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UE GEO 121 : Initiation à la climatologie et à l’hydrologie

Partie Hydrologie
Cours dispensé par Pr. Jean-Guy DZANA

Chapitre 1. Bases conceptuelles et méthodologiques

1. Le cycle hydrologique (w ater cycle, hydrological cycle )

1.1. Définition et m écanism es de fonctionnem ent

Le cycle hydrologique est un concept qui englobe l’ensemble des processus responsables de
la transformation et du transfert de l’eau contenue dans les différents réservoirs existant
dans la nature. Ceci s’accompagne d’un changement permanent de son état.

Le cycle hydrologique s’apparente en fait à un circuit ininterrompu d’eau. Les différents


mouvements de cette eau obéissent à des lois relevant pour l’essentiel de la physique. Ils
sont déterminés par l’énergie thermique solaire, la gravité, l’attraction solaire et lunaire, la
pression atmosphérique, les forces intermoléculaires, les réactions chimiques et les activités
biologiques, et enfin les activités humaines.

Comment agissent certains de ces facteurs sur les divers processus du cycle de l’eau ?

1. L’énergie solaire induit la circulation de l’air dans l’atmosphère, ceci s’expliquant par le
fait que la surface terrestre est réchauffée de manière inégale ;

2. La force de la gravité conditionne les précipitations, le ruissellement, l’infiltration et les


courants de convection ;

3. L’attraction solaire et lunaire est à l’origine des marées et des courants marins ;

4. Les différences de pression atmosphérique occasionnent les déplacements horizontaux


de l’air ;

5. Les vents sont eux-mêmes responsables du mouvement des couches superficielles dans
les lacs et les océans ;

6. Les forces intermoléculaires dans le sol provoquent les phénomènes capillaires ainsi que
la viscosité et influencent la vitesse d’écoulement ;

7. Enfin, l’homme intervient directement sur les processus responsables du mouvement et


de la transformation de l’eau ; en effet, ses actions multiformes peuvent conduire à une
meilleure gestion de cette précieuse ressource naturelle tout comme elles peuvent
perturber le cycle hydrologique, tant qualitativement que quantitativement.

Comment fonctionne le cycle hydrologique ?

Sous l’effet du rayonnement solaire, l’eau évaporée à partir du sol, des océans et des autres
surfaces d’eau, entre dans l’atmosphère. L’élévation d’une masse d’air humide permet le
refroidissement général nécessaire pour l’amener à saturation et provoquer la condensation
de la vapeur d’eau sous forme de gouttelettes constituant les nuages. La vapeur d’eau ainsi
transportée et temporairement emmagasinée dans les nuages est par la suite restituée par le
biais des précipitations aux océans et aux continents.
ne partie de cette pluie peut, au niveau des continents, être interceptée par les végétaux
puis être partiellement restituée sous forme de vapeur à l’atmosphère (évapotranspiration).
La pluie non interceptée qui atteint le sol peut, suivant les conditions du milieu, s’évaporer
directement, s’écouler en surface jusqu’aux cours d’eau (ruissellement de surface) ou encore
s’infiltrer dans le sol. Il peut aussi y avoir emmagasinement temporaire de l’eau infiltrée sous
forme d’humidité dans le sol, celle-ci étant susceptible d’être utilisée par les plantes. Il peut
tout aussi bien y avoir percolation en profondeur vers les réserves de la nappe souterraine. A
partir de cette dernière, peut se produire un écoulement différé qui rejoint en surface les
sources et les cours d’eau. L’évaporation des cours d’eau et la transpiration des plantes
complètent ainsi le cycle.

Il apparaît en définitive que le cycle hydrologique n’a ni commencement, ni fin : l’eau


accomplit un mouvement complet et permanent sans limitation de frontière. Celui-ci
comporte schématiquement trois phases principales : une phase marine, une phase aérienne
et une phase terrestre. Si ces trois phases sont liées entre elles de manière immuable, il ne
faut cependant pas imaginer le cycle comme un processus se déroulant à vitesse constante.
Le très grand nombre de paramètres qui interviennent provoque de très fortes variations à la
fois dans le temps et dans l’espace.

1.2. R épartition des eaux des différents réservoirs

L’étude du fonctionnement du cycle hydrologique fait apparaître en filigrane une répartition


des eaux en fonction de leurs propriétés physico-chimiques, de l’étendue de leur réservoir,
etc. Les différentes formes d’eau répertoriées correspondent aux diverses composantes du
cycle de l’eau. Elles ont fait l’objet d’estimations grossières à l’échelle du globe et à l’échelle
des continents.

1.2.1. A l’échelle du globe

A l’échelle du globe, on distingue les eaux salées d’une part, et les eaux dites douces d’autre
part.

Les premières sont constituées pour l’essentiel par les océans qui occupent une superficie de
l’ordre de 70 % de la surface du globe et représentent 97 % de la masse totale (soit en
termes de volume 1,3 x 109 km3). Les secondes ne représentent qu’environ 3 % du volume
total des eaux du globe (soit 38,3 x 106 km3). Elles se trouvent à 99 % dans les calottes
polaires et les glaciers (29,5 x 106 km3) ainsi que dans les nappes souterraines (8,6 x 106
km3) qui représentent des réserves d’eau douce difficilement accessibles.

Les eaux souterraines occupent le 2e rang des réserves mondiales d’eaux douces (soit 0,59
%) après les eaux contenues dans les glaciers. Elles devancent largement les eaux
continentales de surface. Leur apport est d’autant plus important que, dans certaines parties
du globe, les populations s’alimentent presque exclusivement en eau souterraine par
l’intermédiaire des puits, comme c’est le cas dans la majorité des zones arides et semi-
arides. Il faut cependant garder à l’esprit que plus de la moitié de l’eau souterraine se trouve
à plus de 800 m de profondeur et que son captage demeure par conséquent difficile. En
outre, son exploitation abusive entraîne souvent un abaissement irréversible des nappes
phréatiques et, parfois, leur remplacement graduel par de l’eau salée (problème rencontré
en zone maritime comme en Libye, au Sénégal et en Egypte).
Si les eaux continentales de surface (lacs d’eau douce, rivières, fleuves, etc.) sont, à l’inverse
des eaux souterraines, très accessibles, elles sont en revanche quantitativement infimes
(0,00016 %) et sont susceptibles d’être plus facilement polluées.

