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CENTRE DE RECHERCHE ET DE
FORMATION DOCTORALE EN POST GRADUATE SCHOOL FOR THE
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET HUMAN, SOCIAL AND
EDUCATIONAL SCIENCES
ÉDUCATIVES
Sous la direction de
Moïse MOUPOU
Professeur des Universités
Université de Yaoundé I
DÉDICACE
Aux
Femmes, aux filles, aux enfants victimes des violences de toutes natures
Enfants qui ne demandent pas à venir au monde mais payent le prix fort de l’égo
humain.
Sur un coup de tête pendant ma deuxième année à l’Université, j’ai faillie abandonné mais vous
avez su trouver les mots pour me redonner l’envie de poursuivre mes études. Vous vous êtes jamais
plaints des contraintes financières qu’impliquent un long cursus universitaire au contraire vous
m’avez encouragé et soutenu. C’est encore ensemble que nous avons traversés l’épreuve que j’ai
subie pendant la rédaction de ce travail. Merci pour cet amour, ce soutien inconditionnel à mon
égard.
« Il est impossible de changer le passé mais on peut décider de gagner ou perdre l’avenir, il suffit
de changer la semence si tu n’aimes pas ce que tu récoltes en ce moment ».
iii
REMERCIEMENTS
Au Pr Moupou Moïse que j’appelle affectueusement « Wa ». Plus qu’un encadreur, vous êtes
mon père et mon modèle. Malgré vos multiples contraintes administratives, vous n’avez cessé
de m’encourager à boucler ce travail à travers vos remarques, corrections et suggestions.
Au Pr Elong Gabriel, avec une main de fer, vous m’avez inculqué les bases de la géographie
rurale au point où j’étais déterminée à être une villageoise qui promeut le monde rural et trouve
des réponses durables quant à l’amélioration des conditions de vie de la population rurale.
Aux enseignants du département de Géographie en l’occurrence le Pr Tchawa Paul« le père
des enfants », le Pr Dongmo Jean-L, le Pr Mougoué Benoit, le Pr NKwemoh Clément, le Pr
Ngoufo Roger, le Pr Amougou Arimathée, le Pr Youta Happi, le Pr Ojuku Tiafack, Dr
Mediebou Chindji« ma rose », Dr Bouba Dieudonné, Dr Tende Renz, Dr Ndi Roland, Dr
Bamboye Gilbert, Dr Mabou Blaise, vous êtes non seulement la crème de l’enseignement
supérieur mais des mentors. La graine de la géographie que vous avez semé à éclot à présent.
Aux Pr Socpa Antoine, Dr Fofiri, Dr Tatuebu, MM Fifen Olivier, Ngako Raoul, Djibrilla Paul,
Batha, Ouambo Roger merci pour vos disponibilités, vos conseils, vos technicités qui ont
permis d’améliorer ce travail.
À son excellence Nji Komidor Hamidou actuel ambassadeur du Cameroun en Algérie, Mr
Madior Fall pour vos conseils
Aux autorités administratives et traditionnelles du Mayo-Tsanaga notamment M. Happi De
Nguiamba J.V., à l’époque 1e adjoint au Préfet et actuel Sous-préfet de Kye-Ossi, le Lamido
Djaliwé Zogoï, chef de Canton Matakam-Sud, le Lamido Ibrahim Hamaoua, chef de canton
de Zamay, tous les lawans des villages enquêtés. Vous m’avez ouvert les portes du
département et de vos villages, veillé à ma sécurité sur le terrain.
À mes hôtes et guides dans le Mayo-Tsanaga à savoir MM Emonnou Dapla, Barthelemy, Tige,
Simon, Mme Djibrillla.
À MM Awe Djogo, Godwe Frederic, Sambaï Noel, Nyago Dingba Justin chef service
enquêtes et statistiques agricoles Extrême-Nord, Ngatcheboy André, Allamine Dizouka
À toute la grande équipe du PAM à Maroua à la période de mon stage, à sa tête le Dr Diongue
Aliou, Mme Eldjouma Fadimatou, MM Bah Eugène, Kouamen Alain, Fopa Guy, Hamadou
Paul, Ngolong Emmanuel, Sedric Zamedjo, Flabert Kwelle, Boukar Zilbinkaï, Assala
Amadiang J-B, Appolinaire Adamou, Kingdjock Alain, Tchonang Parfait, Roméo, Mlle Ella,
iv
cette voix au téléphone qui m’a ouvert les portes de l’humanitaire et vous qui m’avez encadré
sur le terrain.
Au Dr Houlibélé Dour-Yang, Mme Tiotsop Helène, MM Tsien Mba Eudes, Payan du PNSA,
Abieguebe Désiré des services de l’agriculture et de l’élevage du Lom-et-Djerem.
Aux autorités administratives et traditionnelles du Lom-et-Djerem en l’occurrence Mr Kinoua
André, Mr Kitio Bertin, sa majesté Avom Benjamin L., sa majesté Ndoe Pierre, sa majesté
Kombo Pascal
Aux Dr Ngono Ndzengué P., Mme Pouene Manuella, MM Ziba Nang Samuel, Nchangé Osé
des services de santé du Lom-et-Djerem
À mes guides sur le terrain : MM Kader Nchare, Happy Gado, Armand Siamsewe.
À ma famille du département de Géographie: Dr Mediebou, Mmes Evina, Nya E., Nguieyep
G., Tchana M-L., Kom Lydie, Chimène Wamba, MM Ndjeussi Yves, Dzeufack Gaetan, des
rencontres qui se soldent par des liens de complicité très forts, merci d’avoir encadré et
soutenu la petite sœur que je suis.
À Papa Mfomou Njupouen André, Maman Ntentié Jacqueline, Mes frères et sœurs : MM
Talipouo Ghislain, Martial Njankouo, Mouliom Gael, Ndam Boris, Mme Fortune Walitza,
Mlle Rayé Brenda, nos enfants : Mlle Talipouo Lexie, Mlle Mila Walitza, Mr Talipouo Enos,
Mr Tijan Walitza, le petit Warren Néri, Louane fortune merci pour l’amour et le soutien
inconditionnel.
Aux grandes familles Pon Rayé, Pon Pon Rayé, Ngambé et Mbouembouo, mes oncles et tantes
Dr Ngambé Maurice, Dr Ngambé Didier, Dr Ngambé Eugénie épse Mbenga , Mr Fafa Roger,
Mme Ndoukoue Florence, Mama Lucie pour le soutien multiforme.
Aux ainées : MM Ngapna Jérémie, Moumié Edmond, Mmes Mefire Marguerite, Mfonka
Arlette, toi qui m’a offert ma toute première tenue à mon entrée au lycée.
À mes ami (es) et connaissances : Dr Foulla, MM Dapla Kaïssina Flaubert, Alinda Alat,
Ndeme Emmanuel, Haridam E, Lhaba Patrick, Pepouere Jean Paul, Koulia Mayapa, Tsafack
Raoul, Mles Mefeu Diane, Mabouri Léa, Ndeme Sandrine, Ndeme Christelle, Guileine
Mibou, Mmes Bando Carine, Bouba Aimée, merci d’avoir été là quand j’avais le plus besoin
Au Dr Mobitang qui malgré la fatigue de sa nuit de garde a pris soin de moi après mon
agression. Elle m’a accueillie comme une mère au chevet de sa fille blessée.
Àux moniteurs du Culte d’Enfants de la paroisse de la Briqueterie II sous la houlette de Mme
Mork-Stordal Suzie.
À Mr Lingom Emmanuel, Mme Mfondi Rachel, pour la bifurcation que vous avez été dans
ma vie.
v
RÉSUMÉ
Le nombre de personnes sous-alimentées ne cesse de croître dans les pays du monde. Le Cameroun
est identifié parmi les pays où les populations ont une forte sévérité d’insécurité alimentaire. Les
ménages ont des déficits extrêmes en aliments. En matière d’état nutritionnel, près de 34% des
enfants de moins de 05 ans souffrent de malnutrition chronique et 13% de façon sévère. Les
actions pour palier à ce problème jusqu’ici demeurent insuffisantes et l’insécurité alimentaire
persiste dans les zones prioritaires d’interventions humanitaires. Cette thèse porte sur :
« l’Insécurité alimentaire et stratégies d’adaptation dans les régions de l’Extrême-Nord et
de l’Est du Cameroun ». Elle vise à fournir une base des faits probants sur la situation de
l’insécurité alimentaire et les défis à relever pour renforcer les mécanismes d’adaptations des
ménages en termes de ressources propres disponibles. L’hypothèse principale énonce que
l’insécurité alimentaire dans les régions de l’Extrême-Nord et de l’Est du Cameroun est le résultat
de l’environnement macro-économique, socio-économique, culturel, la nature des moyens de
subsistance des populations. Pour la vérifier, la méthode hypothético-déductive couplée à
l’approche participative a été utilisée. Le traitement des données recueillies sur le terrain s’est fait
à l’aide des logiciels mathématiques R et Excel. D’après l’analyse des résultats, il en ressort que
le Mayo-Tsanaga à l’Extrême-Nord et le Lom-et-Djerem à l’Est ont des productions agricoles
spécifiques à leurs zones agroécologiques, qui se réduisent au fil des années à cause des contraintes
physiques. Ces deux départements frontaliers aux pays en crise sécuritaire subissent des assauts
de la part d’une entité terroriste qui sème le chaos, l’arrivée massive des réfugiés et des personnes
déplacées internes. Ils viennent s’installer dans un contexte précaire où les ressources structurelles
et alimentaires sont limitées. Ceci est renforcé par les moyens de subsistances vulnérables. La diète
est monotone et non diversifiée dans ces zones d’enquêtes. Ces déséquilibres alimentaires
combinés aux mauvaises pratiques infantiles exposent le jeune enfant à la malnutrition. Les
chiffres sont au-delà du seuil d’urgence et d’alerte. Les ménages font usage des stratégies
d’adaptations négatives. Cependant, les efforts conjoints des institutions publiques, de la société
civile et des partenaires humanitaires ont entrepris des actions afin de combler les besoins de base
des ménages affectés pour une période déterminée. Toutefois, il convient d’équiper l’homme dans
toutes ses cinq dimensions de la bonne connaissance, des bonnes pratiques pour qu’il puisse sortir
de ce cercle vicieux de l’insécurité alimentaire.
Mots clés : insécurité alimentaire, état nutritionnel, stratégies d’adaptation, Mayo-Tsanaga, Lom-
et-Djerem
vi
ABSTRACT
The number of people without food is continuously increasing in the world every day. Cameroon
happens to be one of the countries with food insecurity as households have food shortages.
Multinational value statistics reveal that close to 34% of children less than or equal to 5 years
suffer from chronic malnutrition with 13% being severe. Measures to solve this problem remain
insufficient and food insecurity persists in priority humanitarian zones. This thesis on « Food
insecurity and adaptation strategies in the Far North and Eastern Regions of Cameroon», is
geared at exposing the problems of food insecurity. It probes into the challenges in reinforcing
adaptation mechanisms by households faced with this difficulty. The main hypothesis states that
food insecurity in the Far-North and East regions of Cameroon is a result of the macro-economic,
socio-economic, cultural, nature of means of subsistence of the population and environment. A
hypothetico-deductive method, coupled with a participative approach was used to verify this
hypothesis. Field data was treated through the R and Microsoft Excel Spread Sheet. Results from
analyses reveal that Mayo-Tsanaga in the Far North and Lom and Djerem in the East have specific
agricultural productions in their agro-ecological zones which is diminishing over the years due to
physical constraints. These border divisions in a State in security crisis are as well faced with
chaotic occurrences from terrorists promoting massive arrival of refugees and internally displaced
persons. Their settlement is not only precarious, but as well meets limited structural and food
resources accompanied by vulnerable subsistence means. With a non-diversified and monotonous
feeding habit, food consumption disequilibrium is observed, exposing the children to malnutrition.
With increasing number of cases, the households use negative adaptive strategies for survival.
However, collective efforts from public institutions, civil society and humanitarian partners have
brought in measures to resolve the household difficulties. It is therefore important to equip the
people with all dimensions of knowledge and good practices in order to overcome food insecurity.
Keywords: food insecurity, nutritional state, adaptation strategies, Mayo-Tsanga, Lom and Djerem
vii
SOMMAIRE
X‐ HYPOTHESES DE RECHERCHE ............................................................................................................ 61
XI‐ MÉTHODOLOGIE ....................................................................................................................................... 61
HS 2 : Les habitudes alimentaires et les pratiques de soins exposent les enfants de 0-59 mois aux carences
alimentaires d’où la malnutrition. .................................................................................................................. 76
XII‐ LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES .............................................................................................................. 77
XIII‐ ORGANISATION DE LA THÈSE ................................................................................................................. 78
viii
III‐5‐ LA PREVALENCE DE LA MALNUTRITION ..................................................................................... 293
IV‐3‐ LES STRATÉGIES D’ADAPTATION DES MÉNAGES ....................................................................... 342
IV‐4‐ SUGGESTIONS POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ............................ 351
ix
x
xi
xii
xiii
xiv
xv
xvi
xvii
xviii
xix
xx
xxi
ONU FEMMES : Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des
femmes
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
2
L’objectif est de faire le point sur l’insécurité alimentaire au Cameroun. Pour y arriver,
cette étude compte faire usage des méthodes d’enquêtes classiques dites traditionnelles et des
méthodes d’approche participatives, innovantes dans la recherche scientifique. Parvenir à
démontrer que les mesures, programmes jusqu’ici prises ne donnent pas des résultats escomptés
et que le renouvellement de l’intelligence des pratiques est nécessaire pour arriver à la sécurité
alimentaire est l’un des résultats attendus de ce travail.
3
I- CONTEXTE DE L’ÉTUDE
Après les crises alimentaires de 1970 et plus tard de 2008, la question est depuis restée au
centre de l’actualité mondiale. La situation d’insécurité alimentaire est définie par le manque
ou l’insuffisance d’accès aux aliments sains, nutritifs et en quantités pour mener à bien une vie
normale. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors du
sommet mondial de l’alimentation de 1996, l’oppose à la sécurité alimentaire qui est l’accès
de tous, à tout moment, à une alimentation équilibrée et suffisante pour mener à bien une vie
active. Elle demeure de nos jours, une préoccupation dans les pays du monde entier.
4
Ces pays sont actuellement confrontés à des crises alimentaires majeures (figure 1).
L’alerte est donnée depuis 2016 par le Système Mondial d’Information et d’Alerte (SMIAR)
de la FAO.
5
6
La figure 1 montre les pays où les populations ont une insécurité alimentaire sévère dans
la phase 3 selon l’IPC/CH. Ces pays ont connu au moins une crise alimentaire aiguë au cours
des 03 dernières années ou au moins 3 crises alimentaires au cours des 10 dernières années
(FSIN, 2017). La phase 3 et plus est une phase d’urgence. Les ménages ont des déficits
considérables en aliments, incapables de couvrir leurs besoins alimentaires de base même avec
l’aide alimentaire. Ils font recours aux avoirs relatifs aux moyens de subsistance, source de
déficit de consommation alimentaire. Le taux de malnutrition aiguë est élevé, seuil de l’urgence.
L’évolution de la mortalité est évidente et les actions d’urgence impératifs.
Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés en 2000, énoncent huit
objectifs, met l’homme au centre des préoccupations pour l’amélioration des conditions de vie.
Beaucoup d’énergies sont mobilisées pour le rendre possible. Ce qui explique les oscillations
de chiffres. Plus d’un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté, ce qui explique
le taux de famine et de mortalité dans certains pays revu à la baisse. Le pourcentage de
personnes sous-alimentées dans les régions en développement est passé de 23,2 % en 1990-
1992 à 14,9% en 2010-2012 (PNUD, 2016). Toutefois, un bilan mitigé car une personne sur
huit continue de souffrir de sous-alimentation, 164 millions de jeunes enfants pâtissent de sous-
alimentation chronique et 1/5 dans les pays du monde en retard de croissance. Bref, la faim
diminue mais l’éventualité d’en finir complètement est loin d’être atteint (Hugon, 2013 ; OMD,
2014).
Calqués sur les réalités des pays, transformer véritablement le monde sont les motivations
du programme de développement durable à l’horizon 2030. Il implante 17 objectifs universels
qui couvrent un large éventail de défis avec pour but de mobiliser les actions plus concrètes et
les moyens à mettre en œuvre. Les objectifs du développement durable (ODD) prennent effet
en 2016. Dans cette optique, les pays, les instituions, les sociétés civiles, les privées s’engagent
à améliorer les vies et l’avenir de la planète. Novembre 2015, 195 pays membres de la
Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) concluent
le premier accord sur le climat (Accord de Paris).
7
Matthew de catégorie 4 dévaste Haïti, déjà affaibli par la sécheresse de 2016. La canicule en
Russie en 2010, les fortes sécheresses en Amérique du Nord en 2012, le typhon Haiyan en
Extrême-Nord, aux Philippines en 2013 pourtant ces pays sont producteurs et pourvoyeurs du
marché mondial de céréales. Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des
Nations Unies (OCHA), la corne de l’Afrique fait face à sa forte sécheresse depuis 60 ans.
Environ 12 millions de personnes sont menacées de famine. Les conclusions de Dillon J.C et
d’Oxfam sont tout aussi pessimistes. Cette sous-région serait l’un des « points névralgiques
d’insécurité alimentaire » et la population peine à se nourrir. Le Programme Alimentaire des
Nations Unies déclare que plusieurs millions de personnes vivent sous la menace de la famine
à l’Est du Mali et au Nord du Cameroun.
Les matières premières agricoles sur les marchés mondiaux voient leurs prix doublés
voire triplés en 2008. Les causes sont le désinvestissement des filières agricoles et les mauvaises
récoltes dans de nombreux pays. Après 2008, il y a une légère augmentation de la production
et des baisses de prix s’ensuivent mais le prix du blé reste élevé à cause de la production
médiocre en Russie et en Allemagne. La production de la viande et des produits laitiers inédits
surtout que la production n’a pas évolué en 2013. La facture mondiale des importations
alimentaires atteint son plus bas niveau (SMIAR/FAO, 2015). Les céréales sont au cœur de
l’alimentation humaine. La hausse des prix entraîne l’évolution des habitudes alimentaires vers
les régimes plus riches en protéines, en matières grasses et en sucre. La majeure partie de la
production supplémentaire provient des régions où les facteurs déterminants comme les
superficies et l’eau disponible, les réglementations sont moins contraignantes. C’est un effort
fait pour atténuer la volatilité des prix. Graves soucis pour les pays importateurs en majorité
pays en développement (Chalmin P., 2018).
8
Les pays d’Afrique sont classés selon leur situation alimentaire. Déficit exceptionnel de
la production et des disponibilités vivrières ; République Centrafricaine, Zimbabwe. Manque
d’accès généralisé ; Burkina Faso, Djibouti, Érythrée, Guinée, Libéria, Malawi, Mali,
Mauritanie, Niger, Sierra Leone, Tchad. Grave insécurité alimentaire localisée ; Cameroun,
Congo, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Lesotho, Madagascar, Mozambique, République Démocratique
du Congo, Sénégal, Somalie, Soudan du Sud, Soudan, Ouganda (FAO, 2013). Et tous ces pays
ont toujours besoin d’une aide alimentaire extérieure.
Les récentes réformes des politiques touchent les secteurs de l’agriculture et de la pêche
et permettent aux facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande d’être désormais plus
sensibles aux signaux du marché. L’offre et la demande restent donc influencées par l’action
menée par les pouvoirs publics pour soutenir les producteurs et constituer des stocks. D’autant
plus que la majorité des ménages urbains et ruraux des pays en développement compte sur les
achats alimentaires pour se nourrir. Et les prix élevés aggravent l’insécurité alimentaire et la
malnutrition au sein de la population pauvre car elle diminue la quantité et la qualité des
aliments consommés (Siégnounou, 2010).
Selon Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à
l’alimentation, « la faim n’est pas une calamité naturelle » au contraire, elle est le fruit des
choix politiques inadaptés. Les risques liés au climat ou à la conjoncture peuvent être maîtrisés
si le cadre structurel peut le permettre à défaut de le résorber. L’une des causes profondes du
risque alimentaire en Afrique réside dans l’inadéquation entre les règles relatives à
l’encadrement de la production, de la commercialisation et de la distribution de la production.
9
Cette inadéquation davantage entretenue par la mondialisation, sur le double plan de l’économie
et du droit. Les solutions adoptées sont loin de résoudre les problèmes structurels (insuffisance
des investissements dans l’agriculture surtout pour les petits exploitants, accaparement des
terres par les nantis, le manque de transparence et d’équité sur les marchés de denrées
alimentaires et les conflits relatifs au changement climatique). En cas de crise, les dirigeants se
focalisent sur la résolution de la crise en elle-même et ne s’étendent pas davantage sur les
solutions durables. « C’est malheureusement une tendance générale dans le monde» déplore
Jacques Diouf, découragé par l’incapacité des dirigeants du monde à tenir compte des
avertissements d’avant la crise de 2008 ». « Nous réagissons alors que la crise est déjà là »
(Masimba Tafinenyika, 2011). Et même les professionnels du développement et de l’action
humanitaire peinent à poser un diagnostic efficient et apporter des solutions à long terme (Janin
P., 2010). Les difficultés d’accès à une nourriture saine et durable augmentent le pourcentage
de retard de croissance chez les enfants.
D’après la FAO et l’UNICEF qui se consacrent aux conditions de vie des enfants, 1
habitant de la terre sur 3 (environ 2 milliards de personnes) ont de la peine à satisfaire leurs
besoins alimentaires de base. Cette sous-alimentation particulièrement est présente dans les
pays en développement et ses conséquences sont particulièrement graves chez les enfants. 155
millions d’enfants en 2016 souffrent de retard de croissance c’est-à-dire une taille inférieure
par rapport à leur âge, effet de la faim et des maladies qui lui sont associées (FSIN, 2017). On
parle d’insécurité alimentaire aussi quand les apports alimentaires sont insuffisants, ou bien
juste suffisants pour survivre mais très déséquilibrés par rapport aux besoins réels du corps (il
manque des nutriments essentiels à la bonne santé). Il en découle une malnutrition, à l’origine
de ses diverses carences (manque de protéines ou de vitamines) qui provoquent des maladies
graves surtout chez les enfants.
La malnutrition est aussi une urgence humanitaire ; elle est la cause principale de plus de
la moitié des décès d’enfants de moins de 05 ans. De façon générale, elle altère la croissance,
diminue les performances physiques et intellectuelles, rend l’organisme plus sensible aux
infections. Particulièrement dévastatrices lorsqu’elle touche les nourrissons ou ceux encore
dans le ventre de leur mère. En dehors d’un retard de croissance, un retard mental provoque
aussi certaines malformations (qui touchent le développement des yeux, du système nerveux et
du système immunitaire). Un tiers des décès d’enfants sont dus à des carences nutritionnelles,
sachant que jusqu’à 80% de la structuration du cerveau interviennent pendant les 1000 premiers
jours de la vie. Les ménages en milieu rural sont les plus vulnérables, face aux contraintes
10
financières et structurelles, les familles pauvres ont tendance à consommer des produits moins
chers et moins nutritifs ainsi qu’à réduire les dépenses du ménage. Et cette réaction a des
conséquences désastreuses et durables sur le bien-être social, physique et mental des millions
de jeunes. Elle limite leurs capacités d’apprentissage, réduit la productivité, accroît la mortalité
et freine le développement de la région. (Banque Mondiale, 2014). Et dans le pire des scénarios
suscités, le Cameroun est évoqué plus d’une fois.
À la fin des années 1970, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale invitent
les États africains parmi lesquels le Cameroun, à payer leurs dettes et leur imposent des
Programmes d’Ajustements Structurels (PAS). Sur ce fondement, l’État camerounais s’est
désengagé de ses fonctions régaliennes pour se concentrer sur les missions dites « essentielles »
à savoir l’économie, la défense, la diplomatie etc…l’agriculture et la souveraineté alimentaire
n’étaient plus inscrites parmi les priorités. L’État contraint de réorganiser sa politique de
dépense, abandonne tous les programmes et politiques alimentaires, les subventions aux
agriculteurs ainsi que tous les mécanismes d’encouragement à la production. À cause de ce
programme, les agriculteurs camerounais sont livrés à eux-mêmes. À la suite de la
mondialisation de l’économie, le libre-échange expose de plus en plus les matières premières
camerounaises à l’exportation. Il n’est pas rare que le Cameroun, grand producteur de banane,
11
connaisse des pénuries de cette denrée. Il y a alors à craindre qu’au-delà du Cameroun, c’est la
sécurité alimentaire de la sous-région de l’Afrique Centrale se trouve menacée (Yamthieu S.,
2012). Les pénuries ou les raretés des produits sur les marchés locaux qui font l’actualité sont
en réalité une variable de l’insécurité alimentaire. Le problème devenu préoccupant s’est
manifesté sous forme d’inflation des prix des produits alimentaires, l’augmentation du volume
des importations alimentaires et le phénomène de la vie chère.
C’est également dès 1970, que le Cameroun vit au rythme des assistances humanitaires.
Les agences commes le FIDA (Fonds International de Développement Agricole) est présent
depuis 1980, CARE intervient au Cameroun dans le secteur de la sécurité alimentaire, de la
santé primaire depuis 1978, la Croix Rouge Française depuis 1967 et intervient régulièrement
depuis 2008. Les Médecins Sans Frontières interviennent depuis 1992 en collaboration avec la
Croix Rouge Camerounaise. Les premières actions d’Action Contre la Faim sont en 2013 sans
parler de l’aide au développement des institutions financières comme la Banque Mondiale, le
FMI etc... Les premières aides alimentaires d’urgence pour l’Extrême-Nord sous le joug des
1
Anonyme, « Comice agropastoral national d’Ebolowa, les préparatifs sur la bonne voie », In Journal Comice,
Ed spéciale, juillet-août 2010, pp 24 cité par Meba A., 2014
12
Les résultats d’enquêtes MICS 2015, démontrent qu’en matière d’état nutritionnel, les
enfants de moins de 05 ans, environ 15 % des enfants souffrent d’insuffisance pondérale (4%
de façon sévère). Près d’un tiers des enfants (32%) souffrent de malnutrition chronique et 13%
de façon sévère. Le niveau d’émaciation est estimée dans sa forme globale (sévère et modérée)
tandis que 1% dans sa forme sévère. Au cours de la période d’avant l’enquête (2009-2014), le
risque pour un enfant de décéder (mortalité infantile) avant son premier anniversaire est estimé
à 60 pour mille. Le premier mois semble critique et déterminant pour la survie de l’enfant.
Même avec l’aide alimentaire et la prise en charge gratuite, les ménages ont des déficits
alimentaires, conditionnant les enfants à la malnutrition aiguë à des taux supérieurs à la
normale. Les ménages sont de plus en plus incapables de couvrir le minimum de leurs besoins
alimentaires en recours aux avoirs des moyens d’existences (FSIN, 2017). Plus que le spectacle
qu’offre le gouvernement à l’occasion de ses différentes opérations « coups de poings », c’est
bien une politique nationale coordonnée, tenant compte des besoins de la population qu’il faut
mettre en place pour venir à bout du problème. Mais le Cameroun en a-t-il les moyens ? se
demande Nnanga mvomo S., (2011).
13
La montée de l’extrémisme au Nigéria voisin fait fermer les frontières, coupe les liens
avec les axes routiers par là le commerce transfrontalier. Les attaques sont continuellement
perpétrées par la secte boko haram dans la Région de l’Extrême-Nord. À cause de sa proximité
avec la République Centrafricaine et suite aux violences intercommunautaires, le Cameroun a
reçu des vagues de réfugiés centrafricains et nigérians fuyant les violences. Cette insécurité au
niveau des villages frontaliers provoque également des déplacements des populations vers
l’intérieur du pays. En Mai 2018, l’Extrême-Nord comptabilise 96 000 réfugiés nigérians (dont
65 000 au camp de Minawao) et 238 000 déplacés internes camerounais (International Crisis
Group, 2018). Les travaux de Kogni (1989) et Njiembokue (2015) révèlent que les populations
de la Kadey à l’Est pratiquent très peu l’agriculture, dépendant des activités de chasse et de
cueillette. Cette région très enclavée influence fortement le circuit d’approvisionnement des
denrées alimentaires. Avant 2016, 2,5 millions de personnes environ dans les régions de
l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua, du Nord et de l’Est sont en insécurité alimentaire dont 300 000
en insécurité alimentaire sévère. C’est dans ce contexte très précaire que viennent s’installer les
réfugiés nigérians et centrafricains. Le Cameroun est bien loin d’atteindre les objectifs des
Objectifs du Développement Durable d’ici 2030.
14
des frontières. Les vagues de déplacement qui en résultent sont un défi d’accueil pour les
ménages hôtes.
Après le mémoire de Master qui a permit de poser les jalons de l’insécurité alimentaire
dans l’arrondissement de la Bombe à l’Est, où il en ressort que les populations souffrent d’une
insécurité alimentaire structurelle. Cet arrondissement situé dans une zone de contact forêt-
savane, limitrophe au Nord-Est par la République centrafricaine est une terre d’accueil des
réfugiés centrafricains depuis les remous politiques de ce pays dans les années d’indépendance.
Seulement de 2010 à 2014, il a accueilli une population réfugiée de 442 880 personnes environ.
À la faveur de ce voisinage, l’arrondissement connaît un trafic important des denrées
alimentaires et manufacturières. Ce qui est la cause des inflations sur le marché local. Le
mauvais état des routes, l’enclavement physique et socio-économique, les techniques de
production agricole archaïques, le manque de contrôle des prix sur le marché, la satisfaction
difficile des besoins de base de la population surtout liée à l’insuffisance des revenus monétaires
sont aussi les causes de l’insécurité alimentaire. Ce problème est perceptible également au
travers de la monotonie de la diète. Le plat adulé est le couscous de manioc, les calculs de
l’apport calorifique affichent 374 kilocalories consommés par un individu par jour bien
inférieur aux 2 500 kilocalories prescrits par la FAO/OMS. La population est très peu active
dans l’agriculture à cause de la dépendance aux produits forestiers non ligneux. Bref ce travail
a prouvé que l’insécurité alimentaire sévit sous plus d’une forme dans les campagnes du
Cameroun.
Quatre régions (Est, Extrême-Nord, Adamaoua, Nord) présentent des scores dégradées
de la situation générale en matière de sécurité alimentaire, évoluant de 18,8 % en 2015 à 23,8%
en 2018. À l’Extrême-Nord, 35,5 % des ménages sont en insécurité alimentaire, 5,1 % en
insécurité alimentaire sévère et 30,4 % en insécurité alimentaire modérée. Le Mayo-Tsanaga
cité parmi les départements les plus touchés (48%). L’Est stagne avec 8% en insécurité
alimentaire (PNSA/PAM, 2016). Ces régions en 2014-2015 présentent de fortes similitudes
contextuelles pour la situation d’insécurité alimentaire soit évoquée dans les rapports
d’évaluation de la sécurité alimentaire.
Les conflits sont en nette augmentation au sein des communautés humaines. Ce drame
d’une ampleur indescriptible détruit les vies et sépare les familles, retarde le développement
d’une société et d’un pays. Les réfugiés au Cameroun, dans un contexte où l’hôte peine à se
nourrir convenablement soulève bien de questionnements. Les enquêtes menées auprès des
15
ménages et les résultats publiés par l’Institut National de Statistique (ECAM I, II, III et IV)
démontrent à suffisance la précarité et la pauvreté desdits ménages hôtes. C’est une situation
qui se gère comment face aux défis structurels surtout dans les régions concernées.
Alors il a semblé nécessaire de pousser la réflexion en faisant une étude comparative dans
au moins deux régions à risque du Cameroun confrontées aux problèmes de sécurité
alimentaire.
Depuis les années 1990, l’accent est mis sur la réduction de la faim et la malnutrition dans
le programme de développement et la reconnaissance du droit humain à une alimentation
adéquate et de la nutrition au niveau international. Ainsi, la réduction de la faim et de la
malnutrition comme point focal dans le contexte du développement global, la réduction de la
pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Qui a aujourd’hui
évolué en Objectifs de Développement Durable.
Sur la base des données du terrain, faire des suggestions qui seront utiles à tous ceux
concernés par la faim dans le monde, qui étudient ces questions ainsi que ceux qui participent
au combat mené pour l’éradiquer.
16
L’insécurité alimentaire est comme un problème à part entière qui permet d’enrichir la
compréhension des gradients sociaux en termes d’alimentation, d’état nutritionnel et d’état de
santé en lien avec la nutrition au-delà de son lien avec les inégalités sociales. Ce travail dans un
premier temps permettra de comprendre la façon d’agir face à une situation d’insécurité
alimentaire d’une population donnée, les localiser et leur apporter une aide à temps de manière
efficace à leur procurer un satisfecit (réponses appropriées pour problèmes précis).
Certaines stratégies de lutte contre l’insécurité alimentaire ont été élaborées sans tenir
compte des réalités sociales, ce qui a entraîné un échec aux différentes phases de leur exécution
pour qu’on parle encore en l’année 2017 de l’insécurité alimentaire dans nos sociétés. Les
auteurs tels que France Caillavet, Katia, Castebon, Nicole Darmon…soulignent que les
problèmes et stratégies identifiées jusqu’ici ont été centrés davantage sur l’individu que sur les
déterminants sociaux (réalité du terrain : origine ethnique, groupe social, anciennes activités,
nouvelles activités, anciennes et nouvelles habitudes alimentaires, les conditions de vie des
populations en question et le cadre de vie…) ce que cette thèse se propose de relever comme
défi.
17
Cette thèse a été menée dans deux départements de deux régions à risque du
Cameroun (figure 2): le Mayo-Tsanaga à l’Extrême-Nord et le Lom-et-Djerem à l’Est.
Ce sont les régions où les populations ont un faible accès à la santé, les urgences dues à
la sévérité des aléas climatiques quasi permanentes ; la nutrition y est problématique à cause
des choix alimentaires, un faible accès à l’eau potable, la défécation à l’air libre est de tradition.
L’Extrême-Nord est une région où la pauvreté est particulièrement sévère, elle concentre 60 %
des pauvres et la MAG à 12,4% dépasse le seuil définit par l’OMS (Unicef 2013, ECAM 4,
2014). À cause de l’insécurité dans les pays qui leur sont frontaliers (Nigéria, RCA) et des
attaques perpétrées dans leurs contrées, le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem depuis 2014 a
vu la population réfugiée, les déplacés internes accroîtrent au sein de leurs populations
significativement. Et cet afflux accentue la pression de la demande sur les ressources existantes
et des répercussions graves sur les conditions des vies des populations. La prévalence de
18
La Région de l’Est-Cameroun
La Région de l’Est est située dans le Sud-Est du Cameroun, limitée à l’Ouest par les
régions du Centre et du Sud, à l’Est par la république Centrafricaine et au Sud par le Congo
Brazzaville. De coordonnées géographiques 4°0’0’’N et 14°0’0’’E (DMS), elle est située à 699
m d’altitude, compte quatre départements notamment la Boumba-et-Ngoko, le Haut-Nyong, la
Kadey et le Lom-et-Djerem, couvre une superficie de 10 900 200 ha qui s’étend sur 109 002
km 2. C’est une région faiblement peuplée avec 7,1 habitants au km2. Cette zone d’étude fait
office de recueil et d’installation des réfugiés venant surtout de la République Centrafricaine en
raison de l’instabilité qui y règne.
Le Département du Lom-et-Djerem
La Région de l’Extrême-Nord
L’une des Régions du Cameroun la plus peuplée, l’Extrême-Nord est située dans le Nord
du pays, frontalière du Tchad et du Nigéria. Elle couvre une superficie de 34 246 km2 et abrite
plus de 3 111 792 habitants lors du dernier recensement de 2005 d’une densité moyenne de 90.8
habitants au km2.
19
à l’Ouest par la République Fédérale du Nigeria. Il couvre une superficie d’environ 4 433 km²
répartie au sein de sept unités administratives.
Cette étude couvre la période de 2013 jusqu’à 2019 dans la mesure des données
techniques des activités de production disponible. L’objectif du Sommet Mondial de
l’Alimentation de 1996, de réduire le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde est
un vain mot. Le Cameroun est secoué par les émeutes de la faim en 2008. Une enquête conjointe
du PAM et du gouvernement en 2011 révèle que 30,3 % de la population rurale demeure
vulnérable à l’insécurité alimentaire. Un rapport de l’UNICEF sur la PCIMA en 2011-2012
relève que le taux de mortalité et de prévalence de la malnutrition aiguë globale des enfants
dans les régions de l’Est et de l’Extrême-Nord. Les vives tensions dans la sous-région, au
Nigéria avec les attaques de Boko Haram, en République Centrafricaine avec une guerre civile
meurtrière, le Cameroun se dessine comme le réceptacle des populations en fuite qui viennent
s’installer dans un contexte précaire où les populations des régions d’accueil ont des besoins
alimentaires de base. Cette étude s’inscrit dans le questionnement des mesures prises jusqu’ici
qui se révèlent sans grande amélioration au contraire fait stagner l’insécurité alimentaire.
20
21
V- PROBLÉMATIQUE
Zone de repère de disette à cause des campagnes de razzia après la période coloniale,
les invasions acridiennes (1930-1965) qui ravageaient tout sur leurs passages. La région de
l’Extrême-Nord connaît des conditions climatiques rudes et historiquement des sécheresses
(2009-2011) inhérente à une pluviométrie insuffisante de l’ordre de 400 à 1200 mm/an (Suchet,
(1988); Seignobos et al., (2000), DRADER, (2018).
L’évolution des précipitations dans la Région de l’Extrême-Nord est marquée par deux
phases, une phase déficitaire depuis 1970 et une phase excédentaire depuis 1991. Le type de
climat qui y règne (la pluviosité totale annuelle, les dates de démarrage des cultures et les
périodes d’arrêt…) définissent fortement la vulnérabilité des ménages à l’insécurité alimentaire.
Un autre facteur qui expose davantage les ménages est la vente d’une partie des récoltes et les
ménages qui le font sont 1,79 % plus exposés en 2007 donc 3,85 % plus vulnérables à
l’insécurité alimentaire (Chetima, 2018). Et par ailleurs, à l’échelle du ménage, le Mayo-Danaï,
le Mayo-Sava, le nord du Mayo-Tsanaga et le Logone et Chari ont été plus exposés à l’insécurité
alimentaire, le déficit céréalier d’un ménage varie entre deux à trois sacs de céréale, environ 7
ménages sur 10 ne produisent pas ce qu’ils consomment (Seignobos et al., 1995-1996 cités par
Chetima, 2018).
22
Les contraintes d’accès aux intrants agricoles, la rareté des terres arables et leur surexploitation
et l’insuffisance de l’encadrement des paysans sont autant des facteurs d’insécurité alimentaire.
Le taux de scolarisation est le plus bas de tout le pays (70%). Le tissu économique dépend en
majeure partie du Nigéria voisin. Les échanges transfrontaliers informels et la forte spéculation
sur les marchés ont une incidence sur la sécurité alimentaire dans la région.
Quant à l’Est, elle est la Région la plus vaste (109 011 km2) et moins peuplée avec une
densité de 8 habitants au km2. 28 % des ménages ont une consommation alimentaire pauvre et
limitée. Les proportions des ménages pauvres (22,3%) et très pauvres (24,8%) sont élevées. Il
y sévit un taux de malnutrition aiguë (4,5%), de malnutrition chronique (34,4%) et
d’insuffisance pondérale (19,1%). Malgré ces potentialités (sa superficie, son climat, sa
situation géographique très stratégique…) elle reste confrontée aux contraintes des pratiques
rudimentaires de cultures, d’élevage conséquences des faibles rendements, l’enclavement
physique par un réseau routier en piteux état, les infrastructures marchandes en faibles
quantités, un faible pouvoir d’achat du fait de la pauvreté monétaire (Socpa A., 2011).
Quant à la Région de l’Est, elle est sous un climat équatorial caractérisé par de fortes
chaleurs et une pluviométrie abondante de 1500 à 2000 mm/an en moyenne pour 08 mois de
pluie. Elle présente un paysage agricole enrichi et varié (tubercules, féculents, maraîchers), une
importante ressource en eau appartenant à l’un des grands bassins hydrographiques du
Cameroun traversée par le Nyong, la Doumé, la Kadey la Ngoko, le Dja, le Pangar et le Lom
propice à la pêche. Sa forêt verdoyante est une ressource renouvelable et dynamique, offrant de
multiples biens et services aux différents utilisateurs. L’attribution et l’utilisation des ressources
forestières ces dernières décennies ont connu une évolution significative avec un accent
particulier sur l’exploitation des ressources ligneuses (bois d’exportation, bois de chauffage, la
23
déforestation pour l’installation des camps des réfugiés et autres) et non ligneuses (demande
alimentaire plus importante).
24
comme la pourriture brune. Tout ceci contribue à perturber les disponibilités alimentaires
fragilisant la sécurité alimentaire de la population.
Les aliments riches en vitamines A n’ont pas été consommés dans au moins 37% des
ménages de l’Extrême-Nord, le faible pouvoir d’achat et l’insuffisance des stocks alimentaires
des ménages limitent leurs accès aux produits alimentaires et favorisent l’utilisation des
palliatifs qui les confinent dans l’insécurité alimentaire (RFSA, 2014 ; PAM/PNRSA, 2018).
Les multiples usages des céréales réduisent la part destinée à la consommation familiale.
L’environnement des soins et des pratiques d’hygiène met en mal la situation nutritionnelle
d’une frange de la population. Les dernières enquêtes nutritionnelles menées dans la région
(SMART 2015, 2016, 2017) présentent une prévalence de la malnutrition aiguë de 9,0% donc
41,9 % d’enfants de moins de 05 ans atteints soit 3 enfants sur 5 en retard de croissance. En
2017, le taux de malnutrition chronique est plafonné à 22,9% .une étude menée par l’Unicef en
2015 lie cette situation à la précarité des ménages. La malnutrition sévit de manière endémique
dans la région de l’Est, répartie par poche de malnutrition soit 37,1% d’enfants atteints de
malnutrition chronique, 11% de sévère, 6% de malnutrition aiguë et 22 % d’insuffisance
pondérale à la naissance soit 2 enfants sur 5 en retard de croissance (Weingärtner, 2006 ;
RADEC, 2013 ; EDS/MICS, SMART 2014).
25
à une pauvreté structurelle et à une vulnérabilité aiguë que le conflit de Boko Haram intensifie,
fragilise les populations et leurs moyens de subsistances. D’après le bureau de la coordination
des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le nombre de personne nécessitant une
assistance alimentaire immédiate a triplé depuis Juin 2015, pour atteindre les 200 000
personnes. En février 2016, le HCR comptait déjà 72 000 réfugiés à Maroua. À cause de cette
incursion de la secte dans les villages proches des frontières, le DTM compte 170 000 déplacés
internes.
L’afflux de réfugiés a donné lieu à des changements drastiques dans la composition des
populations locales. La réponse sécuritaire des autorités camerounaises va limiter les
mouvements des personnes et des biens au niveau des frontières or c’est une population
fortement dépendante du commerce transfrontalier ; Extrême-Nord au Nigéria, Est à la
République Centrafricaine. Ces restrictions fragilisent une voie que les ménages utilisent pour
satisfaire leurs besoins primaires. Les centres de santé, les écoles, les points d'eau et les autres
ressources disponibles sont surexploités en raison de cette explosion démographique soudaine.
La ville frontière de Kentzou (l’un des points d’entrée des réfugiés centrafricains au Cameroun)
fait partie des zones qui ont été particulièrement affectées entre février et mars 2014. « Nous
avons établi les sites de réfugiés dans des villages où il y avait déjà des services essentiels
comme des centres de santé et des écoles, mais lorsqu'un village qui compte normalement 1
500 ou 2 000 habitants doit accueillir d'un seul coup plusieurs milliers de personnes, ces
structures sont débordées » (UNHCR, 2014). Le niveau de consommation alimentaire est faible
pour 10,6% de la population hôte et 27,6% ont une consommation limite. Il y a tout d’abord la
dégradation générale des conditions de vie. Ces facteurs ont affecté le pouvoir d’achat des
ménages et leurs capacités à se procurer des vivres sur le marché, les disponibilités alimentaires
sont ainsi réduites (IFORD/PLAN-CAMEROUN, 2010).
26
Pierre, qui dirige un programme de dépistage et traitement nutritionnel à Garoua Boulai. Quand
nous avons commencés le programme de la prise en charge, « le programme s’adressait aux
réfugiés centrafricains mais on s’est aperçu que les Camerounais souffraient eux aussi des
mêmes problèmes ».
L’arrivée des réfugiés dans les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est vient davantage
renforcer les effets de ces faiblesses structurelles, entraînant une dégradation de la situation
alimentaire des populations dans l’ensemble et l’état nutritionnel des enfants. Les populations
du Cameroun souffrent des impacts d’une triple crise humanitaire avec des effets conjugués.
La détérioration importante du contexte socioéconomique et sécuritaire a augmenté l’insécurité
alimentaire, la malnutrition et la vulnérabilité aux épidémies (Plan de Réponse Humanitaire
2017/2020). La région de l’Extrême-Nord est historiquement connu (Beauvilain A., (1990) ;
Seignobos C., (2011) classé depuis longtemps parmi les zones d’excellence à l’insécurité
alimentaire car régulièrement confrontés aux crises nutritionnelles, épidémies, d’inondations et
de sécheresse. Une évaluation du ministère de l’Économie, de la Planification et de
l’Aménagement du Territoire en 2010 a montré qu’à l’Est l’insécurité alimentaire concerne
22,8% de ménages réfugiés et 13% de ménages hôtes avec une consommation alimentaire limite
(MINSANTE/Profil Sanitaire Analytique, 2016). Et à travers les activités de suivi et
d’accompagnement à la production et de sécurité alimentaire, le gouvernement camerounais et
ses partenaires d’aide au développement ont mis sur pied des réponses institutionnelles à travers
de dizaines de programmes spécifiques d’appui au développement du monde rural depuis 1980.
Malgré ces interventions, on note une persistance de la précarité alimentaire de la population
avec des effets sur leurs santés que les enfants manifestent naturellement. C’est sous cet angle
que ce travail met le point sur un éventail de facteurs qui confortent ce phénomène, fait une
analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle de la population touchée avec un ciblage
prioritaire sur les enfants de 0-59 mois et la manière dont ces populations se procurent à manger
dans un contexte de crise et post-crise. Les ménages du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem
subissent une insécurité alimentaire ambiante et la situation s’enlise davantage avec l’arrivée
des réfugiés et les vagues de déplacement des populations. Comment comprendre cette situation
dans deux milieux ruraux distincts censés être des zones de production alimentaire encadrés par
les assistances régulières. Comment peut-on résoudre ce problème définitivement en comptant
sur la ressource qu’est l’homme (en tant qu’acteurs externes et acteurs internes). C’est ainsi
qu’une analyse profonde de cette problématique a permis de relever des pistes de réflexion dont
la principale se décline ainsi :
27
Quels sont les facteurs qui aggravent l’insécurité alimentaire dans les Monts Mandara
et le Lom-et-Djerem ?
Quelle est la relation entre les pratiques alimentaires et nutritionnelles des ménages et
la conséquence manifeste sur la santé des enfants de 0 à 59 mois.
Quelles sont les réponses institutionnelles et locales entreprises pour juguler
l’insécurité alimentaire
Cambrezy L. et Janin P., (2003) Alors que la production agricole suit une courbe
croissante dans les autres grandes aires géographiques, elle connaît, selon la FAO, une
stagnation en Afrique subsaharienne, voire une dégradation en raison de l’écart croissant entre
l’offre et la demande. Les ressources alimentaires mobilisables par les ménages ruraux et
urbains varient donc fortement en fonction du volume des récoltes ou de leur accessibilité
géographique et économique. « Le nombre de sous alimentés risque d’être multiplié par deux
en Afrique passant de 175 à 300 millions, avec des disparités régionales extrêmement fortes à
l’horizon 2010 » (Collomb, 1999). Si les disponibilités alimentaires sont quantitativement
insuffisantes (moins de 2500 calories/jour/personne), elles le sont également qualitativement :
la diversité alimentaire est faible dans le Sahel et tend à se réduire avec la baisse du niveau de
vie en ville au profit d’aliments de substitution parfois moins prisés des consommateurs et de
l’alimentation hors domicile. Les carences en micro-nutriments sont fortes.
En Afrique subsaharienne, 36 pays sur 45 sont bénéficiaires de l’aide alimentaire du
Programme Alimentaire Mondial en 2000. Sur plus de 5.192.000 tonnes de vivres programmés
pour 2002-2004 par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) près des deux-tiers est destinée
à la seule aide d’urgence. Ces déficits persistants ont des conséquences directes et cumulatives
sur les états nutritionnels des individus physiologiquement et socialement vulnérables (femmes
28
enceintes et allaitantes, enfants en bas-âge, personnes âgées, femmes seules chefs de ménages,
réfugiés et déplacés, enfants de la rue, cadets sociaux, etc...), aux ressources aléatoires et
incertaines. La parenté, souvent mise à contribution, n’a pas toujours les moyens de subvenir
aux plus démunis et tend à devenir plus sélective dans ses soutiens, faute de réciprocité. En
l’espace de deux décennies, la plupart des indicateurs nutritionnels se sont sensiblement
dégradés en Afrique subsaharienne : la fréquence de personnes malnutries est passée de 34% à
57% en Afrique Centrale, de 33% à 43% en Afrique Australe alors qu’elle aurait très
sensiblement diminuée en Afrique de l’Ouest, passant de 40% à 14% (FAO 2002). A l’échelle
de la planète, sur 27 pays ayant plus d’un tiers de leur population malnutrie, 19 sont situés en
Afrique subsaharienne et pour les dix pays ayant un taux supérieur à 50%, sept sont situés en
Afrique. Ce sont les enfants de moins de 5 ans les plus durement touchés par la dégradation
globale des conditions d’existence : le nombre de malnutris aurait augmenté de près de 60%
entre 1980 et 1995 et la prévalence a été estimée à 33% en 2000. Encore ne s’agit-il que des
données nationales ou régionales agrégées qui ne permettent pas toujours de prendre en compte
les « poches » interstitielles d’insécurité alimentaire et de sous nutrition. Car, même si la plupart
des pays d’Afrique subsaharienne sont menacés, le risque d’insécurité alimentaire est plus
fortement rattaché à certains pays et certaines régions : l’Afrique centrale semble
particulièrement touchée alors même que les potentialités naturelles sont importantes tandis que
l’Afrique de l’Ouest l’est moins, en dépit de contraintes agro-climatiques plus fortes et de
potentialités agricoles globalement moins importantes.
Le risque alimentaire est en général géographiquement localisé du fait d’une grande
diversité de conditions agro-écologiques, mais aussi économiques, culturelles et politiques à
l’intérieur même de ces pays. Ces régions se distinguent des autres par un plus haut degré de
vulnérabilité : soit du fait d’incertitudes climatiques plus grandes (zones arides ou semi-arides
en particulier), soit du fait d’un déséquilibre trop important entre les charges de population et
les ressources (érosion des sols, surpâturage), soit, à l’inverse, du fait d’une trop grande
dépendance vis à vis d’une ressource momentanément menacée. L’effondrement des cours
d’une culture de rente peut, comme une sécheresse décimant un cheptel, ruiner en quelques
mois les espoirs de ces sociétés de subvenir à leurs besoins.
Les nombreuses guerres civiles ainsi que les conflits ethniques plus ou moins liés au
contrôle des ressources rendent également certaines régions plus fragiles que d’autres en
fonction de l’évolution de la dangerosité. À l’abandon des campagnes du fait de l’insécurité,
s’ajoute alors la détresse des populations réfugiées dans les pays voisins ou déplacées dans leur
propre pays. Ces populations, rassemblées dans des camps, constituent autant de poches
29
d’insécurité alimentaire. D’une manière plus large, l’état de guerre rend l’acheminement de
l’aide aléatoire, inaccessible ou dangereux. Malheureusement, il n’y a donc pas toujours de
relation stricte entre les besoins alimentaires des populations et le volume de l’aide envoyé sur
le terrain.
Pourtier R. (2001) les rejoint sur le triste constat qu’en Afrique on est tenté, quand
surgit le spectre de la famine, d’incriminer la nature, d’établir une causalité simple entre les
drames de la faim et la sécheresse. Les famines ne résultent pourtant pas seulement de calamités
naturelles. Seuls les milieux sahéliens sont exposés à des aléas climatiques aux conséquences
graves : des sécheresses sévères, plus ou moins cycliques, y menacent les troupeaux et les
hommes. À cela s’ajoutent les ravages des acridiens : les hommes restent démunis contre les
invasions périodiques de criquets dont les nuées, grosses de milliards d’insectes, réduisent à
néant les cultures sur leur passage. Mais si les caprices de la nature ont leur part de
responsabilité, la plupart des famines contemporaines sont la conséquence d’une organisation
territoriale déficiente et de dysfonctionnements politiques…car ce sont les troubles politiques
et les guerres civiles qui trainent la famine à leur trousse. Renchérit le rapport d’OXFAM
(2016) En 2012, la région sahélienne d'Afrique centrale et de l'Ouest a de nouveau connu une
grave crise alimentaire suite à la sécheresse qui a affecté la production alimentaire, fait grimper
les prix des denrées alimentaires et exposé des millions de personnes, déjà vulnérables de
manière chronique, à une nouvelle année de rigueur et de faim. Au plus fort de la crise, plus de
18 millions de personnes dans 9 pays ont été touchées, et la vie de plus d'1 million d'enfants a
été menacée car les foyers ne parvenaient pas à se procurer suffisamment de nourriture pour
survivre. Au Tchad, des femmes ont été contraintes de creuser dans des fourmilières pour
trouver des graines, tandis que des centaines de milliers de familles à travers la région ont dû
se contenter d'un seul repas par jour. L'ampleur de la crise a certes été importante, mais elle
aurait dû être prévisible. Les épisodes de sécheresse sont devenus fréquents au Sahel, et la crise
de 2012 est survenue peu de temps après des crises également liées à la sécheresse, en 2010 et
en 2005, ainsi qu'une crise du prix des denrées alimentaires en 2008. De nombreuses
communautés sont maintenant en situation de vulnérabilité chronique (230 000 enfants meurent
des suites de sous-nutrition, même les années de « bonnes » récoltes), alors les moindres chocs
peuvent avoir des impacts désastreux.
La faim et la malnutrition sont des défis toujours d’actualité. Selon les dernières
estimations des agences des Nations à Rome (FSIN, mars 2018) 793 millions de personnes
souffrent encore de faim dans le monde. Ce qui veut dire qu’une personne sur neuf n’a toujours
pas accès aux aliments de base nécessaires à ses besoins énergétiques quotidiens. Environ 2
30
milliards de personnes souffrent par ailleurs de faim cachée liée à un manque en vitamines et
en minéraux (en particulier vitamine A, en fer, en iode et en zinc). Enfin 1.9 milliards de
personnes ne bénéficient pas d’une alimentation équilibrée, ce qui entraine des problèmes de
surpoids, d’obésité, de sous-nutrition mais aussi des maladies non transmissibles et chroniques(
maladies cardiaques, diabète et autres…) comme l’ont montré les dernières crise alimentaires
de 2005, 2008, et de 2011, l’insécurité alimentaire à des causes complexes et le problème de la
faim dans le monde et en Afrique aujourd’hui ne pourra être résolu seulement par une
augmentation de la productivité agricole.
