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Section I.3.1
L'intérêt de l'Union européenne pour les forêts tropicales est ancien. Sans
remonter jusqu'aux premiers échanges commerciaux, vers la fin du XIXe
siècle, au moment où ils s'étaient donné une responsabilité de gestion des
territoires tropicaux qui devenaient leurs colonies, plusieurs pays de l'Union
européenne ont mené d'actives recherches botaniques : il fallait commencer
par connaître ce que l'on devrait désormais gérer.
Avec l'utilisation croissante des bois d'oeuvre de forêt naturelle, est apparue
la nécessité de gérer de manière durable les forêts tropicales, et de mettre
au point des méthodes sylvicoles adaptées à une production soutenue de
bois. L'analyse de ces méthodes de sylviculture n'a pas sa place ici, si ce
n'est par leur impact. Les résultats en effet n'ont pas toujours été à la
mesure des efforts consentis, pour diverses raisons, les principales étant que
la continuité de la gestion n'a pas souvent pu être assurée, et que bien des
forêts aménagées ont changé d'affectation pour être, par exemple,
transformées en cultures de rente. La forêt était mise en concurrence avec
d'autres modes d'occupation de l'espace, notamment le développement de
l'agriculture, qui passait nécessairement par la "mise en valeur" de terres
non cultivées, fussent-elles recouvertes de forêt.
L'étendue de la déforestation
Pour corriger les effets de la déforestation, on ne peut pas recréer les forêts
naturelles disparues. En effet, ces forêts sont des écosystèmes très
complexes dans lesquels vivent de très nombreuses espèces animales et
végétales, liées entre elles par des relations d'interdépendance, notamment
pour leur alimentation et leur reproduction. En outre, les exigences des
diverses espèces en éclairement, température, humidité de l'air... sont le
plus souvent inconnues. Il est donc pour longtemps encore exclu de
prétendre reconstituer artificiellement des forêts naturelles. Mais il est
possible de créer des forêts plantées, qui sont au départ beaucoup plus
simples qu'une forêt naturelle, mais qui s'enrichiront progressivement, et
dont la création est justifiée par un objectif précis qui peut être de protéger
un sol ou de l'enrichir en humus, de produire du bois ou d'autres produits...
A une échelle régionale, la disparition d'une grande partie des forêts modifie
des paramètres physiques, tels que la fraction diffusée de la lumière
incidente (albédo) et les échanges thermiques. Mais les modèles étudiés
pour en comprendre les conséquences sont encore trop approximatifs pour
donner des indications utiles sur le rôle des forêts dans le climat général.
En dehors des régions volcaniques et des zones alluviales, les sols des forêts
tropicales sont généralement de faible épaisseur et très pauvres en éléments
minéraux. La majeure partie des éléments minéraux se trouve dans la
biomasse. Un équilibre s'établit entre la vie dans le sol et la vie au-dessus du
sol. La déforestation détruit cet équilibre, en modifiant indirectement les
conditions de la vie dans le sol, dont l'humus se minéralise et dont la fertilité
baisse rapidement. Ainsi, le sol est une composante essentielle des
écosystèmes forestiers qui est détruite par la déforestation.
La forêt protège également le sol contre l'érosion, non seulement parce que
la vie dans le sol entretient sa structure, mais aussi grâce au feuillage et à la
litière, qui atténuent la violence de l'impact des pluies. L'eau percole à
travers la litière et pénètre dans le sol, qui joue ainsi un rôle de régulateur
du ruissellement et de l'alimentation des cours d'eau en aval. Il est donc
particulièrement important de conserver la couverture forestière des régions
de collines et de montagnes.
Il est admis que plus de 50 % des espèces terrestres sont originaires des
régions tropicales, où les forêts humides constituent tout particulièrement un
précieux réservoir génétique. Cette très grande diversité (beaucoup
d'espèces animales et végétales ne sont pas encore décrites) confère aux
forêts tropicales une fonction de conservatoire des formes de la vie, que les
générations actuelles ont la charge de transmettre aux générations futures.
L'utilisation de la forêt
Utilisation traditionnelle, exploitation moderne du bois d'oeuvre
Les habitants des forêts tropicales connaissent bien leur cadre de vie et ont
acquis une connaissance empirique des divers produits qu'elles offrent. Le
développement des moyens de transport depuis un siècle et l'ouverture de
voies d'accès dans les forêts tropicales humides ont attribué une valeur
marchande à certains produits difficiles à transporter, comme le bois et leur
exploitation s'est brusquement accélérée au XXe siècle. A la fonction de
cadre de vie et de pourvoyeur d'humus pour la terre agricole, s'est ajoutée
celle de réserve de bois d'oeuvre. En effet, les pratiques traditionnelles des
habitants des forêts ont abouti à la capitalisation d'importantes quantités de
gros bois dont ils n'avaient pas l'emploi. Les premiers passages en
exploitation forestière, en récoltant ce capital accumulé, sont donc
particulièrement fructueux.
L'utilité des forêts tropicales et les raisons de les conserver sont connues :
cadre de vie, production de bois et de biens divers, stock de carbone,
réservoir génétique. Et pourtant elles sont détruites à un rythme qui semble
s'accélérer depuis vingt ans. Une bonne compréhension des causes de leur
disparition est nécessaire avant toute définition de stratégie. Ces causes
peuvent être réparties en deux grandes catégories : celles qui sont liées à
des décisions de développement ou d'équipement, et celles qui sont plutôt
liées à l'organisation sociale et économique.
Le développement agricole
Les infrastructures
L'exploitation forestière
Les dégâts provoqués par l'exploitation des bois d'oeuvre de forêt dense sont
en rapport avec les quantités de bois enlevées par ha. L'intensité
d'exploitation, en l'absence de plan d'aménagement, dépend des impératifs
de la commercialisation. Dans les forêts très riches en arbres fournissant un
bois commercialisable, comme certaines forêts à diptérocarpacées d'Asie du
Sud-Est, le prélèvement peut atteindre 100 m3/ha. Dans ce cas, le
peuplement d'origine est fortement dégradé. Cependant, dans beaucoup de
forêts naturelles, notamment en Afrique et en Amazonie, les quantités
commercialisables ne dépassent pas 10 à 20 m3/ha (soit un à trois arbres en
Afrique). Leur exploitation ne détruit pas la forêt, même si elle n'est pas
sans effet sur le peuplement (raréfaction des espèces les plus recherchées,
ouverture de trouées et de routes, quelques dégâts d'exploitation, mais
aussi relance de la croissance des arbres dans les zones ainsi éclairées...).
L'exploitation forestière, en d'autres termes la récolte, est une opération non
seulement légitime, mais aussi nécessaire dans la gestion d'un massif
forestier. Elle est prévue dans le cadre de l'aménagement de la forêt et
exécutée selon des normes précises, respectueuses de l'environnement et
définies en fonction de l'état du peuplement et des objectifs de gestion.
Parlement européen
Révisé le 1er septembre 1996
URL: http://www.europarl.ep.ec/dg7/forest/fr/s1-3-1.htm
Version texte