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d’écosystème, fondement de l’écologie scientifique, proposée par Tansley (1935) dans les
années 1930, n’intègre pas la dimension anthropique de la biosphère. Par là même l’Homme
ne peut être considéré que comme un agent perturbateur de l’équilibre naturel.
Cette idée d’une espèce humaine nuisible, perdure selon des modalités variées jusqu'à
aujourd'hui. Elle conduit à dresser l’un contre l’autre, l'homme et la nature. De telles analyses
ont servi et servent encore de fil conducteur aux travaux des associations de protection et de
défense de la nature, UICN, WWF et Greenpeace notamment.
II. Échec et remise en cause du modèle protectionniste
Il ressort de l’analyse qui précède que la protection de la biodiversité repose sur deux
dogmes : l’équilibre de la Nature et l’exclusion des sociétés. Celles-ci sont largement
discutées et remis en cause au cours des dernières décennies du XX siècle. En effet, dans bien
è
des cas, l’on note une inadéquation entre protection totale et conservation de la biodiversité.
Ainsi, au nord-est des États-Unis la mise en réserve des espaces forestiers s’est traduite par un
vieillissement des peuplements, une fermeture des espaces ouverts (landes et tourbières) et un
appauvrissement de la flore en espèces pionnières. Des exemples du même type sont
nombreux, en Belgique par exemple, dans les Hautes Fagnes (Marty, 1996) où la protection
intégrale des tourbières a conduit à leur envahissement par des résineux et par des feuillus
autrefois entravés par les anciennes pratiques agropastorales. La mise sous cloche n’est plus
synonyme de protection de la biodiversité.
Dans les pays en développement et notamment en Afrique, cette politique d’exclusion
s’est soldée par des conflits opposant populations expulsées et les gouvernements ainsi que
par les conflits entre les animaux et les populations entrainant parfois des pertes en vies
humaines.
Par ailleurs, la suppression de l’accès aux ressources pour les populations locales à
l’intérieur de la zone protégée se traduit parfois par une surexploitation des ressources des
espaces périphériques comme l’a signalé (Rossi, 2000) à Madagascar. Ainsi, le modèle
protectionniste, s’est ainsi heurté, malgré ses succès, à ses propres contradictions, tant du
point de vue environnemental que du point de vue social et économique.
Pis encore, elle s’est avérée en décalage, dans la deuxième moitié du XX è siècle avec
l’évolution des connaissances scientifiques. En effet, le contexte scientifique a changé au
cours des dernières décennies du XXè siècle avec la remise en cause du dogme du climax et de
l’équilibre de la Nature. Trois grands courants de la réflexion biogéographique ont contribué à
cette mutation :
La théorie de la biogéographie insulaire (McArthur & Wilson, 1967) qui démontre
que la richesse d’une île dépend non seulement de sa taille mais aussi de sa proximité
au « continent-source». Appliqué à la conservation dans des milieux non insulaires
elle pose la question non seulement de la taille mais aussi de la structure optimale des
aires de protection. Si, dans les régions homogènes, les grands parcs ont une certaine
pertinence, dans les régions plus hétérogènes, la logique serait plutôt à l’instauration
d'un archipel de parcs de petite ou de moyenne taille.
L’écologie du paysage (Forman et Godron, 1986 ; Burel et Baudry, 1999) soulignait
quant à elle l’importance pour la biodiversité de l’hétérogénéité des milieux et des
réseaux écologiques permettant la mobilité des espèces. L’aire de protection ne saurait
être alors considérée indépendamment de l’espace qui l’environne.
L’accent mis depuis vingt ans sur l’importance des perturbations dans le maintien
de la diversité, de la richesse et de la stabilité des écosystèmes. Le mythe du climax
comme état d’équilibre atemporel s’en est trouvé mis à mal. Par conséquent, même
protection ne rime plus forcément avec stabilité. Or les perturbations, sources de
diversité peuvent être aussi bien naturelles qu’anthropiques. Maintenir de l’activité
humaine pour favoriser l’hétérogénéité du milieu, considérer les sociétés comme des
facteurs de conservation sont aujourd’hui admis comme des aspects décisifs de la
protection.
La deuxième moitié du XX siècle est ainsi l’occasion d’une profonde révision des
è
conceptions protectionnistes issues du XIXè siècle. Cette révision est l’occasion de multiples
débats sur l’organisation et la structure des aires de protection.
La conservation in situ est l’une des pratiques qui consiste à maintenir les organismes
vivants dans leurs milieux naturels, pour la conservation d’espèce individuelle. Elle implique
la protection légale des espèces menacées, l’amélioration des plans de gestion et
établissement des aires protégées pour protéger les espèces ainsi que leurs habitats.
Les types d’aires protégées dans le monde
La protection des espèces est illusoire sans la conservation simultanée de leurs habitats
naturels. La règlementation internationale élaborée par l’UICN pour les Nations unies a défini
plusieurs catégories d’aires protégées. Il en existe aujourd’hui six types dont le statut de
protection va en décroissant de la catégorie I à VI.
