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CHAPITRE 1
CYCLE ET BILAN HYDROLOGIQUES
1.1 Introduction
La question de la disponibilité et d'accès à l'eau est sans aucun doute un des
problèmes majeurs auquel devra faire face l'humanité durant le siècle à venir.
Aujourd'hui on estime en effet qu'un habitant sur cinq de la planète n'a pas accès à
l'eau en suffisance et un sur trois à une eau de qualité. Dans ce contexte, il peut être
utile de rappeler que "la mesure quantitative et qualitative des éléments du cycle
hydrologique et la mesure des autres caractéristiques de l'environnement qui influent
sur l'eau constituent une base essentielle pour une gestion efficace de l'eau".
(Déclaration de Dublin, 1992). De fait, la compréhension et l'analyse du cycle de
l'eau est la base de toute étude et réflexion au sujet de la gestion des eaux.
1.3.1 Définition:
Sous l'effet du rayonnement solaire, l'eau évaporée à partir du sol, des océans et des
autres surfaces d'eau, entre dans l'atmosphère. L'élévation d'une masse d'air humide
permet le refroidissement général nécessaire pour l'amener à saturation et provoquer
la condensation de la vapeur d'eau sous forme de gouttelettes constituant les
nuages, en présence de noyaux de condensation. Puis la vapeur d'eau, transportée
et temporairement emmagasinée dans les nuages, est restituée par le biais des
précipitations aux océans et aux continents. Une partie de la pluie qui tombe peut
être interceptée par les végétaux puis être partiellement restituée sous forme de
vapeur à l'atmosphère. La pluie non interceptée atteint le sol. Suivant les conditions
données, elle peut alors s'évaporer directement du sol, s'écouler en surface
jusqu'aux cours d'eau (ruissellement de surface) ou encore s'infiltrer dans le sol. Il
peut aussi y avoir emmagasinement temporaire de l'eau infiltrée sous forme
d'humidité dans le sol, que peuvent utiliser les plantes. Il peut y avoir percolation vers
les zones plus profondes pour contribuer au renouvellement des réserves de la
nappe souterraine. Un écoulement à partir de cette dernière peut rejoindre la surface
au niveau des sources ou des cours d'eau. L'évaporation à partir du sol, des cours
d'eau, et la transpiration des plantes complètent ainsi le cycle.
Le cycle de l'eau est donc sujet à des processus complexes et variés parmi lesquels
nous citerons les précipitations, l'évaporation, la transpiration (des végétaux),
l'interception, le ruissellement, l'infiltration, la percolation, l'emmagasinement et les
écoulements souterrains qui constituent les principaux chapitres de l'hydrologie. Ces
divers mécanismes sont rendus possibles par un élément moteur, le soleil, organe
vital du cycle hydrologique.
1.3.3 L'évaporation/l'évapotranspiration
De par la diversité de ses formes, on ne peut plus aujourd'hui parler d'un seul type
d'écoulement mais bien des écoulements. On peut distinguer en premier lieu les
écoulements rapides des écoulements souterrains plus lents. Les écoulements qui
gagnent rapidement les exutoires pour constituter les crues se subdivisent en
écoulement de surface (mouvement de l'eau sur la surface du sol) et écoulement
de subsurface (mouvement de l'eau dans les premiers horizons du sol).
L'écoulement souterrain désigne le mouvement de l'eau dans le sol. On peut encore
ajouter à cette distinction les écoulements en canaux ou rivières qui font appel à des
notions plus hydrauliques qu'hydrologiques (à l'exception des méthodes de mesures
comme nous le verrons ultérieurement).
Au-delà de cette distinction simpliste – ces notions seront réexaminées plus en détail
au chapitre 9 consacré à l'étude des processus de génération des crues – on
remarquera que les écoulements peuvent aussi se signaler par leur domaine
d'application. L'écoulement de surface caractérise un écoulement sur une surface et
s'exprime généralement par un rapport volume / surface / temps [L 3/L2/T]. Il est ainsi
souvent exprimé en millimètre par année hydrologique dans les études de bilans ou
encore en litres par secondes et par hectares dans le cadre de projet
d'aménagement des terres et des eaux (drainage ou irrigation). Les écoulements
souterrains et en rivière font explicitement référence à la notion de débit, à savoir à
un volume d'eau traversant une section par unité de temps [L 3/T].
Nous pouvons concevoir la répartition des eaux sur la terre selon différents points de
vue :
La terre, vue de l'espace, apparaît comme une planète recouverte en grande partie
d'eau (planète bleue). Les océans occupent en effet une superficie à peu près égale
à 70% de la surface du globe et représentent 97% de la masse totale d'eau dans la
biosphère. Le tableau 1.1 donne quelques grandeurs indicatives tandis que la figure
1.3 présente la disponibilité mondiale d'eau.
On peut encore remarquer que la superficie des terres émergées de l'hémisphère
Nord est deux fois supérieure à celle de l'hémisphère sud. De plus la distribution
spatiale des aires continentales et océaniques à la surface du globe est inhomogène.
La distribution quantitative des eaux sur terre fait apparaître que les eaux dites
douces ne représentent qu'environ 3% du volume total des eaux du globe. Elles se
retrouvent à 99% dans les calottes polaires, les glaciers et les eaux souterraines de
grandes profondeurs qui représentent des réserves d'eau douce difficilement
accessibles. Toutefois, dans certaines régions montagneuses (Andes, Rocheuses,
Alpes), les eaux de fonte alimentent la plupart des cours d'eau et le débit des fleuves
est étroitement lié au taux de fonte des glaciers.
Tableau 1.1 - Fraction des réserves totales et des réserves d'eau douce des
différents stocks d'eau de la planète (Tiré de Gleick, 1993))
Fraction des
Fraction des
réserves
Réservoir réserves
d'eau douces
totales [%]
[%]
Eaux océaniques 96,5379
Glaciers et couverture
1,7362 68,6972
neigeuse permanente
Antarctique 1,5585 61,6628
Groenland 0,1688 6,6801
Arctique 0,0060 0,2384
Régions montagneuses 0,0029 0,1159
Les eaux souterraines occupent le 2ème rang des réserves mondiales en eau douce
après les eaux contenues dans les glaciers. Elles devancent largement les eaux
continentales de surface. Leur apport est d'autant plus important que, dans certaines
parties du globe, les populations s'alimentent presque exclusivement en eau
souterraine par l'intermédiaire de puits, comme c'est le cas dans la majorité des
zones semi-arides et arides. En Suisse, l'eau potable a pour origine principale l'eau
souterraine (70 - 80%) et secondaire l'eau de surface (20 - 30%). On doit cependant
garder à l'esprit que plus de la moitié de l'eau souterraine se trouve à plus de 800
mètres de profondeur et que son captage demeure en conséquence difficile. En
outre, son exploitation abusive entraîne souvent un abaissement irréversible des
nappes phréatiques et parfois leur remplacement graduel par de l'eau salée
(problème rencontré en zone maritime telle qu'en Libye, Sénégal, Egypte, etc.).
Les eaux continentales de surface (lacs d'eau douce, rivières, fleuves, etc.) sont, à
l'inverse des eaux souterraines, très accessibles. Par contre, elles sont
quantitativement infimes et sont susceptibles d'être plus facilement polluées malgré
l'effort fait depuis une dizaine d'années pour en améliorer la qualité. Le Canada
possède à lui seul 30 % des réserves mondiales d'eau douce et 6% du ruissellement
terrestre.
Quant aux eaux météoriques, elles peuvent paraître quantitativement très modestes,
du moins dans certaines régions. Néanmoins, elles constituent une étape essentielle
du cycle de l'eau. Le pourcentage d'eau disponible pour l'homme est certes très
faible, mais suffisant grâce à la circulation ou au recyclage de cette eau.
Dans chacun des ces grands réservoirs terrestres, l'eau se renouvelle au fil des ans.
La vitesse de renouvellement des eaux dans les réservoirs est mesurée par un flux :
le temps de séjour moyen ou temps de résidence est obtenu en divisant la taille du
réservoir par le flux d'entrée (somme de tous les flux entrants) ou de sortie (somme
de tous les flux sortants) (tableau 1.2).
Tableau 1.2 - Temps de renouvellement de l'eau dans les principaux réservoirs
(Tiré de Gleick (1993), Jacques (1996))
Réservoir Temps de Temps de
renouvellement renouvellement
(Jacques, 1996) (Gleick, 1993)
Océans 2500 ans 3100 ans
Calottes 1000 – 10'000 ans 16000 ans
glaciaires
Eaux 1500 ans 300 ans
souterraines
Eaux du sol 1 an 280 jours
Lacs 10-20 ans 1-100 ans (eaux
douces)
Pour conclure sur le cycle hydrologique, on peut dire qu'il est caractérisé par
l'interdépendance de ses composantes, par sa stabilité et son équilibre dynamique.
Si un processus est perturbé, tous les autres (cycle de l'azote, cycle du phosphore,
etc.) s'en ressentent ! En particulier, le cycle hydrologique peut être influencé à des
degrés divers par les activités humaines. En effet, l'homme agit directement sur le
processus de transformation de l'eau, et cela de plusieurs façons : la construction de
réservoirs, le transport de l'eau pour des besoins industriels, le captage des eaux
phréatiques, l'irrigation, le drainage, la correction des cours d'eau, l'utilisation
agricole des sols, l'urbanisation, les pluies provoquées, etc., sont des exemples de
l'intervention humaine.
les précipitations,
le ruissellement de surface et l'écoulement souterrain,
l'évaporation.
Il est intéressant de noter que dans chacune des phases on retrouve respectivement
un transport d'eau, un emmagasinement temporaire et parfois un changement d'état.
Il s'ensuit que l'estimation des quantités d'eau passant par chacune des étapes du
cycle hydrologique peut se faire à l'aide d'une équation appelée "hydrologique" qui
est le bilan des quantités d'eau entrant et sortant d'un système défini dans l'espace
et dans le temps. Le temporel introduit la notion de l' année hydrologique. En
principe, cette période d'une année est choisie en fonction des conditions
climatiques. Ainsi en fonction de la situation météorologique des régions, l'année
hydrologique peut débuter à des dates différentes de celle du calendrier ordinaire. Au
niveau de l'espace, il est d'usage de travailler à l'échelle d'un bassin versant (entité
structurelle définie en détails au chapitre 2) mais il est possible de raisonner à un
autre niveau (zone administrative, entité régionale, etc.).
L'équation du bilan hydrique se fonde sur l'équation de continuité et peut s'exprimer
comme suit, pour une période et un bassin donnés :
(1.1)
Avec :
On exprime généralement les termes du bilan hydrique en hauteur d'eau (mm par
exemple), on parle alors de lame d'eau (précipitée, écoulée, évaporée, stockée, etc.).
Cette équation exprime simplement que la différence entre le débit d'eau entrant et le
débit d'eau sortant d'un volume donné (par exemple un bassin versant) au cours
d'une période déterminée est égale à la variation du volume d'eau emmagasinée au
cours de la dite période. Elle peut s'écrire encore sous la forme simplifiée suivante :
(1.2)
Avec :
1. Formule de Turc
Avec :
2. Formule de Coutagne
Avec :
CHAPITRE 2
Plus précisément, le bassin versant qui peut être considéré comme un " système "
est une surface élémentaire hydrologiquement close, c'est-à-dire qu'aucun
écoulement n'y pénètre de l'extérieur et que tous les excédents de précipitations
s'évaporent ou s'écoulent par une seule section à l'exutoire.
Le bassin versant en une section droite d'un cours d'eau, est donc défini comme la
totalité de la surface topographique drainée par ce cours d'eau et ses affluents à
l'amont de cette section. Il est entièrement caractérisé par son exutoire, à partir
duquel nous pouvons tracer le point de départ et d'arrivée de la ligne de partage des
eaux qui le délimite.
La réaction hydrologique d'un bassin versant à une sollicitation particulière (Fig. 2.4)
est caractérisée par sa vitesse (temps de montée tm, défini comme le temps qui
s'écoule entre l'arrivée de la crue et le maximum de l'hydrogramme) et son intensité
(débit de pointe Qmax, volume maximum Vmax, etc.). Ces deux caractéristiques sont
fonction du type et de l'intensité de la précipitation qui le sollicite mais aussi d'une
variable caractérisant l'état du bassin versant : le temps de concentration des eaux
sur le bassin.
th : Temps d'humectation. Temps nécessaire à l'imbibition du sol par l'eau qui
tombe avant qu'elle ne ruisselle.
tr : Temps de ruissellement ou d'écoulement. Temps qui correspond à la durée
d'écoulement de l'eau à la surface ou dans les premiers horizons de sol
jusqu'à un système de collecte (cours d'eau naturel, collecteur).
ta : Temps d'acheminement. Temps mis par l'eau pour se déplacer dans le
système de collecte jusqu'à l'exutoire.
