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EWASH & TI Journal, 2020 Volume 4 Issue 2, Page 356-362
Environmental and Water Sciences, Public Health & Territorial Intelligence

Env.Wat. Sci. pub. H. Ter. Int. J.
ISSN Electronic Edition : 2509 - 1069
Acces on line : http://revues.imist.ma/?journal=ewash-ti/
Section : Environmental and Water Sciences

Publication type : Full Paper
Impact of hydroagricultural structures on groundwater in arid

area. Case of the KTAOUA aquifer (Middle Valley of Draa)
Impact des aménagements hydroagricoles sur les eaux souterraines en
zone aride. Cas de l’aquifère de KTAOUA (Moyenne vallée de Draa)
Received 03 Apr. 2020 HINDE CHERKAOUI DEKKAKI
Accepted 29 Apr. 2020 (1) Laboratory of Research and Development in Engineering Sciences
On line 30 June 2020 Research team - Applied Geosciences and Geological Engineering
Department of Earth and Environmental Sciences
Faculty of Science and Technique of Al Hoceima / Abdelmalek Essaadi University
BP 34. Ajdir - 32003 - Al Hoceima - Morocco
Email : hcherkaouidekkaki@uae.ac.ma
KEY WORDS Abstract In an area strongly marked by the features of aridity, the Middle Draa
Alluvial water table, constitutes a discontinuous hydraulic area entirely dependent on the Draa river
Hydroclimatology, whose very irregular regime was regulated by the Mansour Eddahbi dam.
Hydrogeology, Middle Draa Since its operation, this infrastructure has been able to improve the availability of
Valley, Piezometry. water in the Middle Draa following the mobilization of surface water and
consequently increase the area annually cultivable, which has changed the
regime of the underground water tables. Also, through this paper, we present a
hydrogeological synthesis of the Ktaoua aquifer, one of the six aquifers in the
Middle Draa Valley to define the main potentials and identify the main effects
related to the hydroagricultural development in place.
MOTS CLES Résumé Dans un domaine fortement marqué par les traits de l'aridité, le Moyen
Nappe alluviale, Draa constitue une aire hydraulique discontinue entièrement dépendante de
Hydroclimatologie, l’oued Draa dont le régime très irrégulier a été régularisé par le barrage Mansour
Hydrogéologie, Moyenne Eddahbi. Depuis son fonctionnement, cet ouvrage a pu améliorer les
vallée du DRAA, disponibilités en eaux dans le Moyen Draa, suite à la mobilisation des eaux
Piézométrie. superficielles et par conséquent augmenter les superficies annuellement
cultivables, ce qui a modifié le régime des nappes phréatiques sous-jacentes.
Aussi, à travers ce papier, nous présentons une synthèse hydrogéologique de la
nappe de Ktaoua, une des six nappes de la Moyenne vallée de Draa pour en
définir les principales potentialités et en dégager les principaux effets en lien avec
l’aménagement hydroagricole en place.
AA
1. Introduction variations annuelles et quotidiennes sont

Le long de la moyenne vallée du Draa, étroite dépression accentuées [1] ;
entre le massif du Saghro et le domaine saharien, la vie - Les disponibilités en eau très limitées aussi bien pour
humaine se distribue en un chapelet de six palmeraies l’irrigation que pour l’alimentation des habitants en eau
jalonnant le tronçon moyen de l’oued Draa sur environ potable [1] ;
200 Km.
- Les disponibilités en aires cultivables très limitées.
Dans ces contrées fortement arides, l’agriculture, En effet, La couverture végétale et les sols se
principale activité économique de la population locale est distinguent par leur pauvreté et leur faible évolution.
entièrement tributaire du régime du Draa. Cette activité
- - Les formations végétales sont soit inexistantes soit
est soumise à de nombreuses contraintes qui s’opposent
sporadiques et tributaires des conditions locales de
à son développement et dont les plus importantes sont :
l’alimentation [1], [2] ;
- L’aridité du climat, très marquée par une faible
- L’accentuation des phénomènes d’ensablement et
pluviométrie et des températures très élevées dont les
d’érosion. Les conditions de l’écoulement et de l’érosion
H. CHERKAOUI DEKKAKI 356

