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ÉOCARREFOUR VOL 84-1-2/2009 31

Bruno BARBIER
CIRAD UMR G-eau Le retour des grands
Hamma YACOUBA
Institut International
investissements hydrauliques en
d'Ingénierie de l'Eau et de
l'Environnement Afrique de l’Ouest : les
Amadou Hama
MAIGA
perspectives et les enjeux
Institut International
d'Ingénierie de l'Eau et de RÉSUMÉ
l'Environnement L’Afrique de l’ouest est relativement peu dotée en grandes infrastructures hydrauliques capables de
satisfaire les demandes. Les cultivateurs, trop dépendants des aléas climatiques, réclament
l’irrigation. Les consommateurs veulent du riz, qu’il faut irriguer. Les populations sont encore mal
Gil MAHÉ
IRD HSM, UMR hydrosciences desservies en eau potable et le coût de l’énergie appelle à la mise en valeur du potentiel
hydroélectrique. Les décideurs nationaux et internationaux sont bien déterminés à relancer les
Montpellier
grands projets hydrauliques, mais la régulation des débits des fleuves va nécessiter des
négociations serrées entre États à l’échelle des bassins hydrographiques dans le cadre des
Jean-Emmanuel organisations de bassins mais aussi dans le cadre des accords énergétiques notamment entre les
PATUREL États de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les négociations
IRD HSM, UMR hydrosciences vont nécessiter des compromis importants, surtout en ce qui concerne les zones humides, déjà en
Montpellier voie d’assèchement du fait de la baisse des pluies et qui vont souffrir de la construction de
nouveaux barrages.

MOTS CLÉS ABSTRACT


Gestion de l’eau, irrigation, West African hydraulic infrastructure lags far behind the rest of the world. But the demands are
hydroélectricité, politiques important and increasing fast. Farmers want irrigation to deal with climate variability. Consumers
publiques want rice, a crop that required irrigation. Rural and urban populations have a poor access to
drinking water and sanitation. Energy cost is among the highest in the world, calling for the
development of more hydropower. International and national decisions makers consider large
KEY WORDS hydraulic investments again, but the challenges are important. Rivers’ hydraulic regulation will
Water management, require close discussions between states within river basins but also between countries sharing
irrigation, hydroelectricity, power within Economic Community of West African States ECOWAS. Negotiations will be difficult
public policies about the future of the remaining wetland. These are drying and will suffer from greater flood
control by the new dams.

Les pluies qui tombent sur l’Afrique de l’Ouest de la faiblesse des réalisations ; nous expliquons
sont globalement abondantes mais elles sont aussi comment la planification de ce potentiel est
principalement exploitées par l’agriculture progressivement transférée aux autorités des
pluviale. Plus de 90 % des eaux qui ruissellent vont bassins versants qui tentent d’impliquer les
à la mer en participant peu à la production de acteurs locaux. Dans la deuxième partie, nous
biens et services. Pour valoriser ce potentiel, discutons de l’évolution des demandes en services
beaucoup d’experts estiment que l’Afrique de liés à l’eau telles que l’eau potable,
l’Ouest a besoin d’investir dans de grands l’assainissement, l’irrigation, l’hydro-électricité, la
ouvrages hydrauliques, barrages et périmètres navigation, le tourisme, l’élevage, la pêche et
irrigués, essentiellement sur les grands fleuves. La l’environnement. Nous discutons des moyens
région se placerait en retard dans ce domaine par alternatifs de satisfaire ces demandes et montrons
rapport au reste de l’Afrique (Consortium pour les sous quelles conditions ces usages peuvent être
infrastructures en Afrique 2008). antagonistes ou entrer en synergie.
Avant de se lancer dans de grands investisse- LA RÉALISATION DU POTENTIEL HYDRAULIQUE
ments coûteux et parfois peu rentables, mieux D’AFRIQUE DE L’OUEST
vaut réfléchir à la pertinence des différentes Le potentiel hydraulique de l’Afrique de l’Ouest
options techniques et managériales. L’intérêt n’est pas fondamentalement défavorable à la
économique des barrages est-il évident ? N’y a-t-il satisfaction des besoins des quelque deux cent
pas d’autres moyens de satisfaire les demandes cinquante millions de citoyens de l’Afrique de
en eau, en riz et en énergie ? Ces demandes ne l’Ouest (290 millions si on inclut le bassin du lac
sont-elles pas en conflit ? Les coûts environnemen- Tchad). Même les projections du stress hydrique
taux ne sont-ils pas excessifs ? Que fait-on des théorique, qui met en relation les quantités d’eau
zones humides ? Ne vaut-il pas mieux envisager potentiellement disponibles et la demande de la
un autre type de développement basé sur l’amé- population, sont rarement déficitaires (United
lioration des performances des systèmes agraires Nations Economic Commission for Africa -UNECA,
existants ? Comment gérer les bassins fluviaux ? 2002), FAO/AQUASTAT, 2005). Seul le Cap Vert
Comment améliorer la productivité de l’eau ? pourrait se trouver en situation de rareté hydrique
Dans cet article, nous analysons certains des d’ici à 2025, c’est-à-dire avec moins de 1 000 m3
éléments du débat qui oppose, sur l’intérêt de la par habitant et par an, alors que le Burkina Faso, le
relance des grands ouvrages hydrauliques en Niger, le Ghana, le Nigéria et le Togo pourraient se
Afrique de l’Ouest, les grands organismes trouver en situation de stress hydrique, c’est-à-dire
internationaux comme la Banque Mondiale ou le avec moins de 1 700 m3 par habitant et par an. La
PNUD aux ONG et aux tenants du microcrédit. situation est bien plus préoccupante pour les pays
Dans une première partie, nous faisons le point sur africains situés en zone aride comme l’Afrique du
la réalisation du potentiel hydraulique et les causes Nord, de l’Est et du Sud (UNECA 2002).
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Le réseau hydrographique ouest africain est


relativement dense : plusieurs grands fleuves
traversent la sous-région, même dans sa partie
semi-aride. Le fleuve Niger, alimenté principale-
ment par les montagnes du Fouta Djalon, traverse
une partie importante du Sahel. De même, le
fleuve Sénégal, partant des mêmes montagnes,
remonte loin dans le Sahel avant de bifurquer vers
la mer. Le fleuve Volta offre un potentiel intéres-
sant au Burkina Faso, au Ghana et au Togo. Le lac
Tchad se trouve en zone semi-aride et constitue un
potentiel non négligeable pour le Tchad, le Niger,
le Nord Nigéria et le Nord Cameroun.