Meurier V. (2003) dresse un bilan sur la situation alimentaire mondiale et surtout des
productions céréalières, composante essentielle du repas des Hommes. Elle s’inquiète de leur
diminution, et donc de leur disponibilité dans le monde en croissance démographique. Elle
pense que les productions agro-alimentaires pourraient « assurer une alimentation suffisante »
mais affirme en même temps que la sous-alimentation et la malnutrition ne sont pas et ne seront
pas dues à la pénurie d’aliment, mais au manque de pouvoir d’achat des gens. MINAGRI
(2004) fait un constat selon lequel l’autosuffisance alimentaire du Cameroun est un acquis
aujourd’hui perdu, qui n’exclut pas la malnutrition d’une partie de sa population[…] En ville
tout comme dans l’arrière-pays, les marchés regorgent en toutes saisons de vivres frais et autres
denrées consommables mais cette abondance apparente cache des pénuries réelles au niveau du
consommateur final[…]et des disparités énormes entre régions excédentaires (Ouest, Nord-
ouest, Littoral) et déficitaires (Est, Sud, Extrême-nord). Le DSDRS (2005) réitère en se basant
sur les statistiques de la FAO, que le Cameroun se classe parmi les pays en développement les
moins performants en matière alimentaire. La ration alimentaire actuelle (2260 calories/jour/
hab.) y est à peine supérieure à la ration moyenne estimée pour l’Afrique subsaharienne (2200
calories) et reste bien inférieure à celle calculée pour l’ensemble des pays en voie de
développement (2 680 calories). En fait, malgré son évolution soutenue, le taux de croissance
de la production agricole reste inférieur à celui de la progression de la population du pays. En
somme, selon le PAM (2008), environ 2 802 000 personnes au Cameroun sont en insécurité
alimentaire et les plus fortes proportions de ménages ayant une consommation pauvre et limite
en 2007 sont le centre, le nord-ouest, l’est et le littoral.
Ngoufo R. et al. (2009) précisent qu’en 1996 plus de la moitié de la population totale
consommait moins de 2400 calories/jour prescrites par la FAO comme le seuil minimum. En
31
milieu rural déjà structurellement faible, ce chriffre s’écroulait à cause de la défaillance des
mécanismes mis en place dans le but de soutenir les prix d’achat aux producteurs à la suite des
chutes des cours mondiaux.
32
2011, Dans ses travaux de HDR il dresse une fois de plus un aperçu sur la situation en disant
que le Cameroun est souvent présenté à tort comme un pays autosuffisant sur le plan alimentaire
et dont le bilan céréalier semble équilibré. En réalité, la situation du pays s’est dégradée
progressivement depuis les années 80. Selon le ministère de l’agriculture (Programme Spécial
pour la Sécurité Alimentaire), alors que 81% en 1992 et se seraient depuis stabilisées autour de
80%. Les productions alimentaires n’ont pas suivi l’accroissement démographique et
économique. Ainsi, les disponibilités énergétiques sont passées de 2340 kilocalories /personne
et par jour au début des années 80 à 2140 kcal en 1995-1996. Par ailleurs, ces moyennes
nationales ne reflètent pas les larges disparités entre les régions et les groupes de population.
Les données les plus exhaustives portent sur les trois provinces septentrionales. L’analyse des
tendances de la sécurité alimentaire classe l’Extrême-Nord et le Nord dans la catégorie à haut
risque et à déficit alimentaire chronique caractéristique des zones agro-écologiques sahéliennes.
Selon la FAO, le taux de couverture des besoins alimentaires varie de 25 à 80% dans ces zones.
De plus, les conclusions des enquêtes récentes du PNVRSA menées dans le Nord et l’Extrême-
Nord du Cameroun indiquent que les principaux obstacles à la sécurité alimentaire sont en
général l’insuffisance de la production céréalière due au système traditionnel de production. Le
sous-équipement des pêcheurs notamment l’absence des moyens de conservation. La pauvreté
sans cesse croissante des populations renforcée par une croissance démographique élevée. Les
difficultés de transaction intra et interrégionales, les interdits alimentaires, le degré de
vulnérabilité de la femme imputable à la difficulté d’accès à la propriété foncière, l’absence
d’autonomie, les mariages précoces et les difficultés d’accès aux crédits.
Ceci renforcé par le rapport du CFSVA en 2011, le Cameroun connait des problèmes
de sécurité alimentaire. En zone rurale, 9,6% des ménages sont en insécurité alimentaire (2,2%
sous une forme sévère et 7,4% sous une forme modérée). Ces ménages ont une consommation
alimentaire qui n’est pas satisfaisante et ont des problèmes d’accès à la nourriture. Ils recourent
donc à des stratégies de survie pour faire face au manque d’argent et de nourriture, la fréquence
de ce recours reste cependant très limitée. Les stratégies les plus utilisées sont (par ordre
d’importance) : consommer les aliments moins chers (72,3% des ménages), réduire la quantité
de nourriture consommée (44,8%) et réduire le nombre de repas (33%). L’un des défis du pays
est d’arriver à nourrir dans les décennies à venir 19,4% millions d’habitants qui devraient
doubler dans les prochaines années alors que le pays est déjà en situation de déficit céréalier.
Cité par Mathias Eric O. N, en Juin 2005 dans un article, Courade G. (1994), qui étudie
« l’insécurité alimentaire urbaine au Cameroun dans son contexte », met en perspective
33
Nfor D. (2011) dans ses travaux pense que l’insécurité alimentaire, est une situation
dans laquelle la population manque d’aliments de base. L’apport alimentaire primaire suffit à
satisfaire leur habitude alimentaire et leur fournit l’énergie et les nutriments pour une vie pleine
et active. Dans le centre de l’arrondissement de Nkambé, le maïs est considéré comme l’un des
aliments de base qui, et quand il y a pénurie, il y a insécurité alimentaire même lorsque d’autres
céréales et protéines avec les mêmes valeurs énergétiques sont en abondance.
Mvomo S.L. (2011) dit que les pénuries qui font aujourd’hui l’actualité, sont en réalité
une variable de l’insécurité alimentaire qui touche le Cameroun depuis au moins une vingtaine
d’années. Le phénomène, devenu préoccupant au début des années 1990, s’est manifesté sous
d’autres figures telles que les hausses des prix des produits alimentaires, l’augmentation
continue des volumes des importations alimentaires et le phénomène de la vie chère.
Aujourd’hui, les statistiques officielles admettent que 25% de la population, soit un
camerounais sur quatre, souffrent d’insécurité alimentaire. En effet, la situation enviable du
Cameroun sur le plan agricole et alimentaire se détériore graduellement à partir de 1970. Les
sécheresses de 1971 et 1972, qui occasionnent les premières pénuries de grande ampleur dans
les régions septentrionales, révèlent la vulnérabilité du pays qui fait alors appel à l’aide
alimentaire internationale. La crise économique de 1986-1987 et surtout la logique des
programmes d’ajustement structurel viennent porter le coup de grâce. L’État, qui était le
principal acteur de la sécurité alimentaire, est diminué. Ses capacités d’intervention se réduisent
comme peau de chagrin. Celui-ci est contraint d’abandonner tous les programmes et politiques
alimentaires, d’arrêter les subventions aux agriculteurs ainsi que tous les mécanismes
d’encouragement à la production.
34
importations, avec tous les risques que cela comporte, qu’il s’agisse des flambées des prix ou
des pénuries alimentaires. Le constat est donc clair. Les pénuries alimentaires, telles qu’on les
observe depuis plusieurs années, ne sont pas un accident de parcours. Elles sont la résultante
d’une succession de faillites dans le système alimentaire, lesquelles meublent la structure de la
consommation des ménages au Cameroun. Plus que le spectacle qu’offre le gouvernement à
l’occasion de ses différentes opérations « coups de poing », c’est bien une politique nationale
coordonnée, tenant compte des besoins nationaux qu’il faut mettre en place pour en venir à
bout. Mais le Cameroun en a-t-il les moyens ?
Janin P. et Édouard de Suremain C. (2012) remarque qu’ainsi dans les pays les moins
avancés (PMA) qui cumulent un certain nombre de handicaps structurels en dépit souvent de
réelles potentialités, l’insécurité renvoie encore souvent à des situations de manque ou de
pénurie alimentaires. Certaines peuvent être ponctuelles, d’autres plus durables. Elles résultent
de l’insuffisance de denrées alimentaires produites ou stockées en quantités comme en qualités.
De fait, si les styles alimentaires évoluent rapidement en ville, parmi les couches sociales
favorisées, la monotonie alimentaire est encore une réalité pour la majorité des consommateurs.
Cette forme d’insécurité, plutôt cyclique, voire saisonnière, relativement prévisible, touchait
traditionnellement surtout les populations rurales, dépendantes de leurs récoltes et des marchés
de proximité pour se nourrir. Fofiri N. (2013) d’entrée de jeu dans sa problèmatique des
déterminants de l’offre alimentaire vivirère au Nord-Cameroun, cite Kossouma L. (2001) qui
relève que la sitaution alimentaire demeure inquiêtante dans la partie septentrionale. Cette
notion est le quotidien des autorités adminitratives, des organismes des Nations Unies (PAM,
FAO) et autres bailleurs de fonds. La sollicitation des aides alimentaires y est récurrente, la
région vit au rythme de l’instabilité des pric des produits alimentaires de base tant en zone rurale
qu’en zone urbaine.
35
plus touchées par l’insécurité alimentaire. L’insécurité alimentaire a pris de l’ampleur dans la
Région de l’Est (10% en février 2018 contre 6% en 2017) tandis qu’elle a baissée dans
l’Adamaoua (7.5% en février 2018 contre 9.3% en 2017). Dans la Région de l’Est, les
ménages ont fait recours à une utilisation importante des stratégies des moyens d’existence et
de consommation alimentaire en février 2018 ; les aliments riches en vitamine A n’ont pas été
consommés dans 37% des ménages de l’Extrême-Nord et dans 28% au Nord. Le faible pouvoir
d’achat et l’insuffisance des stocks alimentaires des ménages limitent leur accès aux produits
alimentaires et favorisent l’utilisation des palliatifs néfastes qui les confinent dans l’insécurité
alimentaire.
36
OMS 1996, la malnutrition sévit dans les pays en développement, 174 millions d’enfants
de moins de 05 ans présentent une insuffisance pondérale et 230 millions des retards de
croissance. Les privations, les souffrances et le gaspillage du potentiel humain que représentent
ces chiffres sont inacceptables à tout point de vue. À l’échelle Mondiale, plus de 800 millions
de personnes ne peuvent pas toujours satisfaire leurs besoins essentiels en énergie et en
protéines. Plus de 2 milliards de personnes n’ont pas un apport suffisant en micronutriments
essentiels et des centaines souffrent d’affections dues à une alimentation malsaine ou
déséquilibrée.
En 2015, on recense encore 20 millions de décès d’enfants de moins de cinq ans sur les
12.2 millions estimés chaque année c’est-à-dire 54% des décès d’enfants en bas âge dans les
pays en développement, sont dus à la malnutrition. Dans certaines régions, notamment dans
l’Afrique subsaharienne et en Asie Méridionale, la stagnation de la population associée à la
croissance démographique rapide a engendré une augmentation de la population totale
d’enfants en état de malnutrition (plusieurs formes de malnutrition liée à la carence en
micronutriments, en protéino-énergetique…). Chez les nourrissons et les enfants en bas âge,
même une anémie légère engendre des retards de développement. Une aggravation de la
malnutrition infantile entre 1991 et 1998 dans toutes les zones géographiques du Cameroun, la
situation alimentaire s’est fortement dégradée au cours de la période : le taux de de retard à la
croissance (taille pour âge), le taux d’insuffisance pondérale (poids pour âge) et le taux
d’émaciation (ou de maigreur : poids pour taille). Sept ans plus tard, ces taux de retard de
croissance des enfants sont passés à 11 et 29%. Résultant d’une alimentation insuffisante ou
d’une maladie qui a provoqué une perte de poids, cette tendance traduit une situation
nutritionnelle et sanitaire inquiétante (EDS, 1991 et 1998).
Selon le PNAN/CMR 2017, les maladies infectieuses restent prédominantes chez les
enfants et contribuent à maintenir ou à aggraver la malnutrition dans un cercle vicieux. On note
qu’il y’a une recrudescence des épidémies de rougeole qui augmentent le risque de la
malnutrition et de la carence en vitamine A. l’état nutritionnel des enfants de moins de 05 ans
est préoccupant. La situation du retard de croissance demeure stationnaire et anormalement
élevée. En 1991, la prévalence était de 24.4 % comparée à 30.4 % en 2006. En 2011, elle était
37
de 33 % (EDS/MICS) et 31.7% en 2014 (MICS, 2014). Le Cameroun fait partie des 36 pays
les plus touchés par la malnutrition chronique à travers le monde et compte à lui seul près de
44% d’enfants malnutris chroniques en zone CEMAC. En ce qui concerne l’émaciation,
l’enquête MICS 2014 révèle que 5.2% d’enfants de moins de 05 ans souffrent de malnutrition
aiguë contre 6% en 2011 et 14.8% souffrent d’insuffisance pondérale contre 15% en 2011
(EDS-MICS 2011 et MICS 2014). Les régions du Nord, de l’Adamaoua, de l’Est et de
l’Extrême-Nord présentent les taux de malnutrition les plus élevés sous toutes ses formes. En
2018, et selon les dernières enquêtes nutritionnelles SENS 2016 (pour les populations réfugiées)
et SMART 2017, il a été estimé que plus de 150 000 enfants de moins de 5 ans souffriront de
malnutrition aiguë dont 44 7007 dans sa forme sévère associée à une mortalité élevée. Autant
dire que la situation ne s’améliore guère.
Tous ces travaux démontrent que le Cameroun, malgré son statut agricole a connu au fil des
années, une hausse importante de l’insécurité alimentaire révélée au monde par les émeutes de
la faim et qui se manifeste dans les ménages au travers de la malnutrition des enfants. Loin de
s’en réjouir, nos travaux viennent enrichir les compréhensions du comité scientifique et
humanitaires sur les raisons du maintien de cette situation malgré les mesures prises et comment
les ménages s’y adaptent.
L’objectif étant de bien cerner les contours du sujet de recherche, une bonne compréhension
des concepts se révèle déterminante. L’intérêt est porté sur les termes suivants ; sécurité
alimentaire, insécurité alimentaire, état nutritionnel, malnutrition, stratégie d’adaptation,
moyens de subsistances.
Sécurité alimentaire
En parcourant la littérature, le premier constat que l’on fait est que ce concept admet
plusieurs définitions. La seule période de 1975 et 1991, Maxwell et Frakenberger (1992) en ont
référencé plus de 30. La sécurité alimentaire est un concept complexe et constitue une grande
préoccupation de la communauté internationale (SMA, 1996). Elle est définie comme une
situation dans laquelle toutes les personnes ont un accès physique, social et économique durable
à une nourriture suffisante, sûre et nutritive qui répond à leurs besoins diététiques et à leurs
38
préférences alimentaires, pour mener une vie saine et active (FAO, 2001b). De ce point de vue,
il ne suffit pas qu’une économie nationale dispose de quantités suffisantes de denrées
alimentaires pour que la sécurité alimentaire soit atteinte. Il faut que les individus aient les
moyens d’y avoir accès (Azoulay et Dillon, 1993). Des auteurs comme Détry et Hérault (2001)
soutiennent qu'au sein de toute population il existe toujours une couche qui ne parvient pas à
satisfaire l'ensemble de ses besoins, même en conjoncture moyenne. Pour ces derniers, c'est la
couche pauvre ou vulnérable.
39
revanche, dans les pays développés qui sont généralement à l'abri de la pénurie et de la
malnutrition, elle désigne davantage la sécurité sanitaire des produits destinés à l'alimentation
humaine. Mais au delà de ce clivage, la littérature fait ressortir quatre dimensions
fondamentales de sécurité alimentaire dont les interactions rendent le concept complexe. Il
s’agit de la disponibilité, de l’accessibilité, de la qualité des aliments et de la stabilité des
approvisionnements et de l’utilisation (figure 3). Ce qui rejoint le point de vue de MAEE/DCP
(2010), les principaux domaines couverts par la sécurité alimentaire émergent des produits de
ces définitions : (i) la disponibilité des produits agricoles grâce à une production agricole
suffisante. (ii) l’accessibilité aux denrées alimentaires avec des moyens de subsistance
adéquats. ((iii) la qualité de l’alimentation notamment nutritionnelle et sanitaire. (iv) la stabilité
des approvisionnements permettant de prévenir les crises alimentaires. (v) l’utilisation c’est-à-
dire la manière d’utiliser la nourriture. Les dimensions de la sécurité alimentaire :
40
production évaluées à 45%pour le riz et 15% pour les autres productions céréalières (DGPSA,
2003). Les stocks de céréales regroupent les stocks disponibles au niveau des paysans et des
commerçants de ces produits. Les importations se composent essentiellement du blé (en farine)
et de riz. En définitive, le niveau des disponibilités peut être jugé globalement satisfaisant au
plan national, alors que des localités ou des individus n’ont pas accès aux céréales. L’accès aux
aliments s’avère donc une composante essentielle de la sécurité alimentaire. Dans les
campagnes, elles portent essentiellement sur la constitution des stocks de sécurité en période
dite d’abondance ou période de récoltes annuelles pour faire face à la soudure dont la sévérité
varie d’une année à l’autre (Fofiri N., 2003)
41
éloignées. La nourriture doit également être accessible aux victimes des catastrophes naturelles
et anthropiques, des conflits armés et des guerres, ainsi qu'aux populations autochtones et aux
groupes ethniques. L'accès physique aux denrées disponibles se réfère aux lieux d'échange et à
la régularité des approvisionnements.
- L’accessibilité économique implique les moyens financiers des personnes ou des
ménages pour acheter de la nourriture nécessaire à un régime alimentaire adéquat. Ceux-ci
doivent être suffisants pour satisfaire aux besoins diététiques de l'individu et du ménage tout au
long de l'année. La denrée disponible est liée au pouvoir d’achat des ménages qui résulte des
effets conjugués des niveaux du revenu et des prix. Cette relation est complexe dans la mesure
où l’essentiel du revenu des ménages agricoles provient de la vente des excédents.
L’accessibilité à la nourriture occupe une place importante dans le raisonnement de (Sen, 1999)
qui soutient que la vraie question n’est pas la disponibilité totale de nourriture mais son accès
par les individus et les familles. Pour cet auteur, si une personne manque de moyens pour
acquérir la nourriture, la présence de nourriture sur le marché n’est pas une grande consolation.
« Si le tout État a montré ses limites, le marché ne peut tout résoudre dans le domaine de l’accès
physique et économique de chacun (notamment pour les individus non solvables ou sans liens
sociaux forts) aux biens alimentaires, dans les pays enclavés ou dans les sociétés déstructurées
par une crise. Retrouver la sécurité alimentaire après avoir aggravé les inégalités sociales ne va
pas de soi ». la disponibilité et l’accessibilité de la nourriture doivent être garanties de façon
stable tout au long de l’année.
Elle implique la régularité des disponibilités alimentaires aussi bien sur le plan spatial que
sur le plan temporel. La stabilité des approvisionnements est affectée par des facteurs internes
et des facteurs externes aux ménages. Au nombre de ces variables, on peut citer l’instabilité de
la production domestique, la déficience des infrastructures de stockage et des systèmes
domestiques de commercialisation, la fluctuation interannuelle et interrégionale des prix, la
fluctuation cyclique de l'offre et de la demande sur les marchés internationaux.
L’aspect nutritif des aliments est important dans le concept de sécurité alimentaire. La
demande de produits alimentaires dépend de la perception du consommateur de la quantité des
éléments nutritifs présents dans un bien donné pour lui permettre de mener une vie saine et
42
active. Il importe donc de prendre en considération les préférences et les besoins nutritionnels
du consommateur dans l’analyse de la sécurité alimentaire. Les besoins nutritionnels désignent
la quantité d’énergie et de nutriments (notamment les protéines, les glucides, les lipides, les
vitamines, les minéraux, les oligo-éléments et l’eau) nécessaires à une catégorie d’individus
pour leur permettre d’être en bonne santé, de se développer et de mener une vie normale. Ces
besoins ne sont pas stables pour un individu et varient en fonction de son âge, de son sexe de
son poids corporel, de son activité et de son état physiologique (maladie, grossesse ou
allaitement).
43
La sécurité alimentaire résulte ainsi de l’interaction entre les éléments qui viennent d’être
décrits basés sur les besoins. Outre ces dimensions d’autres facteurs doivent être prises en
compte :
Il faut donc que ces différentes conditions soient remplies pour qu’on parle de sécurité
alimentaire. C’est pourquoi Egg et Gabas (1998) précisent que c’est une erreur de vouloir traiter
la sécurité alimentaire comme un besoin fondamental, indépendamment des autres objectifs du
ménage. En effet, dans certaines situations, en particulier pour des raisons de prestige ou
d’honneur, le ménage agricole peut donner la priorité à la préservation de son patrimoine au
détriment d’une alimentation minimale. Il est donc nécessaire d’étudier la sécurité alimentaire
dans un contexte plus large de sécurité du ménage.
44
Insécurité alimentaire
C’est une situation qui existe lorsque les personnes n’ont pas un accès à des denrées
alimentaires sûres et nutritives en quantité suffisante qui garantiront une croissance et un
développement normal, une vie active et saine. Elle peut résulter de l’absence des denrées, d’un
pouvoir d’achat insuffisant, d’une mauvaise distribution ou d’une mauvaise utilisation des
aliments au niveau domestique. Elle peut être saisonnière, chronique ou transitoire appuyée par
Essimi Biloa A.C. (2010) qui affirme que l’insécurité alimentaire est définie par les
communautés comme le manque de moyens, qu’il s’agisse de biens, d’argent, d’aptitudes
humaines ou de relations permettant d’assurer une alimentation adéquate. Il détermine que les
processus accélérateurs les plus fréquents sont la rareté, la spéculation, l’inégalité des revenus
et leur fluctuation et (ou alors à la fois) l’abus de position dominante.
Les facettes de l’insécurité alimentaire déterminée par Dénis Ouédraogo et al. (2007)
Elle désigne la situation des populations en deçà du seuil requis pour s’alimenter à partir
de leur propre production et/ou de leur revenu annuel et qui sont obligées de consommer leur
épargne, parfois de vendre leurs moyens de productions ou de solliciter la solidarité (CILSS,
2004). Elle regroupe donc l’ensemble des situations où les populations souffrent ou risquent de
souffrir des manifestations de la faim ; Il existe deux types d’insécurité alimentaire, l’une
chronique et l’autre temporaire. La première caractérise les individus ou groupe qui souffrent
en permanence d’une alimentation déficiente. Ils ne peuvent satisfaire leurs besoins
45
nutritionnels de manière continue, ne peuvent produire ou acheter des denrées dont ils ont
besoin ni en quantité ni en qualité suffisante. L’insécurité temporaire traduit une impossibilité
pour les individus et les groupes de satisfaire momentanément leurs besoins nutritionnels.
L’instabilité de leur production ou des prix en est très souvent la cause principale.
2. Les individus qui présentent des symptômes physiques imputables à des carences
nutritionnelles liées à un régime alimentaire non équilibré ou inadapté ou encore les individus
incapables physiologiquement de consommer de la nourriture à cause d’une infection ou
d’une maladie. D’où la prise en compte du 3ème pilier de l’insécurité alimentaire qu’est
l’utilisation des aliments et leur consommation afin de comprendre l’état nutritionnel des
ménages vulnérables en général. Ce pilier est fortement influencé par les pratiques de soins au
sein du ménage, l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène (ACF, 2009) et
l’envrionnement des soins de santé.
46
La production des
denrées alimentaires
Outils de production
rudimentaire
Quantité de pluie
Périodicité/Inexistence
Sources de des marchés dans les
Inaccessibilité
physique ou nourriture villages
économique
Mauvais état des routes
/distance et densité des
marchés
Période de soudure
Insécurité et destruction
Instabilité des Contexte physique et des circuits
approvisionnements sécuritaire d’approvisionnements
47
L’État Nutritionnel
C’est l’état physiologique d’une personne qui résulte des rapports entre la capacité du
corps à digérer, absorber et à utiliser les nutriments essentiels (Guide de nutrition, FAO 2015 ;
ACF, 2009) qui proviennent des aliments consommés (figure 5).
ETAT NUTRITIONNEL
48
49
La malnutrition
Dans un guide publié par ACF International (2009) la malnutrition est un état
physiologique anormal dû à un régime alimentaire mal équilibré (déficience ou excès) en
quantité et /ou en qualité. (Prudhon C., 1999). Le corps humain a besoin d’énergie et de
nutriments pour fonctionner. Si l’apport en nourriture n’est pas suffisant, le corps commence à
décomposer le gras et les muscles, le métabolisme ralentit, la régulation thermale s’interrompt,
le système immunitaire s’affaiblit et la fonction rénale se détériore.
Une alimentation réduite, une dépense énergétique accrue et une maladie, conséquences
d’un état nutritionnel pauvre est connu sous le nom de la malnutrition. Elle est associée à la
mort ainsi qu’a un risque accru de maladie, des résultats académiques limités ou médiocres, une
capacité économique et de production réduite. On distingue trois type de malnutrition ; la
malnutrition chronique, la malnutrition aiguë et les carences en micronutriments.
50
des carences nutritionnelles (faible apport ou mauvaise absorption). Les programmes d’Action
contre la Faim ciblent surtout, mais pas exclusivement, ce type de malnutrition.
Une distinction est faite entre la malnutrition aiguë modérée et la malnutrition aiguë
sévère. La malnutrition sévère est associée au risque très élevé de mortalité si elle n’est pas
traitée immédiatement. Elle se présente généralement sous deux formes :
La malnutrition modérée ne menace pas immédiatement la vie mais doit être traitée pour éviter
un développement éventuel de malnutrition sévère.
51
Insécurité
Aimentaire
État nutritionnel
Utilisation
des
aliments
Résultats
liés au
Conditions
Pratique de soin mode de
Accès des d’hygiène et
Accès aux vie
services et
ménages aux de santé
infrastructures aliments
de base
Causes sous-
jacentes
Environnement Revenus et production
politique agricole des ménages, dons,
échanges, prêts Stratégies
liées au
mode de
vie
Conditions
agro-
écologiques Capital Ressources
liées au
Naturel, physique, mode de
Causes de base humain, social, financier vie
L’analyse est fondée sur les principaux indicateurs de l’insécurité alimentaire. En résumé, la
figure donne un aperçu des racines sous-jacentes de l’insécurité alimentaire. Afin de faire face
à ce choc particulier ou ce phénomène d’insécurité alimentaire, les politiques et les ménages
font recours aux stratégies d’adaptation.
52
Stratégie d’adaptation
- La stratégie est évoquée pour la première fois dans l’armée. Elle vient en un sens de
l’espace, pour y retourner. « stratos » c’est en grec ancien, « stratègos » la stratégie qui
s’intéresse aux moyens de réaliser les buts généraux de la guerre. C’est-à-dire un déploiement
et un usage approprié des forces, un agencement spatial spécifique de ressource censé assurer
le succès global de l’opération. (Dictionnaire de la Géographie, 2003). L’objectif évoqué ici
était de limiter les actions de destruction au strict nécessaire, de les éviter le plus possible car à
cette époque les guerres frontales entraînaient de grandes pertes humaines. En bref la stratégie
est basée sur une démarche d’anticipation en vue d’un objectif. Elle vise à choisir des actions,
à les mettre en œuvre et à les coordonner afin d’obtenir un résultat. Elle a été appliquée au
domaine des sciences sociales avec le sens de « suite d'opérations » menées par un individu ou
un groupe pour parvenir à un objectif choisi (Franqueville, 1987 cité par N’da L., 2012).
- L’adaptation est la « mise en place d’efforts cognitifs et comportementaux destinés à
gérer des demandes spécifiques évaluées comme étant ardues ou dépassant les capacités d’une
personne » (Lazarus et Folkman 1984 cité par N’da L., 2012). Lorsque nous sommes confrontés
à des situations difficiles ou stressantes, nous réagissons de différentes façons, par exemple en
essayant de rendre la situation plus tolérable au alors en tentant de diminuer le stress et les
émotions négatives engendrées par la situation. Ces réactions peuvent être considérées comme
« l’adaptation ». elle peut s’effectuer de manière réactive ou planifiée et peut être implémentée
par les individus, les communautés ou les autorités à une échelle plus grande (Arlington et al.,
2013). C’est en fait un processus complexe qui dépend d’une multitude de variable incluant la
situation, l’évaluation de celle-ci ainsi que les ressources qui sont à la disposition de la personne
vue dans le cadre de ce travail comme les moyens de subsistances.
- Stratégies d’adaptation : les psychologues la définissent comme l’ensemble des
réponses physiques, psychiques d’un individu soumis à des circonstances stressantes
notamment une agression imprévue. Il s’agit des tentatives du sujet pour faire face activement
aux évènements de la vie. Cet ensemble de phénomènes complexes sert à modérer l’impact de
tels évènements sur le fonctionnement physique, social et émotionnel. Pour faire face aux effets
néfastes des changements climatiques, les populations locales ont développé diverses stratégies
d’adaptation, soit individuellement, soit collectivement, à partir de connaissances endogènes
(Vissoh P. et al., 2012). C’est pour cela qu’Adger, (2003) dit que l’homme s’est depuis toujours
53
adapté à son milieu et aux variabilités climatiques de celui-ci, il s’agit d’une capacité inhérente
des humains, une capacité attachée à leur habilité à agir collectivement. Dans le cadre
alimentaire, les stratégies désignent la façon dont les ménages utilisent et combinent leurs avoirs
pour s’assurer leurs besoins nutritionnels.
Les changements qui ont touché le sahel ces dernières décennies ont contribué à
amplifier les maux sociaux comme ce fut le cas des émeutes de la faim de 2008 liée à la flambée
des prix des denrées alimentaires. D’où une mise sur pied des mesures d’adaptation relatives à
la sécurité alimentaire et exposées à travers le programme d’action national d’adaptation (Kanté
A., 2011). Pour dire que l’insécurité alimentaire est au centre des stratégies d’adaptation. Ce
sont des réponses temporaires qui visent à réduire ou à minimiser les effets d’un évènement
stressant ou d’une situation défavorable où l’accès alimentaire est perturbé de façon anormale
(ACF, 2009). Le PAM, 2005 cité par Sanoussi Yagi, 2011 la définit comme l’ensemble des
activités auxquelles recourent un ménage ou un groupe de personnes afin de se procurer la
nourriture, des revenus et des services quand leurs moyens habituels de subsistance ont été
perturbés ou sont susceptibles de l’être. Elles sont à la fois préventives et curatives, variables
d’un ménage à l’autre et selon les zones agro-écologiques. Lorsqu’elles sont développées par
un ménage en période de choc, elles peuvent être qualifiées de stratégies viables ou de détresse.
Les stratégies viables sont durables et préservent les futurs moyens de subsistance, la dignité et
l’état nutritionnel. Quant aux stratégies de détresse, elles sont celles qui minent les moyens de
subsistance, la dignité ou l’état nutritionnel et augmentent la vulnérabilité à long terme. En bref
les stratégies d’adaptation sont des solutions alternatives que les gens choisissent pour survivre
lorsque les circonstances particulières sapent leurs modes de vie et leurs moyens de subsistance
habituels (Croix Rouge et Croissant Rouge, 2005).
54
Protection/ Sécurité
DGV/Cash
transfert/Cantines
scolaires/FFA
Démonstration
culinaire
Construction des
puits, forages et
écoles
. Nombre de
repas/jour
Ménages Satisfaction des
.Consommation
besoins de base d’aliments moins
coûteux
Activités
additionnelles/alternatives
Vol/Mendicité/Emprunt
d’argent,
d’aliment/Prostitution
Dépendance à l’aide
alimentaire
55
Les normes Sphère définissent les moyens de subsistance de la façon suivante: “Les
moyens de subsistance se composent des capacités, des biens (y compris les moyens matériels
ainsi que sociaux) et des activités requis pour se donner un moyen de gagner sa vie qui soit
propice à la survie et au bien-être futur.(the Sphere Project, Geneva, 2004)
Les moyens de subsistance se composent des capacités, biens et activités d’un ménage,
nécessaires à la satisfaction de ses besoins élémentaires – alimentation, abri, santé, éducation
et revenus. Les moyens de subsistance sont durables s’ils peuvent gérer et moduler avec succès
les effets de tensions et de chocs externes, préserver ou améliorer leurs capacités et leurs biens,
et subvenir aux besoins des générations futures. Les moyens de subsistance d’un ménage
dépendent des éléments suivants : (i) l’éventail des biens disponibles pour le ménage, comme
les biens naturels (ressources terrestres, sylvestres, aquatiques), physiques (outils, etc.),
humains (santé, compétences), sociaux (ex.: réseaux d’affinité), financiers (revenus, épargne,
accès au crédit, par exemple) et politiques. (ii) les structures politiques, économiques, sociales
et juridiques de la société, qui peuvent être considérées comme des « systèmes de facilitation
». Et (iii) les choix effectués par le ménage dans les limites des opportunités et des contraintes
liées à (i) et (ii). Les biens peuvent inclure à la fois ceux possédés par le ménage (ex. : terrain,
outils, compétences, économies, santé = capacité à travailler) et les biens collectifs auxquels le
ménage a accès (ex. : forêts, rivières, puits, marchés, banques alimentaires, services micro-
financiers). Les moyens de subsistance sont étroitement liés à l’accès à la nourriture en ce sens
qu’ils englobent la production du ménage et les moyens d’obtenir des revenus. Les accès au
logement, à la santé et à l’éducation influent aussi sur l’accès à la nourriture via les exigences
qu’ils exercent sur les ressources en espèces à court terme et leur influence sur les capacités de
production et de revenu à long terme. Pour Solidarités International 2011, les moyens de
subsistances sont directement liés aux personnes, à leurs diverses ressources et aux activités
qu’elles mettent en œuvre pour subvenir à leurs besoins vitaux. Ils doivent toujours être
appréhendés en tenant compte des problématiques liées aux domaines politiques, économiques
et au contexte socio-culturel.
Les moyens de subsistance sont aussi les activités qui assurent l’existence. Dans le
contexte de la sécurité alimentaire, cela englobe les gens, leurs capacités, leurs biens, leurs
revenus et les activités requises pour subsister, y compris les moyens d’obtenir la nourriture
(Fédération Internationale des Sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, 2005). Ce
56
sont la combinaison de toutes les activités agricoles et non agricoles composant les ressources
économiques et alimentaires permettant au ménage d’exister (en subvenant à ses besoins
essentiels) et de se développer (ACF-IN, 2011). Un foyer jouit de moyens de subsistances
durables lorsqu’il est en mesure de surmonter des crises et autres difficultés et lorsqu’il peut
préserver ses capacités et ses biens sans miner l’environnement naturel. En d’autres termes on
parle de moyens de subsistances durables quand les gens sont capables de satisfaire leurs
besoins tout en améliorant leur propre bien-être et celui des générations futures. Le cadre des
moyens d’existence durables met l’accent sur les forces et les capitaux que les populations
possèdent afin de garantir leur propre sécurité alimentaire et leurs moyens d’existences (DFID,
1996). Ils sont représentés en cinq grandes catégories de capital sur lesquelles peuvent
s’appuyer les populations pour parvenir à des résultats positifs en termes de moyens
d’existences, tel que des revenus plus élevés et plus de bien-être, une meilleure sécurité
alimentaire.
˗ La satisfaction des besoins physiologiques ; ils sont liés à la survie des individus ou de
l’espèce, ce sont des besoins (faim, soif, respirer, sexualité…). Encore appelé besoins inférieurs,
tout organisme humain suit le principe de l’ « homéostasie » c’est-à-dire un processus
automatique qui vise à maintenir un état normal et constant du flux sanguin permettant ainsi de
maintenir la vie.
˗ Les besoins de protection (sécurité) ; consistent à se protéger contre les différents
dangers qui nous menacent (physiques ou psychologiques) (besoin d’avoir un toit, se sentir en
sécurité physique)
˗ Les besoins d’amour (appartenance) ; révèlent non seulement la dimension sociale de
l’individu qui a besoin de se sentir accepté par les groupes dans lesquels il vit (famille, école…).
˗ Les besoins d’estime de soi (reconnaissance) ; prolonge le besoin d’appartenance c’est-
à dire l’individu souhaite être reconnu en tant que personne au sein des groupes auxquels il
57
appartient. L’être humain a aussi besoin d’avoir confiance en soi (besoin d’être respecté, d’un
regard chaleureux, d’être entendu, de vivre des réussites, de s’estimer et d’être fier de soi).
˗ Les besoins spirituels (dépassement) ou de réalisation de soi ou d’accomplissement ;
selon Maslow c‘est le sommet des aspirations humaines (besoins cognitifs et esthétiques :
connaître, comprendre, s’entourer d’ordre et de beauté, besoins d’accomplissement de soi : la
réalisation de son plein potentiel, l’épanouissement, comprendre le vrai sens des choses et
l’altruisme (disposition à s’intéresser à autrui, à manifester de la générosité et du
désintéressement).
Figure 9: Échelle de la hiérarchie des besoins selon Maslow dite « pyramide de Maslow »
Ce n’est qu’une fois satisfaits les besoins physiologiques fondamentaux (faim, soif,
sexualité, chaleur…), une fois garanti le besoin d’évoluer dans un environnement sûr et
structuré (offrant un abri, de la protection, de la stabilité) que les autres besoins peuvent à leur
58
tour être satisfaits. Les besoins physiologiques sont les besoins les plus dominants chez tout
être vivant. En état d’insatisfaction, ces besoins représentent le but unique vers lequel
l’ensemble de l’organisme se mobilise, rendant tout autre besoin sans importance voire
inexistant. Bissong J. (1985) dans l’un de ses articles le confirme qu’au cours de l’histoire,
l’homme a toujours eu à faire face à 3 besoins essentiels à savoir ; se nourrir, se vêtir et s’abriter.
Selon la région d’étude, l’accent est mis sur l’un ou sur l’autre de ces besoins qui devient une
priorité. Dans la région polaire par exemple l’homme peut mourir plus vite de froid que de faim,
ainsi l’abri et les vêtements sont prioritaires pour sa survie par rapport à la nourriture. En
Afrique, se nourrir constitue le besoin le plus pressant, quand la nourriture est assurée, on peut
s’attaquer aux autres problèmes…car pour son bien-être l’homme doit satisfaire ces 3 besoins
primordiaux.
Dans le cadre de ce travail, elle s’applique à la population cible qui se trouve être exposée
à la non satisfaction de ses besoins de base. Les ménages se trouvent face à une situation
menaçant leurs vies, le problème d’accès à une alimentation en quantité et en qualité donc dans
un besoin ou un désir de la voir disparaître. L’apparition de ce besoin pousse à l’action, incite
à vouloir les satisfaire à tout prix d’où des actions en conséquence avec des résultats. Afin de
maintenir un accès suffisant à la nourriture, la population cible recourt à de nombreuses
stratégies à travers les moyens à portée de main.
59
Le besoin de se nourrir concerne tous les êtres vivants sans exception. Il est de même
nature et ressort du même type de mécanismes. En outre, la vie s’est développée de telle manière
que des interdépendances nutritionnelles se sont créées entre les trois règnes (végétal, bactérien
et animal) et à l’intérieur de ceux-ci. Les différentes sources d’énergie alors existantes
permettent l’interaction et la combinaison des corps chimiques en présence pour donner
naissance aux composés de base de la matière vivante. Quand il y a une source d’énergie et que
cette énergie peut être captée par un récepteur pour satisfaire au principe de stabilité. Il en
résulte alors un flux d’énergie. Le déterminisme thermodynamique représente ce qu’il y a de
commun entre les interactions énergétiques des origines et le besoin nutritionnel. Un organisme
vivant n’étant vivant que par les réactions thermodynamiques qui caractérisent son existence.il
doit disposer d’une source qui permette d’assouvir la soif d’énergie de ses récepteurs
60
matériels.la source d’énergie doit donc être renouvelée et en permanence sous peine de maladie,
de mort, à partir de ce existe dans l’environnement (les aliments).cette échange est dictée par le
besoin de se nourrir (besoin nutritionnel), qui est un besoin biologique vital et est accompli par
le processus alimentaire. Ce besoin est issu du déterminisme biologique (caractérisé par
l’apparition des besoins parmi lesquels figure le besoin de se nourrir convenablement selon les
composantes vitales. Du point de vu de l’éthique, la nutrition a pour objectif d’identifier les
problèmes qui menacent la santé dans son acception la plus large et de proposer des
interventions pertinentes. Et du point de vu de la morale il est universellement admis que la
pauvreté est accidentelle, que la malnutrition qui peut en résulter est une souffrance, et qu’il
faut protéger, soigner ceux qui en sont victimes. Enfin du domaine des situations dites
d’urgences, il faut sortir la malnutrition du dispensaire et de l’hôpital pour lui donner rang
d’épidémie et les mesures y afférentes. Comme c’est le cas des zones d‘étude, l’approche la
plus courante se limite encore à apprécier l’état nutritionnel des enfants à travers une approche
épidémiologique tatillonne et des techniques controversées, et visant une stratégie de traitement
de la malnutrition grave et modérée. Afin de trouver des réponses satisfaisantes, des objectifs
sont fixés dont un principal et plus spécifiquement.
L’objectif principal de cette thèse est de génerer et de fournir une base des faits probants qui
enlisent la situation de l’insécurité alimentaire dans les départements du Mayo-Tsanaga et du
Lom-et-Djerem.
61
Pour atteindre ces objectifs, nous avons émis des hypothèses dont une principale et des
spécifiques.
X- HYPOTHESES DE RECHERCHE
L’insécurité alimentaire dans les départements des Monts Mandara et du Lom-et-Djerem est le
résultat de l’environnement physique, macro-économique, socio-culturel, sécuritaire, la nature
des moyens de subsistance des ménages.
- les habitudes alimentaires et les pratiques de soins exposent les enfants de 0-59 mois
aux carences alimentaires d’où la malnutrition
- les populations combinent différents capitaux et capacités pour faire face à l’insécurité
alimentaire et ainsi satisfaire leurs besoins de base.
XI- MÉTHODOLOGIE
Selon Ajabu B.d. (2011) cité par Mulungula F.(2015), la méthodologie est un ensemble
intégré de procédure visant à produire la vérité scientifique à l’aide des méthodes et techniques
qui sont les outils utilisés à cette fin. Pour Grawith (1996) cité par Ndaya (2011) la méthode est
une démarche à la fois théorique et appliquée au moyen de laquelle l’esprit par le biais des
outils de collecte et de sélection pour atteindre de manière approchée des objectifs qu’on assigne
au départ de la recherche. Ce travail est le résultat de la combinaison de deux méthodes ; une
méthode classique ou traditionnelle dite hypothético-déductive et une méthode de recherche
rapide, interactive pour mieux comprendre la réalité locale en abrégé MARP.
62
Pour la réalisation de cette thèse, la méthodologie s’appuie sur deux types de données :
les données primaires (issues des enquêtes de terrain et entretien avec la population cible) et les
données secondaires (issues des recherches documentaires entre autres les données statistiques
et les sources cartographiques, graphiques).
La documentation
Les données de sources secondaires sont des informations qui ont déjà été recueillies par
d’autres chercheurs, les institutions étatiques, les organisations non gouvernementales ou des
centres de recherche. Pour une bonne collecte desdites données car cruciale pour identifier le
degré d’insécurité alimentaire et les problèmes y afférents. La base des données des centres de
lecture et des unités administratives ont été consulté (tableau 3) :
En dehors des centres formels de documentation, nous avons profité des semaines de
braderie des livres de la maison d’édition Harmattan qui se sont tenues plus d’une fois au
campus de l’université de Yaoundé I pour acquérir des livres sur l’insécurité en Afrique, les
projets de développement agricoles, les activités non agricoles en milieu rural, la ruralité dans
les pays du Sud, le développement et la lutte contre la pauvreté en Afrique, les techniques et
alimentation au Sahel…. Les secrétariats privés installés autour du campus de l’Université de
Yaoundé I sont une mine d’or, nous sous sommes procurée des livres sur la géographie de
l’Afrique et du Cameroun, la cuisine et la culture Gbaya, l’Est de 1960, villes et campagnes du
Cameroun. L’accès à la documentation privée des enseignants, des aînés académiques et des
sites de recherche surtout agritrop.cirad.fr, les publications du CIRAD sur la recherche
agronomique pour le développement.
63
64
Ce sont les données recueillies directement auprès de la population cible. Deux types de
données vont être nécessaires ; les données quantitatives et les données qualitatives. Les
données quantitations sont collectées grâce au questionnaire ménage, au questionnaire-marché.
Les données qualitatives sont collectées grâce à l’observation, aux entretiens et à la MARP. Ce
qui a impliqué un contact direct avec les ménages interrogés. La descente sur les terrains s’est
faite deux fois par département sur deux ans. Ceci pendant la saison sèche et la saison de pluie ;
l’objectif visé était de vivre la situation des ménages pendant les bonnes périodes de récolte et
les périodes de soudure.
C’est dans la peau d’une stagiaire au sein du bureau régional du Programme Alimentaire à
Maroua (PAM) que le premier contact a été possible avec les ménages et le terrain. Pendant
une période trois mois (Mai-Juin-Juillet), le fait de participer aux activités humanitaires a permi
d’observer les ménages hôtes, les ménages réfugiés et les personnes déplacées internes dans
leur milieu de vie. Les élements (qui, quoi et quels comportements) à observer étant définis à
partir des variables et dans le but de vérifier l’hypothèse de travail. La phase d’observation
ponctuée par une prise de note rigoureuse de toutes informations. C’est à la fin du stage, que la
descente a été effective sur un spectre de terrain plus large surtout dans la zone rurale du Mayo-
Tsanaga pour pouvoir soumettre les questionnaires d’enquêtes et travailler avec les groupes de
travail. Un parcours très utile pour apprendre des activités locales, des habitudes alimentaires
et d’évaluer la fréquence et l’étendue spatiale des actions humanitaires dans les zones ruraux.
Sur la base d’une grille d’entretien, l’entretien s’est faite avec des personnages clés (tableau 4)
sur la question de l’insécurité alimentaire et certains aspects de la vie des communautés (les
65
moyens de subsistances, les pratiques alimentaires dans les ménages, les difficultés du
quotidien, la culture, les retombés de l’afflux des réfugiés et des déplacés…).
On entend par entretien le fait d’avoir des réunions et des discussions avec la population
cible. Les groupes de travail se sont averés utiles pour compléter les informations surtout
qualitatives obtenues à l’aide du questionnaire ménage. Cet exercice n’a pas été très compliqué
dans la zone de l’Extrême-Nord car la population se regroupe naturellement chez le lawan
(appellation chef du village) juste pour une curiosité et le contact est facile à établir mais la
petite difficulté était de trouver un interprète. Par contre à l’Est regrouper la population n’était
pas évident car pas facile de les faire sortir des trous des mines d’or. Donc le nombre de
personnes par groupe de discussion a varié selon la bonne volonté et la disponibilité de la
population. Nous avons eu affaire à deux types de groupes de travail (tableau 4) : les groupes
hétérogènes et les groupes homogènes selon le village.
66
Le nœud des échanges avec les femmes pour discuter des habitudes alimentaires au sein du
ménage, des activités génératrices de revenus ou des problèmes nutritionnels, avec les déplacés
pour établir le motif de déplacement, leurs conditions de vie actuelles et la manière dont ils se
procurent la nourriture en dehors des aides alimentaires. Les ateliers au sein des groupes de
travail ont été très pratiques grâce à l’utilisation des outils d’enquêtes participatives de la
MARP.
67
XI-2-3- La MARP
Pourquoi la MARP ?
- Le calendrier agricole
- La représentation proportionnelle de l’alimentation
- Le tableau comparatif des prix
68
Travaux en atelier :
Le calendrier agricole multidimensionnel est élaboré avec le groupe de travail. Très utile
car en matière d’insécurité alimentaire, il est fréquent que la situation change au cours des
saisons et la disponibilité de la nourriture y est très dépendant. Sur une grande feuille de papier
tracé avec des lignes des éléments à renseigner : pluie, saison sèche, désherbage, semis, récolte,
réserves alimentaires, maladie, moyens de subsistance. Le calendrier est divisé sur les 12 mois
de l’année et le point marqué sur l’activité du mois. Le nombre de points marqués traduisent
l’intensité de l’activité ainsi que la période des possibilités d’activités alternatives, les périodes
des maladies qui veulent dire aussi ralentissement des activités de subsistance et vulnérabilité
accrue à l’insécurité alimentaire. C’est au cours de l’atelier que sont ressorties les périodes
marquantes de l’histoire des populations.
La représentation proportionnelle des repas est utilisée au sein d’un ménage sur une semaine
pour connaître le score de consommation alimentaire des ménages. Utile pour comprendre le
nombre de prise de repas, les composantes des plats consommés d’où s’il y a diversité ou non.
Elle est établie sur deux périodes ; la période normale (avant l’arrivée des réfugiés donc 2012-
2013) et la période de partage des ressources (à partir de 2014, les réfugiés et les personnes
déplacés internes commencent à s’installer donc les ressources disponibles pour un ménage se
partage désormais pour deux) pour établir une comparaison des deux périodes. Les ateliers
étaient vraiment très participatifs. L’enquête marchée a servi de connaître les tendances des prix
des denrées alimentaires sur les marchés. Avec le groupe de travail des commerçants, il est
établi un tableau comparatif des prix sur plusieurs années. Les éléments à renseigner sur la
fiche ; les produits, l’unité et les prix par année. Ces données sur les prix ont été complétées par
les rapports d’activités des services concernés. L’administration d’un questionnaire afin
d’exhorter la population à participer à l’analyse du problème qui se pose et cela a permis aussi
d’avoir plus de données quantitatives.
XI-2-4- L’enquête-ménage
La population cible
La population cible est composée des ménages hôtes, des déplacés internes et dans une
autre mesure des réfugiés du camp et hors camp. Selon une enquête conjointe IFORD/PLAN-
CAMEROUN, 15 030 ménages réfugiés ont été dénombrés installés dans 15 villages de l’Est.
69
Combinés aux données du BUCREP sur la population du Cameroun, nous avons pu extraire
notre échantillon pour les besoins d’enquêtes.
Cette technique d’échantillonnage consiste à faire un choix raisonné, étant donné que
l’étude porte sur le problème de l’insécurité alimentaire dans les zones hétérogènes du
département du Mayo-Tsanaga dans la Région de l’extrême Nord et du département du Lom-
et-Djerem dans la Région de l’Est. Il se trouve qu’en dehors des raisons évoquées sur les choix,
ce sont les points d’entrée des réfugiés d’une part et de l’autre des zones de raids, d’attentats
suicides, d’enlèvements qui ont provoqué le déplacement massif des populations. Le choix s’est
porté sur quatre arrondissements dans chaque département. Les villages d’enquêtes ont
également répondu à un certain nombre de critères raisonnés (tableau 6).
L’autre motivation de parcourir ces différents villages était de visiter un plus grand
nombre de communautés en interrogeant à chaque fois qu’un nombre limité de personnes car
70
la plupart des zones urbaines ou périurbaines reçoivent des aides de la part des organismes
humanitaires et aller dans les zones rurales difficiles d’accès où les organisations n’y arrivent
pas.
Calcul de l’échantillon
Pour avoir le nombre total de ménages dans les sites d’enquêtes tirés, les calculs sont
faits sur la base des données fournies du dernier recensement du Cameroun (2005) concernant
les ménages hôtes. Les données d’estimation sur les déplacés et les réfugiés qui varient d’une
ONG humanitaire à l’autre a juste orientés le choix des villages d’installation. Il a était question
de les comptabiliser parmi l’échantillon (la plupart des ménages déplacés et des réfugiés hors
camp sont dilués au sein des ménages hôtes sauf dans le cas des camps reconnus comme le
camp des réfugiés de Gado, Minawao et le camp des déplacés de Zamay). Selon la formule de
Nwana (1982) appliquée aussi par Ndam I (2008).
n=Nx5%
Pour trouver la taille de l’échantillon, le total des ménages se multiplie par le taux de
pourcentage adéquat. Le souci c’est d’avoir un échantillon vraiment représentatif de l’ensemble
des ménages de la zone d’enquête.
Application de la formule :
71
72
73
74
- Pendant le terrain
75
- Après le terrain
2
Le logiciel R est un logiciel statistique de traitement des données quantitatives et qualitatives, à la fois une
plateforme informatique et un environnement de travail.
76
QS 3 : Quelles sont les réponses OS 3 : Répertorier et évaluer les HS 3 : Les populations combinent Données Questionnaire, Chapitre IV : Mécanismes
locales et institutionnelles réponses locales et différents capitaux et capacités pour faire secondaires Grille institutionnels et Stratégies
entreprises pour juguler l’insécurité institutionnelles mises en place face à l’insécurité alimentaire et ainsi Données d’entretien d’adaptation des ménages à
alimentaire ? pour subvenir aux besoins de base satisfaire leurs besoins de base. primaires l’insécurité alimentaire
des populations touchées.
77
Surtout lors des descentes sur le terrain, d’énormes difficultés sont relevées. Toutefois de
nombreux conseils ont permis de surmonter bon nombre.
Sur le terrain
La situation sécuritaire du Cameroun est volatile depuis 2013 beaucoup plus dans les
Régions de l’Extrême-Nord et de l’Est. De ce fait les populations sont devenues très méfiantes
à l’endroit des potentiels étrangers qui foulent le sol de leurs villages. La barrière est
systématiquement érigée entre les parties.
La réticence de certains à répondre aux questions et à laisser visiter leurs habitats, rendant même
la prise de vue difficile, certains exigeant une rétribution pour les moindres informations et les
photos.
Le refus catégorique de certains responsables de donner des informations sous prétexte que le
recteur ou le doyen chargé de la recherche de l’université devrait les notifier par voie
électronique de la visite des potentiels étudiants dans leurs structures, ceci malgré l’ autorisation
de recherche signé par le chef de département et l’autorisation de recherche dans la localité soit
par le préfet soit le sous-préfet.
Les autorités ont instruit des consignes « de ne pas passer la nuit dans certaines villages » (de
la zone rouge ; villages proches de la frontière avec le Nigéria ou villages connus comme zone
des coupeurs de routes du côté de l’Est de ne pas voyager seule) car c’est dans la nuit ou au
cours des voyages isolés que la plupart des exactions avaient lieu. Il fallait donc quitter le village
au plus tard à 16 h pour éviter les mauvaises rencontres et les risques de kidnapping. Pendant
la saison de pluie à l’Extrême-Nord, il était hors de question que la pluie vous trouve dans un
village traversé par un mayo car quand il pleut le mayo déborde et il est impossible de retourner
sur ses pas. Ceci a entravé le retour du nombre des questionnaires prédéfinis
L’enclavement et l’éloignement de certains villages, le coût des moyens de transport très élevé,
les risques d’accidents de moto fréquents.
78
La perte des données d’enquêtes complémentaires suite à une agression physique, sur le chemin
retour du terrain de l’Est.
La grande difficulté financière vu le temps que cela a pris à boucler ce travail de recherche.
Ces mesures sont également des suggestions à prendre très au sérieux par les prochains
ou potentiels chercheurs.
Toujours se rassurer que vous avez votre attestation de recherche avant d’aller sur le terrain
Sur le terrain se présenter d’abord aux autorités administratives car aptes à vous prodiguer des
conseils sur la conduite à tenir sur le terrain. Et l’autorité est le garant de votre sécurité
personnelle sur le terrain
La porte d’entrée d’un village est le chef du village, celui-ci vous facilitera la communion avec
la population. D’ailleurs c’est son accord qui vous permet de vous déployer dans le village et
d’obtenir des réponses fiables.
Ne jamais prendre le risque de visiter un camp des réfugiés seul, sans guide ou accompagnant
il en va de votre sécurité. Un incident tourne rapidement à une catastrophe et à un incident
diplomatique.
Le travail ainsi constitué est réparti en deux grandes parties. Dans la première partie,
nous présentons les causes évidentes du maintien de la situation de l’insécurité alimentaire
dans ces régions et par ricochet dans ces départements d’enquêtes. Cette partie se subdivise
en deux chapitres :
Le Chapitre 1 donne un aperçu général des zones cibles dans leur contexte
agroécologique, de leur environnement physique jusqu’aux tendances des prix des
79
81
INTRODUCTION
On ne peut parler de sécurité alimentaire sans se référer aux grandes zones écologiques
et biogéographiques dans lesquelles se développe la production agricole. Reliefs, climats, sols,
végétation et hydrographie créent à l’Extrême-Nord et à l’Est-Cameroun, par des combinaisons
diverses, des milieux de vie variés assurant des productions agricoles plus ou moins spécialisées
suivant les techniques et les civilisations en place. Ce sont les premiers facteurs qui ont un
impact certain sur la production alimentaire. Cet ensemble d’élement, permet de constituer une
véritable banque de données afin de comprendre la spécificité et les multiples défis qui
composent l’économie alimentaire (en termes de capacités et de potentialités de production)
des Monts Mandara et du Lom-et-Djerem par-là la disponibilité physique de la nourriture et ces
contraintes.
