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i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
ABREVIATIONS
iv
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
LOD : Loi d’Orientation de la Décentralisation
LOLF : Loi Organique relative aux Lois de Finances
LPA : Les Petites Affiches
Mel : Mélanges
N° : Numéro
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires
Op. Cit : Opus Citum : Cité plus haut
p. : Page
pp. : Pages
PUA : Presse Universitaire d’Afrique
PUC : Presse Universitaire du Cameroun
PUF : Presse Universitaire de France
PUO : Presse Universitaire d’Ottawa
PUQ : Presse Universitaire du Québec
PUR : Presse Universitaire de Renne
v
RFD : Revue Française de la Décentralisation
RFDA : Revue Française de Droit Administratif
RFFP : Revue Française de Finance Publique
RGCT : Revue Générale des Collectivités Territoriales
RGFP : Revue de Gestion Financière Publique
RHDFE : Revue Historique de Droit Français et Etranger
RIDC : Revue Internationale de Droit Comparé
RIDE : Revue Internationale de Droit Economique
RISF : Revue Internationale des Services Financiers
RIVCP : Revue Internationale de Vérification des Comptes Publics
RMAD : Revue Marocaine d’Audit et de Développement
RMFPE : Revue Marocaine de Finance Publique et d’Economie
RSF : Revue de Science Financière
RT : Revue du Trésor
RTDAE : Revue Trimestrielle de Droit et des Activités Economiques
SEM : Société d’Economie Mixte
ss. : Suivant
t. : tome
T.A. : Tribunal Administratif
TDL : Taxe de Développement Locale
Th. : Thèse
Th.3 C. : Thèse 3éme Cycle
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UCAC : Université Catholique d’Afrique Centrale
V. : Voir
VSFE : Vérification de la Situation Fiscale Ensemble
vi
RESUME
vii
ABSTRACT
viii
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ....................................................................... 1
PARTIE I : LE TRANSFERT PAR L’ETAT DES POUVOIRS DE
GESTION DES FINANCES AUX COLLECTIVITES LOCALES .............. 81
TITRE I : LA CONCESSION DE LA GESTION BUDGETAIRE LOCALE
AUX CTD ......................................................................................................... 85
CHAPITRE I : L’ATTRIBUTION DES LIBERTES BUDGETAIRES ........ 87
CHAPITRE II : LA CONTRIBUTION DES CTD AU CONTROLE DES
ACTES FINANCIERS LOCAUX ..................................................................149
TITRE II : L’ATTRIBUTION AUX CTD PAR L’ETAT DES POUVOIRS
DE GESTION DU PATRIMOINE FINANCIER LOCAL ...........................204
CHAPITRE I : LE TRANSFERT ET LA REPARTITION DES
COMPETENCES ............................................................................................207
CHAPITRE II : L‘AUTORITE DES ELUS LOCAUX DANS LA GESTION
DU PATRIMOINE FINANCIER LOCAL ....................................................278
PARTIE II : L’ATTRIBUTION PAR L’ETAT DES RESSOURCES
FINANCIERES AUX CTD............................................................................363
TITRE I : L’ATTRIBUTION D’UN POUVOIR FISCALE DERIVE .........368
CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DE L’ASSIETTE FISCALE LOCALE
PAR LES CTD ................................................................................................372
CHAPITRE II : LA CONTRIBUTION DES CTD AUX
PRELEVEMENTS ET A LA GESTION DES IMPOTS LOCAUX ............438
TITRE II : LE TRANSFERT DES RESSOURCES NON FISCALES ........484
CHAPITRE I : LES RESSOURCES NON FISCALES DEFINITIVES......487
CHAPITRE II : L’EMPRUNT, UN MOYEN D’AMELIORATION DES
RESSOURCES FINANCIERES DES COLLECTIVITES ...........................529
CONCLUSION GENERALE .........................................................................566
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE .................................................................574
ANNEXES .......................................................................................................615
TABLE DES MATIERES ..............................................................................748
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
Mener une étude sur la formation de l’autonomie financière des
Collectivités locales n’est pas une entreprise aisée1. En effet, malgré
l’abondante littérature, même lorsqu’elle est inscrite dans les textes2, la notion
d’autonomie financière n’est pas clairement définie. C’est pourquoi, pour
certains auteurs, l’autonomie financière est une notion obscure3, peu élucidée en
droit4. Elle n’est guère rassurante5. Robert HERTZOG souligne à ce propos
1
Plusieurs auteurs de Droit public, administrativistes ou financiers, utilisent ce mot devenu
magique, exaltent cette prestigieuse autonomie financière, en subliment les avantages pour les
Collectivités territoriales. Certains poussent d’ailleurs le paradoxe jusqu'à reconnaître son
importance capitale, tout en voyant en elle, une notion qui se fonde dans les mots qui
l’expriment ou encore en la considérant comme une « enveloppe vide » Certains auteurs la
présentent comme une condition de la décentralisation, territoriale ou fonctionnelle. LOÏC
(P.), « l’autonomie financière des Collectivités territoriales », les Cahiers du Conseil
constitutionnel, n° 12/2000, op. cit., p. 963. Georges VEDEL et Pierre DELVOVE l’érigent en
« condition très importante d’une décentralisation concrète » VEDEL (G.), DELVOVE (P.),
Droit administratif, 12è édition, 1992, t. II, p. 357. Pendant que LACHAUME (J.F.), en fait une
« notion indissociable de la décentralisation par services » J.-F. LACHAUME, Grands Services
publics, 1989, p. 170.Les définitions proposées sont variées et leur diversité montre que leur
détermination reste toujours vague, qu’il y a entre elles des contradictions et que l’autonomie
financière des Collectivités territoriales est souvent employée dans plusieurs acceptions avec
une portée variable. Cela ne doit pas surprendre. L’infinie diversité du contenu varie suivant les
époques et les espaces. Elle démontre également l’inaptitude du droit à tirer au clair le concept
d’autonomie financière des Collectivités. MAITROT (C.), « La notion …», op. cit., p. 119.
François Labie utilise la notion coquille vide. LABIE (F.), Finances Locales (cours), Paris,
Dalloz, 1995, p. 5.
2
Dans cette perspective, la plupart des Etats ont gravé dans le marbre de la Constitution ou de
la loi les principes de libre administration et d’autonomie financière des Collectivités locales.
En Europe, par exemple, à travers la Charte de l’autonomie locale au sein du Conseil de
l’Europe en vigueur depuis le 1er septembre 1988, les pays membres ont adopté des normes
communes en matière de libertés locales, dans le respect de leur diversité2. Dans son article 3,
la Charte définit l’autonomie locale comme le droit et la capacité pour les Collectivités locales
de régler et de gérer, dans le cadre de la loi, sous leur propre responsabilité et au profit de leurs
populations, une part importante des affaires publiques. Quant à l’article 9, il détermine les
conditions de l’autonomie financière des Collectivités locales en précisant que les Collectivités
locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres
suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l’exercice de leurs compétences ; les
ressources financières des Collectivités locales doivent être proportionnées aux compétences
prévues par la Constitution ou par la loi ; une partie au moins des ressources financières des
Collectivités locales doit provenir des redevances et d’impôts locaux dont elles ont le pouvoir
de fixer le taux, dans les limites de la loi ».
3
DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités territoriales, Paris, lexifac Droit, 3eme éd., 2007,
p. 188.
4
HOND (J. T.), « Les ressources financières dans un système décentralisé. Mobilisation des
impôts et taxes, partage et dépense des revenus, sources du budget local De l’autonomie
2
que : « si l’autonomie financière constitue un objectif politique faisant
consensus, elle devient insaisissable et pétrie de contradictions dès qu’on veut
l’enfermer dans une définition juridique apte à produire des effets normatifs »6.
En effet, lorsqu’on cherche à définir le terme autonomie financière, on a
l’impression qu’on s’aventure dans un « sable mouvant » ou d’utiliser « une
formule caoutchouc »7. Et l’emploi qui en est ainsi fait 8, n’est pas un élément
de précision et n’éclaire guère celui qui s’interroge sur le sens qu’il faut prêter à
cette notion. Elle peut néanmoins s’entendre, en première approximation,
comme étant la situation d’une Collectivité locale disposant d’un pouvoir
propre de décision et de gestion de ses recettes et de ses dépenses, regroupées
en un budget, nécessaire pour l’exercice de ses compétences9.
Une autre approche plus sociologique considère que l’autonomie
financière est une notion mort née, donc inexistante10. Elle tient pour argument,
il s’agira non de s’étendre sur les théories fondatrices de la décentralisation mais de présenter
les éléments qui justifieraient qu’on puisse affirmer l’existence de ce principe au Cameroun.
11
La notion d’indivisibilité suivant une approche doctrinale implique trois conséquences :
l’unité de législation, l’unité administrative du territoire et l’indivisibilité de la souveraineté.
LUCHAIRE (F.), « Les évolutions du principe de l’indivisibilité de la république », in Le
Conseil constitutionnel, Tome III, Paris, Economica, 2éme éd., 1999, p. 6.
12
« L’idéologie de la construction nationale est une idéologie de mobilisation des énergies
physiques, de captation de l’imagination et des pulsions effectives des populations. Elle vise à
mobiliser (l’activité de) celle-ci sur des thèmes ayant une portée globalisante, totalisante ; à
façonner une conscience collective nouvelle marquée par le désir de vivre en commun et la
volonté de combler son aspiration au bien-être matériel » KAMTO (M.), Pouvoir et droit en
Afrique noire, essai sur le constitutionnalisme dans les Etats d’Afrique noire francophone,
L.G.D.J., bibliothèque africaine et malgache, 1987, p. 546.
13
ROUX (A.), « L’autonomie financière des Collectivités locales en Europe », Rapport
introductif, Annuaire international de justice constitutionnelle, 2006, p. 499.
4
Toutefois, l’autonomie financière ne peut assurément être étudiée en
dehors de l’Etat. Elle prend en compte les institutions14 et principes dans la
gestion de l’Etat15, et progresse avec le recul des mécanismes autoritaires16 de
gestion de l’Etat. C’est ce qui amène Jacques CHEVALLIER à parler d’une
« extraordinaire révolution démocratique »17. Celle-ci a marqué la fin du XXe
siècle et monopolisé ces dernières années les réflexions constitutionnelles au
niveau national et local en Afrique18 en général et au Cameroun en particulier19.
14
Lire de manière générale sur les institutions : DE FORGES (J.-M.), Les institutions
administratives françaises, Paris, PUF, 400 p. ; GOHIN (O.), Institutions administratives, Paris,
LGDJ, Octobre 1992, 591p. ; GUETTIER (Ch.), Institutions administratives, Paris, D., 4è éd.,
2008, 739 p. ; SERRAND (P.), Manuel d’institutions administratives françaises, Paris, PUF,
2002, 323 p. Pour ce qu’il en est spécifiquement des institutions camerounaises, on peut lire
entre autres : NGONGO (L.), Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, T. I,
1884-1945, Paris, Berger-Levrault, 1987, 232 p. ; AMAMA (B.), (dir.) 20 propos sur
l’administration publique camerounaise, Préface de René ZENGUELE, 2003, 173 p. ; NLEP
(R. G.), L’administration publique Camerounaise : Contribution à l’étude des systèmes
africains d’administration publique, Paris, LGDJ, 1986, 405 p.
15
MENTHON (H.L.), « La construction des enjeux locaux dans le débat constitutionnel au
Cameroun », in Fondation Friedrich-Ebert au Cameroun. La reforme constitutionnelle du 18
janvier 1996 au Cameroun. Aspect juridiques et politiques, Yaoundé, 1996, pp. 146-181 ;
ONDOA (M.), « La constitution duale : recherche sur les dispositions constitutionnelles
transitoires au Cameroun », RASJ, Yaoundé, vol. I, 2000, pp. 20-56.
16
Au nombre de ceux-ci, on peut compter la concentration des pouvoirs entre les mains d’un
individu/du président de la République (Kamto, 1987 « Le chef de l’Etat détient le pouvoir et la
compétence originelle), la fermeture de l’espace politique aux citoyens, KAMTO (M.), Droit
administratif processuel, que faire en cas de litige avec l’administration ? col, Science
juridique et politique, PUC, Yaoundé, 1990, 256 p.)
17
Il y a 200 ans s’opérait un double renversement : le 1er est politique, les révolutions
Américaine de 1776 et française de 1789 posent les fondations de nos deux modèles de
démocratie. La modernité politique en gestation depuis Machiavel et Hobbes accouche de son
produit. L’Etat de droit forme moderne de la démocratie… V. CHEVALIER(J), Le service
public, PUF., coll. Que sais-je, 1994.
18
Il s’agit des auteurs tels que : OSMAN (F.), « Un nouveau champ d’exploration pour le droit
international privé : la coopération transfrontalière entre Collectivités publiques
infraétatiques », RCDIP, juillet-septembre, 1997, pp. 403-445 ; NACH MBACK (C.),
Démocratisation et décentralisation. Genèse et dynamiques comparées des processus de
décentralisation en Afrique subsaharienne, Paris, Karthala/ PDM, 2003.
19
Il s’agit des auteurs tels que : ATANGANA MVOGO (F.G.), «Enjeux et signification
politique du régionalisme constitutionnel au Cameroun. Réflexion sur un investissement
politique », juris périodique, 53, janvier-mars 2003, pp.95-105 ; GUIMDO DONGMO (B.R.),
« Les bases constitutionnelles de la décentralisation au Cameroun. Contribution à l’émergence
d’un droit constitutionnel des Collectivités territoriales décentralisées », R.G.D.Q., t. 29, 1998,
pp. 79-100 ; MENTHONG (H.-L.), « La question locale dans le débat constitutionnel au
5
En effet, en Afrique noire francophone, les nouvelles Constitutions
(Cameroun20, Gabon21, Sénégal22, Côte d’ivoire23) issues pour la plupart des
transitions démocratiques, en rupture avec le centralisme ou la décentralisation
autoritaire naguère en vigueur, consacrent presque toutes le principe de la libre
administration des Collectivités locales24, plutôt que celui de la
25
décentralisation, plus réducteur .
La consécration juridique de l’autonomie financière des Collectivités
locales permet ainsi de réfuter la thèse de l’inexistence de celle-ci au profit
d’une mise en œuvre progressive, c’est ce qui justifie l’intitulé de ce travail, la
formation de l’autonomie financière des CTD au Cameroun.
