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UNIVERSITE DE DSCHANG

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UNIVERSITY OF DSCHANG
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FACULTE D’AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
******************
FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
******************
DEPARTEMENT DE GENIE RURAL
******************
DEPARTMENT OF RURAL ENGINEERING

Support du cours
PROSPECTION ET
MOBILISATION DES EAUX
SOUTERRAINES
(GER 411)

Par

TEIKEU ASSATSE William; Ing., Ph.D

2021/2022

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Avertissement

Ce cours est un document de travail de la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles


(FASA) de Dschang. Il souffre d'imperfections et toutes remarques constructives concernant
ce texte seront les bienvenues. Il est parfois incomplet. Il existe sur internet bon nombre
d'ouvrages qui complèteront ce cours. Certains dessins, tableaux, équations et texte ont été
repris d'ouvrages existants. vous trouverez l’objectif, le contenu et les références en début de
cours.

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Organisation du cours

Chapitre II: système aquifères et nappes d’eaux souterraines

Chapitre III: Exploration et reconnaissance des eaux souterraines

Chapitre VI: Ecoulement des eaux souterraines et piézométrie

Chapitre V: Hydrodynamique des eaux souterraines

Chapitre VI: Techniques de forage

Chapitre VII: Réalisation, équipement et mise en service des forages

Chapitre VIII: Les essais de pompage

Bibliographie

BANTON O., BANGOY L., 1997, Hydrogéologie, Multiscience environmentale des eaux
souterraines, Presses de l'Université du Québec, AUPELF

CASSAN, Aide mémoire d'hydraulique souterraine, Presses de l'ENPC

CASTANY G., 1982, Principes et méthodes de l'hydrogéologie, Dunod Université

CHEREAU A., DEGALLIER R., DURAND A., GAILLARD P., DE MARSILY G.


Détermination des paramètres hydrodynamiques des nappes souterraines à partir de leurs
variations de niveau sous l'influence des pompage. Document BRGM 150, 1988.

DE MARSILY G., 1981, Hydrogéologie Quantitative, Masson

HILLEL Daniel, 1988, L'eau et le Sol. Principes et processus physiques, collection Pedasup 5,
2ème édition. SCHOELLER H., 1962, Les eaux souterraines, Masson

Jean François Maillard (1996), Forages et sondages, Techniques de l’ingénieur Volume C2,
imprimerie Strasbourgeoise, Paris.

Richard Lagabrielle (1996), géophysique appliquée au génie civil, Techniques de l’ingénieur


Volume C2, imprimerie Strasbourgeoise, Paris.

Robert Lauga (1990), Pratique du forage d’eau, édition Seesam, Paris.

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Chapitre 1: Introduction

Les ressource en eau, qu’elles soient superficielles ou souterraines, ont un impact direct sur le
développement socio-économique d’une région. Ainsi, il est indispensable avant toute tentative
de mobilisation de bien étudier leur contexte hydrogéologique. Une fois leur mode de gisement
identifié, on opte pour le type d’ouvrage le mieux adapté techniquement et économiquement.

Au Cameroun, la conjoncture climatique se caractérise, depuis une vingtaine d’années, par une
pluviométrie en baisse à laquelle s’ajoute une explosion démographique qui a mené à une
mobilisation intensive des ressources en eau. Dans ce cours nous apportons une contribution à
l’analyse de la prospection et mobilisation des ressources en eau souterraines. Les ressources
en eau sont-elles mobilisées convenablement, rationnellement ou alors dans le seul souci de
répondre rapidement aux besoins de la population?

L'objectif général visé par ce cours est la bonne compréhension des concepts, principes et
méthodes de l'hydrogéologie en vue d'analyser et de solutionner le problème de la prospection,
du captage, de l'exploitation, de la recharge et de la gestion de l'eau souterraine d’une part mais
aussi de la mobilsation des eaux souterraines d’autres part.

1 Hydrogéologie générale, cycle de l’eau : les différentes phases, volumes, flux, vitesses
1.1 Quelques chiffres sur l'eau
Quelques chiffres : Tout d'abord, rappelons que l'eau douce ne représente que 3% des
ressources en eau mondiale, dont l'eau salée constitue 97%. D'autre part, les eaux souterraines
représentent 30% de ces réserves mondiales en eau douce. Au Cameroun, sur les 322 milliards
de mètres cubes des ressources en eau disponibles totales, les eaux souterraines constituent
21% (57 milliards de mètres cubes) de cette ressource (Ako Ako et al. 2009).
1.2 Propriétés de l’eau

- Molécule rigide et liaison hydrogène

- Masse volumique de 999.8 km/m3 à 0 degré Celsius et 958.4 km/m3 à 100 degrés (maximale
à 3,98 degrés, 999.972 kg/m3)

1.3 Différents types d’eau

Une roche contient de l’eau sous différentes formes :

- Eau de constitution entrant dans la structure cristalline des minéraux (le gypse par exemple

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a pour formule CaSO4, 2H2O) ;

- Eau adsorbée à la surface des minéraux par des interactions électrostatiques ou eau
hygroscopique ;

- Eau non libre située dans les pores fermés et inclusions fluides (eau pelliculaire) ;

- Eau libre ou eau gravitaire circulant dans les pores et les fissures.

1.4 Les origines des eaux souterraines

Eaux météoriques : La plupart des eaux souterraines ont une origine météorique, c’est à dire
proviennent des précipitations (pluie, neige) et de leur infiltration dans le sous-sol. Dans les
aquifères de grande taille, l’eau peut provenir de périodes où le climat était différent et peut
donc servir d’indicateur de paléoclimats.
Eaux connées : Les eaux que l’on trouve en profondeur dans la croûte terrestre (à partir de
1 à 2 km) sont dérivées de réservoirs d’eaux météoriques qui ont réagi avec les roches
environnantes. Souvent ces eaux sont relativement salées. Les eaux connées peuvent
contribuer à l’hydrologie de formations géologiques qui se sont enfouies très récemment (Gulf
Coast aux USA) ou bien rester piégées dans des roches dont la perméabilité est très faible et
dont toute l’eau n’a pas été expulsée. Souvent cette eau est présente depuis la formation de la
roche.
Eaux juvéniles : Ces eaux sont libérées directement par des processus magmatiques en

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profondeur. Elles sont difficilement distinguables des eaux situées en profondeur, par exemple
l’eau remplissant le forage profond (11 km) dans la péninsule de Kola en Russie. Les
processus magmatiques peuvent relâcher, en plus de l’eau, des composés gazeux (CO2) par
exemple.
1.5 Les réservoirs d’eau à la surface du globe

Océans, 97.3%

Calottes polaires et glaciers, 2.14%

La fonte de l’Antarctique correspondrait à une montée des océans de 65 m.

Cette hauteur serait de 6 m pour la fonte des glaces du Groenland et de 2 m pour la fonte de
tous les autres glaciers.

Eaux souterraines, 0.61%

Eaux de surface, 0.009%

Lacs salés et mers intérieures, 0.008%

Humidité du sol, 0.0005%

Atmosphère, 0.001%

1.6 Systèmes et temps de résidence

Un sous-système est une partie discrète d’un système plus grand. Par exemple, un océan est
un sous-système du cycle hydrologique global. On parle généralement du temps de résidence
de l’eau dans un sous-système particulier. Si ce sous système est très grand et la vitesse
d’échange de l’eau avec les autres sous-systèmes est lente, le temps de résidence d’une
molécule d’eau sera élevé. A l’inverse, si la vitesse d’échange est grande et le sous-système
petit ; le temps de résidence sera faible. On définit ainsi : temps de résidence = volume du
sous-système / vitesse d’échange
Par exemple, le volume total des océans est d’environ 1.35 x 109 km3. La vitesse d’échange
avec l’atmosphère et les rivières est d’environ 3.7 x 104 km3 par an. Le temps de résidence
est donc de l’ordre de 36500 ans. Le volume de l’eau dans l’atmosphère est d’environ 1.3 x
104 km3. Le flux moyen annuel d’évaporation est de 4.2 x 105 km3. Cela donne un temps
moyen de résidence de 0.031 an soit 11 jours.

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Ce concept est important en hydrogéologie car un aquifère est souvent de grande taille et les
flux vers d’autres aquifères ou vers la surface sont relativement faibles. Cela signifie que les
eaux souterraines ont des temps de résidence variant entre quelques jours à plusieurs milliers
d’années. En comparaison, les rivières et l’atmosphère ont des temps de résidence de quelques
jours à quelques semaines.
1.7 Le cycle hydrologique

- L’eau de pluie se répartit en eau de ruissellement qui participe à l’écoulement de surface et en


eau d’infiltration qui pénètre dans les pores et les fractures du terrain.

- Dans les premières dizaines de centimètre du terrain, cette eau d’infiltration est retournée en
tout ou en partie à l’atmosphère par évaporation et par transpiration des plantes.

- L’eau d’infiltration qui franchit la zone d’évaporation rencontre un second obstacle à sa


descente dans le terrain. Elle colle aux particules d’humus et d’argile ( et à divers autres
minéraux) par adsorption ; elle se fait piéger dans les petits espaces vides par capillarité. C’est
le phénomène de rétention.

- Quand l’infiltration amène une quantité d’eau qui dépasse le volume d’eau de rétention, la
force d’attraction de la terre peut alors attirer l’eau non retenue en profondeur.

Autrement dit, le cycle hydrologique décrit le constant mouvement de l’eau sur et sous la
surface de la terre. L’eau passe des états solides, liquides et gazeux dans ce cycle. La
condensation, l’évaporation et la solidification se produisent lors de variations climatiques.
L’énergie solaire est la source d’énergie du cycle qui permet une évaporation intense à la
surface des océans et à moindre niveau à la surface des continents. La gravité complète le cycle
en ramenant les précipitations sur la surface puis dans les ruissellements.

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Quand elle s’infiltre dans le sol, l’eau rencontre différentes régions :
- La zone non saturée (ZNS) où les pores sont remplis partiellement d’eau et partiellement
d’air.
- La frange capillaire où l’eau remonte de la zone saturée vers la zone non saturée. Cette
région correspond à la partie inférieure de la zone sous saturée.
- La zone saturée (ZS)

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Chapitre II: système aquifères et nappes d’eaux souterraines

L’eau souterraine constitue un milieu continu dans le réservoir dont seule une fraction, l’eau
gravitaire est mobile dans l’aquifère.

1. Propriétés hydrauliques des roches et des terrains

- Roche : agrégat de cristaux ou fragments de roches constitutifs de l’écorce terrestre.

- Sédiment : assemblage de grains déposés par l’eau, l’air ou la glace. Ces roches peuvent être
caractérisées par la taille des grains et leurs propriétés physiques (gravier, sable) ou par le
mécanisme de formation (alluvion).

- Sol : interface entre la roche et l’atmosphère. Cette couche contient souvent un mélange de
matières minérales et organiques sur lequel pousse la végétation.

2. Quelques definitions

Un aquifère est un corps (couche, massif) de roches perméables comportant une zone saturée
suffisamment conductrice d'eau souterraine favorable à l'écoulement significatif d'une nappe
souterraine et le captage de quantité d'eau appréciable. En effet, il s’agit d’une formation
favorable à l’écoulement d’eau, tant par sa perméabilité que par sa porosité. Un aquifère peut
comporter une zone non saturée. L'aquifère est homogène quand il a une perméabilité
d'interstices (sables, graviers); la vitesse de percolation y est lente. Il est hétérogène lorsqu’il
possède une perméabilité de fissures (granite, gneiss, calcaire karstique); la vitesse de
percolation est plus rapide.

Les formations peu perméables (dites semi-perméables), comme les sables argileux, peuvent
stocker de l'eau mais la vitesse de transit est faible: on parle d'aquitard. Ces formations peuvent
assurer la communication entre aquifères superposés par le phénomène de drainance. Les
aquitards peuvent ainsi se définir comme des formations saturées en eau mais pas assez
perméables pour qu’il soit possible d’y extraire de l’eau (cas des argiles, des schistes et gneiss).
Les aquicludes sont des formations imperméables ne produisant pas d'eau.

Une nappe est l'ensemble des eaux comprises dans la zone saturée d'un aquifère, dont toutes
les parties sont en liaison hydraulique.

Remarque: Pour mieux distinguer un aquifère et une nappe, il est essentiel de comprendre que
l’aquifère représente le contenant dans lequel l’eau circule ; tandis que la nappe représente l’eau

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qui circule dans l’aquifère, soit le contenu.

3. Différents types hydrodynamiques d’aquifères

On distingue :

Ø les nappes phréatiques (ou nappes de puits) des nappes profondes :

 les nappes phréatiques ont pour plancher la première couche imperméable que les eaux
ne peuvent pas traverser; ce sont les premières nappes atteintes au cours d'un forage;
elles sont en général libre ;

 les nappes profondes ou semi-profondes ou inférieures sont atteintes après la traversée


du mur de la nappe phréatique superficielle ;

Ø les nappes libres des nappes captives:

 une nappe est libre, si elle n'est limitée que par une seule couche imperméable sur
laquelle elle repose et circule; elle se trouve forcément en écoulement libre sans pression
comme dans un canal découvert;

 une nappe est captive lorsqu'elle est comprise entre deux couches imperméables qui la
prennent en sandwich; elle est dite également en charge ou artésienne; elle est en charge
de la même façon que l'eau dans une conduite forcée;

Ø une nappe artésienne ascendante d'une nappe artésienne jaillissante ; en effet une
remontée artésienne dans un puits peut-être jaillissante ou simplement ascendante selon que

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le niveau de la surface piézométrique se trouve à une côte supérieure ou inférieure au niveau
du sol.

4. Diversité des aquifères selon les conditions géologiques

4.1 Aquifère en milieu continu

Ce sont des aquifères des milieux sédimentaires détritiques caractérisés par (couches de sable,
de grès, de gravier, de conglomérats, etc.).

4.2 Aquifère de fracture

Il s’agit des aquifères de milieux discontinus comme le socle, les roches sédimentaires
chimiques et biochimiques. En zone de socle, on distingue trois zone dans l’aquifère :

 Zone d’altérites ou couche d’altération

Le socle sain est recouvert, en dehors des affleurements, d’un manteau d’altération dont
l’épaisseur est généralement comprise entre 5 et 20 m au Cameroun. L’altération se fait sous
l’action de phénomènes physico-chimiques. Les facteurs essentiels sont la pluviométrie et la
température. Ces altérites contiennent parfois des réserves en eau souterraine importantes à
l’échelle des villages. Exploitées par les puits à grand diamètre, les nappes d’altérites sont
mieux productives dans les bas-fonds. Dans la majorité des cas, les ouvrages qui exploitent les
nappes d’altérites ne sont pas pérennes (cas du puits à grand diamètre) car le niveau de l’eau
baisse considérablement pendant la saison sèche.

Les nappes de fissures, sous couvertures altérées sont plus productives car elles offrent de
meilleures conditions de captage en raison du manteau altéré sus-jacent qui joue le rôle de
protection et de recharge de la nappe.

 Zone de fractures profondes ou de faille

Les formations du socle sont par endroit le siège d’accidents majeurs parfois jalonnés par des
filons. Ces accidents correspondent à des fractures pluri kilométriques à multikilométriques où
à des zones broyées dues aux forces tectoniques. Ces zones de discontinuités majeures
constituent des zones de faiblesse à perméabilité très élevée. Ainsi, elles sont de bons aquifères.

Les aquifères de fractures, en effet, sont très transmissifs de par leur porosité, mais peu
capacitifs en raison de la faiblesse de l’épaisseur de la zone altérée et de la profondeur limitée

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(au plus 30m également) de la zone de couverture des fractures. Les aquifères de fracture,
malgré les débits importants fournis, sont rares et peu répandus où de plus leur localisation est
parfois difficile.

En dehors de ces trois niveaux aquifères ci-dessus énumérés, une partie des réserves d’eau du
socle se trouve emmagasinée dans les dépôts superficiels quaternaires.

Il s’agit des alluvions des lits des cours d’eaux. La granulométrie fine de certains dépôts
alluvionnaires ne se prête pas à la constitution d’aquifères intéressants. Cependant les niveaux
grossiers (graviers, sables grossiers) peuvent renfermer des nappes non négligeables qui
peuvent être en communication

4.3 Résumé sur les différents réservoirs pour l'eau souterraine

L'eau venant des précipitations et des réservoirs de surface (lacs, étangs, mers, cours d'eau,
sols marécageux, etc…) finit par trouver son chemin dans les pores du sous-sol rocheux. L'eau
s'infiltre en général verticalement dans la zone insaturée. Dans cette zone insaturée, la
saturation volumique demeure inférieure à 100 %. L'eau peut s'accumuler localement dans
des poches formées par des formations imperméables (lits argileux), on parle alors de nappe
ou aquifère perchée. Ces aquifères perchées sont souvent saisonnières ou migrent avec le
temps. L'eau par contre s'accumule en permanence et sature un volume de roche à partir
d'un front plus ou moins imperméable. C'est une aquifère ou nappe phréatique dite libre.
Sa surface peut varier avec le temps mais dans des limites en général faibles. Dans la nappe,
l'eau s'écoule plus ou moins horizontalement vers un exutoire, source ou lit d'une rivière. Au
toit de la nappe libre, on distingue parfois une zone de roche saturée en eau mais où les

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écoulements sont essentiellement verticaux, c'est la frange capillaire. L'eau peut aussi saturer
une autre couche rocheuse sous-jacente, capable aussi d'emmagasiner et de faire circuler l'eau,
et située entre deux niveaux imperméables (aquicludes ) ou presque imperméables
(aquitards). La nappe phréatique située entre de tels niveaux est dite aquifère (ou nappe)
captive (ou confinée). Notons que des couches situées plus profondément, peuvent aussi
contenir de l'eau. Un socle cristallin est peu poreux mais peut contenir suffisamment de
fractures pour assurer des échanges d'eau à grande distance. De même, un pli consécutif par
exemple à un épisode de déformation fragile, peut contenir une poche de sables ou d'évaporites
qui peut constituer localement un conduit où l'eau peut s'accumuler et circuler. Enfin, dans
des formations calcaires, des poches d'eau peuvent évoluer en réseaux macroscopiques de
grande échelle, les karsts. Sur un site donné, il n'est pas rare que toutes ces différents modes
de stockage et de circulation de l'eau coexistent. Si on effectue des forages, comme sur la
figure, qu'on appelle piézomètres dès qu'on les équipe d'une mesure du niveau d'eau, on
pourra échantillonner tel ou tel réservoir suivant la position et la profondeur. Trois forages
proches peuvent ainsi échantillonner des réservoirs complètement différents!

5. L'eau dans le réservoir: la porosité

5.1 Caractérisation: la porosité

Considérons un volume élémentaire de terrain représentatif (VER) i.e. un volume suffisamment


important pour que les propriétés du terrain ne varient pas quand on augmente le volume de

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l'échantillon, mais suffisamment petit pour être caractéristique des propriétés locales.

La porosité caractérise l'aptitude d'un sol à contenir un fluide.


Si un volume V de terrain à l'échelle macroscopique contient un
volume Vv de vides et un volume Vs de solide (V = Vv + Vs) la
porosité est le rapport n :

(ce rapport est souvent exprimé en %)

Ce rapport est aussi noté ω par les hydrogéologues et d'autres


notations sont employées par les mécaniciens des fluides.
Un autre paramètre est également utilisé, plutôt par les
mécaniciens des sols ; c'est l'indice des vides e :

avec la relation : ou

Les vides peuvent contenir plus ou moins d'eau et le degré de saturation (S) caractérise le
pourcentage d'eau contenu dans les vides :

On utilise parfois la teneur en eau volumique Θ

5.2 Différents types de classification de la porosité

Plusieurs critères peuvent être utilisés pour différencier la porosité:

- La taille des pores;

- La description des pores (i.e. le type de porosité);

- L’origine de la porosité.

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5.3 Classification de la porosité par rapport à la taille des pores

La taille des pores est très variable. On parlera de :

- Porosité réticulaire quand la taille des vides est de l'ordre de l'angstrœm (1 Ä = 10 -10m).
L'eau contenue dans ces vides est mobilisable par vaporisation par suite des variations du degré
hygrométrique de l'air;

- Porosité colloïdale pour des vides d'environ 100 Ä. Elle correspond aux vides des agrégats
colloïdaux. C'est une porosité qui peut être importante et que l'on rencontrera principalement
dans les argiles. L'eau contenue dans ces vides est mobilisable par compaction naturelle ou
provoquée (centrifugation, filtration sous presse ou sous vide);

- Microporosité jusqu'à 2 10-7 m;

- Porosité capillaire entre 2 10-7 m et 2 10-3 m;

- Macroporosité au-delà de 2 mm.

