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Les éléments de l’hydrosphère

L’hydrosphère et les systèmes de la Terre Cours

Cette fiche est une introduction à la partie « hydrosphère et systèmes de la Terre ».


Elle inclut et souligne les idées importantes énoncées dans le syllabus et qui seront
ensuite illustrées, développées dans les fiches sur les cours d’eau et l’océanographie,
mais aussi dans les systèmes atmosphère, géosphère et biosphère.

La Terre est une planète


entourée de deux enveloppes
fluides : l’atmosphère, enveloppe
gazeuse qui existe sur toutes les
planètes sauf Mercure, et
l’hydrosphère, enveloppe liquide
discontinue, essentiellement
constituée d’eau, et qui est l’une des
originalités de la Terre « Planète
Bleue ». L’eau provient du dégazage
de la planète, au début de son
histoire, et de la condensation qui
s’est ensuivie. Elle est présente sur
Terre sous ses trois états (liquide,
solide, gazeux) grâce aux conditions
de pression et de température qui
règnent en surface, avec une
température moyenne de 15°C au
niveau de la mer, comprise dans la
fenêtre de 0 à 100 °C (conditions
d’existence de l’eau liquide à la
pression de 1 atmosphère), et avec des zones à moins de 0°C autorisant la présence de
glace. Cette température moyenne est plus élevée que la température théorique d’équilibre
entre l’énergie solaire incidente et le rayonnement infrarouge du globe terrestre (voir la fiche
« Rayonnement » dans la partie Atmosphère) ; ceci est dû à l’effet de serre (lié à la présence
dans l’atmosphère de gaz à effet de serre : CO2, méthane… et vapeur d’eau !) sans lequel la
Terre serait une planète gelée, incapable de porter la vie telle que nous la connaissons.

Où se répartit cette eau sur Terre ?

I -Une répartition inégale sur les continents et dans les océans

A - L’hydrosphère océanique occupe 72 % de la surface terrestre


Elle représente 97 % de l’hydrosphère, soit 360 millions de km2, et 1350 millions de
3
km . Elle est inégalement répartie dans les deux hémisphères, selon la disposition des
continents : l’hémisphère nord contient les 2/3 des terres émergées, mais la surface des
océans y est quand même supérieure à celle des continents. La masse océanique mondiale
est continue, mais chaque océan a ses caractéristiques propres (structure, composition, âge,
origine, circulation des eaux). Une partie de l’eau des océans est gelée en surface au niveau
de la banquise (quelques mètres d’épaisseur et de 3 à 5 millions de km2, variable selon les
années et les saisons).

1
Le niveau des océans, et donc leur surface, varient en relation avec la tectonique des
plaques (volume total des dorsales océaniques) et les variations climatiques, qui jouent en
particulier sur le volume d’eau immobilisé dans les glaces des inlandsis (les grandes
calottes glaciaires sur les continents ; seuls deux existent actuellement, Groenland et
Antarctique).
L’hydrosphère océanique est traitée dans les fiches concernant l’océanographie.

Les réservoirs Les stocks B- L’hydrosphère continentale est


(en km3) discontinue
Océans 1 350 000 000 Elle n’occupe qu’une petite partie de la
Eaux continentales 35 976 700 surface des continents, sous forme d’eau de
ruissellement, eau des rivières, mares, lacs,
Glaciers 27 500 000 étangs, ainsi que de la glace des inlandsis
Eaux souterraines 8 200 000 (plusieurs milliers de mètres d’épaisseur de glace
posée sur le continent) et des glaciers de
Mers intérieures 105 000
montagne.
Lacs d’eau douce 100 000
Par ailleurs, il existe des eaux
Humidité des sols 70 000 souterraines, dont la disposition dépend des
Rivières 1 700 couches géologiques et de leurs propriétés
(roches perméables ou imperméables, poreuses).
Atmosphère (humidité 13 000
de l’air) Ces différents éléments peuvent être
partiellement en relation, formant des réseaux
Biosphère (cellules 1 100 hydrographiques, mais globalement, la répartition
vivantes) de l’hydrosphère continentale n’est pas continue.
(d’après L’eau, Flammarion, 1995)
Enfin, la répartition de ces eaux dépend
des climats, des saisons, de la météo, de la topographie… Entre abondance et rareté, d’une
disponibilité très variable, l’eau constitue donc pour l’Homme et tous les êtres vivants une
ressource inégalement répartie selon les pays et les régions. La gestion de l’eau est au
cœur de nombreuses questions de développement durable.

II- Une composition différente selon la localisation de l’eau


A-L’eau est une phase de dispersion
Des molécules assez petites et hydrophiles peuvent s’intégrer dans le réseau des
molécules d’eau sous forme dissoute. C’est en particulier le cas des ions minéraux comme
Na+, Ca2+, Cl-, CO32-, invisibles au microscope. La quantité de molécules dissoutes est
limitée par la saturation de la solution. A saturation, les éléments précipitent (c'est-à-dire
donnent des formes solides) comme le « sel » (halite : NaCl). Les éléments en solution
modifient les propriétés de l’eau : température de solidification (l’eau salée gèle à -1,9°C à la
salinité moyenne de 35 g/l), densité, etc. (voir les fiches « Salinité » et « Propriétés
physiques de l’eau »).
Par ailleurs, l’eau peut porter des particules figurées de plus grande taille (minéraux,
fragments de roche) en suspension : c’est la charge solide ; il peut aussi s’agir d’êtres
vivants, unicellulaires (comme les foraminifères, les radiolaires) ou pluricellulaires
microscopiques ou de grande taille.
Les éléments sont mis en suspension ou sédimentent en fonction de différents
facteurs : densité relative, agitation de l’eau, vitesse du courant (voir fiches sur la
sédimentation).

2
Le diagramme de
Hjulström : comportement
des particules en fonction
de leur taille et de la
vitesse du courant (voir
son utilisation dans la fiche
« Origine des roches
sédimentaires »)

B- La composition de l’eau dépend du cadre géologique et peut évoluer


Ce que contient l’eau dépend de son origine, du cadre géologique dans lequel elle a
circulé et de son histoire.
Sur les continents, les eaux de ruissellements et les eaux d’infiltration se chargent
au contact des roches des produits de la dissolution et de l’altération des roches. Leur
contenu dépend donc de la composition des couches géologiques parcourues, mais aussi du
climat qui contrôle le type d’altération, ou la vitesse de dissolution. La composition évolue le
long du trajet.
Ces eaux alimentent les rivières. Elles sont en général peu minéralisées (eaux
« douces »), en relation avec un renouvellement rapide de ces eaux, lié au cycle de l’eau.
Par contre, les océans ont une forte salinité (35 g.l-1) (voir la fiche du même nom).
On supposait autrefois que l’hydrosphère initiale de la Terre était douce, et que la salinité
que l’on constate actuellement est due au lessivage des continents. La composition de l’eau
de mer aurait évolué progressivement, les ions s’accumulant dans les océans, alors que
l’eau s’évapore sans les éléments minéraux qu’elle contient, est recyclée et retourne sur les
continents par condensation (pluie, neige…) sous forme non minéralisée. Pour la majorité
des scientifiques aujourd’hui, la salinité serait plutôt originelle, contemporaine du dégazage
du manteau qui a conduit à la formation de l’atmosphère et de l’hydrosphère. Lors de la
phase de différenciation de la planète, les différentes assises ont été lessivées, conduisant
d’emblée à une forte salinité. Les océans auraient ensuite peu évolué, les entrées d’ions
(eaux « douces » et circulation hydrothermale) étant compensées par les sorties
(précipitations).
Cependant, ce type d’évolution correspond surtout aux régions humides, où de
ruisseau en rivière et de rivière en fleuve, les eaux atteignent l’océan : les cours d’eau sont
permanents dans ces bassins exoréiques (tournés vers l’extérieur, c'est-à-dire sur l’océan).
Dans les pays semi-arides, où les écoulements sont temporaires, et quand la topographie
empêche les cours d’eau d’atteindre la mer, les cours d’eau restent dans un bassin
endoréique, où les eaux continentales peuvent être salées (cf le « grand lac salé » près de
Salt Lake City), et permettre, si elles atteignent la saturation, le dépôt de roches salines (voir
la fiche « Origine des roches sédimentaires »).

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III- L’hydrosphère, une enveloppe fluide en mouvement

A-Sur les continents, une circulation liée au cycle de l’eau et aux propriétés de
l’eau
L’eau peut changer d’état. En particulier, grâce à l’énergie solaire, elle peut
s’évaporer et charger l’atmosphère. Cette évaporation, qui peut se produire sur toute
interface air/eau (atmosphère/hydrosphère), est particulièrement importante au niveau des
océans (à cause de leur surface) et dans les régions chaudes. Les végétaux terrestres
participent de façon très importante au retour de l’eau dans l’atmosphère, les feuilles
constituant une immense surface d’échanges : c’est l’évapotranspiration.

Cycle de l’eau : flux indiqués en milliers de km3 par an.

En relation avec les mouvements atmosphériques, la vapeur d’eau, ou l’eau


condensée dans les nuages, se déplace ; elle retombe sous forme de pluies ou de neige,
grâce à la gravité, en partie sur les continents. Toujours avec la gravité comme moteur, et
grâce à sa fluidité, elle s’infiltre dans les sols, et les roches perméables, ou ruisselle en
surface si le sol est imperméable (riche en argile, déjà gorgé d’eau) ou si la pluie est trop
violente, ne laissant pas le temps nécessaire à l’infiltration.
Les eaux circulent
toujours vers les points bas,
entrainant avec elles les
éléments en solution ou en
suspension. Elles tendent à se
regrouper en rivière et, si la
topographie le permet, elles
circulent jusqu’aux océans.
L’ensemble des aires
alimentant un cours d’eau
constitue son bassin versant
(voir les principaux bassins
versants européens ci-contre).
La limite entre deux bassins
versants est appelée ligne de
partage des eaux ; elle
correspond le plus souvent à
une crête (cf. fiche
« Morphologie des cours
d’eau »).

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B- Dans les océans les courants océaniques
Les océans sont parcourus par des courants qui trouvent leur origine dans les
interactions avec l’atmosphère, et dans les variations de densité des eaux (les eaux plus
froides et plus salées sont plus denses et tendent à couler…). Ces aspects seront détaillés
dans les fiches sur les océans.

IV- L’hydrosphère interagit avec les autres systèmes terrestres

A – interactions entre hydrosphère et géosphère


- la géosphère conditionne la composition et la circulation de l’eau : comme nous
l’avons vu, la composition de l’eau de l’hydrosphère dépend de la composition des roches en
contact avec elle lors de sa circulation, la disponibilité de l’eau dépend quant à elle des
structures géologiques (associations de roches aux propriétés différentes, plis, failles) qui
conditionnent les possibilités de circulation ou de rétention de l’eau. Des processus
géologiques comme les séismes peuvent provoquer des mouvements de l’hydrosphère
comme les tsunamis.
- l’hydrosphère intervient dans des processus géologiques : l’eau de l’hydrosphère
participe à de nombreux processus géologiques par ses propriétés physico-chimiques et sa
circulation. Elle intervient par exemple dans les processus d’altération et de dissolution
des roches, dans les phénomènes d’érosion, de transport et de sédimentation. Par ses
changements d’états (vaporisation, condensation, solidification) et leur participation au cycle
de l’eau, elle conditionne aussi le niveau des mers en relation avec le volume des inlandsis.
Les milieux aquatiques - qui se trouvent toujours dans des zones relativement basses
puisque l’eau s’y accumule par gravité - sont aussi un lieu d’accumulation de sédiments,
qui déterminent les caractéristiques lithologiques et paléontologiques des formations
sédimentaires.
Or la répartition de l’hydrosphère étant très inégale à la surface de la Terre, les
processus géologiques sont très marqués par la disponibilité locale de l’eau, qui dépend elle-
même de différents facteurs (climat, topographie, végétation) …

B- Hydrosphère et atmosphère
– hydrosphère et atmosphère sont impliquées ensemble dans le cycle de l’eau en
relation avec les changements d’état de l’eau. Les processus et phénomènes
atmosphériques influent sur la dispersion de l’eau et la forme, la fréquence, l’abondance des
précipitations, sur les climats et les saisons avec des conséquences sur la géosphère, en
particulier au niveau des formes d’altération et de l’érosion.

Le cycle de l’eau (SaE)

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- les circulations océaniques et atmosphériques sont couplées : les circulations
océaniques sont conditionnées en partie par les mouvements atmosphériques, de façon
continue ou catastrophique (comme dans les ouragans). Inversement, ces circulations de
l’hydrosphère ont-elles-même des conséquences sur des phénomènes météorologiques
(phénomène El Nino).