Les grands fleuves Ouest africains ont été assez


peu régulés jusque là, c’est-à-dire que leurs débits
sont abondants après la saison des pluies et
presque secs durant l’étiage. Réguler un fleuve Figure 1 : Fraction des écoulements naturels prélevés pour l’irrigation
consiste à stocker une partie du débit pendant la Source (FAO/AQUASTAT 2005)
crue pour le restituer pendant la saison sèche. Ceci
modifie le régime hydrologique du fleuve en
diminuant la hauteur maximale atteinte par la crue grande partie de l’Afrique de l’Ouest, sauf au
et en augmentant le débit en saison de basses Sahel où les défrichements ont augmenté le
eaux. La régulation consiste aussi à soutenir les ruissellement et les écoulements au détriment de
débits d’une année sur l’autre. Les grands l’évaporation et de l’infiltration. Les populations
barrages tels que le barrage d’Akossombo au situées le long des fleuves non régulés sont
Ghana permettent d’amortir l’impact d’une série confrontées à des difficultés croissantes de
d’années sèches (Andreini et al., 2000). gestion de l’eau. Quand la saison des pluies est
faible, les crues sont encore plus faibles. Les
Les débits des fleuves Ouest africains dépendent cultures telles que le riz de submersion contrôlée,
de l’un des climats les plus variables de la planète. inondée, ou de décrue sont alors très vulnérables
Les facteurs contrôlant le climat Ouest-africain face à cette variabilité des crues, ce qui demande
sont encore mal connus, raison pour la quelle de la part des cultivateurs de grandes capacités
l’Union Européenne a lancé le grand programme d’adaptation. Les essais de prédétermination de la
AMMA (Analyse multidisciplinaire de la mousson hauteur de la crue à partir de la relation pluie/débit
africaine) depuis 2001 (Redelsperger et al., 1996) en amont pourraient améliorer la capacité des
pour améliorer les connaissances sur le sujet. paysans à réussir leurs cultures inondées et de
L’initiative régionale PRESAO (Prévision décrue (Blanchet et al., 2002).
saisonnière en Afrique de l’Ouest) coordonnée par
AGRHYMET et ACMAD à Niamey propose depuis Bien que le potentiel hydraulique de l’Afrique de
une dizaine d’années une prévision saisonnière l’Ouest soit appréciable, le changement climatique
des pluies et des débits de la région à partir de soulève de sérieuses inquiétudes, dans la mesure
températures marines de plusieurs océans, avec où les changements globaux pourraient se
toutefois une qualité de prévision très perfectible traduire par un fonctionnement différent de la
(Hamatan et al., 2004). L’étude de longues mousson. Les modèles climatiques globaux ne
chroniques de pluies et débits du XXe s. permet de reproduisent l’évolution du climat de l’Afrique de
mettre en évidence un signal climatique majeur l’Ouest qu’avec une faible significativité (Ardoin-
(Hulme et al., 2001 ; Conway et al., 2009) et qui Bardin et al., 2009), mais il est probable que le
concerne toute l’Afrique de l’Ouest : la rupture réchauffement de la planète provoquera une plus
climatique de 1970 sépare une période humide grande variabilité des phénomènes climatiques,
antérieure et une période sèche récente (Paturel et sauf peut-être pour la température. Les GCM
al., 1997; L’Hôte et al., 2002). La sécheresse a prévoient une augmentation modérée par rapport
connu deux paroxysmes, dans les années 1970 et au reste de la planète (IPCC 2003).
1980. Malgré une certaine reprise des pluies
depuis le milieu des années 1990, la sécheresse Adapter l’agriculture au climat
persiste (L’Hôte et al., 2002 ; Mahé et al., 2005).
L’étude des sédiments du lac Bosumtwi au Ghana Les pays d’Afrique de l’Ouest, qui doivent se pré-
suggère que des sécheresses de durées et parer à de nouvelles défaillances de la mousson,
d’ampleurs bien plus grandes ont frappé la sous sont appelés à élaborer des programmes visant à
région dans les siècles passés (Shanahan et al., adapter leurs économies à cette variabilité. Dans
2008). beaucoup de cas, ces plans sont un rhabillage des
plans de développement antérieurs, mais
La variabilité des écoulements de surface est quelques innovations sont proposées.
supérieure à celle des pluies. Durant les années
sèches les écoulements diminuent proportion- Une piste innovante et prometteuse est la
nellement plus que les précipitations, dans la plus prévision climatique saisonnière, comme le
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PRESAO déjà cité, mais qui est encore très peu La faiblesse des réalisations hydrauliques Ouest
utilisé car encore trop qualitatif. Par ailleurs africaines est corrélée au faible développement
AGRHYMET diffuse les dates optimales de semis, économique de la région. Seuls le Ghana, le
par approche statistique à partir d’observations Nigeria et la Côte d’Ivoire ne sont pas classés
satellitaires. Avec de bonnes prévisions les parmi les pays dits « moins avancés ». Les
paysans pourraient ajuster leur plan de campagne capacités techniques et managériales des États
en favorisant les cultures et les techniques d’Afrique de l’Ouest progressent trop lentement
culturales plus ou moins résistantes à la pour envisager de renforcer les capacités