82
Le Mayo-Tsanaga présente une savane arbustive dans les plaines et sur les plateaux. Les
montagnes sont sans couvert végétal. Les paysages sont verdoyants en saison de pluie et ont un
aspect de désert en saison sèche à cause du manque d’eau (Photo 2). Les espèces sont de type-
soudano sahélien et les plus courantes sont ; le faidherbia ou Acacia albida, le baobab, le
tamarinier de son nom scientifique Tamarindus indica, le caïlcédrat ou Kahya senegalensis,
Balanites aegyptiaca, Anogeissus leiocarpus, Butyrospermum parkii, Ziziphus mauritiana ou
jujubier, le Comniphora africana, l’Andam soniadigidata…en plus des arbres fruitiers comme
le goyavier, le manguier, le papayer (Letouzey R., 1985 ; Eyog Matig O. et al, 2006 ; Perevet
Z., 2018).
En saison sèche, le paysage est sec et prend une couleur jaunâtre, seul subsiste les arbres adaptés à la
dite saison. Les derniers arbustes offrent de quoi brouter aux animaux. Le paysage devient triste et aride
sous un soleil brûlant.
83
car elle sert dans la pharmacopée traditionnelle, fertilisant, fourrage pour la nutrition des bêtes,
dans la nutrition humaine (fruits du tamarin, les feuilles de baobab, les feuilles du moringa, les
fruits du jujube), le bois de chauffe. Certains arbres sont utilisés pour marquer les limites des
propriétés et davantage pour leur ombrage. Cette surexploitation par l’Homme dégrade
rapidement le couvert végétal et la réserve forestière n’est plus que l’ombre d’elle-même à cause
de l’installation des camps des réfugiés et des déplacés à proximité.
Ce vaste ensemble forêt-savane offre un réel milieu de vie car fournit des essences pour
la pharmacopée traditionnelle, du bois de chauffe et de cuisson, les produits forestiers non
ligneux pour la consommation (les chenilles, les vers, le fruit du moabi, la mangue sauvage, la
cola sauvage, le fruit d’ébène, le yolimbé, les rondelles (Olom en bobilis), le poivre noire, le
koutou (champignon local), le Tondo ( un condiment pour les sauces), le Djansang, l’okok
(Gnetum aficanum). La faune riche fournit de la viande. C’est un avantage comparatif que le
Lom-et- Djerem dispose par rapport au Mayo-Tsanaga.
84
échange avec les solutions du sol. Les racines des végétaux à leur tour viennent puiser leurs
éléments nutritifs dans ces solutions (Humbel H., 1972). C’est sur cette surface dure et
rocailleuse là que les hommes confient les cultures pour leur nutrition.
˗ les sols d’apport sur alluvions ; ce sont des alluvions qui n’ont subi qu’une
relative accumulation de matières organiques. Ce sont des sols perméables, qui renferment peu
d’argiles et faciles à cultiver. On les trouve dans les lits des rivières temporaires.
˗ Les sols d’apports sur pédiments (c’est un glacis modelé dans une roche dure qui
s’arénise (désagrégation granulaire) très fréquent dans le massif cristallin des Mandara et ses
pourtour, et Humbel H. (1972) les taxe de sols squelettiques de montagne.
En termes d’aptitudes agricoles : les variétés de sols du département du Mayo-Tsanaga sont très
peu profondes. De couleurs brunes ou brun-rouge, leur teneur en matière organique très faible
ne pouvant supporter une végétation abondante, ces sols se prêtent aisément à la céréaliculture,
à la culture des arachides, des oignons, des légumineuses. Les sources de l’IRAD (1996) citées
par Socpa A. (2011) dénombrent aussi pour les cultures comme le coton, le mil-sorgho, le
niébé, l’oignon et le sésame. Bref, la production agricole y est très sélective et sous le joug des
conditions climatiques.
Les sols de l’Est du Cameroun dans son grand ensemble font partie de la classe VIII des
sols à sesquioxydes (Aubert G., 1963, Humbel H., 1972). Constitués des sous classes des sols
ferralitiques modaux sur roches acides composés de kaolinite dominante et de traces d’illites
(au Nord de Bertoua), des sols sur roches diverses composés de kaolinite et d’hydroxydes de
fer (se retrouve autour de Garoua-Boulai) et des sols sur roches acides ces affleurements sont
surtout fréquents en savane (Eno Belinga, 1984). Ces sols ont de bons caractéristiques
physiques (teneur en argile, capacité de rétention d’eau) compensant le faible potentiel
chimique.
85
I-1-3- L’hydrographie
Les cours d’eaux sont saisonniers, résultent surtout du ruissellement des eaux des
montagnes. Ils sont en général secs en saison sèche (planche 1). Les principaux cours d’eaux
les mayos (en langue fufulbé) Moskota (dans le mayo moskota), Nguétchéwé, Koupayé (tous
se déversent dans la plaine de Limani). Les mayos Tsanaga, Boula et Louti (Mokolo) se jettent
dans le bassin du Lac Tchad. Les mayos Gawar et Zamaï (dans le canton de Zamaï) et les mayos
Monftoum et Kamasa (à Mogodé). Soulédé Roua est arrosé par neufs mayos ; mayo
Mekoudom, mayo Bastad, mayo Vereodejd, mayo Kelewe, mayo Roua, mayo Kaza, mayo
Malangaz, mayo Mazam et le mayo Tsanaga. À l’ouest de Koza, ruisselle le mayo Mawa et à
l’est le mayo Kilda.
Les lacs se retrouvent généralement dans les plaines. Les lacs dans les zones de Mawa,
Galdala et Ziler dans la partie nord de Koza permettent une agriculture par irrigation car la
nappe phréatique y est située à moins de 5 m. Ces zones sont inondées ou inondables en saison
de pluie avec des crues très fortes. De tels lacs proviennent essentiellement des précipitations
soit de l’accumulation du sable et de la vase ramenée des montagnes. Soumis aux grands
aménagements, ce réseau hydrographie joue un rôle majeur dans la production agroalimentaire
et ainsi assure l’assiette du consommateur final.
86
B
A
Njiembokue, août 2018 Njiembokue, mars 2019
Photo 3 : Lit du mayo tsanaga en saison Photo 4 : Lit du mayo tsanaga en saison
de pluie sèche
Les mayos dans le Mayo-Tsanaga existent au gré des saisons, débordante en saison de pluie et
complètement secs en saison sèche alors dans le Lom-et-Djerem, ils sont permanents malgré
les saisons.
I-1-3-2- Une hydrographie riche en cours d’eau et permanent malgré les saisons
87
A
Njiembokue, 2018 Commune de Betaré-oya, 2018
Photo 5 : Fleuve lom du côté de Betare- Photo 6 : Fleuve pangar par Mbitom
oya
Le fleuve lom (A) bordé par les grands arbres de la forêt, a un débit moyen de 17m3/s. il est long de 380
km et traverse le nord de l’arrondissemnt de Betare-oya par le canton laï. Sur sa rive droite, coule le
pangar (B). Il est un affluent du Lom. Les fleuves Lom et Pangar sont le réservoir de plusieurs petites
rivières entre autres : le kpawara, le mbal, le mbitom, le taparè, le mali, le mboukou, le mba, le
karambani…ils possèdent un énorme potentiel hydraulique d’où la mise en eau du barrage de Lom
pangar ; la production halieutique y est encore artisanale. Les lits et les fonds de ces cours d’eaux font
l’objet d’une intense exploitation minière.
Les cours d’eaux dans le Lom-et-Djerem sont innombrables et font l’objet de plusieurs
utilisations. La représentation topographique montre un paysage marqué par des hauts reliefs
dans le Mayo-Tsanaga.
I-1-4- Le relief
Le relief du Mayo-Tsanaga est accidenté. Il est constitué de trois grands ensembles (figure
12) :
‐ Les plateaux intérieurs dont les altitudes s’étagent de 700 à 1000 mètres et
représentent les 30% de la superficie totale.
‐ Les pentes sont médiocres. Les plaines à inselberg de bordure, espace de
transition entre les montagnes et les plaines et font 39 % de la superficie.
88
Particulièrement ils sont composés des grands rochers granitiques très anciens (Neba A., 1987).
Ces ensembles ont des potentialités agricoles diverses, atouts majeurs pour la diversification
des cultures.
La figure 12 présente une localité de fer, où se succède plateau (en jaune clair) dans les
localités de Bourha, les alentours de Mokolo et de Soulédé. Les plaines en marron clair se
trouvent aux encablures du plateau Kapsiki à la plaine Gawar et du plateau de Mokolo à la
plaine de Koza, les massifs rocheux atteignent 900 voire 1400 m d’altitude. Les plus
89
remarquables sont le pic volcanique du Kapsiki à Rhumsiki (Neba A., 1987), les chaînes de
montagne à Gouria le paysage rocheux de Mokola (planche 3). Une première influence du relief
est la pente dès qu’elle dépasse une certaine valeur, les travaux de culture deviennent difficiles
surtout pour la culture attelée (Gillardot P., 1997). Pour s’adapter, les paysans font des terrasses
avec un alignement des cailloux appelés « terrasses de culture ». Ce sont aussi des excellentes
bandes antiérosives empêchant certes le lessivage rapide des sols par les eaux de pluie.
B
A
Ce relief est une architecture de blocs de pierre impressionnante, superposée les uns sur les autres (B).
Parfois un atout car servant de fondation pour la construction des infrastructures, parfois un obstacle
à l’extension humaine et la construction des lieux d’aisance. Le nom Mont Mandara à cause des chaînes
de montagnes (A) qui forment un immense bloc à la frontière Cameroun-Nigéria, barrière
infranchissable aux incursions des groupes armées (il explique aussi le faible taux d’incursion dans
l’arrondissement de mogodé).
Le relief du Mayo-Tsanaga est fort riche en rochers et en chaînes de montagnes alors que celui
du Lom-et-Djerem est monotone, très peu élevé.
90
91
mètres. Cette zone est aussi jonchée de zones marécageuses ou zones inondables. Au contraire
du relief des Monts Mandara, celui du Lom-et-Djerem présente des atouts non négligeables à
l’exemple des zones inondables pour la culture du maraîcher qui ne fait pourtant pas l’objet
d’une production massive. Or cette culture est indéniable dans la lutte contre l’insécurité
alimentaire en termes d’apport en nutriments dans la nutrition et de revenus au sein du ménage.
I-1-5- Le climat
Le Mayo-Tsanaga est sous un régime pluviométrique moyen (figure 14), marqué par une
saison sèche et une saison humide. Selon Birot P. (1973), en région tropicale, un mois est dit
humide si son cumul est supérieur ou égal à 100 mm et sec dans le cas contraire.
350,0
300,0
Précipitations (en mm)
250,0
200,0
150,0
100,0
50,0
0,0
Jan Féb Mar Avr Mai Juin Juil Aout Sept Octo Nov Déc
92
avec des faibles précipitations inférieures à 100 mm. Les mois secs sont janvier, février, mars,
novembre et décembre. Cette période est marquée par l’aridité qui sévit (la verdure subsiste par
endroit, les rivières sont complètement asséchées). L’indice de sécheresse de Palmer Wayne
(1965), est une mesure de la sécheresse sur la base des précipitations et des températures, traduit
ici par l’indice pluviométrique (figure 15). Cet indice est utile pour quantifier le déficit de
pluviométrie sur plusieurs mois ou plusieurs années. Le chiffre 0 est utilisé comme moyenne,
l’état de la sécheresse se lit au travers des valeurs positives ou négatives. En dessous de 0, -1
est considéré comme le début de la sécheresse, -2 est une période extrêmement sèche. Dans le
cas contraire c’est la période humide à partir de 0, 1.
Indice pluviométrique
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
‐0,5
‐1,0
‐1,5
‐2,0
‐2,5
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
93
département est le plus arrosé de la Région de l’Extrême-Nord, par rapport aux autres
départements de la Région.
80
Nombre de jours pluvieux
75
70
65
60
55
y = ‐0,7455x + 71,927
50
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
94
Des acridiens et quelques sautereaux ont été notés sur la culture du mouskwari
comme chaque année de cycle de la campagne et en début de la nouvelle campagne agricole
sur les cultures pluviales. Les poches de sécheresse observées en début de saison pluvieuse
ont favorisé des dégâts dus aux chenilles défoliatrices.
Au-delà de cette mauvaise répartition des pluies dans le temps et même dans l’espace,
le département du Mayo-Tsanaga a connu une situation phytosanitaire assez grave avec
l’apparition des chenilles et autres grillons dans tous les arrondissements au mois de juin.
95
agricole ». Elle est dépendante du cycle des saisons de pluies (Dupriez H. & De Leerner P.,
1983). La répartition inégale de la pluie se ressent au niveau de chaque arrondissement qui
essaye de s’adapter au rythme du climat, avec chacun une saison culturale qui lui est propre
(tableau 7).
Tableau 7 : Modélisation de la saison culturale dans le Mayo-Tsanaga par
arrondissement
Mokolo
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Mogodé
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Hina
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Mozogo
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
96
Koza
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Soulede roua
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Bourha
J F M A M J J A S O N D
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Légende :
Saison sèche Saison culturale
Source : Rapports d’activités DDADER, DRADER-EN, 2013-2019
Il existe une grande disparité dans la répartition des pluies au niveau des arrondissements
du Mayo-Tsanaga. Le département dans son ensemble a environ 7 mois de saison de pluies. Le
sol est humide à cause de la présence de l’eau, donc favorable à la germination des semis. La
saison culturale s’étale du mois d’avril au mois d’octobre. C’est dans cette fourchette de temps
que les agriculteurs peuvent entreprendre les différentes phases des travaux champêtres.
La saison culturale à Mokolo depuis 2013 varie de 7 à 4 mois et de 7 à 2 mois à Koza.
C’est la même observation pour Mogodé. La moyenne pour l’ensemble des autres
arrondissements est de 4 mois. Ceci explique aussi la spécificité des cultures de chaque
arrondissement. Le cycle végétatif du sorgho par exemple dépend de ses besoins en eau. Au
moment du semis, la graine est sèche mais pour germer elle doit s’imbiber d’eau, et dès que la
tigelle et les racines sont formées, la jeune plante est sensible à la sécheresse et si les pluies
s’arrêtent, le flétrissement de la plante est possible, ce qui rend le travail agricole nul (Dupriez
97
H. & De Leerner P., 1983). Les prévisions des rendements agricoles ne sont pas reluisantes
pour cette région. Et les questions telles que Quand semer ? Quoi semer ? Comment semer ?
Où semer ? se posent encore (Chetima, 2018). Le constat qui se dégage est que dans le Mayo-
Tsanaga, sous l’influence de ce climat, il ne peut y avoir qu’un cycle cultural de quelques mois
(juin, juillet, août, septembre en rapport avec la hauteur des pluies). C’est pour cela que les
agriculteurs procèdent parfois à l’irrigation, avec des cultures adaptés à ce climat. Tel
qu’observé, le climat du Lom-et-Djerem est tout le contraire de celui du Mayo-Tsanaga.
300,0
250,0
Pluviométrie (en mm)
200,0
150,0
100,0
50,0
0,0
Jan fev Mar Avr Mai Juin Juil Aou Sept Oct Nov Dec
98
3,0
Indice pluviométrique 2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
‐0,5
‐1,0
‐1,5
‐2,0
‐2,5
150
Nombre de jours pluvieux
140
130
120
110
y = 0,3118x + 119,06
100
90
La figure 19 indique que le nombre de jours de pluie enregistrés entre 1980 et 2012 est
en permanente augmentation. Il pleut en moyenne sur 117 jours par an, avec un pic de 150 jours
99
en 2017. L’année 2001 est la moins étalée, avec un total de 94 jours de pluies. Cependant cette
discontinuité de la pluviométrie s’est prolongée après 2012, selon les prévisions du PNACC
(2015) causant des torts aux différentes campagnes agricoles (encadrés 4 et 5).
100
La fin de l’année 2017 est marquée par le prolongement de la saison sèche bien rude.
Cependant, la fréquence et la quantité d’eau tombée sont insuffisantes et très mal reparties,
il s’en est suivi de grands temps d’ensoleillement très rude contrairement dans les années
antérieurs. Les cultures mises en place au cours de cette année connaissent effectivement
l’attaque des ennemis
Ce climat pourtant très propice à la culture d’une gamme variée des produits alimentaires
(arachide, maïs, manioc, légumes, etc.) tout au long de l’année (tableau 8), est très perturbée
ces dernières années (DDADER, 2017).
101
102
Les éléments physiques et la nature des politiques spécifiques de production ont un effet
certain sur la situation alimentaire. La compréhension de la situation passe par le diagnostic des
informations essentielles. Il peut s’agir des systèmes de production (échelle et unités de
production), l’estimation des denrées de première nécessité produites localement, les
fluctuations au cours d’une saison de la disponibilité alimentaire, l’approvisionnement en
intrants et semences, l’encadrement de la part des pouvoirs publics et la lutte contre les ennemis
des produits de l’agriculture.
I-2-1- Les systèmes de production et les pratiques culturales sur les Monts Mandara
Pour pallier l’insuffisance des terres cultivables et la dureté du climat, les agriculteurs ont
développé un système de valorisation des terres très ingénieux, la culture en terrasses (voir
planche). Il consiste à ranger les cailloux pour former une espèce d’escalier et ainsi lutter contre
l’érosion pour pouvoir y cultiver (planche 4). « Malgré l’altitude absolue tout à fait moyenne
des montagnes, leur mise en culture permanente nécessite une maîtrise de l’espace par le biais
103
104
A
B
D
C
Les agriculteurs procèdent à l’alignement des pierres pour créer des espaces pouvant accueillir des
plantes. (A) les pierres sont rangées en ligne de telle sorte à créer des escaliers, en (B) les pierres sont
rangées en rond, ces murettes de pierres déblaient et délimitent l’espace disponible pour les cultures
tels des petits ilôts. C’est une pratique propre dans les zones de montagne car le sol est très rocailleux
et s’érode facilement. C’est une technique de préparation des sols difficile de tâche mais nécessaire
pour la survie d’un ménage. Par contre dans les plaines où le sol est plat, les agriculteurs font recours
aux ânes ou aux bœufs pour le labour et les buttes sont ainsi tracées et semées (C) soit à l’agriculture
irriguée (D), dans les bas-fonds ou à proximité des rivières. Ils font une dérivation d’eau qui va circuler
entre les sillons et ainsi maintenir les cultures à flot. Ceci se fait surtout pour les cultures maraîchères.
Pendant les périodes des cultures, le moindre espace ne reste vacant. Les graines sont semées entre les
blocs de pierres (E) pour un rendement maximal.
De concert avec les enquêtés et à l’aide du calendrier saisonnier (tableau 9), les
principales activités qui occupent les agriculteurs au cours d’une année ont été ressorti.
L’objectif de cette étape est d’identifier les périodes des pratiques susceptibles de limiter ou
105
d’influencer les disponibilités alimentaires au sein du ménage pendant le cycle des activités
agricoles (désherbage, semis, récolte), la périodicité des maladies, de la fluctuation des prix des
denrées sur les marchés et des activités génératrices de revenu. Mais aussi des années
particulières qui ont aussi eu un impact certain dans le quotidien des ménages.
Évènements marquants :
La phase de préparation du champ se fait généralement au mois de mars-avril, juillet, août, sept
et les semis selon la clémence du climat se fera au mois de mai et juin. On aura deux phases de
récolte la première au mois de janvier-février et la seconde au mois de novembre-décembre. Au
cours du défrichage, les arbres comme le jujubier ne sont pas coupés parce qu’ils constituent
un excellent fertilisant. Les agriculteurs le font avec le feu (les levés des feux pré culturaux
supérieurs à 65%, Projet Sahel vert, 2018) ou les herbicides. L’agriculture y est encore
rudimentaire.
Les réserves des céréales sont disponibles en quantités surtout après les récoltes (Septembre,
octobre, novembre et décembre) selon les types de culture. Elles s’amenuisent dès le début de
la saison sèche (Janvier, février, mars, avril) et pendant la période des semis (mai, juillet) car la
plupart des ménages puisent les semences dans les greniers. Les greniers des ménages se vident
106
Les maladies récurrentes sont le paludisme à cause de l’abondance des moustiques surtout au
mois de juillet- août, la diarrhée, la méningite pendant la saison sèche. Et le rhume y sévit aussi.
Année 2014 : elle marque l’arrivée des vagues de déplacés et l’installation des réfugiés
Conséquences : augmentation des prix des denrées, prolifération des maladies contagieuses
(gale, pian). Ces maladies saisonnières également contribuent à réduire le déploiement véritable
des ménages dans les pratiques agricoles, rendent inactifs les agriculteurs d’où le risque de ne
pas assurer leurs réserves alimentaires et ainsi exposer le ménage à l’insécurité alimentaire.
En milieu sahélien, la longue saison sèche complique les choses rendant la moitié de
l’année improductive. À la grande flexibilité dont fait preuve les systèmes agronomiques des
populations des Monts Mandara centraux face à l’agression du milieu, les Mafa ont optés (ou
maintenus) pour une organisation plus rigide qui limite à leurs yeux un maximum de risques.
Les agrosystèmes des massifs Mafa reposent sur une rotation biennale opérant sur l’alternance
petits mils/sorghos ou l’association niébé/arachides, maïs/arachides. Ces cultures maîtresses
sont accompagnées de productions secondaires, généralement regroupées l’année des petits
mils, où l’on force sur les niébés et l’oseille de Guinée. L’année des petits mils est moins
valorisée, car ses rendements sont médiocres pour capitaliser les grains. Elle est toutefois plus
sûre par rapport à celle du sorgho, qui reste une année à risque où on fait le pari d’engranger un
surplus de grains. L’année petit mil/niébé enrayerait une perte de fertilité et un ensemble de
maladies du sorgho, neutralisant le Striga... Cette rotation biennale, voire triennale (White,
1941) chez les groupes voisins peut être partiellement comprise comme une parade à la famine
pour des communautés privées de zones de cueillette. La culture à grande échelle du niébé peut
imposer un système de rotation complexe et contraignant comme c’est le cas dans le nord des
monts Mandara (Pasquet et Fotso, 1994).
107
Le système foncier
La terre dans les montagnes appartenait aux premiers occupants, qui les mettaient en
valeur et pouvaient en disposer selon leurs besoins. De nos jours, avec la pression
démographique, le système foncier dans le Mayo-Tsanaga est partagé entre le système moderne
et le droit coutumier. Ces autorités administratives et traditionnelles interviennent souvent lors
de la gestion des litiges fonciers. La terre privilégiée pour les cultures est obtenue via le don,
l’achat, le défrichement pionnier, la location ou l’héritage de père en fils (la fille n’hérite pas
de la terre). La transaction se fait devant les témoins ou le chef du village ou du canton, sa
valeur est selon sa fertilité et difficile d’immatriculer un terrain. Ces pratiques culturales ont
quelques similitudes chez les ménages du Lom-et-Djerem surtout concernant le système
foncier.
La fin du mois de février, le défrichement se fait par le feu et dès les premières pluies au
mois de mars, on fait des trouaison pour y planter le bananier plantain. On n’a pas besoin de
retourner le sol car il est naturellement riche en humus. Par contre, dans la partie de la savane
où les terres sont laissées en jachère pour 5 ans, le défrichement se fait par le feu au mois de
février et commence les semis au mois de mars après le ramollissement du sol par les pluies.
Par-là se dessine les activités (tableau 10) qui occupent les populations rurales et a une influence
sur la disponibilité alimentaire des ménages.
108
Évènements marquants :
L’agriculture sur brûlis mais une activité qui vient après l’orpaillage activité principale pour la
majeure partie des ménages ruraux du côté Nord-Est et Sud du département. La période des
semis (mars-avril début des pluies) ;
Les prix des denrées sur le marché sont élevés toute l’année
La récolte du manioc se fait toute l’année, c’est la culture principale et un champ garde-manger.
Le manioc amer qui y est cultivé a un cycle cultural long (6 mois) ; il est conservé dans le sol
et n’est déterré que lorsquil faut le vendre ou le consommer. La majorité des ménages sont figés
dans leur alimentation, pas d’alternatif au couscous de manioc. Les ménages vivent la soudure
pendant la période des semis (mars-avril), période de renouvellement possibles des boutures de
manioc dans les champs, de semis de maïs car la semence provient des réserves alimentaires.
C’est cette période où les ménages qui pratiquent l’agriculture sont susceptibles de manquer de
réserves, ce qui n’est pas le cas des ménages qui ne pratiquent pas l’agriculture et achètent pour
se nourrir.
109
Les périodes des maladies sont surtout les mois de novembre et décembre (paludisme,
pneumonie, maladie respiratoires et hydriques). Elles contribuent à affaiblir aussi la main
d’œuvre tant agricole que minière et exposent les ménages à l’insécurité alimentaire.
B
A D
110
Le système foncier
La terre s’obtient par héritage, achat (surtout pour faire les grandes plantations). Dans
cette zone de forêt, forêt-savane, l’immatriculation des terres est très difficile car le droit des
premiers occupants est reconnu mais le droit de la souveraineté de l’État aussi. La majorité des
ménages ne possède pas de titre foncier pour les terres exploitées tant pour l’habitat que pour
la valorisation agricole ce qui met les populations rurales dans une insécurité foncière. Les
allogènes installés achètent les terres de gré à gré et la transaction peut se faire auprès des
autorités traditionnelles. Toute cette énergie, ce déploiement de la part des agriculteurs des
Monts Mandara et du Soleil levant est cependant entravée par de nombreuses contraintes qui
créent des déficits de production et même au niveau de la consommation du ménage.
La bonne germination et la bonne floraison des plantes courent des risques d’attaques des
maladies (tableau 11) et des insectes de toutes natures. Par leurs actions, les champs subissent
des vastes dévastations.
111
112
Dans le cadre de la production animale, l’élevage de subsistance pratiqué est également soumis
aux contraintes diverses. Les épizooties (tableau 12) sont courantes dans cette zone.
Par contre le Mayo-Tsanaga est une terre de légendes de destructions des cultures par les
insectivores. Les travaux de Seignobos C. et al, (1996) évoquent une famine en pays Mofu en
1925 provoquée par le ravage des champs de mil par le grillon « modey mekeri » ou « grillon
à grosse tête ». En 1986, dans la localité, une invasion massive des chenilles spodoptera
113
exempta. Les insectes y ont été particulièrement ravageurs des cultures et des stocks dans les
silos. L’Extrême-Nord en général est une région avec une forte présence des parasitoïdes
(Ngamo Tinkeu L.S. et al., 2016), les ennemis naturels des cultures et des céréales (tableau 13).
Les chenilles défoliatrices, les sautereaux sont de farouches ennemis des cultures dans les
montagnes. Ils sont de plusieurs espèces (Zonecerus.v, Oeudaleus senegaleensis, Zonocerus,
variegatus, Acrotylus sp). En 2013, en une campagne, ils ont infesté près de 4 071,5 ha de
céréales sur l’ensemble du département et 1 016,25 traités soit une perte de 3 055,25 hectaces
de cultures; en 2016, 1 096 ha infestés et 22 traités soit un gap de 1 074 hectares; 2017, 8 158
ha infestés et 650 ha traités soit 7 508 hectares de cultures détruites. En 2018, c’est 7 139 ha de
cultures anéantis et seul 70 ha ont pu être traité à cause de l’insuffisance des insecticides
« Diamond Fast 10 SC » mises à disposition de la brigade phytosanitaire (DDADR, 2018).
Parfois, les agriculteurs sont obligés de refaire les semis.
Dans cette zone particulièrement, les agriculteurs font un recours massif aux intrants
agricoles, engrais à cause de la rigueur du climat et du sol. Or les intrants agricoles sont rares
et présents très chers pour un agriculteur moyen. Pour les semences, l’exploitant agricole
prélève sur la dernière récolte donc aussi très rares sur le marché de proximité. Les produits
phytosanitaires pour le traitement des champs et autres viennent pour la plupart des pays
frontaliers et échappent au contrôle de la brigade phytosanitaire qui ne garantit pas leurs
qualités. Pour espérer s’en sortir, les agriculteurs regroupés en GIC ont recours au crédit auprès
des fournisseurs locaux : 19 800 F CFA-22 000 F CFA pour le sac de 50 kg de NPKSB. 17 800
F CFA-20 000 F CFA pour le sac de 50 kg d’urée (46% N), 1 100 F CFA -1 500 F CFA pour
un sachet de 1kg de sulfate de zinc. Le remboursement peut se faire après la vente des produits
de la récolte soit en argent soit en nature (un certain nombre de sac de céréale) surtout applicable
à un agriculteur seul. Les contraintes à l’agriculture du Mayo-Tsanaga sont nombreuses
(encadré 6) et relevées dans les rapports annuels d’activités du DDADR.
114
Un autre cas de figure est celui des conflits agropastoraux, très courants dans la zone car
zone de production animale et de transit. Le problème porté à l’attention des autorités
traditionnelles ou administratives est souvent réglé par une entente entre les parties où l’éleveur
est sommé de régler la note au grand dam de l’agriculteur ayant perdu le fruit du dur labeur.
En ce qui concerne la production animale. Sa première difficulté est le manque de pâturage
pour les bêtes ce qui favorise l’élevage transhumant ou la claustration synonyme de l’élevage
hors sol qui se pratique dans les pays occidentaux. Et même, les pistes de transhumance sont
115
116
Moyen de subsistance car certains ménages ne font que cette activité, ce sont des
éleveurs. Ce problème s’est posé au sein des réfugiés centrafricains à l’Est du Cameroun ;
nombreux étaient des éleveurs, or il fallait une reconversion vers d’autres secteurs d’activités
pour survivre.
D’un point de vue culturel aussi, l’élevage ou la possession des bêtes augmente le
prestige social ; les rites coutumiers, la consommation populaire lors des fêtes (funérailles,
mariage…).
Au niveau de l’État, l’élevage est une source d’importante d’investissement et de
recettes. En 2018, ce secteur dans le département du Lom-et-Djerem a rapporté un montant de
11 435 950 millions de F CFA (Onze millions quatre cent trente-cinq mille neuf cent cinquante
franc CFA). Dans le Mayo-Tsanaga, la vente des bovins a généré une somme de 38 20 5000
millions de F CFA (trente-huit millions deux cent cinq mille franc FCFA) et du cheptel ovin la
somme de 178 332 000 F CFA (Cent soixante-dix-huit millions trois trente-deux mille franc F
CFA) soit le prix moyen d’un mouton à 22 000 F CFA. Et cette sécurité alimentaire ne peut
être assurée que lorsque l’on est sûr d’avoir d’accès à une denrée alimentaire saine et nutritive.
117
Cela a pour conséquence, la vente rapide de sa production au risque de le faire à bas prix et ne
pas avoir une rentabilité du coût de la production (Ducreux G. ; Tsala N. et Omokolo N. ;
Sidikou D. ; Zoundjihékpon J. et al. 1997). La production alimentaire, les stocks et les flux
permettent de comprendre les variations dans la disponiblité des denrées alimentaires dans les
zones d’études.
Elles désignent la quantité d’aliments physiquement produites dans une région ou une
localité précise (ACF, 2009). On prend en compte les stocks, les flux et les productions
agricoles au niveau des ménages ou de la localité. En d’autres termes, elles sont le produit de
l’ensemble des pratiques agricoles (agriculture, pêche, élevage) à petite échelle dans le but de
satisfaire les besoins alimentaires de la famille et de vendre l’excèdent si nécessaire. En fonction
des zones agro-écologiques, de la culture de la population, le milieu impose une gamme de
cultures dominantes. Ce qui fait l’identité d’une zone.
les céréales
Elles occupent la première place du classement à l’instar du ;
- Sorgho
118
Mandara Mountains Region » parle de trois variétés de sorgho cultivés sur les Monts Mandara ;
le sorgho rouge et le blanc de la saison de pluie et le jaune de la saison sèche. C’est
probablement ce que les techniciens en agriculture appellent sorgho SP ou sorgho SS.
Le sorgho rouge quant à lui possède une panicule très ramassée, rond le grain est petit de
couleur brique ou acajou et amer. Il se conserve très mal car riche en lipides se détériore
rapidement. Et avec sa farine on confectionne la boule ou « couscous » mais surtout très prisé
pour la fabrication de la bière ou de la bouillie. Il est à noter que les champs de sorgho sont très
visés par les ennemis de la culture et par la rudesse du climat pourtant occupe une place non
négligeable dans la production céréalière, base de la ration alimentaire des ménages.
- Maïs
Très exigeante en matière d’eau, le maïs est une céréale qui a l’avantage d’avoir un cycle
court et sert beaucoup pendant la soudure. Il se conserve très bien et longtemps. Il se consomme
en épi ou réduit en farine pour le couscous ou la bouillie. Il est étiqueté céréale d’avenir (Sautier
D., O’Déyé M., 1989). En plus de l’avantage d’être cultivé dans toutes les zones
agroécologiques, il est consommé par divers peuples sous diverses formes.
- Mil
119
A B
C D
En plus des céréales, le Mayo-Tsanaga s’illustre aussi dans la production des légumineuses et
l’ensemble forme une bonne gamme de denrées alimentaires (tableau 15)
les légumineuses
‐ le niébé
Le niébé est comme le voandzou de son nom scientifique (Vigna unguiculata) constitue
une plante qui concourt à la protection des sols, en raison de son pouvoir antiérosif (il s’agit
d’une excellente plante de couverture) et de sa capacité à fixer l’azote atmosphérique dont
bénéficie ensuite le sorgho, essentiel chez les montagnards du nord des Monts Mandara qui ne
120
disposent d’aucune autre source de protéines (pêche et chasse très limitée). Les graines sont
semées au mois de juin-juillet et récolté au mois d’octobre-novembre. On consomme les graines
fraîches ou sèches. Son feuillage sert pour l’alimentation des animaux. C’est aussi une plante
textile ; on en tire les pédoncules floraux, chez les variétés où cet organe présente une longueur
suffisante, une fibre résistante à partir de laquelle se tressent de très fines cordelettes à usage
multiples (Chevaler, 1944 cité par Seignobos C., 2000)
‐ les arachides
Espèce américaine, l’arachide (Arachis hypogaea) fut introduite sur la côte de Guinée
vers 1550 et connut une diffusion relativement rapide. Il s’agissait de types Virginia rampants,
avec des tiges secondaires alternes et une tige principale (Iyébi-mandjek O., Seignobos C.,
2000). Surtout pratiquées sur les montagnes, les arachides du Mayo-Tsanaga se présentent sous
deux formes : celle de petite graine, uniforme de couleur et riche en huile produite dans les
zones de Soulédé, Koza…et celle de Mogodé, Hina, Bourha… graine plus grosse, arrondie à
rayures ou veinée appeler par les populations de « arachide délavée », de qualité inférieure car
facilement réduite en poudre. La mise au point de variétés à haut rendement s’accompagne d’un
accroissement des superficies et d’un encadrement de la production. Un calendrier rigoureux
établit le déroulement des différentes phases culturales. Un labour, un hersage et trois sarclages
sont nécessaires pour assurer un meilleur rendement. Parallèlement, on développe la culture
attelée, le semis en lignes, qui sera ensuite appliqué à du vivrier. L’emploi d’engrais végétaux
est nécessaire pour augmenter la densité du semis pour un bon rendement. Toutes ces pratiques
ouvrent la voie à une culture en partie intensive.
le maraîcher
‐ l’oignon
‐ l’ail
Ce sont surtout des produits de rente. Ils connaissent une importante production surtout
dans les arrondissements de Koza, Hina, Mokolo et Soulédé. Chaque spéculation correspond
à un arrondissement précis, les cultures sont disparates surement à cause de la duplicité du
climat et de l’état de sols.
121
Spéculations
niébé, arachides, sésame, voandzou, arachides, niébé, arachides, niébé niébé, voandzou
Légumineuses arachides, voandzou, souchet, arachides niébé arachides Soja, souchet Sésame, soja
souchet, soja Niébé, soja, Soja, Voandzou, voandzou arachides
voandzou, sésame voandzou soja
sésame, soja sésame sésame
maïs, riz maïs, sorgho SP, sorgho SP, Maïs, sorgho maïs, sorgho .maïs, sorgho païs, sorgho SP
Céréales pluvial, pénicilliaire, riz maïs SP SP SP sorgho SS, riz
sorgho SP pluvial pénicilliaire, pénicilliare, riz SP, sorgho pénicilliare, riz SP
Riz pluvial, riz SP SS SP pénicillaire
sorgho SS
Fruits canne à sucre mangues, citrons goyaves, canne - canne à sucre canne à sucre mangues,
à sucre citrons, canne à
sucre
Racines manioc, patate patate douce manioc, taro, pomme de - patate douce taro, patate
tubercules douce, macabo, terre Manioc, taro douce
macabo, taro pomme de macabo, taro,
terre, patate manioc, patate
douce douce
Cultures de - - - coton - -
rente
Maraîchers gombo oignon SP gombo, oignon - oignon SP oignon SP, gombo
SP .ail tomate SP,
carottes, laitue légumes verts
poireau, choux gombo
Source : DDADER Mayo-Tsanaga, enquêtes de terrain 2018
122
Les cultures sont les céréales (maïs, riz pluvial, sorgho SP…), les légumineuses (niébé,
arachides, souchet comestible, voandzou, sésame, soja…), les racines tubercules (manioc, taro,
macabo, pomme de terre, patate douce…) et les fruits (mangues, citrons, canne à sucre). Des
surfaces sont mises en valeur par les agriculteurs pour les cultures. Ces cultures sont
inégalement cultivées par arrondissement. Les céréales et les légumineuses sont produites dans
les 7 arrondissements par contre le maraîcher de la saison pluvieuse se cultive dans
l’arrondissement de Mokolo et Koza. Les racines tubercules davantage dans les
arrondissements de Bourrha, Mokolo, Mogodé et dans une moindre mesure dans les
arrondissements de Koza, Soulédé, Mayo-Moskota.
123
500000
Quantités en tonnes
400000
300000
200000
100000
0
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Les céréales étant la base de l’alimentation dans la zone d’étude, il a paru nécessaire
d’évaluer la production en rapport avec le besoin réel du ménage (Tableau 17)
124
Tout ceci peut s’expliquer par une régression des hectares cultivables au fil des années,
Ce qui corrobore les enquêtes auprès des ménages, sur la superficie mise en valeur en moyenne
par un ménage, seul 26,1% ont 1 ha pour cultiver, 21,9% de ménages ont 2 ha et très peu de
ménages (2,2%) ont 3 ha. Ceci peut s’expliquer par l’abandon des champs par les paysans
déplacés (boom démographique d’une part et abandon des terroirs d’autre part), l’insécurité, les
défaillances de la machine de production sans oublier les caprices du climat et aussi la sortie
des denrées alimentaires vers les pays voisins.
125
Le département est aussi une zone de haute production animale, prend de nombreuses
fonctions auprès des populations en dehors de la consommation de la viande dans les ménages.
L’élevage constitue l’une des activités de production qui fait partie de la tradition des
populations. Sa place est fort variable selon les systèmes agricoles (Diry J-P., 1999). Il joue un
rôle clé dans la hiérarchisation sociale (surtout en milieu sahélien) en termes de possession des
têtes de bœufs : « …Un homme comme Tizhe Meha est riche selon les deux critères pris en
compte par les Kapsiki du Cameroun et les Higi du Nigeria. I1 est riche en biens (gelepi), mais
aussi en personnes (ncelu). Pour les Kapsiki, ce deuxième aspect l'emporte, sans toutefois
pouvoir être dissocié du premier. Un homme qui a des biens peut devenir un grand homme, de
même que celui qui dispose dans sa concession de nombreux bras pour le servir ne peut rester
pauvre en biens. C'est le bétail et plus particulièrement les bœufs qui font la liaison entre les
deux formes de richesse. Le bétail ouvre l'accès aux biens et permet d'accroître le nombre de
personnes qui vivent dans la concession, mais il est aussi le résultat de la transformation du
travail en richesse. C'est par les bœufs que s'effectue le passage de la production à la
reproduction et de la fertilité à la sécurité au cœur de la société kapsiki/higi. Les deux formes
de richesse, humaine et matérielle, alimentent l'envie et la jalousie entre frères, membres de
mêmes clans ou de mêmes lignages. Les richards risquent alors d'être la cible d'attaques
occultes, qui peuvent même émaner de proches. Les bœufs marquent la différence entre les
gens… » Rapporte Walter Van Beek lors de ses recherches ethnologiques en pays Kapsiki en
1988. Les bêtes sont aussi utilisées pour les fêtes traditionnelles, les funérailles, les sacrifices,
les mariages, la traction animale, la consommation, la fumure organique, jouent un rôle clé dans
l’économie familiale des ménages. Il existe plusieurs spéculations dans le département du
Mayo-Tsanaga (tableau 18).
126
127
L’effectif du cheptel bovin au terme de l’année 2018 donne un chiffre de 63 806 têtes de
bœufs. 7 641 bêtes ont été abattues (abattage contrôlé). L’abattage contrôlé est l’abattage fait
dans les abattoirs sous le contrôle des services sanitaires or les abattages dans les tueries
échappent en majorité au contrôle de la qualité. Ce service a mis à disposition des ménages au
cours des six dernières années quelque 924,35 tonnes de viandes. Pendant la saison de pluie,
les bêtes sont grasses et le poids moyen d’une carcasse est de 150 kg. Or en saison sèche, il
baisse d’au moins 10%. Ce cheptel fait l’objet d’un commerce intérieur et extérieur. Son revenu
s’élève à 770 560 000 FCFA pour une vente moyenne de 2582 bêtes. L’élevage bovin est
l’apanage des grands éleveurs communément appelés « aladjis » alors que celui des petits
ruminants est pratiqué par le plus grand nombre de la population. Même en matière
d’infrastructure d’exploitation, l’élevage des bovins se fait au grand air et nécessite de vastes
enclos. Les pastoraux du département nourrissent les bovins avec les résidus des récoltes et les
sous-produits agro-alimentaires (tiges de mil, les fanes des légumineuses, les tourteaux de
coton, coques de coton et tourteau d’arachides) pendant la saison sèche. Et en saison des pluies,
les bovins se nourrissent au pâturage naturel (la végétation est y très abondante). En 2013, le
cheptel bovin est à 73 765 têtes de bœuf, en 2016. Il est de 62 806 têtes de bœuf et chute à
23 806 têtes en 2017. Au cours de ces 06 dernières années, la baisse de la production s’explique
par les attaques, vols, enlèvements des bergers contre rançon d’autant plus qu’ils ont été la cible
privilégiée des assauts de B.H.
Le caprin est surtout élevé, privilégié pour les fêtes comme la tabaski, les mariages, les
baptêmes, les cérémonies mortuaires et sa peau pour l’artisanat. En 2018, sa production
annuelle est de 114 634 bêtes. L’abattage au cours de ses six dernières années a mis à disposition
en moyenne 119,10 tonnes de viandes. Les chèvres font l’objet d’un commerce intérieur et
extérieur. Les porcs élevés sont destinés à la vente et la consommation. Les races rencontrées
sont le large white et les hybrides (issus du croisement entre le large white et la naïma race
locale). Le département compte à ce jour un effectif de 11 753 têtes avec en moyenne 52,45
tonnes de viande. Il existe une porcherie moderne homologuée à Mokolo et 9 porcheries non
homologuée, 10 aires d’abattages et 2 marchés (Mokolo et Mokong). Les porcs font l’objet
d’un commerce intérieur et approvisionnent les marchés de Mora et de Yaoundé. Très sensible
à la maladie de la peste porcine, du manque de nourriture et au parasite, de nombreuses bêtes
ont été abattues en 2012 pour essayer d’éradiquer la peste et l’élevage sera interdite jusqu’en
2017.
128
Le cheptel ovin est plus important dans le département. Il s’élève à 59 129 têtes (2013),
160 930 têtes (2018). 1311 bêtes abattues donnent une quantité de 35,39 tonnes de viandes.
L’abattage des ovins se fait dans les abattoirs, les tueries mais également au sein des ménages.
Ces bêtes sont surtout élevées pour les fêtes traditionnelles, rituelles et la consommation. Elles
servent aussi à l’économie familiale (mariage, frais de santé et de scolarité). La
commercialisation des ovins se fait dans les marchés de toutes les localités et pour les
évènements ponctuels dans le voisinage, l’animal est vendu de gré à gré entre l’éleveur et
l’acquéreur. Les moutons et les chèvres sont élevés dans les cases, et parfois mêlés aux bovins
transhumants. L’originalité de l’élevage sur les monts Mandara est celui de la claustration (on
enferme l’animal et on l’engraisse seulement). Boutrais J. (1973) explique : « L’élevage du «
bœuf de case » ou du « taureau du maray » est né de la contrainte de fortes densités de
peuplement, d’une mise en terrasses des pentes, de la disparition des zones de parcours et,
enfin, de la volonté de maintenir comme base des rituels, le bovin, en sublimant cet élevage. La
progression de cette tendance vers un élevage claustré dans des cases surcreusées se lit à
travers les restes de pâtures encloses autour de points d’eau (pays Mafa comme Ziver,
magoumaz…) ». La peau du mouton est aussi prisée pour la fabrique des chaussures, des sacs
et des tapis.
L’aviculture y est très précaire, mais florissant. Les volailles élevées en plein air,
divaguent toute la journée à la recherche de quoi picoter. Et le soir, dorment dans les cuisines
et les branches d’arbres. Très diversifiée dans la production, on y retrouve toutes sortes de
volailles (oie, dinde, paon, pigeons, poulets villageois, pondeuses, canards… et les chiffres sur
trois mois font état de 133 859 volailles). Très demandés sur le marché, car très sollicités pour
les sacrifices selon leurs couleurs, les poulets villageois font partie intégrante de l’économie
familiale. La production du poulet de chair est très contraignante. Le coût est très élevé, la rareté
du son pour la fabrication des provendes, la rareté des poussins d’un jour et la décomposition
des œufs par excès de chaleur entraînent une baisse de productivité en saison sèche avec des
fortes mortalités saisonnières.
L’élevage des équins, des camelins et des asins est surtout prospère car utilisé pour les
courses de chevaux, les parades, le transport (chevaux, ânes), à l’attelage (âne). Les ânes sont
aussi élevés pour leurs peaux et même leur viande. À ce jour, le département répertorie un
effectif de près de 9 806 têtes d’ânes et de 734 chevaux. La commercialisation de ces races se
fait de gré à gré entre le propriétaire et l’acheteur. L’abattage des 634 ânes donne 380,4 tonnes
129
de viandes. Enfin, l’élevage non conventionnel qui se fait à titre personnel a produit 21
aulacodes et 459 lapins en 2018. L’apiculture est inexistante dans le département du Mayo-
Tsanaga.
La commercialisation des bêtes est un rendez-vous hebdomadaire. Elle se fait dans les
marchés à bétails. Le bétail mis en vente est celui produit localement mais vient aussi du Tchad
et du Nigéria (avant le début des incursions de B.H). Le principal marché de bétail est à Zamay,
dans l’arrondissement de Mokolo. Les produits dérivés de la production animale sont
importantes et apportent une plus-value au sein des ménages et dans l’économie régionale.
- Le lait
Le tableau 20 souligne que la production du lait frais donne en 2013, 77 323 litres. Ce lait
subit des multiples transformations. En 2013, il est transformé en lait caillé pour donner 43 518
litres. Le litre coûte en moyen 500 F CFA. En beurre, il en résulte 3 002 kg et un kilogramme
est à 3500 F CFA. En 2014, la production du lait frais donne 76 823 litres. Elle baisse à 53 364
litres en 2015 et à 15 066 litres en 2016. Pendant la production du lait caillé ces années passe
de 43 518 litres à 59 760 litres, celui du beurre passe de 3 002 kg à 261 kg. La production en
2017 du lait frais affiche 43 060 litres et double pratiquement en 2018 à 11 9560 litres
(DREPIA-EN., 2018). Les principaux acheteurs du lait frais chez les éleveurs sont les vendeurs
de lait caillé ou « kossam » et les ménages. Ce secteur d’activité souffre malheureusement d’un
problème de collecte de lait auprès des éleveurs, du manque d’infrastructures appropriées, des
moyens de conservation à long terme.
130
Récupérés dans les abattoirs ou chez les particuliers, les peaux vont subir un premier
nettoyage sur place avant d’être vendus aux grands exploitants. Une partie est destinée pour
une tannerie moderne à Garoua, une autre pour le Nigéria et enfin les artisans locaux pour la
fabrication des sacs, chaussures, chaises et tapis… C’est une activité très lucrative pour les
jeunes, une pièce se vend en moyenne à 5 000 F CFA et génère un bénéfice de 16 055 000 F
CFA pour une quantité de 3 211 peaux vendues.
Comme dirait la loi de la nature (en physique) « rien ne se perd tout se transforme ». Les
cornes des bœufs sont récupérées surtout pour l’artisanat. On fabrique avec les chaises, les
accessoires de maison et les décorations d’intérieur. La Région de l’Extrême est connue comme
un haut lieu de l’artisanat et du tourisme.
Le problème des conflits agropastoraux très fréquents dans le département est objet de
vifs conflits entre les éleveurs et les agriculteurs, les pistes de transhumance sont inexistantes
donc non contrôlée. Les troupeaux détruisent les champs et pour essayer de régler le problème,
l’un des essais de compromis est le suivant (encadré 8) :
131
Cette zone de transition forêt humide-savane permet une agriculture vivrière variée.
Classée en trois groupes : les produits maraîchers, les produits vivriers et les cultures pérennes.
2
Le département du Lom-et-Djerem s’étale sur 26 353 km soit 2 634 500 hectares. Les
spéculations cultivées sont les cultures maraîchères (le piment, la tomate, le gombo, la banane
douce, les légumes verts, le poivron, la patate douce, la pastèque). Les cultures vivrières sont
le maïs, le manioc, les arachides, la banane/plantain, le macabo, l’igname, le riz, haricot, maïs
semence. Les cultures pérennes sont le cacao, le palmier à huile, pépinière cacao, hévéa, le café
robusta (tableau 21).
132
Arrondissements Bertoua 1er Bertoua 2e Mandjou Ngoura Betare-Oya Garoua-boulaï Belabo Diang
Spéculations
Cultures maïs, manioc maïs, manioc maïs, manioc maïs, manioc manioc, Maïs manioc, Maïs maïs, manioc maïs, manioc,
vivrières arachide arachide arachide Arachide, Arachide, Arachide, Arachide, arachide,
banane/plantain, banane/plantain banane/plantain banane/plantain Banane/plantain Banane/plantain banane/plantain banane/plantain
macabo macabo, macabo, Taro, macabo macabo, igname macabo, igname banane douce macabo,
igname, riz igname igname Igname, riz Haricot, Patate Haricot, Patate macabo, igname
riz douce douce igname
Cultures tomates, gombo, morelle tomates, Légumes verts piment frais, légumes verts tomate, piment tomate, piment
maraîchères légumes verts Amarante, légumes verts tomate, Gombo gombo Poivron,
tomate Gingembre gombo
légumes verts Légumes verts Légumes verts,
gingembre pistaches
piment
Cultures café, cacao - - café, cacao café, cacao - café, hévéa, cacao, palmier
pérennes Palmier à huile palmier à huile palmier à huile cacao à huile, café
fruits papaye papaye - Safou, mangue pastèque - ananas pastèque
avocat, casse-
mangue,
pastèque
133
Cette agriculture s’est pratiquée ces 5 dernières années sur une surface de : 9 607,75 ha
(2014), 18 124,536 ha (2015), 7740,167 ha (2016), 572,5 ha (2017), 2954,25 ha (2018). Les
performances alimentaires issues de cette valorisation (figure 21) présagent un mauvais
rendement ou une faible productivité. On remarque toutefois une baisse des parcelles mises en
valeur et la production suivra sans doute.
80000
70000
60000
Quantités en tonnes
50000
40000
30000
20000
10000
0
2014 2015 2016 2017 2018
Cultures maraîchères 913,32 1403,42 11344,4 794,3 376,85
Cultures vivrières 31010,2 70855,92 32521,708 25819,754 19117,8
Cultures maraîchères Cultures vivrières
134
Toutes les conditions sont réunies dans ce département pour que la production et la mise à
disposition des denrées alimentaires soient compromises malgré les potentialités de cette
région.
Malgré la présence prédominante de la forêt, elle abrite les mouches tsé-tsé (responsables
de la trypanosomiase) sérieux handicap à l’élevage bovin. Le Lom-et-Djerem fait des scores
nobles dans ce secteur surtout dans l’élevage d’autosubsistance. La production animale tourne
autour de :
135
L’élevage des chèvres, des porcs et des moutons est fait à l’air libre. Il est de type
traditionnel, ses ventes et sa consommation augmentent surtout lors des périodes de fête. Les
volailles en dehors des poulets de chair dorment dans les cuisines des ménages et se nourrissent
à l’air libre dans les détritus de déchets ménagers. La production des œufs de ferme est en nette
augmentation. Elle est passée de 5 900 000 œufs en 2013 à 7 984 028 œufs en 2018. Les produits
136
de la chasse n’ont pas pu être quantifiés car reste l’apanage des peuples de la forêt. Le gibier,
très prisé avant pour la consommation dans les ménages est surtout destinée à la vente, en
bordure des routes rurales ou dans les gargotes spécialistes du genre.
« Si dans le passé, l’on chassait pour satisfaire les besoins alimentaires des familles, les
produits de la chasse dans le Sud-Est du Cameroun constituent à présent une véritable source
de revenus pour les populations locales. ainsi…les ressortissants des pays voisins (RCA,
Congo) s’installent dans cette forêt giboyeuse pour tuer et vendre le gibier à une échelle
industrielle...si bien que les espèces rares qui abondent dans cette région sont mises en
péril….néanmoins celle-ci présente un avantage pour ces jeunes puisqu’il s’agit d’une activité
moins pénibles que le travail de la terre : elle donne la jouissance immédiate du produit et elle
assure un revenu sûr et discret. » Relate Zouya Mimbang L. (1960). L’importance du cheptel
varie selon les arrondissements (figure 22) surement à cause de l’opportunité du milieu de
production.
Ngoura
Arrondissements
Diang
Belabo
Garoua-boulaï
Betare-oya
Mandjou
Bertoua 2e
Bertoua 1er
137
vendus pour 23 140 000 F CFA et Belabo 12 180 vendus pour 33 080 000 F CFA. Betare-Oya
est la zone rurale qui fait la plus grosse vente des volailles mais consomme très peu car l’effectif
des volailles abattus est de 400 poulets de chair loin derrière Bertoua 1er (35 400 volailles
abattus), Belabo (4 658), Mandjou (3 964), Garoua-boulaï (3 664) et Ngoura (46). S’agissant
de l’élevage bovin, Betare-oya a le plus grand cheptel (12 000 têtes) pour 761 bêtes abattues au
cours d’une année puis Garoua-boulaï (10 500 têtes) avec 6 408 bêtes abattues suivi de Ngoura
avec 10 000 têtes pour 1 882 bêtes abattues, et de Mandjou 2 800 têtes avec 3 011 bêtes abattues.