Les vides dont on pourra extraire l'eau et qui vont donc intéresser l'hydrogéologue
correspondent à la macroporosité, la porosité capillaire et dans une moindre mesure la
microporosité.

5.4 Classification par rapport à l'origine

L'origine de la porosité peut être primaire ou secondaire :

- La porosité primaire est formée par les pores créés au cours de la genèse de la roche : lors de
la sédimentation, au cours de la cristallisation ou du refroidissement ;

- La porosité secondaire est acquise après la genèse soit par fracturation, soit par dissolution
(ex: grès à ciment calcaire ; la dissolution du ciment calcaire va entraîner l'acquisition d'une
porosité secondaire).

5.5 Classification morphologique

On distingue deux grands types morphologiques de vides : les pores et les fissures.

5.5.1 La porosité d'interstices (intergranulaire) : les pores


C'est l'ensemble des vides compris entre les différentes particules d'un terrain ; elle sépare les
"grains".

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La porosité peut être ouverte ou fermée (cas de certaines laves
volcaniques) selon que les vides communiquent ou non les uns
avec les autres.
Suivant la taille des pores, il sera possible de distinguer une
porosité d'interstices réticulaire (entre les cristaux des roches
magmatiques et métamorphiques), colloïdale (argiles), une
microporosité et une macroporosité.

a) La porosité d'interstices simple ou nette

Quand les grains sont bien classés, c'est-à-dire sont de taille équivalente et que les vides qu'ils
laissent ne sont pas remplis par des grains de plus petite taille, la porosité sera qualifiée de nette.

La structure peut être plus ou moins compacte selon le tassement. Si on suppose que l'on a des
particules sphériques de même diamètre, la porosité dépendra de l'arrangement des sphères : la
disposition pourra varier d'une disposition en carré (arrangement le plus lâche) à une disposition
losangique (ou rhomboédrique en 3 dimensions) qui donneront des porosités de 45 % (au
maximum) à 25 %.

b) La porosité d'interstices restreinte

Ce type de porosité provient d'un mauvais tri des grains qui entraîne un remplissage par des
particules fines des vides laissés entre les gros grains.

c) La porosité d'interstices réduite

Le volume des vides peut être "réduit" par un dépôt (carbonate de chaux, hydroxyde de fer,
silice …) qui se fait sur la surface des grains et diminue la taille des pores.

En plus de ces trois types (simple, restreint, réduite), il est possible de trouver une porosité
double, quand les "gros" éléments sont eux-mêmes composés de grains et de pores plus petits
que les vides laissés par les "gros" éléments.

5.5.2 La porosité de fissure

Il existe plusieurs sortes de "fissures". Nous pourrons distinguer plusieurs types de porosités de
fissures en fonction de la nature de ces dernières.

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a) Porosité de joints

Elle est due aux joints stratigraphiques. Cette porosité est primaire.

b) Porosité de diaclases

C'est une porosité secondaire liée aux diaclases donc à des fissures sans rejet orthogonales ou
obliques par rapport à la stratification.

c) Porosité de failles

Nous parlerons de porosité de faille lorsqu'il existe un réseau de fractures bien développé lié à
la présence d'une faille à proximité.

d) Porosité de schistosité

Le long des plans de schistosité, si ces plans se décollent plus ou moins, il peut se former
quelques vides.

e) Porosité de retrait

Ce type de porosité, relativement restreint, est lié au refroidissement des roches éruptives.

5.6 Ordre de grandeur de la porosité

- Sables, grès 15 % à 25 %.

- Argiles 40 % à 90 % (la porosité des argiles peut parfois être supérieure à 100 % car le volume
total augmente). Cette porosité ne correspond pas à de l'eau mobilisable et n'intéresse donc
généralement pas l'hydrogéologue.

- Marnes : 30 % à 50 %, mais une partie de cette porosité est colloïdale.

- Calcaires : Quelques % à 25 % (dans le cas d'un calcaire détritique fissuré).

- Roches cristallines : quelques %. Cette porosité peut augmenter du fait de la fracturation et de


l'altération.
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Remarques sur l'ordre de grandeur de la porosité

∗ La porosité la plus importante correspond à la porosité d'interstices : une disposition en carré


de sphère régulière donnerait une porosité de 45 %, mais un grès cimenté peut avoir une porosité
d'environ 5 % seulement. La porosité de fissure est moins importante ; pour se donner une idée,
il est possible d'imaginer un bloc de 20 cm × 20 cm × 25 cm sur le bord duquel se trouve une
fracture de 1 mm de large ; ceci correspond à une porosité de 0,4 %. Généralement, la porosité
de fissure est inférieure à 5 %, mais cette porosité est très importante du point de vue de la
circulation des eaux (trajet préférentiel).

∗ Les différentes porosités peuvent s'ajouter, par exemple une porosité de fissures et d'interstices
dans un grès. La porosité double est très intéressante (elle peut correspondre à une porosité de
fissures et d'interstices combinées) car le débit traversant une section est proportionnel au carré
du diamètre des vides.

Dans le cadre de ce cours nous supposerons en général que la porosité en un point n'est pas
évolutive, alors que les variations de l'état de contrainte et de la pression de l'eau conduisent à
des phénomènes couplés, qui engendre, entre autre, l'évolution de cette porosité. La porosité
décroit quand le module des contraintes auquel est soumis le terrain augmente. Ce phénomène
et l'évolution pétrographique des roches de la surface vers la profondeur, fait que généralement
la porosité décroit quand la profondeur augmente.

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Chapitre III: Exploration et reconnaissance des eaux souterraines

1 Cartographie
La cartographie géologique et hydrogéologique permet d’avoir des informations concernant les
caractéristiques (nature et qualité) de l’aquifère et des différentes formations où elles se
trouvent. Ces informations sont en particulier :
- l’endroit et l’étendue de l’aquifère
- le type de la nappe (libre, captive, semi captive)
- la structure de l’aquifère (fissures, failles…etc.)
- la structure des limites : toit et substratum
- la liaison et les relations avec les écoulements de surface (cours d’eau, plan
d’eau…etc.).
a) Cartes hydrogéologiques
Les données obtenues par études géologiques et structurales conduisent à la réalisation des
cartes et coupes hydrogéologiques. Ces coupes hydrogéologiques sont élaborées par la
superposition sur des coupes géologiques, des données de l’écoulement souterrain (la surface
piézométrique, la surface d’alimentation directe ou indirecte, le drainage et les pertes en surface
et en profondeur).
b) Cartes structurales
Les cartes structurales dont leur but est de présenter les formations perméables (réservoir), sont
élaborées par la synthèse des données géologiques, des conditions aux limites et des paramètres
hydrodynamiques (perméabilité, pente, vitesse, gradient hydraulique). Ce type de cartes permet
d’établir la carte isohypse (d’égale altitude), la carte isobathe (d’égale profondeur), et la carte
isopaches (d’égale épaisseur de l’aquifère).

c) Cartes piézométriques
Les cartes piézométriques présentent en un temps donné, la distribution spatiale de la charge
hydraulique. Elles sont obtenues par les mesures des niveaux piézométriques. L’analyse de la
surface piézométrique vise le tracé des lignes de courant et l’indication sur elles le sens
d’écoulement ; dont des courbes fermées traduisent des dômes (sommets) caractérisant des
zones d’alimentation, ou bien des dépressions des zones de captage. Pour une section constante
d’écoulement, le gradient hydraulique est proportionnel au débit d’écoulement dans la nappe,
et inversement proportionnel à la perméabilité de la nappe. Pour une largeur constante de
l’aquifère, la variation du gradient hydraulique (piézométrique) est le résultat de la variation de
la perméabilité, de l’épaisseur de la nappe ou bien du débit (infiltration par exemple). Des

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ruptures de la piézométrie peuvent être le résultat de présence d’accidents tectoniques. Des
accidents sont souvent associés à des alignements de sources artésiennes. L’analyse des
fluctuations temporelles de la piézométrie des nappes libres donne des informations sur la
recharge par infiltration, sur la réserve disponible et sur les niveaux et débits d’étiage des cours
d’eau.

D’autres cartes sont encore utiles: la carte topographique, la carte hydrologique, la carte
pédologique et la carte d’occupation de sol.

2 Télédétection
La télédétection constitue « l’ensemble des connaissances et techniques utilisées pour
déterminer les caractéristiques physiques et biologiques des objets (à la surface du globe
terrestre) par des mesures effectuées à distance sans contact matériel avec ces objets ». En effet,
la télédétection qui signifie littéralement détection à distance, constitue un système
d’acquisition des données sur la biosphère et de transformation de ces données en informations
utiles à l’homme.

Il faut noter que les données obtenues sur l’objet sont sous forme d’images. Ces données sont
obtenues en utilisant les propriétés des ondes électromagnétiques émises, réfléchies ou
diffractées par les différents corps observés et sont enregistrées par un capteur (caméra, appareil
photographique…) embarqué à bord d’une plateforme (vecteur) d’observation aérienne ou
spatiale (avion, fusée, ballon sonde, satellites…). La photographie aérienne a été le premier
moyen de télédétection utilisé pour faire l’inventaire de la surface du globe terrestre et pour
cartographier le territoire. Elle est très utile à cause de la grande résolution de l’image qu’elle
offre. L’appareil photographique enregistre sur une surface sensible le rayonnement réfléchi
par le sol ou son couvert dans la partie visible et éventuellement infrarouge proche du spectre
électromagnétique. L’information reçue se trouve donc caractérisée par un certain nombre de
paramètres propres aux techniques de prise de vue. Il s’agit entre autre de :

 la nature du format de la prise de vue ;


 l’émulsion photographique utilisée ;
 la période de prise de vue. Il : s’agit par exemple de la saison (choisie en fonction
de l’objectif de la mission) et l’heure (déterminant important des ombres).

Les facteurs influençant les caractéristiques des photographies aériennes sont au nombre de
deux : (1) les facteurs d’ordre techniques et (2) les facteurs d’ordre naturel.

20
Les facteurs d’ordre techniques sont :
 l’altitude de vol ;
 la distance focale ;
 le type d’émulsion et de filtre ;
 l’angle du faisceau perspectif.
Les facteurs d’ordre naturels sont représentés par :
 la couleur des objets ;
 la position des objets par rapport au soleil ;
 la transparence atmosphérique.

Remarque :

En général, les photographies aériennes des archives provinciales et fédérales, ont des
dimensions de 23 cm x 23 cm. Elles couvrent un territoire allant de 5 Km² à 125 Km². La
majorité des photos d’archives ont été obtenues à des échelles variant de 1/50000 (1mm sur la
photo correspond à 50 m au sol) à 1/15000 (1mm sur la photo correspond à 15 m au sol).

3 Photographie aérienne

La lecture et l’analyse de l’information ainsi restituée, dépendent de l’objectif assigné à la


mission aérienne. Selon cet objectif on mobilisera des moyens plus ou moins important en
personnel et en matériel. On distingue trois phases lorsqu’on veut exploiter les photographies
aériennes : la lecture préliminaire ; la lecture stéréoscopique et la photo-interprétation.

a) La lecture préliminaire

La lecture préliminaire correspond à l’opération qui répond à la question élémentaire «où est
quoi ?» à un moment donné. Pour cela, on utilise la lecture simple à l’œil nu pour le repérage
et éventuellement l’identification des caractères généraux d’un paysage. La lecture simple est
en général une première étape de l’interprétation en prélude à des études plus approfondies.
Celles-ci sont effectuées soit sur le terrain, soit sur des couples stéréoscopiques déterminées
d’après cette lecture simple comme échantillon, ou pour des intérêts particuliers.

Il faut souligner que les clichés n’ayant subi aucune correction préalable des mesures de
distance, donc de superficie sur une photographie aérienne, ne peuvent remplacer en aucune
manière les relevés au sol.

21
b) La lecture stéréoscopique

La lecture stéréoscopique constitue l’utilisation essentielle des appareils et documents


photographiques. Elle se fait à l’aide des appareils binoculaires appelés « stéréoscopes ». Ces
appareils permettent d’avoir une vision agrandie ou exagérée du relief ainsi que de la texture
des objets analysés. La vision stéréoscopique constitue la base de la photo-interprétation. La
vision en relief du terrain et des objets permet de distinguer les formes du modelé et, selon
l’échelle, la taille relative ainsi que la texture des espèces végétales partant de leur
différenciation, la hauteur relative des habitats, etc. L’exagération du relief permet de voir de
faible pente et des textures fines. Le stéréoscope donne en outre un grossissement utile à
l’examen des photographies aériennes. La lecture stéréoscopique est indispensable aux
interprétations des photographies aériennes.

On distingue deux types de stéréoscopes : le stéréoscope de poche (portatif et de petite


dimension) et le stéréoscope de laboratoire. La lecture simple et la lecture stéréoscopique
constituent le point d’appui essentiel des études qui se déroulent principalement sur le terrain.

c) La photo-interprétation
La photo-interprétation est fondée sur le principe de la reconstitution du relief, qui est obtenu
en utilisant deux (02) prises de vue d’une même scène recueilli depuis deux (02) points de vue
différents. Ce couple photographique s’appelle un stéréogramme. Il permet avec ou sans
appareil, la perception du relief.
En effet, la photo-interprétation permet l’extraction d’informations vectorielles à partir de
l’analyse de l’image sous-jacente. Pour effectuer cette extraction d’informations, la
connaissance du thème traité et le jugement du photo-interprète sont mis à profit. La photo-
interprétation est donc une analyse déductive qui fait appel aux ressources du raisonnement des
connaissances, de la spécialisation de l’interprète à sa logique et à son expérience. Le photo-
interprète part des deux étapes précédentes indispensables à une démarche qui va du général au
particulier. Puis, il applique l’interprétation dans sa discipline, sur la base de ce qu’il connaît et
des informations recueillies sur le terrain. Enfin, il repère les structures et systèmes, établit les
relations qualitatives et spatiales entre les ensembles connus et inconnus. De ces différents
travaux, il ressort une interprétation qui débouche sur la classification et la modélisation de
l’information.
L’interprétation est fondée sur l’analyse de certains éléments de l’image dont les plus
importants sont : la texture des objets, la structure de l’image, les teintes et tonalités et les

22
critères quantitatifs.

Les résultats des travaux de photo-interprétation sont presque toujours restitués sous forme
cartographique selon les besoins du demandeur. Cette restitution peut associer au résultat
proprement dit un fond de carte portant des informations complémentaires jugées nécessaires
ou utiles. Ce fond peut être :
 la carte topographique de base ;
 une mosaïque de photographies aériennes ;
 une carte thématique portant des indications spécifiques.

Remarque : La base de la photo-interprétation thématique est la lecture des photographies


aériennes; cette lecture permet d’analyser les paysages, de limiter les morphologies et à les
assimiler à des phénomènes géologiques. Cette assimilation suppose :

 une connaissance préalable des principes de la géologie ;


 que le postulat établissant une certaine identité entre la géologie et la morphologie est
vraie complètement ou en partie.

4 Méthodes de prospection en géophysique

La géophysique appliquée est la discipline qui consiste à étudier (observer, mesurer) un champ
physique à la surface du sol. Ce champ physique, dont l’origine peut être naturelle ou
provoquée, dépend d’un ou plusieurs paramètres caractéristiques des matériaux dont on cherche
à déterminer la répartition dans le terrain.

La reconnaissance géophysique, ou prospection géophysique, met en œuvre un ensemble de


méthodes indirectes où l’on cherche, à partir d’une ou plusieurs propriétés physiques à
déterminer la structure du milieu souterrain de manière non destructive (non-invasive) et avec
un échantillonnage spatial suffisamment dense pour que les variations latérales et verticales en
soient décrites aussi complètement que le permettent la propriété et la méthode de mesure
utilisées. La résolution, c’est à dire le degré de finesse avec lequel le sous-sol va être décrit, est
en effet variable selon la propriété choisie et la méthode utilisée.

23
4.1 Sismique réfraction

La technique de sismique réfraction permet d’étudier en prospection l’épaisseur de la zone


altérée de surface (weathered zone). L’appareillage conventionnel destiné à l’étude des
formations superficielles se compose d’une station d’enregistrement des
temps d’arrivée des ondes P et de trois géophones verticaux reliés
en série sur une flûte sismique. Avec un tel dispositif, la prospection se
heurte à une limite en profondeur qui ne dépasse pas les dix premiers
mètres. Les ondes sont des impulsions mécaniques de compression
générées par un coup de masse de 8 kg appliqué sur une plaque en acier
encrée au sol. Un géophone placé juste à côté de la plaque détecte
l’impulsion donnée par la masse et déclenche l’enregistrement au niveau
de la station.

La méthode employée consiste à enregistrer les temps d’arrivée des ondes P en déplaçant
régulièrement les géophones et en faisant par là même croître la distance source-capteur. On
enregistre dans un premier temps l’arrivée de l’onde directe qui s’est propagée dans le milieu
en dessous de la surface (milieu 1) à la vitesse V1. Enfin, lorsqu’on arrive à la distance critique,
on enregistre l’arrivée de l’onde réfractée qui s’est propagée dans le milieu 1 et à l’interface
milieu 1/milieu 2 à la vitesse V2>V1 : lorsqu’il n’existe pas d’anomalie, la vitesse des ondes
croît en profondeur à mesure que la pression des terrains sus-jacents augmente. L’onde réfractée
arrive alors avant l’onde directe. Sur un graphique t=f(x) où t est le temps d’arrivée des ondes
et x la distance source-capteur, la droite dite hodochrone correspond à l’onde directe et sa pente
est 1/V1, et la droite dite dromochronique correspond à l’onde réfractée et sa pente est 1/V2.

Soit i l’angle d’incidence de l’onde directe (P) dans le milieu 1 et i’ l’angle de l’onde réfractée
(T) dans le milieu 2 au niveau de l’interface, la loi de Snell-Descartes donne la relation angulaire
pour ces ondes :

24
Lorsque i atteint une valeur dite critique ic, l’onde réfractée se propage le long de l’interface
avec un angle i’ qui vaut π/2, et la loi devient:

Dans le cas de deux couches séparées par une interface horizontale, l’hodochrone renseigne sur
V1, la dromochronique renseigne sur V2 et l’ordonnée à l’origine de cette dernière ou intercept
I (c’est l’ordonnée de chaque courbe à l’origine) permet de déduire la profondeur H du
marqueur :

Si le principe de fonctionnement du dispositif devait être résumé sur un schéma, il pourrait être
représenté de la manière suivante :

0,5
𝑉2 + 𝑉1
𝑥𝑐 = 2𝐻 H= 𝐼/ 2 𝑉22 − 𝑉12 0,5
/ 𝑉2 . 𝑉1
𝑉2 − 𝑉1 25
Avec I l’intercept
4.2 Méthodes électromagnétiques

La prospection géophysique par méthodes électromagnétiques consiste à étudier les propriétés


des ondes électromagnétiques et leur interaction avec le terrain. Elles se réfléchissent et se
réfractent partiellement (loi de Snell - Descartes) lorsqu’elles rencontrent un contraste
d’impédance électromagnétique. La propagation de ces ondes est décrite par les équations de
Maxwell. Elle présente deux régimes : le régime de diffusion lié aux phénomènes de conduction
et le régime de propagation lié aux phénomènes de polarisation. Ces deux phénomènes
dépendent de la fréquence à laquelle ils sont sollicités et des paramètres physiques que sont la
conductivité (inverse de la résistivité) et la permittivité du matériau. La frontière entre ces deux
régimes est définie par une fréquence caractéristique dépendant des propriétés du sol. Elle est
la limite en dessous de laquelle les phénomènes de conduction dominent et au-dessus de
laquelle les phénomènes de polarisation dominent :

Où : σ est la conductivité du terrain et ε est sa permittivité, ρ la résistivité.

on distingue les méthodes à basse fréquence et les méthodes haute fréquence.

La rapidité et la facilité de mise œuvre de l'appareil (seules deux personnes sont nécessaires
pour son utilisation) en font une méthode particulièrement bien adaptée pour la cartographie

26
hydrogéologique. Son grand avantage est de ne pas avoir recours à un contact au sol ce qui
permet de réaliser rapidement des profils de mesure en continue sur de grandes distances.

