Vous êtes sur la page 1sur 4

Fiche 3 

: L’économie gabonaise

Introduction

Le Gabon est un pays qui regorge d’immenses ressources naturelles, qui peuvent le propulser au rang
des pays les plus développés du monde.

De ce fait, quelle est la structure de son économie ? quel est l’apport des différents secteurs dans la
construction de son économie ?

I-L’apport du secteur minier et pétrolier

1-Le secteur minier

Le secteur minier au Gabon est principalement centré sur le manganèse (exploité au Gabon depuis 1960, dans le
Haut-Ogooué, par la Comilog), l’uranium, l’or et le minerai de fer dont le pays détient des réserves abondantes.
La production minière au Gabon connaît une amélioration significative depuis 2022, notamment par le
manganèse dont la production s’est accrue de 2,6 % du fait des performances observées sur des sites de Moanda
et Ndjolé.

2-Le secteur pétrolier

L’industrie pétrolière gabonaise a été lancée en 1961, lorsque de nombreux gisements de pétrole ont été
découverts dans les environs de Libreville. Le pétrole est ainsi le premier poste d’exportation et la première
source de devises du pays. Il est principalement destiné aux marchés étrangers. Selon ARISE‌ ‌Integrated‌
‌Industrial‌ ‌Platforms‌ ‌(ARISE IIP)‌, l’industrie pétrolière du Gabon devrait enregistrer un taux de croissance
annuel moyen de plus de 0,8 % sur la période 2020-2025. Avec environ 30 gisements en cours d’exploitation, le
Gabon est le sixième producteur mondial de pétrole. Aussi, l’OPEC estime que le Gabon dispose de réserves
offshores et terrestres totalisant 2 milliards de barils, principalement dans les régions situées au sud-ouest du
pays. Elle voit là un marché potentiel favorable au développement d’entreprises pétrolières.

II-L’apport du secteur forestier

Au Gabon, la surface forestière s’étend sur 87% du territoire (22 millions d’hectares). Représentant 60 % du PIB,
le secteur forestier est l’un des piliers historiques de l’économie gabonaise et représente environ 17 000 emplois
directs et indirects dans le privé. Il est donc par conséquent, le plus grand pourvoyeur d’emploi, dans le secteur
privé au Gabon. Par ailleurs, on compte 400 essences de bois, dont 60 sont exploitées, à l’instar de l’Okoumé et
l’Ozigo, qui représentent 90% de la filière bois. Pour obtenir une plus-value de son secteur forestier, le Gabon a
adopté en 2010 une mesure interdisant l’exportation des grumes. Cette mesure traduit la volonté politique
d’industrialisation de la filière forêt-bois en vue de générer davantage d’emplois et la croissance économique.

III-L’apport du secteur agricole, l’élevage et la pêche

1-Le secteur agricole

Le secteur agricole fait partie des ressources du sol gabonais. Bien que disposant de sols fertiles et d’un climat
favorable,le secteur agricole gabonais dépend encore aujourd’hui à plus de 60 % des importations, pour répondre
aux besoins alimentaires de sa population. Le café, le cacao et l’hévéa sont les principales cultures de rente.
Ainsi, pour inverser cette tendance négative, le gouvernement gabonais, au-delà du programme graine, qui a
connu un échec, va mettre en place cinq zones agricoles à forte productivité (ZAP) dans les localités de Kango et
Andem dans la province de l’Estuaire, Idemba et Mboukou dans le Ngounié et Bifoun-Abanga dans le Moyen
Ogooué. Un tel projet va également générer des emplois et vise surtout l’autosuffisance alimentaire.

