
militaire, kanga, machoiron…) ;
 l’élevage ovin (béliers, brebis, agneaux), de l’élevage caprin (bouc, chèvres,
castrés, chevreaux) ;
 l’élevage des camélidés et d’équidés (ânes, chameaux, chevaux, mulets),
 l’élevage porcin (verrats, truies, porcelets) ;
 l’élevage avicole (poussins de chairs, poussins de ponte, poussins coquelet,
poulets de chair, poules pondeuses, poules reformées, coquelets, poulets villageois,
reproducteurs, canards, pigeons, pintades, paons, dindes, cailles, oies, chapons) ;
 l’élevage des primates, des félins, des canins, des hérissons, des aulacodes, des
lapins, des cobayes, des crocodiles, des cochons d’Inde, des rats de Gambie, de l’escargot ;
 l’apiculture et ses dérivés (DDEPIA, 2019).

En plus de l’élevage des espèces communes du Mayo-Tsanaga, le Lom-et-Djerem possède


quelques avantages comparatifs pour les espèces non conventionnels comme les cochons
d’inde, les rats de Gambie, l’escargot, les cobayes et pour l’apiculture. La production de chaque
espèce est importante et les abattages se font dans les abattoirs et les tueries des ménages
(tableau 22).

 
  
135 
 

Tableau 22 : Production animale et ses dérivés dans le Lom-et-Djerem


Types d’élevages 2015 2017 2018
cheptel (en têtes) 71 450 28 520 37 346
Bovin Quantités de viandes 3 998 3489,76 3 201,98
(tonnes)
Lait frais (en litres) 27 890 44374 11 036
Beurre (en kg) 1 050 40 /
Ovin cheptel 19 300 29405 11 829
Quantités de viandes 73,6 11,43 14,4
(tonnes)
Caprin cheptel 19 643 15 424 11 810
Quantités de viandes 24,4 14,5 15,2
(tonnes)
Porcin cheptel 10 450 24 099 4 328
Quantités de viandes 102,4 204,8 75,57
(tonnes)
Effectif volaille 235 547 352 496 266 140
Avicole Quantités de viandes / / 121,84
(tonnes)
Œufs de ferme (en unité) 5 900 000 4 933 274 7 984 028
Apiculture Production en litres 663 2 840 5 571
Pêche Captures (en tonnes) / / 108 704 38
Source : DDEPIA Lom-et-Djerem, 2019
Il se dégage de l’analyse du tableau 22 que l’élevage bovin est deuxième après l’élevage
de la volaille. Or l’apport en protéines en viande bovine est non négligeable dans l’alimentation
humaine. Au fil des années, le cheptel en termes de têtes de bœufs diminue surement à cause
des aléas liés à sa production. En 2015, il est de 71 450 têtes pour une production de viande de
3 998 tonnes et en 2018, il est réduit de moitié à 37 346 têtes de bœufs pour une production en
viande de 3201,98 tonnes. Le revenu généré des ventes des bovins en 2018 est de 44 472
millions de F CFA. Les produits dérivés comme le lait frais et le beurre, la peau, les sabots et
les onglons dans sa commercialisation génèrent des bénéfices pour l’économie familiale
(227,68 millions de F CFA en 2018). Le lait est surtout disponible pendant la saison des pluies.
Les animaux sont vendus sur pied et d’autres abattus dans les aires d’abattages conventionnels
et artisanales pour être vendus en kilogrammes sur les marchés (en moyenne 1 800 F CFA ou
2 000 F CFA selon la zone de production).

L’élevage des chèvres, des porcs et des moutons est fait à l’air libre. Il est de type
traditionnel, ses ventes et sa consommation augmentent surtout lors des périodes de fête. Les
volailles en dehors des poulets de chair dorment dans les cuisines des ménages et se nourrissent
à l’air libre dans les détritus de déchets ménagers. La production des œufs de ferme est en nette
augmentation. Elle est passée de 5 900 000 œufs en 2013 à 7 984 028 œufs en 2018. Les produits

 
  
136 
 

de la chasse n’ont pas pu être quantifiés car reste l’apanage des peuples de la forêt. Le gibier,
très prisé avant pour la consommation dans les ménages est surtout destinée à la vente, en
bordure des routes rurales ou dans les gargotes spécialistes du genre.

« Si dans le passé, l’on chassait pour satisfaire les besoins alimentaires des familles, les
produits de la chasse dans le Sud-Est du Cameroun constituent à présent une véritable source
de revenus pour les populations locales. ainsi…les ressortissants des pays voisins (RCA,
Congo) s’installent dans cette forêt giboyeuse pour tuer et vendre le gibier à une échelle
industrielle...si bien que les espèces rares qui abondent dans cette région sont mises en
péril….néanmoins celle-ci présente un avantage pour ces jeunes puisqu’il s’agit d’une activité
moins pénibles que le travail de la terre : elle donne la jouissance immédiate du produit et elle
assure un revenu sûr et discret. » Relate Zouya Mimbang L. (1960). L’importance du cheptel
varie selon les arrondissements (figure 22) surement à cause de l’opportunité du milieu de
production.

Apiculture volailles porcins caprins Ovins Bovins

Ngoura
Arrondissements

Diang

Belabo

Garoua-boulaï

Betare-oya

Mandjou

Bertoua 2e

Bertoua 1er

0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000 80000 90000


Nombres de têtes

Source : DDEPIA Lom-et-Djerem, 2018


Figure 22 : Effectif cheptel par arrondissement en 2018
Il ressort de la figure 22 que Bertoua 1er dispose du plus grand nombre de volaille sur pied
(79 303 têtes) suivi de Bertoua 2e (57 109 têtes), de Mandjou (48 665 têtes) et de Garoua-Boulaï
(38 480 têtes). Ces zones sont par ailleurs des zones pastorales (figure 24) La vente se fait sur
pied. À Betare-oya, près de 16 804 poulets vendus pour un montant de 53 827 000 F CFA,
Garoua- boulaï 38 480 poulets sont vendus pour un revenu de 10 924 000 F CFA, Diang 6 880

 
  
137 
 

vendus pour 23 140 000 F CFA et Belabo 12 180 vendus pour 33 080 000 F CFA. Betare-Oya
est la zone rurale qui fait la plus grosse vente des volailles mais consomme très peu car l’effectif
des volailles abattus est de 400 poulets de chair loin derrière Bertoua 1er (35 400 volailles
abattus), Belabo (4 658), Mandjou (3 964), Garoua-boulaï (3 664) et Ngoura (46). S’agissant
de l’élevage bovin, Betare-oya a le plus grand cheptel (12 000 têtes) pour 761 bêtes abattues au
cours d’une année puis Garoua-boulaï (10 500 têtes) avec 6 408 bêtes abattues suivi de Ngoura
avec 10 000 têtes pour 1 882 bêtes abattues, et de Mandjou 2 800 têtes avec 3 011 bêtes abattues.
Bertoua 2e est le premier en termes de bêtes abattues avec un chiffre annuel de 8 072 bêtes et
Belabo dernier avec 416 bêtes abattues. Il en ressort que les zones de production et de vente ne
sont pas forcément les zones de grande consommation. Et certaines zones sont d’ailleurs des
zones de transit pour le bétail comme Mandjou, Garoua-boulaï (zone de frontière vers l’étranger
ou l’extrême-Nord) ou Bertoua (ville de transit pour le Centre et le littoral)

Les activités de la pêche sont la pêche artisanale continentale et la pisciculture. Depuis la


mise en eau du barrage de Lom Pangar, la production de la pêche a connu son envol. Avec
l’arrivée et l’installation des pêcheurs de tous horizons (camerounais et étrangers (figure 23),
les zones de pêche se sont multipliées (arrondissements de Belabo, de Betaré-Oya et de Ngoura,
figure 24).

Camerounais Tchadiens Maliens Nigérians Nigériens Ghanéens Béninois RCA


300

250
Nombre des pêcheurs

200

150

100

50

Nationalités des pêcheurs

Source : DDEPIA Lom-et-Djerem, 2018

Figure 23 : Nombre de pêcheurs par la nationalité

 
  
138 
 

On note la présence de 431 pêcheurs donc 256 camerounais (toutes les tribus sauf les
autochtones), 70 tchadiens, 84 maliens, 38 nigérians, 94 nigériens, 22 ghanéens, 14 béninois et
28 centrafricains. Un défi des autorités c’est d’intéresser la population locale à la pratique de la
pêche et ainsi vulgariser la consommation locale du poisson. La capture des poissons au cours
de l’année 2018 s’élève à 108 704,38 tonnes. Le poisson débarqué est vendue frais sur place
pour les marchés des autres régions pour un revenu de 217,39 millions de F CFA. Et une grande
partie sous forme fumé approvisionne les marchés du Septentrion et les marchés des pays
frontaliers pour un revenu substantiel de 2,246 millions de F CFA (DDEPIA, 2018). Les
matériaux les plus couramment utilisés sont les lignes, les hameçons, les nasses ; les filets
maillants dormants, de fond, de surface et dérivants sur les pirogues en bois, en tôle, à pagaie
ou à moteur.
La pisciculture se pratique dans les étangs type barrage ou par dérivation dans les
arrondissements de Mandjou, Belabo, Betare-Oya, Bertoua 1er et 2e. La production annuelle est
de 37,7 tonnes de poissons pour un revenu de 38,674 millions de F CFA. Cette activité est
limitée à cause du coût élevé des investissements de production et l’encadrement technique des
acteurs insuffisant En dehors de cette production locale, le département est aussi approvisionné
en produits halieutiques congelés via l’entreprise CONGELCAM dans les villes de Bertoua et
Garoua-boulaï.

 
  
139 
 

Source : Enquêtes de terrain 2018-2019

Figure 24 : Zones de production pastorale et halieutique dans le Lom-et-Djerem


Une autre particularité du Lom-et-Djerem est les Produits forestiers non ligneux (PFNL)
et sa faune. Zone de forêt, de contact forêt-savane, il regorge d’énormes potentialités en termes
de PFNL. On peut citer : la mangue sauvage (Irvinga gabonensis) dont le noyau sert à la
confection d’une sauce appelée « bol », le bitter cola (Garcinia cola), l’okok (Gnetum

 
  
140 
 

africanum), le djansang (Ricinodendron heudoletii) et les fruits sauvages comme l’Afromamun


citratum.
Sa faune est diversifiée et fait l’objet d’une pratique de chasse (à la courre, au piégeage,
à la lance ou aux flèches empoisonnées, Boulaud A., 2014). Les grands animaux sont surtout
chassés par les braconniers car certaines espèces sont protégées. Cette faune recèle de lapin
(Terrapene sp), de porc épic (Hystix sp), de lièvre (Lepus timidus), d’antilope (Pantholos
hodgonii), de boa (Betis arietans), de souris (Uromanis tetradactyla), de rat palmiste
(Rhynchocyon), de varan (Varanus), de singe (Cercopithecus), de biche, de pangolins, de
tortues, de gorilles (Gorilla beringei beringei), de chimpanzés, de pythons, de vipères et des
oiseaux comme le perroquet (Poicephalus senegalus), le toucan, la perdrix et les pintades. Les
mollusques comme les hannetons, les chenilles (planche 7), les termites.
Planche 7 : Quelques produits forestiers non ligneux

B
A

Njiembokue, avril 2019 Commune de Garoua-boulaï, janvier 2018


Photo 20 : Afromamum citratum Photo 21 : Chenilles

Ces produits sont utiles à la consommation et à l’économie familiale. La cueillette se pratique surtout
par les femmes pour les chenilles (B), les feuilles et les enfants se donnent à cœur joie pour les fruits
comme l’afromamun (A). Cette pratique souffre d’un prélèvement excessif sur le milieu naturel pourtant
mieux gérer contribuerait énormément à la sécurité alimentaire des ménages et une gestion raisonnable
des cueillettes. Ils sont d’un apport non négligeable dans la ration alimentaire des ménages.

L’accessibilité des ménages et la stabilité des approvisionnements se mesurent au travers de la


gestion des structures de commercialisation. Ce que Sen, (1981) cité par Azoulay et Dillon,
(1993) nomment les facteurs d’échanges alimentaires.

 
  
141 
 

I-4- STRUCTURE DE COMMERCIALISATION ET TENDANCE DES PRIX SUR


LES MARCHÉS

I-4-1- Les marchés du Mayo-Tsanaga

Ils jouent un rôle clé dans la disponibilité des denrées et facilitent l’accès aux ménages
(ACF, 2009) dit que le marché est l’épine dorsale de l’économie d’une localité et les ménages
en sont plus ou moins tributaires pour répondre à leurs besoins de base. Ils sont aussi très vitaux
dans les zones où l’on retrouve des déplacés dont la production domestique est presque nulle.
Fondamentalement, le dictionnaire courant le définit comme un lieu où l’on vend les choses
nécessaires pour la subsistance et pour les différents besoins de la vie. Pour Lussault L., (2003),
les marchés sont concernés par des échanges très divers : biens, services, facteurs de production
(capital, travail). Il y est établi une économie de marché où la majorité des biens et services sont
directement accessibles et les conditions de vente fixées par les vendeurs et les acheteurs. Selon
le type de bien, les marchés peuvent être mondiaux, régionaux ou locaux. Dans le cadre de cette
étude, les marchés sont locaux (tableau 23) et étant à la limite avec d’autres pays sont également
des marchés transfrontaliers. Ce qui a une influence certaine sur l’approvisionnement de ces
marchés.

Tableau 23 : Les principaux marchés du département


Les marchés Jour du marché Denrées disponibles et échangées
Mogodé Vendredi Sorgho SP rouge/Sorgho SP
Rhumzou Dimanche blanc/Maïs/Pénicillaire/Muskwari
Guili Samedi Riz pluvial local /Arachide
Mokolo Mercredi Niébé/Voandzou/Soja/Sésame
Roua Mardi Patate douce/Pomme de terre
Hina Vendredi Manioc/Macabo/ Poulet/Viandes de toutes
Koza Dimanche natures/Huiles conserves/Poissons secs
Mawa-mozogo Mardi Oignon/Ail
Source : DDADER Mayo-Tsanaga, enquêtes de terrain 2018

Dans le Mayo-Tsanaga, il existe les marchés les plus importants qui se tiennent en
majorité une fois par semaine où convergent l’ensemble des ménages du département pour des
activités de vente, d’échanges et de retrouvailles. La vente des produits alimentaires se fait en
gros pour les grands acheteurs et au détail pour les ménages. Des 08 arrondissements du
département, les chefs-lieux d’arrondissements sont d’office les lieux de marché les plus
importants (figure 25). On y retrouve toute la production locale et les produits venus d’autres
régions et de pays (céréales, tubercules, vivriers selon les saisons, le poisson, les viandes de
toutes natures vendues au kg). En plus, des produits non alimentaires comme les pagnes, les
appareils électroniques, le matériel de production (houes, machettes, couteaux…).

 
  
142 
 

Figure 25 : Répartition spatiale des marchés du Mayo-Tsanaga


À côté de ces grands marchés, se greffent les petits marchés périodiques dans les villages.
Ces marchés (planche 8) ne durent pas. Ils débutent à 10h et se terminent vers 12h30.

 
  
143 
 

Planche 8 : Les marchés du Mayo-Tsanaga

B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, août 2018
Photo 22 : Vue du marché de Mogodé Photo 23 : Vue du marché de Zamay

D
C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 24 : Marché des céréales Photo 25 : Poissons secs sur les bâches
Source : Enquêtes de terrain 2018/2019

Les marchés ne sont pas construits. Il suffit d’un lieu désigné pour faire office de marché où trônent
quelques boutiques un lieu central du village. (A) montre une vue du marché de Mogodé. Chaque
commerçant construit son hangar pour pouvoir se mettre à l’abri du soleil. Les hangars sont fabriqués
à l’aide des piquets et de toit de paille ou de bâche. À Rhumshiki, c’est le centre du village qui sert de
place du marché en dehors de quelques boutiques, dimanche jour de marché, les commerçants étalent
les nattes ou les bâches pour disposer leurs marchandises. Construit depuis 1981, les bâtiments du
marché de Mokolo sont vieillots et insuffisants vu le lieu central qu’il occupe, la charge des
commerçants et acheteurs chaque mercredi. C’est le même constat fait à Zamay (B) ; mais ce marché
depuis 2018 dispose de deux nouveaux hangars construits toujours étroits pour le nombre des
commerçants. Ils sont obligés de se mettre à l’abri des intempéries sous des hangars de fortune. Les
denrées alimentaires dans ces marchés comme le cas des céréales (C) et du poisson sec (D) sont étalées
sur des nattes ou sur les bâches avec des risques d’infestation (poussières, insectes. Les magasins de
stockage sont inexistants encore moins les lieux d’aisance. Ces contraintes infrastructurelles sont
susceptibles d’altérer la qualité des aliments.

Les infrastructures marchandes sont à majorité rudimentaires, construites à l’aide des


bambous par les marchands eux-mêmes. L’autre point fort de ces marchés est la présence
innombrable des bistrots pour la consommation des boissons traditionnelles afin d’alimenter
différents types d’échanges et de partage du village. Le Mayo-Tsanaga compte 12 marchés à

 
  
144 
 

bétails dont le plus important est localisé à Zamay. L’insécurité qui y a sévi a conduit à la
suspension de la tenue de plusieurs marchés qui constituaient la principale cible des kamikazes.
Les marchés dans leur rôle premier, met à la disposition des ménages des denrées alimentaires
diverses et plus d’un ménage est dépendant de ces marchés pour se nourrir. Les systèmes
d’échanges sont importants pour ces ménages.

I-4-1-1- Les prix des produits alimentaires de base

Les principales unités de mesure sont les sacs de 50-100 kg, les tasses, les cuvettes
moyennes pour les céréales ou au kilogramme (figure 26). La viande est vendue en kilogramme
ou en tas. Le poisson également en tas et les légumes-feuilles en bottes.

600
Prix moyen des denrées au kg

500

400

300

200

100

0
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Sorgho SP 153 150 146,6 150 194,17 200
Sorgho SS 180 151 161 120 220 224,17
Maïs 175 170 145 150 178,33 210,83
Arachide 400 425 500 400 372,5 412,41
Niébé 400 330 280 288 400 430
Oignon 313 268 270 210 218,4 229,16

Source : Enquêtes de terrain 2018-2019

Figure 26 : Variation des prix des denrées alimentaires de 2013 à 2018


Au cours de l’année 2013, le sac de 100 kg de céréale (sorgho SP, sorgho SS et maïs)
s’est vendu en moyenne entre 18 000 F CFA et 24 000 F CFA au mois de juillet. La plus petite
unité de vente, la tasse ou le kilogramme varie en moyenne entre 150 F CFA et 175 F CFA
(sorgho SS en décembre) et le kg de maïs de 175 F CFA à 190 F CFA au mois de juillet. En
2014, les prix des céréales vont de 14 000 F CFA à 17 000 F CFA, le maïs est le plus cher au
mois d’avril et juin, le prix au kg est à 170 F CFA. Les prix chutent légèrement en 2015. Les
prix oscillent entre 11 200 F CFA et 19 665 F CFA. Le sorgho SS est le plus cher, le kilogramme
coûte en 161 F CFA à partir du mois de juin. Mais en 2016, les coûts augmentent. Le sac de
100 kg est entre 13 500 F CFA et 18 000 F CFA, le sorgho demeure la denrée la plus chère

 
  
145 
 

surtout au mois d’octobre où le kg revient à 150 F CFA. A partir de 2017, les prix sonnent le
rouge, le sac de céréale s’acquiert en moyenne entre 24 000 F CFA et 26 000 F CFA à partir de
juillet jusqu’en décembre. Les prix demeurent élévés tout au long de l’année 2018. Le sac est
vendu à 20 000 F CFA dès janvier et passe à 26 000 F CFA dès juillet-août. Quelle que soit
l’année, le coût des légumineuses est en hausse, le sac de 100 kg de niébé coûte en moyenne
35 000 F CFA et en 2018, il va jusqu’à 52 000 F CFA. L’oignon est vendu en moyenne à 25 000
F CFA le sac de 120 kg en 2013. Le prix moyen au kg est à 313 F CFA et n’évolue naguère
jusqu’en 2018. Le même constat se dégage pour les arachides. Le Mayo-Tsanaga est un bassin
de production des arachides et des oignons, ail et surtout prisés pour le ravitaillement des
marchés intérieurs et extérieurs. Ce qui justifie les prix relatifs sur le marché. En 2015, les
déplacés ont afflué vers les centres urbains, les réfugiés sont dans le camp, l’insécurité au niveau
des frontières a atteint son paroxysme, certaines frontières sont fermées et l’aide alimentaire
mobilisée. Ce qui influe sans doute sur les prix des denrées à la baisse.
Entre 2017-2018, la pression sécuritaire baisse un peu, les déplacées retournent peu à
peu dans les villages jadis pillés. Certaines pistes commerciales sont ouvertes, ce qui se
répercute sur les prix des denrées. Ces variations conséquentes des prix des denrées de base sur
les principaux marchés valent également pour les légumineuses (niébé, arachide) et le bétail
(chèvre et mouton vendus le double de leurs prix surtout les mois de juin-juillet (détail des prix
en annexe 02). Les arachides surtout qui se positionnent comme une denrée de rente et de
consommation populaire car intervient dans toutes les sauces marquent un prix elevé en 2015.
Le marché des bovins se reconstruit peu à peu suite aux nombreuses pertes enregistrées car
cible privilégiée des attaques de B.H. Mais le prix du kilogramme se maintient entre 1 600-2
000 F CFA en fonction de la localité et le litre du lait caillé à 500 F CFA.

Les mois de juin-juillet sont très significatifs car ils constituent la période de pleine
soudure, les intrants agricoles ne font plus l’objet des échanges la priorité étant accordée à la
consommation humaine. Les prix augmentent dès que la période de récolte (voir Tableau :
calendrier agricole) passe. Pendant les périodes de récolte, les spéculateurs achètent les denrées
et stockent pour les vendre à partir du mois de juin-juillet, un sérieux handicap pour les ménages
pauvres. Ce phénomène de spéculation est un problème et l’on estime cette part à près de 25%
de la demande totale des céréales de la région soit une quantité d’environ 250 000 tonnes de
céréales thésaurisée (DRADER-EN, 2018). Pendant la période pluvieuse aussi, l’accessibilité
aux denrées alimentaires est réduite à tous les niveaux. Les pistes rurales deviennent

 
  
146 
 

impraticables, les transporteurs en camions même se font rares. Les marchés urbains et ruraux
ne sont pas approvisionnés et les stocks locaux connaissent des hausses de prix.

Au moment de l’enquête marchée au mois de Juillet 2018, malgré la disponibilité visible


des céréales sur le marché, la tasse de mil se vend à 650 F CFA (le sac de 100 kg en moyenne
coûte 20 357 FCFA) et le maïs à 500 F CFA. Le mil est moins demandé parce que les ménages
ont constitués les stocks pour la période de soudure mais le prix des céréales s’explique aussi
par les achats massifs des partenaires humanitaires. Le niébé est certes disponible mais en
quantité réduite. Ce n’est pas la haute saison de production. Sa tasse est vendue à 120 F CFA,
le prix est à la hausse à cause de la demande des ménages et des achats transfrontaliers. Le sac
de 100 kg de pomme de terre qui se vendait en 2013 à 25 000 F CFA est vendu à 33 000 F CFA.
Le sac de 120 kg d’ail, coûte en moyenne 86 357 F CFA alors qu’en 2013 on pouvait l’avoir à
65 000 FCFA.

Les commerçants estiment que les prix sont mêmes au rabais car ils veulent écouler les
anciens stocks à cause de la récolte qui s’annonce. Les légumes-feuilles sont présents en grande
quantité (tasba, lalo, kelin-kelin…), le paquet est vendu à 25 F CFA et par rapport aux trois
derniers mois, le prix est en baisse. Le prix du kilogramme de la viande de bœuf varie entre
1500 -1800 FCFA. Le kilogramme de poisson frais coûte 2 000 F CFA et une alvéole d’œufs à
1900 F CFA. À la question de savoir s’ils peuvent répondre à la demande actuelle si elle
augmentait de 50%, la réponse est NON en majorité. Pour le faire, il faudrait qu’ils augmentent
le volume des principaux produits à hauteur de 80%. Les principales contraintes à cette réalité
sont les anciens stocks qu’ils n’arrivent pas à écouler, le mauvais état des routes et le manque
des moyens pour s’approvisionner. Toutes ces contraintes (arrivée tardive des pluies, départ
précoce, les chenilles défoliatrices, l’inaccessibilité aux intrants et semences à cause du faible
pouvoir d’achat et le début des incursions de B.H en territoire camerounais provoquant les
vagues de déplacement) qui minent la production agricole dans le Mayo-Tsanaga sont aussi les
causes évidentes des fluctuations des prix observés sur les marchés. Le niveau de prix observé
traduit les quantités disponibles (tableau 24) sur le marché.

 
  
147 
 

Tableau 24 : Disponibilité des denrées sur les marchés de 2013 à 2018

Disponibilité sur Abondance Normale Rare Limite


les marchés
Années et denrées 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Sorgho SP
Sorgho SS
Maïs
Arachides
Niébé
Oignon
Riz
Source : Enquêtes de terrain, 2018

Il ressort de ce tableau qu’en 2013, les stocks disponibles sur les marchés sont stables
donc les prix aussi. Le kilogramme de céréale se vend en moyenne 180 F CFA. Les produits de
rente comme l’oignon, les arachides coûtent en moyenne 400 F CFA le kg. Cette tendance du
marché se poursuit jusqu’en 2014 sauf pour les arachides qui connaît une hausse. Le stock
disponible est limite et le prix au kg est à 425 F FCA. En 2015, les attaques terroristes
s’intensifient dans certaines localités proches de la frontière, les attentats kamikazes se
multiplient dans les lieux de regroupement comme les marchés ce qui a pour conséquence la
désorganisation des systèmes marchands. On observe une diminution des stocks à cause des
déplacements restrictifs de l’approvisionnement et une flambée des prix. Mais l’aide
alimentaire soulage les ménages non agricoles (les PDI, les réfugiés et certains ménages hôtes
bénéficiaires), ce qui contribue à atténuer les prix et les maintiennent à une légère hausse.

La disponibilité du niébé, de l’oignon demeure « normale » jusqu’en 2016 juste de faibles


fluctuations de prix. L’achat massif du sorgho pour l’aide alimentaire et la consommation du
maïs par les ménages amenuisent les stocks et se font rares dans certains marchés. En raison
des vagues de nouveaux déplacés, réfugiés en 2017, la demande en céréale augmente. Les
stocks manquent parfois sauf l’arachide qui reste stable car son bassin de production dans
l’arrondissement de Mogodé est moins pris d’assaut par les déplacés. Le pic des prix des
denrées alimentaires est atteint en 2018. Un sac de 100 kg coûte en moyenne 30 000 F CFA et
le prix au kg varie entre 200 F CFA et 500 F CFA. Une denrée alimentaire, le riz issu des dons
alimentaires va faire son entrée sur le marché à partir de 2016. En effet, les réfugiés, les PDI
vont souvent procéder à la vente de leurs avoirs alimentaires. Un sac de riz de 50 kg se vend à
12 000 F CFA voire moins selon les ententes entre le vendeur et l’acquéreur. Parfois le riz fait
l’objet d’échange, un sac de riz de 50 kg contre un sac de mil de 50 kg. Ce qui soulève la

 
  
148 
 

question de l’adéquation de l’aide alimentaire et les habitudes alimentaires des ménages


bénéficiaires.

À cause de sa position stratégique, le Mayo-Tsanaga est une plaque tournante de la


circulation des denrées alimentaires et points de ravitaillement des pays frontaliers et des
marchés intérieurs ; l’approvisionnement des ménages et vice-versa. Les pays comme le
Nigéria, le Tchad fournissent beaucoup plus des produits manufacturiers, les intrants agricoles,
les fruits et le bétail (figure 27). Le Mayo-Tsanaga en retour ravitaille leurs marchés en denrées
alimentaires (figure 28).

100000 84000
80000
Tonnage

60000
40000
16000 16000
20000 965 568 2500
0
Niébé Oignon Arachides Soja ail Pomme de
terre
Denrées exportées

Figure 27 : Principales denrées alimentaires exportées


Les denrées qui vont au Nigéria et au Tchad sont le niébé (965 t), l’oignon (16 000 t) pour
les régions intérieures aussi comme le Littoral, le Centre et l’Ouest ; les arachides 84 000 t pour
Douala et le Nigéria ; les pommes de terre (16 000 t) qui vont jusqu’au Tchad, Soudan et la
Lybie ; le Soja 568 t pour Douala et l’ail (2 500 t) pour Douala, Yaoundé et Bafoussam. Le
maïs aussi est une denrée qui ravitaille le marché intérieur de l’Extrême-Nord et du Nord.

15000 13100
Tonnage

10000
5253
5000
262 97 415 59
0
Riz Farine de blé Bétails Oranges Sucre Ignames
Denrées importées

Figure 28 : Principaux produits importés par le Mayo-Tsanaga

 
  
149 
 

Le Nigéria en dehors des produits manufacturés comme les pièces détachées automobiles
et motos, le textile, le gasoil frelaté, les ustensiles de cuisine, fournit également les fruits à
l’instar des oranges (97 t), la canne à sucre (415 t). Mais aussi les ignames (59 t), la farine de
blé (262 t), le riz (13 100 t). Le Mayo-Tsanaga achète aussi le maïs au Nord et dans l’Adamaoua.
Les tourteaux, le natron et le bétail provient du Tchad également. Les ménages qui vivent dans
les villages à proximité de la frontière sont complètement dépendants des marchés extérieurs
pour se ravitailler parfois très proche par rapport au marché local qui se trouve à des kilomètres
et se tient une fois en semaine. Au moment des enquêtes, il a été observé que les ménages de
l’arrondissement de Mogodé achètent tout au Nigéria (boissons gazeuses, pain ou gâteau, les
femmes avec des paniers sur la tête ravitaillent les ménages très tôt le matin). C’est un
département qui sert aussi de point de transit pour certains produits (figure 29).

5000
4000
4000
Tonnage

3000

2000

1000
220 150 170
0
Riz Arachides Sésame Voandzou
Produits alimentaires en transit

Figure 29 : Les produits alimentaires en transit


Environ 4 000 tonnes de riz part de Douala, passe par Mokolo pour les marchés frontaliers
comme Banki (Nigéria). Et l’inverse est possible pour les produits comme les arachides (220
t), sésame (150 t), voandzou (170 t) qui quittent du Tchad, passent par Mokolo pour le Nigéria
(figure 30).

 
  
150 
 

Source : DDADER, enquêtes de terrain 2018

Figure 30 : Flux des denrées à l’échelle nationale et internationale

 
  
151 
 

À cause de l’éloignement du département des centres commerciaux comme Yaoundé et


Douala, les ménages sont très dépendants des marchés frontaliers pour se ravitailler. L’avantage
est le faible coût des produits proposés par rapport aux produits venant des autres régions
d’autant plus que les commerçants ajoutent certainement la plus-value sur les prix. Tous ces
facteurs contribuent à asphyxier le consommateur final qui trouve les niveaux des prix pas du
tout à sa portée (figure 31).

4%

32 %

0%
63 %

Abordables moins chers Chers Pas chers

Figure 31 : Avis des ménages sur les prix


Sur les 207 ménages enquêtés, 63 % des ménages estiment que les prix des denrées sont
élevés, 32 % disent qu’ils sont à leur portée, 4 % des ménages au contraire affirment que ce
n’est pas cher. Dans le même ordre d’idée, 48, 3 % des ménages ont affaire à un marché
périodique (une fois par semaine), 1,9 % à un marché hebdomadaire (marché urbain) et 1,2 %
de ménages parcourent plus de 5 km pour se rendre à un marché. Un habitant de Magoumaz
parcourt 12 km au moins pour se rendre au marché de Mokolo le mercredi, 14 km pour le
marché de Kossehone le lundi pourtant situé dans le même arrondissement. Celui du village de
Gouria, fait 5 km pour se rendre au marché de Mogodé le vendredi. Pourtant, la dépense
alimentaire est non négligeable au sein des ménages (figure 32).

 
  
152 
 

51,50
Tabac 5
4,70
Remboursement dette 5,9
Motifs des dépenses

1,7
Frais scolarités 9,2
8,7
Dépenses logements 7,9
10,80
Achat bétail 1,70
Total 51,50
0
Payement frais de scolarité 0
0
Équipements du ménage 1,50
0,50
Activités économiques 4,20
21,10
Achats aliments 17,90
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
Pourcentage %

Figure 32 : Part des dépenses mensuelles et quotidiennes alimentaires et non


alimentaires des ménages du Mayo-Tsanaga
La figure 32 démontre que la priorité accordée concerne les intrants, semences agricoles
(21,10%), ensuite à l’achat des aliments sur le marché (17,90%). Dans un premier temps, les
ménages accordent plus de dépenses autour de la subsistance alimentaire familiale.
L’accessibilité aux denrées alimentaires est rendue difficile à cause des multiples crises que
traverse la Région de l’Extrême-Nord. Or cette région est l’une des régions où l’effectif des
pauvres augmente de façon régulière depuis 2001. Cette pauvreté est plus accentuée en milieu
rural avec une sévérité qui évolue de 5,2% en 2007 à 7,2 % en 2014 (30% de la population et,
60% de pauvres) pour un taux de 74,3% (ECAM 3 et 4, 2001-2014). Et cela va avoir une
incidence sur les dépenses alimentaires car 17,9% des ménages enquêtés achètent de quoi
satisfaire leurs besoins alimentaires et c’est légitime qu’ils ne se plaignent des prix sur les
marchés qui ne sont pas réellement à leurs avantages.

 
  
153 
 

I-4-2- Les marchés du Lom-et-Djerem

Le Lom-et-Djerem a la particularité que ses marchés les plus importants sont des marchés
urbains, situés sur le corridor de la nationale n°1 (figure 33). Ce sont des marchés journaliers
(Bertoua 1er et Bertoua 2e, Belabo, Garoua-boulaï) et hebdomadaires (Tongo- gandima) (tableau
25).

Tableau 25 : Marchés importants du Lom-et-Djerem


Marchés Jour du marché Denrées alimentaires disponibles
er
Bertoua 1 Journalier Plantain, manioc cossette
Bertoua 2e Journalier Manioc tubercule, maïs
Belabo Journalier Macabo, ignames
Garoua-boulaï Journalier Arachides, haricot, tomate
Tongo-gandima Dimanche Banane douce, ananas
Patate douce, pomme de terre, concombre
Source : DDADER Lom-et-Djerem, enquêtes de terrain, 2018

Les produits présents sur ces marchés sont les produits de la production locale et des
autres régions du Cameroun (le plantain, la patate douce, le macabo, la banane douce, le haricot,
la pomme de terre, la viande de toutes sortes, les ignames, les légumes-feuilles pour les sauces,
les produits manufacturiers, les outils et les intrants de production agricole, le poisson frais et
sec, la friperie…).

 
  
154 
 

Figure 33 : Localisation des marchés du Lom-et-Djerem


À part ces centres urbains où les marchés sont journaliers, les autres arrondissements
(Betare-oya, Ngoura, Diang, Mandjou) du département disposent des marchés périodiques. Ces
marchés (Betaré-Oya, Ngoura et Diang) sont dans des zones difficiles d’accès. En dehors de
Betaré-oya qui jouit d’une route bitumée qui s’arrête au centre-ville, le reste de la localité est
très enclavée ainsi que la majeure partie de Ngoura. Ils font également face aux problèmes
structurels (planche 9) : l’arrondissement de Ngoura a 32 villages pour 07 marchés périodiques,
Bétare-Oya a 80 villages pour 15 marchés, 3 magasins de stockage, Garoua-boulaï a 34 villages
pour 13 marchés dont 01 marché frontalier, 04 magasins de stockage… ; Ce qui est largement
insuffisant pour l’ensemble de la population.

 
  
155 
 

Planche 9 : Les marchés du Lom-et-Djerem

A
B
Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018
Photo 26 : Caravane de commerçants Photo 27 : Marché communal de Betare-
Oya

C
Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018
Photo 28 : Marché de Longa-Mali Photo 29 : Marché d’Ouanden

E
F
Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018
Photo 30 : Divers denrées Photo 31 : Friperie sur le marché de
Woumbou
Ndokayo est le point de rencontre des commerçants samedi matin 06h, qui embarquent dans des camions
canters (A) pour rallier et approvisionner les villages. Les marchandises dans des gros sacs emballés
avec du plastique en cas de pluie et prêts à parcourir près de 25 km pour Woumbou. L’arrondissement
de Ngoura est une zone d’insécurité à cause du phénomène des coupeurs de route donc les commerçants
voyagent ensemble pour réduire les risques d’attaques. La Commune de Betare-oya dans ses projets
d’investissements a construit un marché communal (B). Ce marché est doté de boutiques, de places
personnelles, d’un magasin, de deux latrines (Hommes et femmes). À Longa-mali (C), le centre du
village est d’office la place du marché, les commerçants profitent de l’ombrage des grands arbres et
installent leurs produits sur des bâches en plastique. C’est le même constat qui s’est fait à Ouanden (D),
sauf que tous ne pouvant se réfugier sous les quelques arbres, construisent des hangars avec des piquets
et des cordes. Les produits non alimentaires ; friperie (F), ustensiles de cuisine, les téléphones…
proviennent de Douala pour ces marchés.

 
  
156 
 

Les commerçants ont des difficultés pour s’approvisionner et stocker leurs produits. Les
produits sont souvent avariées sur le marché surtout les conserves. Ils sont rares et inaccessibles
car la demande est faible également. Malgré cela, les commerçants se déploient pour satisfaire
les ménages, ils se constituent en caravane et vont de village en village. Ils y passent en
moyenne 02 à 03 heures de temps et continuent dans le prochain village. Dans ces marchés de
transit, il faut être là quand ils arrivent pour pouvoir s’approvisionner et même dans les marchés
stables pour la journée, il faut être là très tôt le matin pour être servi. Les routes dans les villages
sont en majorité carrossables, rendant les frais de transport très onéreux et même de nombreux
accidents de motocyclette y sont signalés chaque semaine.
Divers produits sont vendus sur ces marchés (savon, oignon, haricot, arachides en graines,
farine de manioc, allumettes, gingembre, sel…). Ils sont tout simplement étalés sur les bâches
plastiques au sol. On y trouve également le matériel pour l’agriculture ; la daba, la houe, les
couteaux, machettes et limes. L’agriculture pratiquée dans la zone est rudimentaire. Le manioc
est vendu dans les cuvettes cossettes. Les prix varient selon les contenances et la patate douce
regroupée en tas. La majorité de ces produits viennent des autres régions et parfois de
l’extérieur. Et les frais de transport et autres contraintes ont un impact sur le prix au dépourvu
du consommateur final.

I-4-2-1- Les prix et les systèmes d’échanges sur les marchés du Lom-et-Djerem

Ces marchés sont surtout des marchés de détail sauf le manioc cossette qui aussi est un
produit de rente de premier ordre. Les mesures utilisées sont les cuvettes (1 cuvette équivaut à
15 kg ou 18 kg), les tasses ou le kilogramme (figure 34), les sacs en jute (lianes tissées), les
seaux de 15 litres voire moins. Les tas de patate peuvent avoir 10 tubercules moyens, le tas
d’igname 3 à 5 tubercules selon la grosseur. La monnaie d’échange est le F CFA et les prix sont
fixés par les commerçants en fonction de la mesure, du coût du transport, des frais de douane
et de la demande.

 
  
157 
 

700
Prix moyen des denrées au kg
600
500
400
300
200
100
0
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Plantain 194 200 150 190 195 500
Manioc cossette 215 215 145 205 175 333
Manioc tubercule 123 137 100 140 135 250
Maïs graine 305 259 220 215 200 200
arachide 614 553 515 575 580 615
igname 269 300 180 365 320 500

Source : Enquêtes de terrain, 2018

Figure 34 : Évolution des prix sur les marchés de 2013-2018


De 2013 à 2018, les prix sur les marchés subissent au gré du temps des variations selon
les contraintes suscitées. Concernant les produits de grande consommation comme le manioc
les prix sont constants et relativement bas. En 2013, le prix d’une cuvette de manioc cossette
de 15 kg coûte 3 225 F CFA, le kilogramme à 215 F CFA en moyenne pareil, qu’en 2014. En
2015, il chute à 2 175 F CFA et le kilogramme est à 145, ce prix remonte à 3 075 F CFA en
2016, le kilogramme est alors à 205 F CFA pour se stabiliser en 2017 à 2 625 F CFA et le
kilogramme chute à 175 F CFA. Un régime de banane plantain moyen de 15 kg en 2013 coûte
2 910 F CFA et le kilogramme à 194 F CFA en moyenne. en 2014, il est à 200 F CFA le kg et
le régime à 3 000 F CFA en moyenne, 2 250 F CFA en 2015, 2 850 F CFA en 2016 et 2 925
FCFA en 2017. Une cuvette d’arachide décortiquée, d’un poids moyen de 13 kg se vendait en
2013 à 7 982 F CFA et le kilogramme en moyenne à 614 F CFA, stable à 7 189 F CFA en 2014
puis chute à 6 695 F CFA en 2015. Elle retrouve son prix en 2016 à 7 475 F CFA et 7 540 F
CFA en 2017. Le prix au kg se situant entre 553-580 F CFA. La cuvette du maïs (en graines)
pour un poids moyen de 26 kg se vend en 2013 à 7 930 F CFA et le kilogramme à 305 F CFA,
en 2014, elle est à 6 734 F CFA. Elle chute pratiquement en 2015 au prix de 5 720 F CFA, 5
590 F CFA en 2016 et à 5200 F CFA en 2017. Le prix au kilogramme pendant ces années est
resté dans la marge de 259 F CFA. L’ensemble des prix va connaître une hausse généralisée en
2018 (au moment de l’enquête marché). Les paysans vendent davantage les produits aux
étrangers, les ménages jadis bénéficiaires des programmes d’aide alimentaires sont hors
programmes. Le kilogramme d’igname qui s’est vendu en 2017 à 300 F CFA passe à 500 F

 
  
158 
 

CFA, le manioc cossette de 195 F CFA à 500 F CFA et le manioc tubercule de 135 F CFA à
250 F CFA. Le kilogramme d’arachide de 580 F CFA passe à 615 F CFA.
Plusieurs facteurs déterminent les prix sur les marchés du Lom-et-Djerem. La proximité
avec les frontières RCA-Congo, la demande urbaine forte, l’afflux et l’installation des réfugiés,
le foisonnement des structures occidentales d’exploitation minière, l’enclavement des bassins
de production et l’éloignement des centres d’écoulement des produits alimentaires. La
proximité avec les frontières se lie sur deux points ; ces pays s’approvisionnent énormément
dans les marchés frontaliers camerounais (en dehors des produits agricoles, les produits
manufacturiers et de l’eau de boisson), ce qui constitue un avantage comparatif. Certains de ces
commerçants étrangers viennent acheter les champs sur pied et procèdent eux-mêmes à la
récolte, créant ainsi un déficit en produits sur le marché et au sein du ménage vendeur.

Ces variations de prix sont aussi en lien avec les quantités présentes sur les marchés
(tableau 26), selon la demande des consommateurs et subissent le diktat des contraintes
structurelles. La remarque générale est que le manioc cossette demeure la denrée la plus prisée
car constitue l’aliment de base donc elle est la plus cultivée tant localement que dans la sous-
région et fait l’objet de nombreux échanges.

Tableau 26 : Disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés


Disponibilité
sur le marché Abondance Normale Rare Limite
Années et 2013 2014 2015 2016 2017 2018
denrées
Plantain
Manioc
cossette
Manioc
tubercule
Maïs graine
Arachides
Banane douce
Haricot
Igname
Tomate
Macabo
Source : Enquêtes de terrain, 2018

Le ménage pauvre achète soit en kg ou en tasse. Les prix au kilogramme sont liés non
seulement à la demande mais aussi au stock disponible auprès des commerçants. Un produit
rare ou en stock limité fait l’objet d’une hausse de prix surtout s’il est demandé. La figure 35
illustre parfaitement ce fait. En 2013-2014, les produits comme le manioc tubercule, le

 
  
159 
 

tubercule, le macabo, le maïs, les arachides et la banane douce sont abondants sur les principaux
marchés. Les stocks des produits ; haricot, igname, manioc en cossette et plantain sont
disponibles aussi. Sauf pour le plantain qui connaît une rupture et le prix au kg en moyenne
passe de 194 F CFA à 200 F CFA (un tubercule ou deux au plus). À peine, on en aperçoit sur
les marchés de Betare-Oya et Ngoura. En 2015, les stocks sont disponibles et les prix sont
revus à la baisse. Le prix au kg du manioc cossette passe de 215 F CFA à 145 F CFA, le maïs
passe de 259 F CFA à 220 F CFA, l’igname de 300 F CFA à 180 F CFA. À partir des années
2016-2017, les quantités des denrées sur les marchés viennent à manquer. Et l’étau se resserre
en 2018. Le kg du plantain de 195 F CFA s’acquiert désormais à 500 F CFA et celui du manioc
cossette de 175 F CFA à 333 F CFA. Le macabo même est introuvable sur le marché de Diang
en 2018. Les prix appliqués sont différentes dans les arrondissements (figure 35)

Diang 5000 5000 2000 3000 3000


Belabo 3500 5000 180020002000
Arrondissements

Ngoura 2000 4000 2000 5100 3000


Garoua-boulaï 6000 6000 2000 4000 6000
Betare-oya 4500 6000 2000 6000 4500
Mandjou 4500 3999 2000 3500 4500
Bertoua 5000 5122 2100 7000 4500
0 5000 10000 15000 20000 25000 30000

Manioc cosette Maïs Viande (kg) Arachides Plantain


Prix des denrées alimentaires

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 35 : Niveau des prix par arrondissement


À Bertoua, la cossette de manioc de 15 kg coûte 5 000 F CFA, elle revient à Mandjou à
4 500 F CFA, Betare-Oya (4 500 F CFA), Garoua-boulaï (6 000 F CFA), Ngoura (2 000 F
CFA), Belabo (3 500 F CFA) et Diang (5 000 F CFA). Le manioc coûte donc plus cher à
Garoua-boulaï puis à Diang et moins cher à Ngoura. La cuvette de 26 kg de maïs est à 5 122 F
CFA à Bertoua, Mandjou (4 000 F CFA), Betare-Oya (6 000 F CFA), pareil à Garoua-boulaï
(6 000 F CFA), Ngoura (4 000 F CFA), Belabo (5 000 F CFA) et Diang (5 000 F CFA). Le prix
de la viande en kilogramme varie négligemmment dans les arrondissements, il est à 2 000-2
100 F CFA sauf à Ngoura où il est à 1 800 F CFA.

 
  
160 
 

Les arachides également vendus en cuvette coûtent 7 000 F CFA à Bertoua, Mandjou
(3 500 F CFA), Betare-oya (6 000 FCFA), Garoua-boulaï un peu moins (3 500-4 000 F CFA),
Ngoura (5 100 F CFA), Belabo et Diang (2 000-3000 F CFA). Le régime moyen de plantain
coûte 4 000-4 500 F CFA à Bertoua, pareil à Mandjou et Betare-oya, un peu plus de 5 000-6
000 F CFA à Garoua-boulaï (la majeure partie du plantain vendue sur le marché provient de
Bertoua), 3 000 F CFA à Ngoura (occasionnellement sur le marché et parfois vendue 500-1 000
F CFA le tas), Belabo et Diang en tant que bassin de production du bananier-plantain, un régime
moyen revient à 2 000-3 000 F CFA. Les arrondissements de Betare-Oya, Garoua-Boulaï sont
les arrondissements où le coût des denrées alimentaires est élevé dans l’ensemble des produits
alimentaires (figure 36) et par ailleurs les villages d’installation de la majeure partie des réfugiés
centrafricains.

 
  
161 
 

Figure 36 : Zones d’insécurité alimentaire dans le Lom-et-Djerem


Les arrondissements de Bertoua 1er et Bertoua 2ème sont des milieux urbains donc le prix
moyen des produits alimentaires est de 4 744, 5 F CFA. Les arrondissements de Garoua-Boulaï
et de Betare-Oya sont des zones d’excellence de l’insécurité alimentaire, les prix moyens des
produits sont de 4 800 F CFA et 4 600 F CFA surement influencé aussi par le boom

 
  
162 
 

démographique. L’arrondissement de Belabo est l’arrondissement où le prix moyen des denrées


est de 2 800 F CFA suivi de l’arrondissement de Ngoura avec 3 220 F CFA.
L’une des raisons du niveau des prix des produits sur les marchés ruraux du Lom-et-
Djerem est la perte de l’identité spécifique du monde rural. Celle de produire et de vendre au
marché urbain mais c’est le contraire qui s’observe dans ce contexte. L’essence du monde rural
est la productivité agricole, même les citadins retournent la plupart du temps au village pour
l’activité agricole (Mougam à Mbassa, 1993, Dufumier M., 1996, Kengne F., 2003, Elong J.G.,
2011) donc ce serait naturel que les produits vendus sur ces marchés proviennent directement
des champs et sans frais de transport ou toutes autres contraintes physiques, les prix seraient
revus à la baisse. Certains produits alimentaires viennent des villes comme Garoua-Boulaï,
Bertoua pour être vendus sur les marchés (figure 37, c’est l’une des raisons de la périodicité
des marchés puisque les commerçants viennent d’ailleurs pour vendre) ruraux de Ngoura,
Betare-Oya ou de Bertoua pour Garoua-boulaï).

Production agricole Marchés urbains


rurale

Marchés des pays


frontaliers
Marchés ruraux
Maraichers
Produits maraichers
Vivriers Marchés urbains
Vivriers
Manufacturiers

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 37 : Circuit d’approvisionnement des marchés ruraux


La valorisation des bas-fonds autour de Bertoua permet une culture maraîchère variée.
Les commerçants s’y ravitaillent en tomates, poivron, poireaux, condiments verts, fruits,
haricot, arachides, ignames, huile de palme, banane plantain pour les marchés le long du

 
  
163 
 

corridor Bertoua-Garoua-boulaï, Ngoura, Betare-Oya. À cause des coûts du transport des


produits, les commerçants ajoutent le revenu à tirer à leurs gré et selon le prix d’achat. C’est un
principe simple : frais distance zone d’achat + prix d’achat +frais de transport zone de vente +
prix d’écoulement = bénéfice.
Tous ces produits présents sur les marchés du Lom-et-Djerem font aussi l’objet des
échanges (figure 38) avec les pays frontaliers comme le Congo et la RCA, surtout la RCA qui
en majorité se nourrit au Cameroun. Ce qui est un avantage comparatif pour ces marchés mais
aussi un problème pour l’approvisionnement satisfaisant des ménages car la loi du marché
voudrait qu’on vende au plus offrant et la porosité des frontières favorise cette pratique abusive.
Les commerçants étrangers (d’autres régions du Cameroun et de la sous-région) achètent les
champs sur pied, après cession le propriétaire n’a plus de droit d’en prélever pour sa propre
consommation. Donc les petites quantités produites sont parfois soustraites pour les marchés
extérieurs.

3000
2475
2500
1978
2000
Tonnage

1500
1500
1000
450 450
500 230
75 25 90 93 14 8 16
0

denrées exportées 

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 38 : Flux des exportations alimentaires


Les principaux produits alimentaires qui partent des marchés du Lom-et-Djerem pour la
République Centrafricaine sont : le riz (1 978 t), l’eau minérale (1500 t), les pâtes alimentaires
(450 t), les arachides (75 t), la farine de blé (25 t), le sel de cuisine (90 t), les oignons (93 t), le
haricot (14 t), la tomate (8 t), le maïs (16 t). Ceux qui vont au Congo sont : les oignons (8 750
t), le haricot (2 380 t), la banane-plantain (2 475 t), le manioc cossette (450 t), les pommes de
terre (185 t). En retour le Lom-et-Djerem prélève quelques produits de ces pays (figure 39).

 
  
164 
 

800 700
700
600
Tonnage/litres

500
400
300 217
200
100 40 62
2,6
0
Manioc cossette Coton Arachides Cacao Huile de palme
denrées importées

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 39 : Flux des produits importés par le Lom-et-Djerem


Le République Centrafricaine approvisionne les marchés du Lom-et-Djerem en coton
(40t), manioc cossette (217 t), et en arachides fraîches (2,6 t). Le Congo quant à lui apporte le
cacao (700 t) et l’huile de palme (62 litres en moyenne). Ces marchés servent aussi de passerelle
pour les échanges de produits alimentaires (figure 40) avec les pays occidentaux.

10000 8750
8000
Tonnage

6000
4000
2450 2100 2380
2000 1400 950
720 350 185 120
0
Farine Riz Farine Malt Sucre Oignon Haricot Pomme Bois en Bois
de de maïs de terre grumes débité
froment
Produits

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 40 : Flux des produits en transit


Le corridor Douala-Garoua-boulaï sert à ravitailler la Centrafrique en produits venant de
l’Occident comme la farine de froment (2 450 t), le riz (2 100 t), la farine de maïs (1 400 t), le
malt (720 t), le sucre (350 t) qui en retour fournit à l’Occident les bois en grumes (950 t) et le
bois débité (120 t). Les produits alimentaires tels le haricot, les pommes de terre et l’oignon
proviennent de l’Ouest et du Nord Cameroun pour le Congo (figure 41).

 
  
165 
 

Source : PNVRSA, enquêtes de terrain, 2018

Figure 41 : Flux des produits alimentaires dans la sous-région


A cause de leurs positions stratégiques avec les pays frontaliers, le Mayo-Tsanaga et le
Lom-et-Djerem, les denrées alimentaires font l’objet d’un important échange avec l’extérieur.
Les quantités (les flux) exportées sont importantes au dépend de la satisfaction locale. Ce fait
contribue aussi à maintenir ces zones dans l’insécurité alimentaire.
Les ménages du monde rural sont beaucoup plus dans la production d’autosubsistance
mais la dépense alimentaire est tout aussi importante. Ce qui explique le déploiement des

 
  
166 
 

ménages dans ces différents systèmes d’échanges pour l’acquérir même si les moyens
financiers sont limités. L’alimentation est l’un des premiers besoins fondamentaux de l’Homme
(Maslow, Caillavet et al, 2009) (figure 42).

48,50
Tabac 0
0
Remboursement dette 2,50
2,20
Motifs des dépenses

Frais scolarités 0
22,40
Dépenses logements 8,70
3,60
Achat bétail 7
Total 48,50
1,90
Payement frais de scolarité 2,20
0
Équipements du ménage 0,35
0,50
Activités économiques 2,50
12,70
Achats aliments 28,40
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
Pourcentage %

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019


Figure 42 : Part de dépenses mensuelles et quotidiennes alimentaires et non alimentaires
des ménages
La primauté des dépenses mensuelles est alimentaire (28,4%), ensuite l’achat des
semences et intrants agricoles (12,7%) et le mobilier pour la maison (22,4%) dans les autres
dépenses quotidiennes. La région de l’Est fait partie des régions pauvres du Cameroun avec un
taux de pauvreté (30,0%), une population rurale pauvre à 90,4%. Ces ménages pauvres gagnent
moins de 28 310 F CFA par mois (ECAM 4, 2014). Malgré l’évolution positive du seuil de
pauvreté 6,2% (2007) à 3,9% (2014) dans l’ensemble, les pauvres demeurent pauvres (8
ménages sur 10 et dans ce lot la moitié sont plus pauvres, RADEC Est, 2013) donc le panier
minimum un vain effort. Pourtant, près de 28,4 % des ménages enquêtés se ravitaillent sur les
marchés et c’est légitime qu’ils trouvent les produits alimentaires chers (figure 43).

 
  
167 
 

5%
28 %

68%

Abordables sans avis Chers Pas chers

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019


Figure 43 : Avis des ménages sur les prix des denrées alimentaires
Sur 195 ménages, 68 % des ménages affirment que les prix sont très élevés et pas à leurs
portées sur les marchés, 28 % des ménages disent que c’est abordable et à leurs niveaux d’achat
et 5% prétendent que les produits ne coûtent pas chers. Or environ 37,6% des ménages
dépendent des marchés périodiques une fois par semaine contre 10,9 % qui jouissent du
privilège d’avoir, un marché journalier surtout les marchés urbains.
La performance des marchés est la mesure dans laquelle les marchés rendent disponibles,
et à prix abordables les produits et services pour répondre à la demande. Lorsque la performance
est bonne, les ménages qui ont des liquidités y achètent ce dont ils ont besoin lorsqu’ils en ont
besoin et à des coûts abordables. Lorsque la performance des marchés est médiocre, ces
ménages sont handicapés par le fait de pouvoir s’approvisionner en quantités et en qualités et
parfois à des coûts exorbitants (ACF, 2009). Ce qui vient confirmer le fait que la périodicité
des marchés, les qualités des produits sur les marchés enclavés, les infrastructures mêmes, le
faible pouvoir d’achat des ménages rendent les marchés présentées médiocres. Ici peut
s’appliquer l’une de définitions de l’insécurité alimentaire. C’est la difficulté à s’approvisionner
en denrées de base, en temps opportun, à moindre coût et en tout lieu, selon les critères de
quantités et de qualités nutritionnelles et sanitaires établis dans le respect des habitudes locales
tout en garantissant une bonne santé (Janin P., 2009).

 
  
168 
 

Conclusion

Qui dit agriculture dit production alimentaire donc sa contribution est non négligeable en
matière de satisfaction des besoins alimentaires des ménages. Cependant, une bonne production
ne garantit pas toujours une sécurité alimentaire comme c’est le cas dans le Mayo-Tsanaga. Les
variations climatiques, les pratiques culturales rudimentaires, les prix sur le marché
conditionnent fortement les disponibilités alimentaires dans les départements du Mayo-Tsanaga
et du Lom-et-Djerem au cours de ces dernières années. Au fil des années, les parcelles mises
en valeur diminuent et ce avec la production, pendant que le Mayo-Tsanaga a des taux records
de près de 582 000 tonnes de production pourtant le ménage n’en dispose pas suffisament pour
se nourrir, le Lom-et-Djerem affiche à peine 100 000 tonnes, ce malgré la diversité des produits
alimentaires. Les autres contraintes évoquées sont la destruction des cultures par les acridiens,
l’accès aux produits phytosanitaires, intrants et semences améliorées restreintes, la question
foncière toujours actuelle caractérisée par un accès à la terre restreint. Les politiques
marchandes aussi sont un goulot d’étranglement pour l’accès des ménages aux produits
alimentaires tant du point de vue physique que monétaire. Tous ces éléments concourent à
asseoir l’insécurité alimentaire dans ces zones. Le Mayo-Tsanaga souffre d’une insécurité
alimentaire qui est le résultat des déficiences dans l’approvisionnement dans le temps et dans
l’espace marquée par une période de haute soudure (mois de juin-juillet-août), de possibilités
d’accès physiques, économiques insuffisantes des ménages pour parler des dysfonctionnements
des marchés (Azoulay G. et Dillon J-C., 1993). Par contre l’insécurité alimentaire qui prévaut
dans le Lom-et-Djerem, est le résultat, de la perte des fonctions régaliennes de son monde rural,
de la variation des prix des produits alimentaires sur les marchés liée à des ruptures de stocks
alimentaires momentanés. Pourtant à la charnière avec d’autres pays d’Afrique, ces
départements leur servent de points de ravitaillement et de nombreux facteurs vont venir
aggraver cette vulnérabilité déjà remarquable.

 
  
169 
 

CHAPITRE II : IDENTIFICATION DES FACTEURS AGGRAVANTS DE


L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Le danger qui nous guette est d’un genre nouveau ; il est causé par
l’homme et l’homme seul, et seules les mesures prises par l’homme
pourraient y remédier.
Commandant Jacques-Yves Cousteau cité par Norman Myers, 1993

INTRODUCTION

Certains aspects maintiennent les ménages dans l’insécurité alimentaire via l’insécurité,
le boom démographique, les spectres de la faim, la pauvreté rurale manifeste au travers des
moyens de subsistance. Les départements du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem sont des
zones frontalières avec le Nigéria et la République Centrafricaine. Loin d’être un avantage
comparatif au vu des échanges bilatéraux sont devenus le théâtre des atrocités humaines
obligeant le déplacement massif des populations vers l’intérieur du pays et l’accueil des
nombreux réfugiés aux frontières du Cameroun. Ce chapitre offre une nouvelle fois l’occasion
de prendre connaissance de ce que les actions de l’homme réduisent considérablement les
capacités d’accès des ménages à la nourriture en quantité et en qualité. Ce qui contribue
énormément au problème de l’insécurité alimentaire dans les zones en question.

II-1- ENVIRONNEMENT SECURITAIRE ET SOCIO-ECONOMIQUE DANS LE


LOM-ET-DJEREM ET LE MAYO-TSANAGA

Les menaces auxquelles font face les populations de nos jours sont de plusieurs natures.
L’insécurité met à mal la sécurité alimentaire, touchant sérieusement les ménages au premier
niveau, ensuite les communautés et enfin les États dans leur souveraineté. L’insécurité
alimentaire a pour particularité d’avoir pour principal facteur les conflits armés, comme le
confirme un rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation
(2001), lequel reprend une affirmation soutenue par le Comité International de la Croix- Rouge.
Dans le cas des conflits armés, quelles que soient les causes ayant réduit l’accès à l’alimentation,
les populations civiles demeurent les premières touchées. Elles sont les principales victimes des
conflits armés, le reconnaît la résolution 1 265 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Les
groupes armés utilisent des balles et des explosifs de toutes natures pour commettre des
exactions. Les populations civiles subissent également la guerre à travers l’impact irrémédiable

 
  
170 
 

que celle-ci a sur la sécurité alimentaire de toute région qu’elle affecte (Jelena Pejic, 2001). La
guerre contribue à l’insécurité alimentaire en ce qu’elle perturbe toutes les étapes nécessaires à
la nutrition des personnes, du stade de la production à celui de la consommation des produits
(destruction des moyens de subsistance) en passant par la déstabilisation du circuit
d’approvisionnement des marchés.

II-1-1- Les catastrophes liées à l’action de l’homme

II-1-1-1- Influence des guerres civiles centrafricaines sur le Lom-et-Djerem

L’histoire de la RCA depuis l’époque coloniale, l’ancienne Oubangui-Chari est le théâtre


des violences, de coup d’État en coup d’État sous le joug des factions rebelles. Ce pays demeure
une région en crise dans le temps (encadré 8). La précèdente crise avait pris fin en 2007 et
s’enlise à nouveau en février 2013 (OCHA, 2014 ; Observatoire pharos, 2015).

Encadré 8 : L’imbroglio centrafricain. État, rebelles et bandits

L’imbroglio centrafricain est né du prolongement de plusieurs situations. Structurellement, le


pouvoir central est confiné dans la capitale et les grandes villes. Dans le nord du pays, des
rébellions ont pris le contrôle de l’espace rural et divisé le territoire national en une mosaïque
de territoires plus ou moins autonomes. Au fil du temps, des bandes de coupeurs de route, les
zargina, ont imposé un modèle prédateur d’organisation de l’espace. Les putschs de François
Bozizé et de Michel Djotodia ont favorisé l’enrôlement massif de mercenaires étrangers,
tchadiens et soudanais, dans les conflits centrafricains. La prise du pouvoir de Bangui par la
Séléka, en mars 2013, mêle ces composantes de façon inextricable. Elle se traduit par une mise
en coupe réglée du pays suivie d’affrontements à connotation religieuse …L’arrivée au pouvoir
de la Séléka en mars 2013 achève de transformer la Centrafrique en pot-pourri.
Fonctionnement rebelle et banditisme se mêlent au sein de l’appareil d’État…le tout dans un
contexte de faible peuplement, de pauvreté et d’inégalités régionales de développement.

Chauvin E., Seignobos C., 2013

Après un répit de quelques mois seulement en mi 2013 le pays replonge dans le chaos,
Après 09 mois d’exactions et de massacres des populations dans l’ensemble du pays, les « anti-
balakas » naissent désireux de se venger. Va s’ensuivre une dégénérescence de la situation
sécuritaire et la crise débouche sur des affrontements intercommunautaires. Le pays traverse
une crise politico-militaire sans précèdent, un jeu d’alliance macabre dont les conséquences

 
  
171 
 

pour la population sont dramatiques. En fait, c’est l’ensemble de la population centrafricaine


qui est touchée comme le témoigne Delphine Chedorge, Coordonnatrice des activités d’urgence
de MSF « tout le monde a peur, chrétiens comme musulmans à Bangui même dans le reste du
pays…les populations sont terrorisées, les familles sont déchirées. La tension est exacerbée,
les discours sont haineux », poussant ainsi les populations désœuvrées à fuir vers les pays
voisins et l’un des plus proches étant le Cameroun.

Le département du Lom-et-Djerem a une production alimentaire de moins de 500 000


tonnes de produits alimentaires. Or c’est un département qui va accueillir la majorité des
réfugiés confinés dans un camp et d’autres dissous au sein des villages hôtes. Un ménage qui
dispose d’un hectare pour sa survie alimentaire reçoit subitement quatre autres ménages et doit
le partager. C’est dans ce contexte de compétition alimentaire qu’ils se sont installés. Sur la
frontière Nigéria-Cameroun au niveau de la bande des Monts Mandara et plus, l’action de
l’Homme laisse une infime ligne à la psychose.

II-1-1-2- Impact spécifique des incursions de la secte BH dans le Mayo-Tsanaga

La secte terroriste Boko Haram voit le jour en 1970 au Nigéria sous l’égide de Mohamed
Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri dans l’Etat du Borno. C’est véritablement à partir de
2003, que des heurts violents opposent ses militants issus des étudiants en rupture avec les bancs
et venant des familles pauvres aux forces de sécurité. Près de 700 morts dont au moins 300
militants islamistes parmi lequel Mohamed Yusuf. Le mouvement islamiste tire ses ressources
de nombreux trafics (racket, marchandage des otages, des actes de brigandage au voisinage des
installations pétrolières au Nigéria…). La prise de pouvoir par Aboubakar Shekau marque un
tournant, la secte multiplie les attaques à la bombe et les attentats-suicides. Le Cameroun étant
l’un des pays limitrophes, se voit impliqué en 2012-2013 avec les prises d’otages de la famille
Moulin-fournier, de l’ingénieur français Francis Collomp et du prêtre catholique français
Georges Vandenbeusch, tous libérés par la suite. Cette réflexion de Tisseron A., (2017) sur le
Niger s’applique ; « … avant les attaques de Boko Haram sur le territoire nigérien, les
terroristes ne ciblaient pas prioritairement les Nigériens, mais les Européens et les Américains,
en d’autres termes des « Occidentaux », nourrissant la perception d’un danger qui, finalement,
menaçait les autres ». « B.H n’a pas la vocation de se répandre » explique Priscilla Sabatchy.
Il y’a des cellules de B.H dans les pays voisins comme dans l’Extrême-Nord du
Cameroun…Mais à ce stade les pays voisins servent de zones de repli et d’approvisionnement
en armes ou en combattants. » « Mais des attaques ponctuelles peuvent très bien y avoir lieu ».