C- Hydrosphère, biosphère et impact des actions humaines


- L’hydrosphère fournit des milieux de vie aquatiques où vivent des êtres vivants de la
biosphère adaptés à des conditions physico-chimiques diversifiées (salinité, courants,
températures…).
- Par ailleurs, quels que soient les milieux, l’eau est une ressource indispensable à la vie.
La disponibilité de l’eau, problème crucial en milieu aérien, conditionne la répartition des
êtres vivants, dont l’Homme. Elle dépend de facteurs atmosphériques (précipitations),
géologiques (taille et répartition des continents sur le globe, composition des sols et roches,
fracturation des roches, perméabilité, porosité, infiltration, ruissellement, circulation et
rétention de l’eau), biosphériques (composition du sol, nature et abondance de la
végétation). Le manque d’eau limite considérablement le développement de la biosphère
(zones arides désertiques).
- Inversement, l’excès d’eau peut aussi nuire au développement de la biosphère : c’est le cas
lors d’inondations, qui dépendent de conditions atmosphériques, mais aussi du contexte
géologique et de l’action humaine : par exemple, lors de précipitations abondantes, les
surfaces bétonnées ou bituminées, toujours plus étendues, empêchent l’infiltration de l’eau
dans les sols, processus qui joue un rôle régulateur. Les eaux ruissellent alors rapidement
en surface, avec des conséquences catastrophiques sur la biosphère et la géosphère
(érosion).
- Les végétaux limitent l’impact érosif des pluies d’orage, dont les eaux n’ont pas le temps
de s’infiltrer et ruissellent. La répartition des végétaux dépend elle-même de l’abondance des
précipitations et de leur répartition sur l’année. Par ailleurs, l’Homme, en contrôlant la
végétation, conditionne indirectement l’impact de l’hydrosphère sur la géosphère. Par
exemple, la déforestation en milieu équatorial a souvent des conséquences
catastrophiques : érosion des sols, formation d’une croute latéritique stérile, coulées de
boues…
- L’Homme peut aussi modifier la répartition et la circulation de l’hydrosphère par la
construction de plans d’eau, de canaux artificiels, de digues, de barrages… Toutes ces
actions ont des conséquences sur la géosphère. Par exemple, les barrages diminuent la
vitesse du courant en amont, d’où une sédimentation, tandis qu’en aval, la circulation de
substances dissoutes est privilégiée. L’abondance des barrages, véritable pièges à
sédiments, a provoqué un changement du type de sédimentation sur les plateaux
continentaux océaniques où arrivent les fleuves ; la baisse de l’apport d’éléments en
suspension, à l’origine d’une sédimentation détritique, est une des causes avérées du recul
des rivages.
- L’Homme peut aussi agir sur la composition chimique de l’hydrosphère par ses
activités, entre autre par la pollution. Par exemple, les engrais (nitrates), lessivés par les
eaux d’infiltration, chargent les eaux des rivières et des côtes, modifiant les équilibres des
écosystèmes (développement des algues vertes sur le littoral, eutrophisation des lacs). Par
exemple, le méthylmercure, issu de l’industrie, enrichit les eaux marines ; la concentration
dans les chaînes alimentaires de ces substances conduit à des catastrophes biologiques
(maladie de Minamata au Japon dans les populations se nourrissant de poissons
contaminés).

- Nous avons donc vu que l’Homme agit sur la répartition et la composition de l’hydrosphère
Or la quantité d’eau disponible pour la consommation humaine est globalement
limitée, et localement très variable. Des actions incontrôlées peuvent conduire à des
dommages irréversibles à l’échelle de temps de la vie humaine : désertifications, eaux

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impropres à la consommation ou à la vie. Ces dommages pourraient être contournés par des
processus d’adaptation de la biosphère, mais ils demandent beaucoup plus de temps et sont
aléatoires.
Toute activité humaine doit donc être suivie avec des études d’impact sur les
caractéristiques des différents systèmes de la Terre (hydrosphère, atmosphère, géosphère
et biosphère), et les conséquences environnementales envisagées doivent être modulées
dans le cadre d’un développement durable (« sustenable »).

Il apparaît donc que le système Hydrosphère est totalement imbriqué avec les autres
systèmes terrestres. Toute modification de l’un entraine des variations dans les
autres, et donc dans l’environnement humain. L’Homme lui-même est un acteur dans
ces processus, et peut être responsable de problèmes environnementaux. Il s’agit
donc d’identifier ces problèmes et de proposer des solutions. Cette démarche passe
par une bonne compréhension des systèmes terrestres : dans cette partie, nous
étudierons plus particulièrement l’hydrosphère et surtout les océans, en raison de leur
volume majoritaire dans l’hydrosphère et des liens prédominants avec l’Homme.

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Eaux courantes
et géomorphologie continentale
L’hydrosphère et les systèmes de la Terre Cours

Les nuages, entrainés par les mouvements atmosphériques, déversent sur les continents des
précipitations sous forme de pluie ou de neige, en quantité variable dans le temps et dans l’espace.
Que deviennent ces précipitations à la surface des continents et quelles sont les conséquences de
leur circulation sur la morphologie des continents ?

I –Une partie des précipitations devient « eaux courantes »


Les sols reçoivent environ 120 000 km3 d’eau par an. L’impact des gouttes d’eau soulève des
particules, d’autant plus que les gouttes sont grosses et nombreuses. Les pluies sont donc
responsables d’une érosion pluviale (splash), qui prend plus d’importance là où le couvert végétal
n’est pas continu (zones de déforestation, cultures peu denses comme celle du maïs…).

A - Ruissellement, infiltration et eaux courantes

Le devenir de l’eau des précipitations est triple :


Æ Une partie s’infiltre dans le sol et les roches, c'est-à-dire pénètre peu à peu dans les pores ou les
fissures. Une partie de cette eau infiltrée peut rester liée aux particules solides par adsorption
(fixation de surface des molécules d’eau bipolaires par les charges des particules d’argile par
exemple), le reste continue son trajet dans le sol et le sous-sol par écoulement gravitaire
(percolation) et peut rejoindre des eaux souterraines (nappes, cours d’eau) ou/et des eaux de surface
(rivières) après résurgence (sources).
L’eau d’infiltration lessive au passage les sols et les roches, participant à l’altération et au drainage
des ions : c’est la source principale des éléments dissous de l’hydrosphère. Au passage, une
partie de l’eau d’infiltration peut être prélevée par les êtres vivants, en particulier les végétaux.
Ces processus sont relativement lents et la proportion de l’eau infiltrée dépend du type de
précipitation : le crachin est plus favorable à l’infiltration que les averses violentes !

Æ Une partie ruisselle : l’eau coule en abondance en surface, et ce d’autant plus et d’autant plus vite
que le couvert végétal n’est pas continu ou absent, que la pente est forte, que la pluie est violente,
que le sol est imperméable (argiles) et/ou déjà saturé en eau (l’eau ne peut plus s’infiltrer dans les
pores pleins). Dans ce dernier cas, au lieu de former des rigoles, l’eau forme une nappe continue en
surface (sheet-flood) dans les régions chaudes subdésertiques, entrainant des particules fines et
laissant sur place les gros cailloux.
Les eaux de ruissellement sont appelées les
« eaux sauvages », leur action dépend moins
de la pluviosité annuelle moyenne que de la
quantité d’eau précipitée dans un minimum de
temps : les pluies d’orages exceptionnels sont
les plus catastrophiques à l’origine
d’inondations, et les eaux de ruissellement
sont l’agent le plus actif de l’érosion des
continents : elles sont la source principale de
la charge solide des cours d’eau.
Le ruissellement a donc des conséquences sur
le paysage qui dépendent de la géologie :

Ruissellement dans le désert de


Gobi, après un orage.
1
¾ en terrain homogène argileux, marneux ou schisteux : les eaux ruissellent dans les
craquelures du sol dues à la dessiccation, les élargissent en rigoles ou ravines, des chenaux
parallèles dont les crêtes finissent par s’écrouler et dont la tête recule. Ces figures de
ravinement sont particulièrement visibles dans les zones sans végétation, quand le
déchaussement des racines est tel que les arbres ne peuvent s’implanter (« bad-lands » aux
USA et au Brésil, « terres noires » de la Durance…).
¾ en terrain homogène calcaire fissuré : l’eau dissout le calcaire le long des fissures, creusant
les sillons de surface des lapiez ou lapiaz des régions karstiques (Larzac, Vercors et
Chartreuse, Buren irlandais…).

Ravines et relief de « bad-lands » : terres noires dans Lapiez dans le massif de la Chartreuse (Isère)
les marnes près de Digne (Alpes de Haute Provence) © Ian McKenzie

¾ en terrain hétérogène : les eaux de ruissellement participent à une érosion différentielle en


entrainant les matériaux les plus fins, les plus meubles (les moins cimentés) ou les plus
solubles et en laissant sur place les éléments grossiers, cohérents ou insolubles. Naissent
alors des formes typiques comme :
- les « demoiselles coiffées » ou « cheminées de fée » des régions morainiques ou
volcaniques, où un bloc protège de l’érosion un pilier de sédiments sous-jacents (non en
faisant écran à la pluie, comme on le dit souvent, mais en compactant les sédiments, les
rendant plus résistants aux eaux de ruissellement).
- les chaos des régions granitiques, ou l’arène issue de l’altération du granite, dégagée, laisse
sur place des blocs empilés de roche saine ;
- les necks, cheminées volcaniques, et les dykes, lames volcaniques fissurales dressées,
dégagées de leur encaissant.

Cheminée de fée à Cotteuge Chaos granitiques à Uchon Dyke (secteur de Los Antiguos, Argentine)
(Puy-de-Dôme) © B. Tiphine (Saône-et-Loire) © B. Beauvière

2
Æ une partie s’évapore à partir des surfaces d’eau libre ou des feuilles des végétaux
(évapotranspiration), retournant ainsi à l’atmosphère dans le cycle de l’eau.
En moyenne, en France, on estime à 60% l’évapotranspiration, 16 % le ruissellement et 24%
l’infiltration.
Bilan : Précipitations = Ruissellement + Infiltration + (Evaporation + Evapotranspiration)
Une partie des eaux courantes peut s’accumuler dans des dépressions basses, donnant les eaux
plus ou moins stagnantes des lacs, étangs, mares, mais une grande partie continue son écoulement,
les eaux collectées se regroupent en cours d’eau de plus en plus importants.

B - Des eaux courantes au cours d’eau : le bassin versant alimente le cours d’eau

Æ Une surface drainée :


On appelle bassin versant la surface drainée par un ensemble d’affluents d’une même rivière. Cette
notion s’applique à toutes les échelles (d’une petite rivière à un grand fleuve comme l’Amazone), un
grand bassin versant pouvant collecter un ensemble de bassins versants d’ordre inférieur. L’Amazone
possède le plus vaste bassin versant du monde (6 millions de km2, soit 9 fois la surface de la France).

Les limites du bassin versant dépendent du point où l’on se place sur le cours d’un fleuve. Ici le bassin versant
en vert est inclus dans le bassin versant en rouge, correspondant au fleuve à son embouchure. © CPIE des
Causses méridionaux

Æ Des écoulements permanents ou non :


Le bassin versant peut alimenter des écoulements permanents, temporaires (torrents) ou
spasmodiques (oueds), selon la topographie et l’alimentation en eau du bassin (quantité et répartition
des précipitations ou de la fonte des neiges).

3
¾ Les torrents sont des cours d’eau rapides en pays montagneux, au sens strict, ils sont
temporaires, mais le terme est parfois étendu à des cours d’eau permanents. On distingue 3
parties :

‐ le bassin versant, ou bassin de réception,


souvent un ancien cirque glaciaire, modelé
par le ravinement, les éboulements (forte
érosion) et où les eaux confluent ;
‐ le chenal d’écoulement, étroit, en V, assez
rectiligne, à forte pente, avec érosion et
transport.
‐ Le cône de déjection, lieu de sédimentation
(diminution de la vitesse), qui repousse le lit
de la rivière où aboutit le torrent, et où les
eaux du torrent peuvent s’écouler en nappe
ou se répartir en branches divagantes.
‐ Le moyen le plus efficace de réduire l’action
dévastatrice des torrents est de conserver un
couvert végétal, ou de le rétablir de manière
à limiter le ruissellement.

© EduTerre / IFE

2 - Le cours d’eau porte des traces de son bassin versant


La géologie, le climat (température, précipitations), la végétation et la surface du bassin versant
influent sur le débit des cours d’eau, la nature et la quantité de leur charge dissoute et solide, et donc,
en aval, sur la sédimentation.

C- La ligne de partage des eaux


Les limites entre bassins versants constituent des
lignes de partage des eaux : par exemple, en
Bretagne et Normandie on délimite la ligne de
partage entre les rivières qui vont vers la Manche
ou l’Atlantique ; dans le sud de la France, vers
l’Atlantique ou la mer Méditerranée ; aux USA,
vers l’Atlantique ou le Pacifique… La répartition
des territoires ainsi drainés peut être très inégale
de part et d’autre de cette ligne de partage, et la
ligne de partage des eaux peut migrer en relation
avec l’érosion régressive (Voir plus loin le chapitre
III sur la morphologie des cours d’eau). Par
exemple, la frontière entre l’Argentine et le Chili a
été fixée sur la ligne de partage des eaux entre
Pacifique et Atlantique. Or les fleuves débouchant
dans le Pacifique ont reculé leur source et capturé
des rivières argentines : les problèmes
diplomatiques ne sont pas encore résolus…

4
II – Les eaux courantes s’organisent en réseaux hydrographiques
L’organisation des réseaux de cours d’eau fait l’objet de l’hydrographie.

A- Des réseaux plus ou moins organisés


Lorsque les pluies sont suffisantes, les petites rivières aboutissent à des plus grandes et ainsi
de suite jusqu’à la mer : il y a donc formation d’un réseau hiérarchisé de rivières convergentes. Ce
réseau organisé (un peu comme un arbre et ses branches) est qualifié de dendritique.

Réseau hydrographique de la
Cèze, un affluent du Rhône
(Lozère et Gard) © A.B.Cèze

Par contre, dans les régions plus arides, les réseaux peuvent être désorganisés (vallées
sèches, oblitérées par des dunes) ou anarchiques (les eaux confluent, diffluent, s’unissent à d’autres
et se séparent à nouveau, en Afrique par exemple).