sont particulières, les cours d’eau pérennes sont cultivables. Ce qui a modifié le régime des nappes
exceptionnels et tributaires des régions périphériques phréatiques sous-jacentes et notamment leurs conditions
arrosées. Les formes d’érosion sont dues soit au vent d’alimentation particulièrement par la reinfiltration des
soit à l’action mécanique suite aux variations eaux dans le lit du Draa lors des lâchers du barrage.
thermiques sur les roches ; mais en l’absence d’eau, ces
Aussi, à travers ce papier, nous présentons une synthèse
phénomènes sont limités [1], [3].
hydrogéologique de la nappe de Ktaoua, une des six
En plus de ces contraintes majeures, d’autres facteurs nappes de la Moyenne vallée de Draa pour en définir les
peuvent entraver le développent agricole ainsi que toute principales potentialités et en dégager les principaux
autre activité économique dans la région tel que le taux effets en lien avec l’aménagement hydroagricole en place.
d’analphabétisme très élevé dans le milieu rural,
l’enclavement de la zone ainsi que l’insuffisance des voies 2. Matériel et méthodes
d’accès ce qui accentue inévitablement l’exode vers les 2.1. Présentation de la zone d’étude
grandes villes et l’abandon des terres essentiellement en
Situation géographique
période de sécheresse [4], [5].
Au centre du massif anti atlasique, au Sud du Maroc, le
Afin de pallier toutes ces contraintes, et avec le
bassin du Draa s’étend sur une superficie de l’ordre de
lancement de la politique des grands barrages en 1967, la 100000 Km2 [6]. Il se subdivise en trois unités
décision de l’aménagement du périmètre du Moyen Draa
homogènes : Le Haut Draa, le Moyen Draa ou la moyenne
ainsi que la modernisation de son système d’irrigation fut
vallée du Draa et le Bas Draa.
prise. Cette modernisation résidait particulièrement dans
la construction du grand barrage Mansour Eddahbi, édifié Le long du tronçon moyen du Draa, la vie humaine se
à l’aval immédiat de la confluence des oueds : Ouarzazate, distribue en un chapelet de six palmeraies jalonnant le
Dades et N’ait Douchen, principaux affluents du haut Draa sur environ 200Km et au-dessous desquelles, gitent
bassin de l’oued Draa. des nappes alluviales portant les mêmes noms.
D’amont en aval, ces palmeraies portent les nominations
Depuis sa mise en service, cet ouvrage a pu améliorer les de : Mezguita, Tinzouline, Ternata, Fezouata, Ktaoua et
disponibilités en eaux dans le Moyen Draa en générale, M’Hamid. La palmeraie de Ktaoua étant la cinquième du
suite à la mobilisation des eaux superficielles et par chapelet.
conséquent, augmenter les superficies annuellement
Fig. 1 : Situation de l'aire d'étude

Source : [1]
Contexte hydrologique et hydrogéologique - Carte topographique du Ktaoua au 1/10 000, élaborée