 
  
172 
 

C’est depuis 2009 que la présence de B.H est signalée au Cameroun lorsque les réchappés de
la secte suite à une rixe sanglant avec les forces nigérianes se sont repliés dans les localités de
Kolofata, Fotokol, Maroua, Kerawa, Djibrilli, Kousséri, Amchidé, Tolkomari, Bornori. En
2012, ils s’infiltrent aussi parmi les réfugiés venant du Nigéria et en profitent pour installer des
cellules, recruter des adeptes, les jeunes séduits par le djihad, ses mythes et ses promesses dans
ces départements frontaliers (Mayo-Tsanaga, Mayo Sava, Logone-et-Chari) (Courtin N., 2015 ;
Ntuda Ebode et al., 2017). La fin de l’année 2013, B.H opère désormais au Cameroun et les
premiers à subir leurs affres sont les populations des villages frontaliers (figure 44). De
nombreux individus y sont assassinés dans la localité de Kolofata et ailleurs. En 2014, le
gouvernement camerounais impassible au tout début sort de sa réserve et déclare la guerre à
B.H, s’ensuit une vaste offensive sur le territoire et les morts se comptent tant du côté des
assaillants que les forces militaires et civiles. Ceci au gré des capacités opérationnelles et du
rapport de force des deux forces (Mbarkoutou, 2016 cité par Ntuda Ebode et al. 2017).

 
  
173 
 

 Les zones d’ingérences dans la partie septentrionale dite « la zone rouge »

Source : International Crisis group, 2016, L’œil du Sahel, 2018, enquêtes de terrain 2018-2019

Figure 44 : Cartographie de la zone rouge et des villages attaqués


La partie septentrionale a subi des attaques de la part des terroristes retranchés dans un
pays voisin. De nombreux villages ont été détruits causant la mort des milliers de personnes de
2013 à 2018. Les départements qui ont subi les attaques sont : le Logone-et-Chari, le Mayo

 
  
174 
 

Sava, le Mayo-Tsanaga. Le tout premier village attaqué est Tourou dans le Mayo-Tsanaga en
2014. Le Mayo-Tsanaga est le département qui enregistre 95 attaques pendant cette période, le
Logone-et-Chari 155 attaques et le Mayo Sava 267 attaques. Les arrondissements du Mayo-
Tsanaga attaqués sont : Mayo-Moskota avec 75 attaques, Mokolo avec 14 attaques, Koza avec
5 attaques et Bourrha avec 1 village (Ouda). Dans le Mayo-Sava, les arrondissements meurtris
sont : Kolofata avec 169 attaques, Amchidé avec 2, Mora avec 93 et Tokombéré 3 attaques.
Dans le Logone-et-Chari, les arrondissements ou les îles sont île de Yobé, une attaque, île de
Darak, 6 attaques, Zina une attaque, le Logone-Birni, 6 attaques, Makary compte 35 attaques,
Goulfey 2 attaques, Kousseri 2 attaques, Fotokol 36 et Hile-Alfa 23 invasions (L’œil du Sahel,
2013-2018, Mbarkoutou M., 2016). Les invasions se passent de façon sporadique dans les
villages au cours de la nuit, pendant que les paysans au champ, les jours de marché. Les attaques
sont encore fréquents jusqu’au moment des enquêtes terrain.

 Les bilans humains et matériels

Les Monts Mandara offrent un sanctuaire de repli à B.H et les populations de la montagne
vont le ressentir dans leurs chairs (Seignobos C., 2014). L’année 2013 marque un véritable
tournant dans l’histoire du Cameroun, le spectre d’une autre forme d’insécurité dans l’Extrême-
Nord plane désormais. L’enlèvement de 07 ressortissants de nationalité française dans le village
Dabanga et celui du prêtre Vandenbeusch à Nguetchewé sonne le début des exactions (environ
5 à 7 millions de rançons pour les récupérer). C’est également cette année que le Mayo-Tsanaga
reçoit les premiers réfugiés nigérians sur son sol dans les villages de Zelevet et Mafa (700
réfugiés), Zamay (20 réfugiés), Tourou (200) en majorité des femmes et des enfants. Le
Cameroun s’apprête à compter ses victimes des affres des incursions de BH d’une brutalité sans
pareille. De janvier 2013 à mai 2014, il y a eu 353 morts environ, 52 blessés, la caisse d’épargne
communautaire du village d’Ouzal emporté, le centre de santé catholique de Nguetchewé pillé.
De Juin à décembre 2014, 1 759 morts, de nombreux blessés. Près de 115 attaques. De janvier
à mars 2015, 43 attaques pour environ 1 561 morts, sur les berges du Lac Tchad, 184 éleveurs
arabes choas sont tués et 843 têtes de bœufs emportés. L’année 2015 sera la plus meurtrière de
toutes en termes d’attentats et de morts. De Janvier à Juin 2016, 28 attaques pour environ 317
victimes, en cinq mois dans l’année 2017, 22 attaques pour une soixantaine de victimes, de
septembre à décembre de l’année 2018, 12 attaques pour 88 victimes.

Les villages sont pillés et incendiées (Dzaba, Goldavi, Zeneme, Beljoel, Ldaoutsaf…),
les boutiques, les écoles (124 écoles dans les trois départements dont 12 établissements

 
  
175 
 

secondaires, exode de nombreux enseignants vers le Sud, les lieux de culte, les récoltes brûlées,
des sommes d’argent emportés (162 000 naira à Hirboua), les champs sont détruits, les motos
et vélos emportés. Les écoles des villages de Tourou, Mabmas, Hidoua et Gosi dans
l’arrondissement de Mokolo sont détruites. Une vingtaine d’écoles fermées dans
l’arrondissement de Mayo moskota (17 écoles) et de Koza après l’assassinat de 3 maîtres de
parents. Environ 14 000 enfants en âge scolaires déplacés et récensés dans les écoles des zones
sécurisées, chute de près de 80% du taux de fréquentation des écoles primaires. 122 000 enfants
sont sans acte de naissance soit ils n’ont jamais été déclarés ou soit ils sont brûlés lors des
razzias (DDEB Mayo-Tsanaga, 2019).L’une des cibles de la secte est la razzia des bêtes
(Nguetchewe 200 bœufs, Asshigachia 500 bœufs, Goldavi 240, Hirboua 478 moutons, 11
bœufs, 3 813 sacs de mil, hodogo 60 caprins, 137 sacs de céréales, 15 bœufs, 07 chèvres et
poulets …). Les enlèvements également se multiplient (3 religieuses à Tcheré, tentative
d’enlèvements de 3 prêtres colombiens, 10 entrepreneurs chinois, 40 pêcheurs à Darak, 03
personnes à Ouda, des centaines de femmes et de jeunes filles, des commerçants…) (Seignobos
C., 2014, International Crisis group, 2016, L’oeil du Sahel, 2018, enquêtes de terrain 2018-
2019). Ces chiffres ne sont pas exhaustifs et donnent juste un aperçu de la gravité de la situation
car de nombreux camerounais et nigérians ont perdu la vie ou des membres de leur famille suite
à cette infamie. Les incursions consistent à perpétrer des massacres, faire des razzias d’hommes
et des provisions de céréales ; 31 101 bovins, 19 306 petits ruminants, 4 003 volailles d’une
valeur de 8 553 414 500 F CFA emportés, (MINADER-EN., 2013-2016). B.H attaque les jours
de marché (jour de concentration des personnes en un lieu précis), la nuit ou le dimanche
(Ldoubam, Mabas, Tourou…) pour être sûr de faire beaucoup de victimes (planche 10). Le tissu
socio-économique est ébranlé déjà dans un contexte de précarité de la population. Ce qui va
contribuer à renforcer l’insécurité alimentaire dans la région, et les populations en sont
traumatisées (encadré 9).

 
  
176 
 

Encadré 9 : Psychose générale au sein des paysans


« Ils ont détruit nos récoltes, ils font d’ailleurs ça pour nous nuire et ne pas nous laisser
faire nos champs. Ils ont également emportés sept motos à l’état quasi-neuf, cinq
motopompes et détruit une moto à l’aide des balles. L’intervention des militaires à
également alourdi les dégâts puisqu’en poursuivant ces gens, ils ont dû se frayer un
passage dans nos champs écrasant de fait toutes nos plantations avec leurs gros engins.
Dieu seul sait ce que nous deviendrons cette année. Tout notre espoir de survie reposait
sur ces champs ».
Un paysan de Ldaoutsaf au lendemain de l’attaque de son village
L’œil de Sahel n° 817 d’octobre 2017

Différentes méthodes et d’armes ont été utilisées : les armes lourdes, les armes blanches,
les bombes humaines, les bombes ou engins improvisés, les mines. La phase la plus meurtrière
pour les populations et les militaires camerounais a été celle des attentats-suicides et des mines
enfouies sur les routes. Beaucoup y ont laissé la vie. La psychose installée va créer non
seulement des vagues de déplacements des personnes fuyant les exactions et pire, une
population livrée à une famine certaine car privée de leurs moyens de subsistance. Cette
insécurité contribue énormement à reduire la mobilité des hommes, restreindre leurs accès à
l’approvisonnement puisque les marchés étaient des cibles privilègiés pour faire plus de morts.
Les denrées disponibles dans les villes jugées sécurirées deviennent inacessibles pour une
bourse moyenne. Les enlèvements et les meurttres dans les champs créent la peur au point où
les agriculteurs n’y vont plus et même les champs sont brulés par les agresseurs.  Ce qu’explique
Glava, un déplacé interne rencontré à Mokolo « nous n’avons plus rien, ni récolte, ni bétail, ni
champs. C’est la mort qui nous tend les bras » propos recueillis par Wenaï David (L’œil du 
Sahel n° 617 de janvier 2015).  « …en ce qui concerne les travaux champêtres, la population
n’est pas en mesure d’aller hors de Kolofata parce que dans les buissons les risques d’être
capturés par BH sont réels. À cause des exactions de la secte terroriste BH, toutes les
populations des zones environnantes se retrouvent à Kolofata ; les prix des articles ont
augmenté, ce qui coûtait par exemple 100 F CFA on achète désormais à 150 voire 200 F
CFA… » Confirme un enseignant à Kolofata. 

 
  
177 
 

Planche 10 : Dégâts des incursions de B.H dans les villages

A
B
L’œil du Sahel, 2019 L’œil du Sahel, 2019
Photo 32 : village incendiée Photo 33 : Marché après un attentat-
suicide

L’œil du Sahel, 2019 L’œil du Sahel, 2019


Photo 34 : Maisons brûlées Photo 35 : Enfants blessés

Telle une scène de théâtre macabre, les villages des trois départements limitrophes subissent
d’incessantes incursions de la secte. Les villages entiers sont rayées de la carte (A), tout est mis à sac,
habitats, récolte quand elle ne peut être emportée, population assassinée, on dirait la « pratique de la
politique de la terre brûlée », les marchés (B), cibles privilégiées pour faire plus de victime. Les
kamikazes surtout les jeunes enfants ou les femmes sont dans ce rôle actionnent leurs charges explosives
au moment de l’affluence. Conséquences ; des centaines de morts sur le carreau. Au cours des razzias,
la moindre résistance est punie de mort où les enfants de la concession sont enlevés, mariés de force
pour les jeunes filles ou utilisés comme combattants pour les jeunes garçons. Les maisons d’habitations
(C) sont toujours brûlées au départ. Les scènes de mise à mort sont décrites par les survivants, parents
tués devant les enfants ou vice versa, les parties du corps sont retranchés (D). Dans le but de contraindre
ceux-ci de donner des informations ou accusés de coopérer avec les autorités.

Le département du Mayo-Tsanaga est parmi les départements ayant fourni les hommes
dans les rangs de B.H, dans la plupart des jeunes. Depuis 2011, la nébuleuse aurait recuté près
de 3500 à 4000 jeunes dans les zones frontalières du Nigéria, en juin 2014, on note le départ
massif des centaines de jeunes au village de Tolkomari pour réjoindre les rangs de Boko
Haram.Les recutements se font par promesse d’argent, par contrainte ou par conviction
(Mbarkoutou M. 2016, Ndounda Owona N., 2017). Les mêmes raisons évoquées par nos
enquêtés sont les promesses fallacieuses d’enrichissement rapide, l’adrénaline de l’aventure, la

 
  
178 
 

promiscuité, la pauvreté… « Car si la grande pauvreté ne cause pas le radicalisme, elle le


favorise indéniablement » Ray O., (2016).

À l’Est du Cameroun, à cause de la richesse du sous-sol, le monde rural a perdu peu à peu son
rôle régalien pour s’investir dans l’exploitation artisanale de l’or oubliant qu’il faut bien se
nourrir pour pouvoir être en mesure de s’adonner aux activités de survie.

II-1-2- Les activités non agricoles comme facteur de vulnérabilité

II-1-2-1- L’extraction minière ou l’orpaillage dans le Lom-et-Djerem

L’orpaillage est l’activité principale des ménages du Lom-et-Djerem dans les zones de
Ngoura, Garoua-boulaï et Betare-Oya. Il suscite beaucoup d’engouement au sein des
populations juste parce qu’elle fournit une rémunération immédiate et journalière. Or cette
activité dans la Boumba et Ngoko, est pour beaucoup une activité de subsistance saisonnière et
complémentaire de l’agriculture quand celle-ci ne suffit pas (Nguepjouo D. & Manyacka E.,
2008). Cette activité en milieu rural a perdu son rôle premier, celui de produire en grande
quantité des denrées alimentaires, celui d’être le grenier des villes (Pierre George, 1974). Pour
comprendre cette attraction, un peu de géologie s’impose.

 Géologie du sous-sol

Faisant partie du domaine centre camerounais, les sous-sols de formation précambrienne sont
constitués de trois complexes de base :

- des roches migmatides M1 et M2 (anatexite à biotite et de gneiss-embréchites).


- des roches éruptives anciennes Y1, Y2 (granites d’anatexie et granites syntectoniques
tardifs.
- des schistes sérito-schiste de la série du Lom, de Q1 (quartzites conglomératiques de la
série du Lom et des Ectinites (C2 gneiss supérieurs à deux micas) (Carte géologique de
la République du Cameroun, 1979 ; CED, 2018).

La zone de Betare-oya/Garoua-boulaï est dominée par les roches vulcano-sédimentaires


du groupe du Lom. Elles favorisent le dépôt des alluvions, source de minéralisation aurifère. À
Betaré-Oya, l’or est fin et granuleux. Or à Garoua-Boulaï, l’or est fin, granuleux et en pépites.
La zone de Ngoura est dominée par la présence des orthogneiss, des migmatides et des traces
de granitoïdes. L’or y est fin, granuleux et en pépites. Les cours d’eau qui traversent cette partie

 
  
179 
 

du Lom sont des véritables dépôts sédimentaires minéralisés (Carte géologique de la


République du Cameroun, 1979 ; CED, 2018). Les populations marchent sur l’or, naviguent sur
l’or. C’est une manne du ciel mais qui ne leur est guère profitable « malédiction ou
bénédiction ? »

 Description de l’activité

L’orpaillage est encore artisanale (planche 11) car elle utilise les méthodes et procédés
d’extraction manuelle (la population) ou peu mécanisés (les sociétés privées). Les matériaux
utilisés sont vraiment rudimentaires ; une cuvette appelée la batée pour le lavage, une pelle pour
creuser, une coupole en bois pour l’extraction. Certains miniers s’associent pour s’acheter une
motopompe utile à la tâche. Les sociétés privées utilisent des engins lourds (pelles excavateurs,
caterpillar, motopompe, bâtée métallique…). Sur les lits des fleuves un bateau est équipé en
même temps de pelles pour creuser les bas-fonds, remonter le gravier, une machine pour laver
et rejeter le sable dans le fleuve. Elles tiennent les rênes de l’exploitation minière et emploient
souvent la main d’œuvre locale dans les chantiers.

 
  
180 
 

Planche 11 : Méthodes et procédés d’extraction manuelle

B
A

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 36 : Démantèlement de la roche-mère Photo 37 : Concassage du gravier

C
D

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 38 : Gravier réduit en poudre Photo 39 : Lavage du gravier dans le bac

Dans le processus d’extraction de l’or, hommes, femmes, enfants en bas-âge, adolescents, chacun joue
un rôle. Pendant que l’homme creuse (A), démantèle la roche-mère à coups de pioche et extrait du
gravier, d’autres réceptionnent le gravier puis le concassent à l’aide d’un marteau en fer (B). Le gravier
réduit en petit morceau, est écrasé au moulin pour obtenir une poudre (C). L’étape suivante consiste à
laver (D) la poudre de gravier obtenue, tous sont appelés à le faire (garçons et fille de tout âge tel que
le présente la photo) munie de bassine et de pelles.

Cette activité est menée de bout en bout par les familles entières au détriment de l’activité
productrice des aliments. Elle cause de nombreux dommages à la nature et accroît leurs
précarités socio-économiques et alimentaires.

 Contexte socio-environnemental favorable à l’insécurité alimentaire

C’est toute la cellule familiale qui est impliquée dans les travaux dans les mines. La main
d’œuvre robuste utile dans les travaux champêtres est orientée dans le processus de
l’exploitation minière, déplore le délégué régional du MINADER de l’Est. Les GICs agricoles
déposent de plus en plus de demandes de mutation en Gicamines. La population agricole est

 
  
181 
 

vieillissante donc ne peut produire que le strict nécessaire, ce qui explique encore le manque de
denrées alimentaires sur les marchés et l’approvisionnement par les marchés urbains. Cette
course pour l’argent cause assez de torts à l’environnement et à la société elle-même, première
cause de déperdition scolaire. L’Est est cité parmi les régions les plus sous-scolarisées du pays.
Le taux de marginalisation scolaire (14,9%) est proche de la moyenne nationale (14,3%). 45 %
de la population rurale ne savent ni lire ni écrire (ECAM 4, 2014 ; RADEC Est, 2013). Lors
des enquêtes sur le terrain au mois de septembre 2018 et avril 2019, les salles de classe étaient
presque vides, certains établissements dans la broussaille (arrondissement de Ngoura en
exemple) pour insuffisance d’écoliers, pendant que leur présence était remarquable dans les
chantiers aux côtés des parents et ce malgré la pénibilité de ce travail qui se veut essentiellement
manuel. Cette activité malheureusement contribue à maintenir les ménages plus vulnérables.

Malgré la présence des agents du Cadre d’Appui et de Promotion de l’Artisanat Minier


(CAPAM), un service déconcentré du ministère des mines chargé de réguler, contrôler l’activité
et les ventes des produits de la mine, il existe des réseaux de vente qui n’aident pas les mineurs.
Ces acheteurs clandestins en marge des prix légaux, fixent leurs prix selon les compromis avec
les artisans. Présents sur les sites, ils font de l’usure en termes de matériels de travail. Ils louent
la motopompe moyennant 5 000 F CFA la journée sans carburant et les orpailleurs s’associent
en groupe pour le louer et en fin de journée, ils payent soit en gramme d’or soit en espèces.
Dans tous les cas, l’or récolté leur est toujours vendu. Diverses méthodes existent pour mettre
la main sur les récoltes, les collecteurs font du troc entre les minerais et les produits de première
nécessité à l’instar des cigarettes et du whisky en sachet. La production est cédée au gré des
besoins et non de sa valeur réelle au mépris de la règlementation (Nguepouo D. & Manyacka
E., 2008). Ceux des miniers qui ne disposent pas de force physique pour creuser, font des prêts
des sacs de graviers (un sac de marché revient à 5000 F CFA) auprès d’autres miniers. Après
l’achat à crédit, il faut concasser les graviers, prévoir de l’argent pour écraser chez le meunier
à gravier et il faut aussi acheter du mercure pour stabiliser les particules d’or lors du lavage. La
plus petite mesure est la bûchette, qui coute 2 100 F CFA, le gramme d’or coûte 21 000 F CFA
et le gain d’une journée dépend de l’abondance du sous-sol. Il peut arriver de faire une bonne
récolte du jour soit une à 3 bûchettes voire 12 grammes soit rien du tout. En une journée, il a 3
bûchettes et dispose de 6 300 F CFA de gain du jour. S’il a 12 grammes, il dispose de 252 000
F CFA.

 
  
182 
 

À la fin d’une journée, l’artisan peut facilement se retrouver sans un sou dans les poches
après avoir travaillé toute une journée. Il faut rembourser les prêts contractés en début de
journée. L’alimentation dans les chantiers n’équivaut pas à la dépense énergétique fournie.
L’artisan se contente d’acheter auprès des restauratrices de fortune un plat de couscous devant
se partager avec sa famille (chapitre III). Ces chantiers de fortune manquent de sanitaires et
d’eau potable. C’est la nature qui sert de latrine et la rivière environnante de point d’eau et lieu
de lavage du bitro (gravier fin qui contient de l’or). L’autre marchandise très présente dans les
chantiers est l’alcool et les artisans en sont très friands. Les whiskies en sachet (vendu à 100 F
CFA le sachet) et de la cigarette sont aussi vendus. La présence des sociétés industrielles
n’arrange pas la situation. D’un, la spéculation sur les produits en partie à cause de leur présence
et de deux, très actifs dans la destruction du couvert végétal et des parcelles agricoles. Les
recettes ne profitent pas aux communautés locales, les cahiers de charge ne sont pas respectés
par ces sociétés. L’utilisation des produits chimiques (cyanure, mercure) pollue l’eau des
rivières et fleuves, réduit la faune aquatique. Les maladies hydriques sont permanentes à cause
de la qualité de l’eau consommée. L’automédication est importante au bonheur des vendeurs
de médicaments auto-proclamés « docta ». Les forêts sont détruites. Dans l’arrondissement de
Bétare-Oya, la déforestation est accrue à 9%, la savane a augmenté de 36 % de 1976 à presque
55% en 2017. La forêt dense et la mosaïque forêt-savane ont régressée de 31 %, 28% et 18 %
entre les deux dates (Voundi E. et al., 2019). Il y a diminution et disparition de la faune, des
produits forestiers non ligneux pourtant ces peuples de la forêt en sont très tributaires en matière
d’alimentation.

Après le passage des engins, les espaces cultivables sont remués, les couches
pédologiques arables renversées (figure 45). Le paysage ainsi détruit laisse des grands trous
béants çà et là (planche 12), à proximité des villages, cause de divers accidents. Une enquête
du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) en 2017, révèle un mort à Longa-
mali, à Taparé (2015) 4 victimes dont un enfant de 13 ans, à Nguengue (Garoua-Boulaï) 1
enfant retrouvé mort dans un lac à l’abandon. Des cas de chutes permanentes des animaux
domestiques ou d’élevage sont relevés. Mais peu des cas sont signalés auprès des autorités car
de nombreuses disparitions restent au niveau des concernés et des sociétés incriminées contre
dédommagement.

 
  
183 
 

Source : Travaux de Voundi E., et al, 2019 à Betare-oya

Figure 45 : Dégradation de la structure pédologique

Le sol est formé en strates ou en horizons ou couches, disposées les unes sur les autres.
La première couche est constituée de complexe argilo-humique. L’humus contient la matière
organique, confère la fertilité du sol (Delaunois A., 2006). C’est sur cette partie que se pratique
l’agriculture. Il mesure 25-35 cm d’épaisseur et est à la surface de la terre. La roche-mère qui
conduit les minerais est située à environ 15 cm de la surface du sol. Pour y arriver, les artisans
munis des pelles excavatrices creusent et sur leur passage, ramènent à la surface toutes les autres
strates. Il y a un complet retournement de la structure du sol et l’horizon sableux riche en gravier
est mis à nu, prêt pour l’exploitation. Ce renversement des couches pédologiques rende les sols
impropres à l’agriculture car les gravillons maintenant à la surface sont dépourvus de matières
organiques complètement infertiles. Le sol est complètement dénaturé, même après
l’exploitation.

 
  
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Planche 12 : Orpaillage et ses méfaits sur le bien-être des populations

A
B

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 40 : Rivière qui sert de bac de lavage Photo 41 : Mineurs dans les chantiers

C D

Njiembokue, avril 2019 CED, 2018


Photo 42 : Trou béant à Longa-mali Photo 43 : Site abandonné à Colomine

BNCAM, 2016 BNCAM, 2016


Photo 44 : Huiles usées dans les cours d’eaux Photo 45 : Champ de maïs détruit
La rivière (A) qui traverse le chantier ou le site d’exploitation est utilisée comme bac de lavage or c’est
cette eau qui sert de boisson et l’hygiène corporelle si possible aux miniers. Les enfants (B) passent des
journées au chantier au détriment de l’école, car très actifs dans la chaîne d’extraction de l’or. Les
permis d’exploitation acquis auprès des autorités ou du village, le sol est profondément fouillé et pressé
de son précieux métal, les traces de passage des gros engins marqués par des trous béants, très profonds
(C) mais malheureusement laissés à l’abandon par ces sociétés pour un prochain site. Un piège à ciel
ouvert pour les villages environnants, les lacs artificiels sont créés (D) mais pollués, rien n’y vit. Lors
de leur descente sur le terrain, la brigade nationale de contrôle des activités minières a pu constater le
paysage complètement détruit par cette activité, les huiles, les hydrocarbures, déchets de toutes sortes
sont déversés dans les cours d’eau. Les substances chimiques (mercure, cyanure, acide) pourtant
interdites sont utilisées. Ce qui modifie profondément la texture de l’eau (E), cause de la mort de la
faune aquatique et la persistance des maladies hydriques. Les analyses faites dans les eaux de la rivière
nguengue révèlent la présence de cyanure d’une valeur supérieure à 0,15 Mg/litre, à Colomine d’une
valeur de 0,22 Mg/litre (BNCAM, 2016). Le cyanure, les métaux lourds sont très toxiques tant pour
l’Homme que pour les animaux. Même les champs (F) sont détruits pour l’activité d’orpaillage.

 
  
185 
 

Dès l’obtention des droits ou permis d’exploitation, une société a le droit de tout raser sur la
propriété qu’elle soit cultivée ou pas.

L’exploitation de l’or a un impact environnemental, humain et des effets sur la sécurité


alimentaire. Les populations s’y adonnent totalement au prix de la destruction sans borne de
l’environnement et des ressources foncières ; en réduisant, délaissant les activités de production
et de vente des produits vivriers, provoquant une catastrophe alimentaire dans leurs régions
(Toh Alain, 2012). Cette activité autour de l’exploitation minière est loin d’être une bénédiction
pour les populations de l’Est et il paraît qu’elles se font souvent berner quant à la réalité de la
pierre découverte parce que ce sous-sol est également riche en diamant. Sous-scolarisées, elles
ne distinguent pas les pierres précieuses. Un autre défi pour ces artisans est l’usage des revenus
des gains. Ce revenu est utilisé ce même jour dans l’alcool, les vêtements, les plus avisés
renouvellent leur toit de chaume avec de la tôle cette fois. Et le lendemain, retour dans les
mines. Il serait pertinent d’identifier les individus ou les groupes de personnes susceptibles
d’être en insécurité alimentaire car sujets aux facteurs suscités.

II-2- PROFIL SOCIO-CULTUREL ET DEMOGRAPHIQUE DES POPULATIONS


AFFECTEES OU VULNERABLES

Il s’agit de se faire une idée du nombre de personnes potentiellement affectées par l’insécurité
alimentaire. Les estimations globales du nombre des ménages susceptibles d’en souffrir ont le
mérite d’exister (Azoulay G. & Dillon J-C., 1993).

II-2-1-Profil démographique des populations hôtes

L’Extrême-Nord est la 2ème Région après le Centre avec plus de 2 millions d’habitants
soit 3 111 792 sur une densité de 90,8 habitants au km2 (3e RGPH, 2005). en 2010, cette
population est estimée à 3 480 414 habitants sur une densité de 101, 6 habitants au km2 avec un
taux de croissance de 2,8% (3e RGPH, la population du Cameroun en 2010). Sa population
rurale s’élève à 1 297 220 hommes et 1 344 163 femmes pour un total de 2 641 383 habitants
dont une population majoritairement féminine. Cette population est aussi caractérisée par sa
jeunesse. Les jeunes de moins de 15 ans représentent 50,8 % de la population totale, la tranche
de 15-59 ans (43,8%), 5,5 % pour les 60 ans et plus. le Mayo-Tsanaga, foyer d’émigration est
un département très peuplé avec une forte densité. 6 99 971 habitants pour 159,3 habitants au
km2. L’âge moyen est de 20 ans (20,5%) et l’âge médian 14,6 ans. Il possède une population
rurale importante (629 107 habitants) sur une population urbaine de 70 864 habitants (2e et 3e

 
  
186 
 

RGPH, 1987-2005 ; Annuaire statistique INS, 2017 ; Chetima, 2018). Les actifs agricoles
représentent les 60 % de la population totale et les exploitants agricoles 20 % des actifs
agricoles. Le tissu ethnique du Mayo-Tsanaga est composé des Mafa, des kapsiki, des Mofou,
des Peuhls, les Daba, des Hidé, des Bana, des Goudés, des Mandara, des Mabas, Tsouvok,
Noudou, Gava, Boudoum, Higui, Téleki, Gadala, Kanuri, Korchi, Bana, Djimi, les Minéo, les
Glavada, des Woula, des Guemjeck (Podlewski, 1961 ; Jean-Yves Martin ,1968 ; Boulet et al.,
1972 ; Seignobos C., 2000 ; Perevet Z., 2018). L’année 2013, est un melting pot avec l’arrivée
massif des réfugiés provenant du Nigéria voisin.
La Région de l’Est concentre une population de 801 968 habitants sur une densité de 7,4
habitants au km2 (2e et 3e RGPH, 1987-2005). En 2010, sa population rurale est estimée à
138 609 hommes et 137 175 femmes. Ici s’observe un presque équilibre homme/femme, tout
le contraire de l’Extrême-Nord où les femmes sont majoritaires. Ce constat s’est aussi fait lors
de l’administration du questionnaire sur le terrain (figure 46). La répartition de cette population
selon les groupes d’âges est la suivante : moins de 15 ans (357 718, soit 46,4 % de la population
totale), de 15 à 59 ans (380 676 soit 49,3%), et plus de 60 ans (33 361 soit 4,3%). L’âge moyen
est de 21,2 ans et l’âge médian 16,6 ans. Le taux de fécondité est de 2,2%. Dans cet ensemble,
le Lom-et-Djerem sur une superficie de 26 345 km2 abrite une population de 275 784 habitants
sur une densité de 10,5 habitants au km2. Sa population rurale est de 66 862 hommes et 68 611
femmes. Par contre sa population urbaine est plus conséquente (71 747 hommes et 68 564
femmes). Région charnière avec un sol et sous-sol riche de matières premières, le Lom-et-
Djerem draine de nombreuses populations d’autres pays (RCA, Congo, Mali…). Ce
département est constitué de quatre ethnies :
 majoritairement les Gbaya, présents dans les arrondissements de Garoua–boulaï,
Bétaré-Oya, Ngoura, Mandjou, Bertoua zone de savane,
 les Kepere (Nord-Ouest de l’arrondissement de Bélabo),
 les Pols (surtout dans la forêt de Deng-Deng)
 les Maka du Nord (Bamvele et Bobilis) dans l’arrondissement de Diang et une partie de
Bertoua zone de transition forêt/savane.
La remarque générale qui se dégage dans les deux départements d’étude, la population est jeune
et très jeune d’ailleurs, ce qui justifie tous les maux et les défis énormes face à cette marée
humaine dont l’énergie est à canaliser.

 
  
187 
 

II-2-2-Caractéristiques des ménages enquêtés

 Par sexe

100%
5,7 12,7
90%
80%
70% 38,8
42,8
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Lom-et-Djerem Mayo-Tsanaga
Hommes Femmes
Figure 46 : Ventilation des ménages enquêtés par sexe

Dans le Lom-et-Djerem, la communion s’est faite beaucoup plus avec les hommes, chef
de ménage (42,8%). Ils répondaient facilement aux questions. Pour les femmes chef de ménages
(5,7%), le contact est plus difficile à cause de l’analphabétisme de la majeure partie. Par contre,
dans le Mayo-Tsanaga, l’accès aux femmes est un peu délicat. La culture voudrait qu’elles
restent à la cuisine quand les hommes sont regroupés (il fallait la permission des hommes pour
que les femmes répondent aux questions surtout lors des focus group). À l’arrivée dans les
villages, les chefs de villages faisaient rassembler les hommes à la chefferie pour répondre aux
questions. Ce qui explique le nombre d’hommes interrogés (38,8%). Par contre les femmes
chefs de ménages (12,7%) dans la majorité sont des veuves « aux maris vivants ou non ».
Certaines femmes sont sans maris présents car ceux-ci sont partis à la recherche d’une vie
meilleure en ville et n’ont plus jamais donné signe de vie. Leurs femmes restées au village avec
les enfants ne savent plus s’ils sont encore en vie (plus de 12 ans de séparation). Les autres
veuves dont les maris sont effectivement morts. C’est l’une des causes évidentes de déperdition
scolaire pour les enfants en âge scolaire car les veuves sont démunies et abandonnées à elles-
mêmes. Elles n’ont pas d’autre choix que de déscolariser les enfants faute de moyens. Dans
l’ensemble, le contact s’est établi avec plusieurs groupes de ménages et de nationalités
différentes (figure 47).

 
  
188 
 

37(9.2%) Camerounais Nigerian Refugiés

9(2.2%)

356(88.6%)

Figure 47 : Diagramme circulaire de l’origine des ménages enquêtés

Dans l’ensemble, 356 ménages camerounais ont été interrogés, 37 ménages de réfugiés et 9
ménages nigérians (hors site) pour un total de 402 répondants.
 Par niveau d’instruction des ménages
L’intérêt a porté d’abord sur le niveau d’instruction du chef de ménage. Dans le Mayo-Tsanaga,
25,4% des chefs de ménages ne sont pas allés à l’école dont s’expriment exclusivement en
langue locale, 18,2% sont allés à l’école primaire au moins, environ 3,7% ont fait le cycle
secondaire. En ce qui concerne un autre membre du ménage, 37,1% des membres ont arrêté à
l’école primaire, 7,5% au cycle secondaire et 2,25 % ne savent ni lire ni écrire. Dans le Lom-
et-Djerem, 29,1 % des chefs de ménages ont fait le cycle primaire, 5,9% le cycle secondaire,
5,7% s’expriment exclusivement en langue locale, 3,9% ne savent même pas lire et écrire. Pour
un autre membre de la famille, 34,8% se sont aussi arrêtés au cycle primaire, 5,7% au cycle
secondaire et 4,2% ne sont jamais allés à l’école.

Dans les deux cas, les raisons évoquées par les jeunes rencontrés sont nombreuses : le
manque de moyens financiers pour continuer, les parents qui ne trouvent pas l’intérêt des
études, le nombre d’enfants par ménage (15 à 20) dans les foyers polygamiques et la prise en
charge par les parents devient un problème. Mais dans la partie Est, c’est davantage l’attrait
pour le gain immédiat que procure l’orpaillage (les enfants y naissent, grandissent et meurent
parfois sans franchir les frontières du village), les mariages précoces et les rapports sexuels
précoces et ses conséquences. C’est indispensable d’estimer la population pour connaître les

 
  
189 
 

besoins, de toute façon les gens qu’il faudra habiller, nourrir et employer d’ici 20 ans (dixit
Durand-Dastès, 1973).

II-2-3- Les personnes déplacées internes (PDI)

Le triste record des attaques meurtrières de B.H a fait non seulement des milliers de morts
mais aussi des milliers de déplacés. Les déplacés internes sont des personnes déplacées à
l’intérieur de leur propre pays et font partie de la population civile qui a des besoins
spécifiques tels que l’assistance et la protection (Groupe de travail sectoriel global sur la
protection, 2010). De nombreux ONG les définissent aussi comme des personnes qui ont été
forcées de fuir leurs foyers subitement, de manière soudaine et en grand nombre, à la suite d’un
conflit armé, d’affrontements internes, de violations systématiques des droits de l’homme ou
de catastrophes naturelles ou causées par l’homme sur le territoire de leur propre pays encore
appelés « réfugiés intérieurs ». Ce sont des familles, des individus obligés de quitter leurs zones
de confort pour se retrouver démunis ailleurs. Certains réussissent à partir avec des biens et
s’installent aisément dans les villages d’accueil. D’autres perdent tout dans la fuite (logement,
les récoltes, les animaux pour les éleveurs, les membres de la famille). Privés de tout, ils
encourent d’énormes risques de famine, de protection, dorment où ils peuvent, les femmes et
les filles exposées au viol et parfois usent de leurs corps pour se nourrir ou nourrir la famille.
Bref, ce sont des personnes qui ont besoin d’aide.

Les déplacements se sont faits par vague, selon l’intensité et les répercussions des
attaques des villages (rappel figure 44) dont en début 2015, l’Extrême-Nord vibre au gré des
déplacés. À la lumière d’une évaluation faite par OIM en 2018, il en ressort que 718 villages
ou localités accueillent des déplacés internes, les sites sont identifiés : 4 dans le département du
Diamaré, 22 dans le département du Mayo-Danay, 10 dans le département du Mayo-Sava, 94
dans le département du Logone-et-Chari et 12 dans le Mayo-Tsanaga. De 2014 à 2019, toute la
Région de l’Extrême-Nord a subi un énorme flux de population (figure 48) dans tous les sens
et les directions. L’essentiel c’est de trouver un gîte ou un peu de sécurité. Les déplacements se
sont faits surtout des milieux ruraux pour des zones péri-urbaines ou urbaines et surtout à
proximité des présences militaires.

 
  
190 
 

300 000
250 000
Nombres de PDI

200 000
150 000
100 000
50 000
0

Mois et année d'évaluation

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 48 : Nombres de PDI recensés à l’Extrême-Nord en 06 ans


En 2014, début du conflit les déplacements sont déjà importants mais timides. Une
première évaluation faite par l’agence OIM/DTM sous la coordination du HCR et du
gouvernement avance un chiffre de 40 151 PDI. Dans l’intervalle janvier-mai 2015, 64 266 PDI
dénombrées 81 693 PDI en juin 2015, puis une baisse en 2016, 65 606 PDI. À partir de 2017,
les chiffres sont plus élevés la barre de 200 000 est atteint, de janvier-mars 2018 (238 099 PDI),
avril-juin 2018 (241 630) PDI comptées et en Septembre 2019, un chiffre rond de 262 831 PDI
dans toute la région. Il faut noter ici qu’un nouveau groupe va naître ou une nouvelle identité
appelée « les retournés ». Ce sont des déplacés internes au départ puis avec la sécurisation ou
le retour relatif de la paix dans leurs villages d’origine, ils y retournent pour effectuer des
travaux champêtres ou pour s’y rétablir. Le HCR en 2019 donne un chiffre de 110 023
retournés. Les camerounais jadis installés au Nigéria pour des raisons de commerce ou autres,
revenus au pays à cause du conflit, sont considérés aussi comme des retournés. C’est la raison
pour laquelle, les chiffres fluctuent d’année en année car il est difficile de contenir une
population mobile en quête de bien-être. Toutefois, les données d’évaluation
(OIM/DTM/HCR/GOV, 2018) révèlent que sur la base de la population totale de l’Extrême-
Nord, 3 111 792 (RGPH, 2005), 359 222 personnes se sont déplacées soit un ratio de 12 % de
la population totale.
Dans le Mayo-Tsanaga, deux épicentres d’accueil des déplacés se trouvent dans
l’arrondissement du Mayo-Moskota et l’arrondissement de Mokolo, dans une moindre mesure

 
  
191 
 

l’arrondissement de Koza où les déplacés se sont installés et fondus dans les villages et les
familles d’accueil. Pour une population totale de 699 971 habitants, 79 591 personnes se sont
déplacées pendant la période du conflit, soit 11% le ratio de déplacement.

Deux sites d’installation sont créés donc l’un dans le Mayo-Moskota et l’autre à Mokolo
plus précisément dans le village Zamay (planche 13). Avant leur prise en charge, ils dormaient
dans les abris de fortune (les maisons abandonnées, la devanture des boutiques, dans les
cuisines…) sous le froid et la chaleur. Parmi ces déplacés, on retrouve les anciens otages de
B.H, les retournés, les déplacés venant des villages du département en question et des autres
départements.

Planche 13 : Vue du site des déplacés de Zamay

A
B

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 46 : Camp des déplacés de Zamay Photo 47 : Déplacées devant leur habitat

C
D

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 48 : Une déplacée dans sa cuisine Photo 49 : Jardin de case d’un déplacé

Les abris sont construits à l’aide des bâches (A), des tiges de mil soudés par des lanières de cordes en
plastiques. La photo montre des déplacées devant leur habitat (B). C’est l’un des premiers besoins
exprimés et comblés par le biais des partenaires humanitaires. Dans la cuisine d’une déplacée (C), les
ustensiles sont réduits au strict nécessaire deux marmites, un canari, quatre bidons pour conserver de
l’eau et quelques assiettes. Pour une petite dépendance alimentaire, les déplacés ont eu le droit avec le
concours des autorités traditionnelles de Zamay de faire des jardins de case (D), où ils cultivent des
légumes verts et du maïs. Le camp est également situé à deux minutes de marche du marché, les douches,
les lieux d’aisance, les points d’eaux ont été construits pour palier et prévenir d’éventuels conflits avec
la population hôte. Les sites ne sont pas clôturés. Leur déplacement n’est pas restreint car ce sont des
camerounais.

 
  
192 
 

En dehors des sites de recasement, de nombreux villages ont accueillis des déplacés
(figure 49). Par vague, les villages se sont vidés pour enrichir d’autres. En 2015, les villages
Bornori, Talamabrahim, Gangawa, Kidji, Bablin ont perdus près de 1 365 personnes au profit
de Tolkomari (Mayo-sava). En 2016, les villages Galgala, Guedjele, Modoko, Hourtbech,
Hirche, Wagza-gabas, Kouyape à leur tour perdent près de 2 322 personnes au profit de Koza.
L’attaque des villages Tsébé-tsébé, Mogoda, Zeleved, Golege, Vrekaza, Dzaba provoque le
départ de 244 ménages pour le centre-ville de moskota. Les chiffres évoluent en 2018. Les
villages Goldavi, Talakatchi, Cherifmoussari, Zeneme, Sanda-wadjiri perdent près de 959
personnes pour Nguetchewe au mois de janvier. 280 personnes quittent les villages Doudje,
Kerawa-kidji, Talakatchi, Goldavi pour Mozogo et en juillet 2018, c’est 742 personnes qui
partent de ces mêmes villages pour rejoindre Nguetchewe ensuite. D’autres villages comme
Dinglding, Ldubam, Ouro tada, Mokolo I, Mandaka, Woudahai, Magoumaz, Toufou, Tourou,
Vouzod, Ldamang, Zamay (Mokolo), Bao tasaï (Soulede-roua) reçoivent également des PDI.
Comme récapitulatif, les arrondissemnts du Mayo-Tsanaga qui abritent les déplacés sont
Mokolo (15 541), Moskota (11 088), Koza (18 131), Bourha (208), Hina (404) et Soulede-Roua
(833) (DTM/juin 2018).

 
  
193 
 

Source : ACF/HCR/OIM 2018

Figure 49 : Flux des déplacés internes

 
  
194 
 

Le village Zamay a la particularité d’accueillir les déplacés internes au sein de sa


population c’est-à-dire dans les familles d’accueil. Ce village abrite également un site de
recasement des déplacés mais aussi un camp des réfugiés nigérians (Minawao). Il faut bien dire
qu’il y a eu une recomposition de sa population.

II-2-3- Les réfugiés

II-2-3-1- Camp de Gado dans le Lom-et-Djerem

Le Cameroun après l’adoption de la Loi en juillet 2005 qui définit le cadre juridique de
protection des réfugiés est également signataire des conventions de 1951 relative au statut des
réfugiés (signée le 23 Octobre 1961), du protocole de 1967 (signée le 19 septembre 1969)
régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique (Tamekamta, A., 2018). Il
est donc est obligé d’accueillir sur son sol les vagues de déplacés venant de la RCA.

La frontière entre le Cameroun est longue de 797 km. Cette longue frontière poreuse marque
de nombreux points d’entrées (figure 50) des réfugiés centrafricains fuyant les exactions.

 
  
195 
 

Source : Rapport enquête conjointe IFORD/Plan-Cameroun, 2014

Figure 50 : Points d’entrée des réfugiées à l’Est

Dans la Région de l’Est, les principaux points d’entrée en 2014 sont Garoua-boulaï dans
l’arrondissement de Garoua-boulaï (4 390 personnes), Gbiti dans l’arrondissemnt de Batouri
(21 451), Kentzou dans l’arrondissement de la Bombe (11 971) et à Mboy par Yokadouma
(277). Depuis l’année 2013, il y a eu des arrivées quotidiennes de nouveaux réfugiés car plus
les affrontements s’intensifient en Centrafrique, plus le Cameroun et les autres pays frontaliers
reçoivent les populations meurtries par la guerre. Les autorités s’organisent pour la prise en

 
  
196 
 

charge rapide des réfugiés afin d’éviter les dérives ou les tensions avec les populations hôtes ;
d’où la création des nombreux sites de recasement tels que les sites de Mbilé, Lolo, Timangolo
dans le département de la Kadey et le site de Gado-badzere dans le Lom-et-Djerem (planche
14) avec des capacités d’accueils de 10 000 réfugiés chacun. Suite à un problème d’insécurité
dans le site de Timangolo, il est fermé à la demande des autorités et les effectifs sont réaffectés
dans les trois sites existants pour un meilleur contrôle.

Planche 14 : Camp de Gado en images

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 50 : Vue du camp de gado-badzere Photo 51 : Habitats au camp

C
D

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 52 : Château d’eau gravitaire Photo 53 : École publique du camp

Situé à 25 km de la ville de Garoua-boulaï et à 75 km de la frontière Cameroun-RCA, le camp de gado


s’étale sur une superficie de 55 hectares (A). Il compte 82 blocs subdivisés en 11 secteurs. Le nombre
total d’habitats (fait de brique de terre, de bâche, toit de chaume ou de tôle (B) est de 4 689 sur une
base de 3,5 m2 par individu. Le ratio moyen est de 05 individus par habitat. Le site compte un centre de
santé, une école primaire à cycle complet (D), des cases de cohésion sociale, 30 forages dont 03 sources
sur 04 aires de puisage, une adduction d’eau gravitaire (C) pour 08 bornes fontaines (munies de 48
robinets). En matière d’assainissement, 1436 latrines sont fonctionnels, 692 douches publiques et 19
points de lessives.

 Les défis auxquels font face les réfugiés du Camp

Dans un rapport de profil de site de mai 2018, le HCR met en évidence les problèmes
auxquels font face les réfugiés au camp de Gado. Au niveau du volet protection, on note une

 
  
197 
 

lenteur administrative dans la procédure d’établissement des actes de naissance pour les enfants
nés sur le site. Dans le domaine de l’éducation, une insuffisance en capacité d’accueil des
établissements scolaires existants, insuffisance d’enseignants, des considérations culturelles
défavorables à l’éducation en général et à celle de la jeune fille en particulier. Les
raisons évoquées sont les suivantes: la mobilité des réfugiés (des différents camps installés dans
la localité, RCA-Cameroun, Cameroun-RCA), les mariages précoces, le manque de moyens
financiers. En matière de santé, un accès insuffisant aux soins de santé de qualité pour les
réfugiés pour cause insuffisance du personnel de santé, faible plateau technique (rupture des
médicaments). Les cas de défécation à l’air libre encore décriés.

L’état nutritionnel des enfants ne s’améliore guère à cause de l’arrêt de prise en charge
des malnutris aiguës modérés (MAM), en moyenne trois admissions de MAS par semaine et au
bout de 10 semaines, environ 60 cas sont suivis. Les suppléments alimentaires (bouillie, super
céréale plus) ne sont pas consommés par les enfants malades mais par les parents.

Pour l’assainissement, on note l’insuffisance et la vétusté des latrines et des douches (35
personnes par latrine et douche). La baisse du débit du niveau de la nappe phréatique surtout
pendant la saison sèche accroît le nombre de personnes par point d’eau (250-300 pour un accès
de 17 litres d’eau/personne/jour). La construction des abris dépend des moyens disponibles des
agences humanitaires en charge, les réfugiés n’y sont pas autonomes.

L’occupation de l’espace est anarchique et il y règne une forte promiscuité. Les réfugiés
ont les mains liées à cause de leur mobilité et de leur statut, ils n’ont pas un accès facile aux
moyens de mise en œuvre des moyens de subsistance. L’accès aux terres arables est un
problème pour leur autonomisation alimentaire. La dépendance à l’aide alimentaire est l’une
des conséquences fortes (JAM, 2009, 2013, 2014). D’après Solidarités Int. (2016) « la situation
est paradoxale. On ne parle plus d'urgence au Cameroun, alors que les réfugiés ont encore des
besoins de base non assouvis ». Les réfugiés du camp ont un encadrement et une prise en charge
même temporaire mais ont encore d’énormes difficultés quant est-il des refugiés hors camp ?
(encadré 10).

 
  
198 
 

Encadré 10 : Difficultés des réfugiés hors camp


Nous sommes 7 000 réfugiés installés à Betaré-Oya. Seuls 1000 sont encore pris en charge.
Nous louons les chambres en moyenne 7 500 voire 20 000 FCFA. Nous nous débrouillons
dans les activités d’extraction de l’or, d’homme à tout faire (manœuvre) et de bayam sellam.
Il y a d’autres qui volent et nos filles se prostituent également pour survivre. Nous n’avons
pas accès à la terre pour cultiver et même pour enterrer nos morts. Parfois, il faut se
débrouiller pour ramener le corps en Centrafrique. Nous souhaitons des formations
pratiques : menuiserie, maçonnerie et coutures pour les femmes et avoir accès à la terre pour
cultiver. Si les conditions sont favorables en Centrafrique, beaucoup aimeraient y retourner
avec l’accompagnement des autorités camerounaises.

Focus Group avec la communauté réfugiée de Bétare-Oya, en avril 2019

La prise en charge des réfugiés demeure un enjeu fort aujourd'hui au Cameroun. Les
réfugiés hors camp installés dans les arrondisements de Betare-Oya et de Garoua-Boulaï (figure
51) ne sont pas épargnés. Lors des descentes sur le terrain en avril 2019, une majeure partie
n’est plus prise en charge, car les aides humanitaires sont définies pour une période bien
déterminée.

 
  
199 
 

Source : PCD communes de Betare-Oya et de Garoua-Boulaï, UNHCR


 

Figure 51 : Localités d’accueil des réfugiés hors camp

Les arrondissements de Garoua-Boulaï et de Betaré-Oya accueillent de nombreux


réfugiés de manière progressive. Ils sont arrivés en vague selon l’intensité des combats en RCA
et recensés en 2016 et en 2018 par les communes et le bureau local en charge des réfugiés. Ils
se sont installés dans les villages environnants les centres villes (figure 52).

 
  
200 
 

349 39 104 120 308 23 33


196 668 874
1460 175
26
261
4 000 8 897

63
71
150
564
1 402 430 675 737 0
Zamboï Bindiba Ndokayo Zembe-Borongo
Gandong Garoua-boulaïbo Bouli Dang-patou
Komboul Mombal Kanzam I et II Bongo
Nandoungué Yokosiré Gounté Boumazale
Mborguene Kpoc-kea
Oudoulaï Ndenman
Wassandé Kongolo 2
Garoua-Boulaï Betaré-Oya

Figure 52 : Répartition des réfugiés dans les arrondisssements hôtes

À Garoua-Boulaï, les réfugiés sont installés dans le centre urbain, dans 18 quartiers
(21 393). Les villages comme Zamboï (349), Bindiba (39), Gandong (196), Garoua-boulaibo
(175), Komboul (261), Mombal (63), Nandoungué (1 402), Yokosiré (1 460), Gado (camp 25
368 réfugiés) (PCD 2018/UNHCR, 2016). Le cumul des données démographiques de la
commune donne un total de 50 706 réfugiés sur son sol, soit 43% pour une population hôte de
89 023. Les villages de Betaré-Oya logent 22 023 réfugiés dissimulés au sein de la population
hôte. 10 quartiers du centre abritent 1 459 réfugiés et les villages Ndokayo (8 897), Zembe-
borongo (3 125), Bouli (737), Dang-patou (675). Kanzam I et II (564), Bongo (430), Gounté
(150), Boumazale (71), Mborguene (4000), Kpoc-kea (26), Oudoulaï (668), Ndemnam (104),
Wassandé (120), Kongolo 2 (308), Ndanga-gandima (874), Madepo (23), Mabele I et II (33)
dont 10 921 hommes et 11 803 femmes (CI2D-PCD, 2017). Les tranches d’âges sont aussi
représentatives. Les nourrissons de 0-59 mois soit 27,6%, les enfants de 4-5 ans soit 6,3%, de
6-19 ans soit 18,5% et les jeunes de 15 à 34 ans soit 34,7%. Une fois de plus dans la
communauté réfugiée, la tranche des jeunes est majoritaire.

II-2-3-2- Camp de réfugiés de Minawao dans le Mayo-Tsanaga

Le camp est installé au sein du village Zamay, à 19 km de la ville de Mokolo, chef-lieu


de département du Mayo-Tsanaga (figure 53). De coordonnées géographiques 13° 51’25.83’’
E, 10° 33’38.44’’N, le camp est créé en 2013 en vue de recevoir les réfugiés venus du Nigéria
voisin. À quelques encablures du camp, il existe un second site de transit, point d’arrivée et
d’enregistrement des nouveaux avant l’intégration dans le camp principal de Minawao. Les

 
  
201 
 

arrivées sont journalières ou mensuelles selon l’intensité des attaques des villages nigérians. Le
chriffre mensuel d’arrivées est de 356 voire 500 en 2 mois (UNHCR, 2019). Il s’étend sur une
superficie de 623 hectares, l’habitat construit en majorité par des tentes préfabriquées, des
bâches, de la terre battue ou poto-poto avec des toits couverts de bâches, de tiges de mil (planche
15). Tout visiteur est soumis aux procédures strictes d’enregistrement et de contrôle par le poste
de gendarmerie et le service de gestion du camp. Les infrastructures existantes sont construites
en matériaux définitifs et provisoires, les écoles (maternelle, primaire et secondaire 12 au total),
une bibliothèque, des salles pour diverses activités (counseling, cohésion sociale, espace
enfants, centre communautaire), de formations diverses (couture, fabrique de brique, des foyers
améliorés, du charbon écologique à partir des déchets ménagers…), 03 centres de santé, des
points d’eau (69 au total), des magasins de stockages des vivres de l’aide alimentaire et non
alimentaire.

 
  
202 
 

Planche 15 : Vie au Camp de Minawao

Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, juillet 2018


Photo 54 : Vue de l’habitat Photo 55 : Point d’eau du camp

D
Mabouri, juin 2018 Njiembokue, juillet 2018
Photo 56 : Centre communautaire Photo 57 : Fil d’attente pour la ration

Le camp est subdivisé en secteurs, en blocs (43 blocs) et chaque ménage reçoit un habitat (A) construit
en bâches, en terre battue où il a l’autorisation de marquer sa limite de propriété avec des haies
épineuses ; il en profite pour un petit jardin de case. La vie au camp est monotone et les tâches bien
définies, les femmes sont celles-là qui se chargent de la ration d’eau pour le ménage, s’y retrouvent au
point d’eau (B) aux heures d’ouverture. Le centre communautaire (C) est une grande salle de réunion
quand il s’agit de discuter de la vie du camp avec les visiteurs officiels, les partenaires humanitaires et
aussi une salle de fête pour la commémoration des journées dédiées (journée de la femme, journée
mondiale de l’environnement, du réfugié…). (D) présente une file d’attente ponctuelle à l’heure, le jour
du rationnement des vivres, qui se passe chaque mois au travers des couloirs de distribution sous les
grands hangars.

Toutes les religions se confondent au camp, en harmonie vivent les Mafa, les Kanuri, les
Glavda, les Haoussa, les Mandara, les Cinene…Les données démographiques depuis la création
du camp font état de près de 50 000 à 60 000 âmes qui y vivent (figure 52). Le chiffre varie à
cause des déplacements des réfugiés (figure, d’autres repartent souvent au Nigéria sous prétexte
de prendre le pouls de la situation, faire du commerce ou de l’agriculture…) mais leur
circulation est restreinte sur la région d’accueil sans autorisation préalable des autorités
administratives.

 
  
203 
 

70 000

60 000
Nombres de personnes

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0
2015 2016 2017 2018 janv.-19 mars-19 juin-19 sept.-19
Année et mois d'évaluation

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 53 : Évolution de la population du Camp de Minawao


Avec l’arrivée des réfugiés, même la carte sanitaire de l’aire de santé est modifiée, car il
faut désormais aussi surveiller cette population venue d’ailleurs avec tout ce que cela implique.
De 200 arrivées en 2014, ils se comptent à 50 000 en 2015. En 2016, le camp accueille 59 036
réfugiés, 60157 en 2017 et 60 699 en 2018. Et la dernière évaluation donne un chiffre de 59 456
individus (Carte sanitaire DS de Mokolo, UNHCR, 2019). En 2018, pour une population de
60 699, on enregistre 13 793 femmes en âge de procréer (22,7%), 1 421 naissances vivantes,
les nourrissons de 0 à 59 mois sont 11 902 (19,6, %). Le taux annuel de femmes enceintes est
de 4,8 %, soit 2 891 FE par an. Cette tendance baisse en septembre 2019, la population du camp
est de 59 456 dont 31 717 femmes, 27 739 hommes répartie dans 15 734 ménages. Les femmes
en âge de procréer sont 16 429, les enfants de 0 à 59, 12 221. La communauté réfugiée du camp
est une communauté polygame ceci peut expliquer le nombre de naissance annuelle en plus de
la prise en charge totale dont elle dispose. Les réfugiés se sont aussi dissous au sein de la
population locale (figure 53).

 
  
204 
 

Figure 54 : Localisation des réfugiés dans le Mayo-Tsanaga


Les réfugiés installés dans les villages sont 6 034 soit 15 % de la population hors camp
du département (DTM, juin 2018). Les arrondissements qui accueillent les réfugiés hors

 
  
205 
 

camp sont : Mokolo (1 421), Mogodé (1 281), Mayo moskota (3 199). 895 de ces réfugiés sont
dans les familles d’accueil (la frontière entre les États est parfois fictive pour la population
riveraine car les mêmes tribus sont de part et d’autres des deux côtés, le mariage se fait entre
les riverains et le commerce y est fructueux par conséquent c’est tout naturel de se faire héberger
par une famille d’accueil parfois liée par les liens de parenté ou d’amitié). 62 dans les maisons
collectifs, 63 logent dans les abris spontanés (vieilles maisons, cuisines abandonnés, cabanes à
la lisière des villages), 26 s’autogèrent dans des maisons en location. Les chiffres récents du
HCR font état de 4 545 individus dont 2 461 femmes et 2085 hommes pour 1275 ménages. Les
enfants de 0 à 4 ans (793), de 5 à 11 ans (1 491), de 12 à 17 ans (678), de 18 à 59 ans (1 474)
et de 60 ans et plus (110). On note encore une tendance de la population très jeune (UNHCR,
septembre 2019).
 Les défis des réfugiés du Mayo-Tsanaga

L’autonomisation des réfugiés, ceux hors camp ou sortis du programme d’urgence


doivent s’auto prendre en charge. Face aux contraintes financières, certains partenaires
humanitaires sont déjà partis, le nombre de pris en charge réduit, la ration alimentaire aussi.
Une mauvaise utilisation des intrants nutritionnels, le partage intrafamilial aux dépens des
malnutris, la vente sur les marchés locaux, en conséquence, la constance des malnutris n’évolue
guère. Le bois de chauffe, de cuisson des aliments est un problème, la réserve forestière de
Zamay n’est plus que l’ombre d’elle-même à cause de la coupe abusive des arbres. Nombreux
sont les enfants non identifiés, sans filiation aucune qui traînent dans le camp et hors du camp
(sur 16 312 identifiés, seuls 9 104 sont inscrits à l’école primaire, sur 5 325 adolescents seuls
298 sont inscrits au secondaire au Camp). Le HCR continue de dénoncer la pratique
traditionnelle des violences faites aux femmes et enfants malgré les sensibilisations (en un mois,
159 cas constatés sur les femmes sur 19 sur les hommes). Les partenaires humanitaires
déplorent l’insuffisance des médicaments et du plateau technique pour la prise en charge
sanitaire des réfugiés (santé reproductive, mentale, activité préventive VIH/SIDA, des
infections respiratoires des jeunes enfants). L’insécurité grandissante dans les villages d’accueil
froisse la cohabitation pacifique avec les hôtes. Bref, les moyens déployés ne permettent pas
une couverture optimale des besoins exprimés et cette pression est davantage sur les populations
hôtes déjà structurellement vulnérables à cause de leurs moyens de subsistance.

Les ménages sont en insécurité alimentaire parce que vulnérables à un certain nombre de
facteurs entre autres les moyens de subsistance.

 
  
206 
 

II-3- VULNÉRABILITE DES MOYENS DE SUBSISTANCE

La vulnérabilité est une situation d’exposition à des facteurs de risques mais aussi la
difficulté de faire face à la situation, l’incapacité de se défendre (Chambers R., 1989). Par la
même occasion, un individu est peut être considéré comme vulnérable, s’il est soumis à des
risques de manque de nourriture, ou s’il subit de fortes conséquences de ce manque, ou plus
encore, s’il subit la combinaison des deux éléments. L’analyse des moyens de subsistance est
aussi destinée à fournir des éléments de compréhension utiles pour préciser la localisation des
interventions humanitaires et d’éventuels projets de développement. L’avantage étant de
montrer où est ce l’on peut promouvoir de nouvelles activités ou formations-emploi, y faire des
réalisations conséquentes pour une société autosuffisante.

II-3-1- Les moyens de subsistance et les facteurs de précarité des moyens de subsistance

Une exploration globale des moyens de subsistance (tableau 27) permet de comprendre
le contexte de la précarité alimentaire.

Tableau 27 : Les moyens de subsistance des ménages dans le Mayo-Tsanaga


Moyens de subsistance Mokolo Koza Soulede-Roua Mogode
Coiffeurs 93 05 X 97
Barmen 83 06 88
électrotechnicien 81
Vendeuses de beignets 232 X X 54
Maçons 95 196
Cordonniers 249 02 59
Meuniers 107 X X 38
Moto-taximen 99 12 X 204
Call-boxeurs 96 05 X X
Pousseurs 179 X
Restaurateurs 173 12 X X
Vendeurs de carburants 148 05 X
Vendeurs de kola 332
Vendeuses de bil-bil X 13 X X
Couturiers-tailleurs X 03 X 120
Bouchers X 03 59
Exploitants vidéo-club 04
Rôtisseurs X 02
Menuisiers X 03 X
Photographes 03 123
Exploitants des carrières de sables 05
Artisans (vanniers, forgerons, tisserand, X 34 X 132
sculpteurs)
Vendeurs de médicaments de rue 02
Commerçants (boutiquiers, maraîchers, textiles, 690 37 X 220
Soudeurs 128
Boulangers 18
Électriciens X 51
Source : PCD Commune Mokolo, Koza, Souledé-Roua, Mogodé, 2014, 2011, 2015

 
  
207 
 

Toile de fond de la crise, l’environnement socio-économique conditionne leurs


vulnérabilités, ce qui a un impact certain sur la sécurité alimentaire des ménages et les types
d’assistance à apporter aux ménages. Le secteur informel est partout présent, en dehors de la
pratique d’agriculture comme moyen de subsistance par excellence certains membres des
ménages ont une activité subsidiaire. Le dénombrement est fait suite à des travaux d’évaluation
des différentes communes, les moyens de subsistance recensés sont ceux en activité continue.
La Commune de Souledé-Roua n’a juste pas fait un dénombrement numérique des différents
exploitants. Mokolo est le poumon desdites activités sans doute parce que relié par la capitale
de l’Extrême-Nord (Maroua) par une route bitumée donc d’accès facile, capitale du
département du Mayo-Tsanaga et surtout jouit d’une couverture électrique stable par rapport
aux autres arrondissements fortement enclavés. Les moyens de subsistance d’un ménage sont
assurés lorsqu’il peut faire face aux situations de stress, de chocs, peut les surmonter tout en
maintenant ou en améliorant ses capacités et sa base d’actifs productifs (ACF, 2009). Or, les
zones d’enquêtes sont conditionnées par des éléments socio-économiques, physiques qui
rendent ces activités vulnérables et mettent en insécurité alimentaire les ménages (tableau 28).

 
  
208 
 

Tableau 28 : Facteurs de vulnérabilité des moyens de subsistances des ménages


Groupes de subsistances Corps de métiers Facteurs de vulnérabilité
Vendeurs des produits maraîchers Disponibilité des produits agricoles, fermeture des frontières entrainent la stagnation des ventes,
Agriculteurs /des céréales l’éloignement des points de ravitaillement, détérioration des marchandises à cause de la mauvaise
conservation
Insuffisance des points d’abreuvement des bêtes, du fourrage, de traitement des prophylaxies.
Fermiers ou éleveurs Bouchers Conséquences : cherté des prix des bêtes, absence des boucheries modernes, enclavement des
marchés d’écoulement des produits, absence du réseau électrique donc manque de chambre froide
pour la conservation des carcasses, faible pouvoir d’achat des ménages, vol des bêtes
Rôtisseurs
Vanniers, forgerons, tisserand, Éloignement des points, marchés d’approvisionnement (surtout les produits manufacturés),
sculpteurs enclavement des marchés d’écoulement des produits, mauvais état des routes, absence d’électricité
Maçons pour les activités tributaires, utilisation des groupes d’électrogènes pour les nantis donc
Tailleurs /couturiers dépendance à l’achat du carburant frelaté, indisponibilité des matériels de travail (mercerie,
photographes machine à coudre, lunette de protection, clientèle périodique …). Mauvaise qualité des images,
Menuisiers faible clientèle et refus de retirer les commandes. Insuffisances des espaces marchands, forte taxe,
Boulangers irrégularité des moyens de transport, présence des bandits de grands chemins, absence de
Artisanat / petits métiers / Électricien/ électrotechnicien technicien pour la réparation des moulins en cas de panne. Absence de formation pour les métiers
Moto-taximen techniques, enclavement des villages qui réduit la mobilité de la population, faible couverture des
Petit commerce Soudeurs réseaux téléphoniques (MTN, Orange, Camtel, Nextel). Pas d’accès aux crédits, prélèvement de
la matière première dans la production agricole pour la fabrication du bil-bil/insalubrité dans les
Tradi-praticiens lieux d’exploitation et de ventes.
Cordonniers Absence de matières premières, difficulté d’écoulement des produits sur les marchés extérieurs,
Coiffeurs pour les constructions des maisons (difficulté d’approvisionnement en eau et matériaux donc
Commerçants précarité du métier de maçon). Cherté des produits pour les boulangers (farine, sucre), insécurité,
Vendeurs de kola restriction des circulations, interdiction des circulations des motos pourtant seul moyen de
locomotion sur les routes impraticables. Absence des permis de conduire pour les moto-taximen.
Vendeuses de beignets
Éloignement des points d’eaux (10 à 20 km parfois) donc prix de la vente d’eau en fonction des
Vendeurs de carburants contraintes d’approvisionnement.
Vendeurs de bières

Vendeurs d’eaux dans les porte-


charge ou à dos d’âne
Services ou EMF Employés Insécurité, non remboursement des crédits octroyés, fermeture des structures
Source : PCD des communes, enquêtes de terrain 2018-2019

 
  
209 
 

La vulnérabilité de ces activités est liée à d’énormes risques d’insécurité, d’éloignement


des marchés ou des marchés de ravitaillement, du manque d’énergie électrique dans les villages,
d’absence de crédit, d’enclavement avec des routes impraticables en toutes saisons à cause des
roches sans oublier les calamités naturelles et les conséquences sont la cherté des produits tant
alimentaires que manufacturiers, le découragement et l’abandon des activités. À cause de la
précarité de ces sources de revenus, les ménages sont davantage exposés à l’insécurité
alimentaire. Le phénomène B.H va amplifier cette précarité car le déplacement massif des
ménages les privent de leurs moyens de subsistance pour les livrer à la dépendance d’un tiers
ou de l’assistance.