Catégorie I : les Réserves naturelles intégrale
Elles protègent des écosystèmes remarquables d’importance nationale ou
internationale, dont la vocation majeure est la recherche scientifique. Elle protège des habitats
fragiles et des espèces, parfois même des biocénoses entières, menacées d’extinction. Les
perturbations artificielles, l’accès du public, a fortiori le tourisme, y sont interdits, afin de
s’assurer que les processus écologiques fondamentaux puissent s’y perpétuer.
Leur statut est analogue à celui des parcs nationaux, mais il s’agit d’entités de plus
faible surface, parfois seulement quelques hectares, où s’ajoute souvent une valeur historique
à leur importance écologique (Remarquable par son dyke volcanique qui est un des plus
remarquables au monde. Il héberge aussi une des dernières grandes colonies de chiens de
prairies (Cynomys ludovicianus) autrefois très commun dans les steppes nord-américaines et
qui est classée parmi les espèces menacées
Catégorie IV : Réserves de nature gérées
Ce sont des aires de gestion des habitats et de la biodiversité. Elles impliquent une
intervention active et permanente dans leur gestion. Elles étaient autrefois dénommées
réserves particulières car, à la différence des réserves de catégories I, ou la protection des
écosystèmes est absolue, une certaine exploitation d’un type donné de ressource biologique y
est tolérée, le reste étant strictement protégé. Ainsi, par exemple, elles peuvent constituer une
réserve de faune mais le couvert végétal (pâturage ou boisement) y sera exploité. A l’opposé,
ces réserves peuvent protéger une forêt, mais la chasse y sera permiseV- Paysages terrestres
ou marins protégés comme par exemple les parcs naturels régionaux français ou des «
national parks » britanniques. Sa vocation est assez large du fait de la grande diversité des
paysages semi-naturels et plus généralement anthropisés que représente ce type d’aires
protégées dans le monde. La vocation touristique de ces zones est prépondérante. Leur
protection implique, outre de sévères restrictions en matière immobilière, une planification
rigoureuse de l’espace pour assurer la conservation des paysages et le maintien des formes
traditionnelles d’exploitation agro-sylvo-pastorales qui les ont façonnés de longue date. Parmi
leurs autres objectifs figurent la préservation du type architectural local et celle des modes de
vie souvent « traditionnels ».
Catégorie V : Paysages terrestres ou marins protégés
Sa vocation est assez large du fait de la grande diversité des paysages semi-naturels et
plus généralement anthropisés que représente ce type d’aires protégées dans le monde. La
vocation touristique de ces zones est prépondérante. Leur protection implique, outre de
sévères restrictions en matière immobilière, une planification rigoureuse de l’espace pour
assurer la conservation des paysages et le maintien des formes traditionnelles d’exploitation
agro-sylvo-pastorales qui les ont façonnés de longue date. Parmi leurs autres objectifs figurent
la préservation du type architectural local et celle des modes de vie souvent « traditionnels » .
Catégorie VI : Réserves de ressources naturelles gérées
Elle concerne des zones souvent étendues, d’accès généralement difficile, dans
lesquelles la flore et la faune sont exploitées à des fins d’autosubsistance et(ou) commerciales.
Ce type d’aire est des plus importants pour le tiers-monde ou les territoires concernés sont
exposés à une surexploitation de leurs ressources naturelles par des populations humaines en
expansion. Il impose donc de prévenir leur éventuelle défriche illégale et d’établir des règles
d’exploitation qui assurent la pérennité des ressources végétales et/ou animales exploitées.
A ces catégories doivent être ajoutés les deux types d’aires protégées établies par
l’UNESCO : les réserves de biosphère et les sites du patrimoine mondial. Les réserves de
biosphère représentent une catégorie d’aires protégées, d’importance particulière pour la
protection de la nature. Elles furent créées à partir de 1974 dans le cadre du programme MAB
de l’Unesco (Man and the Biosphere Programme) afin de conserver au moins une aire
représentative de chaque écosystème majeur existant dans le monde(fig.11).
Leur objet principal, la recherche scientifique, s’ajoute aux objectifs classiques de
conservation d’écosystèmes témoins afin de suivre leur évolution dans le temps. Ce sont en
particulier des aires de choix spécialement favorables à la surveillance permanente de
l’environnement.
Enfin les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, créés par une convention
spécifique (World Heritage Convention), comportent divers monuments et zones naturelles de
valeur esthétique et culturelle universelle qui font partie du patrimoine de l’humanité.
Ces sites concernent aussi la conservation des écosystèmes dans la mesure ou en sus de leurs
richesses culturelles, architecturales ou non, ils renferment des habitats naturels et des espèces
d’importance exceptionnelle pour la conservation. A titre d’exemple, le parc national de
Kakadu, en Australie, qui renferme plusieurs milliers de peintures aborigènes est inscrit au
patrimoine mondial.
b) La conservation ex-situ
C.- Réhabilitation
Lorsque la pression exercée sur un écosystème a été trop forte et trop longue, ce
dernier est incapable de revenir à son état antérieur même si on relâche la pression humaine.
Seule une intervention humaine forte, mais limitée dans le temps permis de remplacer
l’écosystème sur une trajectoire favorable au rétablissement des fonctions essentielles.
D.- Réaffectation