Quant aux eaux météoriques ou atmosphériques, elles peuvent apparaître très modestes
(0,0001 %), mais constituent une étape essentielle du cycle de l’eau.

1.2.2. A l’échelle d’une zone climatique

A l’échelle des zones climatiques, la répartition des eaux reste tout aussi inégale. Les zones
tempérées et intertropicales se partagent la plus grande part des précipitations mondiales et
génèrent à elles seules 98,2 % du débit mondial. Les zones arides et semi-arides ne
contribuent à l’écoulement total qu’à concurrence de 1,8 % alors qu’elles représentent 8,6 %
de l’évapotranspiration.

Une analyse plus fine de la répartition des précipitations sur les terres émargées en fonction
de la latitude révèle un accroissement des quantités précipitées du Nord jusqu’à l’équateur
(valeur maximale de 2000 mm/an) pour chuter aux environs de 500 mm/an à une latitude
de 30° S (Figure 1.4). La même variabilité latitudinale s’observe au niveau des surfaces
océaniques, à ceci près que la pointe au droit de l’équateur est plus marquée tandis que les
différences de précipitations entre les latitudes 30 et 50° S sont atténuées (Figure 1.4). Par
contre la répartition dans l’hémisphère nord présente un maximum à la latitude 50° pour
chuter vers 30° N.

La répartition de l’évaporation présente une structure quasiment symétrique par rapport à


l’équateur avec deux valeurs maximales pour les latitudes de 25° N et 15° S (Figure 1.5).
L’évapotranspiration des terres émergées est maximale au niveau de l’équateur et minimale
aux pôles.

1.2.3. A l’échelle des continents

Par continent, il est possible d’estimer le débit moyen annuel des cours d’eau en incluant non
seulement les quantités d’eau qui rejoignent les océans mais aussi les écoulements au sein
des systèmes endoréiques. Ainsi, les continents asiatique et sud-américain totalisent, à eux
seuls, 56 % du débit mondial des cours d’eau. Le pourcentage des précipitations qui
ruissellent est plus important dans l’hémisphère Nord (40 %) que dans l’hémisphère Sud.

1.2.4. A l’échelle des pays

Les ressources en eau dépendent bien évidemment de leur superficie mais aussi de leur
situation climatique, géographique et physique (présence de montagnes, de zones
désertiques) ainsi que de leur situation géologique. Selon les estimations qui ont été faites,
entre 9 et 12 pays se partagent 60 à 65 % des réserves d’eau douces de la planète. Dans le
peloton de tête, on trouve des pays comme le Brésil (6220-6950 km3), la Russie (4059-4498
km3). Avec environ 1019 km3, la RDC est le premier pays africain.

En termes absolus, si l’on constate que 9 à 12 pays se partagent 60 à 65 % des réserves


mondiales d’eaux douces, on se doit également de souligner que les 54 pays les plus pauvres
en eau ne représentent que 1 % des réserves totales.
1.3. Bilan induit par le cycle hydrologique

L'étude des différentes phases du cycle hydrologique peut se ramener au calcul d'un bilan
qui comptabilise, au sein d'un système étudié, les apports, les sorties et, éventuellement, les
variations de stock, à la manière d'une opération bancaire. Sachant que, selon les lois de la
nature, il n'y a ni pertes ni créations d'eau à l'intérieur d'un domaine bien circonscrit, le bilan
hydrologique est un procédé de contrôle qui traduit un certain équilibre.

A l’échelle du globe et sur un intervalle de temps annuel, le bilan hydrologique peut


schématiquement s’exprimer comme suit :

PTerre + ETerre +POcéan +EOcéan = 0

(+110) + (-70) + (+380) + (-420) = 0

Où PTerre et POcéan représentent respectivement les précipitations tombées sur les continents
et les océans, ETerre et EOcéan les quantités d’eau évaporées à la surface terrestre et sur les
océans.

De cette équation, on peut tirer deux enseignements principaux :

1. Les deux grandes composantes du cycle hydrologique que sont les précipitations d’une
part et l’évaporation d’autre part s’équilibrent à l’échelle planétaire, la sommation des
différents termes de l’équation donnant zéro. Ceci signifie que le cycle hydrologique est
un système en équilibre. Cet équilibre est variable dans le temps. Si le volume d’eau
global a vraisemblablement peu varié dans le temps, le bilan hydrologique, lui, s’est
modifié en fonction des variations climatiques, la dérive des continents, etc. Tout
changement de climat entraîne progressivement une redistribution des volumes dans les
grands réservoirs.
Mais l’équilibre du système est également fragile. Toute la communauté scientifique
s’accorde à penser que l’équilibre actuel peut dériver à la suite de perturbations d’origine
naturelle (activité solaire, éruptions volcaniques, …) ou d’origine anthropique. Ces
dernières se sont multipliées au rythme du développement des sociétés. Citons en
quelques exemples : la multiplication des grands barrages perturbant les régimes
fluviaux et le rythme des apports aux océan ; le détournement d'une partie du débit des
grands fleuves vers des régions déficitaires (cf. les grands projets de transfert inter-
bassins en ex-URSS) ; les activités industrielles et leur cortège de rejets divers dans
l'atmosphère ; l'assèchement des grands marais, le drainage de zones humides, les
pratiques agricoles (drainage et irrigation) modifiant les bilans hydriques locaux et
régionaux ; les pratiques de déforestation abusive menée notamment en forêt
équatoriale ; l’extension des surfaces urbanisées, diminuant le degré de perméabilité des
sols, etc.