2-L’élevage et la pêche
a-L’élevage

L’élevage est un maillon faible de l’économie gabonaise, dans la mesure où il n’a pas un réel impact dans le tissu
économique en dépit des fortes possibilités qu’il représente, notamment en termes de surface propice à cette
activité. Principalement animé par l’élevage de bovins, ce secteur de l’économie gabonaise, bien que marginal a
réalisé un chiffre d’affaires de 350 millions de FCFA au premier semestre de l’année 2022. Beaucoup d’effort
reste encore à faire.

b-La pêche

Le Gabon a un réseau hydrographique dense et dispose d’une diversité des ressources halieutiques. Il a aussi des
réserves d’eau douce, dans lesquelles on trouve les silures, la carpe, le machoiron. Au niveau des eaux
océaniques qui bornent les côtes gabonaises, l’on retrouve la sardine, les tortues marines, les crevettes, les
crabes, le capitaine, la dorade, le mulet, etc. Tous ces éléments font du Gabon un pays riche, en matière de
pêche. Cependant, il faut constater que le domaine de la pêche au Gabon est relativement peu développé. C’est
pour cette raison que depuis 2017, l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
collabore avec le gouvernement gabonais pour développer entre autres l’aquaculture commerciale en créant cinq
centres de pêche, tant maritimes que continentaux, et en améliorant les compétences des exploitants en vue
d’accroître la production, satisfaire la demande nationale et exploiter le potentiel encore inexploité du fait de la
pêche traditionnelle. Aujourd’hui, il faut dire que le secteur de la pêche, tout comme celui de l’élevage
participent de la stratégie du Gabon à diversifier son économie.

IV-L’apport du secteur industriel

Le tissu industriel du Gabon est peu développé. C’est fort de ce constat que les autorités, en charge de ce secteur
ont décidé en novembre 2022 de mettre en place une politique visant à « Ancrer le Gabon sur la voie du
développement industriel durable et inclusif ». Qu’en est-il des activités industrielles ?

Les principales activités industrielles sont :

 la production d’électricité assurée par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) dont les
capacités de production, tant en électricité qu’en eau, ont augmenté au 2ème trimestre 2022, le pays a
réussi à augmenter de manière significative sa production énergétique en l’occurrence une production
de 109,28 MW soit une hausse de 1,9%.
 le raffinage des produits pétroliers opéré, depuis 1967, par la Société gabonaise de raffinage
(SOGARA) dont le potentiel réel de raffinage est de 800 000 tonnes, La Société gabonaise de raffinage
(Sogara), unique raffinerie du pays, a enregistré un chiffre d’affaires à 132,3 milliards de FCFA au
premier trimestre 2022. Soit une hausse de 51,4 % par rapport aux 87,3 milliards de FCFA de chiffre
d’affaires réalisé à la même période en 2021. Selon le ministère de l’économie, cette hausse a été
portée « par le relèvement des prix des produits pétroliers pour les clients industriels ».
 la fabrication de boissons réalisée principalement par la Société des brasseries du Gabon (SOBRAGA)
dont l’activité de production des bières et des boissons gazeuses a chuté respectivement de 2,9% et
11,2% entre 2016 et 2017 ;
 l’industrialisation de la filière bois qui s’est accélérée avec l’implantation de plusieurs unités de
transformation de bois suite à l’adoption du nouveau code forestier a permis de produire a généré
beaucoup d’emplois indirects même si les activités de scierie et de menuiserie restent fortement ancrées
dans le secteur informel.
 L’agro-industrie représente un domaine assez varié avec, principalement, la production avicole et
meunière, la production des huiles et corps gras, la production du sucre, de l’eau potable et/ou
minérale, les boissons, les tabacs et les produits laitiers.
 L’industrie chimique comprend les peintures, les gaz industriels, les lubrifiants et les autres produits
dérivés des intrants chimiques. En dépit des résultats moroses de ce secteur, son apport en termes
d’emplois reste néanmoins non négligeable, dans un pays où le chômage est élevé. On note
particulièrement les bons résultats de la production de l’azote liquide et de l’oxygène depuis 2017.
V-L’apport du secteur tertiaire (tourisme et économie numérique)