Cette consécration juridique de l’autonomie financière des Collectivités
locales s’explique par plusieurs raisons. D’abord, l’échec des stratégies de
Cameroun : chasse croisée entre unité et pluralisme », Afrique et développement, vol. XXIII,
1998, pp. 5-40 ; OLINGA (A.D.), « Décentralisation : deuxième révolution pacifique de l’Etat
camerounais ? », L’Equatorial, Yaoundé, juillet 2004, pp. 3-4.
20
. Au Cameroun, plusieurs années après la révision constitutionnelle du 18 janvier 1996
consacrant la forme unitaire et décentralisée de l’Etat, le législateur a voté le 22 juillet 2004
trois lois : la loi n° 2004/017 portant orientation de la décentralisation, la loi n°2004/018 fixant
les règles applicables aux communes et la loi n° 2004/019 fixant les règles applicables aux
régions. L’article 55 de la Constitution dispose que les Collectivités territoriales jouissent de
l’autonomie financière pour la gestion des intérêts régionaux et locaux.
21
Le Gabon n’est pas en reste, le législateur ayant adopté le 6 juin 1996 la loi organique n°
15/96 relative à la décentralisation. L’article 3 de la loi organique du 6 juin 1996 relative à la
décentralisation définit la Collectivité locale comme une personne morale de droit public
distincte de l’Etat, dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
22
Au Sénégal, pays de longue tradition démocratique et décentralisatrice, la loi n° 96-06
portant code des Collectivités locales a été adoptée le 5 février 1996. L’article premier de la loi
n° 96-06 portant code des Collectivités locales affirme, dans le même sens, que la région, la
commune et la communauté rurale sont dotées de la personnalité morale et de l’autonomie
financière.
23
En Côte d’ivoire, est intervenue la loi du 26 septembre 2003 portant régime financier, fiscal
et domanial des Collectivités locales. La loi du 26 décembre 2003 portant régime financier,
fiscal et domanial en Côte d’ivoire ne consacre pas expressément l’autonomie financière des
Collectivités locales.
24
8 Voir notamment l’article 102 de la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 ; l’article 55
de la constitution camerounaise du 2 juin 1972 ; l’article 119 de la Constitution ivoirienne du
1er août 2000 et l’article 112 de la constitution gabonaise du 26 mars 1991.
25
Alors que la décentralisation est un principe d’organisation administrative qui s’analyse
comme une concession faite par l’Etat à une Collectivité inférieure, la libre administration est,
quant à elle, un droit fondamental reconnu à un groupement humain.
6
développement axées sur l’interventionnisme étatique et la crise des finances
publiques ont eu pour conséquence le discrédit du gouvernement central En
effet, en Afrique noire francophone, les nouvelles Constitutions
(Cameroun26, Gabon27, Sénégal28, Côte d’ivoire29) issues pour la plupart des
transitions démocratiques, en rupture avec le centralisme ou la décentralisation
autoritaire naguère en vigueur, consacrent presque toutes le principe de la libre
administration des Collectivités locales30, plutôt que celui de la
décentralisation, plus réducteur31.
La consécration juridique de l’autonomie financière des Collectivités
locales permet ainsi de réfuter la thèse de l’inexistence de celle-ci au profit
d’une mise en œuvre progressive, c’est ce qui justifie l’intitulé de ce travail, la
formation de l’autonomie financière des CTD au Cameroun.
Cette consécration juridique de l’autonomie financière des Collectivités
locales s’explique par plusieurs raisons. D’abord, l’échec des stratégies de
26
. Au Cameroun, plusieurs années après la révision constitutionnelle du 18 janvier 1996
consacrant la forme unitaire et décentralisée de l’Etat, le législateur a voté le 22 juillet 2004
trois lois : la loi n° 2004/017 portant orientation de la décentralisation, la loi n°2004/018 fixant
les règles applicables aux communes et la loi n° 2004/019 fixant les règles applicables aux
régions. L’article 55 de la Constitution dispose que les Collectivités territoriales jouissent de
l’autonomie financière pour la gestion des intérêts régionaux et locaux.
27
Le Gabon n’est pas en reste, le législateur ayant adopté le 6 juin 1996 la loi organique n°
15/96 relative à la décentralisation. L’article 3 de la loi organique du 6 juin 1996 relative à la
décentralisation définit la Collectivité locale comme une personne morale de droit public
distincte de l’Etat, dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière.
28
Au Sénégal, pays de longue tradition démocratique et décentralisatrice, la loi n° 96-06
portant code des Collectivités locales a été adoptée le 5 février 1996. L’article premier de la loi
n° 96-06 portant code des Collectivités locales affirme, dans le même sens, que la région, la
commune et la communauté rurale sont dotées de la personnalité morale et de l’autonomie
financière.
29
En Côte d’ivoire, est intervenue la loi du 26 septembre 2003 portant régime financier, fiscal
et domanial des Collectivités locales. La loi du 26 décembre 2003 portant régime financier,
fiscal et domanial en Côte d’ivoire ne consacre pas expressément l’autonomie financière des
Collectivités locales.
30
8 Voir notamment l’article 102 de la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 ; l’article 55
de la constitution camerounaise du 2 juin 1972 ; l’article 119 de la Constitution ivoirienne du
1er août 2000 et l’article 112 de la constitution gabonaise du 26 mars 1991.
31
Alors que la décentralisation est un principe d’organisation administrative qui s’analyse
comme une concession faite par l’Etat à une Collectivité inférieure, la libre administration est,
quant à elle, un droit fondamental reconnu à un groupement humain.
7
développement axées sur l’interventionnisme étatique et la crise des finances
publiques ont eu pour conséquence le discrédit du gouvernement central. D’où
la nécessité d’une réforme de l’Etat impliquant une meilleure répartition du
pouvoir entre le centre et la périphérie afin de mieux prendre en compte les
aspirations des populations et créer les conditions d’une véritable démocratie
locale confortée par une meilleure gouvernance32. Ensuite, les bailleurs de
fonds font de l’autonomie locale une conditionnalité de leur politique d’aide
aux pays en développement33.
C’est pourquoi notre intérêt sera porté sur l’existence, l’effectivité et
l’évolution de l’autonomie financière des Collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun34. Il s’agira également d’envisager le statut
juridique du local dans l’Etat unitaire, tant il est vrai que pour certains35, le
véritable problème des finances locales repose sur les limites de la liberté
d’autorisation des assemblées délibérantes. Le dépassement de celles-ci (ces
limites) apparaît alors comme une condition sine qua non de la décentralisation
effective et comme une conséquence de celle-ci. Pour en rendre compte, il nous
semble nécessaire de définir au préalable le cadre de l’étude (section I) avant
de clarifier son objet (section II).
Section I : Le cadre de l’étude
L’obligation qui pèse sur le doctorant d’indiquer le cadre de son travail
et la méthode suivie ou appliquée à celui-ci est impérieuse. La présente
32
V. DU BOIS DE GAUDUSSON (J.), « La décentralisation menacée par la (bonne)
gouvernance ? Interrogations sur de récents rapports de la Banque mondiale à partir du cas
africain », in Mélanges en l’honneur de Franck MODERNE, Paris, Dalloz, p. 995.
33
Ainsi la Banque mondiale, dans son rapport sur le développement dans le monde de 1997 et
dans son rapport 1999-2000 consacré au « développement au seuil du XXIe siècle », fait de la
décentralisation un des axes de sa politique.
34
Il s’agira de justifier le choix du titre autonomie et non indépendance au regard des principes
constitutionnels camerounais. Ceci parce que l’autonomie en général et l’autonomie financière
en particulier existent dans la mesure où on la meuble.
35
BOULET (M.), Les Collectivités territoriales françaises dans le processus d'intégration ...
Paris, Harmattan, p. 56.
8
recherche n’y faillira point. Mais cette exigence méthodologique se justifie ici
par d’autres raisons qui se rattachent à l’intitulé du thème de réflexion : « La
formation de l’autonomie financière des Collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun » Il fait appel aux notions « d’autonomie » et
« d’autonomie financière ». Celles de « Collectivités locales » ou
« Collectivités territoriales décentralisées » aussi, mais avec une difficulté
relative à son approche au Cameroun. Dans ce contexte, la nécessité s’impose
non seulement de déterminer les fondations de l’œuvre menée, mais encore de
tracer le chemin à suivre ou suivi afin d’atteindre les résultats au moins
relativement fiables.
Le cadre de la recherche se présente sous une triple dimension
contextuelle (paragraphe I), conceptuelle (paragraphe II) et géographique
(paragraphe III). Dans ces différents cas, il s’agit de situer le thème de réflexion
afin d’éviter les débordements vers lesquels il peut être entrainé.
Paragraphe I : Le contexte de l’étude
L’intérêt de l’étude du contexte se justifie en ce qu’il permet de voir et
même de percevoir les conditions, les concordances dans lesquelles se meut le
sujet objet de notre étude. Aussi, pour une vision éclairée, nous procéderons
par la présentation successive du contexte historique (A), du contexte politique
(B) et du contexte économique (C).
A)- Le contexte historique
Le contexte historique de l’autonomie financière ne peut se dénouer de
celui de la décentralisation. Celle-ci prend corps au Moyen-Âge à l’aube de la
formation des Etats occidentaux avant d’être reçue dans l’Etat moderne et
transmis aux colonies qui poursuivront sa métamorphose en fonction des
contextes étatiques.
1- Les origines : du Moyen-ge à l’Etat moderne de la décentralisation
Elles sont médiates et immédiates. C’est du Moyen-Âge à l’Etat
moderne.
9
Au plan de l’organisation administrative, dès le 13e siècle, ce sont les
prévôts et les bayles qui sont superposés aux Sénéchaux et aux Baillis, puis aux
gouverneurs de provinces au 14e siècle. C’est la consécration de la primauté, la
prééminence de la compétence des autorités locales et ecclésiastiques, alors que
la compétence accessoire est dévolue au Roi36.
La monarchie absolue quant à elle est marquée par l’affirmation du
pouvoir politique central. A partir de la seconde moitié du 15e siècle, et surtout
grâce à l’action de Louis XI, la liaison entre le système fiscal et le pouvoir
politique se vérifie37.
36
REGOURD (S.), « De la décentralisation dans ses rapports avec la démocratie, genèse d’une
problématique », RDP, 1990, p. 977.
37
Ibid., p. 978.
38
DE PANSEY (H.), De l‘autorité judiciaire dans les gouvernements monarchiques, chapitre
XXVII, 1818, cité par PACTEAU (B.) dans « vicissitude et vérification … ? De l’adage « juger
‘administration, c’est administrer » in Mélange Franck MODERNE, Paris, Dalloz, 2004, pp.
317-326.
10
confié l’essentiel de l’administration, bien que le Roi soit en théorie toujours le
chef de l’administration39. L’exécutif n’a aucune emprise sur les corps
administratifs locaux, car il est privé de tout relais local.
39
HOUTEER (C.), « Révolution et Décentralisation : légendes et réalités », Les Petites Affiches
n° 12 et 15, respectivement 27 janvier et 3 février 1989, p. 25.
40
Constitution du 5 fructidor An III (22 août 1795) et le décret du 7 septembre 1795.
41
La Monarchie de Juillet institue l'élection des Conseillers municipaux pour six ans (loi du 21
mars 1831) et de la même manière des Conseillers régionaux (loi du 22 juin 1833). La
personnalité civile des communes est reconnue par la loi municipale du 18 juillet 1837, laquelle
lui permet de « régler par ses délibérations » la gestion des biens communaux, tandis que la loi
du 10 mai 1838 reconnaît implicitement celle des départements, tout en leur conférant la libre
11
résurgence du principe électif des Conseillers municipaux, des Conseillers
régionaux et ceux des arrondissements42. A partir de 187143, le Préfet est
contrôlé par une commission départementale élue par le Conseil général, qui
règle la plupart des affaires départementales. Il en est de même du Maire qui,
élu, règle les affaires locales. L’élan de décentralisation en France se poursuit et
est marqué dans son chemin par la grande Charte de 198244 qui fait de la région
une Collectivité locale avec de vastes compétences transférées de l’Etat. C’est
une synthèse entre le système de la constituante et celui de l’an VIII45.
disposition de leurs biens. Toutefois, ces instances locales ne pouvaient délibérer que sur
certains actes (généralement leurs biens), l'emploi des revenus locaux restant soumis à leurs
simples avis. Thèse NGONO TSIMI (L.), L'autonomie administrative et financière des
Collectivités territoriales décentralisées : l'exemple du Cameroun., 20 Septembre 2010,
Université de Paris-Est, Créteil Val de Marne, UFR de Droit, p. 22.
42
VERPEAUX (M.), Les origines, in Les Collectivités territoriales en France, Notice 1, Paris,
La documentation française, 2005, p. 7.
43
La loi départementale du 10 août 1871 intervient dans le contexte du mouvement
insurrectionnel de la « Commune de Paris » (mars-mai 1871) qui vise à « séparer autant que
possible la gestion des affaires de l'Etat, tout en ménageant les intérêts et les habitudes des
populations ». Cette loi accroît les pouvoirs propres des Conseils généraux, et le décret-loi du 5
novembre 1926 allège la tutelle sur les départements. V. Thèse NGONO TSIMI (L.),
L'autonomie administrative et financière …, op.cit., p. 23.
44
Loi n° 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, Départements et
Régions.
45
Il contient les trois échelons des Collectivités locales et un corps administratif élus.
46
V. ONDOA (M.), Introduction au droit historique camerounais : La formation initiale.
Eléments pour une théorie des Droits Africains, Yaoundé - Cameroun, EDLK, éd. 2013,
319 p.
12
2- L’avènement du principe de l’autonomie financière dans le droit
financier camerounais
Elle découle du statut du Cameroun pendant la période coloniale.
D’abord sous la colonisation allemande47, ensuite sous mandat48 et enfin sous
tutelle49de la France et de la Grande Bretagne, le Cameroun et bien d’autres
colonies ont été considérés comme une Collectivité locale50 de la métropole.
Ce sont les lois de 190051 dont le but était de rendre les colonies plus
responsables de leur destin qui vont ériger les territoires d’outre-mer en
Collectivités locales selon les principes des lois de la restauration52.
47
De 1884 à1914.
48
De 1916 à 1946.
49
De 1946à1960.
50
Suite à la Conférence de Brazzaville de 1944 les territoires étaient désormais administrés
comme une partie intégrante du territoire français et intégrés dans l’union française avec le titre
de « territoire associé », NGONGO (L.P.), Histoire des institutions du Cameroun, t. II, Berger
LEVRAULT, 1987, p. 52 et ss.
51
La loi du 13 avril 1900.
52
NGONGO (L.P.), Histoire des institutions …, op. cit.