par l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole
La moyenne vallée du Draa sépare l'Anti-Atlas oriental de
(ORMVAO).
l'Anti-Atlas occidental, par sa Tarhia (Canyon étroit).
Après avoir glissé sur les roches essentiellement 2.3.2. Données de terrain
rhyolitiques, l'oued voit son lit s'étaler dans des schistes
- Données de la compagne piézométrique effectuée en
où il a taillé des terrasses (de formations géologiques
juillet 2000 (26 piézomètres/puits fonctionnels, pour
essentiellement alluvionnaires quaternaires) qui une superficie de 160 Km2).
supportent les palmeraies.
2.3.3. Données archivées
A chaque étranglement de la vallée, dans des quartzites,
un resserrement (dit foum ou seuil, selon sa situation en - Données climatologiques de la station d’Asrir de
amont ou en aval de la palmeraie), délimite les oasis et les l’ORMVAO ;
nappes sous-jacentes, en les individualisant [7]. - Données hydrologiques du service Eau de Ouarzazate,
D'amont en aval nous pouvons distinguer six unités actuel délégation de l’Agence du Bassin Hydraulique de
principales qui correspondent à autant d'entités Draa - Noun, à Ouarzazate.
hydrogéologiques. De la tarhia du Draa au M'Hamid nous
traversons successivement : - Paramètres hydrodynamiques de la nappe de Ktaoua
inventoriés par consultation de plus de 60 fiches de
- Le seuil de Tansikht qui sépare les deux premières forages/sondages (données asynchrones) archivés au
palmeraies de Mezguita et de Tinzouline ; niveau du service Eau de Ouarzazate.
- Le foum Azlag qui fait suite au Aït-Seddrat et à 3. Résultat et discussion
Tinzouline ;
3.1. Résultats
- Le seuil de Zagora séparant le Ternata en amont du
Hydroclimatologie
Fezouata en aval ;
La région étudiée est caractérisée par :
- Le foum Takkat qui est le premier grand foum du Bani
avant le Ktaoua ; - Un microclimat relativement humide au sein d’une zone
climatique méditerranéenne désertique à la limite de
- Le foum Tidri entre le Ktaoua et le M'Hamid est
l’aridité et de l’hyperaridité. Ce climat est marqué par
l'exutoire aval de la moyenne vallée du Draa.
une faible et irrégulière pluviométrie moyenne
2.2. Méthodologie adoptée inter-annuelle (76 mm), des températures élevées
(21°C) dont les variations annuelles et quotidiennes sont
Afin de caractériser hydrogéologiquement la nappe
accentuées et une forte évaporation pouvant attendre
alluviale de Ktaoua et établir le bilan de nappe
les 3m/an |1] ;
correspondant, les étapes suivantes ont été entreprises :
- Des disponibilités en eau très limitées aussi bien pour
- Caractérisation hydroclimatologique de la zone d’étude ;
l’irrigation que pour l’alimentation des habitants en eau
- Inventaire des aménagements hydroagricoles locaux et potable. Les apports d’eaux superficielles sont très
calcul des débits d’eau destinée à l’irrigation ; limités et irréguliers et les ressources en eaux
souterraines sont très limitées et salées à l’instar de
- Elaboration des cartes hydrogéologiques (carte
toutes les nappes d’eau souterraines situées en aval de
piézométrique, carte d’isobathes, carte d’isolateurs de ZAGORA ;
salinité) ;
- L’accentuation des phénomènes d’ensablement et
- Inventaire des paramètres hydrodynamiques de la d’érosion. Les conditions de l’écoulement et de l’érosion
nappe étudiée ; sont particulières, les cours d’eau pérennes sont
- Calcul du Bilan de la nappe ; exceptionnels et tributaires des régions périphériques
arrosées.
- Interprétation des résultats.
Aménagement hydroagricole
2.3. Donnés utilisées
Afin de pallier toutes ces contraintes déjà citées, et avec
2.3.1. Cartes de base le lancement de la politique des grands barrages en 1967,
- Carte géologique du Maroc au 1/200000 : Feuille de la décision de l’aménagement du périmètre du Moyen
Zagora - Coude du Draa - Hammada du Draa (1989) ; DRAA ainsi que la modernisation de son système
d’irrigation fut prise. Cette modernisation résidait
- Carte topographique de Tagounite au 1/100000 (1973) ; particulièrement dans la construction du grand barrage
- Carte hydrogéologique de Ktaoua au 1/50000 |1] ; MANSOUR DAHBI, édifié à l’aval immédiat de la
confluence des oueds : OUARZAZATE, DADES et N’AIT
DOUCHEN, principaux affluents du haut bassin de l’oued Profondeur de la nappe de KTAOUA