B- Le débouché des réseaux

Bassin exoréique, endoréique ou aréique :


Dans les zones humides, si la topographie le permet (pas de barrière montagneuse), les
réseaux hydrographiques débouchent en mer, l’eau s’écoulant par gravité vers les points bas (altitude
zéro). Il en va de même pour des écoulements souterrains, comme dans les pertes karstiques.
Malgré le caractère discontinu des précipitations, les cours
d’eau sont continus (même si leur débit est variable) : en
effet, en plus du ruissellement, ils sont alimentés de façon
plus continue par des nappes souterraines, des sources, des
lacs… L’écoulement arrivant à l’océan est exoréique.
Dans les pays semi-arides, l’écoulement est
temporaire, limité à la saison des pluies, et arrive rarement à
la mer. Les eaux disparaissent par évaporation, ou
infiltration, dans le lit du cours d’eau, dans des plaines
d’épandage, ou se jettent dans un salar (lac temporaire
devenant désert de sel à la saison sèche). Le drainage dans
ces bassins fermés est endoréique. Les régions très arides,
qui ne présentent pas souvent d’écoulement, sont aréiques.

Le bassin du lac Tchad est un bassin endoréique, alimenté


par de nombreux cours d’eau temporaires (pointillés)
d’après Olivry et al 1996.

5
Le débouché des fleuves en mer :
Une rivière qui débouche en mer, quelle que soit sa taille, s’appelle un fleuve. La morphologie
de l’embouchure est variable : dans un delta (comme celui du Rhône), c’est l’apport en alluvions du
fleuve qui domine, et c’est l’ensemble de l’embouchure du fleuve qui prograde vers le large ; dans un
estuaire (Loire, Seine), c’est l’influence de la mer ou de l’océan qui domine, les marées se font sentir
loin vers l’intérieur, la charge sédimentaire est fine (les sédiments grossiers se sont déposés en
amont), et le contact avec l’eau salée fait floculer les argiles : la sédimentation est vaseuse. Dans les
rias ou abers (fleuves bretons), d’anciennes vallées aériennes lors des périodes de bas niveau marin
sont aujourd’hui envahies par la mer. Dans les fjords norvégiens, la vallée, profonde, a été creusée
par un glacier.

De gauche à droite : le delta du Nil a progradé dans la Méditerranée (sa forme évoque la lettre grecque
Δ) ; l’estuaire de la Seine avec son bouchon vaseux (vue Google Earth) ; l’aber Wrac’h en Bretagne.

III – La morphologie du lit des cours d’eau et vallées

A- Lit mineur et lit majeur


Le lit du cours d’eau fait partie du fond de la vallée où le cours d’eau s’écoule. Les berges,
naturelles ou consolidées par l’Homme, déterminent le lit mineur, celui qu’occupe le cours d’eau lors
d’une pluviosité « normale ». Lors des périodes sèches, le lit se restreint au lit d’étiage. Par contre,
en période de crue (fonte des neiges, fortes précipitations), le cours d’eau déborde des berges et
envahit la plaine d’inondation : cette dernière correspond donc au lit majeur.

6
Ces différents lits sont distincts pour la Loire, dernier grand « fleuve sauvage » d’Europe, mais
confondus pour la Seine. L’Homme peut tenter de régulariser le cours d’eau, et diminuer les effets
des crues en construisant des levées (Loire) ou des barrages (barrage d’Assouan sur le Nil). Il
modifie alors la sédimentation et ses conséquences.

B- Les cours d’eau creusent des vallées


Par érosion, une rivière creuse son lit et s’enfonce sur place. Le creusement se fait vers
l’amont à partir d’un niveau de base : on parle d’érosion régressive. La crête originelle recule, et le
cours d’eau peut même atteindre une autre vallée et capturer sa rivière (capture de la Moselle par la
Meurthe, par exemple).
En terrain meuble et homogène, les éboulements successifs des rebords conduisent à un
profil transversal en V caractéristique, que l’on oppose au profil en U des vallées glaciaires. Par
contre, en terrain massif et dur (calcaire, granite, grès bien consolidé), l’enfoncement est vertical,
creusant des gorges ou canyon (Colorado, Tarn…).

Erosion régressive (d’après Auboin, précis de Géologie, Dunod 1968)

Meuse De nos jours Meurthe

Moselle

Meuse Phase d’érosion Meurthe


Profil en V de la haute vallée de la Dordogne
(Corrèze) (© lacorreze.com)

Meurthe
Meuse Avant la capture

Sortie des gorges du Verdon (Raymi)

Capture de la Moselle par la Meurthe (© Agence Folléa-Gautier)

7
C- Profil d’équilibre et terrasses
Par le jeu de l’érosion et de la sédimentation, le profil longitudinal d’une rivière tend vers un
profil d’équilibre concave vers le haut, qui tangente vers le bas le niveau de base (niveau de la mer
pour un fleuve). Quand le profil est atteint, l’érosion cesse. Si un aménagement écarte la rivière de
son profil d’équilibre, l’érosion – et/ou la sédimentation – reprennent. Si le niveau de base s’abaisse
(baisse du niveau marin par accumulation de glace dans les inlandsis lors d’une période froide),
l’érosion reprend dans la partie basse. Si, au contraire, le niveau de base s’élève (période plus
chaude avec fonte des inlandsis), la rivière dépose des alluvions dans sa partie basse.

Une terrasse apparaît quand une rivière s’encaisse dans ses propres alluvions (phase
érosive) avant de se remettre à déposer des alluvions : la surface de l’ancien lit majeur est alors
suspendue au dessus du cours d’eau. Si le phénomène se reproduit plusieurs fois, on a des
terrasses :
- étagées si les couches d’alluvions sont dégagées les unes des autres (érosion importante)
- emboitées si l’entaille d’érosion où se dépose la terrasse t+1 reste contenue dans la terrasse t.
Dans la partie aval des rivières, il est possible de corréler l’altitude des terrasses avec les variations
du niveau de base, c'est-à-dire du niveau marin : les terrasses sont eustatiques.

Source : Introduction aux processus sédimentaires, F. Boulvain, Univ. Liège

8
D- Les méandres
Ce sont les sinuosités des cours d’eau qui s’installent en particulier dans les zones du cours
d’eau à faible pente, et donc plutôt vers la zone aval. Dans les plaines alluviales, ils s’incrustent à
peine, et peuvent divaguer en abandonnant d’anciens méandres.
Si la région où serpentent des méandres se soulève ou que le niveau de la mer s’abaisse, les
méandres s’encaissent sur place. La rivière sape la rive concave qui devient abrupte et alluvionne sur
la rive convexe qui est en pente douce (c’est le cas de la Seine en aval de Paris). Cette différence de
comportement s’explique par la différence de vitesse du courant (cf courbe d’Hjulström) : il est plus
rapide sur la rive concave, qu’il érode, que sur la rive convexe, ou l’eau lâche sa charge solide.

Source : Eléments de Géologie (Dunod) Le méandre de la Seine aux Andélys, en Normandie

Bien que les rivières ne contiennent que 0,0001% des réserves d’eau de la planète, elles sont
donc un élément fondamental de la compréhension de la géomorphologie des continents et de leur
évolution : elles participent à l’érosion des reliefs, mais sont aussi génératrices de reliefs en créant
des dénivelés relatifs (cf Canyon du Colorado).

9
Quelques éléments d’hydrodynamique
des cours d’eau
L’hydrosphère et les systèmes de la Terre Cours

Les cours d’eau interviennent sur les processus géologiques :


¾ en participant à l’érosion,
¾ en participant au transport d’éléments dissous ou de particules solides éventuellement
jusqu’aux océans
¾ en tant que lieux de sédimentation d’alluvions.
Ces différents rôles sont variables selon les cours d’eau et les différentes parties de leur
cours. Il est donc important de connaître quelques éléments d’hydrologie pour comprendre le
rôle géologique des cours d’eau et pour concevoir des projets d’aménagements hydrauliques.

I – Le débit liquide des cours d’eau


A- La mesure du débit liquide d’un cours d’eau
Vous êtes vous jamais demandé, en vous penchant au dessus du parapet d’un pont
enjambant une rivière tumultueuse, quel volume d’eau s’écoule sous le pont à chaque
seconde ? Cette mesure, c’est le débit, défini comme le volume d’eau (V) qui traverse la
section (S) du cours d’eau pendant une unité de temps (t)

Q= V / t

Le débit s’exprime donc, par exemple, en m3.s-1 ou encore en km3/an.

Ce débit est variable (voir plus loin), mais dépend de la surface du bassin versant (SB,
en km2) qui est une constante. Pour comparer des fleuves aux bassins versants de superficies
différentes, on divise le débit par la surface du bassin pour obtenir le débit spécifique,
exprimé par exemple en m3.s-1.km-2 :

Qsp = Q / SB
Si, dans cette formule du débit spécifique, on exprime le rapport volume / surface sous
la forme d’une hauteur, on obtient la lame d’eau écoulée ou écoulement (Ec), exprimée par
exemple en mm/an. Il s’agit en fait de la même grandeur, on se contente de changer d’unités et
de point de vue.
La lame d’eau écoulée est également nommée pluie efficace : elle correspond à la part
des précipitations qui atteint effectivement le cours d’eau. On peut donc la comparer à la lame
d’eau précipitée, notée P, et elle aussi exprimée en mm. La différence correspond à l’eau
perdue par évapotranspiration (ETR), et éventuellement à l’eau qui recharge les nappes
souterraines (ΔR), si l’on n’est pas à l’équilibre. On a donc le bilan hydrologique :
P = Ec + ETR + ΔR

1
Si on néglige le terme de la recharge des nappes ΔR, on voit que l’on peut estimer
l’évapotranspiration dans le bassin versant, en faisant simplement la différence de la lame
d’eau précipitée et de la lame d’eau écoulée, P – Ec. L’évapotranspiration est en effet un
phénomène très difficile à mesurer directement.

Application : hydrologie de la rivière bretonne Ellé, dans son cours amont.


- Le bassin versant de l’Ellé, en amont de la ville du Faouët, a une superficie de 142 km2
- Le débit moyen de l’Ellé au Faouët (moyenne sur plusieurs années) est de 2,74 m3.s-1
- Le cumul annuel des précipitations sur le bassin versant de l’Ellé est de 1200 mm.

Le Faouët

Le Faouët

Le débit spécifique de l’Ellé au Faouët est donc de :


Qsp = 2740/142 = 19,3 litre.s-1.km-2 ou encore 19,3 10-6 mm.s-1
La lame d’eau écoulée annuelle vaut par conséquent :
Ec annuel = 19,3 10-6 x 3600 x 24 x 365.25 = 609 mm / an
Le bassin versant de l’Ellé perd donc chaque année, par évapotranspiration, un maximum de
ETR = 1200 – 608 = 592 mm / an soit la moitié de l’eau précipitée !

La lame d’eau écoulée correspond à l’eau qui ruisselle en surface jusqu’à la rivière, et à
celle qui s’est infiltrée et chemine sous la surface pour finir par rejoindre également la rivière.
Dans les bassins versants où la majorité de l’eau ruisselle au lieu de s’infiltrer, la lame d’eau
écoulée donne une valeur supérieure au ruissellement. Cette méthode d’estimation indirecte
est intéressante car le ruissellement est très difficile à évaluer directement ; or il est le principal
agent responsable de l’érosion mécanique des versants, fournissant la quasi-totalité des
matières en suspension exportées par les grands fleuves du monde vers les océans.

B- Fluctuations du débit d’un cours d’eau


La courbe montrant l’évolution du débit en fonction du temps est nommée
hydrogramme. Cette courbe présente souvent des variations importantes. Le débit moyen de
la Seine est de 275 m3.s-1, mais il peut tomber à 30 m3.s-1 en période d’étiage (plus bas
niveau), et s’élever à 2000 m3.s-1 en période de crue, quand la rivière sort de son lit (mineur)
(voir la fiche « Morphologie des cours d’eau »). Ces fluctuations intègrent les variations des
principaux facteurs qui ont affecté le bassin versant :
- précipitations,
- température et intensité de l’évaporation,
- température et fonte des neiges
- cycle des végétaux et intensité de l’évapotranspiration

2
Les crues sont dues par exemple à des précipitations particulièrement abondantes,
mais pas forcément sous forme d’averses, ou bien à la fonte des neiges ou des glaces.
Comment le débit d’un cours d’eau évolue-t-il après de fortes pluies sur son bassin
versant ? La crue n’est bien sûr pas immédiate, il faut le temps que l’eau chemine : une partie
de l’eau précipitée ruisselle rapidement jusqu’à la rivière, et provoque une augmentation
précoce du débit. Dans un bassin versant aux surfaces largement bétonnées et asphaltées, où
le ruissellement prédomine, c’est donc peu après l’orage que l’on enregistre un maximum du
débit, sous la forme d’un pic de grande amplitude mais de faible durée. Le débit maximum
atteint est le débit de pointe, et le délai qui le sépare du maximum de pluviométrie est le
temps de réponse. Dans un bassin versant plus naturel, au contraire, le temps de réponse est
plus long : le débit de pointe, moins élevé, peut être enregistré plusieurs jours après l’orage,
lorsque l’eau infiltrée, accumulée par les terrains qui agissent comme des éponges, chemine
lentement sous la surface jusqu’à la rivière. La durée de la crue sera plus importante, mais son
intensité plus faible. La taille du bassin versant influe également : plus sa superficie est
importante, plus le temps de réponse est en général important.

