Vous êtes sur la page 1sur 12

CHAPITRE 1 : L’EAU ET LA CONSTRUCTION

Objectif général du cours :


A la fin de ce cours, l’étudiant doit être capable de :
– De comprendre la notion générale du cours d’hydrogéologie ;
– De caractériser la structure interne du sous-sol ;
– Comprendre l’interaction entre le sol/sous-sol et la construction ;
– Comprendre l’interaction entre l’eau et la construction.
Qu'est-ce que l’hydrogéologie ?
Pourquoi étudier l’hydrogéologie ?
Eau souterraine = à :
• ressource en eau potable,
• relations eau souterraine - eau de surface (qualité de l'eau, quantité d'eau,
écosystèmes),
• eau dans de nombreux risques (mouvements gravitaires (mouvement de terrain,
avalanches),
• inondations, coulées et boueuses,
• relations eau – ouvrages de Génie Civil …

1.1. Définition hydrogéologie


L'hydrogéologie est la science qui étudie les eaux souterraines. Cette science étudie les
interactions entre les structures géologiques du sous-sol (nature et structures des roches, des
sols) et les eaux souterraines ainsi que les eaux de surface.
L'hydrogéologie permet donc de connaître et de comprendre comment les structures
géologiques du sol et du sous-sol affectent les caractéristiques physico-chimiques de l'eau, sa
distribution, son écoulement et sa résurgence.
Fondamentalement interdisciplinaire (géologie, pédologie, chimie, hydraulique, etc.),
l'hydrogéologie a des implications dans de nombreux domaines comme l'exploitation de l'eau
bien entendu, mais aussi l'agriculture, le génie civil ou encore la production d'énergie
géothermique ou hydrothermique.
Cette science permet aussi d'assurer le contrôle et le suivi des ressources souterraines en eau,
tant du point de vue quantitatif que qualitatif.
L’hydrogéologie est donc indissociable de l’hydrologie de surface, de la climatologie, de la
géologie, de la géographie. De plus, comme toutes les sciences modernes, elle fait appel aux
innombrables domaines de la physique, de la chimie et de la biologie.
L’eau devenant un enjeu de plus en plus important, l’hydrogéologue moderne est aussi
confronté à des problèmes sociaux et politiques.
1.2.Branches fondamentales de l’hydrogéologie

1
L'hydrogéologie, également nommée hydrologie souterraine, est la science qui étudie l'eau
souterraine. Son domaine d'étude repose essentiellement sur deux branches des sciences de la
Terre à savoir : la géologie et l'hydrologie.
a. L’hydrologie
L'hydrologie est la science de la terre qui s'intéresse au cycle de l'eau, c'est-à-dire aux échanges
entre l'atmosphère, la surface terrestre et son sous-sol.
Au titre des échanges entre l'atmosphère et la surface terrestre, l'hydrologie s'intéresse aux
précipitations (pluie et neige), à la transpiration des végétaux et à l'évaporation directe de la
couche terrestre superficielle.
On distingue :
L'hydrologie de surface étudie le ruissellement, les phénomènes d'érosion, les écoulements
des cours d'eau et les inondations.
L'hydrologie de subsurface ou hydrologie de la zone non-saturée étudie les processus
d'infiltration, de flux d'eau et de transport de polluants au travers de la zone non saturée. Cette
zone a une importance fondamentale car elle constitue l'interface entre les eaux de surfaces et
de profondeur.
L'hydrologie souterraine ou hydrogéologie porte sur les ressources du sous-sol, leur captage,
leur protection et leur renouvellement.
L'hydrologie urbaine constitue un « sous-cycle » de l'eau lié à l'activité humaine : production
et distribution de l'eau potable, collecte et épuration des eaux usées et pluviales.

b. La géologie
La géologie est une discipline scientifique se focalisant sur les couches externes de la Terre,
notamment sur leur structure, leur composition et leur évolution au cours des temps passés et à
venir.
Dans sa globalité, c’est une science qui a pour objet de décrire et d'expliquer la nature, l'origine
et la situation des roches, des terrains, etc., constituant la croûte terrestre.
De ce fait, la géologie se compose de nombreuses disciplines spécialisées, comme la
minéralogie, la paléontologie, la pétrologie, la géodynamique, la géomorphologie, etc.
En géologie, l’étude de la structure terrestre peux se faire de manière fondamentale (Géologie
générale, expérimentale ; géologie stratigraphique ; musée de géologie) et appliquée dans un
domaine précis tel que : le Génie Civil.