53
BOUCHIE DE BELLE (E.), Le régime financier des colonies et la loi du 13 avril 1900,
Paris, librairie nouvelle de droit et de juris, LNDJ, 1903, p. 29.
54
Ibid.
55
Ibid. p. 29 et ss.
13
La réforme de 1900 avait pour but de réduire les charges de la France
vis-à-vis de ses colonies en leur accordant l’autonomie de leurs actes tout en
veillant au contrôle de leurs opérations budgétaires56. Celle-ci laissait
néanmoins insatisfait quiconque souhaitait voir les colonies accéder à plus de
responsabilité car la tutelle n’avait au contraire pas disparu. Il est donc de
notoriété que l’initiative de proposition de dépenses appartient au gouverneur57.
Et le gouverneur lui-même devait se référer au Conseil des intérêts
économiques et financiers de la France, organe consultatif qui dispose des
pouvoirs exorbitants. Les colonies étaient en principe, maîtresses de leurs
recettes dont elles déterminaient la nature58.
56
Art. 33, loi du 13 avril 1900 précitée.
57
Ibid.
58
BOUCHIE DE BELLE (E.), Le régime financier des colonies…, op. cit., p. 30.
59
VERPEAUX (M.), Les origines, op. cit., p. 7.
60
Thèse NGONO TSIMI (L.), L'autonomie administrative et financière …, op.cit., p. 23.
61
La disposition ne présentait aucun caractère de nouveauté et faisait plutôt penser à l’époque
du système de l’assimilation.
14
colonies fut à nouveau consacrée par le senatus consulte62 du 4 juillet 1866 puis
par celui du 3 mai 1894. L’autonomie dans ce cas, tolère et requiert l’immixtion
de la métropole qui cherche à s’imposer par le poids de sa présence. Au
demeurant, certaines des suggestions imposées aux colonies effacent dans une
large mesure les acquis de la réforme.
62
V. Dictionnaire francais, Larousse illustré, 2014. Nom masculin, du latin senatus consultum.
Texte formulant l’avis du senat romain laissant aux magistrats le soin d’en assurer l’application.
Sous le consulat, le premier et le segond empire, décision emanant du Sénat et ayant valeur de
loi ( les principaux sénatus-consultes furent ceux des 16 thermidor an X, 28 floréal an XII, 25
novembre 1852, 2 février 1861, 14 mars 1867, 8 septembre 1869.
63
Se sont les deux colonies sous mandat de la SDN et sous tutelle des Nations unis.
64
Le concept français d'assimilation est fondé sur l'idée d'étendre la culture française dans les
colonies hors du pays de la Révolution durant le XIXe et le XXe siècle. Les habitants de Saint-
Louis au Sénégal, rédigent un cahier de doléances dès 1789 au même titre que les autres
citoyens français. Les révolutionnaires considèrent les indigènes comme français dès lors que
leur territoire est sous souveraineté française. Cela signifie également qu'ils pourraient
prétendre aux mêmes droits que les citoyens français de métropole. Suivant ce principe la
citoyenneté est accordée aux indigènes d'Afrique par l'Assemblée nationale législative de la
Première République Française le 4 avril 1792. Cette citoyenneté se limite alors aux territoires
français d'Afrique, à savoir l'Île Saint Louis à l'embouchure du fleuve Sénégal et l'Île de Gorée
au large de la Presqu'île du Cap-Vert et aux vieilles colonies (Guadeloupe, Guyane, Martinique,
la Réunion).Cette doctrine de l'assimilation a été mise en place par Arthur Girault dans son
ouvrage classique Principes de colonisation et de législation coloniale (1894). L’assimilation,
écrivait-il, « est l’union plus intime entre le territoire colonial et le territoire métropolitain ».
Son but « est la création progressive de véritables départements français ». « L’assimilation,
poursuivait Girault, doit être pensée comme l’héritière directe du projet de la Révolution
française, car la Constitution de l’An III (1795) avait déclaré que les colonies étaient “partie
intégrante de la République” ». C'est donc à partir des principes de 1789 que la colonisation
devient assimilation. Cependant, ce principe est contradictoire avec la politique même de la
France d'après la conférence de Berlin. En effet, un statut spécifique subsistait (indigène) on
jugeait couramment les peuples colonisés comme étant inférieurs aux métropolitains.
V.GIRAULT (A), Principes de colonisation et de Législation Coloniale. Paris, 1927. Voir
Martin Deming Lewis, One Hundred Million Frenchmen : the Assimilation Theory in French
Colonial Policy. Comparative Studies in Society ans History. Janvier 1962.
15
aussi plein pouvoir de législation à la France, attribut nécessaire à une bonne
administration65.
65
L’article 9 de l’accord de mandat et l’article 15 de tutelle laissaient compétence entière à la
France de rechercher quelle était la législation la plus appropriée pour le Cameroun.
66
Rapport sur le mandat au Cameroun : au nombre des devoirs qui découlent de l’exercice de
la tutelle, on doit placer celui de gérer conformément aux intérêts des mandats les finances de
ce dernier, p. 152.
67
NGONGANG OUANDJI, « La Commune personne de droit moderne en République
fédérale du Cameroun », RJPIC, n° 2, avril-jun 1968, pp. 343-350.
68
NLEP (R.G.), L’administration publique Camerounaise, op.cit, pp. 88-120.
69
MOMO (B.), « Réflexion sur le système communal camerounais : contribution à l’étude de la
décentralisation territoriale au Cameroun », juris périodique n° 26, oct-nov-dec 1995,
pp. 81 -92.
70
Ibid.
16
intérêts locaux, mais principalement comme des administrations destinées à
servir les intérêts nationaux à l’échelon local »71.
S’il est si difficile d’encadrer la décentralisation au Cameroun72, c’est
simplement parce qu’elle présente une singularité qui justifie la mesure qu’elle
donne à l’autonomie en général et à l’autonomie financière des Collectivités
territoriales en particulier.
En effet, l’idéologie dominante était celle de la construction nationale73.
Ainsi, au plan financier où sans le postuler explicitement, de légitimer
l’autoritarisme74et même la centralisation.
71
MINGASSON (C.), « Les restructurations communales et le système politico-administratif
français, in a ménagement du territoire et développement régional », Revue de l’IEP de
Grenoble, vol. II, p.139 cité par MOMO Bernard, « Réflexion sur le système communal
camerounais … , op. cit., p. 85.
72
FOZING (I.), FONKENG (G.-E.), MGBWA (V.), MBIA (A.), « Niveau d’approbation et
d’effectivité de la décentralisation par les acteurs locaux au Cameroun », JERA/ RARE4, 2012,
pp. 31-56.
73
Cours de Droit Administratif Approfondi du Pr. Magloire ONDOA, DEA, 2008/2009, inédit.
l’idéologie de la construction nationale a été et peut encore être un objectif à atteindre.
74
On peut le considérer ainsi du fait de l’inexistence d’un organe indépendant de contrôle
financier pendant la période post indépendance.
75
Ibid., p. 329.
76
Art. 1 de loi Constitutionnelle du 18 janvier 1996.
77
NLEP (R.G.), L’administration publique camerounaise… op. cit., p. 259 et ss.
17
protection normative de l’unité nationale »78 et la protection de la souveraineté
de l’Etat à travers le principe de l’unité de la personnalité juridique de l’Etat.
78
Ibid.
79
TCHAPNGA (C.), « Les mutations récentes du Droit administratif camerounais », Juridis
Périodique, n° 41, p. 75. Et ONDO (T.), « plaidoyer pour un nouveau régime politique au
Gabon », EPU, 2012, p. 109.
80
MOMO (B.), « Réflexion sur le système communal camerounais …», op. cit., p. 83 et ss.
81
la loi constitutionnelle du 3 mars 1960.
82
Les Collectivités territoriales ne sont pas d’apparition récente.
83
Art. 55 al. 1 de la loi constitutionnelle de 1996 et v. art. 1 de la loi du
18
C’est seulement à partir de l’année 1992 que le législateur a mis en
place un cadre juridique adéquat permettant d’assurer un choix véritablement
démocratique des organes municipaux essayant ainsi d’adapter la
décentralisation au Cameroun au temps. En effet, après l’élévation du principe
de l’autonomie financière au rang du principe constitutionnel en 1996,
l’élection du 21 janvier 1997 a germé un statut d’autonomie en faveur des élus
locaux84et constitue en démocratie, le procédé de réalisation de la
décentralisation administrative. Le décret du 25 novembre 1993 85a multiplié les
villes désormais soumises au régime des délégations du gouvernement. Mais
comme certains auteurs déclinent que les « communes souffrent toujours d’une
incapacité d’exercice, étranglée par une tutelle paralysante au plan organique,
tracassière et démobilisatrice au plan fonctionnel »86. Bien plus, ajoute
l’auteur, les finances publiques locales sont caractérisées par un accroissement
des charges auxquelles doivent faire face des Communes aux ressources
pourtant insignifiantes.
84
DOUMBE BILLE (S.), « L’élection en droit administratif », RDP, 1992, pp.1065-1102.
85
Le décret n° 93/322 du 25 novembre 1993.
86
MOMO (B.), « Réflexion sur le système communal camerounais…», op.cit., pp. 81 - 92.
19
B)- Le contexte politique
87
BOUVIER (M.), La lolf : une nouvelle gouvernance financière de l‘Etat, paris, LGDJ, coll.,
« système », 3e éd., 2010, p.1.
88
COTÉ (L.), LEVESQUE (B.) et MORNEAU (G.), Etat stratège et participation citoyenne,
Québec, PUQ, 2009, p. 2.
89
NGUELE ABADA (M.), « Rupture et continuité constitutionnelles en République du
Cameroun : réflexion à propos de la réforme constitutionnelle du 18 Janvier 1996 », RJPIC,
n° 3, septembre- décembre 1996, pp. 272-295.
90
En France les Collectivités locales créées en 1790 par la constituante, qui concevait une
décentralisation allant jusqu’à la négation du rôle de l’Etat en matière administrative, les
départements sont réduits en l’an VIII à la fonction simple de circonscription d’Etat, dans
lesquelles le Préfet, à l’image du pouvoir central, est assisté d’un Conseil technique, le Conseil
de préfecture et d’un organisme délibérant, le Conseil général, dont les membres sont nommés
par le gouvernement. Ce n’est que lentement que le département va prendre figure de
Collectivité locale ; reconnue par un avis du Conseil d’Etat de 1834, sa personnalité morale sera
consacrée par le législateur de 1838. Le caractère électif du Conseil général résultera de la loi
1833 ; les pouvoirs de décision importants seront reconnus à cette assemblée par diverses lois
(1838, 1866).
20
apparaît comme un marqueur de changement de réforme et de transformation
des institutions »91.
91
DONFACK SOKENG (L.), « Bonne gouvernance, Etat de droit et développement :
Approche critique de la réforme de l’Etat en Afrique », Revue trimestrielle de Droit et des
activités économiques, PUF, n° 2, avril- juin 2007.
92
BOUVIER (M.), Au-delà de la lolf : une réforme de l‘Etat, un nouveau contrat social,
collocque du 26 avril 2006 de la fondation Res Publica.
93
Ibid.
94
COTÉ (L.), LEVESQUE (B.) et MORNEAU (G.), Etat stratège…, op. cit., p. 2.
95
Système pris dans son ensemble.
21
De plus, la nouvelle orientation politique est focalisée sur le concept de
bonne gouvernance. 96 En effet, désormais au centre du débat, la gouvernance
démocratique, chargée d’un fort contenu néolibéral, met en jeu un certain
nombre d’enjeux sociétaux. Parmi eux, on peut reconnaître l’autonomie de
gestion des Collectivités, qui, suivant un certain nombre d’auteurs où la
doctrine en droit ne peut être rendue effective que si elle s’accompagne d’une
autonomie financière97. Elle s’inscrit dans une réinterprétation du
développement parce que, non seulement elle induit plusieurs possibilités pour
l’exercice des libertés sociopolitiques, mais parce qu’elle permet également la
contribution de tous à l’effort de développement socio-économique.
C)- Le contexte économique
Le contexte économique se perçoit à la suite des événements de 1975,
de l’illusion perdue des Etats africains. Primo : confrontés à un processus sans
précédent de désarticulation de leur système politique et économique98, les
Etats africains en général et le Cameroun en particulier ont vu dans la
décentralisation une voie de sortie de crise. Dès les années 80, la plupart des
indicateurs de performances économiques sont défavorables99, ce qui met l’Etat
96
Le concept est proposé par la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International et les
pays développés comme un préalable au développement.
97
GENDRON (C.), Conditionnalité, Gouvernance Démocratique et développement, dilemme
de l’œuf et de la poule ou problème de définition ?, chaire Economie et Humanisme, Université
Canada-Québec.
98
Crise économique et Ajustement structurel, série de recherche n° 96, il poursuit comme suit :
Le processus de transition économique a été considérablement ralenti. Le déclin de la
production, l’accroissement de l’inflation et l’accentuation des déséquilibres des paiements
courants sont des symptômes de la détérioration générale de l’activité économique. Depuis
1974, le produit intérieur brut (PIB) par tête a vraisemblablement diminué de 1% par an.
L’inflation s’est accélérée passant d’un taux de 10% en 1974 à un taux de 20%) en 1984. Le
solde de la balance des paiements au titre des biens et services et des transferts privés a été de
-0.4,-14.0 et -10,8 milliards de dollars U.S., respectivement en 1974, 1980 et 1987. Ces déficits
se sont traduits par un accroissement de l’endettement à court terme et des achats du Fonds
Monétaire International.
99
Ibid., L’élévation du prix des céréales et du pétrole, les récessions et l’inflation dans les pays
industrialisés, l’augmentation des taux d’intérêt réels, la fluctuation des taux d’échange, et
l’effondrement du prix des matières premières, les déficits des balances de paiement trouvent
22
en difficulté dans ses principaux engagements vis-à-vis à la fois de la société et
de ses partenaires extérieurs. La diminution des capacités budgétaires100 rend
difficile le respect des échéances sur la question de la dette extérieure. Cela
conduit les bailleurs de fonds à être plus rigoureux sur les conditions d’octroi
de leurs concours. Les possibilités de l’Etat à faire face à ses engagements
internes en sortent affaiblies : la dette intérieure s’amoncelle, les interventions
sociales de l’Etat sont revues à la baisse sinon purement et simplement
supprimées.