L'appareillage, facile à transporter, comprend :

- une antenne pour la mesure des champs magnétiques,

- un boîtier – récepteur permettant le traitement du signal,

- un data-logger pour l'enregistrement en continu des valeurs.

a) RF-EM et VLF-EM

La méthode RF-EM (Radio Frequency Electromagnetics) utilise comme source d'énergie les
antennes radio dans la gamme de fréquence LF et VLF et à l'aide de deux bobines orthogonales,
elle compare le champ primaire de l'émetteur avec l'intensité d'un champ secondaire induit (en
%) dans les fractures. Les courbes ainsi obtenues, par enregistrement en continu des paramètres
de l'induction, grâce à un datalogger de 4 Hz, donnent une très bonne information sur la position
et la dimension des fractures, mais ces hétérogénéités conductrices doivent encore être
positionnées entre un pic positif et un pic négatif sur la courbe enregistrée. Théoriquement la
fissure doit se trouver entre les deux pics, au milieu, mais sur des courbes complexes, cette
interprétation n'est pas toujours aisée. Ce dilemme a été dissipé par la mise au point d'une
nouvelle antenne sur l'instrument RF-EM: l'antenne à gradient. Celle-ci ne mesure que
l'intensité du champ total (addition vectorielle du champ primaire et du champ secondaire) avec
deux bobines à axe horizontal, mais superposées à différentes hauteurs. Cette nouvelle antenne
à gradient facilite la localisation des fractures par un pic très net, juste à l'aplomb du conducteur,

27
capable ainsi d'identifier et de séparer des fractures de faibles développements et très
rapprochées l'une de l'autre.

La figure ci-dessous donne une représentation schématique du fonctionnement de la méthode.


Pour chaque fréquence, l'émetteur produit dans le sous-sol un champ magnétique (Hp) et
électrique primaire (Ep). Si le sous-sol est électriquement homogène, le champ magnétique est
horizontal et perpendiculaire à la direction de l'émetteur; le champ électrique est aussi
horizontal mais parallèle à cette direction.

Lorsque des variations latérales de résistivités sont présentes (failles, changements


lithologiques), les amplitudes de ces différents champs sont modifiées et un champ magnétique
vertical secondaire (Hs) apparaît.

En mode RF-EM, l'appareil mesure l'intensité du champ secondaire vertical en % du champ


primaire horizontal (Hs,z/Hp,y). Deux paramètres sont enregistrés :

– l'inphase ou composante en phase avec le champ primaire,

– l'outphase ou composante en quadrature (90°) par rapport au champ primaire.

La courbe en % dessinée sur le profil de la figure 2.12 (ligne continue) montre une
représentation théorique de l'anomalie RF-EM engendrée par une structure géologique
conductrice. Le centre de la structure est donné par le point d'inflexion de la courbe situé entre
deux pics de signe contraire.

En mode VLF-EM, l'appareil mesure, grâce à deux bobines horizontales superposées, le


gradient du champ électromagnétique engendré par la fissure (= résultante de la composante

28
horizontale du champ primaire et des composantes horizontale et verticale du champ
secondaire). Avec cette technique, un pic apparaît sur l'enregistrement exactement à l’aplomb
de la fracture (ligne discontinue, figure ci-dessous). La résolution spatiale très fine de cette
méthode et la rapidité d’exécution en continu en font un outil particulièrement adapté pour la
cartographie de la fracturation sub-surface.

Dans la nature, l'allure et l'intensité des courbes de réponse peuvent sensiblement varier, suivant
la longueur, la largeur et le pendage de la structure géologique, l'épaisseur de la couche de
couverture ainsi que la résistivité du milieu. Les méthodes RF-EM et VLF-EM sont aussi très
sensibles à la présence de câbles ou de conduites enterrées, se traduisant souvent par une
anomalie resserrée d'une forte intensité.

b) Radio-magnétotellurique

Lorsqu'une onde électromagnétique plane (c'est-à-dire issue d'un émetteur lointain) se propage
au-dessus du sol, elle est le siège de phénomènes dont on peut tirer parti pour connaître le sous-
sol

Dans cette figure on observe à la surface du sol les composantes électrique et magnétique du
champ électromagnétique résultant. On en déduit la résistivité apparente du sous-sol sur une
épaisseur inférieure à la profondeur de pénétration p de l'onde (qui dépend de la fréquence et
de la résistivité).

 Le rapport entre le champ électrique et le champ magnétique ne dépend que de la résistivité


du sous-sol et de la fréquence de l'onde. On définit ainsi la résistivité apparente du sous-sol :

29
 L'onde électromagnétique pénètre dans le sous-sol en s'atténuant de manière exponentielle.
On définit la profondeur de pénétration p (profondeur de peau) comme la profondeur à laquelle
le module des champs est divisé par environ 3 (e = 2,718). Dans un sous-sol homogène de
résistivité ρ :

Un sol résistant (p fort, par exemple un calcaire) est donc facilement pénétré par une onde
électromagnétique; un sol conducteur (p faible, par exemple une argile humide) est peu pénétré.
Les ondes de fréquence élevée pénètrent difficilement (phénomène de la cage de Faraday).

On conçoit que le résultat des mesures de champ électrique et de champ magnétique en surface
ne dépende que très peu de propriétés du sous-sol situées à des profondeurs plus grandes que p.
En pratique, l'expérience montre que la profondeur d'investigation de la R M T peut être évaluée
à la moitié de la profondeur de pénétration.

On n'est naturellement pas maître de la résistivité du sous-sol, mais on est maître de la fréquence
de l'onde électromagnétique dont on observe les propriétés à la surface.

c) Radar

La technique radar est employée pour obtenir une image de la sub-surface à hauterésolution.
Une impulsion électromagnétique est envoyée dans le sous-sol, par le biais d’une antenne, à
une fréquence centrale déterminée. Cette impulsion se propage en s’atténuant dans les
matériaux ou les sols et, à chaque interface de deux matériaux différents, une partie de son
énergie est réfléchie vers la surface. Les échos successifs sont enregistrés en fonction du temps
par l’antenne de réception. La juxtaposition des signaux temporels enregistrés lors du
déplacement de l’antenne radar permet d’obtenir une coupe-temps.

La vitesse de propagation des ondes dépend principalement de la constante diélectrique (ou


permittivité relative) du milieu environnant et peut être représentée en première approche sous
la forme suivante :

30
Avec :

v : vitesse de l’onde électromagnétique (m/s),

c : célérité de la lumière dans le vide (= 3x108 m/s),

εr : permittivité relative (sans dimension).

Plus un matériau est humide, plus la vitesse de propagation est lente

4.3 Méthodes électriques en courant continu

Le principe de mesure est le suivant: un courant continu I est injecté dans le sol par deux
électrodes A et B. La différence de potentiel V est mesurée aux bornes de deux autres électrodes
notées M et N.

La résistivité apparente est «le rapport de la différence de potentiel mesurée sur le terrain à celle
que l'on mesurerait avec le même dispositif et la même injection de courant sur un terrain
homogène de résistivité 1Ω.m». Cette grandeur a les dimensions d'une résistivité. Elle vaut:

Où k, le facteur géométrique est défini par:

Les principaux dispositifs les plus utilisés sont: Wenner, Schlumberger, et le dipôle dipôle. Leur
profondeur d'investigation est une fonction croissante de la longueur du dispositif. Pour tous
les types de dispositifs, cette distance est définie comme la plus petite entre l'électrode

31
d'injection et l'électrode de potentiel.

Si on prend comme référence cette distance AM, tous les dispositifs ont une profondeur
d'investigation équivalente. Certains auteurs comme ont étudié plus précisément les
profondeurs d'investigation en fonction des dispositifs. Dans une première approximation, on
peut considérer que la profondeur investiguée est de l'ordre de 1/6 à 1/8 de la longueur du
dispositif.

Il y a trois types de mise en œuvre de la prospection électrique par courant continu depuis la
surface :

 Le sondage électrique: en un point fixe en surface, les électrodes sont écartées,

 Le traîné électrique: le dispositif est déplacé le long d'un profil. Les distances entre les
électrodes sont fixes,

 Le panneau électrique qui est la combinaison des deux méthodes précédentes.

a) Sondage électrique

Dans le dispositif du sondage électrique, le centre est fixe et les électrodes sont écartées pour
mesurer la résistivité apparente en fonction de la longueur du dispositif. Ce principe est illustré
sur la figure en bas pour un dispositif Wenner: les distances entre électrodes des points A, B,
M et N varient d'un nombre entier deux fois l'écartement initial a.

La grandeur mesurée est la résistivité apparente du sol, perpendiculaire à la surface de mesure


au droit du centre du dispositif: le sondage électrique renseigne sur les variations verticales de
la résistivité du terrain. La profondeur d'investigation dépend de la longueur finale des mesures
et de la résistivité du sous-sol.

32
Le résultat attendu est une courbe représentant la résistivité apparente (Ω.m) en fonction de la
distance entre électrodes d'injection (exprimée généralement en mètres, en échelle
logarithmique).

Pour les milieux tabulaires, l'interprétation des résultats se fait en termes d'épaisseurs et de
résistivités des couches. On utilisait auparavant des abaques où étaient représentées les
résistivités apparentes du milieu multicouche. On a recours aujourd'hui à des logiciels
d'interprétation automatique assistés par ordinateur. L'interprétation n'est pas unique à cause
des lois de similitude: le résultat est basé sur l'hypothèse de la répartition 1D des structures,
alors que les mesures intègrent le demi-espace constitué par le sol et délimité par la surface.

b) Traîné et carte de résistivité

On déplace un quadripôle de longueur fixe et en chaque point d’un profil, on mesure ρa. C’est
la méthode dite des trainés de résistivité. Elle permet de mettre en évidence des variations
horizontales de résistivité, par exemple liées à la présence de failles juxtaposant 2 terrains de
résistivités différentes. En réalisant plusieurs trainés parallèles les uns aux autres, on peut
obtenir une carte des résistivités mettant en évidence les variations latérales de ρa à une
profondeur donnée, fonction de l’écartement constant entre les électrodes.

Le résultat d’un trainé de résistivité est une courbe représentant la résistivité apparente (en Ω.m)
du terrain en fonction de la position du dispositif de mesure le long du profil en mètre.

c) Le panneau électrique

Le dispositif de mesure est constitué d’un réseau d’électrodes de réception et d’émission


disposées en ligne et réparties selon un écart constant. On injecte un courant continu par
l’intermédiaire de ces électrodes qui deviennent des électrodes d’émission puis on mesure
simultanément des différences de potentiel entre deux électrodes de réception. L’augmentation

33
des écartements entre les électrodes de réception et d’émission permet de faire pénétrer le
courant à des profondeurs variables dans le terrain. Le panneau électrique par sa forte densité
de mesures permet de localiser avec précision des anomalies résultant de variations résistivité.

Le résultat brut d'une mesure en panneau électrique est une carte de résistivité apparente (Ω.m),
souvent appelée pseudo-section. L'échelle des couleurs est proportionnelle à la valeur de la
résistivité. Les coordonnées horizontales représentent la position du centre du dispositif le long
du profil. Les coordonnées verticales représentent la longueur du dispositif. Ce n'est pas une
représentation d'une coupe de terrain: pour une ordonnée donnée, c'est-à-dire pour une longueur
de dispositif donnée, c'est la résistivité apparente qui est représentée le long du profil. Les
résultats bruts, très variés suivant le type de dispositif, sont difficiles à interpréter et nécessitent
une grande expérience de la méthode.

Le résultat attendu est une carte de résistivité inversée. Il existe des logiciels qui permettent de
réaliser l'inversion des mesures en terme de variation de la résistivité interprétée en fonction de
la position du dispositif et de la profondeur. Il faut savoir que le résultat est basé sur l'hypothèse
de la répartition 2D des matériaux, alors que la mesure en panneau électrique intègre le demi-
volume sous la surface. En réalisant une acquisition suivant un maillage en surface, l'inversion
donne un diagramme de résistivité avec l'hypothèse d'une répartition 3D des structures.

34
4.4 Prospection gravimétrique

La gravimétrie est l’étude des variations du champ de pesanteur à la surface du sol.

Le champ de pesanteur se mesure au moyen d’un gravimètre. Le principe est de mesurer la


force qui s’exerce sur une masse unitaire suspendue à un ressort (peson à ressort).
Naturellement, un gravimètre comporte des raffinements qui lui confèrent une très grande
sensibilité et qui rendent la mesure aussi peu dépendante que possible de la pression
atmosphérique ou de la température. Les gravimètres utilisés pour la reconnaissance ne servent
pas à mesurer la gravité absolue mais ses variations dans l’espace et dans le temps, leur
précision est de quelques micro-gals.

La force qui s’exerce sur la masse du gravimètre dépend du temps (phénomène de la marée
terrestre due à l’influence sur la valeur de la gravité de la position de la lune et du soleil). Elle
dépend aussi de la latitude et de l’altitude du point de mesure ainsi que du relief. On compare
la valeur de la gravité en différents points d’un réseau maillé à celle d’un point de référence
appelé base. Les mesures sont toutes ramenées à la même altitude, corrigées des variations
temporelles, de l’effet de la latitude et du relief. On calcule ainsi « l’anomalie de Bouguer» :

Avec :

g : la gravité au point courant,

go : gravité à la base.

C : constante,

z : différence d’altitude entre le point courant et la base,

T : est la correction due au relief.

La constante C vaut : C = 3.10-5- 2πGd (en unités SI).

Où d est la masse volumique des terrains de surface qu’il convient d’estimer au mieux, G étant
la constante universelle de gravitation (G = 6,67×10–11N·m2 /kg2). Le terme indépendant de la
densité correspond à la correction dite «à l’air libre » (la gravité diminue lorsque l’altitude
augmente, parce que l’on s’éloigne des masses qui en sont la source), le terme dépendant de la

35
densité compense partiellement ce phénomène, il s’agit de la correction dite de «plateau», qui
tient compte de la présence d’une lame de matière entre l’altitude de référence et celle du point
courant.

La correction T de relief corrige le fait que cette dernière lame de matière présente en réalité
une épaisseur variable, un relief. Son calcul est analytique et il existe des logiciels permettant
de l’effectuer. Dans la formule précédente, les variations temporelles de g dues à la marée ou à
la dérive de l’appareil sont déjà prises en compte et évaluées expérimentalement grâce à des
mesures périodiques à la base avec une période inférieure à 1 h.

La formule précédente de l’anomalie de Bouguer, avec la signification des termes que l’on vient
de donner, n’est pas la formule rigoureuse de la gravimétrie en général. Dans sa définition
rigoureuse, g0 est une valeur théorique sur un ellipsoïde de référence dont l’altitude est zéro par
définition. z est alors l’altitude du point de mesure par rapport à l’ellipsoïde de référence.

4.5 Microgravimétrie

La méthode de prospection microgravimétrique a pour objet de mesurer, à l’aide d’un


microgravimètre, les variations relatives de la composante verticale de l’accélération de la
pesanteur. Elle consiste à mettre en évidence les déficits de masse existant dans le sol qui se
traduisent en surface par une diminution locale de la valeur du champ de pesanteur.

Le principe comme pour la gravimétrique repose sur l'application de la loi de Newton de


l'attraction universelle :

Le champ de gravité terrestre, g, en un point donné dépend de la répartition de la densité dans


l’espace. Ainsi, la mesure de la valeur relative de la gravité à la surface du sol permet d’établir
la répartition des densités dans le sous-sol.

Le résultat d’une campagne de microgravimétrie est une carte de l’anomalie de Bouguer. Cette
carte sert à établir l’anomalie régionale qui, retranchée de l’anomalie de Bouguer, donne
l’anomalie résiduelle. L’interprétation consiste alors à identifier les anomalies et à en déduire
l’existence possible de cavités dont on peut calculer, moyennant des hypothèses sur les
contrastes de densité, le volume et la profondeur maximale.

36
5. Recherche radiesthésique : méthode du sourcier

Elle se fait dans chaque site au moyen de deux baguettes de fil cuivre. L’attraction ou la
répulsion observée de ces deux fils est un indice de présence de corps conducteurs dans le sous-
sol.

Elle permet de repérer les directions des fractures ou veine d’eau ; zones potentielles de
l’écoulement des eaux souterraines.

6 Choix des méthodes à adopter

Il n'y a pas de règles absolues dans le choix des méthodes à adopter, car les problèmes qui se
posent dans la nature ne sont d'une part, jamais simples, et d'autre part jamais suffisamment
bien définis en ce qui concerne la succession la nature, les constantes physiques des roches du
sous-sol la stabilité ou la linéarité des paramètres.

En outre, les structures que l'on cherche à déceler ou à préciser s'écartent toujours plus ou moins
des types simplifiés classiques (modèle théorique ou "expérimental"). A priori, il faudrait
adopter la méthode pour laquelle la caractéristique physique est la plus différenciée d'une roche
à l'autre; la méthode gravimétrique devrait, réussir sur des formations de densités très
différentes les unes des autres. Mais ce critère est trop vague pour être utilisable réellement.

Dans la pratique, le choix des méthodes géophysiques à adopter s'appuie en général, sur d'autres
considérations liées, en dehors de certaines conditions matérielles indépendantes du sous-sol,
aux possibilités physiques des diverses méthodes devant les problèmes géologiques posés, et à
la recherche du meilleur rendement économique possible dans un cadre budgétaire donné.

37
Chapitre VI: Ecoulement des eaux souterraines et piézométrie

1. Ecoulement des eaux souterraines

1.1 Généralités

L’eau souterraine possède de l’énergie sous plusieurs formes en particulier mécanique,


thermique et chimique. C’est le fait que les quantités d’énergie varient dans l’espace, l’eau
souterraine va se déplacer d’une région à une autre pour éliminer les différences d’énergie dans
le système.

On voit ainsi que l’écoulement de l’eau souterraine comme d’autres phénomènes est régit par
les lois de la physique et de la thermodynamique. Quand on considère l’eau souterraine dans
les conditions normales, sa température est à peu près constante tout comme sa composition ne
varie pas dans de très grande proportion. C’est pourquoi le forme d’énergie prédominante sera
l’énergie mécanique. On notera toutefois que dans les applications comme les systèmes
géothermaux ou l’enfouissement des déchets nucléaires, l’énergie thermique devra être
considérer.

L’énergie est la capacité d’un système à effectuer un travail, ce qui implique que système doit
vaincre une certaine résistance au changement. Si on a un fluide en mouvement on a un travail
qui s’effectue et ce travail est définit comme le produit de la force exercée et de la distance de
déplacement dans le sens de l’écoulement.

W = F. d ======> F = m.a
Deux concepts sont utiles pour étudier l’écoulement des eaux souterraines, il s’agit de

 La densité 𝜌 en kg/m3 ou en g/cm3

 Poids volumique ou poids par unité de volume δ en N/m3

1.2 Potentiel et charge hydraulique

L’écoulement dans les milieux poreux se fait des régions de haute énergie vers les régions de
plus faible énergie. On dit également que cet écoulement se fait de régions de potentiel
hydrauliques élevées vers les régions de plus faible potentiel. Avant de définir cette notion de
potentiel, examinons d’abord sous quelle forme se trouve l’énergie dans les milieux poreux.

38
1.3 La notion d’énergie mécanique

En physique, il existe plusieurs types d’énergie mécanique en particulier l’énergie cinétique,


l’énergie potentielle et l’énergie de pression.

L’énergie cinétique : un corps ou un liquide qui se déplace tend à demeurer en mouvement et


parce qu’il est en mouvement, le fluide possède une énergie cinétique.

Ec en Kg.m2/s2 ou N.m

Le N.m est par définition = 1J, c’est également une unité de W, en définitive Ec représente une
forme de W travail effectué par l’eau.

L’énergie potentielle : Si une masse m d’eau est soulevée verticalement sur une hauteur Z à
partir d’un point de référence, un travail W est accompli et est donné par la formule :

W = F. d = mg Z (N.m)

Par le fait qu’on a soulevé cette masse d’eau, elle a acquis une quantité d’énergie égale au travail
accompli pour la soulever. C’est cette énergie qu’on appelle énergie potentielle gravitaire Eg
qui est calculée par la position de la masse du fluide par rapport à un plan de référence.