sécheresse. Par exemple si la saison s’annonce régionales en termes de constructions
nettement déficitaire on favorisera les cultures d’infrastructures de génie civil. Les institutions
résistantes à la sécheresse comme le mil. Les publiques concernées ont souvent été
éleveurs pourront déplacer leurs troupeaux en déstabilisées par les plans d’ajustement structurel
conséquence, stocker des fourrages ou vendre une et le secteur privé n’est pas encore en mesure de
partie du cheptel. Pour les décideurs, prévoir une relever le défi. Il faut faire appel à des
saison déficiente permettrait de préparer des compétences étrangères qui impliquent un
stocks à l’avance, d’alerter les agences d’aide ou surcoût pour le transport des machines, le
de réduire les décharges des barrages personnel, le matériel et le carburant. Dans la base
hydroélectriques. de données Aquastat de la FAO, qui regroupe une
étude comparative sur 250 périmètres irrigués
Une autre piste envisagée par les pays sahéliens dans différents pays en développement, parmi les
pour réduire leur vulnérabilité au changement 20 périmètres irrigués les plus coûteux par
climatique est la pluie artificielle. Plusieurs pays hectare, 15 sont africains, dont la moitié sont
sahéliens ensemencent déjà des nuages, situés en Afrique de l’Ouest (FAO/AQUASTAT
préalablement analysés par des radars. L’objectif 2005). Vu le coût croissant de l’énergie et des
est le plus souvent de remplir des barrages matériaux de construction, il sera difficile de
stratégiques. Si le Burkina Faso utilise cette réduire les coûts des périmètres dans l’avenir.
technique depuis de nombreuses années (projet Certains comptent sur l’implication croissante des
SAAGA depuis 1998), d’autres pays l’expérimen- entreprises asiatiques pour réduire ces coûts.
tent. Toutefois l’impact réel de cette technologie
est mal connu car il faut encore démontrer que la Le retour des grands projets hydrauliques
pluie ne serait pas tombée de toute façon ailleurs
ou que l’on n’assèche pas certaines zones en en Depuis le début de la décennie, les éléments clés
favorisant d’autres. L’analyse coût-bénéfice de du débat sur la construction de la grande
l’impact des pluies artificielles doit comparer les hydraulique ont changé. Plusieurs éléments ont
pluies de zones traitées avec celle de zones permis de relancer les projets de grandes
témoins et ceci sur de nombreuses années, ce qui infrastructures hydrauliques : l’apaisement des
est très difficile à réaliser. grands conflits armés (comme en Sierra Léone et
au Libéria), certains progrès de la démocratie, les
Un potentiel fluvial sous exploité progrès de l’intégration régionale, une certaine
reprise économique, la récente crise alimentaire et
L’Afrique de l’Ouest a relativement peu investi surtout la réduction d’une grande partie des dettes
dans les grandes infrastructures hydrauliques. Si multilatérales. Les institutions financières
les bassins de l’Afrique du Nord et de l’Afrique du internationales souhaitent à nouveau investir dans
Sud ont été exploités pour l’irrigation, les bassins l’hydraulique, non seulement pour relancer les
du Sénégal et du Niger laissent passer plus de économies, mais aussi pour créer ces emplois qui
90% des écoulements. réduiraient l’émigration vers les pays du Nord. On
reparle à nouveau des grands aménagements
dans les bassins des fleuves Niger, Sénégal et
La majorité des grands investissements Volta.
hydrauliques a été réalisée après les
indépendances, tel que le barrage d’Akossombo Mais ces grands investissements doivent faire
au Ghana. Malgré quelques efforts après la l’objet d’une concertation étroite entre les États qui
sécheresse des années 1970 et 1980, l’Afrique de partagent ces cours d’eau internationaux.
l’Ouest a relativement peu investi pour réduire les L’Afrique de l’Ouest est politiquement très
effets de son climat si variable. Seule une centaine morcelée. La forte interdépendance des pays
de grands barrages de plus de 3 millions de Ouest-africains en matière d’eau, conjuguée à une
mètres cubes ont été construits soit moins de 8% certaine persistance des réflexes nationalistes et la
des barrages africains, alors que l’Afrique de récurrence des sécheresses ou des inondations,
l’Ouest représente un tiers de la superficie du créent un terrain propice aux tensions autour du
continent et qu’elle est soumise à un climat partage de l’eau (Schmitz, 1991 ; Barrière et
variable. Un cas particulier est le Burkina Faso qui Barrière 2002 ; Niasse 2004 ; Niasse et al., 2004).
a construit plus de 1 000 petits barrages en terre,
essentiellement dans sa partie nord, pour favoriser Officiellement, le besoin d’une gestion concertée
l’élevage et la petite irrigation (ministère de de l’eau et de l’énergie est un fait acquis dans la
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources sous-région. Il est vrai qu’un pays pourra
halieutiques 2003 ; Sanfo et al., 2008). difficilement viser la satisfaction des besoins
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nationaux au détriment des pays situés en aval. La La priorité à l’eau potable