La réaction en chaine se poursuit avec les mécontentements sociaux
dont certains trouvent une traduction politique : le procès de l’Etat postcolonial
africain101 est ainsi instruit à la fois par les agences internationales de
développement et par ses partenaires sociaux, politiques internes. Les bailleurs
de fonds internationaux102 incitent l’Etat africain à recentrer ses interventions
sur ses fonctions classiques et à laisser aux acteurs infra étatiques les
responsabilités des activités de développement.
Les méthodes proposées sont principalement la libéralisation et la
décentralisation. La première n’est pas importante dans le cadre de cette étude.
Quant à la seconde, elle appelle à une prise en charge, par les populations des
principales tâches de service public dans les domaines qui touchent directement
à leur vie quotidienne. Cette dernière exigence des bailleurs de fonds rejoint
une des revendications majeures des mouvements sociaux et politiques qui
largement leur origine dans la faiblesse de la demande mondiale, le déclin des termes de
l’échange a été pour certains biens importés.
100
Le trésor public s’est trouvé coincé au fil des exercices budgétaires entre un lourd
endettement intérieur et extérieur. La crise de confiance des bailleurs de fonds internationaux et
internes a privé l’Etat des moyens nécessaires à la lutte contre la crise économique.
101
DU BOIS DE GAUDUSSON (J.) et MEDARD (J.-F.), L’Etat en Afrique : entre le global et
le local, Afrique contemporaine, p. 95.
102
Cette déstabilisation des économies africaines en général et camerounaise en particulier,
aggravée par la faiblesse administrative et institutionnelle à gérer la crise, explique la mise en
œuvre, au début des années 1980, du programme d’ajustement structurel sous l’égide du FMI et
de la Banque mondiale. Série de recherche n° 96.
23
souhaitent une nouvelle répartition du pouvoir de l’Etat. Il s’agit d’une
répartition verticale qui distingue, en termes de compétences et de moyens, un
centre et une périphérie. C’est le sens de tout le discours sur la participation
locale et le développement communautaire103.
103
DU BOIS DE GAUDUSSON (J.) et MEDARD (J.-F.), L’Etat en Afrique : entre…, op. cit.,
p. 95.
104
Ibid., p. 95.
105
Ibid., p. 97.
106
Ibid., p. 96.
107
Ibid., p. 97.
108
Ses déficits résultent eux mêmes de la faiblesse de la croissance économique au Cameroun.
24
de l’endettement croissant et de l’échec de l’Etat. Il est donc nécessaire de
confier le développement à des entités publiques nouvelles plus proches des
populations. L’accord d’une autonomie financière apparaît pour certains
auteurs comme l’expression de l’extraordinaire aveu de l’impuissance de
l’Etat109 en se montrant incapable de financer le développement local par un
quelconque redéploiement de ses ressources. La crise financière de 2008 n’est
pas à ignorer, elle va marquer le retour de l’Etat comme acteur de la
redéfinition du Capitalisme.
109
DU BOIS DE GAUDUSSON (J.) et MEDARD (J.-F.), L’Etat en Afrique…op.cit., p. 96.
25
concept »110. La pensée de l’auteur démontre la nécessité d’orienter les
différentes définitions sous l’angle de leur évolution et suivant les domaines
d’étude.
Il serait donc important pour reprendre le Pr. Magloire ONDOA111 de
borner, limiter et préciser la frontière notionnelle du travail. Il oblige à
s’appesantir, sur la notion de formation en sus de celle d’autonomie, mais
également sur le concept d’autonomie financière qui en est une émanation et
une modalité.
110
COLSON (R.), « la fonction de juger », thèse, RHDF, Libraire de la Société du Recueil
Sirey, 2005, numérisé 4 mai 2010, p. 148.
111
ONDOA (M.), « Le droit de la responsabilité publique dans les Etats en développement :
Contribution à l’étude de l’originalité des droits africains », doctorat d’Etat en Droit Public, 03
mai 1997, UY Ydé II, p. 5.
26
Etats, quand bien même Aristote, dans son ouvrage « Ethique à Nicomaque »
et les stoïciens eussent cherché à l’approprier à l’individu compris seulement
comme « citoyen » Grec112. Ensuite, elle a pris un sens plus radical pour
designer un contrat politique pratiquant l’action directe, c’est-à-dire une action
politique en dehors des structures des partis politiques et des organisations
syndicales reconnus par l’Etat. Ce n’est qu’avec la modernité à partir du XVe
et XVIe siècle qu’elle deviendra, avec le concept de « liberté », l’une des
valeurs centrales de l’humanité et l’un des attributs du sujet individu avec
Machiavel, Descartes, Kant et Hegel113. Dès 1881, Paul LAFARGUE remarque
la polysémie du terme, aussi dit, « il y a autant d’autonomie que d’omelettes et
de morale (…) l’autonomie, pas plus que la liberté et la justice est un principe
éternel, toujours identique à lui-même, mais un phénomène historique variable
suivant les milieux où il se manifeste »114. La polysémie de ce concept induit
l’importance ou la nécessité de lui apporter une définition générale et
contextuelle.
2- La signification
112
LACOPA COSTA, « Le théologien et éthique à nicomaque. Sur les usages théologiques de
la morale aristotélicienne au XIVème s », médiévales, presse Universitaire de vienne, n° 63,
Philosophie morale éthique à la croisée des savoirs, 2012, p. 2.
113
Ibid.
114
LAFARGUE (P.), L’autonomie, l’égalité, organe du parti ouvrier français, 25 décembre
1881,15janvier1882.https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1881/12/lafargue_1881
1225.htm.(26 décembre 2014).
27
a- La notion d’autonomie dans le langage courant et
philosophico-littéraire
Au sens littéral, l’autonomie signifie le droit pour un Etat ou pour une
personne de se régir d’après ses propres lois115. Si l’autonomie ne se confond
pas avec la souveraineté, elle doit être rapprochée de la suffisance116.
115
ROUSSEAU (J.-J.), Du contrat social, discours sur l’origine des inégalités, discours sur les
sciences et les arts, éd. Electronique du contrat social ou principe de droit politique, Paris,
union générale d’éd., 1963, 373 p. , pp. 1-198, collection le monde en 10 -18 éd. Révisée le
19 janvier 2014.
116
Notion très courante chez les historiens, en particulier chez Thucydide (I, XXVII) lorsqu’il
parle des gens de Corcyre qui « n’ont besoin de personne ». C’est dans une acception beaucoup
plus élaborée que prend Platon (politique, I, 2,8) lorsque, définissant la communauté parfaite, il
la qualifie d’autarcique c’est-à-dire ayant atteint la limite de l’indépendance économique. La
même idée est précisée par le contraste classique qu’établit la République entre les cités qui se
suffisent à elles-mêmes et « celles qui dépendent de toutes choses des autres ».
117
Encyclopédia Universalis - Paris, corpus T.5, 2002, 10355 p.
118
DESCARTES (R.), Les passions de l’âme, (1949), Ed. Gallimard, coll. Bibliothèque de la
pléiade, 1970, pp.768-769.
119
Ibid.
120
PERRENOUD (P.), « L’autonomie une question de compétences », in Résonnance, 2002,
pp.16-18.
28
une condition incontournable du déploiement de la compétence, parce que la
compétence existe si l’auteur a ou se donne une marge d’initiative ou de
décision, ne se borne pas à saisir des prescriptions. La compétence s’avère
nécessaire pour se voir reconnaître une forte autonomie.
Aussi ce terme peut être saisi suivant qu’il s’agit d’un système de Droit
ou d’une institution, encore plus d’une personne physique. L’autonomie d’un
système de droit par rapport à un autre, écrit de LAUBADERE, « signifie
121
ROUSSEAU (J.-J.), Du contrat social, discours sur l’origine des inégalités, discours sur les
sciences et les arts, op. cit., pp. 1-198.
122
GILLES (D.), « La décision exécutoire, esquisse méthodologique », AJPA, n° 10/1994, p.
663.
123
Ibid., p. 664.
124
Ibid., Il convient de signaler, pour éviter tout malentendu, une attitude classique qui consiste
à rattacher, fût-ce implicitement, la question théorique étudiée de la pluralité de sens à celles
des concepts flous, fluides, flexibles, plastiques, mous, mouvants ou simplement insaisissables.
29
simplement que les règles de droit éditées pour régir l’un des deux ne sont pas
automatiquement applicables à l’autre. Autrement dit que les deux systèmes
sont indépendants, les sources du droit étant distinctes pour chacun d’eux125 ».
Le doyen George VEDEL et Pierre DELVOVE126 définissent l’autonomie
suivant un système de droit par rapport à un autre. Aussi pour ces derniers,
l’autonomie du Droit administratif par rapport au Droit privé signifie
simplement que le juge administratif reste maître d’appliquer ou non une règle
de Droit privé, à un litige relevant de sa compétence. L’autonomie n’implique
pas toujours la séparation des systèmes considérés127. Elle tolère sans pour
autant désister, les apports extérieurs. Pour d’autres auteurs, l’autonomie
juridique c’est le pouvoir d’agir128. C’est pourquoi la décentralisation n’est pas
de l’ordre du tout ou rien, mais du plus ou moins129. C’est une « liberté
surveillée »130. A mi-chemin entre le fédéralisme et la décentralisation, la
notion d’autonomie revêt un caractère instable131.
125
DE LAUBADERE (A.), VENEZIA (J.C.), GAUDEMET (Y.), Traité de droit administratif,
t. I, organisation et action de l’administration, la juridiction administrative , L.G.D.J, 15éme éd.,
1999, p. 1107. Et dans les éléments d’originalité de la responsabilité contractuelle de
l’administration.
126
VEDEL (M.M.) et DELVOVE (P.), Droit Administratif, t. I, Paris , PUF, Coll. Thémis,
1992, p. 79.
127
ONDOA (M.), « Le droit de la responsabilité publique dans les Etats en développement :
Contribution à l’étude des droits africains », thèse de doctorat en Droit public, t. I, Université de
Yaoundé, 1997, 923 p.
128
MUSELECK (R.), Finances Publiques, 14e éd, Sirey, p. 714.
129
LEGAY (M.-L.), BAURY (R.), L'invention de la décentralisation : noblesse et pouvoirs
intermédiaires en France et Europe XVII et XIX sciécle, Septentrion 2009, p. 56 et ss.
130
Encyclopédia Universalis, version numérique, http://www.universalis.fr/encyclopedie/liberté.
131
Ibid.
30
mieux saisir le concept d’autonomie relativement à la perception illusionniste
sur la liberté, il est important de la distinguer avec des notions voisines telles
que celle de l’indépendance.
c- Autonomie et notions voisines
On a très souvent tendance à confondre la notion d’autonomie avec celle
d’indépendance. C’est pourquoi il est justifié dans le cadre de cette analyse, de
faire une distinction entre ces deux concepts afin de cerner davantage le sens du
terme autonomie.
L’indépendance signifie que le sujet peut tout faire sans se soucier des
autres. Il ne subit aucune contrainte sociale et politique. Il ne risque rien des
autres. Deux cas sont possibles : soit il est indéfiniment isolé, mais alors toute
vie humaine c’est-à-dire relationnelle et sensée est impossible ; soit il dispose
sur les autres d’un pouvoir absolu. C’est le cas théorique du maître vis-à-vis de
son esclave. L’indépendance du maître est proportionnelle à la domination
dépendance qu’il fait subir à son esclave132: être libre n’est donc pas être
132
Le maître ne peut être absolument indépendant que si l'esclave est totalement dépendant. Or,
cela est pratiquement impossible car cela signifierait que celui-ci ne soit pas un homme, même
pas un animal : il a des fins propres, ne serait-ce que biologiques, et ne peut sans vouloir
mourir, y renoncer ; or ces fins en tant que propres ne peuvent être totalement dominées. De
plus, l'esclave ne peut pas ne pas être conscient de son esclavage et rien ne peut garantir au
maître qu'il ne se révolte pas contre la domination; domination dont l'esclave ne peut pas ne pas
souffrir, à un moment ou à un autre, dans la visée de ses propres fins. L'esclave, quoique veuille
et fasse le maître, n'est pas une machine : il est sensible, conscient et donne, à lui-même et à ses
actes, un sens et une valeur. Dans ces conditions, le maître doit jouer un rôle dominateur
incessant. Ce qui est pratiquement impossible à moins de ne jamais être fatigué et endormi ou
de ne jamais être malade ou de ne pas vieillir et mourir ; l'indépendance du maître n'est alors
qu'une illusion ; sa dépendance est réellement plus grave que celle de son esclave, car celui-ci
peut au moins se révolter contre elle, alors que le maître, victime de l'illusion de la toute
puissance, ne le peut, puisqu'il n'en est même pas conscient. HOBBES (T), Œuvre, LCI/58,
2014. Et, HOBBES (T.), De la société civile de sa matière, de sa forme et de son pouvoir, t.
XVIII, 1990, n° 49, RESS, Librairie Droz, Genève, p. 180.
31
indépendant mais être, autant que faire se peut, autonome dans
l’interdépendance133.
Les contours de ce concept sont aussi variés. Il est peu de concept dont
le sens soit aussi vague134. Difficilement définissable d’un point de vue logique,
variable dans ses effets, l’autonomie financière trouve sa véritable signification
dans la possibilité de décentralisation qu’elle permet. C’est pourquoi certains
auteurs l’appréhendent par rapport à l’autonomie locale135. Il faut voir dans la
notion d’autonomie financière non pas une notion conceptuelle mais suivant un
vocabulaire cher au doyen VEDEL136, une notion fonctionnelle. C’est ce qui
explique sans doute l’accord de la doctrine sur la finalité et les incertitudes qui
pèsent sur son contenu. Cependant, l’approche textuelle ou jurisprudentielle
reste la plus importante.
133
GILLES (D.), « La décision exécutoire … », op. cit., p. 75.
134
Ibid.
135
DUVERGER (M.), Finances publiques, 10e éd., Paris, PUF, 1984 ; LAVIGNE (M.),
Finances publiques, cours 1967-1968, inédit ; TROTABAS (L.), Finances Publiques, Paris,
L.G.D.J.
136
Le droit administratif comporte à côté des notions proprement conceptuelles, les notions
fonctionnelles. Les premières peuvent recevoir une définition complète selon les critères
logiques habituels et leur contenu est abstraitement déterminé une fois pour toutes … Encore
que ce ne soit pas souhaitable, on pourrait dire qu’elles sont indépendamment de ce à quoi elles
servent … l’utilisation de toutes ces notions dépend de leur contenu ; leur contenu ne dépend
pas de leur utilisation. Les notions fonctionnelles au contraire procèdent directement d’une
fonction qui leur confère seule une véritable unité. VEDEL (G.), J.C.P., 1950, p. 851.