2. La nature de l’équilibre varie pour chaque élément du système. Ainsi, pour l’atmosphère,
il s’agit d’un équilibre parfait puisque le solde est égal à zéro. Par contre, le bilan est
positif sur les continents (+40) et négatif sur les océans (–40). Le solde négatif
enregistré au niveau des océans peut laisser penser à leur vidage progressif dans le
temps. Un tel scénario ne peut être envisagé car la régulation de l’ensemble du système
est assurée par les eaux continentales (écoulement superficiel et souterrain) qui
alimentent les océans.
En conclusion

Le cycle hydrologique se caractérise par l’interdépendance de ses composantes, par sa


stabilité et son équilibre dynamique. Il met en jeu des processus complexes mais bien
individualisés (évaporation, précipitation, transpiration des végétaux, infiltration, percolation,
stockage dans les nappes aquifères, ruissellement de surface) qui constituent autant de
chapitres de l’hydrologie.

Bien qu’ayant une valeur pratique limitée, le cycle hydrologique est un concept introductif
utile. Il constitue en effet un cadre logique adéquat pour la mesure, l’analyse et la
modélisation des processus hydrologiques mais aussi pour l’identification des impacts des
actions humaines sur la qualité, la quantité, le transfert et le stockage des eaux.

2. Le bassin versant (drainage or river basin, w atershed, catchm ent )

Le bassin versant (BV) ou bassin hydrographique représente l’unité spatiale de référence en


hydrologie. Il peut se définir très simplement comme l’espace géographique ou le territoire
alimentant un cours d’eau (ruisseau, rivière, fleuve) et drainé par lui.

Dans la perspective du cycle de l’eau, le bassin versant est le réceptacle des précipitations
qui, de manière différée, les achemine vers le même exutoire (le point le plus en aval du
réseau hydrographique où passent toutes les eaux drainées par le bassin versant). Il
constitue alors l’impluvium.

En règle générale, les hydrologues définissent le bassin versant en se référant à un endroit


bien précis d’un cours d’eau. Il désigne alors la totalité d’une surface topographique drainée
par un cours d’eau et ses affluents en amont d’un point donné de ce cours d’eau.

Lorsqu’il est suffisamment étendu, le BV se morcelle généralement en plusieurs sous-bassins


élémentaires (ou impluviums) s’emboîtant dans celui-ci. Les dimensions et la forme de ces
sous-bassins élémentaires dépendent de la longueur et du gabarit du cours d’eau qui les
draine. Tout BV comporte deux éléments topographiques majeurs : les versants (slopes) ou
pentes penchant vers les vallées et les talwegs qui collectent les eaux de ruissellement. Leur
agencement confère au BV une topographie différenciée faite de dépressions allongées
formées par les vallées et de reliefs saillants (interfluves) séparant ces dernières.

Le bassin versant se caractérise par ses limites, par sa géométrie, son système de pentes,
ses états de surface, sa géologie et ses formations superficielles ainsi que par un réseau
hydrographique d’un style donné. Son comportement hydrologique dépend de toutes ces
caractéristiques ou facteurs d’ordre physique, qu’on qualifie également de physiographiques.

2.1. Les lim ites du BV

Chaque BV est séparé des BV adjacents par la ligne de partage des eaux (watershed line or
divide). Cette dernière constitue une ligne imaginaire qu’on fait généralement passer par le
sommet des interfluves dans les régions où les dénivellations sont faibles à moyennes et par
la ligne de crête dans le cas des montagnes. Elle est généralement tracée sur une carte
topographique à grande échelle (cf. Figure 1.6).
La principale limitation de la définition du BV selon cette approche est qu’il s’agit d’un bassin
versant topographique. Or, une telle définition n’est pas suffisante dès lors que l’on
s’intéresse au bassin versant réel ou hydrogéologique (phreatic devide) qui, lui, prend en
compte les limites souterraines du système. En effet, la ligne réelle de partage des eaux
dans le sous-sol peut, dans ce cas, ne pas être nécessairement identique à la ligne de
partage des eaux de surface du BV, comme illustré par la Figure 1.7.

Cette différence entre bassin versant topographique et bassin versant réel est
particulièrement nette dans les régions karstiques, du fait de l’existence de nombreux
conduits souterrains, liés à la dissolution, par lesquels s’opère l’essentiel du drainage.

Une distinction tout aussi fondamentale est à faire entre le bassin versant théorique, qui
comprend la totalité des drains, y compris les vallées sèches, et le bassin versant ruisselant
circonscrit à la partie parcourue par les seules artères fonctionnelles. Ce dernier est une
particularité des bassins hydrographiques des régions arides, où la partie fonctionnelle est
souvent spatialement très réduite.

Les actions des sociétés devenant de plus en plus marquées, toute délimitation d’un BV doit
aujourd’hui tenir compte des aménagements anthropiques (routes, chemins de fer,
terrassements, ponts, etc.) et d’apports latéraux artificiels (réseaux d’eaux usées ou
potables, drainages, pompages ou dérivations) (cf. Figure 1.8), car ceux-ci sont susceptibles
de modifier les écoulements et, partant, le bilan hydrologique.

2.2. Les caractéristiques géom étriques du BV

La géométrie renvoie à la forme et aux dimensions d’un objet. Un BV se caractérise sur ce


plan par sa surface, sa longueur et sa forme

2.2.1. La surface

Symbolisée par la lettre A et toujours exprimée en km2, la surface du BV est la première et la


plus importante des caractéristiques. Elle s’obtient par planimétrage sur une carte
topographique, après que l’on y ait tracé les limites topographiques et, éventuellement
hydrogéologiques. Mieux, on peut recourir de nos jours aux techniques de digitalisation qui
débouchent sur un calcul automatisé de cette métrique.

Dans la mesure où le BV constitue une aire de réception des précipitations et d’alimentation


des cours d’eau, les débits sont en partie reliés à sa surface. Mais, il convient de préciser que
la superficie d’un bassin est toujours un facteur de complexité ou d’hétérogénéité. En effet,
plus un BV est grand, plus il risque d’être géographiquement hétérogène. Ceci est
particulièrement vrai dans les régions morcelées ou géographiquement contrastées.