Par contre dans le Lom-et-Djerem, les groupes de subsistance3 sont fortement liés aux
potentialités qu’offre la nature (tableau 29). L’agriculture occupe 80% de sa population,
l’orpaillage la rivalise ensuite vient la pêche (pour les villages riverains des fleuves et rivières
Lom, Pangara, Djerem, Lom pangar) et l’élevage. Les petits commerces et les petits métiers
(soudeurs métalliques, menuisiers, call-boxeurs, électrotechniciens, coiffeurs, couturiers,
restaurateurs, mécaniciens etc…) sont surtout très présents dans les arrondissements de Betaré-
Oya et de Garoua-Boulaï du fait du véritable brassage des populations (camerounais d’autres
régions, libanais, centrafricains, maliens, tchadiens, chinois …). Et cette agriculture est surtout
tenue dans les zones périurbaines avec une faible implication des autochtones qui eux préfèrent
les travaux de la mine. Les arrondissements comme Ngoura et Diang répondent à trois groupes
de moyens de subsistance au plus (agriculteurs, éleveurs, vendeurs de vin local à Diang) et
orpaillage surtout à Ngoura, Garoua-boulaï, Betare-oya.

                                                             
3
 Les groupes de subsistance sont un ensemble de personnes qui partagent une même source de nourriture et de
revenus. ACF, 2009

 
  
210 
 

Tableau 29 : Éléments de précarité des moyens de subsistance dans le Lom-et-Djerem


Groupes de subsistances Corps de métiers Éléments de précarité des moyens
de subsistance
Éloignement des marchés
d’écoulement des produits agricoles,
Agriculteurs Bayam-sellam faible pouvoir d’achat (pratique
arbitraire des prix des produits),
insécurité physique et routière,
difficulté de ravitaillement (pistes
agricoles en mauvais état, prix de
transport élevé).
Bouchers Prix élevé des bêtes qui a une
Éleveurs Rôtisseurs incidence sur le prix de la viande au
Fermiers kg, faible pouvoir d’achat de la part
des ménages, perte énorme pendant
la saison sèche.
Hôtelier, aubergiste, Éloignement des marchés
vendeur de bois de d’approvisionnement des produits
chauffe et de charbon, manufacturés, coût du transport
vendeur d’eau sur les élevé, insécurité (phénomène de
Petits métiers/ petits porte-tout, mécaniciens coupeurs de route très fréquent),
commerce auto et moto, couturier, faible électrification (la majorité des
coiffure (hommes et villages ne sont pas desservies
femmes), maçon, d’énergie électrique donc forte
cordonniers, vannier, dépendance aux groupes
Boutiquiers, call- électrogènes pour les nantis). Prix du
boxeurs, vendeurs de carburant élevé dans les villages,
bières locales et mobilité réduite des populations
manufacturés rurales, faible qualification pour les
métiers professionnels, faible
couverture du réseau de téléphonie
Orpaillage/exploitants des orpailleurs Exposition fréquente aux
carrières éboulements dans les mines,
accidents, faible production,
difficulté de bénéfice lors des ventes
Source : PCD des communes, enquêtes de terrain, 2018

Seules les localités ayant un accès par route bitumée (centre de Betaré-Oya, quelques
villages de Ngoura situés sur la route nationale N°1, Garoua-boulaï ville carrefour de la RCA
et du Septentrion) favorisent les activités permanentes (chauffeurs de moto, de cars ou de taxis,
call-boxeurs, menuisiers, vanniers à cause de la présence des matières premières (zone de forêt-
savane). Les chasseurs sont surtout prospères en saison de pluie et leurs victuailles vendues au
marché urbain de Bertoua ou en bordure des routes pour les voyageurs. Les pêcheurs quant à
eux en saison sèche et la menace de cette activité est la pêche abusive, l’utilisation des produits
néfastes, la baisse des ressources halieutiques est conséquente. Il faut dire que l’un des métiers
phares de ce secteur est la prostitution et une question de survie (le manque de qualification des

 
  
211 
 

jeunes, la consommation de l’alcool, des drogues et du tabac, la présence des miniers


occidentaux sont des causes). Il ressort d’un entretien avec une prostituée à Betare-oya : « les
chinois sont des bons clients […]. On les aide à déstresser après des journées pénibles ; vous
voyez que notre rôle est important. En plus, ils payent bien, quatre à cinq fois plus qu’à
Yaoundé. D’ailleurs, voyez, mes deux copines m’ont rejoint il y a plus d’un mois, elles
n’envisagent même plus, pour le moment, rentrer à Yaoundé où elles travaillent à mini-ferme
depuis près de dix ans » (Voundi E. et al., 2017). Ce secteur d’activité s’est amplifié avec
l’arrivée massive des réfugiées centrafricaines en 2015 et a fait les choux gras des médias
tellement la passe était à 250-300 F CFA. La sexualité précoce, croissance des adolescentes-
mères, les mariages précoces et forcés, l’âge moyen des adolescentes impliqués est de 15 à 19
ans, sexe contre nourriture, sexe contre vêtements, sexe contre appuis financiers, sexe contre
sécurité, sexe contre soins de santé, sexe pour le remboursement des dettes des parents… (PCD,
Garoua-Boulaï, 2018). Les commerçants sont surtout menacés par le vol, les coupeurs de route
(surtout les ambulants qui doivent desservir les marchés périodiques des villages, ils ont donc
l’obligation de voyager en caravane pour minimiser les attaques.
La conséquence de cette précarité est l’abandon ou la reconversion vers d’autres métiers
qui s’avèrent toujours temporaires, le maintien des ménages dans la pauvreté difficile d’assurer
le panier alimentaire.

 
  
212 
 

CONCLUSION

La vulnérabilité résulte d’un ensemble de facteurs sous-jacents qui se combinent pour


mettre en situation d’insécurité alimentaire un groupe de personnes ou une zone géographique
précise. (Azoulay G. & Dillon J-C., 1993). Ces groupes, d’offices désavantagés, sont des
ménages hôtes, des réfugiés et des personnes déplacées internes. Même le contexte des moyens
de subsistance rendent vulnérables les ménages. Ils sont en situation de ne pas avoir accès
suffisant aux denrées susceptibles de satisfaire leurs besoins élémentaires alimentaires et
nutritionnels. À l’intérieur d’une population, certains groupes humains sont plus exposés que
d’autres aux risques nutritionnels en particulier à la malnutrition car manifestent rapidement les
signes de dysfonctionnement en cas de problème. C’est le cas des enfants, les femmes enceintes,
les femmes allaitantes, les personnes âgées, les réfugiés et les personnes déplacées à cause de
leur vulnérabilité. L’insécurité alimentaire ou l’accès limité à la nourriture contribue à fragiliser
leur état nutritionnel. Causant par la suite d’énormes dégâts sur la santé parfois irrémédiables
si le constat se fait tard. Les facteurs suscités ont profondément entaché la prévalence des zones
d’études.

 
  
213 
 

PARTIE II : DES EFFETS MANIFESTES AUX ESSAIS DE


SOLUTIONS

 
  
214 
 

CHAPITRE III : LES PRATIQUES ALIMENTAIRES ET ÉTAT NUTRITIONNEL


DES MENAGES CIBLES : LES EFFETS MANIFESTES SUR LA SANTE DES
ENFANTS DE 0 à 59 MOIS

« La santé est dans la marmite » Yves Lacoste, 1985

INTRODUCTION

Dans les pays anglo-saxons, la plupart des études réalisées ont démontré que l’insécurité
alimentaire est associée à un mauvais état de santé à tous les âges de la vie. Elle est souvent
associée à des facteurs de risques (faibles revenus, consommation limite de nourriture, faible
poids, déplacements forcés…) cela suggère qu’il existe un effet spécifique de l’insécurité
alimentaire sur la santé, l’utilisation de la nourriture disponible. Elle est l’un des piliers de
l’insécurité alimentaire et ACF (2009) la définit comme à l’utilisation des aliments auxquels le
ménage a accès y compris le stockage, la transformation et la préparation ainsi que la répartition
au sein du ménage. L’enfant étant en pleine croissance (besoins énergétiques, en protéines et
en vitamines) doit convenablement être nourri. Quand il y a un manque ou en cas de
dysfonctionnement alimentaire, il est le premier à le ressentir et à manifester des signes de
malnutrition. L’état nutritionnel est l’état physiologique d’une personne qui résulte des rapports
entre la capacité du corps à digérer, absorber et d’utiliser ces aliments. Il est essentiel de
comprendre l’état nutritionnel des ménages cibles afin de définir le lien qui existe avec la
malnutrition. L’idée de ce chapitre est de s’appesantir sur la relation de cause à effet entre les
aliments consommés, les pratiques de soins infantiles et l’hygiène alimentaire qui sont
probablement à l’origine des effets constatés. Pas seulement en l’absence d’un régime
alimentaire adéquat mais en termes de manque d’eau potable, de logements décents et de
services sanitaires, de manque de moyens financiers, d’accès aux intrants, de taux
d’analphabétisme et de maladies élevés, vulnérabilité des moyens de subsistance et de
dégradation de l’environnement.

 
  
215 
 

III-1- COMPRENDRE LE RôLE DE L’ALIMENTATION POUR L’ORGANISME

III-1-1- C’est quoi un aliment ?

Un aliment rassemble un certain nombre de caractéristiques : 1. Il doit être nutritif : c’est-


à-dire qu’il doit apporter des éléments qui participent à la couverture des besoins nutritionnels.
2. Il doit être sain : c’est-à-dire qu’il ne présente aucun risque d’ordre physique, chimique ou
microbien, pour le consommateur. 3. Il est socio culturellement accepté : c'est-à-dire qu’il fait
partie des aliments régulièrement consommés dans la communauté. Pour dire qu’il est
important de savoir quels aliments combinés pour avoir un bon repas et équilibré. Sachant que
cette combinaison nous protège des infections et des maladies.

Un aliment est composé :

 Des nutriments : les nutriments sont les éléments de l’aliment que l’organisme utilise
pour sa croissance (développement des tissus), pour la production d’énergie et pour la lutte
contre les maladies (planche 16). Tous nos aliments sont constitués d’une mixture de nutriments
de composition de quantités différentes en fonction de l’aliment. On distingue principalement
deux types de nutriments à savoir les macronutriments et les micronutriments. Les
macronutriments sont les glucides ou carbohydrates, les lipides ou graisses et les protéines. Les
micronutriments sont principalement les vitamines et les minéraux. Nous pouvons aussi ajouter
l’eau comme un nutriment car elle est essentielle à notre organisme.
 Des déchets : qui sont constitués des parties non comestibles de l’aliment telle la peau
des tubercules ou des certains fruits.
 D’autres substances : parmi les autres substances présentes dans un aliment, on peut
citer les anti-nutriments qui sont des substances naturellement présentes dans l’aliment soit sous
forme de poisons ou toxines (exemple l’acide cyanurique présente dans certaines variétés de
manioc) ou soit sous forme de substances qui interfèrent lors de la digestion, l’absorption et
l’utilisation des nutriments par l’organisme (exemple l’anti nutriment présent dans le haricot).
les additifs alimentaires sont des substances ajoutés lors des transformations technologiques
dans le but augmenter le goût, l’apparence, la valeur nutritive, et aussi la longueur de vie de
l’aliment (jus de fruits et aliments conditionnés). les contaminants qui sont des poisons
chimiques ou des micro-organismes introduits de manière accidentelle dans l’aliment et qui
peuvent soit nuire à la santé du consommateur, soit altérer l’aliment lui-même. les

 
  
216 
 

microorganismes inoffensifs tels que les levures et bactéries présents dans certains aliments
(yaourt et lait).

Planche 16 : Groupes d’aliments nécessaire pour une bonne santé

A
Anonyme Anonyme
Photo 58 : Ensemble d’aliments Photo 59 : Les aliments de construction
énergétiques et de protection ou de Croissance

Les aliments énergétiques (A) : riches en lipides ou en glucides. Ils couvrent un plus grand nombre de
besoins énergétiques. Ils sont constitués de céréales telles que maïs, mil, riz, sorgho, blé, de tubercules
et de racines comme les ignames, manioc, patate, pomme de terre, macabo, banane plantain…Les
aliments de protection : nantis en vitamines et en sels minéraux essentiels. Ils sont constitués de légumes
frais (courge, concombre, radis, poivron, épinards, feuilles vertes), les fruits (ananas, mangue, orange,
avocat, tomate, gombo, carotte, citron, papaye…). Les aliments sont en groupe selon leurs fonctions
dans l’organisme. Nous avons les aliments de construction ou plastiques (B) : riches en protéines dont
le bénéfice est qu’il couvre les besoins en acides animés indispensables à la synthèse des protéines en
particulier. Ils protègent contre les maladies et permettent de se maintenir en bonne santé. Encore
appelés aliments de croissance. Ce sont les viandes, poissons, œufs, lait, les légumineuses (haricot, soja,
souchet, petits pois, lentilles, pistache, arachides, niébé) et les noix (de coco et de palmiste). Et enfin,
les aliments riches en graisse et les sucres sont essentiels pour la santé mais doivent être consommés en
petites quantités quotidiennes, tels qu’huile de palme, huile d’arachide, huile de coton, beurre de karité,
noix de palme, sucre …

Les aliments contiennent des vitamines, des oligo-éléments et des micronutriments. Ces
éléments (tableau 30) ensemble jouent des rôles cruciaux pour l’organisme humain.

 
  
217 
 

Tableau 30 : Classification simple des constituants alimentaires


Éléments Rôles
Eau Fournit les liquides du corps et contribue â la régulation thermique
Glucides Énergie servant au travail et au maintien de la température (il est
important de savoir que le glucose le carburant du cerveau)
Lipides (matières Énergie et acides gras essentiels (permettent l’absorption des
grasses) vitamines et aident à bâtir le physique)
Protéines Croissance et cicatrisation (entretien du corps car important à la
formation des cellules des organes et des tissus cellulaires)
Minéraux Formation des tissus, métabolisme et protection
Vitamines Métabolisme et protection (aident au fonctionnement et à la bonne
santé du corps au même titre que les minéraux)
Éléments non Véhicule pour d’autres nutriments, volume, habitat de la flore
digestibles et non bactérienne, contribue à une bonne élimination des déchets
absorbables appelés
fibres alimentaires
Source : CIN, FAO 2012

III-1-2- Rôle de l’aliment pour l’organisme

Le bien-être nutritionnel dépend du contenu en nutriments des aliments consommés et


par leur absorption par l’organisme. Ceci en fonction des besoins déterminés par l’âge, le sexe,
le niveau d’activité physique, l’état de santé en plus de l’efficacité de l’utilisation par
l’organisme. Notre corps utilise les nutriments pour produire des tissus, produire des fluides,
réparer les tissus. Le corps d’un adulte de 50kg est formé en moyenne de 31Kg d’eau, de 9Kg
de protéines, 7Kg de graisses et 3Kg de minéral. À côté il y a l’eau, le plus important nutriment
qui favorise la croissance tissulaire. Les protéines sont qualifiées de nutriment de croissance ou
« building-nutrient ». Les graisses sont aussi très importantes dans le stockage d’énergie sous
forme de tissus graisseux de même que les minéraux qui assurent l’édification osseuse et
dentaire grâce au calcium et aussi le fer qui entre dans la synthèse du tissu sanguin. L’enfant
commence toujours comme une seule cellule dans le ventre de sa mère. Cette cellule absorbe
assez des nutriments, elle grandit et se divise en deux puis en quatre et enfin des millions de
cellules sont constituées pour former des tissus tels que la peau, l’os, le muscle. Chaque étape
de ce processus de croissance utilise les « Building-nutrient » et aussi les nutriments
pourvoyeurs d’énergie (carburant) qui permettent aux réactions anabolisantes d’avoir lieu.
Durant la grossesse, la femme enceinte a besoin des « building-nutrient » pour nourrir le
placenta, augmenter la taille de l’utérus et des seins. Les nutriments de croissance sont
également utilisés dans la sécrétion de fluides tels que la salive, le suc digestif, le lait, les larmes
très utiles pour notre organisme. Chaque cellule de notre organisme a une courte durée de vie.
Le corps a donc besoin durant toute notre vie de produire de nouvelles cellules pour remplacer

 
  
218 
 

les cellules mortes (figure 54). Bref, l’alimentation sert surtout à la croissance, à la fourniture
d’énergie, et à la cicatrisation, l’entretien et la protection du corps (FAO, 1992).

Maintenir en santé Maintenir la


  température corporelle

Supporter toutes
les activités Le corps utilise Lutter contre
physiques l’énergie produit les infections
pour :

Sécréter les fluides Produire de


corporels nouveaux tissus

Source : Conçue par Njiembokue (2019)

Figure 55 : Résumé du rôle de l’aliment pour le corps

Bon à savoir ; Pourquoi devons-nous manger équilibré ?

À tous les âges de la vie, notre alimentation doit fournir un apport calorique proportionné
à notre dépense d’énergie. Elle doit également être suffisamment diversifiée et répartie tout au
long d’une journée pour charrier les nutriments importants au bon fonctionnement de
l’organisme. Une alimentation diversifiée doit avoir au moins un aliment de chaque groupe
d’aliments pour jouer pleinement son rôle. L’eau étant le seul aliment impératif à consommer
en excès même. Mulungula F. (2015) démontre aussi que la ration alimentaire doit respecter
ces équilibres essentiels. Il est conseillé de prendre trois repas par jour pour un apport
énergétique reparti ainsi : 20 à 25% au petit déjeuner, 40 à 45% au déjeuner, 25 à 30% au dîner.
Cette ration doit apporter en quantité suffisante, tous les groupes d'aliments : les
macronutriments : glucides, lipides et protides, sources de l'énergie nécessaire à l'entretien et

 
  
219 
 

au fonctionnement de l’organisme ; les acides aminés et les acides gras essentiels, les
micronutriments indispensables au fonctionnement cellulaire : ions minéraux, oligo-éléments
et vitamines ; l'eau et la cellulose (tableau 31). C’est la base d’une bonne hygiène alimentaire.

C’est important d’y ajouter un goûter (fruits, tasse de lait…) pour l’enfant en fonction des
moyens du ménage. Pour les enfants, la corpulence varie au cours de la croissance. Elle subit
des modifications ou des étapes physiologiques tout le temps donc la régularité des repas est
obligée. Pour les personnes âgées, elle prévient les effets de l’âge ; la consommation alimentaire
tend à diminuer avec l’âge, ce qui pourrait causer une diminution des défenses immunitaires et
l’aggravation des maladies cardiovasculaires. En plus l’âge dénature le goût et l’odorat, la
sensation de faim, de soif et toutes les fonctions digestives en particulier la tolérance au sucre
source fréquent de diabète. Par ailleurs le cœur perd de son élasticité, ce qui bloque le
remplissage des artères). Et pour les adolescents, c’est une période de croissance et de grande
activité, l’activité physique étant très présente donc aussi l’apport en fer, calcium et vitamines
D (FEDECARDIO, 2016). C’est ainsi que dans les récits de la Bible, Daniel dans son chapitre
premier choisit de : « qu’on nous donne seulement des légumes à manger et de l’eau à boire…à
la fin de cette période, on peut constater qu’ils avaient meilleure mine et avaient pris plus de
poids que les jeunes gens nourris des mets de la table royale ». Pour tout dire le mode
d’alimentation maintient le corps humain en santé ou pas.

Tableau 31 : Éléments nutritifs de l’alimentation d’un jour


NUTRIMENTS APPORTS JOURNALIERS
Glucides 300 à 400 g
Macronutriments Lipides 60 à 90 g
Protides 30 à 60 g
Na+ 1à2g
K+ 1à6g
Micronutriments Ca+ 1à2g
Fe 2 à 20 mg
B1 1 à 1,2 mg
Vitamines C 30 mg
PP 15 à 20 mg
Énergie 2400 Kcal= 10 000 kJ
Source : http://www.cap-sciences.net/upload/dossier-peda-self-info-repas-ok.pdf/ cité par Francisco, 2015

Dans le plat du jour, on devrait retrouver tous ces éléments nutritifs représentatifs pour
pouvoir dire que le plat est équilibré pour assurer la bonne santé. Rejoignant Hippocrate qui
voyait juste, 500 ans avant Jésus-Christ. « Que ton aliment soit ton médicament » cité par le Dr
Seignalet Jean, (2004). La façon dont les ménages associent les aliments pour se nourrir au

 
  
220 
 

quotidien répond à un certain nombre de critères. Cette habitude alimentaire est un indicateur
circonstanciel de l’accès pourtant un pilier l’accès alimentaire.

III-2- LES HABITUDES ALIMENTAIRES

Les habitudes et les diètes alimentaires diffèrent selon les régions. Elles dépendent le plus
souvent de la disponibilité des aliments en quantité et en qualité, des coutumes et croyances
locales, du climat et même en termes d’accessibilité des ménages aux denrées. Il est question
d’examiner les profils alimentaires dans les zones d’études qui revèlent une importante
implication sur la santé et l’état nutritionnel des membres de la famille.

III-2-1- Profil alimentaire des deux départements

III-2-1-1- Le Mayo-Tsanaga

III-2-1-1-1-Typologie des repas : culture alimentaire et tradition

L’histoire décrivait déjà les comportements alimentaires dans le massif montagnard du


Mayo-Tsanaga. La culture par excellence, le mil constitue la base de l’alimentation de la famille
(gay en langue mafa). Jean Yves Martin., (1968), raconte que le père ou bab-gay (en langue
mafa) est celui qui repartit la consommation du mil dans son gay tout au long de l’année. Il
prend le mil dans son grenier et le donne à sa femme qui est chargé de l’accommoder avec les
feuilles de son choix dérivés de son champ à elle. C’est toujours le bab-gay qui décide si la
famille doit consommer de la viande ou pas, et très souvent lors des manifestations rituelles
(après un sacrifice rituel, la famille peut consommer la viande de la bête tuée, l’ancêtre n’ayant
droit qu’au sang de l’animal) ou lors des fêtes qui se tenaient tous les deux, trois ou quatre ans
(Gourou, 1965, Hallaire A., 1965, Jean Yves Martin, 1968). D’après les observations du terrain
actuel, nous pouvons dire que la situation n’a guère beaucoup évolué. Le plat principal est resté
malgré le temps, le couscous à base de mil (planche 17), la variante est l’introduction du
couscous à base de maïs et parfois du riz dans les habitudes alimentaires.

 
  
221 
 

Planche 17 : Les différents plats de couscous consommés dans les Monts Mandara

Njiembokue, août 2018 Njiembokue, mars 2019


Photo 60 : Plat de couscous de mil Photo 61 : Plat de couscous de maïs
accompagné de sauce de gombo accompagné des feuilles de moringa

C
Njiembokue, août 2018 Njiembokue, mars 2019
Photo 62 : Plat de couscous maïs, sauce Photo 63 : Plat de couscous de maïs,
gombo sauce d’arachide aux petits poissons secs

Cette planche nous présente des plats typiques des Monts Mandara. La photo 1 (A) prise dans le village
Sirak fait étalage d’un plat de couscous de mil accommodé de la sauce de gombo, les photos 2 et 3
prises au village Gouria présentent respectivement un plat de couscous de maïs accompagné de feuilles
de moringa (B) et un plat de couscous, sauce d’arachide nanti de petits poissons secs (D). Et enfin la
photo 4 prise au village de Zamay, met en exergue est un plat de couscous maïs, sauce gombo sec et un
peu de piment pour l’agrémenter (C). Après la récolte, les céréales conservées dans un grenier servent
à nourrir la famille tout au long de l’année. Du grenier, la céréale du jour est moulue soit à la main à
l’aide d’une pierre, dans un mortier soit au moulin si le village en possède un, après obtention de la
farine, la cuisson se fait dans une marmite d’eau chaude et à l’aide d’un bâton remué pour obtenir une
pâte consistante ferme appelée couscous « nauefa » en Kapsiki , « mavarre » en Mafa servie avec une
sauce selon le choix de la ménagère (la mam-gay chez les Mafa). Le maïs et le mil sont interchangeables
mais les préférences ethniques l’emportent sur l’un ou l’autre.

Dans sa thèse Jean-Yves Martin décrit une scène en cuisine dans les Monts Mandara
« L’essentiel de l'alimentation est le mil, préparé en boule, à laquelle on ajoute une sauce faite

 
  
222 
 

d'un mélange de graines écrasées de haricots, d'oseille de Guinée et de feuilles de haricots. On


y adjoint le sel de fabrication locale. C'est la femme qui prépare toujours la boule de mil, la
sauce et le sel. Elle écrase les grains de mil dans sa cuisine, c'est-à-dire dans une obscurité
quasi-totale, au moyen d'une pierre ronde qu'elle fait aller et venir sur une autre pierre fixée
dans de la glaise séchée. Ses coépouses travaillent le plus souvent ensemble, aidées par leurs
grandes filles. C'est un travail pénible et long, humanisé par un chant. Le frottement des pierres
et des paumes sur la meule donne un rythme et du courage aux ménagères. Leur voix dialoguent
sur un ton souvent moqueur, car leur mari fournit le sujet du chant, sur un ton souvent joyeux
aussi, La fatigue, la sueur qui ruisselle, le halètement des voix qui s'essoufflent, mêlé ici au
rythme des pierres, n'enlèvent rien à la joie intime de la ménagère préparant le repas du soir
pour les siens. Si le gay consomme de la viande, chose rare, c’est le père seul qui la préparera.
Et cela dans sa case et non dans la cuisine de ses épouses ».

Les sauces faites à base de feuilles pour accompagner sont multiples et diverses, nous
citons la sauce de feuilles de lalo ou kelin-kelin (Corchorus Spp), de feuilles de tasba (Cassia
Obtusifolia), de feuilles de gombo (hibicus esculentus), de moringa (Moringa Oliefera), les
feuilles de baobab (Adansosonia digitalia), de gouboubo (Ceratotheca sesamoïdes) et de folere
ou oseille (Hibiscus sabdariffa) (Tourneux H., 2005, Beriname B. et al., 2018). C’est la femme
qui s’affaire à la préparation du repas de la famille. Il existe des sauces dites acides parce les
feuilles sont acides qui nécessitent parfois l’ajout de la pâte d’arachide pour amoindrir l’acidité
(la sauce du foléré) et les sauces gluantes comme la sauce de lalo ou kelin-kelin, la sauce gombo
et la sauce de gouboubo (planche 18). Chaque ethnie en consomme selon ses préférences, ses
croyances aphrodisiaques, l’âge et le sexe (Iyébi-Mandjek O., 2000 ; MINEPAT, 2008).

 
  
223 
 

Planche 18 : Les types de sauces préparées en vue de l’accompagnement du couscous

B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 64 : Sauce à base de feuille de Photo 65 : Feuilles de tasba avec un
baobab ajout de graines de niébé

Ces photos traduisent la diversité des sauces et l’ingéniosité des ménagères à diversifier les plats au
quotidien. La sauce faite à base des feuilles de baobab (A) comme indique son nom provient de l’arbre
du baobab, un arbre réputé des zones sahéliennes. Cueillie par les femmes lors du retour des champs.
Le tasba (B) est une sauce très prisée de la zone surtout lorsqu’on incorpore à la cuisson des graines
de niébé qui relève le goût. C’est une sauce très traditionnelle dans les Monts Mandara.

Les légumes frais ou secs sont les marqueurs de l’alimentation paysanne (Flandrin, 1996
cité par Ravache S., 2003). D’autres produits jouent des rôles additifs dans l’alimentation de la
population comme la domestication de certaines baies ou tubercules sauvages pour gérer les
périodes dures (Seignobos C., 1989), les légumineuses (niébé, les arachides, les petits pois) et
le riz. Cultivés localement ou non, elles entrent dans la préparation de certains plats traditionnels
en complément ou tout simplement subissent une autre transformation en beignet (planche 19)
appelé makala en fufulbé, galette.

 
  
224 
 

Planche 19 : Les beignets de consommation populaire

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 66 : Beignet à base de niébé Photo 67 : Beignet à base de farine de blé

La photo prise au marché de Mokolo présente les beignets faits à base de niébé (A), savoureux à la
consommation. Le niébé est de la famille de la cornille, une espèce de plante végétale produisant un
haricot blanc ponctué d’un point noir à l’attache de la graine. La photo (cantine de l’école publique de
Midré) quant à elle montre les beignets à base de la farine de blé (B), farine achetée dans le commerce.
Ces beignets sont vendus à 10 FCFA l’unité. Accessible pour une bourse moyenne, ce sont les friandises
préférés des enfants.

La ventilation des principaux plats donne un premier aperçu sur la composition quotidienne des
repas au sein d’un ménage. Ce qui constitue un repas (figure 55) peut varier d’un ménage à un
autre, selon la disponibilité et l’avoir dudit ménage.

9,7%
16%
0%

0%

0%

37,8%

céréales ignames Légumes verts manioc Pomme de terre Riz

Figure 56 : Composition quotidienne des repas

 
  
225 
 

D’après les enquêtes effectuées auprès des ménages cibles du département du Mayo-
Tsanaga, le graphique révèle qu’effectivement les céréales pour une proportion de 9,7% et les
légumes pour 37,8% restent le nœud de l’alimentation des ménages. Ensuite vient en
complément le riz pour 16%, qui est fort apprécié sous forme de couscous, de beignet aussi ou
incorporé sous forme de graines dans les bouillies. On peut comprendre ici que la proportion
du riz dépasse les céréales par rapport à la période d’enquête (les populations vivaient encore
les séquelles des attaques de Boko Haram, les champs dévastés, les greniers parties en fumée,
la charge des déplacés dans certaines localités). Comme conséquence, on note une
consommation accrue des aliments intermédiaires comme le riz qui leur provient des
commerces et de l’aide alimentaire. Il n’en demeure pas moins que la préférence est donnée au
mil et au maïs. On remarque que très peu d’ingrédients sont cités lors de la préparation des
mets, il suffit d’avoir un peu d’huile, du cube, du sel et de l’eau pour faire une sauce. Même le
poisson et la viande pourtant très présents sur les étals dans les marchés, dans une zone réputée
de grands éleveurs est très peu utilisés dans la préparation des repas (Podlewsky, 1964 ;
Seignobos, 1982 ; Walter Van Beek, 1988 ; DDEPIA, 2017). Les indices sur la préparation du
repas et le stockage des aliments fournissent d’amples connaissances sur l’utilisation des
aliments, et aide à comprendre le niveau d’insécurité ou de sécurité alimentaire du ménage.
Avant d’arriver sur la table, les denrées issues des récoltes subissent des transformations
diverses, de l’expression « de la terre à la table » de Azoulay & Dillon (1993). Les techniques
utilisées peuvent altérer ou non les nutriments contenus dans les céréales.

III-2-1-1-2- Stockage, conservation et transformation des céréales

Après les récoltes, les céréales obtenues sont battues et séchées puis prennent deux
destinations ; une partie pour la vente et une partie pour la subsistance de la famille. Dans les
ménages, les greniers ou « silos » font partie du plan de construction des maisons familiales. À
cause du climat qui prévaut dans cette zone du Cameroun, les populations ont développé des
techniques traditionnelles de conservation et de stockage très ingénieux des graines et des
produits destinés à la vente comme l’ail et l’oignon (planche 20). Seignobos C., (2000) fait
l’inventaire des silos en banko, en vannerie, silos fosses, style qu’on ne retrouve qu’à
l’Extrême-Nord du Cameroun. Chez les Mafa, le grenier mesure 1,90 m à 2m pour un diamètre
de 0,6 m à 1 m et la contenance peut aller de 1m3 à 4,5 m3. Très louable car permet de
conserver, d’assurer les périodes de soudure et de post conflit. Sur les 207 ménages interrogés
dans le Mayo-Tsanaga, 25,6 % des ménages n’en disposaient pas au contraire de 25,8% des

 
  
226 
 

ménages qui en ont dans leurs cours intérieures. Un pourcentage négatif qui s’explique aussi
par le fait que d’autres ménages étaient soit des déplacés ou des retournés

Planche 20 : Technique de stockage des denrées dans le Mayo-Tsanaga

A B

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, juillet 2018


Photo 68 : Technique de stockage des épis de Photo 69 : Grenier traditionnel en
maïs banko pour la conservation de l’oignon

Njiembokue, mars 2019


Photo 70 : Silo en terre battue
En même temps technique de séchage et de stockage des épis de maïs, la photo prise dans le village de
Midré II (arrondissement de Souledé Roua) montre que dès la phase de cueillette au champ, l’épi se
voit juste débarrassé de quelques feuilles qui vont servir d’attache entre deux ou trois épis et accrocher
sur l’arbre (A). (B) est un grenier traditionnel du village Zileng (arrondissement de Koza) construit à
l’aide des lianes et des morceaux de bois, couverts par les tiges de mil, conçu ainsi on penserait à une
étuve pour la conservation longue durée des oignons car destinés à la vente longue distance
(approvisionnement des marchés urbains camerounais et nigérians). Le silo (C) construit en terre
battue, ou en poto-poto. Une sorte d’argile petrie et séchée à laquelle on incorpore de la paille, du sable
et des graviers (Favier J.C., 1977). Il comporte une ouverture pour le retrait des céréales lors de la
préparation du repas. Il est juché sur des grosses pierres, parfois au centre de la cour commune.

 
  
227 
 

À la récolte les graines du mil et du sorgho sont enrobées d’une enveloppe appelée péricarpe et
doivent passer au décorticage. Il se fait soit à l’aide du pilon soit à la main ; un procédé de
décorticage encore traditionnel (figure 56).

Graines dans leurs Pilonnage des


Humidification des graines
enveloppes graines

Vannage des graines


Mouture Tamisage pour séparer les pillées
graines dépulpées

Source : Brigas, 1984, enquêtes de terrain, juillet 2018

Figure 57 : Processus traditionnel de décorticage des graines de céréales

Les graines sont légèrement humidifiées pour faciliter leur détachement, puis deux
femmes autour du mortier, les pilent dans le mortier à tour de rôle. La phase suivante consiste
à vanner les graines au gré du vent à l’aide d’un plateau fait d’osier ou en inox (Photo 71). Ceci
pour faire partir les enveloppes des graines, elles seront par la suite passées au tamis dans le but
de récupérer les graines encore entières et de les repasser au mortier si nécessaire. Après
l’obtention de la graine propre débarrassée de son péricarpe, on peut la moudre soit toujours au
mortier soit au moulin si le village en dispose pour obtenir la farine prête pour la cuisson des
différents plats. Le processus de décorticage et moulure au pilon est très pénible, non seulement
les femmes dépensent beaucoup d’énergie pour le faire mais le pilonnage peut prendre près de
d’une heure de temps sans compter les pertes par jaillissement hors du mortier (Sautier D. &
O’Déyé M., 1989). C’est pour cela que c’est impératif d’avoir au moins un moulin à écraser
dans un village pour réduire la charge du travail et la longue attente pour faire le repas.

 
  
228 
 

Mayapa S., août 2018


Photo 71 : Vannage du mil

Après la récolte du mil, il est battu et vanné (A) pour séparer les panicules de la graine. La femme se
sert d’une bassine en inox et au gré du vent, ventile la céréale. C’est cette graine qui moulu plus tard
sert à confectionner soit le vin local ou bil-bil soit le couscous. Le taux de récupération des graines
décortiquées par rapport aux graines entières se situe entre 70 % et 75% (Vaneck cité par Sautier D. &
O’Déyé M., 1989).

Le processus de décorticage des céréales fait perdre aux graines leur poids de 20 à 25 %
et la qualité du produit obtenu a une valeur nutritive insuffisante. Une graine de sorgho est
composée d’un péricarpe (7,5-12,5 %), d’un albumen (78-85 %), d’un germe (7,5-12,5%) et du
hile (0,5-1,0%). En principe, le décorticage devrait éliminer seulement le péricarpe pas la
couche à aleurone située à la périphérie de l’albumen. Parce que cette couche à aleurone
contient une assise protéique qui a un intérêt nutritionnel important, riche en protéines de bonne
qualité, en vitamines et en sels minéraux. La farine obtenue après mouture et transformée en
couscous, sa fermentation est rapide, ne permet pas sa conservation au-delà d’un jour (Sautier
D. & O’Déyé M., 1989). Ceci vaut également pour les autres céréales enrobées. Une ration à
base de sorgho couvre très insuffisament les besoins en riboflavine, et en acide ascorbique. Ce
qui peut expliquer les carences de vitamine C chez les populations consommant en grandes
quantités de gros mil (Perisse, 1966 ; Bascoulergue & Le Berre, 1963 cités par Favier J.C.,
1977, 1989). La FAO (1996) estime qu’envrion 25 % du grain produit se perd lors de la récolte,
la transformation, se déteriore et s’infeste par les parasites. Les légumes et les racines subissent

 
  
229 
 

une perte de 50% et 10 % de plus lors de la cuisson. Ces techniques de transformation parfois
sont le fait de la culture, des goûts ou du repas à faire ou de la coque dure des graines. Or les
remettre en question, peut aider les ménages à reconsidérer les sauces qui accompagnent
généralement le mets principal « le couscous » et les améliorer davantage en termes de
nutriments.

Zone très sujette aux attaques des insectes de toutes sortes, ces insectes déposent souvent
leurs larves sur les graines récoltées et entassées dans les greniers humides, ces larves se
développent et attaquent les récoltes. « Ces dépredateurs des denrées stockées » ravagent les
graines stockées et occasionnent des pertes énormes en quantité et en qualité car parfois le
traitement phytosanitaire s’applique directement sur les graines à consommer (Boughdad A. &
Gillon Y., 1989). Pour une longue conservation des graines puisqu’on doit garder pour les
périodes de soudure, période de saison sèche, les populations utilisent des plantes insectifuges
qui vont soit prévenir le développement des larves qui attaquent les graines. Les plantes et
pratiques divergent selon les ethnies ; chez les Mafa à Ziver (sur les montagnes) et au nord-est
de Mokolo, le bas du silo est surélevé sur d’énormes rochers pour empêcher que les graines ne
prennent l’humidité, l’assaut des termites et des rongeurs. Chez les Mofu, les parois des silos
sont enduites du kaolin mélangé avec du fruit vert de Strychnos innocua et du caïlcédrat ou de
la cendre combinée avec de l’Eleusine. Dans le Mayo Moskota, ce sont les feuilles de Vernonia
Sp qui sont utilisées. De multiples plantes sont citées selon le savoir traditionnel comme les
bottes d’Hyptis spicigera placés au fond du grenier, le fian (Wissadula amplissima), une racine
tubéreuse récoltée en brousse, les racines d’Ipomoea eriocarpa, l’Aristolochia bractéala sont
attachés dans les tissus et placés dans les greniers (Seignobos C., 2000) ou les sacs contenant
des céréales tel qu’observé sur le terrain (Photo 72).

 
  
230 
 

Njiembokue, juillet 2019


Photo 72 : Les racines et feuilles insectifuges attachés et placés dans les sacs de sorgho

Pour la conservation de longue durée du sorgho, on attache dans les morceaux de tissus des racines et
des feuilles et introduit dans les sacs de 100kg de sorgho. Cette photo prise au camp de Minawao
l’illustre parfaitement. Ces sacs de sorgho font partie de l’achat local destiné à l’aide alimentaire des
réfugiés du camp de minawao.

Le stockage, la transformation et la préparation des aliments sont des indicateurs de


l’utilisation de la nourriture. Ce sont des éléments à considérer pour mesurer l’accès des
ménages à la nourriture. L’utilisation est l’un des piliers de base de la sécurité alimentaire au
niveau de l’individu (ACF, 2009) or si un seul pilier est déficient, expose l’individu ou le
ménage à une insécurité alimentaire. La façon de prendre les repas, le
« comment », « où », « quand » et « avec qui » on prend ses repas a autant d’importance que le
qu’ « est ce qu’on mange » (Sautier D. et al., 1989). Le nombre de repas pris par un ménage est
aussi un indicateur utile surtout s’il est comparé entre deux périodes une période dite normale
et une autre période dite de crise ou de post conflit, ceci pour voir l’accessibilité des ménages à
la nourriture.

III-2-1-1-3- Fréquence des repas et répartition intrafamiliale

Un repas est une nourriture que l’on prend pour s’alimenter pendant une période
spécifiquement consacrée à cette activité, souvent à des heures régulières de la journée. Tel que
défini par ACF (2009) la fréquence varie selon le contexte, la disponibilité, l’accessibilité et
seule la consommation des denrées traditionnelles accompagnées d’autres plats est un repas.

 
  
231 
 

Avant 2013, période que nous appelons période normale, avant les premières incursions
de B.H en terre camerounaise, les ménages pouvaient avoir 3 repas par jour. En zone de
montagne comme en zone de plateau, le nombre de repas varie selon l’importance des récoltes
faites pendant les saisons de pluie. Les groupes de travail (Photo 73) ont permis de faire une
représentation proportionnelle afin d’obtenir la fréquence des prises de repas. Avec un groupe
de personnes, l’exercice consistait à ressortir les types de repas consommés, le nombre de repas
par jour.

Un notable de Zamay, août 2018


Photo 73 : Groupe de travail dans la cour intérieur du Lamido de Zamay

Étaient présents pour le groupe de travail (A) 8 hommes et une femme (sur notre demande). Le but était
de recueillir les avis des hommes et des femmes. Munie d’un grand papier tracé pour une période de 07
jours, d’un questionnaire sur les modes de consommation, le nombre de repas et la diversité des plats,
les feutres de différentes couleurs (le résultat transcrit en Tableau 32).

Tableau 32 : Représentation proportionnelle de la consommation alimentaire des


ménages de Zamay pendant une période normale
Jours

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi


Moment de
prise de repas
Matin Makala Makala Makala Makala
tchaï tchaï tchaï tchaï
Midi Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous
gombo goubodo lalo soit feuilles de feuilles de ndolé moringa
kelin kelin baobab foléré
Soir Couscous Couscous Couscous Couscous lalo Couscous Couscous Couscous
gombo moringa moringa soit kelin kelin feuilles de moringa ndolé
foléré
Source : Enquêtes de terrain, août 2018

 
  
232 
 

Au cours d’une semaine, le plat de base demeure le couscous fait de mil ou de maïs. Les
sauces sont variées mais manquent d’additifs d’origine animale qui se prête au jeu culinaire une
ou deux fois par semaine. Pierre Gourou (1991) cité par Courage G. (1992) à partir des enquêtes
alimentaires effectuées dans les années 1950 en Afrique que l’alimentation manque peu
d’élements d’origine animale parce que c’est le fait de la civilisation et non par contrainte du
milieu naturel. Les bêtes sont destinées aux sacrifices et aux fêtes (Hallaire A., 1989). Le chef
de ménage met à disposition de la femme selon ses moyens et le nombre de bouches à nourrir,
1 sac de maïs pour un mois et 1 sac de mil pour un mois. Elle se charge par la suite de varier la
sauce. Le makala (en langue locale) ce sont les beignets de farine de blé, d’haricot ou de riz qui
se vendent au coin de la rue par là pour le petit déjeuner. Le repas en moyenne c’est 2 fois par
jour plus le petit déjeuner on en compte 3. Il faut préciser que c’est un privilège de prendre le
makala le matin pour ceux qui en ont les moyens. Le régime des ménages est beaucoup plus
végétarien car ils consomment majoritairement les légumes. Le « tchaï » en fufulbé est un thé
vert, très consommé dans la partie septentrionale du pays. On en dénombre trois types; le thé
vert, le thé rouge et le thé noir. Il est cultivé localement ou importé depuis le Tchad. On fait une
boisson chaude ; à la cuisson, on y ajoute du gingembre, du sucre et du citron à la convenance
du consommateur. La particularité de thé est que non seulement il se consomme le matin mais
se prend à tout moment de la journée. Cette boisson revêt une identité culturelle mais traîne une
réputation de brûler les graisses et facilite la digestion. De Magoumaz jusqu’à Gouria en passant
par Midré II, les ménages sont unanimes quant à la fréquence et les types de repas. Ce sont les
noms et les modes de préparation des sauces qui changent selon l’ethnie.

Au moment des enquêtes de terrain, Juillet-Août 2018, les populations peinent encore à
panser les plaies infligées par la secte terroriste, nous sommes en plein moment d’installation
massive de déplacés, des retournés, de l’aide alimentaire. Néanmoins les attaques sont toujours
signalées dans certaines zones. Et cette période nous l’appelons période difficile ou de soudure
bien que nous fussions en pleine saison de pluie. La récurrence des repas va changer aussi avec
l’arrivée et la pression des réfugiés et des déplacés (Tableau 33).

 
  
233 
 

Tableau 33 : Représentation proportionnelle de la consommation alimentaire des


ménages de Zamay pendant une période de difficile ou post-conflit
Jour

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi


Moment
de prise
de repas
Matin Makala Makala
tchaï tchaï
Midi
Soir Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous
gombo moringa lalo soit les gombo feuilles de feuilles de moringa
feuilles de foléré foléré
kelin kelin
Source : Enquêtes de terrain, août 2018

Il est évident que pendant la période dite difficile, de soudure, les plats se sont amenuisés
considérablement, le petit déjeuner même devient un luxe. Le chef de ménage est obligé de
mettre à disposition de la femme un demi-sac de mil ou de maïs. Le repas est maintenant pris
une fois par jour. Ceci autour de 16 heures et l’autre repas attendu le lendemain à la même
heure. Les vagues massives de déplacements a eu un impact certain car les aides alimentaires
ont afflué. Ceci a permis un troc de denrées entre les réfugiés et les habitants du village. Ici on
a non seulement le couscous de mil/ maïs mais aussi de riz. Les denrées données aux réfugiés
étaient revendues sur le marché à prix bas (sac de 50 kg de riz à 12 mille FCFA voire moins
selon le marchandage) mais également un échange se faisait de la façon suivante : un sac de
riz de 50 kg contre un sac de mil par exemple. Pour les déplacés, deux repas par jour est un
luxe, il faut gérer avec parcimonie les rations que leur donnent les agences d’aides alimentaires
(PAM, Plan Int.,...). Le dépouillement du questionnaire de recherche sur la question de la
provenance des aliments consommés révèlent que pour 28,6 % de ménages de l’agriculture
familiale, en plus de l’agriculture, nous achetons au marché aussi ont répondu 8,2%, de
l’agriculture, de la collecte des fruits et racines comestibles pour 8,5% et de 6,2 % ceux qui
reçoivent les aides alimentaires. Le problème peut ne pas se poser sur les aliments consommés
mais comment ses aliments sont répartis entre les membres de la famille, s’ils couvrent les
besoins énergetiques de la famille.

Après la cuisson des plats, le repas est généralement servi dans une assiette ou un plateau.
Le repas se prend en famille. Il peut arriver que l’homme et sa femme mangent dans le même
plat quand ils viennent de convoler en justes noces et là ils n’ont pas encore de progéniture. La
culture du septentrion voudrait que les hommes mangent ensemble et les femmes, les enfants à
part ; dans le cas des familles nombreuses. Le fait que le père de la famille mange à part dénote

 
  
234 
 

du fait de son autorité sur la famille. L’étranger qui séjourne au sein de la famille est soumis au
même rituel de prise des repas (planche 21 ; figure 57).

Planche 21 : Pratique de la répartition de la nourriture au sein des ménages

Njiembokue, mars 2019


Photo 74 : Mère et fille autour du repas

Njiembokue, mars 2019


Photo 75 : Les hommes autour du repas

Nous pouvons voir une mère en train de manger avec sa fille un mets connu sous le nom de « koki »,
c’est un mets fait à base du niébé et de l’huile rouge (A). Après une longue attente au siège de l’unique
moulin du village kossehone, la maman a pu s’offrir une boule de koki histoire de calmer la faim en
attendant le repas du soir. Moussa et ses amis venus lui rendre visite sont assis sous un manguier à
Gouria et savourent un plat de couscous de maïs à la sauce d’arachide poisson (B).

 
  
235 
 

C D G
A 3

1 E F
B
2 H

Figure 58 : Modélisation de la répartition intrafamiliale du repas


Dans cette famille monogame (1), le père de la famille est autour du repas accompagné
de sa femme (A), les enfants de 10 ans et moins mangent ensemble (B) au cas où le père désire
prendre son repas avec sa femme. Dans la famille (2) est polygame et le père est déjà avancé
en âge, il devra prendre son repas seul (C) pendant que les enfants d’un certain âge 14, 15 voire
16 ans vont se regrouper (D) autour de leur repas, pendant que les femmes et les enfants de 0 à
5 ans seront ensemble (E). La famille (3) qui est aussi une famille polygame, il peut arriver que
le père mange avec ses fils de 15 ans et plus (F), ses femmes en groupe (G) et le reste de la
famille (H) ensemble. La particularité ici est que l’on sépare les enfants en fonction du sexe ;
aussi, les enfants filles peuvent être mis d’un côté et les enfants garçons de l’autre. Fait ainsi
dans le but de consolider la solidarité au sein de la famille et de resserrer les liens, c’est une
tradition qui se perpétue de génération en génération. En 2007, Madjele P. dans ses travaux a
fait la même remarque que dans certaines tribus de l’Extrême-Nord les groupes de
consommation sont peu étendus ; les épouses mangent avec les petits enfants et les hommes
avec les grands garçons. En plus, la fille, la plus jeune autour du plat familial n’a pas le droit
de prendre un morceau de viande sans l’autorisation de sa mère ou des anciens. Toutefois, le
fait que les enfants de moins de 5 ans mangent avec leurs frères ou sœurs et parfois avec leurs
mamans est un sérieux désavantage pour eux. L’enfant est lent en ce qui concerne la prise, la
mastication des bouchées ce qui n’est pas le cas des adultes ou des plus âgées. Le temps qu’il
prend pour manger, le plat commun se vide et à la fin du repas, c’est probable qu’il n’ait pas
assez manger. L’enfant qui s’aliment exclusivement au plat familial, servi parfois 1 ou 2 fois
par jour, reçoit en apparence une portion volumineuse d’un plat souvent très épicé, de faible
valeur énergétique, contenant peu de matières grasses et de protéines. Dans ce cadre, les apports

 
  
236 
 

reçus couvrent à peine 60-70 % des besoins caloriques et 80-90% des besoins en protéines.
Dans les pays en voie de développement, près de 25% des enfants de 3 à 5 ans ne consomment
pas les 1100 kilocalories qui leur sont nécessaires pour la croissance, le déficit calorique est de
400 kilocalories par jour. Toutes les conditions sont réunies pour un état de malnutrition ou une
malnutrition qui s’aggrave (Cameron M. & Hofvander Y., 1983 ; Agbessi-Dos Santos H. &
Damon M., 1987 ; OMS, 1989 ; FAO, 2014).

III-2-1-2- Que mange-t-on dans la zone péri-forestière du Lom-et-Djerem

III-2-1-2-1- Les éléments du repas : processus d’obtention du repas

Les aliments subissent le plus souvent, avant leur consommation, des traitements
physiques ou biochimiques qui modifient considérablement leur composition chimique et leur
valeur nutritionnelle. Alors faudrait-il d’abord en savoir davantage avant une possible
appréciation du repas final à table.

Dans l’Est en général, la base de l’alimentation est le manioc. De son nom scientifique
Manihot esculenta, c’est un tubercule de la famille botanique des Euphorbiaceae (Favier J-C.,
1977 ; Agueguia et al., 2000). De variété très nombreuse, on compte environ 300, on les classe
selon leur proportion en acide cyanhydrique ; les variétés douces et les variétés amères
(Oyengua & Amazigo et al., 1957). Il se présente sous la forme d’un arbuste (figure 58) de
culture pluriannuelle pouvant atteindre 1 à 3 mètres de hauteur voire 4 à 5 mètres s’il n’est pas
vite récolté.

Auteurs : Agueguia et al, 2000

 
  
237 
 

Figure 59 : Une plante de manioc

La plante est constituée de racines tubérisées, disposées en faisceaux au moment de la


récolte et riche en amidon et de tiges portant les feuilles alternes à multiples lobes foliaires, de
couleurs variées vert clair à vert foncé, jaunâtre ou pourpre selon l’âge sont les principaux
produits alimentaires provenant de ce tubercule.

III-2-1-2-1-1- Processus d’obtention de la farine de manioc


La récolte s’effectue au bout de 12 mois si les tubercules sont destinés à la consommation
cuit ou crus mais le plus souvent au bout de 18 à 24 mois. L’avantage ici est que le paysan
procède à l’arrachage soit de la totalité du pied soit de la moitié au fur et à mesure du besoin.
Le danger avec ce mode de conservation au champ, est de laisser les tubercules au champ et de
les prendre au moment de cuisiner, dans ce cas ils se détériorent, l’amidon se décompose en
raison d’une lignification altérant ainsi la qualité de l’aliment (Agueguia A. et al., 2000). Ainsi
les racines sont stockées en terre disponible tout au long de l’année. Après le déterrage au
champ, le manioc est soit trempé directement dans une mare d’eau proche du champ soit de
retour à la maison, il est épluché et trempé (planche 22) dans des bassines de contenance diverse
pour être roui (on peut compter 4 à 5 jours dans l’eau selon la période froide ou chaude).
L’objectif étant de ramollir le manioc pour une facile transformation. Si trempé avec la peau,
l’épluchage se fait aisément, si trempé après épluchage, il ne reste qu’à piler ou écraser entre
les doigts en retirant la fibre centrale et les possibles nervures puis étaler sur des surfaces soit
sur le goudron (route bitumée en bordure des routes) soit sur un rocher préalablement balayé
soit sur des bâches en plastique ou de fait de sac de riz. Après séchage, il est transporté dans
les moulins ou tout simplement à l’aide d’un pilon et d’un mortier réduit en farine. Et est
susceptible de devenir la belle boule blanche après son passage au feu pour la consommation
de la famille.

 
  
238 
 

Planche 22 : Processus d’obtention de la farine de manioc en images


Photo 76 : La famille du chef de
village de Gado (Garoua-boulaï) en
train de nettoyer les tubercules de
manioc ramenés du champ
A

Njiembokue, avril 2019

Photo 77 : Les tubercules de manioc


B trempés dans les grandes bassines
d’eaux dans le canton kay-kay à
Betaré-Oya

Njiembokue, avril 2019


Photo 78 : Le manioc sortis de l’eau
et réduits en morceaux entrain de
sécher sur une bâche

Njiembokue, avril 2019


Photo 79 : Farine de manioc
obtenue après séchage en vente sur
le marché de Bétare-Oya
D

Njiembokue, avril 2019

Les activités autour du processus d’obtention de la farine est la tâche surtout des femmes et des enfants
de la famille. Elle nécessite trois à quatre jours selon qu’il fasse chaud ou froid. La famille du chef de
village de Gado, par manque de mare d’eau à proximité du champ. Elle a entrepris d’éplucher le manioc
dès le retour des champs (A). Ce travail se fait à l’aide d’un couteau bien aiguisé car il faut surtout que
toute la peau parte. Après avoir épluché les tubercules de manioc, ils sont trempés dans les bassines
(B) pour quelques jours le temps que cela se ramollissent pour être facilement écrasés. (C) montre
comment est séché, le manioc roui et ramolli sur une bâche de plastique au canton kay-kay à Bétaré-
oya. Après séchage il est alors écrasé à l’aide du moulin ou du pilon si le village n’en dispose pas. Le
produit final a deux destinations possibles soit pour la vente soit pour la consommation du ménage (D).

 
  
239 
 

D’un point de vue de la nutrition, la série de trempage ou rouissage, séchage que subit le
tubercule l’essore complètement de ses éléments nutritifs. Le produit final n’est qu’une poudre
blanche complètement pauvre en nutriments. L’épluchage fait perdre au tubercule environ 50
% de protides, de calcium, de thiamine et de riboflavines et 30 à 40% de matières minérales, de
niacine et acide ascorbique. Le séjour prolongé dans l’eau lui fait perdre des éléments nutritifs
et une dégradation plus ou moins importante des protides. Le broyage fait perdre le fer (4%), la
matière minérale (33%) dans le jus qui s’égoutte du manioc roui et de la pâte et des autres
nutriments à hauteur de 15 à 22 %. Avec le séchage à l’air, la riboflavine est la plus affectée
(44% de perte en moyenne), la niacine et la thiamine sont de 25 à 27 %, les traces d’acides
ascorbiques qui restaient dans la pâte disparaissent complètement. Le type de fertilisant
employée diminue l’indice chimique des protéines du manioc. Si on peut le considérer comme
un aliment précieux à cause de ses avantages agronomiques, il ne faut pas négliger qu’une ration
pauvre en protéines devient gravement déséquilibré quand la place du manioc y excède celle
d’un simple aliment d’appoint. Cette indigence du manioc, qualitative que quantitative
accentue le déséquilibre des régimes alimentaires (Favier J-C., 1977 ; Treche S., 1989). Pourtant
cette transformation est nécessaire parce qu’il existe des variétés de manioc doux et amer. Le
manioc contient un taux élevé de glucoside cyanogénique (20 mg/100 g en moyenne) libéré
sous la forme de l’acide cyanhydrique (de sa formule HCN) très toxique. C’est un poison naturel
mortel, même à faible dose peut tuer un homme au bout de 1 à 2 min (il suffit de 0,3 mg de
HCN par litre d’air). Elle agit sur la respiration cellulaire comme une toxine aiguë, entraîne des
intoxications chroniques qui provoquent goître, affections du système nerveux et sur le fœtus
des malformations, des avortements. Selon la FAO/OMS, la teneur en HCN/Kg d’aliments ne
doit pas dépasser 10 mg. (Agueguia A., et al., 2000). On dirait que c’est une double raison de
consommer le manioc avec parcimonie et davantage explorer la diversité des plats possibles.
Les risques liés aux modifications du contenu des tubercules en énergie et en nutriments
peuvent avoir des effets sur l’état nutritionnel surtout dans les zones ruales où les régimes
alimentaires sont peu diversifiés (Treche S., 1989).

Le manioc représente environ 50 % de la consommation alimentaire. La dépendance vis-


à-vis du manioc est particulièrement forte, les gens disent que le manioc est « tout suffisant »
parce qu'ils reçoivent le pain des racines et la viande des feuilles. Dans l'ensemble, le manioc
fournit environ un tiers du total des aliments de base de l'Afrique subsaharienne en général et
au Cameroun en partie, la province de l’Est vient en tête pour la consommation du foufou et en
3e pour le manioc frais (Simeu Kamdem, 1996 ; Agueguia A. et al. 2000).

 
  
240 
 

III-2-1-2-1-2-La préparation du couscous, « boule blanche »

Le couscous de manioc est aussi appelé « dia » en Gbaya, « kamo » en Kako, «ikse » en
Bamvelé ou «fufumekuma » en Maka. C’est l’élément fondamental du repas chez les peuplades
de l’Est du Cameroun, en particulier chez les Maka qui consomment beaucoup plus le manioc
en tubercules. Dans son ouvrage, Roulon-Doko P., (2001), décrit si bien les étapes de la
préparation de la boule de manioc : « la femme met une quantité d’eau dans la marmite qu’elle
place sur le feu. Elle attend alors l’ébullition …l’eau est assez chaude et elle peut commencer
à y déposer délicatement une couche de farine…elle verse alors toute la farine qu’elle veut cuire
c’est-à-dire un volume égal à celui de l’eau mise à bouillir. C’est au moment où « le manioc
prend une teinte grise », que la farine est prête à être brassée. Ça dépend des femmes, certaines
retirent aussitôt la marmite du feu, d’autres y plantent leur bâton à manioc et donnent quelques
tours pour mélanger un peu farine et eau (photo 80)…c’est le brassage intime de la farine et de
l’eau en une pâte consistante qui constitue « la cuisson de la boule » et la boule obtenue en fin
de cuisson doit être ferme et solide.

Njiembokue, avril 2019


Photo 80 : Brassage de la boule de manioc

Une femme place d’abord de l’eau au feu de bois, après ébullition de l’eau, elle met de la farine de
manioc et commence à brasser (A). Puis fait descendre la marmite qu’elle maintient entre ses pieds et
brasse vigoureusement en faisant des mouvements circulaires. Le but étant d’obtenir une boule sans
défaut et sans farine crue. Puis à l’aide d’un accessoire, elle découpe et fais autant de petites boules
pour l’ensemble de la famille.

 
  
241 
 

La boule de manioc est souvent accompagnée par de nombreuses sauces. D’un côté il y a
les légumes, les viandes et d’un autre on retrouve les produits de la cueillette. Ce tout rassemblé
donne des plats typiques de la région de l’Est (planche 23).

Planche 23 : Typologie des repas dans le Lom-et-Djerem

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018


Photo 81 : Plat de couscous acompagné de Photo 82 : Boule de manioc à la sauce
sauce d’arachide au sissongho gluante « bol »

D
C

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018


Photo 83 : Plat de couscous manioc Photo 84 : Plat de couscous manioc
accompagné de viande « soya » et l’huile accompagné de poisson frit
Cette planche fait état des différents plats consommés dans le Lom-et-Djerem. Un bon plat de couscous
manioc servi avec sa sauce d’arachide et les fibres du sisongho (A) ou « herbe à éléphant » ou encore
«Pennisetum purpureum ». Cette plante généralement pousse partout, elle est coupée et la partie
moelleuse est prise et bouillie puis incorporée pour faire une sauce. La boule de manioc accompagnée
de la sauce gluante « le bol » (B) est un plat qui a la réputation d’être rapide à la cuisson, il suffit de
mélanger la poudre d’écorce du bol à l’eau chaude salée et c’est tout. Très populaire comme plat, le
kamo é njay » (C) en kako le couscous qui se mange avec du « soya », c’est une viande de bœuf braisée
et vendue sur présentoir par les « maguidas » « vendeurs de soya en fufulbé », elle est achetée parfois
découpée en morceaux comme sur la photo parfois piquer sur des tiges de bambou que chaque membre
de la famille tiendra en main pour accompagner son couscous. Et c’est un peu la même tradition que
présente la photo (D), on fait juste frire le poisson et un peu d’huile qui fait la sauce comme
accompagnant du couscous.

 
  
242 
 

Ce cas de figure est beaucoup plus rencontré du côté des arrondissements de Betaré-Oya,
Ngoura et Garoua Boulaï. La réalité est toute autre dans l’arrondissement de Diang (les plats y
sont plus consistants et diversifiés). Les légumes-feuilles, les produits de la cueillette comme
les champignons sont plus présents et tiennent une place non négligeable dans l’alimentation
en tant que complément mais aussi en terme de diversité dans le régime alimentaire qui sans
cela aurait été un régime monotone. (Eyog Matig et al. 2006 ; Mimbang Z.l., 2013).

Les sauces qui secondent la boule de manioc « iske » chez les Bamvelé, « dia » chez les
Gbaya sont variées. Parmi les légumes prisés par les ménages, nous citons le koko ou « Gnetum
africanum » ce sont des feuilles comestibles des lianes de sous-bois en milieu forestier,
l’aramanthe « Aramanthus », les feuilles de manioc, les jeunes feuilles de fougères « Pteridium
aquilinium », le kelin-kelin « Corchorus Spp », le gombo « hibiscus esculentus » (Mialoundama
F., 2007). Une autre catégorie de sauce faite de viande ; la viande de bœuf, les viandes issues
de la chasse (viandes séchées au feu et gardées dans la claie de la cuisine), les invertébrées
comme les chenilles, les vers blancs des palmiers et enfin le poisson (bien que arrosé par de
nombreux cours d’eaux la construction du barrage de Lom Pangar vient booster le secteur de la
pêche et donne un supplément alimentaire aux populations). Le tout dernier groupe et le plus
curieux est la sauce gluante « le bol », curieux parce que cette sauce faite à base d’une poudre
de couleur marron est issue de l’écorce d’un arbre. Si elle nourrit son homme c’est ça qui est
essentiel disent-ils (figure 59).

La préparation de ces sauces n’est guère compliquée, il suffit d’un peu de sel, du cube
d’assaisonnement, de la pâte d’arachide et le tour est joué. Un autre ingrédient qui s’invite à
toutes les sauces est le piment. Mais avec l’installation des populations venues surtout de la
région de l’Ouest qui ont introduits avec eux la culture du maraicher, la tomate s’invite déjà
dans les sauces mais de façon très timide. De toutes les façons, il faut en acheter d’abord.

La boule de manioc ne se mange jamais seule sinon le ménage a recours à une ultime
solution « mélanger le sel, l’eau et le piment » communément appelée « Kamo é kwane don »
chez les Kako et on y pourra au moins tremper ses morceaux de boule (Roulon-Doko P., 2001,
Njiembokue, 2015).

Les sauces ne mettent pas du temps au feu, il suffit que l’eau chauffe, on y ajoute la pâte
d’arachide dès que ça bout, on y ajoute les feuilles de légumes découpés et on remue. Après
salaison la sauce est prête. Le temps de cuisson est estimé à 30 minutes tout au plus. On note

 
  
243 
 

également des sauces qui se consomment crues c’est-à-dire ne passe pas nécessairement à la
cuisson. Kogni (1986) dans sa thèse sur l’Est explique que : « leur alimentation n’est ni variée
ni équilibrée […] leur viande n’est pas bien préparée, ils en font une simple bouillie composée
des morceaux plongés dans une émulsion d’huile et d’eau salée […]. Les légumes particuliers
sont appelés kok […] .ces feuilles ne sont pas coupées pour être cuites ; mais elles sont tout
simplement malaxées, salées et mangées crus parfois, tout cela avec du couscous de manioc.
Les Kako l’appellent « salade indigène ». Même description que fait Roulon-Doko P
(2001) : « on prépare dans un plat un peu d’eau à laquelle on ajoute sel et piment, puis on y
verse les feuilles coupées en fines lanières, ou parfois, dans le cas du Gnetum africanum, les
feuilles sont simplement déchirées et on les tourne à la main en les écrasant contre le fond du
plat de façon à leur faire rendre leur jus tout en les imbibant de sauce ».

0,25% 2,50 % 0,90%


0,25%

14,9 %

29,60%

Céréales Ignames Légumes vertes Manioc autres tubercules Riz

Figure 60 : Composition quotidienne des repas dans le Lom-et-Djerem

Sur les 195 répondants, 119 soit 29,6% admettent que c’est le manioc qui est au cœur de
la consommation quotidienne et les légumes pour 60 répondants soit 14,9% ; les céréales, les
autres tubercules sont consommés occasionnellement. Forts attachés à la boule de manioc, ils
en font une consommation soutenue c’est ce que Socpa A. (2011) appelle la monotonie
diététique. Le mélange de farine manioc-maïs se fait occasionnellement, d’ailleurs le maïs
cultivé est destiné à la vente et à la fabrication de la bière locale.