2
1.3. L’eau sur la Terre et le cycle de l’eau

a. L’eau sur la Terre


L'alimentation de l'eau souterraine provient de l'infiltration à la surface du sol d'une fraction de
l'eau provenant des précipitations, mais seule une partie des précipitations s'infiltrera.

Figure 1 : l’eau sur la Terre.


b. Cycle de l’eau

Figure 2 : cycle de l’eau.


Examinons ce qu'il va advenir de l'eau issue des précipitations :
– une partie de cette eau va ruisseler et alimenter les cours d'eau superficiels (problèmes

3
d'hydrologie de surface) ;
– une partie de l'eau va retourner à l'atmosphère, sous forme vapeur : c'est
l'évapotranspiration qui est la somme de deux phénomènes :
• l'évaporation (phénomène physique) qui intervient à la surface des lacs, des cours
d'eau, mais aussi sur le sol ;
• la transpiration (phénomène biologique) qui est le fait de la couverture végétale.
– enfin une partie de l'eau issue des précipitations va s'infiltrer.
Pour pouvoir effectuer un bilan sur le cycle de l'eau, il va falloir se définir une surface de bilan
et une unité de temps de bilan.
– espace : notion de bassin versant ;
– temps : année hydrologique, mais on peut également faire des bilans à un pas de
temps plus faible.
Pourquoi faire un bilan ?
Il est intéressant de connaître, les débits qui transitent, le % d'eau qui va s'infiltrer… pour tous
les projets qui vont utiliser l'eau et également pour prévoir, les risques de pénurie, d'inondation
et les projets de construction des ouvrages de Génie Civil.
Les eaux de surface peuvent être réparties en 2 ensembles :
• les eaux courantes qui se déplacent par écoulement sur le sol ;
• les eaux non courantes animées de mouvements (lacs, mers et océans.)
Pour plus d’information : Vous trouverez des éléments sur le cycle de l'eau et l'origine de l'eau
sur Terre à l'adresse http://www.u-picardie.fr/beauchamp/.
Pour l'ensemble de cette partie du cours vous trouverez des compléments intéressants à l'adresse
http://hydram.epfl.ch/e-drologie/.
1.4. L’eau souterraine
Les eaux souterraines jouent un rôle essentiel dans la plupart des travaux entrepris par l’homme
et l’hydrogéologue tient une place de plus en plus importante au sein des équipes qui étudient
et suivent les opérations de génie civil. Il doit en effet préciser l’influence des réalisations
programmées sur le comportement de la nappe, évaluer leurs incidences environnementales et
définir les éventuelles modifications ou mesures compensatoires à adopter.
Les difficultés liées à l’eau souterraine peuvent concerner tous les types d’ouvrages ou
d’aménagements, que ce soit en phase de réalisation ou d’exploitation et quelles que soient leur
nature, leur importance ou leur finalité. La résolution des problèmes passe par la mise en œuvre
d’une étude hydrogéologique classique, bien évidemment adaptée au contexte naturel et aux
particularités des aménagements concernés. Elle nécessite aussi la prise en compte des données
historiques et des équipements périphériques, permettant de bien apprécier les fluctuations
piézométriques de la nappe dans le temps et la portée des travaux sur l’environnement naturel
et humain du site.

4
L’influence réciproque entre les ouvrages et les eaux souterraines tient principalement à leurs
positions respectives, ainsi qu’aux conditions d’écoulement et aux variations intersaisonnières
et interannuelles de la nappe.
1.5. Ressource globale en eau et dynamique des eaux
Sur la Terre, il y a l'eau visible : l'eau de mer, l'eau contenue dans les calottes polaires, les lacs, les
rivières, les nuages et la pluie ; et l'eau invisible : les eaux souterraines (tableau I).

Si l'eau est très présente sur la Terre, 97 % de la ressource est de l'eau salée et 2 % est bloquée sous
forme de glace. Il ne reste environ que 1 % d'eau sous forme d'eau douce liquide (figure 1).

Les eaux douces exploitées ont une origine continentale :

- les eaux de précipitations : atmosphère ;


- les eaux de surface : rivières, plans d'eau ;
- les eaux souterraines : elles proviennent du sous-sol (aquifères ou roches réservoirs)
captées par sources naturelles ou forages. Elles représentent 0,6 % de la ressource totale
en eau.

