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Thomas BOURGOUIN
Tractebel Engineering France - Tour Part-Dieu - 129, rue Servient - 69326 Lyon CEDEX 3
thomas.bourgouin@gdfsuez.com
Clément FUGIER
Mairie de Tarare, 57 rue de la République 69173 Tarare Cedex
c.fugier@ville-tarare.fr
MOTS CLÉS
Vanne de demi-fond, motorisation, vérin electrique, rénovation, analyse de risques
RÉSUMÉ
La vanne de demi-fond du barrage de Joux est une vanne de type segment à contrepoids installée dans le cadre du
rehaussement de l’ouvrage en 1954. Les fonctions de cette vanne sont d’assurer un ultime secours à l’évacuation des
crues en cas d’obstruction de l’évacuateur à seuil libre et d’assurer la vidange rapide en cas de désordre pouvant
mettre en cause la stabilité de l’ouvrage.
Les études récentes (étude de dangers en 2012, revue de sûreté en 2014) ont mis en évidence les risques liés à
l’existence de cette vanne segment. Une défaillance du système de manœuvre de cette vanne de demi-fond pourrait en
effet entrainer une ouverture intempestive de celle-ci et, par voie de conséquence, une crue artificielle désastreuse
voisine de la crue décamillénale.
En 2014 et 2015, la vanne de demi-fond a fait l’objet de travaux de remplacement incluant le remplacement de son système de
manœuvre vieillissant par une motorisation neuve et une nouvelle armoire de commande. L’alimentation des équipements
électriques a été fiabilisée par la mise en place d’un onduleur et l’utilisation d’un groupe électrogène mobile
ABSTRACT
The middle level gate of Joux dam is a radial gate with a counter-weight since the dam rising in 1954. This gate aims at
emptying the reservoir in case of emergency.
The last study about Joux Dam (Hazards study and detailled inspection) highlights the risks of the mid-height outlet. As
a result of a failure of gate operating system, the opening of the gate may not be controlled by the operator. Thus, it
would occur artificially the 10000-years flood which would affect the city of Tarare located downstream.
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La vidange de fond de l’ouvrage est une conduite de diamètre Φ 300 mm. Cette conduite est équipée d’une
vanne de garde amont située dans la galerie de drainage, et d’une vanne de réglage à l’extérieur de l’ouvrage.
Ces deux vannes sont de type opercule et manœuvrables manuellement.
L’ouvrage est équipé d’un dispositif de prise d’eau constitué de deux conduites de diamètre Φ 450 mm.
Chaque conduite est équipée d’une vanne de réglage à opercule située dans la chambre des vannes de la
galerie de drainage. Une conduite Ø 450 mm de prise d’eau est alimentée par un bras mobile implanté à
l’amont du barrage en 1994. La conduite d’alimentation en eau potable et industrielle de la ville de Tarare
dessert une station de pompage située au pied aval du barrage, qui alimente la station de traitement à
proximité de Tarare.
Un piquage sur une conduite de prise d’eau est utilisé pour la restitution du débit réservé (25 l/s).
Les dispositifs d’évacuation des crues du barrage de Joux sont composés de quatre seuils libres, dits en «
becs de canard » et d’une vanne de demi-fond. L’ensemble des seuils libres a une capacité d’évacuation des
crues de l’ordre de 65 m3/s (crue décamillénale) sous la cote des Plus Hautes Eaux, et la vanne de demi-fond
a une capacité d’évacuation de 64 m3/s.
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Colloque CFBR : « Vantellerie, contrôle-commande, télécom et alimentations électriques pour des barrages plus sûrs »
Chambéry, 2-3 décembre 2015
Le batardeau est constitué de plusieurs poutres métalliques positionnées horizontalement les unes sur les
autres dans des rainures directement à l’amont du tablier de la vanne segment, à l’aide d’un portique et d’une
potence. Les poutrelles métalliques du batardeau sont stockées sur la plateforme en crête.
Cette vanne de demi-fond date de la surélévation du barrage (1954), Elle a été remise en état de
fonctionnement avec l'abaissement de 2 m de la cote d'exploitation en 1979, en attendant le confortement de
1983.
Le débit théorique de débitance de la vanne segment sous PHE (465,35 m NGF) est de 64 m3/s ; ce débit
correspond à la crue décamillénale.
Ces deux fonctions devant être assurées en toute circonstance, il est donc impératif de garantir la fiabilité et
le fonctionnement de la vanne segment.