 
  
244 
 

III-2-1-2-2- La fréquence des repas et répartition intrafamiliale des repas

Dans le souci de mieux connaître le régime alimentaire, s’il est standard ou non ? Si ça
change sous l’action des facteurs externes, les différents groupes de travail ont permis de faire
une représentation proportionnelle du régime alimentaire sur une période d’une semaine
(tableaux 34 et 35).

Tableau 34 : Représentation proportionnelle de la consommation des ménages à


Woumbou

Jour

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi


Moment
de prise
de repas
Matin
Midi Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous
manioc manioc manioc manioc manioc manioc manioc
légumes poissons viandes légumes légumes légumes légumes
Soir Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous
légumes poissons viandes légumes légumes légumes légumes
Source : Enquêtes de terrain, 2018

Il en ressort dans la partie Est du département du Lom-et-Djerem (Betaré-Oya, Ngoura et


Garoua Boulaï) que l’habitude alimentaire culturellement acceptable, le poisson et la viande se
consomment occasionnellement (une fois/semaine) à cause de la de la tenue périodique du
marché. Le poisson vient de Lom Pangar dans l’arrondissement de Bétare-Oya et la viande
quand un chasseur a pris un gibier ou quand un boucher propose la viande de chèvre ou de bœuf
sur le marché. Ce qui prime est la consommation soutenue du couscous de manioc à tous les
repas en moyenne deux fois par jour. À la question ; pourquoi cet attachement au couscous
manioc ? La réponse est unanime : « parce que les autres aliments ne rassasient pas ». L’autre
vérité est que l’activité principale étant l’orpaillage, tous y sont impliqués aux dépens de
l’agriculture. Même le dimanche après-midi, il est peu probable de trouver les personnes dans
les espaces qu’autre que les chantiers d’or. Le matin, on va à l’église pour ceux qui sont
chrétiens et après on fait le marché, occasion des retrouvailles et des potins du village, puis on
retourne au chantier. Pour ceux dont les chantiers sont éloignés des villages, ils y établissent les
campements, sous des huttes de fortune faites de branchages et de bâches. Ils ne reviennent au
village que le dimanche ou le jour du marché périodique.

 
  
245 
 

Tableau 35 : Représentation proportionnelle de la consommation des ménages du village


Ouanden

Jour

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi


Moment
de prise
de repas
Matin Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous
manioc manioc manioc manioc manioc manioc manioc
légumes légumes légumes légumes légumes légumes légumes
Midi
Soir Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous Couscous
légumes poissons viandes légumes légumes légumes légumes
Source : Enquêtes de terrain, 2018

C’est le même constat dans le village Ouanden, la seule différence est le moment des
prises des repas. Parfois certains ménages préfèrent prendre leur premier repas le matin avant
d’aller dans les sites d’extraction de l’or et le soir à leur retour. Ailleurs d’autres préfèrent y
aller le ventre vide, la femme restée à la maison, fait le repas avant de rejoindre la famille au
chantier. Le dernier repas est pris à leur retour le soir. Dans ce cas les ménages sont fortement
dépendants du marché périodique pour avoir le subside. Pendant la saison de pluie, les jardins
pas trop loin des villages aident à l’approvisionnement en légumes (pour ceux qui y pensent) et
la forêt fournit aussi des champignons et autres roseaux comestibles (photo 85). Pendant la
saison sèche, les invertébrés entrent en jeu, on a les chenilles, les vers blancs prélevés dans la
forêt et vendus sur les marchés.

 
  
246 
 

A
B

Njiembokue, septembre 2018


Photo 85 : Les victuailles des forêts pour les mets d’accompagnement de la boule

La photo présente les autres ingrédients fondamentaux pour la confection des sauces
d’accompagnement de la boule. Il s’agit des champignons comestibles (A) de l’espèce des cantharellus
et des feuilles de manioc « Manihot esculenta » (B). Les champignons sont des PFNL qui éclosent en
majorité dès le début de la saison des pluies.

Par contre dans la partie Ouest du département du Lom-et-Djerem (à partir de Bertoua


vers l’arrondissement de Diang), c’est l’agriculture qui régit le quotidien des ménages. Il se
remarque facilement car les marchés et les bordures de routes offrent un grand choix de denrées
alimentaires. La base du régime alimentaire y est plus ou moins diversifiée. Les ménages ont
l’opportunité d’avoir recours au mélange farine de manioc-maïs pour faire le couscous mais
l’élément clé reste et demeure « la boule de manioc ». Les méthodes culinaires et les sauces
aussi sont plus enrichies. Le matin on peut servir à la famille, le couscous de manioc-maïs
accompagné d’un assortiment de sauce de gombo « gwalabèn » et champignon soit le kpwem
(feuilles de manioc) et champignon frais le tout dans une sauce faite à base de pâte d’arachide.
Le soir, après le retour des champs, on sert l’incontournable boule de manioc et la sauce
gluante « le bol » dans laquelle on y a adjoint le poisson sec. Dans l’ensemble, le repas se prend
en moyenne deux fois par jour. Toutefois, il y a des ménages qui n’ont recours qu’à un seul
repas de la journée et le chef du quartier Mokolo de dire : « …à cause du fait que ces familles
ne s’adonnent pas aux travaux champêtres. Nous sommes souvent obligés de leur venir en
aide ». Les résultats d’enquêtes le prouvent. À la question de savoir d’où provenaient les
aliments consommés dans les ménages ; 31,5% des ménages disent de leur propre production,
7,5% des ménages déclarent qu’en plus de l’agriculture, ils empruntent ou achètent les aliments.
5,9% des ménages disent aussi qu’en plus de l’agriculture, des PFNL et 3,9% des ménages de
l’aide alimentaire des proches.

 
  
247 
 

Les ménages du Lom-et-Djerem ont en moyenne deux repas par jour. Le repas est
constitué de la boule de couscous manioc dans la majorité et des sauces en légumes. Par contre
les ménages du Mayo-Tsanaga avaient ce rythme de repas solides deux fois par jour additionné
d’un petit déjeuner avant les périodes dures des attaques de Boko haram. Cette insécurité qui a
causé le déplacement massif des populations et le partage des ressources disponibles avec les
ménages hôtes. Mais après 2013, le nombre de repas se réduit à un seul repas par jour. Quelques
ménages peuvent s’offrir le luxe d’un petit déjeuner, des beignets le matin et une tasse de thé.
Le repas est toujours constitué du couscous de mil, de maïs et des sauces de légumes. La
diversité et le nombre de repas pris par un ménage sont des indicateurs de son accèssibilité à la
nourriture dans une situation d'insécurité alimentaire.

Dans le Mayo-Tsanaga, le repas se prend dans le plat familial. Les ménages du Lom-et-
Djerem mangent aussi ensemble (Figure 61).

Figure 61 : Modélisation de la répartition intrafamiliale du repas

Les membres de la famille s’asseyent en groupe autour du plat. Dans la famille (C), tous
les membres de la famille sont invités à s’asseoir et manger ensemble, les parents, les enfants
quels que soientt l’âge et le sexe. Autour d’une grosse boule de manioc, une famille de 6 à 8
personnes peuvent s’y retrouver. Dans la famille suivante, le père de la famille (A) mange soit
avec ses enfants de sexe masculin soit avec ses convives, pendant que les enfants et la mère (B)
partagent l’autre plat quel que soit l’âge et le sexe des enfants. L’inverse est possible, il peut
arriver que le père mange plutôt avec ses enfants de moins de 5 ans et la mère avec ses enfants
plus âgés (planche 24). S’ensuit une compétition certaine : « Autour d’un plat de ‘dia’ couscous
en langue gbaya, celui qui est le plus rapide mange beaucoup. Nous appelons ce moment

 
  
248 
 

« concours des 10 doigts» déclare le jeune David du village Woumbou. Généralement l’étranger
qui séjourne au sein de la famille pour un temps, est servi seul dans son assiette et est invité à
manger dans la case.

Planche 24 : Distribution des repas intrafamiliale au sein des ménages

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018


Photo 86 : Une famille au canton Photo 87 : Une famille autour d’un plat de riz à
kaï kaï (Betare-oya) autour du ‘dia Goza (Garoua-boulaï)
koyo’

Autour du plat (A) il est constaté quatre membres de la famille, la maman et un frère au fond à gauche
et l’enfant moins de 05 ans assis au sol, au fond à droite se battant aussi pour pouvoir manger ainsi que
l’autre de ses frères (on aperçoit leurs pieds en contrebas à droite). Il se compte au total 04 personnes
d’âges différentes autour d’un plat de couscous et d’un poisson ce malgré la quantité. La grand-mère,
la maman et l’enfant mangent dans un plat (B). Un plat de riz non accompagné d’aucune sauce.
L’expression du visage de l’enfant traduit le fait peut-être que l’adulte est plus rapide et là nous notons
aussi la contenance moindre du repas pour trois personnes d’âges différents. Pendant ce temps, le père
de la famille est servi seul et les deux aînés de la famille ensemble. Tous les schémas sont possibles mais
le fait est que le repas se prend ensemble au grand dam des enfants moins rapides.

La vie dans les sociétés de la zone péri-forestière de l’Est était collective, tout se faisait
ensemble, les champs, la construction des maisons et même les hommes du même village
prenaient le repas ensemble dans un espace commun « le Mpanze » chez les Maka, solidarité
oblige (Mimbang Z.L., 2013). Dans ce cas, on pouvait regrouper les enfants du même âge du

 
  
249 
 

village ou d’une concession autour du repas mais avec la modernisation de nos sociétés
africaines, ce principe de vie a beaucoup reculé et reste au niveau des ménages. Ces sociétés
sont aussi très enclines à la consommation des spiritueux de fabrication locale et au tabagisme.

III-2-1-3- Consommation soutenue des spiritueux traditionnels et du tabac

 La bière de fabrication locale

Les distilleries traditionnelles foisonnent dans les villages et le produit final très prisé. Ces
boissons sont obtenues après fermentation de certaines céréales, fruits ou tubercules (mil, maïs,
manioc…). Il peut manquer pour manger mais il y en aura toujours pour la distillerie du village.

- Le bil-bil

Faite à base du mil ou du sorgho, cette boisson nécessite des jours de travail et se fait en
étape. 1ère étape ; tremper le mil et le laisser germer pendant une période de 48 à 72h. Après la
germination. Le mil est séché, bien séché (2 jours tout au plus à cause de l’intensité du soleil de
l’Extrême-Nord) puis écrasé. 2e étape : dans les grands canaris visés au four, on met à cuire
cette farine de mil avec de l’eau. Le feu doit toujours être attisé. Après ébullition, la mousse qui
remonte est recueillie au fur et à mesure.3e étape ; on laisse reposer la mousse obtenue puis on
y ajoute la bière (la Guinness) ou la levure (un dépôt au fond des canaris) pour aider à la
fermentation, après 2 jours le bil-bil est prêt pour la consommation. Est à la portée de tous 100
F CFA, 500 F CFA selon la mesure. Pour un sac de 100 kg de mil, on peut obtenir 100 à 130
litres d’alcool de mil. Il faut noter que les plus intrépides en quête de sensations fortes y ajoutent
dans leurs achats journaliers des sachets de whisky pour mieux « planer » disent-ils. Il y en a
pour tous les prix et pour tous les goûts. Parlant de goût, Seignobos C. (2005) dit que les
consommateurs sont plus sensibles aux saveurs amères. Le vin encore sucré ou pas encore bien
fermenté est donné aux enfants à leur retour de l’école comme coupe faim pour attendre le repas
de soir. Un seul buveur de bière de mil ou de « mbal » en fufulbé peut vider 20 litres par jour.
Périsse (1959) donne les degrés d’alcool selon le nombre d’heures ou de jours de fermentation ;
5h pour 1°45, 8h pour 2°3, 12h pour 3°0, 18h pour 3°8, 36h pour 4°05, 52 heures pour 4°30. À
la préparation, ces céréales perdent d’énormes quantités de calories et de protéines, voue une
concurrence déloyale aux ménages qui en consomment sous forme de farine. Dans les piémonts
des Monts Mandara, il y a eu souvent des trocs déséquilibrés (calebasse de graines contre
calebasse de bière), pour conséquence les réserves des ménages s’amenuisent. Ce qui est fort
regrettable pour des populations qui subissent souvent des périodes de soudures très difficiles.

 
  
250 
 

Les brasseuses utilisent le mil ou le sorgho de qualité pour une bonne saveur de la bière. Les
céréales charançonnées ou qui ont mis du temps dans les silos ne germent pas bien (Lopez,
Muchnik, Seignobos, 2001).

- Le vin de palme

Après l’abattage du palmier à huile, le tronc est saigné, le liquide qui en sort est ce qu’on
appelle le vin de palme ou vin de raphia. Très consommé par les populations du côté de Diang.
Cette activité évidemment très lucrative vide les paysans des champs et les élèves des salles de
classe pour s’y adonner.

- L’arki ou odontol

C’est une marque d’alcool très fort et spéciale car se fabrique avec le maïs, le manioc,
banane-plantain et même le vin de raphia. Il suffit d’ajouter le sucre dans le vin de raphia et le
laisser fermenter 5 jours, puis le mettre à cuire dans une grosse marmite hermétiquement fermée
à l’argile. En pleine ébullition, la vapeur est conduite par les tuyaux préalablement placés dans
les trous de la-dite marmite et cette vapeur refroidit par l’eau versée par la distilleuse qui donne
le produit final, un liquide clair comme de l’eau. Le produit final peut contenir si c’est peu 50°
d’alcool. Quant au maïs et au manioc ; le maïs est laissé à la pourriture pour un temps, après
germination, il est mélangé avec le manioc et écrasé puis mis à cuire dans une marmite
hermétique et la vapeur qui s’échappe par le tuyau qui constitue le produit final.1/4 de verre
vendue à 100 F CFA, ½ à 200 F CFA et 1 verre à 300 ou la petite bouteille de 33 cl vendue à
500 F CFA. Selon les analyses, un verre d’odontol contient 40% d’éthanol, 10% à 20% d’eau,
20 à 30% de méthanol (très toxique) et 10% d’impuretés pas digestes (Tiki Mpondo, 1997).
L’éthanol, l’alcool à boire (CH3-CH2-OH) est obtenu à la fin de la distillation préparée à une
température de 65° mais comme c’est une fabrication traditionnelle, non contrôlée, la
température peut aller au-delà et on obtient facilement le méthanol (CH3OH) une forme
d’alcool méthylique très dangereux. Car on se souvient encore des 27 morts de la région de
l’Est en 2016 dû à sa consommation excessive. Les médecins s’accordent pour dire que c’est
très toxique pour le système nerveux, métabolisé dans le foie, provoque une acidification du
sang et une cécité certaine à cause de la destruction du nerf optique.

 
  
251 
 

- L’alcool manufacturé

Vous ne pouvez pas faire un pas dans les pistes des villages de l’Est sans voir les petits
kiosques chargés de boissons alcooliques (en sachet). La vente de ces sachets de whisky est très
lucrative, tous en consomment, jeunes, femmes, hommes et vieux y passent. Il y en a pour tous
les prix 50 F CFA, 100 F CFA ou 150 F CFA, à la portée de la bourse moyenne. Sa
consommation est tellement banalisée que même les enfants en prennent : « lors des descentes
sur le terrain, j’ai pu assister à un spectacle désolant où un enfant de 10 ans a acheté un paquet
de ce whisky que les 9 membres de la famille ont consommé. J’étais abasourdie ; la femme que
j’interrogeais m’a dit que chez eux c’est normal et je n’avais pas à être choquée. Me demandant
si nous en ville on en consommait pas ». Dans les sites ou proches des mines, le commerce des
sachets de whisky et du tabac est très florissant et la consommation est de mise. On peut
apercevoir les artisans, un artisan avec un sachet accroché aux lèvres pendant qu’il travaille.
Les travaux de Nguepjouo & Manyancka, (2008) confirment que : « dans les mines, la
consommation des drogues douces (alcool, tabac) est monnaie courante dans la mesure où
elles sont supposées leur donner du courage, soulager leurs désillusions et atténuer la fatigue
mais qui sont aussi source de rixes et de troubles sévères de comportement. En tout cas, ils
disent en avoir besoin pour se renforcer et se chauffer le sang ».

 
  
252 
 

Planche 25 : Les différents spiritueux traditionnels consommés dans les zones d’études

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, avril 2019


Photo 88 : Whisky, cigarette vendues dans Photo 89 : L’odontol ou arki
une caisse

D
C

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, mars 2019


Photo 90 : Maïs germée en vente Photo 91 : Canaris de bil-bil au marché
Les whiskies en sachet sont vendus soit dans les caisses (A) soit dans les kiosques. La cigarette aussi
est la chose la mieux partagée. Toutes les couches de la société sont concernées, enfants, jeunes, vieux,
hommes, femmes….l’odontol, à la fin de la distillerie est un liquide clair (B) qui se confond dans une
bouteille avec de l’eau minérale. C’est son odeur qui vous interpelle. Que ce soit à l’Extrême-Nord ou
à l’Est, cette activité de brasserie est surtout pratiquée par les femmes. Elle se fait dans les cuisines de
fortune construites à cet effet. Les brasseuses parfois soutraitent avec les agriculteurs qui leur livrent
la matière première directement soit elle est achetée au marché. Les céréales comme le maïs sont
trempés dans l’eau, après germination (C) il peut se vendre pour la fabrication du vin. Lorsque la
distillerie est à la maison, le bil-bil est transporté très tôt le matin dans les porte-tout pour le marché.
Le bil-bil est dans des grands canaris (D) en plastique ou en terre cuite. Quand c’est dans les canaris
en plastique, on enrobe le récipient avec des sacs en paille pour garder la fraîcheur du vin or le canari
en terre cuite conserve naturellement le vin frais.

 
  
253 
 

Le Dr Signalet, (2004) dans son ouvrage ; « l’Alimentation ou la troisième médecine »


ventile un certain nombre de facteurs de l’environnement qui agissent sur la santé des êtres
humains tels le tabac et l’alcool. Les conséquences de ces deux substances sont certaines et
précises ; le tabac contient 400 substances dont plusieurs centaines sont nocives et 30
cancérigènes (Dartzenberg, Lagrue, 2001). Pendant que la nicotine se fixe sur certains neurones,
d’autres agressent les cellules endothéliales et les artères. Le goudron est un hydrocarbure
cancérigène et le cyanure qu’il dégage quand il est en combustion dégage de l’oxyde de
carbone. L’alcoolisme non seulement conduit à l’ivresse aigu et en association avec le tabac
provoquent le cancer du tube digestif et la cirrhose de foie. Pour être plus pratique, le Dr
Signalet prend l’exemple de l’intestin grêle, qui va de l’estomac au colon, organe clef car sert
de barrière entre le milieu intérieur de l’organisme humain et les dangereux facteurs de
l’environnement. Quand il est brûlé jour après jour par l’action de l’alcool brut, il est détruit et
laisse passer de nombreuses maladies.

Un bon cocktail Molotov pour s’autodétruire à petit feu et Roulon-Doko (2001) de dire :
« parmi tout ce qu’ils absorbent, boivent ou fument, un certain nombre de produits ont la
particularité de contenir un principe actif nocif qui va remonter des poumons à la tête où il
aura une action sur le cerveau…dans le cas de l’alcool qui, lui brûle la poitrine, poumons et
foie comme un incendie de savane. L’activité nocive de l’alcool place l’individu entre le normal
et la folie. Pour ce qui est du tabac et du chanvre, tandis que la nocivité du tabac, ne peut que
donner des maux de tête, celle du chanvre, elle entraîne une altération progressive du cerveau,
d’abord passagère, puis irréversible considérée alors comme une forme particulière de folie ».
Quand ces substances doivent trouver un organisme pas bien nourri, il le fragilise davantage
avec des situations irrémédiables pour le corps humain. Même la consommation du tabac et de
l’alcool a un impact sur la santé d’une femme enceinte et son futur bébé l’exposant à une
prématurité certaine et une IPN ; « Bien que le pourcentage de femmes qui fument soit encore
faible dans de nombreux pays, les femmes et leur progéniture continuent de courir des risques
importants d’issue défavorable de la grossesse en raison de leur exposition au tabagisme passif.
Des contaminants du tabac sont transmis au fœtus à travers le placenta et au nouveau-né à
travers le lait maternel. Les dépenses consacrées au tabac limitent aussi la capacité des familles
de fournir une meilleure alimentation aux femmes enceintes et aux enfants » dixit l’OMS, 2011.

En principe, l’être humain doit consommer des éléments nutritifs et non des aliments
isolés à sa convenance gustative. « Le plat de nourriture » doit contenir des aliments qui se

 
  
254 
 

complètent du point de vue nutriments, dont des denrées de base comme le riz, le maïs et le blé,
fournissent principalement des glucides, sources d’énergie, mais aussi des quantités non
négligeables de protéines, un peu de lipides et d’autres nutriments utiles. Les céréales
fournissent une partie des éléments nécessaires à l’énergie, à la croissance et à la cicatrisation,
et à l’entretien de l’organisme. (CIN, 2012). Pour une meilleure compréhension, deux choix de
plats des deux départements de consommation régulière sont étudiés pour avoir leur valeur
alimentaire en termes de kilocalories.

III-2-1-4- Calcul de la valeur nutritive de repas de consommation populaire

 Rappel mémoire

La composition chimique de l’organisme nécessite un apport sous forme d’eau, de


protéines, de glucides, de lipides, de sels minéraux et de vitamines. Le métabolisme est l’action
de transformer les aliments qu’un être humain ingère pour donner de l’énergie au corps pour
pouvoir fonctionner et être en santé. En cas d’absence ou d’insuffisance d’aliments, l’organisme
va puiser dans nos réserves, nos cellules, conséquence, l’être humain est plus exposé aux
maladies opportunistes. En bref « la nourriture est le médicament de l’Homme ». Cette énergie
est apportée à l’organisme sous forme de vitamines et autres. Donc pour se maintenir en vie,
l’énergie en question se mesure en calorie et la quantité requise va dépendre de l’activité menée
(tableau 36 et 37), de l’âge, la taille, les maladies ou le repos du corps (appelé métabolisme
basal, MB).

Des exemples (Norme FAO) :

Tableau 36 : Calorie nécessaire pour un commerçant


Activités Calories
Sommeil (MB) 8 heures de repos au lit 1 calorie/minute
8 x 60= 480
Travail léger 8 heures de garde de bétail 2,5 calorie/minute
2,5 x 60 x 8= 1 200
Autres activités 8 heures assis en ayant des mouvements 2 calorie/minute
mineurs 8 x 60 x 2= 960
Total / 2 640 Calories
Source : Latham M, 1979

Un individu, sur une période de 24 heures, a 8 heures de sommeil, 8 heures de temps pour
garder son bétail et enfin 8 heures de temps assis en effectuant des travaux mineures sans trop
d’effort, il aura besoin de 2 640 Calories/ jour (c’est le principe). Dans les zones d’étude, les

 
  
255 
 

activités majeures menées par les populations entre autre les travaux champêtres, le commerce,
l’orpaillage artisanal. Ce sont des activités physiques qui nécessitent des efforts physiques donc
un apport en calories considérable.

Tableau 37 : Calorie nécessaire pour un agriculteur


Activités Calories
Sommeil (MB) 8 heures de sommeil 480
Travail léger 5 heures de garde du bétail ou 8 heures de 750
travail de commerce sédentaire 1200
Travail pénible 3 heures de sarclage/ 8 heures de 4 calorie/minute
sarclage d’un sol dur/8 heures 720
d’orpaillage manuel 1920
Total / 1 950/3 150 calorie
Source : Latham, 1979

Cas 1 : Cas de l’agriculteur qui a 8 heures de sommeil, 8 heures pour sarcler son champ, bêcher
un sol dur et le soir il passe 5 ou 8 autres heures dans sa boutique pour vendre, il aura un besoin
de 3 180 à 3 580 calories pour une journée pour compenser sa perte en énergie.

Cas 2 : cas d’un gardien de bétail, de son retour après 5 heures de garde, il va ouvrir sa boutique
pour vendre pour 8 heures de temps, il aura besoin de 3 150 calories par jour.

Cas 3 : celui d’un orpailleur, il fait 8 heures au chantier en train de creuser, porter les graviers
et autres, il a besoin en moyenne de 2 430-3 150 calories/jour.

Plus l’effort est physique, plus la dépense en énergie est grande et le corps compense cette
perte donc il faudrait que le repas à consommer réponde à son besoin en calories journaliers
sinon à la longue risque être improductif parce que malade et affaibli. En dehors de l’activité
exercée, d’autres statuts entrent en jeu : la femme allaitante et la femme enceinte ont besoin de
plus de calories pour assurer le développement du bébé dans le ventre et pouvoir lui donner
son lait à l’accouchement, le jeune enfant ou le nourrisson (l’age) besoin en calories pour la
croissance, le climat ; chaud (moins de calories), froid (plus de calories) pour pouvoir régler la
température du corps à 37°. Pour l’Afrique, le nombre de kilocalories recommandé par l’OMS
et la FAO est 2 400 kcal/jour/individu (FAO, 1996). En des termes plus simples, ils
recommandent pour un homme actif, 13 tasses (aliment de base à l’exemple des céréales), 6
cuillères de légumes feuilles et 3 tasses de légumineuses par jour. Pour un enfant de 2 à 3 ans,
il lui faut 3 cuillères d’huiles, 3 cuillères de légumes feuilles, 2 tasses de légumineuses et 3
tasses d’aliment de base par jour. Les quantités sont aussi différentes pour les femmes selon
son état physiologique (femme nubile, femme enceinte, femme allaitante, femme agée).

 
  
256 
 

 Calcul selon la méthode QuiBB de la Banque Mondiale (2006)

La méthode QuiBB est une méthode d’enquête par sondage aléatoire basée sur l’étude
des indicateurs du bien-être des ménages parmi lesquelles l’autoconsommation (une
consommation alimentaire des denrées produits par le ménage) afin d’évaluer le niveau de
vulnérabilité des ménages à l‘insécurité alimentaire. On a sur la base des repas ventilés dans le
Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem fait le choix de deux repas chacun à analyser (un repas
adulé et un repas très accessible pour le ménage). Sur la base de l’apport calorifique que peut
contenir un repas, on peut mieux comprendre l’état nutritionnel d’un ménage et le lier aux
maladies qui sévissent dans la région. À partir de la base des données sur la composition des
aliments (tableau 38), où chaque aliment correspond à un certain nombre de calories et de
nutriments, le calcul de l’apport calorifique a pu se faire.

Tableau 38 : Valeur nutritionnelle des aliments couramment consommés dans les Monts
Mandara et le Lom-et-Djerem
Aliments Énergie Lipides Eau Protéines Glucides Calcium
(calorie) (g) (ml) (g) (g) (mg)
Maïs, blanc, farine 335 1,0 12 8,0 77 6
Manioc (farine) 363 0,5 9 1,1 88,5 84
Mil 341 4,0 12 10,4 71,6 22
Sorgho 347 3,2 10 11,1 74,1 26
Niébé 338 1,4 11 22,5 61,0 104
Arachide, sèche 549 44,8 7 23,2 23 49
Arachide fraîche 332 25,0 45 15,0 12,0 30
Huiles végétales 884 110,0 0 0 0 0
Légumes verts foncés 42 0,2 94 4,6 8,3 410
(amarante, foleré, koko)
Baobab, feuille crue 67 0,3 77 3,8 13 400
Manioc, feuille crue 90 1,0 72 7,0 14 350
Oignon ou échalote 1,2 9,6 41 0,1 1,0 27
Champignon, frais 30 0,5 90 1,5 7 20
Gombo, fruit frais 35 0,2 89 2,1 7 84
Gombo, feuille crue 58 0,6 82 4,4 9 530
Poisson séché 309 6,3 20 63,0 / 3000
Chenilles séchées 430 15,4 249 52,9 16,9 185
Viande de bœuf 237 17,7 63 18,2 0 11
Chèvre 170 11,0 68 18,0 0 11
Mouton 255 21,0 61 17,0 0 10
Piment séché 312 9,4 13 13,9 56,0 538
ail 131 0,1 63 5,2 30,2 33
Lait de femme 67 3,1 87 1,1 9,1 0
Bière locale 25 0,2 - - 0 -
Source : FAO (1968) et Platt (1962)

 
  
257 
 

Pour le Mayo-Tsanaga, il est retenu : le couscous de mil accompagné de sauce gombo sec et le
couscous de maïs accompagné de la sauce de foleré faite avec de la pâte d’arachide « ham-
ham » en kapsiki.

Plat 1 : couscous de mil sauce gombo

Soit l’équation suivante : X= mil ; y= gombo


Z= huiles végétales
Qkcal= 341x+35y+884z
Qkcal = 1 260 Kilocalories

La quantité de kilocalories que peut procurer ce plat est de 1 260 Kilocalories. Ce n’est qu’une
estimation car nous avons utilisé les proportions des aliments frais (à l’état frais, la teneur en
eau d’un aliment est de 75 à 85% or après séchage, il est de 5%. L’huile généralement utilisée
est en quantité minime ou pas du tout utilisée. Ces détails peuvent réduire la proportion de
calorie d’un repas.

Plat 2 : couscous de maïs sauce de foleré fait avec la pâte d’arachide.

Soit Qkcal= 335x+42y+884z+549w X=farine de maïs ; y= feuille de foléré


Qkcal= 1 810 Kilocalories Z= huiles végétales ; w= arachides sèches

La quantité de kilocalories que peut procurer ce plat est de 1 810 Kilocalories. L’ajout des
ingrédients comme l’oignon, la tomate, l’ail ou la viande, le poisson va dépendre des moyens
financiers des ménages. Sinon la composition du plat standard est celui-ci. Les arachides sont
séchées et grillées puis moulues pour obtenir une pâte utilisée pour la cuisson.

Pour le Lom-et-Djerem, deux plats aussi sont retenus ; le couscous ou la boule de manioc
accompagnée de viande grillée à l’huile et le couscous de manioc accompagné des légumes de
koko à la pâte d’arachide.

Plat 1 : couscous de manioc à la viande grillée à l’huile

Soit Qkcal= 363x+237y+884z X= farine de manioc ; y= viande de bœuf


Qkcal= 1 484 kilocalories Z= huiles végétales

 
  
258 
 

La quantité de Kilocalories pour ce plat est de 1 484 Kilocalorie. La viande est soit frit dans
l’huile soit braisée à la grille donc la proportion de l’huile va dépendre du type de cuisson utilisé
mais pour servir, de l’huile est ajoutée dans le plat pour humidifier le couscous.

Plat 2 : couscous de maïs-manioc accompagné de koko à la pâte d’arachide

Soitl’équation X= farine de maïs ; y= farine de manioc


Qkcal=335x+363y+42z+549q+884w Z= légumes ; q= arachide ; w= huile
Qkcal= 2 173 kilocalories

La proportion de kilocalorie que fournit ce plat est de 2 173 kilocalories. Bien que le
koko soit classé ici parmi les légumes verts foncés, il faut noter qu’il a une teneur de 18,2 % en
protéines, de 6,2 % en lipides plus que les autres légumes du même groupe (Mialoundama,
2007). La farine ici est le mélange de farine de maïs et de farine de manioc, les ingrédients
comme le poisson ou la viande peuvent être ajoutés mais selon les moyens que disposent le
ménage.

Les chiffres obtenus ne sont qu’une estimation car plusieurs facteurs entrent en jeu ; le
mode de cuisson (bouillir, au four par chaleur sèche, friture dans un corps gras, à la vapeur,
rôtissage, cuisson à la vapeur sous pression d’une forte source de chaleur (feu de bois, du gaz),
le mode conservation (le séchage) altère la qualité de l’aliment, lui font perdre les constituants
et les concentrés de vitamines à l’aliment. Exemples : les légumes ; étant d’origine végétales,
la teneur en eau, vitamines et minéraux est modifiée lors du stockage, les conditions de
production (géochimie du sol, composition de l’engrais utilisé et les pesticides (Eldridge &
Kwolek, 1983). Les céréales, leur teneur en protéines va dépendre aussi de la qualité du sol et
des engrais utilisés. Lors de la transformation en farine, la graine peut perdre des fibres
alimentaires, les éléments minéraux (cas du maïs dépulpé pour avoir une farine de couleur
blanche) et le processus que subit le manioc (trempage, rouissage, séchage) pour se débarrasser
de l’acide cyanhydrique qu’il contient est un couteau à double tranchant car à la fin du
processus, le manioc est complètement vidé de ses nutriments, il ne reste que de la farine. Et
Favier J.C. (1973) de dire « …dépouillée de la plus grande partie de ces nutriments solubles
par des longs trempages et lavages à l’eau qui éliminent ces principes énergétiques, il importe
donc de les proscrire de la cuisine africaine et qu’il soit remplacé par les céréales ou à la
rigueur d’autres tubercules plus riches en protéines… ». Pourquoi pas faire un mélange de
farine maïs-manioc pour être sûr de combler le déficit des différentes transformations mais une
éducation nutritionnelle s’impose.

 
  
259 
 

Alors, la remarque générale est que, malgré les nombreuses combinaisons que nous
pouvons faire des différents plats consommés dans nos zones d’étude, l’apport en kilocalories
est très faible, en deçà du nombre (2 400 kilocalories voire 5 000 kilocalories nécessaires à un
agriculteur africain en période de travaux champêtres par journée de 8 heures) recommandé par
la FAO/OMS pour se maintenir en santé. Ce nombre est recommandé pour un individu par jour
sans compter qu’il faut tenir compte de la déficience de son état de santé ; or on a noté que la
répartition du repas intrafamilial bien que culturel n’aide pas les ménages à combler ce déficit
pour un individu surtout le jeune enfant. Il a peut-être le ventre plein mais les nutriments
nécessaires pour être en parfait santé sont insuffisants donc la diversité des plats et des sauces
présentés dans le Mayo-Tsanaga est illusoire mais la réalité de l’insuffisance alimentaire et
nutritionnelle est manifeste. C’est pour cela que la consommation soutenue d’un aliment est
désavantageux, il faut une combinaison dans les 5 groupes d’aliments qui existent, consommer
aussi des aliments crus comme les fruits pour compenser les pertes de nutriments lorsqu’un
aliment est cuit, séché ou fumé.

Il existe une relation entre l’utilisation des aliments à la portée des ménages et les
pratiques des soins au sein du ménage, l’accès à l’eau et l’assainissement qui sont des éléments
clés de la compréhension de l’état nutritionnel d’une population donnée. De prime à bord,
certaines tranches de la population sont les plus exposées et ne manifestent pas le problème de
la même façon d’où la priorité sur les enfants de 0 à 59 mois.

III-3- PRATIQUE DES SOINS INFANTILES

C’est l’ensemble des comportements culturellement prescrits au sein du ménage et qui


ont d’importantes implications sur la santé et l’état nutritionnel des membres individuels du
ménage (ACF, 2009). L’alimentation des enfants en âge comme les nourrissons est une
alimentation spécifique. Cette période d’apprentissage des goûts est déterminante pour le
développement de l’enfant.

III-3-1- Allaitement maternel et le sevrage

Pour avoir des informations sur le mode d’alimentation des enfants de 0 à 59 mois, on a
procédé à une enquête auprès des femmes rencontrées dans les différents centres de santé du
Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem, du personnel de santé (infirmiers, nutritionnistes dans les
centres de prise en charge des malnutris). L’observation aussi a aidé lors des descentes dans les
villages à se faire une idée de la pratique des soins infantiles (encadrés 11, 12 et 13).

 
  
260 
 

L’allaitement maternel durant les 6 premiers mois de la vie de l’enfant est le régime alimentaire
conseillé et idéal. Des Monts Mandara jusqu’au Lom-et-Djerem, des bébés qui naissent y sont
soumis certes mais les soins sont inappropriés.

Encadré 11 : Alimentation du nourrisson dans la localité de Mokolo


Les femmes ici ont une conception erronée du « colostrum ». en effet il s’agit de ce premier
liquide qui sort dès la succion du bébé. Elle le jette, disant que c’est un liquide sale. L’autre
problème c’est que dès la naissance, le bébé prend déjà de l’eau, la bouillie, pourtant le
métabolisme de l’enfant n’est pas prêt à recevoir ce type de nourriture. Conséquence : les
diarrhées, de multiples infections et s’ensuit une malnutrition. En plus elles n’écoutent pas
les conseils prodigués ici au CNAS.
Propos recueilli auprès d’une infirmière au CNAS de Mokolo, mars 2019

Le colostrum est le tout premier lait des femmes après l’accouchement. De couleur
jaunâtre, il est hautement nutritif et riche en propriétés anti-infectieuses (les immunoglobulines
et les anticorps). Chez un nourrisson en bonne santé, le lait d’une mère en bonne santé apporte
suffisamment d’eau et d’électrolytes pendant six mois et l’enfant n’a pas besoin de suppléments
d’eau, même en pays chaud (FAO, 2012). Or il est parfois donné à l’enfant parfois jeté,
considéré comme impur par les mères (FAO, 2006).

Encadré 12 : Alimentation du nourrisson dans la localité de Garoua-Boulaï


Que ce soient les femmes réfugiées ou les autochtones, le bébé d’à peine quelques jours est
vite soumis aux aliments solides (eau, bouillie et couscous…) bref tout ce que les adultes de
la famille consomment. Il existe également une pratique courante au sein de la communauté
réfugiée qui consiste à écrire en arabe sur une ardoise avec une encre de couleur noire.
Ensuite le marabout lave ces écrits et le liquide recueilli est donné à boire au bébé. La
croyance est qu’il est censé protéger l’enfant des mauvais desseins de la vie. Le bébé
généralement a des diarrhées et emmené très tard au centre de santé lorsque la santé de
l’enfant décline considérablement. C’est une mauvaise pratique, la composition de l’encre
demeure le secret du marabout et la qualité de l’eau utilisée. Cette pratique met la vie de
l’enfant en danger.
Propos d’une employée interprète au CNAS de Garoua-Boulaï, avril 2019

 
  
261 
 

Encadré 13 : Pratique d’alimentation des nourrissons dans la localité de Diang


Malgré les disponibilités alimentaires, les femmes pour la plupart analphabètes, sont
ignorantes des bonnes pratiques de la composition des aliments de compléments pour
l’enfant dès 06 mois. L’une des causes de la malnutrition des enfants dans la localité est la
jeunesse des mères, elles accouchent très tôt à partir de 14 ans au trop, la jeune fille est déjà
sexuellement active et en cas de grossesse rapprochée, le bébé est vite délaissé pour le
suivant. En plus le jeune enfant en famille consomme ce que les parents consomment sans
aucun soin.

Propos du relais communautaire chargé de la nutrition au CMA de Diang, juin 2019

Ce n’est qu’en cas de maladie et de diarrhée que le bébé a besoin de boissons


supplémentaires et cela doit être fait sous contrôle médical. Latham (1979) explique qu’une
diarrhée non infectieuse peut-être due à un changement brusque de nourriture. Tel qu’elle se
produit lorsque le jeune enfant est sevré brusquement (Tsilefinirina, 2007) et mis au régime
familial qui souvent ne lui convient pas.

III-3-2- Aliments de compléments ou alimentation familiale

L’enfant d’à peine 06 mois mange avec les adultes et comme les adultes. Le soin
particulier à lui accordé est lorsque sa maman l’allaite au sein. Après 06 mois, lorsqu’il est apte
à se débrouiller seul, il mange avec les autres enfants de la famille quel que soit son âge. Et
même l’enfant ne peut se satisfaire. Un enfant qu’on prive ou à qui on introduit très tôt une
alimentation solide et riche en féculents devient moins résistant aux attaques extérieures et plus
exposé aux infections multiples. Et les ménages en ont quelque part conscience que ses
pratiques sont néfastes pour la progéniture. À la question de savoir si un membre de la famille
est déjà tombé malade après un repas, sur 195 ménages du Lom-et-Djerem, 131 (32,6%)
ménages malgré le constat fait continuent de manger comme d’habitude tandis que 64 (15,9%)
ménages ont amélioré leur alimentation. Il en est de même dans le Mayo-Tsanaga, où 179
(44,5%) ménages sur 207 interrogés n’envisagent pas changer leur alimentation or 28 (6,9%)
l’ont fait sur les conseils reçus au centre de santé (figure 61).

 
  
262 
 

200 179
180
Nombre total de ménages
160
140 131
120
100
80 64
60
40 28
20
0
Lom-et- djerem Mayo-tsanaga
Départements d'enquêtes

Améliorer ou changer d’alimentation Continuer de manger comme d’habitude

Figure 62 : Décision prise pour l’habitude alimentaire

Ces pratiques ou croyances plombent la résistance de l’organisme à l’infection.


L’organisme d’un jeune enfant mal entretenu et mal nourri génère difficillement des’anticorps
d’autant plus que le rôle de la nourriture est de reconstruire les cellules du corps, l’essence
même de la vie. Et l’organisme incapable de se défendre face aux infections opportunistes
comme le paludisme, la diarrhée, la pneumonie aggrave l’état sanitaire de l’enfant pouvant le
conduire à la mort. Il a 9 fois plus de risque de décéder d’une pneumonie, 2 fois plus d’un excès
palustre, 6 fois plus d’une rougeole (Dos nutrition, 2010). Latham M. (1979) quand il travaillait
en Tanzanie, a eu souvent l’occasion d’expliquer aux parents pourquoi l’enfant était atteint de
kwashiorkor. C’était parce qu’il était mal nourri, les parents incrédules de nier et protester avec
véhémence que leur enfant ne puisse souffrir de malnutrition ; « jamais cette enfant a eu faim,
répondaient-ils souvent. Chaque fois qu’il pleure ou qu’il a faim, nous lui donnons d’autant
d’Uji qu’il veut manger ou peut manger ». Les parents ne se rendaient pas compte que seul
l’Uji fait à base seulement de manioc ou de maïs, ne suffit pas à protéger l’enfant de la
malnutrition, même si on lui en donne à suffisance.

L’accès à l’eau peut influencer l’utilisation de la nourriture au sein du ménage, considéré


comme un nutriment alimentaire très important. Son utilisation, son accès à une eau propre et
potable est utile pour comprendre l’exposition des ménages aux maladies infectieuses.

 
  
263 
 

III-3-3- La problématique de l’eau

L’eau est un nutriment indispensable à la vie, les problèmes de santé ont parfois un lien
avec un approvisionnement insuffisant ou un manque d’eau voire à une consommation d’eau
insalubre. Dans le Mayo-Tsanaga, le problème d’approvisionnement en eau potable se pose
avec acuité et les sources d’eau sont diversifiées (figure 62). En saison de pluie, les mayos
constituent une source d’eau privilégiée, elles sont débordées et les populations des zones
rurales s’en donnent à cœur joie. En saison aride, l’eau est une denrée rare au point où le fait de
prendre un bain est un luxe. En dehors des mayos, l’alimentation est assurée par les
puits/forages (surtout en zone de plaine) peu nombreux et très profonds pouvant aller jusqu’à
60 m à 80 m. en zone de montagne, l’eau est une équation difficile à résoudre et les populations
à l’aide des bidons font des kilomètres pour chercher la denrée dans les bas-fonds au risque de
faire des mauvaises rencontres avec les félins sortis des grottes à la recherche de l’eau. L’eau
est utilisée ici pour la cuisson des aliments, les tâches ménagères, les soins corporels quand
l’occasion se présente car on évite de gaspiller le liquide au maximum.

[] 2,9%
3,9%
9,2%
Autre

Borne fontaine

Eau minérale, bouteille


[]
sachet
Forage, pompe

Puits
35,6%
Rivière

Source : Enquêtes de terrain, mars 2019

Figure 63 : Principales sources d’approvisionnement en eau dans le Mayo-Tsanaga

Dans le Mayo-Tsanaga, 35,6% de ménages prélèvent l’eau au niveau des forages/pompes


pour tout leur besoin, 9,2% au niveau des bornes fontaines et 3,9 % dans les puits. Les forages
sont la plupart des dons des partenaires de l’État. Les puits à cause de la profondeur de la nappe

 
  
264 
 

phréatique, le coût de la réalisation est très élevé alors, seuls les ménages riches peuvent se
l’offrir et les gardent souvent fermés au public. L’eau y est tellement rare que parfois il faut
creuser les lits des « mayo » asséchés et attendre près de 4 heures pour que l’eau monte et qu’on
puisse le recueillir. Creuser dans le sable, constitue un véritable danger car parfois les enfants
qui descendent dans ses trous de fortune se trouvent souvent ensevelis sous les masses de sable.
Le problème a été revisité en image (planche 26).

III-3-3-1- Les types d’ouvrages d’alimentation en eau

Dans le département, les ménages développent divers mécanismes pour se procurer de


l’eau nécessaire au quotidien. Dans le village Gouria, il existe des points d’eau que les
populations ont pu aménager pour faciliter le prélèvement du précieux liquide. Il y a des puits
dans les lits asséchés des cours d’eaux, des puits à ciel ouvert. Ces puits sont creusés et ne sont
pas aménagés, ne comportent aucun mécanisme de fermeture, conséquence, elles recueillent
toutes les particules (bois, feuilles mortes, cadavres d’animaux …). C’est ce que Tanawa E. &
Tchapna H. (1998) vont nommer « source sommairement aménagée » (SSA) (planche 26). Ils
constituent un piège pour les animaux et les enfants imprudents. Les villages situés sur les
montagnes n’ont aucun moyen d’avoir des forages, plus les pentes sont fortes plus la nappe est
éloignée de la surface. Alors les ménages descendent dans les plaines pour avoir de l’eau.

 
  
265 
 

Planche 26 : Les types d’ouvrages

A
B

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 92 : Puisard aménagé Photo 93 : Point d’eau

Njiembokue, août 2018 Njiembokue, août 2018


Photo 94 : Puits à ciel ouvert Photo 95 : Puits sommairement aménagé

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 96 : Puisard creusé dans le sable Photo 97 : Enfant entrain de puiser de l’eau
Dans les lits des cours d’eau asséchés, on creuse et à l’aide des cailloux (A), on tapisse et construit un
puisard assez profond pour éviter les éboulements et recueillir de l’eau (B). Par contre à Magoumaz,
en dehors de la rivière (en saison de pluie) qui traverse le village et quelques forages, les ménages
s’approvisionnent également dans les puits à ciel ouvert (C). À Zamay, l’effort est fait pour
l’aménagement des puits. Ces puits ne sont pas toujours couverts (D) mais la structure est faite de telle
sorte que les enfants n’y ont pas d’accès facilement. Pour avoir de l’eau, les ménages creusent dans les
lits des cours d’eaux des trous (E) à une profondeur de 5 à 6 mètres et c’est à l’enfant à cause de son
physique svelte qui est chargé de descendre et à l’aide d’un ustensile, puiser de l’eau.

 
  
266 
 

Ces puisards improvisés sont des tombeaux potentiels car les jeunes enfants y laissent souvent
leurs vies. Ce fut le cas un mois après le passage sur le terrain, 4 enfants sont morts des suites
d’un éboulement dans un trou à la recherche de l’eau.

III-3-3-2- La difficulté d’accès à l’eau

Le travail de la collecte d’eau est attribué à la femme et aux enfants. Réglées comme
l’horloge, ces femmes ont un emploi de temps peu variable, la collecte est journalière et prend
suffisamment de temps. Que ce soit celle qui va en brousse chercher de l’eau à une distance de
près de 20 km, que ce soit celle qui va attendre au point d’eau du village, le temps ou la file
d’attente est pareil, près de 4 à 5 heures de temps pour avoir un bidon de 20 litres pour les soins
de toute la famille (un ménage d’au moins 7 à 10 membres pour les familles à régime
monogame). Autour de ces différents points d’eau, puisque la majorité des femmes du village
y passent la majeure partie de leurs temps, elles profitent pour y faire d’autres activités comme
se tresser, décortiquer les graines d’arachides, laver les habits, se raconter les potins du village
et les enfants profitent de ce moment pour diverses jeux. L’accès à l’eau est un problème qui
perdure, Duriez C., (2007) rapporte qu’à Yele, un petit village de Mogodé les gens devaient
aller chercher l’eau dans un forage distant de 6 kilomètres. C’était le seul valable, on y va à
trois heures du matin, on en revient à dix-huit heures avec un seau, parfois il faut mettre le seau
en file d’attente et le récupérer le lendemain soir.

 
  
267 
 

Planche 27 : La difficile équation d’obtention de l’eau potable par les ménages

B
A

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 98 : Forage à motricité humaine Photo 99 : Forage à pompe

D
C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 100 : File d’attente au point d’eau à Photo 101 : File d’attente au forage Gleu
Minawao

E F
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 102 : File d’atente au point d’eau de Photo 103 : Femmes et enfants en attente de
Mogodé la montée de l’eau
Certains villages sont dotés des puits aménagés et équipés d’une pompe à motricité humaine. La
pression est exercée soit c’est avec la force des bras (A) soit c’est avec la force des pieds (B) pour la
montée et l’écoulement de l’eau. Pour avoir cette eau, il faut une bonne dose de patience, même au sein
du camp de Minawao (C), il faut se lever très tôt et à l’aide d’un bidon, le déposer comme garant dans
la ligne d’arrivée et revenir à l’heure prévue pour l’ouverture et attendre son tour. Au centre-ville de
l’arrondissement de Mogodé, c’est la même pratique, il faut être là tôt, aligner son bidon (E) et attendre
son tour. Même scénario dans les villages (D). Au lieu d’attendre, d’autres femmes vont aller creuser
des puits improvisés et attendre quelques heures que l’eau monte et elles peuvent la recueillir (F).

 
  
268 
 

Les sources d’eau sont diverses pour la boisson et Les tâches ménagères. Parfois située
au sein des villages, parfois il faut faire en moyenne près de 20 km pour aller en chercher. Le
transport dans ce cas se fait à dos d’âne ou à moto. En saison sèche, la disponibilité est limitée.
Cette eau ne fait objet d’aucun traitement donc la qualité est douteuse.

III-3-3-3- La qualité de l’eau obtenue

Planche 28 : Aspect de l’eau obtenue

B
A

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 104 : Eau receuillie dans le sable Photo 105 : Eau issue d’un puits sommaire

D
C

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 106 : Eau recueillie dans le puisard Photo 107 : Eau provenant du forage
creusé dans le lit d’un mayo
Quelque soit le milieu où l’eau est prélevée, la remarque est qu’elle est d’une couleur noire au marron.
Une eau recueillie dans le sable (A), une eau d’une source sommairement aménagée (B), une eau
recueillie dans le lit d’un mayo (C) et du forage (D) sont juste de teintes différentes. Sans examen
clinique, on ne saurait juger de la qualité de cette eau alors l’avis reste mitigé quant à la fiabilité de
cette eau. Toutefois lors des enquêtes, il m’avait été déconseillé par mes hôtes d’en boire. Il disait que
ça allait me rendre malade, eux ils étaient habitués. La difficulté d’accès à l’eau par les ménages est
l’une des sources du cercle vicieux de la malnutrition chez les couches vulnérables. Il faut forcément de
l’eau pour se déshydrater, faire la cuisine, assainir le milieu de vie et les soins corporels. Ce luxe que
d’autres sociétés ne possèdent pas.

 
  
269 
 

Le forage offre une eau de qualité meilleure car elle est au moins protégée des moindres
pollutions externes. Dans la plaine et surtout en zone urbaine, le problème de
l’approvisionnement en eau se pose différemment. L’eau ici est issue des eaux de ruissellement,
retenue dans un barrage (figure 64). Elle est captée, filtrée et stockée dans un château d’eau
puis distribuée dans les ménages. L’acteur principal ici est la CDE. Elle dessert aussi des
arrondissements proches de Mokolo comme Souledé-Roua (quelques villages) et Koza (centre-
ville). Les ménages des cours communes peuvent s’associer pour une adduction d’eau au sein
de la concession afin d’amoindrir la facture d’eau. La facture d’eau d’un ménage peut revenir
à 3000 F CFA, ça dépend du nombre de personnes au sein du ménage. Dans les villages
desservis, des bornes fontaines sont créées, l’eau y est vendue, le bidon de 20 litres à 150 F
CFA voire 200 F CFA. Certaines jeunes sont spécialisées dans la livraison d’eau à domicile,
ce qui leur permet de se prendre en charge.

C D E

Source : Enquêtes de terrain, mars 2019


Figure 64 : Circuit de captage et de distribution d’eau à Mokolo

 
  
270 
 

C’est un système gravitaire car l’eau part d’une prise d’eau (barrage, rivière) à l’aide des
gros tuyaux pour être distribuer. La figure 63 présente le réseau de captage de l’eau depuis le
barrage de retenue d’eau dans le village de Mokola (A), puis elle est traitée à la station située à
quelques encablures du barrage (B), cette eau traitée est stockée au niveau du château d’eau en
plein centre-ville de Mokolo (C), elle est ensuite distribuée à l’aide des gros tuyaux (D) dans
les villages environnants et dans les ménages au travers des compteurs personnels (E).

Dans le Lom-et-Djerem, la situation est différente car nantie en cours d’eau, le problème
se pose maintenant au niveau de l’accès à l’eau de boisson. Dans chaque village, il existe au
moins un point d’eau aménagé et équipé d’une pompe. Le problème se pose généralement au
niveau de la gestion et entretien de ces points d’eaux qui facilement sont en panne et laissés à
l’abandon (planche 29). Exemples : Dans la commune de Betare-Oya, sur 236 points d’eaux
existants (voir Planche), 111 sont à réhabiliter, 69 en bon état et 56 endommagés (Commune
de Betare-Oya, 2018). Les points d’eau à réhabiliter sont des sources creusées çà et là, construits
à l’aide des pierres et l’eau s’écoule à travers des rochers. Et les 69 forages en bon état
desservent près de 36 015 âmes réparties dans 26 villages. Le gap est significatif par rapport à
la taille de la population. Dans la commune de Garoua-boulaï, il y a 268 points (forages, puits
et sources) d’eaux, 54 points d’eaux sont endommagés et 57 doivent être remis à neuf pour une
population de près de 89 023 âmes.

 
  
271 
 

Planche 29 : Les points d’eaux dans le Lom-et-Djerem

A B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 108 : Point d’eau fonctionnelle à Gado Photo 109 : Point d’eau en bon état à
Betaré

C D
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 110 : Puits dans une concession à Goza Photo 111 : Rivière à Goza

E
F

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 112 : Forage endommagé et à Photo 113 : Forage abandonné à Yanda
l’abandon à Woumbou
La majeure partie des puits ouverts au public sont aménagés et équipés d’une pompe à motricité
humaine comme le cas à Gado (A) et à betaré-oya (B) servent pour la boisson. À Gado, la gestion des
points d’eaux est sous la responsabilité du comité du développement du village, qui se charge de
nettoyer, gérer l’ouverture et la fermeture du forage. L’approvisionnement dans les ménages se fait par
des jeunes moyennant un montant par bidon 20 litres à 150 F CFA. À part les forages, certains ménages
disposent des puits dans la concession (C), ces puits sont creusés et le pneu de voiture posé qui sert de
margelle et l’eau est remonté à l’aide d’un seau attaché à une corde. Certains quartiers ou villages
comme c’est le cas de Goza sont traversés par des rivières (D), sont des points d’eaux qui sert pour les
tâches comme la lessive, la vaisselle et la cuisson des aliments. Malheureusement les berges servent de
dépotoirs des ordures des ménages. Ces eaux de rivière sont susceptibles d’être polluées. Après une
mauvaise utilisation des forages de la part de la population, il arrive très souvent qu’ils tombent en
panne, alors ils sont abandonnés (E et F) et la population se tourne vers les sources d’eaux les plus
proches.

 
  
272 
 

L’enquête montre que les ménages sont surtout très dépendants des forages à pompes
(figure 65). Au moins 37,8 % des ménages l’ont confirmé, pendant que d’autres ménages à
hauteur de 3,9% se rabattent dans les rivières et 2,5 % dans les puits familiaux. Dans une
moindre mesure, l’eau en sachet (2,5%), est surtout consommée par les ménages en zone
urbaine, un sachet coûte en moyenne 50 F CFA.

3,9% 0 1,7%

2,5%
2,5%
Autre

Borne fontaine

Eau minérale, bouteille


sachet
Forage, pompe

Puits

Rivière
37,8%

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 65 : Les différents modes d’approvisionnement en eau dans le Lom-et-Djerem

Dans l’ensemble des deux régions, les ménages se débrouillent comme ils peuvent pour
avoir de l’eau pour les besoins de la famille. L’avantage que possède le Lom-et-Djerem est
l’eau en général est disponible malgré la saison, les cours d’eaux ne tarissent pas. Mais ce sont
les activités humaines qui contribuent à polluer ces eaux et la mauvaise gestion des forages
existants. C’est ce qui n’est pas le cas du Mayo-Tsanaga, l’eau est une denrée rare. Quelle que
soit sa qualité, il faut soit parcourir des distances pour avoir au moins un bidon de 20 litres soit
attendre des heures au forage du village au risque d’y passer une journée entière. En saison de
pluie, les mayos sont pleins à profusion au point où il y a parfois des inondations mais en saison
sèche, ils sont complètement secs. « Pour se laver, on trempe un bout de tissu dans l’eau et on
s’essuie les aisselles et le visage » rapporte un jeune du village Gouria. Quant à la traiter pour
la consommation, c’est un réel problème (figure 65).

 
  
273 
 

100%
90% 6,9 10,9
80%
70%
Pourcenatge %

60%
50%
40% 41,1 40,6
30%
20%
10%
0%
Lom-et-Djerem Mayo- Tsanaga
Aucun traitement Laisser les déchets se déposer au fond du récipient Autre
Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019
Figure 66 : Méthode de traitement d’eau de boisson dans les ménages
À la question de savoir si l’eau prélevée au niveau des forages, des puits et autres
subissent un quelconque traitement avant d’être consommée. 41,1 % des ménages du Lom-et-
Djerem affirment ne rien faire, l’eau est consommée telle que prélevée cependant 6,9 % des
ménages prennent la peine de laisser les déchets se déposer au fond du récipient avant la
consommation. Dans le Mayo-Tsanaga, 40,6 % des ménages n’administrent également aucun
traitement à l’eau malgré les campagnes de sensibilisation. Seuls 10,9% laissent au moins l’eau
se décanter avant de boire.

L’un des facteurs des composantes de base de l’insécurité alimentaire est l’hygiène et
l’assainissement qui a d’énormes impacts sur l’état nutritionnel et la santé des membres du
ménage. Il s’agit de comprendre comment les ménages gèrent les déchets solides et liquides
afin d’éviter toutes les contaminations.

III-3-4- Assainissement et hygiène

Les mesures sont prises pour l’évacuation des excréta humains à travers la construction
des lieux d’aisance. Généralement situées derrière la maison familiale et parfois pas très loin
de la cuisine, ces latrines qui normalement devraient être des toilettes sèches uniquement pour
les fèces et les urines ne le sont pas car elles allient deux fonctions : WC et douche. Très
rustiques dans la construction, ce sont des simples trous creusés et dallés avec de la terre ou des
troncs d’arbres, la cabine est faite de vieux tissus, des planches de bois parfois, de pierre ou de
nattes tressés. La dalle faite avec du ciment relève de la capacité financière du ménage. Ces

 
  
274 
 

ouvrages ne sont pas totalement couverts exposant à suffisance la dignité humaine (planche 30).
Puisqu’ils servent également de douche, l’eau du bain y est constamment versé, le sol toujours
mouillé en contact avec les excréta favorise la prolifération des mouches et des larves de
diptères, ces mouches s’y vautrent et vont se déposer sur les aliments source de propagation de
nombreuses maladies.

Planche 30 : Les types de toilettes dans le Mayo-Tsanaga

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 114 : Cabine de latrine faite de Photo 115 : Dalle de latrine cimentée
natte tissée

C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 116 : Latrine en pierre Photo 117 : Cabine construite avec des
pierres et de la boue
Les latrines dans le village de Kossehone sont des prototypes de constructions des latrines qu’on trouve
quand il en existe. La dalle est cimentée mais pas entretenue (B), l’armature est faite d’herbes séchées
et tissées pour en faire une natte et couvrir la latrine (A). Elles sont typiques de la zone montagneuse.
Dans le village Mokola, les latrines sont creusées entre les fentes des rochers (C), et généralement peu
profonds car rencontrent d’énormes blocs dans le sol, l’ouverture est agrémentée d’un ustensile usagé
la cabine est un amas de pierre consolidé parfois avec de la boue (D). De profondeur moyenne, il est
vite rempli et refermé, le ménage creuse ailleurs. Le fait qu’il n’existe pas de porte n’est pas un réel
problème.

 
  
275 
 

À cause des moyens financiers restreints et des habitudes, les ménages ont des difficultés
à aménager les lieux d’aisance. Il suffit d’un trou et des planches pour servir des latrines. Ce
qui est un danger pour les enfants et même les adultes imprudents. Il faut vraiment avoir le
réflexe de sauter au cas où le sol se déroberait sous les pieds. Certaines latrines sont collées à
la maison entourée juste de vieux linges et de sacs. La dalle est faite de terre, les morceaux de
bois servent de support à l’individu pour se tenir et se laver. Les enfants en bas âge sont souvent
interdits d’y aller alors ils font des selles où ils peuvent, tout autour des maisons et seul le soleil
ou la pluie ou les animaux domestiques servent de décomposeur de la matière.

La qualité des latrines promeut la santé du ménage en général et est un problème de la


santé publique en cas d’épidémie de maladie (choléra…). L’évacuation des excréments solides
et liquides fait partie des principaux problèmes d’hygiène (planche 31). Or l’hygiène ne déroge
pas à la règle quand il s’agit de rendre une personne malade surtout le jeune enfant qui le
fragilise et l’infection dans un organisme fragile le conditionne à la malnutrition

 
  
276 
 

Planche 31 : les latrines traditionnelles dans le Lom-et-Djerem

B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 118 : Latrine couverte des feuilles Photo 119 : Latrine dallé

D
C

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 120 : Latrine en brique Photo 121 : Cabine faite de vieilles tôles

F
E

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 122 : Latrine non aménagée Photo 123 : Latrine douche
Pour couvrir les latrines creusées, les ménages utilisent divers matériaux comme les nattes faites de
feuilles de palmier séchées (A). Le plancher parfois est dallé avec du ciment, les pagnes usagés servent
comme porte (B). À Longa mali, les latrines sont construites avec des briques de terre et de vieilles tôles
(C) soit avec des vieilles tôles (D). Le plancher pour la plupart de ces latrines est dallé avec de la terre
et de morceaux de bois. L’on peut aussi voir des latrines non aménagées. Le trou est creusé, recouvert
par un vieux lit (E) ou de planche (F), utilisée en même temps comme lavoirs.

 
  
277 
 

La profondeur des latrines est d’à peine 2 à 3 mètres à cause des contraintes du milieu
physique ; le faible coût de réalisation, la présence des blocs de roches dans le sol, la dureté du
sol surtout que la manœuvre se fait juste à l’aide d’une pioche et d’une pelle (dans les Monts
Mandara). Dans la zone péri forestière, la réalité est tout autre, très entouré par une forêt, le
premier endroit pour se soulager est la nature et le fait de pratiquer l’élevage des porcs est une
raison pour le faire à l’air libre, c’est une forme de mangeoire pour ces animaux élevés en plein
air (figure 66). C’est après les sensibilisations par les associations de développement et les
exigences des allogènes installés que l’habitude de construire les lieux d’aisance sont adoptés
mais très timidement surtout en zone de forêt. La protection de l’intimité et la commodité des
lieux d’aisance ne fait partie des priorités.

45 42,8 60
40 49,3
50
35
30 40
25
30
20
15 20
10 5,7
5 1,5 10
0,7 0
0 0
Brousse, nature Latrine, trou Autre Brousse, nature Latrine, trou dans Autre
dans le sol le sol
Lom‐et‐Djerem Mayo‐Tsanaga
Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019
Figure 67 : Les types de latrines utilisés dans les deux départements

Lors des enquêtes de terrain, 49,3 % de ménages dans le Mayo-Tsanaga utilisent les
latrines traditionnelles, un trou creusé et agrémenté d’une cabine fait de matériaux divers, 0,7
% de ménages vont dans la nature. Le reste à hauteur de 1,5% n’en possèdent pas et vont
parfois dans la brousse ou chez les voisins. Dans le Lom-et-Djerem, 42,8% de ménages
possèdent des latrines également pendant que 5,7% de ménages vont encore dans la brousse.
Ceux qui en possèdent, le partagent avec d’autres ménages. Le fait de déféquer en plein air est
une réalité dans les deux départements et elle s’est accentuée lors des arrivées massives des
réfugiés et des déplacés avant leur prise en charge dans les camps et autres. Malheureusement
le problème n’est pas résolu car même au sein des camps, on peut toujours apercevoir des dépôts
d’excréments humains çà et là. Ce qui soulève la question sur l’habitude de l’utilisation des
latrines et de l’utilisation des latrines fournies par les partenaires humanitaires. Dans les zones
aurifères de l’Est, à cause de l’installation de nombreux campements des populations qui

 
  
278 
 

suivent la découverte des roches mères pour l’extraction de l’or, ces campements sont
dépourvus de latrines et de points d’eaux, la pollution est de mise (figure 67).

160
Lom et djerem Mayo tsanaga
140
120
Pourcentage (%°)

100 76,9
80
60
23,18
40
62,56
20 37,44
0
Non Oui

Avis sur le partage des latrines

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019


Figure 68 : Les avis sur l’effectivité du partage des latrines

Les latrines qui existent sont utilisées par plusieurs ménages. Dans le Lom-et-Djerem, 62,
56% ont répondus négativement à la question de savoir si leurs ménages du voisinage utilisaient
leur latrines alors 37,44% ménages disent le contraire. Dans le Mayo-Tsanaga, 76,90% ménages
prétendent que les latrines sont à usage familial et 23,18 % le partagent avec d’autres ménages.
Ceci montre à suffisance, qu’il existe des ménages qui ne possèdent pas de latrine pour
l’évacuation de leurs déchets solides et liquides et profitent de ceux de leurs voisins ou vont en
brousse. En bref, les ménages ne disposent pas de latrines adéquates et acceptables, l’entretien
et le nettoyage ne se faisant pas, est une source de contamination par la présence des défécations
un peu partout et une source susceptible de contagion des maladies car utilisés par plus d’une
famille. On note également un manque d’adduction d’eau potable et une insuffisance des
toilettes dans les lieux publics comme les marchés et les écoles ; les enfants font de leur mieux
en apportant des petites bouteilles d’eau qu’ils maintiennent dans des chaussettes pour les tenir
un peu frais surtout dans la zone chaude le besoin est énorme à cause de la chaleur. S’agissant
de l’évacuation des déchets solides, il n’y a pas de programme de gestion les ménages en
déversent partout à côté des maisons comme dans les lits des cours d’eaux qu’ils utilisent. Dans
les Monts Mandara, heureusement que le soleil joue un rôle de digesteur parfait mais reste un
risque pour la santé publique rendant l’environnement sale et consternant. Les pratiques
d’assainissement sont des pratiques indéniables qui jouent un rôle dans la vulnérabilité des

 
  
279 
 

ménages et du jeune enfant. Les principaux risques sont les infections dans des organismes mal
nourris, la sécurité physique quant à l’accès aux latrines existantes, la difficile éradication des
maladies diarrhéiques. L’assaissinement est essentiel dans la bonne santé comme l’explique Jan
Eliasson, vice sécretaire général des Nations Unies « Pourquoi les toilettes sont importantes ?
Parce qu’elles préviennent les maladies et la sous-nutrition, elles aident les enfants à survivre
et à être bien portants, les communautés à se développer et les pays à prospérer. Chaque dollar
dépensé dans le secteur de l’assainissement a un rendement cinq fois plus élevé en matière de
santé et de productivité4 ». Dans un milieu où l’assainissement est médiocre, même les enfants
sont souvent infestés d’ascaris (Ascaris lumbricoïdes) or ces infections contribuent aussi au
développement de la malnutrition, l’enfant suffisament mal nourri ses anticorps sont incapables
de lutter (FAO, 1996). L’habitat est un élément important du bien-être d’une population,
nécessaire pour la sécurité des individus contre les agressions du climat et offre une résistance
au problème de maladie. C’est aussi un indicateur de la pauvreté monétaire des ménages par
conséquent de l’accès à la nourriture.