sous-région dispose de plusieurs instances de
coopération à l’échelle desquelles des réponses En général les planificateurs déterminent d’abord
concertées aux défis d’ampleur transfrontalière les besoins en eau potable pour les zones
tels que la gestion de l’eau, de l’énergie et le urbaines. Selon les démographes (FMI, 2009 ; UN
changement climatique sont envisagés. La Population Fund, 1998), de 250 millions
Communauté économique des États d’Afrique de actuellement, la population Ouest africaine devrait
l’Ouest (CEDEAO) a placé l’eau au cœur de ses se stabiliser autour de 600 millions de personnes
priorités. Son programme de gestion concertée de au milieu du siècle (hypothèse moyenne à
l’eau s’inscrit dans l’harmonisation des actions en comparer avec les 550 millions de l’hypothèse
Afrique de l’Ouest. De même, le Partenariat basse et le 700 millions de l’hypothèse haute). En
mondial de l’eau, relayé dans la région par le Afrique de l’Ouest, les urbains consomment 40 à
Partenariat ouest-africain de l’eau et par des 60 litres par jour. Comme les villes croissent très
partenariats nationaux et locaux, propose les rapidement et que la moitié des africains de
grands principes pour une gestion intégrée de l’Ouest vivront en ville au milieu du siècle, les
l’eau à différentes échelles. Le concept de Gestion demandes urbaines, jusque là modérées, vont
intégrée des ressource en eau (GIRE) vise à représenter une part non négligeable du
harmoniser les politiques sectorielles, à faire disponible. L’assainissement consomme peu
converger les politiques nationales et à remplacer d’eau supplémentaire. Même l’option « tout-à-
la gestion bureaucratique par un mode de gestion l’égout » consomme des quantités recyclées. Il
plus participatif (Boily et Gangbazo, 2004 ; Réseau faudra probablement maintenir les latrines et
International des Organismes de Bassin, 2009). fosses septiques pour économiser l’eau. Comme
les populations rurales pourraient aussi
commencer à réclamer l’adduction d’eau, la
Il n’est cependant pas sûr que les organismes de
demande pourrait largement dépasser les
bassin jouissent de suffisamment d’autonomie de prévisions classiques.
décision pour résister aux pressions politiques qui
peuvent déboucher sur des investissements
Selon les estimations, un bon tiers des
inadéquats. Dans tous les cas, la gestion de l’eau populations urbaines et rurales souffrent d’un
dans les bassins passera par des compromis. Dans
accès difficile à de l’eau saine, le plus souvent à
le cadre de la gestion intégrée, quelques questions
cause des distances des habitations à un point
clés se posent aux décideurs et aux populations. d’eau potable. Le problème est plus financier que
Dans le contexte d’une ressource limitée et d’une
technique car l’eau est disponible dans les
demande en croissance exponentielle, quels
aquifères ou dans les barrages et les techniques
usages faut-il privilégier ? L’irrigation, l’eau d’adduction sont relativement maîtrisées. Le coût
potable, l’assainissement, l’hydroélectricité ou
élevé du service de l’eau par rapport à la capacité
l’hydraulique pastorale ? Quels types d’aménage-
des utilisateurs à payer réduit la viabilité des
ments ? Les grands ou les petits barrages ? Le investissements. Les services hydrauliques sont
contrôle total de l’eau, la submersion contrôlée,
souvent absents dans les quartiers périurbains et
l’aménagement des bas-fonds ou l’irrigation de
dans de nombreux centres urbains secondaires.
complément ? La riziculture ou le maraîchage ?
Dans certains pays, aux ressources en eau de En zone rurale, une grande proportion de forages
surface limitées et/ou déjà en limite de est en panne, alors que les populations manquent
disponibilité, on exploite les aquifères, même s’ils de moyens pour les réparer. La gestion des points
sont fossiles. Dans d’autres pays, on réfléchit déjà d’eau est déléguée aux populations au travers de
à l’exploitation des ressources en eau non comités villageois capables de collecter les fonds
conventionnelles telles que le dessalement ou et la formation des réparateurs ruraux est peu
l’utilisation des eaux usées. organisée. En milieu urbain, les nouveaux modes
d’exploitation-gestion des équipements collectifs
consistent à déléguer la gestion des bornes
DES USAGES CONCURRENTS OU fontaine à des opérateurs privés opérant à
COMPLÉMENTAIRES ? diverses échelles depuis le gestionnaire de réseau
jusqu’au marchand ambulant.
Alors que les projets de grande hydraulique sont à
nouveau sur les tables de l’Office de mise en Les prélèvements pour l’eau potable viendront en
valeur du Sénégal (OMVS), de l’Autorité du bassin partie des aquifères dont les eaux sont plus
du Niger (ABN) et de l’Autorité du bassin de la propres que les eaux de surface. Les villes côtières
Volta (ABV), il devient important de clarifier les en bordure du golfe de Guinée utilisent surtout
priorités entre les nouveaux usages sachant que l’eau de leurs aquifères généralement très
les différentes demandes en eau potable, en productifs. Dakar s’approvisionne par des forages
nourriture, en électricité, en poisson vont croître et par l’eau du fleuve Sénégal puisée dans le lac
rapidement. De la même manière, les pressions de Guiers. Ouagadougou , qui ne dispose pas
des groupes environnementaux pour préserver les d’une nappe importante ni de fleuve proche,
zones humides vont s’intensifier à mesure que ces s’approvisionne dans les barrages proches de la
zones s’assèchent et que la biodiversité mondiale ville. D’une manière générale, il ne devrait pas y
s’amenuise. avoir de conflits d’usage majeurs entre la
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demande des villes et les autres demandes, d’un cours d’eau. Il crée des emplois, génère des
sachant que, dans l’ensemble, les aquifères seront revenus supérieurs et améliore la nutrition. Il fait
principalement destinés à l’eau potable et les eaux aussi vivre un grand nombre d’intermédiaires,
de surface aux usages agricoles et hydro- notamment des femmes.
électriques.
Toutefois le marché du maraîchage est étroit.
Cultures irriguées ou pluviales ? Même si les pays du Sahel exportent de plus en
plus de légumes vers les pays côtiers dont le
L’agriculture Ouest africaine pourrait très bien climat trop humide pénalise le maraîchage, les
satisfaire la demande croissante des populations crises de surproduction sont fréquentes. Les
urbaines, même si ces dernières se tournent vers exportations de haricot vert vers l’Europe ont
de nouveaux modes alimentaires à base de riz et pratiquement disparu de la sous-région au profit
de blé. Il faudra probablement continuer à du Kenya mieux organisé. Tant que les filières
importer le blé, mais la sous-région pourrait maraîchères resteront désorganisées, le riz restera
produire l’essentiel de sa consommation de riz la culture majeure des périmètres irrigués du
(Abernethy et al., 1985). Sahel.