Tableau I : Volume et pourcentage d'eau sur Terre


Stocks d'eau terrestre 1,4 milliard de km3
océans, mers 1,35 milliard de km3 97,3 %
glaces 27,5 millions de km3 2,15 %
eaux souterraines 8,2 millions de km3 0,63 %
lacs, rivières 170 000 km3 0,01 %
humidité du sol 70 000 km3 0,005%
humidité de l'air 13 000 km3 0,001 %
eau des cellules vivantes 1 100 km3 0,0001 %

5
1.6. Notion de perméabilité et de porosité
L'eau peut pénétrer dans la roche : c'est la porosité de la roche. La porosité : correspond au
volume relatif des vides présents dans la roche (figure 5).
L'eau peut aussi traverser complètement la roche : c'est la perméabilité. La perméabilité mesure
de l'aptitude d’une roche à se laisser traverser par l’eau. La perméabilité correspond à la vitesse
à laquelle l'eau circule au sein de la roche (tableau IV et V).
La perméabilité (K en m/s), qui est issu de la loi de Darcy correspond à la conductivité
hydraulique, ce paramètre hydraulique est le volume d'eau qui percole pendant l'unité de temps
à travers l'unité de surface d'une section et ceci à la température de 20°C.
L'équation de Darcy s'écrit : Q = k.S. ∆H/L. Donc le débit Q (m3.s-1) est proportionnel à la
section S et ∆H et inversement proportionnel à L. k correspond au coefficient de perméabilité
de Darcy = perméabilité (m.s-1) S = surface (m²) et ∆H = perte de charge (m).

Tableau IV : Valeur du coefficient de perméabilité et influence


de la granulométrie

Figure 4 : Porosité et contenu


en eau des matériaux

TAF 1: Notion de perméabilité, porosité, conductivité thermique et conductivité


hydraulique.

1.7. Le Bassin versant


Le bassin versant, en une section d'un cours d'eau, est défini comme la surface drainée par ce
cours d'eau et ses affluents en amont de la section.
Tout écoulement prenant naissance à l'intérieur de cette surface doit traverser la section
considérée, appelée exutoire, pour poursuivre son trajet vers l'aval.

6
➢ Types de bassins versant
– Bassin versant topographique ou hydrologique
– Bassin versant hydrogéologique
a. Bassin versant topographique ou hydrologique

Si le sous-sol est imperméable, le


cheminement de l'eau ne sera déterminé
que par la topographie ; le bassin versant
sera limité par les lignes de crêtes et les
lignes de plus grande pente.
Le bassin versant est l'unité spatiale qui va
être utilisée pour effectuer un bilan
hydrologique.

Figure 5 : bassin versant topographique.

b. Le bassin versant hydrogéologique

Figure 6 : Bassin versant hydrogéologique.


Si la région est perméable, une partie des eaux tombées à l'intérieur du bassin versant
topographique s'infiltrent et sortent souterrainement du bassin. Inversement, on peut avoir
l'entrée d'eaux souterraines dans le bassin versant. Pour déterminer les limites du bassin versant
hydrogéologique, il est donc nécessaire de prendre en compte les limites géologiques.
Une des limites du bassin versant hydrogéologique est la ligne de partage des eaux. Cette limite
peut varier en fonction du niveau de l'eau dans la nappe.

7
Figure 7 : Variation des limites du bassin versant hydrogéologique.
Si la pluie diminue, la nappe peut se vidanger et dans ce cas la position de la ligne de partage
des eaux peut varier.
Les limites d'un bassin versant sont donc variables en fonction du temps, ce qui entraînera
quelques complications lorsque l'on voudra effectuer un bilan.
La différentiation entre bassin versant topographique et bassin versant hydrogéologique est
valable pour des petits bassins versants ; quand la taille augmente :
– les apports et les pertes ont plus de chance de se compenser ;
– le débit des cours d'eau augmente en fonction de la surface du bassin versant, par contre
les échanges souterrains varient en fonction du périmètre du bassin versant (échanges
aux frontières). Comme la surface augmente plus rapidement que le périmètre, les
échanges souterrains diminuent en pourcentage par rapport aux débits superficiels.
1.8. Nappes et aquifères

TAF 2 : nappes et aquifères.