Cette vanne ne fait pas l’objet de manœuvres régulières pour ne pas risquer d’engendrer une crue artificielle
à l’aval d’ampleur décamillénaire. Le dernier essai de manœuvre par l’exploitant date de 1994.
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Le raidisseur inférieur du tablier dans la zone d’assemblage du bras de manœuvre est une zone
mécaniquement très sollicitée qui est particulièrement affaiblie par la corrosion.
Une vérification de l’épaisseur du tablier a mis en évidence une perte d’épaisseur de 3 à 6 mm par rapport à
une épaisseur initiale de 15 mm lors de la rénovation du tablier de la vanne en 1983.
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Les visites de surveillance périodiques de l’ouvrage ont mis en évidence des fuites importantes au droit du
joint de seuil de la vanne. Le joint de seuil est apparu en bon état avec quelques défauts d’horizontalité
générant ces fuites importantes.
Des lests en béton ont été ajoutés au contrepoids et menacent de basculer dans le chenal de l’évacuateur de crue.
Le capot de protection du système de manœuvre a été provisoirement déposé pour permettre l’examen du
dispositif ainsi qu’un essai de manœuvre.
Le câble en acier relie le treuil de manœuvre et le contrepoids et permet de maintenir la vanne dans sa
position fermée. Ce câble n’est pas mécaniquement protégé, il est exposé aux actes de malveillance.
Le moteur électrique et l’ensemble de ces composants majeurs (électro-frein) n’ont pas de pièces de rechange.
Le système d’ouverture automatique de la vanne n’est plus opérationnel, les mécanismes de commande par
flotteurs présentent des dysfonctionnements. Le câble de déblocage du frein à mâchoires du moteur électrique est
rompu afin de rendre hors d’usage le pilotage de l’ouverture de la vanne segment par le flotteur principal.
Les articulations de la vanne segment et les engrenages du moteur sont lubrifiés à l’aide d’un circuit fermé
d’huile équipé d’une pompe de relevage logée dans le carter des harnais d’engrenage du moteur. Cette
pompe est hors service et un mélange "eau/huile" inacceptable a pu se constituer dans le carter. Des traces
d’oxydation sont observées sur les engrenages du réducteur accouplé au moteur électrique. L’absence
de lubrification du réducteur et des paliers engendre des risques de grippage des articulations et du moteur et
défiabilise le système de manœuvre de la vanne segment.
Le cable d’alimentation 380 V de l’armoire de commande électrique est située dans le chenal de l’évacuateur
et est très exposée à l’écoulement.
Lors de cet examen visuel, une manœuvre de la vanne derrière le batardeau a nécessité un engin de levage
(palan et treuil manuel) et a permis de soulever la vanne de 20 centimètres environ.
- Risque n°1 : L’exploitation de la vanne existante (surtout en mode automatique) peut conduire à déverser à
l’aval un débit d’intensité égale à la crue décamillénale
- Risque n°2 : Dès que la retenue atteint la cote théorique 465,35 NGF, l’exploitation de la vanne segment en
mode "automatique" provoque la pleine ouverture de la vanne sans qu’il soit possible d’interrompre
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l’ouverture. Le débit déversé à l’aval sera toujours maintenu artificiellement à une valeur proche de celui de
la crue décamillénale, y compris en phase de décrue
- Risque n°3 : Le grippage du moteur est susceptible de bloquer tout mouvement de la vanne segment. La
même remarque peut être étendue à l’électrofrein.
- Risque n°4 : Le câble en acier du treuil n’est pas à l’abri d’un acte de malveillance. Sa rupture conduirait
inévitablement à une brusque crue quasi décamillénale.
- Risque n°5 : la vanne segment et son automatisme ne se prêtent pas à une marche automatique dans des
conditions satisfaisantes (exposition des capteurs à l’humidité, mauvaise lubrification des équipements).
La première Etude de Dangers du barrage de Joux a permis de considérer la rupture ou l’ouverture incontrôlée de
la vanne de demi-fond comme un évènement probable (probabilité de l’évènement de 10-3 selon le guide des
Etude de dangers). Cet évènement est susceptible de provoquer à l’aval de l’ouvrage une crue décamillénale (de
l’ordre de 65 m3/s) et d’impacter entre 10 et 100 personnes dans l’agglomération de Tarare.