(2.1)
2.3.1.1 La surface
La surface du bassin versant peut être mesurée par superposition d'une grille
dessinée sur papier transparent, par l'utilisation d'un planimètre ou, mieux, par des
techniques de digitalisation.
2.3.1.2 La forme
(2.2)
Avec :
1. La courbe hypsométrique
b. L'altitude moyenne
(2.3)
Avec :
c. L'altitude médiane
Plusieurs méthodes ont été développées pour estimer la pente moyenne d'un
bassin. Toutes se basent sur une lecture d'une carte topographique réelle ou
approximative. La méthode proposée par Carlier et Leclerc (1964) consiste à
calculer la moyenne pondérée des pentes de toutes les surfaces élémentaires
comprises entre deux altitudes données. Une valeur approchée de la pente
moyenne est alors donnée par la relation suivante :
(2.4)
Où :
4. L'indice de pente ip
(2.5)
où :
xi: distance qui sépare deux courbes sur la rectangle [m] (la largeur du
rectangle étant constante, cette distance est égale au facteur de pondération),
coefficient de compacité : .
(2.6)
Le réseau hydrographique se définit comme l'ensemble des cours d'eau naturels ou
artificiels, permanents ou temporaires, qui participent à l'écoulement. Le réseau
hydrographique est sans doute une des caractéristiques les plus importantes du
bassin. Le réseau hydrographique peut prendre une multitude de formes. La
différenciation du réseau hydrographique d'un bassin est due à quatre facteurs
principaux.
Un bassin versant a l'ordre du plus élevé de ses cours d'eau, soit l'ordre du cours
d'eau principal à l'exutoire. Il existe d'autres classifications de ce type comme celle
de Horton (1945) qui est parfois utilisée dans le même but.
Fig. 2.11 - Longueurs caractéristiques d'un bassin versant, LCA : longueur du bassin
versant ; L : longueur du cours d'eau principal
Fig. 2.12 - Profil en long de la Broye avec représentation de ses affluents (D'après
Parriaux : Contribution à l'étude des ressources en eau du bassin de la Broye)
La pente moyenne du cours d'eau détermine la vitesse avec laquelle l'eau se rend à
l'exutoire du bassin donc le temps de concentration. Cette variable influence donc le
débit maximal observé. Une pente abrupte favorise et accélère l'écoulement
superficiel, tandis qu'une pente douce ou nulle donne à l'eau le temps de s'infiltrer,
entièrement ou en partie, dans le sol.
(2.7)
Où :
Courbe aire-distance
A partir de données sur un bon nombre de bassins versants (Hack, 1957), une
relation a pu être établie entre la longueur L [km] de la rivière et l'aire A [km2] du
bassin versant :
(2.8)
(2.9)
Avec :
(2.10)
Où :
(2.11)
Le rapport de confluence
Sur la base de la classification des cours d'eau, Horton (1932) et Schumm (1956) ont
établi différentes lois :
(2.12)
Loi des nombres :
(2.13)
Loi des longueurs :
(2.14)
Loi des aires :
Avec :
RB : rapport de confluence des cours d'eau ("bifurcation ratio") ;
RL : rapport des longueurs des cours d'eau ; RA : rapport des aires des cours d'eau ;
u : ordre d'un cours d'eau u varie entre 1 et w (w est l'ordre du cours d'eau principal,
classification selon Strahler) ;
Nu : nombre des cours d'eau d'ordre u ; Nu+1 : nombre des cours d'eau d'ordre
suivant ;
2.3.2.4 L'endoréisme
L'activité végétative et le type de sol sont intimement liés et leurs actions combinées
influencent singulièrement l'écoulement en surface. Le couvert végétal retient, selon
sa densité, sa nature et l'importance de la précipitation, une proportion variable de
l'eau atmosphérique. Cette eau d'interception est en partie soustraite à l'écoulement.
La forêt, par exemple, intercepte une partie de l'averse par sa frondaison. Elle exerce
une action limitatrice importante sur le ruissellement superficiel. La forêt régularise le
débit des cours d'eau et amortit les crues de faibles et moyennes amplitudes. Par
contre, son action sur les débits extrêmes causés par des crues catastrophiques est
réduite.
Etant donné l'importance du rôle joué par la forêt, on traduit parfois sa présence par
un indice de couverture forestière K :
(2.15)
On peut calculer ce type d'indice avec d'autres couvertures végétales telle que les
cultures.
On soulignera encore que la surface du cours d'eau constitue aussi un plan d'eau et
que le canal d'une rivière permet aussi de laminer une crue.
Fig. 2.15 - Illustration de l'effet de laminage par un plan d'eau. Le cas du Léman sur
le débit du Rhône
Pour caractériser la capacité d'un bassin versant à ruisseler un indice est très
souvent utilisé en hydrologie de surface : le coefficient de ruissellement (Cr). Son
calcul et son emploi sont simples, mais notons qu'il peut conduire à commettre de
grossières erreurs. Ce coefficient est défini comme suit :
(2.16)
La nature du sol intervient sur la rapidité de montée des crues et sur leur volume. En
effet, le taux d'infiltration, le taux d'humidité, la capacité de rétention, les pertes
initiales, le coefficient de ruissellement (Cr) sont fonction du type de sol et de son
épaisseur.
Tableau 2.2 Différentes valeurs de coefficient de ruissellement pour les cas suisses.
Cr est une fonction de la pente et de la couverture du sol. (Tiré de Sautier, Guide du
Service Fédéral des Améliorations foncières)
Couverture du sol
Culture dans
Pente % Forêts Pré-champ la sens de la
pente
0,5 -- 0,005 0,12
1,0 0,01 0,020 0,13
2,0 0,02 0,040 0,18
4,0 0,04 0,070 0,23
6,0 0,05 0,090 0,27
8,0 0,06 0,110 0,31
10,0 0,07 0,130 0,34
15,0 0,08 0,170 0,40
20,0 0,10 0,190 0,45
25,0 0,12 0,220 0,50
30,0 0,13 0,250 0,55
35,0 0,14 0,270 0,59
40,0 0,15 0,290 0,62
45,0 0,16 0,310 0,65
50,0 0,17 0,330 0,69
(2.17)
Avec :
K : facteur de récession, K< 1. Il est variable d'un bassin à l'autre, ainsi que d'une
saison à l'autre pour un même bassin ;
(2.18)
Où :
La figure 2.16 illustre le calcul de l'IPA au cours d'une année à la station de Payerne
(VD).
Fig. 2.16 -
Variation de l'indice IPA en fonction du temps à Payerne (VD) en 1991 (K = 0.9).
La demande de données spatiales s'est accrue ces dernières années car l'on sait
désormais qu'il est essentiel de connaître la distribution spatiale de la réponse
hydrologique pour bien comprendre les processus sous-jacents de la génération de
l'écoulement. De plus, la représentation et la connaissance du terrain sont
essentielles pour comprendre les processus d'érosion, de sédimentation, de
salinisation et de pollution via des cartes de risque.
Aujourd'hui, le développement de techniques modernes d'acquisition et de mise à
disposition d'informations digitales a rendu possible la représentation à la fois de la
topographie du milieu par le biais de modèles numériques d'altitude (MNA) et de
terrain (MNT) ainsi que la représentation de l'occupation des sols par le biais de
photographies aériennes ou de données satellitaires. Ces informations servent de
plus en plus à la description des caractéristiques physiques des bassins versants et
à la cartographie numérique de leur couverture.
Nous n'aborderons ici que les modèles numériques d'altitude (MNA) et de terrain
(MNT).
2.4.2 En Suisse
En Suisse, le nouveau modèle numérique du terrain MNT25 est disponible pour toute
la superficie du pays depuis fin 1996 (http://www.swisstopo.ch/fr/digital/dhm25.htm).
Ce modèle est établi à partir de la digitalisation des courbes de niveaux des feuilles
topographiques à l'échelle 1:25'000. Dans une seconde étape, le modèle matriciel du
MNT25 est interpolé avec une maille de 25 m. Ce jeu de données est uniquement
destiné à l'emploi numérique. Il répond aux exigences demandées pour des
applications d'une très grande précision. La précision altimétrique du MNT25 est
d'environ 1,5 m sur le Plateau, entre 5 et 8 m dans les Alpes.
CHAPITRE 3
LES PRECIPITATIONS
Sont dénommées précipitations, toutes les eaux météoriques qui tombent sur la
surface de la terre, tant sous forme liquide (bruine, pluie, averse) que sous forme
solide (neige, grésil, grêle) et les précipitations déposées ou occultes (rosée, gelée
blanche, givre,...). Elles sont provoquées par un changement de température ou de
pression. Les précipitations constituent l’unique « entrée » des principaux systèmes
hydrologiques continentaux que sont les bassins versants.
Les processus responsables de la formation des nuages sont décrits dans les
manuels de climatologie et leur exposé détaillé sort du cadre de ce cours. Signalons
toutefois que la forme, l'ampleur, le développement des nuages dépendent de
l'importance et de l'étendue horizontale des mouvements verticaux ascendants qui
leur donnent naissance. Quant aux types de nuages, on distingue deux
morphologies de base : les nuages stratiformes et cumuliformes. On classe
généralement les nuages aussi en fonction de leur altitude : nuages supérieurs,
nuages moyens, nuages inférieurs et nuages à développement vertical.
Fig. 3.1 - Exemple de nuages supérieurs (à gauche) et de nuages moyens (à droite) :
le cirrus et l'altocumulus (http://www.windows.ucar.edu/)
Pour qu’il y ait précipitations il faut encore que les gouttelettes ou les cristaux
composant les nuages (les hydrométéores) se transforment en gouttes de pluie. Ce
phénomène est lié à l'accroissement de ces éléments dont la masse devient
suffisante pour vaincre les forces d'agitation. Ce grossissement peut s'expliquer par
les deux processus suivant :
Nom Caractéristiques
Régime équatorial humide - plus de 200 cm de précipitations annuelles
moyennes
Les différents instruments permettant la mesure des précipitations sont décrits dans
le chapitre 7 "mesures hydrologiques". Citons toutefois les deux appareils de
mesures fondamentaux que sont :
Pour un bassin versant donné ou une région donnée, les stations pluviométriques
forment un réseau d'observations. Elles fournissent des mesures ponctuelles.
Les données relatives aux stations sont d'une haute importance pour les statistiques
climatiques, la planification et la gestion des ressources et les projets de
construction ; la nature et la densité des réseaux doivent donc tenir compte du
phénomène observé, du but des observations, de la précision désirée, de la
topographie, de facteurs économiques ou d'autres encore.
L'hydrologue devra donc faire appel à son expérience de terrain pour planifier un
réseau. Il tiendra compte du relief et du type de précipitations (frontales,
orographiques, convectives). Il s'assurera également des facilités d'accès, de
contrôle et de transmission des informations (par l'homme ou par télétransmission :
téléphone, satellite, etc.).
La publication des données pluviométriques est du ressort des services publics (en
Suisse et à l'échelle nationale, l'Institut Suisse de Météorologie) qui le font
généralement sous forme d'annuaires. En Suisse, la publication de référence
s'intitule "Ergebnisse der täglichen Niederschlagen" (résultats des mesures de
précipitations journalières). Les annuaires pluviométriques regroupent, pour chacune
des stations de mesure, les résultats suivants :
(3.1)
Où :
im : intensité moyenne de la pluie [mm/h, mm/min] ou ramenée à la surface [l/s.ha],
h : hauteur de pluie de l'averse [mm],
t : durée de l'averse [h ou min].
L'intensité des précipitations varie à chaque instant au cours d'une même averse
suivant les caractéristiques météorologiques de celle-ci. Plutôt que de considérer
l'averse entière et son intensité moyenne, on peut s'intéresser aux intensités
observées sur des intervalles de temps au cours desquels on aura enregistré la plus
grande hauteur de pluie. On parle alors d'intensité maximale.
Cette notion d'averse est très importante en milieu urbain et de petits bassins
versants car elle s'avère déterminante pour l'estimation des débits de crue.
Cette probabilité est donnée, si i représente une variable aléatoire, par la relation
suivante :
(3.2)
(3.3)
Ainsi, l'intensité d'une pluie de temps de retour T est l'intensité qui sera dépassé en
moyenne toutes les T années.