Bertoua 2e est le premier en termes de bêtes abattues avec un chiffre annuel de 8 072 bêtes et
Belabo dernier avec 416 bêtes abattues. Il en ressort que les zones de production et de vente ne
sont pas forcément les zones de grande consommation. Et certaines zones sont d’ailleurs des
zones de transit pour le bétail comme Mandjou, Garoua-boulaï (zone de frontière vers l’étranger
ou l’extrême-Nord) ou Bertoua (ville de transit pour le Centre et le littoral)
250
Nombre des pêcheurs
200
150
100
50
138
On note la présence de 431 pêcheurs donc 256 camerounais (toutes les tribus sauf les
autochtones), 70 tchadiens, 84 maliens, 38 nigérians, 94 nigériens, 22 ghanéens, 14 béninois et
28 centrafricains. Un défi des autorités c’est d’intéresser la population locale à la pratique de la
pêche et ainsi vulgariser la consommation locale du poisson. La capture des poissons au cours
de l’année 2018 s’élève à 108 704,38 tonnes. Le poisson débarqué est vendue frais sur place
pour les marchés des autres régions pour un revenu de 217,39 millions de F CFA. Et une grande
partie sous forme fumé approvisionne les marchés du Septentrion et les marchés des pays
frontaliers pour un revenu substantiel de 2,246 millions de F CFA (DDEPIA, 2018). Les
matériaux les plus couramment utilisés sont les lignes, les hameçons, les nasses ; les filets
maillants dormants, de fond, de surface et dérivants sur les pirogues en bois, en tôle, à pagaie
ou à moteur.
La pisciculture se pratique dans les étangs type barrage ou par dérivation dans les
arrondissements de Mandjou, Belabo, Betare-Oya, Bertoua 1er et 2e. La production annuelle est
de 37,7 tonnes de poissons pour un revenu de 38,674 millions de F CFA. Cette activité est
limitée à cause du coût élevé des investissements de production et l’encadrement technique des
acteurs insuffisant En dehors de cette production locale, le département est aussi approvisionné
en produits halieutiques congelés via l’entreprise CONGELCAM dans les villes de Bertoua et
Garoua-boulaï.
139
140
B
A
Ces produits sont utiles à la consommation et à l’économie familiale. La cueillette se pratique surtout
par les femmes pour les chenilles (B), les feuilles et les enfants se donnent à cœur joie pour les fruits
comme l’afromamun (A). Cette pratique souffre d’un prélèvement excessif sur le milieu naturel pourtant
mieux gérer contribuerait énormément à la sécurité alimentaire des ménages et une gestion raisonnable
des cueillettes. Ils sont d’un apport non négligeable dans la ration alimentaire des ménages.
141
Ils jouent un rôle clé dans la disponibilité des denrées et facilitent l’accès aux ménages
(ACF, 2009) dit que le marché est l’épine dorsale de l’économie d’une localité et les ménages
en sont plus ou moins tributaires pour répondre à leurs besoins de base. Ils sont aussi très vitaux
dans les zones où l’on retrouve des déplacés dont la production domestique est presque nulle.
Fondamentalement, le dictionnaire courant le définit comme un lieu où l’on vend les choses
nécessaires pour la subsistance et pour les différents besoins de la vie. Pour Lussault L., (2003),
les marchés sont concernés par des échanges très divers : biens, services, facteurs de production
(capital, travail). Il y est établi une économie de marché où la majorité des biens et services sont
directement accessibles et les conditions de vente fixées par les vendeurs et les acheteurs. Selon
le type de bien, les marchés peuvent être mondiaux, régionaux ou locaux. Dans le cadre de cette
étude, les marchés sont locaux (tableau 23) et étant à la limite avec d’autres pays sont également
des marchés transfrontaliers. Ce qui a une influence certaine sur l’approvisionnement de ces
marchés.
Dans le Mayo-Tsanaga, il existe les marchés les plus importants qui se tiennent en
majorité une fois par semaine où convergent l’ensemble des ménages du département pour des
activités de vente, d’échanges et de retrouvailles. La vente des produits alimentaires se fait en
gros pour les grands acheteurs et au détail pour les ménages. Des 08 arrondissements du
département, les chefs-lieux d’arrondissements sont d’office les lieux de marché les plus
importants (figure 25). On y retrouve toute la production locale et les produits venus d’autres
régions et de pays (céréales, tubercules, vivriers selon les saisons, le poisson, les viandes de
toutes natures vendues au kg). En plus, des produits non alimentaires comme les pagnes, les
appareils électroniques, le matériel de production (houes, machettes, couteaux…).
142
143
B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, août 2018
Photo 22 : Vue du marché de Mogodé Photo 23 : Vue du marché de Zamay
D
C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 24 : Marché des céréales Photo 25 : Poissons secs sur les bâches
Source : Enquêtes de terrain 2018/2019
Les marchés ne sont pas construits. Il suffit d’un lieu désigné pour faire office de marché où trônent
quelques boutiques un lieu central du village. (A) montre une vue du marché de Mogodé. Chaque
commerçant construit son hangar pour pouvoir se mettre à l’abri du soleil. Les hangars sont fabriqués
à l’aide des piquets et de toit de paille ou de bâche. À Rhumshiki, c’est le centre du village qui sert de
place du marché en dehors de quelques boutiques, dimanche jour de marché, les commerçants étalent
les nattes ou les bâches pour disposer leurs marchandises. Construit depuis 1981, les bâtiments du
marché de Mokolo sont vieillots et insuffisants vu le lieu central qu’il occupe, la charge des
commerçants et acheteurs chaque mercredi. C’est le même constat fait à Zamay (B) ; mais ce marché
depuis 2018 dispose de deux nouveaux hangars construits toujours étroits pour le nombre des
commerçants. Ils sont obligés de se mettre à l’abri des intempéries sous des hangars de fortune. Les
denrées alimentaires dans ces marchés comme le cas des céréales (C) et du poisson sec (D) sont étalées
sur des nattes ou sur les bâches avec des risques d’infestation (poussières, insectes. Les magasins de
stockage sont inexistants encore moins les lieux d’aisance. Ces contraintes infrastructurelles sont
susceptibles d’altérer la qualité des aliments.
144
bétails dont le plus important est localisé à Zamay. L’insécurité qui y a sévi a conduit à la
suspension de la tenue de plusieurs marchés qui constituaient la principale cible des kamikazes.
Les marchés dans leur rôle premier, met à la disposition des ménages des denrées alimentaires
diverses et plus d’un ménage est dépendant de ces marchés pour se nourrir. Les systèmes
d’échanges sont importants pour ces ménages.
Les principales unités de mesure sont les sacs de 50-100 kg, les tasses, les cuvettes
moyennes pour les céréales ou au kilogramme (figure 26). La viande est vendue en kilogramme
ou en tas. Le poisson également en tas et les légumes-feuilles en bottes.
600
Prix moyen des denrées au kg
500
400
300
200
100
0
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Sorgho SP 153 150 146,6 150 194,17 200
Sorgho SS 180 151 161 120 220 224,17
Maïs 175 170 145 150 178,33 210,83
Arachide 400 425 500 400 372,5 412,41
Niébé 400 330 280 288 400 430
Oignon 313 268 270 210 218,4 229,16
145
surtout au mois d’octobre où le kg revient à 150 F CFA. A partir de 2017, les prix sonnent le
rouge, le sac de céréale s’acquiert en moyenne entre 24 000 F CFA et 26 000 F CFA à partir de
juillet jusqu’en décembre. Les prix demeurent élévés tout au long de l’année 2018. Le sac est
vendu à 20 000 F CFA dès janvier et passe à 26 000 F CFA dès juillet-août. Quelle que soit
l’année, le coût des légumineuses est en hausse, le sac de 100 kg de niébé coûte en moyenne
35 000 F CFA et en 2018, il va jusqu’à 52 000 F CFA. L’oignon est vendu en moyenne à 25 000
F CFA le sac de 120 kg en 2013. Le prix moyen au kg est à 313 F CFA et n’évolue naguère
jusqu’en 2018. Le même constat se dégage pour les arachides. Le Mayo-Tsanaga est un bassin
de production des arachides et des oignons, ail et surtout prisés pour le ravitaillement des
marchés intérieurs et extérieurs. Ce qui justifie les prix relatifs sur le marché. En 2015, les
déplacés ont afflué vers les centres urbains, les réfugiés sont dans le camp, l’insécurité au niveau
des frontières a atteint son paroxysme, certaines frontières sont fermées et l’aide alimentaire
mobilisée. Ce qui influe sans doute sur les prix des denrées à la baisse.
Entre 2017-2018, la pression sécuritaire baisse un peu, les déplacées retournent peu à
peu dans les villages jadis pillés. Certaines pistes commerciales sont ouvertes, ce qui se
répercute sur les prix des denrées. Ces variations conséquentes des prix des denrées de base sur
les principaux marchés valent également pour les légumineuses (niébé, arachide) et le bétail
(chèvre et mouton vendus le double de leurs prix surtout les mois de juin-juillet (détail des prix
en annexe 02). Les arachides surtout qui se positionnent comme une denrée de rente et de
consommation populaire car intervient dans toutes les sauces marquent un prix elevé en 2015.
Le marché des bovins se reconstruit peu à peu suite aux nombreuses pertes enregistrées car
cible privilégiée des attaques de B.H. Mais le prix du kilogramme se maintient entre 1 600-2
000 F CFA en fonction de la localité et le litre du lait caillé à 500 F CFA.
Les mois de juin-juillet sont très significatifs car ils constituent la période de pleine
soudure, les intrants agricoles ne font plus l’objet des échanges la priorité étant accordée à la
consommation humaine. Les prix augmentent dès que la période de récolte (voir Tableau :
calendrier agricole) passe. Pendant les périodes de récolte, les spéculateurs achètent les denrées
et stockent pour les vendre à partir du mois de juin-juillet, un sérieux handicap pour les ménages
pauvres. Ce phénomène de spéculation est un problème et l’on estime cette part à près de 25%
de la demande totale des céréales de la région soit une quantité d’environ 250 000 tonnes de
céréales thésaurisée (DRADER-EN, 2018). Pendant la période pluvieuse aussi, l’accessibilité
aux denrées alimentaires est réduite à tous les niveaux. Les pistes rurales deviennent
146
impraticables, les transporteurs en camions même se font rares. Les marchés urbains et ruraux
ne sont pas approvisionnés et les stocks locaux connaissent des hausses de prix.
Les commerçants estiment que les prix sont mêmes au rabais car ils veulent écouler les
anciens stocks à cause de la récolte qui s’annonce. Les légumes-feuilles sont présents en grande
quantité (tasba, lalo, kelin-kelin…), le paquet est vendu à 25 F CFA et par rapport aux trois
derniers mois, le prix est en baisse. Le prix du kilogramme de la viande de bœuf varie entre
1500 -1800 FCFA. Le kilogramme de poisson frais coûte 2 000 F CFA et une alvéole d’œufs à
1900 F CFA. À la question de savoir s’ils peuvent répondre à la demande actuelle si elle
augmentait de 50%, la réponse est NON en majorité. Pour le faire, il faudrait qu’ils augmentent
le volume des principaux produits à hauteur de 80%. Les principales contraintes à cette réalité
sont les anciens stocks qu’ils n’arrivent pas à écouler, le mauvais état des routes et le manque
des moyens pour s’approvisionner. Toutes ces contraintes (arrivée tardive des pluies, départ
précoce, les chenilles défoliatrices, l’inaccessibilité aux intrants et semences à cause du faible
pouvoir d’achat et le début des incursions de B.H en territoire camerounais provoquant les
vagues de déplacement) qui minent la production agricole dans le Mayo-Tsanaga sont aussi les
causes évidentes des fluctuations des prix observés sur les marchés. Le niveau de prix observé
traduit les quantités disponibles (tableau 24) sur le marché.
147
Il ressort de ce tableau qu’en 2013, les stocks disponibles sur les marchés sont stables
donc les prix aussi. Le kilogramme de céréale se vend en moyenne 180 F CFA. Les produits de
rente comme l’oignon, les arachides coûtent en moyenne 400 F CFA le kg. Cette tendance du
marché se poursuit jusqu’en 2014 sauf pour les arachides qui connaît une hausse. Le stock
disponible est limite et le prix au kg est à 425 F FCA. En 2015, les attaques terroristes
s’intensifient dans certaines localités proches de la frontière, les attentats kamikazes se
multiplient dans les lieux de regroupement comme les marchés ce qui a pour conséquence la
désorganisation des systèmes marchands. On observe une diminution des stocks à cause des
déplacements restrictifs de l’approvisionnement et une flambée des prix. Mais l’aide
alimentaire soulage les ménages non agricoles (les PDI, les réfugiés et certains ménages hôtes
bénéficiaires), ce qui contribue à atténuer les prix et les maintiennent à une légère hausse.
148
100000 84000
80000
Tonnage
60000
40000
16000 16000
20000 965 568 2500
0
Niébé Oignon Arachides Soja ail Pomme de
terre
Denrées exportées
15000 13100
Tonnage
10000
5253
5000
262 97 415 59
0
Riz Farine de blé Bétails Oranges Sucre Ignames
Denrées importées
149
Le Nigéria en dehors des produits manufacturés comme les pièces détachées automobiles
et motos, le textile, le gasoil frelaté, les ustensiles de cuisine, fournit également les fruits à
l’instar des oranges (97 t), la canne à sucre (415 t). Mais aussi les ignames (59 t), la farine de
blé (262 t), le riz (13 100 t). Le Mayo-Tsanaga achète aussi le maïs au Nord et dans l’Adamaoua.
Les tourteaux, le natron et le bétail provient du Tchad également. Les ménages qui vivent dans
les villages à proximité de la frontière sont complètement dépendants des marchés extérieurs
pour se ravitailler parfois très proche par rapport au marché local qui se trouve à des kilomètres
et se tient une fois en semaine. Au moment des enquêtes, il a été observé que les ménages de
l’arrondissement de Mogodé achètent tout au Nigéria (boissons gazeuses, pain ou gâteau, les
femmes avec des paniers sur la tête ravitaillent les ménages très tôt le matin). C’est un
département qui sert aussi de point de transit pour certains produits (figure 29).
5000
4000
4000
Tonnage
3000
2000
1000
220 150 170
0
Riz Arachides Sésame Voandzou
Produits alimentaires en transit
150
151
4%
32 %
0%
63 %
152
51,50
Tabac 5
4,70
Remboursement dette 5,9
Motifs des dépenses
1,7
Frais scolarités 9,2
8,7
Dépenses logements 7,9
10,80
Achat bétail 1,70
Total 51,50
0
Payement frais de scolarité 0
0
Équipements du ménage 1,50
0,50
Activités économiques 4,20
21,10
Achats aliments 17,90
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
Pourcentage %
153
Le Lom-et-Djerem a la particularité que ses marchés les plus importants sont des marchés
urbains, situés sur le corridor de la nationale n°1 (figure 33). Ce sont des marchés journaliers
(Bertoua 1er et Bertoua 2e, Belabo, Garoua-boulaï) et hebdomadaires (Tongo- gandima) (tableau
25).
Les produits présents sur ces marchés sont les produits de la production locale et des
autres régions du Cameroun (le plantain, la patate douce, le macabo, la banane douce, le haricot,
la pomme de terre, la viande de toutes sortes, les ignames, les légumes-feuilles pour les sauces,
les produits manufacturiers, les outils et les intrants de production agricole, le poisson frais et
sec, la friperie…).
154
155
A
B
Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018
Photo 26 : Caravane de commerçants Photo 27 : Marché communal de Betare-
Oya
C
Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018
Photo 28 : Marché de Longa-Mali Photo 29 : Marché d’Ouanden
E
F
Njiembokue, septembre 2018 Njiembokue, septembre 2018
Photo 30 : Divers denrées Photo 31 : Friperie sur le marché de
Woumbou
Ndokayo est le point de rencontre des commerçants samedi matin 06h, qui embarquent dans des camions
canters (A) pour rallier et approvisionner les villages. Les marchandises dans des gros sacs emballés
avec du plastique en cas de pluie et prêts à parcourir près de 25 km pour Woumbou. L’arrondissement
de Ngoura est une zone d’insécurité à cause du phénomène des coupeurs de route donc les commerçants
voyagent ensemble pour réduire les risques d’attaques. La Commune de Betare-oya dans ses projets
d’investissements a construit un marché communal (B). Ce marché est doté de boutiques, de places
personnelles, d’un magasin, de deux latrines (Hommes et femmes). À Longa-mali (C), le centre du
village est d’office la place du marché, les commerçants profitent de l’ombrage des grands arbres et
installent leurs produits sur des bâches en plastique. C’est le même constat qui s’est fait à Ouanden (D),
sauf que tous ne pouvant se réfugier sous les quelques arbres, construisent des hangars avec des piquets
et des cordes. Les produits non alimentaires ; friperie (F), ustensiles de cuisine, les téléphones…
proviennent de Douala pour ces marchés.
156
Les commerçants ont des difficultés pour s’approvisionner et stocker leurs produits. Les
produits sont souvent avariées sur le marché surtout les conserves. Ils sont rares et inaccessibles
car la demande est faible également. Malgré cela, les commerçants se déploient pour satisfaire
les ménages, ils se constituent en caravane et vont de village en village. Ils y passent en
moyenne 02 à 03 heures de temps et continuent dans le prochain village. Dans ces marchés de
transit, il faut être là quand ils arrivent pour pouvoir s’approvisionner et même dans les marchés
stables pour la journée, il faut être là très tôt le matin pour être servi. Les routes dans les villages
sont en majorité carrossables, rendant les frais de transport très onéreux et même de nombreux
accidents de motocyclette y sont signalés chaque semaine.
Divers produits sont vendus sur ces marchés (savon, oignon, haricot, arachides en graines,
farine de manioc, allumettes, gingembre, sel…). Ils sont tout simplement étalés sur les bâches
plastiques au sol. On y trouve également le matériel pour l’agriculture ; la daba, la houe, les
couteaux, machettes et limes. L’agriculture pratiquée dans la zone est rudimentaire. Le manioc
est vendu dans les cuvettes cossettes. Les prix varient selon les contenances et la patate douce
regroupée en tas. La majorité de ces produits viennent des autres régions et parfois de
l’extérieur. Et les frais de transport et autres contraintes ont un impact sur le prix au dépourvu
du consommateur final.
I-4-2-1- Les prix et les systèmes d’échanges sur les marchés du Lom-et-Djerem
Ces marchés sont surtout des marchés de détail sauf le manioc cossette qui aussi est un
produit de rente de premier ordre. Les mesures utilisées sont les cuvettes (1 cuvette équivaut à
15 kg ou 18 kg), les tasses ou le kilogramme (figure 34), les sacs en jute (lianes tissées), les
seaux de 15 litres voire moins. Les tas de patate peuvent avoir 10 tubercules moyens, le tas
d’igname 3 à 5 tubercules selon la grosseur. La monnaie d’échange est le F CFA et les prix sont
fixés par les commerçants en fonction de la mesure, du coût du transport, des frais de douane
et de la demande.
157
700
Prix moyen des denrées au kg
600
500
400
300
200
100
0
2013 2014 2015 2016 2017 2018
Plantain 194 200 150 190 195 500
Manioc cossette 215 215 145 205 175 333
Manioc tubercule 123 137 100 140 135 250
Maïs graine 305 259 220 215 200 200
arachide 614 553 515 575 580 615
igname 269 300 180 365 320 500
158
CFA, le manioc cossette de 195 F CFA à 500 F CFA et le manioc tubercule de 135 F CFA à
250 F CFA. Le kilogramme d’arachide de 580 F CFA passe à 615 F CFA.
Plusieurs facteurs déterminent les prix sur les marchés du Lom-et-Djerem. La proximité
avec les frontières RCA-Congo, la demande urbaine forte, l’afflux et l’installation des réfugiés,
le foisonnement des structures occidentales d’exploitation minière, l’enclavement des bassins
de production et l’éloignement des centres d’écoulement des produits alimentaires. La
proximité avec les frontières se lie sur deux points ; ces pays s’approvisionnent énormément
dans les marchés frontaliers camerounais (en dehors des produits agricoles, les produits
manufacturiers et de l’eau de boisson), ce qui constitue un avantage comparatif. Certains de ces
commerçants étrangers viennent acheter les champs sur pied et procèdent eux-mêmes à la
récolte, créant ainsi un déficit en produits sur le marché et au sein du ménage vendeur.
Ces variations de prix sont aussi en lien avec les quantités présentes sur les marchés
(tableau 26), selon la demande des consommateurs et subissent le diktat des contraintes
structurelles. La remarque générale est que le manioc cossette demeure la denrée la plus prisée
car constitue l’aliment de base donc elle est la plus cultivée tant localement que dans la sous-
région et fait l’objet de nombreux échanges.
Le ménage pauvre achète soit en kg ou en tasse. Les prix au kilogramme sont liés non
seulement à la demande mais aussi au stock disponible auprès des commerçants. Un produit
rare ou en stock limité fait l’objet d’une hausse de prix surtout s’il est demandé. La figure 35
illustre parfaitement ce fait. En 2013-2014, les produits comme le manioc tubercule, le
159
tubercule, le macabo, le maïs, les arachides et la banane douce sont abondants sur les principaux
marchés. Les stocks des produits ; haricot, igname, manioc en cossette et plantain sont
disponibles aussi. Sauf pour le plantain qui connaît une rupture et le prix au kg en moyenne
passe de 194 F CFA à 200 F CFA (un tubercule ou deux au plus). À peine, on en aperçoit sur
les marchés de Betare-Oya et Ngoura. En 2015, les stocks sont disponibles et les prix sont
revus à la baisse. Le prix au kg du manioc cossette passe de 215 F CFA à 145 F CFA, le maïs
passe de 259 F CFA à 220 F CFA, l’igname de 300 F CFA à 180 F CFA. À partir des années
2016-2017, les quantités des denrées sur les marchés viennent à manquer. Et l’étau se resserre
en 2018. Le kg du plantain de 195 F CFA s’acquiert désormais à 500 F CFA et celui du manioc
cossette de 175 F CFA à 333 F CFA. Le macabo même est introuvable sur le marché de Diang
en 2018. Les prix appliqués sont différentes dans les arrondissements (figure 35)
160
Les arachides également vendus en cuvette coûtent 7 000 F CFA à Bertoua, Mandjou
(3 500 F CFA), Betare-oya (6 000 FCFA), Garoua-boulaï un peu moins (3 500-4 000 F CFA),
Ngoura (5 100 F CFA), Belabo et Diang (2 000-3000 F CFA). Le régime moyen de plantain
coûte 4 000-4 500 F CFA à Bertoua, pareil à Mandjou et Betare-oya, un peu plus de 5 000-6
000 F CFA à Garoua-boulaï (la majeure partie du plantain vendue sur le marché provient de
Bertoua), 3 000 F CFA à Ngoura (occasionnellement sur le marché et parfois vendue 500-1 000
F CFA le tas), Belabo et Diang en tant que bassin de production du bananier-plantain, un régime
moyen revient à 2 000-3 000 F CFA. Les arrondissements de Betare-Oya, Garoua-Boulaï sont
les arrondissements où le coût des denrées alimentaires est élevé dans l’ensemble des produits
alimentaires (figure 36) et par ailleurs les villages d’installation de la majeure partie des réfugiés
centrafricains.
161
162
163
3000
2475
2500
1978
2000
Tonnage
1500
1500
1000
450 450
500 230
75 25 90 93 14 8 16
0
denrées exportées
164
800 700
700
600
Tonnage/litres
500
400
300 217
200
100 40 62
2,6
0
Manioc cossette Coton Arachides Cacao Huile de palme
denrées importées
10000 8750
8000
Tonnage
6000
4000
2450 2100 2380
2000 1400 950
720 350 185 120
0
Farine Riz Farine Malt Sucre Oignon Haricot Pomme Bois en Bois
de de maïs de terre grumes débité
froment
Produits
165
166
ménages dans ces différents systèmes d’échanges pour l’acquérir même si les moyens
financiers sont limités. L’alimentation est l’un des premiers besoins fondamentaux de l’Homme
(Maslow, Caillavet et al, 2009) (figure 42).
48,50
Tabac 0
0
Remboursement dette 2,50
2,20
Motifs des dépenses
Frais scolarités 0
22,40
Dépenses logements 8,70
3,60
Achat bétail 7
Total 48,50
1,90
Payement frais de scolarité 2,20
0
Équipements du ménage 0,35
0,50
Activités économiques 2,50
12,70
Achats aliments 28,40
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
Pourcentage %
167
5%
28 %
68%
168
Conclusion
Qui dit agriculture dit production alimentaire donc sa contribution est non négligeable en
matière de satisfaction des besoins alimentaires des ménages. Cependant, une bonne production
ne garantit pas toujours une sécurité alimentaire comme c’est le cas dans le Mayo-Tsanaga. Les
variations climatiques, les pratiques culturales rudimentaires, les prix sur le marché
conditionnent fortement les disponibilités alimentaires dans les départements du Mayo-Tsanaga
et du Lom-et-Djerem au cours de ces dernières années. Au fil des années, les parcelles mises
en valeur diminuent et ce avec la production, pendant que le Mayo-Tsanaga a des taux records
de près de 582 000 tonnes de production pourtant le ménage n’en dispose pas suffisament pour
se nourrir, le Lom-et-Djerem affiche à peine 100 000 tonnes, ce malgré la diversité des produits
alimentaires. Les autres contraintes évoquées sont la destruction des cultures par les acridiens,
l’accès aux produits phytosanitaires, intrants et semences améliorées restreintes, la question
foncière toujours actuelle caractérisée par un accès à la terre restreint. Les politiques
marchandes aussi sont un goulot d’étranglement pour l’accès des ménages aux produits
alimentaires tant du point de vue physique que monétaire. Tous ces éléments concourent à
asseoir l’insécurité alimentaire dans ces zones. Le Mayo-Tsanaga souffre d’une insécurité
alimentaire qui est le résultat des déficiences dans l’approvisionnement dans le temps et dans
l’espace marquée par une période de haute soudure (mois de juin-juillet-août), de possibilités
d’accès physiques, économiques insuffisantes des ménages pour parler des dysfonctionnements
des marchés (Azoulay G. et Dillon J-C., 1993). Par contre l’insécurité alimentaire qui prévaut
dans le Lom-et-Djerem, est le résultat, de la perte des fonctions régaliennes de son monde rural,
de la variation des prix des produits alimentaires sur les marchés liée à des ruptures de stocks
alimentaires momentanés. Pourtant à la charnière avec d’autres pays d’Afrique, ces
départements leur servent de points de ravitaillement et de nombreux facteurs vont venir
aggraver cette vulnérabilité déjà remarquable.
169
Le danger qui nous guette est d’un genre nouveau ; il est causé par
l’homme et l’homme seul, et seules les mesures prises par l’homme
pourraient y remédier.
Commandant Jacques-Yves Cousteau cité par Norman Myers, 1993
INTRODUCTION
Certains aspects maintiennent les ménages dans l’insécurité alimentaire via l’insécurité,
le boom démographique, les spectres de la faim, la pauvreté rurale manifeste au travers des
moyens de subsistance. Les départements du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem sont des
zones frontalières avec le Nigéria et la République Centrafricaine. Loin d’être un avantage
comparatif au vu des échanges bilatéraux sont devenus le théâtre des atrocités humaines
obligeant le déplacement massif des populations vers l’intérieur du pays et l’accueil des
nombreux réfugiés aux frontières du Cameroun. Ce chapitre offre une nouvelle fois l’occasion
de prendre connaissance de ce que les actions de l’homme réduisent considérablement les
capacités d’accès des ménages à la nourriture en quantité et en qualité. Ce qui contribue
énormément au problème de l’insécurité alimentaire dans les zones en question.
Les menaces auxquelles font face les populations de nos jours sont de plusieurs natures.
L’insécurité met à mal la sécurité alimentaire, touchant sérieusement les ménages au premier
niveau, ensuite les communautés et enfin les États dans leur souveraineté. L’insécurité
alimentaire a pour particularité d’avoir pour principal facteur les conflits armés, comme le
confirme un rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation
(2001), lequel reprend une affirmation soutenue par le Comité International de la Croix- Rouge.
Dans le cas des conflits armés, quelles que soient les causes ayant réduit l’accès à l’alimentation,
les populations civiles demeurent les premières touchées. Elles sont les principales victimes des
conflits armés, le reconnaît la résolution 1 265 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Les
groupes armés utilisent des balles et des explosifs de toutes natures pour commettre des
exactions. Les populations civiles subissent également la guerre à travers l’impact irrémédiable
170
que celle-ci a sur la sécurité alimentaire de toute région qu’elle affecte (Jelena Pejic, 2001). La
guerre contribue à l’insécurité alimentaire en ce qu’elle perturbe toutes les étapes nécessaires à
la nutrition des personnes, du stade de la production à celui de la consommation des produits
(destruction des moyens de subsistance) en passant par la déstabilisation du circuit
d’approvisionnement des marchés.
Après un répit de quelques mois seulement en mi 2013 le pays replonge dans le chaos,
Après 09 mois d’exactions et de massacres des populations dans l’ensemble du pays, les « anti-
balakas » naissent désireux de se venger. Va s’ensuivre une dégénérescence de la situation
sécuritaire et la crise débouche sur des affrontements intercommunautaires. Le pays traverse
une crise politico-militaire sans précèdent, un jeu d’alliance macabre dont les conséquences
171
La secte terroriste Boko Haram voit le jour en 1970 au Nigéria sous l’égide de Mohamed
Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri dans l’Etat du Borno. C’est véritablement à partir de
2003, que des heurts violents opposent ses militants issus des étudiants en rupture avec les bancs
et venant des familles pauvres aux forces de sécurité. Près de 700 morts dont au moins 300
militants islamistes parmi lequel Mohamed Yusuf. Le mouvement islamiste tire ses ressources
de nombreux trafics (racket, marchandage des otages, des actes de brigandage au voisinage des
installations pétrolières au Nigéria…). La prise de pouvoir par Aboubakar Shekau marque un
tournant, la secte multiplie les attaques à la bombe et les attentats-suicides. Le Cameroun étant
l’un des pays limitrophes, se voit impliqué en 2012-2013 avec les prises d’otages de la famille
Moulin-fournier, de l’ingénieur français Francis Collomp et du prêtre catholique français
Georges Vandenbeusch, tous libérés par la suite. Cette réflexion de Tisseron A., (2017) sur le
Niger s’applique ; « … avant les attaques de Boko Haram sur le territoire nigérien, les
terroristes ne ciblaient pas prioritairement les Nigériens, mais les Européens et les Américains,
en d’autres termes des « Occidentaux », nourrissant la perception d’un danger qui, finalement,
menaçait les autres ». « B.H n’a pas la vocation de se répandre » explique Priscilla Sabatchy.
Il y’a des cellules de B.H dans les pays voisins comme dans l’Extrême-Nord du
Cameroun…Mais à ce stade les pays voisins servent de zones de repli et d’approvisionnement
en armes ou en combattants. » « Mais des attaques ponctuelles peuvent très bien y avoir lieu ».
172
C’est depuis 2009 que la présence de B.H est signalée au Cameroun lorsque les réchappés de
la secte suite à une rixe sanglant avec les forces nigérianes se sont repliés dans les localités de
Kolofata, Fotokol, Maroua, Kerawa, Djibrilli, Kousséri, Amchidé, Tolkomari, Bornori. En
2012, ils s’infiltrent aussi parmi les réfugiés venant du Nigéria et en profitent pour installer des
cellules, recruter des adeptes, les jeunes séduits par le djihad, ses mythes et ses promesses dans
ces départements frontaliers (Mayo-Tsanaga, Mayo Sava, Logone-et-Chari) (Courtin N., 2015 ;
Ntuda Ebode et al., 2017). La fin de l’année 2013, B.H opère désormais au Cameroun et les
premiers à subir leurs affres sont les populations des villages frontaliers (figure 44). De
nombreux individus y sont assassinés dans la localité de Kolofata et ailleurs. En 2014, le
gouvernement camerounais impassible au tout début sort de sa réserve et déclare la guerre à
B.H, s’ensuit une vaste offensive sur le territoire et les morts se comptent tant du côté des
assaillants que les forces militaires et civiles. Ceci au gré des capacités opérationnelles et du
rapport de force des deux forces (Mbarkoutou, 2016 cité par Ntuda Ebode et al. 2017).
173
Source : International Crisis group, 2016, L’œil du Sahel, 2018, enquêtes de terrain 2018-2019
174
Sava, le Mayo-Tsanaga. Le tout premier village attaqué est Tourou dans le Mayo-Tsanaga en
2014. Le Mayo-Tsanaga est le département qui enregistre 95 attaques pendant cette période, le
Logone-et-Chari 155 attaques et le Mayo Sava 267 attaques. Les arrondissements du Mayo-
Tsanaga attaqués sont : Mayo-Moskota avec 75 attaques, Mokolo avec 14 attaques, Koza avec
5 attaques et Bourrha avec 1 village (Ouda). Dans le Mayo-Sava, les arrondissements meurtris
sont : Kolofata avec 169 attaques, Amchidé avec 2, Mora avec 93 et Tokombéré 3 attaques.
Dans le Logone-et-Chari, les arrondissements ou les îles sont île de Yobé, une attaque, île de
Darak, 6 attaques, Zina une attaque, le Logone-Birni, 6 attaques, Makary compte 35 attaques,
Goulfey 2 attaques, Kousseri 2 attaques, Fotokol 36 et Hile-Alfa 23 invasions (L’œil du Sahel,
2013-2018, Mbarkoutou M., 2016). Les invasions se passent de façon sporadique dans les
villages au cours de la nuit, pendant que les paysans au champ, les jours de marché. Les attaques
sont encore fréquents jusqu’au moment des enquêtes terrain.
Les Monts Mandara offrent un sanctuaire de repli à B.H et les populations de la montagne
vont le ressentir dans leurs chairs (Seignobos C., 2014). L’année 2013 marque un véritable
tournant dans l’histoire du Cameroun, le spectre d’une autre forme d’insécurité dans l’Extrême-
Nord plane désormais. L’enlèvement de 07 ressortissants de nationalité française dans le village
Dabanga et celui du prêtre Vandenbeusch à Nguetchewé sonne le début des exactions (environ
5 à 7 millions de rançons pour les récupérer). C’est également cette année que le Mayo-Tsanaga
reçoit les premiers réfugiés nigérians sur son sol dans les villages de Zelevet et Mafa (700
réfugiés), Zamay (20 réfugiés), Tourou (200) en majorité des femmes et des enfants. Le
Cameroun s’apprête à compter ses victimes des affres des incursions de BH d’une brutalité sans
pareille. De janvier 2013 à mai 2014, il y a eu 353 morts environ, 52 blessés, la caisse d’épargne
communautaire du village d’Ouzal emporté, le centre de santé catholique de Nguetchewé pillé.
De Juin à décembre 2014, 1 759 morts, de nombreux blessés. Près de 115 attaques. De janvier
à mars 2015, 43 attaques pour environ 1 561 morts, sur les berges du Lac Tchad, 184 éleveurs
arabes choas sont tués et 843 têtes de bœufs emportés. L’année 2015 sera la plus meurtrière de
toutes en termes d’attentats et de morts. De Janvier à Juin 2016, 28 attaques pour environ 317
victimes, en cinq mois dans l’année 2017, 22 attaques pour une soixantaine de victimes, de
septembre à décembre de l’année 2018, 12 attaques pour 88 victimes.
Les villages sont pillés et incendiées (Dzaba, Goldavi, Zeneme, Beljoel, Ldaoutsaf…),
les boutiques, les écoles (124 écoles dans les trois départements dont 12 établissements
175
secondaires, exode de nombreux enseignants vers le Sud, les lieux de culte, les récoltes brûlées,
des sommes d’argent emportés (162 000 naira à Hirboua), les champs sont détruits, les motos
et vélos emportés. Les écoles des villages de Tourou, Mabmas, Hidoua et Gosi dans
l’arrondissement de Mokolo sont détruites. Une vingtaine d’écoles fermées dans
l’arrondissement de Mayo moskota (17 écoles) et de Koza après l’assassinat de 3 maîtres de
parents. Environ 14 000 enfants en âge scolaires déplacés et récensés dans les écoles des zones
sécurisées, chute de près de 80% du taux de fréquentation des écoles primaires. 122 000 enfants
sont sans acte de naissance soit ils n’ont jamais été déclarés ou soit ils sont brûlés lors des
razzias (DDEB Mayo-Tsanaga, 2019).L’une des cibles de la secte est la razzia des bêtes
(Nguetchewe 200 bœufs, Asshigachia 500 bœufs, Goldavi 240, Hirboua 478 moutons, 11
bœufs, 3 813 sacs de mil, hodogo 60 caprins, 137 sacs de céréales, 15 bœufs, 07 chèvres et
poulets …). Les enlèvements également se multiplient (3 religieuses à Tcheré, tentative
d’enlèvements de 3 prêtres colombiens, 10 entrepreneurs chinois, 40 pêcheurs à Darak, 03
personnes à Ouda, des centaines de femmes et de jeunes filles, des commerçants…) (Seignobos
C., 2014, International Crisis group, 2016, L’oeil du Sahel, 2018, enquêtes de terrain 2018-
2019). Ces chiffres ne sont pas exhaustifs et donnent juste un aperçu de la gravité de la situation
car de nombreux camerounais et nigérians ont perdu la vie ou des membres de leur famille suite
à cette infamie. Les incursions consistent à perpétrer des massacres, faire des razzias d’hommes
et des provisions de céréales ; 31 101 bovins, 19 306 petits ruminants, 4 003 volailles d’une
valeur de 8 553 414 500 F CFA emportés, (MINADER-EN., 2013-2016). B.H attaque les jours
de marché (jour de concentration des personnes en un lieu précis), la nuit ou le dimanche
(Ldoubam, Mabas, Tourou…) pour être sûr de faire beaucoup de victimes (planche 10). Le tissu
socio-économique est ébranlé déjà dans un contexte de précarité de la population. Ce qui va
contribuer à renforcer l’insécurité alimentaire dans la région, et les populations en sont
traumatisées (encadré 9).
176
Différentes méthodes et d’armes ont été utilisées : les armes lourdes, les armes blanches,
les bombes humaines, les bombes ou engins improvisés, les mines. La phase la plus meurtrière
pour les populations et les militaires camerounais a été celle des attentats-suicides et des mines
enfouies sur les routes. Beaucoup y ont laissé la vie. La psychose installée va créer non
seulement des vagues de déplacements des personnes fuyant les exactions et pire, une
population livrée à une famine certaine car privée de leurs moyens de subsistance. Cette
insécurité contribue énormement à reduire la mobilité des hommes, restreindre leurs accès à
l’approvisonnement puisque les marchés étaient des cibles privilègiés pour faire plus de morts.
Les denrées disponibles dans les villes jugées sécurirées deviennent inacessibles pour une
bourse moyenne. Les enlèvements et les meurttres dans les champs créent la peur au point où
les agriculteurs n’y vont plus et même les champs sont brulés par les agresseurs. Ce qu’explique
Glava, un déplacé interne rencontré à Mokolo « nous n’avons plus rien, ni récolte, ni bétail, ni
champs. C’est la mort qui nous tend les bras » propos recueillis par Wenaï David (L’œil du
Sahel n° 617 de janvier 2015). « …en ce qui concerne les travaux champêtres, la population
n’est pas en mesure d’aller hors de Kolofata parce que dans les buissons les risques d’être
capturés par BH sont réels. À cause des exactions de la secte terroriste BH, toutes les
populations des zones environnantes se retrouvent à Kolofata ; les prix des articles ont
augmenté, ce qui coûtait par exemple 100 F CFA on achète désormais à 150 voire 200 F
CFA… » Confirme un enseignant à Kolofata.
177
A
B
L’œil du Sahel, 2019 L’œil du Sahel, 2019
Photo 32 : village incendiée Photo 33 : Marché après un attentat-
suicide
Telle une scène de théâtre macabre, les villages des trois départements limitrophes subissent
d’incessantes incursions de la secte. Les villages entiers sont rayées de la carte (A), tout est mis à sac,
habitats, récolte quand elle ne peut être emportée, population assassinée, on dirait la « pratique de la
politique de la terre brûlée », les marchés (B), cibles privilégiées pour faire plus de victime. Les
kamikazes surtout les jeunes enfants ou les femmes sont dans ce rôle actionnent leurs charges explosives
au moment de l’affluence. Conséquences ; des centaines de morts sur le carreau. Au cours des razzias,
la moindre résistance est punie de mort où les enfants de la concession sont enlevés, mariés de force
pour les jeunes filles ou utilisés comme combattants pour les jeunes garçons. Les maisons d’habitations
(C) sont toujours brûlées au départ. Les scènes de mise à mort sont décrites par les survivants, parents
tués devant les enfants ou vice versa, les parties du corps sont retranchés (D). Dans le but de contraindre
ceux-ci de donner des informations ou accusés de coopérer avec les autorités.
Le département du Mayo-Tsanaga est parmi les départements ayant fourni les hommes
dans les rangs de B.H, dans la plupart des jeunes. Depuis 2011, la nébuleuse aurait recuté près
de 3500 à 4000 jeunes dans les zones frontalières du Nigéria, en juin 2014, on note le départ
massif des centaines de jeunes au village de Tolkomari pour réjoindre les rangs de Boko
Haram.Les recutements se font par promesse d’argent, par contrainte ou par conviction
(Mbarkoutou M. 2016, Ndounda Owona N., 2017). Les mêmes raisons évoquées par nos
enquêtés sont les promesses fallacieuses d’enrichissement rapide, l’adrénaline de l’aventure, la
178
À l’Est du Cameroun, à cause de la richesse du sous-sol, le monde rural a perdu peu à peu son
rôle régalien pour s’investir dans l’exploitation artisanale de l’or oubliant qu’il faut bien se
nourrir pour pouvoir être en mesure de s’adonner aux activités de survie.
L’orpaillage est l’activité principale des ménages du Lom-et-Djerem dans les zones de
Ngoura, Garoua-boulaï et Betare-Oya. Il suscite beaucoup d’engouement au sein des
populations juste parce qu’elle fournit une rémunération immédiate et journalière. Or cette
activité dans la Boumba et Ngoko, est pour beaucoup une activité de subsistance saisonnière et
complémentaire de l’agriculture quand celle-ci ne suffit pas (Nguepjouo D. & Manyacka E.,
2008). Cette activité en milieu rural a perdu son rôle premier, celui de produire en grande
quantité des denrées alimentaires, celui d’être le grenier des villes (Pierre George, 1974). Pour
comprendre cette attraction, un peu de géologie s’impose.
Géologie du sous-sol
Faisant partie du domaine centre camerounais, les sous-sols de formation précambrienne sont
constitués de trois complexes de base :
179
Description de l’activité
L’orpaillage est encore artisanale (planche 11) car elle utilise les méthodes et procédés
d’extraction manuelle (la population) ou peu mécanisés (les sociétés privées). Les matériaux
utilisés sont vraiment rudimentaires ; une cuvette appelée la batée pour le lavage, une pelle pour
creuser, une coupole en bois pour l’extraction. Certains miniers s’associent pour s’acheter une
motopompe utile à la tâche. Les sociétés privées utilisent des engins lourds (pelles excavateurs,
caterpillar, motopompe, bâtée métallique…). Sur les lits des fleuves un bateau est équipé en
même temps de pelles pour creuser les bas-fonds, remonter le gravier, une machine pour laver
et rejeter le sable dans le fleuve. Elles tiennent les rênes de l’exploitation minière et emploient
souvent la main d’œuvre locale dans les chantiers.
180
B
A
C
D
Dans le processus d’extraction de l’or, hommes, femmes, enfants en bas-âge, adolescents, chacun joue
un rôle. Pendant que l’homme creuse (A), démantèle la roche-mère à coups de pioche et extrait du
gravier, d’autres réceptionnent le gravier puis le concassent à l’aide d’un marteau en fer (B). Le gravier
réduit en petit morceau, est écrasé au moulin pour obtenir une poudre (C). L’étape suivante consiste à
laver (D) la poudre de gravier obtenue, tous sont appelés à le faire (garçons et fille de tout âge tel que
le présente la photo) munie de bassine et de pelles.
Cette activité est menée de bout en bout par les familles entières au détriment de l’activité
productrice des aliments. Elle cause de nombreux dommages à la nature et accroît leurs
précarités socio-économiques et alimentaires.
C’est toute la cellule familiale qui est impliquée dans les travaux dans les mines. La main
d’œuvre robuste utile dans les travaux champêtres est orientée dans le processus de
l’exploitation minière, déplore le délégué régional du MINADER de l’Est. Les GICs agricoles
déposent de plus en plus de demandes de mutation en Gicamines. La population agricole est
181
vieillissante donc ne peut produire que le strict nécessaire, ce qui explique encore le manque de
denrées alimentaires sur les marchés et l’approvisionnement par les marchés urbains. Cette
course pour l’argent cause assez de torts à l’environnement et à la société elle-même, première
cause de déperdition scolaire. L’Est est cité parmi les régions les plus sous-scolarisées du pays.
Le taux de marginalisation scolaire (14,9%) est proche de la moyenne nationale (14,3%). 45 %
de la population rurale ne savent ni lire ni écrire (ECAM 4, 2014 ; RADEC Est, 2013). Lors
des enquêtes sur le terrain au mois de septembre 2018 et avril 2019, les salles de classe étaient
presque vides, certains établissements dans la broussaille (arrondissement de Ngoura en
exemple) pour insuffisance d’écoliers, pendant que leur présence était remarquable dans les
chantiers aux côtés des parents et ce malgré la pénibilité de ce travail qui se veut essentiellement
manuel. Cette activité malheureusement contribue à maintenir les ménages plus vulnérables.
182
À la fin d’une journée, l’artisan peut facilement se retrouver sans un sou dans les poches
après avoir travaillé toute une journée. Il faut rembourser les prêts contractés en début de
journée. L’alimentation dans les chantiers n’équivaut pas à la dépense énergétique fournie.
L’artisan se contente d’acheter auprès des restauratrices de fortune un plat de couscous devant
se partager avec sa famille (chapitre III). Ces chantiers de fortune manquent de sanitaires et
d’eau potable. C’est la nature qui sert de latrine et la rivière environnante de point d’eau et lieu
de lavage du bitro (gravier fin qui contient de l’or). L’autre marchandise très présente dans les
chantiers est l’alcool et les artisans en sont très friands. Les whiskies en sachet (vendu à 100 F
CFA le sachet) et de la cigarette sont aussi vendus. La présence des sociétés industrielles
n’arrange pas la situation. D’un, la spéculation sur les produits en partie à cause de leur présence
et de deux, très actifs dans la destruction du couvert végétal et des parcelles agricoles. Les
recettes ne profitent pas aux communautés locales, les cahiers de charge ne sont pas respectés
par ces sociétés. L’utilisation des produits chimiques (cyanure, mercure) pollue l’eau des
rivières et fleuves, réduit la faune aquatique. Les maladies hydriques sont permanentes à cause
de la qualité de l’eau consommée. L’automédication est importante au bonheur des vendeurs
de médicaments auto-proclamés « docta ». Les forêts sont détruites. Dans l’arrondissement de
Bétare-Oya, la déforestation est accrue à 9%, la savane a augmenté de 36 % de 1976 à presque
55% en 2017. La forêt dense et la mosaïque forêt-savane ont régressée de 31 %, 28% et 18 %
entre les deux dates (Voundi E. et al., 2019). Il y a diminution et disparition de la faune, des
produits forestiers non ligneux pourtant ces peuples de la forêt en sont très tributaires en matière
d’alimentation.
Après le passage des engins, les espaces cultivables sont remués, les couches
pédologiques arables renversées (figure 45). Le paysage ainsi détruit laisse des grands trous
béants çà et là (planche 12), à proximité des villages, cause de divers accidents. Une enquête
du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) en 2017, révèle un mort à Longa-
mali, à Taparé (2015) 4 victimes dont un enfant de 13 ans, à Nguengue (Garoua-Boulaï) 1
enfant retrouvé mort dans un lac à l’abandon. Des cas de chutes permanentes des animaux
domestiques ou d’élevage sont relevés. Mais peu des cas sont signalés auprès des autorités car
de nombreuses disparitions restent au niveau des concernés et des sociétés incriminées contre
dédommagement.
183
Le sol est formé en strates ou en horizons ou couches, disposées les unes sur les autres.
La première couche est constituée de complexe argilo-humique. L’humus contient la matière
organique, confère la fertilité du sol (Delaunois A., 2006). C’est sur cette partie que se pratique
l’agriculture. Il mesure 25-35 cm d’épaisseur et est à la surface de la terre. La roche-mère qui
conduit les minerais est située à environ 15 cm de la surface du sol. Pour y arriver, les artisans
munis des pelles excavatrices creusent et sur leur passage, ramènent à la surface toutes les autres
strates. Il y a un complet retournement de la structure du sol et l’horizon sableux riche en gravier
est mis à nu, prêt pour l’exploitation. Ce renversement des couches pédologiques rende les sols
impropres à l’agriculture car les gravillons maintenant à la surface sont dépourvus de matières
organiques complètement infertiles. Le sol est complètement dénaturé, même après
l’exploitation.
184
A
B
C D
185
Dès l’obtention des droits ou permis d’exploitation, une société a le droit de tout raser sur la
propriété qu’elle soit cultivée ou pas.
Il s’agit de se faire une idée du nombre de personnes potentiellement affectées par l’insécurité
alimentaire. Les estimations globales du nombre des ménages susceptibles d’en souffrir ont le
mérite d’exister (Azoulay G. & Dillon J-C., 1993).
L’Extrême-Nord est la 2ème Région après le Centre avec plus de 2 millions d’habitants
soit 3 111 792 sur une densité de 90,8 habitants au km2 (3e RGPH, 2005). en 2010, cette
population est estimée à 3 480 414 habitants sur une densité de 101, 6 habitants au km2 avec un
taux de croissance de 2,8% (3e RGPH, la population du Cameroun en 2010). Sa population
rurale s’élève à 1 297 220 hommes et 1 344 163 femmes pour un total de 2 641 383 habitants
dont une population majoritairement féminine. Cette population est aussi caractérisée par sa
jeunesse. Les jeunes de moins de 15 ans représentent 50,8 % de la population totale, la tranche
de 15-59 ans (43,8%), 5,5 % pour les 60 ans et plus. le Mayo-Tsanaga, foyer d’émigration est
un département très peuplé avec une forte densité. 6 99 971 habitants pour 159,3 habitants au
km2. L’âge moyen est de 20 ans (20,5%) et l’âge médian 14,6 ans. Il possède une population
rurale importante (629 107 habitants) sur une population urbaine de 70 864 habitants (2e et 3e
186
RGPH, 1987-2005 ; Annuaire statistique INS, 2017 ; Chetima, 2018). Les actifs agricoles
représentent les 60 % de la population totale et les exploitants agricoles 20 % des actifs
agricoles. Le tissu ethnique du Mayo-Tsanaga est composé des Mafa, des kapsiki, des Mofou,
des Peuhls, les Daba, des Hidé, des Bana, des Goudés, des Mandara, des Mabas, Tsouvok,
Noudou, Gava, Boudoum, Higui, Téleki, Gadala, Kanuri, Korchi, Bana, Djimi, les Minéo, les
Glavada, des Woula, des Guemjeck (Podlewski, 1961 ; Jean-Yves Martin ,1968 ; Boulet et al.,
1972 ; Seignobos C., 2000 ; Perevet Z., 2018). L’année 2013, est un melting pot avec l’arrivée
massif des réfugiés provenant du Nigéria voisin.
La Région de l’Est concentre une population de 801 968 habitants sur une densité de 7,4
habitants au km2 (2e et 3e RGPH, 1987-2005). En 2010, sa population rurale est estimée à
138 609 hommes et 137 175 femmes. Ici s’observe un presque équilibre homme/femme, tout
le contraire de l’Extrême-Nord où les femmes sont majoritaires. Ce constat s’est aussi fait lors
de l’administration du questionnaire sur le terrain (figure 46). La répartition de cette population
selon les groupes d’âges est la suivante : moins de 15 ans (357 718, soit 46,4 % de la population
totale), de 15 à 59 ans (380 676 soit 49,3%), et plus de 60 ans (33 361 soit 4,3%). L’âge moyen
est de 21,2 ans et l’âge médian 16,6 ans. Le taux de fécondité est de 2,2%. Dans cet ensemble,
le Lom-et-Djerem sur une superficie de 26 345 km2 abrite une population de 275 784 habitants
sur une densité de 10,5 habitants au km2. Sa population rurale est de 66 862 hommes et 68 611
femmes. Par contre sa population urbaine est plus conséquente (71 747 hommes et 68 564
femmes). Région charnière avec un sol et sous-sol riche de matières premières, le Lom-et-
Djerem draine de nombreuses populations d’autres pays (RCA, Congo, Mali…). Ce
département est constitué de quatre ethnies :
majoritairement les Gbaya, présents dans les arrondissements de Garoua–boulaï,
Bétaré-Oya, Ngoura, Mandjou, Bertoua zone de savane,
les Kepere (Nord-Ouest de l’arrondissement de Bélabo),
les Pols (surtout dans la forêt de Deng-Deng)
les Maka du Nord (Bamvele et Bobilis) dans l’arrondissement de Diang et une partie de
Bertoua zone de transition forêt/savane.
La remarque générale qui se dégage dans les deux départements d’étude, la population est jeune
et très jeune d’ailleurs, ce qui justifie tous les maux et les défis énormes face à cette marée
humaine dont l’énergie est à canaliser.
187
Par sexe
100%
5,7 12,7
90%
80%
70% 38,8
42,8
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Lom-et-Djerem Mayo-Tsanaga
Hommes Femmes
Figure 46 : Ventilation des ménages enquêtés par sexe
Dans le Lom-et-Djerem, la communion s’est faite beaucoup plus avec les hommes, chef
de ménage (42,8%). Ils répondaient facilement aux questions. Pour les femmes chef de ménages
(5,7%), le contact est plus difficile à cause de l’analphabétisme de la majeure partie. Par contre,
dans le Mayo-Tsanaga, l’accès aux femmes est un peu délicat. La culture voudrait qu’elles
restent à la cuisine quand les hommes sont regroupés (il fallait la permission des hommes pour
que les femmes répondent aux questions surtout lors des focus group). À l’arrivée dans les
villages, les chefs de villages faisaient rassembler les hommes à la chefferie pour répondre aux
questions. Ce qui explique le nombre d’hommes interrogés (38,8%). Par contre les femmes
chefs de ménages (12,7%) dans la majorité sont des veuves « aux maris vivants ou non ».
Certaines femmes sont sans maris présents car ceux-ci sont partis à la recherche d’une vie
meilleure en ville et n’ont plus jamais donné signe de vie. Leurs femmes restées au village avec
les enfants ne savent plus s’ils sont encore en vie (plus de 12 ans de séparation). Les autres
veuves dont les maris sont effectivement morts. C’est l’une des causes évidentes de déperdition
scolaire pour les enfants en âge scolaire car les veuves sont démunies et abandonnées à elles-
mêmes. Elles n’ont pas d’autre choix que de déscolariser les enfants faute de moyens. Dans
l’ensemble, le contact s’est établi avec plusieurs groupes de ménages et de nationalités
différentes (figure 47).
188
9(2.2%)
356(88.6%)
Dans l’ensemble, 356 ménages camerounais ont été interrogés, 37 ménages de réfugiés et 9
ménages nigérians (hors site) pour un total de 402 répondants.
Par niveau d’instruction des ménages
L’intérêt a porté d’abord sur le niveau d’instruction du chef de ménage. Dans le Mayo-Tsanaga,
25,4% des chefs de ménages ne sont pas allés à l’école dont s’expriment exclusivement en
langue locale, 18,2% sont allés à l’école primaire au moins, environ 3,7% ont fait le cycle
secondaire. En ce qui concerne un autre membre du ménage, 37,1% des membres ont arrêté à
l’école primaire, 7,5% au cycle secondaire et 2,25 % ne savent ni lire ni écrire. Dans le Lom-
et-Djerem, 29,1 % des chefs de ménages ont fait le cycle primaire, 5,9% le cycle secondaire,
5,7% s’expriment exclusivement en langue locale, 3,9% ne savent même pas lire et écrire. Pour
un autre membre de la famille, 34,8% se sont aussi arrêtés au cycle primaire, 5,7% au cycle
secondaire et 4,2% ne sont jamais allés à l’école.