Les périmètres irrigués représentent moins de 2% Peut-on réduire les consommations d’eau dans les
des terres cultivées Ouest africaines contre 18 % périmètres irrigués ? Les modes d’irrigation
au niveau mondial et 33 % en Inde et ne varient par leur conception, leur sophistication et
contribuent que modérément à la sécurité leur coût. Le gravitaire en maîtrise totale de l’eau,
alimentaire de la région. Les rares investissements le mode le plus répandu, nécessite des
sont concentrés sur les zones sahéliennes du Nord investissements très lourds, pouvant dépasser
du Nigéria (Kimmage et Adams, 1990), de l’Office 15 000 euros par hectare et une gestion de l’eau
du Niger au Mali (Bonneval, 2002) ou de la SAED complexe (ministère de l'Environnement et de
au Sénégal (Bélières et Touré, 1999). On trouve l'Eau du Burkina Faso, 2001). Le gravitaire est
aussi une multitude de petits périmètres situés le particulièrement indiqué pour la riziculture qui
long des fleuves ou autour des barrages, grands et consomme de grands volumes d’eau. La réduction
petits, dans les zones péri-urbaines ou dans les des volumes d’eau sur les périmètres rizicoles est
mangroves de Casamance (Posner et al., 1988) et complexe, car dans beaucoup de cas il faut gérer
de Guinée Bissau. la salinisation des sols par des lessivages massifs.
La réduction des gaspillages est particulièrement
Les plans d’ajustement structurel ont nettement difficile quand l’eau est gratuite. Les meilleurs
ralenti le développement des périmètres irrigués. résultats sont obtenus dans les périmètres qui
Ceux-ci sont effectivement coûteux (Berthome et pompent l’eau, ce qui incite les irrigants à réduire
a l., 1986) et plus chers en Afrique qu’ailleurs la facture énergétique.
(FAO/AQUASTAT, 2005). Les périmètres sont en
moyenne relativement peu productifs et peu Les modes d’exhaure de l’eau sont également
rentables. Le manque d’expérience des irrigants et variés, de la calebasse à l’hydrovis, en passant par
leur manque d’organisation ne favorisent pas une les shadoufs, les motopompes, les pompes à pied
gestion rationnelle des eaux, des sols et des ou à chaîne. Le renchérissement des
infrastructures (Bethemont et al., 2003). Dans hydrocarbures devrait favoriser l’exhaure humaine
certains cas, des pratiques inadaptées ont salinisé et animale pour les cultures à haut rapport. Les
ou dégradé les sols (Bertrand et al., 1993). La pompes solaires sont pratiquement inexistantes.
riziculture, privilégiée par les aménagistes, est L’irrigation de complément des cultures pluviales à
concurrencée par les importations de riz asiatique partir de petits bassins se révèle rentable sous
bon marché (Barbier et al., 2005). Les faibles taxes certaines conditions de coûts d’opportunité (Fox et
à l’importation des pays de la CEDEAO et la a l ., 2005) mais l’adoption de telles techniques pour
surévaluation du Franc CFA par rapport au dollar les cultures pluviales est nulle.
défavorisent la production locale. Mais c’est aussi
la faible adoption de pratiques agricoles adaptées, L’irrigation par aspersion est rare à cause des
le manque d’entretien des réseaux et la faible pertes par évaporation, de la fragilité des systèmes
efficience des systèmes irrigués qui sont à l’origine et du coût du pompage sous pression. L’aspersion
des coûts de production élevés (Loquay et à partir de pivots, fort rare, est surtout utilisée pour
Leplaideur, 1995). la canne à sucre. Le goutte-à-goutte, « adapté »
pour le petit maraîchage bien que constamment
Les cultures maraîchères, en pleine expansion, promu dans les conférences, est rare sur le terrain.
vont-elles remplacer la riziculture ? Elles Les systèmes dits californiens avec tuyaux
nécessitent moins d’eau, un peu moins de travail enterrés sont plutôt utilisés pour les cultures à
que le riz et des infrastructures moins complexes haut rapport comme le haricot vert.
que la riziculture qui, elle, nécessite des sols
hydromorphes ou vertiques, des planages L’aménagement des bas-fonds est bien moins
coûteux, une lame d’eau constante et des digues coûteux que l’irrigation gravitaire, mais le contrôle
de protection contre les crues. Au contraire du riz, de l’eau est très partiel, permettant des
le maraîchage peut être réalisé à peu près partout rendements plus modérés et irréguliers (Albergel
où il y a de l’eau, autour d’une mare, d’un puits ou et al., 1993 ; Jamin et Windmeijer, 1996 ; Sally,
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1997 ; Legoupil et al., 1999 ; Dembélé et al., 2001 ; où un barrage hydroélectrique relâche l’eau
FAO, 2003). turbinée en aval. Un barrage qui régule un cours
d’eau peut aussi augmenter le productible
La réduction des volumes d’eau nécessaires à électrique des barrages situés en aval. De plus, un
l’irrigation se heurte à la désorganisation des barrage hydroélectrique écrête les crues et
périmètres irrigués. Leur gestion a été en grande soutient les étiages, permettant de contrôler les
partie remise aux coopératives et groupements de inondations et de construire plus facilement des
producteurs. Si à l’Office du Niger la participation périmètres irrigués en amont et en aval. Toutefois
des producteurs à la gestion est considérée dans les zones arides, un barrage hydroélectrique