DRAA. Ce grand ouvrage, d'une capacité de 529 Mm3, a
La profondeur du plan d’eau par rapport au sol pour
permit en grande partie la régularisation du régime des
l’ensemble des piézomètres prospectés (Campagne de
cours d’eau du Moyen DRAA et par conséquent l’irrigation
juillet 2000), varie entre 11 et 4 m. A partir de la carte
des six palmeraies qui couvrent une superficie de
d’isobathes de la nappe de KTAOUA ainsi que la
26 118 ha avec une dose de 250 Mm3/an, la protection de
prospection du terrain, nous remarquons que le niveau
la moyenne vallée contre les inondations, la production
d’eau est proche de la surface du sol à proximité du seuil
de l’énergie électrique et enfin l’alimentation en eau
amont et foum aval qui se présentent sous forme
potable et industrielle de la ville de OUARZAZATE.
d’étranglements, ce qui surélève le niveau piézométrique
Une fois libérée, la fraction des eaux régularisées par le
et se traduit par des zones d’émergence et de formation
barrage MANSOUR DAHBI est reprise par cinq barrages de
des croûtes salines. En plus de cette évolution
dérivation en aval du grand ouvrage et qui sont d’amont
longitudinale de la profondeur, nous pouvons remarquer
en aval : AGDEZ, TANSIKHT, IFLY, AZAGHAR et BOUNOU.
une évolution latérale marquée essentiellement par une
Ces eaux sont ensuite redistribuées via des canaux
augmentation de la profondeur sur les bordures où le
principaux et des seguias. Ce réseau d’irrigation favorise
niveau d’eau atteint les 11m en aval de la rive gauche de
les deux dernières palmeraies situées en aval
la palmeraie. Cette augmentation est en grande partie en
contrairement à la règle traditionnelle qui favorise
relation avec le reg moyen qui surplombe l’étage récent
l’amont sur l’aval. Ainsi, la confrontation eau-terre exclue
de 5 à 6 m et les aires cultivées.
tout critère de distribution de l’eau proportionnellement
aux superficies irriguées. Piézométrie de la nappe de KTAOUA
A l’échelle temporelle, la fraction libérée par le barrage A partir de la carte piézométrique dressée suite à la
MANSOUR DAHBI ou lâcher est tentée en diminuant ou campagne de juillet 2000.
en augmentant son débit selon l’hydraulicité de l’année.
Hydrogéologie
Lithologie et géométrie de la nappe de Ktaoua
La nappe de KTAOUA est une nappe alluviale libre
couvrant une superficie de l’ordre de 160 Km2. La forme
générale de l’aquifère correspond à une cuvette à
substratum schisteux imperméable, comblée par des
dépôts alluvionnaires du Quaternaire moyen et récent qui
supportent la palmeraie de KTAOUA et où circule la
nappe. En amont et en aval de cet aquifère, des
resserrements de nature quartzitique d'âge ordovicien, en
forme de seuil et foum affleurent en surface [2].
Ce qui permet de bien individualiser la nappe de celle qui
la succède et de celle qui la précède. La puissance
moyenne est de l'ordre de 35m.
Du bas vers le haut de la coupe type du remplissage
alluvial quaternaire de cette nappe nous pouvons
distinguer :
- 5m de limon de couverture, de nature sableuse et de Fig. 2 : Esquisse piézométrique de la nappe de Ktaoua
couleur marron ; Etat de juillet 2000
Source : [1]
- 25m de formations alluvionnaires grossières à aspect
conglomératique bien prononcé ; Au-dessous de la palmeraie de KTAOUA circule une nappe
libre, cylindrique, à surface piézométrique régulière.
- Bed rock schisteux.
Toutefois, elle est perturbée par endroits par des zones
Cette coupe peut varier sensiblement d’un point à l’autre déprimées correspondant aux axes de drainage naturels.
de la cuvette, conséquence directe de la variation de la Au niveau de cette nappe, l'axe principal du drainage suit
puissance ainsi que le degré de cimentation des niveaux le tracé actuel du DRAA sauf dans la partie Nord où il
indurés. s'éloigne sensiblement dudit lit tout en y restant parallèle.
Suivant les lignes de courant ainsi tracées, la direction
générale de l’écoulement est Nord - Sud.