Dans les deux cas, les raisons évoquées par les jeunes rencontrés sont nombreuses : le
manque de moyens financiers pour continuer, les parents qui ne trouvent pas l’intérêt des
études, le nombre d’enfants par ménage (15 à 20) dans les foyers polygamiques et la prise en
charge par les parents devient un problème. Mais dans la partie Est, c’est davantage l’attrait
pour le gain immédiat que procure l’orpaillage (les enfants y naissent, grandissent et meurent
parfois sans franchir les frontières du village), les mariages précoces et les rapports sexuels
précoces et ses conséquences. C’est indispensable d’estimer la population pour connaître les
189
besoins, de toute façon les gens qu’il faudra habiller, nourrir et employer d’ici 20 ans (dixit
Durand-Dastès, 1973).
Le triste record des attaques meurtrières de B.H a fait non seulement des milliers de morts
mais aussi des milliers de déplacés. Les déplacés internes sont des personnes déplacées à
l’intérieur de leur propre pays et font partie de la population civile qui a des besoins
spécifiques tels que l’assistance et la protection (Groupe de travail sectoriel global sur la
protection, 2010). De nombreux ONG les définissent aussi comme des personnes qui ont été
forcées de fuir leurs foyers subitement, de manière soudaine et en grand nombre, à la suite d’un
conflit armé, d’affrontements internes, de violations systématiques des droits de l’homme ou
de catastrophes naturelles ou causées par l’homme sur le territoire de leur propre pays encore
appelés « réfugiés intérieurs ». Ce sont des familles, des individus obligés de quitter leurs zones
de confort pour se retrouver démunis ailleurs. Certains réussissent à partir avec des biens et
s’installent aisément dans les villages d’accueil. D’autres perdent tout dans la fuite (logement,
les récoltes, les animaux pour les éleveurs, les membres de la famille). Privés de tout, ils
encourent d’énormes risques de famine, de protection, dorment où ils peuvent, les femmes et
les filles exposées au viol et parfois usent de leurs corps pour se nourrir ou nourrir la famille.
Bref, ce sont des personnes qui ont besoin d’aide.
Les déplacements se sont faits par vague, selon l’intensité et les répercussions des
attaques des villages (rappel figure 44) dont en début 2015, l’Extrême-Nord vibre au gré des
déplacés. À la lumière d’une évaluation faite par OIM en 2018, il en ressort que 718 villages
ou localités accueillent des déplacés internes, les sites sont identifiés : 4 dans le département du
Diamaré, 22 dans le département du Mayo-Danay, 10 dans le département du Mayo-Sava, 94
dans le département du Logone-et-Chari et 12 dans le Mayo-Tsanaga. De 2014 à 2019, toute la
Région de l’Extrême-Nord a subi un énorme flux de population (figure 48) dans tous les sens
et les directions. L’essentiel c’est de trouver un gîte ou un peu de sécurité. Les déplacements se
sont faits surtout des milieux ruraux pour des zones péri-urbaines ou urbaines et surtout à
proximité des présences militaires.
190
300 000
250 000
Nombres de PDI
200 000
150 000
100 000
50 000
0
191
l’arrondissement de Koza où les déplacés se sont installés et fondus dans les villages et les
familles d’accueil. Pour une population totale de 699 971 habitants, 79 591 personnes se sont
déplacées pendant la période du conflit, soit 11% le ratio de déplacement.
Deux sites d’installation sont créés donc l’un dans le Mayo-Moskota et l’autre à Mokolo
plus précisément dans le village Zamay (planche 13). Avant leur prise en charge, ils dormaient
dans les abris de fortune (les maisons abandonnées, la devanture des boutiques, dans les
cuisines…) sous le froid et la chaleur. Parmi ces déplacés, on retrouve les anciens otages de
B.H, les retournés, les déplacés venant des villages du département en question et des autres
départements.
A
B
C
D
Les abris sont construits à l’aide des bâches (A), des tiges de mil soudés par des lanières de cordes en
plastiques. La photo montre des déplacées devant leur habitat (B). C’est l’un des premiers besoins
exprimés et comblés par le biais des partenaires humanitaires. Dans la cuisine d’une déplacée (C), les
ustensiles sont réduits au strict nécessaire deux marmites, un canari, quatre bidons pour conserver de
l’eau et quelques assiettes. Pour une petite dépendance alimentaire, les déplacés ont eu le droit avec le
concours des autorités traditionnelles de Zamay de faire des jardins de case (D), où ils cultivent des
légumes verts et du maïs. Le camp est également situé à deux minutes de marche du marché, les douches,
les lieux d’aisance, les points d’eaux ont été construits pour palier et prévenir d’éventuels conflits avec
la population hôte. Les sites ne sont pas clôturés. Leur déplacement n’est pas restreint car ce sont des
camerounais.
192
En dehors des sites de recasement, de nombreux villages ont accueillis des déplacés
(figure 49). Par vague, les villages se sont vidés pour enrichir d’autres. En 2015, les villages
Bornori, Talamabrahim, Gangawa, Kidji, Bablin ont perdus près de 1 365 personnes au profit
de Tolkomari (Mayo-sava). En 2016, les villages Galgala, Guedjele, Modoko, Hourtbech,
Hirche, Wagza-gabas, Kouyape à leur tour perdent près de 2 322 personnes au profit de Koza.
L’attaque des villages Tsébé-tsébé, Mogoda, Zeleved, Golege, Vrekaza, Dzaba provoque le
départ de 244 ménages pour le centre-ville de moskota. Les chiffres évoluent en 2018. Les
villages Goldavi, Talakatchi, Cherifmoussari, Zeneme, Sanda-wadjiri perdent près de 959
personnes pour Nguetchewe au mois de janvier. 280 personnes quittent les villages Doudje,
Kerawa-kidji, Talakatchi, Goldavi pour Mozogo et en juillet 2018, c’est 742 personnes qui
partent de ces mêmes villages pour rejoindre Nguetchewe ensuite. D’autres villages comme
Dinglding, Ldubam, Ouro tada, Mokolo I, Mandaka, Woudahai, Magoumaz, Toufou, Tourou,
Vouzod, Ldamang, Zamay (Mokolo), Bao tasaï (Soulede-roua) reçoivent également des PDI.
Comme récapitulatif, les arrondissemnts du Mayo-Tsanaga qui abritent les déplacés sont
Mokolo (15 541), Moskota (11 088), Koza (18 131), Bourha (208), Hina (404) et Soulede-Roua
(833) (DTM/juin 2018).
193
194
Le Cameroun après l’adoption de la Loi en juillet 2005 qui définit le cadre juridique de
protection des réfugiés est également signataire des conventions de 1951 relative au statut des
réfugiés (signée le 23 Octobre 1961), du protocole de 1967 (signée le 19 septembre 1969)
régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique (Tamekamta, A., 2018). Il
est donc est obligé d’accueillir sur son sol les vagues de déplacés venant de la RCA.
La frontière entre le Cameroun est longue de 797 km. Cette longue frontière poreuse marque
de nombreux points d’entrées (figure 50) des réfugiés centrafricains fuyant les exactions.
195
Dans la Région de l’Est, les principaux points d’entrée en 2014 sont Garoua-boulaï dans
l’arrondissement de Garoua-boulaï (4 390 personnes), Gbiti dans l’arrondissemnt de Batouri
(21 451), Kentzou dans l’arrondissement de la Bombe (11 971) et à Mboy par Yokadouma
(277). Depuis l’année 2013, il y a eu des arrivées quotidiennes de nouveaux réfugiés car plus
les affrontements s’intensifient en Centrafrique, plus le Cameroun et les autres pays frontaliers
reçoivent les populations meurtries par la guerre. Les autorités s’organisent pour la prise en
196
charge rapide des réfugiés afin d’éviter les dérives ou les tensions avec les populations hôtes ;
d’où la création des nombreux sites de recasement tels que les sites de Mbilé, Lolo, Timangolo
dans le département de la Kadey et le site de Gado-badzere dans le Lom-et-Djerem (planche
14) avec des capacités d’accueils de 10 000 réfugiés chacun. Suite à un problème d’insécurité
dans le site de Timangolo, il est fermé à la demande des autorités et les effectifs sont réaffectés
dans les trois sites existants pour un meilleur contrôle.
C
D
Dans un rapport de profil de site de mai 2018, le HCR met en évidence les problèmes
auxquels font face les réfugiés au camp de Gado. Au niveau du volet protection, on note une
197
lenteur administrative dans la procédure d’établissement des actes de naissance pour les enfants
nés sur le site. Dans le domaine de l’éducation, une insuffisance en capacité d’accueil des
établissements scolaires existants, insuffisance d’enseignants, des considérations culturelles
défavorables à l’éducation en général et à celle de la jeune fille en particulier. Les
raisons évoquées sont les suivantes: la mobilité des réfugiés (des différents camps installés dans
la localité, RCA-Cameroun, Cameroun-RCA), les mariages précoces, le manque de moyens
financiers. En matière de santé, un accès insuffisant aux soins de santé de qualité pour les
réfugiés pour cause insuffisance du personnel de santé, faible plateau technique (rupture des
médicaments). Les cas de défécation à l’air libre encore décriés.
L’état nutritionnel des enfants ne s’améliore guère à cause de l’arrêt de prise en charge
des malnutris aiguës modérés (MAM), en moyenne trois admissions de MAS par semaine et au
bout de 10 semaines, environ 60 cas sont suivis. Les suppléments alimentaires (bouillie, super
céréale plus) ne sont pas consommés par les enfants malades mais par les parents.
Pour l’assainissement, on note l’insuffisance et la vétusté des latrines et des douches (35
personnes par latrine et douche). La baisse du débit du niveau de la nappe phréatique surtout
pendant la saison sèche accroît le nombre de personnes par point d’eau (250-300 pour un accès
de 17 litres d’eau/personne/jour). La construction des abris dépend des moyens disponibles des
agences humanitaires en charge, les réfugiés n’y sont pas autonomes.
L’occupation de l’espace est anarchique et il y règne une forte promiscuité. Les réfugiés
ont les mains liées à cause de leur mobilité et de leur statut, ils n’ont pas un accès facile aux
moyens de mise en œuvre des moyens de subsistance. L’accès aux terres arables est un
problème pour leur autonomisation alimentaire. La dépendance à l’aide alimentaire est l’une
des conséquences fortes (JAM, 2009, 2013, 2014). D’après Solidarités Int. (2016) « la situation
est paradoxale. On ne parle plus d'urgence au Cameroun, alors que les réfugiés ont encore des
besoins de base non assouvis ». Les réfugiés du camp ont un encadrement et une prise en charge
même temporaire mais ont encore d’énormes difficultés quant est-il des refugiés hors camp ?
(encadré 10).
198
La prise en charge des réfugiés demeure un enjeu fort aujourd'hui au Cameroun. Les
réfugiés hors camp installés dans les arrondisements de Betare-Oya et de Garoua-Boulaï (figure
51) ne sont pas épargnés. Lors des descentes sur le terrain en avril 2019, une majeure partie
n’est plus prise en charge, car les aides humanitaires sont définies pour une période bien
déterminée.
199
200
63
71
150
564
1 402 430 675 737 0
Zamboï Bindiba Ndokayo Zembe-Borongo
Gandong Garoua-boulaïbo Bouli Dang-patou
Komboul Mombal Kanzam I et II Bongo
Nandoungué Yokosiré Gounté Boumazale
Mborguene Kpoc-kea
Oudoulaï Ndenman
Wassandé Kongolo 2
Garoua-Boulaï Betaré-Oya
À Garoua-Boulaï, les réfugiés sont installés dans le centre urbain, dans 18 quartiers
(21 393). Les villages comme Zamboï (349), Bindiba (39), Gandong (196), Garoua-boulaibo
(175), Komboul (261), Mombal (63), Nandoungué (1 402), Yokosiré (1 460), Gado (camp 25
368 réfugiés) (PCD 2018/UNHCR, 2016). Le cumul des données démographiques de la
commune donne un total de 50 706 réfugiés sur son sol, soit 43% pour une population hôte de
89 023. Les villages de Betaré-Oya logent 22 023 réfugiés dissimulés au sein de la population
hôte. 10 quartiers du centre abritent 1 459 réfugiés et les villages Ndokayo (8 897), Zembe-
borongo (3 125), Bouli (737), Dang-patou (675). Kanzam I et II (564), Bongo (430), Gounté
(150), Boumazale (71), Mborguene (4000), Kpoc-kea (26), Oudoulaï (668), Ndemnam (104),
Wassandé (120), Kongolo 2 (308), Ndanga-gandima (874), Madepo (23), Mabele I et II (33)
dont 10 921 hommes et 11 803 femmes (CI2D-PCD, 2017). Les tranches d’âges sont aussi
représentatives. Les nourrissons de 0-59 mois soit 27,6%, les enfants de 4-5 ans soit 6,3%, de
6-19 ans soit 18,5% et les jeunes de 15 à 34 ans soit 34,7%. Une fois de plus dans la
communauté réfugiée, la tranche des jeunes est majoritaire.
201
arrivées sont journalières ou mensuelles selon l’intensité des attaques des villages nigérians. Le
chriffre mensuel d’arrivées est de 356 voire 500 en 2 mois (UNHCR, 2019). Il s’étend sur une
superficie de 623 hectares, l’habitat construit en majorité par des tentes préfabriquées, des
bâches, de la terre battue ou poto-poto avec des toits couverts de bâches, de tiges de mil (planche
15). Tout visiteur est soumis aux procédures strictes d’enregistrement et de contrôle par le poste
de gendarmerie et le service de gestion du camp. Les infrastructures existantes sont construites
en matériaux définitifs et provisoires, les écoles (maternelle, primaire et secondaire 12 au total),
une bibliothèque, des salles pour diverses activités (counseling, cohésion sociale, espace
enfants, centre communautaire), de formations diverses (couture, fabrique de brique, des foyers
améliorés, du charbon écologique à partir des déchets ménagers…), 03 centres de santé, des
points d’eau (69 au total), des magasins de stockages des vivres de l’aide alimentaire et non
alimentaire.
202
D
Mabouri, juin 2018 Njiembokue, juillet 2018
Photo 56 : Centre communautaire Photo 57 : Fil d’attente pour la ration
Le camp est subdivisé en secteurs, en blocs (43 blocs) et chaque ménage reçoit un habitat (A) construit
en bâches, en terre battue où il a l’autorisation de marquer sa limite de propriété avec des haies
épineuses ; il en profite pour un petit jardin de case. La vie au camp est monotone et les tâches bien
définies, les femmes sont celles-là qui se chargent de la ration d’eau pour le ménage, s’y retrouvent au
point d’eau (B) aux heures d’ouverture. Le centre communautaire (C) est une grande salle de réunion
quand il s’agit de discuter de la vie du camp avec les visiteurs officiels, les partenaires humanitaires et
aussi une salle de fête pour la commémoration des journées dédiées (journée de la femme, journée
mondiale de l’environnement, du réfugié…). (D) présente une file d’attente ponctuelle à l’heure, le jour
du rationnement des vivres, qui se passe chaque mois au travers des couloirs de distribution sous les
grands hangars.
Toutes les religions se confondent au camp, en harmonie vivent les Mafa, les Kanuri, les
Glavda, les Haoussa, les Mandara, les Cinene…Les données démographiques depuis la création
du camp font état de près de 50 000 à 60 000 âmes qui y vivent (figure 52). Le chiffre varie à
cause des déplacements des réfugiés (figure, d’autres repartent souvent au Nigéria sous prétexte
de prendre le pouls de la situation, faire du commerce ou de l’agriculture…) mais leur
circulation est restreinte sur la région d’accueil sans autorisation préalable des autorités
administratives.
203
70 000
60 000
Nombres de personnes
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
0
2015 2016 2017 2018 janv.-19 mars-19 juin-19 sept.-19
Année et mois d'évaluation
204
205
camp sont : Mokolo (1 421), Mogodé (1 281), Mayo moskota (3 199). 895 de ces réfugiés sont
dans les familles d’accueil (la frontière entre les États est parfois fictive pour la population
riveraine car les mêmes tribus sont de part et d’autres des deux côtés, le mariage se fait entre
les riverains et le commerce y est fructueux par conséquent c’est tout naturel de se faire héberger
par une famille d’accueil parfois liée par les liens de parenté ou d’amitié). 62 dans les maisons
collectifs, 63 logent dans les abris spontanés (vieilles maisons, cuisines abandonnés, cabanes à
la lisière des villages), 26 s’autogèrent dans des maisons en location. Les chiffres récents du
HCR font état de 4 545 individus dont 2 461 femmes et 2085 hommes pour 1275 ménages. Les
enfants de 0 à 4 ans (793), de 5 à 11 ans (1 491), de 12 à 17 ans (678), de 18 à 59 ans (1 474)
et de 60 ans et plus (110). On note encore une tendance de la population très jeune (UNHCR,
septembre 2019).
Les défis des réfugiés du Mayo-Tsanaga
Les ménages sont en insécurité alimentaire parce que vulnérables à un certain nombre de
facteurs entre autres les moyens de subsistance.
206
La vulnérabilité est une situation d’exposition à des facteurs de risques mais aussi la
difficulté de faire face à la situation, l’incapacité de se défendre (Chambers R., 1989). Par la
même occasion, un individu est peut être considéré comme vulnérable, s’il est soumis à des
risques de manque de nourriture, ou s’il subit de fortes conséquences de ce manque, ou plus
encore, s’il subit la combinaison des deux éléments. L’analyse des moyens de subsistance est
aussi destinée à fournir des éléments de compréhension utiles pour préciser la localisation des
interventions humanitaires et d’éventuels projets de développement. L’avantage étant de
montrer où est ce l’on peut promouvoir de nouvelles activités ou formations-emploi, y faire des
réalisations conséquentes pour une société autosuffisante.
II-3-1- Les moyens de subsistance et les facteurs de précarité des moyens de subsistance
Une exploration globale des moyens de subsistance (tableau 27) permet de comprendre
le contexte de la précarité alimentaire.
207
208
209
Par contre dans le Lom-et-Djerem, les groupes de subsistance3 sont fortement liés aux
potentialités qu’offre la nature (tableau 29). L’agriculture occupe 80% de sa population,
l’orpaillage la rivalise ensuite vient la pêche (pour les villages riverains des fleuves et rivières
Lom, Pangara, Djerem, Lom pangar) et l’élevage. Les petits commerces et les petits métiers
(soudeurs métalliques, menuisiers, call-boxeurs, électrotechniciens, coiffeurs, couturiers,
restaurateurs, mécaniciens etc…) sont surtout très présents dans les arrondissements de Betaré-
Oya et de Garoua-Boulaï du fait du véritable brassage des populations (camerounais d’autres
régions, libanais, centrafricains, maliens, tchadiens, chinois …). Et cette agriculture est surtout
tenue dans les zones périurbaines avec une faible implication des autochtones qui eux préfèrent
les travaux de la mine. Les arrondissements comme Ngoura et Diang répondent à trois groupes
de moyens de subsistance au plus (agriculteurs, éleveurs, vendeurs de vin local à Diang) et
orpaillage surtout à Ngoura, Garoua-boulaï, Betare-oya.
3
Les groupes de subsistance sont un ensemble de personnes qui partagent une même source de nourriture et de
revenus. ACF, 2009
210
Seules les localités ayant un accès par route bitumée (centre de Betaré-Oya, quelques
villages de Ngoura situés sur la route nationale N°1, Garoua-boulaï ville carrefour de la RCA
et du Septentrion) favorisent les activités permanentes (chauffeurs de moto, de cars ou de taxis,
call-boxeurs, menuisiers, vanniers à cause de la présence des matières premières (zone de forêt-
savane). Les chasseurs sont surtout prospères en saison de pluie et leurs victuailles vendues au
marché urbain de Bertoua ou en bordure des routes pour les voyageurs. Les pêcheurs quant à
eux en saison sèche et la menace de cette activité est la pêche abusive, l’utilisation des produits
néfastes, la baisse des ressources halieutiques est conséquente. Il faut dire que l’un des métiers
phares de ce secteur est la prostitution et une question de survie (le manque de qualification des
211
212
CONCLUSION
213
214
INTRODUCTION
Dans les pays anglo-saxons, la plupart des études réalisées ont démontré que l’insécurité
alimentaire est associée à un mauvais état de santé à tous les âges de la vie. Elle est souvent
associée à des facteurs de risques (faibles revenus, consommation limite de nourriture, faible
poids, déplacements forcés…) cela suggère qu’il existe un effet spécifique de l’insécurité
alimentaire sur la santé, l’utilisation de la nourriture disponible. Elle est l’un des piliers de
l’insécurité alimentaire et ACF (2009) la définit comme à l’utilisation des aliments auxquels le
ménage a accès y compris le stockage, la transformation et la préparation ainsi que la répartition
au sein du ménage. L’enfant étant en pleine croissance (besoins énergétiques, en protéines et
en vitamines) doit convenablement être nourri. Quand il y a un manque ou en cas de
dysfonctionnement alimentaire, il est le premier à le ressentir et à manifester des signes de
malnutrition. L’état nutritionnel est l’état physiologique d’une personne qui résulte des rapports
entre la capacité du corps à digérer, absorber et d’utiliser ces aliments. Il est essentiel de
comprendre l’état nutritionnel des ménages cibles afin de définir le lien qui existe avec la
malnutrition. L’idée de ce chapitre est de s’appesantir sur la relation de cause à effet entre les
aliments consommés, les pratiques de soins infantiles et l’hygiène alimentaire qui sont
probablement à l’origine des effets constatés. Pas seulement en l’absence d’un régime
alimentaire adéquat mais en termes de manque d’eau potable, de logements décents et de
services sanitaires, de manque de moyens financiers, d’accès aux intrants, de taux
d’analphabétisme et de maladies élevés, vulnérabilité des moyens de subsistance et de
dégradation de l’environnement.
215
Des nutriments : les nutriments sont les éléments de l’aliment que l’organisme utilise
pour sa croissance (développement des tissus), pour la production d’énergie et pour la lutte
contre les maladies (planche 16). Tous nos aliments sont constitués d’une mixture de nutriments
de composition de quantités différentes en fonction de l’aliment. On distingue principalement
deux types de nutriments à savoir les macronutriments et les micronutriments. Les
macronutriments sont les glucides ou carbohydrates, les lipides ou graisses et les protéines. Les
micronutriments sont principalement les vitamines et les minéraux. Nous pouvons aussi ajouter
l’eau comme un nutriment car elle est essentielle à notre organisme.
Des déchets : qui sont constitués des parties non comestibles de l’aliment telle la peau
des tubercules ou des certains fruits.
D’autres substances : parmi les autres substances présentes dans un aliment, on peut
citer les anti-nutriments qui sont des substances naturellement présentes dans l’aliment soit sous
forme de poisons ou toxines (exemple l’acide cyanurique présente dans certaines variétés de
manioc) ou soit sous forme de substances qui interfèrent lors de la digestion, l’absorption et
l’utilisation des nutriments par l’organisme (exemple l’anti nutriment présent dans le haricot).
les additifs alimentaires sont des substances ajoutés lors des transformations technologiques
dans le but augmenter le goût, l’apparence, la valeur nutritive, et aussi la longueur de vie de
l’aliment (jus de fruits et aliments conditionnés). les contaminants qui sont des poisons
chimiques ou des micro-organismes introduits de manière accidentelle dans l’aliment et qui
peuvent soit nuire à la santé du consommateur, soit altérer l’aliment lui-même. les
216
microorganismes inoffensifs tels que les levures et bactéries présents dans certains aliments
(yaourt et lait).
A
Anonyme Anonyme
Photo 58 : Ensemble d’aliments Photo 59 : Les aliments de construction
énergétiques et de protection ou de Croissance
Les aliments énergétiques (A) : riches en lipides ou en glucides. Ils couvrent un plus grand nombre de
besoins énergétiques. Ils sont constitués de céréales telles que maïs, mil, riz, sorgho, blé, de tubercules
et de racines comme les ignames, manioc, patate, pomme de terre, macabo, banane plantain…Les
aliments de protection : nantis en vitamines et en sels minéraux essentiels. Ils sont constitués de légumes
frais (courge, concombre, radis, poivron, épinards, feuilles vertes), les fruits (ananas, mangue, orange,
avocat, tomate, gombo, carotte, citron, papaye…). Les aliments sont en groupe selon leurs fonctions
dans l’organisme. Nous avons les aliments de construction ou plastiques (B) : riches en protéines dont
le bénéfice est qu’il couvre les besoins en acides animés indispensables à la synthèse des protéines en
particulier. Ils protègent contre les maladies et permettent de se maintenir en bonne santé. Encore
appelés aliments de croissance. Ce sont les viandes, poissons, œufs, lait, les légumineuses (haricot, soja,
souchet, petits pois, lentilles, pistache, arachides, niébé) et les noix (de coco et de palmiste). Et enfin,
les aliments riches en graisse et les sucres sont essentiels pour la santé mais doivent être consommés en
petites quantités quotidiennes, tels qu’huile de palme, huile d’arachide, huile de coton, beurre de karité,
noix de palme, sucre …
Les aliments contiennent des vitamines, des oligo-éléments et des micronutriments. Ces
éléments (tableau 30) ensemble jouent des rôles cruciaux pour l’organisme humain.
217
218
les cellules mortes (figure 54). Bref, l’alimentation sert surtout à la croissance, à la fourniture
d’énergie, et à la cicatrisation, l’entretien et la protection du corps (FAO, 1992).
Supporter toutes
les activités Le corps utilise Lutter contre
physiques l’énergie produit les infections
pour :
À tous les âges de la vie, notre alimentation doit fournir un apport calorique proportionné
à notre dépense d’énergie. Elle doit également être suffisamment diversifiée et répartie tout au
long d’une journée pour charrier les nutriments importants au bon fonctionnement de
l’organisme. Une alimentation diversifiée doit avoir au moins un aliment de chaque groupe
d’aliments pour jouer pleinement son rôle. L’eau étant le seul aliment impératif à consommer
en excès même. Mulungula F. (2015) démontre aussi que la ration alimentaire doit respecter
ces équilibres essentiels. Il est conseillé de prendre trois repas par jour pour un apport
énergétique reparti ainsi : 20 à 25% au petit déjeuner, 40 à 45% au déjeuner, 25 à 30% au dîner.
Cette ration doit apporter en quantité suffisante, tous les groupes d'aliments : les
macronutriments : glucides, lipides et protides, sources de l'énergie nécessaire à l'entretien et
219
au fonctionnement de l’organisme ; les acides aminés et les acides gras essentiels, les
micronutriments indispensables au fonctionnement cellulaire : ions minéraux, oligo-éléments
et vitamines ; l'eau et la cellulose (tableau 31). C’est la base d’une bonne hygiène alimentaire.
C’est important d’y ajouter un goûter (fruits, tasse de lait…) pour l’enfant en fonction des
moyens du ménage. Pour les enfants, la corpulence varie au cours de la croissance. Elle subit
des modifications ou des étapes physiologiques tout le temps donc la régularité des repas est
obligée. Pour les personnes âgées, elle prévient les effets de l’âge ; la consommation alimentaire
tend à diminuer avec l’âge, ce qui pourrait causer une diminution des défenses immunitaires et
l’aggravation des maladies cardiovasculaires. En plus l’âge dénature le goût et l’odorat, la
sensation de faim, de soif et toutes les fonctions digestives en particulier la tolérance au sucre
source fréquent de diabète. Par ailleurs le cœur perd de son élasticité, ce qui bloque le
remplissage des artères). Et pour les adolescents, c’est une période de croissance et de grande
activité, l’activité physique étant très présente donc aussi l’apport en fer, calcium et vitamines
D (FEDECARDIO, 2016). C’est ainsi que dans les récits de la Bible, Daniel dans son chapitre
premier choisit de : « qu’on nous donne seulement des légumes à manger et de l’eau à boire…à
la fin de cette période, on peut constater qu’ils avaient meilleure mine et avaient pris plus de
poids que les jeunes gens nourris des mets de la table royale ». Pour tout dire le mode
d’alimentation maintient le corps humain en santé ou pas.
Dans le plat du jour, on devrait retrouver tous ces éléments nutritifs représentatifs pour
pouvoir dire que le plat est équilibré pour assurer la bonne santé. Rejoignant Hippocrate qui
voyait juste, 500 ans avant Jésus-Christ. « Que ton aliment soit ton médicament » cité par le Dr
Seignalet Jean, (2004). La façon dont les ménages associent les aliments pour se nourrir au
220
quotidien répond à un certain nombre de critères. Cette habitude alimentaire est un indicateur
circonstanciel de l’accès pourtant un pilier l’accès alimentaire.
Les habitudes et les diètes alimentaires diffèrent selon les régions. Elles dépendent le plus
souvent de la disponibilité des aliments en quantité et en qualité, des coutumes et croyances
locales, du climat et même en termes d’accessibilité des ménages aux denrées. Il est question
d’examiner les profils alimentaires dans les zones d’études qui revèlent une importante
implication sur la santé et l’état nutritionnel des membres de la famille.
III-2-1-1- Le Mayo-Tsanaga
221
Planche 17 : Les différents plats de couscous consommés dans les Monts Mandara
C
Njiembokue, août 2018 Njiembokue, mars 2019
Photo 62 : Plat de couscous maïs, sauce Photo 63 : Plat de couscous de maïs,
gombo sauce d’arachide aux petits poissons secs
Cette planche nous présente des plats typiques des Monts Mandara. La photo 1 (A) prise dans le village
Sirak fait étalage d’un plat de couscous de mil accommodé de la sauce de gombo, les photos 2 et 3
prises au village Gouria présentent respectivement un plat de couscous de maïs accompagné de feuilles
de moringa (B) et un plat de couscous, sauce d’arachide nanti de petits poissons secs (D). Et enfin la
photo 4 prise au village de Zamay, met en exergue est un plat de couscous maïs, sauce gombo sec et un
peu de piment pour l’agrémenter (C). Après la récolte, les céréales conservées dans un grenier servent
à nourrir la famille tout au long de l’année. Du grenier, la céréale du jour est moulue soit à la main à
l’aide d’une pierre, dans un mortier soit au moulin si le village en possède un, après obtention de la
farine, la cuisson se fait dans une marmite d’eau chaude et à l’aide d’un bâton remué pour obtenir une
pâte consistante ferme appelée couscous « nauefa » en Kapsiki , « mavarre » en Mafa servie avec une
sauce selon le choix de la ménagère (la mam-gay chez les Mafa). Le maïs et le mil sont interchangeables
mais les préférences ethniques l’emportent sur l’un ou l’autre.
Dans sa thèse Jean-Yves Martin décrit une scène en cuisine dans les Monts Mandara
« L’essentiel de l'alimentation est le mil, préparé en boule, à laquelle on ajoute une sauce faite
222
Les sauces faites à base de feuilles pour accompagner sont multiples et diverses, nous
citons la sauce de feuilles de lalo ou kelin-kelin (Corchorus Spp), de feuilles de tasba (Cassia
Obtusifolia), de feuilles de gombo (hibicus esculentus), de moringa (Moringa Oliefera), les
feuilles de baobab (Adansosonia digitalia), de gouboubo (Ceratotheca sesamoïdes) et de folere
ou oseille (Hibiscus sabdariffa) (Tourneux H., 2005, Beriname B. et al., 2018). C’est la femme
qui s’affaire à la préparation du repas de la famille. Il existe des sauces dites acides parce les
feuilles sont acides qui nécessitent parfois l’ajout de la pâte d’arachide pour amoindrir l’acidité
(la sauce du foléré) et les sauces gluantes comme la sauce de lalo ou kelin-kelin, la sauce gombo
et la sauce de gouboubo (planche 18). Chaque ethnie en consomme selon ses préférences, ses
croyances aphrodisiaques, l’âge et le sexe (Iyébi-Mandjek O., 2000 ; MINEPAT, 2008).
223
B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 64 : Sauce à base de feuille de Photo 65 : Feuilles de tasba avec un
baobab ajout de graines de niébé
Ces photos traduisent la diversité des sauces et l’ingéniosité des ménagères à diversifier les plats au
quotidien. La sauce faite à base des feuilles de baobab (A) comme indique son nom provient de l’arbre
du baobab, un arbre réputé des zones sahéliennes. Cueillie par les femmes lors du retour des champs.
Le tasba (B) est une sauce très prisée de la zone surtout lorsqu’on incorpore à la cuisson des graines
de niébé qui relève le goût. C’est une sauce très traditionnelle dans les Monts Mandara.
Les légumes frais ou secs sont les marqueurs de l’alimentation paysanne (Flandrin, 1996
cité par Ravache S., 2003). D’autres produits jouent des rôles additifs dans l’alimentation de la
population comme la domestication de certaines baies ou tubercules sauvages pour gérer les
périodes dures (Seignobos C., 1989), les légumineuses (niébé, les arachides, les petits pois) et
le riz. Cultivés localement ou non, elles entrent dans la préparation de certains plats traditionnels
en complément ou tout simplement subissent une autre transformation en beignet (planche 19)
appelé makala en fufulbé, galette.
224
La photo prise au marché de Mokolo présente les beignets faits à base de niébé (A), savoureux à la
consommation. Le niébé est de la famille de la cornille, une espèce de plante végétale produisant un
haricot blanc ponctué d’un point noir à l’attache de la graine. La photo (cantine de l’école publique de
Midré) quant à elle montre les beignets à base de la farine de blé (B), farine achetée dans le commerce.
Ces beignets sont vendus à 10 FCFA l’unité. Accessible pour une bourse moyenne, ce sont les friandises
préférés des enfants.
La ventilation des principaux plats donne un premier aperçu sur la composition quotidienne des
repas au sein d’un ménage. Ce qui constitue un repas (figure 55) peut varier d’un ménage à un
autre, selon la disponibilité et l’avoir dudit ménage.
9,7%
16%
0%
0%
0%
37,8%
225
D’après les enquêtes effectuées auprès des ménages cibles du département du Mayo-
Tsanaga, le graphique révèle qu’effectivement les céréales pour une proportion de 9,7% et les
légumes pour 37,8% restent le nœud de l’alimentation des ménages. Ensuite vient en
complément le riz pour 16%, qui est fort apprécié sous forme de couscous, de beignet aussi ou
incorporé sous forme de graines dans les bouillies. On peut comprendre ici que la proportion
du riz dépasse les céréales par rapport à la période d’enquête (les populations vivaient encore
les séquelles des attaques de Boko Haram, les champs dévastés, les greniers parties en fumée,
la charge des déplacés dans certaines localités). Comme conséquence, on note une
consommation accrue des aliments intermédiaires comme le riz qui leur provient des
commerces et de l’aide alimentaire. Il n’en demeure pas moins que la préférence est donnée au
mil et au maïs. On remarque que très peu d’ingrédients sont cités lors de la préparation des
mets, il suffit d’avoir un peu d’huile, du cube, du sel et de l’eau pour faire une sauce. Même le
poisson et la viande pourtant très présents sur les étals dans les marchés, dans une zone réputée
de grands éleveurs est très peu utilisés dans la préparation des repas (Podlewsky, 1964 ;
Seignobos, 1982 ; Walter Van Beek, 1988 ; DDEPIA, 2017). Les indices sur la préparation du
repas et le stockage des aliments fournissent d’amples connaissances sur l’utilisation des
aliments, et aide à comprendre le niveau d’insécurité ou de sécurité alimentaire du ménage.
Avant d’arriver sur la table, les denrées issues des récoltes subissent des transformations
diverses, de l’expression « de la terre à la table » de Azoulay & Dillon (1993). Les techniques
utilisées peuvent altérer ou non les nutriments contenus dans les céréales.
Après les récoltes, les céréales obtenues sont battues et séchées puis prennent deux
destinations ; une partie pour la vente et une partie pour la subsistance de la famille. Dans les
ménages, les greniers ou « silos » font partie du plan de construction des maisons familiales. À
cause du climat qui prévaut dans cette zone du Cameroun, les populations ont développé des
techniques traditionnelles de conservation et de stockage très ingénieux des graines et des
produits destinés à la vente comme l’ail et l’oignon (planche 20). Seignobos C., (2000) fait
l’inventaire des silos en banko, en vannerie, silos fosses, style qu’on ne retrouve qu’à
l’Extrême-Nord du Cameroun. Chez les Mafa, le grenier mesure 1,90 m à 2m pour un diamètre
de 0,6 m à 1 m et la contenance peut aller de 1m3 à 4,5 m3. Très louable car permet de
conserver, d’assurer les périodes de soudure et de post conflit. Sur les 207 ménages interrogés
dans le Mayo-Tsanaga, 25,6 % des ménages n’en disposaient pas au contraire de 25,8% des
226
ménages qui en ont dans leurs cours intérieures. Un pourcentage négatif qui s’explique aussi
par le fait que d’autres ménages étaient soit des déplacés ou des retournés
A B
227
À la récolte les graines du mil et du sorgho sont enrobées d’une enveloppe appelée péricarpe et
doivent passer au décorticage. Il se fait soit à l’aide du pilon soit à la main ; un procédé de
décorticage encore traditionnel (figure 56).
Les graines sont légèrement humidifiées pour faciliter leur détachement, puis deux
femmes autour du mortier, les pilent dans le mortier à tour de rôle. La phase suivante consiste
à vanner les graines au gré du vent à l’aide d’un plateau fait d’osier ou en inox (Photo 71). Ceci
pour faire partir les enveloppes des graines, elles seront par la suite passées au tamis dans le but
de récupérer les graines encore entières et de les repasser au mortier si nécessaire. Après
l’obtention de la graine propre débarrassée de son péricarpe, on peut la moudre soit toujours au
mortier soit au moulin si le village en dispose pour obtenir la farine prête pour la cuisson des
différents plats. Le processus de décorticage et moulure au pilon est très pénible, non seulement
les femmes dépensent beaucoup d’énergie pour le faire mais le pilonnage peut prendre près de
d’une heure de temps sans compter les pertes par jaillissement hors du mortier (Sautier D. &
O’Déyé M., 1989). C’est pour cela que c’est impératif d’avoir au moins un moulin à écraser
dans un village pour réduire la charge du travail et la longue attente pour faire le repas.
228
Après la récolte du mil, il est battu et vanné (A) pour séparer les panicules de la graine. La femme se
sert d’une bassine en inox et au gré du vent, ventile la céréale. C’est cette graine qui moulu plus tard
sert à confectionner soit le vin local ou bil-bil soit le couscous. Le taux de récupération des graines
décortiquées par rapport aux graines entières se situe entre 70 % et 75% (Vaneck cité par Sautier D. &
O’Déyé M., 1989).
Le processus de décorticage des céréales fait perdre aux graines leur poids de 20 à 25 %
et la qualité du produit obtenu a une valeur nutritive insuffisante. Une graine de sorgho est
composée d’un péricarpe (7,5-12,5 %), d’un albumen (78-85 %), d’un germe (7,5-12,5%) et du
hile (0,5-1,0%). En principe, le décorticage devrait éliminer seulement le péricarpe pas la
couche à aleurone située à la périphérie de l’albumen. Parce que cette couche à aleurone
contient une assise protéique qui a un intérêt nutritionnel important, riche en protéines de bonne
qualité, en vitamines et en sels minéraux. La farine obtenue après mouture et transformée en
couscous, sa fermentation est rapide, ne permet pas sa conservation au-delà d’un jour (Sautier
D. & O’Déyé M., 1989). Ceci vaut également pour les autres céréales enrobées. Une ration à
base de sorgho couvre très insuffisament les besoins en riboflavine, et en acide ascorbique. Ce
qui peut expliquer les carences de vitamine C chez les populations consommant en grandes
quantités de gros mil (Perisse, 1966 ; Bascoulergue & Le Berre, 1963 cités par Favier J.C.,
1977, 1989). La FAO (1996) estime qu’envrion 25 % du grain produit se perd lors de la récolte,
la transformation, se déteriore et s’infeste par les parasites. Les légumes et les racines subissent
229
une perte de 50% et 10 % de plus lors de la cuisson. Ces techniques de transformation parfois
sont le fait de la culture, des goûts ou du repas à faire ou de la coque dure des graines. Or les
remettre en question, peut aider les ménages à reconsidérer les sauces qui accompagnent
généralement le mets principal « le couscous » et les améliorer davantage en termes de
nutriments.
Zone très sujette aux attaques des insectes de toutes sortes, ces insectes déposent souvent
leurs larves sur les graines récoltées et entassées dans les greniers humides, ces larves se
développent et attaquent les récoltes. « Ces dépredateurs des denrées stockées » ravagent les
graines stockées et occasionnent des pertes énormes en quantité et en qualité car parfois le
traitement phytosanitaire s’applique directement sur les graines à consommer (Boughdad A. &
Gillon Y., 1989). Pour une longue conservation des graines puisqu’on doit garder pour les
périodes de soudure, période de saison sèche, les populations utilisent des plantes insectifuges
qui vont soit prévenir le développement des larves qui attaquent les graines. Les plantes et
pratiques divergent selon les ethnies ; chez les Mafa à Ziver (sur les montagnes) et au nord-est
de Mokolo, le bas du silo est surélevé sur d’énormes rochers pour empêcher que les graines ne
prennent l’humidité, l’assaut des termites et des rongeurs. Chez les Mofu, les parois des silos
sont enduites du kaolin mélangé avec du fruit vert de Strychnos innocua et du caïlcédrat ou de
la cendre combinée avec de l’Eleusine. Dans le Mayo Moskota, ce sont les feuilles de Vernonia
Sp qui sont utilisées. De multiples plantes sont citées selon le savoir traditionnel comme les
bottes d’Hyptis spicigera placés au fond du grenier, le fian (Wissadula amplissima), une racine
tubéreuse récoltée en brousse, les racines d’Ipomoea eriocarpa, l’Aristolochia bractéala sont
attachés dans les tissus et placés dans les greniers (Seignobos C., 2000) ou les sacs contenant
des céréales tel qu’observé sur le terrain (Photo 72).
230
Pour la conservation de longue durée du sorgho, on attache dans les morceaux de tissus des racines et
des feuilles et introduit dans les sacs de 100kg de sorgho. Cette photo prise au camp de Minawao
l’illustre parfaitement. Ces sacs de sorgho font partie de l’achat local destiné à l’aide alimentaire des
réfugiés du camp de minawao.
Un repas est une nourriture que l’on prend pour s’alimenter pendant une période
spécifiquement consacrée à cette activité, souvent à des heures régulières de la journée. Tel que
défini par ACF (2009) la fréquence varie selon le contexte, la disponibilité, l’accessibilité et
seule la consommation des denrées traditionnelles accompagnées d’autres plats est un repas.
231
Avant 2013, période que nous appelons période normale, avant les premières incursions
de B.H en terre camerounaise, les ménages pouvaient avoir 3 repas par jour. En zone de
montagne comme en zone de plateau, le nombre de repas varie selon l’importance des récoltes
faites pendant les saisons de pluie. Les groupes de travail (Photo 73) ont permis de faire une
représentation proportionnelle afin d’obtenir la fréquence des prises de repas. Avec un groupe
de personnes, l’exercice consistait à ressortir les types de repas consommés, le nombre de repas
par jour.
Étaient présents pour le groupe de travail (A) 8 hommes et une femme (sur notre demande). Le but était
de recueillir les avis des hommes et des femmes. Munie d’un grand papier tracé pour une période de 07
jours, d’un questionnaire sur les modes de consommation, le nombre de repas et la diversité des plats,
les feutres de différentes couleurs (le résultat transcrit en Tableau 32).
232
Au cours d’une semaine, le plat de base demeure le couscous fait de mil ou de maïs. Les
sauces sont variées mais manquent d’additifs d’origine animale qui se prête au jeu culinaire une
ou deux fois par semaine. Pierre Gourou (1991) cité par Courage G. (1992) à partir des enquêtes
alimentaires effectuées dans les années 1950 en Afrique que l’alimentation manque peu
d’élements d’origine animale parce que c’est le fait de la civilisation et non par contrainte du
milieu naturel. Les bêtes sont destinées aux sacrifices et aux fêtes (Hallaire A., 1989). Le chef
de ménage met à disposition de la femme selon ses moyens et le nombre de bouches à nourrir,
1 sac de maïs pour un mois et 1 sac de mil pour un mois. Elle se charge par la suite de varier la
sauce. Le makala (en langue locale) ce sont les beignets de farine de blé, d’haricot ou de riz qui
se vendent au coin de la rue par là pour le petit déjeuner. Le repas en moyenne c’est 2 fois par
jour plus le petit déjeuner on en compte 3. Il faut préciser que c’est un privilège de prendre le
makala le matin pour ceux qui en ont les moyens. Le régime des ménages est beaucoup plus
végétarien car ils consomment majoritairement les légumes. Le « tchaï » en fufulbé est un thé
vert, très consommé dans la partie septentrionale du pays. On en dénombre trois types; le thé
vert, le thé rouge et le thé noir. Il est cultivé localement ou importé depuis le Tchad. On fait une
boisson chaude ; à la cuisson, on y ajoute du gingembre, du sucre et du citron à la convenance
du consommateur. La particularité de thé est que non seulement il se consomme le matin mais
se prend à tout moment de la journée. Cette boisson revêt une identité culturelle mais traîne une
réputation de brûler les graisses et facilite la digestion. De Magoumaz jusqu’à Gouria en passant
par Midré II, les ménages sont unanimes quant à la fréquence et les types de repas. Ce sont les
noms et les modes de préparation des sauces qui changent selon l’ethnie.
Au moment des enquêtes de terrain, Juillet-Août 2018, les populations peinent encore à
panser les plaies infligées par la secte terroriste, nous sommes en plein moment d’installation
massive de déplacés, des retournés, de l’aide alimentaire. Néanmoins les attaques sont toujours
signalées dans certaines zones. Et cette période nous l’appelons période difficile ou de soudure
bien que nous fussions en pleine saison de pluie. La récurrence des repas va changer aussi avec
l’arrivée et la pression des réfugiés et des déplacés (Tableau 33).
233
Il est évident que pendant la période dite difficile, de soudure, les plats se sont amenuisés
considérablement, le petit déjeuner même devient un luxe. Le chef de ménage est obligé de
mettre à disposition de la femme un demi-sac de mil ou de maïs. Le repas est maintenant pris
une fois par jour. Ceci autour de 16 heures et l’autre repas attendu le lendemain à la même
heure. Les vagues massives de déplacements a eu un impact certain car les aides alimentaires
ont afflué. Ceci a permis un troc de denrées entre les réfugiés et les habitants du village. Ici on
a non seulement le couscous de mil/ maïs mais aussi de riz. Les denrées données aux réfugiés
étaient revendues sur le marché à prix bas (sac de 50 kg de riz à 12 mille FCFA voire moins
selon le marchandage) mais également un échange se faisait de la façon suivante : un sac de
riz de 50 kg contre un sac de mil par exemple. Pour les déplacés, deux repas par jour est un
luxe, il faut gérer avec parcimonie les rations que leur donnent les agences d’aides alimentaires
(PAM, Plan Int.,...). Le dépouillement du questionnaire de recherche sur la question de la
provenance des aliments consommés révèlent que pour 28,6 % de ménages de l’agriculture
familiale, en plus de l’agriculture, nous achetons au marché aussi ont répondu 8,2%, de
l’agriculture, de la collecte des fruits et racines comestibles pour 8,5% et de 6,2 % ceux qui
reçoivent les aides alimentaires. Le problème peut ne pas se poser sur les aliments consommés
mais comment ses aliments sont répartis entre les membres de la famille, s’ils couvrent les
besoins énergetiques de la famille.
Après la cuisson des plats, le repas est généralement servi dans une assiette ou un plateau.
Le repas se prend en famille. Il peut arriver que l’homme et sa femme mangent dans le même
plat quand ils viennent de convoler en justes noces et là ils n’ont pas encore de progéniture. La
culture du septentrion voudrait que les hommes mangent ensemble et les femmes, les enfants à
part ; dans le cas des familles nombreuses. Le fait que le père de la famille mange à part dénote
234
du fait de son autorité sur la famille. L’étranger qui séjourne au sein de la famille est soumis au
même rituel de prise des repas (planche 21 ; figure 57).
Nous pouvons voir une mère en train de manger avec sa fille un mets connu sous le nom de « koki »,
c’est un mets fait à base du niébé et de l’huile rouge (A). Après une longue attente au siège de l’unique
moulin du village kossehone, la maman a pu s’offrir une boule de koki histoire de calmer la faim en
attendant le repas du soir. Moussa et ses amis venus lui rendre visite sont assis sous un manguier à
Gouria et savourent un plat de couscous de maïs à la sauce d’arachide poisson (B).
235
C D G
A 3
1 E F
B
2 H
236
reçus couvrent à peine 60-70 % des besoins caloriques et 80-90% des besoins en protéines.
Dans les pays en voie de développement, près de 25% des enfants de 3 à 5 ans ne consomment
pas les 1100 kilocalories qui leur sont nécessaires pour la croissance, le déficit calorique est de
400 kilocalories par jour. Toutes les conditions sont réunies pour un état de malnutrition ou une
malnutrition qui s’aggrave (Cameron M. & Hofvander Y., 1983 ; Agbessi-Dos Santos H. &
Damon M., 1987 ; OMS, 1989 ; FAO, 2014).
Les aliments subissent le plus souvent, avant leur consommation, des traitements
physiques ou biochimiques qui modifient considérablement leur composition chimique et leur
valeur nutritionnelle. Alors faudrait-il d’abord en savoir davantage avant une possible
appréciation du repas final à table.
Dans l’Est en général, la base de l’alimentation est le manioc. De son nom scientifique
Manihot esculenta, c’est un tubercule de la famille botanique des Euphorbiaceae (Favier J-C.,
1977 ; Agueguia et al., 2000). De variété très nombreuse, on compte environ 300, on les classe
selon leur proportion en acide cyanhydrique ; les variétés douces et les variétés amères
(Oyengua & Amazigo et al., 1957). Il se présente sous la forme d’un arbuste (figure 58) de
culture pluriannuelle pouvant atteindre 1 à 3 mètres de hauteur voire 4 à 5 mètres s’il n’est pas
vite récolté.
237
238
Les activités autour du processus d’obtention de la farine est la tâche surtout des femmes et des enfants
de la famille. Elle nécessite trois à quatre jours selon qu’il fasse chaud ou froid. La famille du chef de
village de Gado, par manque de mare d’eau à proximité du champ. Elle a entrepris d’éplucher le manioc
dès le retour des champs (A). Ce travail se fait à l’aide d’un couteau bien aiguisé car il faut surtout que
toute la peau parte. Après avoir épluché les tubercules de manioc, ils sont trempés dans les bassines
(B) pour quelques jours le temps que cela se ramollissent pour être facilement écrasés. (C) montre
comment est séché, le manioc roui et ramolli sur une bâche de plastique au canton kay-kay à Bétaré-
oya. Après séchage il est alors écrasé à l’aide du moulin ou du pilon si le village n’en dispose pas. Le
produit final a deux destinations possibles soit pour la vente soit pour la consommation du ménage (D).
239
D’un point de vue de la nutrition, la série de trempage ou rouissage, séchage que subit le
tubercule l’essore complètement de ses éléments nutritifs. Le produit final n’est qu’une poudre
blanche complètement pauvre en nutriments. L’épluchage fait perdre au tubercule environ 50
% de protides, de calcium, de thiamine et de riboflavines et 30 à 40% de matières minérales, de
niacine et acide ascorbique. Le séjour prolongé dans l’eau lui fait perdre des éléments nutritifs
et une dégradation plus ou moins importante des protides. Le broyage fait perdre le fer (4%), la
matière minérale (33%) dans le jus qui s’égoutte du manioc roui et de la pâte et des autres
nutriments à hauteur de 15 à 22 %. Avec le séchage à l’air, la riboflavine est la plus affectée
(44% de perte en moyenne), la niacine et la thiamine sont de 25 à 27 %, les traces d’acides
ascorbiques qui restaient dans la pâte disparaissent complètement. Le type de fertilisant
employée diminue l’indice chimique des protéines du manioc. Si on peut le considérer comme
un aliment précieux à cause de ses avantages agronomiques, il ne faut pas négliger qu’une ration
pauvre en protéines devient gravement déséquilibré quand la place du manioc y excède celle
d’un simple aliment d’appoint. Cette indigence du manioc, qualitative que quantitative
accentue le déséquilibre des régimes alimentaires (Favier J-C., 1977 ; Treche S., 1989). Pourtant
cette transformation est nécessaire parce qu’il existe des variétés de manioc doux et amer. Le
manioc contient un taux élevé de glucoside cyanogénique (20 mg/100 g en moyenne) libéré
sous la forme de l’acide cyanhydrique (de sa formule HCN) très toxique. C’est un poison naturel
mortel, même à faible dose peut tuer un homme au bout de 1 à 2 min (il suffit de 0,3 mg de
HCN par litre d’air). Elle agit sur la respiration cellulaire comme une toxine aiguë, entraîne des
intoxications chroniques qui provoquent goître, affections du système nerveux et sur le fœtus
des malformations, des avortements. Selon la FAO/OMS, la teneur en HCN/Kg d’aliments ne
doit pas dépasser 10 mg. (Agueguia A., et al., 2000). On dirait que c’est une double raison de
consommer le manioc avec parcimonie et davantage explorer la diversité des plats possibles.
Les risques liés aux modifications du contenu des tubercules en énergie et en nutriments
peuvent avoir des effets sur l’état nutritionnel surtout dans les zones ruales où les régimes
alimentaires sont peu diversifiés (Treche S., 1989).
240
Le couscous de manioc est aussi appelé « dia » en Gbaya, « kamo » en Kako, «ikse » en
Bamvelé ou «fufumekuma » en Maka. C’est l’élément fondamental du repas chez les peuplades
de l’Est du Cameroun, en particulier chez les Maka qui consomment beaucoup plus le manioc
en tubercules. Dans son ouvrage, Roulon-Doko P., (2001), décrit si bien les étapes de la
préparation de la boule de manioc : « la femme met une quantité d’eau dans la marmite qu’elle
place sur le feu. Elle attend alors l’ébullition …l’eau est assez chaude et elle peut commencer
à y déposer délicatement une couche de farine…elle verse alors toute la farine qu’elle veut cuire
c’est-à-dire un volume égal à celui de l’eau mise à bouillir. C’est au moment où « le manioc
prend une teinte grise », que la farine est prête à être brassée. Ça dépend des femmes, certaines
retirent aussitôt la marmite du feu, d’autres y plantent leur bâton à manioc et donnent quelques
tours pour mélanger un peu farine et eau (photo 80)…c’est le brassage intime de la farine et de
l’eau en une pâte consistante qui constitue « la cuisson de la boule » et la boule obtenue en fin
de cuisson doit être ferme et solide.
Une femme place d’abord de l’eau au feu de bois, après ébullition de l’eau, elle met de la farine de
manioc et commence à brasser (A). Puis fait descendre la marmite qu’elle maintient entre ses pieds et
brasse vigoureusement en faisant des mouvements circulaires. Le but étant d’obtenir une boule sans
défaut et sans farine crue. Puis à l’aide d’un accessoire, elle découpe et fais autant de petites boules
pour l’ensemble de la famille.
241
La boule de manioc est souvent accompagnée par de nombreuses sauces. D’un côté il y a
les légumes, les viandes et d’un autre on retrouve les produits de la cueillette. Ce tout rassemblé
donne des plats typiques de la région de l’Est (planche 23).
D
C
242
Ce cas de figure est beaucoup plus rencontré du côté des arrondissements de Betaré-Oya,
Ngoura et Garoua Boulaï. La réalité est toute autre dans l’arrondissement de Diang (les plats y
sont plus consistants et diversifiés). Les légumes-feuilles, les produits de la cueillette comme
les champignons sont plus présents et tiennent une place non négligeable dans l’alimentation
en tant que complément mais aussi en terme de diversité dans le régime alimentaire qui sans
cela aurait été un régime monotone. (Eyog Matig et al. 2006 ; Mimbang Z.l., 2013).