2.2.2. La longueur

On utilise différentes caractéristiques de longueur. La première et une des plus utilisées est
le "périmètre P du BV".
Le périmètre est curvimetré sur carte topographique ou en recourant à des techniques de
digitalisation. Selon l’échelle de la carte utilisée, les détails sont plus ou moins nombreux et il
en résulte des différences de mesures.
Le périmètre n’est pas généralement utilisé directement, mais le plus souvent à travers des
valeurs qui en dérivent comme la "longueur L du rectangle équivalent". On définit le
rectangle équivalent comme le rectangle de longueur L et de largeur l qui a même surface et
même périmètre que le bassin versant, soit à l'aide de :

P = 2 . (L + l) et A=L.l

L'inconvénient de cette méthode est que l'on peut rencontrer des bassins plus
compacts qu'un carré ; l'équation n'a alors plus de racines réelles !

A la suite de ces remarques critiques sur l'utilisation du périmètre comme critère de


longueur, il a fallu définir d'autres caractéristiques, et en particulier (cf. Figure 1.10) :

- la "longueur du plus long thalweg" (lt). Pour l’obtenir, on admet qu'il faut poursuivre
le thalweg indiqué sur les cartes topographiques, vers l'amont jusqu'à la limite du
bassin ;

- la "distance de l'exutoire au centre de gravité du bassin" (lg). C’est une bonne


caractéristique de longueur, mais qui nécessite l'évaluation de la position du centre
de gravité du bassin ;

- la "plus grande longueur entre deux points de la frontière" (L). On utilise cette
caractéristique surtout en association avec la "plus grande largeur" (l) perpendiculaire
à la plus grande longueur.

2.2.3. La forme

La forme est également importante à déterminer pour un BV, puisqu’il est établi qu’elle
influence l’allure de l’hydrogramme (hydrograph) à l’exutoire du BV (cf. Figure 1.12).

Il existe à cet égard différents indices morphologiques permettant de caractériser et de


comparer les BV. Le plus utilisé est l’indice de compacité de Gravelius (1914), KG, défini
comme le rapport du périmètre du bassin au périmètre du cercle ayant une surface
équivalente :

P P
KG = ≈ 0,28.
2 π.A A

Où :
KG est l’indice de compacité de Gravelius (Gravelius elongation ratio),
A : la surface du BV (en km2),
P : le périmètre du BV (en km),

Cet indice se détermine sur une carte topographique en mesurant le périmètre du BV et sa


surface. Il est proche de 1 pour un BV de forme quasiment circulaire et supérieur à 1 lorsque
celui-ci est de forme allongée.

En dehors de l’indice de compacité de Gravelius, d’autres indices décrivant quantitativement


la forme du BV ont été proposés par certains auteurs. Il s’agit de :

- l’indice de forme (form ratio) de Horton (1932) :


𝐴
𝑅𝑓 =
𝐿2
Où A est la surface du BV (en km2) et L sa longueur maximum (en km).

- L’indice d’allongement (elongation ratio) de Schumm (1956) :

𝐷𝑐
𝑅𝑒 =
𝐿
Où L est la longueur maximum (en km) du BV et Dc le diamètre d’un cercle ayant même
surface que le BV concerné.

Le diamètre de même surface que le BV est obtenu comme suit :

�(4 × 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒)/𝜋

2.3. Le systèm e des pentes

Il faut entendre par cette expression tous les éléments caractéristiques d’un relief, à savoir :
les divers types de pente (orographique, topographique, stratigraphique, hydraulique) mais
aussi ses altitudes générales et son orientation.

1) S’agissant tout d’abord des pentes, chaque catégorie agit sur une composante donnée du
cycle de l’eau.

Ainsi, la pente orographique, ou pente générale du relief ou encore pente de la surface


enveloppante du volume de relief, commande l’écoulement général des masses d’air
puisqu’elle est susceptible d’induire une ascendance forcée dans un sens ou une subsidence
forcée en sens inverse et contrôle le gradient pluviométrique régional.

La pente topographique ou pente des versants (slope gradient) détermine la rapidité du


ruissellement de surface et de subsurface, et contrôle la percolation en profondeur ainsi que
le ressuyage des sols. De cette pente dépend le temps de réponse (lag time) du bassin
versant à la pluie, c’est-à-dire la durée du transit de l’eau vers les axes hydrographiques.

La pente stratigraphique (i.e. pendage) des couches ou strates perméables et imperméables


du substratum commande l’écoulement des eaux souterraines.

Enfin, la pente hydraulique ou pente des chenaux commande l’écoulement linéaire concentré
qui est un trait caractéristique de l’écoulement fluviatile. Elle possède deux composantes : la
pente du cours d’eau ou pente hydrographique et la forme transversale ou profil en travers.

- La pente hydrographique (stream gradient) contrôle la vitesse de l’eau dans le


chenal, la vitesse de l’onde de crue, la montée du flot et la profondeur du courant ou
tirant d’eau. Elle dérive du profil en long, ce dernier étant la représentation
schématique de la variation altimétrique du fond d’une vallée ou, mieux, d’un cours
d’eau en fonction de la distance (Figure 1.14). On se base généralement sur le profil
longitudinal d’un cours d’eau et de ses affluents pour calculer leurs pentes moyennes
et partielles. La méthode la plus couramment utilisée consiste à faire le rapport
différence d’altitude entre deux points extrêmes/longueur du cours d’eau, ce qui peut
être formulé comme suit :

∆H
Pmoy =
L

Où :
Pmoy : pente moyenne du cours d’eau en m/km ou en ‰
∆H : dénivellation (m) entre les deux points pris en compte
L : longueur du cours d’eau en km.

Le profil transversal (river cross section) constitue la seconde composante de la pente


hydraulique. Façonnée par l’écoulement fluvial, celle-ci détermine en retour le mode
d’écoulement. De plus, elle contrôle les capacités de stockage des eaux de crue dans une
plaine alluviale. Ces capacités sont fonction des dimensions de la vallée, elles-mêmes
déterminées par la dureté du substrat au sein duquel celle-ci est inscrite. En règle générale,
la vallée est large en roche tendre ou dans le cas de cours d’eau de plaine à charge
sédimentaire peu volumineuse à très fine.