Une pluie peut être caractérisée par plusieurs paramètres qui peuvent avoir, au sein
de la même pluie, des temps de retour très différents. Citons notamment :
L'analyse des pluies a permis de définir deux lois générales de pluviosité qui peuvent
s'exprimer de la manière suivante :
Pour une même fréquence d'apparition - donc un même temps de retour -
l'intensité d'une pluie est d'autant plus forte que sa durée est courte.
Ou encore, en corollaire, à durée de pluie égale, une précipitation sera
d'autant plus intense que sa fréquence d'apparition sera petite (donc que son
temps de retour sera grand).
Ces lois permettant d'établir les relations entre les intensités, la durée et la fréquence
d'apparition des pluies peuvent être représentées selon des courbes
caractéristiques : on parle généralement de courbes Intensité-Durée-Fréquence
(IDF) (Fig. 3.5). La notion de fréquence est en faite exprimée par la notion de temps
de retour.
Fig. 3.6.a - Courbes IDF pour les différentes régions de la Suisse,
déterminées par l'EAWAG
Fig. 3.6 b. - Délimitation des zones d’intensité égale pour la Suisse (SNV 640-
350)
Fig. 3.6.c. - Tableau des coefficients K et B utilisées dans les calculs des
courbes IDF selon la norme SNV
2. Représentation statistique
Les courbes IDF sont établies sur la base de l'analyse d'averses enregistrées à une
station au cours d'une longue période. L'analyse fréquentielle peut s'appliquer si on
ne présuppose pas une loi connue (de type Montana, etc.) et si on s'intéresse à des
événements rares, donc extrêmes. Les données recueillies sont alors ajustées, à un
pas de temps choisi, à une loi statistique qui doit décrire relativement bien la
répartition des extrêmes. La loi de Gumbel est la plus utilisée. Si l'opération est
répétée sur plusieurs pas de temps, on obtient la variation de l'intensité avec la durée
de la pluie pour différents temps de retour, c'est à dire des courbes IDF de la station
considérée sur la période analysée.
3.4.1 Passage des pluies ponctuelles aux pluies moyennes sur une surface
Parmi les méthodes généralement proposées pour calculer la moyenne des
pluies à partir de l'ensemble des mesures ponctuelles obtenues à plusieurs stations
pluviométriques sur le bassin ou à proximité, on distingue la méthode de la moyenne
arithmétique, la méthode des polygones de Thiessen ou l'utilisation d'isohyètes. Le
choix de la méthode dépendra notamment de la longueur de la série de données
dont on dispose, la densité du réseau de mesure, et la variation du champ
pluviométrique.
Cette méthode est souvent peu recommandée car peu représentative. Il faut lui
préférer des méthodes graphiques (tracé d'isohyètes) ou statistiques qui permettent
de donner un poids différent à chacun des points de mesures (moyennes
pondérées).
Avec :
Pmoy : précipitation moyenne sur le bassin,
A : aire totale du bassin (=Ai),Pi : précipitation enregistrée à la station i,
Ai : superficie du polygone associée à la station i.
1
Les stations disponibles étant reportées sur une carte géographique, on trace une
série de segments de droites reliant les stations adjacentes. On élève des
perpendiculaires au centre de chacune des droites (médiatrices); les intersections de
ces perpendiculaires déterminent des polygones. Dans chaque polygone, la hauteur
de précipitation choisie est celle relevée à la station située à l'intérieur de celui-ci.
Les côtés des polygones et/ou la ligne de partage des eaux représentent les limites
de l'aire (et du poids) accordée à chaque station. L'aire de chaque polygone A i est
déterminée par planimétrie ou numériquement. D'autres critères pour la
détermination des valeurs de pondération peuvent être adoptés. Ceux-ci peuvent
être fonction de l'averse, du relief, de la position géographique, etc.
Lorsque les courbes isohyètes sont tracées, la pluie moyenne peut être calculée de
la manière suivante :
(3.9)
Avec :
Pmoy : précipitation moyenne sur le bassin,
A : surface totale du bassin,
Ai : surface entre deux isohyètes i et i+1,
K : nombre total d'isohyètes,
Pi : moyenne des hauteurs h de précipitations entre deux isohyètes i et i+1.
(3.10)
Avec :
K : coefficient d'abattement,
Pm : pluie moyenne sur la surface, de fréquence donnée,
P : pluie ponctuelle de même probabilité.
Cette définition implique qu'en chaque point, la pluie suit une même loi de probabilité.
Cette condition d'isotropisme de la pluie sur la surface est assez bien respectée pour
une région homogène et peut s'appliquer dans le cas de petits bassins versants.
CHAPITRE 4
EVAPORATION ET INTERCEPTION
4.1 Introduction
4.1.1 L'interception
Parmi les éléments de perte qui interviennent lors de l'estimation d'un bilan
hydrologique d'un bassin versant, il faut mentionner qu'une partie non négligeable de
l'eau des précipitations n'atteint pas le sol. Cette eau peut être en effet interceptée
par des obstacles au cours du trajet vertical mais aussi horizontal de l'eau. On sait
aujourd'hui qu'il existe ainsi un mécanisme d'interception horizontal des brouillards
ou des rosées qui prend toute son importance dans certaines régions du globe (e.g.
les forêts situées à proximité de la côte chilienne).
Où :
I : interception (pluie n'atteignant jamais le sol) [mm],
Pi : pluie incidente [mm],
Ps : pluie atteignant le sol drainée au travers du couvert végétal (canopée) [mm],
Pt : pluie atteignant le sol par écoulement le long des branches et des troncs [mm].
C'est par le mouvement des molécules d'eau que débute l'évaporation. A l'intérieur
d'une masse d'eau liquide, les molécules vibrent et circulent de manière
désordonnée et ce mouvement est lié à la température : plus elle est élevée, plus le
mouvement est amplifié et plus l'énergie associée est suffisante pour permettre à
certaines molécules de s'échapper et d'entrer dans l'atmosphère. Dalton (1802) a
établi, suite à des travaux sur le sujet, une loi qui exprime le taux d'évaporation d'un
plan d'eau en fonction du déficit de saturation de l'air (quantité d'eau es-ea que l'air
peut stocker) et de la vitesse du vent u. Cette loi est formulée selon la relation
suivante :
(4.2)
Avec :
E : taux d'évaporation (ou flux d'évaporation ou vitesse d'évaporation),
ea : pression effective ou actuelle de vapeur d'eau dans l'air,
es : pression de vapeur d'eau à saturation à la température de la surface évaporante,
f(u) : constante de proportionnalité (avec vitesse du vent u).
Cette relation exprime aussi que, en théorie et dans des conditions de pression et de
température données, le processus d'évaporation est possible jusqu'à ce que la
pression de vapeur effective atteigne une limite supérieure qui n'est autre que la
pression de vapeur saturante (l'évaporation cesse dès que es = ea). Ainsi, pour qu'il y
ait évaporation, il faut que le gradient de pression due à la vapeur d'eau soit positif.
(4.3)
La quantité d'eau pouvant être évaporée à partir d'une surface dépend de la quantité
de chaleur provenant du soleil. Cette quantité de chaleur varie, d'une part, selon les
conditions géographiques (gradient de latitude), et d'autre part, selon l'élévation de la
surface liquide par rapport au niveau de la mer (gradient altimétrique). Les échanges
de chaleur entre l'atmosphère, la surface du sol et la surface des lacs et des océans
qui sont les agents de l'évaporation, s'effectuent par convection et conduction. Cette
énergie échangée est, en tous points, compensée par un transfert d'eau qui
s'évapore à un endroit pour se condenser à un autre et retomber sous forme de
précipitations. Ces échanges de chaleur entretiennent le cycle de l'eau.
(4.4)
Avec :
RS : rayonnement solaire direct et diffus atteignant le sol [Wm -2],
RA : rayonnement atmosphérique dirigé vers le sol [Wm -2],
RT : rayonnement terrestre [Wm-2],
: albédo de la surface.
Avec :
RN : rayonnement net à la surface de la terre.
C : flux de chaleur dans le sol rendant respectivement compte du transport de
chaleur par conduction dans le sol ainsi que du transfert d'eau sous la forme de
vapeur.
S : flux de chaleur sensible dû à la convection thermique au voisinage de la surface
évaporante. Ce flux de chaleur n'affecte donc qu'une hauteur restreinte de
l'atmosphère.
L : flux de chaleur latente ou flux de vapeur à l'interface sol-atmosphère dû à la
vaporisation lorsqu'il n'y a pas d'accumulation de vapeur au sein du couvert végétal
ou au sein de la tranche d'eau qui recouvre le sol.
Cette équation traduit simplement le fait que le flux d'énergie perdu par la surface de
la terre au cours de l'évaporation soit égal au flux apporté par rayonnement, diminué
du flux d'énergie perdue par convection dans l'air et dans le sol.
(4.6)
Avec :
ea : pression de vapeur d'eau effective ou actuelle,
es : pression de vapeur d'eau à saturation.
L'humidité relative est donc le rapport entre la quantité d'eau contenue dans une
masse d'air et la quantité maximale d'eau que peut contenir cette masse d'air. Ainsi,
lorsqu'une masse d'air se refroidit, elle garde la même quantité d'eau. Par contre, la
valeur de sa quantité maximale diminue avec la température. Cette diminution
implique qu'à un certain moment, l'air devient saturé car Hr = 100%. On nomme la
température pour laquelle la pression de vapeur saturante est égale à la pression de
vapeur actuelle la température du point de rosée. On exprime parfois l'humidité de
l'air en kg d'eau par kg d'air humide ( humidité spécifique) ou encore en gramme
d'eau par m3 d'air humide ( humidité absolue). La figure 4.5 ci-après donne une
illustration des relations entre pression de vapeur, température et humidité relative.
4. Pression atmosphérique
Plus la pression totale au-dessus d'un liquide est élevée, plus grande est sa tension
de vapeur ; mais cet effet reste négligeable pour des pressions totales inférieures à
106 Pa (ou 10 bars). Par contre, certains auteurs considèrent que le taux
d'évaporation augmente lorsque la pression atmosphérique diminue. Cette relation
inverse n'est pas encore clairement démontrée, car la variation de la pression
barométrique est généralement suivie d'autres variations, comme celles de la
température et du régime du vent.
5. Le vent
Le vent joue un rôle essentiel sur les processus d'évaporation car c'est lui qui
permet, par le mélange de l'air ambiant, de remplacer au voisinage de la surface
évaporante, l'air saturé par de l'air plus sec. En effet, l'air au voisinage de la surface
évaporante va se saturer plus ou moins rapidement et par conséquent stopper le
processus d'évaporation. Un verre d'eau placé dans une enceinte fermée à l'abri de
tout mouvement de l'air ne pourrait évaporer son contenu bien longtemps même
dans une atmosphère extrêmement sèche. Le vent, par le bais de sa vitesse mais
aussi de sa structure verticale et de ses turbulences, joue un rôle prépondérant dans
le processus d'évaporation. Les turbulences permettent entre autre l'ascension de
l'air humide, tandis que l'air sec descend et se charge d'humidité.
Profondeur - La profondeur de la surface d'eau libre joue un rôle essentiel sur la capacité
de cette dernière à emmagasiner de l'énergie. D'une manière générale, la différence
essentielle entre une surface d'eau libre peu profonde et une surface d'eau libre profonde
réside dans la sensibilité de la première aux variations climatiques saisonnières. Il s'ensuit
qu'une surface d'eau libre peu profonde sera sensible aux variations météorologiques selon
la saison, tandis qu'une surface d'eau libre profonde, de par son inertie thermique,
présentera une réponse évaporative nettement différente. Cependant, les volumes totaux
évaporés peuvent être sensiblement les mêmes dans les deux cas.
Etendue - L'étendue de la surface d'eau libre joue un rôle important sur les quantités
évaporées puisque l'évaporation, à vitesse du vent égale, est proportionnelle à la surface
évaporante ainsi qu'à l'humidité relative.
L'évaporation d'un sol nu est conditionnée par les mêmes facteurs météorologiques
que ceux intervenant dans l'évaporation d'une surface d'eau libre. Toutefois, si la
quantité d'eau à disposition n'était pas un facteur limitant dans le cas de l'évaporation
à partir d'une surface d'eau libre, elle le devient dans la situation d'un sol nu. En
résumé, l'évaporation d'un sol nu est donc influencée d'une part par la demande
évaporative mais aussi par la capacité du sol à répondre à cette demande et sa
capacité à transmettre de l'eau vers la surface, fonction de diverses caractéristiques.