Eg = mg Z

L’énergie de pression : Si on considère une masse de fluide en un point donné, elle a une autre
source d’énergie potentielle causée par la pression que le fluide environnant exerce sur elle. La
position P est définie comme étant une force par unité de surface agissant sur un corps. Les
unités de pression sont : le Pascal (Pa) et le N/m2 ou le N.m/m3 ou J/m3. Cette position sera
définie comme une énergie potentielle par unité par volume. Lorsqu’on considère une unité de
volume de fluide comme l’eau, la masse m est numériquement égale à la densité . Ce nous
permet de dire que l’énergie totale du volume unitaire de fluide que l’on note Etv

Si on divise par 𝜌 on passe de Etv à Etm (énergie totale par unité de masse)

39
équation de Bernoulli.
Pour un écoulement en régime permanant d’un fluide sans friction et incompressible le long
d’une ligne de courant uniforme, la somme des trois composantes est une constante.

Dans cette expression tous les termes sont exprimés en unité d’énergie par unité de poids (J/N).
L’équation (I) a l’avantage d’exprimer toutes les unités dans les démentions de longueur. La
somme de tous ces facteurs constitue l’énergie mécanique totale appelée charge hydraulique h
que l’on peut mesurer au labo ou sur le terrain en unité de longueur.

2 Charge hydraulique

Pour mesurer l’énergie totale d’un fluide en mouvement, on utilise le piézomètre qui n’est rien
d’autre qu’un tube ouvert à ces deux extrémités et qui va de la surface du terrain jusqu’à un
certain point de la nappe.

La hauteur de l’eau dans le piézomètre est directement proportionnelle à l’énergie totale du


fluide au point où est située sa base. La composante de l’énergie totale représentée par l’énergie
cinétique est en générale très faible et négligeable dans la majorité des problèmes d’écoulement
souterrain. En effet, l’élévation z est exprimée en mètre au-dessus du niveau de la mer et la
position est également exprimée en mètre et correspond à la hauteur de la colonne d’eau dans
le piézomètre. La vitesse étant petite, l’énergie cinétique se mesure en µm donc elle est
négligeable.

40
En effet pour un fluide au repos, la pression par unité de surface en un point est égale au poids
de la colonne d’eau sus-jacente (hp).

2.1 Potentiel et charge hydraulique

L’énergie totale par unité de masse est la somme de l’énergie cinétique et de l’énergie
d’élévation et de l’énergie de pesanteur.

Le potentiel hydraulique = force motrice qui contrôle l’écoulement de l’eau souterraine. Il est
égal au produit de la charge hydraulique et l’accélération de la gravité. On peut dire que la
charge hydraulique = Energie par unité de poids tandis que le potentiel hydraulique est l’énergie
par unité de masse.

2.2 Relation entre les composantes de la charge hydraulique

La détermination de la charge hydraulique totale demeure la même dans la direction de


l’écoulement quel que soit la position du cylindre. La proportion relative de chaque composante
n’a pas d’importance sur la direction et la vitesse de l’écoulement.

2.3 Mesure de la charge hydraulique

Pour mesurer la charge hydraulique on utilise un piézomètre qui est un tube ouvert à ces deux
extrémités, le point de mesure étant la base du piézomètre. La charge hydraulique est mesurée
de façon relative ppp à un niveau de référence qui est souvent le niveau de la mer. Pour calculer
la charge hydraulique à un piézomètre donné, on doit connaître l’élévation du niveau de
référence et du sol, l’élévation de l’extrémité supérieure du piézomètre et la profondeur du
niveau d’eau ppp à cette extrémité.

41
3 Loi de DARCY

Elle découle d’une étude exceptionnelle fait au milieu du 19è siècle par un ingénieur français
du nom de Henry DARCY. Il se servait de lit de sable pour filtrer l’eau qui devait alimenter la
ville de Dijon. DARCY a pu établir que les débits d’eau notés Q (volume par unité de temps) à
travers le lit de sable d’une composition donnée était proportionnel à la différence entre la
hauteur de l’eau (hB - hC ou h2 – h1) entre les deux extrémités du lit de sable et inversement
proportionnel à la longueur de l’écoulement L correspondant à l’épaisseur des lits. Il a aussi
déterminé que le débit était proportionnel à un coefficient K qui dépend de la nature du milieu
poreux.

Expérience de Darcy (voir schémas précédents)

Les résultats de l’expérience de Darcy sont les suivants:

 Q est proportionnel à la surface A du filtre.


 Q est proportionnel à hA - hB.

42
 Q est inversement proportionnel à L la longueur du filtre.
 La constante de proportionnalité (K) dépend du matériau poreux. K dépend de la taille
des grains et de la connectivité des pores.

Q : flux d’eau (m3/s).

K : conductivité hydraulique (m/s)

A : surface traversée par le fluide (m) ; i : gradient hydraulique (sans unité)

Cette expression est la loi de DARCY

dh = différence de charge entre 2 points très près l’un de l’autre, dl = petite distance qui sépare
ces deux points

Si on considère que l’écoulement se fait dans la direction de charge hydraulique décroissante


on donnera une expression de la loi de DARCY de la manière suivante

3.1 Conditions de validité de la loi DARCY

Quand un fluide au repos se met en mouvement, il doit vaincre la résistance à l’écoulement liée
à sa viscosité. Dans ces conditions, un liquide qui se déplace lentement est dominé par les forces
de viscosités et on a un faible niveau d’énergie avec un écoulement laminaire. Dans ce cas, les
molécules d’eau suivent des trajectoires parallèles entre elles et ces trajectoires sont appelées
ligne d’écoulement. Si la vitesse d’écoulement augmente le fluide augmente son énergie
cinétique et les d’inertie dues au mouvement peuvent devenir plus importante que les forces de
résistance à la viscosité. Dans ce cas, les particules du fluide commencent à se déplacer les uns
par rapport aux autres de façon plus désordonné et les molécules d’eau ne suivent plus des
trajectoires avec des lignes d’écoulement parallèle : écoulement turbulent.

La loi de DARCY n’est appliquée que pour des conditions où les forces de résistance à la
43
viscosité prédominent, donc des écoulements très lents ou laminaires.

Dans la majorité des cas d’écoulement naturel ces conditions sont satisfaites. Les conceptions
se rencontrent pour l’écoulement dans des fractures très ouverte. De même à proximité d’un
puits où il y a pompage, les gradients peuvent être suffisamment grand pour créer des
écoulements turbulents à l’échelle locale. Pour différencier l’écoulement laminaire de
l’écoulement turbulent, on utilise le nombre de Reynolds (Re) qui est l’indice qui relie entre
eux les quatre facteurs qui détermine les conditions d’écoulement d’un liquide qui sont :

- Vitesse v du fluide

- Densité 𝜌 du fluide

- viscosité 𝜇o du fluide

- Diamètre d des pores par lesquels les fluides s’écoulent

 Dans un chenal ou dans un cours d’eau, d est simplement la largeur du chenal et dans ce cas
la transition entre l’écoulement laminaire et turbulent se fait lorsque la vitesse augmente de
manière à ce que

 Pour un milieu poreux, la valeur de d sera difficile à déterminer et on utilise souvent le


diamètre moyen des grains notés d50.

Il est difficile de détecter la turbulence dans l’écoulement de l’eau souterraine, mais il


semblerait que les conditions ou les forces de résistance à la viscosité prédominent lorsque les
valeurs de Re sont comprises entre 1 et10.

On peut égaliser la loi de l’écoulement pour un écoulement non laminaire. En posant :

Si l’écoulement est laminaire n = 1

Si l’écoulement est turbulent n = 2

44
L’écoulement turbulent crée des pertes de charge supplémentaire ce qui implique la réduction
de l’écoulement.

3.2 Débit spécifique et vitesse d’écoulement

Quand de l’eau s’écoule dans une conduite ou tube, le débit Q est égal au produit de la vitesse
v et de la section normale à l’écoulement.

Quand on considère un tube rempli de sable la section normale à l’écoulement est beaucoup
plus faible que la section du tube sans le sable. Pour éviter la confusion au lieu de parler de
vitesse on utilise le terme débit spécifique noté q qui est en fait un flux c’est également une
vitesse apparente qui représenterait la vitesse à laquelle se déplacerait l’eau dans l’aquifère s’il
n’y avait pas de particule solide. Il est évident que dans un aquifère la section ouverte à
l’écoulement est beaucoup plus faible que les dimensions de l’aquifère. Elle est égale à la
porosité cinématique du matériel ou une unité de surface de l’aquifère ; porosité cinématique
notée ne. De plus une partie des pores peut être occupée par de l’eau qui ne participe à
l’écoulement. Pour trouver la vitesse réelle moyenne de l’eau dans les pores, on doit diviser le
débit spécifique par la porosité cinématique ;

Pour être plus rigoureux il aurait fallu tenir compte de ce qu’on appelle la Tortuosité ou
sinuosité des chemins d’écoulement car la trajectoire des molécules d’eau n’est pas rectiligne.

La vitesse réelle moyenne n’a de signification que comme ppté de tous les milieux poreux à un
endroit donné. Pour un même débit spécifique, cette vitesse sera plus grande pour des matériaux
à faible porosité cinématique. En particulier, dans les roches très fracturées, la vitesse
d’écoulement peut être de 2 ou 3 ordres de grandeur supérieure que dans les sables ayant la
même conductivité hydraulique.

45
3.3 Mesures du gradient hydraulique

4 Cartes et coupes hydrogéologiques

4.1 Hydroisohypses et surface piézométrique

Les hydroisohypses (synonyme isopiézes) correspondent aux courbes de même pression

46
hydrostatique dans le sous-sol.

- Dans le cas des nappes libres, il s’agit de courbes de même niveau d’eau dans le sous-sol.
Elles sont indiquées sous forme de courbes continues bleues sur les cartes hydrogéologiques,
les courbes maîtresses sont tracées en gras. Les niveaux d’eau sont donnés en mètres au-dessus
du niveau de la mer, l’espacement des courbes (habituellement en m) dépend du pendage
général. Des courbes intercalées peuvent être indiquées en pointillés dans des zones à plus faible
pendage.

- Dans le cas de nappes captives les hydroisohypses se situent en dessus du niveau d’eau dans
le sous-sol, qui lui est contraint par une couche imperméable. Les hydroisohypses sont alors
indiqués en courbes bleues discontinues sur les cartes hydrogéologiques. La pression peut être
telle que les hydroisohypses sont situées au-dessus du sol. L’eau sortira alors d’elle-même d’une
source naturelle ou d’un puits artificiel, les deux devant traverser la couche imperméable. Il
s’agit alors d’une source ou d’un puits artésien. Les rabattements d’une nappe suite à collecte
de volume d’eau importants dans une zone de captivité peuvent amener la fin de phénomène
d’artésianisme suite à l’abaissement de la pression hydrostatique au-dessous du niveau du sol -
aux alentours du puits uniquement ou de la zone de captivité en général.

La surface piézométrique correspond à une coupe à travers une surface d’hydroisohypses. Pour
obtenir la surface piézométrique il suffit de relier les hydroisohypses correspondant à une série
de points dans la coupe.

47
4.2 Cartes hydrogéologiques: symboles importants

Les indications concernant l’eau (hydroisohypses, sources, cours d’eau superficielle et plans
d’eau, limite de captivité d’une nappe), sont donné en bleu. Les effets de l’activité humaine
(zone de dépression due à des pompages) ainsi que les constructions particulières (puits, canaux
d’irrigation) sont reportés en rouge. Les cartes représentent également les formations
hydrogéologiquement importantes. La carte présente les formations en surface, les contours
géologiques correspondent aux contacts géologiques de différentes formations. Les formations
imperméables (argiles, éventuellement limons) sont indiquées par un remplissage continu d’une
couleur choisie, les formations perméables sont indiquées en pointillé (sable), brique (souvent
formations calcaires perméables) ou autre. Les niveaux du toit et du substratum imperméable
peuvent être donnés en cas de connaissance et d’intérêt sous forme de courbes de niveaux. On
peut alors trouver jusqu’à 4 types de courbes de niveaux différentes (dans l’ordre de profondeur
du bas vers le haut) :

- Courbes de niveau du substratum imperméable;

- Hydroisohypses ;

- Toit de l’aquifère s’il y a des formations imperméables superposées;

- Indications topographiques.

48
4.3 Axes d’écoulement

Les axes d’écoulement se présentent sous forme de flèches pointant vers le bas. Elles
correspondent au gradient de la surface donnée par les courbes isopiézes, et donc au gradient
d’écoulement de l’eau dans le sous-sol. Elles se construisent sur une carte en traçant des courbes
qui recoupent en l’angle droit les hydroisohypses qu’elles traversent. On obtient ainsi les
cheminements de l’eau dans le sous-sol, ou autrement dit le parcours moyen des molécules
d’eau dans l’aquifères. Dans le cas d’un puits où l’eau est pompée, les axes d’écoulement
pointent naturellement vers le point de pompage. Les axes d’écoulement permettent alors de
prévoir la trajectoire moyenne d’une molécule polluante dans un aquifère, notamment son
introduction possible dans un puits capté. Cette vision simplifiée doit être relativisée par rapport
au fait que les molécules d’eau ne suivent pas forcement le gradient « idéal », différents
phénomènes en sont responsables.

4.4 Interprétation des axes d’écoulement

Un écoulement uniforme est caractérisé par un espacement constant des hydroisohypses et des
axes d’écoulement. Un écoulement non uniforme est caractérisé par un resserrement des
hydroisohypses qui indique une pente croissante de la surface piézométrique dans le sous-sol.
La vitesse de circulation de l’eau est maximale au niveau de la pente maximale (à l’endroit de
resserrement maximum des hydroisohypses). Des écoulements divergents sont caractérisés par
des courbes hydroisohypses concaves vers l’amont. Ils indiquent donc un « étalement des
masses d’eau » dans la projection donnée. En hydrogéologie cette situation peut correspondre
à une rivière qui alimente une nappe phréatique en s’infiltrant dans celle-ci.

La situation inverse est celle de l’écoulement convergent avec les axes qui se resserrent vers
l’aval. Ce cas se rapproche d’un axe de drainage, le cours d’eau draine la nappe phréatique. La
surface piézométrique de la nappe se situe alors en toute logique en dessus de celui du cours
d’eau — cas fréquent par exemple dans la région de Valenciennes où les rivières entaillées dans
les marnes drainent les nappes s’écoulant dans les fissures des bancs de calcaire sus-jacent.
Dans des aquifères fluviatiles la convergence des écoulements souterrains est constatée par
exemple dans des étroits de vallées. Dans les zones de pompage l’eau converge vers le puits.

Un lac peut être un déversoir d’une nappe souterraine. Les méandres d’un cours d’eau drainant
la nappe génèrent localement des écoulements alternativement convergents et divergents. Ces
termes ne sont donc reliés qu’à la forme des axes d’écoulement les uns par rapport aux autres.

49
Il ne faut donc pas les confondre avec les termes hydrogéologiques (zone d’alimentation/de
drainage d’un aquifère).

Un puits actif en période de pompage génère une dépression de la surface piézométrique, à


condition que la quantité d’eau pompée soit significative par rapport à la perméabilité du sol.
Les axes d’écoulements, construits à partir des hydroisohypses pointent alors naturellement
vers le centre du puits, lieu de prélèvement de l’eau.

Si la nappe dans laquelle le pompage s’effectue possède une direction d’écoulement, les deux
directions (générées par les gradients gravitaires + gradient par pompage) vont alors se
superposer. On observera alors des hydroisohypses elliptiques autours du puits.

Les axes d’écoulement permettent également de visualiser l’effet des lignes de partages des
eaux. Les écoulements divergents (zones d’alimentation etc.) génèrent des crêtes d’eau
souterraines qui auront comme conséquence la séparation des eaux à part et d’autres de la crête.
Les axes d’écoulement illustrent cette situation vue qu’ils partent de la crête en deux directions
distinctes. Le mélange des eaux des deux côtés de la crête n'est alors pas possible. Cette situation
peut être générée artificiellement en injectant de l’eau par exemple dans une conduite d’eau
enterrée avec des parois perforées. Les pertes d’eau dans l’aquifère génèrent alors une crête
d’eau souterraine. Le même effet est produit par implantation d’une batterie de forage le long
d’un tracé. Cet effet sert alors soit à la protection d’un site critique (captage) d’un nuage de
pollution s’y rapprochant dangereusement, soit à empêcher la propagation d’un polluant en
créant une dépression à l’endroit de la source de pollution (pompage et nettoyage de l’eau
pompée) et une crête d’eau en aval (injection d’eau propre).

Les barrières étanches correspondent à des falaises rocheuses sans apport ou pertes notoires en
eau. Typiquement un substratum imperméable encaissant un aquifère fluviatile correspond à
cette situation. Les axes d’écoulement sont alors essentiellement parallèles à la barrière
imperméable. Des axes partant de la barrière indiquent des apports d’eau (exemple :
ruissellement d’eau en surface d’une barre rocheuse) ; inversement des flèches pointant vers la
barrière indiquent des pertes d’eau, par exemple il pourrait s’agir d’infiltrations d’eaux d’une
nappe alluviale dans un système karstique. Il peut avoir alimentation de la nappe par
ruissellement sur une barrière étanche (par exemple flanc de montagne). Les axes partent alors
de la barrière.

50
4.5 Construction de cartes hydroisohypses

L’ensemble des observations est donc basé sur le tracé des axes d’écoulement qui eux sont
construits à partir des courbes hydroisohypses. Ces hydroisohypses ne sont pas perceptible à
partir du sol mais sont obtenues à partir de points de hauteurs d’eau discrets, les piézomètres
(tubes creux implantés à cette fin verticalement dans le sol et atteignent l’aquifère), puits d’eau,
sources de débordement ou plans d’eau indiquant les intersections entre la surface
piézométrique et surface topographique. Les hydroisohypses indiquées sur les cartes sont alors
obtenues par interpolation des points discrets.

A partir de 3 données piézométriques provenant de différents endroits on peut procéder à la


construction d’hydroisohypses par la méthode d’interpolation des triangles. Les points sont
reliés entre eux. Les valeurs piézométriques sont associées aux 3 extrémités, on obtient par
interpolation entre 2 points les valeurs intermédiaires qu’on reporte sur les bases du triangle.
On obtient finalement une carte isopièze en reliant des points de plusieurs triangles avoisinant.
Il y a nécessité de lissage des courbes qui peut être pris en compte par des outils informatiques

51
ou par procédé manuel. Cette dernière méthode aura comme avantage la prise de conscience
obligatoire des incertitudes liées au procédé de lissage et aux effets de bordure. Il n’y a en effet
pas ou peu de données piézométriques aux limites du bassin versant, les courbures des
hydroisohypses à proximité d’une barrière imperméable sont souvent déduites non pas de
données piézométriques non existantes mais d’observations sur le terrain et d’expériences
professionnelles.

Les prédictions d’écoulements (pompage, risque de pollution...) basées sur des courbes isopièze
doivent donc être accompagnées d’une discussion critique des hydroisohypses reportés sur la
carte (fiabilité de ces courbes en fonction de la densité de “nœuds” disponibles lors de la
réalisation de la carte etc. Egalement doit être questionnée la validité de ces données en cours
du temps (variations annuelles, mensuelles, non périodique du niveau de la nappe, construction
affectant les directions d’écoulements (barrage, réseau de palplanches, crues exceptionnelles
ayant changé les cours d’eau superficielles, canaux d’irrigation, pompage, etc.). Le niveau de
la nappe du Continental Terminal par exemple sur la carte piézométrique plus haut varie dans
l’année en fonction des précipitations; le niveau est affecté à certains endroits par les pompages.
L’âge d’une carte et le suivi piézométrique sont donc des données d’importance primaire.

Remarque: L’établissement de cartes hydrogéologiques est souvent accompagné d’une


campagne d’implantation de piézomètres (coût d’implantation d’un piézomètre dans des
conditions faciles, sol meuble, profondeur inférieure à 15 m: 1500 euros). Des méthodes
alternatives permettent de situer la limite ZS - ZNS. Les méthodes sismiques enregistrent les
ondes de choc sismique (générées par explosions, à coups de marteaux etc.) réfractées en
fonction de la densité du sous-sol. Les méthodes électriques mesurent la conductivité du sous-
sol qui change évidemment en fonction de la saturation en eau de celui-ci. Les deux méthodes
ont le grand avantage de fournir:

- Des informations non seulement ponctuelles mais aussi sur des tracés linéaires et des coupes
verticales, et

- Des informations non seulement sur le niveau d’eau mais également certaines informations
relatives à la composition du sous-sol.

La mesure et le traitement des données ne sont toutefois pas évidents dans tous les cas.