III-3-5- Habitats et équipements du ménage

Dans le Lom-et-Djerem, près de 27,1% de ménages sont propriétaires de leurs maisons,


9,2% des ménages sont locataires, 11,9% sont encore logés dans la maison familiale et 05%
sont logés gratuitement. Le nombre de pièces qui constituent la maison va de 1 à 5, 21,1% des
ménages vivent dans des maisons de 3 pièces (un séjour qui sert aussi parfois de cuisine, deux
chambres), 17,4% dans un espace de 2 pièces (un salon et une chambre) et 6,5 % dans une
maison de 4 pièces. Les maisons sont construites pour la plupart en brique de terre battue (poto
poto), parfois badigeonnées de peinture, elles sont couvertes de toitures faites de nattes ou de
tôles (planche 32). Dans certains paysages, s’y mélange des maisons en dur, construites en
brique de parpaing et couverts en tôles parfois entourés d’une barrière juste à côté des maisons
atypiques du village. Ces maisons sont la marque des salariés de la fonction publique, des
grands commerçants peuls et bamoums installés dans la localité.

                                                             
4
 In Rapport Génération Nutrition, 2014, p 21.

 
  
280 
 

Planche 32 : les types d’habitats dans le Lom-et-Djerem

A B
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 124 : Habitat en terre battue à Photo 125 : Habitats couverts en tôle à
Goza Longa mali

C D

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, avril 2019


Photo 126 : Habitat en terre battue Photo 127 : Vue des logements au canton
couverte de natte à Woumbou Kaé-Kaé à Betare-oya

Bien qu’étant à la périphérie de Garoua-boulaï, les habitats à Goza sont construits avec des briques de
terres rouges (A), les sols sont nus, sans aucun revêtement et coiffées dans des toits de chaume de
branchages séchées. L’habitat à Longa mali est fait à base de brique de terre coiffée par une charpente
de bois et couverte de tôle (B), les ouvertures sont en bois également et la cuisine juste un assemblage
de 4 piquets couvert de paille pour se protéger du soleil. Les murs de certaines maisons (C) sont le
résultat d’une association des lianes, de piquets agrémentés d’une bonne dose de poto poto. Dans les
campements ou cantons crées suite à la découverte d’un filon d’or, les ménages logent dans les huttes
faites de branchages couverts par des bâches en plastique (D). Le risque des ruptures des structures de
l’habitat est accru, ne dispose pas d’une bonne aération encore moins la famille protégée contre les
rigueurs du climat et des moustiques qui prolifèrent.

Le type d’habitat est sans doute lié au statut socio-économique du ménage. La première
et d’ailleurs la principale source d’éclairage est la lampe à pétrole pour 33,1% de ménages.
3,7% des ménages utilisent la torche alimentée par des piles et l’électricité plus présente dans
les périphéries des zones urbaines, seuls 11,4% en font usage. L’électricité dans le Lom-et-

 
  
281 
 

Djerem est présente seulement en milieu urbain dans les villes de Bertoua, Garoua-Boulaï. Les
autres chefs-lieux d’arrondissement sont alimentés par des groupes électrogènes sous la gestion
d’ENEO. Ces localités subissent la fourniture raisonnée de l’énergie électrique. Il y’a des
tranches horaires et souvent par quartier. Parfois, ces groupes électrogènes tombent en panne et
la pièce de rechange ou le technicien ne peut que venir de Yaoundé alors les ménages sont dans
le noir total.

Dans le Mayo-Tsanaga, 27,8% des ménages sont propriétaires de leurs logements, 2,5 %
des ménages versent une somme d’argent pour se loger, 16,4% sont logés dans la concession
familiale et 4,7% sont logés gratuitement. Dans cette partie du pays, une concession familiale
est un amas de petites cases (2 à 5 cases en fonction de la taille du ménage et du statut
matrimonial du chef de ménage.). Dans les familles polygamiques, le nombre de cases dépend
du nombre de femmes, chacune en possède une avec ses enfants, le chef de famille a sa case
seul ; 26,6% des ménages dans leur concession ont 3 cases, 6,7% en ont 2, 14,7% des ménages
ont 4 cases, 5,5% des ménages en possèdent 5 et 0,9% pour 1 case et c’est une exception. C’est
l’identité même de l’Extrême-Nord. Divers matériaux sont utilisés dans la construction des
cases ; les briques de terre, les briques de parpaings (sable et ciment), mélange de ciment et
brique de terre (généralement appelé construction en semi dur), une mélange de pierre et de
terre battue (planche 33). Paysage de fer à cause de la prédominance des rochers, les cases sont
parfois construites dessus donc le sol de la case en question est en pierre. Certains sols sont
aussi faits en dalle de ciment ou en terre battue.

 
  
282 
 

Planche 33 : Types d’habitats dans les Monts Mandara

A
B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 128 : Cases en terre battue et toit Photo 129 : Ensemble de 5 cases fait en
en paille à Mokola brique de terre à Mokola

C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, août 2018
Photo 130 : Case fait en terre et toit de Photo 131 : Abris au camp des déplacés de
paille à Midré Zamay

Les maisons dans les hameaux et disséminés çà et là sur la montagne. Ils sont construits à l’aide des
pierres et des briques de terre battue (A). Ces cases ont été construites sur les flancs d’une montagne
et sur des blocs de rochers qui servent de fondation (B). Une case sert de cuisine, une autre de chambre
pour le chef de ménage, une autre pour la femme et ses enfants dans le cas d’une famille monogamique.
À Midré, les cases sont aussi en terre battue, le toit est fait de tiges de mil assemblés et tissées (C), il se
remplace après chaque récolte de mil et fait même l’objet d’un commerce fructueux. Ce style de toiture
disent les ménages est adapté à la forte chaleur qui y règne, rendant l’intérieur de la maison frais où il
fait bon d’y dormir la nuit surtout. Les efforts ont été fait pour loger les nombreux déplacés internes de
la localité. Dans les camps, les abris sont faits de bâches offerts par le HCR et les ONG locales et les
cuisines sont construites en branchages.

Les sources d’éclairage dans les ménages sont beaucoup plus diversifiées ici : 17,9% des
ménages sont tributaires de l’électricité dans les zones péri-urbaines surtout. 5,9% de l’énergie
solaire (ce sont en fait des lampes chargées à l’énergie solaire), 2,5% utilisent les lampes à
pétrole et 15,9% les torches à piles dans les zones rurales. Ces technologies s’expliquent par

 
  
283 
 

leur proximité avec le Nigéria voisin qui le leur fournit sinon la couverture des zones rurales en
énergie électrique est très faible. Il y a des zones tant dans le Lom-et-Djerem que le Mayo-
Tsanaga qui n’ont jamais vu un poteau électrique et ceux qui en ont même en milieu urbain se
plaignent des délestages fréquents. Concernant le combustible pour la cuisson des repas, la
majorité des mélanges dans les deux départements utilisent le bois. Ce qui met une autre
pression sur l’environnement en dehors du fait que de vastes hectares de forêts dont détruits
pour l’installation des camps des réfugiés et des déplacés (figure 68).

Mayo tsanaga Lom et djerem


0.25
Déchets d'animaux
0
Source de combustibles utilisés

40.8

Bois collectés
38.6

9.2
Bois achetés
9.9
1.2
Autre
0

0 50 100 150 200


Poucentage (%)

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 69 : Types et sources de combustibles pour la cuisson des aliments

Dans le Mayo-Tsanaga, 40,8 % des ménages vont en brousse collecter le bois pour la
cuisson des aliments de la famille, 9,2% en achètent et 1,2 % utilisent les tiges de mil, de maïs
en plus des déjections d’animaux séchées pour leur cuisson. Dans le Lom-et-Djerem c’est le
même scénario, 38,6% des ménages font usage du bois collecté dans les forêts, 9,9% du bois
acheté. Le bien-être d’une population est un élément clé dans toute situation d’insécurité
alimentaire qui peut non seulement causer des dommages durables aux générations à venir et à
l’environnement, mais aussi nuire à la santé physique de l’individu. Il est important d’avoir
conscience que l’insécurité alimentaire peut aboutir à cet état grave et potentiellement fatal à
plus long terme. La malnutrition n’est pas toujours causée par l’insécurité alimentaire mais elle
peut résulter d’une multiplicité d’autres causes parmi lesquelles la maladie, un environnement
insalubre, les pratiques de soins infantiles, la pauvreté, la consommation d’eau polluée ou la

 
  
284 
 

négligence parentale (Fédération internationale, 2005). Les soins de santé publique font partie
de ces facteurs, garant du bien-être nutritionnel de la population. C’est un déterminant clé de la
sécurité alimentaire d’un ménage.

III-4- ÉTAT DE LA SANTÉ PUBLIQUE

Le milieu rural des zones d’études est structurellement défavorisé. Or ces zones traversent
des périodes de crise sécuritaire et alimentaire d’envergure dans ce contexte défavorisé, le
nombre de patients ou d’infections risque d’augmenter. La mise en œuvre des Objectifs de
Développement Durable au Cameroun passe aussi par la thématique Santé. L’un des facteurs
qui met en mal le statut nutritionnel d’une population est l’accès physique aux services de santé
de proximité du point de vue quantitatif et qualitatif.

Mais il y a quelques notions usuelles à savoir :

˗ un district de santé est un service de santé déconcentré du Ministère de la Santé


Publique (MINSANTE), c’est un service qui coiffe au niveau d’un département et gère toutes
les structures de santé (hôpital de district, CMA, CSI, les centres de soins privés) de son
découpage administratif.
˗ L’aire de santé est une zone géographique ayant en son sein un ou plusieurs
villages desservis par des structures de santé de toutes formes.
˗ Un hôpital de district est une structure de référence des centres de santé, il a un
plateau technique performant pour un personnel, un service de qualité et à sa tête un médecin.
˗ Le centre de santé intégré est une formation sanitaire de base, on le retrouve au
niveau d’un village. Il offre une minimum de soins curatifs, préventifs, joue en quelque sorte
le rôle de pair éducateur auprès de la population rurale et à sa tête un infirmier.
˗ Le Centre médical d’arrondissement est au niveau de l’arrondissement et à sa
tête se trouve un médecin. Le CSI, CMA sont des petites structures de soins spécialisées dans
les soins ambulatoires et de proximité dans les régions rurales, périurbaines et urbaines. Les
ressources financières et matérielles sont parfois limitées et le soutien des autorités sanitaires
insuffisant en particulier dans les zones rurales éloignées et les zones défavorisées (John Adams
& al, 2010).

L’une des missions du secteur de la santé est d’offrir des soins et des services de santé de
qualité, de proximité aux populations. Chaque fois qu’il le peut, le MINSANTÉ fait une

 
  
285 
 

évaluation de sa performance en termes de fourniture de ses services. Au niveau national, les


constats sont faits, le système de référence est encore défaillant. Le Cameroun dispose de 3
formations pour 500 000 habitants au lieu de 5 pour 500 000 habitants. Les équipements et les
médicaments nécessaire aux prises en charge des patients sont souvent insuffisants voire
absents au niveau des services spécialisées dans les hôpitaux de 1ère et 2ème catégorie combien
de fois les formations sanitaires en milieu rural. Même niveau des régions, les centres
d’imagerie s’il en existe sont souvent en arrêt pour cause de gestion.

Le taux de mortalité maternelle en hausse de 430 à 782 décès pour 100 000 naissances
vivantes entre 1990 et 2011 a pour cause la non-assistance par un personnel qualifié. Le taux
de mortalité infanto-juvénile en 2011-2014, est passée de 144 décès à 103 décès pour 1000
naissance vivantes. L’insuffisance des médecins spécialistes est à noter (5 médecins
hématologues pour tout le pays qui de surcroît exercent seulement dans les villes de Yaoundé
et Douala, un médecin dentiste pour 87 500 habitants alors que la norme OMS prescrit un (1)
médecin pour 2000 habitants). En 2011, le ratio du personnel de la santé/ population est de 1,07
personnel pour 1000 habitants. En 2014, on dénombre 4 034 formations sanitaires publiques et
privées au Cameroun où il demeure une répartition géographique inéquitable sur l’ensemble du
territoire. Un déséquilibre infrastructurel entre les régions et les districts de santé où on
retrouvait encore des populations à plus de 20 km d’une formation sanitaire et certaines
formations ne sont même pas fonctionnelles. L’Est en 2014 a une population de 888 682 et a
227 formations sanitaires toutes catégories confondues, l’Extrême- Nord une population de
3 856 740, un nombre total de 329 formations sanitaires (Profil sanitaire analytique
MINSANTE, 2016-2020). La faible accessibilité financière de la part de la population,
l’éloignement même des FOSA, insuffisants, mal équipés et mal entretenus, la faible
disponibilité des médicaments sont autant de maux qui plombent le service de santé
camerounais, ce malgré la mise sur pied de plusieurs stratégies, la situation stagne (Stratégie
Sectorielle de Santé 2016-2027). La question demeure, quelle serait la situation en 2019, alors
que le taux d’accroissement de la population est de 2,6% à cause du taux élevé de fécondité.
L’environnement de la santé publique est l’une des causes sous-jacentes du cadre conceptuel
de la malnutrition. En exemples (tableaux 39, 40 et 41), quelques districts de santé à l’Extrême-
Nord et à l’Est, zones cibles, zones sensibles à cause de l’installation des déplacés.

 
  
286 
 

Exemple 1 : District de santé de Mokolo (Département du Mayo-Tsanaga, arrondissement de


Mokolo).

Tableau 39 : Situation sanitaire dans le district de santé de Mokolo


District de Aire de santé Population en Nombre de village Distance par
Santé/Mokolo 2019 desservis rapport HD
1 Gadala 9 253 5 33 km
2 Goudour 11 953 8 45 km
3 Ldamang 13 674 9 18 km
4 Mandaka- 16 217 8 12 km
chechem
5 Minawao I 27 550 33 30 km
6 Minawao II 27 550 48 31 km
7 Mokolo I 28 689 19 0 km
8 Mokolo II 11 623 5 7 km
9 Mokong 20 148 8 40 km
10 Ouro tada 23 937 12 6 km
11 Toufou 13 189 8 41 km
12 Tourou 12 521 7 35 km
13 Vouzod 10 693 7 20 km
14 Zamay 12 009 14 19 km
15 Zamay-gred 12 095 7 17 km
16 Zileng 8 889 6 5 km
17 Goulwa Momboï 8 639 4 50 km
18 Moutaz 11 488 5 45 km
19 Magoumaz 18 616 17 13 km
Total / 298 733 / /
Source : District de Santé de Mokolo, 2019

Malgré l’accroissement de la population, la situation des infrastructures n’évolue pas. Le


District de santé de Mokolo encadre en tout 19 aires de santé avec un seul hôpital de district.
Chaque aire de santé dispose d’un CSI. Chaque CSI a à sa tête un infirmier. L’aire de santé de
Mokolo I a un CSI qui est en même temps un CNAS et un hôpital de district en même temps
CNTI qui prend en charge les cas de malnutris avec complications médicales. L’aire de santé
de Mokolo I et II dessert 5 à 19 villages avec un centre de santé intégrée chacun. En cas de
référence pour un cas grave, il faut parcourir des kilomètres pour voir un médecin à l’hôpital
de district et beaucoup de ménage ne préfère même pas essayer ce parcours. Les kilométrages
répertoriés dans le tableau sont des kilomètres à parcourir en moyenne pour avoir accès à
l’hôpital de district et à un médecin. Le plus intéressant ici est l’entrée de Minawao I et II dans
cette aire de santé en 2013. Au camp des réfugiés on ne parlera pas en termes de village mais
de quartiers ou secteurs (en moyenne 48 secteurs pour une population évolutive de près de
55 500 âmes) où de nombreux cas de maladies sont toujours référés à l’hôpital de district de

 
  
287 
 

Mokolo malgré la présence au sein du camp de deux postes de santé tenus par les partenaires
humanitaires. Du camp de Minawao pour l’hôpital de district de Mokolo, il faut parcourir 31
km en moyenne.

Dans cette aire de santé, il y a des zones de populations spéciales (nomades, déplacés
internes et les réfugiés) : les nomades ; Ouro Tada (mayo sanganare, gorai), Mandaka, Sekande,
Biskavai, Ziling, Zamalva, les déplacés internes (Ouro Tada, Mokolo I, Tourou, Ldamang,
Magoumaz, Toufou, Vouzod, Zamay) où se trouve en dehors des déplacés qui y vivent en
famille d’acceuil, il y’a un camp de déplacés, et enfin le camp des réfugiés de Minawao. Étant
en zone de montagne, l‘accès physique aussi dans certains villages n’est pas évident ; c’est le
cas des villages Magoumaz (Varkouda, Ziver, waidjouen), Vouzod (tous les vilages), Zamay
(meklec, Zivet), Ziling (oudagaza), Tourou (Moutaz, Ndrock, Koulkoubai, Doulon), Toufou
(Hitawa, Hidoua), Ldamang (Ldiming montagne, Ldoubam montagne), Mokolo (Houva,
Dzagigle, Ndouzai). Du village Mofole pour le CSI de Mokolo, il faut braver 8 km, du village
Zimangayak pour le CSI pareil, des villages Lamorde et Nassarao 3 km (la plus petite distance).
À la fin du mois de juillet 2017, de nombreuses FOSA à l’Extrême-Nord ne sont pas
fonctionnelles parce qu’elles ont été détruites par les terroristes, le personnel de santé a fui les
exactions. L’insécurité dans cette région rend l’accès aux FOSA difficiles pour plus de 350 000
camerounais, des milliers de réfugiés et de nombreuses personnes déplacées internes
(Délégation Régionale de la Santé/OMS, 2017).

Avec l’insécurité transfrontalière, les vagues de déplacement ont beaucoup modifié la


composition de la population et ces populations se sont réfugier dans ces villages. Elles ont
besoin des soins de santé de proximité. En terme de personnel soignant, au CSI de Mokolo, 12
infirmiers en postes pour une population moyenne de 25 142 âmes, à l’hôpital de district 8
médecins (5 médecins fonctionnaires et 3 médecins de l’ONG ALIMA), cet ONG est là
exclusivement pour la prise en charge des malnutris sévères. Les FOSA dans les zones d’accueil
vont subir une pression supplémentaire or elles disposent des capacités d’accueil limitées.

 
  
288 
 

Exemple 2 : District de Santé de Garoua-Boulaï

Tableau 40 : Situation sanitaire dans le district de santé de Garoua-Boulaï


District de santé
de Garoua-Boulaï Aire de santé Population en Nombre de Distance par rapport HD
2019 villages desservis
Nguire 80 km/Sabal 60
km/Mongazi 56 km/Boere 53
1 Nandoungue 5526 08 km/ Mombal 50 km /Tikolo 41
km/ Detoidi 36 km/Nandoungue
40 km
Mborguene 51 km/Tapare 49 km/
Campement 40 km/ Sabongari 39
km/Campement 2 37 km/Adanou
35km/Kpraman 35
2 Gado badzere 8 451 13 km/Campement 3 52 km/ Gado
badzere 32 km/ Gado 26 km/
Barde 24 km /Badan 20 km/
Mbassi 18 km
Gbang 25 km/ koro
27km/Campement 30 km/
3 Bindiba 4066 11 mbonga 21 km/ sorkorta 24
km/Campement 33 km/ tapare 30
km/komboul 34 km/Chantier 35
km
Zaoro boroyangai 16 km/ Gbabio
15 km/ pola 35 km/Zamboï 50
km/captag 15 km/Mbeleminga 14
km/ Yokosire 8 km/mbaza 22
km/Nganko 6 km/illa 12
km/Nangonda 3 km/dole 1
4 Garoua boulaï 45 813 20 14km/
Nanamoya18km/Gbakombo
38km/Campement 22 km/
Gamdu 5 km/dabio 1 km/Dole 2
13 km/
Tiguete 15 km

Total / 63 857 / /
Source : District de Santé de Garoua-Boulaï, 2019

Garoua-boulaï, chef-lieu d’arrondissement abrite l’hôpital de district et un CSI pour une


population de près de 63 857 âmes. Néanmoins on y retrouve des centres de santé privés dont
le plus célèbre est l’hôpital luthérien. Le camp des réfugiés de Gado qui abrite près de 25 319
réfugiés recensés (Sous-préfecture, mars 2019), réfère aussi ses cas à cet hôpital de district. Les
chiffres des villages donnés sont approximatifs car la carte source renseigne seulement sur les
grands villages, en plus les populations de ces villages migrent beaucoup, il se crée chaque fois
des campements au gré de la découverte des filons d'or. Chaque aire de santé abrite un CSI
ayant à sa tête un infirmier. Les distances à parcourir pour avoir accès à un médecin sont
tellement grandes, il y a que quelques villages comme Dabio 1km, Nangonda 3 km, Yokosire
8 km et Nganko 6 km qui répondent à la norme de l’OMS, un centre de santé devrait être dans

 
  
289 
 

un rayon de 5 km par rapport à l’hôpital de référence. Cet arrondissement est frontalier à la


RCA dont suite à la guerre civile, reçoit sur son sol de nombreux réfugiés dont il en résulte un
réel accroissement de la population.

L’hôpital de district de Garoua-Boulaï, en terme de personnel en poste : personnel


fonctionnaire ; 4 médecins (dont 2 étaient en stage lors de l’enquête terrain), 3 pharmaciens, 9
infirmiers, 5 techniciens de laboratoire, 1 sage-femme, 3 aides-soignants. Personnel PBF/FBP
(financement basé sur la performance), c’est un personnel sous contrat, financé par la Banque
Mondiale, il est là pour accroître le service en soins et gestion de qualité ; on note 3 aides-
soignants, 1 technicien de laboratoire, 1 infirmier, 1 communicateur santé et un secrétaire
médical. Le personnel AHA (ONG partenaire de l’État qui sont là pour la prise en charge des
malnutris), nous avons 2 médecins, 5 infirmiers, 2 aides-soignantes (assistante nutritionniste).
Pour un total de 35 personnels soignants soit 6 médecins pour 63 857 habitants.

 
  
290 
 

Exemple 3 : District de Santé de Betare-Oya (Département du Lom-et-Djerem)

Tableau 41 : Situation sanitaire dans le district de santé de Betare-oya


Formation sanitaire Population Distance par rapport Nombre de personnel soignant
totale en 2018 HD et (nombre d’heure
de voyage)

3 médecins, 8 infirmiers, 4 aides-


HD BETARE OYA 7722 0 km soignants, 5 techniciens de
laboratoire
1 infirmier, 1 technicien de
CSI NDOKAYO 17323
15 km (10 min) laboratoire, 4 aides-soignants
1 infirmier, 3 aides-soignants, 1
CSC BETARE OYA 7160
1 km (3 min) technicien de laboratoire
1 infirmier, 1 technicien de
CSC BORONGO 7399
40 km (20 min) laboratoire
1 infirmier, 1 technicien de
CSP COMPASSION 2427
15 km (10min) laboratoire, 1 aide-soignant
AS BETARE OYA 40031 /
CSI BOULI 3582 40 km (1h30min) /
CSI DANG PATOU 7677 100 km (6 heures) /
CSPP KONGOLO 3124 140 km (7 heures) /
AS DANG PATOU 14383 /
350 km (24 heures) 1 infirmier, 1 technicien de
CSI MBITOM 5414
laboratoire
CSI LIGUIM 1124 310 km (24heures) 2 aides-soignants
CSI TETE ELEPHANT 4166 330 km (24heures) 2 aides-soignants
CSC MBITOM 5293 350 km (24heures) 1 infirmier, 2 aides-soignants
AS MBITOM 15997 /
CMA NGOURA 7899 70km (4 heures) 1 médecin, 2 aides-soignants
110 km (5heures) 2 infirmiers, 2 aides-soignants, 1
CSI COLOMINE 10209
technicien de laboratoire
70km (4 heures) 1 aide-soignant, 1 technicien de
CSI DOUMBA BELLO 3276
laboratoire
CSI MALEWA KADEY 3784 65 km (3h30 min) 1 aide-soignant
60 km (3 heures) 1 infirmier, 1 aide-soignant, 1
CSPP WOUMBOU 4503
technicien de laboratoire
AS NGOURA 29671
CSI GUIWA 75 km (1 heure) 2 infirmiers, 2 techniciens de
YANGAMO et CSP 6542 laboratoire, 1 aide-soignant
Prévoyance
50 km (40 min) 2 infirmiers, 3 techniciens, 2
CSI TONGO GANDIMA 10469
aides-soignants
30 km (20 min) 1 infirmier, 2 aides-soignants, 1
CSI GARGA SARALI 9200
technicien de laboratoire
AS TONGO-GANDIMA 26211 / /
TOTAL DISTRICT 126 293 / /
Source : District de Santé de Betare-Oya, 2019

Dans le district de santé de Betare-oya, il y a 4 médecins pour 126 293 habitants, les
distances entre les différents centres de santé et l’hôpital de district est en moyenne entre 30 km
et 350 km pour environ 24 heures de voyage pour y arriver. Il est à noter que toutes les voies
d’accès ne sont pas bitumées, le transport privilégié dans ces zones rurales se fait par
motocyclette ou par camion. le jour des marchés, les frais de transport augmentent (pour aller

 
  
291 
 

du centre de santé privé de Woumbou pour le centre médical d’arrondissement, il faut débourser
en moyenne 5 à 7 000 F CFA pour une personne seule, de ce centre de Woumbou pour l’hôpital
de district de Betare-Oya c’est la même somme (Photo 132)

Njiembokue, avril 2019


Photo 132 : Carte sanitaire du CSPP de Woumbou

Le centre de santé privé protestant est situé à 60 km de l’hôpital de district de Betaré-Oya et à environ
30 km du centre médical d’arrondissement de Ngoura, entouré de près de 6 villages. Dans les bâtiments
vétustes, Il y a trois personnes en postes ; un infirmier, un technicien de laboratoire et un aide-soignant,
les soins administrés sont les soins primaires (bander les plaies bénignes, perfuser les malades,
procéder aux accouchements), les cas graves (photo) sont référés et à la charge des ménages, très peu
acceptent le transfert par manque de moyens financiers. Dans la salle de soins trône une table qui sert
de table d’accouchement, la pharmacie est vide sauf quelques boîtes de comprimés de paracétamol et
des bandages. On note aussi l’absence des réactifs pour le laboratoire.

C’est grâce à la présence des centres de santé communautaires (CSC) et des centres de
santé confessionnels que la population rurale bénéficie des soins de santé. Mais ces centres
ont une capacité de services restreints et sont souvent désœuvrés face à des cas graves (Photo
133)

 
  
292 
 

Njiembokue, mars 2019


Photo 133 : Un nourrisson interné au CSPP de Woumbou

Suite à un accident de moto, ce nourrisson présente un traumatisme crânien évident (A), interné au
CSPP de Woumbou, il ne peut recevoir que des soins mineurs. La maman, une jeune fille de 20 ans n’a
pas les moyens pour une évacuation soit au CMA soit à l’hôpital de district, elle-même ayant un
traumatisme au bras. Et les cas d’accidents pareils, il y en a presque chaque jour, relate le personnel
de santé. Le problème le plus grave est la prise en charge, l’on ne peut lui faire un nettoyage à l’aide
de la Bétadine c’est tout.

Au Centre Médical d’Arrondissement de Diang, bien qu’étant un centre de prise en charge


de la malnutrition (CNAS), on note une absence de personnel dans le pavillon dédié aux
malnutris, l’unique personne qui s’en charge est un relais communautaire formé à la prise des
paramètres anthropométriques et réfère les cas graves à l’hôpital de district de Bertoua. Par
rapport à la norme OMS, qui prescrit pour des soins adéquats, le ratio de 10 médecins pour
5000 à 100 000 habitants, 50 infirmiers pour 100 000 habitants donc 1 infirmier pour 300
habitants, 1 sage-femme pour 300 femmes en âge de procréer et en matières d’infrastructures ;
1 hôpital de référence pour 150 000 habitants, un centre de santé pour 50 000 habitants, un
poste de santé pour 10 000 habitants. Le constat fait est que la situation dans les deux
départements n’a pas évolué de 2016 à 2019, le personnel formé et qualifié est insuffisant, les
structures de santé sont trop éloignés des hôpitaux de références. Ce qui constitue un obstacle
à l’accès aux soins de santé et de vaccinations, de conseils-santé. La présence même du

 
  
293 
 

personnel de santé affecté est problématique car la plupart n’y réside dans les villages
(dépourvus des services sociaux de base) éloignés des centres villes. Lors des enquêtes de
terrain, le CSI de Malewa Kadey était fermé à double tour, parce qu’il n’a pas de personnel.

Les centres de santé de l’Extrême-nord et de l’Est sont des centres de prises en charge de
la malnutrition en principe, à cause des contraintes susmentionnées. L’insuffisance de
personnels formés et les intrants alimentaires dotés par l’Unicef n’y arrivent pas ou peuvent
faire des mois de rupture et la prise en charge des malnutris dans nos zones rurales est
compromise. « Dans la plupart des pays, ce sont les enfants de moins de 5 ans que les carences
nutritionnelles ont les conséquences les plus graves. Selon les estimations, près d’un tiers de
ces enfants souffrent de formes diverses de malnutrition (Nations Unies, 1983). Dans toute
analyse d’un problème d’insécurité alimentaire lié à un problème de nutrition, il est nécessaire
de comprendre et s’appesantir sur les déterminants comme l’alimentation, l’accès aux soins de
santé, l’accès à l’eau potable et les pratiques de soins et ainsi définir les causes de la malnutrition
(ces déterminants sont des conditions fertiles pour les maladies que manifestent les couches les
plus vulnérables comme les enfants). La prévalence de la malnutrition est un indicateur
important de ces déterminants.

III-5- LA PREVALENCE DE LA MALNUTRITION

III-5-1- Concept de malnutrition (TAUX MAG/MAS)

La malnutrition est le résultat d’une carence ou d’un excès en nutriments spécifiques ou


d’un régime alimentaire non varié (non diversification de la diète ou proportion inadéquate
d’aliments selon les tranches d’âge). C’est une notion plus large que celle de l’insécurité
alimentaire car elle inclut, au-delà de ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire, ceux qui
bénéficient d’un accès insuffisant à la nourriture, n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins
spécifiques pour des raisons d’infections diverses, d’habitude alimentaire inadéquat (Azoulay
G. et Dillon J.C., 1993). La Prévalence de la malnutrition mesure la proportion d’enfants mal
nourris âgés de 0 à 59 mois au sein d’une population à un instant T (FSNWG, 2017).

Dans le cas présent, la malnutrition est une pathologie nutritionnelle par carence des
vitamines et des minéraux nécessaires pour le fonctionnement de l’organisme. Par insuffisance
ou par manque l’organisme se nourrit dans les réserves des muscles, commence alors une
détérioration de la santé et de l’aspect physique de l’enfant. Cette maladie est latente ou
dormante, et se déclare un jour où l’enfant est atteint d’une autre maladie. C’est dans cette

 
  
294 
 

logique le Dr Martin Prével (2009) la nomme « la faim cachée » car semblable à un iceberg
dans un cours d’eau prêt à chavirer à tout moment (figure 69).

Face visible qui se manifeste par une émaciation,


perte des cheveux, retard de croissance, regard
hagard, desquamation de la peau, œdèmes, perte
de la vue

Face cachée de la malnutrition qui peut se


manifester lors d’une maladie opportuniste
 
comme la diarrhée, la rougeole…causant des
dommages irréversibles si elle ne se détecte pas
tôt

Figure 70 : « La faim cachée »


La partie invisible est la plus ravageuse, et la plus importante car régit l’état général de
l’enfant. La malnutrition aiguë est cette pathologie silencieuse car elle se découvre trop tard
quand le pronostic vital est engagé. Cet état est conditionné par l’alimentation (repas peu
fréquents, insuffisant en qualité et en quantité), les pratiques de soins (allaitement, sevrage,
problème de distribution intrafamiliale des repas) et d’hygiène médiocre. Dans les zones
d’étude, les enfants arrivent souvent à l’hôpital dans un état de faiblesse avancée, quand les
méthodes traditionnelles n’ont pas marché et l’enfant malgré les soins sont marqués à vie car
les séquelles sont très importantes (retard de croissance, trouble de comportement, crétinisme).

III-5-2- Les types de malnutrition et leurs conséquences

L’OMS, 1982 défini la malnutrition comme un état pathologique résultant de la carence


ou de l’excès d’un ou de plusieurs nutriments essentiels, cliniquement décelable ou non. La
malnutrition (tableau 43) est un déséquilibre nutritionnel, une carence en énergie, protéines et
autres nutriments (FAO, 1992,1996 ; Kanté 2008).

 
  
295 
 

Tableau 42 : Types de malnutrition et leurs symptômes


Causes Types Forme clinique Manifestations Statut
Fonte musculaire extrême, peau sur les os,
Marasme grande vivacité, grande faim, absence
MAM d’œdème et signes cutanés, irritable et
Apport énergétique grognon
insuffisant, pratiques Œdèmes partout sur le corps, décoloration, Réversible
Malnutrition d’allaitement et Kwashiorkor dépigmentation de la peau, des cheveux, peau avec un
aiguë d’alimentation de crocodile, anorexie, apathie, ventre traitement
inadaptées, maladies bedonnant, foie élargi, disparition de la
récentes, risque de graisse sous cutanée, visage de vieillard, air
décès immédiat triste,
Forme /
mixte ;(marasme
et kwashiorkor)

Rétrograde des fonctions vitales,


MAS Forme sévère amaigrissement, débit cardiaque réduite,
perturbations hormonales, risque d’apathie
mentale, perte de la réponse inflammatoire et
immunitaire, le pronostic vital du malnutri
engagé
Alimentation Retard de Défaut de Petite taille physique par rapport à l’âge
Malnutrition inadéquate, hygiène, croissance croissance Quotient intellectuel rétrograde Peut-être
chronique soins insuffisants sur Défaut de Faible poids irréversible
une longue période, IPN croissance au-delà de 24
indicateur de pauvreté, à 36 mois.
vulnérabilité à long
terme
Source : Cours de nutrition ACADEXE, 2018

 
  
296 
 

Dans le cadre de ce travail, elle est surtout liée à un déficit des aliments quantitatifs et
nutritifs, des pratiques de soins infantiles inadaptés.

Ce déséquilibre entre l’apport nutritif et les besoins réels de l’organisme se présente sous
plusieurs formes. Les formes sévères (MAS) sont responsables de la plupart des décès des
enfants parce que l’organisme a perdu sa capacité à se maintenir en équilibre physiologique
interne ce malgré les contraintes extérieures connues sous le nom de l’homéostasie. La
malnutrition chronique si elle n’est vite détectée et traitée peut-être irréparable et l’enfant est
condamné. Ses capacités cognitives diminuées ont un effet négatif sur l’apprentissage ayant
pour conséquences la baisse de la productivité, l’augmentation des coûts de santé, la perte de
capital humain et social ; « lorsque nous sommes malnutris, et à fortiori physiquement,
mentalement et intellectuellement faibles, toutes les conditions de la pauvreté sont réunies et
les capacités de création de richesses entravées » Amouzou E. (2007). L’enfant à l’âge adulte
risque être improductif dans la société car cet état d’insuffisance le conditionne à l’être.

Avec des repas peu fréquents ou pauvres en glucides, l’enfant ne consomme pas assez de
nutriments utiles. Conséquence, il est affecté par une forme très grave de malnutrition qu’est la
kwashiorkor. Il est tout le temps malade, perd ses cheveux, les yeux sont hagards, amaigri il
mange difficilement. En plus il ne fait pas son âge (preuve évidente d’un retard de croissance
physique). L’IPN est une forme de malnutrition qui atteint généralement les nourrissons, la
mère étant malnutrie à la base donne naissance à un enfant malnutri, de faible poids (planche
34).

 
  
297 
 

Planche 34 : Visages de la malnutrition dans le Lom-et-Djerem

B
A

Njiembokùe, septembre 2018 Njiembokùe, septembre 2018


Photo 134 : Enfant de 07 ans atteint de Photo 135 : Nourrisson atteint d’IPN
kwashiorkor

C E
D

Njiembokùe, avril 2019 Njiembokùe, septembre 2018


Photo 136 : Enfants MAM Photo 137 : Enfant MAS

L’enfant (A) est atteint de kwashiorkor De 0 à 6 mois, le nourrisson est plus sensible à la maladie soit
il est né malnutri (B) soit il n’a pas été convenablement nourri au lait maternel. L’enfant (C) est une
jeune enfant en pleine croissance. Or celui-ci n’étant pas convenablement nourri, il est sujet à une
malnutrition modérée avec des symptômes visibles comme la peau sur les os. Parce n’ayant
suffisamment d’aliment donc d’énergie, il tire cette énergie de sa réserve de graisse et de ses muscles
c’est pour cela l’aspect chétif. Par contre l’enfant (D) est gonflé ou bouffi soit à cause des œdèmes soit
à cause du gonflement des graisses. Ces signes peuvent passer inaperçus car on peut croire qu’il est
bien nourri. Dans ce cas la malnutrition est établie par les mesures d’anthropométriques. L’enfant (E)
à moins de 6 mois, présente une fonte musculaire évidente, les yeux tristes et irritable dès qu’on le
touche. L’inexistence ou la perte des cheveux sont aussi des signes visibles de la kwashiorkor.

Les enfants non retenus dans les FOSA sont des malnutris modérés, ils viennent prendre
leurs suppléments alimentaires au CNAS. Ils peuvent être appelés à revenir au bout d’une
semaine, de 10 jours voire plus selon l’évolution du poids et des paramètres anthropométriques.
Lorsque le CNAS reçoit des cas et procède à la consultation pour détecter le niveau ou la phase

 
  
298 
 

de malnutrition de l’enfant, les cas graves avec des complications sont directement référés pour
la prise en charge au CNTI. Le traitement adéquat est administré.

La faim n’est pas seulement sous-nutrition mais aussi malnutrition : carence en vitamines
et sels minéraux, nourriture inappropriée ou peu variée, « on mange toujours la même chose »
Bonnassieux A., (2003)5. Cette malnutrition est partout présente, dans le Mayo-Tsanaga, les
symptômes sont pareilles (planche 35) et les enfants malnutris se comptent. Cette maladie est
comme une maladie dégénérative de l’aspect physique car il subit des modifications
importantes : les visages bouffis ou amaigris, le corps squelettique ou gonflé avec un ventre
bedonnant, les os qui se dessinent à travers la peau etc…

                                                             
5
 Alain Bonnassieux, 2003, intervention 13, In Cafés Géographiques de Toulouse, pp 13.

 
  
299 
 

Planche 35 : Visages de la malnutrition sévère dans le Mayo-Tsanaga

Njiembokùe, août 2018 Njiembokùe, août 2018


Photo 138 : Malnutris sévère combiné d’une Photo 139 : Nourrisson malnutris
infection

Njiembokùe, août 2018 Njiembokùe, août 2018


Photo 140 : Enfant MAS atteint de rachitisme Photo 141 : Enfant malnutris sévère,
présentant les œdèmes +++
L’enfant (A) est atteint d’une malnutrition aiguë sévère qui s’est accélérée par une infection, couché, la
tête porte le poids du corps et affaiblit par la maladie, il bouge à peine. Le nourrisson (B) est atteint
d’une IPN, à cause de la malnutrition évidente de sa mère, il est de faible poids. Un enfant de 07 ans
(C) entre les bras de sa mère elle-même malnutrie, il accuse un retard de croissance, sa peau est
craquelée et fine, amaigri. L’enfant (D) est fiévreux, on note une affection de la peau, dépigmentée
comme une brûlure à l’eau chaude. Il présente les œdèmes sur l’ensemble du corps et pleure tout le
temps. Les micronutriments sont des vitamines et minéraux capitales pour la bonne santé de l’enfant. Si
les aliments consommés manquent ou si l’absorption est insuffisante, elle cause des malformations
congénitales, les déficiences mentales et la mort. Sans ces vitamines, les défenses immunitaires sont
diminuées et vulnérables aux maladies (FAO, 2014). La déshydratation devient une maladie.

 
  
300 
 

Le CNTI reçoit et interne de cas de malnutrition sévère avec des complications médicales
(Photo 142), atteint de rougeole, de paludisme, de pneumonie, de la diarrhée, en bref toutes les
maladies néonatales. Ces enfants souffrent généralement d’une anémie chronique, présentent
des œdèmes nutritionnels ou pas. Leur prise en charge est spéciale dans un centre spécialisé et
un personnel d’appoint.

Njiembokue, avril 2019


Photo 142 : Enfant MAS avec complication médicale au CNTI de Garoua-boulaï
Cet enfant (A) est non seulement malnutri mais présente une complication médicale. Il est anorexique
n’a pas d’appétit et avec une fièvre élevée, le personnel médical est obligé de le nourrir par sonde
nasogastrique (une espèce de petit tuyau) introduit dans les narines qui rejoint l’œsophage par-là passe
le lait directement pour l’estomac. Pour sa prise en charge, il faut d’abord en même temps les
complications et la malnutrition elle-même. Un traitement à base d’antibiothérapie (soit de
l’amoxicilline 2 fois/ jour soit de la gentamycine 1 fois/jour) est administré à l’enfant sur 4 à 5 jours et
suivre l’évolution.

Les enfants MAS hospitalisés sont suivis à la minute sinon la courbe clinique peut
continuer à baisser. Ils sont exposés à l’hypothermie, à la déshydratation et à l’hypoglycémie.
L’hypoglycémie peut résulter du fait que l’enfant malnutri n’a pas mangé pendant 4 à 6 heures
de temps alors il présente une faible température (< 36,5°), de la léthargie, l’apathie et une perte
de conscience. En général, l’enfant malnutri en hypoglycémie ne transpire pas, n’est pas pâle,
la somnolence est le seul signe qui précède la mort (OMS, 2000). Le personnel de santé procède
à la prise des paramètres anthropométriques pour évaluer l’état nutritionnel de l’enfant reçu en
consultation. Cette évaluation permet de voir les affections que subit l’enfant dans sa période
de croissance.

 
  
301 
 

III-5-3- Les indicateurs anthropométriques

Pour arriver à détecter la malnutrition, divers techniques sont utilisées entre autres la prise
des paramètres anthropométriques. Elle se passe au niveau des centres de prise en charge par le
personnel médical ou au niveau communautaire par les relais communautaires formés à la prise
des paramètres. Ce sont des critères mesurables qui reflètent à souhait le changement physique,
physiologique, résultats d’une consommation alimentaire moindre et de maladie. Les mesures
corporelles sont utilisées (anthropométriques) pour surveiller la croissance des enfants, le
changement de la masse corporelle et les examens en laboratoire pour diagnostiquer les
carences en fer, iode et vitamines (FAO, 2007) (planche 36). Chez les enfants de 0 à 59 mois,
les indices qui permettent de classer les niveaux de malnutrition sont le poids pour taille (P/T),
taille pour âge (T/A), poids pour âge (P/A) et le périmètre brachial (PB).

- Poids pour taille illustre une perte ou un gain de poids (malnutrition aiguë). Il se prend
à l’aide une balance mécanique (pèse bébé) ou une balance électronique pour une double pesée
(la mère et l’enfant puis on déduit le poids de l’enfant à partir de celui de la mère). Le CNAS
de Mokolo a enregistré de janvier à décembre 2017, 207 enfants dont 187 enfants avec un indice
de poids pour taille inférieur à -3 ET soit 90,3 % de cas et 20 enfants avec un indice poids pour
taille supérieur à – 3 ET soit 9,6% de cas. Dans la même période, le CNAS de Betare-Oya a
enregistré 140 enfants avec un indice P/T entre – 1 à -3 ET dont 122 cas avec un indice P/T
inférieur à – 3 ET soit 87,2% et 18 cas avec un P/T supérieur ou égale à -1 ET soit 12,8%.
L’indice poids pour taille est un critère très spécifique de la malnutrition aiguë sévère et d’après
les normes ces enfants ont un risque de décès très élevé, nécessitant une prise en charge
nutritionnelle et médicale d’urgence, intensive (OMS, 2009).
- Taille pour âge (malnutrition chronique) pour la croissance linéaire. On utilise une toise
faite de bois et graduée. La taille d’un enfant de moins de 02 ans se fait couché et d’un enfant
de plus de 02 ans se fait debout.
- Le périmètre brachial ou circonférence du milieu du bras (malnutrition aiguë et permet
de voir rapidement les enfants à risque de mortalité). Il se prend à l’aide d’un ruban gradué en
centimètre ou en millimètre, coloré en bande de rouge, orange, jaune et vert permet de voir
rapidement l’état de l’enfant. Durant l’année 2015, le CNAS de Betare-Oya enregistre 233
enfants avec le périmètre brachial compris entre 9,5 mm et 120 mm. 215 enfants ont un PB < à
115 mm soit 92,3% et seul 18 enfants ont un PB > ou = à 115 mm soit un pourcentage de 8%.
Quant au CNAS de Mokolo, de janvier 2017 à décembre 2017 a pris en charge 207 enfants
présentant des périmètres brachials entre 9,5 mm et 125 mm. 175 enfants avec un PB< 115 mm

 
  
302 
 

soit un pourcentage de 84,5 % et 32 enfants avec un PB> 115 mm soit 15,4%. Or selon les
normes OMS pour le périmètre brachial, un enfant ayant un Pb inférieur à 115 mm a un risque
de décès élevé par rapport à celui qui a un PB supérieur à 115 mm.

Planche 36 : Prise des paramètres anthropométriques

A
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 143 : Mesure du périmètre brachial Photo 144 : Mesure de la taille

C D

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 145 : Pesée sur une balance Photo 146 : Vérification des œdèmes
mécanique

Pour prendre le périmètre brachial, il faut dénuder le bras de l’enfant (A), à mi-distance entre l’épaule
et le coude, on marque le juste milieu à l’aide d’un stylo. Puis on place le ruban et serre à la mesure du
bras et on relève le chiffre qui s’affiche à 0,1 cm près. La taille (B) est prise par deux personnes, l’un
maintient la tête de l’enfant et l’autre les deux pieds pour qu’il soit bien aligné sur les mesures de la
toise. Pour la pesée, on stabilise la balance à 0 et on place le bébé dessus (C) et on relève simplement
son poids. Pour vérifier les œdèmes, on exerce une pression pendant quelques secondes (D) et si des
trous appelés gobets apparaissent et restent ce que l’enfant a des œdèmes, signe d’une anémie sévère
due aux complications de la malnutrition ou aux maladies opportunistes comme la pneumonie, le

 
  
303 
 

paludisme. Il faut à tout prix hospitaliser l’enfant or c’est une mesure que les parents de ces zones
refusent généralement.

Le Poids pour âge (IPN ou malnutrition aiguë) est aussi un indicateur qui décrit la masse
corporelle en rapport avec l’âge du bébé. Il peut arriver que l’enfant présente des complications
apparentes, on vérifie la présence des œdèmes sur son corps. L’anthropométrie est la méthode
la plus conseillée par l’OMS et l’UNICEF pour déceler rapidement la malnutrition
proteinoénergetique (MPE) chez les enfants de 0 à 5 ans. C’est grâce à elle que l’on mesure la
prévalence de la malnutrition ou la proportion d’enfants malnutris au sein d’une population à
un instant T (FSNWG, 2017).

III-5-3-Niveau de prévalence générale de la malnutrition

L’état nutritionnel est l’état de croissance d’un individu, habituellement basé sur les
mesures corporelles comparées à celles d’une population de référence (HCR/PAM, 2008). À
l’aide des campagnes de proximité et de transfert dans les CNTI, les enfants sont dépistés
chaque jour (tableau 43). Ce qui favorise à enregistrer le nombre de malnutri, un suivi de la
situation alimentaire et nutritionnelle des ménages et l’ampleur du phénomène.

III-5-3-1- Au niveau des centres de santé

Tableau 43 : Nombre d’admissions des malnutris dans les CNAS/CNTI


CNAS/CNTI de Betare-oya
Statut MAM MAS
nutritionnel
Sexe G F G F
Fév-Déc 2015 56 70 35 36
Jan-Déc 2016 71 88 45 60
Jan-Déc 2017 66 87 53 47
Jan-Sept 2018 53 55 31 35
Total 246 300 164 178
CNAS/CNTI de Mokolo
Statut MAM MAS
nutritionnel
Jan-Déc 2017 95 120 / /
Mars-Août 2018 36 45 247 290
Total 131 165 / /
Source : CNAS/CNTI de Mokolo, Bétaré-oya, enquêtes de terrain 2018

Dans la période de février 2015 à septembre 2018, le CNAS de Betare-oya a dépisté et


enregistré 546 enfants MAM dont 246 garçons et 300 filles. Près de 342 malnutris (MAS) à
cause des complications ont été référés au CNTI dont 164 garçons et 178 filles. Des MAM, le
taux des enfants réfugiés est de 16,84 % alors que le taux des enfants nationaux de 83,15%. En

 
  
304 
 

ce qui concerne les MAS, le taux des enfants réfugiés enregistrés est de 36,54 % et celui des
enfants nationaux 63, 45%. Ce qui démontre que les enfants camerounais sont plus malnutris
que les enfants réfugiés venus de la RCA installés dans les camps et villages. Au CNAS de
Mokolo, 296 MAM sont prises en charge dans la période de janvier 2017 à août 2018. Par
contre, 537 MAS sont enregistrés au CNTI dans la période de mars à août 2018. Le taux des
enfants réfugiés est de 12, 66% et le taux des enfants camerounais à 87,33%. Le registre affiche
également pour cette période, les cas d’abandon (21 cas), de décès (17 cas). La durée
d’hospitalisation d’un MAS est de 03 à 18 jours voir de 30 jours pour les cas compliqués qui
tardent à répondre au traitement. Pour confirmer le fait que les enfants nationaux sont plus
malnutris, les données récoltées proviennent du CNAS de Diang (une zone qui accueille un
faible taux de réfugiés centrafricains et n’est pas une zone prioritaire d’intervention
humanitaire). Dans le période de janvier à août 2018, il a enregistré 42 enfants malnutris dont
19 garçons et 23 filles. Le CNAS de Rhumshiki quant à lui affiche un record de 77 enfants
malnutris (ces deux zones parce ce sont des zones de faible installation des réfugiés). Il est à
noter que ces chiffres donnent juste un aperçu de la situation car les données sur une longue
période n’étaient pas disponible et au camp de Minawao, des humanitaires s’occupent aussi de
la prise en charge des malnutris.

Les problèmes décriés par le personnel de santé surtout de l’Est sont les cas où les enfants
sont conduits trop tard dans les centres de santé, l’organisme affaibli par les infections ou les
cas d’évasion (il suffit que le personnel soit distrait pour que la maman disparaisse avec l’enfant
malade quel que soit le niveau d’évolution de la maladie). Bref, la traçabilité des cas est parfois
compliquée autant dire que le sort des enfants est scellé d’avance. Un autre constat qui se dégage
est le fait que les enfants de sexe féminin sont plus malnutris que les enfants de sexe masculin.
Plusieurs facteurs l’expliquent ; ce sont les zones où le mariage précoce, la sexualité précoce,
les infections utérines dues aux mutilations sexuelles sont très développées donc les mères en
majorité très jeunes, probablement malnutries et donnent naissance aux enfants malnutris. Ceci
est expliqué par le cycle de l’insuffisance pondérale à la naissance (figure 70). L’enfant malnutri
à l’âge adulte fait des enfants malnutris appelé cycle intergénérationnel de la malnutrition.

 
  
305 
 

Problème de croissance
chez l’enfant

Insuffisance
IPN staturale et
Grossesse précoce pondérale chez
l’adolescente

Femme adulte de
petite taille

Source : Schéma du standing committee on Nutrition des Nations Unies

Figure 71 : Cycle intergénérationnel des problèmes de croissance


Les jeunes filles ayant une alimentation insuffisante dont une croissance insuffisante à
cause des séquelles de la malnutrition dont elles étaient victimes à leur naissance, deviennent
des femmes de petite taille, qui à leur tour feront des enfants IPN. Et si ces bébés sont de sexe
féminin, le cycle intergénérationnel risque se perpétuer si rien n’y fait et ces enfants à leur tour
donneront des enfants avec des retards de croissance. Une grossesse précoce chez une
adolescente augmente le risque d’une IPN du bébé à venir et rend difficile l’arrêt du cycle. Nous
évoquons le fait que non seulement la génération présente est malnutrie mais également la
génération future. « Il est plus difficile d’imaginer une plus grande injustice que celle qui prive
l’enfant, dans le ventre de la mère et dès son jeune âge, de la capacité de développer pleinement
ses talents tout au long de sa vie » dixit Anthony Lake, Directeur général UNICEF6. Les causes
résumées (figure 71) expliquent le maintien de la malnutrition au Cameroun qui peine à être
éradiquée.

                                                             
6
 In Rapport Génération Nutrition, 2014, p 10.

 
  
306 
 

Malnutrition de l’enfant

Régime alimentaire Maladie


inadéquat

Accès insuffisant à Services de santé


Pratiques de soins
une nourriture insuffisants, accès
infantiles
abondante, saine et difficile et
inadéquates
nutritive environnement
insalubre

Environnement physique, agricole, politique et culturel défavorable

Inspiré du schéma causal de la sous-nutrition, Génération Nutrition, 2014, annexe 1

Figure 72 : Schéma causal de la malnutrition dans les zones d’études


La figure 71 fait le récapitulatif des causes de la malnutrition dans le Lom-et-Djerem et
le Mayo-Tsanaga. Elle est au centre de plusieurs problématiques notamment l’accès à une
alimentation abondante, saine et nutritive, des pratiques de soins infantiles inadéquates et des
services sociaux de base insuffisants, peu équipés, un faible taux de fréquentation des centres
de santé par les mères et un environnement insalubre favorable aux infections diverses. Cette
malnutrition a des effets pernicieux sur la croissance et le déploiement de l’enfant toute sa vie.

III-5-3-2- Au niveau des régions

Les régions de l’Extrême-Nord et de l’Est font partie des 4 régions prioritaires où les
enquêtes nutritionnelles (SMART, EDS, MIC) sont menées car les plus touchées par la sous-
nutrition (EDS-MICS, 2011). Le but de cet exercice est d’évaluer la sévérité de la malnutrition
en la quantifiant en rapport aux normes internationales. Les chiffres obtenus servent à indiquer
le pic du problème et le degré d’urgence. À l’aide des mesures anthropométriques, les enquêtes
ressortent le taux de prévalence (la proportion de la population située en dessous d’un seuil
donné figure 71, 72,73 et 74). Ils sont énoncés de deux manières ; pour le poids pour taille en

 
  
307 
 

Z-scores (différence entre le poids de l’enfant mesuré et le poids médian de la population de


référence). Si le Z-scores est -2 Z scores c’est un cas de malnutrition modéré, si c’est -3 Z scores
c’est un cas de malnutrition sévère. Le poids pour taille se donne aussi en pourcentage en
rapport à la valeur médiane (poids de l’enfant mesuré en rapport au poids médian de l’enfant
de la population de référence). Selon les normes de l’OMS 2016, une prévalence supérieure de
1% en MAG et de 30 % en malnutrition chronique traduisent une situation d’alerte (SMART
2015).

Extrême-Nord MAS MAM Tendance MAG/EN

16

14
Taux de prévalence (%)

12

10 13,9
12,4
8
9
6 8,2 9,7
8,6
6,3
4 6,4
4,5
2
2,9 2,0 2,2
1,9 1,1 1,8 1,3 1,1 1,4
0
2012 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Année

Source : SMART, 2018

Figure 73 : Taux de prévalence de la malnutrition aiguë à l’Extrême-Nord


Le graphe de la figure 71 nous présente les taux de malnutrition aiguë dans la région de
l’Extrême-Nord depuis 2010 jusqu’en 2018. Dans l’ensemble, on remarque une tendance qui
part de la précarité au seuil d’urgence. La MAM, estimée à 8,2 % en 2010, ce chiffre passe à
12,4% en 2011, puis chute à 6,3% en 2012 et à 8,6% en 2013. En 2014, il est à 9%, subit une
hausse à 13,9% en 2015, une baisse relative à 6,4 en 2016, à 4,5 en 2017 et remonte à 9,7% en
2018. S’agissant de la MAS, il est à 1,9% en 2010, à 2,9% en 2011, à 1,1% en 2012, ensuite à
1,8% en 2013, en hausse à 2,0% en 2014, à 2,2% en 2015, en 2016-2017 baisses respectivement
à 1,3%, 1,1% et à 1,4% en 2018

 
  
308 
 

Extrême-Nord
50
45 44,9 46,1 38,9
40 44,8 40,9
41,3 41,9
Tendance MC (%)

35 39,1 39,8
30 35,7 35,9
32,3
25
20
15
10
5
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Année

Source : Enquêtes SMART, 2018

Figure 74 : Tendance de la malnutrition chronique dans la Région de l’Extrême-Nord


Le graphe 72 présente la tendance de la malnutrition chronique dans la Région de
l’Extrême-Nord. La remarque générale est qu’elle a toujours été sous le seuil d’alerte (30-39%).
En 2013, elle est à 39,1%, à 46,1% (situation d’urgence) en 2014, à 39,8% en 2015, et atteint
son pic à 71,1% en 2016, puis redescend relativement à 40,9% en 2017 et à 35,9% en 2018.

Est MAS MAM Tendance MAG/Est


6

5
Taux de prévalence (%)

3
2,9 4,8
2
3,5 2,4 1,6
3,0
1
0,5 1,1
0,6 0,5 0,8
0 0,0 0,0 0,0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Année

Source : Enquêtes SMART, 2018

Figure 75 : Taux de prévalence de la malnutrition aiguë à l’Est


Le graphique 73 révèle que le taux de prévalence de la malnutrition aiguë à l’Est fluctue
selon l’année des enfants malnutris. La MAM, en 2012 est à 3,5%, à 2,4 en 2013, baisse à 0,5%

 
  
309 
 

en 2015, remonte à 2,9% en 2016, à 4,8% en 2017 et chute à 1,6% en 2018. Pour le cas des
MAS, le taux de prévalence est stagnant à 0,0% en 2012, à 0,6% en 2013, à 0,0% en 2014, puis
à 0,5% en 2015, son pic le plus élevé est atteint à 1,1% en 2016 et retombe à 0,0% en 2017, à
0,8% en 2018.

Est
50
45
42,9
40
Tendance MC (%)

35 39,3 39,2
37,3 37,1 38,4
30 36,0 35,4
34,4
25
20
15
10
5
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Année

Source : Enquêtes SMART, 2018

Figure 76 : Tendance de la malnutrition chronique dans la Région de l’Est


À l’Est, la courbe d’évolution est stagnante également, la tendance de la malnutrition
chronique dans cette zone est de 36,0% (seuil d’alerte) en 2013, à 42,9% (seuil d’urgence) en
2014, puis chute à 37,1% en 2015, légère hausse à 39,2% en 2016, à 38,4% en 2018 et à 34,2%
en 2018.

Ces résultats sont représentatifs des zones d’enquêtes car certaines zones inaccessibles à
cause de l’insécurité, de l’enclavement physique n’ont pas été touchées. Néanmoins, on
soupçonne des situations très graves dans ces zones non atteintes. La variation observée ou la
stagnation du problème s’explique qu’en 2014, commence l’afflux des réfugiés en provenance
des pays frontaliers, le déplacement des populations fuyant les incursions de la secte B.H tout
cela couplé aux conditions de vie précaires. La prise en charge s’est faite progressivement
même si elle peine à résoudre le problème et c’est dramatique qu’en 2019, on parle encore de
ce problème aux conséquences très graves, à longue durée dans la vie des enfants meurtris
(encadré 14).

 
  
310 
 

Encadré 14 : Les maladies de la faim


D’une manière générale, les individus qui souffrent de la faim sont physiquement et mentalement
moins développés que ceux qui mangent suffisamment ; ils résistent mal aux parasites qui prolifèrent
dans les pays pauvres. Leurs enfants ont quinze fois plus de risques de mourir avant l’âge d’un an… ;
les taux de mortalité infantile sont comparables à ceux qui existaient en Europe en 1750. Par suite
de l’éradication de certaines maladies, l’espérance de vie pour les adultes est légèrement supérieure
à celle des européens du XVII e siècle, mais ces adultes ne meurent pas pour les mêmes raisons…dans
le Tiers-Monde70% des individus meurent des maladies infectieuses auxquelles la faim fournit un
terrain favorable. Nous avons tous vu des photographies d’enfants au ventre ballonné ou au corps
desséché. Les premiers souffrent d’une maladie, due à une malnutrition protéique, appelée
« Kwashiorkor », mot ouest africain signifiant « un-deux » car cette maladie peut souvent frapper un
enfant lorsqu’il est brusquement sevré pour laisser la place à son jeune frère. Les autres souffrent de
marasme, maladie due à la fois à un manque de calories et de protéines. La plupart de ces enfants
n’auront ni le temps de mourir ni de l’une ni de l’autre-ils seront emportés bien avant par une gastro-
entérite ou par une maladie comme la rougeole …Si la nourriture d’un individu est toujours la même,
composée de très peu d’aliments dont la quantité est, de plus, insuffisante, celui-ci souffrira presque
toujours d’une carence minérale, vitaminique ou protéique qui aura de graves conséquences sur sa
santé…

Georges S., Comment meurt l’autre moitié du monde, R. Laffont, 1978

CONCLUSION

Le corps de l’être humain a besoin d’être alimenté, bien alimenté en quantité et en qualité
avec des nutriments qui concourent à le maintenir en pleine bonne santé physique. Que ce soit
dans le Mayo-Tsanaga ou le Lom-et-Djerem, la diète est monotone malgré un essai de variété
des mets culinaires. D’un côté le couscous de mil ou maïs et de l’autre le couscous de manioc,
les sauces certes variées mais manquent de nutriments essentiels. La répartition des repas au
sein du ménage est régie par des règles strictes du respect de la hiérarchie familiale mais il n’en
demeure pas moins qu’elle soit un désavantage pour les jeunes enfants. Et même ces repas
subissent des réductions drastiques selon les périodes ou les moyens dont dispose le ménage
surtout dans le Mayo-Tsanaga. Combiné aux mauvaises pratiques de soins infantiles de
l’allaitement jusqu’au sevrage fragilise davantage le nouveau-né. L’insécurité alimentaire va
au-delà de la malnutrition qui n’est qu’une des manifestations, il est aussi tributaire de
l’environnement socio-économique. L’accès aux sources d’eau potable, des pratiques
d’assainissement et des conditions d’habitats précaires, l’accès difficile aux structures de santé

 
  
311 
 

et aux soins de qualité. Toutes ces conditions concourent et contribuent à maintenir davantage
les ménages dans la vulnérabilité et le jeune enfant le manifeste par les modifications
corporelles et la désagrégation des fonctions de l’organisme. Les différents types de
malnutrition y sont manifestes (MAM, MAS, MPE, IPN, retard de croissance) la malnutrition
chronique en 2018 est de 34,2% et à l’Extrême-Nord 35,9% au-delà du seuil d’alerte et
d’urgence fixé par l’OMS. Confirmée par l’évaluation de l’état nutritionnel à l’aide des mesures
anthropométriques, la malnutrition a fait son lit dans les deux départements et les régions. Les
admissions dans les centres de prise en charge sont quotidiennes et parfois les enfants y arrivent
dans un état de santé détérioré, leurs sorts sont scellés soit par un décès soit un retard de
croissance à vie malgré l’apparente guérison. L’état nutritionnel des enfants est le reflet de la
situation alimentaire et de l’état nutritionnel des individus qui composent ladite communauté.
Le sexe précoce et la jeunesse des mères perpétuent le cycle de la malnutrition. Le taux de
prévalence de la malnutrition aiguë permet d’évaluer la gravité de l’insécurité alimentaire d’une
population (ACF, 2009).

 
  
312 
 

CHAPITRE IV : MÉCANISMES INSTITUTIONNELS ET STRATÉGIES


D’ADAPTATION DES MÉNAGES À L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison.
Nous nous enfermons, solitaire, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui
vaille de vivre. Si je cherche dans mes souvenirs, ceux qui m’ont laissé un goût durable,
si je fais le bilan des heures qui ont compté, à coup sûr je retrouve celles que nulle
fortune ne m’eût procurées.

Antoine de St-Exupéry A : Terre des Hommes, 1939


INTRODUCTION

Les ménages des départements du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem sont confrontés à un


regain de mouvement des personnes, de violence au niveau des frontières. En proie aux
conditions climatiques et socio-économiques rudes, ils sont maintenus dans le spectre de
l’insécurité alimentaire. L’urgence est à assurer leur survie alimentaire et physique, ce à quoi
s’attèle le gouvernement et ses partenaires humanitaires au travers des assistances multiformes
sur le terrain. Ce chapitre fait le point sur les acteurs et les actions menées sur le terrain pour
combattre l’insécurité alimentaire. Sa deuxième partie est un ensemble de propositions de
solutions pour un résultat efficace dans la vie des ménages et de la société si la volonté véritable
est de sortir de ce cercle vicieux qui dure depuis longtemps.

IV-1- LES ACTIONS SPÉCIFIQUES DE L’ÉTAT CAMEROUNAIS ET SES


INSTITUTIONS

De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, l’État est le garant de l’intégrité nationale donc s’érige
en acteur incontournable dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au travers de ses
institutions. Terre d’accueil et d’hospitalité, il se doit de redorer son blason d’où la création par
le chef de l’État d’un comité interministériel sous la tutelle du ministère de l’Administration
Territoriale et de la Décentralisation incluant d’autres administrations (Santé, Sécurité
Nationale, Relations Extérieures, Défense…) chargé de la gestion des situations d’urgence
concernant les réfugiés au Cameroun (MINATD, 2014). Les premières mesures ont été
accueillir et installer les réfugiés et les déplacés dans les sites ; camp des réfugiés de Minawao,
camp des réfugiés de Gado-Badzéré et les nombreux sites des déplacés dans la Région de
l’Extrême-Nord.