3. Evaporation de la neige
Les différentes méthodes pour évaluer le taux d'évaporation sont soit directes ( bacs
évaporants, etc.) ou indirectes (méthodes faisant appel au bilan d'énergie, d'eau ou
au transfert de masse) soit elles utilisent des formules empiriques. Les méthodes de
type direct et indirect sont abordées dans le chapitre 7 « mesures ». La plupart des
formules empiriques reposent sur des relations entre l'évaporation à un endroit
donné et les facteurs atmosphériques responsables de celle-ci. Elles sont pour la
plus part établies d'après l'équation de Dalton présentée au début du chapitre. Elles
permettent toutes d'évaluer l'évaporation et ne prennent donc pas en considération
les effets dus à la présence de végétation. Nous ne présenterons ici que trois
formulations empiriques et pseudo-empiriques du taux d'évaporation :
(4.7)
Avec :
E : évaporation physique d'un grand réservoir [mm],
Hr : l'humidité relative[%],
N : durée d'insolation effective pendant la période de calcul [h],
nj : le nombre total de jour de la période considérée.
La formule de Rohwer :
(4.8)
Où :
E : pouvoir évaporant de l'air [mm],
u : vitesse du vent [m/s],
es : pression de vapeur saturant [kPa],
ea : pression de vapeur actuelle de l'air [kPa].
La formule de Penman :
(4.9)
avec
Où :
Cette formule est une des plus rigoureuses, à condition d'introduire la valeur
correcte de tous les paramètres; ce qui n'est pas aisé.
formules :http://www.fao.org/docrep/X0490E/x0490e0k.htm#TopOfPage
Pour tous les autres végétaux, seule la relation ETR<=ETM est toujours valable tout
au long de l'année.
(4.10)
Avec :
ra : résistance aérodynamique [s/m],
: constante de von Karman ( =0.41),
: vitesse du vent [m/s],
z : hauteur de l'anémomètre (= h +2 où h est la hauteur de la végétation en m) [m],
z0 : hauteur de frottement [m],
d0 : translation du plan origine de la relation logarithmique entre la vitesse du vent et
la hauteur [m].
Un second élément qui prend aussi la forme d'une résistance est la résistance de
surface (rs) ou résistance de la canopée (Fig. 4.7). Elle représente la contrainte
physiologique imposée par la végétation au mouvement de l'eau à travers de ses
stomates. L'importance de la résistance de la couverture végétale a été montrée
dans l'étude des processus d'évaporation d'un couvert végétal humide. En effet,
lorsque le couvert végétal est humide, les pertes par évaporation sont
essentiellement contrôlées par la canopée et non plus par le rayonnement car la
végétation agit comme un puits pour le transfert d'énergie par advection.
L'évaporation de l'eau entraîne un gradient thermique entre l'air ambiant et le végétal
suffisant pour fournir un flux de chaleur. Ceci est aussi confirmé par les quantités non
négligeables qui sont évaporées durant la nuit. Ces divers processus sont
conditionnés par les valeurs de la résistance de la canopée.
L'évapotranspiration d'un sol couvert par de la végétation est difficile à estimer. Pour
faciliter la tâche et dans un souci d'homogénéisation des modèles, les chercheurs
sont arrivés à déterminer les besoins en eau des cultures, équivalent à l'ETM, par la
correction de l'évapotranspiration potentielle (ET0) d'une culture de référence, qui est
normalement le gazon, par un coefficient appelé "coefficient cultural" (kc) en utilisant
la formule suivante (Fig. 4.8) :
L'échelle de temps sur laquelle les besoins sont calculés peut être l'heure, la journée,
la décade, le mois ou la phase de croissance, selon l'objectif poursuivi et la
disponibilité de données. La valeur du coefficient kc est largement affectée par la
nature de la culture, sa hauteur, sa durée de cycle, et son taux de croissance, mais
aussi par la fréquence des pluies ou de l'irrigation au début du cycle de la
culture. kc est toujours établi expérimentalement au début, pour une région et une
culture données, puis ensuite confiné dans des tables pour une utilisation ultérieure
dans la même région ou dans une région similaire. Les valeurs du coefficient kc sont
théoriquement comprises entre 0 et 1, selon le stade de la culture.
La détermination de l'ET0 peut être faite : soit directement à l'aide des lysimètres (cf.
chapitre 7 « mesures ») ; soit indirectement à l'aide de formules empiriques et
théoriques (ou à bases physiques) qui combinent des variables climatiques.
La formule de Turc (1961) est en revanche une relation qui peut être appliquée dans
les régions tempérées pour estimer l'évapotranspiration de référence. Elle s'écrit
dans son expression mensuelle ou décadaire : ¨
(4.12)
(pas de temps mensuel)
(4.13)
(pas de temps décadaire)
Avec :
t : température moyenne de la période considérée t en [°C],
ET0 : évapotranspiration de référence mensuelle ou décadaire [mm],
RG : rayonnement global mensuel ou décadaire [cal/cm 2/jour].
Cette formulation est très simple d'emploi mais ne permet pas de prendre en compte
les effets du vent. De plus, elle n'est pas applicable à des échelles de temps réduites
(pas de temps horaire ou journalier) qui sont justement celle qui intéresse l'ingénieur
lors de projets d'irrigation.
(4.14)
Où :
Pour l'exécution pratique des calculs, certaines grandeurs définies ci-dessus sont
considérées comme constantes et certaines sont à calculer sur la base des données
météorologiques disponibles (en règle générale : la température, la vitesse du vent,
la pression, le rayonnement global, l'humidité et l'albédo). Les valeurs des différentes
constantes météorologiques citées ci-dessus peuvent être consultées dans des
tables sur le site de la FAO à l'adresse
suivante :http://www.fao.org/docrep/X0490E/x0490e0j.htm#TopOfPage.
(4.15)
(4.16)
Et finalement :
(4.17)
En conséquence, on retiendra ici qu'il est possible d'estimer l'évaporation ainsi que
l'évapotranspiration de référence par le biais de formulations plus ou moins
complexes qui requièrent toutes la connaissance d'un certain nombre de paramètres
climatiques. Ce sont, en fin de compte, la disponibilité en données météorologiques
qui conditionnera le choix d'une formulation au détriment d'une autre ainsi que ses
possibilités d'application pour la région d'étude concernée.
4.3 L'interception
(a) (b)
Fig. 4.9 - Evolution du stockage sur la canopée pour deux structures de
précipitations différentes. (a) cas d'une précipitation observée non uniforme, (b) cas
d'une précipitation uniforme de même durée et de même volume total. On note ainsi
l'importance de la structure des précipitations.
Les facteurs essentiels qui conditionnent les quantités d'eau pouvant être
interceptées par un couvert végétal sont les suivants :
Finalement, il est délicat de faire des comparaisons pertinentes entre les valeurs
proposées dans la littérature pour différents types de végétation, étant donné d'une
part de la complexité des processus d'interception, et d'autre part des relations entre
les facteurs liés à la végétation elle-même et ceux liés aux conditions
météorologiques.
Le tableau 4.2 suivant donne toutefois quelques chiffres sur l'ordre de grandeur de
l'interception pour différentes composantes du milieu et en relation avec le type de
climat. Re-précisons les quelques définitions utilisées dans ce tableau :
CHAPITRE 5
5.1 Introduction
5.2 L'infiltration
(5.1)
Avec :
I(t) : infiltration cumulative au temps t [mm],
i (t) : régime ou taux d'infiltration au temps t [mm/h].
Fig. 5.2 - Evolution générale du régime d'infiltration et de l'infiltration cumulative au
cours du temps
(Ks = conductivité hydraulique à saturation)
Finalement, les facteurs les plus influents, pour une même topographie, sont le type
de sol, sa couverture et son taux initial d'humidité.
La variabilité spatiale et temporelle de la teneur en eau dans le sol est décrite par
des profils d'infiltration, ou plus généralement profils hydriques, successifs,
représentant la distribution verticale des teneurs en eau dans le sol, à différents
instants donnés. Dans un sol homogène et lorsque la surface du sol est submergée,
le profil hydrique du sol présente : une zone de saturation, située immédiatement
sous la surface du sol ; une zone proche de la saturation appelée zone de
transmission, qui présente une teneur en eau proche de la saturation et en
apparence uniforme ; et finalement une zone d'humidification qui se caractérise par
une teneur en eau fortement décroissante avec la profondeur selon un fort gradient
d'humidité appelé front d'humidification qui délimite le sol humide du sol sec sous-
jacent. (Fig. 5.4) :
Finalement la pluie qui arrive à la surface du sol y pénètre assez régulièrement selon
un front d'humectation qui progresse en fonction des apports, selon le jeu des forces
de gravité et de succion. La figure 5.5 montre comment au cours d'une infiltration, la
zone de transmission s'allonge progressivement tandis que la zone et le front
d'humidification se déplacent en profondeur, la pente de ce dernier augmentant avec
le temps.
Si l'on compare l'intensité de la pluie et la capacité d'infiltration d'un sol, il existe deux
possibilités :
Parmi les nombreux modèles existants, on peut retenir deux grandes approches, à
savoir :
(3 paramètres) (5.2)
Avec :
i(t) : capacité d'infiltration au temps t [mm/h],
io :capacité d'infiltration respectivement initiale dépendant surtout du type de
sol [mm/h],
if : capacité d'infiltration finale [mm/h],
t : temps écoulé depuis le début de l'averse [h],
: constante empirique, fonction de la nature du sol [min -1].
(5.3)
Avec :i(t) :
capacité d'infiltration au temps t [mm/h],
if : capacité d'infiltration finale [mm/h],
a et b : coefficients d'ajustement.
Ces modèles décrivent d'une manière simplifiée le mouvement de l'eau dans le sol,
en particulier au niveau du front d'humidification et en fonction de certains
paramètres physiques. Parmi les modèles présentés dans le tableau 5.1, les deux
modèles suivants sont les plus connus :
Il est basé sur la loi de Darcy (cf. chapitre 6) et inclut les paramètres
hydrodynamiques du sol tels que les charges hydrauliques totales, au niveau du front
d'humidification (Hf est la somme de la hauteur d'eau infiltrée depuis le début de
l'alimentation - Zf - et de la charge de pression au front d'humidification - hf ) et en
surface (H0 = ho = charge de pression en surface).Une des hypothèses du modèle de
Green et Ampt stipule que la teneur en eau de la zone de transmission est uniforme.
L'infiltration cumulative I(t) résulte alors du produit de la variation de teneur en eau et
de la profondeur du front d'humidification. Ce modèle s'avère satisfaisant dans le cas
de son application à un sol dont la texture est grossière. Cette méthode reste
cependant empirique puisqu'elle nécessite la détermination expérimentale de la
valeur de la charge de pression au front d'humidification.
b : constante
c : facteur variant de 0,25 à 0,8
5.3.1 Généralités
De par la diversité de ses formes, on ne peut plus aujourd'hui parler d'un seul type
d'écoulement mais bien des écoulements. On distingue dans un premier temps deux
grands types d'écoulements, à savoir : les écoulements « rapides » et par
opposition, les écoulements souterrains qualifiés de « lents » qui représentent la
part infiltrée de l'eau de pluie transitant lentement dans les nappes vers les exutoires.
Les écoulements qui gagnent rapidement les exutoires pour constituer les crues se
subdivisent en écoulement de surface et écoulement de subsurface :
Ces processus qui se produisent à des vitesses très différentes, mobilisent des eaux
d'âge, d'origine et de cheminement très distincts, et permettent d'expliquer la plupart
des comportements hydrologiques rencontrés sur les bassins versants, depuis les
crues de « ruissellement pur » jusqu'aux crues où la contribution à l'écoulement final
est essentiellement hypodermique ou phréatique.
Les éléments les plus importants dans la génération des crues sont finalement les
écoulements de surface et de subsurface et les précipitations directes à la surface du
cours d'eau, l'écoulement souterrain n'entrant que pour une faible part dans la
composition du débit de crue (Fig. 5. 10).