52
Chapitre V: Hydrodynamique des eaux souterraines

Les paramètres qui régissent l’écoulement de l’eau en milieux poreux sont:

• La perméabilité • La transmissivité • Le coefficient d’emmagasinement

1 Notions de perméabilité

La perméabilité K dépend du matériau. Supposons un matériau anisotrope formé par la


superposition de couches horizontales d'épaisseur ei et de perméabilité Ki ; l'écoulement se fait
à la vitesse V qui peut être décomposée en VH + VV.

a) Perméabilité horizontale

b) Perméabilité verticale

53
2 Mesures et estimation de la perméabilité au laboratoire

Dans ce paragraphe, nous ne mentionnerons que les méthodes utilisées en laboratoire. Il faut
garder à l'esprit que ces méthodes ne permettent pas de mesurer correctement la perméabilité
de l'ensemble des terrains. Pour estimer la perméabilité d'un terrain dans son ensemble, des
méthodes in situ (notamment essai de pompage) sont utilisées.

2.1 Problèmes posés par l'échantillonnage

Pour estimer ou mesurer la perméabilité au laboratoire, il est nécessaire de prélever un


échantillon de terrain. Cet échantillon, de petite taille, ne sera pas représentatif de l'ensemble
de l'aquifère :

- Les caractéristiques du terrain seront modifiées du fait de l'échantillonnage ;

- L'échantillon ne permettra pas de prendre en compte les variations de perméabilité dues


aux failles ;

- L'aquifère sera en général prélevé à l'affleurement (où le terrain est modifié par l'altération).
Pour constituer un échantillon caractéristique, il faudrait faire des prélèvements à différents
niveaux de l'aquifère, ce qui est difficilement réalisable et serait coûteux ;

- L'échantillon ne se trouvera pas dans les conditions de pression, de forces adjacentes et de


température qui étaient primitivement les siennes et qui sont difficilement évaluables. Ces
techniques de mesures ou d'estimation de la perméabilité en laboratoire sont en fait plus utilisées
par les mécaniciens des sols que par les hydrogéologues (en effet si l'on travaille sur des sols
remaniés, comme le sont les échantillons, l'ordre de grandeur de la perméabilité fourni peut être
acceptable).

2.2 Estimation de la perméabilité

La perméabilité au laboratoire peut être estimée à partir de la granulométrie (relation de Hazen


ou relation de Casagrande) dans le cas d'une roche meuble :

a) Relation de Hazen

𝐷60
A partir d'expérience effectuée avec des sables à filtre d'uniformité élevée (Cu < 2; 𝐶𝑢 = )
𝐷10

54
d10 : diamètre en deçà duquel il y a 10 % des grains ou diamètre efficace en cm,

C1 est un coefficient variant entre 100 et 150 s.cm-1.

b) Relation de Casagrande

Pour des sols à gros éléments (> 1 mm) dont les grains sont supposés cubiques, on peut exprimer
la perméabilité en fonction de l'indice des vides e :

K0.85 est la perméabilité pour e = 0.85. Il suffit donc de déterminer la perméabilité correspondant
à une valeur arbitraire de e et on obtient les valeurs de K correspondant à d'autres valeurs de e
au moyen de l'équation.

Ces relations ne tiennent pas compte de la forme des grains. Elles ne doivent être utilisées que
pour les cas précis pour lesquels elles ont été définies. Dans la pratique, elles sont inutilisables
pour les terrains naturels qui ont des structures différentes et plus complexes que les sols
étudiés.

2.3 Perméamètres

La perméabilité peut être également mesurée au moyen d'un perméamètre sur un échantillon de
terrain.

a) Perméamètre à charge constante

L'échantillon prélevé est ramené aux dimensions requises pour l'appareil de mesure. Il est
ensuite mis à saturer, puis l'éprouvette est traversée par un fluide de telle façon que la charge
au sommet de l'échantillon soit constante.

La détermination de la perméabilité se fait à partir de la mesure du débit d'écoulement Q et du


∆ℎ
gradient hydraulique
𝐿

Remarque : pour permettre de bloquer l'échantillon dans l'appareil, il est possible de fixer à
chaque extrémité un matériau de très forte perméabilité et de très faible épaisseur. Nous avons
vu que la perméabilité verticale d'un ensemble de couches de terrain s'exprimait par...

55
si on a deux terrains dont l'un est de très faible épaisseur et de perméabilité très importante :

b) Perméamètre à charge variable

Dans ce type d'appareil la charge hydraulique appliquée au sommet de l'échantillon est variable.

Pour une variation élémentaire de la charge dh, il est possible d'écrire :

2.4 Mesures in situ

Les méthodes de mesures in situ sont développées dans ce polycopié sur la mobilisation des
eaux souterraines, il faut cependant rappeler que ce sont elles, en général, qui permettront
d'évaluer la perméabilité des terrains en place.

2.5 Ordre de grandeur de la perméabilité

Pour fixer les ordres de grandeur, on rencontre fréquemment les valeurs suivantes:

- Graviers, sables grossiers K = 10-1 à 10-5 m/s

56
- Sables fins K = 10-5 à 10-6 m/s

- Argiles K <10-9 m/s

- Calcite K = 10-11 m/s

- Granite (non fracturé, non altéré) K = 10-11 m/s


3 Transmissivité

Si l'on considère un terrain d'une perméabilité


donnée K, le débit passant à travers une section de
ce terrain sera fonction de la perméabilité mais aussi
de la surface de la section traversée. On appelle
transmissivité le produit de la perméabilité par
l'épaisseur de la nappe.

T = K e (en m2/s)

4 Coefficient d'emmagasinement

Lorsque qu'une nappe est en régime transitoire c'est-à-dire quant au moins un des paramètres
varie en fonction du temps, la seule transmissivité ne suffit plus à caractériser le milieu aquifère.
En effet, lorsque le niveau piézométrique d'une nappe baisse, il y a départ d'eau. Pour
caractériser ce phénomène, on utilise la notion de coefficient d'emmagasinement.

Le coefficient d'emmagasinement S est le


volume d'eau que l'on peut extraire d'une
tranche de 1 m2 de surface horizontale
pour une baisse de piézomètre de 1 m.
D'après cette définition, on constate que
S est sans dimension (m3/m2/m).
Dans le cas de nappes libres, le
coefficient d'emmagasinement représente
la porosité efficace. S est alors de l'ordre
de quelques %. Par contre, pour une
nappe captive, S dépend du coefficient de
compressibilité du fluide et du terrain. S
est alors beaucoup plus faible, environ 10-5 à 10-6.

57
Si e est l'épaisseur de la nappe on définit le coefficient d'emmagasinement spécifique Ss par :

α : compressibilité du milieu poreux

VT volume total de terrain, dσe variation de la contrainte effective)

β : compressibilité du fluide (4,8 10-10 m2/N ou Pa-1 pour l'eau)

Le coefficient d'emmagasinement spécifique représente le volume de fluide que l'on peut


extraire d'un volume de terrain donné, lors d'une baisse de piézomètre de 1 m. Sa dimension est
[L]-1.

Remarque : en première approximation la compressibilité du milieu peut être assimilée à


l'inverse du module de déformation volumique (Bulk modulus)

Avec E= module de Young et ν = module de Poisson

Pour une roche très peu poreuse comme un granite tel que n =1,5%, E = 50 GPa et ν = 0,3 :

SS = 3 10-7 m-1

5 Transport de l'eau dans l'aquifère captive

5.1 Débit de l'aquifère captive

Considérons une nappe captive d'épaisseur E en présence d'un gradient piézométrique


matérialisé par exemple par une différence h des niveaux d'eau de deux forages séparés d'une
distance de x. Le débit spécifique q dans cette nappe est alors:

58
5.2 Rabattement de pompage dans une nappe captive

Considérons une nappe captive à l'équilibre, en l'absence de gradient hydraulique régional. On


peut aussi imaginer qu'on corrige le gradient réel du gradient régional et on obtient alors un
gradient local nul. Perçons un forage de diamètre 2r0 jusqu'à cette nappe confinée et pompons
dans ce forage avec un débit Q. Supposons pour simplifier que le tube du forage est étanche au
dessus de la nappe captive et échantillonne uniformément toute l'épaisseur E de la nappe. On
réalise par exemple une partie avec des trous réguliers et suffisamment gros (crépine).

Après une période transitoire, le niveau demeurera stable à une hauteur h0 dans le forage. Cette
hauteur est inférieure au niveau initial H0 dans le forage, qui correspondait à la pression
uniforme dans la nappe. La pression hydraulique adopte un profil à symétrie cylindrique autour
du forage si le milieu est homogène et isotrope, profil qu'on appelle usuellement le cône de
rabattement. Soit h(r) la forme de ce profil hydraulique où r est la distance du point considéré
au centre du forage. A l'équilibre, le débit d'eau est conservé et on a pour tout r:

On obtient donc l'équation différentielle:

qui s'intègre:

Le débit de pompage de la nappe captive est donc:

59
En pratique, on mesure Q et si on connaît la pression h(r1) à une distance r1, par exemple grâce
à un forage annexe, on peut estimer la valeur de K. C'est une des mesures directes de
conductivité hydraulique les plus pratiquées sur le terrain. Si on ne possède pas de forage
annexe, on peut estimer empiriquement la distance R, qu'on appelle rayon d'action ou rayon
d’influence, à partir de laquelle le pompage n'a pas d'influence et on écrit:

On dispose de plusieurs méthodes empiriques pour déterminer le rayon d'action. Par exemple,
dans des sables fins et des grès, on peut prendre R=60 m et R=200 m pour des graviers. On peut
aussi utiliser la formule empirique de Sichardt qui fait apparaître le rabattement et la
conductivité hydraulique:

où le rabattement est exprimé en m et la conductivité hydraulique en m/s. Comme le rayon


d'action R intervient à travers un logarithme dans l'équation du débit ci dessus, une valeur
approximative suffit pour obtenir une estimation raisonnable de la conductivité hydraulique à
partir du débit de pompage et du rabattement observé dans le puits de pompage.

5.3 L'aquifère libre dans l'approximation de Dupuit

a) L'approximation de Dupuit

Dans le cas de l'aquifère libre, la hauteur d'eau dépend de la position le long de la ligne de flux
(figure ci-dessus). Il est en général très difficile de calculer la distribution des vitesses de Darcy
en fonction de la position. On peut cependant utiliser, pour faire des modèles quantitatifs
simples, une approximation simple mais puissante, l'approximation de Dupuit.

60
Dans cette approximation, on fait l'hypothèse que les vitesses sont horizontales (on néglige donc
la courbure des lignes de flux) et que la vitesse est constante le long d'une ligne verticale et
donnée par le gradient hydraulique correspondant à la hauteur réelle de la nappe. La vitesse de
Darcy, uniforme sur toute la hauteur, est alors:

et le débit spécifique est :

Par exemple, pour un gradient piézométrique de 1 % (typique d'un bassin sédimentaire) et une
conductivité hydraulique de 10-5 m/s, la vitesse de Darcy est 10-510-2=10-7 m/s, soit, pour une
porosité de 10 %, une vitesse réelle de l'eau de 10-7/0.1=10-6 m/s. L'eau va parcourir une distance
de 10 km en 104/10-6=1010 s300 ans, ce qui n'est pas complètement sans conséquence si par
exemple cette eau transporte un composé toxique.

b) Rabattement de pompage dans une nappe libre

Considérons maintenant une nappe libre à l'équilibre en l'absence de gradient hydraulique


régional. On peut aussi imaginer, comme précédemment, qu'on corrige le gradient réel du
gradient régional et on obtient alors un gradient hydraulique local nul. Perçons un forage de
diamètre 2r0 jusqu'au fond de cette nappe libre et pompons dans ce forage avec un débit Q.
Supposons que le tube du forage est crépiné pour échantillonner uniformément toute l'épaisseur
de la nappe.

Après une période transitoire, la surface phréatique libre va prendre un profil de rabattement
stable, inférieur au niveau initial H0, à symétrie cylindrique autour du forage si le milieu est
homogène et isotrope. Soit h(r) la forme de ce profil hydraulique où r est la distance du point
considéré au centre du forage. A l'équilibre, le débit d'eau est conservé et on a pour tout r:

On obtient donc l'équation différentielle:

61
qui s'intègre:

Le débit de pompage de la nappe libre est donc:

Prenons note de la différence entre cette relation du débit en nappe libre et l’expression du débit
de pompage en nappe captive. Comme précédemment, on peut échantillonner le cône de
rabattement à différentes distances (au moins une) dans des forages annexes, ou utiliser une
valeur approchée du rayon d’action R. On a alors :

Par exemple, imaginons que, pour un débit de 1 L/s dans un forage de 8 cm de diamètre, on
observe une hauteur d'eau de 10 m, soit un rabattement de 2 m par rapport au niveau initial. En
l’absence d’information supplémentaire, il faut faire une estimation du rayon d’influence.
Prenons une conductivité hydraulique de 10-5 m/s, le rayon d’influence donné part la formule
de Sichardt est 30002 (105)1/2 soit 19 m. L’hypothèse sur la conductivité hydraulique a peu
d’influence sur la suite. On a alors :

62
Supposons que nous disposions d’un forage annexe situé à r1=4 m où était observé un
rabattement de 50 cm. Alors, il n’était pas nécessaire de faire une estimation du rayon d’action
et nous avions directement :

Outre la méthode du cône de rabattement stationnaire, décrite dans ce chapitre pour les nappes
libres et captives, il existe aussi des techniques transitoires qui permettent de déterminer la
transmissivité et la storativité. Le lecteur se référera pour leur description à des ouvrages
spécialisés. Les divers tests hydrogéologiques en forage sont souvent mis en œuvre en situation
réelle car ils constituent une des rares mesures directes de la conductivité hydraulique sur le
terrain.

La raison principale d'effectuer des pompages dans un puits cependant n'est pas la réalisation
de tests de perméabilité, mais bien l'approvisionnement en eau. Nos besoins sont en effet
considérables et on a de plus en plus recours à des pompages dans les aquifères. Pour fixer les
idées, en France, la consommation moyenne d'eau par habitant et par jour est d'environ 137 L,
soit 50 m3 par an par habitant. C'était 30 Lh-1jour-1 au début du siècle, c'est aujourd'hui la
consommation moyenne dans les pays en voie de développement. Chaque communauté a donc
tendance à exploiter au maximum les forages disponibles.

Cependant, on ne peut pomper autant qu'on le souhaiterait dans un puits. A partir d'une vitesse
de Darcy limite de l'eau Vc, les petits grains sont entraînés et bouchent les goulots
d'étranglement entre pores plus gros. Il se produit alors un colmatage irréversible des pores et
le puits devient inutilisable. Sichardt a aussi donné une relation empirique donnant une
estimation de la vitesse de Darcy critique:

où la conductivité est exprimée en m/s. Il existe donc un débit critique Qc donné par:

Bon à savoir : Une façon simple d'augmenter le débit critique est d'augmenter le rayon, mais
les coûts augmentent alors, plus rapidement que le carré du rayon.

63
Remarquons aussi que les hommes ne sont pas les seuls à prélever l'eau du sol, mais aussi la
végétation. Un arbre comme un peuplier consomme environ 100 litres d'eau par jour en été, et
certains arbres peuvent tirer jusqu'à 1000 L par jour en été, soit environ 0.035 Ls-1 pendant les
heures les plus chaudes de la journée, ce qui n'est pas insignifiant. Un groupe d'arbres peut donc
produire localement un rabattement de la nappe phréatique que l'on peut estimer avec les
formules précédentes. Gardons aussi en mémoire que la plupart des arbres n'ont pas de racines
profondes mais prélèvent l'eau du sol plutôt que l'eau de la nappe phréatique. La majorité des
racines de l'épicéa par exemple sont à moins de 10 cm et à une profondeur moyenne de 20 cm
pour un hêtre. Dans les régions désertiques, par contre, on peut trouver des plantes avec des
racines capables d'aller chercher la nappe phréatique, comme l’eucalyptus dont les racines
peuvent descendre à 50 m.

64
Chapitre VI: Techniques de puits et forage

1 Puits

Un puits est un ouvrage de captage qui s’enfonce verticalement dans une nappe phréatique.

• Son diamètre varie de 1 à 5-6 mètres,

• et sa profondeur varie de quelques mètres ou quelques dizaines de mètres, et parfois la


centaine de mètres en terrain rocheux.

• Dans la paroi périphérique du puits, des barbacanes sont ouverts, de la traversée de la


zone noyée jusqu’au substratum imperméable afin de solliciter toute l’épaisseur de la
nappe et d’améliorer la productivité de l’ouvrage.

• On prend soin de disposer un massif de gravier jouant le rôle de filtre à sable en


périphérie de la zone de captage, lorsque les conditions le permettent et de protéger la
partie supérieure de l’ouvrage contre les entrées d’eau superficielles par un
cimentation annulaire.

a) Avantages du puits

• Cout d’exhaure faible;

• Grand diamètre : Q exploitation important possible (forte capacité de stockage);

• Facilité à réhabiliter : surcreusement possible, curage facile;

• Rôle fédérateur socialement.

b) Inconvénients
65
• Cout de creusement élevé;

• Creusement long : pas adapté aux urgences;

• Nécessité d’aménagement en surface pour protéger des infiltrations.

Les différentes techniques de forage sont:

2 Technique de Battage

C’est la technique la plus ancienne, utilisée par les Chinois depuis plus de 4000 ans (battage au
câble), elle consiste à soulever un outil très lourd (trépan) et le laisser retomber sur la roche à
perforer en chute libre. Le forage par battage ne nécessite pas de circuit d’eau ou de boue, et
seul un peu d’eau au fond de forage suffit. Il est tout indiqué pour les terrains durs surtout
lorsque le terrain dur est en surface (ça ne permet pas d’utiliser suffisamment de poids en
Rotary) comme en terrains karstiques ou fissurés (pas de risque de perte de boue). Le battage
se produit par le mouvement alternatif d’un balancier actionné par un arbre à came (ou bien un
treuil : cylindre horizontal). Après un certain avancement, on tire le trépan et on descend une
curette (soupape) pour extraire les déblais (éléments broyés : cuttings). Pour avoir un bon
rendement, on travaille toujours en milieu humide en ajoutant de l’eau au fond du trou. Le
foreur de métier garde une main sur le câble et l’accompagne dans sa course ; ce qui lui permet
de bien sentir l’intensité des vibrations sur le câble ; et lorsque le fond de trou est encombré par
les débris, celui-ci sera nettoyé par des soupapes à piston ou à clapet. Parmi les machines de
battage on cite : les machines de type Beneto, et Dando Buffalo 3000.

2.1 Différents procédés de battage


a) Procédé Pennsylvanien (procédé à câble)
Où le trépan est à accrocher directement au câble sous une masse tige (tige très lourde), il est
bien développé aux USA.
b) Procédé Canadien
Dans ce cas, le trépan est fixé sous un train de tiges pleines. Il est surtout utilisé
dans l’Europe de l’est.

c) Procédé Raky (s’appelle aussi battage rapide) qui utilise des tiges creuses avec circulation
d’eau.

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Battage au câble (à gauche « technique Pennsylvanienne » et à droite celle canadienne)

2.2 Avantages du battage

-Investissement moins important


-Energie dépensée faible
- Facilité de mise en œuvre
-Pas de boue de forage
-Récupération aisée d’échantillons
-Nécessite moins d’eau (40 à 50 l/h) et de n’importe quelle qualité.
-La détection de la nappe même à faible pression est facile : la venue de l’eau à basse
pression se manifeste directement dans le forage sans être aveuglée par la boue.
-Pas de problèmes dans des zones fissurées (risque lié aux pertes de boue)

2.3. Inconvénients du battage

-Le forage s’effectue en discontinue (forage puis curage de cuttings et ainsi de suite)
-Forage lent
-Difficultés pour équilibrer les pressions d’eau jaillissante.
-Absence de contrôle de la rectitude

67
-Pas de possibilité de faire le carottage
3 Technique Rotary

Elle est relativement récente, ses premières utilisations remontent au 1920. La technique rotary
est utilisée spécialement dans les terrains sédimentaires non consolidés pour les machines
légères, mais les machines puissantes de rotary peuvent travailler dans les terrains durs
(pétroliers).
Un outil appelé trilame (tricône) est mis en rotation depuis la surface du sol par l’intermédiaire
d’un train de tiges. L’avancement de l’outil s’effectue par abrasion et broyage (deux effets) du
terrain sans choc, mais uniquement par translation et rotation (deux mouvements). Le
mouvement de translation est fourni principalement par le poids des tiges au-dessus de l’outil.
La circulation d’un fluide (liquide visqueux : la boue) permet de remonter les cuttings à la
surface. La boue est injectée à l’intérieur des tiges par une tête d’injection à l’aide d’une pompe
à boue, et remonte dans l’espace annulaire en mouvement ascensionnel, en circuit fermé sans
interruption. La boue tapisse les parois non encore tubées et les maintiens momentanément en
attendant la pose de tubage. Un accroissement du volume de boue est l’indice d’une venue de
fluide souterrain dans le forage (eau, huile, gaz). Une perte de volume indique une zone fissurée
ou dépressionnaire (vide). Le forage en perte de circulation peut être dangereux pour la ligne
de sonde et l’ouvrage. Le dépôt de la boue qui recouvre les parois d’une formation aquifère de
faible pression peut gêner la détection de cette formation.