A l’intérieur de cette nappe, le gradient hydraulique croit d’irrigation et particulièrement le nombre des lâchers
au voisinage du seuil amont puis diminue au centre de la ainsi que les doses lâchées pour cette fin. Au cours d’une
nappe pour augmenter ensuite au voisinage du foum aval. année moyenne, les fluctuations de la nappe présentent
Sur la bordure droite de la nappe, au voisinage de un maximum en été au mois d’août et un minimum en
Tagounite, des apports d’eau douce issus des automne au mois de septembre. Pour l’année 1999,
sous-écoulements des oueds feija sont bien individualisés. l’amplitude des fluctuations est de l’ordre de 1m et ce
pour l’ensemble des piézomètres prospectés.
Paramètres hydrodynamiques
Bilan hydrogéologique de la nappe de Ktaoua
Les différents paramètres hydrodynamiques retenus dans
le cadre de cette étude sont affichés sur le tableau Pour l’aquifère à nappe libre de KTAOUA, les différents
ci-dessous. termes du bilan hydrogéologique sont récapitulés sur le
tableau ci-dessous :
Tab. 1 : Paramètres hydrodynamiques de la nappe
alluviale de Ktaoua Tab. 2 : Bilan moyen de la nappe alluviale de Ktaoua
pour l’année 1998/1999
Valeur Valeur Valeur
Paramètres
max. moy. min. Entrées Sorties
Concepts
Perméabilité (m/s) 4.8 10-4 2.5 10-4 3.5 10-5 (Mm3) (Mm3)
Entrées
Transmissivité (m2/s) 1.3 10-2 7.0 10-3 7.3 10-4
Infiltration efficace 0.80
Coefficient
d’emmagasinement
- 3.0 10-2 - Infiltration des lâchers du 13.15
barrage MANSOUR EDDAHBI
Gradient hydraulique (‰) 5.00 2.40 1.48
Apport souterrain au droit 0.50
Source : [1]
des seuils
De ce tableau il ressort que les valeurs du coefficient
Apport souterrain à partir
d'emmagasinement sont en faveur d'un écoulement en 0.90
des sous - écoulements des
nappe libre.
oueds feija
D'autre part, au sein de l'aquifère de KTAOUA, la
Total des entrées 15.35
perméabilité varie horizontalement et verticalement. En
effet, à la sortie de chaque seuil, se forment des cônes de Sorties
déjection avec des éléments grossiers alternant avec des
termes graveleux. Au-delà de cette zone, la sédimentation Résurgences 8.90
devient grossière jusqu'à la proximité du foum aval. Prélèvements 0.00
A l'échelle verticale, l'hétérogénéité des alluvions entraîne
une variation de la perméabilité en fonction de l'épaisseur Perte à l’aval des foums 0.28
de chaque étage et des dépôts qui le composent. Total des sorties 9.18
Les coefficients de perméabilité les plus forts, sont
attribués aux dépôts consolidés ou tassés du Quaternaire Solde : 6.17
moyen (conglomérat ou alluvions très argileux). Source : [1]
Les coefficients les plus faibles sont par contre attribués
aux limons qui supportent les palmeraies. Le bilan relatif à la nappe de KTAOUA n’est pas équilibré,
le solde traduisant la variation de la réserve en eau
Les valeurs du débit moyen sous - écoulé sont de l'ordre souterraine est positif et de l’ordre de 6.17 Mm3.
de 214.2 l/s à l'est de la palmeraie de KTAOUA. Cette valeur correspond en grande partie à l'évaporation
Régime de la nappe comme le niveau de la nappe est proche de la surface du
sol. D’autre part et malgré les nombreuses imprécisions
Le suivi de l’évolution piézométrique de la nappe en qui se sont imposées lors de l’établissement de ce bilan,
certains points de mesure a révélé que le régime de cette nous pouvons globalement considérer que la nappe de
nappe est en grande partie tributaire des volumes lâchés KTAOUA est essentiellement alimentée par reinfiltration
par le barrage MANSOUR EDDAHBI. des eaux d’irrigation. En effet, ces eaux participent à 68%
Ces volumes sont à leurs tours dépendants de l’état dans la recharge de la nappe étudiée. Par contre les
hydrologique général de la période considérée (Stock apports issus des sous-écoulements des oueds feija
initial de la retenue et apport au barrage entre autres). véhiculant des eaux douces sont faibles et demeurent
insuffisants pour pallier la salinité des eaux souterraines
A l’échelle saisonnière, les fluctuations piézométriques de KTAOUA.
sont aussi liées au régime d’apport et donc aux périodes
Ces apports participent à 7% dans la recharge de la nappe. 4. Conclusions