TAF 3 : l’eau et les formations géologiques.
1.9. La pluie (TPE)
1.10. Le retour de l'eau à l'atmosphère : évaporation et évapotranspiration (TPE)
1.11. Les écoulements de surface (TPE)

2. Etat de répartition de l’eau dans les matériaux géologiques (TPE).

3. Eau souterraine et géodynamique externe

8
Les eaux souterraines sont un agent géologique général ; elles jouent un rôle actif dans les
processus géodynamiques, grâce à la large distribution spatiale de leur écoulement et à leur
forte capacité à interagir avec l’environnement (Toth, 1999).
Ces deux propriétés existent, avec une intensité variable, à toutes échelles de temps et d’espace.
Les interactions chimiques incluent précipitation/dissolution, hydratation, hydrolyse,
oxydoréduction, attaque acide, échange de bases… Les interactions physiques comprennent les
phénomènes de concentration, de nano filtration, de lubrification et de modification des
pressions de pore. L’interaction hydrodynamique ou cinétique comprend les processus de
convection, avec transfert de masse (eau, solutés, particules) ou d’énergie (chaleur).
Dans la géodynamique externe, l’eau souterraine joue ses deux rôles fondamentaux de vecteur
et de solvant.

– Dans son rôle de solvant, l’eau souterraine a joué au cours des temps géologiques un
rôle dans la mise en solution des minéraux. Selon leur solubilité et/ou leur rapidité
d’altération, la surface terrestre va évoluer à une vitesse plus ou moins perceptible à
l’échelle humaine. Ainsi, un seul épisode de pluie sur un diapir salé en zone aride va
produire des modifications instantanées de la morphologie, un écoulement d’eau
rapide dans des gypses provoquer des effondrements sensibles à l’échelle annuelle.
– En revanche, dans son rôle de vecteur, l’eau déplace substances en solution, en
émulsion ou en suspension. Du fait de la taille variable des vides dans le milieu
souterrain, les eaux pourront entraîner seulement certains petits ions (cas des barrières
de perméabilité argileuses dans certains gisements de pétrole), ou bien l’ensemble des
substances en solution (cas général des aquifères).
Dans le cycle de l’eau, le partage entre ruissellement et infiltration aura donc une grande
incidence sur l’érosion des sols et des roches des bassins versants, sur l’écrêtement des pics de
crue et sur le soutien des débits d’étiage des cours d’eau. Ce partage est à la fois fonction de la
perméabilité des sols et de leur substratum, mais aussi du régime des précipitations. Ainsi, un
orage méditerranéen en milieu marneux engendrera une crue violente, de courte durée et une
forte turbidité dans les eaux de surface, alors qu’une précipitation océanique de même hauteur
sur un plateau crayeux peu karstifié ne provoquera qu’une montée très amortie du niveau des
eaux de surface, sans incidence sur leur turbidité.
4. La construction
Définition
Type de construction

5. L’eau et la construction
Les eaux souterraines jouent un rôle essentiel dans la plupart des travaux entrepris par l’homme
et l’hydrogéologue tient une place de plus en plus importante au sein des équipes qui étudient
et suivent les opérations de génie civil.
Il doit en effet préciser l’influence des réalisations programmées sur le comportement de la
nappe, évaluer leurs incidences environnementales et définir les éventuelles modifications ou
mesures compensatoires à adopter.