3
C- Le débit liquide est en relation avec la vitesse du courant
On voit que la vitesse v du courant (en m.s-1) est liée au débit Q (volume par unité de temps,
en m3.s-1) par la relation :
v=Q/S
2
avec S la section (en m ), comme plus haut.
Si la section est constante (par exemple, si le cours d’eau s’écoule dans une
canalisation), quand le débit augmente, la vitesse augmente aussi. En période de crue, par
définition, le niveau de l’eau s’élève (la rivière sort de son lit), mais cela augmente
généralement peu la section ; par conséquent, la vitesse augmente avec le débit.
Par ailleurs, le long d’un cours d’eau, la section varie. Si la section diminue
(rétrécissement de la vallée), le débit restant à peu près constant, la vitesse du courant
augmente, et la pression diminue (effet Venturi) ; cette chute de pression provoque le départ
de gaz, lequel peut provoquer, par implosion, l’arrachement de roches aux parois (phénomène
de cavitation). Au contraire, quand la vallée s’élargit, la vitesse diminue. La vitesse du courant
est aussi tributaire de la pente du lit
Enfin, la vitesse n’est pas la même sur toute la section du cours d’eau : sur le fond et
les parois (frottements), la vitesse est minimale, elle est maximale sous la surface. De plus, au
niveau des méandres, la vitesse est inégale entre les deux berges : le long de la rive concave
la vitesse est maximale.

D- Le débit liquide conditionne la charge en substances dissoutes


La charge en éléments dissous Td (la masse d’éléments dissous exportée par unité de
temps) dépend de la concentration des substances [c] et du débit liquide du cours d’eau.
Td = [c] Q
La quantité d’éléments dissous transportés varie beaucoup moins que la charge solide
en suspension. En revanche, la concentration en éléments dissous est largement influencée

4
par la variation de débit : en temps de crue, le débit augmente et la concentration diminue. La
raison est que l’eau des précipitations rejoint plus vite la rivière en période de crue
(ruissellement prépondérant, sur des sols déjà saturés), et a donc moins de temps pour
dissoudre les minéraux des roches exposées.
Les conditions saisonnières conduisent aussi à des variations : baisse de la solubilité
l’hiver avec les basses températures.

II – Le débit solide des cours d’eau

A- Le débit solide ou charge d’un cours d’eau


C’est la quantité de matériel solide (Ms) qui traverse la section par unité de temps.
Ts = Ms / t
Par exemple, le Rhône a un débit solide de 40 kg par seconde, soit 4000 tonnes par
jour. On nomme capacité la charge maximale que peut porter un cours d’eau en un point
donné par unité de surface et de temps. On nomme compétence la masse maximale d’un
élément solide que le cours d’eau peut transporter, compatible avec sa vitesse. Par exemple,
en amont du Puy, la Loire est encore un torrent aux eaux rapides et peut transporter des
galets, ce qu’elle ne fait plus à Nantes !

B- Le débit solide et la dynamique de l’écoulement


Le débit solide dépend du débit liquide, en relation avec la vitesse du courant.
Hjulström, par ses études expérimentales, a montré la relation entre vitesse du courant, taille
des particules et possibilités d’érosion, de transport et de sédimentation (voir la fiche « origine
des roches sédimentaires »).
Les particules peuvent être transportées :
- par flottaison, si leur densité est inférieure à celle de l’eau ;
- en suspension, surtout dans la partie supérieure du cours d’eau, plus rapide ;
- par roulement, saltation (« sauts ») ou traction sur le fond, où le courant est moins rapide.
Cependant, nous avons vu que la vitesse n’est pas identique, non seulement sur la
section, mais aussi le long du profil (variations de pente et de largeur du lit). Par ailleurs, des
obstacles sur le trajet de l’eau (blocs, piles des ponts) peuvent modifier le type d’écoulement :
l’écoulement laminaire (lignes de courants parallèles à la surface limite libre) devient
turbulent, avec des tourbillons qui favorisent la mise en suspension de particules.

Les cours d’eau représentent donc une voie de circulation, non seulement de l’eau, mais
aussi des particules qu’elle porte. Au niveau mondial, le transport solide serait
largement supérieur (3,5 fois plus important) au transport sous forme soluble. La charge
solide varie beaucoup géographiquement. La comparaison des grands fleuves
mondiaux montre le contrôle par le climat, le relief et la nature des roches : le maximum
de transport est observé dans les zones équatoriales, élevées (proximité de l’Himalaya),
ou encore à bassin versant dans les loess, très facilement érodables (Fleuve jaune en
Chine).
Les activités humaines, en particulier la
construction de barrages qui provoquent
une diminution du débit et de la charge
transportée, modifient considérablement le
transport des particules.

C. Pomerol et al., Elements de géologie, ed.


Dunod 2011

5
Altimétrie, bathymétrie
On a représenté ci-dessous en beige la répartition des altitudes et des profondeurs
(opposé de l’altitude) à la surface de la Terre (l’altimétrie ou hypsométrie est la mesure de
l’altitude, et la bathymétrie est la mesure de la profondeur). La courbe violette est une courbe
cumulative : pour chaque altitude/profondeur, elle indique la proportion de la surface terrestre
qui se trouve au-dessus : par exemple, à l’altitude 0, on lit sur l’axe des abscisses 28 %, ce qui
signifie que 28 % de la surface de la Terre est au-dessus de l’altitude 0, ou, en d’autres termes,
que les océans recouvrent 72 % de la surface de la Terre. On voit que la répartition des
altitudes/profondeurs (en beige) montre deux pics, à +300 m et -4 800 m : ceci traduit le fait
qu’il y a deux types de croûte sur Terre : la croûte continentale et la croûte océanique.

La croûte continentale ne s’arrête pas à la ligne de rivage, mais se poursuit, parfois


pendant quelques centaines de kilomètres, sous l’eau (c’est le cas des fonds de la Manche, de
la mer du Nord et de la mer baltique, qui n’ont rien « d’océanique »). On trouve d’abord le
plateau continental (voir ci-dessous), jusqu’à 100-200 m de profondeur. La pente s’accentue
ensuite et atteint quelques degrés (notez que l’échelle verticale du schéma est très
exagérée !) : c’est le talus continental, qui se termine par le glacis. Ce dernier fait la

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transition avec les plaines abyssales, qui ont généralement une profondeur de 4 km, et qui
correspondent à la croûte océanique. Des dorsales marquent la divergence entre deux plaques
tectoniques, tandis que les fosses océaniques signalent la subduction d’une plaque sous une
autre, et c’est dans celles-ci que l’on atteint les records de profondeur (avec 11,8 km de
profondeur pour la fosse des Mariannes dans l’ouest du Pacifique). Des monts sous-marins,
souvent des volcans submergés (guyots), peuvent se dresser sur les plaines abyssales ; s’ils
dépassent le niveau de la mer, on parle d’îles. Notez que si l’on mesurait la hauteur des
montagnes à partir de leur base plutôt qu’à partir du niveau de la mer, le Mauna Kea (un des
deux sommets de l’île d’Hawaii), culminant à 10,2 km au-dessus de la plaine abyssale du
Pacifique (mais seulement à 4,2 km au-dessus du niveau de la mer), serait le plus haut relief
terrestre, bien devant le Mont Everest !

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Iles, atolls, guyots

Le volcanisme n’est pas un phénomène restreint aux limites entre plaques tectoniques.
A l’intérieur de celles-ci, que ce soit sur le plancher océanique ou la croûte continentale, on
connaît des volcans qui sont la manifestation en surface de la présence d’un point chaud dans
le manteau. Ce dernier, situé soit au niveau de la discontinuité de Gutenberg, soit à la frontière
entre le manteau inférieur et le manteau supérieur, est à l’origine d’un panache ascendant de
matière chaude qui, par décompression, donne lieu à une fusion partielle : le magma peut
traverser ensuite la croûte pour donner lieu à un volcanisme basaltique. Le point chaud
occasionne un bombement à la surface à cause de l’étalement du panache.

Comme un point chaud est fixe dans le manteau, alors que les plaques dérivent, le
point de la plaque atteint par un panache change au cours du temps. Un volcan qui était
précédemment alimenté par le point chaud s’éteint, tandis qu’un autre volcan actif se forme à
côté. En milieu océanique, à mesure que la lithosphère vieillit, elle refroidit et devient plus
dense : elle s’enfonce donc progressivement, et avec elle, le volcan éteint. Une fois passé sous
l’eau, il se forme autour de lui des récifs coralliens, qui sont ensuite seuls à émerger (atoll),
jusqu’à ce que leur croissance ne puisse plus compenser l’enfoncement (subsidence) du
volcan devenu sous-marin (guyot).
Avec le mouvement continuel de la plaque au-dessus du point chaud, comme une tôle
qui défile au-dessus d’un chalumeau, il se forme ainsi une chaîne de volcans éteints, terminée
par des volcans en activité (à l’aplomb de la position actuelle du point chaud par rapport à la
plaque), comme celle qui va de la chaîne de l’Empereur (les plus anciens volcans datant de 80
millions d’années) à Hawaï.

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L’étude de ces alignements de volcans éteints permet de déterminer le mouvement de
la plaque. Par exemple, on voit que la plaque Pacifique a changé de direction il y a 40
millions d’années.

Cinématique des plaques

Hormis l’étude des points chauds (qui fournissent un référentiel


« absolu »), on peut reconstituer le mouvement passé des plaques
en se basant sur les datations du plancher océanique au moyen des
anomalies magnétiques (c’est la cinématique finie). On peut
également mesurer le mouvement actuel des plaques les unes par
rapport aux autres (cinématique instantanée) : une méthode se base
sur le GPS (Global Positioning System), un réseau de satellites
échangeant des signaux avec des récepteurs sur Terre. Leur durée
de transmission donne la distance récepteur-satellite et permet de
trianguler la position du récepteur. La méthode VLBI (Very Long
Baseline Interferometry) met à contribution deux radiotélescopes
situés à deux endroits différents (A et B dans la figure ci-dessous) et
qui observent une source astronomique lointaine (comme un
quasar). Les deux rayons captés ont une trajectoire pratiquement
parallèle, mais à cause de la position différente des radiotélescopes,
auront une différence de marche (d sur le schéma) qui peut être
mesurée (par interférométrie), permettant de déduire la distance
séparant les deux points d’observation.

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Variations du niveau de la mer
Il convient de bien distinguer le niveau marin absolu (ou niveau eustatique), défini à
l’échelle mondiale, du niveau marin relatif pour un point donné du globe, qui est l’altitude
de la ligne de rivage par rapport à un point de référence du continent. Le premier dépend du
volume global des bassins océaniques et de la quantité d’eau qui y est contenue tandis que le
second dépend à la fois du niveau marin absolu et des mouvements relatifs du continent
concerné : un « enfoncement » (subsidence), ou une « remontée » (rebond isostatique),
comme en connaît par exemple la Scandinavie depuis qu’elle est libérée du poids des glaciers.

La courbe ci-dessus a été établie en 1977 par l’étude de différents bassins sédimentaires
sur l’ensemble du globe. Elle montre les variations du niveau eustatique sur l’ensemble des
temps fossilifères (Phanérozoïque). Elle a été très discutée et plusieurs autres courbes ont été
publiées depuis, qui s’accordent rarement. On peut toutefois en présenter les grandes lignes.
La courbe en pointillés représente les variations eustatiques à très longue période
(centaine de millions d’années), « lissée » des variations de plus courte période. On pense que
ces variations reflètent les cycles de regroupement-dislocation des continents (cycles de
Wilson) : on a ainsi un minimum eustatique au Trias, à l’époque où les continents étaient

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réunis en un super-continent, la Pangée, entouré d’un océan vieux, froid et profond ; et, au
contraire, un niveau eustatique très élevé à l’Ordovicien et au Crétacé, périodes de dispersion
maximale des continents. Imaginez la Terre au Crétacé, avec des océans 200 m au dessus du
niveau actuel, une absence de calottes polaires et une température moyenne de l’eau
supérieure de 4°C à la température actuelle : un tout autre monde !
A plus courte période (dizaine de millions d’années, courbe pleine) apparaissent des
variations de second ordre. Ces variations sont expliquées par des variations de l’activité des
dorsales : une dorsale lente qui devient rapide va « gonfler » (tumescence) et occuper un plus
grand volume dans le bassin océanique (voir la fiche « Altimétrie, bathymétrie »), déplaçant
un volume d’eau équivalent. La ligne de rivage s’avance alors à l’intérieur des terres : ce sont
les grandes transgressions (suivies de régressions) décrites de longue date par les géologues.
On peut aussi mettre en évidences des variations de période bien plus courte, inférieure
au million d’année (non figurées sur la courbe). Ces variations sont dues aux changements
climatiques, eux-mêmes sous le contrôle des variations des paramètres orbitaux de la Terre.
Pendant les périodes de glaciation, telles que la Terre en a connu au cours du dernier million
d’années, un grand volume d’eau est stocké dans les calottes polaires : lors du dernier
maximum glaciaire, le niveau de la mer était 80 mètres plus bas et l’on pouvait traverser la
Manche à pied sec ! A l’inverse, pendant les périodes chaudes, le niveau eustatique s’élève du
fait de la fonte des glaces des calottes polaires (mais non de la fonte des glaces flottantes, voir
ci-dessous) et de la dilation thermique de l’eau de mer.

Pourquoi la fonte des icebergs n’élève-t-elle pas


le niveau marin ?

Les glaces flottantes, qu’il s’agisse d’icebergs (formés de glace d’eau douce
et issus de l’écoulement des glaciers polaires vers l’océan) ou de banquise
(issue de la congélation superficielle d’eau de mer), sont maintenues à la
surface par la poussée d’Archimède. Or celle-ci est égale au poids du
volume d’eau déplacé (c’est-à-dire du volume immergé de l’iceberg
remplacé par de l’eau liquide), mais aussi, par équilibre des forces, au poids
total de l’iceberg. Il en résulte que le volume d’eau liquide correspondant à
la masse de l’iceberg entier est égal au volume immergé de celui-là. Si
l’iceberg fond, l’eau résultante remplira donc exactement le volume
immergé auparavant occupé par la glace, et il n’y aura pas d’augmentation
du niveau marin de ce fait-là.