 
  
313 
 

IV-1-1-Le MINADER

Le décret n° 2004/118 du 15 avril 2005 réorganise le Ministère de l’Agriculture et du


Développement Rural, placé sous l’autorité d’un Ministre et d’un Secrétaire Général. Ce
ministère abrite le PNVRSA (Programme National de Veille et de Vulgarisation de la Sécurité
Alimentaire) en matière de l’élaboration, la mise en œuvre des projets et programme en
agriculture et du développement rural. Le but est d’évaluer les niveaux d’insécurité alimentaire
des ménages et de la production agricole. Pour y arriver des actions concrètes sont menées tout
au long de l’année et pendant les campagnes agricoles car le défi est grand d’assurer la
disponibilité physique des produits alimentaires :

 Appui à la production des semences améliorées ;


 Renforcement des capacités des agriculteurs sur les pratiques culturales ;
 Lutte contre les ennemis des cultures, fléau du vivrier ;
 Désenclavement des pistes agricoles dans les bassins de production ;
 Construction des magasins de stockage, des greniers communautaires dans les marchés,
des centres d’achat ;
 Encadrement, financement des regroupements des agriculteurs (GIC, Coopérative,
associations…) ;
 Relèvement et mise à disposition des données pluviométriques ;
 Relèvement et mise à disposition des prix des denrées alimentaires sur les marchés ;
 Contrôle des produits alimentaires par les brigades phytosanitaires (production locale,
produits en transit, les exportations et les importations) ;
 Suivi et identification des zones à risque d’insécurité alimentaire.

Certaines cultures de base (maïs, manioc, banane-plantain, riz…) sont bénéficiaires des
projets et programmes spécifiques pour les renforcements de la production. Il s’agit notamment
du PADFA, du PNVRA… (tableau 44) :

 
  
314 
 

Tableau 44 : Projets et programmes du MINADER


Projets et Programmes Mayo-Tsanaga Lom-et-Djerem
-2013 : Traitement de 1 016,25 ha de cultures sur 4 071,5 contre les -2014 : Projet d’appui à l’utilisation des engrais dans la filière cacao/café
ennemis des cultures (PAUEF), 600 sacs d’engrais café distribués
-Traitement de 208 ha sur 403 contre les acridiens -Projet d’appui à la protection du verger cacao/café (PVCC), distribution
-Accompagnement de 59 OP dans la production du riz et d'oignon des pesticides à 26 OP (660 sachets de fongicide Kalao ; 24000 sachets
-3 429 ha traités de cultures vivrières, maraîchères, arbres fruitiers contre de Golden Blue ; 2070 litres d’insecticide (Épervier 220 RC)
Programme d’Appui au 26 661 ha infestés -2015 : appui de 13 OP avec 336 sacs d’engrais cacao pour fertiliser
Développement des Filières -Suivi et contrôle des travaux de construction de magasin d’oignon à 67.600 pieds de cacaoyers.
Agricoles (PADFA) Mozogo (2015)
-Mise à disposition aux agriculteurs des pesticides (Herbystar, glycet,
cypercal, colzob…)
- fourniture des semences de Nerica 3 (riz) 0,2 tonnes à Mogodé en 2016

- 2013 : Mise en place des champs semenciers par 25 OP -Octroi des herbicides (Plan top 360 EC) au Gic Kouba pour le
-Appui technique aux 23 SS et AVZ pour la campagne agricole 20 traitement de 08 ha à bertoua, mandjou et de 30 ha à Koumé. 25 ha de
-Appui à la production des semences à la ferme semencière de Koza du riz cacaoyer à Diang et 45 Ha à Koumé
Nerica 3 (60 ha réalisés pour une production de 26 tonnes en 2015) -Mise sur pied des fermes de multiplication pour les activités de :
-Accompagnement de 381 OP dans la mise en œuvre de leurs micro- multiplication des semences, essais agricoles, formations des
projets de production agriculteurs, mécanisation agricole (la multiplication de l’igname
-Mise à disposition de 30 litres de pesticides Diamond Fast 100 SC pour blanche a fait l’objet d’une attention au cours de année 2014 et 30 chefs
la lutte contre les insectes ravageurs (2017) d’exploitations agricoles familiales dont la taille des exploitations est
Programme National de supérieure à 6000 pieds d’igname ont été accompagnés). Encadrement
Vulgarisation Agricole de 16 OP dans la multiplication des semences de maïs, le greffage des
(PNVRA) citrus et la production des plants sains de bananier/plantain par la
méthode PIF.
-Traitement de 1000 ha de plantations à l’aide du fongiforce et du Kalao
pour la lutte contre la pourriture brune
-2016 : Encadrement de 2 800 producteurs soit 900 femmes et 1 900
hommes et le travail porté sur 18 spéculations.
- Octroi de1 760 kg de semence pour la mise en place des champs de riz
par le Projet de Développement de la Riziculture Pluviale de Plateaux
en zone de forêt à Pluviométrie bimodale (PRODERIP) et en 2018, 275
producteurs ont reçu 279 sacs de 5 kg de semence pour la mise en valeur
de 109 655 m2.
-2018 : le Programme National de Structuration et d’Accompagnement
des Producteurs et Vulgarisation Agricole (PROSAPVA) a expérimenté
La mise en place des 17 unités de démonstrations de 500 m² et 03

 
  
315 
 

Projets et Programmes Mayo-Tsanaga Lom-et-Djerem


champs écoles de 2500 m² sur les cultures maïs, haricot, manioc jaune,
blé et riz pluvial

-taux de réalisation de 40% du projet de production par les organisations -2015 : suivi du GIC SAN NGOH avec 100 ha de maïs semence CMS
des producteurs 8704. Ceci a permis d’obtenir des semences améliorées de maïs.
Programme National - 2016 : mise à disposition des semences pour la campagne agricole (16
d’Appui à la filière Maïs 650 tonnes)
(PNAFM) - fourniture des semences (CMS 8501 0, 16 tonnes, de TZEE 2,65 tonnes
à Mogodé)
-Construction des forages à PMH (à Douvar, Djingliya, Gaboua, Panaï en -2014 : réalisation d’un forage à Mborguene (Garoua-Boulaï)
BIP MINADER 2015) -2016 : réalisation des forages dans les villages (Kaïgama, Koumé-goffi,
-2016 : contructioon à 50% des forages à PMH à Marbak (Hina), Kortchi Adinkol, Oyack, Yanda Bobilis)
et Tchanawa, Rhumzou (Mogodé) -réfection des pistes Nola-Mbeth II, Yanda Bobilis- Kano
-Mise en place des conditions de valorisation optimale des ressources en
Programme de terre (43 ha de périmètre irrigués aménagés dans les bas-fonds en 2013
Développement Durable du - 2017 : renforcement des capacités de 6444 producteurs en techniques de /
Bassin du Lac Tchad restauration des sols
(PRODEBALT)
-2013 ; 17 OP financées -2016 : appui de 70 producteurs, chacun a reçu : 01 panier de 20 kg de
Programme d’Appui à la - 2016 ; octroi de semences (10,44 tonnes) et d’engrais (fiente de poule semence de pomme de terre de variété mondiale, 05 kg d’engrais yara
Relance de la Filière Pomme 20,88 tonnes), de "yara milla" 1,3 tonnes et de "yara liva" 0,32 tonnes à mila, 1,5 kg de "yara liva", 02 sacs de fientes de poule.
de terre (PRFPT) Mogodé.

-En 2015 : 17 spéculations sont concernées: tomate, piment, pastèque,


Projet de vulgarisation des légumes, gombo, poivron, carotte, laitue, aubergine, haricot vert,
Bas-fond (PVBF) concombre, gingembre, oignon, maïs de contre saison…(17 descentes
pour une superficie totale de 701,5 ha, pour un rendement de 45,035
tonnes toutes spéculations confondues, 4800 personnes formées dont
855 jeunes, 827 femmes et 2875 Hommes)

Source : MINADER-EN, 2018-2019

 
  
316 
 

En plus de l’assistance aux agriculteurs, Le MINADER procède au recyclage de son


personnel sur le terrain pour un accompagnement plus efficient des agriculteurs. En 2018 dans
le Mayo-Tsanaga, l’accent est mis sur les formations et les modules sont ; la gestion de la
fertilité du sol, l’agriculture biologique, la gestion rationnelle des denrées alimentaires, les
techniques de collecte des données statistiques, les méthodes de calcul du bilan céréalier et la
maitrise de la filière tomate et oignon. En dehors des projets et programmes suscitées, d’autres
comme :

 le Programme National de vulgarisation des Bas-Fonds (PVBF) ;


 le Programme d’Appui à la Protection du Verger Cacao Café (PAPVCC) ;
 le Programme de Développement du Riz Pluvial (PRODERIP) ;
 le Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Familiales
Agropastorale (ACEFA) ;
 le Programme d’appui à la Relance de la Filière Pomme de Terre (PRFPT) ;
 le Projet d’Appui à la Lutte Anticapsides sur le Cacao et sur le Café (PALAF2C) ;
 le Projet d’Appui à l’Utilisation des Engrais sur Filière cacao et Café (PAUEF2C) ;
 le Projet de Lutte Contre les Grands Fléaux des Vivriers Phares (PLGFVP) ;
 le Projet d’Investissement et de Développement des Marchés Agricoles (PIDMA) ;
 le Programme National de Relance à la Filière Plantain (PNRFP) ;
 le Programme National de relance des Palmeraies Villageoise (PNPV) ;
 le Financement des Investissements et Microréalisation Agricole et Communautaire
(FIMAC) sont opérationnels et rattachés aux délégations du MINADER du Lom-et-
Djerem et du Mayo-Tsanaga.

Au travers des Centres d'Éducation et d'Actions Communautaires (CEAC) de Bétare-


oya, de Moundi, de Diang, de Ndokayo, le MINADER du Lom-et-Djerem procède à la
formation communautaire, à la sensibilisation des paysans (tableau 45) sur divers thèmes : la
scolarisation des enfants, de la jeune fille en particulier, l’importance du regroupement des GIC
en coopérative, l’utilité du plan de développement des villages, l’hygiène, la salubrité et
l’amélioration de l’entourage immédiat du ménage. les questions de la santé, la protection de
l’environnement, la réfection et la maintenance des points d’eau, le processus de fabrication de
l’engrais organique, la formation sur les techniques culturales du riz pluvial, les techniques de
culture de la pomme de terre, les techniques d’élimination du cyanure dans le manioc destiné à
la consommation familiale, les techniques d’élevage des poissons, l’importance des protéines
dans l’alimentation et la gestion des revenus des activités génératrices de revenu sont révisitées.

 
  
317 
 

Tableau 45 : Nombre de personnes formées dans les CEAC


Diang Moundi Bétare-oya Ndokayo
2014 530 1130 / /
2015 875 1039 469 529
2016 295 1143 207 /
2017 295 849 207 /
2018 175 / 93 /
Source : DDADER Lom-et-Djerem, 2014-2016

Sur une période de 05 ans, 7 836 personnes sensibilisées et formées, à Bétare-Oya dans
12 villages et à Diang dans 10 villages au moins. En 2014, lors d’une rencontre, le centre de
Moundi a procédé à la distribution des boutures de manioc de variété améliorée (92/0326 ;
92/0057 ; 92/0067 ; 96/1414 ; TME/419) aux producteurs de manioc et à la création de 10
parcelles de démonstration et de production des boutures de manioc de variété améliorée. L’un
des objectifs de ces formations est d’impliquer les populations cibles à l’identification, à la
planification et à la mise en œuvre des actions de développement. Les protéines animales sont
importantes dans l’équilibre alimentaire de l’Homme.

IV-1-2- MINEPIA

Le Ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales à un rôle important dans
la lutte contre l’insécurité alimentaire. C’est un ministère qui a un organigramme propre, mais
plusieurs autres organismes l’accompagnent sur le terrain dans sa lourde tâche : la Société de
Développement et d’Exploitation des Productions Animales (SODEPA), les Caisses de
Développement de l’Élevage et des Pêches, la Mission Spéciale d’Éradication des Glossines
(MSEG), les stations d’élevages, les Centre Nationaux de Formations Zootechniques et
Vétérinaires (CNFZV), le laboratoire National vétérinaire de Bokle et les Organisations
Professionnelles et Paysannes (Moumini B., 2008 ). Les programmes et projets qui relèvent du
MINEPIA et ont des activités sur le terrain pour une production animale efficiente et une
protection sanitaire du bétail sont le :
PRODEL
Sa mission : identification des ménages pauvres et ceux affectées par les conflits comme
potentiels bénéficiaires des dotations.
PCP-ACEFA
Chargé d’encadrer financièrement les micro-projets des OP, le suivi des producteurs en
spéculations spécifiques en production animale (Caprins et Ovins).
PNDP-EN

 
  
318 
 

En 2017, ce programme a financé la construction des forages à énergie solaire pour


l’abreuvement des bêtes à Mogodé et Koza, 02 abattoirs et une mare à bétail à Roua. Il a mis à
disposition d’un broyeur de tiges aux groupements d’éleveurs du Mayo-Tsanaga.
Programme ASGIRAP (Programme d’Appui à la Sécurisation et à la Gestion Intégrée
des Ressources Agropastorales)
Ce programme est chargé de la gestion des ressources agropastorales, du règlement des conflits
agropastoraux et de l’animation des comités villageois de concertation. Il est également chargé
de la formation des producteurs sur les techniques de production de la fumure organique, du
compost et les techniques d’aviculture villageoise.
PRESIBALT (Programme de Réhabilitation et de Renforcement de la Résilience des
Systèmes Socio-Écologiques du Bassin du Lac Tchad)
En 2018, il a identifié des sites d’implantations des mini-laiteries et des coopératives capables
de les faire fonctionner.
PAPE (Projet d’Appui à l’Amélioration de la Productivité de l’Élevage) dans la région
de l’Extrême Nord.
Il intervient dans la lutte contre les glossines en collaboration avec le MSEG, appui à la mise
en place des parcelles fourragères et la distribution des semences aux producteurs et au suivi
du fonctionnement des comités de gestion des marchés à bétail.
CADEPI (Cellule d’Appui au Développement Participatif Intégré)
PRESEC (Projet de Renforcement de la Résilience des Populations des Régions
Septentrionales du Cameroun)
Ce projet mis en œuvre suite au conflit Boko Haram et aux changements climatiques, en 2018
il a identifié les potentiels bénéficiaires des packs petits ruminants et distribué les petits
ruminants aux éleveurs.
Programme d’Amélioration de la Couverture Sanitaire des Cheptels et la lutte contre
les Zoonoses.
Son objectif principal est la protection des cheptels et des consommateurs à travers des activités
de vaccination des bêtes, de surveillance des maladies (rage, grippe aviaire, peste porcine
africaine PPA, peste des petits ruminants, la fièvre aphteuse) (planche 37).
La Santé Publique Vétérinaire avec pour but de mettre à la disposition des
ménages des denrées d’origine animale et halieutique saines et de bonne qualité. De manière
concrète les vétérinaires font des visites d’inspection dans les abattoirs, les aires d’abattage, de
vente pour le contrôle et peuvent saisir la denrée si elle est douteuse et impropre à la

 
  
319 
 

consommation. Ils sont aussi chargés du contrôle de la circulation intérieure et extérieure des
denrées animales et halieutiques.
Programme de Développement de la Pêche, de l’Aquaculture et des Industries
Halieutiques
Son objectif est d’accroître la production halieutique. Ce programme fait l’inspection des
produits halieutiques, la promotion et le suivi des activités de pêche et des produits dérivés de
la pêche.

IV-1-3- MINSANTÉ

La lutte contre la malnutrition, les maladies infantiles opportunistes, l’amélioration des


pratiques en matière de nutrition font partie de la mission de protéger et d’améliorer la santé
publique du Ministère de la Santé Publique. Ce ministère pose des actions en vue d’améliorer
dans l’ensemble la santé d’une population au travers des axes stratégiques :
 la promotion (procédé qui aide ou donne les moyens aux populations d’assurer un
contrôle sur leur propre état de santé et de l’améliorer à l’exemple de l’ANJE, pratique de
sport…).
 la prévention de la maladie (les mesures pour réduire ou éviter la gravité des maladies
comme la prévention de la carence de fer chez la femme enceinte, la vaccination…),
 la Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition (PCIMA), le renforcement du système de
santé et la gouvernance et le pilotage stratégique.
Un enfant malnutri dès l’enfance développe des pathologies à l’âge adulte et le suivre
c’est prévenir pour en amoindrir les séquelles. Donc le rôle de la santé publique est présent tout
au long de l’existence d’une vie humaine. Pour un suivi adéquat sur le terrain, le MINSANTÉ
fait preuve d’une politique d’approche multisectorielle dans le secteur santé, eau et
assainissement, éducation, protection, pratiques de soins infantiles… en plus d’un système de
santé organisé ; les personnels de santé, les informations sanitaires, les produits médicaux
(vaccins, technologies, plateau technique…planche 37), le financement, la direction et la
gouvernance, les prestations de service de santé. Les actions récentes entreprises dans la lutte
contre la malnutrition sont :
- 2007 : Institution d’une semaine d’action de santé et de nutrition maternelle et infantile
- 2008 : Mise en œuvre d’un groupe de travail multisectoriel sur la nutrition
Programme National de Fortification Alimentaire
- 2013 : Adhésion au mouvement SUN (Scaling Up Nutrition)
Élaboration d’un protocole de réduction de la malnutrition au Cameroun

 
  
320 
 

- 2014 : Création d’un comité interministériel de lutte contre la malnutrition dans les
régions à risque (Extrême-Nord, Nord, Est et Adamaoua)
Disposition d’un plan d’action pour promouvoir une alimentation équilibrée
- 2017 : Élaboration d’une politique Nationale d’alimentation et de nutrition qui comprend
09 grands axes.
L’implémentation de ces mesures dans les formations sanitaires passe par les activités de
sensibilisation (la vaccination, les conseils pour un allaitement maternel exclusif pendant six
mois, la prise en charge gratuite des enfants de moins de 05 ans cas de paludisme et de
malnutrition) avec une participation communautaire. Toutes les formations sanitaires (FOSA)
des régions de l’Extrême-Nord et de l’Est sont des centres d’office de Prise en Charge (PEC)
selon les catégories. Les FOSA utilisent les relais communautaires, chargés de sensibiliser, faire
le screening et les cas détectés sont envoyés dans un centre de prise en charge (Centre de
Nutrition Ambulatoire (CNA), Centre de Nutrition Supplémentaire (CNS) le plus proche et le
traitement adéquat administré. En cas de complication médicale, le malnutri est atteint de fièvre,
de diarrhée aiguë, de déshydratation, d’hypoglycémie, de pneumonie, ce qui arrive le plus
souvent dans ces zones (c’est pourquoi la malnutrition aiguë est appelée pathologie silencieuse
car découverte souvent trop tard et l’enfant au bord de l’évanouissement). Ces cas sont référés
dans un hôpital (CNTI) avec un plateau technique bien formé pour ces cas (généralement ce
sont les hôpitaux de district) où les enfants suivent un traitement nutritionnel et un traitement
médical. Le traitement nutritionnel se fait à l’aide des Aliments Thérapeutiques Prêts à
L’Emploi (ATPE) comme le Plumpy Nut, Eezee paste, les biscuits compacts BP 100, du lait
F75 ou F100 et le traitement médical se fait par l’administration des antibiotiques, le traitement
contre le paludisme et la vaccination contre la rougeole.

 
  
321 
 

Planche 37 : Actions menées sur le terrain par les institutions

A
B
L’œil du Sahel, 2018 DREPIA-EN, 2017
Photo 147 : Don d’engrais du MINADER Photo 148 : Identification des vecteurs de
la glossine par les vétérinaires de la MSEG

C D

Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019


Photo 149 : CNA de Rhumshiki Photo 150 : Plaque indicative du CNA de
Mokolo I

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, septembre 2018


Photo 151 : CNTI de Garoua-Boulaï Photo 152 : ATPE
Le MINADER a fait un important don d’engrais (A) à l’endroit des agriculteurs touchés par le conflit
B.H, ceci pour encourager la reprise de la route des champs. Dans le cadre de la lutte contre les
zoonoses, les vétérinaires du MSEG identifie les espèces (B), vecteurs de la trypanosomiase, teste les
insecticides dans le but d’assainir les pâturages infestés. Le CSI de Rhumshiki est un CNA (C), qui
prend en charge les malnutris modérés pour un suivi nutritionnel. La plaque du centre de santé intégré
de Mokolo I (D) est à titre informatif des soins que le CNA offre et surtout de la gratuité des soins.
Mardi est le jour de la consultation et des rendez-vous pour un suivi-conseil. L’hôpital de district de
Garoua-Boulaï est un CNTI (E), qui dispose d’un personnel formé à la PCIMA avec les complications
médicales. Il est aussi l’hôpital de référence de tous les CNA de l’arrondissement. Les ATPE sont des
aliments de traitement pour les malnutris, il s’agit du lait F100, riche en micronutriments et en calories,
il permet au MAS de gagner du poids et du RUTF, une pâte d’arachide enrichie.

 
  
322 
 

IV-1-4- Le MINMIDT

Le Ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique est un


ministère en charge de l’exploitation et de la bonne gestion des ressources naturelles du
Cameroun. Depuis 2018, dans sa nouvelle feuille de route, le Cadre d’Appui et de Promotion
de l’Artisanat Minier (bras opérationnel du MINMIDT) essaye de constituer les artisans miniers
en coopérative pour le développement des activités parallèles comme la pisciculture,
l’agriculture et la bonne gestion de leurs revenus miniers. Le but est d’aider à améliorer les
conditions de vie des artisans. Cependant, les difficultés rencontrées et relevées par le CAPAM
au moment des sensibilisations sur le terrain (l’analphabétisme des paysans miniers,
impossibilité d’identification des miniers (la majorité ne dispose pas d’acte de naissance), le
refus de se mettre en association (ceux qui estiment qu’ils peuvent travailler seuls car disposent
d’une importante main d’œuvre familiale) expliquent la lenteur de la mise en œuvre des
coopératives.

IV-1-5- LES DONS PERSONNELS

Les personnes, les acteurs de la société civile, les associations, les élites, les partis
politiques…ont contribué afin de venir en aide aux populations victimes de Boko Haram, et
aux forces de défense engagées dans la guerre aux différents fronts.

IV-1-5-1- Le chef de l’État

Le chef de l’État a fait des dons en espèce et en nature à l’endroit des populations
touchées. Ses dons estimés à plusieurs milliards de FCFA, se sont inscrits non seulement dans
une situation d’urgence mais aussi dans une situation de relèvement (octroi des engrais aux
agriculteurs (Photo 153).

 
  
323 
 

A
L’œil du Sahel, 2015
Photo 153 : Don du Chef de l’État

Réceptionnés par les services du gouverneur de l’Extrême-Nord, également chargé de faire la


distribution aux populations concernées. Ce don (A) est constitué des denrées alimentaires ; riz, maïs,
de la farine (blé, maïs…). En dehors des déplacés, le Chef de l’État a pensé aussi aux élèves, aux réfugiés
du camp de Minawao, aux agriculteurs (don d’engrais) et aux éleveurs (don d’aliment pour le bétail,
campagne de vaccination spéciale des bêtes...).

IV-1-5-2-Les sociétés et associations privées

- La société anonyme des brasseries du Cameroun avec un important don de 20 000


bouteilles d’eau minérale à l’endroit des forces de défense et des populations sinistrées.
- L’association pour le Développement du Mayo-Tsanaga (ADEMAT-NORD) au chevet
de leur département d’origine avec une somme de 2 millions aux victimes (L’œil du
Sahel n°673, 2015).
- Les associations des femmes chrétiennes, les leaders religieux avec des dons de
vêtements, d’aliments, d’argent et de bœufs.

IV-1-5-3- Les forces de défense

Le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) est engagé doublement dans ce sinistre. Au


front aux prises avec la secte B.H mais aussi au chevet des victimes à travers d’innombrables
dons en denrées alimentaires, en soins de santé. L’éducation n’est pas en reste (photo 154).

 
  
324 
 

L’œil du Sahel, 2015


Photo 154 : Don du BIR
Les dons (A) sont constitués de sacs de farine de blé, de riz, des cartons d’huile, de savon, du sucre et
des palettes de boissons gazeuses, destinés aux populations victimes de B.H. Le BIR s’est aussi illustré
par l’assistance sanitaire des malades, l’octroi des médicaments et soins, la réfection des salles de
classe et leur équipement avec des tables bancs (à l’école de publique de Gadala, octroi de 200 tables
bancs, du matériel didactique pour les enseignants, les fournitures scolaires pour les élèves).

IV-1-5-4- L’Élan de Solidarité Nationale

Meurtri par les exactions et la situation des populations victimes, le peuple camerounais
s’est joint aux élans de cœur pour manifester leurs apports. Des dons en nature (sacs de maïs,
de riz, de mil, de sucre, de l’huile raffinée, des cartons de sardines, des bouteilles d’eau
minérale, des conserves, du lait…), en espèces sont collectés et acheminés à l’Extrême-Nord.
On cite entre autres et à titre d’exemple :

- la Région du Sud (157 millions de FCFA en plus des denrées alimentaires)


- la Région du Nord-Ouest (80 millions de FCFA)
- la Région du Sud-Ouest (plus de 43 millions de F CFA)
- le Département de la Lekié (36 millions de FCFA dont 31 millions en espèces et 5
millions en denrées alimentaires)
- le Département de la Haute Sanaga (20 millions de FCFA en plus des denrées
alimentaires)
- le Département du Nyong et Kellé (21 millions de FCFA)
- les sénateurs (100 millions de F CFA)
- l’association des chefs traditionnels (22 millions 500 FCFA)

 
  
325 
 

- les élites de l’Océan (20 millions de FCFA)


- divers partis politiques (UNDP, RDPC, UPC…) des tonnes de denrées alimentaires
(Cameroun24.net du 01 avril 2015, L’œil du Sahel, n° 673, 701, 2015).

Tout le monde quelle que soit la couche sociale a contribué pour venir en aide aux populations
sujettes à l’insécurité alimentaire. Ce sont des efforts vraiment louables de la part du peuple
camerounais. Viennent en appui dans le cadre de la lutte contre ce fléau, les partenaires
humanitaires déployés et autorisés à exercer sur le territoire.

IV-2- LES INTERVENTIONS HUMANITAIRES

Les personnes touchées par une catastrophe ou un conflit armé ont le droit de vivre dans
la dignité et, par conséquent de recevoir l’aide dont elles ont besoin. Tout ce qui est possible
doit être fait pour alléger la souffrance humaine (Projet Sphère, 2011). C’est la motivation
première des actions humanitaires en appui au gouvernement local. Le schéma classique du
déclenchement et de l’intervention de l’aide est le suivant :

 Le pays touché lance l’appel d’aide ;


 Les sociétés humanitaires sollicitées réagissent et déclenchent le processus d’aide, font une
évaluation rapide de la situation ;
 l’aide alimentaire ou non alimentaire est acheminée le plus tôt et avec une équipe sur le
terrain pour évaluer réellement l’ampleur des besoins réels ;
 Tout est évalué, le nombre des personnes touchées, les voies d’accès, le budget qu’il faut,
les moyens de communication, le couloir humanitaire est établi ;
 Et l’appel aux dons lancé, les pays donateurs activés (ce rôle est joué par le bureau de
coordination des affaires humanitaires des Nations Unies local) ;
 Au fur et à mesure, les mesures sont prises et les dons acheminés aux populations.

De l’Extrême-Nord à l’Est, un foisonnement d’acteurs humanitaires s’est mobilisé au


chevet des populations vulnérables, chacun dans un rôle précis et dans sa zone de confort. Les
domaines d’interventions sont axés autour des points suivants ; l’approvisionnement en eau,
assainissement et promotion de l’hygiène, des abris, habitats et aide non alimentaire, de la
sécurité alimentaire et nutrition et enfin de la santé, des interventions dans le relèvement en
terme d’AGR, les actions de protection de l’environnement et dans le domaine agro-sylvo-
pastoral. Les enquêtes révèlent qu’effectivement, trois groupes d’acteurs se déploient à leur
venir en aide au quotidien (figure 75).

 
  
326 
 

35 45 41,8
30,3
30 40
Pourcentage %

Pourcentage %
35
25
30
20 17,2 25
15 20
10 15
10 5,2 3,9
5 0,9 5
0 0
État et ses ONG Particuliers État et ses ONG Particuliers
institutions institutions

Lom‐et‐Djerem Mayo‐Tsanaga
Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 77 : Acteurs de la lutte contre l’insécurité alimentaire et leurs niveaux


d’implication
L’enquête ménage révèle trois groupes d’acteurs impliqués dans la lutte contre
l’insécurité alimentaire. Dans le Lom-et-Djerem, l’État à travers ses ministères intervient à
hauteur de 17,2% et dans le Mayo-Tsanaga à 5,7 %. Les partenaires humanitaires ou les
Organisations Non Gouvernementales dans le Lom-et-Djerem ont des activités d’aide à hauteur
de 30,3 % dans le Lom-et-Djerem et de 41,8 % dans le Mayo-Tsanaga. Les particuliers sont
surtout des familles d’accueil des déplacés ou des réfugiés. Dans le Lom-et-Djerem, leur
implication est faible et à hauteur de 0,9% et dans le Mayo-Tsanaga à hauteur de 3,9 %.
L’insécurité alimentaire est une préoccupation majeure de la communauté internationale et
nationale. Elle œuvre à travers ses agences pour venir en aide aux populations affectées.

IV-2-1- Les agences des Nations Unies

Les Nations Unies au travers de ses agences travaillent aux côtés de l’État du Cameroun
pour apporter une assistance aux populations sujettes à l’insécurité alimentaire. Les
Organisations Internationales du Système des Nations Unies présents sur le terrain sont le HCR,
OCHA, ONUFEMMES, UNFPA, UNICEF, FAO… (tableau 46).

 
  
327 
 

Tableau 46 : Agences des Nations Unies sur le terrain


UNHCR : Haut-Commissariat des Nations OIM : Organisation Internationale des
Unies pour les Réfugiés* Migrations
OCHA : Bureau des Nations Unies pour la OMS : Organisation Mondiale de la Santé *
Coordination des Affaires Humanitaires
ONU-Femmes : Entité des Nations Unies PAM : Programme Alimentaire Mondial*
pour l’égalité des sexes et l’autonomisation
des femmes*
UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la PNUD : Programme des Nations Unies pour
population* le Développement
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour UNDSS : United Nations Department for
l'enfance * Safety and Security
FAO : Organisation des Nations unies pour ONU-Sida : Programme Commun des
l'alimentation et l'agriculture Nations Unies sur le SIDA
Source : OCHA-CMR, enquêtes sur le terrain, 2018 *celles présentes au sein des camps des réfugiés

La présence des Nations Unies est fructueuse à cause de leur appui multiforme par toutes
ces agences. Les agences fournissent une aide alimentaire et non alimentaire aux réfugiés dans
les camps, aux déplacés internes et aux populations locales vulnérables. Le PAM, la plus grande
agence de lutte contre l’insécurité alimentaire fournit des denrées alimentaires à travers
différentes modalités ;

-le « school feeding » ou repas scolaire ou cantine scolaire : il vise à lutter contre la faim chez
les enfants, les attirer à l’école et les y maintenir. C’est un appui qui aide à la scolarisation du
jeune enfant. Dans le Mayo-Tsanaga, 34 écoles publiques primaires retenues dont 17 231 élèves
(9 664 garçons et 7 567 filles) ont bénéficié en 2018 des repas chauds au cours de l’année
scolaire (DDEB Mayo-Tsanaga, 2018-2019). Le PAM fournit les denrées tels que les céréales
(riz), l’huile, le sel iodé, les légumineuses. Selon le nombre d’élèves par établissement, une
école peut recevoir 1,1 tonnes soit 22 sacs de riz de 50kg, 2 sacs de sel (25kg chacun). L’école
qui reçoit le don s’organise autour d’un comité de gestion chapeauté par le directeur. Les parents
contribuent parfois avec du bois, des arachides, de la tomate, pour la cuisine et à midi les enfants
sont servis.

-la Distribution générale des vivres (DGV) ; le panier disponible pour le mois varie en fonction
de la disponibilité des stocks (planche 38). Le panier est généralement constitué de céréales
(maïs, riz…), de légumineuses, d’huile raffinée, du sel iodée, du CSB+, CSB++ qui est un
aliment enrichi à base de maïs, soja, vitamines et de minéraux. En Octobre 2017, 42 000
individus servis pour un taux de réalisation de 96,65% soit 686.068 tonnes de vivres distribués
au camp de Minawao. En juin 2018, 788.94 tonnes de vivres distribués à 48 700 individus.

 
  
328 
 

Cette DGV vise aussi les Personnes Déplacés Internes et les Populations Locales Vulnérables
(au mois d’octobre 2017, 24 904 DPI et 6 415 PLV ont été servis).

Planche 38 : Aide alimentaire des Nations Unies aux populations touchées

A B

Njiembokue, juin 2018 Njiembokue, juin 2018


Photo 155 : DGV aux PDI de Koza Photo 156 : Denrées pour la DGV

C D

Njiembokue, juin 2018 Njiembokue, juin 2018


Photo 157 : Sel iodé pour les réfugiés Photo 158 : Huile raffinée

F
Njiembokue, juin 2018 Njiembokue, juin 2018
Photo 159 : Sacs de riz pour la DGV Photo 160 : DGV aux PDI de Zamay

Le jour de la DGV, un espace est mis à disposition par les autorités de la localité, le bénéficiaire fait le
tour des points de retrait muni de sa carte de ration pour constituer son panier alimentaire. Le magasin
n°1 (A) donne du riz. Les choix sont multiples et variés (B), riz, farine de blé, huile, sel, sardines, lait,
cubes, tomates en sachet, viande de bœuf. Pendant ce temps, les denrées servies au camp des réfugiés
sont constituées de riz (E), de légumineuses, de sel iodé (C), de CSB+ et d’huile raffinée (D). Les
quantités sont en fonction de la taille de la famille. La liste est affichée avec grand soin à l’entrée des
sites de distribution et le programme de distribution. Les PDI du site de Zamay sont également servis à
l’esplanade de la chefferie (F), eux aussi au travers des cartes de ration reçoivent des denrées.

 
  
329 
 

-les modalités de transfert monétaires (CBT et MCBT) ; c’est une sorte d’assistance directe par
les transferts monétaires. Le bénéficiaire reçoit chaque mois un montant dans sa puce GSM et
se rend dans un commerce habilité par le PAM et se procure des vivres. Ici le bénéficiaire a
l’opportunité de faire ses choix sur une liste préétablie de vivres disponibles (30 830
bénéficiaires pour un montant de 406 895 775 FCFA distribués sur trois sites). Les modalités
sont opérationnelles pour les déplacés à l’Extrême-Nord et pour les réfugiés à l’Est. Les
transferts monétaires ont l’avantage d’aider au relèvement précoce (reconstruction de l’habitat
et d’une activité génératrice de revenu), nécessitent moins de logistique pour le transfert de
l’agence au bénéficiaire juste un réseau de téléphonie et la présence des institutions financières.
Ils respectent la dignité humaine des bénéficiaires et boostent l’économie locale (marchés
accessibles aux bénéficiaires, les commerçants sollicités et disposés à vendre).

-la nutrition ; dans le cadre de son programme de prévention de la malnutrition, le PAM a


distribué 295 506 tonnes de super céréales (cible les enfants de 06 à 59 mois) à 20 378 enfants
bénéficiaires dans le Mayo-Tsanaga. L’UNICEF est le premier pourvoyeur des intrants
thérapeutiques (ATPE) contre la malnutrition des enfants. De l’Est à l’Extrême-Nord, les FOSA
ont bénéficié des équipements, du recyclage du personnel de santé en PCIMA, de la formation
des relais communautaires (en 2014 ; 34 754 cartons d’ATPE distribués dont 405 cartons de F
75 et 410 cartons de laits thérapeutiques, 40 000 flacons d’amoxicilline pour le traitement des
MAS, 200 toises et 200 balances électroniques partagés dans les CNAS et les CNTI. 250 enfants
du camp de Minawao prises en charge).

L’UNICEF appuie aussi les systèmes de surveillance nutritionnelle du Cameroun, veille


à la supplémentation en vitamines A, en fer, sel iodé, le traitement de la diarrhée chez les enfants
à l’aide du SRO et du zinc, met à disposition des vermifuges pour le traitement des vers
intestinaux, partage des moustiquaires imprégnés. Elle contribue aussi au vaste programme de
vaccination des enfants. L’OMS soutient l’UNHCR à hauteur de 30% des frais médicaux et
sanitaires des réfugiés du Cameroun et forme le personnel de santé en matière de nutrition.
L’UNHCR, l’agence mère des réfugiés est le gestionnaire de tous les camps des réfugiés sur le
sol camerounais. Elle intervient dans la protection de l’enfance, du genre, de la sécurité
alimentaire, de l’assainissement dans les camps, de la santé, dans la nutrition, dans l’éducation
(planche 39), dans la protection de l’environnement et de l’habitat standard ou adéquat. Bref
c’est l’une des agences des Nations Unies multitâche.

 
  
330 
 

-la modalité Food For Asset (FFA) ; l’assistance contre travail est à l’endroit des populations
locales vulnérables suite aux catastrophes naturelles ou victimes de la dévastation des champs
par les éléphants et les bœufs.

Planche 39 : Aide non alimentaire des Nations Unies aux populations touchées

A B
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 161 : Salle de classe construit par le Photo 162 : Forage construit par le HCR
HCR

D
C

Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, avril 2019


Photo 163 : Salle de classe construit par Photo 164 : École publique de Gado
UNICEF

L’UNHCR à travers ses actions de soutien aux réfugiés et à la population finance et construit des
infrastructures. Un bâtiment composé de plusieurs salles de classe construit à l’école publique de Gado
(A) et un forage (B) au sein du camp de Gado. L’UNICEF également a construit un bâtiment de deux
salles de classe à Woumbou et une école publique primaire au sein du camp de Gado (D).

Toutes ces agences des N.U travaillent en collaboration avec d’autres agences humanitaires
internationales présentes dans la zone d’intervention. Elles financent et sous-traitent des
contrats aux agences nationales.

 
  
331 
 

IV-2-2- Les ONG internationales

Celles citées (tableau 47) sont actives et leurs réalisations perceptibles dans l’amélioration
du quotidien des ménages. Nombreuses aussi sont les agences qui au moment de l’enquête
étaient déjà parties, elles ont participé au moment de l’urgence (MSF, CRF…).

Tableau 47 : ONG international dans les zones d’interventions


ADRA : Adventist Development and Relief ACF : Action Contre la Faim*
Agency*
AHA : Africa Humanitarian Action* ADES : Association pour le Développement
Économique et Social*
AIRD : African Initiative for Relief & CARE : Care International*
Development*
CRS : Catholic Relief Services* COHEB: Community Health and Emergency
Board
IEDA Relief : International Emergency and CODAS-CARITAS : Comité Diocésain des
Development Aid Relief Activités Sociales - Caritas
IMC : International Medical Corps* IRC : International Rescue Committee
InterSOS (INTERSOS) LWF : Lutheran World Federation*
JRS : Jesuit Refugee Service* MSF : Médecins Sans Frontières Suisse
PLAN Int : Plan Internaltional* NRC : Norwegian Refugee Council
PUI : Première Urgence Internationale* SI : Solidarités International*
SOS : SOS Village d'Enfants ALIMA : The Alliance for International
Medical Alliance
CIRC : Comité International de la Croix- CRF : Croix-Rouge Française *
Rouge*
CRC : Croix-Rouge Camerounaise* COOPI : Coopération Internationale
FLM : Fédération Luthérienne Mondiale*
Source : OCHA-CMR, enquêtes sur le terrain, 2018 *agences présentes dans le Lom-et-Djerem

Aux côtés des agences des N.U, ces ONG se déploient au quotidien pour venir en aide
aux populations touchées par les violences de B.H et les tueries de la RCA. Ils viennent en
appui actuellement dans le processus de relèvement. Elles sont davantage dans la formation,
l’octroi des semences pour la remise des semis, des petits ruminants aux éleveurs, distribution
du transfert monétaire, construction des points d’eaux, des latrines améliorées dans les villages
hôtes. IMC a repris le centre de santé de MSF au camp de Minawao, ALIMA a construit une
extension au CNTI de Mokolo et s’occupe de la prise en charge des MAS avec complication,
SI œuvre dans la distribution des semences vivrières (maïs, sorgho, niébé, arachides), 360
hectares mises à la disposition des bénéficiaires de Koza (juin 2018) et à Gado, construit des
toilettes et latrines améliorées à Mokolo, Soulédé, Gado. CRS opère aussi dans la distribution
des semences et le suivi des bénéficiaires (près de 800 ménages touchés à Mozogo, Moskota,
Koza…planche 40).

 
  
332 
 

AHA sous le financement de l’UNHCR, a construit une extension de bâtiment à l’hôpital


de district de Garoua-Boulaï et prend en charge les MAS avec complications. LWF se charge
de la sensibilisation autour de la protection de l’environnement, forme les réfugiés à la
fabrication du charbon écologique, des foyers améliorés, de la fabrication des bijoux en perle
(réfugiés de Gado), du reboisement dans les sites d’installation des réfugiés. PUI est le camp
management de Gado, qui intervient également dans la construction des abris. ADES à Gado
œuvre dans l’assainissement, construit des latrines, sensibilise sur les pratiques d’hygiène et les
dangers de la défécation à l’air libre. CICR, CRC s’impliquent dans la prise en charge des
malnutris. Plan Int., s’occupe de la gestion de la DGV des DPI sur certains sites, PC également
et aussi au camp de Minawao. Au camp de Minawao, Plan International œuvre pour un vaste
programme de formation des réfugiés aux petits métiers comme la couture… (planche 41).

 
  
333 
 

Planche 40 : Quelques réalisations des ONG internationales dans le Mayo-Tsanaga

A B
Njiembokue, août 2018 Njiembokue, juin 2018
Photo 165 : Centre préscolaire construit Photo 166 : Charbon écologique
par Plan Int.

D
C

Njiembokue, août 2018 Njiembokue, août 2018


Photo 167 : Latrines construites par Photo 168 : Forage construit par PUI et
CICR IRC

Dans le cadre du projet d’assistance aux enfants nigérians et des communautés hôtes en situation de
crise, Plan Int, a construit un centre préscolaire (A) à Zamay pour scolariser les enfants et ainsi
participer à leur éducation. À l’arrivée des réfugiés à Minawao, ils pouvaient parcourir 12 km pour
aller chercher du bois de chauffe et de cuisson. Sur ce trajet, les femmes étaient exposées aux violences
de genre en plus de la pression exercée sur les ressources disponibles. C’est pour résoudre un certain
nombre de ces problèmes, que LWF a entrepris de former les femmes à la fabrication du charbon
écologique (B) à base des déchets ménagers (exposés ici lors de la journée mondiale de
l’environnement), des foyers améliorés à base de la terre cuite. L’ONG a aussi construit au sein du
camp de Minawao un centre de formation de fabrication des briquettes en terre pour la construction
des habitats écologiques. Il a fallu de toute urgence accroitre le nombre de points d’eau dans les villages
du Mayo-Tsanaga, surtout ceux qui recevaient des charges importantes de populations réfugiées et
déplacées comme Zamay. C’est dans ce but que PUI et IRC ont construit des forages à PMH (D) et
ainsi amélioré l’accès à l’eau potable. La CICR a aussi construit des latrines améliorées à ventilation
(C) dans le camp des déplacés de Zamay. La cabine et le toit faits à base de tôles. À Rhumshiki, IMC a
procédé à la réhabilitation des forages fermés depuis longtemps ou en panne, le forage à PMH est en
contrebas du CSI de Rumshiki donc dessert les patients et les ménages environnants. Dans
l’arrondissement de Souledé-Roua, SI a entrepris la construction des latrines dans les établissements
primaires, lors des enquêtes de terrain en mars 2019, les travaux étaient au niveau des fosses à l’école
publique primaire de Dzah-Koudet (Soulédé). Il faut noter que jusqu’à ce jour l’école ne disposait ni
de toilette, ni d’un point d’eau.

 
  
334 
 

Planche 41 : Quelques réalisations des ONG internationales dans le Lom-et-Djerem

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 169 : Latrines construites par SI Photo 170 : Jeunes formés à la couture

Njiembokue, avril 2019


Photo 171 : Forage construit par SI

SI a construit des latrines sèches (A) au sein du camp des réfugiés de Gado-Badzere. La structure est
une toilette améliorée qui permet à suffisance une séparation physique et visuelle des excrétas humains
avec les utilisateurs, la dalle est faite en ciment, elle est donc lavable. Ces latrines sont dotées des tuyaux
de ventilation pour éviter les odeurs, la cabine et le toit faits avec des produits locaux (nattes de fibres
tissées et toit de paille). Les jeunes volontaires du village de Gado sont formés aux AGR, ils sont envoyés
à Bertoua pour une formation de 06 mois environ et de retour au village, l’ONG finance également
l’ouverture de l’atelier et l’achat des machines(B). Ceci permet aux jeunes de s’auto prendre en charge
et améliore considérablement leur bien-être (le jeune garçon à droite de la photo prétend s’être marié
après son installation en tant que couturier du village). Sous le financement des agences des Nations
Unies, les agences internationales obtiennent des contrats et réalisent les projets au sein des villages.
Ce forage (C) au village de Gado a été financé par l’UNHCR et réalisé par SI.

Les agences comme IMC, ALIMA, AHA, CRF sont très impliquées aussi dans la lutte
contre la malnutrition infantile et maternelle. En dehors de la prise en charge des malnutris dans
les CNAS, CNTI, elles mènent aussi à l’aide des relais communautaires des campagnes de
sensibilisation, de suivi à domicile, sur la bonne pratique de l’hygiène alimentaire et de nutrition
(planche 42).

 
  
335 
 

Planche 42 : Démonstration culinaire aux femmes réfugiées de Minawao

A C
Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, juillet 2018
Photo 172 : Ingrédients pour la sauce Photo 173 : Étape de cuisson de la sauce

E
D
Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, juillet 2018
Photo 174 : Étape de cuisson du riz Photo 175 : Cuisson au feu de bois

G
F

Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, juillet 2018


Photo 176 : Séance de sensibilisation Photo 177 : Support de cours
Le menu de la démonstration de ce jour ; riz à la sauce tomate viande et couscous à la sauce gombo
avec de la pâte d’arachide. Pour la confection de la sauce tomate les ingrédients sont : la viande
préalablement bouillie (A), les condiments (gingembre, ail) écrasés, de la tomate fraîche découpée et
du basilic, poireau (B). Les étapes de cuisson de la sauce, après l’huile on introduit d’abord la tomate
à frire (C), les condiments et l’oignon dans une marmite propre posé sur un feu de bois ou de charbon
(E). Pour la cuisson du riz, il est recommandé de laver le riz avec une eau propre plus d’une fois avant
de l’adjoindre à l’eau bouillante (D) dans une marmite. La tomate en train de mijoter et le riz également
le tout dans des marmites hermétiquement fermés et sous surveillance de la femme. Pendant ce moment,
le relais communautaire d’IMC passe à la sensibilisation (F) sur le bien-fondé d’apprendre davantage
de recettes culinaires pour varier l’alimentation du ménage et à l’aide du support (G).

 
  
336 
 

Le relais communautaire détaille les bonnes pratiques alimentaires et d’hygiène sur les
sujets ; la nutrition de la mère et l’enfant, l’importance de l’allaitement maternel exclusif
pendant 06 mois, l’alimentation de supplément à partir de 06 mois, 12 mois. Il met l’accent sur
la connaissance des groupes d’aliments, les pratiques d’hygiène (laver les fruits avant de
consommer, se laver les mains avec du savon après les toilettes, avant de nourrir l’enfant). Il
précise la nécessité de la répartition intrafamiliale du repas avec un moment privilégié pour le
jeune enfant, la nutrition de la femme enceinte et allaitante, l’utilisation de l’huile et du sel iodé
en cuisine... Dans les CNAS aussi, sont organisés des séances de démonstration de la cuisson
des bouillies enrichies à base des produits locaux disponibles.

IV-2-3- Les ONG nationales

Les ONG nationales (tableau 48) sont nombreuses à exercer sur le terrain dans les régions en
crise.

 Elles sont plus proches des populations car parfois les employés sont issus des
communautés. Ce fait permet de briser les barrières de langue, de complexe social.
 Il permet aussi une franche collaboration des ONG avec les populations, en plus d’avoir
l’accès facile dans les zones à risque.

Tableau 48 : ONG nationales sur le terrain


APA : Action pour la Paix, l'Aide et le ALDEPA : Action Local pour Le Développement
Développement-Caritas Participatif et Autogéré
ACDEV : Action pour le Développement ACEEN : Association Camerounaise pour l’Éducation
Environnementale
ASAD : Association d'Assistance au Développement* CARPA : Centre d’Appui à la Recherche et au
Pastoralisme
COPRESSA : Centre Optionnel pour la Promotion et ALVF : Association de Lutte contre les Violences
la Régénération Économique et Sociale Secteur Faites aux Femmes
Afrique
AAEDC : Association des Animateurs et Encadreurs CADEPI : Cellule d’Appui au Développement
pour le Développement Communautaire Participatif et Intégré
SAHELI : SAHELI Cameroun PC : Public Concern
SYDEL : Synergie pour le Développement Local JAPSSO : Jeunesse Active pour la lutte contre la
Pauvreté les VIH SIDA et Ses Souffrances
ACODED : Association Action Concertée pour le CAPROD : Centre d’Appui à l’auto Promotion pour le
Développement Durable Développement Durable
ACDC : Association Camerounaise pour le AD : DEMTOU Association
Développement Local
RESPECT : Respect Cameroon AJDEC : Association des Jeunes Dynamiques pour
l’Émergence du Cameroun
PC : Préoccupation Publique SAILD : Service d’Appui aux Initiatives Locales de
Développement
AFIIRD : Association pour la Formation l’Intégration APPIC/COSC.CRT : Initiative de Paix Positive
et l’Insertion des Réfugiés et des Déplacés Africaine pour le Cameroun
Source : OCHA-CMR, UNHCR, enquêtes de terrain, 2018 * présent dans le Lom-et-Djerem

 
  
337 
 

Elles sont des partenaires de mise en œuvre sur le terrain des projets et programme
d’urgence et de résilience (assistance par transfert monétaire, DGV, évaluation des besoins,
protection de l’environnement, formation AGR, sensibilisation des populations sur les dangers,
construction des infrastructures de base, assistance agro-pastorale…) à l’endroit des
populations pauvres et affectées par les conflits. Les agences nationales obtiennent auprès des
agences des Nations Unies et des agences internationales des financements pour la réalisation
de certains infrastructures (à l’exemple de la construction des hangars dans les marchés, Photo
178).

Njiembokue, août 2018


Photo 178 : Hangar construit par ALVF

Dans le cadre du projet « lutte contre l’Extrémisme dans la région de l’Extrême-Nord », l’ALVF a
construit deux grands hangars au marché de Zamay dans l’arrondissement de Mokolo. En matériau
définitif, le hangar dispose des comptoirs personnels, rangés en ligne de telle manière à faciliter le
déplacement entre les étals des commerçants. Un projet rentable dans le cadre de l’amélioration des
infrastructures marchandes et de l’accès aux denrées couverts de qualité.

IV-2-4- Les bailleurs de fonds, les organisations privées et gouvernementales

Les fonds mobilisés pour l’assistance et la réalisation des projets et programmes


d’amélioration du bien-être des populations vulnérables proviennent des bailleurs de fonds
(Planche 43) partout dans le monde. Il y a des États, des indépendants, des organismes (U.E,
B.M…), des privées (Fondation Bill et Amanda’s Gates, Michele Ferrero…) et des programmes
et agences gouvernementales (PNDP, ACEFA, EDC…)

 
  
338 
 

Planche 43 : Quelques réalisations des bailleurs de fonds et des organismes divers

B
A
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 179 : Donateurs Photo 180 : Cameroun-Banque Mondiale

Njiembokue, août 2018 Njiembokue, avril 2019


Photo 181 : Cameroun-Banque Mondiale Photo 182 : Don USA-IRD

E
F

Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019


Photo 183 : Projet Michele Ferrero Photo 184 : Forage réalisé par EDC
C’est grâce aux dons des pays et organismes suivants ; les USA, le Royaume Uni, le Japon, ECHO,
CERF, le Danemark , la France, la Suisse, la Russie, l’Allemagne, le Canada, la BAD, KOICA, la Chine
avec les dons de céréales également, que les camps des réfugiés (A) sont mis en place et la prise en
charge par l’UNHCR possible sur le territoire. Les financements des donateurs sont destinés aux
projets à travers certains ministères (MINEE, MINEPIA…) comme le démontre la plaque inaugurale
ou symbolique de la réalisation d’un PMH (B) dans le village Gouria, et la réalisation des latrines au
sein des ménages du village Kossehone, fruit du financement de la Banque Mondiale(C). À l’Est aussi
leurs dotations sont remarquées, la construction des toilettes améliorées à l’école publique de Gado
avec le concours de l’IRD et des USA(D). En 2016, la fondation Ferrero dans son souci d’améliorer la
qualité de l’offre d’éducation des enfants réfugiés et hôtes a construit au sein de l’école publique de
Gado, quatre salles de classes dans le cadre du projet entrepreneurial Michelle-Ferrero (E).
L’entreprise publique EDC qui opère dans le secteur de l’énergie électrique au Cameroun réalise des
forages (F) dans les villages de l’Est surtout ceux dans sa zone d’action c’est-à-dire autour du projet
Lom pangar. Ces projets effectifs dans le village visent l’amélioration des conditions de vie des
populations.

 
  
339 
 

La République française à travers son ministère des affaires étrangères a financé la


construction de la clôture autour du château d’eau au camp de Gado, ceci permet de sécuriser
le site afin de fournir l’eau potable en temps réel aux réfugiés. Des associations indépendantes
et de confessions religieuses à travers leurs œuvres de bienfaisance ont construit des PMH dans
la ville frontalière de Garoua-Boulaï, à l’exemple de l’association Hayah du projet « Sadaqa
Jarijah ». La présence des humanitaires est remarquable dans les zones d’accès facile, leurs
activités sont concentrées dans les zones périurbaines ou zones prioritaires d’interventions
(figure 76 et 77).

 
  
340 
 

Figure 78 : Cartographie des acteurs dans les zones d’interventions dans le Mayo-
Tsanaga
Lesureaux des ONG des Nations Unies et internationales sont dans la ville de Maroua.
C’est de là qu’ils font des descentes selon le calendrier de leurs activités dans le Mayo-
Tsanaga. La zone prioritaire d’intervention est par ordre d’importance Mokolo (où se trouvent
le camp des réfugiés et le camp des PDI à Zamay plus précisément), dans le Mayo-Moskota
(qui a connu le plus grand nombre d’attaque donc de nombreux PDI), Koza (où sont

 
  
341 
 

également installés les PDI) et Soulédé-Roua où sont menés des projets de filets sociaux pour
les PLV.

Figure 79 : Cartographie des acteurs dans les zones d’interventions dans le Lom-et-
Djerem

Dans le Lom-et-Djerem, la base des partenaires humanitaires est dans la ville de Bertoua
avec des bureaux à Garoua-Boulaï. La zone prioritaire d’intervention est Garoua-Boulaï (où se

 
  
342 
 

trouve le camp des réfugiés à Gado et les villages jouxtant le camp) et Betare-Oya (où sont
installés les réfugiés hors camp).

Mais l’aide est concentrique dans les espaces d’accès facile. C’est pour vérifier cette
affirmation que les enquêtes se sont beaucoup plus déroulées dans les zones rurales difficiles
d’accès. Il est peu probable pour ces localités de recevoir des aides. D’autant plus que les
ménages assistés en milieu périurbains ne vont pas vivre l’insécurité alimentaire avec la même
ampleur que ceux des milieux ruraux. Elle s’est avérée fondée car dans le Lom-et-Djerem ; 33,1
% des ménages enquêtés affirment qu’ils n’ont pas reçu d’assistance contre 15,4% qui se sont
fait aider. Dans le Mayo-Tsanaga, le même constat se dégage, 34,1 % des ménages n’ont pas
reçu d’assistance contre 17,4% qui en ont reçu. Les agences humanitaires sont très peu présentes
dans la partie Est par rapport à l’Extrême-Nord. Au moment des enquêtes de terrain en 2018,
d’autres ONG n’y étaient plus (IRD et IEDA partis en 2015, CARE et ONUFEMME en 2016,
CRS en 2017, PUI et PLAN Int. en 2019). À cette période, la ration alimentaire des hôtes et des
réfugiés hors camp était réduite de 55% (UNHCR, 2016) et nombreux sortis du programme
d’assistance seuls les plus vulnérables bénéficiaient temporairement encore de l’aide. La raison
émise est le manque de ressources financières dû au retrait de certains donateurs. Pourtant le
problème demeure car la vulnérabilité au fil du temps s’accentue avec la réduction des
ressources or le principe de base est d'atteindre au juste moment ceux qui en ont le plus besoin
de manière à avoir des effets durables tout en apportant une aide à court terme (Jacques Diouf
en 1990, cité par FAO en 1996)7ou d’assurer une sécurité alimentaire durable. Les populations
font recours à de difficiles stratégies d’adaptations.

IV-3- LES STRATÉGIES D’ADAPTATION DES MÉNAGES

Les psychologues définissent la stratégie d’adaptation comme l’ensemble des réponses


physiques, psychiques d’un individu soumis à des circonstances stressantes. Il s’agit de prendre
des mesures pour faire face activement aux évènements de la vie, à modérer l’impact que peut
avoir un problème, un phénomène, une situation sur son fonctionnement habituel. Le
dictionnaire de biologie du portail aquatique (2010), dans un contexte sociologique le définit
comme une stratégie issue d’une séquence de réponses à une situation de crise. Sanoussi Y.,
(2012), l’assimile aux stratégies de survie, qui regroupent l’ensemble des démarches adoptées

                                                             
7
 Sorel Waadi Vissoh H., 2010, Aide alimentaire au Bénin : enjeux et perspectives sur la production céréalière, 
Maîtrise, Université d’Abomey‐Calavi, Bénin.  

 
  
343 
 

par les ménages pour faire face à une insécurité alimentaire. Ces stratégies pour le PAM, (2009),
désignent la façon dont les ménages utilisent et combinent leurs avoirs pour se procurer des
aliments, un revenu, d’autres biens et services dans le contexte où ils vivent.

Pour surmonter une situation d’insécurité alimentaire et espérer améliorer leur état
nutritionnel, les ménages disposent d’une capacité de résistance. Cette capacité peut dépendre
des ressources, des connaissances, de l’utilisation de ses ressources. Les ménages du Mayo-
Tsanaga et du Lom-et- Djerem sujets à des problèmes d’insécurité transfrontalière, de la
pression démographique sur la population locale et sur les ressources existantes, perdent leur
capacité de résistance. Pour la Croix Rouge et le Croissant Rouge (2005), les moyens de
subsistance sont les activités qui assurent l’existence. Dans le contexte de la sécurité
alimentaire, cela englobe les personnes, leurs capacités, leurs biens, leurs revenus et les activités
requises pour subsister, y compris les moyens d’obtenir la nourriture. Les stratégies
d’adaptations peuvent comporter des risques susceptibles d’accroître la vulnérabilité des
moyens de survie.
Dans le cadre de cette thèse, quatre types de ménages ont été enquêtés ; ménage réfugié
vivant dans un camp, ménage déplacé d’un village à un autre, ménage réfugié hors camp et
ménage hôte donc du village d’accueil. Leurs points communs retenus : en raison des
contraintes physiques, les déplacés ont perdu leurs biens dans la majorité et arrivent dans les
villages d’accueil démunis de tout. Les ménages des villages d’accueil eux vivent déjà dans des
conditions précaires. Ils sont pauvres dans la majorité avec des ressources limitées ou
inexploitées et exercent des activités avec des revenus aléatoires. En conséquence, tous ces
ménages se sont fait assister à un moment ou un autre via des transferts monétaires ou des
assistances alimentaires.

 
  
344 
 

IV-3-1-L’aide auprès des ménages

IV-3-1-1-La nature des aides reçues par les ménages

En vue d’assurer le transfert des ressources pour assurer la sécurité alimentaire d’une
tranche de la population, une panoplie d’approche est possible. L’aide revêt plusieurs natures
dans ce cas (figure 78).

Aliments Biens non alimentaires Transfert d’argent


Pourcentage par département

40,8
45
40
29,4
35
30
18,4
25
20
8,2
15
10 2,5 0,7
5
0
Mayo-Tsanaga Lom-et-Djerem

Nature de l'aide

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 80 : L’aide par ménage par département


Le Mayo-Tsanaga a reçu plus d’aide alimentaire (DGV ou tout don alimentaire…) soit
un pourcentage de 40,8 % de ménages contre 29, 4 % de ménages dans le Lom-et-Djerem. Par
contre le Lom-et-Djerem bénéficie davantage des biens non alimentaires, 18,4% de ménages
pour 8,2% de ménages dans le Mayo-Tsanaga or il l’emporte en termes de transfert monétaire
reçu par les ménages (2,5%) sur 0,7% pour les ménages du Lom-et-Djerem. Les contraintes
structurelles et naturelles dans le Mayo-Tsanaga ont conditionné le fait que le besoin en
aliments est prioritaire. Ces actions ont eu un niveau de satisfécit auprès des bénéficiaires.

IV-3-1-2- Le niveau de satisfaction des ménages

L’assistance alimentaire ou non alimentaire a été effective dans les zones touchées par
l’insécurité alimentaire. Cette assistance a été appréciée par les bénéficiaires (figure 79).

 
  
345 
 

Non Oui

Lom-et-Djerem 34,8 13,7

Mayo-Tsanaga 31,1 20,4

0 10 20 30 40 50 60

Pourcentage

Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019

Figure 81 : Niveau de satisfactions par les aides


Dans le Mayo-Tsanaga, 20,4 % de ménages disent être satisfaits de l’aide reçue des
acteurs, contre 31,1% qui maintiennent le contraire. Le même constat dans le Lom-et-Djerem,
la négation plus prononcée avec 34,8% de ménages sur 13,7 % de ménages comblés. Le solde
négatif laisse penser que les assistances manquent d’efficacité à assurer la sécurité alimentaire
de façon durable. Les raisons évoquées sont : la concentration de l’aide dans les zones d’accès
facile, le caractère temporaire de l’aide, les ménages hôtes se sont offusqués du fait que les
ménages réfugiés sont mieux traités qu’eux, la mauvaise gestion de l’aide de leur part, la
dépendance totale à l’aide …toutefois, les enquêtes de terrain ont permis d’apprécier qu’il y a
eu des « succès stories » pour dire que le solde n’a toujours pas été négatif, il y a eu des modes
de vies transformées . Les plus avisés ont su tirer profit et se sont démarqués du plus grand
nombre. Le terme « succès stories » est employé pour le signifier (planche 44).

 
  
346 
 

Planche 44 : « Succès stories »

B
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, juillet 2018
Photo 185 : Couturier brodeur Photo 186 : Avoirs alimentaires

C D
Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, avril 2019
Photo 187 : Enfants guéris de la Photo 188 : Salon de coiffure homme
malnutrition

Grâce à l’assistance, des modes de vie ont été changés. Ce jeune hôte du village de Gado, a bénéficié
d’une formation en couture broderie (A). Il est installé à son propre compte. Grâce aux aides, les
personnes déplacées de Koza (B) ont eu de quoi manger en terme de ration équilibrée pour une période
donnée. Les enfants réfugiés du camp de Minawao (C) sont guéris de la malnutrition à cause de la prise
en charge gratuite et de proximité. Ce salon de coiffure homme appartient à un réfugié (D), l’équipement
est de base (des tondeuses électriques, un miroir, de l’alcool pour désinfecter les tondeuses, des tabliers
de travail…). Le gain est journalier pour ces activités, ce qui leur permet de prendre la charge
alimentaire de leurs familles.

Il faut préciser que la reconversion de certains réfugiés centrafricains aux petits métiers relève
de l’exploit des organismes d’aide car nombreux sont des éleveurs strictement fermés à d’autres
activités.

 
  
347 
 

IV-3-1-2-Les stratégies d’adaptations des ménages

Les stratégies d’adaptation sont des réponses temporaires destinées à réduire ou à


minimiser les effets d’une situation défavorable où l’accès alimentaire est perturbé. Il est mieux
de faire une distinction entre les stratégies d’adaptation relatives à la consommation et celles
relatives à la subsistance (ACF, 2009). Pour survivre, les ménages du Mayo-Tsanaga et du
Lom-et-Djerem se sont déployés à travers des mécanismes pour s’assurer de maintenir le
ravitaillement alimentaire et sortir de la précarité. Dans ce cadre, les ménages ont fait recours à
deux types de stratégies ; une stratégie d’adaptation négative liée à la consommation alimentaire
et une stratégie positive liée à la subsistance. Sanoussi Y., (2012), dans son travail désagrège
ces deux en trois types plus explicites ; la stratégie de consommation alimentaire, la stratégie
économique et la stratégie non alimentaire.

IV-3-1-2-1-La stratégie d’adaptation dite positive liée aux moyens de subsistance


À un moment donné, les ménages vulnérables ont eu accès au transfert monétaire. Les
jeunes ont reçu la formation aux AGR, des formes d’aide visant à préserver la dignité humaine
et à autonomiser les bénéficiaires. Grâce à l’aide alimentaire ou non alimentaire, certains
assistés ont pu créer des activités additionnelles pour s’auto prendre en charge. Ils étaient
informés du caractère temporaire de l’aide. Baba Aladji, réfugié centrafricain au camp de Gado
est passé du statut d’assisté à celui qui assiste. À travers la modalité « cash transfert» il a ouvert
une boutique puis un magasin où il a reçu l’onction du PAM, devenu commerçant-partenaire et
son magasin un point de vente du projet des transferts monétaires de l’agence. Une déplacée
interne a eu le même exploit du côté de Mora, en devenant commerçante partenaire du PAM,
elle a pu acheter un lopin de terre pour s’établir, agrandir son commerce et prendre en charge
ses enfants, son mari étant victime de Boko Haram. La planche 45 présente quelques cas.

 
  
348 
 

Planche 45 : Adaptation dite positive par les activités additionnelles

B
A
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 189 : Meunerie Photo 190 : Petite échoppe

D
C

Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, 2019


Photo 191 : Petite échoppe Photo 192 : Mini-marché

Autour du camp de Gado, un village naissant proposant des services divers. Un réfugié centrafricain a
ouvert une meunerie (A) équipée de 2 moulins à écraser. Ce sont des machines qui fonctionnent au
gasoil. Un jeune en association avec son frère, dans une boutique (B) faite en planche propose des
articles diverses (huiles, vinaigre, sel, riz, savon, détergents, biscuits, mini parfumerie) et ce commerce
leur est rentable. Grâce aux transferts monétaires, cette femme réfugiée (D) sous un hangar vend
diverses marchandises (les aromates de beauté, les souliers, les rideaux, les voiles ou « hijab ». Elle s’y
installe chaque jour dans l’attente des potentiels clients. Au camp de Minawao, on peut apercevoir des
échoppes devant les abris(C), proposant tomates en sachet, lait en sachet, détergents, épices de toutes
natures pour la cuisine, arachides et pâtes d’arachides, des laits de toilettes et parfois des produits de
l’aide alimentaire pourtant proscrit.

Depuis 1989, les populations du Nord des Monts Mandara ont toujours vécu dans la
hantise du risque de la faim, la stratégie paysanne pour résister aux périodes des disettes
consistait à constituer des stocks de mil ou d’éleusine des saisons de pluie dans les greniers
avec mention interdiction de vente parfois il fallait faire un « jeûne normal » ou « faim de
grenier scellé » pour attendre la prochaine récolte mais cette pratique est mise en danger dès
leur ouverture à l’économie du marché, les greniers familiaux tendent à disparaître car les
réserves sont destinées à d’autres fins : la vente pour s’offrir de la bière de mil, la viande rôtie
sur braise (Hallaire A., 1989).