32
a- L’autonomie financière et l’autonomie locale
137
DUVERGER (M.), Finances publiques, op. cit.; LAVIGNE (M.), Finances publiques, op.
cit. ; TROTABAS (L.), Finances Publiques, op. cit.
138
La notion d’autonomie financière est cependant trop complexe pour s’en tenir à cette
première approche. Elle dépend de nombreux facteurs et nécessite pour l’apprécier une analyse
plus fine. Le diagnostic qui en est fait peut alors être différent selon que l’on considère la
situation globale de toutes les Collectivités, ou seulement celle de certaines catégories de
Collectivités ou de telle ou telle Collectivité en particulier.
139
MARCOU (G.), Deuxième entretien de la Caisse des dépôts et consignations, quatrième
trimestre, 1999.
140
En général, ces contrôles répondent à trois grandes catégories de préoccupations : protéger
les citoyens et la Collectivité, promouvoir la mise en œuvre de certaines politiques et assurer
une régulation globale des finances publiques.
141
DUVERGER (M.), Finances publiques, 10e éd., Paris, PUF, 1984, p. 12.
33
Rejoignant cette analyse Marcel LAVIGNE142 constate que le degré
d’autonomie financière est un excellent étalon de la décentralisation. Pour le
doyen Louis TROTABAS143 l’autonomie financière est une politique
d’autofinancement. Pour Yves GAUDEMET144 la mesure de la
décentralisation dépend de l’aménagement des finances locales. Dans le même
sens, M. Benoit145 note que « l’autonomie financière est … à la mesure de
l’autonomie administrative. Il s’agit plus souvent d’une déconcentration
financière que d’une autonomie véritable ». Cette approche de l’autonomie
financière est moins rigoureuse que celle proposé par des auteurs tels que Louis
TROTABAS146, George VEDEL147.
b- Approche exclusive
142
LAVIGNE (M.), Finances publiques, cours 1967-1968, inédit, p.19.
143
TROTABAS (L.), Finances Publiques, L.G.D.J., p. 99 et p.141, l’autonomie financière est
aussi entendue par l’auteur comme « une mesure d'ordre intérieur, un mécanisme administratif
», voir aussi LINDITCH (F.), Recherche sur la personnalité morale en droit administratif,
L.G.D.J., 1997, 334 p.
144
GAUDEMET (P.M.), op cit., p. 168.
145
MAITROT (C.), op.cit., p. 134.
146
TROTABAS (L.), Finances publiques, Paris, précis Dalloz, 2e éd., 1967, p. 85
147
VEDEL (G.), Droit administratif, Paris, PUF, 15e, éd, 2000, p. 462.
148
CONSTANS (L.), Recherche sur la notion et la classification des personnes morales
administratives, Th., Bordeaux, 1964, p. 126.
34
Pour le doyen VEDEL « l’autonomie financière c’est non seulement
la possibilité théorique d’avoir un patrimoine et de le gérer, mais la
possibilité pratique pour l’organisme décentralisé de se procurer des
ressources et de choisir leur emploi »149. Yves GAUDEMET évoquant le
problème de la décentralisation territoriale remarque que « l’autonomie
n’est réelle que si la Collectivité a des recettes autonomes abondantes
telles que les recettes domaniales ou les impôts librement levés ». Au
contraire si une Collectivité n’a pas de ressources propres il n’y aura
pas pour elle d’autonomie réelle150. De son côté le doyen TROTABAS
note à propos des établissements publics qu’il faut mettre l’accent sur
l’importance des ressources propres comme mesure de l’autonomie de gestion
et par elle de la liberté des organismes151. Maurice DUVERGER évoque
de même « la possibilité pour eux de financer leurs activités par des
ressources propres, prix , taxes et parafiscalité »152.
149
VEDEL (G.), Droit administratif, op. cit.
150
GAUDEMET (P.M.), Finance publique…, op. cit., p.168.
151
TROTABAS (L.), Finances publiques, op. cit.
152
DUVERGER (M.), Les finances …op. cit., p.12.
153
LALUMIERE (P.), Les finances publiques, Paris, A. Colin, 1971, coll. U, série Droit public
interne, p.138.
35
Il établit un « modèle d’autonomie financière » reposant sur les trois
caractéristiques suivantes :
154
LAVROFF (D.-G.), La République décentralisée, Paris, Harmattan, 2003, p. 309.
155
Ibid.
36
pour reprendre Dorian GUINARD, se concentrer sur les usages dogmatiques
de l’expression dans l’analyse sans procéder à une généralisation hasardeuse ou
à une classification notionnelle reposant sur des termes qui se révèlent
interchangeables156. En effet, l’analyse de la pluralité de significations données
par les auteurs, incline cependant à adopter une position contraire. Car, cette
volatilité sémantique génère une certaine confusion conceptuelle.
156
GUINARD (D.), Réflexion sur la construction d’une notion juridique : l’exemple de la
notion de service d’intérêt général, presse universitaire de Sceaux, Paris, Harmattan, 2012, p.
32.
157
Art. 9 de la loi du 15 octobre 1985.
37
à peu près la seule norme constitutionnelle qui permette de définir la place,
dans l’appareil public, des Collectivités territoriales de droit commun ; Il figure
dans l’article 55 de la loi constitutionnelle de 1996158 et se trouve précisé dans
l’article 26159.
158
Les Collectivités territoriales « s’adMinistrent librement par des Conseils élus ».
159
La loi détermine les principes fondamentaux (...) de la libre administration des Collectivités
locales, de leurs compétences et de leurs ressources.
160
Loi n° 99-016 du 22 décembre 1999 portant statut général des établissements publics et des
entreprises du secteur public et parapublic.
38
En revanche, l’article « la » marque à la fois l'unicité de la formation, sa
singularité et surtout, il augure l’existence des difficultés dans ce mécanisme de
construction. De fait l’autonomie financière relève des impedimenta qui
s'articulent autour de la distinction autonomie de gestion et autonomie des
ressources.
« La formation » quant à elle, rien de plus ordinaire particulièrement
pour le juriste. MICHOUD estimait à ce propos qu'« une théorie juridique ne
peut pas ne pas être abstraire, c'est de son essence. Une théorie juridique est
un produit de notre esprit, par lequel nous cherchons à classer les faits de la
161
vie réelle pour déterminer à quelle règle générale ils sont soumis» . C’est
exactement et profondément ce que pensait et soutenait Léon DUGUIT : «
Toute construction juridique implique une abstraction…Toute proposition est
une abstraction puisqu'elle est l'expression non pas de la réalité... Une théorie
juridique implique une classification synthétique des faits réels afin de
déterminer une règle... Elle n'a de valeur que si elle met en œuvre des faits
réels».
Il faut dire selon les cas, l'analyse du sens des concepts flous du texte
repose sur « un décodage » de l’idée émise implicitement par le législateur. Ce
décodage doit être considéré comme le résultat de la traduction visant à
restituer en clair la règle de droit codée, du fait de la complexité linguistique ou
du laconisme dans lequel elle se présente. Pour ce faire, une classification
s’appuiera prioritairement, sur les catégories162 ; les concepts163 et
161
MICHOUD (L.), La théorie de la personnalité, éd., 1924, Trotabas, pp. 43 et ss.
162
« Toute opération juridique doit rentrer dans une catégorie, à caractère net, à conditions
fixés et à effets prédéterminés ». Disait GENY (F.), Méthode d’interprétation et sources en
droit privé positif, t. Ier, 2eme éd., op.cit., p. 162.
163
Les présomptions légales ne forment guère plus qu’un prolongement et une précision de
celui de concept. Ce procédé « tend à modifier quelque peu la réalité, telle qu’elle nous
apparait ingénument, en vue de produire ou de faciliter certaines fins pratiques… il se produit
ce phénomène de technique juridique fondamentale (…) dénommée la réduction simplificatrice
des éléments substantiels du droit : par substitution du quantitatif au qualificatif, dans des
39
accessoirement, sur les présomptions de droit, les fictions164 et le langage165.
C’est aussi ce qu'ambitionne faire cette recherche.
2- Formation
présomptions légales… » GENY (F.), Science et technique en droit privé positif, élaboration
technique du droit positif, t. III, op. cit., p. 261.
164
De même, les fictions de droit ne forment guère plus qu'un prolongement et une précision
de celui du concept. Ce procédé « tend à modifier quelque peu la réalité, telle qu'elle nous
apparaît ingénument. La notion de fiction implique donc, a priori, l’idée d’un concept naturel,
consistant en une représentation adéquate du réel, et y oppose celle d'un concept, plus ou
moins arbitrairement forgé, qui puise toute sa valeur dans la convention inspirée par l'objectif
de droit poursuis ». La fiction « implique un acte spécifique de l’intelligence, un concept, qui à
la fois, dénature la réalité et prétend pourtant la régir ». GENY (F), Science et technique en
droit privé …, op.cit., pp. 367 ss.
165
« L’interprétation d’un texte à classer est orientée par la représentation sémantique qui se
dégage de la structure et des libellés de l’instrument de classement » BRUXELLES (S.), «
Argumentation et interprétation », in BOURCIER (D.), MACKAY (P), Lire le droit : langue,
texte, cognition, Paris, LGDJ, 1992, p 209.
166
http://lesdefinitions.fr/formation.
167
CORNU (G.), Vocabulaire juridique, op. cit., p. 472
168
Ibid.
169
Ibid.
40
En gramMaire, la formation désigne la manière dont un mot se forme
d’un autre mot, ou dont un mot passe par ses diverses formes (le pluriel, le
temps, le mode, la dérivation, la composition, etc.).
170
Du latin constructio
171
CORNU (G.), Vocabulaire juridique…, op. cit., p. 253.
172
Dictionnaire Larousse, p. 253.
41
Elle exprime en effet l’intention de démontrer les mécanismes financiers
locaux.
42
1996, la Constitution de 1960173 et les lois législatives de 1912 et 1946, l’ont
énoncée relativement aux Collectivités locales mais aussi à l’égard des
entreprises publiques.
173
La Constitution du 4 mars 1960 (J.O.C.4 mars 1960, pp. 315-320).
174
TRISSERENC (P.), les politiques de développement local, Economica, 1994, p.113.
175
BARREL (Y.), « Le social et ses territoires » in Espaces, jeux et enjeux, Paris, 1986,
pp. 131-139.
176
Ibid.
177
Ibid.
43
En effet, pour une meilleure compréhension du sujet en cause, l’étude
du concept de Collectivité territoriale décentralisée mérite d’être faite de façon
complète, on pourrait notamment s’interroger, d’un point de vue historique, sur
l’apparition de cette notion dans le Droit public camerounais. Pour notre part,
elle apparaît dans les textes constitutionnels qu’avec la constitution du 4 mars
1960178. Le titre XI est consacré aux Collectivités territoriales. Mais très peu de
manuels au Cameroun consacrent des développements à ce titre. Avant la loi
constitutionnelle de 96, ce titre était intitulé « Collectivités locales ». Ce
changement dans le texte constitutionnel de 1996 suscite une interrogation sur
la différence entre Collectivités locales et Collectivités territoriales.
178
Art. 40 de la Constitution du 4 mars 1960.
179
ONDOA (M.), « Le droit administratif français en Afrique francophone : contribution à
l’étude de la réception des droits étrangers en droit interne » RJPIC, éd. Juris Africa, n° 3, 56 e,
année, Sept-décembre 2002, pp. 287-333.
180
V. BIPOUM WOUM (J.M.), « recherche sur la réception actuelle du droit administratif dans
les Etats d’Afrique noire d’expression francophone : le cas du Cameroun », RJPIC, n° 3 Juillet-
sept, 1972, pp. 359 - 389
44
a- Les Collectivités locales et les Collectivités territoriales
181
DE VILLEY (J.-M.), Droit administratif des biens, 3e éd., Paris, Montchrestien, 2005,
p. 153.
45
b- Conséquence
182
Art. 4 loi n°2004-018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes.
183
Art. 5 de la loi n°2004 – 19 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions.
184
NGONGO (P.L.), L’histoire des institutions et des faits sociaux au Cameroun, tome II,
Berger LEVRAULT, 1987, pp. 52 -53. Leurs ressorts ont pour limites la région du Wouri pour
Douala et le périmètre urbain pour Yaoundé. La multitude de ces créations intervient à la suite
du 19 novembre 1947, attribuant au haut-commissaire le pouvoir d’instituer les communes par
46
les subdivisions (arrondissements actuels) 185 sont dotées des communes mixtes-
rurales. De 1955 à 1960, on dénombre quatre types de communes :
Dans un souci d’égalité et d’uniformité qui n’a pas que des avantages,
les institutions locales établies par le législateur peuvent être modifiées dans
leurs composantes essentielles. Elles présentent une rassurante simplicité et se
caractérisent par la même dualité d’organe : une assemblée délibérante et un
exécutif. Pour aller plus loin, notamment en France, l’histoire de la commune
remonte au Moyen-Âge. La commune y succède aux anciennes paroisses193. Au
Cameroun, elle tient sa justification toujours récurrente de la volonté de
développement des zones reculées du pouvoir central. Car « c’est (…) dans la
Commune que réside des peuples libres. Les institutions Communales sont à la
liberté ce que les écoles priMaires sont à la science. Elles la mettent à la porte
du peuple, elle lui en fait goûter l’usage paisible et l’habitue à s’en servir. Sans
une institution Communale, une nation peut se donner un gouvernement libre,
mais elle n’a pas l’esprit de la liberté »194.
- Les communes du Cameroun Britannique
191
Décret n° 87/1365 et 87/1366 du 25 septembre 1987 portant création respective des
communes urbaines de Yaoundé et Douala.
192
On est passé de 192 communes avant 1982 à 340 communes et de 5505 Conseils
communaux à 9300. V. PEKASSA NDAM (G.), « Les classifications des commune… »,
op. cit.
193
LEMARIGNIER (J.-F.), la France Médiévale, Institution et Société, Paris, Armand Collin,
Collection U, 1970, pp. 121-166.
194
DE TOCQUEVILLE (A.), De la Démocratie en Amérique, Paris, Gallimard, coll. Idées,
1968, p. 72.
48
travaille avec l’organisation sociale qui existe. Le FON en est la clé de voûte et
va donc être appelé à gérer la nouvelle structure »195.
195
NGONGO (P.L.), Histoire des institutions…op. cit., t. I, p. 82 et ss.
196
Ibid.., t. II, p. 58 et ss.
197
BARRES (M.), Famille des individus, voilà la Commune ; Famille de communes, voilà la
région ; Famille de régions, voilà la Nation ; Conférence de 1855.