Rappelons que l'écoulement de surface ne peut pas être mesuré directement sur un
versant, sauf dans le cas de très petites parcelles expérimentales équipées à cet
effet. Généralement, on mesure indirectement cette composante des écoulements
par l'évaluation des débits dans le réseau hydrographique (cf. chapitre 7
"métrologie"). Les procédures permettant de distinguer l'écoulement de surface de
l'écoulement hypodermique et souterrain, sont traitées dans les deux derniers
chapitres de ce cours (chapitre 10 et 11).
en eau qui s'infiltre et qui contribue, par un écoulement plus lent à travers les
couches de sol, à la recharge de la nappe et au débit de base,
Cependant des crues sont fréquemment observées pour des pluies d'intensité
inférieure à la capacité d'infiltration des sols. Dans ce cas, d'autres processus tel
que l'écoulement sur des surfaces saturées en eau, permettent d'expliquer la
formation des écoulements. Des zones de sol peuvent être saturées soit par
contribution de l'eau de subsurface restituée par exfiltration (d'une nappe perchée
par exemple), soit par contribution directe des précipitations tombant sur ces
surfaces saturées.
Une partie des précipitations infiltrée chemine quasi horizontalement dans les
couches supérieures du sol pour réapparaître à l'air libre, à la rencontre d'un chenal
d'écoulement. Cette eau qui peut contribuer rapidement au gonflement de la crue est
désignée sous le terme d'écoulement de subsurface (aussi appelé, dans le passé,
écoulement hypodermique ou retardé). L'importance de la fraction du débit total qui
emprunte la voie subsuperficielle dépend essentiellement de la structure du sol. La
présence d'une couche relativement imperméable à faible profondeur favorise ce
genre d'écoulement. Les caractéristiques du sol déterminent l'importance de
l'écoulement hypodermique qui peut être important. Cet écoulement tend à ralentir le
cheminement de l'eau et à allonger la durée de l'hydrogramme.
Lorsque la zone d'aération du sol contient une humidité suffisante pour permettre la
percolation profonde de l'eau, une fraction des précipitations atteint la nappe
phréatique. L'importance de cet apport dépend de la structure et de la géologie du
sous-sol ainsi que du volume d'eau précipité. L'eau va transiter à travers l'
aquifère à une vitesse de quelques mètres par jour à quelques millimètres par an
avant de rejoindre le cours d'eau. Cet écoulement, en provenance de la nappe
phréatique, est appelé écoulement de base ou écoulement souterrain. A cause
des faibles vitesses de l'eau dans le sous-sol, l'écoulement de base n'intervient que
pour une faible part dans l'écoulement de crue. De plus, il ne peut pas être toujours
relié au même événement pluvieux que l'écoulement de surface et provient
généralement des pluies antécédentes. L'écoulement de base assure en générale le
débit des rivières en l'absence de précipitations et soutient les débits d'étiage
(l'écoulement souterrain des régions karstiques fait exception à cette règle).
(5.4)
Le bilan hydrologique d'un bassin versant est également caractérisé par trois
coefficients essentiels :
(5.5)
(5.6)
(5.7)
Pour de fortes précipitations, Es >> Eh. Par ailleurs, il n'est pas toujours évident de
distinguer quantitativement sur le terrain Es et Eh. Par conséquent on adopte souvent
Cr » Ces. Cr varie en général entre 0 et 1 (voir chapitre 2) mais peut être supérieur à 1
dans le cas où des échanges entre bassins, via le système géologique, sont
supposés exister (exemple des milieux karstiques).
Le transport solide est par définition la quantité de sédiment (ou débit solide)
transportée par un cours d'eau. Ce phénomène est limité par la quantité de
matériaux susceptible d'être transportée (c'est à dire la fourniture sédimentaire). Il est
principalement réglé par deux propriétés du cours d'eau :
Ces deux propriétés du cours d'eau ne sont pas directement liées. Ainsi dans un
fleuve, la compétence décroît vers l'aval, ce qui n'est pas le cas de la capacité.Le
transport des sédiments par les cours d'eau est donc déterminé par les
caractéristiques des particules (taille, forme, concentration, vitesse de chutes et
densité des particules). Ce qui permet de distinguer :
la charge de fond (bed load), formée de matériaux trop gros pour être mis en
suspension compte tenu de leur densité et de la vitesse du courant. Ces
particules roulent sur le fond ou se déplacent par saltation. Le transport par
saltation correspond à un déplacement par bonds successifs.
L'état énergétique de la phase liquide dans le sol est ainsi caractérisé par la somme
de son énergie interne (mise en jeu à l'échelle atomique), de son énergie cinétique et
de son énergie potentielle. L'énergie cinétique pouvant être négligée en raison des
très faibles vitesses d'écoulement, on ne tient compte que de l'énergie potentielle.
H=h+z (6.2)
Avec :
H : charge hydraulique [m], c'est-à-dire la pression exprimée en hauteur d'eau
équivalente, soit la pression exercée par une colonne d'eau verticale de même
hauteur ;
h : charge de pression [m], c'est-à-dire la pression effective de l'eau du sol, en
hauteur d'eau, par rapport à la pression atmosphérique ;
z : charge de gravité [m], c'est-à-dire la hauteur de l'eau au-dessus du plan de
référence.
La distribution des potentiels de pression, de gravité et du potentiel total dans le sol
le long d'une verticale est représentée graphiquement par des profils de charge de
pression, de gravité et de charge totale (Fig. 6.4).
Les mouvements d'eau dans le sol, leur direction et leur importance sont régis par
les différences d'énergie potentielle totale de l'eau, celle-ci se déplaçant d'un point à
énergie élevée vers un point de plus basse énergie, pour tendre vers un équilibre.
(6.3)
Avec :
Deux cas sont alors à distinguer selon que l'on se situe en milieu saturé ou non.
Dans le cas d'un milieu non saturé, la conductivité hydraulique n'est plus constante ;
elle varie avec la teneur en eau q tout comme la pression effective de l'eau du sol qui
est négative. Au contraire, en milieu saturé, la pression effective de l'eau du sol est
positive ; elle correspond à la profondeur de submersion en dessous de la surface
d'eau libre.
Avec :
: variation de la teneur en eau [m3/m3] º .100[%], valeur positive ou négative
suivant que le sol perd ou stocke de l'eau ;
q : variation du flux transitant [mm/h] ;
z : variation de la profondeur [mm] ;
t : variation du temps [h].
Soient deux profils hydriques mesurés respectivement aux temps t 1 et t2, la variation
de stock S entre les cotes altimétriques z1 et z2 durant l'intervalle de temps t = t2 -
t1 est représentée par la surface de profondeur unitaire comprise entre ces deux
profondeurs et les deux profils hydriques correspondants (Fig. 6.5). On a alors les
équations suivantes :
(6.5)
(6.6)
(6.7)
Où :
qz1 et qz2 : flux d'eau moyen entre t1 et t2à travers les sections de cote respectives
z1 et z2,
t : intervalle de temps compris entre t1 et t2,
S z2 - z1 : surface comprise entre les deux profils hydriques et les profondeurs z 1 et
z2.
Rappelons encore que le système des eaux souterraines est lié au cycle
hydrologique par différents processus : infiltration par la zone non saturée, apport
souterrain par percolation et drainance, évaporation par la zone non saturée et
finalement sous-écoulements.
Un aquifère est une formation géologique perméable (sol ou roche) dont les
pores ou fissures communiquent et sont suffisamment larges pour que l'eau
puisse y circuler librement sous l'effet de la gravité (exemples : sables,
graviers, craie fissurée, grès, etc.). L'aquifère constitue ainsi un réservoir des
nappes d'eau souterraines.
La nappe d'eau souterraine est constituée par l'ensemble des eaux comprises
dans la zone saturée de l'aquifère dont toutes les parties sont en continuité
hydraulique.
Une nappe libre est une nappe dont la limite supérieure dans la formation
poreuse est à surface libre, sans contraintes physiques. On appelle nappes
phréatiques, les premières nappes libres rencontrée. La pression exercée sur
le toit de cette nappe est égale à la pression atmosphérique.
Une nappe captive est une nappe d'eau souterraine emprisonnée dans une
formation géologique perméable, entre deux formations imperméables (Fig.
6.6). L'eau contenue dans la nappe captive est donc soumise à une pression
supérieure à la pression atmosphérique. La surface fictive de cette nappe
correspondant à la surface piézométrique est située au-dessus de la limite
supérieure de l'aquifère confiné. Lorsque la charge hydraulique est supérieure
au niveau du sol, l'eau jaillit naturellement (cf. puits artésien dans Fig. 6.6). Ce
phénomène est appelé l'artésianisme et on appelle alors ce type de nappe
captive, nappe artésienne.Notons qu'une nappe captive présente également
une surface libre, par où l'eau peut s'infiltrer. Cette zone d'alimentation
s'appelle la surface de captage.
Une nappe semi-captive appartient à un aquifère dont le toit ou/et le
substratum est constitué par une formation semi-perméable. Les échanges
d'eau avec cette formation semi-perméable superposée ou sous-jacente,
réalisés dans certaines conditions hydrodynamiques favorables (différences
de charge), sont appelés drainance.
La surface libre d'une nappe correspond au lieu des points d'une nappe où la
pression de l'eau est égale à la pression atmosphérique. Celle-ci est un cas
particulier de surface piézométrique (surface d'équipression)
Le débit d'une nappe Q est le volume d'eau par unité de temps, traversant une
section transversale d'aquifère sous l'effet d'un gradient hydraulique déterminé.
Le débit d'une nappe souterraine, à travers une section de sol, peut s'exprimer par
l'équation :
Q = Ks . i . A ,
(6.8)
Q = Ks . i . H . l
Q=T.i.l
Où :
Q : débit d'une nappe souterraine [m3/s] ;
Ks : conductivité hydraulique [m/s] ;
i : gradient de charge hydraulique [m/m] ;
A : section de sol [m2], A = H . l ;
H : épaisseur de l'aquifère [m] ;
l : largeur moyenne de la section d'écoulement [m] ;
T : transmissivité [m2/s].
Pour évaluer le volume des eaux souterraines, on procède soit par estimation du
niveau imperméable par une étude géologique appropriée, soit par détermination du
coefficient d'emmagasinement de la roche ou encore par des mesures des niveaux
piézométriques.
(6.9)
Où :
: coefficient de tarissement ;
Où : V : volume d'eau disponible contenu dans les réserves d'un bassin versant.
(6.11)
Sur les bassins montagneux, l'écoulement en rivière est pour une grande part
composé de la fonte de la neige. Celle-ci influence le ruissellement de surface en
modifiant la surface d'écoulement.
Les mesures du manteau nival sur de grandes surfaces, combinées avec les valeurs
de densité de la neige estimées localement, permettent une évaluation de l'
équivalent en eau pour toute une région. L'équivalent en eau moyen du stock
neigeux sur l'ensemble du bassin versant peut être déduit à partir des mesures de
l'équivalent en neige obtenues aux diverses stations ou zones témoins, en appliquant
par exemple une méthode de pondération de type polygones de Thiessen.
Pendant la période de fonte, le couvert de neige est formé de deux parties distinctes,
à savoir : la partie supérieure, non saturée, qui peut tout de même contenir une
certaine quantité d'eau (l'eau s'y écoule verticalement, par percolation) et la partie
sous-jacente, en contact avec le sol, qui est constituée par de la neige saturée en
eau (Fig. 6.9). Cette dernière fournit le ruissellement superficiel qui alimente les
rivières et les lacs. L'écoulement se fait parallèlement au terrain suivant la loi de
Darcy.La vitesse à laquelle l'eau accumulée sous forme de neige apparaît dans les
rivières n'est pas seulement déterminée par le taux de fonte de neige, mais aussi par
le temps pris par l'eau pour atteindre ces rivières. Le couvert neigeux traversé par
cette eau contrôle le type d'écoulement et sa vitesse.
Le calcul de taux de fonte du manteau neigeux est un problème délicat qui nécessite
de poser différentes hypothèses simplificatrices. On admet par exemple, que la
chaleur latente de la glace est de 80 cal/g, que la neige est de la glace pure et que la
température de la neige est de zéro degré. Or, durant les mois d'hiver, il n'est pas
rare de constater que cette dernière hypothèse n'est pas respectée et que la
température de la neige est négative. De plus, durant la période de fonte, la
couverture neigeuse n'est pas isotherme puisqu'une partie d'eau liquide peut se
trouver occluse dans la neige. Ce constat a conduit les scientifiques à proposer, par
analogie avec les notions de teneur en eau et de capacité de rétention du sol, une
teneur en eau de la neige ainsi qu'une valeur limite de rétention ("absence de fonte")
nommée capacité au champ de la neige. La figure 6.10 ci-après illustre ces
principes en relation avec la répartition altimétrique de la neige sur le bassin versant.
Une méthode de calcul de fonte de neige relativement simple, originaire des Etats-
Unis, est la méthode d'indice de température ou de la méthode des degrés-jour qui
relie le phénomène de fonte à la température de l'air. Elle présente l'avantage
d'utiliser des données météorologiques généralement accessibles.