Différentes couronnes montées sur l’outil de coupe

68
3.1 Paramètres de forage

Pour avoir le meilleur rendement d’un atelier de forage rotary, il convient d’être très vigilant
sur les trois paramètres suivants :
* Le poids sur l’outil : l’avancement s’accroîtra en fonction du poids sur l’outil (qui s’augmente
en s’avançant par le montage au fur et à mesure de tiges), mais on est limité dans cette voie par
l’usure rapide des lames et des dents et surtout par détérioration rapide des roulements des outils
à molettes. Le contrôle du poids sur l’outil s’opère par le dynamomètre qui mesure la tension
du brin (file) mort du câble, il donne le poids de tout ce qui est suspendu au crochet.
* La vitesse de rotation : la plus part des appareils rotary sont munis d’un indicateur donnant la
vitesse de rotation de la table (table de rotation). Dans les terrains durs, la vitesse de rotation
sera faible ; elle sera plus élevée lorsque les terrains seront tendres. Cette vitesse qui se calcule
en fonction de la vitesse des moteurs et le rapport des transmissions, devra être vérifiée par un
appareil de contrôle.
* Le débit des pompes (à boue, à air) : la vitesse de remontée des cuttings doit se situer autour
de 60 m/min. au minimum. Le choix de la puissance de la pompe et de son moteur sera
conditionné par le volume total de boue à mettre en œuvre pour la plus grande profondeur du
forage, en tenant compte des pertes de charge, de la viscosité de la boue et de dimensions des
tiges.

Forage au rotary

69
4 Technique de la circulation inverse (rotary à circulation inverse)

Le forage rotary est généralement limité au diamètre 619 mm (24’’), au-delà de celui-ci, les
rendements sont moins bons et le coût des pompes à boue nécessaires pour assurer le
nettoyage du forage devient prohibitif. La méthode de la circulation inverse permet au contraire,
de forer en diamètres varié de 0,6m à 2,5m et plus. Dans ce cas, on utilise un trépan spécial (à
tête plate) avec insertion de plaquettes de métal dur et un nombre suffisant de masse tiges
pour assurer une charge importante sur le trépan. La circulation inverse consiste à l’injection
du fluide de forage dans l’espace annulaire, et la remontée des cuttings se fait dans les tiges de
gros diamètres. La circulation inverse peut être assurée :
-soit par aspiration du mélange eau - cuttings à travers le train de tiges par une pompe
d’aspiration (pompe centrifuge)
-soit par utilisation de l’air comprimé, qui consiste à alléger l’eau ou la boue par injection de
l’air comprimé provoquant la remontée du mélange eau-cuttings à travers les tiges de gros
diamètres.
a) Avantages
-La perméabilité de la formation autour du trou est peu perturbée par le fluide de forage.
-les forages de grands diamètres sont exécutés rapidement et économiquement
-pas de tubage pendant la foration
-facilité de mise en place de la crépine
-bons rendements dans les terrains tendres
-consommation de l’énergie économique
b) Inconvénients
-nécessite beaucoup d’eau
-nécessite un grand investissement (matériel très importants)
-seul les sites accessibles peuvent être forés avec ce matériel lourd.

5 Technique marteau fond de trou (MFT)


Cette technique permet de traverser des terrains durs. Le principe repose sur : un taillant à
boutons en carbure de tungstène, fixé directement sur un marteau pneumatique qui est mis en
rotation et percussion pour casser et broyer la roche du terrain. Le marteau fonctionne comme
un marteau piqueur, à l’air comprimé à haute pression (10 à 25 bars) qui est délivré par un
compresseur, et permettant de remonter les cuttings. Cette technique est surtout utilisée dans
les formations dures car elle permet une vitesse de perforation plus élevée que celles obtenues
avec les autres techniques. Elle permet de forer habituellement des trous de 85 à 381 mm. Parmi

70
les machines MFT on cite : Dando, Stennuik BB.
a) Avantages
-elle très intéressante dans les pays où l’eau est très rare.
-mise en œuvre rapide et simple.
-permet de détecter la présence d’un aquifère lors de la réalisation du forage.

6 Technique ODEX
Elle permet de forer dans des terrains à mauvaise tenue nécessitant un tubage de protection. La
perforation est assurée par un taillant pilote surmonté d’un aléseur excentrique permettant
d’avoir un trou de diamètre supérieur au diamètre du tubage de revêtement. Ce système permet
au tube de revêtement de descendre dans le trou sans rotation à la suite de l’aléseur. Cette
technique peut être utilisée par :
- Un équipement fonctionnant hors du trou, c'est-à-dire avec un marteau avec son mécanisme
de percussion et de rotation situés en surface.
- Un équipement fonctionnant avec un marteau fond de trou dont la rotation est assurée par un
moteur situé à l’extérieur, et l’énergie de percussion est assurée en fond de trou par le marteau
fond de trou qui assure la foration par l’intermédiaire d’un guide et de l’outil comprenant le
taillant pilote et l’aléseur excentrique.
7 Fluides de forage ou boues de forage

7.1 Rôles des fluides de forage


Les principaux rôles de fluides de forage sont :
- La consolidation et le soutènement des parois de forage par le dépôt de cake sur les parois.
- La remontée au jour des sédiments broyés (cuttings)
- Le maintien des cuttings en suspension (très important dans le cas où il se produit un arrêt de
circulation).
- Le refroidissement des outils de forage et de carottage, ainsi que leur lubrification
(graissage) et leur nettoyage pour éviter leur usure.
- L’augmentation (par le jet) de l’action abrasive de l’outil de forage sur le terrain (car le fluide
sorte des trous du trépan à forte pression).
- La facilité et le contrôle des opérations de mise en place du gravie et de cimentation.
- Le renseignement sur la nature du terrain de couvert et sur son potentiel aquifère.
- L’équilibrage des pressions hydrostatiques des couches aquifères afin de juguler (égorger) les
jaillissements des forages artésiens, car un brusque jaillissement d’eau peut détériorer le forage.
- La protection contre le gonflement ou l’affouillement de certaines couches traversées.

71
7.2 Boue
7.2.1. Caractéristiques de la boue de forage
 caractéristiques physicochimiques –densité
Une boue dense favorise l’ascension des cuttings et permet l’équilibre des pressions
hydrostatiques. Pour une boue à densité élevée, il y a risque de détachement des parois (de la
boue), et de retombée dans le trou de forage provoquant le coincement de l’outil.
 caractéristiques rhéologiques :
 La viscosité : une viscosité élevée provoque des difficultés pour le pompage de la boue,
alors qu’une boue à viscosité moins élevée perd sa propriété pour consolider les parois.
Une boue possédant une viscosité correcte permet d’avoir un outil bien dégagé, une
bonne remontée des cuttings, de réduire les pertes de charge dans le train de sonde et le
dépôt plus rapide des cuttings dans les fosses de décantation.
 Le filtrat : c’est la propriété de laisser filtrer de l’eau au travers des parois.
 Le cake : c’est la propriété de laisser déposer une couche d’argile sur la paroi. Il joue le
rôle inverse de filtrat. Le cake ne se forme pas sur une paroi non perméable. La
pénétration importante de filtrat, dans certains terrains, peut accélérer un phénomène
de délitage entraînant des éboulements ou des gonflements.
 La thixotropie : c’est la propriété d’une boue de passer d’une consistance rigide à un
aspect fluide sous l’effet de brassage (agitation).
 Le « yield value » : c’est la tension limite de cisaillement au-dessus de laquelle le fluide
ne s’écoule pas.
 La teneur en sable : provenant du terrain de forage, le sable est dangereux par
son action abrasive dans tout le circuit où il circule (spécialement pour les pompes à
boue), et il alourdit la densité de la boue. On recommande de ne pas dépasser une teneur
maximale de 5%.
 Le pH : le pH permet d’indiquer l’acidité ou l’alcalinité de la boue. Une boue dont le
pH < 7 provoque un risque de floculation, alors qu’une boue dont le pH > 10
indique sa contamination par le ciment ou par l’eau de l’aquifère.
 problème de contamination :
Les caractéristiques idéales d’une boue neuve sont :
-viscosité = 40 à 45 secondes mesurée par le viscosimètre (entonnoir) de MARSCH. -
filtrat = 8 cm3. -pH = 7 à 9. -teneur en sable = 0,5%.
Au cours de l’opération de forage, la boue se charge de plus en plus des argiles et des éléments

72
fins. La boue contaminée serait rapidement inutilisable. Si on la laisse en circuit, elle forme une
masse compacte au fond bloquant complètement l’outil. La présence des éléments fins de
dimensions inférieures à 70 μm provoque la coagulation de la boue (transformation de la
substance organique liquide en une masse plus ou moins solide), ce qui provoque
l’augmentation de sa viscosité. La présence de certains sels de terrains (gypse) favorise la
floculation de la boue (formation de flocs).
Il est à noter que les réactions gouvernant les suspensions colloïdales (systèmes où les particules
très petites sont en suspension dans un fluide): sont des réactions d’équilibre (irréversibles), ce
qui explique qu’une boue contaminée change complètement d’aspect.
7.2.2. Les diférents types de boue
a) Boue à la bentonite
La bentonite c’est une variété d’argile très fine : la dimension des particules est inférieure à
1μm et de densité de 2,6. A l’hydratation ; le volume devient 12 à 15 fois et parfois 30 fois plus
grand. Un gramme de bentonite dispersé dans l’eau offre 4 à 5 m2 de surface de contact. On
ajoute parfois à la boue de bentonite des additifs pour la rendre compatible avec le
terrain, ou avec la pression de la nappe ; ou pour redonner à la boue ses propriétés initiales.
On distingue deux catégories de bentonite : les bentonites calciques naturelles et les
bentonites sodiques naturelles qui sont les plus utilisées pour les boues de forage.
Une bentonite peut se définir par:
- Ses limites de liquidité - Ses limites de plasticité - Et son indice de plasticité constituant les
limites d’Atterberg

73
b) Boue polymère
C’est une substance formée par l’union bout à bout de deux molécules ou plus de la même
qualité de chaîne dans un autre composant d’éléments et de proportions analogues, mais à plus
haut poids moléculaire et à propriétés physiques différentes. Les polymères peuvent être utilisés
directement en tant que boue ou comme additif aux boues bentonitiques, et sont
subdivisés en polymères naturels et polymères artificiels (synthétiques).
 Les polymères naturels
Il s’agit d’un produit organique obtenu à partir de gommes de Guar. La boue polymère permet
pour le même poids de matière, de produire un gel 10 fois plus qu’une boue bentonitique, à la
même viscosité (60 s au cône de Marshe). Parmi les polymères naturels on cite : le Revert,
permettant avec un dosage de 8kg/m 3 d’eau à 20°C, de donner une viscosité de 30 secondes
(Marsh) au bout de 5 jours; alors qu’à une température 38°C, on obtient la même viscosité au
bout de 2 jours.

 les polymères synthétiques (artificiels)


Les polymères synthétiques peuvent être utilisés avec des boues bentonitiques ou avec
d’autres polymères. Elles ne sont pas biodégradables généralement, et leur destruction
nécessite une action chimique pour réduire leur viscosité à celle de l’eau (lavage). Les
solvants utilisés pour la destruction (broken down) doivent être choisis pour ne pas bloquer la
formation aquifère, le massif filtrant et les crépines, et qu’ils ne provoquent pas la pollution de
la nappe.
 polymères synthétiques biodégradables
Ils ne sont valables que si leur durée de vie est plus longue que les polymères naturels, et
lorsqu’ils peuvent être éliminés avant que le processus de dégradation ne soit amorcé (pour
éviter la prolifération « développement » des bactéries). Ils doivent entre aussi ; non toxiques
et non polluants : parmi les produis qui répondent à ces critères, on cite : l’AQUA GS, et le D
800 ou AQUA J (Johnson).
Avantages :
Les boues polymères possèdent les avantages suivants :
-forage avec une pression réduite au fond du trou.
-frottements réduits (usure minimum)
-les carottes et échantillons ne sont pas masqués par le fluide (échantillonnage facile à faire).
-pertes contrôlées de fluide sans nécessité d’avoir un cake épais.
*spécialement pour la boue au Revert :

74
-les opérations de lavage et de développement des forages se trouvent de ce fait grandement
facilitées, rapides et efficace.
-pas de risque de colmatage des couches aquifères.
-un kg de Revert donne la même viscosité que 9 kg de bentonite.
-possibilité d’utiliser de l’eau salée pour préparer la boue.
Inconvénients :
* pour les polymères naturels :
-la prolifération (développement) des bactéries dans un temps très court (3 à 15 jours suivant
les produits)
-élimination des bactéries parfois difficile dans le filtre et gravier.
-les bactéricides utilisés sont parfois toxiques.
* pour polymères artificiels :
-risque d’instabilité des parois.
-risque de colmatage des parois.
-le lavage des polymères se fait par action chimique, ce qui provoque parfois le risque de
pollution de l’aquifère.
c) Boue à l’huile émulsionnée :
Dans les terrains ayant la propriété, en s’hydratant, d’augmenter considérablement de
volume, à tel point que l’outil risque de se bloquer au fond du trou, ce qui peut occasionner de
grosses pertes de temps pour tenter de le dégager par des instrumentations délicates. Dans ce
cas, il est conseillé d’ajouter à la boue du silicate de soude ou de la chaux ou de l’amidon dont
ces matières ayant également la propriété de réduire l’hydratation. Autrement, l’emploie de la
boue à l’huile qui est également indiqué. Il s’agit d’émulsion soit d’eau dans l’huile ou
d’huile dans l’eau suivant les pourcentages relatifs. On obtient en ajoutant à la boue classique
(eau plus bentonite) de 5 à 25 %de gasoil et un émulsifiant organique. Cette boue lubrifie et
protège toute les parties métalliques. Elle provoque une sensible amélioration de
l’avancement et un allongement de la durée de vie des outils de forage. Elle est caractérisée
par des filtrats plus faibles et moins pénétrants dans les couches aquifères, ce qui est
important pour la détection et l’exploitation des nappes à faible pression (risque de pollution de
la nappe). Le forage des terrains gypseux ou salés, de l’anhydrite ou des argiles gonflantes
s’effectue plus efficacement avec ce type de boues.
d) l’Air comprimé :
L’emploie de l’air comprimé comme fluide de forage procure les avantages suivants :
-Plus grande vitesse de pénétration dans la roche dure et consolidée.

75
-Réduction du poids sur l’outil.
-Grande capacité de dégagement des cuttings.
-Facilite le forage dans les formations gonflantes.
-Faibles besoins d’eau.
d.1- l’Air comprimé pour forage au rotary
Pour évacuer efficacement les cuttings, on utilise une grande vitesse de remontée de l’air : de
915 à 1520 m/min, ce qui permet d’avoir un forage bien dégagé et propre. Au cours de la
foration, le volume d’air sera ajusté pour maintenir une vitesse annulaire nécessaire à la
bonne remontée des cuttings. En effet, la vitesse annulaire peut être altérée s’il se produit une
érosion des parois (provoquant l’augmentation le volume du trou), on devra alors faire
face à cette demande supplémentaire d’air pour maintenir la vitesse de remontée
nécessaire.
En présence de venues d’eau dans le forage, une boue se forme, par le mélange d’eau avec
cuttings, ce qui réduire l’espace annulaire, et augmente la pression engendrant la fracture des
formations tendres. Une bonne méthode pour vérifier que le circuit d’air est suffisant pour
remonter les cuttings, consiste à contrôler le temps nécessaire de remontée de cuttings ; ce temps
ne devrait pas excéder 6 à 7 secondes pour 30 m de trou. Si l’on utilise de l’air humide, ce temps
sera à majorer de 30 à 40%.
d.2- l’Air comprimé pour marteau fond de trou
Plus la pression de service d’air comprimé est élevée avec un marteau fond de trou, moins on
aura de risques de coincement. La plus part des marteaux fond de trou peuvent travailler à des
pressions comprises entre 4 et 18 bars.
Le choix de la puissance du compresseur dépend de la consommation d’air comprimé estimée
pendant le forage et pendant le soufflage.
e) Mousse stabilisée
La solution moussante est souvent accompagnée de polymères à poids moléculaires élevés ou
quelquefois par de la bentonite pour améliorer les qualités visqueuses de la mousse,
pour augmenter sa densité, pour réduire la vitesse de remontés des cuttings et pour améliorer la
stabilité des parois.
La mousse est un composé gazeux (air) et liquide (eau + produits), où chaque élément agit
différemment sous l’effet de la pression et de la température. Les produits moussants se dosent
à de 0,2 jusqu’à 2% du poids d’eau utilisé. Certains fluides moussants consistent en :
-un produit moussant pré - stabilisé aux polymères, insensible aux sels, qui peut s’utiliser avec
de l’eau douce, dure, saumâtre ou salée.

76
-un stabilisant viscosifiant ou mélange de polymères en complément du produit moussant.
-un fluidifiant liquide ou solution de polymères particulièrement utile dans les formations
gonflantes.
Ce type de fluide de forage est utilisé :
 dans un forage rotary lorsque :
-l’emploi de la boue est difficile (endroit urbain hostile, nature de terrains défavorable
‘présence de fissures’).
-l’alimentation en eau est insuffisante.
 dans un forage à l’air lorsque :
-les parois de forage sont excessivement érosives par des grandes vitesses d’évacuation des
cuttings.
-l’évacuation des cuttings est rendue difficile par la présence de venues d’eau.
-présence de formation gonflante (argile, marne).
Il est à noter que lorsqu’il s’agit de formations aquifères non consolidées à fortes venues
d’eau, il faut utiliser impérativement le forage à la boue.

7.3 Circuits de fluides de forage


La circulation de fluides dans le forage s’opère en deux modes : en mode normale et en mode
inverse.

a) Circulation normale
Dans le circuit normal, le fluide se refoule dans le train de tiges à partir de la pompe à boue (à
partir de compresseur s’il s’agit de l’air comprimé). Cette boue circulant de haut en bas pour
sortir au fond du forage à travers les trous de l’outil de forage (trépan), se mélange avec le
cuttings. Puis, le mélange fluide- cuttings remonte dans l’espace annulaire (espace entre les
parois de forage et les parois de tubings) pour rejoindre la fosse à boue où s’effectue
l’échantillonnage, l’analyse, le traitement, l’ajustement et la décantation. Enfin il sera de
nouveau aspiré par la pompe à boue pour être refoulé vers le train de tiges, et ainsi de suite.
b) Circulation inverse
Dans la circulation inverse, le fluide se refoule dans l’espace annulaire, et le mélange fluide-
cuttings remonte dans le train de tige en entrant par les trous se trouvant au fond du trépan.
7.4. Recommandations pour l’utilisation des fluides de forage
- En présence de nitrates dans l’eau de la nappe; les boues bentonitiques peuvent réagir et
floculer.
- Certaines boues peuvent être dopées avec des composants pouvant polluer la nappe.

77
- Les boues polymères conviennent parfaitement pour la réalisation des forages profonds de
recherche pétrolière ; car les nappes supérieures sont rapidement isolées par tubages ; alors que
pour le foreur d’eau, il est question de détecter ces nappes pour une exploitation éventuelle.
-Afin de protéger les nappes, une série d’essais sur ces boues et mousses devrait être prévue
ainsi, les résultats permettraient de rédiger une réglementation concernant la qualité et l’emploi
des produits entrant dans la composition de ces boues.