2) Les altitudes jouent également un rôle non négligeable puisque de nombreux paramètres
hydrométéorologiques varient avec elle (précipitations, températures, etc.). De plus, elles
déterminent, lorsqu’elles sont très variables, l’énergie du relief et, donc, la vitesse des
écoulements.

Une manière d’appréhender les altitudes est de construire la courbe hypsométrique et de


déterminer les altitudes caractéristiques (altitudes moyenne et médiane notamment).

La courbe hypsométrique fournit une vue synthétique de la pente du bassin, donc du relief.
Celle-ci représente la répartition de la surface du bassin en fonction de l’altitude. Elle porte
en abscisse la surface (ou le pourcentage de surface) du bassin se trouvant au-dessus (ou
au-dessous) de l’altitude représentée en ordonnée (Figure 1.16). Elle exprime la superficie
du bassin ou le pourcentage de superficie, au delà d’une certaine altitude.

Les courbes hypsométriques constituent un outil pratique pour comparer plusieurs bassins
entre eux ou les divers compartiments d’un seul bassin. Elles peuvent en outre servir à la
détermination de la pluie moyenne sur un BV et donnent des indications quant à son
comportement hydrologique et à son système de drainage.

L’altitude moyenne se déduit directement de la courbe hypsométrique ou de la lecture d’une


carte topographique. On la définit comme suit :

Ai .hi
Hmoy = ∑ A

Avec :
Hmoy : l’altitude moyenne du bassin (m),
Ai : l’aire comprise entre deux courbes de niveaux (km2),
Hi : l’altitude moyenne entre deux courbes de niveaux,
A : la superficie totale du BV (km2).
L’altitude médiane correspond à l’altitude correspondant à 50 % de la superficie totale du
BV, sur la courbe hypsométrique. Cette grandeur se rapproche de l’altitude moyenne dans le
cas où la courbe hypsométrique du bassin concerné présente une pente régulière.

3) L’orientation du BV constitue le dernier élément du système des pentes. Son influence est
fonction de l’exposition des BV aux flux aériens perturbés. On oppose ainsi les BV au vent
présentant leur pente orographique face au vent pluvieux et qui, par conséquent, sont plus
arrosés aux BV sous le vent soumis à l’effet du fœhn. On peut imaginer les différences qu’il
peut exister entre ces deux catégories en termes d’abondance hydrologique.

On peut approfondir le rôle de l’orientation du BV en opposant cette fois les bassins dans le
flux aux bassins à contre flux.

Un bassin est dit dans le flux quand le flux perturbé s’écoule dans le même sens que la
rivière principale, d’amont-bassin vers l’aval-bassin ; perturbations et averses se déplacent
dans le même sens que l’écoulement général. La première averse affecte donc l’amont-
bassin ; l’onde de crue qui s’y forme descend vers l’aval bassin dans le même sens que le
courant perturbé qui peut arroser l’aval et y produire une crue locale au même moment où la
crue d’amont occupe déjà le lit de plein bord. Il y a donc risque de convergence
chronologique et spatiale des deux ondes de crue, risque d’empilement des deux crues, et
finalement risque d’inondation.

Un bassin est dit à contre flux quand le flux perturbé remonte le bassin versant. Ce BV voit
donc son secteur aval entrer en crue avant l’amont et quand l’amont, atteint par la
perturbation pluvieuse, entre en crue à son tour, l’onde de crue peut descendre d’autant plus
facilement le chenal que la crue initiale de cet aval a déjà eu le temps de s’écouler, que le
chenal de plein bord y est libre.
A contre flux, un bassin a plus de chance de voir les crues se succéder, se relayer dans le
chenal axial que de s’y empiler comme dans une situation dans le flux.

2.4. Les états de surface

Ce terme renvoie aux classes de végétation (forêts, prairie, cultures, etc.) et aux types de
surface (surfaces imperméabilisées, sols nus) rencontrés dans un BV. Ces caractères
influencent singulièrement les écoulements.

Le couvert végétal retient, selon sa densité, sa nature et l’importance de la précipitation, une


proportion variable de l’eau atmosphérique. Cette eau interceptée est en partie soustraite à
l’écoulement. La forêt, par exemple, intercepte une partie de l’averse par sa frondaison ou sa
canopée. De ce fait, elle exerce une action limitatrice sur le ruissellement de surface.

La présence d’une forêt peut être traduite au moyen d’un indice de couverture forestière, K,
formulé comme suit :

Surfacedesforêts
K= ⋅ 100
Surface
totale
dubassin

Ce type d’indice peut être utilisé pour quantifier d’autres couvertures végétales comme les
cultures.
L’influence exercée par les sols nus et les surfaces imperméabilisées est également
importante. Ces deux catégories d’états de surface sont le fait d’actions anthropiques
(pratiques agricoles, urbanisation accélérée et ses corollaires, etc.).
Un sol nu possède une faible capacité de rétention et, de ce fait, favorise un ruissellement
rapide.

Les surfaces imperméabilisés (routes avec ou sans revêtement, lotissements, parkings, etc.)
jouent un rôle majeur en hydrologie urbaine. En effet, elles réduisent les infiltrations et la
recharge des nappes et diminuent le temps de concentration. On calcule souvent un taux
d’imperméabilisation (coefficient of imperviousness) qui n’est rien d’autre que le rapport
entre les surfaces rendues imperméables et la surface totale du bassin urbanisé.

2.5. Les caractères du terrain

Les terrains agissent sur l’écoulement superficiel et souterrain à travers notamment la


porosité et la perméabilité. En déterminant la capacité d’un matériau à absorber et à retenir
l’eau ainsi que les possibilités de circulation de cette dernière dans l’épaisseur du BV, ces
deux variables interviennent sur la vitesse de montée des crues, sur leur volume et sur le
soutien apporté aux débits d’étiage par les eaux souterraines.