comme un succès (Bonneval, 2002), en règle consomme de l’eau par évaporation. Par exemple,
générale, l’autogestion se révèle décevante. Les le barrage de Taoussa dans la boucle du Niger au
groupements se heurtent à une certaine Mali évaporera une lame d’eau de trois mètres,
incohérence des politiques publiques qui passent réduisant le débit du fleuve d’un bon tiers (ABN,
trop vite de la gestion étatique à un libéralisme qui 2007).
équivaut à un abandon (Bethemont et al., 2003).
De nouveaux modes de gestion sont proposés, L’hydroélectricité contribue tout de même à 40%
tels que la professionnalisation des différentes de la production totale d’électricité de la sous-
fonctions des périmètres irrigués (Compaoré et al., région, le reste étant produit par les usines
2002). La Banque Mondiale soutient le thermiques à partir de pétrole ou de gaz naturel
développement de petits périmètres privés, mais (FMI, 2009). Si l’électricité est très bon marché au
le mode de production capitaliste de type Nigéria et abordable au Ghana et en Côte d’Ivoire,
patron/salarié se montre rarement plus efficace elle atteint des records mondiaux dans les pays
que le petit paysannat. De même, les tentatives sahéliens enclavés, à cause des coûts de transport
d’intégration verticale des filières maraîchères et du carburant (Diaw, 2004), de sorte que le coût
fruitières sont restées très timides. élevé de l’électricité handicape fortement la sous-
région. La consommation d’électricité est faible
L’irrigation, si coûteuse et souvent décevante, est- dans les pays du golfe de Guinée et dérisoire dans
elle réellement nécessaire ? Le climat de l’Afrique les pays du Sahel qui ensemble consomment
de l’Ouest est relativement bien arrosée. Les pays l’équivalent de 1 % de la consommation de la ville
côtiers du golfe de Guinée bénéficient d’un climat de New York (Minvielle, 1999). Elle varie de
humide de type bimodal, favorable aux cultures 346 kwh/habitant à 22 kwh/habitant selon les pays
pérennes et à la double culture. Les zones situées de la sous-région. La consommation moyenne
sous climat soudano-guinéen à régime avoisine 127 kwh/habitant, soit trois fois moins
monomodal sont encore relativement peu que la moyenne de l’Afrique subsaharienne,
exploitées et offrent un potentiel appréciable pour environ cinquante fois moins qu’un Français ou
les cultures pluviales. Elles sont en voie de cent fois moins qu’un Américain. Les handicaps
colonisation par les populations venant du Sahel sont à la mesure du développement économique
et des zones soudaniennes (Cour, 1994 ; Ninnin, de la région. Les sociétés d’électricité peinent à
1994 ; Snrech, 1995). Ces zones sont très recouvrer leurs coûts car les marchés d'énergie
favorables au maïs. Les paysans encadrés nationaux sont étroits. Les infrastructures de
produisent aisément plusieurs tonnes de grains production et de transport d'énergie électrique
par hectare. C’est là que se trouvent les greniers à sont très coûteuses. Le privé ne contrôle pas plus
céréales des pays sahéliens, mais aussi les de 10 % du total de la production et les pertes en
cultures de coton dont l’Afrique de l’Ouest est le ligne sont élevées (entre 14 et 45% selon les pays).
deuxième exportateur mondial. La plupart des
pays sahéliens sont proches de l’autosuffisance et Le kilowatt/heure produit par l’hydroélectricité est
voient leurs rendements moyens croître nettement moins coûteux que celui produit à
rapidement (FAOSTAT, 2009). partir de centrales thermiques alimentées par des
hydrocarbures dont le prix risque encore de
Seules les parties soudaniennes et sahéliennes de progresser dans les décennies à venir. Le potentiel
l’Afrique de l’Ouest se trouvent dans une situation hydroélectrique de l’Afrique de l’Ouest avoisine
défavorable aux cultures pluviales, surtout depuis 25 000 mégawatts, principalement dans les pays
la baisse des pluies des années 1970. Les régions bordant le golfe de Guinée comme le Nigéria
sahéliennes sont souvent peu peuplées et celles (37%), la Guinée (26%), le Ghana (11%), la Côte
éloignées des fleuves tendent à se dépeupler. Les d’Ivoire (11%) et la Sierra Leone (5%). En 1999, le
abords des fleuves Niger et Sénégal permettent projet d'Échanges d'énergie électrique d’Afrique
d’envisager un certain développement de l’Ouest- (EEEAO) prévoyait l’aménagement de
agropastoral et halieutique. Si c’est dans ces zones nouveaux sites sur la Volta (Bui au Ghana), sur le
que se justifie l’irrigation, c’est aussi dans ces Niger (Fomi et Fello Sounga en Guinée), sur le
zones que l’évaporation de l’eau des barrages fleuve Sénégal (Sambagalou au Sénégal et
induit le plus de gaspillage. Manantali au Mali), sur le Niger (Kandadji au
Niger) et en Sierra Leone (le Rokel à Bumbuna)
Hydroélectricité ou thermique ? pour une capacité totale installée de 1010 MW et
un coût de 1,7 milliard de dollars US (de 1999). En
Les manuels décrivent l’hydroélectricité comme outre le Burkina Faso a entamé la construction
une utilisation non consommatrice dans la mesure d’un barrage à Samandéni sur le Mouhoun et en
Le retour des grands investissements hydrauliques en Afrique de l’Ouest VOL 84-1-2/2009 37