198
GOHIN (O.), « La nouvelle décentralisation et la réforme de l’Etat en France, le Droit
administratif », Recueil d’articles, t. II, p. 525. Cet auteur poursuit en disant que : la
régionalisation politique, comprise en ce sens, peut être identifiée par la création de
49
contraste avec la difficulté que l’on rencontre à la définir. Dans son sens
traditionnel, la région est une notion géographique humaine199. Elle distingue
un espace défini par un ensemble de caractéristiques physiques, climatiques,
humaines, culturelles, linguistiques ou autre qui justifie d’en faire un corps
politique auquel une autonomie plus ou moins large doit être reconnue200. En
tant qu’unité politique ou administrative, il s’agit d’une notion relativement
récente, dans la législation camerounaise.
In fine, l’étude de l’autonomie financière des Collectivités
décentralisées, dans leur diversité et leur rôle respectif, relève à la fois de
l’histoire, de la recherche juridique, de la science politique, économique,
financière et administrative. L’étude trouvera également sa particularité dans la
présentation des intérêts qu’elle laisse percevoir.
201
CHAPUS (R.), Droit administratif général, t. 1, Paris, Montchrestien, 1998, 12e éd., p. 240.
202
Ibid.
203
BENOIT (F.-P.), Le traité de droit administratif français, Paris, Harmattan, 1968, p. 23.
204
MICHOUD (C.), La théorie de la personnalité morale et son application en droit français,
3eme éd par TROTABAS (L.), t. I, p. 369.
51
groupements naturels préexistants ou post-existants à la formation de l’Etat,
c’est ici la différence entre les institutions déconcentrées qui elles aussi
disposent de la personnalité juridique mais qui restent un démembrement de
l’Etat. Ces dernières sont de simples aires géographiques correspondant aux
implantations des services de l’Etat et limitant territorialement l’exercice des
attributions de leurs agents205. Il y a donc une frontière entre les institutions qui
ne sont et n’ont jamais été que des démembrements techniques et qui relèvent
de l’art administratif, et ceux qui sont souvent historiquement des associations
nationalisées206. C’est une situation similaire que celle des établissements
publics qui eux apparaissent comme « un vêtement juridique traditionnel pour
couvrir l’embryon d’une Collectivité nouvelle territoriale »207. La réserve de
puissance concédée reste ainsi virtuelle d’autant plus que c’est le législateur qui
est désigné pour déterminer les conditions de mise en œuvre de la libre
administration des Collectivités territoriales. Sans intervention de la part des
pouvoirs constitués étatiques (stricto sensu), la puissance territoriale reste lettre
morte208.
205
Une telle distinction peut paraître ambigüe dans la mesure où certains découpages du
territoire coïncident à la fois avec des circonscriptions administratives et avec des Collectivités
décentralisées, ainsi en est-il des départements et des régions.
206
JEZE (G.), Les principes généraux du droit administratif , t.II, Paris, Berger levrault, 2004,
p. 27, cité par VOGEL (G.), Encyclopédie judiciaire luxembourgeois, Dictionnaire juridique,
LARCIER, Belgique, 2010, 493 p.
207
Ibid.
208
DE MALBERG (C.), « Confrontation de la théorie de la formation du droit par degré … »
op. cit., p. 92.
52
est nécessaire dans le cadre de la législation camerounaise de démontrer que si
la personnalité morale implique l’autonomie financière, il n’en demeure pas
moins que l’autonomie suppose la personnalité morale.
- La personnalité morale implique l’autonomie financière
La personnalité morale de droit public, ou plus précisément l’octroi de
la personnalité juridique à une Collectivité territoriale traduit sa reconnaissance,
au plan juridique, en un centre d’imputation de droits et d’obligations, par
référence aux termes chers à KELSEN pour qui, le sujet de droit n’est que le
moyen d’une « opération d’attribution ».
209
MAITROT (J.-C.), Recherches sur la notion d’autonomie financière en droit public, Thèse
Paris, 1972, p. 99.
210
J.C.A.FASC. 135 n° 56.
211
PHILIP (L.), « Le droit constitutionnel des Collectivités territoriales », Cahiers du Conseil
constitutionnel n° 12, mai 2002, p. 5.
53
rares exceptions, la plupart du temps l’autonomie financière vient s’agréger à la
personnalité morale.
La philosophie générale qui sous-tend la doctrine classique et moderne
de la décentralisation s’articule donc autour de l’existence d’organes autonome.
Autrement dit, personnalité juridique et autonomie sont des conditions
indissociables. L’existence de l’un sans l’autre invaliderait la notion même de
décentralisation. C’est, croyons-nous, l’idée qu’exprime François LABIE
lorsqu’il écrit que « l’autonomie juridique est assurée par la personnalité
morale qui est reconnue (aux) Collectivités. Elle fait d’elles des sujets de droit
distincts de l’Etat, dotées d’affaires qui leur soient propres, gérées par des
organes propres exprimant à cette occasion une volonté juridiquement
autonome »212.
L’idée d’autonomie, étroitement liée à celle de décentralisation
territoriale ou par service selon Jean - Claude MAITROT, l’est également à la
notion de personnalité morale. Suivant son étude sur les aspects financiers de
l’autonomie en Droit public, l’auteur soutient « que la personnalité morale
implique l’autonomie financière, l’autonomie financière suppose la
213
personnalité morale » . Mais la démonstration ne semble pas aisée. Il prend
pour point de départ des exemples fort illustratifs de la négation même de ses
propositions, et tente en vain d’expliquer qu’il s’agit dans ces cas tantôt d’une «
anomalie », tantôt d’une « curiosité », tantôt enfin d’une « aberration ».
L’anomalie, la curiosité et l’aberration seraient donc des faits imputables à
l’Etat, organe créateur. Cette hypothèse nous semble indiscutablement
insoutenable. Prétendre qu’un organe pourvu de la personnalité juridique et non
pourvu d’une autonomie (et inversement) constitue une anomalie, c’est
212
LABIE (F.), Finances locales (cours), Dalloz, série droit public – science politique, 1985,
p. 5.
213
MAITROT (J.-C.), Recherches sur la notion d’autonomie financière en droit public, Thèse
Paris, 1972, pp. 152–157.
54
méconnaître l’essence même du pouvoir créateur de l’Etat d’une part, et situer
l’organe créé au même rang que son créateur d’autre part214.
Enfin, le fait de poser que l’autonomie financière suppose la
personnalité morale suffit à conclure que cette dernière n’est aucunement liée à
l’autonomie financière215. Alors que l’auteur emploi un terme impératif –
implique – dans le premier volet de sa proposition, il se résout cependant à un
terme plus approximatif – suppose – dans la seconde.
214
Seul l’Etat ou tout autre organe créateur peut souverainement décider d’octroyer ou non
l’autonomie financière à l’organe public crée. L’organe créateur jouit donc d’un pouvoir
discrétionnaire qui lui permet, par ailleurs, de moduler l’autonomie en question lorsqu’il
l’accorde.
215
Dans sa thèse consacrée à l’autonomie financière des services publics, Thèse, Paris, 1930, p.
30 et ss., M. Debray démontre que ‘’la personnalité morale n’est aucunement liée à l’autonomie
financière’’, idée que récuse fortement J.- C. Maitrot, op.cit., p. 152, pour qui, ce dernier
confondrait ‘’autonomie financière et individualité financière’’.
216
MAITROT (J.-C.), op. cit., p. 152.
217
VEDEL (G.), Traité de droit administratif, op. cit., p. 735. V. VEDEL (G.), Droit
Administratif, paris, PUF, coll., 1964, p. 513, v. VEDEL (G.) et DELVOLVE (P.),
Droit administratif, paris, PUF, coll . « themis », 11e éd., 708 p.
218
AMSELEK (P.), Le budget de l’Etat sous la Ve République, op. cit., p. 57.
55
circonstances qui ont pu conférer aux Collectivités la personnalité morale et
l’autonomie financière.
- L’autonomie financière n’implique pas toujours la personnalité morale
219
DUSSART (V.), L’autonomie financière des pouvoirs publics constitutionnels, CNRS,
2000, 334 p.
220
.TROTABAS (L.), Finances…, op. cit., Encyclopédie Dalloz V. personnalité morale.
221
MICHOUD (C.), op. cit., p. 334.
56
La doctrine222 assimile souvent l’autonomie financière et
l’individualisation financière. En effet, si être investi de l’individualité
financière, c’est avoir un budget, un ordonnateur, un payeur, des comptes, et si
un service peut posséder, en tout ou en partie des attributs de la vie
administrative sans avoir la personnalité civile223, le service doté uniquement
de l’individualité financière n’a pas de patrimoine propre. Ses recettes et ses
dépenses sont les dépenses de l’Etat. Or, dans le cas du Cameroun, les
Collectivités décentralisées disposent de la personnalité civile car elles sont à
même d’ester en justice et de se présenter en tant que tel en cas de conflit 224.
222
DUSSART (V.), L’autonomie financière des pouvoirs publics constitutionnels, op. cit.,
DELCROS (B.), L’unité de la personnalité juridique de l’Etat, op. cit.
223
DI BRAGA (M.) et LYON, Traités des obligations et de la responsabilité des comptables
publics, t. II., n° 171.
224
Recours n° 1784/ 03-04 du 15 octobre 2003, FAMPOU Dénise c/ Communauté urbaine de
Douala ; Recours n° 644/ 99 – 2000 du 04 juillet 1997, Commune rurale d’Angossa c/ Etat du
Cameroun…
57
principes énoncés, mais plutôt d’une précision tendant à considérer la personne
juridique nouvellement créée dans sa plénitude225.
225
TSIMI (L.), L’autonomie administrative et financière …op. cit., p. 97.
226
V. infra., p. 5 et 6.
58
Il importe donc de dépasser l’approche purement juridique pour
analyser cette autonomie financière sur le plan pratique au niveau des situations
de faits ramenées à son contenu essentiel. C’est l’organiser telle qu’elle puisse
avoir une existence non indépendante mais autonome, dans le respect des lois,
en se référant à la législation camerounaise. L’on s’aperçoit que les éléments
constitutifs d’une véritable autonomie financière des Collectivités territoriales
ne sont jamais complètement conférés à celles-ci étant donné certains principes
directeurs de la constitution227.
Paragraphe I : La problématique
227
Non pas que nous disions que le législateur veuille accorder la priorité à certains principes
qu’à d’autres.
59
A)- Le traitement de la problématique : Les données du
problème
228
OLINGA (A.D.), La Constitution de la République du Cameroun, Yaoundé, Presses de
l’UCAC, Les éd. terre africaine, 2006, p. 55 et ss.
229
Ibid.
230
Aussi bien celle de 1972 que celle de 1996.
231
La présence des organes constitués étatiques classiques en témoigne.
61
financière232. Or, une liberté peut être définie en fait comme une réserve de
puissance233, un cadre dans lequel l’acteur à qui elle a été reconnue peut se
mouvoir à sa guise, discrétionnairement sans en référer à quiconque. D’ailleurs,
la souveraineté n’est qu’une liberté absolue234 et suprême en ce qu’elle garantit
à son titulaire que rien ni personne ne lui imposera quoi que ce soit qui soit
contraire à sa volonté235. De son côté, la puissance d’Etat est une liberté
suprême, mais non absolue car le pouvoir constituant originaire a fixé les
bornes dans le cadre desquelles elle s’exprime. Par le biais de sa
constitutionnalisation, la puissance territoriale semble connaître la même
situation. Dès lors, les Collectivités territoriales, comprises comme un nouveau
pouvoir constitué, fragilisent cette orientation de la puissance d’Etat ou
territoriale236.
232
BACOYANNIS (C.), Le principe constitutionnel de libre administration des Collectivités
territoriales, Paris, Economica - PUAM., 1993, 319 p.
233
Ibid.
234
Ibid.
235
Ibid.
236
Ibid., (particulièrement le Titre II de la première partie consacrée à la définition du principe
de libre administration des Collectivités territoriales).
237
VERPEAUX (M.), « La Constitution et les Collectivités territoriales », RDP, 1998, pp.
1379-1381.
238
Ibid., p. 80.
239
BÉNOIT (F.-P.), Le droit administratif français, Paris, Dalloz, 1968, p. 19.
62
Des grandes innovations de la constitution révisée du 18 janvier 1996,
l’autonomie financière des Collectivités territoriales accentuaient les politiques
de développement local commencées plus tôt. L’article 55 alinéas 2 consacre la
volonté du constituant de concéder aux Collectivités la libre gestion de leur
patrimoine. Une pluralité de textes et de lois d’application vont contribuer à la
matérialisation de cet objectif. Il s’agit des lois du 22 juillet 2004. Les
différents textes relatifs aux transferts de compétences et les modalités
financières y afférentes ne seront pas en reste240.
240
Décret n° 2009/248 du 5 août 2009 fixant les modalités d’évaluation et de répartition de la
dotation générale de la décentralisation. Décret n° 2010/0239 à 0247/PM du 26 février 2010
relatif aux modalités d’exercice de certaines compétences transférés par l’Etat aux Communes.
Décret n° 2010/0242/PM du 26 février 2010 fixant les modalités d’exercice de certaines
compétences transférées par l’Etat aux communes en matière de production des activités de
production agricole et de développement rural. Décret n° 2010/0240/PM du 26 février 2010
fixant les modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes
en matière de création et d’entretien des routes rurales non classées ainsi que de la construction
et de la gestion des bacs de franchissement.
241
Décret n° 2009/246 du 26 juillet 2009 relatif au transfert de compétences de l’Etat aux
Collectivités territoriales.
63
types d’organisation des pouvoirs adoptés. Au Cameroun, comme dans bien
d’autres pays242, la répartition des compétences s’applique à une organisation
de l’Etat dite décentralisée, ce, depuis la loi constitutionnelle du 18 janvier
1996. Autour du concept de Décentralisation viennent se greffer nombre de
notions voisines telles celles de « gouvernement local » ou « autonomie
locale ». Pour certains auteurs à l’instar de Jean Marie PONTIER, un simple
coup d’œil sur l’utilisation de ces notions montre qu’il s’agit beaucoup plus de
thème pour banquets de notables ou de profession de foi d’élus locaux243 que la
notion dont la définition juridique serait juridiquement fixe. Ceci est la
conséquence de l’ambiguïté du terme Décentralisation. Celui-ci ne devrait être
logiquement qu’un concept de pur droit : la décentralisation est un concept mal
fixé244.
242
France, Espagne, Maroc…
243
PONTIER (J.-M.), L’Etat et les Collectivités territoriales : la répartition des compétences,
Paris, LGDJ, 1978, p. 84.