9
Les difficultés liées à l’eau souterraine peuvent concerner tous les types d’ouvrages ou
d’aménagements, que ce soit en phase de réalisation ou d’exploitation et quelles que soient leur
nature, leur importance ou leur finalité.
La résolution des problèmes passe par la mise en œuvre d’une étude hydrogéologique classique,
bien évidemment adaptée au contexte naturel et aux particularités des aménagements concernés.
Elle nécessite aussi la prise en compte des données historiques et des équipements
périphériques, permettant de bien apprécier les fluctuations piézométriques de la nappe dans le
temps et la portée des travaux sur l’environnement naturel et humain du site.
L’influence réciproque entre les ouvrages et les eaux souterraines tient principalement à leurs
positions respectives, ainsi qu’aux conditions d’écoulement et aux variations inter-saisonnières
et interannuelles de la nappe.
5.1. Fluctuations naturelle de la nappe.
La surface piézométrique d’une nappe est directement influencée par les conditions
pluviométriques de son environnement et présente des variations permanentes qui régulent son
état d’alimentation et ses possibilités de drainage.
L’amplitude des battements varie très sensiblement suivant la nature de l’aquifère, mais aussi
d’un point à un autre de la nappe. Elle peut se traduire par des remontées importantes lors des
périodes d’alimentation excédentaires, ou au contraire conduire à des baisses sensibles à la suite
de périodes déficitaires.
Les aménagements doivent impérativement prendre en compte ces fluctuations naturelles, sous
peine de subir des désagréments ou des dommages variables, pouvant aller de la simple
inondation par débordement de nappe à des désordres aux structures sous l’effet des poussées
hydrauliques ou, au contraire, du déjaugeage excessif des terrains.
Il est fréquent que les caves ou les sous-sols de constructions soient inondés lors d’une remontée
de nappe. Ce cas est d’ailleurs très classique dans les plaines, où coexistent un cours d’eau et
sa nappe d’accompagnement, celle-ci pouvant réagir très vite aux crues de la rivière.
Aujourd’hui, avec la multiplication des sous-sols enterrés sur plusieurs niveaux en zones
urbaines, des équipements spécifiques de protection sont mis en œuvre, soit en étanchant la
totalité des parties menacées du bâtiment par un cuvelage, soit en prévoyant des dispositifs de
collecte et d’évacuation des eaux souterraines (radiers drainants et puisards équipés de pompes).
Un autre exemple, tout à fait représentatif des effets d’une remontée de nappe, est fourni par un
chantier de construction où une piscine enterrée venait d’être installée dans la fouille ouverte à
cet effet. Cette excavation, très proche d’un cours d’eau, entaillait des alluvions limono-
sableuses recelant une nappe superficielle d’accompagnement. Lors d’une crue subite du
vallon, la piscine a été soulevée sous l’effet des sous-pressions générées par la brusque montée
de la nappe, puis s’est disloquée lors de la baisse piézométrique.
Pour résister aux poussées hydrauliques, il est fréquent que des ouvrages enterrés soient lestés
à leur base ou solidarisés à leur assise par des ancrages.
De tels événements sont souvent de courte durée et n’induisent que des sinistres épars et à
portée limitée. Le drame généré par la crue de la Somme au cours de l’hiver 2001 est en
revanche d’une toute autre ampleur. Ce phénomène a été d’une intensité rare, tant par sa durée

10
(7 mois) que par l’étendue des zones concernées (départements de la Somme, de l’Aisne et de
l’Oise). La conjugaison, d’une part d’une topographie et d’une géologie favorisant l’infiltration,
et d’autre part d’une pluviométrie anormale et soutenue, a conduit à une rapide saturation de la
couverture superficielle limoneuse et de son substrat crayeux. Au-delà des débordements du
réseau hydrographique, c’est véritablement une remontée générale de l’ensemble des nappes
qui a submergé les zones basses, inondé nombre de constructions et entraîné la fissuration et
l’affaissement de bâtiments et d’ouvrages divers (Caudron, 2002).
L’effet inverse, correspondant aux baisses piézométriques anormales, peut également favoriser
la désorganisation de certains ouvrages par modification des caractéristiques de leur sol porteur.
Ce fut le cas, en particulier, dans plusieurs régions françaises lors de la sécheresse des années
1989 à 1992, où de nombreux bâtiments construits sur des terrains argileux ont été affectés par
des fissurations multiples, résultant du retrait lié à la dessiccation du sous-sol.
5.2. Influence des ouvrages établis en terrain aquifère.
Les infrastructures implantées dans une formation aquifère perturbent, de façon plus ou moins
durable, l’état et le régime d’écoulement de la nappe, en créant des barrages ou des
rétrécissements de sa section ou, au contraire, en accentuant son drainage.
Ces situations vont avoir des répercussions sur la conduite des travaux et demandent des études
détaillées pour résoudre les problèmes de fondation et de stabilité. Elles peuvent également se
répercuter sur l’environnement du chantier et nécessiter un examen des impacts prévisibles et
des mesures de protection à mettre en œuvre.
a. Rôle de barrière hydraulique
La situation la plus simple correspond à un mur de soutènement établi au front d’un terrain
temporairement aquifère. Ce cas est fréquent au droit des versants argilomarneux empâtés par
une frange d’altération ou par une couverture ébouleuse d’épaisseur variable. Il n’est pas rare,
surtout lorsque les travaux sont conduits en saison sèche, que l’ouvrage soit sous-dimensionné
et souvent même dépourvu de drainage. Les saisons pluvieuses et la saturation des terres
soutenues vont généralement précipiter sa rupture, soit sous l’effet direct de la pression
hydraulique, soit sous l’effet de la diminution de leur angle de frottement et de l’accroissement
des poussées sur l’ouvrage dans le cas de terrains cohérents.
Le rôle de barrage s’exerce pleinement lorsqu’un ouvrage est encastré dans une nappe
permanente sur une longueur représentative, ce qui est fréquemment le cas dans les zones
urbaines, où l’utilisation du sous-sol tend à s’intensifier pour y établir des niveaux enterrés
(parkings en sous-sol) et des tracés souterrains (métros). Dans certains secteurs, la concentration
d’ouvrages enterrés est telle que la nappe, initialement libre, peut devenir captive sous les
infrastructures réalisées.
C’est lorsque les ouvrages sont disposés transversalement à la direction d’écoulement de la
nappe que les perturbations sont les plus sensibles. Elles peuvent se traduire par une remontée
piézométrique amont et une baisse aval, ainsi que par une variation des directions d’écoulement
de la nappe et une augmentation de son gradient hydraulique entre les ouvrages et à leurs
extrémités. Les conséquences les plus fréquentes sur le bâti périphérique tiennent à l’inondation
de caves ou de niveaux inférieurs à l’amont immédiat, du fait des remontées piézométriques,
ainsi qu’à des affaissements220 22 • L’eau et la construction localisés résultant de