Préparation française aux Olympiades internationales de géosciences


La pression

La pression P à la surface d’un corps est le rapport entre la force F qui s’exerce
perpendiculairement à cette surface et la surface S en question.

P=F/S

L’unité pour une force est le Newton (N), et la surface est mesurée en m2. L’unité de
pression est le pascal (1 Pa = 1 N/m²). On utilise aussi le bar (1 bar = 105 Pa).
Dans un gaz, la pression est due aux molécules qui arrivent sur la surface. Elle est
donnée par la loi des gaz parfaits :

PV = nRT

Avec V le volume de gaz considéré, n la quantité de matière (en moles) qu’il contient, T
la température et R la constante des gaz parfaits (R = 8,31 J.K-1.mol-1). Au niveau de la mer, la
pression vaut environ 1,013 bar.

Dans l’atmosphère, la pression


S
augmente quand l’altitude diminue, et, de
z+h P(z+h)S
même, elle augmente avec la profondeur
dans les océans. Ceci est dû au fait que les
forces de pression doivent s’équilibrer avec
la gravité. En effet, considérons une portion h
de fluide (liquide ou gazeuse) de masse ρShg
volumique ρ, de hauteur h et dont la base a
une surface S (son volume vaut donc S h).
La masse de cette portion de fluide est
soumise à une force de gravité ρ S h g, avec P(z)S
g = 9,81 m/s² l’intensité de la pesanteur. Par
définition, à l’altitude z, la pression P(z)
exerce sur une surface S une force égale à S
z
P(z) S :

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L’équilibre entre la force de pression exercée par le fluide au-dessus, celle exercée par
le fluide en dessous et la pesanteur implique (en projetant sur l’axe vertical) :

P(z)S – ρShg – P(z+h)S = 0

On en déduit l’équation de l’équilibre hydrostatique :

P(z+h) - P(z) = -ρgh

Dans la troposphère, la pression diminue ainsi d’environ 104 Pa quand l’altitude


augmente de 1000 m. Dans les océans, la pression augmente de 104 Pa quand la profondeur
augmente de 1 m seulement !

Pourquoi les paliers de décompression


en plongée sous-marine ?

Un des effets de l’augmentation de la pression est l’augmentation de la


solubilité des gaz dans les liquides (loi de Henry). Un plongeur qui descend en
profondeur dans l’eau va donc voir la concentration de gaz dissous dans son
sang augmenter, et s’il remonte, ces gaz vont ressortir. Mais s’il remonte
trop vite, ils le feront sous forme de bulles qui peuvent être nocives pour
l’organisme ; c’est pour cela que les plongeurs s’astreignent à des paliers de
décompression, où ils restent à une profondeur donnée pendant plusieurs
minutes.

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Salinité de l’eau de mer
L’eau de mer comporte, outre l’eau (H2O), des substances dissoutes sous forme d’ions,
ou sels. La salinité de l’eau de mer est la fraction en masse que représentent les sels dans
l’eau de mer. Elle vaut en moyenne 35 ‰ (1 ‰ = 0,1 %), soit 35 g de sels par kg d’eau de
mer. La salinité des eaux de surface varie suivant l’importance relative des précipitations (et
des fleuves), qui diluent les sels par apport d’eau douce, et de l’évaporation, qui les concentre
dans l’eau non évaporée (voir la fiche « Bilan hydrologique »). Aux tropiques, l’évaporation
l’emporte sur les précipitations, d’où le pic de salinité, tandis qu’à l’équateur, les
précipitations diluent les sels. A gauche, on voit les courbes d’isosalinité des eaux de surface.

Les ions de loin les plus abondants (voir tableau ci-


dessous) sont Na+ et Cl-. Dans les marais salants, les
paludiers font évaporer l’eau de mer (à plus de 90 %),
pour faire précipiter la halite (NaCl, chlorure de sodium).
Mais dans les conditions des océans, les éléments les plus
susceptibles de précipiter (sous l’action éventuelle
d’organismes vivants), et donc de former des sédiments,
sont notamment le calcium (sous forme de carbonates,
au-dessus de la profondeur de compensation de la calcite
- CCD) et le silicium (silice et silicates).

Eléments chimiques Forme sous laquelle ils sont Concentration dans l’eau de mer
présents dans l’eau de mer (en mg par kg d’eau de mer)
Cl (chlore) Cl- 19
+
Na (sodium) Na 10,5
2+
Mg (magnésium) Mg 1,3
S (souffre) SO42- (sulfate) 0,9
2+
Ca (calcium) Ca 0,4
K (potassium) K+ 0,38
Les 6 éléments les plus abondants dans l’eau de mer. Ne retenez que l’ordre d’abondance !

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La salinité des eaux profondes varie également horizontalement et verticalement, en
fonction de la circulation océanique générale. Les différences de salinité permettent de définir
des masses d’eau : elles sont donc étudiées dans les fiches « Masses d’eau » et « Circulation
thermohaline ».
Autrefois, l’on pensait que le sel des océans provenait essentiellement des ions arrachés
par l’érosion aux continents et apportés par les fleuves au cours des temps géologiques – ce
que résume le paradoxe « L’eau douce sale l’eau de mer » ! Aujourd’hui, on pense que la
majeure partie du sel des océans provient du lessivage originel du plancher océanique lors de
la formation des océans (par condensation de la vapeur d’eau dégazée par le manteau
supérieur) à l’Hadéen, il y a plus de 4 milliards d’années.
Les sels apportés actuellement dans l’eau de mer ont deux origines : les ions lessivés par
la circulation hydrothermale dans le plancher océanique, et ceux apportés par les fleuves. La
salinité serait régulée davantage par le premier apport que par le second. Les sorties peuvent
correspondre à la précipitation des sels (voir la fiche « Evaporites » dans la partie Géosphère)
ou à la formation de nouveaux minéraux dans l’épaisseur de la croûte océanique dans la
circulation hydrothermale.

Exercice 1 (épreuve 2010) : On sait que la salinité de la Méditerranée est toujours plus élevée que
celle de l’océan Atlantique. Trouvez la relation correcte entre évaporation (E), précipitations (P) et
écoulement fluvial (R) pour la Méditerranée :
A) E>P+R
B) E<P+R
C) P>E+R
D) R>E+P

Exercice 2 (épreuve 2010) : Le bilan hydrologique mondial dépend de l’évaporation et des


précipitations. Ces phénomènes influencent la salinité des eaux de surface. A partir de cette figure,
expliquez pourquoi la salinité des eaux tropicales est plus élevée que celle des eaux sub-tropicales.

Correction exercice 1 : Les apports d’eau douce sont représentés par P et R ; mais l’évaporation E
doit être plus élevée, puisque la salinité de la Méditerranée est supérieure à celle de l’Atlantique
(l’équilibre étant rétabli par l’influx d’eau atlantique plus douce) : on a donc A) E > P + R.

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Température des océans

La température de surface des océans varie en fonction de la latitude, donc de l’insolation : elle
va de 30 °C dans les eaux équatoriales à -1,9 °C dans les régions polaires (juste au dessus de la
température de congélation de l’eau de mer) :

Les océans formant une couche mince à l’échelle du globe, les variations de la température sont
plus importantes dans la direction verticale que dans la direction horizontale, comme on peut en juger
d’après les schémas suivants :

La turbulence due au vent et aux vagues mélange l’eau sur une épaisseur variant de quelques
dizaines à quelques centaines de mètres : la température de l’eau y est sensiblement égale à celle de la
surface, c’est la couche de mélange. La température décroît ensuite assez vite jusqu’à une profondeur
d’environ un kilomètre : c’est la thermocline. En-dessous de la thermocline, l’on trouve la couche
profonde, où la température est pratiquement homogène et froide (ne dépassant pas quelques degrés
Celsius). En-dessous de la couche de mélange, les échanges d’eau dans la direction verticale sont
limités. En effet, comme la densité augmente généralement avec la profondeur, toute parcelle d’eau qui
descend, par exemple, est ramenée à sa position initiale par la poussée d’Archimède, et il n’y a donc
pas de mouvement de convection.
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Du fait de la grande capacité thermique et,
surtout, de la grande masse des océans, la température
de l’eau varie en général très peu au cours de l’année.
L’amplitude des variations saisonnières peut tout de
même atteindre 10 °C aux latitudes moyennes (mais
avec un retard d’environ deux mois par rapport aux
variations de l’insolation), sur la couche de mélange
et la partie supérieure de la thermocline
(« thermocline saisonnière » sur le schéma).
A la fin de l’été, aux moyennes latitudes, la
couche de mélange est très mince (jusqu’à 20 mètres)
car les vents ont été faibles pendant une longue
période et les eaux sont « stratifiées » (les eaux très
chaudes et peu denses de surface ne se mélangent pas
facilement avec les eaux sous-jacentes, plus denses).
En hiver, les vents sont violents et la chaleur des eaux
superficielles a été perdue : la couche de mélange est
plus épaisse, jusqu’à 200 mètres.

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Propriétés physiques de l’eau
Chaleur spécifique, chaleurs latentes
Comparée à d’autres molécules, l’eau pure a des températures de fusion et d’ébullition
(0 °C et 100 °C au niveau de la mer) relativement élevées. Il faut 4,18 J (une calorie) pour
élever la température d’un gramme d’eau liquide d’un degré : cette chaleur spécifique de
l’eau (4,18 kJ.kg-1K-1) est la plus forte de tous les corps, ammoniac excepté. L’eau peut donc
absorber beaucoup de chaleur sans s’échauffer beaucoup, c’est ce qu’on nomme son inertie
thermique. Lorsque l’eau liquide est parvenue à la température d’ébullition, il faut encore lui
fournir 2250 kJ/kg pour qu’elle se vaporise entièrement : c’est ce que l’on appelle la chaleur
latente de vaporisation (« latente » car tant que l’eau n’a pas été totalement vaporisée, la
température n’augmente pas). De même, on définit une chaleur latente de fusion (pour la
glace), qui vaut 300 kJ/kg (toutes les valeurs sont données pour la pression atmosphérique au
niveau de la mer).

Densité
L’eau pure, en se refroidissant, atteint un maximum de densité 1 vers 4 °C (avec une
masse volumique de 103 kg/m3), et gèle à 0 °C. Une masse d’eau douce, en se refroidissant en
surface, va donc atteindre sa densité maximale avant d’atteindre son point de congélation.

Diagramme température-salinité. La ligne rouge indique le maximum de densité tandis que la bleue marque la
température de congélation (en-dessous de cette ligne, l’eau liquide est donc instable). Les courbes mauves du
diagramme température-salinité ci-dessous joignent les points d’égale densité. Avec une salinité de 35 ‰, l’eau
de mer gèle à -1,91°C, avant d’atteindre sa densité maximale, contrairement à l’eau pure.

Le comportement de l’eau salée est différent. La présence de sel dans l’eau a plusieurs
effets (voir le diagramme température-salinité ci-dessus) : à température égale, elle
augmente la masse volumique de l’eau. Elle abaisse la température de congélation (c’est pour

1
On rappelle que la densité d d’un corps est un nombre sans unité correspondant au rapport de la masse
volumique de ce corps sur la masse volumique maximale de l’eau pure (1000 kg/m3) : d = ρ / ρeau = ρ /1000.

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cela que le sel est utilisé pour déneiger les routes en hiver). Elle abaisse également la
température du maximum de densité, au point que, pour des salinités typiques de l’eau de mer
(35 ‰), la densité n’atteint son maximum qu’à la température de congélation. L’eau de mer
de surface va donc pouvoir se refroidir continument dans les régions polaires. Lorsqu’elle
finit par geler, des molécules d’H2O sont prélevées pour former la glace 2 , ce qui augmente la
salinité de l’eau de l’eau de mer liquide résiduelle : celle-ci peut donc se refroidir davantage
encore avant de geler. Il se crée ainsi une masse d’eau très froide et salée, donc très dense.
On vient de le voir, la densité de l’eau de mer à la salinité moyenne de 35 ‰ décroît
quand la température augmente (alors que celle de l’eau douce commence par croître de 0 à
4 °C, puis décroître au dessus). Une situation où les couches d’eau superficielles sont
nettement moins denses que les couches d’eau au dessous, comme en été, lorsque le Soleil
échauffe beaucoup la surface d’une mer calme, est très stable et s’oppose au brassage : un
petit volume d’eau s’aventurant vers le bas subit une poussée d’Archimède qui le ramène vers
le haut. Ce phénomène est nommé stratification (voir les fiches « Pression hydrostatique » et
« Température des océans »). A l’inverse, dans l’océan arctique, la formation d’une couche
d’eau superficielle très froide et salée crée une situation instable : comme cette eau est plus
dense que les couches sous-jacentes, elle va plonger en profondeur (voir la fiche « Circulation
thermohaline »).
La glace, ayant une structure plus encombrante que l’eau liquide (où les molécules H2O
peuvent se faufiler dans les interstices laissés par d’autres molécules), a une masse volumique
plus faible (900 kg/m3). La glace flotte donc grâce à la poussée d’Archimède et tend à
protéger l’eau liquide sous-jacente de la congélation, au lieu de s’accumuler au fond de
l’océan. Rappelons que la fonte de la banquise et des icebergs (contrairement à la fonte des
inlandsis) n’augmente pas le niveau des mers, puisque le volume de la partie immergée
correspond exactement au volume d’eau liquide produit par la fusion de toute la glace (voir la
fiche « Variations du niveau de la mer »).