Figure 2 : Barrages et projets


envisage un autre à Noumbiel, toujours sur le capter ce gaz pour le revendre dans la sous-région
de barrages en Afrique de
Mouhoun. au travers d’un gazoduc off-shore qui relie depuis
l’Ouest
peu les gisements nigérians au Bénin, au Togo et
Il est probablement préférable de construire des au Ghana. Les fonderies d’aluminium du Ghana
barrages sous climat plus humide comme dans les sont maintenant alimentées par du gaz nigérian ce
pays bordant le golfe de Guinée. Le courant qui a permis de réallouer la production du barrage
produit à moindre coût pourra toujours être d’Akossombo aux autres besoins nationaux.
revendu aux pays sahéliens à coût inférieur aux
conditions locales, comme le Nigéria le fait avec le Que faire des zones humides ?
Niger. Un handicap majeur de l’hydroélectricité est
sa dépendance au climat. Le non remplissage des Les grandes zones humides naturelles Ouest-
barrages consécutif à une saison des pluies africaines ont perdu plus de la moitié de leurs
insuffisante peut affecter durement les économies superficies depuis les années 1960 (Lamizana et
de la sous-région, comme en 1984 et en 1998 au al., 2008). Le delta intérieur du Niger a régressé de
Ghana et en Côte d’Ivoire quand les turbines des 37 000 km2 à quelques 15 000 km2 aujourd’hui, le
barrages d’Akosombo et de Kossou ont dû lac Tchad de 20 000 km2 à moins de 7 000 km2, la
s’arrêter, frappant durement les économies plaine d’inondation du Hadéjia Nguru sur le fleuve
nationales. Ce risque de coupure s’amenuise à Komadugu Yobe au nord du Nigeria de 2 350 km2
mesure que les interconnexions entre réseaux à 1 000 km2 (Acharya et Barbier, 2000). Les causes
Ouest africains se développent et permettent de ne sont pas seulement la baisse de la pluviosité,
répartir les surcharges et les déficits. Cependant, si mais aussi l’écrêtage des crues par les barrages et
une grande sécheresse affecte la région, les les prélèvements urbains et agricoles dans les
possibilités de compensation entre zones resteront fleuves qui alimentent ces zones humides. Par
limitées. Il faudra alors probablement limiter la exemple, les barrages de Sélingué et de Markala
production d’hydroélectricité et investir dans le en amont du delta intérieur du Niger ont contribué
thermique. Beaucoup d’industries ghanéennes ont à réduire la surface inondée dans le delta intérieur
dû acheter leurs propres groupes électrogènes du Niger au Mali en régularisant les crues (Kuper
pour pallier les coupures du passé. Sur le long et al., 2000), même si dans ce cas là l’impact reste
terme, il faudra probablement prévoir une faible en crue (6%). Les barrages du Nord Nigéria
connexion avec des zones dont le climat est moins et du Cameroun sur le Logone et le Chari ont
dépendant de la mousson Ouest-africaine comme aggravé l’assèchement du lac Tchad.
l’Afrique centrale. En fait, à court terme, la
CEDEAO prévoit d’investir essentiellement dans le La pression sur les bonnes terres pousse les
thermique, à partir de gaz naturel en attendant que populations rurales vers les vallées et les bas-
les énergies renouvelables deviennent fonds qu’ils délaissaient traditionnellement. Les
compétitives. Le gaz naturel reste une énergie bon zones humides sont progressivement mises en
marché, même si l’augmentation du prix du culture. Dans les années 1970 et 1980, des agences
pétrole induit celui du gaz. Le Nigéria et la Côte de développement avaient favorisé ces
d’Ivoire sont d’importants producteurs. Or une mouvements en éradiquant des maladies
grande partie du gaz est encore brûlé dans les présentes dans les zones humides afin d’y attirer
torchères lors de l’extraction du pétrole. Les les populations des zones sahéliennes considérées
compagnies pétrolières du Nigéria sont en train de comme trop peuplées. Il est relativement difficile
38 VOL 84-1-2/2009 Le retour des grands investissements hydrauliques en Afrique de l’Ouest

Figure 3 : Les grands barrages


d’Afrique de l’Ouest

aujourd’hui de convaincre gouvernements et gibier pour les populations riveraines. En ajoutant


populations qu’il est important de protéger les encore les retombées du tourisme, ces services
marécages, les lacs, les mares, les bas-fonds et les représenteraient une source de revenus
forêts galeries. La protection des zones humides considérables pour des millions de riverains (Sally
au nom de l’environnement peut paraître et al., 1994 ; Point, 1999). Un nombre croissant
secondaire pour des pays qui ont des priorités plus d’études tend à démontrer que l’artificialisation
pressantes. des cours d’eau et l’assèchement des zones
humides conduit à des coûts externes
Les nouveaux projets de barrages vont accélérer la suffisamment importants pour annuler les
disparition des zones humides naturelles. Le projet bénéfices des barrages, comme cela a été suggéré
du grand barrage de Bui au Ghana sur la Volta sur le Haut Niger (Zwarts et al., 2005).
Noire inonderait la réserve naturelle de Bui de
réputation internationale et éliminerait l’habitat CONCLUSION
d’une des dernières populations d’hippopotames
d’Afrique. Le barrage de Sélingué au Mali a La relative rareté des grands ouvrages
quelque peu contribué à réduire les zones hydrauliques de l’Afrique de l’Ouest est corrélée
inondées du delta intérieur du Niger au Mali et au faible développement économique de la sous-
celui de Fomi en Guinée réduira encore plus les région, mais s’explique aussi par le blocage
surfaces inondées de ce même delta. Le barrage imposé par les plans d’ajustement structurels des
de Manantali sur le Sénégal avait années 1980. Maintenant que les dettes ont été
considérablement perturbé l’écosystème du delta allégées, et que la pression des demandes en
du fleuve Sénégal. Il a fallu construire le barrage énergie, en eau et en riz a décuplé, les décideurs
anti sel de Diama en amont du delta pour réduire envisagent à nouveau la construction de grands
les remontés salines de l’océan. Des questions barrages.
sont posées sur l’impact du barrage de Kainji au
Nigéria sur le delta du Niger au Nigéria, et même Sans être exceptionnel, le potentiel hydraulique de
sur les côtes du golfe de Guinée. l’Afrique de l’Ouest est encore important. Les
grands fleuves Sénégal, Niger et Volta peuvent
Mais la protection des zones humides est devenue encore supporter quelques grands barrages, ainsi
une priorité planétaire, surtout pour son rôle de que la côte atlantique du Fouta Djalon. Mais les
sanctuaire de la biodiversité. L’Afrique de l’Ouest nouveaux investissements seront réalisés dans le
dispose de plusieurs sites Ramsar où les États et cadre des organisations des bassins versants
les ONG tentent de créer les conditions d’un selon le principe de la gestion intégrée, et l’énergie
développement durable. Les zones humides hydroélectrique sera gérée dans le cadre d’un
seraient même « rentables » quand on additionne marché régional libéralisé (système EEEAO).
l‘ensemble de leurs services en termes de L’interconnexion et la mise aux normes des
fonctionnement des écosystèmes, de la protection réseaux devraient permettre de réduire les coûts
de la biodiversité, de contrôle de l’érosion, de de l’énergie et de redynamiser l’industrie
fonctionnement des cours d’eau, mais aussi de régionale. À court terme, la CEDEAO compte
production de bois, de fourrage, de poissons et de davantage sur le gaz naturel actuellement produit
Le retour des grands investissements hydrauliques en Afrique de l’Ouest VOL 84-1-2/2009 39