11
l’entraînement de fines et de la formation de renards, par accroissement des vitesses de
circulation sur les sites à fort gradient hydraulique.
Dans un tel contexte, la conduite des travaux nécessite en effet de ceinturer le chantier par une
paroi étanche, réalisée par divers procédés (voiles d’injection, paroi moulée, ceinture de
palplanches, enceinte de pieux sécants), et d’assécher le fond de fouille par des pompages dans
des puisards de collecte ou dans des forages crépinés.
Les dispositions mises en œuvre pour maintenir l’écoulement de la nappe permettent
généralement de limiter les variations piézométriques induites à quelques décimètres ou
quelques mètres, que leur action soit permanente ou temporaire.
Dans certains cas, le drainage de la nappe est assuré par la structure propre des parties enterrées
de l’ouvrage souterrain, soit par des barbacanes ouvertes dans la paroi imperméable, soit par un
radier drainant, ou encore par un dispositif mixte.
Les écoulements, collectés vers des puisards et repris par pompage, sont ensuite rejetés dans le
réseau de pluviales ou réinjectés dans la nappe à l’aval, si le contexte environnant le permet.
Dans d’autres cas, tant en phase de chantier qu’en phase définitive lorsque l’étanchéité de la
structure est totale, les solutions de continuité hydraulique sont assurées par des dispositifs
externes à l’ouvrage, qu’il s’agisse de massifs filtrants enveloppant les structures souterraines
ou de drains subhorizontaux rayonnants établis sous les bâtiments. Haffen (1977) évoque des
adaptations de ce type au droit des tronçons souterrains des métros de Munich et de Duisbourg
en Allemagne et de Vienne en Autriche, enterrés dans les alluvions sablo-graveleuses aquifères
de l’Isar, du Rhin et du Danube.
À Nice (Alpes-Maritimes), le parking souterrain du Cours Saleya, établi dans les alluvions
aquifères du Paillon à proximité du littoral, est équipé d’un système original de quatre
canalisations permettant de ponter la nappe d’amont en aval (Pline, 1991).
Cette disposition n’a pourtant pas enrayé la remontée amont de la nappe, responsable, en
particulier, de la déstabilisation de la chapelle de la Miséricorde, dont la sauvegarde a nécessité
la récente reprise des fondations par micropieux.
b. Rabattement provoqué
Les drainages provoqués dans le cadre de grands travaux peuvent avoir des répercussions
nettement plus importantes sur leur environnement que celles des chantiers limités par des
parois étanches et donc réalisés en milieu confiné.
Leur influence peut en effet se traduire par des rabattements de plusieurs dizaines de mètres et
être ressentie sur des sites relativement éloignés, avec toutes les conséquences résultant de telles
modifications sur le régime des eaux souterraines :
• tarissement de sources, dénoyage de puits et de forages d’eau, assèchement de lacs ou
de vallons suspendus, sous l’action directe du rabattement excessif de la nappe ;
• affaissements ou effondrements induits, en relation avec le dénoyage des terrains et avec
l’accroissement du gradient hydraulique de la nappe (entraînement de fines et lessivage
de remplissages meubles).

12

Vous aimerez peut-être aussi