Vitesse du son
La vitesse du son dans l’eau est de 1,5 km/s. Le SONAR exploite la réflexion des ondes
sonores pour déterminer la distance des obstacles sur la trajectoire d’un sous-marin. La
tomographie sous-marine, également basée sur un couple émetteur-récepteur, exploite la
variation de la vitesse du son avec la température, la pression et la salinité pour étudier l’eau
océanique, de manière analogue à la façon dont la sismologie étudie la structure de la Terre.

Exercice 1 (épreuve 2010) : Les océans peuvent absorber une grande quantité d’énergie solaire
sans augmentation significative de la température de l’eau. C’est principalement parce que :
A) le volume des eaux océaniques est énorme ;
B) la chaleur latente de vaporisation de l’eau est relativement faible ;
C) la surface des océans ne reflète pas la chaleur ;
D) la chaleur spécifique de l’eau de mer est relativement importante ;
E) l’eau de mer contient une grande quantité de sel.

2
Cette « glace de mer » constitue la banquise. Il ne faut pas la confondre avec les icebergs, constitués de glace
d’eau douce : les icebergs sont les fragments des glaciers des inlandsis du Groenland ou de l’Antarctique,
alimentés par les chutes de neige, qui s’écoulent dans la mer.

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La lumière et la mer

La lumière reçue par les océans est atténuée en profondeur en quelques dizaines de
mètres. L’absorption par l’eau est plus forte pour les grandes longueurs d’onde, et moindre
pour le bleu, d’où la couleur bleue qui domine en profondeur. Elle est renforcée par la
diffusion par les particules en suspension, qui est plus forte pour les courtes longueurs d’onde.

Si les sels ont peu d’impact sur la couleur de la mer, il en va autrement pour les
substances organiques. Une forte activité biologique, comme près des côtes, se traduit par une
verdeur de l’eau (à cause de la chlorophylle des microalgues et des bactéries
photosynthétiques). La carte suivante montre en fausses couleur la concentration en
chlorophylle de la Méditerranée (les couleurs vives (notamment le rouge) correspondent aux
plus grandes valeurs) :

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Gaz dissous, nutriments et activité biologique
L’eau de mer contient des gaz dissous, à raison de quelques millimoles par litre. Les
proportions relatives des différents gaz diffèrent quelque peu de celles de l’air à cause des
divers équilibres chimiques qui s’établissent dans l’océan.
La concentration en dioxygène (O2) est ainsi contrôlée par différents processus :
• échanges avec l’atmosphère, dans la couche de mélange superficielle (voir la
fiche « Température »)
• mélange éventuel des eaux de surface avec celles en profondeur
• production d’O2 par la photosynthèse du phytoplancton
• consommation d’O2 lors de la décomposition (par oxydation) de la matière
organique des organismes morts.
En-dessous d’une centaine de mètres, les eaux ne sont plus brassées avec les eaux de
surface riches en oxygène (on est dans la thermocline), l’intensité lumineuse n’est plus
suffisante pour maintenir une photosynthèse significative, tandis que l’oxygène continue à
être consommé par les organismes décomposeurs : on entre dans la Zone à Oxygène
Minimum, indiquée ZOM dans le graphique ci-dessous. Dans le premier kilomètre de
profondeur, près de 90 % de la matière organique est dégradée. Comme les processus
biologiques qui consomment de l’O2 produisent du CO2, la concentration en CO2 y est
maximale. La teneur en O2 remonte ensuite à
mesure que la matière organique disponible
pour être oxydée se raréfie. En outre, on
trouve dans la couche profonde des masses
d’eau riches en oxygène issues des régions
polaires.
Outre le carbone (C), les nutriments
puisés par les microorganismes marins sont
notamment l’azote (N), le phosphore (P), le
silicium (Si) ; en dehors de la matière
organique, ils existent sous forme oxydée
(ions NO3-, PO43-, …). On comprend que la
concentration en azote (courbe magenta sur la
figure) augmente à mesure qu’on descend en-
dessous de la zone d’activité biologique
maximale, ou cet élément est activement
consommé. Dans certaines régions du globe,
telles que la côte chilienne, des courants
ascendants d’eau profonde (upwellings, voir la
fiche du même nom) alimentent les eaux de
surface en nutriments. Ces régions auront
ainsi une activité biologique particulièrement
développée, car la croissance du plancton
n’est limitée que par la quantité de nutriments.

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Mouvements océaniques
Les océans ne sont pas immobiles, mais sont sujets à différents types de mouvements, qui
opèrent sur des échelles de distance et de temps variées, qui se superposent les uns aux autres.
Nous évoquons ces différents mouvements dans des fiches spécifiques, mais nous voulons ici les
récapituler.
A grande échelle de temps (des siècles) et de distance, la circulation thermohaline régit le
« recyclage » entre couches profondes et de surface, qui se fait au niveau d’upwellings et de
downwellings.
Si on se concentre sur les couches de surface, l’on voit qu’elles sont parcourues par des
courants de surface, sur des échelles de distances se comptant en milliers de kilomètres, et des
durées de l’ordre du mois.
Tous ces courants sont à peu près stables d’une année à l’autre, et ne changent qu’à
l’échelle des temps géologiques.
Les courants de surface peuvent être irréguliers sur des échelles de l’ordre de la centaine de
kilomètre, avec des variations sur des durées de l’ordre de quelques jours : ce sont les tourbillons
de mésoéchelle.
A l’échelle de la journée, l’on a des courants de marées qui accompagnent l’établissement
de la marée haute ou de la marée basse.
Enfin, le vent peut générer des mouvements oscillatoires à la surface de l’eau, avec une
période se comptant en secondes ou dizaines de secondes : ce sont la houle et les vagues.

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Bilan hydrologique global des océans

Globalement, les flux d’eau (indiqués en milliers de km3 par an dans le schéma ci-
dessous) sont équilibrés, de sorte qu’en première approximation, la quantité d’eau de chaque
réservoir reste constante. Par exemple, le fait qu’il y ait davantage d’évaporation que de
précipitation au niveau des océans est compensé par l’apport des rivières (dont le quart par le
seul fleuve Amazone !). Les océans renferment plus de 96 % de l’eau sur Terre ; les
glaciers/neiges permanentes et les eaux souterraines en représentent chacun près de 2 %.

Chiffres en milliers de km3 par an.

Bien que tous les océans (Atlantique, Pacifique, Indien, Arctique, Antarctique) soient en
communication les uns avec les autres, on peut faire le bilan des flux pour des océans
individuels, comme dans le tableau ci-dessous :

Océan Précipitations Apport des fleuves Evaporation Bilan


en cm / an en cm / an en cm / an en cm / an
Pacifique +133 +7 -132 +8
Atlantique +89 +23 -124 -12
Indien +117 +8 -132 -7
Global +114 +12 -126 0

Le fait que, pour un océan donné, précipitation, écoulement fluviatile et évaporation ne


s’équilibrent pas alors qu’ils le font à l’échelle mondiale atteste de l’existence de courants
marins.

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Masses d’eau
Requiert la lecture préalable des fiches : « Pression hydrostatique », « Propriétés
physiques de l’eau de mer », « Salinité », « Température des océans »

En profondeur, il n’y a pratiquement pas de mécanisme permettant de changer la salinité


ou la température de l’eau. Ainsi, des masses d’eau de différentes origines peuvent longtemps
préserver leur identité dans les océans. A titre d’illustration, voici une coupe nord-sud de
l’océan Atlantique où l’on a figuré les différentes masses d’eau qui se trouvent sous la couche
de mélange et la thermocline (en rouge) : on distingue le plongement d’une masse d’eau
froide, salée (plus de 34,8 ‰) et bien oxygénée, venue de l’Arctique (en rose), deux
« langues » issue de l’Antarctique (en blanc), et une petite masse d’eau salée en provenance
de la Méditerranée, passant par le fond du détroit de Gibraltar car sa salinité élevée la rend
plus dense que les eaux atlantiques (en jaune).

d’après Pomerol et al. (2003), Elements de géologie, Dunod


Salinité et température ne peuvent évoluer que par le difficile mélange entre différentes
masses d’eau. A titre d’exemple, on a montré sur la figure suivante le mélange entre deux
masses d’eau numérotées 1 et 2, de salinités et températures différentes, qui se retrouvent
superposées. Ces masses d’eau vont finir par se mélanger. On présente la température (en
rouge) et la salinité (en vert) en fonction de la profondeur avant et après mélange. Sur un
diagramme température-salinité (3e graphe), on voit que le mélange se fait suivant le
segment qui joint les points correspondant aux deux masses d’eau initiales. Un mélange se
trouvera ainsi au barycentre de ces deux points affectés des proportions de chaque masse
d’eau (connaissant la température et la salinité des masses d’eaux initiales et celles du
mélange, on peut donc remonter aux proportions du mélange). Cela peut se généraliser à
davantage de masses d’eau.

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Préparation française aux Olympiades internationales de géosciences
Exercice 1 (épreuve 2009) : Indiquez le schéma qui représente correctement les flux entre la
Méditerranée et l’océan Atlantique.

Correction exercice 1 : Certes, les eaux atlantiques sont plus froides ; mais les eaux
méditerranéennes sont nettement plus salées, et c’est cette différence qui l’emporte : les eaux
méditerranéennes sont plus denses, donc plus profondes. En outre, le bilan hydrologique déficitaire
de la Méditerranée suppose un influx d’eau atlantique. Le schéma correct est donc D.

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Exercice (tiré du cours en ligne de Katy Pol, Laboratoire des Sciences du Climat et de
l’Environnement, Institut Pierre Simon Laplace)
On sait (en simplifiant…) que dans l’Atlantique, deux masses d’eau se mélangent :
- l’Eau Antarctique Intermédiaire (EAI) : T = 4 °C, S = 34,4 ‰
- l’Eau Nord Atlantique Profonde (ENAP) : T= 2,4 °C, S = 34,92 ‰
Un courant d’eau profonde se dirige alors vers l’océan Indien puis le Pacifique, où les eaux profondes
ont la composition suivante :
- Eau Commune Pacifique et Indienne (ECPI) : T = 1,5 °C, S = 34,7 ‰

1) Recherchez si la masse d’eau ECPI résulte du mélange des seules masses d’eau EAI et ENAP, ou
s’il y a contribution de l’Eau Antarctique de Fond (EAF) : T = 0,2 °C, S = 34,7 ‰.
2) Calculez les proportions des différentes masses d’eau dans le mélange.
Correction sur la page suivante

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Correction :
1) On constate qu’ECPI ne se place pas sur la droite de mélange entre EAI et ENAP. C’est donc qu’il
y a une contribution d’une autre masse d’eau, EAF.
2) Une résolution graphique donne les proportions suivantes pour les masses d’eau à l’origine
d’ECPI :
- %EAI = a/(a+b) = 19%
- %ENAP = c/(c+d) = 27%
- %EAF = e/(e+f) = 54%

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Circulation thermohaline
Voir les fiches « Propriétés physiques de l’eau de mer », « Salinité », « Température
des océans », « Bilan hydrologique » et « Masses d’eau ».

Dans les océans Arctiques et Antarctique, les eaux de surface sont à la température de
congélation. Lors de la formation de la banquise, l’eau restée liquide s’enrichit en sel, et peut
se refroidir un peu plus, car la température de congélation s’abaisse. Il se produit donc des
eaux suffisamment denses (car froides et salées) pour s’enfoncer en profondeur. Les masses
d’eau ainsi créées alimentent les couches profondes des océans et circulent au fond de tous les
océans pendant plusieurs siècles. Elles peuvent remonter à la faveur d’upwellings (dans
l’océan Indien et le Pacifique), pour rejoindre des courants de surface qui bouclent le cycle.
Ainsi, les eaux profondes de l’Atlantique sont jeunes, tandis que les eaux profondes du
Pacifique sont plus les plus anciennes. Avant d’arriver dans le Pacifique, elles ont voyagé au fond
des océans depuis l’Atlantique à la vitesse de 5 à 10 cm/s
Cette circulation, parfois comparée à un « tapis roulant », est qualifiée de circulation
thermohaline (puisque ses moteurs sont les variations de température et de salinité).

La figure ci-dessus, illustrant la circulation thermohaline, est très schématique : elle ne


montre que le sens général de cette circulation. Ainsi, elle omet la zone de formation d’eau
profonde de l’océan antarctique, ainsi que le Gulf Stream, puissant courant de surface qui part
des côtes de Floride vers l’Atlantique Nord et constitue donc l’une des branches de surface.

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Cette figure est plus précise : elle montre correctement le Gulf Stream, ainsi que les
zones de formation de glace de mer (mer de Weddell dans l’Antarctique, mers du Labrador et
du Groenland dans l’Arctique), où de la chaleur est relâchée dans l’atmosphère
(correspondant à la chaleur latente de fusion) et où l’on crée des eaux froides, denses et salées
qui plongent pour alimenter la branche profonde de cette circulation.

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Référentiels en rotation :
la force de Coriolis et la force centrifuge
Dans un référentiel galiléen, l’accélération d’un mobile obéit à la deuxième loi de Newton
(ou principe fondamental de la dynamique) :
F = m dv/dt
avec F la somme des forces extérieures s’exerçant sur le mobile, m sa masse et v sa vitesse.
En particulier, si F = 0, le mobile se meut à vecteur-vitesse constant (c’est le principe de l’inertie).
Mais le référentiel terrestre n’est pas galiléen. En effet, la Terre tourne sur elle-même par
rapport aux étoiles en près de 24 h. Si l’on s’intéresse à des phénomènes durant plus de quelques
heures, comme c’est le cas en océanographie et en météorologie, on ne peut plus appliquer la
deuxième loi de Newton. Quel est donc l’effet de la rotation sur le mouvement d’un mobile ?