Les sauces qui secondent la boule de manioc « iske » chez les Bamvelé, « dia » chez les
Gbaya sont variées. Parmi les légumes prisés par les ménages, nous citons le koko ou « Gnetum
africanum » ce sont des feuilles comestibles des lianes de sous-bois en milieu forestier,
l’aramanthe « Aramanthus », les feuilles de manioc, les jeunes feuilles de fougères « Pteridium
aquilinium », le kelin-kelin « Corchorus Spp », le gombo « hibiscus esculentus » (Mialoundama
F., 2007). Une autre catégorie de sauce faite de viande ; la viande de bœuf, les viandes issues
de la chasse (viandes séchées au feu et gardées dans la claie de la cuisine), les invertébrées
comme les chenilles, les vers blancs des palmiers et enfin le poisson (bien que arrosé par de
nombreux cours d’eaux la construction du barrage de Lom Pangar vient booster le secteur de la
pêche et donne un supplément alimentaire aux populations). Le tout dernier groupe et le plus
curieux est la sauce gluante « le bol », curieux parce que cette sauce faite à base d’une poudre
de couleur marron est issue de l’écorce d’un arbre. Si elle nourrit son homme c’est ça qui est
essentiel disent-ils (figure 59).
La préparation de ces sauces n’est guère compliquée, il suffit d’un peu de sel, du cube
d’assaisonnement, de la pâte d’arachide et le tour est joué. Un autre ingrédient qui s’invite à
toutes les sauces est le piment. Mais avec l’installation des populations venues surtout de la
région de l’Ouest qui ont introduits avec eux la culture du maraicher, la tomate s’invite déjà
dans les sauces mais de façon très timide. De toutes les façons, il faut en acheter d’abord.
La boule de manioc ne se mange jamais seule sinon le ménage a recours à une ultime
solution « mélanger le sel, l’eau et le piment » communément appelée « Kamo é kwane don »
chez les Kako et on y pourra au moins tremper ses morceaux de boule (Roulon-Doko P., 2001,
Njiembokue, 2015).
Les sauces ne mettent pas du temps au feu, il suffit que l’eau chauffe, on y ajoute la pâte
d’arachide dès que ça bout, on y ajoute les feuilles de légumes découpés et on remue. Après
salaison la sauce est prête. Le temps de cuisson est estimé à 30 minutes tout au plus. On note
243
également des sauces qui se consomment crues c’est-à-dire ne passe pas nécessairement à la
cuisson. Kogni (1986) dans sa thèse sur l’Est explique que : « leur alimentation n’est ni variée
ni équilibrée […] leur viande n’est pas bien préparée, ils en font une simple bouillie composée
des morceaux plongés dans une émulsion d’huile et d’eau salée […]. Les légumes particuliers
sont appelés kok […] .ces feuilles ne sont pas coupées pour être cuites ; mais elles sont tout
simplement malaxées, salées et mangées crus parfois, tout cela avec du couscous de manioc.
Les Kako l’appellent « salade indigène ». Même description que fait Roulon-Doko P
(2001) : « on prépare dans un plat un peu d’eau à laquelle on ajoute sel et piment, puis on y
verse les feuilles coupées en fines lanières, ou parfois, dans le cas du Gnetum africanum, les
feuilles sont simplement déchirées et on les tourne à la main en les écrasant contre le fond du
plat de façon à leur faire rendre leur jus tout en les imbibant de sauce ».
14,9 %
29,60%
Sur les 195 répondants, 119 soit 29,6% admettent que c’est le manioc qui est au cœur de
la consommation quotidienne et les légumes pour 60 répondants soit 14,9% ; les céréales, les
autres tubercules sont consommés occasionnellement. Forts attachés à la boule de manioc, ils
en font une consommation soutenue c’est ce que Socpa A. (2011) appelle la monotonie
diététique. Le mélange de farine manioc-maïs se fait occasionnellement, d’ailleurs le maïs
cultivé est destiné à la vente et à la fabrication de la bière locale.
244
Dans le souci de mieux connaître le régime alimentaire, s’il est standard ou non ? Si ça
change sous l’action des facteurs externes, les différents groupes de travail ont permis de faire
une représentation proportionnelle du régime alimentaire sur une période d’une semaine
(tableaux 34 et 35).
Jour
245
Jour
C’est le même constat dans le village Ouanden, la seule différence est le moment des
prises des repas. Parfois certains ménages préfèrent prendre leur premier repas le matin avant
d’aller dans les sites d’extraction de l’or et le soir à leur retour. Ailleurs d’autres préfèrent y
aller le ventre vide, la femme restée à la maison, fait le repas avant de rejoindre la famille au
chantier. Le dernier repas est pris à leur retour le soir. Dans ce cas les ménages sont fortement
dépendants du marché périodique pour avoir le subside. Pendant la saison de pluie, les jardins
pas trop loin des villages aident à l’approvisionnement en légumes (pour ceux qui y pensent) et
la forêt fournit aussi des champignons et autres roseaux comestibles (photo 85). Pendant la
saison sèche, les invertébrés entrent en jeu, on a les chenilles, les vers blancs prélevés dans la
forêt et vendus sur les marchés.
246
A
B
La photo présente les autres ingrédients fondamentaux pour la confection des sauces
d’accompagnement de la boule. Il s’agit des champignons comestibles (A) de l’espèce des cantharellus
et des feuilles de manioc « Manihot esculenta » (B). Les champignons sont des PFNL qui éclosent en
majorité dès le début de la saison des pluies.
247
Les ménages du Lom-et-Djerem ont en moyenne deux repas par jour. Le repas est
constitué de la boule de couscous manioc dans la majorité et des sauces en légumes. Par contre
les ménages du Mayo-Tsanaga avaient ce rythme de repas solides deux fois par jour additionné
d’un petit déjeuner avant les périodes dures des attaques de Boko haram. Cette insécurité qui a
causé le déplacement massif des populations et le partage des ressources disponibles avec les
ménages hôtes. Mais après 2013, le nombre de repas se réduit à un seul repas par jour. Quelques
ménages peuvent s’offrir le luxe d’un petit déjeuner, des beignets le matin et une tasse de thé.
Le repas est toujours constitué du couscous de mil, de maïs et des sauces de légumes. La
diversité et le nombre de repas pris par un ménage sont des indicateurs de son accèssibilité à la
nourriture dans une situation d'insécurité alimentaire.
Dans le Mayo-Tsanaga, le repas se prend dans le plat familial. Les ménages du Lom-et-
Djerem mangent aussi ensemble (Figure 61).
Les membres de la famille s’asseyent en groupe autour du plat. Dans la famille (C), tous
les membres de la famille sont invités à s’asseoir et manger ensemble, les parents, les enfants
quels que soientt l’âge et le sexe. Autour d’une grosse boule de manioc, une famille de 6 à 8
personnes peuvent s’y retrouver. Dans la famille suivante, le père de la famille (A) mange soit
avec ses enfants de sexe masculin soit avec ses convives, pendant que les enfants et la mère (B)
partagent l’autre plat quel que soit l’âge et le sexe des enfants. L’inverse est possible, il peut
arriver que le père mange plutôt avec ses enfants de moins de 5 ans et la mère avec ses enfants
plus âgés (planche 24). S’ensuit une compétition certaine : « Autour d’un plat de ‘dia’ couscous
en langue gbaya, celui qui est le plus rapide mange beaucoup. Nous appelons ce moment
248
« concours des 10 doigts» déclare le jeune David du village Woumbou. Généralement l’étranger
qui séjourne au sein de la famille pour un temps, est servi seul dans son assiette et est invité à
manger dans la case.
Autour du plat (A) il est constaté quatre membres de la famille, la maman et un frère au fond à gauche
et l’enfant moins de 05 ans assis au sol, au fond à droite se battant aussi pour pouvoir manger ainsi que
l’autre de ses frères (on aperçoit leurs pieds en contrebas à droite). Il se compte au total 04 personnes
d’âges différentes autour d’un plat de couscous et d’un poisson ce malgré la quantité. La grand-mère,
la maman et l’enfant mangent dans un plat (B). Un plat de riz non accompagné d’aucune sauce.
L’expression du visage de l’enfant traduit le fait peut-être que l’adulte est plus rapide et là nous notons
aussi la contenance moindre du repas pour trois personnes d’âges différents. Pendant ce temps, le père
de la famille est servi seul et les deux aînés de la famille ensemble. Tous les schémas sont possibles mais
le fait est que le repas se prend ensemble au grand dam des enfants moins rapides.
La vie dans les sociétés de la zone péri-forestière de l’Est était collective, tout se faisait
ensemble, les champs, la construction des maisons et même les hommes du même village
prenaient le repas ensemble dans un espace commun « le Mpanze » chez les Maka, solidarité
oblige (Mimbang Z.L., 2013). Dans ce cas, on pouvait regrouper les enfants du même âge du
249
village ou d’une concession autour du repas mais avec la modernisation de nos sociétés
africaines, ce principe de vie a beaucoup reculé et reste au niveau des ménages. Ces sociétés
sont aussi très enclines à la consommation des spiritueux de fabrication locale et au tabagisme.
Les distilleries traditionnelles foisonnent dans les villages et le produit final très prisé. Ces
boissons sont obtenues après fermentation de certaines céréales, fruits ou tubercules (mil, maïs,
manioc…). Il peut manquer pour manger mais il y en aura toujours pour la distillerie du village.
- Le bil-bil
Faite à base du mil ou du sorgho, cette boisson nécessite des jours de travail et se fait en
étape. 1ère étape ; tremper le mil et le laisser germer pendant une période de 48 à 72h. Après la
germination. Le mil est séché, bien séché (2 jours tout au plus à cause de l’intensité du soleil de
l’Extrême-Nord) puis écrasé. 2e étape : dans les grands canaris visés au four, on met à cuire
cette farine de mil avec de l’eau. Le feu doit toujours être attisé. Après ébullition, la mousse qui
remonte est recueillie au fur et à mesure.3e étape ; on laisse reposer la mousse obtenue puis on
y ajoute la bière (la Guinness) ou la levure (un dépôt au fond des canaris) pour aider à la
fermentation, après 2 jours le bil-bil est prêt pour la consommation. Est à la portée de tous 100
F CFA, 500 F CFA selon la mesure. Pour un sac de 100 kg de mil, on peut obtenir 100 à 130
litres d’alcool de mil. Il faut noter que les plus intrépides en quête de sensations fortes y ajoutent
dans leurs achats journaliers des sachets de whisky pour mieux « planer » disent-ils. Il y en a
pour tous les prix et pour tous les goûts. Parlant de goût, Seignobos C. (2005) dit que les
consommateurs sont plus sensibles aux saveurs amères. Le vin encore sucré ou pas encore bien
fermenté est donné aux enfants à leur retour de l’école comme coupe faim pour attendre le repas
de soir. Un seul buveur de bière de mil ou de « mbal » en fufulbé peut vider 20 litres par jour.
Périsse (1959) donne les degrés d’alcool selon le nombre d’heures ou de jours de fermentation ;
5h pour 1°45, 8h pour 2°3, 12h pour 3°0, 18h pour 3°8, 36h pour 4°05, 52 heures pour 4°30. À
la préparation, ces céréales perdent d’énormes quantités de calories et de protéines, voue une
concurrence déloyale aux ménages qui en consomment sous forme de farine. Dans les piémonts
des Monts Mandara, il y a eu souvent des trocs déséquilibrés (calebasse de graines contre
calebasse de bière), pour conséquence les réserves des ménages s’amenuisent. Ce qui est fort
regrettable pour des populations qui subissent souvent des périodes de soudures très difficiles.
250
Les brasseuses utilisent le mil ou le sorgho de qualité pour une bonne saveur de la bière. Les
céréales charançonnées ou qui ont mis du temps dans les silos ne germent pas bien (Lopez,
Muchnik, Seignobos, 2001).
- Le vin de palme
Après l’abattage du palmier à huile, le tronc est saigné, le liquide qui en sort est ce qu’on
appelle le vin de palme ou vin de raphia. Très consommé par les populations du côté de Diang.
Cette activité évidemment très lucrative vide les paysans des champs et les élèves des salles de
classe pour s’y adonner.
- L’arki ou odontol
C’est une marque d’alcool très fort et spéciale car se fabrique avec le maïs, le manioc,
banane-plantain et même le vin de raphia. Il suffit d’ajouter le sucre dans le vin de raphia et le
laisser fermenter 5 jours, puis le mettre à cuire dans une grosse marmite hermétiquement fermée
à l’argile. En pleine ébullition, la vapeur est conduite par les tuyaux préalablement placés dans
les trous de la-dite marmite et cette vapeur refroidit par l’eau versée par la distilleuse qui donne
le produit final, un liquide clair comme de l’eau. Le produit final peut contenir si c’est peu 50°
d’alcool. Quant au maïs et au manioc ; le maïs est laissé à la pourriture pour un temps, après
germination, il est mélangé avec le manioc et écrasé puis mis à cuire dans une marmite
hermétique et la vapeur qui s’échappe par le tuyau qui constitue le produit final.1/4 de verre
vendue à 100 F CFA, ½ à 200 F CFA et 1 verre à 300 ou la petite bouteille de 33 cl vendue à
500 F CFA. Selon les analyses, un verre d’odontol contient 40% d’éthanol, 10% à 20% d’eau,
20 à 30% de méthanol (très toxique) et 10% d’impuretés pas digestes (Tiki Mpondo, 1997).
L’éthanol, l’alcool à boire (CH3-CH2-OH) est obtenu à la fin de la distillation préparée à une
température de 65° mais comme c’est une fabrication traditionnelle, non contrôlée, la
température peut aller au-delà et on obtient facilement le méthanol (CH3OH) une forme
d’alcool méthylique très dangereux. Car on se souvient encore des 27 morts de la région de
l’Est en 2016 dû à sa consommation excessive. Les médecins s’accordent pour dire que c’est
très toxique pour le système nerveux, métabolisé dans le foie, provoque une acidification du
sang et une cécité certaine à cause de la destruction du nerf optique.
251
- L’alcool manufacturé
Vous ne pouvez pas faire un pas dans les pistes des villages de l’Est sans voir les petits
kiosques chargés de boissons alcooliques (en sachet). La vente de ces sachets de whisky est très
lucrative, tous en consomment, jeunes, femmes, hommes et vieux y passent. Il y en a pour tous
les prix 50 F CFA, 100 F CFA ou 150 F CFA, à la portée de la bourse moyenne. Sa
consommation est tellement banalisée que même les enfants en prennent : « lors des descentes
sur le terrain, j’ai pu assister à un spectacle désolant où un enfant de 10 ans a acheté un paquet
de ce whisky que les 9 membres de la famille ont consommé. J’étais abasourdie ; la femme que
j’interrogeais m’a dit que chez eux c’est normal et je n’avais pas à être choquée. Me demandant
si nous en ville on en consommait pas ». Dans les sites ou proches des mines, le commerce des
sachets de whisky et du tabac est très florissant et la consommation est de mise. On peut
apercevoir les artisans, un artisan avec un sachet accroché aux lèvres pendant qu’il travaille.
Les travaux de Nguepjouo & Manyancka, (2008) confirment que : « dans les mines, la
consommation des drogues douces (alcool, tabac) est monnaie courante dans la mesure où
elles sont supposées leur donner du courage, soulager leurs désillusions et atténuer la fatigue
mais qui sont aussi source de rixes et de troubles sévères de comportement. En tout cas, ils
disent en avoir besoin pour se renforcer et se chauffer le sang ».
252
Planche 25 : Les différents spiritueux traditionnels consommés dans les zones d’études
D
C
253
Un bon cocktail Molotov pour s’autodétruire à petit feu et Roulon-Doko (2001) de dire :
« parmi tout ce qu’ils absorbent, boivent ou fument, un certain nombre de produits ont la
particularité de contenir un principe actif nocif qui va remonter des poumons à la tête où il
aura une action sur le cerveau…dans le cas de l’alcool qui, lui brûle la poitrine, poumons et
foie comme un incendie de savane. L’activité nocive de l’alcool place l’individu entre le normal
et la folie. Pour ce qui est du tabac et du chanvre, tandis que la nocivité du tabac, ne peut que
donner des maux de tête, celle du chanvre, elle entraîne une altération progressive du cerveau,
d’abord passagère, puis irréversible considérée alors comme une forme particulière de folie ».
Quand ces substances doivent trouver un organisme pas bien nourri, il le fragilise davantage
avec des situations irrémédiables pour le corps humain. Même la consommation du tabac et de
l’alcool a un impact sur la santé d’une femme enceinte et son futur bébé l’exposant à une
prématurité certaine et une IPN ; « Bien que le pourcentage de femmes qui fument soit encore
faible dans de nombreux pays, les femmes et leur progéniture continuent de courir des risques
importants d’issue défavorable de la grossesse en raison de leur exposition au tabagisme passif.
Des contaminants du tabac sont transmis au fœtus à travers le placenta et au nouveau-né à
travers le lait maternel. Les dépenses consacrées au tabac limitent aussi la capacité des familles
de fournir une meilleure alimentation aux femmes enceintes et aux enfants » dixit l’OMS, 2011.
En principe, l’être humain doit consommer des éléments nutritifs et non des aliments
isolés à sa convenance gustative. « Le plat de nourriture » doit contenir des aliments qui se
254
complètent du point de vue nutriments, dont des denrées de base comme le riz, le maïs et le blé,
fournissent principalement des glucides, sources d’énergie, mais aussi des quantités non
négligeables de protéines, un peu de lipides et d’autres nutriments utiles. Les céréales
fournissent une partie des éléments nécessaires à l’énergie, à la croissance et à la cicatrisation,
et à l’entretien de l’organisme. (CIN, 2012). Pour une meilleure compréhension, deux choix de
plats des deux départements de consommation régulière sont étudiés pour avoir leur valeur
alimentaire en termes de kilocalories.
Rappel mémoire
Un individu, sur une période de 24 heures, a 8 heures de sommeil, 8 heures de temps pour
garder son bétail et enfin 8 heures de temps assis en effectuant des travaux mineures sans trop
d’effort, il aura besoin de 2 640 Calories/ jour (c’est le principe). Dans les zones d’étude, les
255
activités majeures menées par les populations entre autre les travaux champêtres, le commerce,
l’orpaillage artisanal. Ce sont des activités physiques qui nécessitent des efforts physiques donc
un apport en calories considérable.
Cas 1 : Cas de l’agriculteur qui a 8 heures de sommeil, 8 heures pour sarcler son champ, bêcher
un sol dur et le soir il passe 5 ou 8 autres heures dans sa boutique pour vendre, il aura un besoin
de 3 180 à 3 580 calories pour une journée pour compenser sa perte en énergie.
Cas 2 : cas d’un gardien de bétail, de son retour après 5 heures de garde, il va ouvrir sa boutique
pour vendre pour 8 heures de temps, il aura besoin de 3 150 calories par jour.
Cas 3 : celui d’un orpailleur, il fait 8 heures au chantier en train de creuser, porter les graviers
et autres, il a besoin en moyenne de 2 430-3 150 calories/jour.
Plus l’effort est physique, plus la dépense en énergie est grande et le corps compense cette
perte donc il faudrait que le repas à consommer réponde à son besoin en calories journaliers
sinon à la longue risque être improductif parce que malade et affaibli. En dehors de l’activité
exercée, d’autres statuts entrent en jeu : la femme allaitante et la femme enceinte ont besoin de
plus de calories pour assurer le développement du bébé dans le ventre et pouvoir lui donner
son lait à l’accouchement, le jeune enfant ou le nourrisson (l’age) besoin en calories pour la
croissance, le climat ; chaud (moins de calories), froid (plus de calories) pour pouvoir régler la
température du corps à 37°. Pour l’Afrique, le nombre de kilocalories recommandé par l’OMS
et la FAO est 2 400 kcal/jour/individu (FAO, 1996). En des termes plus simples, ils
recommandent pour un homme actif, 13 tasses (aliment de base à l’exemple des céréales), 6
cuillères de légumes feuilles et 3 tasses de légumineuses par jour. Pour un enfant de 2 à 3 ans,
il lui faut 3 cuillères d’huiles, 3 cuillères de légumes feuilles, 2 tasses de légumineuses et 3
tasses d’aliment de base par jour. Les quantités sont aussi différentes pour les femmes selon
son état physiologique (femme nubile, femme enceinte, femme allaitante, femme agée).
256
La méthode QuiBB est une méthode d’enquête par sondage aléatoire basée sur l’étude
des indicateurs du bien-être des ménages parmi lesquelles l’autoconsommation (une
consommation alimentaire des denrées produits par le ménage) afin d’évaluer le niveau de
vulnérabilité des ménages à l‘insécurité alimentaire. On a sur la base des repas ventilés dans le
Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem fait le choix de deux repas chacun à analyser (un repas
adulé et un repas très accessible pour le ménage). Sur la base de l’apport calorifique que peut
contenir un repas, on peut mieux comprendre l’état nutritionnel d’un ménage et le lier aux
maladies qui sévissent dans la région. À partir de la base des données sur la composition des
aliments (tableau 38), où chaque aliment correspond à un certain nombre de calories et de
nutriments, le calcul de l’apport calorifique a pu se faire.
Tableau 38 : Valeur nutritionnelle des aliments couramment consommés dans les Monts
Mandara et le Lom-et-Djerem
Aliments Énergie Lipides Eau Protéines Glucides Calcium
(calorie) (g) (ml) (g) (g) (mg)
Maïs, blanc, farine 335 1,0 12 8,0 77 6
Manioc (farine) 363 0,5 9 1,1 88,5 84
Mil 341 4,0 12 10,4 71,6 22
Sorgho 347 3,2 10 11,1 74,1 26
Niébé 338 1,4 11 22,5 61,0 104
Arachide, sèche 549 44,8 7 23,2 23 49
Arachide fraîche 332 25,0 45 15,0 12,0 30
Huiles végétales 884 110,0 0 0 0 0
Légumes verts foncés 42 0,2 94 4,6 8,3 410
(amarante, foleré, koko)
Baobab, feuille crue 67 0,3 77 3,8 13 400
Manioc, feuille crue 90 1,0 72 7,0 14 350
Oignon ou échalote 1,2 9,6 41 0,1 1,0 27
Champignon, frais 30 0,5 90 1,5 7 20
Gombo, fruit frais 35 0,2 89 2,1 7 84
Gombo, feuille crue 58 0,6 82 4,4 9 530
Poisson séché 309 6,3 20 63,0 / 3000
Chenilles séchées 430 15,4 249 52,9 16,9 185
Viande de bœuf 237 17,7 63 18,2 0 11
Chèvre 170 11,0 68 18,0 0 11
Mouton 255 21,0 61 17,0 0 10
Piment séché 312 9,4 13 13,9 56,0 538
ail 131 0,1 63 5,2 30,2 33
Lait de femme 67 3,1 87 1,1 9,1 0
Bière locale 25 0,2 - - 0 -
Source : FAO (1968) et Platt (1962)
257
Pour le Mayo-Tsanaga, il est retenu : le couscous de mil accompagné de sauce gombo sec et le
couscous de maïs accompagné de la sauce de foleré faite avec de la pâte d’arachide « ham-
ham » en kapsiki.
La quantité de kilocalories que peut procurer ce plat est de 1 260 Kilocalories. Ce n’est qu’une
estimation car nous avons utilisé les proportions des aliments frais (à l’état frais, la teneur en
eau d’un aliment est de 75 à 85% or après séchage, il est de 5%. L’huile généralement utilisée
est en quantité minime ou pas du tout utilisée. Ces détails peuvent réduire la proportion de
calorie d’un repas.
La quantité de kilocalories que peut procurer ce plat est de 1 810 Kilocalories. L’ajout des
ingrédients comme l’oignon, la tomate, l’ail ou la viande, le poisson va dépendre des moyens
financiers des ménages. Sinon la composition du plat standard est celui-ci. Les arachides sont
séchées et grillées puis moulues pour obtenir une pâte utilisée pour la cuisson.
Pour le Lom-et-Djerem, deux plats aussi sont retenus ; le couscous ou la boule de manioc
accompagnée de viande grillée à l’huile et le couscous de manioc accompagné des légumes de
koko à la pâte d’arachide.
258
La quantité de Kilocalories pour ce plat est de 1 484 Kilocalorie. La viande est soit frit dans
l’huile soit braisée à la grille donc la proportion de l’huile va dépendre du type de cuisson utilisé
mais pour servir, de l’huile est ajoutée dans le plat pour humidifier le couscous.
La proportion de kilocalorie que fournit ce plat est de 2 173 kilocalories. Bien que le
koko soit classé ici parmi les légumes verts foncés, il faut noter qu’il a une teneur de 18,2 % en
protéines, de 6,2 % en lipides plus que les autres légumes du même groupe (Mialoundama,
2007). La farine ici est le mélange de farine de maïs et de farine de manioc, les ingrédients
comme le poisson ou la viande peuvent être ajoutés mais selon les moyens que disposent le
ménage.
Les chiffres obtenus ne sont qu’une estimation car plusieurs facteurs entrent en jeu ; le
mode de cuisson (bouillir, au four par chaleur sèche, friture dans un corps gras, à la vapeur,
rôtissage, cuisson à la vapeur sous pression d’une forte source de chaleur (feu de bois, du gaz),
le mode conservation (le séchage) altère la qualité de l’aliment, lui font perdre les constituants
et les concentrés de vitamines à l’aliment. Exemples : les légumes ; étant d’origine végétales,
la teneur en eau, vitamines et minéraux est modifiée lors du stockage, les conditions de
production (géochimie du sol, composition de l’engrais utilisé et les pesticides (Eldridge &
Kwolek, 1983). Les céréales, leur teneur en protéines va dépendre aussi de la qualité du sol et
des engrais utilisés. Lors de la transformation en farine, la graine peut perdre des fibres
alimentaires, les éléments minéraux (cas du maïs dépulpé pour avoir une farine de couleur
blanche) et le processus que subit le manioc (trempage, rouissage, séchage) pour se débarrasser
de l’acide cyanhydrique qu’il contient est un couteau à double tranchant car à la fin du
processus, le manioc est complètement vidé de ses nutriments, il ne reste que de la farine. Et
Favier J.C. (1973) de dire « …dépouillée de la plus grande partie de ces nutriments solubles
par des longs trempages et lavages à l’eau qui éliminent ces principes énergétiques, il importe
donc de les proscrire de la cuisine africaine et qu’il soit remplacé par les céréales ou à la
rigueur d’autres tubercules plus riches en protéines… ». Pourquoi pas faire un mélange de
farine maïs-manioc pour être sûr de combler le déficit des différentes transformations mais une
éducation nutritionnelle s’impose.
259
Alors, la remarque générale est que, malgré les nombreuses combinaisons que nous
pouvons faire des différents plats consommés dans nos zones d’étude, l’apport en kilocalories
est très faible, en deçà du nombre (2 400 kilocalories voire 5 000 kilocalories nécessaires à un
agriculteur africain en période de travaux champêtres par journée de 8 heures) recommandé par
la FAO/OMS pour se maintenir en santé. Ce nombre est recommandé pour un individu par jour
sans compter qu’il faut tenir compte de la déficience de son état de santé ; or on a noté que la
répartition du repas intrafamilial bien que culturel n’aide pas les ménages à combler ce déficit
pour un individu surtout le jeune enfant. Il a peut-être le ventre plein mais les nutriments
nécessaires pour être en parfait santé sont insuffisants donc la diversité des plats et des sauces
présentés dans le Mayo-Tsanaga est illusoire mais la réalité de l’insuffisance alimentaire et
nutritionnelle est manifeste. C’est pour cela que la consommation soutenue d’un aliment est
désavantageux, il faut une combinaison dans les 5 groupes d’aliments qui existent, consommer
aussi des aliments crus comme les fruits pour compenser les pertes de nutriments lorsqu’un
aliment est cuit, séché ou fumé.
Il existe une relation entre l’utilisation des aliments à la portée des ménages et les
pratiques des soins au sein du ménage, l’accès à l’eau et l’assainissement qui sont des éléments
clés de la compréhension de l’état nutritionnel d’une population donnée. De prime à bord,
certaines tranches de la population sont les plus exposées et ne manifestent pas le problème de
la même façon d’où la priorité sur les enfants de 0 à 59 mois.
Pour avoir des informations sur le mode d’alimentation des enfants de 0 à 59 mois, on a
procédé à une enquête auprès des femmes rencontrées dans les différents centres de santé du
Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem, du personnel de santé (infirmiers, nutritionnistes dans les
centres de prise en charge des malnutris). L’observation aussi a aidé lors des descentes dans les
villages à se faire une idée de la pratique des soins infantiles (encadrés 11, 12 et 13).
260
L’allaitement maternel durant les 6 premiers mois de la vie de l’enfant est le régime alimentaire
conseillé et idéal. Des Monts Mandara jusqu’au Lom-et-Djerem, des bébés qui naissent y sont
soumis certes mais les soins sont inappropriés.
Le colostrum est le tout premier lait des femmes après l’accouchement. De couleur
jaunâtre, il est hautement nutritif et riche en propriétés anti-infectieuses (les immunoglobulines
et les anticorps). Chez un nourrisson en bonne santé, le lait d’une mère en bonne santé apporte
suffisamment d’eau et d’électrolytes pendant six mois et l’enfant n’a pas besoin de suppléments
d’eau, même en pays chaud (FAO, 2012). Or il est parfois donné à l’enfant parfois jeté,
considéré comme impur par les mères (FAO, 2006).
261
L’enfant d’à peine 06 mois mange avec les adultes et comme les adultes. Le soin
particulier à lui accordé est lorsque sa maman l’allaite au sein. Après 06 mois, lorsqu’il est apte
à se débrouiller seul, il mange avec les autres enfants de la famille quel que soit son âge. Et
même l’enfant ne peut se satisfaire. Un enfant qu’on prive ou à qui on introduit très tôt une
alimentation solide et riche en féculents devient moins résistant aux attaques extérieures et plus
exposé aux infections multiples. Et les ménages en ont quelque part conscience que ses
pratiques sont néfastes pour la progéniture. À la question de savoir si un membre de la famille
est déjà tombé malade après un repas, sur 195 ménages du Lom-et-Djerem, 131 (32,6%)
ménages malgré le constat fait continuent de manger comme d’habitude tandis que 64 (15,9%)
ménages ont amélioré leur alimentation. Il en est de même dans le Mayo-Tsanaga, où 179
(44,5%) ménages sur 207 interrogés n’envisagent pas changer leur alimentation or 28 (6,9%)
l’ont fait sur les conseils reçus au centre de santé (figure 61).
262
200 179
180
Nombre total de ménages
160
140 131
120
100
80 64
60
40 28
20
0
Lom-et- djerem Mayo-tsanaga
Départements d'enquêtes
263
L’eau est un nutriment indispensable à la vie, les problèmes de santé ont parfois un lien
avec un approvisionnement insuffisant ou un manque d’eau voire à une consommation d’eau
insalubre. Dans le Mayo-Tsanaga, le problème d’approvisionnement en eau potable se pose
avec acuité et les sources d’eau sont diversifiées (figure 62). En saison de pluie, les mayos
constituent une source d’eau privilégiée, elles sont débordées et les populations des zones
rurales s’en donnent à cœur joie. En saison aride, l’eau est une denrée rare au point où le fait de
prendre un bain est un luxe. En dehors des mayos, l’alimentation est assurée par les
puits/forages (surtout en zone de plaine) peu nombreux et très profonds pouvant aller jusqu’à
60 m à 80 m. en zone de montagne, l’eau est une équation difficile à résoudre et les populations
à l’aide des bidons font des kilomètres pour chercher la denrée dans les bas-fonds au risque de
faire des mauvaises rencontres avec les félins sortis des grottes à la recherche de l’eau. L’eau
est utilisée ici pour la cuisson des aliments, les tâches ménagères, les soins corporels quand
l’occasion se présente car on évite de gaspiller le liquide au maximum.
[] 2,9%
3,9%
9,2%
Autre
Borne fontaine
Puits
35,6%
Rivière
264
phréatique, le coût de la réalisation est très élevé alors, seuls les ménages riches peuvent se
l’offrir et les gardent souvent fermés au public. L’eau y est tellement rare que parfois il faut
creuser les lits des « mayo » asséchés et attendre près de 4 heures pour que l’eau monte et qu’on
puisse le recueillir. Creuser dans le sable, constitue un véritable danger car parfois les enfants
qui descendent dans ses trous de fortune se trouvent souvent ensevelis sous les masses de sable.
Le problème a été revisité en image (planche 26).
265
A
B
266
Ces puisards improvisés sont des tombeaux potentiels car les jeunes enfants y laissent souvent
leurs vies. Ce fut le cas un mois après le passage sur le terrain, 4 enfants sont morts des suites
d’un éboulement dans un trou à la recherche de l’eau.
Le travail de la collecte d’eau est attribué à la femme et aux enfants. Réglées comme
l’horloge, ces femmes ont un emploi de temps peu variable, la collecte est journalière et prend
suffisamment de temps. Que ce soit celle qui va en brousse chercher de l’eau à une distance de
près de 20 km, que ce soit celle qui va attendre au point d’eau du village, le temps ou la file
d’attente est pareil, près de 4 à 5 heures de temps pour avoir un bidon de 20 litres pour les soins
de toute la famille (un ménage d’au moins 7 à 10 membres pour les familles à régime
monogame). Autour de ces différents points d’eau, puisque la majorité des femmes du village
y passent la majeure partie de leurs temps, elles profitent pour y faire d’autres activités comme
se tresser, décortiquer les graines d’arachides, laver les habits, se raconter les potins du village
et les enfants profitent de ce moment pour diverses jeux. L’accès à l’eau est un problème qui
perdure, Duriez C., (2007) rapporte qu’à Yele, un petit village de Mogodé les gens devaient
aller chercher l’eau dans un forage distant de 6 kilomètres. C’était le seul valable, on y va à
trois heures du matin, on en revient à dix-huit heures avec un seau, parfois il faut mettre le seau
en file d’attente et le récupérer le lendemain soir.
267
B
A
D
C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 100 : File d’attente au point d’eau à Photo 101 : File d’attente au forage Gleu
Minawao
E F
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 102 : File d’atente au point d’eau de Photo 103 : Femmes et enfants en attente de
Mogodé la montée de l’eau
Certains villages sont dotés des puits aménagés et équipés d’une pompe à motricité humaine. La
pression est exercée soit c’est avec la force des bras (A) soit c’est avec la force des pieds (B) pour la
montée et l’écoulement de l’eau. Pour avoir cette eau, il faut une bonne dose de patience, même au sein
du camp de Minawao (C), il faut se lever très tôt et à l’aide d’un bidon, le déposer comme garant dans
la ligne d’arrivée et revenir à l’heure prévue pour l’ouverture et attendre son tour. Au centre-ville de
l’arrondissement de Mogodé, c’est la même pratique, il faut être là tôt, aligner son bidon (E) et attendre
son tour. Même scénario dans les villages (D). Au lieu d’attendre, d’autres femmes vont aller creuser
des puits improvisés et attendre quelques heures que l’eau monte et elles peuvent la recueillir (F).
268
Les sources d’eau sont diverses pour la boisson et Les tâches ménagères. Parfois située
au sein des villages, parfois il faut faire en moyenne près de 20 km pour aller en chercher. Le
transport dans ce cas se fait à dos d’âne ou à moto. En saison sèche, la disponibilité est limitée.
Cette eau ne fait objet d’aucun traitement donc la qualité est douteuse.
B
A
D
C
269
Le forage offre une eau de qualité meilleure car elle est au moins protégée des moindres
pollutions externes. Dans la plaine et surtout en zone urbaine, le problème de
l’approvisionnement en eau se pose différemment. L’eau ici est issue des eaux de ruissellement,
retenue dans un barrage (figure 64). Elle est captée, filtrée et stockée dans un château d’eau
puis distribuée dans les ménages. L’acteur principal ici est la CDE. Elle dessert aussi des
arrondissements proches de Mokolo comme Souledé-Roua (quelques villages) et Koza (centre-
ville). Les ménages des cours communes peuvent s’associer pour une adduction d’eau au sein
de la concession afin d’amoindrir la facture d’eau. La facture d’eau d’un ménage peut revenir
à 3000 F CFA, ça dépend du nombre de personnes au sein du ménage. Dans les villages
desservis, des bornes fontaines sont créées, l’eau y est vendue, le bidon de 20 litres à 150 F
CFA voire 200 F CFA. Certaines jeunes sont spécialisées dans la livraison d’eau à domicile,
ce qui leur permet de se prendre en charge.
C D E
270
C’est un système gravitaire car l’eau part d’une prise d’eau (barrage, rivière) à l’aide des
gros tuyaux pour être distribuer. La figure 63 présente le réseau de captage de l’eau depuis le
barrage de retenue d’eau dans le village de Mokola (A), puis elle est traitée à la station située à
quelques encablures du barrage (B), cette eau traitée est stockée au niveau du château d’eau en
plein centre-ville de Mokolo (C), elle est ensuite distribuée à l’aide des gros tuyaux (D) dans
les villages environnants et dans les ménages au travers des compteurs personnels (E).
Dans le Lom-et-Djerem, la situation est différente car nantie en cours d’eau, le problème
se pose maintenant au niveau de l’accès à l’eau de boisson. Dans chaque village, il existe au
moins un point d’eau aménagé et équipé d’une pompe. Le problème se pose généralement au
niveau de la gestion et entretien de ces points d’eaux qui facilement sont en panne et laissés à
l’abandon (planche 29). Exemples : Dans la commune de Betare-Oya, sur 236 points d’eaux
existants (voir Planche), 111 sont à réhabiliter, 69 en bon état et 56 endommagés (Commune
de Betare-Oya, 2018). Les points d’eau à réhabiliter sont des sources creusées çà et là, construits
à l’aide des pierres et l’eau s’écoule à travers des rochers. Et les 69 forages en bon état
desservent près de 36 015 âmes réparties dans 26 villages. Le gap est significatif par rapport à
la taille de la population. Dans la commune de Garoua-boulaï, il y a 268 points (forages, puits
et sources) d’eaux, 54 points d’eaux sont endommagés et 57 doivent être remis à neuf pour une
population de près de 89 023 âmes.
271
A B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 108 : Point d’eau fonctionnelle à Gado Photo 109 : Point d’eau en bon état à
Betaré
C D
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 110 : Puits dans une concession à Goza Photo 111 : Rivière à Goza
E
F
272
L’enquête montre que les ménages sont surtout très dépendants des forages à pompes
(figure 65). Au moins 37,8 % des ménages l’ont confirmé, pendant que d’autres ménages à
hauteur de 3,9% se rabattent dans les rivières et 2,5 % dans les puits familiaux. Dans une
moindre mesure, l’eau en sachet (2,5%), est surtout consommée par les ménages en zone
urbaine, un sachet coûte en moyenne 50 F CFA.
3,9% 0 1,7%
2,5%
2,5%
Autre
Borne fontaine
Puits
Rivière
37,8%
Dans l’ensemble des deux régions, les ménages se débrouillent comme ils peuvent pour
avoir de l’eau pour les besoins de la famille. L’avantage que possède le Lom-et-Djerem est
l’eau en général est disponible malgré la saison, les cours d’eaux ne tarissent pas. Mais ce sont
les activités humaines qui contribuent à polluer ces eaux et la mauvaise gestion des forages
existants. C’est ce qui n’est pas le cas du Mayo-Tsanaga, l’eau est une denrée rare. Quelle que
soit sa qualité, il faut soit parcourir des distances pour avoir au moins un bidon de 20 litres soit
attendre des heures au forage du village au risque d’y passer une journée entière. En saison de
pluie, les mayos sont pleins à profusion au point où il y a parfois des inondations mais en saison
sèche, ils sont complètement secs. « Pour se laver, on trempe un bout de tissu dans l’eau et on
s’essuie les aisselles et le visage » rapporte un jeune du village Gouria. Quant à la traiter pour
la consommation, c’est un réel problème (figure 65).
273
100%
90% 6,9 10,9
80%
70%
Pourcenatge %
60%
50%
40% 41,1 40,6
30%
20%
10%
0%
Lom-et-Djerem Mayo- Tsanaga
Aucun traitement Laisser les déchets se déposer au fond du récipient Autre
Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019
Figure 66 : Méthode de traitement d’eau de boisson dans les ménages
À la question de savoir si l’eau prélevée au niveau des forages, des puits et autres
subissent un quelconque traitement avant d’être consommée. 41,1 % des ménages du Lom-et-
Djerem affirment ne rien faire, l’eau est consommée telle que prélevée cependant 6,9 % des
ménages prennent la peine de laisser les déchets se déposer au fond du récipient avant la
consommation. Dans le Mayo-Tsanaga, 40,6 % des ménages n’administrent également aucun
traitement à l’eau malgré les campagnes de sensibilisation. Seuls 10,9% laissent au moins l’eau
se décanter avant de boire.
L’un des facteurs des composantes de base de l’insécurité alimentaire est l’hygiène et
l’assainissement qui a d’énormes impacts sur l’état nutritionnel et la santé des membres du
ménage. Il s’agit de comprendre comment les ménages gèrent les déchets solides et liquides
afin d’éviter toutes les contaminations.
Les mesures sont prises pour l’évacuation des excréta humains à travers la construction
des lieux d’aisance. Généralement situées derrière la maison familiale et parfois pas très loin
de la cuisine, ces latrines qui normalement devraient être des toilettes sèches uniquement pour
les fèces et les urines ne le sont pas car elles allient deux fonctions : WC et douche. Très
rustiques dans la construction, ce sont des simples trous creusés et dallés avec de la terre ou des
troncs d’arbres, la cabine est faite de vieux tissus, des planches de bois parfois, de pierre ou de
nattes tressés. La dalle faite avec du ciment relève de la capacité financière du ménage. Ces
274
ouvrages ne sont pas totalement couverts exposant à suffisance la dignité humaine (planche 30).
Puisqu’ils servent également de douche, l’eau du bain y est constamment versé, le sol toujours
mouillé en contact avec les excréta favorise la prolifération des mouches et des larves de
diptères, ces mouches s’y vautrent et vont se déposer sur les aliments source de propagation de
nombreuses maladies.
C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 116 : Latrine en pierre Photo 117 : Cabine construite avec des
pierres et de la boue
Les latrines dans le village de Kossehone sont des prototypes de constructions des latrines qu’on trouve
quand il en existe. La dalle est cimentée mais pas entretenue (B), l’armature est faite d’herbes séchées
et tissées pour en faire une natte et couvrir la latrine (A). Elles sont typiques de la zone montagneuse.
Dans le village Mokola, les latrines sont creusées entre les fentes des rochers (C), et généralement peu
profonds car rencontrent d’énormes blocs dans le sol, l’ouverture est agrémentée d’un ustensile usagé
la cabine est un amas de pierre consolidé parfois avec de la boue (D). De profondeur moyenne, il est
vite rempli et refermé, le ménage creuse ailleurs. Le fait qu’il n’existe pas de porte n’est pas un réel
problème.
275
À cause des moyens financiers restreints et des habitudes, les ménages ont des difficultés
à aménager les lieux d’aisance. Il suffit d’un trou et des planches pour servir des latrines. Ce
qui est un danger pour les enfants et même les adultes imprudents. Il faut vraiment avoir le
réflexe de sauter au cas où le sol se déroberait sous les pieds. Certaines latrines sont collées à
la maison entourée juste de vieux linges et de sacs. La dalle est faite de terre, les morceaux de
bois servent de support à l’individu pour se tenir et se laver. Les enfants en bas âge sont souvent
interdits d’y aller alors ils font des selles où ils peuvent, tout autour des maisons et seul le soleil
ou la pluie ou les animaux domestiques servent de décomposeur de la matière.
276
B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 118 : Latrine couverte des feuilles Photo 119 : Latrine dallé
D
C
F
E
277
La profondeur des latrines est d’à peine 2 à 3 mètres à cause des contraintes du milieu
physique ; le faible coût de réalisation, la présence des blocs de roches dans le sol, la dureté du
sol surtout que la manœuvre se fait juste à l’aide d’une pioche et d’une pelle (dans les Monts
Mandara). Dans la zone péri forestière, la réalité est tout autre, très entouré par une forêt, le
premier endroit pour se soulager est la nature et le fait de pratiquer l’élevage des porcs est une
raison pour le faire à l’air libre, c’est une forme de mangeoire pour ces animaux élevés en plein
air (figure 66). C’est après les sensibilisations par les associations de développement et les
exigences des allogènes installés que l’habitude de construire les lieux d’aisance sont adoptés
mais très timidement surtout en zone de forêt. La protection de l’intimité et la commodité des
lieux d’aisance ne fait partie des priorités.
45 42,8 60
40 49,3
50
35
30 40
25
30
20
15 20
10 5,7
5 1,5 10
0,7 0
0 0
Brousse, nature Latrine, trou Autre Brousse, nature Latrine, trou dans Autre
dans le sol le sol
Lom‐et‐Djerem Mayo‐Tsanaga
Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019
Figure 67 : Les types de latrines utilisés dans les deux départements
Lors des enquêtes de terrain, 49,3 % de ménages dans le Mayo-Tsanaga utilisent les
latrines traditionnelles, un trou creusé et agrémenté d’une cabine fait de matériaux divers, 0,7
% de ménages vont dans la nature. Le reste à hauteur de 1,5% n’en possèdent pas et vont
parfois dans la brousse ou chez les voisins. Dans le Lom-et-Djerem, 42,8% de ménages
possèdent des latrines également pendant que 5,7% de ménages vont encore dans la brousse.
Ceux qui en possèdent, le partagent avec d’autres ménages. Le fait de déféquer en plein air est
une réalité dans les deux départements et elle s’est accentuée lors des arrivées massives des
réfugiés et des déplacés avant leur prise en charge dans les camps et autres. Malheureusement
le problème n’est pas résolu car même au sein des camps, on peut toujours apercevoir des dépôts
d’excréments humains çà et là. Ce qui soulève la question sur l’habitude de l’utilisation des
latrines et de l’utilisation des latrines fournies par les partenaires humanitaires. Dans les zones
aurifères de l’Est, à cause de l’installation de nombreux campements des populations qui
278
suivent la découverte des roches mères pour l’extraction de l’or, ces campements sont
dépourvus de latrines et de points d’eaux, la pollution est de mise (figure 67).
160
Lom et djerem Mayo tsanaga
140
120
Pourcentage (%°)
100 76,9
80
60
23,18
40
62,56
20 37,44
0
Non Oui
Les latrines qui existent sont utilisées par plusieurs ménages. Dans le Lom-et-Djerem, 62,
56% ont répondus négativement à la question de savoir si leurs ménages du voisinage utilisaient
leur latrines alors 37,44% ménages disent le contraire. Dans le Mayo-Tsanaga, 76,90% ménages
prétendent que les latrines sont à usage familial et 23,18 % le partagent avec d’autres ménages.
Ceci montre à suffisance, qu’il existe des ménages qui ne possèdent pas de latrine pour
l’évacuation de leurs déchets solides et liquides et profitent de ceux de leurs voisins ou vont en
brousse. En bref, les ménages ne disposent pas de latrines adéquates et acceptables, l’entretien
et le nettoyage ne se faisant pas, est une source de contamination par la présence des défécations
un peu partout et une source susceptible de contagion des maladies car utilisés par plus d’une
famille. On note également un manque d’adduction d’eau potable et une insuffisance des
toilettes dans les lieux publics comme les marchés et les écoles ; les enfants font de leur mieux
en apportant des petites bouteilles d’eau qu’ils maintiennent dans des chaussettes pour les tenir
un peu frais surtout dans la zone chaude le besoin est énorme à cause de la chaleur. S’agissant
de l’évacuation des déchets solides, il n’y a pas de programme de gestion les ménages en
déversent partout à côté des maisons comme dans les lits des cours d’eaux qu’ils utilisent. Dans
les Monts Mandara, heureusement que le soleil joue un rôle de digesteur parfait mais reste un
risque pour la santé publique rendant l’environnement sale et consternant. Les pratiques
d’assainissement sont des pratiques indéniables qui jouent un rôle dans la vulnérabilité des
279
ménages et du jeune enfant. Les principaux risques sont les infections dans des organismes mal
nourris, la sécurité physique quant à l’accès aux latrines existantes, la difficile éradication des
maladies diarrhéiques. L’assaissinement est essentiel dans la bonne santé comme l’explique Jan
Eliasson, vice sécretaire général des Nations Unies « Pourquoi les toilettes sont importantes ?
Parce qu’elles préviennent les maladies et la sous-nutrition, elles aident les enfants à survivre
et à être bien portants, les communautés à se développer et les pays à prospérer. Chaque dollar
dépensé dans le secteur de l’assainissement a un rendement cinq fois plus élevé en matière de
santé et de productivité4 ». Dans un milieu où l’assainissement est médiocre, même les enfants
sont souvent infestés d’ascaris (Ascaris lumbricoïdes) or ces infections contribuent aussi au
développement de la malnutrition, l’enfant suffisament mal nourri ses anticorps sont incapables
de lutter (FAO, 1996). L’habitat est un élément important du bien-être d’une population,
nécessaire pour la sécurité des individus contre les agressions du climat et offre une résistance
au problème de maladie. C’est aussi un indicateur de la pauvreté monétaire des ménages par
conséquent de l’accès à la nourriture.
4
In Rapport Génération Nutrition, 2014, p 21.
280
A B
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 124 : Habitat en terre battue à Photo 125 : Habitats couverts en tôle à
Goza Longa mali
C D
Bien qu’étant à la périphérie de Garoua-boulaï, les habitats à Goza sont construits avec des briques de
terres rouges (A), les sols sont nus, sans aucun revêtement et coiffées dans des toits de chaume de
branchages séchées. L’habitat à Longa mali est fait à base de brique de terre coiffée par une charpente
de bois et couverte de tôle (B), les ouvertures sont en bois également et la cuisine juste un assemblage
de 4 piquets couvert de paille pour se protéger du soleil. Les murs de certaines maisons (C) sont le
résultat d’une association des lianes, de piquets agrémentés d’une bonne dose de poto poto. Dans les
campements ou cantons crées suite à la découverte d’un filon d’or, les ménages logent dans les huttes
faites de branchages couverts par des bâches en plastique (D). Le risque des ruptures des structures de
l’habitat est accru, ne dispose pas d’une bonne aération encore moins la famille protégée contre les
rigueurs du climat et des moustiques qui prolifèrent.
Le type d’habitat est sans doute lié au statut socio-économique du ménage. La première
et d’ailleurs la principale source d’éclairage est la lampe à pétrole pour 33,1% de ménages.
3,7% des ménages utilisent la torche alimentée par des piles et l’électricité plus présente dans
les périphéries des zones urbaines, seuls 11,4% en font usage. L’électricité dans le Lom-et-
281
Djerem est présente seulement en milieu urbain dans les villes de Bertoua, Garoua-Boulaï. Les
autres chefs-lieux d’arrondissement sont alimentés par des groupes électrogènes sous la gestion
d’ENEO. Ces localités subissent la fourniture raisonnée de l’énergie électrique. Il y’a des
tranches horaires et souvent par quartier. Parfois, ces groupes électrogènes tombent en panne et
la pièce de rechange ou le technicien ne peut que venir de Yaoundé alors les ménages sont dans
le noir total.
Dans le Mayo-Tsanaga, 27,8% des ménages sont propriétaires de leurs logements, 2,5 %
des ménages versent une somme d’argent pour se loger, 16,4% sont logés dans la concession
familiale et 4,7% sont logés gratuitement. Dans cette partie du pays, une concession familiale
est un amas de petites cases (2 à 5 cases en fonction de la taille du ménage et du statut
matrimonial du chef de ménage.). Dans les familles polygamiques, le nombre de cases dépend
du nombre de femmes, chacune en possède une avec ses enfants, le chef de famille a sa case
seul ; 26,6% des ménages dans leur concession ont 3 cases, 6,7% en ont 2, 14,7% des ménages
ont 4 cases, 5,5% des ménages en possèdent 5 et 0,9% pour 1 case et c’est une exception. C’est
l’identité même de l’Extrême-Nord. Divers matériaux sont utilisés dans la construction des
cases ; les briques de terre, les briques de parpaings (sable et ciment), mélange de ciment et
brique de terre (généralement appelé construction en semi dur), une mélange de pierre et de
terre battue (planche 33). Paysage de fer à cause de la prédominance des rochers, les cases sont
parfois construites dessus donc le sol de la case en question est en pierre. Certains sols sont
aussi faits en dalle de ciment ou en terre battue.
282
A
B
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, mars 2019
Photo 128 : Cases en terre battue et toit Photo 129 : Ensemble de 5 cases fait en
en paille à Mokola brique de terre à Mokola
C
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, août 2018
Photo 130 : Case fait en terre et toit de Photo 131 : Abris au camp des déplacés de
paille à Midré Zamay
Les maisons dans les hameaux et disséminés çà et là sur la montagne. Ils sont construits à l’aide des
pierres et des briques de terre battue (A). Ces cases ont été construites sur les flancs d’une montagne
et sur des blocs de rochers qui servent de fondation (B). Une case sert de cuisine, une autre de chambre
pour le chef de ménage, une autre pour la femme et ses enfants dans le cas d’une famille monogamique.
À Midré, les cases sont aussi en terre battue, le toit est fait de tiges de mil assemblés et tissées (C), il se
remplace après chaque récolte de mil et fait même l’objet d’un commerce fructueux. Ce style de toiture
disent les ménages est adapté à la forte chaleur qui y règne, rendant l’intérieur de la maison frais où il
fait bon d’y dormir la nuit surtout. Les efforts ont été fait pour loger les nombreux déplacés internes de
la localité. Dans les camps, les abris sont faits de bâches offerts par le HCR et les ONG locales et les
cuisines sont construites en branchages.
Les sources d’éclairage dans les ménages sont beaucoup plus diversifiées ici : 17,9% des
ménages sont tributaires de l’électricité dans les zones péri-urbaines surtout. 5,9% de l’énergie
solaire (ce sont en fait des lampes chargées à l’énergie solaire), 2,5% utilisent les lampes à
pétrole et 15,9% les torches à piles dans les zones rurales. Ces technologies s’expliquent par
283
leur proximité avec le Nigéria voisin qui le leur fournit sinon la couverture des zones rurales en
énergie électrique est très faible. Il y a des zones tant dans le Lom-et-Djerem que le Mayo-
Tsanaga qui n’ont jamais vu un poteau électrique et ceux qui en ont même en milieu urbain se
plaignent des délestages fréquents. Concernant le combustible pour la cuisson des repas, la
majorité des mélanges dans les deux départements utilisent le bois. Ce qui met une autre
pression sur l’environnement en dehors du fait que de vastes hectares de forêts dont détruits
pour l’installation des camps des réfugiés et des déplacés (figure 68).
40.8
Bois collectés
38.6
9.2
Bois achetés
9.9
1.2
Autre
0
Dans le Mayo-Tsanaga, 40,8 % des ménages vont en brousse collecter le bois pour la
cuisson des aliments de la famille, 9,2% en achètent et 1,2 % utilisent les tiges de mil, de maïs
en plus des déjections d’animaux séchées pour leur cuisson. Dans le Lom-et-Djerem c’est le
même scénario, 38,6% des ménages font usage du bois collecté dans les forêts, 9,9% du bois
acheté. Le bien-être d’une population est un élément clé dans toute situation d’insécurité
alimentaire qui peut non seulement causer des dommages durables aux générations à venir et à
l’environnement, mais aussi nuire à la santé physique de l’individu. Il est important d’avoir
conscience que l’insécurité alimentaire peut aboutir à cet état grave et potentiellement fatal à
plus long terme. La malnutrition n’est pas toujours causée par l’insécurité alimentaire mais elle
peut résulter d’une multiplicité d’autres causes parmi lesquelles la maladie, un environnement
insalubre, les pratiques de soins infantiles, la pauvreté, la consommation d’eau polluée ou la
284
négligence parentale (Fédération internationale, 2005). Les soins de santé publique font partie
de ces facteurs, garant du bien-être nutritionnel de la population. C’est un déterminant clé de la
sécurité alimentaire d’un ménage.
Le milieu rural des zones d’études est structurellement défavorisé. Or ces zones traversent
des périodes de crise sécuritaire et alimentaire d’envergure dans ce contexte défavorisé, le
nombre de patients ou d’infections risque d’augmenter. La mise en œuvre des Objectifs de
Développement Durable au Cameroun passe aussi par la thématique Santé. L’un des facteurs
qui met en mal le statut nutritionnel d’une population est l’accès physique aux services de santé
de proximité du point de vue quantitatif et qualitatif.