(6.12)
Où :
hf i jours : hauteur d'eau de fonte en i jours [cm],
k : coefficient exprimant l'influence des conditions naturelles et climatiques du bassin
(excepté la température) sur la fonte de la neige [cm/°C],
Ti : température moyenne journalière de l'air, au-dessus de zéro [°C] pour le jour j,
déterminée pour l'altitude moyenne du bassin,
To : température de référence, généralement admise comme égale à la température
de congélation [°C].
Un glacier est défini comme une masse de glace à la surface du sol (l'hydrologue
englobe dans la notion de glacier, toutes glaces et neige pérennes), constituée de la
recristallisation de la neige ou d'autres précipitations, se déplaçant lentement vers
l'aval.
Le bilan annuel d'un glacier est, en général, calculé par des méthodes indirectes. Les
études glaciologiques étant très complexes et très coûteuses, on se contente, pour
de nombreux glaciers, d'observer la fluctuation de leur front. Ce calcul du bilan peut
se faire selon trois possibilités, soit par bilan d'énergie, soit par bilan hydrologique ou
encore par bilan géodésique.
Les quantités de glace recouvrant les cours d'eau, les lacs et les réservoirs peuvent
causer divers problèmes, entre autre gêner la navigation, endommager certains
ouvrages ou former des embâcles. Ces dernières peuvent par la suite générer
des débâcles brutales pouvant provoquer de sérieuses inondations.
L'épaisseur de la glace est le seul élément qui peut être déterminé par des mesures,
au moyen d'une tarière de sondage et à la règle, à des endroits représentatifs de la
rivière, lac ou réservoir. Les autres caractéristiques sont évaluées visuellement.
Sur les cours d'eau et lacs importants, les observations aériennes sur la formation de
la glace ou la débâcle sont d'une grande valeur. Les données de télédétection
(infrarouges), fournies par les satellites permettent également une estimation des
caractéristiques de la glace sur les lacs et les réservoirs.
CHAPITRE 7
LA MESURE HYDROLOGIQUE
La mesure des précipitations est l'une des plus complexes en météorologie car on
observe une forte variation spatiale selon le déplacement de la perturbation, le lieu
de l'averse, la topographie et les obstacles géographiques locaux gênant sa
captation.
1 mm = 1 l/m2 = 10 m3/ha
La précision de la mesure est au mieux de l'ordre de 0,1 mm. En Suisse, toute
précipitation supérieure à 0,5 mm est considérée comme pluie effective.
Cet appareil comporte, en dessous de son entonnoir de collecte de l'eau, une pièce
pivotante dont les deux compartiments peuvent recevoir l'eau tour à tour (augets
basculeurs). Quand un poids d'eau déterminé (correspondant en général à 0,1 ou 0,2
mm de pluie) s'est accumulé dans un des compartiments, la bascule change de
position : le premier auget se vide et le deuxième commence à se remplir (Fig. 7.2).
Les basculements sont comptés soit mécaniquement avec enregistrement sur papier
enroulé autour d'un tambour rotatif, soit électriquement par comptage d'impulsions
(par exemple système MADD) : appareil permettant l'acquisition d'événements en
temps réel, développé par l'HYDRAM en 1983. Les pluviographes à augets
basculeurs sont actuellement les plus précis et les plus utilisés (Fig. 7.3).
Fig. 7.2 - Principe des augets basculeurs.
7.1.3 Le radar
Les facteurs qui conditionnent l'évaporation sont les suivants : les rayonnements
solaires et atmosphériques, la température de l'eau et de l'air, l'humidité de l'air, la
pression atmosphérique, le vent, la profondeur et la dimension de la nappe d'eau, la
qualité de l'eau et les caractéristiques du bassin (exposition des versants au soleil,
au vent, pentes, sol,...). Certains de ces paramètres (facteurs météorologiques) sont
facilement mesurables. La figure 7.4 montre une station météo équipée de
l'ensemble des instruments de mesures de ces paramètres.
Fig. 7.4 - Station météorologique.
7.2.1.2 La température
Les instruments de mesure du vent sont de deux types ; certains évaluent la vitesse,
d'autres la direction. En surface, les anémomètresmesurent la vitesse du vent. Ils
sont installés à 10 mètres au-dessus du sol, à un endroit dégagé de tout obstacle
(bâtiment, arbre,...). Les plus fréquemment utilisés sont les anémomètres
totalisateurs, constitués de trois ou quatre branches terminées respectivement par
une coupelle hémisphérique. Le système se rattache aussi à un dispositif
d'enregistrement pour former un ensemble appelé anémographe. Pour la mesure en
altitude troposphèrique, on se sert d'un ballon rempli d'hydrogène qui s'élève dans
l'atmosphère. Connaissant sa vitesse d'ascension et son déplacement horizontal en
fonction du temps, on calcule aisément la vitesse du vent qui l'entraîne. La direction
du vent est, quant à elle, déterminée à l'aide d'une girouette ou d'une manche à air.
La direction du vent est donnée selon les points cardinaux (cf. Fig. 7.4).
Les verrières sont constituées d'un cadre métallique sans fond, de 1 m 2 de section,
posé sur le sol. Une vitre inclinée recouvre ce châssis. L'eau du sol s'évapore et la
vapeur se condense sur la paroi froide de la vitre. L'eau condensée est alors
collectée par une gouttière et recueillie dans un récipient. Ce type de mesure doit
cependant subir des corrections pour tenir compte des effets du vent et de la
température à l'air libre.
7.2.3.2 Le lysimètre
Le lysimètre est une cuve étanche enterrée, à parois verticales, ouverte en surface
et remplie par une portion de terrain d'une épaisseur de 0,5 à 2 mètres. La
végétation et les conditions à chaque niveau, surtout la teneur en eau, sont
maintenues sensiblement identiques à celles du terrain en place. Les variations de
stock d'eau peuvent alors être mesurées avec précision.
Le niveau d'eau dans un canal est facilement observable, mais n'est représentatif
que de la section d'observation et peut être soumis à des modifications dans le
temps. Seule la variable débit reflète physiquement le comportement du bassin
versant, et peut être interprétée dans le temps et l'espace. Généralement, on ne
dispose pas d'une mesure directe et continue des débits mais d'un enregistrement
des variations de la hauteur d'eau en une section donnée (station hydrométrique).
On passe alors de la courbe des hauteurs d'eau en fonction du temps H=f(t)
(appelée limnigramme ) à celle des débits Q=f(t) (appelée hydrogramme ) par
l'établissement d'une courbe de tarage Q=f(H) (Fig. 7.8).
La
détermination de la courbe de tarage est généralement effectuée au moyen de
campagnes de mesures de débits épisodiques, dont la fréquence est un élément
essentiel de la qualité et de la précision des données ainsi obtenues. Le nombre de
points nécessaire à l'établissement d'une courbe de tarage est de 10 minimum,
répartis entre les basses et les hautes eaux. On appelle jaugeage l'ensemble des
opérations destinées à mesurer le débit d'une rivière. Vous pouvez voir ici un film
présentant la méthode de jaugeage (RealMedia, 2.1 Mo).
La mesure des hauteurs d'eau (la limnimétrie) ou de la variation d'un plan d'eau
s'effectue généralement de manière discontinue par la lecture d'une règle graduée
(échelle limnimétrique) fixée sur un support. Pour connaître en continu les variations
d'un plan d'eau, on utilise des limnigraphes qui fournissent sur un support un
enregistrement continu des variations du niveau d'eau dans la rivière en fonction du
temps (enregistrement graphique sur bande papier, enregistrement magnétique sur
cassette, etc.).
7.3.1.1 Le limnimètre
Pour mesurer le débit d'un écoulement naturel (cours d'eau, canal, dérivation...), il
existe quatre grandes catégories de méthodes.
Q = V ´ S.
La section d'écoulement peut être évaluée en relevant la profondeur d'eau en
diverses verticales réparties régulièrement sur toute la largeur. Plusieurs méthodes
permettent de déterminer la vitesse moyenne de l'eau.
1. Le jaugeage au moulinet
Dans le cas du montage sur perche, le moulinet peut être manœuvré de deux
manières :
Les différents modes opératoires du jaugeage au moulinet monté sur un lest sont
présentés dans le tableau 7.1.
Mesure à l'aide d'un canot (Fig. Profondeur < 10 m et vitesse < 2 m/s
7.14)
Mesures à partir d'un bateau Lorsque la rivière est large (> 200 m),
mobile uniforme et sans présence de hauts-
fonds afin d'y manœuvrer facilement.
(7.1)
La construction d'un déversoir ou d'un canal calibré (Fig. 2.15) pour la détermination
des débits d'un cours d'eau a pour but l'obtention d'une relation entre le niveau de
l'eau H et le débit Q aussi stable que possible, et en principe sans jaugeage sur le
terrain. Le débit est alors obtenu par des formules hydrauliques et par étalonnage sur
modèles. Les canaux jaugeurs et les déversoirs calibrés sont notamment utilisés
dans le cas de petits cours d'eau aux lits étroits, instables, encombrés de blocs et à
faible tirant d'eau, pour lesquels l'installation de stations à échelles limnimétriques et
l'exécution de jaugeages au moulinet ne sont pas recommandés. Leur
fonctionnement obéit aux lois de l'hydraulique classique.
Fig. 7.15 - Déversoir triangulaire en minc34 paroi et canal de Venturi.
Cette méthode de jaugeages par dilution s'applique à des torrents ou des rivières
en forte pente où l'écoulement est turbulent ou pour lesquels on ne trouve pas de
section se prêtant à des jaugeages au moulinet.
Le principe général consiste à injecter dans la rivière une solution concentrée d'un
traceur (sel, colorant,...) et à rechercher dans quelle proportion cette solution a été
diluée par la rivière, par prélèvements d'échantillons d'eau à l'aval du point d'injection
(Fig. 7.16). Cette dilution est notamment fonction du débit, supposé constant le long
du tronçon, concerné pendant la durée de la mesure. On a la relation suivante dans
laquelle le rapport C1 / C2 représente la dilution :
(7.2)
Où :
Les conditions suivantes sont nécessaires pour que les méthodes par intégration ou
dilution puissent être appliquée :
(7.4)
(7.3)
Avec :
Dans ce cas, on injecte en un point du cours d'eau une masse connue de sel (NaCl)
diluée dans un volume d'eau de la rivière. On place une sonde conductimétrique en
aval de l'injection, à une distance suffisamment longue pour que le mélange soit bon.
La sonde mesure la conductivité électrique de l'eau au cours du passage du nuage
de sel. On peut alors tracer la courbe conductivité en fonction du temps.
La quantité de sédiments (ou, flux solide, charge solide 1, débit solide 2) transportée
par un cours d'eau à une section donnée pendant un temps t (t=1 jour, 1 mois, 1
année) est composé de la charge en suspension (suspended load) et du transport de
fond (glissement ou roulement sur le fond et saltation).
On s'intéresse ici particulièrement aux mesures sur les cours d'eau. Signalons que la
question sempiternelle dans tous les programmes de surveillance du transport solide
est de savoir comment peut-on estimer celui-ci avec un coût non prohibitif, sachant
que le bilan exact des matériaux en suspension transportés demeure inaccessible.
Outre les erreurs analytiques produites, la majeure source d'erreur dans la mesure
de la charge solide d'un cours d'eau est en relation avec la variabilité des
concentrations en sédiment à travers le temps et la possibilité du programme
d'échantillonnage de caractériser précisément cette variabilité. Ce dernier point peut
être déterminé dans une large mesure par la fréquence d'échantillonnage adoptée.
Une large gamme d'options est aujourd'hui disponible pour mesurer la quantité de
sédiments en suspension transportée par un cours d'eau. La méthode la plus
rigoureuse pour obtenir une estimation de la charge solide en suspension consiste à
procéder, comme pour la mesure du débit liquide, à une intégration de différentes
concentrations et des vitesses sur plusieurs verticales. Cette technique nécessite un
matériel de prélèvement adapté aux caractéristiques de la section de mesure. Le
contrôle en continue de la charge solide est possible grâce aux programmes
d'échantillonnages intensifs avec des pompes automatiques ou, de manière
indirecte, avec l'installation de turbidimètres.
Les préleveurs à pompe - Un embout formé d'un tube métallique faiblement coudé, fixé
sur un lest ou une perche, permet d'effectuer, à l'aide d'un tuyau flexible et d'une pompe,
des prélèvements en divers points de la section de mesures.