Par terrain, il faut entendre la somme des trois matériaux différents souvent superposés :
sol, manteau, substratum.
• Le sol est la partie superficielle de la lithosphère pénétrée par la vie, qui les plantes, les
nourrit et permet leur reproduction.
• Le manteau est un terme qui regroupe toutes les formations meubles granulaires issues,
soit de l’altération chimique des roches (altérites), soit des phénomènes d’érosion,
transport, dépôt (colluvions, alluvions, lœss) et qui, très souvent, s’interposent entre le sol
et le substratum.
• Le substratum représente le soubassement d’un relief. C’est la roche en place au niveau
local (granite, gneiss, etc.).

Précisons cette fois ce que sont la porosité et la perméabilité, deux notions qui ont une
signification différente.

La porosité est le volume des vides qui, dans un matériau donné, sont susceptibles de se
remplir de gaz ou de liquide. Pour simplifier, c’est l’aptitude des terrains à retenir l’eau. Elle
s’exprime par le coefficient de porosité qui n’est rien d’autre que le rapport du volume des
vides au volume total du matériau. Cette notion est complexe car elle fonctionne selon la
dimension des vides et selon l’agencement des pores. Selon l’agencement des pores, on
distingue (cf. Figure 1.17) :

- la porosité d’interstices qui concerne les matériaux non consolidés dont les grains
laissent des espaces entre les éléments constitutifs (sables, alluvions,
moraines,…) ;

- la porosité de fissures (dite parfois porosité en grand) qui est celle due aux
diaclases et aux joints de stratification caractéristiques des roches consolidées
(certaines roches sédimentaires, les socles) ;
- la porosité de conduits due à l’élargissement des fissures par dissolution des
roches carbonatées. Elle est à l’origine d’une circulation accélérée et d’un
véritable écoulement concentré souterrain dans le cas des karsts ouverts.

Ces porosités, qui sont fonction de l’agencement des vides, sont qualifiés d’ouvertes car elles
caractérisent celles où les pores communiquent entre eux. Elles permettent la conductivité
ou les vitesses de filtration de l’eau à travers les matériaux.

Au-delà de la nature des vides, il faut également tenir compte de leur taille et doubler la
typologie précédente d’une autre qui distingue :

- la microporosité correspondant aux vides de –2 µm de diamètre ;


- la porosité capillaire où ils sont compris entre 2µm et 2 mm ;
- la macroporosité quand leur diamètre dépasse 2 mm.

En fin de compte, il faut retenir que la porosité est maximum dans les terrains meubles où
elle croît avec la finesse des grains : plus de 59 % dans les argiles ; 45 % dans les sables
fins ; 30 % dans les graviers. Dans les roches compactes ou consolidées, elle varie surtout
avec la fissuration : les grès ont de 10 à 17 % ; les calcaires et les dolomies entre 2 et 10
% ; les roches cristallines souvent moins de 1 %.

La perméabilité est, quant à elle, l’aptitude des terrains à se laisser traverser par l’eau. Elle
dépend de la dimension des vides et non de leur volume global. De ce fait, il convient de la
distinguer nettement de la porosité. Les formations grossières homométriques (alluvions
graveleuses…), les roches très diaclasées (basaltes, granites à diaclases ouvertes…) et les
calcaires karstifiés à porosité de conduits sont perméables en grand, surtout s’ils ne sont pas
recouverts de végétation.

En revanche, les argiles, les calcaires à grains fins, les roches cristallines non fissurées ne
laissent passer l’eau que très lentement en raison du caractère minuscule de leurs pores.
La perméabilité s’exprime à travers le coefficient de perméabilité ou lame d’eau en mm que
peut absorber un terrain en une heure.

2.6. Le réseau hydrographique

C’est l’ensemble des cours d’eau naturels ou artificiels, permanents ou temporaires qui
participent au drainage du BV. Le réseau hydrographique constitue l’une des caractéristiques
les plus importantes du BV. Sa caractérisation se fonde sur la classification par style,
l’ordination ou hiérarchisation des cours d’eau qui le constitue et l’utilisation des paramètres
descripteurs. Tout ceci relève de la topologie (étude des propriétés géométriques se
conservant après déformations continues).

2.6.1. La classification des réseaux par style

Elle permet de différencier les réseaux en fonction de leur géométrie en plan. On distingue
plusieurs types (Figure 1.19) :

- le type dendritique ou arborescent. Il se rencontre en général sur des substrats de


lithologie homogène et de résistance uniforme. Il se caractérise par des branches
qui se développent au hasard dans toutes les directions ;
- le réseau parallèle. Il se développe sur des surfaces homogènes inclinées de
manière forte à modérée ;

- le type radial. Il se met en place sur les dômes (relief plissé et surtout volcanique).

- le réseau en treillis ou en baïonnette. Il caractérise les régions de relief plissé et est


assez proche du réseau rectangulaire.

- le réseau centripète. Il signale la cuvette de subsidence.

La différenciation de tous ces types est, outre les conditions géologiques déjà mentionnées,
due au facteur d’ordre climatique (par exemple, le réseau est dense dans les régions très
humides et tend à disparaître dans les régions désertiques), la pente des terrains et la
présence humaine (l’homme à travers différentes actions modifient sans cesse le tracé
originel des réseaux hydrographiques).

2.6.2. L’ordination ou hiérarchisation des cours d’eau (stream ordering)

L’ordination des cours d’eau (stream ordering) est une démarche largement appliquée pour
classer les organismes fluviaux par ordre d’importance. Son utilisation se fonde sur le
principe que le numéro d’ordre peut être relié à la taille de la surface contributive, aux
dimensions du chenal et au débit (cf. Figure 1.20).

Plusieurs approches ont été proposées pour classer les cours d’eau par ordre d’importance.
Horton a été le premier en 1932 à introduire le concept d’ordination aux Etats-Unis, en
inversant la pratique courante en Europe qui voulait que les grands cours d’eau soient
d’ordre 1 et les petits tributaires des têtes des bassins aient des numéros d’ordre plus élevés.