1-Le tourisme

Le secteur touristique regroupe en lui-même plusieurs autres secteurs, à savoir le transport, l’hébergement, la
restauration et les loisirs. A travers la stratégie nationale du tourisme révisée au dernier trimestre 2022, le Gabon
entend profiter de ce secteur qui a d’immenses atouts qui font du Gabon une cible touristique privilégiée. Le
Gabon est au cœur du Bassin du Congo, deuxième poumon de la planète, le pays possède une faune et une flore
parmi les plus diversifiées au monde. On y trouve de nombreuses espèces animales parmi lesquelles les
emblématiques perroquets gris, les éléphants, les buffles ou encore le gorille dos argenté, les tortus luths, les
antilopes, etc. Les végétaux présents au Gabon sont multiples également. On dénombre par exemple, plus de
8000 espèces différentes. La spécificité de la zone se traduit par la présence des espèces que l'on ne retrouve pas
ailleurs, par exemple le Bahia (Mitragyna ciliata), l'Aloma ou le Bilinga d'eau (Nauclea pobeguinii), l'Ebiara
(Berlinia bracteosa), le Zingana (Microberlina brazzavillensis), etc.A cela s’ajoute l’écotourisme avec la création
de treize parcs nationaux (11% du territoire national) est un atout très important pour la valorisation du secteur
touristique. A côté de ce riche patrimoine naturel, le Gabon possède un riche patrimoine culturel, qui vient
enrichir son tableau touristique, car on y trouve 52 ethnies, chacune avec sa spécificité. On parle par exemple du
NGIE et le MVETT chez les Fang, du NDJOBI chez les Téké et les Obamba, du BWITI et du MWIRI chez les
Pygmées, la circoncision chez les Kota, la naissance des jumeaux et les masques traditionnels entre adoration et
crainte d’une ethnie à une autre. Tous ces éléments naturels et culturels participent fortement à l’essor du
tourisme au Gabon.

2-L’économie numérique

Dans l’optique de diminuer drastiquement sa dépendance aux ressources pétrolières, le Gabon a réussi à
développer le secteur des nouvelles technologies en une dizaine d’années par une politique volontariste de
promotion et d’investissements dans le secteur du numérique. Le Gabon est aujourd’hui le 6ème pays africain le
plus connecté au monde (le 1er en Afrique centrale) selon le dernier classement de l’indice de développement
des TIC (2017), et le pays a divisé par 10 le coût de l’accès à internet tout en multipliant par 7 le nombre
d’abonnés en une décennie. De plus, le pays a développé de nombreux services liés, dont le mobile money qui
compte désormais plus de 200 000 utilisateurs par mois, pour des volumes de transactions mensuelles de plus de
20 milliards de FCFA. Avec un chiffre d’affaires global, toutes branches confondues, de 249 milliards de FCFA
en 2019 soit 5% du PIB. Le secteur numérique est donc un levier important de l’économie gabonaise aujourd’hui
et à l’avenir.

VI-Difficultés et perspectives de cette économie

1-Les difficultés de l’économie gabonaise

L’économie gabonaise est confrontée aux difficultés d’ordre conjoncturelles et structurelles.

a-Les difficultés conjoncturelles

 La variation du prix du baril de pétrole sur le marché international a automatiquement des conséquences
sur l’économie gabonaise, soit positivement ou négativement.
 La dette colossale du Gabon. En 10 ans, la dette publique a quasiment été multipliée par quatre. Celle-ci
est passée de 1600 à 5320 milliards de francs CFA entre 2009 et 2019, selon l’analyste économique
Mays Mouissi. Cette dette apparait comme un frein aux futurs investissements de l’Etat.
 L’hyper dépendance de l’économie gabonaise et l’économie mondiale, c’est-à-dire que l’économie
gabonaise ne peut être épargnée par la déprime de l’économie internationale.
 La variation des cours (dollars et matières premières) sur le marché international, surtout à la baisse,
entraine inévitablement la diminution des recettes d’exportation et donc, des ressources budgétaires.
b-Les difficultés structurelles