244
Ibid.
64
2- Les variations de l’autonomie financière suivant les
régimes politiques
245
JOSENDE (L.), Liberté d’expression et démocratie : Réflexion sur un paradoxe,
Etablissement Emile Bruylant, ISBN, 2010, p. 101.
65
déconcentration est un processus de fertilisation croisée246 qui conduirait, à
travers le dialogue entre l’Etat et les Collectivités territoriales à une approche
pragmatique de la répartition et de l’exercice des compétences. Cette
dynamique institutionnelle et politique caractérise de manière croissante les
relations entre l’Etat et les autres acteurs publics sur le territoire. Elle se
rapproche d’un modèle de bonne gouvernance fondé sur une gestion
territoriale et partenariale des politiques publiques.
246
ALBERTINI (J.-B.), Réforme administrative et réforme de l’Etat en France : thème et
variation de l’esprit de réforme de 1815 à nos jours, Paris, Economica, 2009, p. 49.
247
V. POMTIER (J.M.), La répartition des compétences…op. cit.
248
Ibid., p.114. Malgré d’apparentes similitudes, le rapprochement de cette notion avec celle de
subsidiarité telle qu’elle a été présentée ci-dessus doit être envisagé avec prudence : il ne s’agit
pas en effet de limiter les missions de l’Etat à une action de substitution faisant de son
intervention l’exception par rapport à celles des Collectivités territoriales. La mission de l’Etat
66
mission de l’Etat mais plutôt une modalité nouvelle de l’exercice de la fonction
régulatrice de celui-ci.
250
ALBERTINI (J.-B.), Réforme administrative et réforme de l’Etat en France : thème et
variation de l’esprit de réforme de 1815 à nos jours, Paris, Economica, 2009, p. 50.
251
C’est le cas de la Russie.
252
ALIOGO-NKOGHE (F.), « Décentralisation et développement local au Gabon : une mise
en perspective », EPU, 2013, p. 83.
253
Les cas de l’Italie, l’Espagne et Allemagne.
68
même en telles ou telles matières, on ne peut pas dire pour autant que la
puissance qu’elle a de régler ces matières est une puissance autonome : car, en
posant les règles attribuées à sa compétence, elle use d’un pouvoir octroyé, et
non de facultés de puissance innées en elle…»254.
254
DE MALBERG (C.), Confrontation de la théorie de la formation du droit par degré…
op. cit., p. 94.
69
ambitionne de préciser et donc de situer la démarche camerounaise, ce, en
comparaison avec celle des autres Etats africains et à celle de la France.
255
ONDOA (M.), Le droit de la responsabilité publique dans les Etats en développement :
Contribution à l’étude des droits africains, op. cit., 923 p.
70
La question posée suscite aujourd’hui de multiples propositions, souvent
riches. Mais les débats sont parfois incertains en raison de l’utilisation de
notions ambiguës, de données partielles ainsi que de la complexité des
problèmes abordés qui mêlent finances publiques, structure des territoires et
répartition des compétences.
Dans ce contexte, de nombreux travaux sont venus enrichir la réflexion
même si les propositions de réformes financières sont rares et ne s’inscrivent
pas souvent dans une vision globale du système des finances locales256.
Compte tenu de l’ampleur du champ couvert par l’autonomie financière
locale, il a paru opportun et plus utile de focaliser l’analyse sur les problèmes
qui semblent les plus urgents et importants.
En outre, tout en reconnaissant l’importance des interactions entre les
questions financières et les structures territoriales ou les relations entre
Collectivités locales, il est apparu que ces sujets constituaient en eux-mêmes
des champs d’étude particuliers. Etant donné que ce sujet induit une analyse
systémique. Au regard des différents enjeux dans la compréhension du thème
objet de l’étude. Les finances locales s’apparentent à un système, entendu selon
ROSNAY comme un ensemble d’éléments en interaction dynamique et
organisés en fonction d’un but. Les éléments caractéristiques sont les relations
entre les Collectivités territoriales et le tissu social (entreprises et individus…),
les relations entre les Collectivités et leurs satellites (société d’économie mixte,
les coopérations d’intercommunalité) cela pose le problème de la répartition de
compétences. Les relations entre les Collectivités et l’Etat ; c’est la plus
fondamentale. Il y a donc deux types d’interdépendance à savoir une verticale
et une autre horizontale.
256
HOND (T.), L’autonomie financière des Collectivités territoriales : l’exemple du Cameroun,
TANGER, 2014, séminaire sur les stratégies et politiques innovantes de la décentralisation dans
les pays africains.
71
Ainsi, conforter l’autonomie financière des Collectivités territoriales
dans le respect de son importance, l’interaction entre l’intercommunalité et
l’autonomie financière est l’une des orientations de l’étude. Le local est analysé
et les relations entre Collectivités sont abordées à propos de la
contractualisation.
Aussi la présente recherche examinera successivement, les garanties de
l’autonomie financière par le transfert aux Collectivités territoriales des
pouvoirs de gestion du patrimoine financier local et les garanties de
l’autonomie financière par l’attribution aux Collectivités territoriales des
ressources.
72
Ce problème se joint à un autre spécifique à la présente recherche.
Etudier l’autonomie financière des Collectivités locales suppose une approche
comparative. L’option repose non seulement sur une conviction, mais
également et surtout sur une prudence.
Paragraphe I : La méthode
257
Les deux principales méthodes sont la dogmatique et la casuistique
258
A la différence de l’interprétation par les organes juridiques, elle n’est pas création du droit.
Certains auteurs pensent que l’idée qu’il serait possible de dégager du droit nouveau par une
opération purement intellectuelle du droit en vigueur est à la base ce qu’on appelle la
« jurisprudence des concepts ». La théorie pure du droit rejette cette jurisprudence écrit
Charles EISENMAN p. 462 , car elle est incapable de créer les prétendues lacunes du droit. Il
cherche à influer sur la création du droit.
259
SAVIGNY, Méthodes, cité par PAOLO (P.), Méthode de coordination entre ordre juridique
en Droit international, Amazon France, Académie de Droit international de la Haye 2000,
p. 36.
73
au droit antérieur et enfin le téléologisme 260 par lequel on sert le but du
législateur, il pose que toute loi inclut un jugement de valeur. Certains intérêts
devraient être préférés à d’autres. Il est demandé à l’interprète de pousser le
dessein du législateur261. Donner une définition précise de l’interprétation et ses
différentes étapes paraît judicieux pour mener à bien l’analyse.
1- La définition de l’interprétation
260
VILLEY (M.), Philosophie du Droit. Définition et fin du Droit, les moyens du Droit, Paris
II, Dalloz, p. 282.
261
Ibid., Comme l’interprète d’une manœuvre de musique auquel il ne suffirait pas de
reproduire les notes, il faut qu’il s’imprègne de l’esprit du compositeur dans ce cas nous
n’allons pas nous poser en exécutant des ordres du législateur, mais prolonger son œuvre,
l’interprétation est active.
262
Ibid., p. 283.
263
GENS (J.-C.), Les fondements philosophiques de la théorie de l’interprétation chez Wilhelm
Dilthey, 2002, p. 123.
264
VILLEY (M.), Philosophie du Droit …, op. cit., p. 283.
74
l’interprétation s’efforce de montrer son objet ou le texte en question,
exactement tel qu’il est réellement, et non pas, comme vous le suggéreriez, vu
sous son meilleur jour. Cela implique que l’on reprenne la véritable intention
historique de l’auteur et que l’on ne plaque pas les valeurs propres à l’interprète
sur celle qu’a créée l’auteur.
265
RUBY (C.), GADAMER (H.-G.), L’herméneutique : description, fondation et éthique,
EspacesTemps.net, Travaux, 16.10.2002.
75
Pour certains auteurs, il est impossible de donner une définition générale
d’interprétation adéquate qui utilise une règle d’interprétation comme un
critère. Les directives concernant l’utilisation des sources du droit sont souvent
appelées principes d’interprétations.
B)- L’orientation de la méthode d’analyse
266
Focalisée sur le rapport des phénomènes juridiques d’applicabilité ou de technique
d’application du principe de l’autonomie financière.
76
Et l’on ne se pose pas en assassin de la loi267, mais en se référant à
l’exemple du jurisconsulte romain GADAMER, l’interprétation de l’article 55
de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 sera non seulement de restituer au
texte sa signification première mais aussi de faire vivre, revivre et de cesser de
renouveler son sens car les horizons sont changeants.
De manière générale, l’interprétation des textes est une tâche ardue. S’il
s’agit de saisir le sens d’un discours humain, il n y a pas lieu à interprétation
scientifique271. Elle requiert un travail de compréhension, car un texte de loi
procède d’un auteur et non pas seulement de la raison ou de l’esprit collectif du
267
Ibid.
268
De respecter l’objectif sur lequel tout théoricien exerce son activité.
269
AMSELEK (P.), Théorie du droit et politique, Paris, Harmattan, 1982, pp. 412 – 416.
270
Ibid.
271
VILLEY (M.), Philosophie du Droit…op. cit., p. 283.
77
peuple. Il nous faudra pénétrer l’esprit de l’inventeur272. Serviteur
d’intelligence, on doit prendre soin de comprendre les intentions, le but
recherché, obéir à l’esprit plutôt qu’à la lettre.
272
Ibid.
273
Ibid., p. 282.
274
Ibid.
78
Il n’y a aucune méthode que l’on puisse dire de droit positif qui
permettrait de distinguer, entre plusieurs significations linguistiques d’une
norme. Jusqu’ici malgré tous les efforts, la doctrine traditionnelle n’a pas réussi
à trancher le conflit entre la volonté et l’expression d’une façon objectivement
valable, elle penche soit en faveur de l’une soit en faveur de l’autre. Toutes les
méthodes d’interprétation qui ont jusqu’ici été développées ne conduisent
jamais à un résultat possible, jamais à un résultat qui serait seul exact. On ne
peut que s’en tenir à la volonté présumée du législateur en négligeant le texte
littéral.
Paragraphe II : L’intérêt de l’étude
275
Celles qui assurent déjà un bon nombre des dépenses civile d’équipement au Cameroun.
276
Les justifications politiques, économiques et sociales de l’autonomie financière se
confondent largement avec celles de l’autonomie locale et de la décentralisation. Le professeur
Henry Tulkens de l’Université catholique de Louvain a rappelé lors de son audition du 22
novembre 2000 devant la section des finances du Conseil économique et social cette phrase de
Tocqueville : « un pouvoir central, quelque savant, quelque éclairé qu’on l’imagine ne peut
embrasser à lui seul tous les détails de la vie d’un grand peuple ».
79
Ce sujet de recherche est en outre essentiel aussi bien pour la
démocratie locale que pour la modernisation de l’Etat. Il n’existe aucune
véritable décentralisation sans une réelle autonomie financière, fondement de la
capacité d’initiative, de l’efficacité de gestion, de la lisibilité des actions
publiques et finalement de la responsabilité démocratique locale. Mais une
véritable décentralisation c’est aussi un vecteur décisif pour la réforme de l’Etat
camerounais à travers le transfert de services, d’équipements et de compétences
à des niveaux territoriaux où ils pourront être mieux pris en charge. Il est donc
important d’éclairer les risques pesant sur cette autonomie financière et les
conditions de sa préservation.
En plus, elle offre l’occasion de saisir avec une certaine précision les
techniques de mise en œuvre et d’exonération des impôts directs locaux. Les
précisions du contenu de certaines notions fondamentales du processus de
formation de l’autonomie financière.
L’autonomie financière est un pouvoir exercé dans certaines limites. En
perpétuelle mutation, c’est un idéal, elle se forme au gré des circonstances.
C’est pourquoi nous abordons l’analyse non dans la conception d’une
autonomie achevée, mais comme une notion contingente, donc évolutive. Aussi
elle se forme par :
Partie I : Le transfert des pouvoirs financiers aux CTD par l’Etat.
Partie II : L’attribution par l’Etat des ressources aux CTD.
80
PARTIE I :
LE TRANSFERT PAR L’ETAT DES
POUVOIRS FINANCIERS AUX
COLLECTIVITES TERRITORIALES
DECENTRALISEES
81
Cette analyse se situe dans un champ d’étude déjà abordé par bien
d’auteurs. Hans KELSEN en son temps, faisait déjà de la question de la
centralisation - décentralisation un problème particulier relatif au domaine de
validité spatiale des normes de l'ordre juridique étatique. Son point de vue était
partagé par Charles EISENMANN pour qui ladite question se pose « pour
toutes les sociétés juridiquement organisées ». Cette étude n’est pas qu’une
simple approche administrative, mais une extraction des textes, des principes
constitutionnels de garantie de l’autonomie financière des Collectivités
territoriales. Elle présente l’autonomie financière des Collectivités territoriales
décentralisées comme un élément lié à la qualité de la norme. Celle-ci ne se
posant au mieux qu’au niveau de la norme seconde, c’est donc la constitution
qui devrait poser les organes participant à la production de cette norme et
répondre ainsi à l’interrogation relative à cette analyse.
277
RIVERO (J.), Droit administratif, 9ème éd., Paris, DALLOZ, 1980, p. 315.
278
WALINE (M.), Droit administratif, 8ème éd., Paris, SIREY, 1958, p. 266.
82
On peut cependant faire observer que la notion de compétence à laquelle
il est le plus souvent fait référence rend davantage compte d’une opération
juridique qui met en exergue la capacité de faire un acte ne renvoyant qu’à un
seul auteur279, ou à une matière que l’on aurait transférée en bloc à une
Collectivité déterminée.
Dans ce sens, le transfert des pouvoirs budgétaire comprendrait les
compétences exclusives, concurrentes et parallèles. Elles illustrent la diversité
des transferts opérés, mais surtout la nécessité de distinguer l’opération de
transfert de son résultat280. En effet, une compétence remise dans le contexte
de son effectivité conduit à mettre en œuvre les interdépendances juridiques
dans lesquelles elle s’insère, en tant qu’opération pour pouvoir s’exercer. C’est
ce qui amène alors à l’adjectiver, car elle n’est que compétence particulière
insérée dans une compétence globale.