Par la suite, Strahler a proposé une autre méthode qui est une modification mineure de celle
de Horton. Chez lui, les cours d’eau extérieurs au tronc principal, qu’ils soient ou non
fonctionnels, sont considérés comme étant d’ordre 1. Ceux qui sont d’ordre 2 sont formés
par l’assemblage des rivières d’ordre 1 tandis que les cours d’eau d’ordre 3 résultent de la
jonction des cours d’eau d’ordre 2. La limite avec cette approche est qu’un grand nombre de
petits tributaires se retrouvent en situation de confluence avec les grands cours d’eau,
rendant ainsi difficile la définition de leur numéro d’ordre. C’est pour contourner cette
difficulté que Scheidegger (1965) et Shreve (1967) ont élaboré des méthodes qui consistent
pour l’essentiel à une sommation progressive des numéros d’ordre des cours d’eau.

2.6.3. Les paramètres descripteurs des réseaux hydrographiques

Il existe plusieurs indicateurs numériques permettant de définir les réseaux hydrographiques


et les cours d’eau. Nous retiendrons principalement la densité de drainage, la densité
hydrographique, et la pente moyenne du cours d’eau.

2.6.3.1. La densité de drainage

C’est un paramètre qui permet de faire ressortir le degré de développement d’un réseau.
C’est, en fait, la longueur totale du réseau par unité de surface du BV.

Dd =
∑L i

A
Avec :
Dd : densité de drainage (km/km2) ;
Li : longueur de cours d’eau ;
A : surface du bassin versant (km2).

La densité de drainage dépend de la géologie (structure et lithologie), des caractéristiques


topographiques et, dans une certaine mesure, des conditions climatiques et des actions
anthropiques. En pratique, les valeurs de densité de drainage varient de 3 à 4 pour des
régions où l’écoulement n’a atteint qu’un développement très limité. Par contre, elle dépasse
1000 pour certaines régions où l’écoulement est très ramifié avec peu d’infiltration.

2.6.3.2.. La densité hydrographique

Elle représente le nombre de canaux par unité de surface.

F=
∑N i

Où :
F : densité hydrographique (km2) ;
Ni : nombre de cours d’eau ;
A : superficie du BV (km2).

En conclusion sur ces deux paramètres, on peut dire que les régions à haute densité de
drainage et à haute densité hydrographique présentent en général une roche mère
imperméable, un couvert végétal restreint et un relief montagneux. A l’opposé, faible densité
de drainage et de faible densité hydrographique se rencontrent dans des régions à
substratum très perméable, à couvert végétal important et à relief peu accentué.

2.6.3.3. Le rapport de confluence (bifurcation ratio)

C’est un indice qui a été élaboré par Horton (1945). Il obtenu comme suit :

𝑁𝑢
𝑅𝑏 =
𝑁𝑢+1
Avec :
Rb : rapport de confluence ;
Nu : nombre de cours d’eau d’un ordre donné ;
Nu+1 : nombre de cours d’eau d’un ordre immédiatement supérieur.

Le rapport de confluence est une grandeur adimensionnelle exprimant le développement du


réseau hydrographique. C’est un élément important à considérer pour établir des corrélations
d’une région à une autre.
On considère que les rapports de confluence varient en général de 2 à 5. Ils sont compris
entre 3 et 5 pour une région où la géologie n’a aucune influence. La valeur la plus élevée est
rencontrée dans le cas des bassins de forme allongée, présentant de surcroît une vallée
étroite et pentue.
En conclusion

Le BV est un espace qui collecte l’eau précipitée et la transforme en écoulement de rivière. Il


s’agit d’un système ouvert qui dépend des entrées, transfert et sorties d’eau. Les
précipitations constituent les entrées du système. Les sorties, représentées par les
écoulements fluviaux et l’évapotranspiration, sont générées par le transfert des flux d’eau au
travers d’une série de stockages dans les sous-systèmes versants et chenal. Le régulateur le
plus important de cet ensemble complexe est l’eau stockée dans le sol.

A la lumière de ce qui précède, le bilan d’écoulement de l’eau dans un BV est formulé de la


manière suivante :

Ecoulement de rivière = Précipitations – Evapotranspiration ± Variations du sol et des nappes

Cette équation peut encore être écrite sous une forme plus générale :

Entrées = Sorties + Pertes ± Variations des stocks d’eau

En somme, le BV est un complexe hydrologique (le mot complexe doit être pris ici non pas
dans le sens de complication mais plutôt d’une interaction de facteurs agissant sur le cycle
de l’eau) et chacune de ses composantes. Il constitue aux yeux des hydrologues une unité
de référence pour l’étude des eaux continentales. En effet, celui-ci permet de comprendre la
formation et la transmission des flux d’eau, depuis les apports par les précipitations
atmosphériques jusqu’aux embouchures fluviales en intégrant le stockage dans le sol et les
nappes ainsi que l’étalement des crues dans les lits majeurs.

3. L’écoulement fluvial (streamflow)

3.1. Définition et modes d’expression

L’écoulement qui se produit dans les lits ou les chenaux est dit fluvial ou fluviatile. On devrait
préférer le mot fluviatile et réserver le qualificatif fluvial aux fleuves, beaucoup plus puissants
pour être confondus avec les rus, ruisseaux et même les rivières.

L’écoulement fluvial est habituellement exprimé en volume par unité de temps (les m3/s, les
l/s et les l/s/km2 sont ainsi couramment employés). On peut également le convertir en lame
d’eau par unité de surface, c’est-à-dire en hauteur d’eau équivalente sur l’ensemble du BV
(en mm par jour, par mois ou par an). Ce mode d’expression est particulièrement adapté
pour comparer les précipitations et l’écoulement, les mêmes unités étant dans ce cas
utilisées.

3.2. Origine et composantes de l’écoulement fluvial

On distingue, suivant l’origine et les cheminements des masses d’eau, quatre (4) principales
composantes de l’écoulement fluvial (cf. Figure 1.21) :

• les précipitations directes à la surface des nappes d’eau libre (direct precipitation),

• l’écoulement de surface ou ruissellement de surface (overland flow),


• l’écoulement subsuperficiel ou de subsurface encore appelé écoulement
hypodermique (subsurface flow, throughflow, interflow, storm seepage),

• l’écoulement souterrain (groundwater flow).