L’une des missions du secteur de la santé est d’offrir des soins et des services de santé de
qualité, de proximité aux populations. Chaque fois qu’il le peut, le MINSANTÉ fait une
285
Le taux de mortalité maternelle en hausse de 430 à 782 décès pour 100 000 naissances
vivantes entre 1990 et 2011 a pour cause la non-assistance par un personnel qualifié. Le taux
de mortalité infanto-juvénile en 2011-2014, est passée de 144 décès à 103 décès pour 1000
naissance vivantes. L’insuffisance des médecins spécialistes est à noter (5 médecins
hématologues pour tout le pays qui de surcroît exercent seulement dans les villes de Yaoundé
et Douala, un médecin dentiste pour 87 500 habitants alors que la norme OMS prescrit un (1)
médecin pour 2000 habitants). En 2011, le ratio du personnel de la santé/ population est de 1,07
personnel pour 1000 habitants. En 2014, on dénombre 4 034 formations sanitaires publiques et
privées au Cameroun où il demeure une répartition géographique inéquitable sur l’ensemble du
territoire. Un déséquilibre infrastructurel entre les régions et les districts de santé où on
retrouvait encore des populations à plus de 20 km d’une formation sanitaire et certaines
formations ne sont même pas fonctionnelles. L’Est en 2014 a une population de 888 682 et a
227 formations sanitaires toutes catégories confondues, l’Extrême- Nord une population de
3 856 740, un nombre total de 329 formations sanitaires (Profil sanitaire analytique
MINSANTE, 2016-2020). La faible accessibilité financière de la part de la population,
l’éloignement même des FOSA, insuffisants, mal équipés et mal entretenus, la faible
disponibilité des médicaments sont autant de maux qui plombent le service de santé
camerounais, ce malgré la mise sur pied de plusieurs stratégies, la situation stagne (Stratégie
Sectorielle de Santé 2016-2027). La question demeure, quelle serait la situation en 2019, alors
que le taux d’accroissement de la population est de 2,6% à cause du taux élevé de fécondité.
L’environnement de la santé publique est l’une des causes sous-jacentes du cadre conceptuel
de la malnutrition. En exemples (tableaux 39, 40 et 41), quelques districts de santé à l’Extrême-
Nord et à l’Est, zones cibles, zones sensibles à cause de l’installation des déplacés.
286
287
Mokolo malgré la présence au sein du camp de deux postes de santé tenus par les partenaires
humanitaires. Du camp de Minawao pour l’hôpital de district de Mokolo, il faut parcourir 31
km en moyenne.
Dans cette aire de santé, il y a des zones de populations spéciales (nomades, déplacés
internes et les réfugiés) : les nomades ; Ouro Tada (mayo sanganare, gorai), Mandaka, Sekande,
Biskavai, Ziling, Zamalva, les déplacés internes (Ouro Tada, Mokolo I, Tourou, Ldamang,
Magoumaz, Toufou, Vouzod, Zamay) où se trouve en dehors des déplacés qui y vivent en
famille d’acceuil, il y’a un camp de déplacés, et enfin le camp des réfugiés de Minawao. Étant
en zone de montagne, l‘accès physique aussi dans certains villages n’est pas évident ; c’est le
cas des villages Magoumaz (Varkouda, Ziver, waidjouen), Vouzod (tous les vilages), Zamay
(meklec, Zivet), Ziling (oudagaza), Tourou (Moutaz, Ndrock, Koulkoubai, Doulon), Toufou
(Hitawa, Hidoua), Ldamang (Ldiming montagne, Ldoubam montagne), Mokolo (Houva,
Dzagigle, Ndouzai). Du village Mofole pour le CSI de Mokolo, il faut braver 8 km, du village
Zimangayak pour le CSI pareil, des villages Lamorde et Nassarao 3 km (la plus petite distance).
À la fin du mois de juillet 2017, de nombreuses FOSA à l’Extrême-Nord ne sont pas
fonctionnelles parce qu’elles ont été détruites par les terroristes, le personnel de santé a fui les
exactions. L’insécurité dans cette région rend l’accès aux FOSA difficiles pour plus de 350 000
camerounais, des milliers de réfugiés et de nombreuses personnes déplacées internes
(Délégation Régionale de la Santé/OMS, 2017).
288
Total / 63 857 / /
Source : District de Santé de Garoua-Boulaï, 2019
289
290
Dans le district de santé de Betare-oya, il y a 4 médecins pour 126 293 habitants, les
distances entre les différents centres de santé et l’hôpital de district est en moyenne entre 30 km
et 350 km pour environ 24 heures de voyage pour y arriver. Il est à noter que toutes les voies
d’accès ne sont pas bitumées, le transport privilégié dans ces zones rurales se fait par
motocyclette ou par camion. le jour des marchés, les frais de transport augmentent (pour aller
291
du centre de santé privé de Woumbou pour le centre médical d’arrondissement, il faut débourser
en moyenne 5 à 7 000 F CFA pour une personne seule, de ce centre de Woumbou pour l’hôpital
de district de Betare-Oya c’est la même somme (Photo 132)
Le centre de santé privé protestant est situé à 60 km de l’hôpital de district de Betaré-Oya et à environ
30 km du centre médical d’arrondissement de Ngoura, entouré de près de 6 villages. Dans les bâtiments
vétustes, Il y a trois personnes en postes ; un infirmier, un technicien de laboratoire et un aide-soignant,
les soins administrés sont les soins primaires (bander les plaies bénignes, perfuser les malades,
procéder aux accouchements), les cas graves (photo) sont référés et à la charge des ménages, très peu
acceptent le transfert par manque de moyens financiers. Dans la salle de soins trône une table qui sert
de table d’accouchement, la pharmacie est vide sauf quelques boîtes de comprimés de paracétamol et
des bandages. On note aussi l’absence des réactifs pour le laboratoire.
C’est grâce à la présence des centres de santé communautaires (CSC) et des centres de
santé confessionnels que la population rurale bénéficie des soins de santé. Mais ces centres
ont une capacité de services restreints et sont souvent désœuvrés face à des cas graves (Photo
133)
292
Suite à un accident de moto, ce nourrisson présente un traumatisme crânien évident (A), interné au
CSPP de Woumbou, il ne peut recevoir que des soins mineurs. La maman, une jeune fille de 20 ans n’a
pas les moyens pour une évacuation soit au CMA soit à l’hôpital de district, elle-même ayant un
traumatisme au bras. Et les cas d’accidents pareils, il y en a presque chaque jour, relate le personnel
de santé. Le problème le plus grave est la prise en charge, l’on ne peut lui faire un nettoyage à l’aide
de la Bétadine c’est tout.
293
personnel de santé affecté est problématique car la plupart n’y réside dans les villages
(dépourvus des services sociaux de base) éloignés des centres villes. Lors des enquêtes de
terrain, le CSI de Malewa Kadey était fermé à double tour, parce qu’il n’a pas de personnel.
Les centres de santé de l’Extrême-nord et de l’Est sont des centres de prises en charge de
la malnutrition en principe, à cause des contraintes susmentionnées. L’insuffisance de
personnels formés et les intrants alimentaires dotés par l’Unicef n’y arrivent pas ou peuvent
faire des mois de rupture et la prise en charge des malnutris dans nos zones rurales est
compromise. « Dans la plupart des pays, ce sont les enfants de moins de 5 ans que les carences
nutritionnelles ont les conséquences les plus graves. Selon les estimations, près d’un tiers de
ces enfants souffrent de formes diverses de malnutrition (Nations Unies, 1983). Dans toute
analyse d’un problème d’insécurité alimentaire lié à un problème de nutrition, il est nécessaire
de comprendre et s’appesantir sur les déterminants comme l’alimentation, l’accès aux soins de
santé, l’accès à l’eau potable et les pratiques de soins et ainsi définir les causes de la malnutrition
(ces déterminants sont des conditions fertiles pour les maladies que manifestent les couches les
plus vulnérables comme les enfants). La prévalence de la malnutrition est un indicateur
important de ces déterminants.
Dans le cas présent, la malnutrition est une pathologie nutritionnelle par carence des
vitamines et des minéraux nécessaires pour le fonctionnement de l’organisme. Par insuffisance
ou par manque l’organisme se nourrit dans les réserves des muscles, commence alors une
détérioration de la santé et de l’aspect physique de l’enfant. Cette maladie est latente ou
dormante, et se déclare un jour où l’enfant est atteint d’une autre maladie. C’est dans cette
294
logique le Dr Martin Prével (2009) la nomme « la faim cachée » car semblable à un iceberg
dans un cours d’eau prêt à chavirer à tout moment (figure 69).
295
296
Dans le cadre de ce travail, elle est surtout liée à un déficit des aliments quantitatifs et
nutritifs, des pratiques de soins infantiles inadaptés.
Ce déséquilibre entre l’apport nutritif et les besoins réels de l’organisme se présente sous
plusieurs formes. Les formes sévères (MAS) sont responsables de la plupart des décès des
enfants parce que l’organisme a perdu sa capacité à se maintenir en équilibre physiologique
interne ce malgré les contraintes extérieures connues sous le nom de l’homéostasie. La
malnutrition chronique si elle n’est vite détectée et traitée peut-être irréparable et l’enfant est
condamné. Ses capacités cognitives diminuées ont un effet négatif sur l’apprentissage ayant
pour conséquences la baisse de la productivité, l’augmentation des coûts de santé, la perte de
capital humain et social ; « lorsque nous sommes malnutris, et à fortiori physiquement,
mentalement et intellectuellement faibles, toutes les conditions de la pauvreté sont réunies et
les capacités de création de richesses entravées » Amouzou E. (2007). L’enfant à l’âge adulte
risque être improductif dans la société car cet état d’insuffisance le conditionne à l’être.
Avec des repas peu fréquents ou pauvres en glucides, l’enfant ne consomme pas assez de
nutriments utiles. Conséquence, il est affecté par une forme très grave de malnutrition qu’est la
kwashiorkor. Il est tout le temps malade, perd ses cheveux, les yeux sont hagards, amaigri il
mange difficilement. En plus il ne fait pas son âge (preuve évidente d’un retard de croissance
physique). L’IPN est une forme de malnutrition qui atteint généralement les nourrissons, la
mère étant malnutrie à la base donne naissance à un enfant malnutri, de faible poids (planche
34).
297
B
A
C E
D
L’enfant (A) est atteint de kwashiorkor De 0 à 6 mois, le nourrisson est plus sensible à la maladie soit
il est né malnutri (B) soit il n’a pas été convenablement nourri au lait maternel. L’enfant (C) est une
jeune enfant en pleine croissance. Or celui-ci n’étant pas convenablement nourri, il est sujet à une
malnutrition modérée avec des symptômes visibles comme la peau sur les os. Parce n’ayant
suffisamment d’aliment donc d’énergie, il tire cette énergie de sa réserve de graisse et de ses muscles
c’est pour cela l’aspect chétif. Par contre l’enfant (D) est gonflé ou bouffi soit à cause des œdèmes soit
à cause du gonflement des graisses. Ces signes peuvent passer inaperçus car on peut croire qu’il est
bien nourri. Dans ce cas la malnutrition est établie par les mesures d’anthropométriques. L’enfant (E)
à moins de 6 mois, présente une fonte musculaire évidente, les yeux tristes et irritable dès qu’on le
touche. L’inexistence ou la perte des cheveux sont aussi des signes visibles de la kwashiorkor.
Les enfants non retenus dans les FOSA sont des malnutris modérés, ils viennent prendre
leurs suppléments alimentaires au CNAS. Ils peuvent être appelés à revenir au bout d’une
semaine, de 10 jours voire plus selon l’évolution du poids et des paramètres anthropométriques.
Lorsque le CNAS reçoit des cas et procède à la consultation pour détecter le niveau ou la phase
298
de malnutrition de l’enfant, les cas graves avec des complications sont directement référés pour
la prise en charge au CNTI. Le traitement adéquat est administré.
La faim n’est pas seulement sous-nutrition mais aussi malnutrition : carence en vitamines
et sels minéraux, nourriture inappropriée ou peu variée, « on mange toujours la même chose »
Bonnassieux A., (2003)5. Cette malnutrition est partout présente, dans le Mayo-Tsanaga, les
symptômes sont pareilles (planche 35) et les enfants malnutris se comptent. Cette maladie est
comme une maladie dégénérative de l’aspect physique car il subit des modifications
importantes : les visages bouffis ou amaigris, le corps squelettique ou gonflé avec un ventre
bedonnant, les os qui se dessinent à travers la peau etc…
5
Alain Bonnassieux, 2003, intervention 13, In Cafés Géographiques de Toulouse, pp 13.
299
300
Le CNTI reçoit et interne de cas de malnutrition sévère avec des complications médicales
(Photo 142), atteint de rougeole, de paludisme, de pneumonie, de la diarrhée, en bref toutes les
maladies néonatales. Ces enfants souffrent généralement d’une anémie chronique, présentent
des œdèmes nutritionnels ou pas. Leur prise en charge est spéciale dans un centre spécialisé et
un personnel d’appoint.
Les enfants MAS hospitalisés sont suivis à la minute sinon la courbe clinique peut
continuer à baisser. Ils sont exposés à l’hypothermie, à la déshydratation et à l’hypoglycémie.
L’hypoglycémie peut résulter du fait que l’enfant malnutri n’a pas mangé pendant 4 à 6 heures
de temps alors il présente une faible température (< 36,5°), de la léthargie, l’apathie et une perte
de conscience. En général, l’enfant malnutri en hypoglycémie ne transpire pas, n’est pas pâle,
la somnolence est le seul signe qui précède la mort (OMS, 2000). Le personnel de santé procède
à la prise des paramètres anthropométriques pour évaluer l’état nutritionnel de l’enfant reçu en
consultation. Cette évaluation permet de voir les affections que subit l’enfant dans sa période
de croissance.
301
Pour arriver à détecter la malnutrition, divers techniques sont utilisées entre autres la prise
des paramètres anthropométriques. Elle se passe au niveau des centres de prise en charge par le
personnel médical ou au niveau communautaire par les relais communautaires formés à la prise
des paramètres. Ce sont des critères mesurables qui reflètent à souhait le changement physique,
physiologique, résultats d’une consommation alimentaire moindre et de maladie. Les mesures
corporelles sont utilisées (anthropométriques) pour surveiller la croissance des enfants, le
changement de la masse corporelle et les examens en laboratoire pour diagnostiquer les
carences en fer, iode et vitamines (FAO, 2007) (planche 36). Chez les enfants de 0 à 59 mois,
les indices qui permettent de classer les niveaux de malnutrition sont le poids pour taille (P/T),
taille pour âge (T/A), poids pour âge (P/A) et le périmètre brachial (PB).
- Poids pour taille illustre une perte ou un gain de poids (malnutrition aiguë). Il se prend
à l’aide une balance mécanique (pèse bébé) ou une balance électronique pour une double pesée
(la mère et l’enfant puis on déduit le poids de l’enfant à partir de celui de la mère). Le CNAS
de Mokolo a enregistré de janvier à décembre 2017, 207 enfants dont 187 enfants avec un indice
de poids pour taille inférieur à -3 ET soit 90,3 % de cas et 20 enfants avec un indice poids pour
taille supérieur à – 3 ET soit 9,6% de cas. Dans la même période, le CNAS de Betare-Oya a
enregistré 140 enfants avec un indice P/T entre – 1 à -3 ET dont 122 cas avec un indice P/T
inférieur à – 3 ET soit 87,2% et 18 cas avec un P/T supérieur ou égale à -1 ET soit 12,8%.
L’indice poids pour taille est un critère très spécifique de la malnutrition aiguë sévère et d’après
les normes ces enfants ont un risque de décès très élevé, nécessitant une prise en charge
nutritionnelle et médicale d’urgence, intensive (OMS, 2009).
- Taille pour âge (malnutrition chronique) pour la croissance linéaire. On utilise une toise
faite de bois et graduée. La taille d’un enfant de moins de 02 ans se fait couché et d’un enfant
de plus de 02 ans se fait debout.
- Le périmètre brachial ou circonférence du milieu du bras (malnutrition aiguë et permet
de voir rapidement les enfants à risque de mortalité). Il se prend à l’aide d’un ruban gradué en
centimètre ou en millimètre, coloré en bande de rouge, orange, jaune et vert permet de voir
rapidement l’état de l’enfant. Durant l’année 2015, le CNAS de Betare-Oya enregistre 233
enfants avec le périmètre brachial compris entre 9,5 mm et 120 mm. 215 enfants ont un PB < à
115 mm soit 92,3% et seul 18 enfants ont un PB > ou = à 115 mm soit un pourcentage de 8%.
Quant au CNAS de Mokolo, de janvier 2017 à décembre 2017 a pris en charge 207 enfants
présentant des périmètres brachials entre 9,5 mm et 125 mm. 175 enfants avec un PB< 115 mm
302
soit un pourcentage de 84,5 % et 32 enfants avec un PB> 115 mm soit 15,4%. Or selon les
normes OMS pour le périmètre brachial, un enfant ayant un Pb inférieur à 115 mm a un risque
de décès élevé par rapport à celui qui a un PB supérieur à 115 mm.
A
Njiembokue, mars 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 143 : Mesure du périmètre brachial Photo 144 : Mesure de la taille
C D
Pour prendre le périmètre brachial, il faut dénuder le bras de l’enfant (A), à mi-distance entre l’épaule
et le coude, on marque le juste milieu à l’aide d’un stylo. Puis on place le ruban et serre à la mesure du
bras et on relève le chiffre qui s’affiche à 0,1 cm près. La taille (B) est prise par deux personnes, l’un
maintient la tête de l’enfant et l’autre les deux pieds pour qu’il soit bien aligné sur les mesures de la
toise. Pour la pesée, on stabilise la balance à 0 et on place le bébé dessus (C) et on relève simplement
son poids. Pour vérifier les œdèmes, on exerce une pression pendant quelques secondes (D) et si des
trous appelés gobets apparaissent et restent ce que l’enfant a des œdèmes, signe d’une anémie sévère
due aux complications de la malnutrition ou aux maladies opportunistes comme la pneumonie, le
303
paludisme. Il faut à tout prix hospitaliser l’enfant or c’est une mesure que les parents de ces zones
refusent généralement.
Le Poids pour âge (IPN ou malnutrition aiguë) est aussi un indicateur qui décrit la masse
corporelle en rapport avec l’âge du bébé. Il peut arriver que l’enfant présente des complications
apparentes, on vérifie la présence des œdèmes sur son corps. L’anthropométrie est la méthode
la plus conseillée par l’OMS et l’UNICEF pour déceler rapidement la malnutrition
proteinoénergetique (MPE) chez les enfants de 0 à 5 ans. C’est grâce à elle que l’on mesure la
prévalence de la malnutrition ou la proportion d’enfants malnutris au sein d’une population à
un instant T (FSNWG, 2017).
L’état nutritionnel est l’état de croissance d’un individu, habituellement basé sur les
mesures corporelles comparées à celles d’une population de référence (HCR/PAM, 2008). À
l’aide des campagnes de proximité et de transfert dans les CNTI, les enfants sont dépistés
chaque jour (tableau 43). Ce qui favorise à enregistrer le nombre de malnutri, un suivi de la
situation alimentaire et nutritionnelle des ménages et l’ampleur du phénomène.
304
ce qui concerne les MAS, le taux des enfants réfugiés enregistrés est de 36,54 % et celui des
enfants nationaux 63, 45%. Ce qui démontre que les enfants camerounais sont plus malnutris
que les enfants réfugiés venus de la RCA installés dans les camps et villages. Au CNAS de
Mokolo, 296 MAM sont prises en charge dans la période de janvier 2017 à août 2018. Par
contre, 537 MAS sont enregistrés au CNTI dans la période de mars à août 2018. Le taux des
enfants réfugiés est de 12, 66% et le taux des enfants camerounais à 87,33%. Le registre affiche
également pour cette période, les cas d’abandon (21 cas), de décès (17 cas). La durée
d’hospitalisation d’un MAS est de 03 à 18 jours voir de 30 jours pour les cas compliqués qui
tardent à répondre au traitement. Pour confirmer le fait que les enfants nationaux sont plus
malnutris, les données récoltées proviennent du CNAS de Diang (une zone qui accueille un
faible taux de réfugiés centrafricains et n’est pas une zone prioritaire d’intervention
humanitaire). Dans le période de janvier à août 2018, il a enregistré 42 enfants malnutris dont
19 garçons et 23 filles. Le CNAS de Rhumshiki quant à lui affiche un record de 77 enfants
malnutris (ces deux zones parce ce sont des zones de faible installation des réfugiés). Il est à
noter que ces chiffres donnent juste un aperçu de la situation car les données sur une longue
période n’étaient pas disponible et au camp de Minawao, des humanitaires s’occupent aussi de
la prise en charge des malnutris.
Les problèmes décriés par le personnel de santé surtout de l’Est sont les cas où les enfants
sont conduits trop tard dans les centres de santé, l’organisme affaibli par les infections ou les
cas d’évasion (il suffit que le personnel soit distrait pour que la maman disparaisse avec l’enfant
malade quel que soit le niveau d’évolution de la maladie). Bref, la traçabilité des cas est parfois
compliquée autant dire que le sort des enfants est scellé d’avance. Un autre constat qui se dégage
est le fait que les enfants de sexe féminin sont plus malnutris que les enfants de sexe masculin.
Plusieurs facteurs l’expliquent ; ce sont les zones où le mariage précoce, la sexualité précoce,
les infections utérines dues aux mutilations sexuelles sont très développées donc les mères en
majorité très jeunes, probablement malnutries et donnent naissance aux enfants malnutris. Ceci
est expliqué par le cycle de l’insuffisance pondérale à la naissance (figure 70). L’enfant malnutri
à l’âge adulte fait des enfants malnutris appelé cycle intergénérationnel de la malnutrition.
305
Problème de croissance
chez l’enfant
Insuffisance
IPN staturale et
Grossesse précoce pondérale chez
l’adolescente
Femme adulte de
petite taille
6
In Rapport Génération Nutrition, 2014, p 10.
306
Malnutrition de l’enfant
Les régions de l’Extrême-Nord et de l’Est font partie des 4 régions prioritaires où les
enquêtes nutritionnelles (SMART, EDS, MIC) sont menées car les plus touchées par la sous-
nutrition (EDS-MICS, 2011). Le but de cet exercice est d’évaluer la sévérité de la malnutrition
en la quantifiant en rapport aux normes internationales. Les chiffres obtenus servent à indiquer
le pic du problème et le degré d’urgence. À l’aide des mesures anthropométriques, les enquêtes
ressortent le taux de prévalence (la proportion de la population située en dessous d’un seuil
donné figure 71, 72,73 et 74). Ils sont énoncés de deux manières ; pour le poids pour taille en
307
16
14
Taux de prévalence (%)
12
10 13,9
12,4
8
9
6 8,2 9,7
8,6
6,3
4 6,4
4,5
2
2,9 2,0 2,2
1,9 1,1 1,8 1,3 1,1 1,4
0
2012 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Année
308
Extrême-Nord
50
45 44,9 46,1 38,9
40 44,8 40,9
41,3 41,9
Tendance MC (%)
35 39,1 39,8
30 35,7 35,9
32,3
25
20
15
10
5
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Année
5
Taux de prévalence (%)
3
2,9 4,8
2
3,5 2,4 1,6
3,0
1
0,5 1,1
0,6 0,5 0,8
0 0,0 0,0 0,0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Année
309
en 2015, remonte à 2,9% en 2016, à 4,8% en 2017 et chute à 1,6% en 2018. Pour le cas des
MAS, le taux de prévalence est stagnant à 0,0% en 2012, à 0,6% en 2013, à 0,0% en 2014, puis
à 0,5% en 2015, son pic le plus élevé est atteint à 1,1% en 2016 et retombe à 0,0% en 2017, à
0,8% en 2018.
Est
50
45
42,9
40
Tendance MC (%)
35 39,3 39,2
37,3 37,1 38,4
30 36,0 35,4
34,4
25
20
15
10
5
0
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Année
Ces résultats sont représentatifs des zones d’enquêtes car certaines zones inaccessibles à
cause de l’insécurité, de l’enclavement physique n’ont pas été touchées. Néanmoins, on
soupçonne des situations très graves dans ces zones non atteintes. La variation observée ou la
stagnation du problème s’explique qu’en 2014, commence l’afflux des réfugiés en provenance
des pays frontaliers, le déplacement des populations fuyant les incursions de la secte B.H tout
cela couplé aux conditions de vie précaires. La prise en charge s’est faite progressivement
même si elle peine à résoudre le problème et c’est dramatique qu’en 2019, on parle encore de
ce problème aux conséquences très graves, à longue durée dans la vie des enfants meurtris
(encadré 14).
310
CONCLUSION
Le corps de l’être humain a besoin d’être alimenté, bien alimenté en quantité et en qualité
avec des nutriments qui concourent à le maintenir en pleine bonne santé physique. Que ce soit
dans le Mayo-Tsanaga ou le Lom-et-Djerem, la diète est monotone malgré un essai de variété
des mets culinaires. D’un côté le couscous de mil ou maïs et de l’autre le couscous de manioc,
les sauces certes variées mais manquent de nutriments essentiels. La répartition des repas au
sein du ménage est régie par des règles strictes du respect de la hiérarchie familiale mais il n’en
demeure pas moins qu’elle soit un désavantage pour les jeunes enfants. Et même ces repas
subissent des réductions drastiques selon les périodes ou les moyens dont dispose le ménage
surtout dans le Mayo-Tsanaga. Combiné aux mauvaises pratiques de soins infantiles de
l’allaitement jusqu’au sevrage fragilise davantage le nouveau-né. L’insécurité alimentaire va
au-delà de la malnutrition qui n’est qu’une des manifestations, il est aussi tributaire de
l’environnement socio-économique. L’accès aux sources d’eau potable, des pratiques
d’assainissement et des conditions d’habitats précaires, l’accès difficile aux structures de santé
311
et aux soins de qualité. Toutes ces conditions concourent et contribuent à maintenir davantage
les ménages dans la vulnérabilité et le jeune enfant le manifeste par les modifications
corporelles et la désagrégation des fonctions de l’organisme. Les différents types de
malnutrition y sont manifestes (MAM, MAS, MPE, IPN, retard de croissance) la malnutrition
chronique en 2018 est de 34,2% et à l’Extrême-Nord 35,9% au-delà du seuil d’alerte et
d’urgence fixé par l’OMS. Confirmée par l’évaluation de l’état nutritionnel à l’aide des mesures
anthropométriques, la malnutrition a fait son lit dans les deux départements et les régions. Les
admissions dans les centres de prise en charge sont quotidiennes et parfois les enfants y arrivent
dans un état de santé détérioré, leurs sorts sont scellés soit par un décès soit un retard de
croissance à vie malgré l’apparente guérison. L’état nutritionnel des enfants est le reflet de la
situation alimentaire et de l’état nutritionnel des individus qui composent ladite communauté.
Le sexe précoce et la jeunesse des mères perpétuent le cycle de la malnutrition. Le taux de
prévalence de la malnutrition aiguë permet d’évaluer la gravité de l’insécurité alimentaire d’une
population (ACF, 2009).
312
En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison.
Nous nous enfermons, solitaire, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui
vaille de vivre. Si je cherche dans mes souvenirs, ceux qui m’ont laissé un goût durable,
si je fais le bilan des heures qui ont compté, à coup sûr je retrouve celles que nulle
fortune ne m’eût procurées.
De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, l’État est le garant de l’intégrité nationale donc s’érige
en acteur incontournable dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au travers de ses
institutions. Terre d’accueil et d’hospitalité, il se doit de redorer son blason d’où la création par
le chef de l’État d’un comité interministériel sous la tutelle du ministère de l’Administration
Territoriale et de la Décentralisation incluant d’autres administrations (Santé, Sécurité
Nationale, Relations Extérieures, Défense…) chargé de la gestion des situations d’urgence
concernant les réfugiés au Cameroun (MINATD, 2014). Les premières mesures ont été
accueillir et installer les réfugiés et les déplacés dans les sites ; camp des réfugiés de Minawao,
camp des réfugiés de Gado-Badzéré et les nombreux sites des déplacés dans la Région de
l’Extrême-Nord.
313
IV-1-1-Le MINADER
Certaines cultures de base (maïs, manioc, banane-plantain, riz…) sont bénéficiaires des
projets et programmes spécifiques pour les renforcements de la production. Il s’agit notamment
du PADFA, du PNVRA… (tableau 44) :
314
- 2013 : Mise en place des champs semenciers par 25 OP -Octroi des herbicides (Plan top 360 EC) au Gic Kouba pour le
-Appui technique aux 23 SS et AVZ pour la campagne agricole 20 traitement de 08 ha à bertoua, mandjou et de 30 ha à Koumé. 25 ha de
-Appui à la production des semences à la ferme semencière de Koza du riz cacaoyer à Diang et 45 Ha à Koumé
Nerica 3 (60 ha réalisés pour une production de 26 tonnes en 2015) -Mise sur pied des fermes de multiplication pour les activités de :
-Accompagnement de 381 OP dans la mise en œuvre de leurs micro- multiplication des semences, essais agricoles, formations des
projets de production agriculteurs, mécanisation agricole (la multiplication de l’igname
-Mise à disposition de 30 litres de pesticides Diamond Fast 100 SC pour blanche a fait l’objet d’une attention au cours de année 2014 et 30 chefs
la lutte contre les insectes ravageurs (2017) d’exploitations agricoles familiales dont la taille des exploitations est
Programme National de supérieure à 6000 pieds d’igname ont été accompagnés). Encadrement
Vulgarisation Agricole de 16 OP dans la multiplication des semences de maïs, le greffage des
(PNVRA) citrus et la production des plants sains de bananier/plantain par la
méthode PIF.
-Traitement de 1000 ha de plantations à l’aide du fongiforce et du Kalao
pour la lutte contre la pourriture brune
-2016 : Encadrement de 2 800 producteurs soit 900 femmes et 1 900
hommes et le travail porté sur 18 spéculations.
- Octroi de1 760 kg de semence pour la mise en place des champs de riz
par le Projet de Développement de la Riziculture Pluviale de Plateaux
en zone de forêt à Pluviométrie bimodale (PRODERIP) et en 2018, 275
producteurs ont reçu 279 sacs de 5 kg de semence pour la mise en valeur
de 109 655 m2.
-2018 : le Programme National de Structuration et d’Accompagnement
des Producteurs et Vulgarisation Agricole (PROSAPVA) a expérimenté
La mise en place des 17 unités de démonstrations de 500 m² et 03
315
-taux de réalisation de 40% du projet de production par les organisations -2015 : suivi du GIC SAN NGOH avec 100 ha de maïs semence CMS
des producteurs 8704. Ceci a permis d’obtenir des semences améliorées de maïs.
Programme National - 2016 : mise à disposition des semences pour la campagne agricole (16
d’Appui à la filière Maïs 650 tonnes)
(PNAFM) - fourniture des semences (CMS 8501 0, 16 tonnes, de TZEE 2,65 tonnes
à Mogodé)
-Construction des forages à PMH (à Douvar, Djingliya, Gaboua, Panaï en -2014 : réalisation d’un forage à Mborguene (Garoua-Boulaï)
BIP MINADER 2015) -2016 : réalisation des forages dans les villages (Kaïgama, Koumé-goffi,
-2016 : contructioon à 50% des forages à PMH à Marbak (Hina), Kortchi Adinkol, Oyack, Yanda Bobilis)
et Tchanawa, Rhumzou (Mogodé) -réfection des pistes Nola-Mbeth II, Yanda Bobilis- Kano
-Mise en place des conditions de valorisation optimale des ressources en
Programme de terre (43 ha de périmètre irrigués aménagés dans les bas-fonds en 2013
Développement Durable du - 2017 : renforcement des capacités de 6444 producteurs en techniques de /
Bassin du Lac Tchad restauration des sols
(PRODEBALT)
-2013 ; 17 OP financées -2016 : appui de 70 producteurs, chacun a reçu : 01 panier de 20 kg de
Programme d’Appui à la - 2016 ; octroi de semences (10,44 tonnes) et d’engrais (fiente de poule semence de pomme de terre de variété mondiale, 05 kg d’engrais yara
Relance de la Filière Pomme 20,88 tonnes), de "yara milla" 1,3 tonnes et de "yara liva" 0,32 tonnes à mila, 1,5 kg de "yara liva", 02 sacs de fientes de poule.
de terre (PRFPT) Mogodé.
316
317
Sur une période de 05 ans, 7 836 personnes sensibilisées et formées, à Bétare-Oya dans
12 villages et à Diang dans 10 villages au moins. En 2014, lors d’une rencontre, le centre de
Moundi a procédé à la distribution des boutures de manioc de variété améliorée (92/0326 ;
92/0057 ; 92/0067 ; 96/1414 ; TME/419) aux producteurs de manioc et à la création de 10
parcelles de démonstration et de production des boutures de manioc de variété améliorée. L’un
des objectifs de ces formations est d’impliquer les populations cibles à l’identification, à la
planification et à la mise en œuvre des actions de développement. Les protéines animales sont
importantes dans l’équilibre alimentaire de l’Homme.
IV-1-2- MINEPIA
Le Ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales à un rôle important dans
la lutte contre l’insécurité alimentaire. C’est un ministère qui a un organigramme propre, mais
plusieurs autres organismes l’accompagnent sur le terrain dans sa lourde tâche : la Société de
Développement et d’Exploitation des Productions Animales (SODEPA), les Caisses de
Développement de l’Élevage et des Pêches, la Mission Spéciale d’Éradication des Glossines
(MSEG), les stations d’élevages, les Centre Nationaux de Formations Zootechniques et
Vétérinaires (CNFZV), le laboratoire National vétérinaire de Bokle et les Organisations
Professionnelles et Paysannes (Moumini B., 2008 ). Les programmes et projets qui relèvent du
MINEPIA et ont des activités sur le terrain pour une production animale efficiente et une
protection sanitaire du bétail sont le :
PRODEL
Sa mission : identification des ménages pauvres et ceux affectées par les conflits comme
potentiels bénéficiaires des dotations.
PCP-ACEFA
Chargé d’encadrer financièrement les micro-projets des OP, le suivi des producteurs en
spéculations spécifiques en production animale (Caprins et Ovins).
PNDP-EN
318
319
consommation. Ils sont aussi chargés du contrôle de la circulation intérieure et extérieure des
denrées animales et halieutiques.
Programme de Développement de la Pêche, de l’Aquaculture et des Industries
Halieutiques
Son objectif est d’accroître la production halieutique. Ce programme fait l’inspection des
produits halieutiques, la promotion et le suivi des activités de pêche et des produits dérivés de
la pêche.
IV-1-3- MINSANTÉ
320
- 2014 : Création d’un comité interministériel de lutte contre la malnutrition dans les
régions à risque (Extrême-Nord, Nord, Est et Adamaoua)
Disposition d’un plan d’action pour promouvoir une alimentation équilibrée
- 2017 : Élaboration d’une politique Nationale d’alimentation et de nutrition qui comprend
09 grands axes.
L’implémentation de ces mesures dans les formations sanitaires passe par les activités de
sensibilisation (la vaccination, les conseils pour un allaitement maternel exclusif pendant six
mois, la prise en charge gratuite des enfants de moins de 05 ans cas de paludisme et de
malnutrition) avec une participation communautaire. Toutes les formations sanitaires (FOSA)
des régions de l’Extrême-Nord et de l’Est sont des centres d’office de Prise en Charge (PEC)
selon les catégories. Les FOSA utilisent les relais communautaires, chargés de sensibiliser, faire
le screening et les cas détectés sont envoyés dans un centre de prise en charge (Centre de
Nutrition Ambulatoire (CNA), Centre de Nutrition Supplémentaire (CNS) le plus proche et le
traitement adéquat administré. En cas de complication médicale, le malnutri est atteint de fièvre,
de diarrhée aiguë, de déshydratation, d’hypoglycémie, de pneumonie, ce qui arrive le plus
souvent dans ces zones (c’est pourquoi la malnutrition aiguë est appelée pathologie silencieuse
car découverte souvent trop tard et l’enfant au bord de l’évanouissement). Ces cas sont référés
dans un hôpital (CNTI) avec un plateau technique bien formé pour ces cas (généralement ce
sont les hôpitaux de district) où les enfants suivent un traitement nutritionnel et un traitement
médical. Le traitement nutritionnel se fait à l’aide des Aliments Thérapeutiques Prêts à
L’Emploi (ATPE) comme le Plumpy Nut, Eezee paste, les biscuits compacts BP 100, du lait
F75 ou F100 et le traitement médical se fait par l’administration des antibiotiques, le traitement
contre le paludisme et la vaccination contre la rougeole.
321
A
B
L’œil du Sahel, 2018 DREPIA-EN, 2017
Photo 147 : Don d’engrais du MINADER Photo 148 : Identification des vecteurs de
la glossine par les vétérinaires de la MSEG
C D
322
IV-1-4- Le MINMIDT
Les personnes, les acteurs de la société civile, les associations, les élites, les partis
politiques…ont contribué afin de venir en aide aux populations victimes de Boko Haram, et
aux forces de défense engagées dans la guerre aux différents fronts.
Le chef de l’État a fait des dons en espèce et en nature à l’endroit des populations
touchées. Ses dons estimés à plusieurs milliards de FCFA, se sont inscrits non seulement dans
une situation d’urgence mais aussi dans une situation de relèvement (octroi des engrais aux
agriculteurs (Photo 153).
323
A
L’œil du Sahel, 2015
Photo 153 : Don du Chef de l’État
324
Meurtri par les exactions et la situation des populations victimes, le peuple camerounais
s’est joint aux élans de cœur pour manifester leurs apports. Des dons en nature (sacs de maïs,
de riz, de mil, de sucre, de l’huile raffinée, des cartons de sardines, des bouteilles d’eau
minérale, des conserves, du lait…), en espèces sont collectés et acheminés à l’Extrême-Nord.
On cite entre autres et à titre d’exemple :
325
Tout le monde quelle que soit la couche sociale a contribué pour venir en aide aux populations
sujettes à l’insécurité alimentaire. Ce sont des efforts vraiment louables de la part du peuple
camerounais. Viennent en appui dans le cadre de la lutte contre ce fléau, les partenaires
humanitaires déployés et autorisés à exercer sur le territoire.
Les personnes touchées par une catastrophe ou un conflit armé ont le droit de vivre dans
la dignité et, par conséquent de recevoir l’aide dont elles ont besoin. Tout ce qui est possible
doit être fait pour alléger la souffrance humaine (Projet Sphère, 2011). C’est la motivation
première des actions humanitaires en appui au gouvernement local. Le schéma classique du
déclenchement et de l’intervention de l’aide est le suivant :
326
35 45 41,8
30,3
30 40
Pourcentage %
Pourcentage %
35
25
30
20 17,2 25
15 20
10 15
10 5,2 3,9
5 0,9 5
0 0
État et ses ONG Particuliers État et ses ONG Particuliers
institutions institutions
Lom‐et‐Djerem Mayo‐Tsanaga
Source : Enquêtes de terrain, 2018-2019
Les Nations Unies au travers de ses agences travaillent aux côtés de l’État du Cameroun
pour apporter une assistance aux populations sujettes à l’insécurité alimentaire. Les
Organisations Internationales du Système des Nations Unies présents sur le terrain sont le HCR,
OCHA, ONUFEMMES, UNFPA, UNICEF, FAO… (tableau 46).
327
La présence des Nations Unies est fructueuse à cause de leur appui multiforme par toutes
ces agences. Les agences fournissent une aide alimentaire et non alimentaire aux réfugiés dans
les camps, aux déplacés internes et aux populations locales vulnérables. Le PAM, la plus grande
agence de lutte contre l’insécurité alimentaire fournit des denrées alimentaires à travers
différentes modalités ;
-le « school feeding » ou repas scolaire ou cantine scolaire : il vise à lutter contre la faim chez
les enfants, les attirer à l’école et les y maintenir. C’est un appui qui aide à la scolarisation du
jeune enfant. Dans le Mayo-Tsanaga, 34 écoles publiques primaires retenues dont 17 231 élèves
(9 664 garçons et 7 567 filles) ont bénéficié en 2018 des repas chauds au cours de l’année
scolaire (DDEB Mayo-Tsanaga, 2018-2019). Le PAM fournit les denrées tels que les céréales
(riz), l’huile, le sel iodé, les légumineuses. Selon le nombre d’élèves par établissement, une
école peut recevoir 1,1 tonnes soit 22 sacs de riz de 50kg, 2 sacs de sel (25kg chacun). L’école
qui reçoit le don s’organise autour d’un comité de gestion chapeauté par le directeur. Les parents
contribuent parfois avec du bois, des arachides, de la tomate, pour la cuisine et à midi les enfants
sont servis.
-la Distribution générale des vivres (DGV) ; le panier disponible pour le mois varie en fonction
de la disponibilité des stocks (planche 38). Le panier est généralement constitué de céréales
(maïs, riz…), de légumineuses, d’huile raffinée, du sel iodée, du CSB+, CSB++ qui est un
aliment enrichi à base de maïs, soja, vitamines et de minéraux. En Octobre 2017, 42 000
individus servis pour un taux de réalisation de 96,65% soit 686.068 tonnes de vivres distribués
au camp de Minawao. En juin 2018, 788.94 tonnes de vivres distribués à 48 700 individus.
328
Cette DGV vise aussi les Personnes Déplacés Internes et les Populations Locales Vulnérables
(au mois d’octobre 2017, 24 904 DPI et 6 415 PLV ont été servis).
A B
C D
F
Njiembokue, juin 2018 Njiembokue, juin 2018
Photo 159 : Sacs de riz pour la DGV Photo 160 : DGV aux PDI de Zamay
Le jour de la DGV, un espace est mis à disposition par les autorités de la localité, le bénéficiaire fait le
tour des points de retrait muni de sa carte de ration pour constituer son panier alimentaire. Le magasin
n°1 (A) donne du riz. Les choix sont multiples et variés (B), riz, farine de blé, huile, sel, sardines, lait,
cubes, tomates en sachet, viande de bœuf. Pendant ce temps, les denrées servies au camp des réfugiés
sont constituées de riz (E), de légumineuses, de sel iodé (C), de CSB+ et d’huile raffinée (D). Les
quantités sont en fonction de la taille de la famille. La liste est affichée avec grand soin à l’entrée des
sites de distribution et le programme de distribution. Les PDI du site de Zamay sont également servis à
l’esplanade de la chefferie (F), eux aussi au travers des cartes de ration reçoivent des denrées.
329
-les modalités de transfert monétaires (CBT et MCBT) ; c’est une sorte d’assistance directe par
les transferts monétaires. Le bénéficiaire reçoit chaque mois un montant dans sa puce GSM et
se rend dans un commerce habilité par le PAM et se procure des vivres. Ici le bénéficiaire a
l’opportunité de faire ses choix sur une liste préétablie de vivres disponibles (30 830
bénéficiaires pour un montant de 406 895 775 FCFA distribués sur trois sites). Les modalités
sont opérationnelles pour les déplacés à l’Extrême-Nord et pour les réfugiés à l’Est. Les
transferts monétaires ont l’avantage d’aider au relèvement précoce (reconstruction de l’habitat
et d’une activité génératrice de revenu), nécessitent moins de logistique pour le transfert de
l’agence au bénéficiaire juste un réseau de téléphonie et la présence des institutions financières.
Ils respectent la dignité humaine des bénéficiaires et boostent l’économie locale (marchés
accessibles aux bénéficiaires, les commerçants sollicités et disposés à vendre).
330
-la modalité Food For Asset (FFA) ; l’assistance contre travail est à l’endroit des populations
locales vulnérables suite aux catastrophes naturelles ou victimes de la dévastation des champs
par les éléphants et les bœufs.
Planche 39 : Aide non alimentaire des Nations Unies aux populations touchées
A B
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 161 : Salle de classe construit par le Photo 162 : Forage construit par le HCR
HCR
D
C
L’UNHCR à travers ses actions de soutien aux réfugiés et à la population finance et construit des
infrastructures. Un bâtiment composé de plusieurs salles de classe construit à l’école publique de Gado
(A) et un forage (B) au sein du camp de Gado. L’UNICEF également a construit un bâtiment de deux
salles de classe à Woumbou et une école publique primaire au sein du camp de Gado (D).
Toutes ces agences des N.U travaillent en collaboration avec d’autres agences humanitaires
internationales présentes dans la zone d’intervention. Elles financent et sous-traitent des
contrats aux agences nationales.
331
Celles citées (tableau 47) sont actives et leurs réalisations perceptibles dans l’amélioration
du quotidien des ménages. Nombreuses aussi sont les agences qui au moment de l’enquête
étaient déjà parties, elles ont participé au moment de l’urgence (MSF, CRF…).
Aux côtés des agences des N.U, ces ONG se déploient au quotidien pour venir en aide
aux populations touchées par les violences de B.H et les tueries de la RCA. Ils viennent en
appui actuellement dans le processus de relèvement. Elles sont davantage dans la formation,
l’octroi des semences pour la remise des semis, des petits ruminants aux éleveurs, distribution
du transfert monétaire, construction des points d’eaux, des latrines améliorées dans les villages
hôtes. IMC a repris le centre de santé de MSF au camp de Minawao, ALIMA a construit une
extension au CNTI de Mokolo et s’occupe de la prise en charge des MAS avec complication,
SI œuvre dans la distribution des semences vivrières (maïs, sorgho, niébé, arachides), 360
hectares mises à la disposition des bénéficiaires de Koza (juin 2018) et à Gado, construit des
toilettes et latrines améliorées à Mokolo, Soulédé, Gado. CRS opère aussi dans la distribution
des semences et le suivi des bénéficiaires (près de 800 ménages touchés à Mozogo, Moskota,
Koza…planche 40).
332
333
A B
Njiembokue, août 2018 Njiembokue, juin 2018
Photo 165 : Centre préscolaire construit Photo 166 : Charbon écologique
par Plan Int.
D
C
Dans le cadre du projet d’assistance aux enfants nigérians et des communautés hôtes en situation de
crise, Plan Int, a construit un centre préscolaire (A) à Zamay pour scolariser les enfants et ainsi
participer à leur éducation. À l’arrivée des réfugiés à Minawao, ils pouvaient parcourir 12 km pour
aller chercher du bois de chauffe et de cuisson. Sur ce trajet, les femmes étaient exposées aux violences
de genre en plus de la pression exercée sur les ressources disponibles. C’est pour résoudre un certain
nombre de ces problèmes, que LWF a entrepris de former les femmes à la fabrication du charbon
écologique (B) à base des déchets ménagers (exposés ici lors de la journée mondiale de
l’environnement), des foyers améliorés à base de la terre cuite. L’ONG a aussi construit au sein du
camp de Minawao un centre de formation de fabrication des briquettes en terre pour la construction
des habitats écologiques. Il a fallu de toute urgence accroitre le nombre de points d’eau dans les villages
du Mayo-Tsanaga, surtout ceux qui recevaient des charges importantes de populations réfugiées et
déplacées comme Zamay. C’est dans ce but que PUI et IRC ont construit des forages à PMH (D) et
ainsi amélioré l’accès à l’eau potable. La CICR a aussi construit des latrines améliorées à ventilation
(C) dans le camp des déplacés de Zamay. La cabine et le toit faits à base de tôles. À Rhumshiki, IMC a
procédé à la réhabilitation des forages fermés depuis longtemps ou en panne, le forage à PMH est en
contrebas du CSI de Rumshiki donc dessert les patients et les ménages environnants. Dans
l’arrondissement de Souledé-Roua, SI a entrepris la construction des latrines dans les établissements
primaires, lors des enquêtes de terrain en mars 2019, les travaux étaient au niveau des fosses à l’école
publique primaire de Dzah-Koudet (Soulédé). Il faut noter que jusqu’à ce jour l’école ne disposait ni
de toilette, ni d’un point d’eau.
334
SI a construit des latrines sèches (A) au sein du camp des réfugiés de Gado-Badzere. La structure est
une toilette améliorée qui permet à suffisance une séparation physique et visuelle des excrétas humains
avec les utilisateurs, la dalle est faite en ciment, elle est donc lavable. Ces latrines sont dotées des tuyaux
de ventilation pour éviter les odeurs, la cabine et le toit faits avec des produits locaux (nattes de fibres
tissées et toit de paille). Les jeunes volontaires du village de Gado sont formés aux AGR, ils sont envoyés
à Bertoua pour une formation de 06 mois environ et de retour au village, l’ONG finance également
l’ouverture de l’atelier et l’achat des machines(B). Ceci permet aux jeunes de s’auto prendre en charge
et améliore considérablement leur bien-être (le jeune garçon à droite de la photo prétend s’être marié
après son installation en tant que couturier du village). Sous le financement des agences des Nations
Unies, les agences internationales obtiennent des contrats et réalisent les projets au sein des villages.
Ce forage (C) au village de Gado a été financé par l’UNHCR et réalisé par SI.
Les agences comme IMC, ALIMA, AHA, CRF sont très impliquées aussi dans la lutte
contre la malnutrition infantile et maternelle. En dehors de la prise en charge des malnutris dans
les CNAS, CNTI, elles mènent aussi à l’aide des relais communautaires des campagnes de
sensibilisation, de suivi à domicile, sur la bonne pratique de l’hygiène alimentaire et de nutrition
(planche 42).
335
A C
Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, juillet 2018
Photo 172 : Ingrédients pour la sauce Photo 173 : Étape de cuisson de la sauce
E
D
Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, juillet 2018
Photo 174 : Étape de cuisson du riz Photo 175 : Cuisson au feu de bois
G
F
336
Le relais communautaire détaille les bonnes pratiques alimentaires et d’hygiène sur les
sujets ; la nutrition de la mère et l’enfant, l’importance de l’allaitement maternel exclusif
pendant 06 mois, l’alimentation de supplément à partir de 06 mois, 12 mois. Il met l’accent sur
la connaissance des groupes d’aliments, les pratiques d’hygiène (laver les fruits avant de
consommer, se laver les mains avec du savon après les toilettes, avant de nourrir l’enfant). Il
précise la nécessité de la répartition intrafamiliale du repas avec un moment privilégié pour le
jeune enfant, la nutrition de la femme enceinte et allaitante, l’utilisation de l’huile et du sel iodé
en cuisine... Dans les CNAS aussi, sont organisés des séances de démonstration de la cuisson
des bouillies enrichies à base des produits locaux disponibles.
Les ONG nationales (tableau 48) sont nombreuses à exercer sur le terrain dans les régions en
crise.
Elles sont plus proches des populations car parfois les employés sont issus des
communautés. Ce fait permet de briser les barrières de langue, de complexe social.
Il permet aussi une franche collaboration des ONG avec les populations, en plus d’avoir
l’accès facile dans les zones à risque.
337
Elles sont des partenaires de mise en œuvre sur le terrain des projets et programme
d’urgence et de résilience (assistance par transfert monétaire, DGV, évaluation des besoins,
protection de l’environnement, formation AGR, sensibilisation des populations sur les dangers,
construction des infrastructures de base, assistance agro-pastorale…) à l’endroit des
populations pauvres et affectées par les conflits. Les agences nationales obtiennent auprès des
agences des Nations Unies et des agences internationales des financements pour la réalisation
de certains infrastructures (à l’exemple de la construction des hangars dans les marchés, Photo
178).
Dans le cadre du projet « lutte contre l’Extrémisme dans la région de l’Extrême-Nord », l’ALVF a
construit deux grands hangars au marché de Zamay dans l’arrondissement de Mokolo. En matériau
définitif, le hangar dispose des comptoirs personnels, rangés en ligne de telle manière à faciliter le
déplacement entre les étals des commerçants. Un projet rentable dans le cadre de l’amélioration des
infrastructures marchandes et de l’accès aux denrées couverts de qualité.
338
B
A
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 179 : Donateurs Photo 180 : Cameroun-Banque Mondiale
E
F
339
340
Figure 78 : Cartographie des acteurs dans les zones d’interventions dans le Mayo-
Tsanaga
Lesureaux des ONG des Nations Unies et internationales sont dans la ville de Maroua.
C’est de là qu’ils font des descentes selon le calendrier de leurs activités dans le Mayo-
Tsanaga. La zone prioritaire d’intervention est par ordre d’importance Mokolo (où se trouvent
le camp des réfugiés et le camp des PDI à Zamay plus précisément), dans le Mayo-Moskota
(qui a connu le plus grand nombre d’attaque donc de nombreux PDI), Koza (où sont
341
également installés les PDI) et Soulédé-Roua où sont menés des projets de filets sociaux pour
les PLV.
Figure 79 : Cartographie des acteurs dans les zones d’interventions dans le Lom-et-
Djerem
Dans le Lom-et-Djerem, la base des partenaires humanitaires est dans la ville de Bertoua
avec des bureaux à Garoua-Boulaï. La zone prioritaire d’intervention est Garoua-Boulaï (où se
342
trouve le camp des réfugiés à Gado et les villages jouxtant le camp) et Betare-Oya (où sont
installés les réfugiés hors camp).
Mais l’aide est concentrique dans les espaces d’accès facile. C’est pour vérifier cette
affirmation que les enquêtes se sont beaucoup plus déroulées dans les zones rurales difficiles
d’accès. Il est peu probable pour ces localités de recevoir des aides. D’autant plus que les
ménages assistés en milieu périurbains ne vont pas vivre l’insécurité alimentaire avec la même
ampleur que ceux des milieux ruraux. Elle s’est avérée fondée car dans le Lom-et-Djerem ; 33,1
% des ménages enquêtés affirment qu’ils n’ont pas reçu d’assistance contre 15,4% qui se sont
fait aider. Dans le Mayo-Tsanaga, le même constat se dégage, 34,1 % des ménages n’ont pas
reçu d’assistance contre 17,4% qui en ont reçu. Les agences humanitaires sont très peu présentes
dans la partie Est par rapport à l’Extrême-Nord. Au moment des enquêtes de terrain en 2018,
d’autres ONG n’y étaient plus (IRD et IEDA partis en 2015, CARE et ONUFEMME en 2016,
CRS en 2017, PUI et PLAN Int. en 2019). À cette période, la ration alimentaire des hôtes et des
réfugiés hors camp était réduite de 55% (UNHCR, 2016) et nombreux sortis du programme
d’assistance seuls les plus vulnérables bénéficiaient temporairement encore de l’aide. La raison
émise est le manque de ressources financières dû au retrait de certains donateurs. Pourtant le
problème demeure car la vulnérabilité au fil du temps s’accentue avec la réduction des
ressources or le principe de base est d'atteindre au juste moment ceux qui en ont le plus besoin
de manière à avoir des effets durables tout en apportant une aide à court terme (Jacques Diouf
en 1990, cité par FAO en 1996)7ou d’assurer une sécurité alimentaire durable. Les populations
font recours à de difficiles stratégies d’adaptations.
7
Sorel Waadi Vissoh H., 2010, Aide alimentaire au Bénin : enjeux et perspectives sur la production céréalière,
Maîtrise, Université d’Abomey‐Calavi, Bénin.
343
par les ménages pour faire face à une insécurité alimentaire. Ces stratégies pour le PAM, (2009),
désignent la façon dont les ménages utilisent et combinent leurs avoirs pour se procurer des
aliments, un revenu, d’autres biens et services dans le contexte où ils vivent.
Pour surmonter une situation d’insécurité alimentaire et espérer améliorer leur état
nutritionnel, les ménages disposent d’une capacité de résistance. Cette capacité peut dépendre
des ressources, des connaissances, de l’utilisation de ses ressources. Les ménages du Mayo-
Tsanaga et du Lom-et- Djerem sujets à des problèmes d’insécurité transfrontalière, de la
pression démographique sur la population locale et sur les ressources existantes, perdent leur
capacité de résistance. Pour la Croix Rouge et le Croissant Rouge (2005), les moyens de
subsistance sont les activités qui assurent l’existence. Dans le contexte de la sécurité
alimentaire, cela englobe les personnes, leurs capacités, leurs biens, leurs revenus et les activités
requises pour subsister, y compris les moyens d’obtenir la nourriture. Les stratégies
d’adaptations peuvent comporter des risques susceptibles d’accroître la vulnérabilité des
moyens de survie.