Suite à la définition de ces risques dans l’étude de dangers, M. le sous-préfet de Villefranche sur Saône a
présidé en 2012 une réunion de sécurité relative à la vanne de demi-fond en présence du Service de Contrôle
(DREAL Rhônes-Alpes), du Maître d’Ouvrage (Ville de Tarare) et de son assistant technique (Tractebel
Engineering France - Coyne et Bellier). Les services de l’état sont informés que le caractère obsolète du
système de commande de la vanne de demi-fond induit un risque de crue artificielle d’intensité décamillénale
pour les avaliers.
Les services de l’état formulent par arrêté préfectoral la demande de travaux de rénovation de la vanne de
demi-fond et de son système de manœuvre. Des mesures transitoires de surveillance de la vanne sont
également imposées au maitre d’ouvrage (surveillance journalière des câbles et de leur tension, inspection
approfondie mensuelle du treuil).
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Le choix de la nouvelle motorisation s’est porté sur un vérin électrique. L’avantage principal de ce type de
manœuvre est la simplicité dans son mode d’exploitation ne requierant que peu de maintenance, ce qui
correspond aux attentes du maitre d’ouvrage. Sa durée de vie est garantie pour 20 000 cycles d’ouverture-
fermeture.
Le tableau ci-après récapitule l’analyse des avantages et inconvénients de chaque solution technique de
motorisatisation adaptée au cas du barrage de Joux.
Légende :
++ solution très adaptée/très bonne
+ solution adaptée/bonne
- solution moins adaptée/médiocre
-- solution non adaptée/mauvaise
Les travaux de réhabilitation de la vanne tel que prévus par le projet de base comprennent donc :
• le remplacement de la vanne segment et du contrepoids
• le remplacement du dispositif de manœuvre par un vérin électrique
• la fourniture et pose d’un verrouillage de la vanne
• la fourniture d’une alimentation électrique secourue
• la modification du cheminement de l’alimentation électrique
• l’automatisme d’origine par flotteurs est maintenu et également remis en état
• le remplacement du batardeau
• la mise aux normes des garde-corps.
Dans ce projet, l’ouverture de la vanne assurée par les seuls effets "moteurs" du contrepoids est conservée
comme dans la conception d’origine de la vanne de demi-fond. Le vérin est donc en mode suiveur à
l’ouverture de la vanne. Le poids du contrepoids de 16 tonnes est identique à la solution d’origine.
Le servomoteur de manœuvre de la vanne est à double effet, conçu de manière à permettre le maintien de la
vanne à n’importe quelle ouverture utile pendant une durée indéterminée. Le servomoteur de manœuvre est
dimensionné pour assurer la manœuvre de la vanne malgré toutes les forces antagonistes de friction
(étanchéites frontales et latérales, articulations). Les efforts de dimensionnement du vérin sont de 16000 DaN
en traction (le vérin est moteur) et en compression (le vérin est suiveur).
Toute manœuvre automatique (ouverture ou fermeture) de la vanne "segment", requiert donc la présence de
la tension 400 V. Pour garantir la présence de l’alimentation électrique, un système d’alimentation sans
coupure (onduleur) est prévu dans le bâtiment de commande.
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Cet équipement permettra d’assurer le secours de l’alimentation des équipements ci-après suite à la perte
tension du réseau Basse Tension :
- motorisation (2,5 kVa en régime permanent ; 7,5 kVa en régime de pointe)
- les projecteurs de 1000 VA
- l’éclairage du local abritant la motorisation (100VA)
- l’armoire d’automatisme et divers (puissance appelée, estimée à 500 VA)
Un secours ultime de l’alimentation pourra être assuré à l’aide d’un groupe électrogène mobile, disponible
dans les locaux des services techniques de la Ville de Tarare.
Le temps préconisé pour l’ouverture ou la fermeture de la vanne segment est de 20 minutes dans le but de
proposer la meilleure combinaison entre la puissance de l’actionneur d’une part et celle de l’onduleur d’autre part.
La figure ci-dessous présente le plan du projet de rénovation de la vanne de demi-fond et de ses organes
connexes :
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Dans cette configuration, la priorité à l’ouverture par le lest n’est pas conservé ; l’actionneur ne fournit pas
d’effort pour fermer la vanne mais contrôle néanmoins la descente de la vanne. Cette variante a été acceptée
par la Ville de Tarare et Tractebel Engineering (maitre d’œuvre). La fermeture gravitaire de la vanne permet
de supprimer le risque d’ouverture intempestive de la vanne. En cas de crue ultime, l’évacuation de la crue
décamilénale par les seuils libres laisse le temps à l’exploitant de mettre en oeuvre les consignes
d’exploitation de la vanne (déverouillage du vérin, mise en mode automatique).