Considérons, comme sur la figure ci-dessus, un mobile se déplaçant à vecteur-vitesse


constant dans le référentiel du laboratoire, supposé galiléen (trajectoire noire) et observons son
mouvement par rapport à un plateau en rotation dans le sens trigonométrique (trajectoire blanche).
Dans le référentiel du plateau, on voit que le mouvement est incurvé, suggérant qu’une
force perpendiculaire à sa vitesse (par rapport au plateau) s’est exercée sur lui. Mais cette force ne
correspond pas à une vraie interaction physique comme la gravité ou le magnétisme, mais
seulement au passage dans un référentiel en rotation, car dans le référentiel du laboratoire, le
mouvement du mobile est rectiligne uniforme. C’est une « force de référentiel ». Cette force qui
s’exerce perpendiculairement à la vitesse est appelée force de Coriolis. Il existe une deuxième
force de référentiel, la force centrifuge qui est dirigée de l’axe de rotation vers l’extérieur (que
l’on ressent par exemple dans un bus lorsqu’il prend un virage — ce qui occasionne une rotation
du bus par rapport à la route).

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L’équation qui régit le mouvement dans un référentiel non galiléen s’écrit donc :
F+F +F = m dv/dt
Coriolis centrifuge

qui est finalement comme la deuxième loi de Newton, avec Fcentrifuge et FCoriolis comme
des forces supplémentaires. Détaillons brièvement ce que sont ces forces dans le cas du
référentiel terrestre :

La force de Coriolis
C’est une force perpendiculaire à la fois à l’axe de rotation et à v. Son intensité est
2m.Ω.v.sinβ avec Ω = 7,3 . 10-5 rad/s la vitesse angulaire de la Terre et β l’angle entre v et l’axe
de rotation. Le sens de la force est donné par la « règle du tire-bouchon » : c’est le sens dans
lequel avance un tire-bouchon, si on le fait tourner dans le sens du vecteur v vers l’axe de rotation
(orienté vers le nord).
Si on s’intéresse à des mouvements parallèles à la surface de la Terre, la force de Coriolis
sera donc vers la droite (par rapport au vecteur-vitesse) dans l’hémisphère nord et vers la gauche
dans l’hémisphère sud. La force de Coriolis est négligeable vers l’équateur, et augmente en
importance aux grandes latitudes.

La force centrifuge
C’est une force perpendiculaire à l’axe de rotation et dirigée vers l’extérieur, suivant une
droite qui relie l’axe de rotation à la position du mobile. Son intensité est mΩ² RTcosλ, avec RT≈
6400 km le rayon de la Terre et λ la latitude. La force centrifuge occasionne ainsi une petite
correction à la force de pesanteur.

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Vents et courants
La circulation océanique de surface est notamment contrôlée par l’interaction entre le
vent et l’océan. Le vent occasionne une force de friction à la surface de l’eau orientée dans la
direction du vent. Mais à cause de la force de Coriolis, et de la turbulence dans la couche de
mélange (voir les fiches « Température des océans » et « Propriétés physiques de l’eau de
mer »), la vitesse du courant généré par le vent n’est pas parallèle au vent, mais fait un angle
de 45° (vers la droite dans l’hémisphère nord, vers la gauche dans l’hémisphère sud) avec la
direction du vent.

Les couches de surface entrainent de proche en proche les couches en profondeur


(l’effet étant négligeable après quelques dizaines de mètres), mais à cause de la force de
Coriolis qui dévie tout mouvement vers la droite (dans l’hémisphère nord toujours), la
direction change avec la profondeur : c’est la spirale d’Ekman. En intégrant les
déplacements de toutes les couches d’eau, on trouve que le courant moyen sur l’ensemble de
la couche de mélange est perpendiculaire à la direction du vent (vers la droite dans
l’hémisphère nord, la gauche dans l’hémisphère sud) : c’est le transport d’Ekman. Le
schéma ci-dessus (valable pour l’hémisphère nord) donne le courant en fonction de la
profondeur (petites flèches bleues) tel qu’on le calcule théoriquement.

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Upwellings et downwellings
Cette fiche requiert la lecture préalable des fiches « Température de l’océan » et
« Vents et courants »

Les vents ne font pas que provoquer des mouvements horizontaux des eaux.
Considérons par exemple, comme sur le schéma, une côte située sur la gauche des vents
dominants dans l’hémisphère nord (ou à droite dans l’hémisphère sud). Le transport d’Ekman
des eaux superficielles se fera de la côte vers la mer. Cette eau doit donc être remplacée par
des eaux remontées des profondeurs. Il en résulte un courant ascendant appelé upwelling. Un
courant descendant (observé si le vent souffle dans le sens contraire) est lui appelé
downwelling.

En haute mer, on peut également rencontrer des courants verticaux, cette fois induits par
des courants atmosphériques géostrophiques. En effet, comme le montre le schéma, un vent
cyclonique provoque des courants de surface qui divergent à partir du centre, causant un creux
dans la surface de l’océan, ce qui doit être compensé par un upwelling. Au contraire, un vent
anticyclonique entraine une convergence des eaux de surface vers le centre, donc une bosse,
et un downwelling. Vous verrez dans la fiche « Courants de surface » que la surpression ou la
dépression ainsi créée entraîne dans un second temps des courants qui s’organisent autour
d’elle.

Figure : Effet des courants atmosphériques sur l’océan. Le schéma est dessiné pour l’hémisphère nord, mais la
correspondance cyclone-upwelling et anticyclone-downwelling est aussi valable pour l’hémisphère sud.

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Exercice 1 (épreuve 2008) : La figure suivante, obtenue par satellite, montre les vecteurs vent à la
surface de la mer superposés à la couverture nuageuse lors du passage d’un typhon sur le
Pacifique nord-ouest. Les couleurs des flèches traduisent la force du vent, de 2 à 20 m/s. Les
balises flottantes ARGO (en b) mesurent automatiquement les profils verticaux de température et
de salinité aux sites A, B, C. La grosse flèche noire indique la direction de déplacement du typhon.

La figure ci-contre montre le profil vertical de


température au site C, près du centre du typhon.
Dessinez le nouveau profil de température après que le
typhon s’est éloigné du site C. Justifiez votre
production.

Correction : dans une zone dépressionnaire, le


« pompage d’Ekman » aboutit à un creusement de la
surface de la mer, et à une remontée d’eaux profondes,
plus froides ; du coup, la thermocline est également moins
profonde ; quand le typhon s’éloignera, la thermocline
s’approfondira, la couche de mélange redeviendra plus
épaisse (une centaine de mètres), et sa température sera
plus élevée (courbe rouge ci-contre).

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Courants de surface
Requiert la lecture préalable des fiches « Pression hydrostatique », « Force de
Coriolis », « Vents et courants », « Upwellings et downwellings »

Nous avons vu (fiche « Upwelling et downwellings ») que le vent pouvait provoquer des
creux et des bosses à la surface des océans. Cette surface peut également être affectée par les
variations de la densité de l’eau en fonction de la température et de la salinité. Par exemple, le
niveau de la Méditerranée, dont l’eau est très salée et donc assez dense, est inférieur d’un
mètre à celui de l’Atlantique.
On appelle topographie dynamique l’écart de la surface des océans par rapport au
géoïde, typiquement de l’ordre de quelques mètres (il ne faut pas confondre la topographie
dynamique avec les irrégularités que peut présenter le géoïde lui-même). Elle est mesurée au
moyen d’ondes radar envoyées par des satellites et réfléchies par la surface, les satellites,
captant de nouveau le signal, déduisant la distance de la durée de l’aller-retour.

Cette topographie dynamique donne ainsi lieu, dans les océans, à des surpressions là où
se trouvent les bosses et des dépressions là où se trouvent les creux, d’où des gradients de
pression dans l’eau. A cause de la force de Coriolis, de manière analogue aux vents
cycloniques et anticycloniques, les courants océaniques ne s’écoulent pas des bosses vers les
creux, comme on pourrait s’y attendre, mais forment des tourbillons à grande échelle, ou
gyres, autour de ces creux et de ces bosses. Voici un exemple schématique de gyre autour
d’une « bosse » créant une surpression dans l’hémisphère nord (par ex. gyre nord-atlantique) :

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On voit que le courant est dicté par l’équilibre entre la force de Coriolis (dirigée vers la
droite du vecteur-vitesse dans l’hémisphère nord) et la force de pression (dirigée dans le sens
des hautes vers les basses pressions), d’où (ici) une rotation dans le sens des aiguilles d’une
montre. On parle de courants géostrophiques. La figure suivante donne le sens de rotation
des gyres suivant que leur centre correspond à des hautes ou basses pressions, et l’hémisphère
où il se trouve :

Les courants de surface correspondent typiquement à des vitesses moyennes de l’ordre


du mètre par seconde, et des débits totaux pouvant atteindre plusieurs dizaines de millions de
m3/s. On les appelle « courants de surface » car ils n’affectent que les premières centaines de
mètres des océans (mais il ne faut pas pour autant les confondre avec le transport d’Ekman,
qui lui ne porte que sur les premières dizaines de mètres). Les courants principaux sont
figurés sur la carte ci-dessous. Essayez de repérer le gyre nord-atlantique et le gyre sud-
pacifique, ils sont bien visibles !

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L’exemple du gyre nord-atlantique est intéressant. Il est le résultat de l’action des alizés
(vents d’est) qui, en soufflant près de l’Equateur, créent un transport d’Ekman vers le Nord, et
des vents d’ouest des moyennes latitudes, qui créent un transport d’Ekman vers le Sud. La
convergence des deux flux crée une accumulation d’eau entre ces deux latitudes. Le gradient
de pression ainsi créé permet la mise en place des courants géostrophiques (voir les fiches
« Vents et courants » et « Upwelling et downwelling »).

L’écoulement des eaux n’est pas forcément régulier. Dans les zones de convergence
entre courants, de variations brusques de l’altimétrie sous-marine, etc., l’écoulement peut
devenir désordonné : on parle alors de turbulence. Il peut notamment se former des
tourbillons d’une taille typique de l’ordre d’une centaine de kilomètres, et dont la durée de vie
se compte en semaines : ce sont les tourbillons de mésoéchelle.

Le Gulf stream

Le Gulf Stream est un courant qui prend naissance au large de la


Floride, et se dirige vers le nord est, dans l’Atlantique, où il se dilue,
adoptant une structure complexe avec des méandres et des
tourbillons de mésoéchelle. Il a une vitesse moyenne de 1,5 m/s et
un débit moyen de 5,5 x 107 m3/s. Les eaux transportées étant à une
température supérieure à 20 °C, il a pour effet de réchauffer l’Europe
occidentale, y contribuant à des hivers plus doux qu’en Amérique du
Nord. Par exemple, la température moyenne en janvier à Paris
(48° N) est de 5 °C tandis qu’elle est de -10 °C à Montréal (45° N).

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Exercice 1 (épreuve 2009) : Les tourbillons de mésoéchelle peuvent être détectés à la surface de
l’océan par des satellites altimétriques. La figure ci-dessous montre la topographie dynamique de la
surface d’une zone nord-ouest du Pacifique. Les lignes de niveau (isohypses) ont un intervalle de 5
cm. De façon générale, le
champ des flux de ces
tourbillons peut être décrit
en se plaçant à l’équilibre
géostrophique. Dessinez
des flèches pour indiquer
les directions des
courants de surface au
niveau des 6 points
blancs sur la figure ci-
dessous.

Exercice 2 (épreuve 2010) : Récemment, on a découvert que les débris flottants sont concentrés
dans des zones spécifiques des océans. Ces zones sont situées dans les gyres océaniques (voir
carte ci-dessus). On estime que les déchets en plastique vont rester concentrés dans ces zones
pendant plusieurs centaines d’années avant d’être dégradés photochimiquement. L’un de ces gyres
héberge une « île de déchets » qui fait deux fois la surface du Texas.
La figure de gauche ci-dessous représente un gyre. Où trouve-t-on ce type de gyre ? A) dans
l’hémisphère nord ; B) dans l’hémisphère sud.

Eau de surface
1000 m

Eau profonde

Exercice 3 (épreuve 2009) : La figure ci-contre montre des profils de


température moyennées sur le long terme, de la surface jusqu’à une
profondeur de 2000 mètres, mesurés en deux sites : site A dans le
pacifique ouest-équatorial à 140° Est, site B dans le Pacifique est-
équatorial à 120° Ouest. Indiquez les sites correspondant à X et Y.

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Correction exercice 1 (épreuve 2009) : Un maximum de topographie dynamique correspond à une
surpression et donc à un courant anticyclonique, qui comme nous sommes dans l’hémisphère nord,
sera dans le sens des aiguilles d’une montre. Inversement pour un minimum. Les courants
géostrophiques suivront les isohypses.

Correction (épreuve 2010) : Ce gyre est dans l’hémisphère sud. En effet, c’est une zone de
convergence (car les déchets s’y concentrent), donc un downwelling, et donc un courant
anticyclonique, et on voit qu’il tourne dans le sens trigonométrique. Voici la coupe complétée :

Correction (épreuve 2009) : Sur le profil de température, on voit que la température des eaux de
surface est plus élevé pour X que pour Y. X correspond au site A et Y au site B, car le courant du
Pérou, avec ses eaux des hautes latitudes, refroidit le Pacifique est-équatorial (qui est également
le lieux de remontées d’eaux profondes
et froides au niveau des upwellings
côtiers), tandis que les eaux chaudes
équatoriales sont poussées par les
alizés (courants chauds sud et nord-
équatoriaux) vers le Pacifique ouest-
équatorial. On le voit sur la figure
montrant la température de surface sur
le globe de la fiche « Température de
l’eau », figure que nous reproduisons ci-
dessous :
Notez que comme le profil de
température est moyenné sur le long
terme, il n’y a pas ici à tenir compte de
El Nino.