De même, l’infiltration efficace, très faible ne parvient pas La mise en service du grand barrage MANSOUR ED DAHBI,
à atténuer même sensiblement la salinisation des eaux a certes contribué à une manifeste amélioration des aires
souterraines de la nappe étudiée. annuellement cultivables dans le périmètre du Moyen
Réserves en eaux souterraines de la nappe de KTAOUA Draa et d'en assurer l'irrigation, toutefois des effets
(Etat de juillet 2000) hydrologiques et hydrogéologiques conséquents en aval
du barrage sont ressentis, essentiellement au niveau du
D’après les calcules et mesures effectuées dans le cadre Moyen et Bas Draa.
de cette étude, les réserve régulatrice (RR) et réserve
permanente (RP) de la nappe de KTAOUA sont En effet, dans son ensemble, le territoire du DRAA a
respectivement estimées à 15.6 et 94.0 Mm3 d’où une connu depuis quelques années d’importantes
réserve totale de l’ordre de 109.6 Mm 3. La réserve modifications de point de vue aménagement territorial et
régulatrice représente 14% de la réserve totale. activités associées. Ainsi, sur une superficie totale
d’environ 100 000Km2 à l’océan atlantique, l’oued Draa
3.2. Discussion n’atteint plus son embouchure à Tan-Tan
Au vu des résultats obtenus, nous pouvons globalement qu’exceptionnellement (trois ou quatre fois au cours de
constater que : 30 ans selon les dires des habitants de Tan-Tan), et ce
D'un point de vue hydro - climatologique : le climat pour diverses raisons, dont la mise en service du barrage
méditerranéen désertique à la limite de l'aridité et de MANSOUR EDDAHBI, régularisant la majorité des eaux des
l'hyperaridité ainsi que les apports d'eaux superficielles cours du Haut Draa.
très limités font que l'irrigation est obligatoire pour toute Suite aux données recueillies dans le cadre de cet article,
culture dans la vallée et les besoins en eau se font sentir
certaines propositions spécifiques à la nappe de Ktaoua
durant toute l'année.
peuvent être prises en considération. Ainsi :
D'un point de vue aménagement hydroagricole : la mise
 Afin d’éviter les recharges de la nappe de KTAOUA,
en service du grand barrage MANSOUR EDDAHBI, a
recharges souvent engendrées par les lâchers du barrage
contribué à une manifeste amélioration des aires
MANSOUR EDDAHBI, ainsi que la pratique d’une irrigation
annuellement cultivables dans le périmètre du Moyen
massive et mal menée, il faut :
DRAA et d'en assurer l'irrigation. Ce qui a pu réduire
l'exode vers les grandes villes, particulièrement en - Installer un bon système de drainage. Le lessivage
période de sécheresse. L'objectif principal de l'édification naturel par les eaux précipitées n’est pas suffisant voire
de ce grand ouvrage était donc l'irrigation des palmeraies même sans effet à long terme. Les sels lessivés vers les
du Moyen DRAA avec une dotation de 250 Mm3/an pour nappes souterraines regagnent rapidement la surface du
satisfaire les besoins en eau de 19000 ha seulement. sol soit par pompage soit par remontée capillaire ; et
Actuellement, le total des parcelles équipées et destinées assurer une meilleure gestion et planification de la
à l'irrigation est estimé à 26 118 ha, d'où la nécessité distribution des eaux. Pour cela, il faut avoir une bonne
d'augmenter cette dotation ou encore améliorer les connaissance sur les besoins en eau d’irrigation, ce qui
techniques d'irrigation pratiquées dans ces régions, en permettra d’éviter l’utilisation abusive et irrationnelle de
incitant les usagers à adopter des techniques modernes et grandes quantités d’eau qui se reinfiltrent à partir des
économiques de l'eau pour cette fin. D'autre part, et dans parcelles irriguées.
l'absence de périmètres de protection rapproché et
 Devant la rareté des eaux superficielles ainsi que le
éloigné bien délimités de cet ouvrage, la qualité des eaux
coût de leur mobilisation, il faut penser à une mise en
de la retenue est inévitablement exposée à de graves
valeur des eaux souterraines salées, pour cela, il faut :
risques de dégradation, surtout dans l'absence de station
de traitement des eaux usées de la ville de OUARZAZATE - Installer une petite station de déminéralisation pour la
ainsi que la proximité de nombreux puits perdus dans les production de l’eau potable, au niveau de la palmeraie de
douars aux alentours de cette ville. Actuellement les eaux KTAOUA, où le problème d’approvisionnement en eau
usées de la ville de OUARZAZATE sont directement potable est très accentué notamment en période de
déversées dans le lit de l'oued OUARZAZATE, principal sécheresse. Toutefois, cette solution risque d’être
affluent du DRAA en tête de la retenue du barrage. confronter aux problèmes du coût et de rentabilité.
D'un point de vue hydrogéologique : la recharge - Eviter les pertes des résurgences de la nappe alluviale et
importante de la nappe alluviale de KTAOUA prévoir un système de récupération des ces ressources.
particulièrement par reinfiltration des eaux de l'irrigation
 Dans le but de fournir un schéma récapitulatif de la
combinée à la forte évaporation a contribué à une
gestion de l’exploitation de cet aquifère, il faut réaliser
salinisation des eaux souterraines et les sols. Ces eaux
une modélisation de l’ensemble du système. Or là encore,
participent à 86% dans la recharge de la nappe.
de nombreux problèmes se présentent, particulièrement Ouarzazate, actuellement Délégué à Ouarzazate de la