En crête, le chassis du vérin est fixé sur un platelage qui transmet les efforts dans le génie civil de la
plateforme. Les efforts au niveau des paliers d’articulations sont modifiés par rapport à la situation existante.
Les axes existants ne sont pas réutilisés et sont remplacés par un nouveau système d’ancrage dimensionné
pour l’effort le plus elevé de la vanne (i.e. en position fermée).
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4.2 Equipements installés
Batardeau :
Poids : 2868 kg
Manœuvré par un treuil en crête
Vanne papillon d’équilibrage
manoeuvrable à l’aide de brimballes
amovibles
Structure mécano-soudées :
Motorisation :
Vérin electrique de marque Binder
Magnétic
course utile de l’actionneur : 1040 mm
vitesse : 1,3 mm/s – 50 Hz
Durée de fonctionnement pour une
course totale : 13 min environ
Effort de dimensionnement : 15 T
Brimballes reliant le vérin au bras de
manœuvre de la vanne
Equipements electriques :
Equipements localisés dans le nouveau
local de l’exploitant sur la plateforme
en crête
Nouvelle armoire de commande
Transformateur 20kVA Triphasé
Autonomie de l’onduleur 20 kVa :
30min
projecteurs à LED 150 W sur la
plateforme
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4.3.1 Amiante
La présence d’amiante sur les pièces d’appui des étanchéités latérales a été constatée au début des travaux.
La préparation du chantier a ainsi débuté par une évaluation des risques pour déterminer quelle sous-section
de la réglementation était concernée (issue des codes de la santé et/ou du travail) ;
Les activités de décapage ou de découpe de matériels recouverts de peinture amiantée relèvent de la sous-
section 4 ; les travaux à Joux ont été instruits selon les prescriptions de cette sous-section. L’entreprise est
agréée pour les prestations relevant de la sous-section 4 et a proposé un protocole de nettoyage et decoupe
des pièces vis-à-vis du risque d’exposition au plomb et à l’amiante.
5. CONCLUSIONS
Les études règlementaires du barrage de Joux (Etude de dangers, revue de sûreté) ont démontré le caractére
obsolète du système de manœuvre de la vanne de demi-fond de l’ouvrage.
Cet organe de vidange a donc fait l’objet d’une mise à niveau complète (remplacement du batardeau,
remplaceemnt de la vanne segment et de son système de manœuvre, construction d’un local technique pour
abriter les équipements électriques) permettant à l’exploitant de disposer d’un équipement répondant aux
exigences de sûreté des barrages.
Les études réalisées en phase projet ont permis de définir plusieurs solutions techniques (conservation du
treuil électrique existant, motorisation par vérin oléohydraulique ou par vérin électrique). Le choix de la
nouvelle motorisation s’est porté sur un vérin de manœuvre électrique pour sa simplicité d’utilisation et
requiérant peu de maintenance.
En phase travaux, le projet a nécessité une adaptation relative au fonctionnement de la vanne de demi-fond :
suppression de la priorité à l’ouverture de la vanne. Cette modification a été discutée en concertation avec les
différents acteurs (Entreprise, maitre de l’ouvrage, service de contrôle) et a eu pour effet d’allonger
significativement la durée du chantier de travaux.
L’exploitation de la vanne de demi-fond du barrage de Joux a ainsi été simplifiée par les travaux et la sûreté
de l’ouvrage a été augmentée vis-à-vis de l’évacuation des crues.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient M. Jacquemot (Ville de Tarare) et Louis Tricca (société Hydraxat) pour leur appui
dans le cadre de l’expertise de la vanne de demi-fond du barrage de Joux.
BIBLIOGRAPHIE
[1] Tractebel Engineering - Coyne et Bellier, L. Tricca, M. Touzeau (2009). rapport d’expertise de la
vanne segment à treuil electrique
[2] Tractebel Engineering – T. Bourgouin, L. Bazin (2013). Etude de dangers du barrage de Joux
[3] Tractebel Engineering – T. Bourgouin, (2011). Compte-rendu de l’examen technique complet du
barrage de Joux
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