78
Chapitre VII: Réalisation, équipement et mise en service des forages

1. Réalisation des forages

1.1. Installation du chantier de forage


L’organisation de chantier de forage doit permettre au foreur d’intervenir rapidement en cas de
problème. Les précautions à prendre doivent conduire à déterminer :
- Un périmètre de sécurité autour du chantier.
- Un accès pour les véhicules.
- Un approvisionnement en eau (citernes)
- Un accès facile pour le remplissage des fosses
- Un endroit sec pour la rédaction (bureau)
- Une zone de déblais (cuttings)
- Un terrain aplani pour faciliter le calage de la machine
- L’emplacement et le creusage des fosses à boue
- Le positionnement du compresseur de façon à ce qu’il ne reçoive pas la poussière de forage
- L’installation de toutes les unités de pompage, de pression hydraulique et des moteurs sur un
plan horizontal.
- L’outil de mesure de la pression hydraulique doit être protégé du soleil.

1.2. Choix de la technique de forage


Le choix d’une technique de forage se fait sur la base de : la nature lithologique du
terrain, sa teneur en eau, les possibilités de l’avancement de l’outil de forage, la quantité
d’eau à utiliser, l’environnement où doit être réalisé le forage…etc.
Lors des travaux de foration, une bonne dose d’expérience permet d’évaluer
correctement la remontée de cuttings et l’avancement de l’outil de forage en fonction de la
technique utilisée. Au-delà de certaine profondeur, le rotary à l’air comprimé est à éviter car il
est difficile à maîtriser (mauvaise remontée du cuttings). Dans les terrains sédimentaires peu
consolidés, le rotary à la boue est le plus adéquat.

1.3. Le Tubage
Le tubage de réalisation de forage peut se faire suivant trois formes: tubages complet,
tubages télescopique et tubage en colonne perdus.

79
1.4. Contrôle de la rectitude et de la verticalité
La mise en place d’une colonne rigide de tubes dans un trou coudé n’est pas possible d’où la
nécessité d’avoir un trou vertical et rectiligne. De même, dans un trou rectiligne mais incliné,
le fonctionnement de la pompe risque d’être compromis par l’augmentation des pertes
charge linéaires ; tandis que dans un trou coudé les pertes de charge singulières se
multiplient. On reconnaît qu’une déviation de 0,25% est insignifiante, mais à partir de 0,5%
elle commence à être sérieuse.
Pour le contrôle de la rectitude on mesure la verticalité du forage par les appareils suivants :
l’inclinomètre thermique, l’inclinomètre mécanique et l’inclinomètre optique.
1.5. les fosses à boue
Les fosses à boue constituent une réserve de fluide de forage et permettent son recyclage par
décantation. Elles se forment d’une fosse de décantation, d’une fosse de pompage et de
canaux.
Le premier canal doit être assez long pour que la fosse soit en dehors du trottoir du futur point
d’eau pour éviter le tassement différentiel sous la dalle (de largeur ≥2 m) et d’une
section de 0,2x0,2 m.
L’axe du second canal doit être décalé de celui du premier pour favoriser la décantation. Sa
section est de 0,2x0,2 m.
Les fosses et les canaux sont régulièrement curés et nettoyés des sédiments déposés en cours
de forage. Le dimensionnement des fosses à boue se fait en fonction de la profondeur du
forage à réaliser. Une méthode approximative de dimensionnement est avancée par E. Drouart
et J.M.
Vouillamoz :
* le volume total des fosses = 2 * volume du forage.

80
* la fosse de décantation :
- largeur (m) = [volume du forage *0, 57]1/3
- longueur (m) = 1,25 * largeur
- profondeur (m) = 0,85 * largeur

* fosse de pompage :
- largeur (m) = [volume du forage *0, 57]1/3
- longueur = 2,5 * largeur
- profondeur = 0,85 * largeur.

1.6. Prélèvement des échantillons


a- Cuttings : l’échantillonnage et l’analyse de cuttings permet l’établissement de la courbe
granulométrique pour définir les caractéristiques des crépines et du gravier additionnel. Le
forage à la boue permet de fournir à la surface des échantillons broyés ou non du terrain
rencontré par l’outil au fond du trou. S’il s’agit de forage au rotary, ces échantillons contiennent
une forte portion de la boue de circulation. Pour le forage au battage, il procure un
échantillonnage nettement plus représentatif de la formation. L’échantillonnage en forage par
battage nécessite des interruptions de l’avancement (la sortie du trépan et l’extraction à
la cuillère du sol de fond), tandis qu’au rotary ; ces interruptions ne sont pas nécessaires.
Généralement : on prend un échantillon dès que l’on rencontre une formation aquifère, et à
chaque fois qu’il y a changement de faciès des formations. Autrement, on prend un échantillon
tous les deux mètres.
b- Carottage : le carottage mécanique permet de définir la nature, la position, l’épaisseur et
l’étendue des couches. Il s’agit de découper dans la formation, un cylindre appelé carotte, de le
détacher de la masse et de le remonter à la surface avec grande précaution, en évitant de le

81
modifier ou de l’altérer au contact des parois.
c- Mesure de la perméabilité :
Les différents procédés de mesure de la perméabilité sont :
- les procédés de mesure au laboratoire : par utilisation de perméamétres à charge constante où
variable.
- les procédés in situ (méthode de Lugeon qui consiste à injecter de l’eau sous une pression
constante et on mesure le volume d’eau introduite en une minute)
- utilisation des formules empiriques (formule de Hazen, formule de Slichter) à travers la
courbe granulométrique.
- calcul de la perméabilité d’après la détermination de la transmissivité (à travers les essais de
pompage).

2 Equipement de forage
Le choix correct de l’équipement de forage : tubage, crépine et gravier additionnel, peut
conduire à une nette économie.
2.1 Tubes et Crépines
Le rôle du tubage est le soutènement de talus cylindrique du trou de forage contre la poussée
de terre, l’éboulement et l’effondrement ; tandis que le rôle de la crépine est d’éviter l’entrée
de sables et des éléments fins de l’aquifère à l’intérieur de la colonne de crépine afin d’être
aspirés par la pompe, car ils constituent un grand risque pour cette dernière (corrosion,
usure).

2.1.1 Longueur et position des crépines


Le choix de la longueur d’une crépine dépend du niveau de la nappe, du rabattement de la nappe
pendant son exploitation, de l’épaisseur de la nappe à exploiter et de la nature ainsi que de la
structure des couches aquifères formant la nappe. La crépine doit être placée dans une position
où les caractéristiques hydrauliques sont les meilleures. Pour choisir cette position, on doit se
baser sur:
-les diagraphies instantanées, pertes de boue…
-le carottage.
-l’analyse granulométrique des échantillons.
-les essais de perméabilité.
Suivant la nature de la nappe, le choix de la longueur de crépine est un compromis entre la
crépine la plus longue possible (où la vitesse d’entrée de l’eau à travers la crépine est
minimale : perte de charge minimale) et la plus courte crépine placée à la base de l’aquifère

82
(permettant un rabattement plus important: débit important pour longueur réduite :
économie). Par ailleurs, il est recommandé de ne pas rabattre la nappe au-dessous du sommet
de la crépine.
 Cas de la Nappe captive en terrain homogène
Pour ce type de nappe, on crépine 80 à 90% de son épaisseur, en s’assurant que le rabattement
ne descend pas sous le niveau du toit. Les prix actuels des crépines permet de crépiner la
totalité de l’épaisseur de la nappe, contrairement à l’idée du passé adaptée dans certaines
conditions économiques (prix élevés des crépines), qui consistait à faire l’alternance entre
parties crépinées et partie non crépinées sur la colonne de crépinage.
 Cas de la Nappe captive en terrain hétérogène :
Dans ce cas, on crépine 80 à 90% des couches les plus perméables.
 Cas de la Nappe libre en terrain homogène :
* pour une nappe ayant une épaisseur inférieure à 45m : par expérience ; il est recommandé de
crépiner au moins le tiers inférieur sans dépasser une hauteur de 50% de son épaisseur.
* pour une nappe à épaisseur plus grande, on peut crépiner jusqu’à 80% de son épaisseur pour
obtenir une capacité spécifique plus importante.
 Cas de la Nappe libre en terrain hétérogène :
On positionne la crépine dans les couches les plus perméables afin de permettre un
rabattement maximum dans les meilleures conditions d’exploitations. La longueur totale de la
crépine doit être de l’ordre du tiers de l’épaisseur de l’aquifère pour des couches perméables
relativement importantes et régulières. Pour des couches très perméables et relativement
minces, on capte les autres couches moins aquifères avec des ouvertures de crépine adaptées à
ces différentes couches.
2.1.2 Différents types de crépines
Comme la crépine est l’élément essentiel du forage ; son choix se fait en fonction:
- des ouvertures qui doivent être continues sur sa périphérie, permettant ainsi un écoulement
régulier.
- de la surface d’ouverture maximum (compatible avec sa résistance).
- des ouvertures (les fentes) qui doivent être croissantes vers l’intérieur pour éviter le colmatage.
- des possibilités permettant d’éviter la corrosion.
Leur matière peut être en acier ordinaire, en acier inoxydable, en PVC…etc. Les différents types
de crépines sont :
a- Les crépines à fentes continues (type JOHNSON)
Leur principe de construction est basé sur une armature de génératrices verticales en fils ronds

83
ou triangulaires et bobiné, en hélice. Le profil de ce fil correspond à une section voisine du
triangle avec angles arrondis. Ce triangle est soudé par un sommet à chacune des génératrices,
de telle sorte que la base du triangle se trouve à la surface extérieure. Chaque point de
contact entre le fil et la génératrice est électriquement soudé sur la machine qui effectue le
bobinage. Comme ce sont les plus utilisées et les plus répandues, elles sont utilisées partout :
forages d’eau, forages pétroliers, forages à gaz, forages géothermiques…etc. Elles sont
caractérisées par: des caractéristiques mécaniques élevées (résistances) pour un poids
minimum, par un plus grand coefficient d’ouverture. Elles existent en deux séries : les
crépines télescopiques et les crépines série pipe. Les ouvertures de fentes se situent entre 0,15
et 6,4 mm.

b- Les crépines à persiennes


Les fentes sont perpendiculaires aux génératrices du tube, ce qui leur donne une bonne
résistance mécanique. Les lèvres de fentes sont souvent irrégulières, ce qui implique que ces
crépines doivent être placées dans un massif de gravier ou un terrain grossier. Elles sont
réalisées par emboutissage à froid de plaques de métal qui sont ensuite roulées et soudées.

c) Les crépines à gaine en gravier aggloméré


Elles sont constituées d’un élément métallique, à fentes transversales, sur lequel est placée une
gaine (étui de protection) de graviers agglomérés siliceux roulés et calibrés. L’ouverture des
fentes internes du tube d’acier est adaptée à la granulométrie de la formation. L’épaisseur
de la gaine peut varier de 10 à 20mm. Leur usage est limité à des formations mono granulaires
fines. Elles sont caractérisées par un faible coefficient d’ouverture.

84
d) Les crépines en PVC
Les fentes de ces crépines sont généralement perpendiculaires par rapport aux génératrices du
tube. Elles ne sont pas altérables par la qualité de l’eau (eau de mer, eau acide), légères, faciles
à déplacer et à installer, d’un coefficient d’ouverture faible, d’un coût moins élevé mais
leur utilisation est limitée par leur résistance mécanique (pour des profondeurs de l’ordre
de 100 m) et par la longueur minimale des fentes.

2.1.3. Paramètres de crépinage


a) Ouverture des fentes de crépines
Elle doit être en principe, inférieure à la plus fine granulométrie du gravier de filtre. Sa
détermination est en fonction de la courbe granulométrique de la formation. La forme et la
répartition des ouvertures de crépines sont plus ou moins aussi importantes que la
détermination de l’ouverture elle-même, puisqu’elles conduisent à un coefficient
d’ouverture le plus élevé que possible pour obtenir le meilleur rendement d’exploitation du
forage.
b) Coefficient d’ouverture des crépines
Pour les crépines JOHNSON le coefficient d’ouverture est égal à :
Co = e.100 /(e+h) Où e : est la dimension de la fente unique hélicoïdales (intervalle entre
deux spires) et h: étant la largeur du fil enveloppe (base du triangle de la section).
c) Vitesse de pénétration de l’eau dans la crépine
Le coefficient d’ouverture doit être tel qui permet d’avoir une vitesse d’entrée de l’eau de
l’ordre de 3 cm/s afin de réduire l’érosion, la corrosion, l’incrustation et la perte de charge.
Certains recommandent des vitesses entre 3 et 7,5 cm/s. Pour des formations silteuses,
la vitesse correcte est de 2cm/s. Tandis que beaucoup de chercheurs recommandent des vitesses
en relation avec la transmissivité de la nappe, et se situent entre 1 et 3 cm/s selon le tableau
suivant (selon U.S.Environmental Protection Agency):

85
d) La relation débit- diamètre- coefficients d’ouverture
La relation débit- diamètre- coefficient d’ouverture est donnée par :
Q = π.D.Co.0,03.3600 → Q = 340.D.Co
Où Q : débit en m 3 /heure
D : diamètre extérieur de la crépine en m.
Co : coefficient d’ouverture en nombre décimal.
Sur la valeur obtenue de débit, et par expérience, on doit appliquer un coefficient réducteur de
0,5 à 0,75 pour l’ajustée contre les conditions non idéales (possibilité d’incrustation,
température et viscosité de l’eau, perte de boue, grains de sable mal placés sur le massif
filtrant obturant partiellement des fentes).
e) Diamètres de tubes et crépines
Le choix des diamètres d’une colonne de tubage (crépine), est souvent conditionné par
l’encombrement de la pompe, et celui-ci est en fonction de débit. Il est recommandé de laisser
un pouce (2,54 cm) de jeu entre pompe et tubage. Compte tenu des dimensions des groupes
électropompes à moteur immergé, on donne le tableau suivant (selon A. Mabillot) :

2.2. Mise en place du tubage


Pour éviter les risques d’effondrement de terre dans le trou du forage (qui sont de plus en plus
importants si la profondeur du forage devient importante), on recommande de placer le tubage
le plus rapidement possible. Le plan de tubage (longueur et emplacement de tubes pleins et de
tubes crépinés) s’établit en fonction de la coupe hydrologique et hydrogéologique du forage.
Le bas du tubage doit être constitué d’un tube plein d’environ 0,5 m bouché à sa base. Le tubage
ne descend pas toujours jusqu’au fond du forage, il est nécessaire de réduire la longueur du

86
tubage de 0,5 à 1 m par rapport à la profondeur réelle forée. Le dernier tube doit être au-dessus
de la surface de sol d’environ 0,5 m. Le tubage doit descendre librement sous son poids propre.
Il est recommandé parfois de descendre le tube sans bouchant de fond pour pouvoir glisser le
long des parois puis on obture le fond du forage par un laitier de ciment.
2.3. Massif filtrant (gravier additionnel, massif de gravier)
Le rôle du gravier additionnel est d’augmenter les débits d’exploitation, de diminuer les
vitesses d’écoulement, et d’éviter le risque d’érosion en évitant l’entée des sables fins. Dans la
pratique, le gravier additionnel est défini par la granulométrie de la formation et par l’ouverture
de la crépine. Il doit être uniforme, propre, calibré et siliceux de préférence. Le gravier descend
dans l’espace annulaire le long du tubage. Une remontée de boue par le tube de forage indique
une descente correcte du gravier. Lorsque le niveau du gravier atteint le haut des crépines, la
boue ne remonte pas par le tube mais par l’espace annulaire : le massif de gravier doit alors
dépasser le haut des crépines sur quelques mètres. Le volume nécessaire du gravier peut être
défini théoriquement (volume du trou moins volume de tubage) ou de la manière empirique
suivante selon E.Drouart :
V = h*0,8 (D2 – d2)
Où V : le volume de gravier en litre. h : la hauteur du massif de gravier en m.
D : le diamètre du trou en pouces et d :le diamètre des tubes en pouces.
2.4. La cimentation
Le rôle de cimentation est de protéger le forage contre les pollutions extérieures. Elle peut être
réalisée avec de l’argile ou avec un mélange bentonite- ciment. Dans ce cas, un bouchant
d’argile doit être placé entre le massif du gravier et le ciment pour éviter que le laitier de ciment
ne colmate pas le massif. L’opération consiste à remplir avec un mélange d’eau et de
ciment (laitier de ciment) l’espace annulaire au-dessus du massif filtrant jusqu’à la surface de
sol. La cimentation doit être réalisée avant les essais de pompage. Le dosage de laitier de ciment
est d’environ 50 l d’eau pour 100 kg de ciment.

3 Développement et mise en service

3.1 Le développement du forage

Le développement du forage est nécessaire pour maximiser la productivité du forage et


optimiser la capacité de filtration du massif filtrant. On y parvient en enlevant les particules
fines et les additifs de fluide de forage, et en compactant le massif filtrant. Après le fonçage,
certaines particules fines et des additifs de fluide de forage restent coincés autour des parois du

87
trou du forage et bloquent les pores de l’aquifère et du massif filtrant qui l’entourent Après les
avoir enlevés en développant le forage, l’eau pourra circuler librement de l’aquifère vers la
crépine. Au cours du développement, le massif filtrant va également se compacter, de manière
à ce qu’il ne contienne pas de gros vides (trous) dans lesquels les matériaux de l’aquifère (sable)
pourraient ensuite s’infiltrer. Le massif compacté filtrera certaines des particules fines de
l’aquifère. Le développement du forage déjà commencé le rinçage de la crépine et du trou de
forage permet d’enlever certaines des particules fines et des additifs du fluide de forage.
Cependant, ce premier développement n’est en général pas suffisant, et il est nécessaire de
réellement développer le forage après avoir terminé son équipement. Le reste du développement
se fait après le remblayage, l’installation et le durcissement du joint d’étanchéité de surface
(cimentation de la tête de forage) (ce durcissement prend au moins 24 heures).
Il existe plusieurs techniques pour développer les forages, et on les utilise parfois même en
combinaison pour obtenir de meilleurs résultats. Ces techniques sont :
• Le piston
• Le pompage discontinu (cycles de pompage)
• Le pompage continu à gros débit

a) Le développement au piston
En créant des ondes de choc à travers le massif filtrant avec un piston, les particules fines et les
additifs de fluide de forage sont décollés de la crépine, du massif filtrant et l’aquifère qui les
entourent et les vides dans le massif filtrant disparaissent. L’eau contenant ces particules fines
doit ensuite être pompée hors du forage. Un piston consiste en un jeu de disques en bois avec
des rondelles en caoutchouc, ou d’un joint flexible plat (fait par exemple, avec un morceau
épais de caoutchouc). Un piston doit épouser les parois du tubage en PVC. Plongez-le tout
d’abord sous le niveau de l’eau dans le forage. Ensuite, actionnez-le de haut en bas pour que
l’eau soit forcée d’entrer et de sortir de l’aquifère (ondes de choc), lavant ainsi l’aquifère et le
massif filtrant en décollant les particules fines qu’ils contiennent (voir les schémas ci-dessous).
Le piston doit être descendu doucement, pour ne pas forcer les particules fines et les additifs au
fluide de forage à rentrer dans l’aquifère. Par contre, le piston doit être remonté brusquement,
pour que les particules fines et les additifs au fluide de forage soient aspirés dans le tubage en
PVC, où ils pourront être enlevés par pompage (voir ci-dessous).

b) Le développement par pompage discontinu (cycles de pompage)


Après avoir utilisé le piston, on peut descendre une pompe au fond du forage pour enlever les
particules fines qui ont été décollées et nettoyer le décanteur. Une fois que l’eau pompée est

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devenue claire, on peut à nouveau utiliser le piston. Répétez ce procédé jusqu’à ce que l’eau
reste claire. Ensuite, installez la pompe juste au-dessus de la crépine, et commencez le pompage
discontinu. Le pompage discontinu (pompage-arrêt) consiste à faire fonctionner la pompe
pendant 5 minutes puis à l’arrêter pendant 2 minutes. Une fois que l’eau devient plus claire,
vous pouvez laisser la pompe fonctionner jusqu’à ce que l’eau soit parfaitement claire. Si vous
utilisez une pompe électrique ou une motopompe, il est recommandé de pomper au moins 2 à
3 fois le débit d’exploitation du forage (à moins que le forage ne s’assèche). Si vous utilisez
une pompe manuelle, essayez de créer un débit maximal, jusqu’à ce que l’eau soit claire.
3.2. Les essais de débit – la productivité du forage
Une fois qu’un forage a été développé et ne contient plus de particules fines, le débit du forage
doit être testé. Les essais de débit donnent des informations utiles à la fois sur le forage et sur
l’aquifère. Ils permettent notamment de savoir si la productivité du forage sera suffisante pour
son usage.
Remarque : des essais de débit fiables ne peuvent être faits que quand le niveau de l’eau est
retourné à la normale après le développement du forage. Le forage doit être laissé au repos au
moins 24 heures après son développement avant de commencer les essais de débit.
Il existe deux manières de tester la productivité du forage : vous pouvez utiliser soit une pompe
électrique immergée ou une motopompe, soit une pompe manuelle.
3.2.1. Les essais de débit avec des motopompes ou des pompes immergées
Etape 1: Avant de commencer les essais de débit, il est très important de mesurer le niveau de
l’eau dans le forage. Ce niveau est appelé niveau statique. Quand vous prenez les mesures,
choisissez un point de référence fixe, par exemple le haut du tuyau d’équipement du forage.
Etape 2: Descendre la pompe immergée (ou le tuyau d’aspiration de la motopompe) jusqu’à
une profondeur maximale de 1 mètre au-dessus ou en dessous de la crépine.
Etape 3: Commencez à pomper, tout d’abord à un débit minimal (par exemple 0,2 ou 0,5 m3/h).
Contrôlez régulièrement (avec un seau et un chronomètre) et écrivez le débit tout en suivant
l’évolution du niveau de l’eau pendant le pompage. Continuez à pomper au même débit jusqu’à
ce que le niveau de l’eau se stabilise. Notez le niveau de l’eau, le débit et l’heure. La différence
entre les niveaux statique de l’eau (avant le pompage), et le niveau dynamique de l’eau (tout au
long du pompage) est appelé rabattement.
Etape 4: Augmentez le débit par étapes. A chaque fois que vous augmentez le débit, vous
remarquerez peut-être que l’eau devient trouble, car des particules fines sont pompées hors du
forage. N’augmentez le débit de pompage que quand l’eau est redevenue claire et que le niveau
de l’eau s’est stabilisé. Notez le niveau de l’eau, le débit et l’heure.