l’absence de données indispensables permettant de nouvelle l’Agence du Bassin Hydraulique de Draa - Noun,
mieux définir la géométrie exacte de la nappe ainsi que la ainsi que tous les cadres et personnels de ces
répartition spatiale des paramètres hydrodynamiques établissements pour leur accueil sympathique, leur aide
(T et S), de la profondeur du substratum, de l’épaisseur ainsi que les facilités qu’ils nous ont accordées.
des nappes ainsi que des points de prélèvements et des
Ce travail a bénéficié du fort soutien et collaboration de
résurgences. Pour cela, il faut :
l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole de
- Effectuer de nouveaux essais de pompages dans des Ouarzazate.
points bien repartis sur l’ensemble de la palmeraie de
KTAOUA. L’interprétation des résultats de ces essais Références bibliographiques
permettra de reconsidérer les différentes valeurs des
coefficients de perméabilité, d’emmagasinement et des [1] CHERKAOUI DEKKAKI H, « Contribution à l'étude
transmissivités. hydrogéologique des nappes alluviales de Fezouata
et KTAOUA (Moyenne vallée du DRAA) » Mémoire
Ces différentes valeurs vont permettre d’évaluer avec de DESA, Ecole Mohammedia d’Ingénieurs,
précision les apports latéraux ainsi que ceux au droit des Université Mohammed V, 2001.
foums et seuils amont et aval. [2] Vallée du Draa. Rapport interne. Ministère de
- Lancer de nouvelles campagnes géophysiques, l’Agriculture et de la Reforme Agraire - ORMVAO.
particulièrement dans les parties amont, aval et orientale 1978
de la palmeraie de KTAOUA. Ces campagnes vont [3] Lutte contre l’ensablement éolien de la palmeraie du
permettre de déterminer avec exactitude la profondeur Fezouata. Rapport O.R.M.V.A.O, Marché
du substratum schisteux, l’épaisseur de la tranche 62/80/OR/OZ. 1981
aquifère ainsi que les réserves permanentes au sein de la [4] Le Mémorial du Maroc. Tome 1 : Naissance d’un
nappe étudiée. foyer de civilisation. Edition NORD ORGANISATION.
1983
 Pour que les bilans des nappes souterraines du Moyen [5] Le bassin Draa, carrefour civilisationnel et espace de
DRAA en général soient tentés, il faut : culture et de création. Acte des journées d’étude
- Lancer de nouvelles enquêtes permettant de déterminer 12-13-14 novembre 1996. Université Ibn Zohr,
le nombre exact des stations de pompages privées et Faculté des lettres et des sciences humaines, Agadir.
publiques, le résultat de ces enquêtes permettra 1996
d’évaluer avec exactitude le débit prélevé par pompage. [6] CHAMAYOU J. « Etude hydrogéologique de la