 Le relief. Il représente un obstacle pour le développement économique du Gabon. En effet, celui-ci est
constitué d’une multitude de montagnes qui ne favorisent point la pratique de certaines activités sur le
plan agricole. C’est le cas des monts Iboundji, Birigou, etc.
 L’hydrographie. En effet, le réseau hydrographique est à la fois un atout et une faiblesse pour
l’économie gabonaise, dans la mesure où elle ne permet pas l’interconnexion ou ne facilite la
circulation entre les populations afin d’échanger et commercer. Cela dit, la navigation n’est pas aisée du
fait des rapides et chutes, comme les chutes de Poubara, les chutes de l’impératrice, etc.
 Le secteur informel très développé. Evidemment, ce secteur est un épine de l’économie gabonaise, car
fait perdre à l’Etat 40 à 50% de son PIB.
 Le train de vie dispendieux de l’Etat. De fait, depuis 2014, le Conseil Economique et Social constate un
déséquilibre entre les dépenses et les recettes de l’Etat. Et pour cela, il invite les autorités gabonaises en
charge de la gestion des finances publiques et des ressources à revoir le train de vie de l’Etat à la baisse,
mais également à envisager un gel de certains postes de dépenses qui, à long terme, risquent de coûter
cher pour l’économie du pays.
 Les matières premières stratégiques (Lithium,cobalt,uranium,etc) trop couteux et rares sur le marché
international, appartiennent exclusivement au pays colonisateur, ce qui représente une grosse perte pour
l’économie et le développement du Gabon.
 Le faible développement industriel. L’économie gabonaise est marquée par l’absence des réelles
industries de transformation de produits bruts en produits finis. Cela se voit par des budgets énormes
qu’il mobilise chaque année pour importer des biens de consommation à l’étranger.
 La faible diversification de son économie. Même si l’on constate un début de diversification de
l’économie gabonaise, notamment à travers le déploiement de moyens vers le secteur numérique, il n’en
demeure pas moins que l’économie gabonaise soit encore faiblement diversifiée.

2-Les perspectives et/ou les solutions aux problèmes de l’économie gabonaise

Plusieurs options peuvent être envisagées pour résoudre le problème de l’économie gabonaise, à savoir :

 Mettre davantage l’accent sur la diversification et la transition économique, en approfondissant la


politique industrielle et miser sur les secteurs d’avenir comme l’agriculture et le numérique.
 Le développement de l’écotourisme : le Gabon dispose de nombreux atouts naturels (faune et flore très
riches ; paysages attrayants) pour développer le tourisme. La création de 13 parcs nationaux est un
avantage très important pour la valorisation du secteur touristique peuvent booster entre autres l’entrée
des devises, le développement des transports, de l’hôtellerie, la lutte contre le chômage des jeunes,
estimé à 20,5 % en 2020.
 La bonne gouvernance, qui peut se manifester à travers la mise en place d’un véritable Etat de droit, la
méritocratie, la transparence électorale, la justice, etc.
 Rompre avec l’insuffisance de transparence dans la gestion des ressources publiques, notamment du
secteur minier.
 Punir sévèrement les auteurs des crimes financiers.
 Mettre en place une véritable commission de déclaration des biens pour les hauts commis de l’Etats.

Conclusion

Au total, la réflexion menée sur l’économie gabonaise permet de retenir combien de fois ce pays a
énormément de potentialités, notamment naturelles, qui peuvent assurer son décollage économique.Mais, basée
exclusivement sur l’extraction et quelques secteurs qui résistent encore à la modernisation comme la pêche et
l’agriculture, nous pensons qu’il est venu le moment pour le Gabon d’opérer sa transition économique, afin de
profiter au mieux de ses ressources naturelles et se développer. Aussi, les autorités doivent apporter des solutions
aux problèmes sociaux et politiques, afin de se développer.

Vous aimerez peut-être aussi