Dans le cadre de cette thèse, quatre types de ménages ont été enquêtés ; ménage réfugié
vivant dans un camp, ménage déplacé d’un village à un autre, ménage réfugié hors camp et
ménage hôte donc du village d’accueil. Leurs points communs retenus : en raison des
contraintes physiques, les déplacés ont perdu leurs biens dans la majorité et arrivent dans les
villages d’accueil démunis de tout. Les ménages des villages d’accueil eux vivent déjà dans des
conditions précaires. Ils sont pauvres dans la majorité avec des ressources limitées ou
inexploitées et exercent des activités avec des revenus aléatoires. En conséquence, tous ces
ménages se sont fait assister à un moment ou un autre via des transferts monétaires ou des
assistances alimentaires.
344
En vue d’assurer le transfert des ressources pour assurer la sécurité alimentaire d’une
tranche de la population, une panoplie d’approche est possible. L’aide revêt plusieurs natures
dans ce cas (figure 78).
40,8
45
40
29,4
35
30
18,4
25
20
8,2
15
10 2,5 0,7
5
0
Mayo-Tsanaga Lom-et-Djerem
Nature de l'aide
L’assistance alimentaire ou non alimentaire a été effective dans les zones touchées par
l’insécurité alimentaire. Cette assistance a été appréciée par les bénéficiaires (figure 79).
345
Non Oui
0 10 20 30 40 50 60
Pourcentage
346
B
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, juillet 2018
Photo 185 : Couturier brodeur Photo 186 : Avoirs alimentaires
C D
Njiembokue, juillet 2018 Njiembokue, avril 2019
Photo 187 : Enfants guéris de la Photo 188 : Salon de coiffure homme
malnutrition
Grâce à l’assistance, des modes de vie ont été changés. Ce jeune hôte du village de Gado, a bénéficié
d’une formation en couture broderie (A). Il est installé à son propre compte. Grâce aux aides, les
personnes déplacées de Koza (B) ont eu de quoi manger en terme de ration équilibrée pour une période
donnée. Les enfants réfugiés du camp de Minawao (C) sont guéris de la malnutrition à cause de la prise
en charge gratuite et de proximité. Ce salon de coiffure homme appartient à un réfugié (D), l’équipement
est de base (des tondeuses électriques, un miroir, de l’alcool pour désinfecter les tondeuses, des tabliers
de travail…). Le gain est journalier pour ces activités, ce qui leur permet de prendre la charge
alimentaire de leurs familles.
Il faut préciser que la reconversion de certains réfugiés centrafricains aux petits métiers relève
de l’exploit des organismes d’aide car nombreux sont des éleveurs strictement fermés à d’autres
activités.
347
348
B
A
Njiembokue, avril 2019 Njiembokue, avril 2019
Photo 189 : Meunerie Photo 190 : Petite échoppe
D
C
Autour du camp de Gado, un village naissant proposant des services divers. Un réfugié centrafricain a
ouvert une meunerie (A) équipée de 2 moulins à écraser. Ce sont des machines qui fonctionnent au
gasoil. Un jeune en association avec son frère, dans une boutique (B) faite en planche propose des
articles diverses (huiles, vinaigre, sel, riz, savon, détergents, biscuits, mini parfumerie) et ce commerce
leur est rentable. Grâce aux transferts monétaires, cette femme réfugiée (D) sous un hangar vend
diverses marchandises (les aromates de beauté, les souliers, les rideaux, les voiles ou « hijab ». Elle s’y
installe chaque jour dans l’attente des potentiels clients. Au camp de Minawao, on peut apercevoir des
échoppes devant les abris(C), proposant tomates en sachet, lait en sachet, détergents, épices de toutes
natures pour la cuisine, arachides et pâtes d’arachides, des laits de toilettes et parfois des produits de
l’aide alimentaire pourtant proscrit.
Depuis 1989, les populations du Nord des Monts Mandara ont toujours vécu dans la
hantise du risque de la faim, la stratégie paysanne pour résister aux périodes des disettes
consistait à constituer des stocks de mil ou d’éleusine des saisons de pluie dans les greniers
avec mention interdiction de vente parfois il fallait faire un « jeûne normal » ou « faim de
grenier scellé » pour attendre la prochaine récolte mais cette pratique est mise en danger dès
leur ouverture à l’économie du marché, les greniers familiaux tendent à disparaître car les
réserves sont destinées à d’autres fins : la vente pour s’offrir de la bière de mil, la viande rôtie
sur braise (Hallaire A., 1989).
349
350
nombre de repas journaliers, le repas est passé de 3 ou 2 à 1 fois/jour. 2,9 % ont commencé à
effectuer des activités alternatives (coupe et vente du bois de chauffe, aide dans les champs lors
des labours et récolte contre rémunération en aliments ou en argent, aide dans les boutiques,
vendeurs d’eau dans les porte-tout…). Près de 0,9 % des ménages passent des journées sans
manger et essayent souvent d’envoyer les enfants manger chez le voisin contre 7,2 % qui
vendent leurs actifs agricoles (houes, ânes…), les animaux d’élevage (petits ruminants,
volailles…). Face à la mauvaise utilisation du revenu et au manque de volonté de s’appliquer
dans les travaux champêtres, 22,6 % des ménages du Lom-et-Djerem ont tendance à maintenir
la consommation des aliments qui leur reviennent au prix de rien. Le soir, le ménage peut
acheter une tasse de farine de manioc à 100 F CFA, une botte de feuilles de légumes à 100 F
CFA, une mesure d’huile de 50 F CFA, parfois de la pâte d’arachide de 100 F CFA ou encore
un demi kilo de riz de 250 F CFA et une mesure d’huile de 50 F CFA (le riz n’y est pas trop
apprécié d’ailleurs) ce malgré la taille de la famille. Pendant ce temps, 11,4% des ménages sont
passés de 02 repas journalier à 01 seul qui se prend généralement vers 16 heures. En plus de
l’activité minière qui procure une certaine assurance à l’Est du département et des travaux
champêtres au nord du dudit département, 4,7% des ménages s’efforcent dans les activités
alternatives comme la préparation et la vente des boissons traditionnelles, les whiskies en sachet
dans les chantiers, la vente des produits du champ devant la maison familiale. Très peu de
ménages dont 1,9 % passent des journées sans repas contre 7,7 % qui prétextent un manque de
moyens pour ne pas envoyer les enfants à l’école encore moins dans les structures sanitaires en
cas de maladie. Quand l’aide extérieure cesse, certains s’installent paresseusement dans une
situation d’assités perpétuels. Devant le changement, les ménages refusent de voir la réalité
alors s’installent une passivité mortelle (Duriez C., 2007).
351
L’insécurité alimentaire a toujours été évoquée sous un angle pluridisciplinaire ; pour les
nutritionnistes, c’est une notion de besoin essentiel qui certes rencontre les questions de
pouvoirs d’achat, de préférences et habitudes socio-culturelles. Les économistes eux la
présentent comme une question de pouvoir d’achat, systèmes de prix, marché libre avec un
survol sur les obstacles organisationnels qui régulent le marché, l’agronomie pense à une
mauvaise maîtrise de l’espace, du savoir agricole acquis par les pratiques néfastes au milieu,
met l’accent sur la production agricole comme solution. Le géographe se focalise à un rapport
Homme-milieu minimisant de fait le rôle de l’espace dans les mécanismes de différenciation et
de recomposition sociale repris par les sociologues. Malgré la kyrielle des sciences, des
solutions envisagées, des projets et programmes, rien ne semble s’améliorer donc le problème
alimentaire ne se réduit pas à un simple problème de production, mais l’attention doit être portér
ailleurs (Chevassus-Angès et al. 1982). La réalité est manifeste, la situation va de mal en pire
et la question reste posée.
Aucun groupe humain n’est à l’abri de l’insécurité alimentaire qu’on soit pauvre ou riche,
ménage dirigé par un homme ou femme, propriétaire des terres ou pas, chômeurs qualifiés ou
pas puisque les conditions climatiques, les guerres les met tous dans une situation précaire.
L’aide alimentaire soulage momentanément la faim, mais elle se contente de s’attaquer aux
symptômes et aux racines du mal (Myers N., 1993) donc le problème est ailleurs et l’Homme
est au centre de tout. Sans la volonté intérieure de toutes les parties prenantes de sortir de ce
cercle vicieux tous les programmes sont d’avance voués à l’échec. Il s’agit de restituer à
l’individu la responsabilité essentielle de son développement, la communauté ne peut que lui
apporter qu’un certain nombre d’ingrédients et de stimulants qui lui permet un empire suffisant
sur tout ce qui tendrait à contrarier le développement de son intériorité et de sa personnalité
spirituelle (Njoh-Mouelle E., 1980). Hippocrate a dit « avant de guérir quelqu’un, demandez-
lui s’il est prêt à abandonner les choses qui le rendent malade ». Pour dire l’insécurité
alimentaire est plus un problème de comportement que d’avoirs matériels.
352
et envers soi-même. Le but est de bâtir l’Homme, lui inculquer des valeurs positives et des
habiletés, le conditionner à être un bon décideur, bon citoyen, responsable de son bien-être. La
personne par essence est constituée de cinq dimensions :
353
de prévarication des projets d’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre si ce
n’est un problème intérieur. En bref, ce qu’il faut attaquer ce sont les racines du comportement
de l’Homme. Une éducation ciblée ou programme d’éducation peut inciter les membres d’une
communauté à se préserver, à améliorer les pratiques agricoles, à préparer des repas plus
conformes aux exigences de la nutrition ou de leurs organismes, un apprentissage d’habiletés
manuelles ou intellectuelles, d’attitudes nouvelles pour trouver des solutions pour lui et pour sa
communauté. « Éduquer » c’est conduire une personne d’un état à un autre c’est-à-dire modifier
dans un certain sens la personne et l’éveil de l’intérêt de la personne dépend étroitement de la
conscience qu’elle a de ses propres besoins ou des causes qui le maintiennent dans cet état de
précarité et de dépendance. Alors la personne pourra s’intéresser aux nouvelles attitudes qu’on
lui présente si elles lui permettent de résoudre son problème (De clerck M., 1965). Pour réussir,
il faut connaître et présenter ce qui bloque l’accès ou l’ouverture à ces solutions préconisées.
Chaque personne vit en fonction de ses croyances, ses principes, ses valeurs et sa vision
du monde et des autres (dimension spirituelle), une façon de voir le monde et son semblable.
La culture, la société, l’éducation, l’environnement, les évènements/expériences, l’état
physiologique, les influences extérieures, les réseaux sociaux, les TIC façonnent l’homme à
construire son modèle. Exemples : un enfant qui naît et grandit dans un environnement violent
en actes et en paroles, le reproduira sans doute à l’âge adulte. Une société patriarcale dans son
essence, la femme est muselée et est juste utile à la reproduction, sujette des violences de toutes
natures (excision, violences morales et physiques, viol…cas de la région de l’Extrême-Nord où
les pratiques culturelles néfastes sont légion, Wandou M., 2020). Ceci constitue un frein à
l’éclosion sociale de ladite société, un frein à l’affirmation de la femme. Ces pratiques
empêchent la femme de jouer son rôle c’est-à-dire de révéler sa féminité et d’être l’aide qu’il
faut à l’homme, le soutenir et faire des familles modèles. Ce sont plusieurs familles modèles
qui feront une société équilibrée et en santé. Le refus des parents d’envoyer les enfants à l’école
pour s’instruire, n’est pas forcément le manque de moyens financiers mais la perception que
ces individus se donnent de l’école qui est le problème. Le fait d’avoir une descendance en
terme de nombre d’enfants n’est pas le problème mais le problème c’est d’en faire autant et ne
pas être en mesure de s’en occuper, les éduquer et de faire d’eux des adultes responsables. Tout
le monde a, dans le domaine de l’alimentation, ses goûts, ses dégoûts, tout comme ses
croyances. La plupart des gens ont un comportement conservateur. À l’origine, sous l’influence
354
de la culture, des tabous, des interdits, de l’entourage. Dans un société, on hésite a se distinguer
des autres pour ce qui est des mets consommés (Latham M., 1979).
Ces pratiques dites et faites « c’est notre culture », « c’est notre tradition », « nous sommes
en Afrique, il ne faut pas l’oublier » ces pratiques qui déshumanisent (il faut jeter le premier lait
appelé le colostrum). Ces barrières basées sur nos croyances et pratiques, goûts limitent la
consommation des aliments nutritifs et l’enfant très tôt est initié pour la continuité des habitudes
alimentaires. Or ces pratiques favorisent la malnutrition des enfants. Les enfants au milieu
d’une fourmilière familiale, délaissés obligés de survivre se font recruter par les bandes armées
et deviennent des loups pour leurs semblables. Ces facteurs sous-jacents sont si ancrés qu’ils
masquent leurs nocivités. Le problème est que tout ce qu’on croit n’est pas forcément vrai, et
ce qui est important ne l’est pas forcément. Les principes gouvernent les conséquences et les
valeurs gouvernent les priorités et les actions. Si ce que l’homme croit est faux et ne lui fait pas
du bien, tout ce que les projets entreprendront comme solution ne marchera jamais, au contraire
la situation va stagner et évoluer de mal en pire. « Nous avons poursuivi vainement une biche
qui n’avait cependant que trois pattes. Cette biche, c’est le monde, c’est la vie, telle que
l’homme la parcourt et la poursuit. Imparfaite, fugitive et inexorable. Rien ne l’arrête, rien ne
l’atteint » Diop B., (1961).
Parce qu’elle intègre les « quoi », « pourquoi », « comment faire » (figure 80), impulse
le changement au niveau de la compréhension des attitudes, de la vision et du caractère lui-
même. Il touche la raison, la volonté, les sentiments et fait des personnes qualifiées, capables
de réfléchir à un problème et d’y trouver des solutions au lieu de céder aux choix faciles de
l’oisiveté au joug des bandes armées. La pauvreté est un problème intrinsèque, le clamer et s’y
résigner prouve à suffisance une immaturité et une inaptitude.
Ce que l’homme croit conditionne ce qu’il fait et si quelque chose est vrai, c’est vrai pour
tout le monde quelle que soit la culture ou la couleur de la peau (Ball Marcia et al., 1995 ;
Gumbel N., 2012 ; Mfondi R., 2019). « Du coup, notre lumière brille tant sur le plan spirituel
et matériel, physique, psychique » Guideme G., (2015). Sortir de l’ignorance, de
l’enfermement, être une société juste sur la base de la justice conduit à une transformation
physique, socio-économique, politique de la société, d’un pays et ce sont des Hommes vrais qui
la bâtissent. Le capital humain est décisif pour la réussitte économique des individus et des
Nations. Mais le savoir et les compétences sont aussi les conditions du bien-être personnel et
355
social de chacun et de la collectivité à laquelle il appartient (Angel Gurria, cité par Keeley B.,
2007). Il s’agit de « développer la richesse humaine » (Njoh-Mouelle, 1980).
CONNAISSANCE ATTITUDES
HABILETE
356
Il existe trois groupes d’aliments : les aliments -Manger au moins trois repas par jour plus
énergétiques (maïs, mil, riz, sorgho, blé, manioc, banane un goûter (un verre de lait, une banane, un
plantain, igname, pomme de terre…), les aliments de œuf à la coque, un verre de jus de fruit...)
croissance (viande, poisson, œuf, lait, souchet, petit pois, pour les jeunes enfants
arachides, niébé, pistache...), les aliments de protection -Introduire de la bouillie enrichie au soja, à
(les légumes verts et frais, les fruits...). -Manger une variété d’aliments à chaque repas l'arachide, au souchet comme aliment de
Une alimentation qui regroupe ces trois groupes -Augmenter les quantités d’aliments au cours d’un complément du nourrisson après 06 mois.
d’aliments est appelée alimentation équilibrée. une bonne repas -Privilègier les aliments avec une grande
nutrition sur la base de cette alimentation renforce le valeur nutritive comme le haricot, les
système immunitaire du corps, aide à lutter plus arachides, carotte, mangue, légunes verts.
efficacement contre les infections et les maladies, -Mélanger plusieurs aliments dans un seul
maintient le poids du corps, procure la force surtout pour plat ou recette
les travaux pénibles comme l’agriculture et l’orpaillage -Boire suffisament d’eau potable tout au
artisanal long de la journée
357
Boire et fumer font perdre l’appétit, expose aux maladies -Avoir un jardin à proximité de la maison
pulmonaires pour cultiver les légumes et les fruits à
portée de main quelle que soit la saison.
-Bien cuire les aliments (viande…) et
réchauffer les restes de repas avant de
consommer
-Arrêter de boire de l’alcool et de fumer
Le prestige social n’est pas le nombre d’enfant à son actif -Prendre ses responsabilités de parent et décider du -Adopter dans sa maison des bonnes
mais le nombre d’adulte responsable qu’on a éduqué. nombre d’enfants et de la qualité de l’éducation pour habitudes alimentaires et résister aux
la famille, le cadre familial est un centre de formation où faire d’eux des adultes responsables et utiles à la interdits et tabous néfastes (Latham M.,
on forge le caractère de l’enfant et fait de lui un adulte société. 1979)
apte à assumer ses responsabilités futures. Où il acquiert -Avoir la volonté de réduire la pesanteur de la - Le budget familial, plus organisé et les
les aptitudes de créativité pour se déployer dans la société pauvreté, avoir une famille mieux alimentée et ainsi dépenses alimentaires pour les aliments
demain. Où il apprend la valeur du respect du bien améliorer la qualité de vie. nutritifs augmentent.
commun et de l’investissement de soi pour l’intérêt -Un environnement sain, convivial et propre est - Nettoyer l’environnement immédiat le
général et la sacralité de la vie humaine propice à la croissance des enfants, à une bonne plus souvent (jeter les ordures du ménage
les naissances nombreuses et rapprochées occasionnent assimilation des aliments sains loin de la maison mais loin des sources
des sevrages brutaux, une compétition pour la nourriture - Partager les expériences de bonne pratique avec d’eau, creuser, utiliser les latrines
au sein de la famille, probablité de mortalité de la mère et d’autres familles de l’entourage. améliorées et les gardées toujours propre,
des membres de la famille se laver les mains avec de l’eau et du savon
au retour des toilettes, avant et après les
repas)
-Avoir une hygiène corporelle (se laver le
corps, se brosser les dents 02 fois/jour,
laver les vêtements avec de l’eau et du
savon)
-Créer une atmosphère de communication,
d’entente à la maison (avoir des activités
sociales avec les membres de la famille,
passer du temps en famille, être positif
dans les interactions…)
358
Confrontées à la bonne connaissance, les personnes sont outillées pour prendre leurs
responsabilités, mieux elles sont capables de créer des richesses, de faire face aux défis du
quotidien et de se relever après des chocs. La responsabilité de l’État, des organismes de la lutte
contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition des enfants et de l’individu est déterminante.
Elle consiste à réunir les conditions objectives et visibles d’un développement. Un minimum
de principes directeurs est requis : car on doit toujours savoir où on va et où on voudrait mener
les autres (Njoh-Mouelle, 1980). En réalité ce qui compte le plus n’est pas ce que la vie vous
donne, mais plutôt ce que vous laisseriez comme impact derrière vous, une transformation réelle
de la vie des assistés. Il s’agit de bâtir, équiper la personne sur tous les plans, pour qu’elle soit
créative et non dépendant de l’aide, une aide jugée parfois de dégradante (Masullo A., 2010).
L’aide d’urgence est généralement efficace, mais le maintien d’une aide structurelle reconduite
automatiquement d’année en année, peut conduire à une déresponsabilisation de la collectivité
(Juan Avila, 2011). Pour dire l’aide est utile lors de la phase d’urgence, si elle se prolonge
indéfiniment favorise la paresse et la dépendance à l’aide. Bref, il est important de trouver des
solutions pour soulager les personnes vulnérables mais sans créer une dépendance à long terme.
Le bonheur d’un individu vient d’un autre, le développement d’un village est impulsé par
le développement de l’arrondissement. Le développement d’un arrondissement est conditionné
par le développement du département, le développement du département du développement de
la région. Le développement de la région subordonné par le développement du pays. Les
résultats sont un engrenage de projets et programme qui stagne sans impact réel sur
l’amélioration des conditions de vie. Il y a une autre possibilité qui existe, décider de s’auto
développer indépendamment des sphères d’influence. Il s’agit de copier les bonnes pratiques
des communautés qui ont pu sortir du cercle vicieux de la pauvreté, du mal être et être
autosuffisant sur plusieurs plans.
Son passé : pays colonisé par le Japon au XIXe Siècle, divisé en deux par la guerre froide et la
guerre de Corée pendant 03 ans. En 1960, C’est un pays pauvre avec un revenu mensuel de 79
dollars par habitant. Une société centrée sur les traditions et une précarité profonde du monde
rural
359
Les idées du président Park Chung-Hee : améliorer les conditions de vie en se focalisant sur
des projets de renouvellement de la vie rurale par les constructions des infrastructures rurales
et augmentation du revenu communautaire. En 1970, les villageois entreprennent la
construction des ponts, des fontaines communes à l’aide des matériaux locaux (sable, cailloux
mobilisés par les villageois eux-mêmes) et le gouvernement est venu en appui avec 365 sacs de
ciment pour 33 267 villages. En 1972, 16 600 villages se démarquent et le gouvernement leur
donne encore 500 sacs de ciment, une tonne d’armature de fer. Résultats : les routes sont
goudronnées, les habitats et murs de chaume renouvelés en dur. En 1973, 6 000 autres villages
vont suivre l’exemple sans apport du gouvernement. Par la suite, les subventions ont suivi selon
le degré de développement.
Les stratégies de développement (les forces) : les moyens démocratiques (les villageois
décident et mettent en œuvre les projets eux-mêmes), le principe « village de bon résultat ;
support au premier » pour inciter l’esprit d’indépendance et la compétivité des résidents. Le
support du gouvernement.
Critère de choix des projets : confort de tous les résidents, projet adapté aux conditions
régionales, projet à long terme praticable pour les ressources financières et le temps. Tout est
décidé en réunion du village, organisé par les comités de femmes, de jeunes sous la houlette
d’un leader (dévoué et non rémunéré) formé par le Saemaul.
Les conséquences ont été visibles au travers de l’amélioration des conditions de vie dans les
villages. Les projets sont réalisés, les voies de communication agrandies pour laisser passer les
machines agricoles. La création des ateliers communs, l’introduction de la pisciculture, la
formation à l’esprit et technique agricole, la mise en valeur agricole des parcelles, la production
énorme des légumes dans les serres et la construction des usines saemaul dans les villages. En
1960 ; le PIB/habitant est de 79 dollars, le RNB de 02 milliards de dollars, en 1970, le PIB est
de 254 dollars et le RNB 8,1 milliards de dollars et en 2008, le PIB est de19, 231 dollars pour
un revenu national brut de 928,7 milliards de dollars.
Loin d’être un projet gouvernemental basé non sur la théorie académique mais sur l’innovation
de l’esprit. L’objet a été de changer la façon de penser et inviter à l’action avec l’esprit « nous
360
B
A
361
Pratique et action
362
valeurs partagées l’adhésion à une mission commune et des bénéfices mutuels (FAO, 2012), la
mutualité. Ils doivent mettre ensemble leurs efforts, leurs ressources, leurs talents pour booster
la production. Moupou M. & Akei Mbanga L., (2008) parlent d’association locale
traditionnelle, c’est un groupe de personne issu d’un même clan ou du même âge. Dans
l’arrondissement de Diang, département du Lom-et-Djerem, des petits groupes d’entraide
existent. Les paysans se regroupent, vont dans les champs à tour de relais, l’unique condition
c’est que l’hôte du jour à la fin de la journée prépare des victuailles pour le groupe (vin de
palme, rôti de gibier…) et tous se séparent en fin de journée égayés et contents. Le résultat est
l’augmentation des parcelles mises en valeur. La production est plus importante à la fin des
récoltes par famille. Ceux qui n’ont pas à manger dans les ménages, sont ceux qui n’adhèrent
pas aux groupes de travail, dixit Mr Avom, chef de canton de Mokolo.
Les points de départ des bêtes sont connus, les marchés également, alors il faudra tracer des
couloirs de transhumance et les diffuser par affiche à l’attention des éleveurs. Les résultats sont
: sécurisation des champs, de la production, réduction des frictions entre les deux groupes de
moyens de subsistance, cohésion et paix sociale préservée. Dans l’arrondissement de Mogodé,
département du Mayo-Tsanaga, après les récoltes, les éleveurs et les bêtes viennent occuper les
champs, ils se nourrissent des tiges de maïs, de mil, et leurs bouses fertilisent les sols.
‐ Sur la création des entreprises de production des engrais dans les villages :
Avec le concours de la commune, qui sûrement se charge de la collecte des déchets ménagers,
un site est proposé pour enterrer les déchets et en faire du compost. Après un temps, sous la
gestion d’un comité de paysan, peut se charger du partage ou de la vente de l’engrais obtenu
selon les ententes et les dépenses engagées. Ces comités peuvent se former en technique de
compostage. Ce compost est écologique et améliore le sol par ses propriétés biologiques,
physiques par un apport régulier (Ndiaye M. ; Almaric N., 2008)
- Pour lutter contre les mauvaises pratiques aboutissant à la malnutrition des enfants :
l’éveil des consciences. « La santé ne dépend pas seulement de ce qu’on mange, mais
de la manière dont on mange » Les conseils pratiques du Dr M.C., (1928) à l’endroit
des mères sont :
363
Une bonne mère de famille doit obtenir ses repas réguliers. Elle a horreur d’être pressée, ou en
retard, de voir la petite famille se réunir en hâte, mal installée, bruyante et indisciplinée
pratiquant le « chacun pour soi » et l’égoïsme accapareur. Elle veut, au contraire, que les repas
de famille soient un moment de confort et de plaisir, où les grands soignent les petits, où chacun
se gêne un peu pour ne pas gêner les autres. Elle veille à tout, mais sans se négliger elle-même ;
elle habitue les enfants à manger de tout, en quantité raisonnable, sans proclamer leurs goûts
personnels ; c’est un service à leur rendre pour toute la vie. Elle les force à manger lentement,
à bien mâcher, à être propres et soigneux : c’est la clef de la bonne santé et de la bonne
éducation ».
Prendre un moment pour nourrir le bébé qui commence à manger, être attentionnée et surtout
avec patience….Biscuits, bonbons, sucreries sont à proscrire dans l’alimentation d’un enfant
sevré, qui apprend à manger, donner à grignoter les fruits de saison (bananes, pommes, carottes,
dattes…).
Aux parents, un cadre idéal de paix, calme conditionne l’alimentation et la bonne santé de
l’enfant. Faire des enfants si on a les moyens (temps, soins, abris, finances…) de s’en occuper.
Ces recommandations peuvent être affichées partout, dans les CSI, CNAS, hôpitaux, faire partie
des règles de la maison, traduites dans différentes langues du terroir.
Certes l’agriculture est un pilier incontournable et important dans la sécurité alimentaire mais
son rôle est limité car une abondance de production des denrées alimentaires n’assure pas une
bonne sécurité alimentaire. Le personnel en charge des programmes de sécurité alimentaire
doit être capable d’aider les paysans à vivre des produits de leurs récoltes dans la gestion de
leur revenu, créé des AGR, développer des techniques de conservation pour éviter des pertes
post-récolte dans les zones enclavées et avoir des notions sur l’ensemble des activités du milieu
rural. « Les spécialistes de l’agriculture et nutritionnistes doivent apprendre les uns des autres.
La nutrition peut élargir le spectre de ce que l’agriculture peut faire pour améliorer le
développement économique et social (…).les nutritionnistes eux, ont besoin de mieux
comprendre les objectifs agricoles et d’en tirer parti (A leadership Strategy for reducing
364
8
In Rapport Génération Nutrition, 2014, p 15.
365
CONCLUSION
Afin de lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition des enfants dans les
départements du Mayo-Tsanaga et du Lom-et-Djerem, les institutions de l’État se sont
mobilisées, des privés se sont démarqués à travers leurs soutiens aux familles désœuvrées et
aux militaires engagés au front et les acteurs humanitaires sont venus en appui pour essayer
d’améliorer les conditions de vie des réfugiés, des déplacés et des populations hôtes dans les
villages d’accueil. L’aide alimentaire ou non alimentaire auprès des ménages s’est faite à travers
plusieurs modalités ; les transferts monétaires, la DGV, le travail contre vivre, l’octroi des petits
ruminants et des engrais pour relever l’agriculture, la formation aux AGR, les transferts de
connaissances sur les bonnes pratiques alimentaires et la prise en charge gratuite des malnutris
et la construction des infrastructures de base.
Dans un contexte de précarité, les ménages se sont également déployés pour maintenir le
ravitaillement des denrées alimentaires à travers des stratégies dites positives et celles dites
négatives. Certains ont su tirer profit des aides non alimentaires, se sont formés et se sont
installés à leurs propres comptes dans les petits métiers. D’autres ménages par contre se sont
astreints et habitués à l’aide alimentaire, ont dû réduire leur consommation alimentaire, retirer
les enfants à l’école sous prétexte de moyens financiers ou pire le recours aux voies de faits
comme moyen de survie. Nous avons fait des suggestions pour une lutte efficiente ; de la
rééducation de l’Homme, principal acteur pour un changement de comportement, à la révolte
du dynamisme impulsé par le monde rural lui-même en prenant l’exemple sur le modèle du
mouvement saemaul. Par ailleurs, nous proposons d’encourager les paysans à l’esprit du
regroupement, des coopératives, du travail commun pour aller contre les contraintes de la
production ainsi améliorer leur environnement de vie, lutter contre la pauvreté et acquérir les
bonnes pratiques alimentaires et d’hygiène.
366
CONCLUSION GÉNÉRALE
367
Le Cameroun jadis présenté comme un pays autosuffisant sur le plan alimentaire, grenier
de l’Afrique Centrale a dû faire face en 2008 aux émeutes de la faim. Pour dire qu’il y’a un
problème, une bonne partie de la population peine à satisfaire leurs besoins alimentaires
élémentaires. Et ce n’est pas à tort qu’il est classé par la FAO parmi les pays ayant besoin d’aide
alimentaire extérieure. Les données officielles l’admettent 1 camerounais sur 4 souffre
d’insécurité alimentaire. Les PAS, les sécheresses dans la partie septentrionale, la crise
économique, le délaissement du milieu rural par les jeunes, main d’œuvre productive, les
contraintes d’accès au crédit agricole, la fermeture des structures d’accompagnement de
l’agriculteur, la forte demande alimentaire urbaine de plus en plus croissante en plus du
désengagement de l’État de ses fonctions régaliennes contribuent à plomber le système
alimentaire camerounais. 15% d’enfants de moins de 06 mois souffrent d’une insuffisance
pondérale sévère à la naissance à cause de la malnutrition de la mère, 32% d’une malnutrition
chronique.
368
Le choix des zones d’études est aussi motivé par le fait qu’elles font partie des régions où
l’insécurité alimentaire sévit avec acuité de façon structurelle et conjoncturelle et sont classées
comme zones prioritaires de surveillance et d’interventions humanitaires. Notre objectif majeur
était de générer, d’exposer les faits sur cette situation et d’entrevoir des défis à relever pour
renforcer les stratégies d’adaptation des ménages en termes de ressources propres disponibles.
Pour y arriver, nous sommes partis de l’hypothèse qui énonçait que l’insécurité alimentaire dans
le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem est la cause de l’environnement macroéconomique,
socio-culturel, sécuritaire et la nature des moyens de subsistance. Les données issues de la
consultation des rapports d’activités des secteurs concernés et les données des enquêtes de
terrain, phase clé de notre travail ont servi à la vérification des hypothèses. Cette étape
complétée par l’administration du questionnaire d’enquête, des entretiens avec des personnes
clés, et grâce à l’observation, l’imprégnation de la situation que vivent les ménages. Pour
parfaire notre recherche sur le terrain, nous avons utilisé les outils d’une méthode de recherche
participative, une méthode qui se veut active, participative où l’enquêté est lui-même son propre
enquêteur. L’occasion lui est donnée de revisiter son quotidien, de déceler lui-même le
problème et de faire des suggestions y relatives. Toutes ces données recueillies ont fait l’objet
d’une analyse à l’aide d’un logiciel mathématique R et de résulter des faits que nous avons
organisé en partie puis en chapitre pour mieux les étayer.
Des analyses faites, d’entrée de jeu, il a été question de situer les systèmes de production
dans leurs contextes agroécologiques et identifier les contraintes liées. Il en ressort que le Mayo-
Tsanaga encore appelé les Monts Mandara côté Mafa est remarquable par son paysage de fer,
les chaînes de montagne s’étendent sur des sols rocailleux. Il appartient au grand ensemble
soudano-sahélien certes, mais parmi les départements de l’Extrême-Nord, il jouit d’un climat
modéré. Un climat modifié par l’altitude (750-1500m), une pluviosité moyenne de 700-900
mm. Caractérisé par 06 mois de pluie au plus et 06 mois de saison sèche. Connu pour le stress
hydrique durant la saison sèche, ces dernières années se détériorent davantage. On y note une
369
diminution des précipitations de 4,07% et une augmentation des températures de près de 40°.
Pour la production agricole pourtant prospère, l’arrivée tardive des pluies et l’arrêt précoce des
pluies minent le calendrier agricole. L’assèchement et la rigueur de la période sèche, livrent les
plantes aux insectes ravageurs, poussant parfois les agriculteurs à refaire les semis. Le Lom-et-
Djerem par contre, logé dans le domaine équatorial, a un climat humide et chaud. Se caractérise
par deux saisons sèches et deux saisons des pluies. La pluviométrie fait état de 1000 à 2000 mm
en moyenne. Mais ces dernières années, cette pluviosité est perturbée, les pluies sont
discontinues et les arrêts précoces fréquents. Pourtant, il s’agit d’une zone idéale de production
agricole. Cette variation a des conséquences néfastes pour les plants, qui pourrissent dans le
sol, les insectes dévorent les fleurs. Le calendrier cultural est ainsi perturbé.
370
d’échanges avec les pays frontaliers et les prix sur ces marchés sont aussi fixés selon la
demande. En plus des contraintes d’éloignement des centres d’approvisionnement, le mauvais
état des routes et des pistes agricoles qui empêchent les récoltes de sortir des champs,
l’insécurité, les coûts de transport des marchandises, la rareté de certains produits entraînent
aussi les inflations sur ces marchés au grand dam des ménages locaux.
Le Mayo-Tsanaga et le Lom-et-Djerem depuis 2013 subissent des incursions sur leur sol,
d’un côté de la secte B.H et de l’autre des bandes armées de la RCA. Les villages au niveau des
frontières ont été le théâtre des massacres, l’insécurité d’une violence extrême surtout dans le
Mayo-Tsanaga. Les assassinats, les enlèvements, les pillages, les destructions et la razzia des
villages ont meublé le quotidien des populations, les obligeant à fuir et trouver refuge dans les
zones sécurisées. Déjà structurellement faibles, ces zones d’accueil vont voir sa population
doubler voire tripler en peu de temps. Les arrondissements comme Mokolo, Mayo-Moskota
vont recevoir et abriter les camps des déplacés internes, et un camp de réfugié à Minawao, sans
compter ceux dissouts au sein des ménages d’accueil dans les autres arrondissements et d’autres
dans les maisons de fortune. Les arrondissements de Garoua-Boulaï et de Betaré-oya vont
accueillir un camp de réfugiés à Gado et des colonies de ménages de réfugiés disséminées au
sein de la population. Un melting pot de la population qui doive se partager les ressources déjà
limitées.
371
372
consommation. Conséquences, les régions de l’Extrême-Nord et de l’Est sont parmi les régions
les plus touchées par la malnutrition des enfants. En 2018, la MAM à l’Extrême-Nord est de
9,7% sous le seuil d’urgence, la MAS est de 1,4% et la malnutrition chronique à 35,9% sous le
seuil d’alerte. À l’Est, la MAM est de 1,6%, 0,8% en ce qui concerne la MAS et la malnutrition
chronique malgré les années stagne à 34,2% sous le seuil d’alerte.
Les insuffisances de ce travail ; les données chiffrées des ménages ne sont qu’un
échantillon de l’ensemble des ménages des départements cibles. Le nombre de questionnaires
administrés serait plus important n’eussent été les difficultés du terrain et le refus de certains
enquêtés de s’y soumettre. Malgré les demandes faites selon la règlementation auprès des
agences humanitaires et de certains services publics pour l’accès aux données et camps des
réfugiés, la plupart est restée sans suite, disent-ils « ce sont des données sensibles ». Est-ce à
penser que la situation est plus grave qu’évoquée par le présent travail ? Donc les données
secondaires utilisées dans ce travail sont surtout d’ordre générale et davantage basées sur les
enquêtes de terrain (visibilités des actions menées, échanges avec les ménages…). Nous
réitérons l’insuffisance des données pour l’ensemble des départements malgré nos différentes
autorisations de recherche jugées insuffisantes par certains responsables, et d’autres qui ont
sollicité l’échange des faveurs en contrepartie. L’autre difficulté en milieu rural, certains
responsables des services publics sont presque toujours absents surtout au niveau des
arrondissements. Pour ces raisons, nous nous sommes rabattue au niveau des services régionaux
ou départementaux (eux-mêmes déplorent le fait que certains rapports des arrondissements sont
aux abonnés absents ou ne respectent pas les délais de transmission) or les données ont déjà fait
373
l’objet d’une analyse globale. Ce qui couvre en majeure partie la réalité de terrain des
arrondissements car chaque arrondissement à sa spécificité. Conséquences les anciennes
données sont simplement reconduites dans les rapports destinés à la haute hiérarchie.
Les forces de ce travail : l’enquête de terrain. Il aurait été impossible de mener ce travail
à bout sans des séjours auprès des ménages concernés. Et même si tout le visuel n’a pas été
suffisamment transcrit ici, nous avons vécus la souffrance des populations pour avoir accès à
l’eau, à la nourriture (les enfants ramassant les graines de riz au milieu des cailloux lors des
déchargements des camions d’aide alimentaire est une image gravée dans la mémoire). Le
témoignage des ex-otages de B.H, ce par quoi ils sont passés et comment ils ont été libérés par
les forces de défense lors des raids, les images des enfants malades, malnutris qui poussent de
faibles cris, des images insoutenables même pour les cœurs endurcis.
Les suggestions faites dans ce travail ne sont pas classiques, des suggestions physiques
ou structurelles tant réitérées par le milieu scientifique en cas de problème. Mais elles font appel
très souvent à la volonté intérieure de l’individu à voir changer sa condition avec l’apport de
la bonne connaissance, le vrai sens des choses stimulé par les bonnes attitudes. Ou la volonté
des acteurs engagés dans la lutte à être des bifurcations dans la vie des populations
languissantes, touchées par une catastrophe au lieu de continuer à créer des personnes
dépendantes des aides alimentaires et non alimentaires. Toutes ces suggestions centrées sur la
374
dimension mentale trop négligée ou mal connue est primordiale si l’on veut voir les conditions
de vie changées. Ce travail a également su prouver que l’insécurité alimentaire n’est surtout pas
un problème qu’on combat avec l’augmentation de la production agricole, un simple état de
manque alimentaire que l’on traite avec une consommation soutenue de nourriture.
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412
ANNEXES
Annexe 1 :
413
Annexe 2 :
414
Annexe 3 :
415
Annexe 4 :
416
Annexe 5 :
417
Annexe 6 :
418
Annexe 7 :
419
420
421
422
A- Revenus
Q 34. Combien de personnes
au sein du ménage contribuent - 18ans 18-59 60+ total
aux revenus (y compris le hommes
chef du ménage) ? femmes ………Fcfa/mois
423
B- Dépenses
………………………………………….
1. savon
2. Tabac
3. alcool
4. dépenses de services (transport, communication,
employeurs,……………………………
5. dépenses de logement (loyer, électricité, eau, combustible de
Q37.Autres dépenses cuisine)…………………………..
quotidiennes (en FCFA) 6. habillement
7. frais scolaires
8.équipements domestiques
9. Remboursement des dettes
10. Achat de bétail
11. autres dépenses………………………………..
Réponses (ordre de
priorité)……………………………………………………
424
425
426
HS 2 : Les habitudes alimentaires et les pratiques de soins exposent les enfants de 0-59 mois
aux carences alimentaires d’où la malnutrition.
HS 3 : Les populations combinent différents capitaux et capacités pour faire face aux temps
difficiles et ainsi satisfaire leurs besoins de base.
Grille d’entretien
Conçu dans le cadre de la recherche académique, cette grille d’entretien vise les autorités, les
délégués des institutions, les chefs traditionnels, le personnel de santé. Pour plus d’amples
informations, nous allons discuter :
Les causes de l’insécurité alimentaire dans le Département.
Le milieu physique
Les pratiques sociétales
Les infrastructures socio-politiques
L’insécurité au niveau des frontières et au sein des villages
Les moyens de subsistance et leurs contraintes
Les activités des populations
Les contraintes de ses activités
La pauvreté des ménages
Les pratiques alimentaires dans les ménages
La production alimentaire des ménages
La consommation alimentaire des ménages
La fréquence des repas
Les maladies récurrentes
Les difficultés du quotidien
L’afflux des réfugiés et des personnes déplacées internes
Les attentes, les difficultés
Les essais de solution
L’aide alimentaire
Le niveau de satisfaction
Les attentes/ les propositions
Valeur nutritionnelle/100g
ENERGIE PROTEINES LIPIDES
(Kcal) (g) (g)
CEREALES
Blé 330 12.3 1.5
Riz 360 7.0 0.5
Sorgho/Millet 335 11.0 3.0
Maïs 350 10.0 4.0
427
CEREALES TRAITEES
Farine de maïs 360 9.0 3.5
Farine de blé 350 11.5 1.5
Boulgour 350 11.0 1.5
ALIMENTS COMPOSES
Mélange soja-maïs (CSB) 380 18.0 6.0
Mélange blé-soja (WSB) 370 20.0 6.0
Boulgour enrichi de soja 350 17.0 1.5
Farine de maïs enrichie de soja 390 13.0 1.5
Fraine de blé enrichie de soja 360 16.0 1.3
Gruaux de sorgho enrichis de soja 360 16.0 1.0
PRODUITS LAITIERS
Lait écrémé en poudre (enrichi) (DSM) 360 36.0 1.0
Lait écrémé en poudre (normal) (DSM) 360 36.0 1.0
Lait entier en poudre (DWM) 500 25.0 27.0
Fromage en boîte 355 22.5 28.0
Lait thérapeutique (TM) 540 14.7 31.5
CORPS GRAS
Huile végétale 885 - 100.0
Huile de beurre 860 - 98.0
Matière grasse comestible 900 - 100.0
LEGUMINEUSES
Haricots 335 20.0 1.2
Pois 335 22.0 1.4
Lentilles 340 20.0 0.6
DIVERS
Sucre 400 - -
Fruits secs 270 4.0 0.5
Dattes 245 2.0 0.5
Thé (noir) - - -
Sel iodé - - -
Source : PAM/HCR
428
Sources: (1) Besoins énergétiques extraits du No 724 de la Série de Rapports techniques de l'OMS, 1985
(2) Données démographiques (mi-1995), ONU Division de la population, New York
a
Poids adulte: homme 60kg, femme 52kg
b
L'ONU ne dispose pas d'estimations démographiques pour les années 1, 2,3 et 4. On a obtenu les estimations
pour ces années par interpolation entre les chiffres donnés par l'ONU pour l'année 0 et pour 5 ans.
c
Les chiffres donnés ici s'appliquent à une activité "légère" (1,55 x MB pour les hommes et 1,56 x MB pour les
femmes)
(Le métabolisme de base - ou MB - correspond au niveau de dépense énergétique de l'organisme lorsqu'il se
trouve au repos complet, par ex. pendant le sommeil). Pour les ajustements applicables à une activité modérée ou
intense, voir annexe II.
N.B. Les besoins ci-dessus ne tiennent pas compte des variations de la teneur en fibres, de la digestibilité ni de la
teneur en glucides complexes du régime alimentaire. Dans les pays en développement, celui-ci se caractérise
généralement par une teneur relativement élevée en fibres et en glucides moins utilisables. On peut exprimer
la teneur en glucides des aliments en fonction de leurs diverses composantes (amidon, sucres, fibres,
celluloses, lignine etc.) ou simplement en tant que "différence" calculée entre le poids total et la somme des
autres composantes (graisses, protéines, sels minéraux et eau). Cette question est examinée dans la partie 7.1
du No 724 de la Série de Rapports techniques de l'OMS. Si le coefficient d'Atwater (4 kcal par gramme) est
appliqué par différence aux glucides, il faudrait réduire de 5% l'énergie réelle disponible dans les aliments
ou bien relever de 5% les "besoins" pour ce type de régime alimentaire, ce qui, pour ce tableau, équivaut à
un relèvement de +100 kcal des besoins énergétiques indiqués.
429
Pays en
développement
1
Adapté du manuel de l'OMS "The Management of Nutrition in Major Emergencies"(sous presse)
On calcule les besoins pour une activité modérée ou intense en multipliant le MB par les facteurs ci-après
(comparés à 1,55 x MB pour une activité légère chez les hommes et 1,56 x MB chez les femmes):
Hommes Femmes
Activité modérée 1.78 1.64
Activité intense 2.10 1.82
430
431
Annexe 13 : Prix des denrées alimentaires sur les marchés importants du Mayo-Tsanaga
Denrée Année Jan Fév Mar Avr Mai Jui Juil Ao Sep Oct Nov Déc
Sorgho 2018 19600 19250 18500 19700 17167 20000 22000
SP 2017 13 300 14 500 16 500 17 700 18 000 19 000 25 000 26 000 23 000 20 000 18 000 22 000
2016 13 400 13 500 13 700 14 600 15 000 15 000 14 600 14 000 15 300 17 000 16 000 16 000
2015 11 200 12 200 12 500 15 500 15 800 16 300 15 700 15 700 16 300 15 400 15 000 15 000
2014 14 000 15 000 15 000 15 000 15 000 15 000 16 000 - - - - 14 500
2013 12 500 13 000 16 000 16 000 16 000 17 000 17 000 17 000 17 500 15 000 13 500 13 500
Sorgho 2018 20000 20500 22000 21250 22000 22500
SS 2017 13 000 16 500 18 000 17 500 19 000 19 000 24 500 26 000 25 000 26 000 26 000 26 000
2016 14 500 12 500 13 000 14 600 15 700 17 000 15 000 12 000 12 000 18 000 - -
2015 14 000 14 000 14 000 18 000 19 000 19 665 14 000 15 500 14 900 18 000 - -
2014 16 000 15 500 14 000 14 500 14 500 16 500 - - - - - -
2013 18 000 14 500 15 000 15 100 17 000 17 000 17 500 17 500 18 500 18 000 19 000 21 000
Maïs 2018 19700 18750 18875 17458 18167 16960 18000
2017 15 000 15 500 17 500 19 000 20 000 20 000 24 000 - - - - -
2016 13 500 13 200 12 700 14 400 14 900 15 600 15 600 14 400 16 000 13 000 15 500 15 000
2015 12 200 12 300 13 200 16 000 16 800 16 600 13 900 15 200 14 900 13 600 - -
2014 15 000 15 500 15 500 17 000 16 500 17 000 - - - - - -
2013 18 000 17 000 17 000 17 500 18 000 18 500 19 000 18 500 17 500 15 500 15 000 16 000
Arachi 2018 38500 37025 38500 41250 41417 41200 44000
des 2017 29 000 31 000 33 000 35 000 36 000 36 000 40 000 40 000 48 000 44 000 40 000 35 000
2016 43 600 41 400 41 500 38 900 35 900 36 500 36 700 32 428 31 285 26 000 32 500 35 000
2015 43 300 46 300 48 500 53 400 56 900 59 400 51 100 49 300 47 900 40 100 - -
432
433
Mouto 2013 26 000 26 425 27 140 29 500 29 710 27 140 28 165 28 080 25 300 27 455 25 200 27 365
n
moyen
Chèvre 2018 17325 15700 22000 16850 18000 20600 23333
moyen 2013 21 570 22 570 21 710 24 285 22 210 22 000 22 500 23 165 20 050 23 355 19 600 21 365
ne
Ail 2018 16000 80000 65000 80000 62500 72000 85000
0
2013 50 000 41 330 39 660 48 500 45 000 67 000 53 330 90 000 90 000 87 500 90 000 87 500
Mil 2018 19500 20000 21000 21375 23000 13625 24000
pénicill 2013 18 500 19 000 19 330 24 000 20 000 20 650 24 000 21 000 19 000 22 000 17 500 17 500
aire
Source : DDADER Mayo-Tsanaga et MINADER /PNSA-EN, 2018
434
Année plantain manioc manioc maïs arachide banane patate haricot igname tomate ananas macabo
cosette tubercules graines douce douce
2013 tonnage
12558 5345,50 4339 6073,50 5352,50 2107,50 714 1293 1387 1620 656,50 6938,50
(t)
prix 194 215 123 305 614 152 134 633 269 355 131 135
moyen
par kg
2014 tonnage 5881 2403,50 943 1407 7782
14100,50 5903,50 4843 6766 1618,50 2183,50 689,50
(t)
prix 200 215 137 259 553 159 139 634 300 348 136 145
moyen
par kg
2015 tonnage
4325.5 1499 1035.5 414 692 273 309.5 264 105.5 276 224.5 696.5
(t)
prix 150 145 100 220 515 160 390 585 180 275 135 145
moyen
par kg
2016 tonnage 4050
7826 3416.50 2574.50 7177 4521.50 1590.60 887.50 1007.50 1062.50 1022 372
(t)
prix 190 205 140 215 575 160 150 650 365 150
moyen 320 140
par kg
2017 tonnage
6011.50 2285.50 1679 3414.50 2388 809.50 382.50 466 382.50 1251.50 184 2292
(t)
prix 195 175 135 200 580 150 320 570 320 290 130 150
moyen
par kg
Source : DDADER Lom-et-Djerem 2017
Annexe 15 : Depistage communautaire
1) Prendre le PB
Demander à la mère d’enlever les habits qui couvrent le bras gauche de l’enfant.
Faites une marque à mi-distance entre l’épaule et le coude gauches (milieu du bras
gauche). Pour ce faire, prenez une ficelle (ou le PB lui-même), et placez une extrémité
de la ficelle sur le haut de (flèche 1) et l’autre extrémité sur le coude (flèche 2) en faisant
attention que la ficelle soit bien tendue. Pliez ensuite la ficelle en deux en ramenant
l’extrémité du coude vers celui de l’épaule pour obtenir le point à mi-distance entre
l’épaule et le coude.
Une autre méthode peut être utilisée. Placez le 0 du PB (indiqué par les 2 flèches) sur
le haut de l’épaule (flèche 4) et amenez l’autre extrémité vers le coude (flèche 5). Lisez
le chiffre qui se trouve au niveau du coude au centimètre près.
Divisez ce chiffre par deux pour avoir une estimation de la mi-distance entre l’épaule
et le coude. Faites une marque sur le bras avec un stylo au niveau de cette valeur (flèche
6).
Relâchez le bras de l’enfant et placez le PB autour du bras au niveau de la marque.
Assurez-vous que les chiffres soient à l’endroit. Assurez-vous que le PB touche bien la
peau (flèche 7).
Vérifiez la tension exercée sur le PB. Assurez-vous que la tension exercée est correcte,
que le PB ne soit pas trop serré (bras compressé) ou trop lâche (le PB ne touche pas la
peau tout autour du bras) (flèches 7 et 8).
Répétez chaque étape si nécessaire.
Quand le PB est correctement placé et que la tension appliquée est bonne, lisez et
prononcez à haute voix la mesure à 0,1cm près (flèche 10).
Enregistrez immédiatement la mesure.
435
436
436
437
Vous devez tester avec la pression de votre doigt ! Il ne suffit pas uniquement de
regarder !
9
Il y a d’autres causes d’œdèmes bilatéraux (par exemple les syndromes néphrétiques) mais ils nécessitent tous une
admission dans une structure en interne
437
438
438
439
Enfants ≥ 9 mois
Vaccination contre
4ème visite sans carte de Standard
la rougeole
vaccination
NB : Il faut donner de l’acide folique (une dose de 5mg) en présence de signes cliniques
d’anémie. L’ATPE contient suffisamment d’acide folique pour traiter une carence modérée de
folates
Dosage de l’Amoxicilline
439
440
NOTE : il peut arriver que le poids ou la taille ne soit pas un chiffre rond.
Exemple : taille = 80,4cm et poids = 7,9kg. Cette taille ne figure pas dans la table et elle doit être
arrondie à 0,5 cm près.
Pour la taille :
Taille en cm
80,0
80,1 80,1 et 80,2 sont arrondis à 80,0 cm.
80,2
80,3
80,4 80,3 et 80,4 et 80,6 et 80,7
80,5
80,6 sont arrondis à 80,5 cm.
80,7
80,8
80,9 80,8 et 80,9 sont arrondis à 81,0 cm.
81,0
Pour le poids :
Le poids de 7,9kg se situe entre 7,7 et 8,3 kg. Pour faire ressortir que le poids de l’enfant se situe entre
ces 2 poids, écrivez que le Z-score de l’enfant est entre -4 et -3 Z-score ou <-3 ET >-4 Z-score. Cet
enfant est MAS.
440
cdxli
cm ‐3 ‐2 ‐1,5 0 cm ‐3 ‐2 ‐1,5 0
Utiliser la taille debout pour 87 cm et plus
cdxli
cdxlii
A ut ilis e r po ur ga rç o ns e t f ille s
T a ille T a ille
c o uc hé e c o uc hé e
cdxliv
cdxlv
cdxlvi
cdxlvii
DÉDICACE ................................................................................................................................ ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iii
RÉSUMÉ .................................................................................................................................... v
ABSTRACT .............................................................................................................................. vi
SOMMAIRE ............................................................................................................................ vii
TABLE DES TABLEAUX ....................................................................................................... ix
TABLE DES FIGURES ............................................................................................................ xi
TABLE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES .............................................................. xiii
TABLE DES PHOTOS ........................................................................................................... xiv
TABLE DES ENCADRES ................................................................................................... xviii
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES ............................................................... xix
INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 1
I- CONTEXTE DE L’ÉTUDE ............................................................................................... 3
II- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET .................................................................... 13
III- INTERET DE LA RECHERCHE ................................................................................. 15
III-1- Intérêt scientifique .................................................................................................. 15
III-2- Intérêt pratique ........................................................................................................ 16
IV- DELIMITATION DES ZONES D’ETUDES ............................................................... 17
IV-1- Sur le plan thématique ............................................................................................ 17
IV-2- Sur le plan spatial ................................................................................................... 17
IV-3- Sur le plan temporel ............................................................................................... 19
V- PROBLÉMATIQUE ....................................................................................................... 21
VI- QUESTIONS DE RECHERCHE .................................................................................. 27
VI-1- Question principale de recherche ........................................................................... 27
VI-2- Questions spécifiques de recherche ........................................................................ 27
VII- CONTEXTE SCIENTIFIQUE ..................................................................................... 27
VII-1- Situation de l’insécurité alimentaire en Afrique ................................................... 27
VII-2- Situation de l’insécurité alimentaire au Cameroun ............................................... 30
VIII- CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE .............................................................. 37
VIII- 1- Cadre conceptuel ................................................................................................ 37
VIII-2- Cadre théorique .................................................................................................... 56
VIII-2-1-La théorie des besoins de base de Maslow (1908-1970) ............................... 56
VIII-2-2- La spécificité du fait alimentaire dans la théorie économique ..................... 58
VIII-2-3-Le déterminisme thermodynamique par ALAIN MOUREY (2004). ........... 59
XI- OBJECTIFS DE RECHERCHE .................................................................................... 60
cdxlvii
cdxlviii
cdxlix
cdl
cdli
cdlii
cdlii
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