moyenne vallée du DRAA ». Thèse de doctorat.
- Installer des lysimètres ou autres dispositifs permettant Université de Montpellier, 1966.
de mesurer avec précision la tranche d’eau souterraine [7] Piqué A. : Géologie du Maroc. Les domaines
évapotranspirée : composante du bilan la plus délicate et régionaux et leur évolution structurale. Edition
la plus importante à déterminer en raison de la faible PUMAG. 1994
profondeur des nappes. [8] Margat J. (1961) : Les eaux salées au Maroc,
- Effectuer des jaugeages continus permettant de mesurer Hydrogéologie et hydrochimie. Notes et mémoires
le débit des résurgences des différentes nappes alluviales. du service géologique du Maroc, N° 151.
[9] Cherkaoui Dekkaki H., Moussadek R., Sahbi H.
 Enfin, il est souhaitable que les propositions ci-dessus Apport des techniques géo-spatiales pour la
soient prises en considération par les services concernés. caractérisation de la qualité des eaux souterraines
des oasis de la vallée du Draa : cas de la nappe de
Contribution des auteurs Fezouata. In: Lamaddalena N. (ed.), Bogliotti C. (ed.),
Le présent travail est un extrait d’une partie du Mémoire Tod orovic M. (ed.), Scardigno A. (ed.). Water saving
de DESA (Diplôme des Etudes Supérieures Approfondie) in Mediterranean agriculture and future research
de l’Ecole Mohammedia d’Ingénieurs (Rabat), élaboré par needs [Vol. 2]. Bari : CIHEAM, 2007. p. 293-304
l’auteur : Pr. Hinde CHERKAOUI DEKKAKI. Laquelle étude (Options Méditerranéennes : Série B. Etudes et
a fait objet de prospection de terrain, mesures insitu, Recherches ; n. 56 Vol.II)
collecte et analyse des données et synthèse.
Remerciements
Au terme de ce travail, les auteurs remercient infiniment
le Directeur Régional de l’Hydraulique de Souss-Massa et
Draa, actuellement désignée par l’Agence du Bassin
Hydraulique de Sous Massa, le Chef du Service Eau de

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EWASH & TI Journal, 2020 Volume 4 Issue 2, Page 356-362

Environmental and Water Sciences, Public Health & Territorial Intelligence

Section : Environmental and Water Sciences

Impact of hydroagricultural structures on groundwater in arid

1. Introduction variations annuelles et quotidiennes sont

H. CHERKAOUI DEKKAKI 356

Fig. 1 : Situation de l'aire d'étude

Contexte hydrologique et hydrogéologique - Carte topographique du Ktaoua au 1/10 000, élaborée

DOUCHEN, principaux affluents du haut bassin de l’oued Profondeur de la nappe de KTAOUA

H. CHERKAOUI DEKKAKI 359

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