 
  
349 
 

IV-3-1-2-2-Les stratégies d’adaptation dites négatives liées à la consommation


économique et aux moyens de subsistance
Parfois les ménages confrontés à une situation extrême comme la perte de leurs moyens
de subsistance, font des choix drastiques et bafouent la dignité humaine, pourvu que leurs
besoins primaires soient satisfaits. En 2015, la bourgade minière de Betare-Oya a vu sa côte en
matière de prostitution augmentée. Les échanges de faveurs à prix dérisoires de 300 F CFA à
1000 F CFA. Des pratiques comme l’envoi des enfants filles en mariage contre les moyens
financiers ou en contrepartie des dettes sont monnaie courante. L’index des stratégies
d’adaptation (CSI) de hunger Watch cité par ACF, (2009), est un outil utile pour la mesure du
niveau de gravité des stratégies adoptées face à l’insécurité alimentaire au niveau des ménages
confrontés à court, moyen et long terme (tableau 49).

Tableau 49 : Les stratégies d’adaptation négatives


Les stratégies d’adaptation des ménages Mesures
-consommer des aliments moins coûteux**
-emprunter des aliments*
-réduire la quantité d’aliments lors de la
préparation du repas*
Stratégies d’adaptation liée à la -réduire la consommation des adultes au
consommation alimentaire profit des enfants/mère au profit des enfants
-réduire le nombre de repas journalier (sauter
1 à 2 repas/jour) ***
- passer des journées sans manger***
-Envoyer les membres de la famille manger
ailleurs (chez les voisins), combien de jours
sur 07 ?**
-réduire les dépenses (santé, scolaires…)*
Stratégies d’adaptation liée à l’économie -retirer les enfants de l’école**
familiale -troc des biens contre la nourriture**
-vendre les actifs (animaux, biens matériels,
Stratégies d’adaptation liée aux moyens de outils agricoles...) ***
subsistance -recours aux voies de faits (vol, mendicité,
arnaque ou escroquerie, prostitution…) **
-recours aux activités alternatives ou
additionnelles *
*stratégie adaptative mais réversible

**stratégie de détresse, non réversible selon le degré

***stratégie de survie parfois irréversible

Après enquête, les ménages du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem ont eu recours à 05


principales stratégies adaptatives négatives. Dans le Mayo-Tsanaga, 13,7 % des ménages ont
entrepris de consommer des aliments moins coûteux, 26,4 % ont considérablement réduit le

 
  
350 
 

nombre de repas journaliers, le repas est passé de 3 ou 2 à 1 fois/jour. 2,9 % ont commencé à
effectuer des activités alternatives (coupe et vente du bois de chauffe, aide dans les champs lors
des labours et récolte contre rémunération en aliments ou en argent, aide dans les boutiques,
vendeurs d’eau dans les porte-tout…). Près de 0,9 % des ménages passent des journées sans
manger et essayent souvent d’envoyer les enfants manger chez le voisin contre 7,2 % qui
vendent leurs actifs agricoles (houes, ânes…), les animaux d’élevage (petits ruminants,
volailles…). Face à la mauvaise utilisation du revenu et au manque de volonté de s’appliquer
dans les travaux champêtres, 22,6 % des ménages du Lom-et-Djerem ont tendance à maintenir
la consommation des aliments qui leur reviennent au prix de rien. Le soir, le ménage peut
acheter une tasse de farine de manioc à 100 F CFA, une botte de feuilles de légumes à 100 F
CFA, une mesure d’huile de 50 F CFA, parfois de la pâte d’arachide de 100 F CFA ou encore
un demi kilo de riz de 250 F CFA et une mesure d’huile de 50 F CFA (le riz n’y est pas trop
apprécié d’ailleurs) ce malgré la taille de la famille. Pendant ce temps, 11,4% des ménages sont
passés de 02 repas journalier à 01 seul qui se prend généralement vers 16 heures. En plus de
l’activité minière qui procure une certaine assurance à l’Est du département et des travaux
champêtres au nord du dudit département, 4,7% des ménages s’efforcent dans les activités
alternatives comme la préparation et la vente des boissons traditionnelles, les whiskies en sachet
dans les chantiers, la vente des produits du champ devant la maison familiale. Très peu de
ménages dont 1,9 % passent des journées sans repas contre 7,7 % qui prétextent un manque de
moyens pour ne pas envoyer les enfants à l’école encore moins dans les structures sanitaires en
cas de maladie. Quand l’aide extérieure cesse, certains s’installent paresseusement dans une
situation d’assités perpétuels. Devant le changement, les ménages refusent de voir la réalité
alors s’installent une passivité mortelle (Duriez C., 2007).

 
  
351 
 

IV-4- SUGGESTIONS POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE L’INSÉCURITÉ


ALIMENTAIRE

L’insécurité alimentaire a toujours été évoquée sous un angle pluridisciplinaire ; pour les
nutritionnistes, c’est une notion de besoin essentiel qui certes rencontre les questions de
pouvoirs d’achat, de préférences et habitudes socio-culturelles. Les économistes eux la
présentent comme une question de pouvoir d’achat, systèmes de prix, marché libre avec un
survol sur les obstacles organisationnels qui régulent le marché, l’agronomie pense à une
mauvaise maîtrise de l’espace, du savoir agricole acquis par les pratiques néfastes au milieu,
met l’accent sur la production agricole comme solution. Le géographe se focalise à un rapport
Homme-milieu minimisant de fait le rôle de l’espace dans les mécanismes de différenciation et
de recomposition sociale repris par les sociologues. Malgré la kyrielle des sciences, des
solutions envisagées, des projets et programmes, rien ne semble s’améliorer donc le problème
alimentaire ne se réduit pas à un simple problème de production, mais l’attention doit être portér
ailleurs (Chevassus-Angès et al. 1982). La réalité est manifeste, la situation va de mal en pire
et la question reste posée.

Aucun groupe humain n’est à l’abri de l’insécurité alimentaire qu’on soit pauvre ou riche,
ménage dirigé par un homme ou femme, propriétaire des terres ou pas, chômeurs qualifiés ou
pas puisque les conditions climatiques, les guerres les met tous dans une situation précaire.
L’aide alimentaire soulage momentanément la faim, mais elle se contente de s’attaquer aux
symptômes et aux racines du mal (Myers N., 1993) donc le problème est ailleurs et l’Homme
est au centre de tout. Sans la volonté intérieure de toutes les parties prenantes de sortir de ce
cercle vicieux tous les programmes sont d’avance voués à l’échec. Il s’agit de restituer à
l’individu la responsabilité essentielle de son développement, la communauté ne peut que lui
apporter qu’un certain nombre d’ingrédients et de stimulants qui lui permet un empire suffisant
sur tout ce qui tendrait à contrarier le développement de son intériorité et de sa personnalité
spirituelle (Njoh-Mouelle E., 1980). Hippocrate a dit « avant de guérir quelqu’un, demandez-
lui s’il est prêt à abandonner les choses qui le rendent malade ». Pour dire l’insécurité
alimentaire est plus un problème de comportement que d’avoirs matériels.

IV-4-1-La bonne instruction pour un changement d’attitude et de comportement de


l’homme

Un programme d’éducation au caractère, au bon caractère est nécessaire. Le philosophe


grec Aristote définit le bon caractère comme « une vie de bonne conduite » vis à vis des autres

 
  
352 
 

et envers soi-même. Le but est de bâtir l’Homme, lui inculquer des valeurs positives et des
habiletés, le conditionner à être un bon décideur, bon citoyen, responsable de son bien-être. La
personne par essence est constituée de cinq dimensions :

 la dimension physique (la peau, les organes, la mouvance du corps, le paraître)


 la dimension émotionnelle (partie où sont logés les sentiments, l’amour, la passion,
l’envie, la jalousie, la colère, l’animosité, la tristesse, le désir…)
 la dimension sociale (les relations avec les autres, vocation vie familiale, vie en
société…)
 la dimension mentale (siège de la connaissance, du raisonnement, de la compréhension
et de la résolution des problèmes, siège de la créativité, capacité à comprendre le vrai sens des
choses)
 la dimension spirituelle (qui se rapporte aux croyances, principes de vie et valeurs,
inclue la capacité à trouver le sens et le but de la vie, siège de la conscience du bien et du mal).
C’est le socle de la vie d’un Homme qui détermine ce qu’il "Est".

Apporter des solutions durables au problème de l’insécurité alimentaire ne peut se faire


sans toucher les cinq dimensions de la personne. Pendant que l’endoctrinement, le prosélytisme
religieux est fait, touche la dimension spirituelle, les projets et programmes d’aides et d’essai
de réponses touchent seulement deux dimensions ; la dimension physique (abris, nourriture,
santé, vêtements…) et la coquille de la dimension mentale (construction des infrastructures
scolaires, la dotation en matériels didactiques, la gratuité de l’école…). « Mais
l’épanouissement physique ne saurait, chez l’homme, se substituer à l’accomplissement
véritable : un corps des plus sains et des plus vigoureux peut fort bien aller avec un irrémédiable
crétinisme […] Sa sagesse de médiocre lui dictera toujours de ne pas bouger de sa place »Njoh-
Mouelle E., (1980). Une façon de dire que les armes de lutte sont inégales car l’essentiel de la
personne est détruit pendant que le confort matériel est privilégié pour compenser. Comment
expliquer que la petite fille âgée de 13 ans du village Achigachia, rescapée d’un camp de B.H,
rendue à sa famille, à l’abri sous un toit, de quoi se nourrir puisse tuer sa petite sœur, pendant
que sa mère est au champ. Comment expliquer le fait que le Mayo-Tsanaga, le Mayo-Sava
soient des fournisseurs d’Hommes à la meute meurtrière de B.H. plus grave pour des attaques
dans leurs propres villages ou des kamikazes qui se donnent la mort délibérément en visant
d’autres humains . Comment expliquer la pauvreté qui sévit avec acuité dans le monde rural du
Lom-et-Djerem alors que la population marche sur les filons d’or. Comment expliquer les actes

 
  
353 
 

de prévarication des projets d’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre si ce
n’est un problème intérieur. En bref, ce qu’il faut attaquer ce sont les racines du comportement
de l’Homme. Une éducation ciblée ou programme d’éducation peut inciter les membres d’une
communauté à se préserver, à améliorer les pratiques agricoles, à préparer des repas plus
conformes aux exigences de la nutrition ou de leurs organismes, un apprentissage d’habiletés
manuelles ou intellectuelles, d’attitudes nouvelles pour trouver des solutions pour lui et pour sa
communauté. « Éduquer » c’est conduire une personne d’un état à un autre c’est-à-dire modifier
dans un certain sens la personne et l’éveil de l’intérêt de la personne dépend étroitement de la
conscience qu’elle a de ses propres besoins ou des causes qui le maintiennent dans cet état de
précarité et de dépendance. Alors la personne pourra s’intéresser aux nouvelles attitudes qu’on
lui présente si elles lui permettent de résoudre son problème (De clerck M., 1965). Pour réussir,
il faut connaître et présenter ce qui bloque l’accès ou l’ouverture à ces solutions préconisées.

IV-4-1-1-Les éléments qui compromettent les comportements

Chaque personne vit en fonction de ses croyances, ses principes, ses valeurs et sa vision
du monde et des autres (dimension spirituelle), une façon de voir le monde et son semblable.
La culture, la société, l’éducation, l’environnement, les évènements/expériences, l’état
physiologique, les influences extérieures, les réseaux sociaux, les TIC façonnent l’homme à
construire son modèle. Exemples : un enfant qui naît et grandit dans un environnement violent
en actes et en paroles, le reproduira sans doute à l’âge adulte. Une société patriarcale dans son
essence, la femme est muselée et est juste utile à la reproduction, sujette des violences de toutes
natures (excision, violences morales et physiques, viol…cas de la région de l’Extrême-Nord où
les pratiques culturelles néfastes sont légion, Wandou M., 2020). Ceci constitue un frein à
l’éclosion sociale de ladite société, un frein à l’affirmation de la femme. Ces pratiques
empêchent la femme de jouer son rôle c’est-à-dire de révéler sa féminité et d’être l’aide qu’il
faut à l’homme, le soutenir et faire des familles modèles. Ce sont plusieurs familles modèles
qui feront une société équilibrée et en santé. Le refus des parents d’envoyer les enfants à l’école
pour s’instruire, n’est pas forcément le manque de moyens financiers mais la perception que
ces individus se donnent de l’école qui est le problème. Le fait d’avoir une descendance en
terme de nombre d’enfants n’est pas le problème mais le problème c’est d’en faire autant et ne
pas être en mesure de s’en occuper, les éduquer et de faire d’eux des adultes responsables. Tout
le monde a, dans le domaine de l’alimentation, ses goûts, ses dégoûts, tout comme ses
croyances. La plupart des gens ont un comportement conservateur. À l’origine, sous l’influence

 
  
354 
 

de la culture, des tabous, des interdits, de l’entourage. Dans un société, on hésite a se distinguer
des autres pour ce qui est des mets consommés (Latham M., 1979).
Ces pratiques dites et faites « c’est notre culture », « c’est notre tradition », « nous sommes
en Afrique, il ne faut pas l’oublier » ces pratiques qui déshumanisent (il faut jeter le premier lait
appelé le colostrum). Ces barrières basées sur nos croyances et pratiques, goûts limitent la
consommation des aliments nutritifs et l’enfant très tôt est initié pour la continuité des habitudes
alimentaires. Or ces pratiques favorisent la malnutrition des enfants. Les enfants au milieu
d’une fourmilière familiale, délaissés obligés de survivre se font recruter par les bandes armées
et deviennent des loups pour leurs semblables. Ces facteurs sous-jacents sont si ancrés qu’ils
masquent leurs nocivités. Le problème est que tout ce qu’on croit n’est pas forcément vrai, et
ce qui est important ne l’est pas forcément. Les principes gouvernent les conséquences et les
valeurs gouvernent les priorités et les actions. Si ce que l’homme croit est faux et ne lui fait pas
du bien, tout ce que les projets entreprendront comme solution ne marchera jamais, au contraire
la situation va stagner et évoluer de mal en pire. « Nous avons poursuivi vainement une biche
qui n’avait cependant que trois pattes. Cette biche, c’est le monde, c’est la vie, telle que
l’homme la parcourt et la poursuit. Imparfaite, fugitive et inexorable. Rien ne l’arrête, rien ne
l’atteint » Diop B., (1961).

IV-4-1-2- Pourquoi toucher le caractère ?

Parce qu’elle intègre les « quoi », « pourquoi », « comment faire » (figure 80), impulse
le changement au niveau de la compréhension des attitudes, de la vision et du caractère lui-
même. Il touche la raison, la volonté, les sentiments et fait des personnes qualifiées, capables
de réfléchir à un problème et d’y trouver des solutions au lieu de céder aux choix faciles de
l’oisiveté au joug des bandes armées. La pauvreté est un problème intrinsèque, le clamer et s’y
résigner prouve à suffisance une immaturité et une inaptitude.
Ce que l’homme croit conditionne ce qu’il fait et si quelque chose est vrai, c’est vrai pour
tout le monde quelle que soit la culture ou la couleur de la peau (Ball Marcia et al., 1995 ;
Gumbel N., 2012 ; Mfondi R., 2019). « Du coup, notre lumière brille tant sur le plan spirituel
et matériel, physique, psychique » Guideme G., (2015). Sortir de l’ignorance, de
l’enfermement, être une société juste sur la base de la justice conduit à une transformation
physique, socio-économique, politique de la société, d’un pays et ce sont des Hommes vrais qui
la bâtissent. Le capital humain est décisif pour la réussitte économique des individus et des
Nations. Mais le savoir et les compétences sont aussi les conditions du bien-être personnel et

 
  
355 
 

social de chacun et de la collectivité à laquelle il appartient (Angel Gurria, cité par Keeley B.,
2007). Il s’agit de « développer la richesse humaine » (Njoh-Mouelle, 1980).

CONNAISSANCE ATTITUDES

HABILETE

Adaptée de La Vie au Carrefour, 2009

Figure 82 : Enjeux de l’éducation du caractère face aux facteurs aggravants de


l’insécurité alimentaire
La connaissance c’est la vérité sur ce qui est normal, ce qu’il faut savoir sur le sujet.
L’attitude vient de la conviction interne, à adhérer à la connaissance ou non, la disposition à
changer. L’habileté c’est d’équiper pratiquement les ménages pour bien réaliser la connaissance
reçue, les mettre dans un contexte réel. La demande d’inclusion des jeunes ne sera pas
certainement pas résolue par la seule construction des salles de classe, la réponse à cette
revendication exige des approches integrées centrées sur la jeunesse et ses besoins d’intérgation
sociale, d’identité, d’espérance et de confiance en l’avenir (Ray O., 2015). C’est dans cette
vision que le 30 Octobre 2017, le gouverneur de l’Extrême-Nord à partir du modèle utilisé dans
la région de Diffa au Niger conçoit un programme sur la déradicalisation et une cure contre le
lavage de cerveau des ex-assosciés de B.H. Un processus qui requiert l’assistance des
psychologues, des psychiatres et autres médecins (Saibou I. et Machikou N., 2019) pour essayer
de toucher l’être intérieur. Il s’agit pour les acteurs engagés dans la lutte contre l’insécurité
alimentaire à donner la bonne connaissance, agir pour que les ménages aient les bonnes
dispositions et leur donner des habiletés qu’il faut s’ils veulent vraiment mettre un terme à
l’insécurité alimentaire. Et aux parents de prendre, de s’approprier les connaissances (tableau
50) et les mettre en pratique.

 
  
356 
 

Tableau 50 : Déterminants des bonnes pratiques


Connaissances Attitudes Habiletés
L’insécurité alimentaire est une situation où les personnes -Les ménages doivent avoir la volonté de travailler, -Inviter les deux parents, les marabouts qui
sont incapables d’assurer leur bien-être alimentaire. à se mettre en groupe pour faire face aux contraintes de se chargent de donner de l’eau noire aux
cause de la production agricole insuffisante , de la tenue la production agricole. Cultiver l’habitude de faire bébés à la naissance, ce liquide censé les
du marché de proximité qui est périodique, des coûts des des selles dans les w.c aménagés, séparés de la protéger aux séances de counseling sur
produits sur ce marché, de l’absence des services de santé douche. Essayer d’autres mets alimentaires l’importance du lait maternel strict.
de proximité et de qualité, des pratiques d’hygiène -Prendre soin au partage du repas en
inappropriées, de la répartition des repas intrafamiliaux famille et de nourrir spécialement le jeune
aux dépends du jeune enfant, du manque d’eau potable, -Cours de nutrition vulgarisé (livres sur les bonnes enfant
des moyens de subsistance aléatoires et de la mauvaise pratiques). Les personnes doivent être convaincues -Procéder aux simulations et formations
utilisation des revenus. que les pratiques dans lesquels ils sont depuis pratiques.
Le lait maternel est important pour la santé de l’enfant, longtemps, en réalité les maintiennent dans cette -Procurer et donner des médicaments
tout autre ajout est moins nourrissant. Quand le bébé situation de précarité. Leur présenter les avantages et contre les vers intestinaux aux enfants tous
vient au monde, pendant les 3 à 4 premiers jours, il fait les inconvénients de leur mode de nutrition actuelle. - les 03 à 04 mois
des selles noires et gluantes appelées méconium or le -Créer en eux des motivations à changer (donner des
colostrum, ce liquide clair très riche en protéines et en prix des récompenses aux familles qui après suivi, ont
anticorps est aussi un laxatif qui va l’aider à évacuer le des améliorations).
méconium.

Il existe trois groupes d’aliments : les aliments -Manger au moins trois repas par jour plus
énergétiques (maïs, mil, riz, sorgho, blé, manioc, banane un goûter (un verre de lait, une banane, un
plantain, igname, pomme de terre…), les aliments de œuf à la coque, un verre de jus de fruit...)
croissance (viande, poisson, œuf, lait, souchet, petit pois, pour les jeunes enfants
arachides, niébé, pistache...), les aliments de protection -Introduire de la bouillie enrichie au soja, à
(les légumes verts et frais, les fruits...). -Manger une variété d’aliments à chaque repas l'arachide, au souchet comme aliment de
Une alimentation qui regroupe ces trois groupes -Augmenter les quantités d’aliments au cours d’un complément du nourrisson après 06 mois.
d’aliments est appelée alimentation équilibrée. une bonne repas -Privilègier les aliments avec une grande
nutrition sur la base de cette alimentation renforce le valeur nutritive comme le haricot, les
système immunitaire du corps, aide à lutter plus arachides, carotte, mangue, légunes verts.
efficacement contre les infections et les maladies, -Mélanger plusieurs aliments dans un seul
maintient le poids du corps, procure la force surtout pour plat ou recette
les travaux pénibles comme l’agriculture et l’orpaillage -Boire suffisament d’eau potable tout au
artisanal long de la journée

 
  
357 
 

Boire et fumer font perdre l’appétit, expose aux maladies -Avoir un jardin à proximité de la maison
pulmonaires pour cultiver les légumes et les fruits à
portée de main quelle que soit la saison.
-Bien cuire les aliments (viande…) et
réchauffer les restes de repas avant de
consommer
-Arrêter de boire de l’alcool et de fumer
Le prestige social n’est pas le nombre d’enfant à son actif -Prendre ses responsabilités de parent et décider du -Adopter dans sa maison des bonnes
mais le nombre d’adulte responsable qu’on a éduqué. nombre d’enfants et de la qualité de l’éducation pour habitudes alimentaires et résister aux
la famille, le cadre familial est un centre de formation où faire d’eux des adultes responsables et utiles à la interdits et tabous néfastes (Latham M.,
on forge le caractère de l’enfant et fait de lui un adulte société. 1979)
apte à assumer ses responsabilités futures. Où il acquiert -Avoir la volonté de réduire la pesanteur de la - Le budget familial, plus organisé et les
les aptitudes de créativité pour se déployer dans la société pauvreté, avoir une famille mieux alimentée et ainsi dépenses alimentaires pour les aliments
demain. Où il apprend la valeur du respect du bien améliorer la qualité de vie. nutritifs augmentent.
commun et de l’investissement de soi pour l’intérêt -Un environnement sain, convivial et propre est - Nettoyer l’environnement immédiat le
général et la sacralité de la vie humaine propice à la croissance des enfants, à une bonne plus souvent (jeter les ordures du ménage
les naissances nombreuses et rapprochées occasionnent assimilation des aliments sains loin de la maison mais loin des sources
des sevrages brutaux, une compétition pour la nourriture - Partager les expériences de bonne pratique avec d’eau, creuser, utiliser les latrines
au sein de la famille, probablité de mortalité de la mère et d’autres familles de l’entourage. améliorées et les gardées toujours propre,
des membres de la famille se laver les mains avec de l’eau et du savon
au retour des toilettes, avant et après les
repas)
-Avoir une hygiène corporelle (se laver le
corps, se brosser les dents 02 fois/jour,
laver les vêtements avec de l’eau et du
savon)
-Créer une atmosphère de communication,
d’entente à la maison (avoir des activités
sociales avec les membres de la famille,
passer du temps en famille, être positif
dans les interactions…)

 
  
358 
 

Confrontées à la bonne connaissance, les personnes sont outillées pour prendre leurs
responsabilités, mieux elles sont capables de créer des richesses, de faire face aux défis du
quotidien et de se relever après des chocs. La responsabilité de l’État, des organismes de la lutte
contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition des enfants et de l’individu est déterminante.
Elle consiste à réunir les conditions objectives et visibles d’un développement. Un minimum
de principes directeurs est requis : car on doit toujours savoir où on va et où on voudrait mener
les autres (Njoh-Mouelle, 1980). En réalité ce qui compte le plus n’est pas ce que la vie vous
donne, mais plutôt ce que vous laisseriez comme impact derrière vous, une transformation réelle
de la vie des assistés. Il s’agit de bâtir, équiper la personne sur tous les plans, pour qu’elle soit
créative et non dépendant de l’aide, une aide jugée parfois de dégradante (Masullo A., 2010).
L’aide d’urgence est généralement efficace, mais le maintien d’une aide structurelle reconduite
automatiquement d’année en année, peut conduire à une déresponsabilisation de la collectivité
(Juan Avila, 2011). Pour dire l’aide est utile lors de la phase d’urgence, si elle se prolonge
indéfiniment favorise la paresse et la dépendance à l’aide. Bref, il est important de trouver des
solutions pour soulager les personnes vulnérables mais sans créer une dépendance à long terme.

IV-4-2- Promotion de l’auto développement du monde rural

Le bonheur d’un individu vient d’un autre, le développement d’un village est impulsé par
le développement de l’arrondissement. Le développement d’un arrondissement est conditionné
par le développement du département, le développement du département du développement de
la région. Le développement de la région subordonné par le développement du pays. Les
résultats sont un engrenage de projets et programme qui stagne sans impact réel sur
l’amélioration des conditions de vie. Il y a une autre possibilité qui existe, décider de s’auto
développer indépendamment des sphères d’influence. Il s’agit de copier les bonnes pratiques
des communautés qui ont pu sortir du cercle vicieux de la pauvreté, du mal être et être
autosuffisant sur plusieurs plans.

Exemple du Mouvement Saemaul ou mouvement de la nouvelle communauté ou mouvement


du nouveau village lancé en 1970 par le président de la Corée du Sud Park Chung-Hee pour
moderniser l’économie rurale de la Corée.

Son passé : pays colonisé par le Japon au XIXe Siècle, divisé en deux par la guerre froide et la
guerre de Corée pendant 03 ans. En 1960, C’est un pays pauvre avec un revenu mensuel de 79
dollars par habitant. Une société centrée sur les traditions et une précarité profonde du monde
rural

 
  
359 
 

Les idées du président Park Chung-Hee : améliorer les conditions de vie en se focalisant sur
des projets de renouvellement de la vie rurale par les constructions des infrastructures rurales
et augmentation du revenu communautaire. En 1970, les villageois entreprennent la
construction des ponts, des fontaines communes à l’aide des matériaux locaux (sable, cailloux
mobilisés par les villageois eux-mêmes) et le gouvernement est venu en appui avec 365 sacs de
ciment pour 33 267 villages. En 1972, 16 600 villages se démarquent et le gouvernement leur
donne encore 500 sacs de ciment, une tonne d’armature de fer. Résultats : les routes sont
goudronnées, les habitats et murs de chaume renouvelés en dur. En 1973, 6 000 autres villages
vont suivre l’exemple sans apport du gouvernement. Par la suite, les subventions ont suivi selon
le degré de développement.

Les stratégies de développement (les forces) : les moyens démocratiques (les villageois
décident et mettent en œuvre les projets eux-mêmes), le principe « village de bon résultat ;
support au premier » pour inciter l’esprit d’indépendance et la compétivité des résidents. Le
support du gouvernement.

La base du Saemaul : l’assiduité (travailler diligemment), la coopération (pratiquer ensemble,


agrandir la capacité en mettant les forces ensemble), l’indépendance (mettre en valeur soi-
même sa propre destiné.

Critère de choix des projets : confort de tous les résidents, projet adapté aux conditions
régionales, projet à long terme praticable pour les ressources financières et le temps. Tout est
décidé en réunion du village, organisé par les comités de femmes, de jeunes sous la houlette
d’un leader (dévoué et non rémunéré) formé par le Saemaul.

Les conséquences ont été visibles au travers de l’amélioration des conditions de vie dans les
villages. Les projets sont réalisés, les voies de communication agrandies pour laisser passer les
machines agricoles. La création des ateliers communs, l’introduction de la pisciculture, la
formation à l’esprit et technique agricole, la mise en valeur agricole des parcelles, la production
énorme des légumes dans les serres et la construction des usines saemaul dans les villages. En
1960 ; le PIB/habitant est de 79 dollars, le RNB de 02 milliards de dollars, en 1970, le PIB est
de 254 dollars et le RNB 8,1 milliards de dollars et en 2008, le PIB est de19, 231 dollars pour
un revenu national brut de 928,7 milliards de dollars.

Loin d’être un projet gouvernemental basé non sur la théorie académique mais sur l’innovation
de l’esprit. L’objet a été de changer la façon de penser et inviter à l’action avec l’esprit « nous

 
  
360 
 

pouvons le faire » qui se résume ; pratique et action + mouvement d’innovation d’esprit +


mouvement de pratique de l’action = Modèle de mouvement pour le bien-être commun.
L’amélioration des conditions de vie de tous, nécessite une abondance spirituelle et matérielle
et agir ce n’est pas seulement pour « nous » mais aussi pour les générations futures. Le monde
rural camerounais peut s’y baser pour impulser son développement local. « Ce sont les efforts
conscients des gens eux-mêmes qui peuvent et doivent amener les changements socio-
économiques désirés […] le développement communautaire veut rendre les gens conscients de
leurs problèmes et les stimule à participer activement à la solution, en comptant sur leurs
propres forces individuellement et ensemble » Bouchard (1983). Une leçon comprise par la
population du village de Gouria (Photo 193).

B
A

Njiembokue, mars 2019


Photo 193 : Bâtiments de l’hôpital construits par la population

Gouria est un village de l’arrondissement de Mogodé. Il est situé à 5 km de Mogodé, chef-lieu de


l’arrondissement. C’est une localité qui manque de tous les services sociaux de base (centre de santé,
établissement d’enseignement secondaire, pas de réseau électrique, manque d’eau…). Il est très enclavé
pourtant c’est un bassin de production de la pomme de terre et des arachides. Conscients de leurs
difficultés d’accéder en temps réel à un centre de santé, les populations se sont mis ensemble et ont
construit deux bâtiments (A) et (B) de quatre pièces chacun devant servir de centre de santé. Lors des
enquêtes de terrain en mars, la demande était introduite auprès des autorités administratives pour le
leur céder. Les prochains projets étaient de densifier les puits dans le village. Avec des matériaux locaux
le village a compris que le développement local vient de l’intérieur, d’eux-mêmes.

 
  
361 
 

IV-4-3- Sortir de l’individualisme, se mettre en groupe pour des actions efficientes

Sen, (2001) affirme : « il importe de considérer la production alimentaire comme un


résultat de la capacité des acteurs à définir des buts et à agir, et de bien comprendre ce qui les
incite à prendre des décisions et à agir ». Ce qui s’apparente à la réflexion de Berthelot J.,
(2003) : « la faim résulte d’une insuffisance de démocratie, de la non participation des
agriculteurs à la détermination des objectifs et des moyens de politiques agricoles à tous les
niveaux (local, national, macro-régional, mondial) ». Les producteurs sont les acteurs
principaux pour sortir des contraintes structurelles qui pèsent sur la machine de production
rurale et assurer une production agricole et ainsi lutter contre la pauvreté. Pour que cette
impulsion soit possible, il faut que les paysans se mettent réellement ensemble, en groupe, en
communauté pour des actions efficientes. De nombreux cas observés sur le terrain, montrent
que lorsque les paysans s’organisent en coopératives, GIC, des organisations rurales solides et
fournissent une gamme de services à leurs membres, ceux-ci sont plus à même de répondre à
une demande alimentaire croissante sur les marchés locaux, nationaux et internationaux (FAO,
2012). Aller en rangs dispersés face aux contraintes n’aide pas les paysans et les maintient dans
une dépendance à l’aide et aux projets et programmes imposés, qui ne répondent pas à leurs
besoins ni aux réalités locales. Or le contraire, renverse la donne et ce sont eux qui peuvent
disposer du support de l’aide extérieure.

Pouvoir central avec ses projets et programmes Paysans du monde rural 

Pratique et action

En cas de dynamisme du monde rural, le pouvoir central devient un support stratégique.


Il peut faire intervenir ses experts, ingénieurs pour accompagner et renforcer les capacités
paysannes. Il n’impose plus les projets et ne décide plus de rien sinon de l’accompagnement
des producteurs. Les institutions déterminent les opportunités offertes au sein d’une société
donnée. Les organisations sont créées pour tirer parti de ces opportunités et, en évoluant, elles
modifient les institutions (North, 1990). Les paysans connaissent suffisamment leurs milieux et
sont aptes à résoudre leurs problèmes. La clé de la réussite du monde rural est le regroupement
et la mise en commun des objectifs. Ceci repose sur l’engagement actif des membres, des

 
  
362 
 

valeurs partagées l’adhésion à une mission commune et des bénéfices mutuels (FAO, 2012), la
mutualité. Ils doivent mettre ensemble leurs efforts, leurs ressources, leurs talents pour booster
la production. Moupou M. & Akei Mbanga L., (2008) parlent d’association locale
traditionnelle, c’est un groupe de personne issu d’un même clan ou du même âge. Dans
l’arrondissement de Diang, département du Lom-et-Djerem, des petits groupes d’entraide
existent. Les paysans se regroupent, vont dans les champs à tour de relais, l’unique condition
c’est que l’hôte du jour à la fin de la journée prépare des victuailles pour le groupe (vin de
palme, rôti de gibier…) et tous se séparent en fin de journée égayés et contents. Le résultat est
l’augmentation des parcelles mises en valeur. La production est plus importante à la fin des
récoltes par famille. Ceux qui n’ont pas à manger dans les ménages, sont ceux qui n’adhèrent
pas aux groupes de travail, dixit Mr Avom, chef de canton de Mokolo.

IV-4-4-Autres actions concrètes proposées

‐ Sur la problématique de la gestion des conflits agro-pastoraux :

Les points de départ des bêtes sont connus, les marchés également, alors il faudra tracer des
couloirs de transhumance et les diffuser par affiche à l’attention des éleveurs. Les résultats sont
: sécurisation des champs, de la production, réduction des frictions entre les deux groupes de
moyens de subsistance, cohésion et paix sociale préservée. Dans l’arrondissement de Mogodé,
département du Mayo-Tsanaga, après les récoltes, les éleveurs et les bêtes viennent occuper les
champs, ils se nourrissent des tiges de maïs, de mil, et leurs bouses fertilisent les sols.

‐ Sur la création des entreprises de production des engrais dans les villages :

Avec le concours de la commune, qui sûrement se charge de la collecte des déchets ménagers,
un site est proposé pour enterrer les déchets et en faire du compost. Après un temps, sous la
gestion d’un comité de paysan, peut se charger du partage ou de la vente de l’engrais obtenu
selon les ententes et les dépenses engagées. Ces comités peuvent se former en technique de
compostage. Ce compost est écologique et améliore le sol par ses propriétés biologiques,
physiques par un apport régulier (Ndiaye M. ; Almaric N., 2008)

- Pour lutter contre les mauvaises pratiques aboutissant à la malnutrition des enfants :
l’éveil des consciences. « La santé ne dépend pas seulement de ce qu’on mange, mais
de la manière dont on mange » Les conseils pratiques du Dr M.C., (1928) à l’endroit
des mères sont :

 
  
363 
 

Une bonne mère de famille doit obtenir ses repas réguliers. Elle a horreur d’être pressée, ou en
retard, de voir la petite famille se réunir en hâte, mal installée, bruyante et indisciplinée
pratiquant le « chacun pour soi » et l’égoïsme accapareur. Elle veut, au contraire, que les repas
de famille soient un moment de confort et de plaisir, où les grands soignent les petits, où chacun
se gêne un peu pour ne pas gêner les autres. Elle veille à tout, mais sans se négliger elle-même ;
elle habitue les enfants à manger de tout, en quantité raisonnable, sans proclamer leurs goûts
personnels ; c’est un service à leur rendre pour toute la vie. Elle les force à manger lentement,
à bien mâcher, à être propres et soigneux : c’est la clef de la bonne santé et de la bonne
éducation ».

Prendre un moment pour nourrir le bébé qui commence à manger, être attentionnée et surtout
avec patience….Biscuits, bonbons, sucreries sont à proscrire dans l’alimentation d’un enfant
sevré, qui apprend à manger, donner à grignoter les fruits de saison (bananes, pommes, carottes,
dattes…).

Aux parents, un cadre idéal de paix, calme conditionne l’alimentation et la bonne santé de
l’enfant. Faire des enfants si on a les moyens (temps, soins, abris, finances…) de s’en occuper.

Ces recommandations peuvent être affichées partout, dans les CSI, CNAS, hôpitaux, faire partie
des règles de la maison, traduites dans différentes langues du terroir.

- Refaire le profil des personnes en charge des programmes de lutte ou de veille de la


sécurité alimentaire en d’autres termes tenir compte de l’interdisciplinarité dans la
formation du personnel.

Certes l’agriculture est un pilier incontournable et important dans la sécurité alimentaire mais
son rôle est limité car une abondance de production des denrées alimentaires n’assure pas une
bonne sécurité alimentaire. Le personnel en charge des programmes de sécurité alimentaire
doit être capable d’aider les paysans à vivre des produits de leurs récoltes dans la gestion de
leur revenu, créé des AGR, développer des techniques de conservation pour éviter des pertes
post-récolte dans les zones enclavées et avoir des notions sur l’ensemble des activités du milieu
rural. « Les spécialistes de l’agriculture et nutritionnistes doivent apprendre les uns des autres.
La nutrition peut élargir le spectre de ce que l’agriculture peut faire pour améliorer le
développement économique et social (…).les nutritionnistes eux, ont besoin de mieux
comprendre les objectifs agricoles et d’en tirer parti (A leadership Strategy for reducing

 
  
364 
 

Hunger and Malnutrition in Africa : The agriculture-Nutrition Advantage)8. Il s’agit soit de


constituer une équipe d’experts chacun dans son domaine mais en synergie pour résoudre un
problème. Ignorer le volet nutrition dans les cursus de formation du personnel en charge des
questions de sécurité alimentaire rejaillit sur l’agriculteur, un agriculteur malnutri est
improductif. Le personnel devrait contribuer à révolutionner le milieu rural par son travail et
non à un particularisme quelconque de l’appât du gain. Cette métaphore de Njoh Mouelle,
(1980) peut traduire cette personne, une personne qui a une vision pour le développement global
et non individuel « ne demandez pas à un homme qui, qouique riche, n’a jamais éprouvé la
nécessité de faire brosser ses chaussures tous les matins ou de faire nettoyer les toiles
d’araignées qui encombrent les encoignures de sa maison, de s’occuper de la propreté de votre
village(…) Rien n’y fera. C’est un aveugle à sa manière. Il ne pourra que développer que la
sphère de son avoir et vivra dans l’illusion de se développer véritablement. Confiez à un homme
ambitieux et toujours soucieux de sa bonne présentation, un homme « qui voit grand », le soin
de faire la propreté de votre village. Il traitera le village comme il aurait traité son habitation
personnelle. Il en concevra des projets grandioses à la dimension de son ambition (…)
précisement c’est le genre d’homme qui de tout temps, aura permis à l’humanité de progresser
vers le meilleur ». C’est seulement ainsi que les lignes peuvent bouger et les rapports sur
l’absenteïste des personnels, rapports d’insuffisance d’encadrement des agriculteurs en milieu
rural cesseront sans doute pour un réel impact sur le bien-être des ménages.

                                                             
8
 In Rapport Génération Nutrition, 2014, p 15.

 
  
365 
 

CONCLUSION

Afin de lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition des enfants dans les
départements du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem, les institutions de l’État se sont
mobilisées, des privés se sont démarqués à travers leurs soutiens aux familles désœuvrées et
aux militaires engagés au front et les acteurs humanitaires sont venus en appui pour essayer
d’améliorer les conditions de vie des réfugiés, des déplacés et des populations hôtes dans les
villages d’accueil. L’aide alimentaire ou non alimentaire auprès des ménages s’est faite à travers
plusieurs modalités ; les transferts monétaires, la DGV, le travail contre vivre, l’octroi des petits
ruminants et des engrais pour relever l’agriculture, la formation aux AGR, les transferts de
connaissances sur les bonnes pratiques alimentaires et la prise en charge gratuite des malnutris
et la construction des infrastructures de base.

Dans un contexte de précarité, les ménages se sont également déployés pour maintenir le
ravitaillement des denrées alimentaires à travers des stratégies dites positives et celles dites
négatives. Certains ont su tirer profit des aides non alimentaires, se sont formés et se sont
installés à leurs propres comptes dans les petits métiers. D’autres ménages par contre se sont
astreints et habitués à l’aide alimentaire, ont dû réduire leur consommation alimentaire, retirer
les enfants à l’école sous prétexte de moyens financiers ou pire le recours aux voies de faits
comme moyen de survie. Nous avons fait des suggestions pour une lutte efficiente ; de la
rééducation de l’Homme, principal acteur pour un changement de comportement, à la révolte
du dynamisme impulsé par le monde rural lui-même en prenant l’exemple sur le modèle du
mouvement saemaul. Par ailleurs, nous proposons d’encourager les paysans à l’esprit du
regroupement, des coopératives, du travail commun pour aller contre les contraintes de la
production ainsi améliorer leur environnement de vie, lutter contre la pauvreté et acquérir les
bonnes pratiques alimentaires et d’hygiène.

 
  
366 
 

CONCLUSION GÉNÉRALE

 
  
367 
 

Ce travail a porté sur le thème : « Insécurité alimentaire, État nutritionnel et Stratégies


d’adaptation dans les régions de l’Extrême-nord et de l’Est du Cameroun ». Ce sujet, parce que
la sécurité alimentaire demeure un problème pour les nations, qui ne parviennent toujours pas
à nourrir leurs populations. Face au changement climatique, aux contraintes socio-
économiques, l’insécurité alimentaire sévit, ce malgré les sommets organisés autour de la
question. Les décisions prises qui parfois ne sont pas implémentées sur le terrain (FAO, 2009).
C’est clair que le nombre d’individus mal nourris continue de progresser, les rapports de SOFI
donnent les statistiques peu encourageantes. De 1996 (826 millions d’affamés) à 2019 (820
millions), la situation semble vraiment stagner et l’objectif de la faim zéro d’ici 2030 des ODD
est loin de se concrétiser. Le paradoxe c’est que le monde rural est le plus touché, les ménages
y sont les plus vulnérables pourtant censé être le poumon de la production agricole. Ce qui
impacte sans doute sur la nutrition de l’ensemble du ménage et plus encore sur le nourrisson
qui va le manifester par des signes cliniques diverses. Un tiers de décès d’enfants dans le monde
est attribué à des carences nutritionnelles et même guéris, ils peuvent avoir des séquelles à vie
comme le retard de croissance, développer le crétinisme, pour une fille le transmettre à la
génération future. À cela, plusieurs raisons peuvent être avancées, les prix des céréales sur les
marchés mondiaux, les variations du climat, l’alimentation utilisée comme arme politique, les
contraintes de la production agricole au niveau local, et de plus en plus les instabilités politiques
internes (guerres, remous sociaux, contestations populaires…) que traversent certains pays.

Le Cameroun jadis présenté comme un pays autosuffisant sur le plan alimentaire, grenier
de l’Afrique Centrale a dû faire face en 2008 aux émeutes de la faim. Pour dire qu’il y’a un
problème, une bonne partie de la population peine à satisfaire leurs besoins alimentaires
élémentaires. Et ce n’est pas à tort qu’il est classé par la FAO parmi les pays ayant besoin d’aide
alimentaire extérieure. Les données officielles l’admettent 1 camerounais sur 4 souffre
d’insécurité alimentaire. Les PAS, les sécheresses dans la partie septentrionale, la crise
économique, le délaissement du milieu rural par les jeunes, main d’œuvre productive, les
contraintes d’accès au crédit agricole, la fermeture des structures d’accompagnement de
l’agriculteur, la forte demande alimentaire urbaine de plus en plus croissante en plus du
désengagement de l’État de ses fonctions régaliennes contribuent à plomber le système
alimentaire camerounais. 15% d’enfants de moins de 06 mois souffrent d’une insuffisance
pondérale sévère à la naissance à cause de la malnutrition de la mère, 32% d’une malnutrition
chronique.

 
  
368 
 

C’est dans ce contexte de précarité que, signataire des conventions internationales, le


Cameroun accueille de nombreux réfugiés sur son sol. À l’Est ceux venant de la Centrafrique,
à l’Extrême-Nord ceux venant du Nigéria. Comme si cela ne suffisait pas, en 2013-2014, il est
la cible des incursions, des attaques meurtrières de la part des groupuscules terroristes au niveau
des villages frontaliers, occasionnant de ce fait des vagues de déplacements des populations
internes. Une situation qui a un sérieux impact sur les moyens de subsistance des ménages hôtes
et des ménages déplacés.

Le choix des zones d’études est aussi motivé par le fait qu’elles font partie des régions où
l’insécurité alimentaire sévit avec acuité de façon structurelle et conjoncturelle et sont classées
comme zones prioritaires de surveillance et d’interventions humanitaires. Notre objectif majeur
était de générer, d’exposer les faits sur cette situation et d’entrevoir des défis à relever pour
renforcer les stratégies d’adaptation des ménages en termes de ressources propres disponibles.
Pour y arriver, nous sommes partis de l’hypothèse qui énonçait que l’insécurité alimentaire dans
le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem est la cause de l’environnement macroéconomique,
socio-culturel, sécuritaire et la nature des moyens de subsistance. Les données issues de la
consultation des rapports d’activités des secteurs concernés et les données des enquêtes de
terrain, phase clé de notre travail ont servi à la vérification des hypothèses. Cette étape
complétée par l’administration du questionnaire d’enquête, des entretiens avec des personnes
clés, et grâce à l’observation, l’imprégnation de la situation que vivent les ménages. Pour
parfaire notre recherche sur le terrain, nous avons utilisé les outils d’une méthode de recherche
participative, une méthode qui se veut active, participative où l’enquêté est lui-même son propre
enquêteur. L’occasion lui est donnée de revisiter son quotidien, de déceler lui-même le
problème et de faire des suggestions y relatives. Toutes ces données recueillies ont fait l’objet
d’une analyse à l’aide d’un logiciel mathématique R et de résulter des faits que nous avons
organisé en partie puis en chapitre pour mieux les étayer.

Des analyses faites, d’entrée de jeu, il a été question de situer les systèmes de production
dans leurs contextes agroécologiques et identifier les contraintes liées. Il en ressort que le Mayo-
Tsanaga encore appelé les Monts Mandara côté Mafa est remarquable par son paysage de fer,
les chaînes de montagne s’étendent sur des sols rocailleux. Il appartient au grand ensemble
soudano-sahélien certes, mais parmi les départements de l’Extrême-Nord, il jouit d’un climat
modéré. Un climat modifié par l’altitude (750-1500m), une pluviosité moyenne de 700-900
mm. Caractérisé par 06 mois de pluie au plus et 06 mois de saison sèche. Connu pour le stress
hydrique durant la saison sèche, ces dernières années se détériorent davantage. On y note une

 
  
369 
 

diminution des précipitations de 4,07% et une augmentation des températures de près de 40°.
Pour la production agricole pourtant prospère, l’arrivée tardive des pluies et l’arrêt précoce des
pluies minent le calendrier agricole. L’assèchement et la rigueur de la période sèche, livrent les
plantes aux insectes ravageurs, poussant parfois les agriculteurs à refaire les semis. Le Lom-et-
Djerem par contre, logé dans le domaine équatorial, a un climat humide et chaud. Se caractérise
par deux saisons sèches et deux saisons des pluies. La pluviométrie fait état de 1000 à 2000 mm
en moyenne. Mais ces dernières années, cette pluviosité est perturbée, les pluies sont
discontinues et les arrêts précoces fréquents. Pourtant, il s’agit d’une zone idéale de production
agricole. Cette variation a des conséquences néfastes pour les plants, qui pourrissent dans le
sol, les insectes dévorent les fleurs. Le calendrier cultural est ainsi perturbé.

Le contraste du climat observé dans le Mayo-Tsanaga favorise l’agriculture céréalière et


surtout l’élevage domestique. La superficie de 307 600 ha mise en valeur baisse au fil des
années à cause des contraintes de production et de la pression foncière. La production agricole
donne un chiffre de 501 218,22 tonnes de denrées alimentaires sur une superficie de 270 599,25
ha (2018), 26,1 % de ménages disposent de 01 ha en moyenne pour cultiver. La production
animale est surtout pratiquée pour les évènements, le luxe social et la hiérarchisation dans la
société. En un an 7641 bœufs sont abattus dans le cadre légal pour la consommation des
ménages. Au cours de ces 06 dernières années, la production a baissé à cause de l’insécurité ;
vol de bétail, enlèvement contre rançon et meurtre des bergers, depuis 2013 cible privilégiée de
la secte B.H.

Le Lom-et-Djerem, zone de transition forêt-savane permet une agriculture vivrière


diversifiée. En 2018, la production agricole affiche un score de 196 75,85 tonnes de denrées
alimentaires sur une superficie de 2954,28 ha ensemencée. En réalité cette production ne frôle
pas la barre de 50 000 tonnes. Les raisons évoquées sont l’insuffisance de la main d’œuvre
agricole, l’irrégularité des pluies, la destruction des champs par les animaux, les insectes
ravageurs et diverses activités. La production annuelle de viande de bœuf est de 32 01,98 tonnes
(2018). Le cheptel y régresse aussi au fil des années, passant de 71 450 têtes en 2015 à 37 346
têtes en 2018 ; or l’apport des protéines animales est important dans l’alimentation humaine.

Les deux départements se rejoignent en tous points par le système marchand,


essentiellement régi par la périodicité des marchés, qui se tiennent une fois par semaine sauf les
marchés urbains de Bertoua et de Garoua-Boulaï. Leurs positions géostratégiques ne leur sont
guère profitables car la majeure partie des produits alimentaires est charriée dans les flux

 
  
370 
 

d’échanges avec les pays frontaliers et les prix sur ces marchés sont aussi fixés selon la
demande. En plus des contraintes d’éloignement des centres d’approvisionnement, le mauvais
état des routes et des pistes agricoles qui empêchent les récoltes de sortir des champs,
l’insécurité, les coûts de transport des marchandises, la rareté de certains produits entraînent
aussi les inflations sur ces marchés au grand dam des ménages locaux.

Le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem depuis 2013 subissent des incursions sur leur sol,
d’un côté de la secte B.H et de l’autre des bandes armées de la RCA. Les villages au niveau des
frontières ont été le théâtre des massacres, l’insécurité d’une violence extrême surtout dans le
Mayo-Tsanaga. Les assassinats, les enlèvements, les pillages, les destructions et la razzia des
villages ont meublé le quotidien des populations, les obligeant à fuir et trouver refuge dans les
zones sécurisées. Déjà structurellement faibles, ces zones d’accueil vont voir sa population
doubler voire tripler en peu de temps. Les arrondissements comme Mokolo, Mayo-Moskota
vont recevoir et abriter les camps des déplacés internes, et un camp de réfugié à Minawao, sans
compter ceux dissouts au sein des ménages d’accueil dans les autres arrondissements et d’autres
dans les maisons de fortune. Les arrondissements de Garoua-Boulaï et de Betaré-oya vont
accueillir un camp de réfugiés à Gado et des colonies de ménages de réfugiés disséminées au
sein de la population. Un melting pot de la population qui doive se partager les ressources déjà
limitées.

Le désintérêt de la population du Lom-et-Djerem pour la pratique agricole s’explique par


la pratique de l’orpaillage artisanal. Le sous-sol est riche en minerais et extrait à coup de
pelleteuse, de pioche et en fin de journée l’artisan vend sa récolte, son filon aux structures agrées
ou au réseau clandestin d’achat en marge des prix légaux. Toutefois, le revenu issu de ce dur
labeur est très souvent orienté dans les gargotes. C’est toute la cellule familiale qui est
concernée ; les enfants délaissent les salles de classe au profit des mines, le taux de déperdition
scolaire est de 14,9% proche de la moyenne nationale de 14,3% (RADEC Est, 2013). Les sites
minièrs manquent de points d’eau potable, de latrines, la défécation est à l’air libre,
l’alimentation des ménages n’équivaut pas aux dépenses énergétiques fournies, il se contente
d’un plat de couscous auprès des restauratrices de fortune et se le partage en famille. D’un autre
côté, les entreprises industrielles étrangères font beaucoup plus dans l’exploitation mécanisée,
détruisent les forêts, les champs, utilisent les produits chimiques qui souillent le sol, les rivières
et laissent les grands trous béants dans la nature, engendrant plusieurs accidents. Tous ces
éléments autour de cette activité contribuent à fragiliser et maintenir les ménages dans
l’insécurité alimentaire.

 
  
371 
 

En milieu rural, les moyens de subsistance en dehors de la pratique de l’agriculture sont


caractérisés par les petits métiers. Or cette zone est fortement conditionnée par le contexte
physique, socio-économique qui rend les activités vulnérables. L’absence de l’énergie
électrique handicape le meunier, le coiffeur, le photographe, empêche la mise sur pied de la
chambre froide pour la conservation des denrées alimentaires périssables, ce qui rend les
activités de commerce autour des denrées précaires. L’éloignement des marchés restreint la
mobilité des marchands, l’insécurité aussi. L’insuffisance et l’éloignement des points d’eau
limitent le déploiement du vendeur d’eau et les contraintes autour de l’orpaillage encore plus.
La conséquence de la vulnérabilité de toutes ces activités de survie est le maintien des ménages
dans la pauvreté, qui n’arrivent pas à assurer le panier alimentaire.

Les nourritures de consommation courante sont typiques, dans le Mayo-Tsanaga c’est le


couscous de mil ou du maïs servi de sauce aux légumes dans la plupart de temps. Dans le Lom-
et-Djerem, c’est le couscous de manioc ou de maïs accompagné de sauce aux légumes ou juste
de la viande ou du poisson. Il est pris en moyenne 2 fois par jour voire 1 fois vers 16 heures
pour avoir juste le sentiment d’avoir mangé de la journée. Le partage de repas intrafamilial,
tous autour du plat est un sérieux désavantage pour l’enfant de moins de 05 ans, moins rapide
que les autres. L’enfant est celui-là qui au sein d’un ménage, quand il y a un déséquilibre est le
premier à le manifester. Déjà suffisamment mal nourri dès le sein maternel, une alimentation
complémentaire non adaptée le renverse davantage. Dans ce couloir de la malnutrition, une
maladie opportuniste comme le paludisme, la pneumonie, la diarrhée oblige les parents à
l’amener dans un centre de santé et parfois à un stade élevé de la maladie. Et les conséquences
sont souvent dramatiques. Nous avons également relevé que d’autres facteurs déterminent
l’état nutritionnel du ménage ; l’accès à l’eau (les sources sont parfois lointaines, ne couvrent
pas les besoins du ménage), l’absence des latrines améliorées ou lorsqu’elles existent sont très
mal entretenues, jouxtant parfois les cuisines et donnant l’opportunité aux mouches de déposer
les larves sur la nourriture (la suite logique est la défécation à l’air libre). La pauvreté monétaire
qui se précise par la précarité de l’habitat, son équipement, la restriction des dépenses si ce n’est
que pour se nourrir ou pour la consommation des boissons traditionnelles. Viennent s’ajouter
les contraintes structurelles à l’instar de l’éloignement des centres de santé, l’insuffisance du
plateau technique et du personnel qualifié ce malgré l’accroissement de la population. Un CSI
dessert en moyenne 5 à 19 villages, sous la gestion d’un infirmier. Pour avoir accès à un
médecin il faut se rendre dans un hôpital de district, dans un chef-lieu d’arrondissement.
L’enclavement et l’insécurité qui restreignent la circulation des personnes et des biens de

 
  
372 
 

consommation. Conséquences, les régions de l’Extrême-Nord et de l’Est sont parmi les régions
les plus touchées par la malnutrition des enfants. En 2018, la MAM à l’Extrême-Nord est de
9,7% sous le seuil d’urgence, la MAS est de 1,4% et la malnutrition chronique à 35,9% sous le
seuil d’alerte. À l’Est, la MAM est de 1,6%, 0,8% en ce qui concerne la MAS et la malnutrition
chronique malgré les années stagne à 34,2% sous le seuil d’alerte.

Pour essayer de résoudre ces problèmes, de nombreux acteurs se sont mobilisés. Un


comité ad hoc mis sur pied par le chef de l’État pour encadrer les réfugiés et les PDI, le
déploiement des institutions gouvernementales à travers divers dons en nature, l’effort de guerre
de la part des populations du Cameroun et des dons personnels. Un couloir humanitaire est créé
pour faciliter l’accès aux multiples agences humanitaires nationales et internationales pour
intervenir sur le terrain et renforcer la résilience des ménages. Toutefois, au vu de la persistance
du phénomène d’insécurité alimentaire, les solutions essentiellement basées sur l’avoir, le
confort physique s’avèrent inefficaces. Ce problème perdure parce que les ménages touchés ne
savent pas toujours de quoi il s’agit bref la connaissance qu’il faut. Les aides alimentaires et
non alimentaires soulagent pour un temps défini la vulnérabilité. Les politiques et les stratégies
traitent les symptômes et non les racines du mal. Les ménages doivent comprendre les enjeux
et être encouragés au changement de paradigme socio-culturel.

Les insuffisances de ce travail ; les données chiffrées des ménages ne sont qu’un
échantillon de l’ensemble des ménages des départements cibles. Le nombre de questionnaires
administrés serait plus important n’eussent été les difficultés du terrain et le refus de certains
enquêtés de s’y soumettre. Malgré les demandes faites selon la règlementation auprès des
agences humanitaires et de certains services publics pour l’accès aux données et camps des
réfugiés, la plupart est restée sans suite, disent-ils « ce sont des données sensibles ». Est-ce à
penser que la situation est plus grave qu’évoquée par le présent travail ? Donc les données
secondaires utilisées dans ce travail sont surtout d’ordre générale et davantage basées sur les
enquêtes de terrain (visibilités des actions menées, échanges avec les ménages…). Nous
réitérons l’insuffisance des données pour l’ensemble des départements malgré nos différentes
autorisations de recherche jugées insuffisantes par certains responsables, et d’autres qui ont
sollicité l’échange des faveurs en contrepartie. L’autre difficulté en milieu rural, certains
responsables des services publics sont presque toujours absents surtout au niveau des
arrondissements. Pour ces raisons, nous nous sommes rabattue au niveau des services régionaux
ou départementaux (eux-mêmes déplorent le fait que certains rapports des arrondissements sont
aux abonnés absents ou ne respectent pas les délais de transmission) or les données ont déjà fait

 
  
373 
 

l’objet d’une analyse globale. Ce qui couvre en majeure partie la réalité de terrain des
arrondissements car chaque arrondissement à sa spécificité. Conséquences les anciennes
données sont simplement reconduites dans les rapports destinés à la haute hiérarchie.

L’application de la méthode MARP préconise l’utilisation des outils locaux, les


échantillons surtout dans l’alimentation ; les céréales ou aliments de consommation locale pour
faire les représentations. Cela permet de rendre plus réel l’interaction entre l’enquêteur et
l’enquêté car le débat est plus animé, améliore la précision des informations et favorise la
participation de tous dans le groupe de travail, eux-mêmes manipulent, disposent les objets pour
signifier leur consommation en ménage, les brindilles ou les cailloux pour faire le calendrier
agricole. Le nombre dans une case signifie l’intensité des pluies. Pour la représentation
proportionnelle des repas, il faut prévoir les différentes céréales, du lait (si on en consomme
localement), de la farine de manioc ou de maïs, le poisson, la viande, une poignée de légumes
et les mesurettes locales pour pouvoir déterminer les quantités. ACF, 2009 dit que cela rend
l’exercice plus facile et l’expérience enseigne que les gens sont davantage intéressés par ce
qu’ils perçoivent comme une sorte de jeu. Ce protocole de la MARP n’a pas été respecté, en
lieu et place des symboles alimentaires, nous avons utilisés des marqueurs et des papiers
formats pour cocher les réponses des participants au cours des travaux en ateliers.

Les forces de ce travail : l’enquête de terrain. Il aurait été impossible de mener ce travail
à bout sans des séjours auprès des ménages concernés. Et même si tout le visuel n’a pas été
suffisamment transcrit ici, nous avons vécus la souffrance des populations pour avoir accès à
l’eau, à la nourriture (les enfants ramassant les graines de riz au milieu des cailloux lors des
déchargements des camions d’aide alimentaire est une image gravée dans la mémoire). Le
témoignage des ex-otages de B.H, ce par quoi ils sont passés et comment ils ont été libérés par
les forces de défense lors des raids, les images des enfants malades, malnutris qui poussent de
faibles cris, des images insoutenables même pour les cœurs endurcis.

Les suggestions faites dans ce travail ne sont pas classiques, des suggestions physiques
ou structurelles tant réitérées par le milieu scientifique en cas de problème. Mais elles font appel
très souvent à la volonté intérieure de l’individu à voir changer sa condition avec l’apport de
la bonne connaissance, le vrai sens des choses stimulé par les bonnes attitudes. Ou la volonté
des acteurs engagés dans la lutte à être des bifurcations dans la vie des populations
languissantes, touchées par une catastrophe au lieu de continuer à créer des personnes
dépendantes des aides alimentaires et non alimentaires. Toutes ces suggestions centrées sur la

 
  
374 
 

dimension mentale trop négligée ou mal connue est primordiale si l’on veut voir les conditions
de vie changées. Ce travail a également su prouver que l’insécurité alimentaire n’est surtout pas
un problème qu’on combat avec l’augmentation de la production agricole, un simple état de
manque alimentaire que l’on traite avec une consommation soutenue de nourriture.

Le mal et le bien sont présents en l’Homme, et se soumettre à l’un ou à l’autre est un


choix délibéré. L’environnement offert au développement de l’enfant le conditionne pour ses
choix futurs. L’on doit assumer le fait de faire de nombreux enfants, les livrer à la rue pour des
activités de petit commerce, de tâcherons dans les restaurants de rue pour pouvoir se nourrir.
Cette précarité une fois les expose aux stupéfiants, viols et violences de toute nature qu’ils
reproduiront naturellement une fois adultes. La question reste posée. Les enfants traînent à
longueur de journée et de la nuit dans les rues, dans les gares routières, aux heures où ils sont
censés être endormis ou en train de s’apprêter pour se rendre à l’école, quel est l’avenir des
enfants qui errent à longueur de journée au sein des différents camps de réfugiés (près de 30 000
enfants au camp de Minawao parmi lesquels beaucoup ne sont pas accompagnés. UNHCR,
Unicef, 2018) et L’œil du Sahel de les nommer « enfants fantômes ». Ces enfants seront
probablement des recrues des bandes armées qui continuent leurs sales besognes et contribuent
au maintien de la situation des déplacements des populations et par là l’insécurité alimentaire.
. Pour tout dire, c’est l’action de l’Homme qui contribue et maintient son semblable dans la
misère et la précarité. L’urgence est partout présente, si tout continue à être traité comme tel
sur le terrain, les politiques et les programmes d’urgence demeurent et demeureront. À Njoh-
mouelle E (1980), dans son ouvrage « Développer la richesse humaine » de dire : « quand la
pauvreté et la misère atteignent certaines expressions difficilement tolérables par la conscience
et la sensibilité humaine, il est facile de comprendre que dans un tel contexte, l’élimination de
cette pauvreté et de cette misère soit la finalité de toute entreprise de développement. Mais il
n’y a que les très pauvres pour risquer d’enfermer le développement dans son cercle
alimentaire et matériel. Il est vain et illusoire de continuer à courir derrière un développement
envisagé de cette manière. De repenser la finalité du développement en fonction, non pas de sa
vanité mais de son évolution intérieure et personnelle car le véritable développement est celui
qui concerne l’évolution de l’homme individuel. C’est que pour promouvoir cette évolution
individuelle de chaque homme, les autres peuvent tout au plus nous offrir les conditions
objectivement favorables à cette entreprise individuelle et non se substituer à nous pour réaliser
le chef-d’œuvre de notre personnalité en cette vie. Au travers de la mise en place des conditions
objectives et visibles du développement. Un minimum de principes directeurs sont requis car

 
  
375 
 

on doit savoir où on va et où on voudrait mener les autres. Il suffit de restituer à l’individu la


responsabilité essentielle de son développement, la communauté ne pouvant que lui apporter
q’un certain nombre d’ingrédients et de stimulants qui, au lieu de le désorienter, doivent plutôt
lui permettre un empire suffisant sur tout ce qui tendrait à contrarier le développement de son
intériorité et de sa personnalité spirituelle ». La clé de voûte est la connaissance, la bonne
connaissance sur les bonnes pratiques. Ce qui est sûr, c’est que le monde n’a pas été fait pour
une litanie de souffrances. Si les gouvernants, les humanitaires soucieux véritablement du bien-
être de l’Homme, veulent lutter efficacement contre la faim et la misère, ils ont intérêt à faire
de cette thèse un instrument dans leurs programmes de lutte. Si nous ne renversons pas nos
échelles de valeurs, il y aura toujours des travaux sur l’insécurité alimentaire au Cameroun.