Les préleveurs par intégration - Ils prélèvent des échantillons durant un intervalle de
temps suffisamment long pour atténuer les fluctuations de concentrations. Ils peuvent selon
les modèles, fonctionner point par point ou par intégration le long d'une verticale. Dans ce
dernier cas l'échantillon recueilli permet de mesurer la concentration moyenne pondérée
par les débits sur toute une verticale. Le plus simple d'entre eux est constitué d'une bouteille
à large col fixée à une perche. A travers le bouchon, passe un ajustage d'admission qui doit
être dirigé face au courant tandis qu'un deuxième conduit, dirigé vers l'aval, permet à l'air de
s'échapper. Des systèmes obéissant au même principe peuvent être installés sur des
saumons de lestage.
(7.5)
Cette méthode pour mesurer la quantité de sédiments transportée par un cours d'eau
est évidemment très coûteuse. Les mesures sont donc généralement simplifiées.
Elles sont surtout utiles pour valider les protocoles d'échantillonnages des réseaux
de surveillance du transport en suspension.
Hors des parcelles et des petits bassins versants dont les exutoires peuvent être
équipés de pièges ou de fosses à sédiments, la mesure du transport de fond reste
imprécise. Les dispositifs communément utilisés perturbent en effet de manière non
négligeable le régime du transport de fond.
L'humidité du sol peut être déterminée de plusieurs façons soit par méthode directe,
qui consiste à peser les échantillons avant et après étuvage, soit par des méthodes
indirectes, qui sont établies sur des relations entre les propriétés physiques
(conductivité électrique, température) ou chimiques des sols et leur teneur en eau.
Afin de suivre dans le temps l'évolution de l'humidité du sol, il est nécessaire de
recourir à des méthodes indirectes qui sont non destructives, telles que les mesures
neutroniques, les mesures de conductivité électrique ou de la constance diélectrique
dans le sol.
La mesure neutronique de la teneur en eau du sol repose sur les propriétés de
réflexion que possèdent les molécules d'eau à l'égard d'un flux de neutrons.
Rappelons que parmi les divers éléments que l'on trouve dans le sol, ce sont les
atomes d'hydrogène qui possèdent le noyau dont la masse est la plus proche de
celle du neutron. Les deux parties essentielles d'une sonde à neutrons, isolées l'une
de l'autre, sont l'émetteur et le détecteur de neutrons. Elles sont fixées à un câble qui
transmet les impulsions électriques émises par le détecteur à un compteur. Le
blindage (fig. 7.19) sert à neutraliser la source radioactive lors de son transport.
Lorsque la sonde est en place dans le sol, des neutrons rapides sont émis par la
source (mélange de americium et de beryllium) dans toutes les directions. Ils se
heurtent au noyau des divers atomes qui se trouvent sur leur trajectoire et voient
ainsi leur énergie cinétique et leur vitesse diminuer progressivement. Si le sol
présente une concentration d'atomes d'hydrogène suffisante, le ralentissement des
neutrons émis par la source se produit alors qu'ils se trouvent encore à proximité de
celle-ci. Les neutrons ralentis par collisions successives se propagent dans des
directions aléatoires, si bien qu'il se forme un nuage neutronique dont la densité est
plus ou moins constante. Une partie de ces neutrons, qui dépendent de la
concentration en atomes d'hydrogènes, sont renvoyés directement en direction du
détecteur en créant des impulsions. Le nombre d'impulsions pendant un intervalle de
temps est enregistré par un compteur. La conversion de la valeur enregistrée par le
compteur en une teneur en eau se fait par le biais d'une courbe d'étalonnage.
(7.6)
CHAPITRE 9
Les relevés des débits d'une rivière pendant une longue série d'années montrent des
variations saisonnières systématiques (position des hautes et basses eaux) en
fonction des principaux facteurs influençant l'écoulement : le régime des
précipitations, la nature du bassin versant, sa situation géographique, l'infiltration,
etc. Le régime hydrologique d'un cours d'eau résume l'ensemble de ses
caractéristiques hydrologiques et son mode de variation. Il se définit par les
variations de son débit habituellement représentées par le graphique de l'écoulement
mensuel moyen (calculé sur un certain nombre d'années et aussi appelé débit "inter-
mensuel" ou module mensuel). La figure 9.1 représente des valeurs de modules
mensuels moyens de certain cours d'eau dans le monde.
Fig. 9.1 – Régimes moyens (en m3/s) de quelques fleuves dans le monde.
On utilise aussi le coefficient mensuel de débits, qui est défini comme le rapport du
débit mensuel moyen au module inter-annuel (moyenne inter-annuelle calculée sur
un certain nombre d'années). Celui-ci permet de représenter la répartition, en
pourcentage, des débits mensuels au cours de l'année.
(9.1)
De même, les courbes des fréquences relatives des débits sur une longue série
d'années, définissent la variation saisonnière des quantiles de débits (Fig. 9.2). Les
courbes cotées 10, 25,..., 90 % indiquent les valeurs des débits mensuels qui ont
respectivement 10, 25,..., 90 chances sur 100 de ne pas être atteintes ou dépassées.
Une des classifications des régimes hydrologiques des rivières les plus simples est
celle de Pardé (1933), qui distingue trois types de régimes :
Par ailleurs, la géologie peut modifier sensiblement les écoulements et par delà le
régime d'alimentation des cours d'eau. Ceci est particulièrement vrai dans les
régions karstiques (ex. dans le Jura).
9.2.1 Le régime simple
Le régime glaciaire se retrouve en général quand 15 à 20% du bassin est occupé par
des glaciers. Sous nos climats, le régime glaciaire se caractérise entre autres par :
Suivant l'altitude moyenne des bassins versants, ces caractéristiques seront plus ou
moins prononcées. Par exemple l'amplitude des variations mensuelles de débits est
supérieure à 25 pour les bassins versants de haute altitude (altitude moyenne
supérieure à 2500 mètres),et varie de 12 à 35 pour les bassins de 2300 à 2600
mètres d'altitude moyenne.. Le Rhône en amont du lac
Le régime nival pur présente sous une forme atténuée certaines des caractéristiques
du régime glaciaire. Le maximum a lieu cependant plus tôt (juin). Il se subdivise en
régime nival de montagne et nival de plaine.
une fonte progressive de la neige, qui commence d'abord aux altitudes les
plus basses et provoque une crue en mai-juin (pour l'hémisphère Nord)
des basses eaux en été (températures élevées et forte ET 0).
La rivière Fraser à Hope aux Canada (Fig. 9.1) est caractérisée par ce régime.
Les fleuves sibériens, comme la Lena (Fig. 9.1) ont un régime nival de plaine.
On peut aussi distinguer le régime nival de transition que l'on rencontre sur les
bassins versants d'altitude moyenne comprise entre 1200 et 1600 mètres. Il se
rapproche davantage d'un type complexe dans ce sens qu'il présente quatre saisons
hydrologiques. Ses caractéristiques sont les suivantes :
Courbe des coefficients mensuels des débits montrant deux maxima (fort en
mai-juin, et plus modéré en novembre-décembre) et deux minima.
Coefficient minimum, en janvier, de l'ordre de 0,2 à 0,5.
Après un étiage relatif en octobre, on observe en novembre, une légère
hausse due à la pluie, induisant un maximum secondaire de coefficient
inférieur à 1.
Bien que le régime pluvial appartienne aux régimes simples, il présente des
caractéristiques différentes de celles des régimes précédents. Il se distingue par :
Des Hautes eaux (avec un maximum plus ou moins marqué) en hiver et des
basses eaux en été. Bien qu'il soit fréquent que les pluies de la saison de
basses eaux soient égales ou supérieures à celles de la saison des hautes
eaux, les températures étant élevées, l'évaporation est importante).
Une certaine irrégularité interannuelle ; l'époque du maximum de hautes eaux
se déplace sensiblement d'une année à l'autre suivant le " caprice " des
pluies.
Ecoulement généralement assez faible (exemple la. Seine : 6 l/s/km2, cf. Fig
9.1)).
C'est le régime des cours d'eau de faible à moyenne altitude (500 - 1000 mètres). Il
se retrouve dans les régions tempérées sans neige.
Le fleuve Sénégal (Fig. 9.1) et le Niger amont (Fig. 9.1 et Fig. 9.4) sont des rivières
caractéristiques du régime tropical.
Il se caractérise par :
Deux maxima nets, l'un assez prononcé vers avril-mai à la fonte des neiges,
et l'autre en automne (vers novembre) plus modéré. Ce second maximum,
dépendant des pluies tombées en automne, peut être faible (de coefficient
inférieur à 1).
Un étiage principal en octobre et un étiage secondaire en janvier, tous deux
de l'ordre de 0,6 à 0,8.
L'amplitude (rapport entre les coefficients mensuels extrêmes) est comprise
entre 2 et 5.
Variations d'une année à l'autre pouvant être importantes.
La tendance pluviale est d'autant plus marquée que le bassin se situe à basse
altitude (650 à 750 mètres). Le régime pluvio-nival est caractérisé par :
Le régime complexe est généralement rencontré sur les grands fleuves, dont les
affluents, d'amont en aval, influencent de façon très diverse l'écoulement général. Le
régime des grands fleuves se présente comme une synthèse de ceux de leurs sous-
bassins constitutifs, le plus souvent très variés du point de vue altitude, climat, etc.
Habituellement, ces influences diverses tendent à atténuer les débits extrêmes et à
accroître la régularité annuelle des débits moyens mensuels, de l'amont vers l'aval
(voir Fig. 9.1 pour le Rhin à Rees et le Rhône à l'aval du lac Léman à Chancy).
Fig. 9.7 - Variations des coefficients mensuels de débits pour les 16 types de
régimes déterminés en Suisse suite à l'étude de 95 bassins représentatifs (d'après
les données de l'"Atlas hydrologique de la Suisse")
CHAPITRE 10
10.1 Introduction
Les notions abordées dans les chapitres précédents sont utilisées pour décrire plus
précisément les principaux processus de génération des écoulements. Nous ne
détaillerons pas les protocoles expérimentaux qui doivent être mis en place afin de
les identifier. Seul le traçage environnemental sera brièvement présenté à cette fin.
Les figures 10.1a et 10.1b suivantes illustrent schématiquement ces deux processus
d'écoulement sur un versant et les différents types d'écoulements cités ci-dessus :
A cet ensemble de processus peut encore s'ajouter un cinquième élément qui est le
ruissellement dû à la fonte des neiges ("snowmelt runoff") que nous avons traité
au chapitre 6 "le stockage et ses variations".
Finalement les éléments les plus importants dans la génération des crues sont les
écoulements de surface et de subsurface.
La classification adoptée ici n'est pas la seule existante. Par exemple, Dunne (1978)
propose de classer les écoulements en cinq processus essentiels qui sont
respectivement (Fig. 10.2) :
Parmi les processus de génération de crue, le premier qui peut être souligné est bien
évidemment la contribution directe de la précipitation sur la surface des cours d'eau
du bassin versant. Cependant, ce type de processus est considéré comme marginal
du fait que la surface occupée par les cours d'eau de type pérenne ne représente
qu'une très faible fraction de la surface totale du versant. L'importance des
précipitations directes croît toutefois suite à des précipitations de longues durées ou
avec le développement du réseau hydrologique qui présente alors d'importantes
zones lacustres ou marécageuses.
La figure 10.4 résume les deux situations rencontrées jusqu'ici, à savoir l'écoulement
sur surfaces saturées ainsi que l'écoulement par dépassement de la capacité
d'infiltration.
1
L'écoulement par percolation profonde est supposé négligeable.
La figure 10.5 montre un bassin versant et son réseau hydrographique ainsi que
l'extension successive des surfaces saturées au cours d'un événement de pluvieux
(concept de "variable source area").
Malgré la simplicité de cette explication, "l'effet piston" est limité par le fait qu'une
impulsion d'une certaine quantité d'eau ne s'accompagne d'une exfiltration
équivalente (ou presque) que dans les cas où le sol présente une capacité de
stockage très faible.
3
L'exfiltration se produit lorsque l'apport par l'écoulement de surbsurface (ou même
souterrain) dépasse la capacité du sol à transmettre un flux d'eau transversal
(rencontre avec un milieu peu perméable par exemple). Dans ce cas l'écoulement de
subsurface émerge à la surface du sol.