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Houle et vagues
Le vent soufflant au-dessus des océans est à l’origine de mouvements oscillatoires de la
surface de l’eau, qui se propagent sous forme d’ondes. Notons bien que les particules d’eau ne
suivent pas les ondes, mais que le mouvement se transmet de proche en proche. Les particules
d’eau oscillent en fait selon des trajectoires elliptiques, dans le sens de la progression des
ondes sur les crêtes, et en sens inverse dans les creux.

On appelle, par convention, vagues les oscillations formées sur place par un vent local
et houle celles qui ont été créées dans un champ de vent distant puis se sont déplacées sur
plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres, et qui peuvent donc creuser une mer en
l’absence de vent fort. Arrivée sur la côte, une vague déferle parce que la crête tend à avancer
plus vite que le creux.

Tiré de Ch. Pomerol et al. (2003), Eléments de géologie, Dunod.

La hauteur des vagues est fonction de la vitesse du vent. Par exemple, un vent d’une
vingtaine de km/h donnera lieu à des hauteurs de vague de l’ordre du mètre (mer « agitée ») ;
pour des vents de plus de 60 km/h, les vagues peuvent dépasser 10 m (mer « grosse »).

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Les tsunamis

Un tsunami est une houle provoquée par un séisme sous-marin, une éruption
volcanique sous-marine ou un glissement de terrain. Ondes dont la longueur
d’onde dépasse la centaine de kilomètres, elles se déplacent à 700 km/h loin
des côtes. A l’approches de celles-ci, leur vitesse diminue, mais leur
amplitude augmente dans des proportions dramatiques jusqu’à atteindre
parfois une vingtaine de mètres. Le tsunami du 26 décembre 2004, dans
l’Océan Indien, causé par un séisme à Sumatra, a fait plus de 200 000 morts.

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Ondes courtes, ondes longues

Commençons par quelques définitions générales sur les ondes : la longueur d’onde
(notée λ) est la distance séparant deux crêtes successives d’une onde. La période (notée T) est
le temps qui s’écoule entre les passages de deux crêtes successives en un point donné (c’est
aussi la période du mouvement d’oscillation d’une particule d’eau). Par définition, la vitesse c
d’une onde est ainsi :
c=λ/T
Pour la houle, la longueur d’onde se compte généralement en centaines de mètres et la
période en dizaines de secondes. Pour les vagues, la longueur d’onde est de l’ordre du mètre
et la période de quelques secondes.
Concernant la vitesse, la formule diffère suivant que la longueur d’onde est plus grande,
ou plus petite que la profondeur H de l’eau :

• Onde longue (eau peu profonde)


Si la longueur d’onde est grande par rapport à la profondeur de l’eau, on parle d’onde
longue, et la vitesse des vagues est donnée par :
c = √(gH)
Comme dans le cas de la lumière qui se propage dans le vide, ou le son dans l’air (ou
l’eau), cette vitesse ne dépend pas de la longueur d’onde (pourvu qu’elle reste plus grande que
H, bien sûr).

• Onde courte (eau profonde)


Si la longueur d’onde est courte par rapport à la profondeur de l’eau, on parle d’onde
courte, et la vitesse dépend alors de la longueur d’onde :
c = √(g λ/2π)
Notez que la formule ne dépend pas de H, car il n’y a aucune influence du fond de
l’océan sur l’onde (car ce fond est loin comparé à la longueur d’onde). Pour les ondes courtes,
les oscillations des particules d’eau se font selon des trajectoires parfaitement circulaires.

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Exercice (épreuve 2010) : La figure ci-dessous montre la topographie du fond de l’océan
(bathymétrie). Un tremblement de terre survient au site B (15,25° N, 140° E) à 1h50 du matin.
Estimez le temps d’arrivée du tsunami au site A (15,25° N, 122° E). Pour éviter les difficultés dans
les calculs, la bathymétrie moyennée entre les sites A et B est montrée par une ligne rouge en
pointillés sur la seconde figure. On donne sin(15,25°) = 0,26 ; cos(15,25°) = 0,96 ; accélération
gravitationnelle g ≈ 10 m/s2 ; rayon de la Terre R = 6400 km). Vous supposerez que les sites A et B
sont dans le même fuseau horaire. (3 pts)

Correction : Avant tout, il faut déterminer la distance entre les points A et B. Cet arc de cercle est
situé sur un parallèle à 15,25° de latitude nord. La circonférence de ce parallèle est égale à 2π R
cos(15,25°) = 38 603,9 km. La distance l entre A et B, qui vaut 18° de longitude, se décompose en
une distance l1 (16° de longitude à une bathymétrie de 5000 m) et une distance l2 (2° de longitude
à une bathymétrie de 2000 mètres). On a :
l1 = 38 603,9 x 16/360 = 1715,7 km
l2 = 38 603,9 x 2/360 = 214,5 km
On sait ensuite que, pour les tsunamis de période suffisamment longue, typiquement une dizaine
de minutes, soit la plupart des tsunamis d'origine tectoniques, la longueur d’onde (plus de 100 km)
est plus grande que la profondeur d’eau h, et dès lors, la vitesse v de déplacement d'un tsunami
est donnée par : v = √(gh). Le tsunami se déplace donc d’abord à la vitesse v1 = √ (10 x 5000) =
223,6 m/s puis à la vitesse v2 = √ (10 x 2000) = 141,4 m/s
Le temps de déplacement est donc égal à l1 / v1 + l2 / v2 = 7673 + 1517 = 9190 secondes = 2
heures 33 minutes et 10 secondes. L’heure d’arrivée du tsunami sera donc 4h 23 mn 10 s
du matin.

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Force génératrice des marées
De même que la Terre attire la Lune, la Lune exerce une force gravitationnelle sur la
Terre et les masses océaniques qui l’entourent. C’est cette action qui est à l’origine des
marées, comme nous allons le voir. Considérons donc la figure suivante, en nous plaçant dans
le référentiel géocentrique (c’est le référentiel par rapport auquel le centre de gravité O de la
Terre et les étoiles sont immobiles).

La force exercée par la Lune sur la Terre en O occasionne une légère accélération qui
fait que le référentiel géocentrique n’est pas galiléen. Cette accélération est insensible dans le
référentiel géocentrique, tout comme l’accélération vers la Terre d’une station orbitale l’est
pour les astronautes en apesanteur. On peut donc soustraire, en tout point dans le référentiel
géocentrique, une force opposée à la force d’attraction de la Lune en O (vecteurs en vert sur la
figure).
Au centre de la Terre, cette force fictive centrifuge compense donc exactement la force
gravitationnelle de la Lune. Mais ce n’est pas le cas ailleurs, car la force gravitationnelle
exercée par la Lune en un point (vecteurs en rouge sur la figure) varie de façon inversement
proportionnelle au carré de la distance de la Lune à ce point. La somme vectorielle de la force
gravitationnelle de la Lune et de la force fictive est donc non nulle. Elle est nommée force
génératrice des marées (vecteurs en noir sur la figure). Son intensité est maximale aux points
Z et N (où la Lune est au zénith et au nadir, respectivement) et vaut, pour une particule de
masse m (en appliquant la loi de la gravitation) :

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|GMLm / (DTL-RT)² - GMLm / DTL²| ≈ |GMLm / (DTL+RT)² - GMLm / DTL²| ≈ 2GMLmRT / DTL3
Somme vectorielle des forces au point Z Somme vectorielle des forces au point N voir note 1

avec ML = 7.1022 kg la masse de la Lune, DTL ≈ 400 000 km la distance Terre-Lune,


RT ≈ 6 400 km le rayon de la Terre.
La force génératrice des marées, s’ajoutant à la pesanteur, modifie la forme d’équilibre
des masses océaniques. Dans les régions où elle est dirigée vers le ciel (c’est-à-dire autour de
Z et autour de N sur le schéma), il se forme ainsi un bourrelet. Dans ces régions, il y a donc
marée haute (ou pleine mer). Dans les régions où la force génératrice des marées est dirigée
vers le sol (c’est-à-dire les régions où la Lune est proche de l’horizon), il y a marée basse (ou
basse mer).

1
Pour ceux qui se demanderaient comment obtenir la dernière égalité, on a utilisé l’approximation :
f(a+h) ≈ f(a) + f ’(a)h avec f(x) = 1/x² (d’où f’(x) = -2/x3), a = DTL et h = ± RT

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Amplitude des marées
Comme la Lune, le Soleil occasionne une force génératrice des marées, qui s’ajoute
(vectoriellement) à la force génératrice lunaire. Mais, bien que la force d’attraction du Soleil
sur la Terre soit largement supérieure à celle de la Lune, la force génératrice des marées du
Soleil est moitié moindre que celle de la Lune 1 .
C’est donc bien la position de la Lune (dans le référentiel géocentrique) qui dicte où la
marée est basse, et où elle est haute. La position du Soleil, quant à elle, détermine l’amplitude
de la marée, qui elle-même détermine, pour un lieu donné, la différence de niveau entre la
pleine mer et la basse mer consécutive, que l’on nomme marnage. En effet, si le Soleil, la
Terre et la Lune sont alignés (que ce soit à la pleine Lune – opposition - ou à la nouvelle Lune
– conjonction -, deux situations que l’on réunit sous le nom de syzygie), les effets des forces
génératrices du Soleil et de la Lune s’ajoutent positivement, et le marnage est élevé : on a une
marée de vives-eaux. Si au contraire la Lune et le Soleil sont en quadrature (premier ou
dernier quartier), leurs effets se soustraient, et le marnage est faible : c’est la marée de
mortes-eaux.

1
Vous pouvez le vérifier en faisant l’application numérique de la formule donnée dans la fiche « Forces
génératrices des marées », pour le cas de la Lune, et celui du Soleil, en utilisant la masse et la distance du Soleil.

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Ainsi, au cours de la rotation de la Lune autour de la Terre, le marnage en un point
donné du globe varie, ce qui aboutit à des courbes de variation du niveau de la mer comme
dans la figure suivante (les maxima correspondent à des marées hautes, et les minima à des
marées basses). Attention : pour un bassin donné, on donne en France un coefficient de
marrée (qui varie de 20 à 120) et qui exprime l’amplitude de la marée : une marée sera de
110, par exemple (vives eaux) en tout point du bassin ; mais le marnage associé ne sera pas le
même en tout point du bassin : il dépend de la configuration du lieu. Par exemple, dans un
même bassin, celui de la Manche, le 17 avril 1999, le marnage à St Malo atteignait 12,75
mètres alors qu'au même moment il valait 6,3 m à Cherbourg.

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Périodicité des marées
Considérons la Terre vue du pôle
Nord, comme dans la figure ci-contre,
dans le référentiel géocentrique. A cause
de la rotation de la Terre sur elle-même,
une plage située en A, à marée basse, va se
retrouver en N, à marée haute, puis en B,
de nouveau à marée basse, puis en Z, à
marée haute, et, enfin de nouveau en A. A
la surface de la Terre, le bourrelet de
marrée se déplace donc comme une onde
dans le sens contraire de la rotation de la
Terre. Il faut bien comprendre que ce ne
sont pas les masses d’eau qui se déplacent
avec le bourrelet : elles feraient sinon le
tour de la Terre en 24 heures !

Il y a donc en principe deux marées par jour : si ces marées sont d’importance
comparable (comme en Europe occidentale), on parle de marée semi-diurne. Si la Lune ne
tournait pas autour de la Terre, les horaires des marées resteraient les mêmes d’un jour à
l’autre, mais comme elle se déplace dans le référentiel géocentrique, les positions des marées
se décalent un peu dans le sens de la rotation, et les horaires des marées se décalent de 50
minutes par jour.
Comme l’orbite de la Lune est inclinée par rapport au plan équatorial, les bourrelets
océaniques peuvent ne pas être symétriques. Comme l’on voit sur la figure, les niveaux des
marées hautes peuvent être très différents, de sorte que, suivant la position géographique, la
plus petite des marées hautes (« petite PM » sur le schéma) peut ne pas vraiment se distinguer
de la marée basse. Dans ce cas (rencontré dans la partie nord de l’Océan Pacifique par
exemple), il n’y a qu’une seule vraie marée haute (« grande PM » sur le schéma) par jour (et
donc une seule marée basse), et on parle de marée diurne. Il existe aussi des marées mixtes,
parfois diurnes, parfois semi-diurnes, comme à Venise.

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Courants de marée

PM – 3 : 3 heures avant la pleine mer à Cherbourg


PM : Pleine mer à Cherbourg
PM + 3 : 3 heures après la pleine mer à Cherbourg
PM + 6 : 6 heures après la pleine mer = basse mer à Cherbourg

L’établissement des marées n’est pas instantané, mais a un retard de quelques heures
sur le mouvement apparent de la Lune (dans le référentiel terrestre). Il s’effectue au moyen de
courants de marées, qui se superposent aux autres courants existants. Inférieurs à 4 km/h en
moyenne pour les côtes françaises, ils peuvent atteindre 12 km/h dans les endroits les plus
resserrés de la Manche où l’onde de marée se trouve confinée (voir schéma), voire davantage
en cas de grandes marées.
On appelle flot et jusant les courants marins correspondant aux marées montante et
descendante, respectivement.

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