 
  
376 
 

BIBLIOGRAPHIE

DICTIONNAIRES

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582 du jeudi 6 mars 2014 ; N° 588 du jeudi 27 mars 2014 ; N° 593 du lundi 14 avril 2014 ; N°
613 du jeudi 26 juin 2014 ; N° 618 du lundi 14 juillet 2014 ; N°619 du jeudi 17 juillet 2014 ;
N° 621 du jeudi 24 juillet 2014 ; N° 629 du jeudi 21 août 2014 ; N°631 du jeudi 28 août 2014 ;
N° 639 du jeudi 25 septemebre 2014 ; N°652 du lundi 10 novembre 2014 ; N° 655 du jeudi 20
novembre 2014 ; N° 656 du lundi 24 novembre 2014 ; N° 661 du jeudi 11 décembre 2014 ; N°
664 du lunid 22 décembre 2014 ; N°669 de jeudi 15 janvier 2015 ; N° 670 du lundi 19 janvier
2015 ; N° 673 du jeudi 29 janvier 2015 ; N° 674 du 2 février 2015 ; N° 675 du jeudi 5 février
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mars 2015 ; N°689 du jeudi 26 mars 2015 ; N° 695 du jeudi 16 avril 2015 ; N°711 du jeudi 11
juin 2015 ; N° 727 du jeudi 6 août 2015 ; N° 747 du jeudi 15 octobre 2015 ; N° 775 du jeudi
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mercredi 11 janvier 2017 ; N°893 de vendredi 24 février 2017 ; N°903 du lundi 20 mars 2017 ;
N° 912 du lundi 10 avril 2017 ; N° 1020 du vendredi 5 janvier 2018 ; N°1025 du mercredi 17
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412 
 

ANNEXES

Annexe 1 :

 
  
413 
 

Annexe 2 :

 
  
414 
 

Annexe 3 :

 
  
415 
 

Annexe 4 :

 
  
416 
 

Annexe 5 :

 
  
417 
 

Annexe 6 :

 
  
418 
 

Annexe 7 :

 
  
419 
 

Annexe 8 : Questionnaire d’enquête

 
  
420 
 

SUJET : INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE, ÉTAT NUTRITIONNEL ET STRATEGIES


D’ADAPTATION DANS LES RÉGIONS DE L’EXTRÊME-NORD ET DE L’EST DU
CAMEROUN
QUESTIONNAIRE D’ENQUETE n°
Village :………………….Arrondissement :………………………Département :….
Section I : Identification, Démographie et Education du Ménage
Q1. Age du chef de ménage
Q2. Sexe du chef de ménage 1;M 2;F
Q3. Nationalité 1 ; Camerounais 2; réfugiés (Centrafricain ; Nigérian)

Q4.Quel est le niveau 1 ; primaire 2 ; moyen (6e à 3e) 3 ; secondaire


d’instruction du chef de 4 ; supérieur 5; sait écrire et lire en arabe 7 ; aucune instruction 8 ; autres
ménage (à préciser)………………………
Q5.Statut matrimonial du chef 1 ; célibataire 2 ; marié (monogame) 3 ; polygame (2épouses et plus) 4 ;
de ménage divorcé 5 ; veuf (ve)
Q6.Quel est le niveau le plus 1 ; primaire 2 ; moyen (6e à 3e) 3 ; secondaire
élevé atteint par un autre 4 ; supérieur 5 ; langue locale 6; aucune instruction 8 ; autres (à
membre de la famille préciser)………………………
Q7. Combien de personnes de 0-4 5-14 15-59 60+ total
cette catégorie vivent dans le homme
ménage femme

Section II : Habitat, Assainissement, hygiène et Equipements


Q8. Statut de l’occupation de 1 ; propriétaire 2 ; propriété familiale 3 ; locataire 4 ; don 5 ; autres
l’habitat ………………..
Q9. Quels sont les principaux a ; les murs (1. Paille 2.terre battue 3. Bois
matériaux de construction de 4. Semi-dur 5. Dur 6.Bâches 7. Autres……………)
la maison b ; le toit de l’habitat (1.tôle 2. Paille 3. Tente
4. autres ………………………….)
c ; le sol de l’habitat (1.ciment 2.carrelage 3. Terre/Sable 4.
Autres…………………………)
Q10. Combien de pièces …………………………………………….
d’habitation compte la
maison ?
Q11. Quelle est la principale 1 ; électricité 2 ; lampe à pétrole 3 ; torche
source d’énergie utilisée par le 4 ; énergie solaire 5 ; bougie 6 ; feux (bois, paille) 7 ; pas d’éclairage 8 ;
ménage (pour l’éclairage) groupe électrogène
Q12.Quelle est la principale 1 ; bois acheté 2 ; bois collecté 3 ; charbon de bois 4 ; gaz 5 ; déchets
source d’énergie pour la d’animaux 6 ; réchaud à pétrole 7 ; autres……..
cuisson et transformation des
aliments ?
1 ; puits 2 ; rivière 3 ; borne fontaine
Q13. Quelle est la source 4 ; forage/pompe 5 ; eau de surface (lac, pluie) 6 ; eau minérale (bouteille,
d’eau pour la boisson de la sachet)
famille ? 7 ; autres…………………..
1 ; aucun traitement 2 ; bouillir l’eau 3 ; filtrer (avec
quoi ?)……………………4 ; laisser les déchets se déposer au fond du
Q14. Que faites-vous pour récipient
rendre l’eau de boisson 5 ; désinfection solaire 6 ; eau de javel
potable ? 7 ; comprimés de purification (à préciser)…………
8 ; autre traitement (à préciser)………………….
Q15. Quel est le principal type 1 ; latrine (trou dans le sol) 2 ; toilette à chasse 3 ; latrine sur pilotis 4 ;
de toilette utilisé par la brousse/ nature
famille ?le ménage ? 5 ; autres (préciser)
Q16. Votre ménage partage-t- 1 ; non 2 ; oui
il les toilettes avec d’autres
ménages ?
1 ; radio 12 ; bouteille de gaz

 
  
421 
 

2 ; télévision 13 ; lampe torche


3 ; lecteur VCD/DVD 14 ; téléphone fixe
4 ; ventilateur 15 ; téléphone portable
5 ; lit 16 ; fer à repasser
Q17. biens d’équipements 6 ; table 17 ; vélo
(fonctionnels) ici le répondant 7 ; chaises 18 ; moto
peut choisir plus d’une 8 ; armoire 19 ; voiture
réponse 9 ; tapis/Natte 20 ; groupe électrogène
10 ; antenne parabolique 21 ; panneau solaire
11 ; frigo 22 ; machine à coudre
23 ; pirogue
24 ; autres…………

Section III : Capital productif, Stocks alimentaires et possession de Bétails


Q18. De quelle superficie de
terres cultivables êtes-vous …………………………………….ha
propriétaires ?
1 ; tracteur
Q19. Disposez-vous du type 2 ; charrue
de matériel agricole 3 ; houe
suivant ?peut choisir plus 4 ; machette
d’une réponse 5 ; pelle
6 ; autres…………………………………………
Q20. Disposez-vous d’un
grenier pour conserver les 1 ; OUI 2 ; NON
produits de votre récolte ? Si oui question 22 ; si non question 24
Q21. Si oui, que conservez- 1 ; manioc ………… (cuvettes, kg, tasses, sac)
vous ? Quantités (unités) 2 ; riz local ………... (cuvettes, kg, tasses, sac)
3 ; mil ………… (cuvettes, kg, tasses, sac)
4 ; maïs ………… (cuvettes, kg, tasses, sac)
5 ; autres………………………………….
Q22. Combien de mois peut
couvrir votre réserve ? quels ………………..mois. …………………..
mois ?
Q23. Qu’est-ce que vous
produisez (cultures du ……………………………………………….
ménage) ?
Q24. Quelle appréciation 1 ; cher 2 ; pas cher 3 ; abordable
faites-vous du niveau actuel 4 ; autres avis
des prix des denrées sur le
marché ?
Q25. Si l’achat se fait au 1 ; marché localisé dans le village
marché, quelle distance sépare 2 ; moins de 5km
votre village de ce marché ? 3 ; plus de 5km
4 ; pas de marché
5 ; marché périodique
6 ; autres…………………….
Q26. Possédez-vous du 1 ; OUI 2 ; NON
bétail ? Si oui question 28 Si non section svte
Q28. Les animaux en 1 ; bovins (bœufs, vaches……. 5; porcs ……
nombre ??peut choisir 2 ; ânes ……… 6 ; volaille (poulets,
plusieurs réponses 3 ; ovins (mouton)………. canards)…….
4 ; caprins (chèvres) 7 ; autres……..

SECTION IV : Consommation Alimentaire


Q27. Combien de repas par Adultes …………………………………………
jour Enfants – de 05ans…………………………….
Q28.Avez-vous des périodes 1-Oui……………………………………..
de soudure (où il n’y a rien à 2-Non…………………………………….
manger) Si oui quelle période ?.................................

 
  
422 
 

Q29. Quelle est le mode 1. agriculture (propre production)


d’acquisition de la nourriture 2. Pèche /chasse
du ménage ?plusieurs 3. collecte/cueillette
réponses possibles 4. emprunt
5. achat (comptant)
6. Travail contre nourriture
7. troc (échange)
8. don aliments (famille, voisins, amis)
9. aide alimentaire (gouvernements, ONG, Nations Unies)
1. riz
2. manioc
3. pomme de terre
Q30.Composition quotidienne 4. igname
des repas 5. patate douce
6. autres céréales (sorgho, mil, maïs)
7. légumes vertes (okok, feuilles de manioc,
autres…)……………………………………
8. fruits (à préciser)…………………………
9. œufs
10. lait et autres produits laitiers………….
11. huile/beurre
12. boissons alcoolisées
13. sucres ou produits sucrés

Q31. Est-il déjà arrivé que 1. oui


l’un des membres de la 2. non
famille soit tombé malade ? Si oui question 33 si non section suivante
Q32. Qu’avez-vous fait ? 1. hôpital
2. tradipraticien
3. rien……………………………….
Q33.qu’avez-vous pris 1. de continuer de manger comme d’habitude
comme décision ? 2. d’améliorer ou de changer l’alimentation
………………………………………………

Section V ; Revenus du ménages, Dépenses

A- Revenus
Q 34. Combien de personnes
au sein du ménage contribuent - 18ans 18-59 60+ total
aux revenus (y compris le hommes
chef du ménage) ? femmes ………Fcfa/mois

1. vente des produits de l’agriculture vivrière


2. vente des produits de l’agriculture de rente
3. commerce
4. pêche
5. chasse/cueillette/PFNL
6. commerce informel (call-box, eau, petits articles divers, beignets,
cacahuètes)
Q35. Quelles sont les 7. salarié informel (boutiquier, taxi-moto, chauffeur, car,
principales sources de revenus restaurateur, …) ……………….
du ménage ?plusieurs …………………………………………………….
réponses possibles 8. travail journalier (tâcheron, ouvrier …………..
9. artisanat (menuisier, tailleur, cordonnier,…….
10. travail spécialisé (maçon, peintre, ……………
11. Salarié du public
12. Retraité/pension

 
  
423 
 

13. transfert d’argent d’un tiers


14. Aide/don
15. mendicité
16. vol/escroquerie
17. AUTRES (à préciser)………………………
…………………………………………………

1. achat des aliments


2. paiement des frais de scolarité
3. soins de santé
Q36. Quelle est la principale 4. achat des semences/intrants agricoles
utilisation de votre revenu ? 5. équipements du ménage
(par ordre de priorité) 6. loyer
7. activités économiques
8. AUTRES…………………………………………
Réponses : ………………………………………………………

B- Dépenses

………………………………………….

1. savon
2. Tabac
3. alcool
4. dépenses de services (transport, communication,
employeurs,……………………………
5. dépenses de logement (loyer, électricité, eau, combustible de
Q37.Autres dépenses cuisine)…………………………..
quotidiennes (en FCFA) 6. habillement
7. frais scolaires
8.équipements domestiques
9. Remboursement des dettes
10. Achat de bétail
11. autres dépenses………………………………..
Réponses (ordre de
priorité)……………………………………………………

Section VI : Chocs, Problèmes


1. pluies insuffisantes
2. pluies hors saison
3. maladies des plantes
4. décès d’un membre de la famille
5. augmentation du prix des denrées sur le marché
Q38. Quelles sont les trois 6. victime de vol
principaux chocs subis par 7. Maladie/mort des animaux
votre ménage (par ordre de 8. destruction des champs
gravité) 9. insécurité civile (agression,……….
10. perte d’emploi
11. conflits communautaires
12. pannes de forage
13. déplacement forcé
14. afflux des réfugiés/déplacés
Réponses :……………………………………………………..

1. Augmentation des prix sur le marché


2. conflit
3. vol/insécurité civile/bagarre

 
  
424 
 

Q39. Et depuis la survenue 4. destruction des champs


des problèmes 5. cohabitation difficile
transfrontaliers ? 6. perte d’emploi
7. AUTRES ……………………………………….
Q40.les chocs relevés ont-ils 1. oui
causés une baisse ou une 2. non
augmentation de vos ………………………………………………………
revenus ?
Q41. Est-ce que le ménage a 1. Pas du tout
pu se relever de la diminution 2. Partiellement
de revenu ? 3. entièrement

Section VII ; Stratégies d’adaptation


1. consommer des aliments moins coûteux
2. emprunter des aliments
3. réduire la quantité d’aliment lors de la préparation du repas
4. réduire la consommation des adultes/mère au profit des enfants
5. réduire le nombre de repas journalier (sauter 1ou 2 repas/jour)
6. passer des journées sans manger
7. envoyer les membres du ménage mangé ailleurs chez les voisins (à
préciser)……………………….
Pendant combien de jours ??.....................................
8. réduire les dépenses de santé
Q42. Pour pallier au déficit de 9. vente des équipements de maison
revenu, quelle est la stratégie 10. Vendre plus d’animaux
adoptée par le 11. retirer les enfants à l’école
ménage ?plusieurs réponses 12. échanger des choses contre la nourriture
possibles 13. chercher des activités alternatives ou additionnelles
14. recours à la mendicité
15. recours au vol

Section VIII : Aide Alimentaire


Q 43.est-ce que votre ménage 1. oui
a bénéficier d’un appui 2. non
quelconque ? si non pourquoi ?.................................................
Q44. Quelle est la nature de 3. aliments ?................................................................
l’aide alimentaire 4. biens non alimentaires ?
5. transferts d’argent ?..........................................................
…………………………………………………………..
Q45. Qui sont les acteurs en 1. ONG…………………………………………………
place pour la lutte contre les 2. Etat …………………………………………………
problèmes du quotidien ? 3. Particuliers…………………………………………….
(spécifier)
1. OUI
Q46. Cette aide vous apporte 2. NON
satisfaction ? Si non pourquoi ?...........................................................
…………………………………………………………
…………………………………………………………
…………………………………………………………
Q47. Suggestion (que ……………………………………………………………
préfériez-vous comme aide) …………………………………………………………..
………………………………………………………….
………………………………………………

 
  
425 
 

Annexe 9 : Guide d’entretien

THEME : INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE, ÉTAT NUTRITIONNEL ET STRATÉGIES


D’ADAPTATION DANS LES RÉGIONS DE L’EXTRÊME-NORD ET DE L’EST DU
CAMEROUN

HYPOTHÈSE DE RECHERCHE PRINCIPALE


L’insécurité alimentaire dans les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est-Cameroun est le
résultat de l’environnement macro-économique, socio-culturel, sécuritaire, la nature des
moyens de subsistance de la population.
Hypothèses spécifiques :
HS 1 : L’environnement physique, macro-économique, la situation sécuritaire et les politiques
spécifiques de production/commercialisation sont les causes de l’insécurité alimentaire.

 
  
426 
 

HS 2 : Les habitudes alimentaires et les pratiques de soins exposent les enfants de 0-59 mois
aux carences alimentaires d’où la malnutrition.
HS 3 : Les populations combinent différents capitaux et capacités pour faire face aux temps
difficiles et ainsi satisfaire leurs besoins de base.
Grille d’entretien
Conçu dans le cadre de la recherche académique, cette grille d’entretien vise les autorités, les
délégués des institutions, les chefs traditionnels, le personnel de santé. Pour plus d’amples
informations, nous allons discuter :
 Les causes de l’insécurité alimentaire dans le Département.
 Le milieu physique
 Les pratiques sociétales
 Les infrastructures socio-politiques
 L’insécurité au niveau des frontières et au sein des villages
 Les moyens de subsistance et leurs contraintes
 Les activités des populations
 Les contraintes de ses activités
 La pauvreté des ménages
 Les pratiques alimentaires dans les ménages
 La production alimentaire des ménages
 La consommation alimentaire des ménages
 La fréquence des repas
 Les maladies récurrentes
 Les difficultés du quotidien
 L’afflux des réfugiés et des personnes déplacées internes
 Les attentes, les difficultés
 Les essais de solution
 L’aide alimentaire
 Le niveau de satisfaction
 Les attentes/ les propositions

Annexe 10 : Valeur nutritionnelle des denrées couramment fournies au titre de l'aide


alimentaire dans les situations d'urgence

Valeur nutritionnelle/100g
ENERGIE PROTEINES LIPIDES
(Kcal) (g) (g)
CEREALES
Blé 330 12.3 1.5
Riz 360 7.0 0.5
Sorgho/Millet 335 11.0 3.0
Maïs 350 10.0 4.0

 
  
427 
 

CEREALES TRAITEES
Farine de maïs 360 9.0 3.5
Farine de blé 350 11.5 1.5
Boulgour 350 11.0 1.5

ALIMENTS COMPOSES
Mélange soja-maïs (CSB) 380 18.0 6.0
Mélange blé-soja (WSB) 370 20.0 6.0
Boulgour enrichi de soja 350 17.0 1.5
Farine de maïs enrichie de soja 390 13.0 1.5
Fraine de blé enrichie de soja 360 16.0 1.3
Gruaux de sorgho enrichis de soja 360 16.0 1.0

PRODUITS LAITIERS
Lait écrémé en poudre (enrichi) (DSM) 360 36.0 1.0
Lait écrémé en poudre (normal) (DSM) 360 36.0 1.0
Lait entier en poudre (DWM) 500 25.0 27.0
Fromage en boîte 355 22.5 28.0
Lait thérapeutique (TM) 540 14.7 31.5

VIANDE & POISSON


Viande en boîte 220 21.0 15.0
Poisson salé et séché 270 47.0 7.5
Stockfish - - -
Poisson en boîte 305 22.0 24.0

CORPS GRAS
Huile végétale 885 - 100.0
Huile de beurre 860 - 98.0
Matière grasse comestible 900 - 100.0

LEGUMINEUSES
Haricots 335 20.0 1.2
Pois 335 22.0 1.4
Lentilles 340 20.0 0.6

DIVERS
Sucre 400 - -
Fruits secs 270 4.0 0.5
Dattes 245 2.0 0.5
Thé (noir) - - -
Sel iodé - - -
Source : PAM/HCR

Annexe 11 : Besoins énergétiques de populations en situation d’urgence, Profil de pays en


voie de développement (démographie et athropométrie); Kilocalories par jour

Groupe par Hommesa Femmesa Hommes & Femmesa


âge /sexe
(années)

% de la Besoins % de la Besoins % de la Besoins


population énergétiques population énergétiques population énergétiques
totale par personne totale par personne totale par personne

 
  
428 
 

0 1.31 850 1.27 780 2.59 820


1b 1.26 1250 1.20 1190 2.46 1220
2b 1.25 1430 1.20 1330 2.45 1380
3b 1.25 1560 1.19 1440 2.44 1500
4b 1.24 1690 1.18 1540 2.43 1620

0-4 6.32 1320 6.05 1250 12.37 1290


5-9 6.00 1980 5.69 1730 11.69 1860
10-14 5.39 2370 5.13 2040 10.53 2210
15-19 4.89 2700 4.64 2120 9.54 2420
20-59c 24.80 2460 23.82 1990 48.63 2230
60+c 3.42 2010 3.82 1780 7.24 1890
F.enceintes 2.4 285 (en plus) 2.4
F. allaitantes 2.6 500 (en plus) 2.6

Population 50.84 2250 49.16 2010 2070


entièrec

Sources: (1) Besoins énergétiques extraits du No 724 de la Série de Rapports techniques de l'OMS, 1985
(2) Données démographiques (mi-1995), ONU Division de la population, New York
a
Poids adulte: homme 60kg, femme 52kg
b
L'ONU ne dispose pas d'estimations démographiques pour les années 1, 2,3 et 4. On a obtenu les estimations
pour ces années par interpolation entre les chiffres donnés par l'ONU pour l'année 0 et pour 5 ans.
c
Les chiffres donnés ici s'appliquent à une activité "légère" (1,55 x MB pour les hommes et 1,56 x MB pour les
femmes)
(Le métabolisme de base - ou MB - correspond au niveau de dépense énergétique de l'organisme lorsqu'il se
trouve au repos complet, par ex. pendant le sommeil). Pour les ajustements applicables à une activité modérée ou
intense, voir annexe II.

N.B. Les besoins ci-dessus ne tiennent pas compte des variations de la teneur en fibres, de la digestibilité ni de la
teneur en glucides complexes du régime alimentaire. Dans les pays en développement, celui-ci se caractérise
généralement par une teneur relativement élevée en fibres et en glucides moins utilisables. On peut exprimer
la teneur en glucides des aliments en fonction de leurs diverses composantes (amidon, sucres, fibres,
celluloses, lignine etc.) ou simplement en tant que "différence" calculée entre le poids total et la somme des
autres composantes (graisses, protéines, sels minéraux et eau). Cette question est examinée dans la partie 7.1
du No 724 de la Série de Rapports techniques de l'OMS. Si le coefficient d'Atwater (4 kcal par gramme) est
appliqué par différence aux glucides, il faudrait réduire de 5% l'énergie réelle disponible dans les aliments
ou bien relever de 5% les "besoins" pour ce type de régime alimentaire, ce qui, pour ce tableau, équivaut à
un relèvement de +100 kcal des besoins énergétiques indiqués.

 
  
429 
 

Annexe 12 : Besoins énergetiques moyens de la popualtion et recommandations concernant


les suppléments énergetiques nécecessires (kcal/jour), compte tenu du niveau d’actvité, de la
témperature ambiante et des pertes alimentaires durant le transport1.

Pays en
développement

1. Besoins énergétiques moyens 2070

2. Ajustment des “besoins”en fonction du niveau


d’activité des adultes (18 ans+)
Activité modérée*: Hommes +360
Femmes +100
Ensemble de la population +140
(adultes & enfants)

Activité intense* Hommes +850


Femmes +330
Ensemble de la population +350

3. Ajustment des “besoins” en fonction de la température moyenne quotidienne (°C):


20° -
15° +100
10° +200
5° +300
0° +400
____________________________________________________________________________
4. Ajustement pour tenir compe d’éventuelles pertes alimentaires durant le transport:
Pays doté d’un port +5%
Pays enclavé +10%
(Il ne s'agit pas de chiffres absolus; ils doivent être ajustés vers le haut ou vers le bas en fonction de la
situation locale)

1
Adapté du manuel de l'OMS "The Management of Nutrition in Major Emergencies"(sous presse)

* Le métabolisme de base - ou MB - correspond au niveau de dépense énergétique de l'organisme lorsqu'il se


trouve au repos complet (par ex. pendant le sommeil)

On calcule les besoins pour une activité modérée ou intense en multipliant le MB par les facteurs ci-après
(comparés à 1,55 x MB pour une activité légère chez les hommes et 1,56 x MB chez les femmes):

Hommes Femmes
Activité modérée 1.78 1.64
Activité intense 2.10 1.82

 
  
430 
 

 
  
431 
 

Annexe 13 : Prix des denrées alimentaires sur les marchés importants du Mayo-Tsanaga

Denrée Année Jan Fév Mar Avr Mai Jui Juil Ao Sep Oct Nov Déc
Sorgho 2018 19600 19250 18500 19700 17167 20000 22000
SP 2017 13 300 14 500 16 500 17 700 18 000 19 000 25 000 26 000 23 000 20 000 18 000 22 000
2016 13 400 13 500 13 700 14 600 15 000 15 000 14 600 14 000 15 300 17 000 16 000 16 000
2015 11 200 12 200 12 500 15 500 15 800 16 300 15 700 15 700 16 300 15 400 15 000 15 000
2014 14 000 15 000 15 000 15 000 15 000 15 000 16 000 - - - - 14 500
2013 12 500 13 000 16 000 16 000 16 000 17 000 17 000 17 000 17 500 15 000 13 500 13 500
Sorgho 2018 20000 20500 22000 21250 22000 22500
SS 2017 13 000 16 500 18 000 17 500 19 000 19 000 24 500 26 000 25 000 26 000 26 000 26 000
2016 14 500 12 500 13 000 14 600 15 700 17 000 15 000 12 000 12 000 18 000 - -
2015 14 000 14 000 14 000 18 000 19 000 19 665 14 000 15 500 14 900 18 000 - -
2014 16 000 15 500 14 000 14 500 14 500 16 500 - - - - - -
2013 18 000 14 500 15 000 15 100 17 000 17 000 17 500 17 500 18 500 18 000 19 000 21 000
Maïs 2018 19700 18750 18875 17458 18167 16960 18000
2017 15 000 15 500 17 500 19 000 20 000 20 000 24 000 - - - - -
2016 13 500 13 200 12 700 14 400 14 900 15 600 15 600 14 400 16 000 13 000 15 500 15 000
2015 12 200 12 300 13 200 16 000 16 800 16 600 13 900 15 200 14 900 13 600 - -
2014 15 000 15 500 15 500 17 000 16 500 17 000 - - - - - -
2013 18 000 17 000 17 000 17 500 18 000 18 500 19 000 18 500 17 500 15 500 15 000 16 000
Arachi 2018 38500 37025 38500 41250 41417 41200 44000
des 2017 29 000 31 000 33 000 35 000 36 000 36 000 40 000 40 000 48 000 44 000 40 000 35 000
2016 43 600 41 400 41 500 38 900 35 900 36 500 36 700 32 428 31 285 26 000 32 500 35 000
2015 43 300 46 300 48 500 53 400 56 900 59 400 51 100 49 300 47 900 40 100 - -

 
  
432 
 

2014 36 500 37 500 40 000 44 500 46 500 50 000 - - - - - -


2013 39 500 39 500 40 500 42 000 40 000 40 000 40 000 40 000 35 000 35 000 35 000 35 000
Niébé 2018 32550 33750 37000 42000 41833 45000 44000
2017 29 000 31 000 35 000 40 500 41 000 42 000 45 000 52 000 50 000 40 000 30 000 30 000
2016 22 600 23 500 23 800 27 000 28 800 27 700 28 500 28 928 34 142 38 000 28 000 35 000
2015 22 900 25 000 25 900 32 000 32 700 32 700 30 400 28 400 27 000 23 800 - -
2014 30 500 30 500 30 500 34 500 36 000 36 000 - - - - - -
2013 40 000 40 000 40 000 40 000 41 000 41 000 40 000 41 000 39 500 32 500 31 500 30 000
Oignon 2018 16500 15000 12750 17417 15375 21600 25666
2017 10 000 10 000 11 000 12 000 16 500 20 000 30 000 32 000 40 000 43 000 45 000 45 000
2016 6 500 6 500 7 500 5 000 7 500 9 000 24 000 36 000 39 000 45 000 33 000 33 000
2015 23 000 23 500 23 000 20 200 26 200 28 000 27 600 31 400 31 800 36 000 - -
2014 24 000 31 000 26 000 25 500 28 000 26 500 - - - - - -
2013 32 000 21 500 14 500 21 500 22 000 22 500 41 000 45 500 42 500 47 500 35 500 30 000
vandzo 2018 30625 34400 31000 35600 38667 46333 43000
u 2013 28 750 28 500 28 500 40 000 38 000 45 330 38 300 36 730 42 500 35 000 35 500 33 330
Pomme 2018 35000 25000 30000 35000 40000
de terre 2013 6 500 - - - - - 12 000 - 21 500 37 000 31 500 45 000
Souche 2018 27000 21500 31000 30700 31666 33000
t 2013 25 000 27 000 28 830 31 000 29 000 28 000 29 000 31 000 34 600 28 000 21 600 20 600
comesti
ble
Poulet 2018 2075 2300 2144 2460 2412 2500 2200
moyen 2013 2 500 2 640 2 550 2 420 2 500 2 570 2 330 2 215 2 235 2 180 2 225 2 440
2018 21825 18400 16810 23350 24333 28000 34000

 
  
433 
 

Mouto 2013 26 000 26 425 27 140 29 500 29 710 27 140 28 165 28 080 25 300 27 455 25 200 27 365
n
moyen
Chèvre 2018 17325 15700 22000 16850 18000 20600 23333
moyen 2013 21 570 22 570 21 710 24 285 22 210 22 000 22 500 23 165 20 050 23 355 19 600 21 365
ne
Ail 2018 16000 80000 65000 80000 62500 72000 85000
0
2013 50 000 41 330 39 660 48 500 45 000 67 000 53 330 90 000 90 000 87 500 90 000 87 500
Mil 2018 19500 20000 21000 21375 23000 13625 24000
pénicill 2013 18 500 19 000 19 330 24 000 20 000 20 650 24 000 21 000 19 000 22 000 17 500 17 500
aire
Source : DDADER Mayo-Tsanaga et MINADER /PNSA-EN, 2018

 
  
434 
 

Annexe 14 : Tonnage et prix des denrées sur les marchés du Lom-et-Djerem

Année plantain manioc manioc maïs arachide banane patate haricot igname tomate ananas macabo
cosette tubercules graines douce douce
2013 tonnage
12558 5345,50 4339 6073,50 5352,50 2107,50 714 1293 1387 1620 656,50 6938,50
(t)
prix 194 215 123 305 614 152 134 633 269 355 131 135
moyen
par kg
2014 tonnage 5881 2403,50 943 1407 7782
14100,50 5903,50 4843 6766 1618,50 2183,50 689,50
(t)
prix 200 215 137 259 553 159 139 634 300 348 136 145
moyen
par kg
2015 tonnage
4325.5 1499 1035.5 414 692 273 309.5 264 105.5 276 224.5 696.5
(t)
prix 150 145 100 220 515 160 390 585 180 275 135 145
moyen
par kg
2016 tonnage 4050
7826 3416.50 2574.50 7177 4521.50 1590.60 887.50 1007.50 1062.50 1022 372
(t)
prix 190 205 140 215 575 160 150 650 365 150
moyen 320 140
par kg
2017 tonnage
6011.50 2285.50 1679 3414.50 2388 809.50 382.50 466 382.50 1251.50 184 2292
(t)
prix 195 175 135 200 580 150 320 570 320 290 130 150
moyen
par kg
Source : DDADER Lom-et-Djerem 2017

 
  
Annexe 15 : Depistage communautaire

1) Prendre le PB

Le PB est utilisé comme méthode alternative au poids-pour-taille pour mesurer la maigreur.


Il est utilisé en particulier chez les enfants de 1 à 5 ans. Cependant, son utilisation a été
étendue aux enfants de plus de 6 mois (enfants ayant une taille de plus de 67 cm).

 Demander à la mère d’enlever les habits qui couvrent le bras gauche de l’enfant.
 Faites une marque à mi-distance entre l’épaule et le coude gauches (milieu du bras
gauche). Pour ce faire, prenez une ficelle (ou le PB lui-même), et placez une extrémité
de la ficelle sur le haut de (flèche 1) et l’autre extrémité sur le coude (flèche 2) en faisant
attention que la ficelle soit bien tendue. Pliez ensuite la ficelle en deux en ramenant
l’extrémité du coude vers celui de l’épaule pour obtenir le point à mi-distance entre
l’épaule et le coude.
 Une autre méthode peut être utilisée. Placez le 0 du PB (indiqué par les 2 flèches) sur
le haut de l’épaule (flèche 4) et amenez l’autre extrémité vers le coude (flèche 5). Lisez
le chiffre qui se trouve au niveau du coude au centimètre près.
 Divisez ce chiffre par deux pour avoir une estimation de la mi-distance entre l’épaule
et le coude. Faites une marque sur le bras avec un stylo au niveau de cette valeur (flèche
6).
 Relâchez le bras de l’enfant et placez le PB autour du bras au niveau de la marque.
Assurez-vous que les chiffres soient à l’endroit. Assurez-vous que le PB touche bien la
peau (flèche 7).
 Vérifiez la tension exercée sur le PB. Assurez-vous que la tension exercée est correcte,
que le PB ne soit pas trop serré (bras compressé) ou trop lâche (le PB ne touche pas la
peau tout autour du bras) (flèches 7 et 8).
 Répétez chaque étape si nécessaire.
 Quand le PB est correctement placé et que la tension appliquée est bonne, lisez et
prononcez à haute voix la mesure à 0,1cm près (flèche 10).
 Enregistrez immédiatement la mesure.

435 
 
436 
 

436 
 
437 
 

2) Vérifier la présence d’œdèmes bilatéraux

La présence d’œdèmes bilatéraux est le signe clinique du kwashiorkor. Le kwashiorkor est


toujours une forme de malnutrition sévère. Les enfants avec des œdèmes nutritionnels sont
directement identifiés comme étant malnutris aigüe. Ces enfants sont à haut risque de mortalité
et doivent être rapidement traité dans un programme de prise en charge de la malnutrition aiguë.

Les œdèmes sont évalués comme suit :


 On exerce une pression normale avec le pouce sur les deux pieds pendant au moins trois
secondes.
 Si l’empreinte du pouce persiste sur les deux pieds, alors l’enfant présente des œdèmes
nutritionnels.
Seuls les enfants avec des œdèmes bilatéraux sont enregistrés comme ayant des œdèmes
nutritionnels9

Vous devez tester avec la pression de votre doigt ! Il ne suffit pas uniquement de
regarder !

Sévérité des œdèmes Codification

Œdèmes Légers :  des 2 pieds +

Œdèmes Modérés : des 2 pieds et la partie inférieure ++


des 2 jambes, ou les 2 mains et la partie inférieure
des 2 avant‐bras.
Intermédiaire entre le degré d’œdèmes légers et 
sévères
Œdèmes Sévères : généralisés soit incluant les 2  +++
pieds, jambes, mains, bras et le visage

                                                             
9
 Il y a d’autres causes d’œdèmes bilatéraux (par exemple les syndromes néphrétiques) mais ils nécessitent tous une 
admission dans une structure en interne 

437 
 
438 
 

Annexe 16 : Évaluation du test de l’appétit

Réalisation du test de l’appétit

• Encourager l’accompagnant et le patient à se laver les mains.


• Expliquer à l’accompagnant le but du test et comment cela va se passer afin d’obtenir
sa collaboration.
• Choisir un endroit calme pour réaliser le test pour que le patient se sente à l’aise afin
de limiter les refus d’ATPE par crainte ou peur de l’environnement ou du personnel.
• Offrir suffisamment d’eau à boire pendant et après le test de l’appétit.
• Vérifier avec l’accompagnant la dernière fois que l’enfant a mangé et bu (avant le test
d’appétit).
L’accompagnant doit :
• Se laver les mains avec de l’eau propre et du savon, et le patient doit faire de même.
• S’asseoir confortablement, ouvrir le sachet d’ATPE et commencer à donner des
petites quantités au patient tout en l’encourageant à manger.
• S’assurer que le patient à suffisamment d’eau pour boire à la demande.
• Se retirer et laisser l’accompagnant continuer à donner l’ATPE à l’enfant.
• Evaluer au bout de 30 à 45 minutes.

Evaluation sur la Evaluation du test de


Poids l’appétit :
Corporel Proportion d’un sachet
Faible Moyen Bon Réussite
Un patient qui prend au
moins la quantité indiquée
< 4 kg <1/8 1/8 – 1/4 >1/4
dans la colonne « moyen »
du tableau a réussi le test.
4 – 6.9 <1/4 1/4 – 1/3 >1/3
Il sera pris en charge en
ambulatoire au CRENAS.
7 – 9.9 <1/3 1/3 – 1/2 >1/2
Echec
10 – 14.9 <1/2 1/2– 3/4 >3/4 Un patient qui ne prend
pas au moins la quantité
15 - 29 <3/4 3/4 – 1 >1 indiquée dans la colonne «
moyen » n’a PAS réussi le
> 30 kg <1 >1 test : le résultat du test est
un échec – l’infirmier(e) doit alors examiner le patient et le transférer si besoin vers un
CRENI.

438 
 
439 
 

Annexe 17 : Rappel traitement systématique CRENAS


 

Médicaments Quand Age/poids Dosage Commentaires

6-8 Kg (ou 6- Une capsule bleue


11mois) (100.000 UI) ou 4
Vitamine A
gouttes de la capsule
(capsule bleue = Dose unique à la
rouge
100.000UI ; capsule 4eme visite
Une capsule rouge ou
rouge = 200.000 UI) >8 Kg (ou 1ans et
deux capsules bleues
plus)
(200.000 UI)
Pendant 7 jours à 50-100 mg/Kg/jour à
Voir détail dans
Amoxicilline partir de Tous les enfants diviser en 2 prises par
le tableau 16
l’admission jour pendant 7 jours
< 12 mois NE PAS DONNER
Mebendazole Dose unique à la
500mg 4eme visite > 12 mois 1 cp = 500 mg

<12 mois NE PAS DONNER


Albendazole
400mg (si Dose unique à la 12 à 24 mois ½ cp = 200mg
Mebendazole non 4eme visite
disponible) ≥ 24 mois 1 cp = 400mg

Enfants ≥ 9 mois
Vaccination contre
4ème visite sans carte de Standard
la rougeole
vaccination

NB : Il faut donner de l’acide folique (une dose de 5mg) en présence de signes cliniques
d’anémie. L’ATPE contient suffisamment d’acide folique pour traiter une carence modérée de
folates
Dosage de l’Amoxicilline

Amoxicilline (50 – 100 MG/KG/J)


Dosage – deux fois par jour pendant 7 jours
Classe de poids
(Kg)
Comprimé de 250 mg
Milligramme (Sirop)
½ cp x 2
<5kg 125 mg x 2
1 cp x 2
5 – 10 250 mg x 2
2 cp x 2
10 – 20 500 mg x 2
3 cp x 2
20 - 3 750 mg x 2
> 35 kg 1000 mg x 2 4 cp x 2

439 
 
440 
 

Annexe 18 : Calculer le rapport poids/taille

Comment utiliser la table poids/taille en z-score ?

Exemple : un enfant mesurant 63 cm et pesant 6,8 kg


 Prendre la table, regarder la 1ère colonne et rechercher le chiffre 63cm (=taille)
 Prendre une règle ou une feuille et la placer sous le chiffre 63. Sur cette ligne, rechercher le
poids correspondant à l’enfant (dans ce cas 6,8).
 Remontez la colonne correspondante pour déterminer de quelle colonne il s’agit. Pour cet
exemple, cela correspond à la colonne POIDS MEDIAN
Pour cet exemple, le poids de l’enfant est normal par rapport à sa taille. Il a donc un poids
approprié à sa taille.

Exemple : un enfant mesurant 78 cm et pesant 8,3kg


Cet enfant se trouve entre la colonne -2 et -3 Z-score ou entre MAM et MAS. Il est trop mince par
rapport à sa taille ou moins de -2 et plus de -3 ; il est <-2 (moins) et >-3 (plus) : il est MALNUTRI
MODERE mais PAS malnutri sévère.

NOTE : il peut arriver que le poids ou la taille ne soit pas un chiffre rond.
Exemple : taille = 80,4cm et poids = 7,9kg. Cette taille ne figure pas dans la table et elle doit être
arrondie à 0,5 cm près.
Pour la taille :

Taille en cm

80,0
80,1 80,1 et 80,2 sont arrondis à 80,0 cm. 
80,2

80,3
80,4 80,3 et 80,4 et 80,6 et 80,7  
80,5
80,6 sont arrondis à 80,5 cm. 
80,7

80,8
80,9 80,8 et 80,9 sont arrondis à 81,0 cm. 
81,0

Pour le poids :
Le poids de 7,9kg se situe entre 7,7 et 8,3 kg. Pour faire ressortir que le poids de l’enfant se situe entre
ces 2 poids, écrivez que le Z-score de l’enfant est entre -4 et -3 Z-score ou <-3 ET >-4 Z-score. Cet
enfant est MAS.

440 
 
cdxli 
 

Table poids-pour-taille enfants 45 à 120 cm

A ut ilise r po ur garç o ns e t f illes


T a ille
T a ille debo u
de bo ut

Modérée  Sortie Poids Modérée  Sortie Poids


Sévère MAS po ids Sévère MAS po ids
MAM Médian MAM Médian
c ible c ible

cm ‐3 ‐2 ‐1,5 0 cm ‐3 ‐2 ‐1,5 0
Utiliser la taille debout pour 87 cm et plus 

87 9,6 10,4 10,8 12,2 104 13 14 14,6 16,5


87,5 9,7 10,5 10,9 12,3 104,5 13,1 14,2 14,7 16,7
88 9,8 10,6 11 12,4 105 13,2 14,3 14,9 16,8
88,5 9,9 10,7 11,1 12,5 105,5 13,3 14,4 15 17
89 10 10,8 11,2 12,6 106 13,4 14,5 15,1 17,2
89,5 10,1 10,9 11,3 12,8 106,5 13,5 14,7 15,3 17,3
90 10,2 11 11,5 12,9 107 13,7 14,8 15,4 17,5
90,5 10,3 11,1 11,6 13 107,5 13,8 14,9 15,6 17,7
91 10,4 11,2 11,7 13,1 108 13,9 15,1 15,7 17,8
91,5 10,5 11,3 11,8 13,2 108,5 14 15,2 15,8 18
92 10,6 11,4 11,9 13,4 109 14,1 15,3 16 18,2
92,5 10,7 11,5 12 13,5 109,5 14,3 15,5 16,1 18,3
93 10,8 11,6 12,1 13,6 110 14,4 15,6 16,3 18,5
93,5 10,9 11,7 12,2 13,7 110,5 14,5 15,8 16,4 18,7
94 11 11,8 12,3 13,8 111 14,6 15,9 16,6 18,9
94,5 11,1 11,9 12,4 13,9 111,5 14,8 16 16,7 19,1
95 11,1 12 12,5 14,1 112 14,9 16,2 16,9 19,2
95,5 11,2 12,1 12,6 14,2 112,5 15 16,3 17 19,4
96 11,3 12,2 12,7 14,3 113 15,2 16,5 17,2 19,6
96,5 11,4 12,3 12,8 14,4 113,5 15,3 16,6 17,4 19,8
97 11,5 12,4 12,9 14,6 114 15,4 16,8 17,5 20
97,5 11,6 12,5 13 14,7 114,5 15,6 16,9 17,7 20,2
98 11,7 12,6 13,1 14,8 115 15,7 17,1 17,8 20,4
98,5 11,8 12,8 13,3 14,9 115,5 15,8 17,2 18 20,6
99 11,9 12,9 13,4 15,1 116 16 17,4 18,2 20,8
99,5 12 13 13,5 15,2 116,5 16,1 17,5 18,3 21
100 12,1 13,1 13,6 15,4 117 16,2 17,7 18,5 21,2
100,5 12,2 13,2 13,7 15,5 117,5 16,4 17,9 18,7 21,4
101 12,3 13,3 13,9 15,6 118 16,5 18 18,8 21,6
101,5 12,4 13,4 14 15,8 118,5 16,7 18,2 19 21,8
102 12,5 13,6 14,1 15,9 119 16,8 18,3 19,1 22
102,5 12,6 13,7 14,2 16,1 119,5 16,9 18,5 19,3 22,2
103 12,8 13,8 14,4 16,2 120 17,1 18,6 19,5 22,4
103,5 12,9 13,9 14,5 16,4

cdxli 
 
cdxlii 
 

A ut ilis e r po ur ga rç o ns e t f ille s
T a ille T a ille
c o uc hé e c o uc hé e

Modérée  Sortie Poids Modérée  Sortie Poids


Sévère MAS P o ids Sévère MAS po ids
MAM Médian MAM Médian
c ible c ible
cm ‐3 ‐2 ‐1,5 0 cm -3 -2 - 1,5 0

Ut ilis e r la t a ille c o uc hé e po ur le s m o ins de 8 7 c m

45 1,88 2,04 2,13 2,44 66 5,9 6,4 6,7 7,5


45,5 1,94 2,11 2,21 2,52 66,5 6 6,5 6,8 7,6
46 2,01 2,18 2,28 2,61 67 6,1 6,6 6,9 7,7
46,5 2,07 2,26 2,36 2,69 67,5 6,2 6,7 7 7,9
47 2,14 2,33 2,43 2,78 68 6,3 6,8 7,1 8
47,5 2,21 2,40 2,51 2,86 68,5 6,4 6,9 7,2 8,1
48 2,28 2,48 2,58 2,95 69 6,5 7 7,3 8,2
48,5 2,35 2,55 2,66 3,04 69,5 6,6 7,1 7,4 8,3
49 2,42 2,63 2,75 3,13 70 6,6 7,2 7,5 8,4
49,5 2,50 2,71 2,83 3,23 70,5 6,7 7,3 7,6 8,5
50 2,58 2,80 2,92 3,33 71 6,8 7,4 7,7 8,6
50,5 2,66 2,89 3,01 3,43 71,5 6,9 7,5 7,8 8,8
51 2,75 2,98 3,11 3,54 72 7 7,6 7,9 8,9
51,5 2,83 3,08 3,21 3,65 72,5 7,1 7,6 8 9
52 2,93 3,17 3,31 3,76 73 7,2 7,7 8 9,1
52,5 3,02 3,28 3,41 3,88 73,5 7,2 7,8 8,1 9,2
53 3,12 3,38 3,53 4,01 74 7,3 7,9 8,2 9,3
53,5 3,22 3,49 3,64 4,14 74,5 7,4 8 8,3 9,4
54 3,33 3,61 3,76 4,27 75 7,5 8,1 8,4 9,5
54,5 3,55 3,85 4,01 4,55 75,5 7,6 8,2 8,5 9,6
55 3,67 3,97 4,14 4,69 76 7,6 8,3 8,6 9,7
55,5 3,78 4,10 4,26 4,83 76,5 7,7 8,3 8,7 9,8
56 3,90 4,22 4,40 4,98 77 7,8 8,4 8,8 9,9
56,5 4,02 4,35 4,53 5,13 77,5 7,9 8,5 8,8 10
57 4 4,3 4,5 5,1 78 7,9 8,6 8,9 10,1
57,5 4,1 4,5 4,7 5,3 78,5 8 8,7 9 10,2
58 4,3 4,6 4,8 5,4 79 8,1 8,7 9,1 10,3
58,5 4,4 4,7 4,9 5,6 79,5 8,2 8,8 9,2 10,4
59 4,5 4,8 5 5,7 80 8,2 8,9 9,2 10,4
59,5 4,6 5 5,2 5,9 80,5 8,3 9 9,3 10,5
60 4,7 5,1 5,3 6 81 8,4 9,1 9,4 10,6
60,5 4,8 5,2 5,4 6,1 81,5 8,5 9,1 9,5 10,7
61 4,9 5,3 5,5 6,3 82 8,5 9,2 9,6 10,8
61,5 5 5,4 5,7 6,4 82,5 8,6 9,3 9,7 10,9
62 5,1 5,6 5,8 6,5 83 8,7 9,4 9,8 11
62,5 5,2 5,7 5,9 6,7 83,5 8,8 9,5 9,9 11,2
63 5,3 5,8 6 6,8 84 8,9 9,6 10 11,3
63,5 5,4 5,9 6,1 6,9 84,5 9 9,7 10,1 11,4
64 5,5 6 6,2 7 85 9,1 9,8 10,2 cdxlii 11,5
 
64,5 5,6 6,1 6,3 7,1 85,5 9,2 9,9 10,3 11,6
65 5,7 6,2 6,4 7,3 86 9,3 10 10,4 11,7
65,5 5,8 6,3 6,5 7,4 86,5 9,4 10,1 10,5 11,9
cdxliii 
 

TABLE DES INDEX

3 CED, xx, 179, 180, 183, 185, 385, 396


CFSVA, xx, 33, 35, 376, 380, 385, 397
3e RGPH, 186, 187
Chalmin P., 8, 385
A Chambers R., 203
Chetima, 22, 97, 187, 404
ACF, xx, 15, 45, 49, 53, 56, 67, 118, 141,
Chevaler, 121
168, 204, 206, 227, 256, 308, 328, 344,
Chevassus-Angès et al., 348
346, 370, 374, 375, 390, 399
CILSS, 44, 386
Adger, 53, 382
Clément A., 59, 386
Agbessi-Dos Santos H. & Damon M., 233
Collomb, 28
Agueguia A. et al., 234, 236
Courade G., 33, 376, 386, 387
Agueguia A., et al., 236
Courtin N., 173, 387
Agueguia et al., 233
Croix Rouge et Croissant Rouge, 53
Alary V., 42, 382
Amouzou E., 293, 382 D
Arlington et al., 52
Aubert G., 83 DDADER, 24, 63, 96, 99, 100, 101, 111,
Azoulay et Dillon, 37, 140 112, 122, 133, 141, 151, 154, 314, 428,
Azoulay G. & Dillon J-C., 186, 209, 375 429
Azoulay G. et Dillon J.C., 290 DDADR, xxi, 86, 94, 113, 114, 115, 123,
Azoulay G. et Dillon J-C., 169 132
DDEB, xxi, 176, 324
B DDEPIA, xxi, 112, 113, 117, 134, 135,
137, 138, 222
Ball Marcia et al., 351
Delaunois A., 184, 387
Banque Mondiale, xviii, xx, 11, 13, 252,
Dénis Ouédraogo et al., 44
286, 335, 381, 382
DFID, 56
Bascoulergue & Le Berre, 225
Dillon et Benbouzid, 46
Beauvilain A., 27, 384
Diop B., 351
Beriname B. et al., 219
Diry J-P., 125, 133, 377
Bissong J., 58, 383
DRADER, 22, 23, 94, 96, 115, 146
Boisguilbert, 59
DREPIA-EN., 117, 129
Bonnassieux A., 295
Ducreux G., 118, 387
Bonnet P. et al., 3
Dufumier M., 163, 377
Boughdad A. & Gillon Y., 226
Dupriez H. & De Leerner P., 95, 97
Boulet et al., 187
Durand-Dastès, 190
Boutrais J., 128, 375
E
C
ECAM 3, 24, 153, 391
Cambrezy L., 28, 376
ECAM 4, 18, 24, 167, 182
Cameron M. & Hofvander Y., 233
cdxliii 
 
cdxliv 
 

ECAM I, II, III et IV, 15 INC, xxii, 92


Édouard de Suremain C., 34 INS/ECAM II, III, 12
EDS, xxi, 25, 36, 303, 392 Iyébi-mandjek O., 121
EDS/MICS, 25, 36 Iyébi-Mandjek O., 219
Eldridge & Kwolek, 255
Elong J.G., 163 J
Eno Belinga, 83, 377 Janin P., 10, 28, 34, 168, 376, 378, 379,
Essimi Biloa A.C., 44 392
Eyog Matig et al., 239 Jean Yves Martin, 217
Eyog Matig O., 81, 377 Jean-Yves Martin, 187
Jelena Pejic, 171, 393
F
Juan Avila, 355, 379
FAO, xxii, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 15, 28, 29, 31,
33, 37, 38, 39, 40, 47, 111, 116, 214, K
215, 233, 236, 252, 253, 256, 257, 291, Kanté A., 53
296, 298, 323, 324, 339, 358, 359, 364, Keeley B., 352, 379
376, 377, 378, 379, 380, 382, 384, 388, Kengne F., 163
389, 392, 393, 395, 397, 400, 401 Kogni, 14, 239, 404
Favier J.C., 223, 225, 378
Favier J-C., 233, 236, 386 L
Fédération Internationale des Sociétés de L’oeil du Sahel, 176
la Croix Rouge et du Croissant Rouge, Latham M., 259, 351, 354
56 Letouzey R., 81, 82, 379
FEWS NET, 3 Lopez, Muchnik, Seignobos, 247
Fofiri N., 40 Lussault L., 141
Franqueville, 52, 378
FSIN, xxii, 5, 6, 7, 10, 13, 30, 389 M
Marathée J.P., 119
G
Masimba Tafinenyika, 10
Gillardot P., 88, 378 Masullo A., 355, 394
Global Hunger Index, xxii, 11 Mbarkoutou, 173, 396
Gourou, 217, 229 Meurier V., 31, 405
Mialoundama F., 239, 379
H
Mimbang Z.l., 239
Hallaire A., 217, 229, 345, 378, 391 Mimbang Z.L., 246
Hiol Hiol F., 87, 90, 404 MINADER-EN., 176
Hoddinott & al., 42 MINEPAT, xxiii, 219, 385, 391, 394, 399
Humbel H., 83, 378 Mougam à Mbassa, 163
Moumini B., 314
I Moupou M. & Akei Mbanga L., 359, 395
IFORD/PLAN-CAMEROUN, 26, 69 Mulungula F., 62, 215

cdxliv 
 
cdxlv 
 

Mvomo S.L, 33 Podlewski, 187, 398


Myers N., 348 Podlewsky, 222
Pourtier R., 29, 380
N Prudhon C., 49, 380
N’da L., 52
R
Ndaya, 62
Neba A., 87, 88 RADEC, 24, 25, 167, 182, 367
Nfor D., 33 Ray O., 179, 352, 399
Ngamo Tinkeu L.S. et al., 113 Roulon-Doko P., 237, 239, 381
Ngoufo R. et al., 31
Nguepjouo D. & Manyacka E., 179, 396 S
Njayou Ngapana A., 113, 406 Sanoussi Yagi, 53, 406
Njiembokue, 14, 223, 406 Sautier D. & O’Déyé M., 224
Njoh-Mouelle, 348, 349, 352, 355 Sautier D. & O’Déyé M., 225
Njoh-Mouelle E., 348, 349 Sautier D. et al., 227
North, vii, 358, 380 Sautier D., O’Déyé M., 119
Ntuda Ebode et al., 173 Sebillotte M., 107
Nwana, 71 Seignalet Jean, 217
Seignobos C., 27, 113, 118, 121, 171, 175,
O
176, 187, 220, 222, 226, 246, 386, 390,
OCHA, xxiii, 8, 24, 26, 63, 76, 171, 323, 400
324, 328, 333, 385, 397, 408 Seignobos et al., 22
OIM, 190, 191, 324, 387, 388, 402 Sherry Watts, 118
OMM, 93 Siegnobos C., 119
OMS, xxiii, 15, 18, 36, 233, 236, 250, 252, Siégnounou, 9, 406
256, 282, 284, 286, 289, 297, 304, 308, Simeu Kamdem, 236, 389
324, 326, 376, 380, 381, 389, 392, 397, SMART, xxiv, 25, 37, 303, 304, 305, 306,
423, 424 374, 395, 401
OXFAM, 30, 397 Socpa A., 23, 32, 51, 84, 240, 401
Oyengua & Amazigo et al., 233 Suchel, 90
Suchet, 22, 386
P
T
PAM, iii, xxiii, 15, 19, 24, 25, 26, 28, 31,
32, 35, 39, 51, 53, 63, 64, 230, 300, 324, Tamekamta, A., 193
326, 340, 344, 376, 380, 381, 385, 388, Tanawa E. & Tchapna H., 261
389, 392, 396, 397, 398, 399, 402, 422 Teissier J.H., 102, 401
PAM/PNVRSA, 24 Tiki Mpondo, 247
Perevet Z., 81, 87, 92, 187, 380 Tisseron A., 9, 172, 401
Perisse, 225 Toh Alain, 186
PNAN/CMR, 36 Tourneux H., 219
PNSA, iv, 15, 18, 23, 24, 385, 398, 428 Treche S., 236, 390, 402
PNUD, 7, 324, 381, 382, 391, 398, 399 Troubé, 45
cdxlv 
 
cdxlvi 
 

Tsilefinirina, 258, 407 W

U Wandou M., 350


Weingärtner, 25
UNFPA/IFORD, 25 Whilhite & Glantz, 93
UNHCR, xxiv, 18, 26, 198, 200, 202, 324,
326, 327, 329, 331, 333, 335, 339, 371, Y
378, 392, 402
Yamthieu S., 12
UNHCR 2015, 18
Yann L’hôte, 92
Unicef 2013, 18
Z
V
Zouya Mimbang L., 136
Vissoh P. et al., 52
Voundi E. et al., 183, 208

cdxlvi 
 
cdxlvii 
 

TABLE DES MATIERES

DÉDICACE ................................................................................................................................ ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iii
RÉSUMÉ .................................................................................................................................... v
ABSTRACT .............................................................................................................................. vi
SOMMAIRE ............................................................................................................................ vii
TABLE DES TABLEAUX ....................................................................................................... ix
TABLE DES FIGURES ............................................................................................................ xi
TABLE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES .............................................................. xiii
TABLE DES PHOTOS ........................................................................................................... xiv
TABLE DES ENCADRES ................................................................................................... xviii
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES ............................................................... xix
INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 1
I- CONTEXTE DE L’ÉTUDE ............................................................................................... 3
II- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET .................................................................... 13
III- INTERET DE LA RECHERCHE ................................................................................. 15
III-1- Intérêt scientifique .................................................................................................. 15
III-2- Intérêt pratique ........................................................................................................ 16
IV- DELIMITATION DES ZONES D’ETUDES ............................................................... 17
IV-1- Sur le plan thématique ............................................................................................ 17
IV-2- Sur le plan spatial ................................................................................................... 17
IV-3- Sur le plan temporel ............................................................................................... 19
V- PROBLÉMATIQUE ....................................................................................................... 21
VI- QUESTIONS DE RECHERCHE .................................................................................. 27
VI-1- Question principale de recherche ........................................................................... 27
VI-2- Questions spécifiques de recherche ........................................................................ 27
VII- CONTEXTE SCIENTIFIQUE ..................................................................................... 27
VII-1- Situation de l’insécurité alimentaire en Afrique ................................................... 27
VII-2- Situation de l’insécurité alimentaire au Cameroun ............................................... 30
VIII- CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE .............................................................. 37
VIII- 1- Cadre conceptuel ................................................................................................ 37
VIII-2- Cadre théorique .................................................................................................... 56
VIII-2-1-La théorie des besoins de base de Maslow (1908-1970) ............................... 56
VIII-2-2- La spécificité du fait alimentaire dans la théorie économique ..................... 58
VIII-2-3-Le déterminisme thermodynamique par ALAIN MOUREY (2004). ........... 59
XI- OBJECTIFS DE RECHERCHE .................................................................................... 60
cdxlvii 
 
cdxlviii 
 

XI-1- Objectif principal .................................................................................................... 60


XI-2- Objectifs spécifiques .............................................................................................. 60
X- HYPOTHESES DE RECHERCHE ................................................................................ 61
X-1- Hypothèse principale ............................................................................................... 61
X-2- Hypothèses Spécifiques ........................................................................................... 61
XI- METHODOLOGIE ....................................................................................................... 61
XI-1- La collecte des données de sources secondaires .................................................... 62
XI-2- Collecte des données primaires .............................................................................. 64
XI-2-1- L’observation .................................................................................................. 64
XI-2-2- Les entretiens .................................................................................................. 64
XI-2-3- La MARP ........................................................................................................ 67
XI-2-4- L’enquête-ménage ........................................................................................... 68
XII- LES DIFFICULTES RENCONTREES ....................................................................... 77
XIII- ORGANISATION DE LA THÈSE ............................................................................ 78
PARTIE I : LES CAUSES ÉVIDENTES DE LA PERSISTANCE DE L’INSÉCURITE
ALIMENTAIRE....................................................................................................................... 80
CHAPITRE I : CONTEXTE DE PRODUCTION ALIMENTAIRE DANS LES ZONES
AGROECOLOGIQUES........................................................................................................... 81
I-1- ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET PROFIL DES ZONES AGROECOLOGIQUES
.............................................................................................................................................. 81
I-1-1- La végétation du mayo-tsanaga et du lom-et-djerem ............................................. 82
I-1-1-1- Une végétation rêche selon les saisons dans le Mayo-Tsanaga...................... 82
I-1-1-2-Une végétation luxuriante dans le Lom-et-Djerem ......................................... 83
I-1-2- Les sols................................................................................................................... 83
I-1-2-1- Un sol particulièrement rocailleux dans le Mayo-Tsanaga ............................ 83
I-1-2-2- Les sols rouges-brun de la forêt équatoriale ................................................... 84
I-1-3- L’hydrographie ...................................................................................................... 85
I-1-3-1- L’intermittence de l’hydrographie dans les Monts Mandara.......................... 85
I-1-3-2- Une hydrographie riche en cours d’eau et permanent malgré les saisons ...... 86
I-1-4- Le relief .................................................................................................................. 87
I-1-4-1- Un vaste paysage de fer dans le Mayo-Tsanaga ............................................. 87
I-1-4-2- Un relief sous forme de dôme ou demi-orange .............................................. 89
I-1-5- Le climat ................................................................................................................ 91
I-1-5-1- Un climat sahélien d’altitude .......................................................................... 91
cdxlviii 
 
cdxlix 
 

I-1-5-2- Un climat doux et humide .............................................................................. 97


I-2- SYSTEMES DE PRODUCTION ET DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES ........... 102
I-2-1- Les systèmes de production et les pratiques culturales sur les Monts Mandara .. 102
I-2-2- Le système de production Chez les Bantous du Lom-et-Djerem ........................ 107
I-2-3- Les contraintes de la production alimentaire ....................................................... 110
I-3- LES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES ET DESCRIPTION DES PRINCIPALES
CULTURES DE CONSOMMATION POPULAIRE ET LEURS ZONES DE
PRODUCTIONS ................................................................................................................ 117
I-3-1- La production agricole dans le Mayo-Tsanaga .................................................... 117
I-3-1-1- Superficie totale, superficie cultivable et superficie cultivée. ...................... 122
I-3-1-2- Tendances annuelles et variations saisonnières de la production animale ... 125
I-3-2- La production agricole dans le Lom-et-Djerem ................................................... 131
I-3-2-1- En matière de rendement de l’élevage .......................................................... 134
I-4- STRUCTURE DE COMMERCIALISATION ET TENDANCE DES PRIX SUR LES
MARCHÉS......................................................................................................................... 141
I-4-1- Les marchés du Mayo-Tsanaga ........................................................................... 141
I-4-1-1- Les prix des produits alimentaires de base ................................................... 144
I-4-2- Les marchés du Lom-et-Djerem .......................................................................... 153
I-4-2-1- Les prix et les systèmes d’échanges sur les marchés du Lom-et-Djerem..... 156
CHAPITRE II : IDENTIFICATION DES FACTEURS AGGRAVANTS DE
L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ........................................................................................ 169
II-1- ENVIRONNEMENT SECURITAIRE ET SOCIO-ECONOMIQUE DANS LE LOM-
ET-DJEREM ET LE MAYO-TSANAGA ......................................................................... 169
II-1-1- Les catastrophes liées à l’action de l’homme ..................................................... 170
II-1-1-1- Influence des guerres civiles centrafricaines sur le Lom-et-Djerem ........... 170
II-1-1-2- Impact spécifique des incursions de la secte BH dans le Mayo-Tsanaga ... 171
II-1-2- Les activités non agricoles comme facteur de vulnérabilité ............................... 178
II-1-2-1- L’extraction minière ou l’orpaillage dans le Lom-et-Djerem ..................... 178
II-2- PROFIL SOCIO-CULTUREL ET DEMOGRAPHIQUE DES POPULATIONS
AFFECTEES OU VULNERABLES ................................................................................. 185
II-2-1-Profil démographique des populations hôtes ....................................................... 185
II-2-2-Caractéristiques des ménages enquêtés ............................................................... 187
II-2-3- Les personnes déplacées internes (PDI) ............................................................. 189
II-2-3- Les réfugiés......................................................................................................... 194

cdxlix 
 
cdl 
 

II-2-3-1- Camp de Gado dans le Lom-et-Djerem....................................................... 194


II-2-3-2- Camp de réfugiés de minawao dans le Mayo-Tsanaga ............................... 200
II-3- VULNERABILITE DES MOYENS DE SUBSISTANCE ....................................... 206
II-3-1- Les moyens de subsistance et les facteurs de précarité des moyens de subsistance
........................................................................................................................................ 206
PARTIE II : DES EFFETS MANIFESTES AUX ESSAIS DE SOLUTIONS ..................... 213
CHAPITRE 3 : ETAT NUTRITIONNEL DE LA POPULATION CIBLE : CAS DES
ENFANTS DE 0 à 59 MOIS .................................................................................................. 214
III-1- COMPRENDRE LE RôLE DE L’ALIMENTATION POUR L’ORGANISME ..... 215
III-1-1- C’est quoi un aliment ?...................................................................................... 215
III-1-2- Rôle de l’aliment pour l’organisme ................................................................... 217
III-2- LES HABITUDES ALIMENTAIRES ..................................................................... 220
III-2-1- Profil alimentaire des deux départements ......................................................... 220
III-2-1-1- Le Mayo-Tsanaga ...................................................................................... 220
III-2-1-1-1-Typologie des repas : culture alimentaire et tradition ......................................... 220
III-2-1-1-2- Stockage, conservation et transformation des céréales ...................................... 225
III-2-1-1-3- Fréquence des repas et répartition intrafamiliale ................................................ 230
III-2-1-2- Que mange-t-on dans la zone péri-forestière du Lom-et-Djerem .............. 236
III-2-1-2-1- Les éléments du repas : processus d’obtention du repas .................................... 236
III-2-1-2-1-1- Processus d’obtention de la farine de manioc ............................... 237
III-2-1-2-1-2-La préparation du couscous, « boule blanche » ............................. 240
III-2-1-2-2- La fréquence des repas et répartition intrafamiliale des repas............................ 244
III-2-1-3- Consommation soutenue des spiritueux traditionnels et du tabac ............. 249
III-2-1-4- Calcul de la valeur nutritive de repas de consommation populaire ........... 254
III-3- PRATIQUE DES SOINS INFANTILES ................................................................. 259
III-3-1- Allaitement maternel et le sevrage .................................................................... 259
III-3-2- Aliments de compléments ou alimentation familiale ........................................ 261
III-3-3- La problématique de l’eau ................................................................................. 263
III-3-3-1- Les types d’ouvrages d’alimentation en eau .............................................. 264
III-3-3-2- La difficulté d’accès à l’eau ....................................................................... 266
III-3-3-3- La qualité de l’eau obtenue ........................................................................ 268
III-3-4- Assainissement et hygiène ................................................................................ 273
III-3-5- Habitats et équipements du ménage .................................................................. 279
III-4- ÉTAT DE LA SANTÉ PUBLIQUE ......................................................................... 284
cdl 
 
cdli 
 

III-5- LA PREVALENCE DE LA MALNUTRITION...................................................... 293


III-5-1- Concept de malnutrition (TAUX MAG/MAS) ................................................. 293
III-5-2- Les types de malnutrition et leurs conséquences .............................................. 294
III-5-3- Les indicateurs anthropométriques.................................................................... 301
III-5-3-Niveau de prévalence générale de la malnutrition ............................................. 303
III-5-3-1- Au niveau des centres de santé .................................................................. 303
III-5-3-2- Au niveau des régions ................................................................................ 306
CHAPITRE IV : MÉCANISMES INSTITUTIONNELS ET STRATÉGIES
D’ADAPTATION DES MÉNAGES À L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ......................... 312
IV-1- LES ACTIONS SPÉCIFIQUES DE L’ÉTAT CAMEROUNAIS ET SES
INSTITUTIONS................................................................................................................. 312
IV-1-1-Le MINADER .................................................................................................... 313
IV-1-2- MINEPIA .......................................................................................................... 317
IV-1-3- MINSANTE ...................................................................................................... 319
IV-1-4- Le MINMIDT ................................................................................................... 322
IV-1-5- LES DONS PERSONNELS ............................................................................. 322
IV-1-5-1- Le chef de l’État......................................................................................... 322
IV-1-5-2-Les sociétés et associations privées ............................................................ 323
IV-1-5-3- Les forces de défense ................................................................................. 323
IV-1-5-4- L’Élan de Solidarité Nationale .................................................................. 324
IV-2- LES INTERVENTIONS HUMANITAIRES ........................................................... 325
IV-2-1- Les agences des Nations Unies ......................................................................... 326
IV-2-2- Les ONG internationales ................................................................................... 331
IV-2-3- Les ONG nationales .......................................................................................... 336
IV-2-4- Les bailleurs de fonds, les organisations privées et gouvernementales ............ 337
IV-3- LES STRATÉGIES D’ADAPTATION DES MÉNAGES ...................................... 342
IV-3-1-L’aide auprès des ménages ................................................................................ 344
IV-3-1-1-La nature des aides reçues par les ménages ................................................ 344
IV-3-1-2- Le niveau de satisfaction des ménages .......................................................... 344
IV-3-1-2-Les stratégies d’adaptations des ménages................................................... 347
IV-3-1-2-1-La stratégie d’adaptation dite positive liée aux moyens de subsistance.............. 347
IV-3-1-2-2-Les stratégies d’adaptation dites négatives liées à la consommation économique et
aux moyens de subsistance ..................................................................................................... 349

cdli 
 
cdlii 
 

IV-4- SUGGESTIONS POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE L’INSECURITE


ALIMENTAIRE................................................................................................................. 351
IV-4-1-La bonne instruction pour un changement d’attitude et de comportement de
l’homme ......................................................................................................................... 351
IV-4-1-1-Les éléments qui compromettent les comportements ................................. 353
IV-4-1-2- Pourquoi toucher le caractère ?.................................................................. 354
IV-4-2- Promotion de l’auto développement du monde rural ........................................ 358
IV-4-3- Sortir de l’individualisme, se mettre en groupe pour des actions efficientes.... 361
IV-4-4-Autres actions concrètes proposées.................................................................... 362
CONCLUSION GÉNÉRALE ................................................................................................ 366
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 376
ANNEXES ............................................................................................................................. 412
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 435

cdlii 
 
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