La définition du macropore dépend d'une part d'arbitraire quant au choix d'une taille
effective ainsi que de l'expérience pratique que l'on a sur le terrain. D'autre part,
l'analogie du comportement de l'eau dans le sol avec celui d'un ensemble de
capillaires devient discutable dès lors que la porosité augmente. Ceci implique qu'il
peut être pertinent de classer les types de pores selon la conductivité hydraulique et
non plus uniquement selon des critères dimensionnels (par exemple le diamètre
équivalent), bon nombre d'études ayant montré à ce jour que le critère de la taille
n'était pas suffisant pour effectuer un classement des types de porosité du sol.
On admet en règle générale que l'hydrogramme de crue est souvent contrôlé par les
écoulements de subsurface. Si ces écoulements transitent principalement par la
présence de macropores, la transmission de l'eau peut se faire à des vitesses du
même ordre de grandeur que celles obtenues pour l'écoulement de surface.
Cependant, et comme nous l'avons remarqué, les macropores ne sont pas les seules
et uniques causes d'écoulement de subsurface. Finalement et dans le cas où l'on
considérerait uniquement la contribution due à la macroporosité, la loi de Darcy ne
peut pas être appliquée principalement dans deux cas de figure :
Macropores conduisant l'eau en avant du front d'humectation dans la zone non saturée
du sol.
Flux quasi turbulent ou turbulent dans les zones non saturées ou saturées.
Si la nappe ou la frange capillaire est proche de la surface du sol, une petite quantité
d'eau suffit à saturer le profil. Si la capacité du sol à transmettre l'écoulement de
subsurface diminue (ceci peut se produire par exemple si le type de sol change), ce
dernier revient en surface et ruisselle. On retrouve alors dans l'écoulement de
surface de l'eau antérieure à l'eau de pluie. Cette contribution d'eau "ancienne" va
ainsi augmenter le volume de l'écoulement de surface. En analysant la répartition
spatiale des zones où se produisent ce type de phénomène, on met en évidence que
celles-ci peuvent subir une extension rapide là où la frange capillaire est proche de la
surface du sol. La répartition spatiale des zones propices aux écoulements de retour
est donc liée à la topographie du bassin versant.
On doit toutefois insister sur le fait que ces surfaces propices à l'écoulement de
retour deviennent aussi favorables au développement du processus d'écoulement
sur surfaces saturées. L'hydrogramme résultant de ces deux types de processus
sera donc composé d'eau ancienne et d'eau nouvelle. Une fois encore, on peut noter
que le processus de formation d'une crue est la résultante de plusieurs phénomènes
concomitants (Fig. 10.8)
L'eau souterraine joue un rôle aussi important dans la génération des écoulements et
notamment dans la composante "débit de base" de l'hydrogramme. Dans cette
section, nous considérons essentiellement les écoulements profonds dont l'étude
complète appartient à l'hydrogéologie (cf. chapitre 6) et présentons une méthode
d'investigation expérimentale devenue désormais classique : l'utilisation de traceurs
pour déterminer notamment la contribution de l'écoulement souterrain à l'écoulement
total dans un cours d'eau.
10.6.1 Processus général
En terme de processus, l'eau qui rejoint la nappe peut être considérée comme de
l'eau souterraine. Une partie de cette eau, après percolation, va transiter à travers
l'aquifère avec une vitesse de quelques mètres par jour à quelques millimètres par
an avant de rejoindre le cours d'eau souvent par le biais d'un phénomène de
résurgence de la nappe. L'écoulement de base assure ainsi le débit des rivières en
l'absence de précipitations et soutient les débits d'étiage.
(10.1)
La première équation exprime simplement que le débit total du cours d'eau est la
somme du débit d'eau ancienne et du débit d'eau nouvelle tandis que la
seconde équation exprime le fait que le produit de la concentration en isotope ( )
avec le débit total est la somme des produits des concentrations et des débits pour
les deux sources d'eau ancienne ( ) et nouvelle ( ). En mesurant les différentes
concentrations ainsi que le débit total, il est alors possible de déterminer les débits
dus à l'eau ancienne et à l'eau nouvelle :
(10.2)
(10.3)
Les valeurs négatives de concentration signifient que l'échantillon est plus pauvre
que la valeur moyenne des eaux océaniques tandis que les valeurs positives
entraînent le constat inverse. On utilise enfin très souvent la relation linéaire qui
existe entre la concentration en Oxygène 18 et la concentration en deutérium (Fig.
10.10). Pour les pluies, cette relation porte le nom de droite des eaux
météoriques et s'exprime comme suit pour les eaux météoriques mondiales :
(10.5)
D'une façon générale, on constate que la valeur de la pente de cette droite est assez
constante tandis que l'ordonnée à l'origine qui marque l'excès de Deutérium peut
dépasser la valeur de 10. Ce dépassement se produit lorsque la vapeur d'eau
d'origine océanique a été enrichie de manière significative par une évaporation au
niveau des continents ou de mers fermées. Dans le cas du bassin de la
Méditerranée par exemple, l'équation (10.5) s'écrit :
(10.6)
L'équation globale (10.5) peut aussi s'établir de manière locale (pluies locales)
Les traceurs chimiques ont toutefois le très grand inconvénient de ne pas être
conservatifs. Ceci implique par exemple qu'une pluie va s'enrichir par pluvio-
lessivage avant même qu'elle n'atteigne le sol. Les isotopes naturels ne présentent
pas ces inconvénients. On recourt ainsi le plus souvent aux molécules contenant de
l'oxygène 18 ainsi que celle contenant du deutérium (cf. ci-dessus).
(10.7)
Où :
Qt : débit total de la rivière (somme des débits due à chaque composante Qi),
Les figures 10.13 et 10.14 permettent ainsi de noter que si l'on s'intéresse
spécifiquement à des problèmes liés aux crues - c'est à dire pour des valeurs de
débits importantes, il conviendra d'être attentif au fait qu'il s'agit essentiellement de
processus de type hortonien et ceci indépendamment de la taille du bassin versant.
De plus, les crues sont caractérisées par des temps de montée relativement faibles
qui augmentent avec la taille du bassin versant. A l'inverse, des crues de faible
volume dont le temps de montée peut être de l'ordre de une à plusieurs heures sont
représentatives de processus d'écoulement de subsurface. On soulignera encore
que les figures présentées ci-dessous, bien qu'elles n'aient pas la prétention de se
révéler l'unique outil d'identification des processus, permettent néanmoins, sur la
base d'observations élémentaires, de fixer une gamme possible de processus de
génération des écoulements pour les situations étudiées.
Enfin, la figure 10.15 permet de replacer les différents types d'écoulement dans leur
contexte géomorphologique en faisant intervenir les facteurs sols, climat et
topographiques.
CHAPITRE 11
LA REPONSE HYDROLOGIQUE
11.1 Introduction
La manière dont réagit le bassin lorsqu'il est soumis à une sollicitation se nomme
réponse hydrologique. Elle est schématiquement représentée à la figure 11.1 ci-
dessous.
En fait, une averse tombant sur un bassin versant aura pour conséquence, en une
station de contrôle située sur le cours d'eau, une réponse pouvant être nulle
(absence de modification de l'écoulement ou absence de crue) ou positive
(écoulement modifié ou crue). En fonction de ce qui a été vu précédemment, cette
réponse peut être :
Rapide- La réponse rapide est imputable aux écoulements de surface ou, par
exemple, à un effet piston, ou encore à l'effet de la macroporosité du sol.
Retardée - C'est notamment le cas lorsque la réponse hydrologique est due
principalement aux écoulements souterrains.
De plus, la réponse peut être différenciée selon que cette dernière est :
Totale- Dans ce cas, la réponse hydrologique est composée à la fois par des
écoulements de surface et souterrains.
Partielle - c'est à dire lorsque la réponse est la résultante d'un ou l'autre des
processus décrit précédemment
Le rôle de l'ingénieur est donc d'une part d'identifier les processus hydrologiques et
leur part respective intervenant dans la réponse du bassin versant et, d'autre part, les
modalités du passage de l'impulsion pluviométrique à la réponse hydrologique. La
question qui se pose alors est de comprendre et interpréter les mécanismes de
transformation de la pluie à l'hydrogramme de crue.
Dans le cadre d'une description des processus selon le principe établi par Horton, la
transformation de la pluie en hydrogramme de crue se traduit par l'application
successive de deux fonctions, nommées respectivement fonction de production –
ou fonction d'infiltration - et fonction de transfert. La fonction de production permet
de déterminer le hyétogramme de pluie nette à partir de la pluie brute. La fonction
de transfert permet quant à elle de déterminer l'hydrogramme de crue résultant de
la pluie nette (la pluie nette est la fraction de pluie brute participant totalement à
l'écoulement). (Fig. 11.2).
Une averse, définie dans le temps et dans l'espace, tombant sur un bassin versant
de caractéristiques connues, et dans des conditions initiales données, provoque à
l'exutoire du bassin considéré un hydrogramme défini. La figure 11.3 définit quelques
éléments essentiels relatifs à l'hydrogramme résultant d'un hyétogramme spécifique.
La nature et l'origine des crues ou hautes eaux sont liées aux régimes
hydrologiques et à la taille du bassin versant. Les bassins versants du Plateau
suisse, par exemple, appartiennent au régime pluvial ou au régime nivo-pluvial. Les
crues auront ainsi pour origine les averses (liquides et /ou solides) et/ou la fonte de
neige. Les crues peuvent être groupées, selon les causes qui les engendrent selon :
La réponse hydrologique d'un bassin versant est influencée par une multitude de
facteurs tels que ceux liés :
Les facteurs liés aux précipitations ainsi qu'aux conditions climatiques sont des
facteurs externes au milieu tandis que la morphologie, les propriétés physiques du
versant, la structuration du réseau et les conditions antécédentes d'humidité sont des
facteurs internes. L'ensemble de ces éléments ayant été étudié tout au long des
chapitres précédent, nous n'y reviendrons pas ici à l'exception du rôle de la pluviosité
qui sera développé dans les prochains paragraphes ainsi que l'importance de l'état
antécédent d'humidité.
Dans ce cadre, l'Institut d'Aménagement des Terres et des Eaux (IATE / HYDRAM) a
développé un didacticiel permettant en outre d'étudier la réponse hydrologique d'un
bassin versant lorsque celui-ci est soumis à une sollicitation pluvieuse dans quelques
situations simples. Cet outil, nommé DHYDRO est une application informatique
pouvant être acquise ici. La figure 11.4 ci-dessous donne un aperçu sommaire des
fonctionnalités de cette application. On y a représenté quatre fenêtres nommées A,
B, C et D. La fenêtre A illustre le contrôle essentiel du bassin versant, à savoir sa
couverture du sol et la pente du versant ainsi que le type de réseau hydrographique
qu'il comporte, la fenêtre B donne la description topographique du versant ainsi que
celle du réseau hydrographique. La fenêtre C permet de déterminer la pluie nette à
partir d'un fichier de pluie brute selon différentes fonctions d'infiltration que
l'utilisateur peut choisir. Enfin, la dernière fenêtre (D) représente graphiquement
l'hydrogramme résultant d'une précipitation donnée sur un bassin versant défini.
Fig. 11.4 - Transformation de la pluie brute en hydrogramme de crue
On peut alors observer qu'il existe une durée critique de la précipitation pour laquelle
le débit de pointe est maximal. Cette durée critique est égale à la durée de
concentration du bassin versant.
d' intensité de l'averse sur l'allure de l'hydrogramme résultant est illustrée dans la
figure 11.8 dans laquelle les hyétogrammes figurent sur la partie gauche de la figure
tandis que les hydrogrammes résultants figurent à droite.
Avant de présenter l'analyse des crues ainsi que des événements pluies-débits, on
insistera une fois encore sur le fait que le rôle de l'ingénieur est d'identifier les
facteurs dominant du comportement hydrologique d'un bassin versant ainsi que de
quantifier leur importance sur la dite réponse. Dans cet esprit, l'étude du
comportement hydrologique fait souvent appel à des modèles permettant d'explorer
plus ou moins systématiquement l'effet d'un ou de plusieurs facteurs sur le
comportement hydrologique. La modèlisation est donc ici exploitée comme outil de
compréhension et d'analyse.
Dans un état initial sec (nappe profonde, faible extension des surfaces saturées), la
recharge de la nappe sera beaucoup plus lente et le ruissellement par saturation
beaucoup plus limité. La figure 11.9 donne un exemple de débit simulé pour deux
conditions antécédentes particulières à savoir une condition humide et une condition
sèche. La condition initiale sèche se traduit par une première crue bien plus faible
que dans la situation d'une condition initiale humide puisque l'eau de pluie va
commencer par remplir le réservoir sol avant de générer de l'écoulement.
11.5 Conclusion