en abondance au Nigéria, au Ghana et en Côte ACHARYA G., BARBIER E. B., 2000, Valuing
d’Ivoire pour réduire le coût de la facture groundwater recharge through agricultural
énergétique. production in the Hadejia-Nguru wetlands in
northern Nigeria, Agricultural Economics, 22,
Le choix des infrastructures dépendra p. 247-259.
premièrement de l’évolution des différentes
demandes. Si la priorité va aux demandes en eau ALBERGEL J., LAMACHÈRE J. M., LIDON B.,
potable, qui vont augmenter plus vite que la MOKADEM A. I., DRIEL W. V. (éds.), 1993, Mise en
population elle-même, les besoins devraient être valeur agricole des bas-fonds au Sahel : typologie,
assez facilement couverts par les aquifères et les Fonctionnement hydrologique, potentialités
eaux de surface. La demande en eau par l’industrie agricoles, Wageningen, Pays Bas, Commission
restera probablement modérée et restera confinée des Communautés Européennes, Direction
aux pays côtiers humides. C’est l’irrigation qui va générale XII.
rapidement rencontrer des limites, même si une
grande partie de l’eau des fleuves Ouest-africains ANDREINI M., VAN DE GIESEN N., VAN EDIG A.,
va à la mer. Les projets d’extension des périmètres FOSU M., ANDAH W., 2000, Volta Basin Water
le long des fleuves vont nécessiter la régularisation Balance, ZEF Discussion Paper n°21, ZEF, Bonn,
de ces fleuves, d’où un impact sur les zones Germany.
humides.
ARDOIN-BARDIN S., DEZETTER A., SERVAT E.,
L’Afrique de l’Ouest a besoin de compétences PATUREL J. E., MAHE G., NIEL H., DIEULIN C.,
pour mettre en valeur ses ressources en eaux de 2009, Using general circulation model outputs to
surface et souterraines. Pour réduire le recours aux assess impacts of climate change on runoff for
compétences extérieures, les États de la CEDEAO large hydrological catchments in West Africa,
doivent développer leurs propres capacités Hydrological Sciences Journal, 54(1), p. 77-89.
techniques. Il faudra renforcer les capacités du
secteur public pour contrôler les travaux, gérer les BARBIER B., LONCILI K., MANDÉ T., 2005,
ouvrages et les différents marchés qui vont se Prospect for rice production and consumption in
mettre en place pour l’eau et l’énergie. Il faudra Burkina Faso: Policy implications, Atelier Adrao sur
aussi former un nombre important d’experts " les politiques et stratégies pour la promotion
africains pour satisfaire les besoins des entreprises rizicole et la sécurité alimentaire en Afrique
privées africaines et étrangères. subsaharienne ", Cotonou Bénin.
En somme, l’Afrique de l’Ouest est une des BARRIERE O., BARRIERE C., 2002, Des conflits
régions de la planète les plus en demande fonciers environnementaux. Un droit à inventer :
d’infrastructures hydrauliques. Si les grandes foncier et environnement dans le delta intérieur du
ambitions hydrauliques semblent de retour, les Niger (Mali), O. Barrière and C. Barrière. Paris, IRD
obstacles restent nombreux. La crise financière Edition, 200 p.
mondiale aura un impact sur la générosité des
financiers internationaux. Il y a ensuite le risque BELIÈRES J. F., TOURÉ E. A., 1999, Impact de
d’endetter à nouveau des pays dont l’assise l'ajustement structurel sur l'agriculture irriguée du
financière reste fragile. Les projets de grands delta du Sénégal, Ecole nationale supérieure
barrages Ouest africains ont des taux internes de agronomique de Montpellier, Montpellier, France.
rentabilité relativement modestes, surtout quand
les économistes calculent les externalités BERTHOME P., GOUEFFON M., PIATON H., 1986,
environnementales. Les groupes environne- Aménagements hydroagricoles en zone soudano-
mentaux sont de plus en plus convaincus qu’il sahélienne: leurs coûts, leur résultats, Aix en
existe des alternatives raisonnables à la Provence, CEMAGREF, 50 p.
construction de grands barrages. Il faudra un
certain courage politique aux agences de bassin BERTRAND R., KEÏTA B., N'DIAYE K., 1993, La
pour orienter les ambitions des décideurs vers des dégradation des sols des périmètres irrigués des
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Gil MAHÉ
IRD HSM, UMR hydrosciences
Montpellier

Jean-Emmanuel PATUREL
IRD HSM, UMR hydrosciences
Montpellier

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