89
Etape 5: Augmentez le débit jusqu’au débit souhaité de la pompe à installer sur le forage. En
moyenne, pour une pompe manuelle, le débit se situe autour de 1000-1500 litres par heure (1-
1,5 m3/h). Pompez à ce débit pendant plusieurs heures jusqu’à ce que le niveau de l’eau dans le
forage soit stable et que l’eau soit claire.
Conclusion: Si le niveau de l’eau se stabilise au-dessus du niveau de la crépine (le niveau de
l’eau ne doit jamais descendre en dessous de ce niveau), le débit du forage est suffisant pour
l’installation d’une pompe manuelle. Si le niveau de l’eau est descendu en dessous du niveau
de la crépine (aux étapes 4 ou 5), alors il faut arrêter de pomper, laisser le niveau de l’eau
remonter (attendez jusqu’à ce que le niveau de l’eau soit égal au niveau statique mesuré
auparavant. Cela prendra entre quelques heures et un jour) et ressayez de pomper à un débit
plus faible. Quand seulement un faible débit (plus bas que le débit estimé de la pompe devant
être installée) peut être maintenu, le forage n’est pas assez productif. Il faut alors décider avec
le propriétaire (et parfois le bailleur) de la suite à donner à cet échec.
3.2.2. Analyser la qualité de l’eau
L’eau de bonne qualité (potable) ne doit contenir ni pathogènes (bactéries provoquant des
maladies, etc.) ni de quantités excessives (au-dessus des normes) d’éléments chimiques
dangereux. Le goût et l’odeur doivent être acceptables, et l’eau doit être claire et incolore. Pour
s’assurer que la qualité de l’eau est suffisante pour pouvoir la boire, l’eau doit être analysée.
Pour l’eau de boisson, de nombreux paramètres doivent être analysés. Voici quelques exemples
de paramètres :
Les paramètres chimiques: la dureté (calcium, magnésium), pH (acidité), conductivité
électrique (pour connaître la quantité de sels), fer, métaux lourds (cadmium, plomb, etc.), les
nutriments (azote, phosphore), les produits chimiques artificiels (pesticides pour l’agriculture,
hydrocarbures des carburants, etc.) et les produits chimiques naturels (chlorure, sodium, fluor,
arsenic, etc.).
Les paramètres biologiques: les pathogènes (bactéries (E-coli), virus (hépatites), parasites
(vers, amibes), etc.). Souvent, les bactéries E-coli sont analysées pour desceller les pollutions
d’origines fécales (venant des latrines).
Les paramètres physiques: la turbidité, couleur, odeur, etc.
La plupart des analyses de qualité de l’eau doivent être réalisées en laboratoire, mais certaines
peuvent être faites directement sur le terrain. Pour plus d’informations sur les analyses de
qualité de l’eau et pour les réglementations spécifiques il faut se référer aux exigences du
Ministère en charge de l’eau et par rapport aux termes du contrat.
Prélever des échantillons représentatifs

90
Avant de prélever des échantillons, attendez au moins d’avoir complètement terminé le
développement et les essais de débit. Il est même préférable d’attendre quelques semaines, pour
permettre à certains produits issus du fluide de forage, de l’eau de travail ou du ciment de se
disperser (diluer). Ne prenez pas un échantillon directement après la désinfection du forage car
le résultat est prévisible (pas de pathogènes) et ne sera pas utile.
La désinfection du forage – la chloration
Après avoir terminé le forage, on peut le désinfecter afin de tuer les organismes dangereux
(pathogènes) qui pourraient être entrés dans le forage avec l’eau de travail, le remblayage de
l’espace annulaire ou la pompe, au cours des opérations d’installation. Un forage peut être
désinfecté par chloration.
3.3. Finalisation du forage
3.3.1. Dalle sanitaire en béton
Enfin (après les essais de débit), on doit installer l’infrastructure de surface et la dalle sanitaire.
Cette dalle empêchera l’eau de la surface et les pollutions de s’infiltrer directement dans le
forage. La dalle fournit également une base solide et propre pour la pompe manuelle et le
pompage de l’eau. La dalle est en général de 2 à 3 mètres de diamètre avec un (petit) mur autour.
Il existe de nombreux modèles différents pour la dalle sanitaire, et le choix dépend de plusieurs
facteurs, parmi lesquels: les normes environnementales nationales, le type de pompe à installer,
le prix et le besoin de protection contre les inondations (dans certaines zones), etc. Enfin, il est
important que les usagers soient satisfaits du type de dalle choisi. Une barrière peut être
construite autour du forage pour garder les animaux éloignés et, dans certains endroits, pour
contrôler l’accès au forage.
3.3.2. Choix de la pompe
Il existe de nombreux types et modèles différents de bonnes pompes, mais le choix de celle
qu’on va installer sur le forage est très important. Le choix de la pompe manuelle dépend de
plusieurs facteurs, parmi lesquels : les normes nationales, la disponibilité des pièces détachées,
la facilité de maintenance, le prix, la profondeur de la nappe d’eau et le pH de l’eau souterraine.
Un des paramètres les plus importants est le débit critique de la nappe obtenu lors des essais de
pompage.

91
Chapitre VIII: Les essais de pompage

1. Généralités

Les expérimentations par pompage à débit constant sur les puits et forages s’effectuées par les
essais de débit (les pompages d’essai) qui consiste à mesurer l’accroissement du rabattement
des niveaux piézométriques en relation avec le temps de pompage et leur remontée après arrêt
de pompage.

Les interprétations sont données par résolution graphique des équations de l’hydrodynamique
souterraine en régime transitoire (non permanent). Les essais de pompage sont des tests portant
sur les modifications hydrodynamiques du complexe formé de l’ouvrage d’exploitation (forage,
puits) et le milieu aquifère enregistrées après provocation par pompage à un débit donné.

2- Objectifs des essais de pompage

Dans le but d’installer un ouvrage (forage) pour l’exploitation d’une nappe, il fallait répondre
sur certaines questions :

Quelle est la quantité d’eau qui peut être pompée?

À quel rythme?

Quelle pompe va-t-on choisir?

À quelle profondeur l’installer?

Les essais de pompage ont comme objectifs:

a) Détermination des différentes caractéristiques hydrodynamiques de la nappe aquifère

- La perméabilité K

- La transmissivité T

- L’étendue de la nappe : le rayon d’action Ra (rayon d’influence)

- Le coefficient d’emmagasinement S

b) Le réglage optimal d’exploitation d’un forage pour éviter la surexploitation et


l’assèchement de la nappe, à travers:

92
- La détermination du débit spécifique, du rabattement spécifique, la productivité de l’ouvrage,
le débit maximum admissible et le rabattement maximum admissible.

- La détermination des durées et des périodes de pompage.

- La détermination de la position optimale pour l’emplacement de la pompe.

Et ce par l’étude de l’évolution des rabattements en fonction des débits.

c) La détermination des différentes réserves d’eau dans la nappe (réserve exploitable,


réserve renouvelable, réserve non renouvelable).

3- Types d’essais de pompage

On distingue deux types d’essai:

- L’essai de nappe (aquifère test): qui permet d’obtenir la transmissivité, le coefficient de


perméabilité, le coefficient d’emmagasinement et le rayon d’action.

Ce type d’essais s’effectue avec le pompage de longue durée.

- l’essai de puits (well test) : permettant de déterminer les caractéristiques de l’ouvrage et de


son environnement immédiat pour déterminer si l’ouvrage répond aux besoins des usagers, de
définir ces limites d’exploitations, et la possibilité d’envisager des réhabilitations pendant
l’exploitation (remplacement de la pompe par exemple). Il permet également d’établir le
programme d’équipement de l’ouvrage (tubage, crépine, massif filtrant).

Ce type d’essais s’effectue avec le pompage par paliers de courtes durées.

4- Essais de pompage à paliers de débits de courte durée

Il s’effectue en réalisant des paliers de débit constant pendant une courte durée. On mesure le
rabattement à la fin de chaque palier ainsi que le débit. Chaque palier est suivi par un arrêt d’une
durée permettant la remontée de niveau d’eau.

Par expériences, trois paliers avec débits croissants, dont chacun de deux heures sont suffisants.

4-1- Interprétation

a- calcul des pertes de charge

Le rabattement mesuré dans l’ouvrage à un instant donné, est la somme de deux composantes

93
nommées pertes de charge caractéristiques du complexe aquifère- ouvrage.

- Une perte de charge linéaire provoquée par l’écoulement laminaire dans l’aquifère au
voisinage de l’ouvrage, notée:

B.Q

- Une perte de charge quadratique provoquée par l’écoulement turbulent dans l’ouvrage, la
crépine et le tubage, notée:

C.Q2

Le rabattement total sera:

s = B.Q + C.Q2

Cette équation est appelée l’équation de Jacob, établie pour les nappes captives, alors qu’elle
n’est plus valable pour les nappes libres que pour des rabattements mesurés inférieures à l’un
dixième de l’épaisseur de la nappe.

Avec s : en m, et Q : en m3/h

B et C : sont les coefficients de perte de charge linéaire et quadratique respectivement.

b- Estimation du débit maximal d’exploitation

On obtient en fin de chaque palier des couples mesurés (si, Qi). En reportant ces valeurs sur un
graphique arithmétique, avec s en ordonnées et Q en abscisse pour obtenir finalement la courbe
du rabattement en fonction des débits s = f(Q).

Cette courbe est formée par deux partie :

- une partie droite : correspondant à la perte de charge linéaire, dont la perte de charge
quadratique est nulle.

- une parie courbe : correspondant à la somme de la perte de charge linéaire et quadratique.


Quant cette partie est convexe : la perte de charge quadratique est importante, et quant elle est
concave, elle se traduit par un essai non valable (mesures altérés, décolmatage, amélioration de
la circulation de l’eau au voisinage immédiat de l’ouvrage).

94
Les deux partie se lient par le point A correspondant au débit critique Qc. Le débit maximal
d’exploitation est fixé légèrement inférieur au débit critique. Si aucune rupture de pente de la
courbe s = f(Q) n’apparaît clairement, le débit maximal est fixé en fonction du rabattement
maximal admissible, soit 1 m au dessus des crépines.

La résolution de l’équation de Jacob donne :

Q = [(B2 + 4.B.s)0,5–B] /(2.B)

En introduisant le rabattement maximal admissible à la place de Δ pour obtenir la valeur du


débit maximal.

c- Estimation des coefficients de perte de charge

En reportant les valeurs des couples (si/Qi, Qi) : (rabattements spécifiques, débits), en plaçant
les valeurs de rabattements spécifiques en ordonnées et les valeurs de débits en abscisse ; pour
tracer la courbe du rabattement spécifique en fonction du débit s/Q = f(Q).

Par comparaison avec l’équation de Jacob, nous obtenons:

s/Q = C.Q + B

Cette courbe est toujours une droite.

Avec C : la pente de la droite.

95
Et B : l’ordonnée à l’origine de la courbe (la droite)

Cette courbe peut prendre trois formes :

- une droite passant par l’origine (droite n°1 sur la figure) : B est nul ; traduisant un régime
turbulent et des pertes de charge turbulentes (quadratiques) résultant principalement de
l’écoulement dans l’ouvrage. Dans cas :

s/Q = C.Q → s = C.Q2

Et les pertes de charges laminaires sont négligeables.

- une droite verticale (droite n°3 sur la figure) : C est nul ; traduisant un régime laminaire, et
des pertes de charge laminaires résultant principalement de l’écoulement dans l’aquifère.

Dans ce cas :

s/Q = B → s = B.Q

Et les pertes de charge turbulentes sont négligeables.

- une droite recoupant l’axe des coordonnées ; dans ce cas, la perte de charge résulte de
l’écoulement dans l’ouvrage et dans l’aquifère.

Une première évaluation des pertes de charge et de l’état de l’ouvrage est donnée par Detay
(1993):

96
d- Estimation de la profondeur d’installation de la pompe

La profondeur d’installation de la crépine de pompe est fonction du niveau dynamique


prévisible. Ce niveau est donnée par le rabattement induit par le débit d’exploitation (débit
max.), majoré par des variations piézométriques annuelles (on augmente la cote de la crépine
de 2 à 3m).

5- Essais de pompage de longue durée

Ce type d’essais est à exécuter par un seul palier de débit (à débit constant) pendant 42 heures
au moins avec un optimum de 72 heures. La remonté du niveau doit être observée pendant une
durée égale.

5-1- Compagnes de mesures

a) Mesure avant pompage

Avant pompage, on mesure la profondeur de l’eau dans l’ouvrage de mesure (piézomètre,


forage) pour pouvoir détecter les variations naturelles de la nappe, on étalonne le système de
pompage (vanne, pompe…etc.), on vérifie les appareils de mesure, et on met des repères
visibles sur le sommet de tubage.

b) Pendant le pompage

On prend des mesures de débit, de temps et de rabattement (profondeur). Généralement, le


scénario de prise de mesures se fait comme suit d’après G. Castany :

97
c) Après l’arrêt de pompage

Après l’arrêt de pompage, on effectue les mêmes mesures précédemment et avec les mêmes
fréquences (même scénario)

5-2- Interprétation

5-2-1- La Méthode de Jacob

L’étude du régime d’écoulement transitoire pour les nappes captives, et les nappes libres peu
profondes conduit à résoudre les équations suivantes:

* pour une nappe libre peu profonde:

[S/(K.e)]. ∂φ /∂t = Δφ (1)


Avec :

S : coefficient d’emmagasinement (porosité efficace)

K : coefficient de perméabilité

e : épaisseur de la nappe

φ : la charge hydraulique

t : temps

Δ : opérateur de Laplace ; Δ = ∂2/∂x2+ ∂2/∂y2+ ∂2/∂z2

* pour une nappe captive :

[(mv+ n.B ) /K]. ω. ∂φ /∂t = Δφ (2)

Avec :

mv : coefficient de compressibilité élastique du terrain

n : volume des vides

B : coefficient de compressibilité du liquide

ω: poids volumique de l’eau

la résolution des équations (1) et (2) conduit à résoudre l’équation suivante dite équation de la

98
chaleur :

S/T. ∂s /∂t = Δs

Avec :

T : transmissivité

s : rabattement

Et puisque la diffusivité s’écrit : D = T/S

L’équation de la chaleur peut s’écrire donc, sous :

1/D. ∂s /∂t = Δs

En coordonnées cylindriques, l’équation de la chaleur s’écrit comme :

1/r.( ∂(r.∂s/∂r)/∂r = S/T. ∂s/∂t

→ S/T.∂s/∂t = ∂2s/∂r2+ 1/r. ∂s/∂r

en 1935, Theis (USA) a donné la solution de l’équation de la chaleur comme :

s = [Q/(4.π.T)]. W(u)

Avec W : la fonction du puits (fonction tabulée)

Avec u = r2.S/(4.T.t)

Cette équation est appelée : équation Theis.

avec C : coefficient appartient aux réelles.

Approximation de Jacob- Copper :

* pour u < 0,01 : la formule de Theis est approximée par :

s = [0,183.Q/T]. log10[2,25.T.t/(r2.S)]

99
Avec :

Q : débit de pompage

r : distance entre le point de mesure (piézomètre) et l’ouvrage où s’effectue le pompage, si les


mesures s’effectue dans l’ouvrage lui-même ; r : sera le rayon de l’ouvrage.

Cette équation est appelée équation de Jacob- Copper , elle n’est applicable que pour

- des durées de pompage longues.

- u < 0,01

- r ≤ 50 m.

5-2-2- Détermination de la transmissivité, de la perméabilité et du coefficient


d’emmagasinement

On reporte les couples de données mesurées (s, t) sur papier semi logarithmique, en reportant
les rabattements s en ordonnées, et les temps t en abscisses ; et en traçant la courbe : s = f[log(t)]

On tire du graphe la pente de la droite I et l’abscisse du prolongement de la droite t0. Par


comparaison avec l’équation de Jacob- Copper :

I = 0,183.Q/T

→ T = 0,183.Q/I

T = K.e , dont e : l’épaisseur de la nappe

100
→ K = T/e

Et t0 = r2.S /(2,25.T.t)

→ S = 2,25.T.t /r2

Remarque :

Si les mesures de rabattement sont effectuées dans le forage où s’effectue le pompage, r est
alors le rayon du forage.

Les mesures de rabattement sont effectuées dans un piézomètre, r est donc la distance séparant
le piézomètre de l’axe du puits.

5-2-3- cas d’un aquifère à limite étanche

Dans le cas d’un aquifère limité latéralement par une limite étanche ou par une faille, les points
sur la courbe s = f[log(t)] sont alignés correctement selon une droite de pente I1, jusqu’à un
temps de pompage ti , ensuite les rabattements augmentent brusquement pour s’alignés selon
une deuxième droite de pente I2 > I1

L’intersection des deux droite a comme abscisse : ti.

La première droite permet de calculer T, K et S.

Pour calculer la position d de la limite étanche par rapport à l’axe de l’ouvrage, on a :

* si r ≤ 10 m (r : distance entre l’ouvrage et le point de mesure) :

d = r/2. (ti ./ t0 )0,5

101
* si r > 10 m :

d = r/2. (ti ./ t0 )0,5+ r/2

5-2-4- Cas d’un aquifère à potentiel imposé

Dans le cas d’un aquifère limité latéralement par une limite à potentiel imposé (limite
d’alimentation, lac, rivière…etc.), le tracé de la courbe s = f[log(t)] montre que les rabattements
présentent un accroissement normal, puis ils marquent une stabilisation (courbe horizontale)
traduisant l’atteinte de la limite d’alimentation par la courbe du niveau dynamique

102
5-2-5- courbe de la remontée (courbe de récupération)

On mesure la remontée du niveau d’eau après l’arrêt de pompage.

Si ta : la durée de pompage

Et t’ : le temps de mesure des niveaux de remontée compté juste après l’arrêt de pompage

→ t = ta + t’

Les rabattements observés après l’arrêt de pompage sont le résultat :

- d’un rabattement s1 due à une poursuite fictive du pompage.

→ s1 = s = [0,183.Q/T]. log10[2,25.T.t/(r2.S)]

- et d’un rabattement s2 due à une injection fictive de l’eau dans l’ouvrage (débit négatif) :

→ s2 = s = - [0,183.Q/T]. log10[2,25.T.t’/(r2.S)]

→ le rabattement total dans le point de mesure est la somme de s1 et s2 :

s = s1 + s2 .

→ s = [0,183.Q/T]. ( log10[2,25.T.t /(r2.S)] - log10[2,25.T.t’ /(r2.S)] )

→ s = [0,183.Q /T]. log10[t /t’]

Détermination de la transmissivité

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si on trace la courbe s = f [log10(t /t’)] : nous obtenant une droite de pente i :

Par comparaison avec l’équation de s :

→ i = 0,183.Q /T

→ T = 0,183.Q /i

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