3.2.1. Les précipitations directes (Qp)

Parmi les apports dont dépend l’écoulement fluvial, il y a les précipitations tombant
directement à la surface des cours d’eau. Celles-ci peuvent cependant être considérées
comme négligeables, les chenaux pérennes occupant une très faible fraction de la superficie
des bassins versants (1 à 2 % seulement). La part des précipitations directes à l’écoulement
croît toutefois dans les bassins versants qui comportent d’importantes zones lacustres et
marécageuses ou lorsque surviennent des précipitations de longue durée. Dans ce dernier
cas, elles peuvent temporairement représenter 60 %, voire plus, de l’écoulement,
notamment dans les petits bassins.

3.2.2. L’écoulement de surface (Qo)

Ce type d’écoulement est constitué par les flux d’eau qui s’écoulent à la surface, des versants
au lit fluvial. Il s’opère de manière concentré ou linéaire, de manière diffuse (c’est-à-dire
partagé en multiples filets divagants) ou de manière pelliculaire lorsqu’un film d’eau recouvre
tout ou partie du versant.

On considère que l’écoulement superficiel résulte :

1. d’un dépassement de la capacité d’infiltration lorsque, du fait de fortes intensités


pluviales, un sol ne peut plus absorber l’eau (c’est le infiltration-excess overland
flow du modèle d’Horton) ou, dans les zones agricoles, d’un refus d’infiltration
lorsque des sols, notamment de type limoneux, sont affectés par la battance
(compactage de la partie superficielle d’un sol du fait du déplacement des
particules sous l’effet de l’impact des gouttes de pluies ou effet splash).

2. de la saturation d’une surface en raison de l’écoulement latéral d’une nappe ou de


sa remontée en surface. La saturation par affleurement de la nappe ou saturation
par le bas est à l’origine de la saturation overland flow du modèle d’Hewlett ; elle
est à opposer à la saturation par le haut du modèle d’Horton.

3.2.3. L’écoulement de subsurface (Qt)

C’est un écoulement oblique se produisant sur les versants dans les horizons supérieurs du
sol, en particulier au contact d’horizons A et B. Il survient lorsque la conductivité hydraulique
latérale des horizons supérieurs du sol est supérieure à la conductivité verticale de
l’ensemble du profil. En zone non saturée, l’eau s’écoule dans ce cas par un mécanisme de
type "toit de chaume" 1. Ce type d’écoulement peut aussi se produire en zone saturée
lorsqu’une nappe perchée se forme dans la partie supérieure d’un horizon imperméable.

En règle générale, l’écoulement de subsurface est diffus au contact d’horizons du sol. Il est
ainsi particulièrement favorisé (1) là où un sol mince et perméable recouvre un substratum
1
L’analogie avec un toit de chaume se comprend aisément. Le toit de chaume par l’organisation
structurée de ses fibres favorise un écoulement latéral, ceci au détriment du mouvement vertical.
quasi imperméable, (2) lorsqu’un sol est constitué de plusieurs horizons différenciés du point
de vue textural et structural (possibilité de formation de niveaux superposés d’écoulement de
subsurface), (3) lorsqu’il s’est formé un horizon induré à proximité de la surface.

Mais l’écoulement hypodermique peut également être préconcentré, se produisant dans ce


cas à travers des micropores (vides intergranulaires et vides structuraux existant dans la
matrice d’un sol) ou à travers des macropores, voire à travers les micro-galeries (les fameux
pipes des anglo-saxons ou renards abondants dans les sols à composante soluble comme le
gypse) dont les dimensions varient de 0,02 à plus d’1 m de diamètre et de plusieurs mètres
à plus d’1 km de long. L’écoulement y alors est très rapide, atteignant des vitesses de 0,005
à 500 mm/h.

En définitive, l’écoulement subsuperficiel joue un rôle important dans un régime


hydrologique, des expériences ayant montré que sa contribution à l’écoulement total peut
dépasser 85 %.

3.2.4. L’écoulement souterrain (Qg)

L’écoulement souterrain constitue la dernière composante de l’écoulement fluvial. Cet


écoulement est lié au drainage de la nappe phréatique. Cette dernière est une zone saturée
occupant les pores de la roche ou des formations granulaires meubles. Précisons que la
nappe phréatique est alimentée par l’eau de percolation. Une partie de cette eau va transiter
à travers l’aquifère avec une vitesse de quelques mètres par jour à quelques millimètres par
an avant de rejoindre le cours d’eau souvent par un phénomène de résurgence de la nappe.
L’écoulement souterrain peut en définitive être considéré comme une composante à long
terme de l’écoulement total. Il est particulièrement important en saison sèche quand
l’écoulement de surface est absent.

3.3. Ecoulement rapide de crue (ERC) et écoulement de base

Les différentes composantes de l’écoulement fluvial qui viennent d’être décrites peuvent être
à l’origine, suivant le temps mis par les masses d’eau pour parvenir au chenal, de
l’écoulement rapide de crue (quickflow) en abrégé ERC ou d’un écoulement différé (delayed
flow) plus connu sous le terme d’écoulement de base (baseflow).
L’ERC provoque en règle générale une montée brusque et rapide des eaux de crue.
L’immédiateté de la réponse du cours d’eau traduit des temps de transit très courts de l’eau
provenant des versants. C’est que l’ERC n’est pas à proprement parler un écoulement direct
des précipitations mais plutôt le résultat d’un mécanisme de transmission quasi instantanée,
nommé effet piston (piston displacement or translatory flow).

Comment cet effet se traduit-il ?


L’eau de pluie tombe sur une surface saturée et chasse l’eau de la nappe qui gagne ainsi la
rivière.

L’écoulement de base est cette partie du débit issue de la vidange des nappes plus
profondes. Il assure le débit des cours d’eau en l’absence de précipitations et permet le
soutien des débits d’étiage.

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