Cependant, on ne saurait parler de transfert exclusif des pouvoirs
financiers locaux aux CTD. Qualifier une compétence d’exclusive paraît en
droit superfétatoire. Elle renvoie cependant à un véritable transfert, à partir du
moment où elles sont dévolues à un titulaire unique281. Cela correspond non
seulement à l’idée des blocs de compétences, mais aussi et surtout de la
compétence comme bloc, de l’initiative de la décision d’une part et de la
décision à sa mise en œuvre d’autre part. Voilà pourquoi le concept de transfert
quasi-total de compétence paraîtrait adéquat dans ce travail. Il faut
l’appréhender comme un transfert quasi intégral à une seule et même autorité,
de l’initiative de la décision, de sa préparation, de la décision elle-même et sa
mise en œuvre sur une matière déterminée282. Dans le cas des Collectivités
279
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences de l’Etat aux Collectivités locales, Paris,
Harmattan, p. 272.
280
Ibid.
281
Ibid., p. 275.
282
Ibid., p. 273.
83
territoriales décentralisées au Cameroun, il se donne à voir en matière de
gestion budgétaire (Titre I) et de gestion du patrimoine local (Titre II).
84
TITRE I :
LA CONCESSION DE LA GESTION
BUDGETAIRE LOCALE AUX CTD
85
Au rang des compétences concurrentielles ou les compétences parallèles
se trouvent le pouvoir de constitution d’un budget propre par les CTD. Elles
s’exercent pour reprendre Vincent de BRIANT283 lorsqu’il y a transfert
explicite et simultané des compétences à plusieurs catégories de Collectivités
territoriales.
Aussi, le constituant camerounais a attribué aux CTD un budget propre
retirant ainsi au parlement un droit de contrôle politique sur les actes
budgétaires locaux. Il a ainsi dépouillé le parlement de l’une de ses prérogatives
essentielles284. C’est le sens de la pensé de Jacques MOREAU lorsqu’il déclare
que « les budgets autonomes ont rompu tout lien avec celui de l’Etat. Ils
échappent pratiquement au contrôle législatif et mettent à la fois en péril le
principe de l’unité et de l’universalité »285.
En effet, le processus de constitution du budget local, s’étend de la
préparation par les CTD à l’approbation en passant par le vote de l’organe
délibérante. La première et la dernière étape sont de la compétence des autorités
locales. La question de l’approbation préalable de l’autorité de tutelle reste
cependant une pesanteur qui pourrait se justifier (Chap. I).
283
DE BRIANT (V.), Typologie des transferts de compétences de l’Etat aux Collectivités
territoriales, in droit des Collectivités territoriales, 2009, p. 276.
284
CNNOIS (R.), « La notion d’établissement public en droit administratif français », 1959,
p115. Cité par Claude MAITROT, op. cit, p. 134.
285
MOREAU (J.), « Etude sur le régime financier des services industriels de l‘Etat de France »,
p 21, cité par Claude MAITROT, op. cit, p. 135.
86
CHAPITRE I :
L’ATTRIBUTION DES LIBERTES
BUDGETAIRES
87
Section I : Une autorisation budgétaire locale à un double degré
286
La seule différence entre la théorie de la séparation des pouvoirs et celle de la centralisation
- décentralisation réside dans le fait que cette dernière organise la séparation des pouvoirs non à
partir des fonctions de l'Etat (ce que rejetait Ch. EISENMANN ) mais à partir de la compétence
personnelle des organes c'est-à-dire en fonction du cercle de personnes envers qui les organes
peuvent agir : les organes qui ont la qualité pour agir à l'égard de tous les membres de la
Collectivité sans distinction sont « centraux »; ceux qui n'ont pouvoir d'agir qu'envers une
partie seulement d'entre eux sont « non centraux » TROPER (M.), la séparation des pouvoirs et
l’histoire constitutionnelle française, Paris, LGDJ, 1973, p. 291.
88
A)- Les éléments techniques du projet de budget garant de la
qualité des budgets locaux
Une étude retentissante confère aux Collectivités locales en France la paternité
des principes budgétaires. Somme toute, le budget local à l’instar du budget de
l’Etat s’établit pour un an dans un document unique et doit être sincère. En
effet, l’élaboration du budget local doit aussi respecter les principes du droit
budgétaire : l’annualité, l’unité, l’universalité, sincérité et l’équilibre
budgétaire. C’est un procédé similaire dans les Etats d’Afrique noir
francophone à l’instar de la Côte d’ivoire287, du Sénégal288 et du Gabon289. De
plus, le budget doit être adopté dans des délais stricts. A ces principes et règles
du droit budgétaire, s’ajoutent les principes et règles de la comptabilité
publique qui encadrent aussi strictement l’exécution de la dépense au niveau
local. C’est le cas du principe de la séparation des ordonnateurs et des
comptables publics dont l’analyse se fera ultérieurement.
287
Les articles 5 et 11 de la loi du 26 décembre 2003 portant régime financier, fiscal et
domanial des Collectivités territoriales posent le principe de l’annualité en affirmant
respectivement que « le budget des Collectivités territoriales couvre un exercice annuel qui
coïncide avec l’exercice du budget de l’Etat » et que « toutes les recettes et toutes les dépenses
de la Collectivité territoriale sont prévues annuellement et spécifiées au budget ». L’article 14
énonce, quant à lui, les principes de l’équilibre et de sincérité budgétaires en ces termes : «
l’équilibre entre les prévisions de recettes et de dépenses doit être réalisé pour chacun des deux
titres du budget. Le budget doit être sincère. Aucune recette fictive, ni aucune dépense
surévaluée ou sous-évaluée, ne peut être inscrite au budget en vue de réaliser l’équilibre
apparent », ESSONO OVONO (A.), « L’autonomie financière des Collectivités locales en
Afrique noire francophone. Le cas du Cameroun, de la Côte-D’ivoire, du Gabon et du
Sénégal », CERDIP, 2014, 10 p.
288
Les principes d’annualité, d’unité et d’universalité budgétaires sont prévus par l’article 243
du code des Collectivités locales qui dispose que « le budget de chaque Collectivité locale
prévoit pour une année financière toutes les recettes et les dépenses de la Collectivité locale
sans contraction entre les unes et les autres ». Ibid.
289
Ce sont les articles 161 et 163 de la loi organique relative à la décentralisation qui posent ces
principes budgétaires.
89
1- La qualité des principes garants de la fiabilité des budgets
locaux
290
Voir principe de non affectation.
291
Art. 38 loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des Collectivités
territoriales décentralisées.
90
recettes et une soustraction de ces deux totaux pour savoir s’il est en équilibre
ou en excédent de recettes ou en déficit 292.
292
V. DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités territoriales, 3eme éd., France, Breal, 2007,
289 p. et v. NZE BEKALE (L.), Introduction aux finances des Collectivités locales d’Afrique,
France, EPU, 2015 p. 21.
293
Ibid.
294
MAITROT (J.-C.), Recherches sur la notion … op. cit., Paris, 1972, p. 11.
91
pouvoirs d’appréciation des assemblées et leur pouvoir de décision en matière
financière ne peut plus s’exercer avec efficacité.
Il est évident notait Luc SAY que « le Ministre est beaucoup plus
indépendant du parlement lorsqu’il mène de front plusieurs budgets à la
fois »295 . Les appréciations que doit porter le parlement sur les recettes et
les dépenses, les charges et les ressources sont des appréciations globales
; il importe donc pour qu’il puisse effectuer un choix rationnel entre les
diverses dépenses, pour qu’il puisse décider de l’utilité ou de l’urgence de
telle ou telle dépense qu’il ait une vue d’ensemble des problèmes budgétaires.
Mais si le budget est fractionné en plusieurs textes, il se pourrait que
l’assemblée délibérante qui aurait déjà accordé plusieurs autorisations
s’aperçoive qu’elle aurait dû sacrifier telle ou telle dépense au profit d’une
autre plus urgente. Enfin, le morcellement budgétaire parce qu’ il permet des
gestions occultes, facilite la dissimulation des charges réelles et favorise les
exagérations de dépenses296. Au contraire, l’unité budgétaire du seul fait
de sa simplicité produit la lumière et contribue à un contrôle efficace qui est
renforcé par l’application de la règle de l’universalité.
295
SAY (L.), Revue des deux mondes, 15 janvier 1885. Cité par MAITROT (J.-C.), Ibid., p.10.
296
V. PIERRE (C.), Gestion budgétaire et dépenses publiques, Canada, PUQ, 2009 p. 150.
92
apparaît beaucoup plus comme une atteinte à la forme unitaire du budget.
Quant à la violation du principe de l’universalité, elle est indiscutable.
297
Ce sont généralement les S.P.I.C
298
STOURN, Le budget, 1906, p. 250. cité par MAITROT (J.-C.), recherches sur la notion …,
op.cit., p. 36.
299
MAITROT (J.-C.), Recherches sur la notion …op.cit., p. 13 et ss.
300
DANTONEL (N.), Droit des Collectivités territoriales, 3e éd., Paris, Bréal, lexifac économie
Droit, 2007, p. 217.
93
Les budgets annexes doivent être rigoureusement équilibrés puisque
l’ensemble de leurs recettes, qu’elles proviennent des ressources propres,
d’emprunts ou de subventions du budget général, doivent couvrir l’ensemble de
leurs dépenses301. Certains auteurs ont comparé cette relation budget général et
budget annexe aux relations de parenté qui existent entre un père et son
enfant : « il existe en quelque sorte entre le budget général et le budget annexe
un lien de parenté qui oblige le premier à verser au second une pension
alimentaire en cas de besoin mais qui en revanche l’institue comme son
héritier »302. Il serait plus exact de dire qu’il y a entre ces deux, un lien de
parenté qui oblige le budget général des CTD à pouvoir à l’établissement du
budget annexe et qui oblige réciproquement l’un et l’autre à une pension
alimentaire dont la quote-part au lieu d’être proportionnelle au besoin de celui
qui la réclame et à la fortune de celui qui la doit, correspond toujours à tout
l’excédent ou à toute l’insuffisance du budget annexe303.
301
S’il y a excédent des recettes sur les dépenses, l’excédent est versé au budget général, en
sens inverse, en cas de perte, l’excédent des dépenses est couvert par le budget général.
302
BlOCH (L.), L’autonomie budgétaire des postes, télégraphes et téléphone, thèse, paris,
1905 p. 8 cité par MAITROT (J.-C.), thèse, la notion d’autonomie …, op.cit., p. 36.
303
ENGELHARD (G.), L’autonomie budgétaire des exploitations industrielles de l’Etat…,
op.cit., p.130,
94
l’importance des garanties d’emprunt que nous verrons plus bas304. Leur
nomenclature ne figure que dans la page d’informations générales, la contraint
à provisionner dans le budget principal le risque que cela représente dès lors
qu’il ne s’agit ni de logement social, ni d’enseignement.
304
V. Partie II, titre II, chapitre II.
305
Article 5, loi n° 2009/ 011 du 10 juillet 2009, « Le budget est l’acte par lequel sont prévues
et autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l’Etat ou des autres services que les lois
assujettissent aux même règles ».
306
BOUSSAT (F.), Guide pratique de gestion d'un EPLE, Vol.1, Paris, ESF, 2001, p.134.
307
LALUMIERE (P.), Finances…, op. cit., p. 56.
95
budgétaire. Pour vérifier utilement que les autorisations budgétaires ont été
respectées, il est nécessaire que le contrôle suive de près chaque phase de
l’exécution, ne fusse que pour mettre en jeu les responsabilités politiques et qui
ne sont effectives que pendant un assez court délai308. C’est le sens que Luc
SAY observait que le budget devait être « annuel pour être contrôlé »309 . Des
raisons techniques ont également conduit à l’adoption de la règle de l’annualité.
Le budget ne peut couvrir une période trop longue, il est difficile de prévoir des
dépenses que les Collectivités devront assumer au cours d’une année ; la
prévision deviendra très imprécise, voire impossible, si elle s’étendait sur un
laps de temps plus long310.
308
NZE BEKALE (L.), Introduction aux finances des Collectivités territoriales d'Afrique
francophone, Paris-France, EPU, 2014, p. 20.
309
DE LANZAC (A.), Droit et pratique budgétaire de l’Etat Français, Paris, Dalloz, 1938,
p. 27.
310
LALUMIERE (P.), finances…, op. cit., p. 83.
311
Art. 31 al. 1 de la loi de 2009/ 011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des
Collectivités territoriales décentralisées.
96
meilleures conditions312. Mais c’est peut-être l’évolution des techniques
d’évaluations budgétaires qui oriente la perception du législateur. Ces
techniques d’évaluation sont plus rapides et plus précises sur les prévisions.
312
La science financière ne peut pas fixer, d’une manière constante et absolue, le point de
départ de l’année et ceci explique la diversité des solutions admises par les Collectivités des
pays.
313
NZE BEKALE (L.), Introduction aux finances …, op. cit., p. 20.
314
PHILIP (L.), « Finances… », op. cit, p. 118.
97
obligations des contribuables présentent un minimum de stabilité afin de ne pas
troubler la vie économique locale315.
Il présente tout de même des difficultés. Elles tiennent du fait que cette
règle s’applique à des autorisations de natures diverses, portant sur des périodes
plus ou moins longues, tant en dépenses qu’en recettes. Le développement
nouveau du budget des communes en matière économique nécessite une
315
C’est en tenant compte de toutes ses exigences que la règle de l’annualité, posée en
Angleterre dès le XVIIe s est devenue une règle générale du droit budgétaire de tous les pays .
ibid.
316
BOUSSAT (F.), « Guide pratique… », op. cit., p. 134.
317
Ibid.
318
Philip (L.), Finances… op. cit., p. 85.
98
politique à long terme étant donné le nombre d’investissement en projet dans
les communautés camerounaises.
319
V. Rapport 2012 du MINAT.
99
B)- Le pouvoir d’élaboration et de vote du budget local des CTD
320
ESSONO OVONO (A.), L’autonomie financière des Collectivités locales en Afrique noire
francophone. Le cas du Cameroun, de la Côte-d’ivoire, du Gabon et du Sénégal, CERDIP,
2014, p.11.
321
V. PIERRE (C.), Gestion budgétaire et dépenses publiques, Canada, PUQ, 2009, 307 p.
322
Art. 32 de la loi n°2009/011 du 10 juillet 2009 précitée.
100
1- Les fondements juridiques
Le budget est préparé par le chef de l’exécutif communal et régional.
Son élaboration doit respecter les précisions des dépenses d’un investissement
définies à un taux minimum de 40% des dépenses totales, les prévisions des
dépenses de fonctionnement qui ne doivent excéder le taux de 60% des
dépenses totales et les dépenses de personnel qui sont inférieures ou égales à
35% des dépenses de fonctionnement323, quand bien même les encadrements de
la constitution du budget local apparaîtraient comme une limite à la marge de
manœuvre des CTD, elle présente l’avantage d’éviter les débordements et de
respecter le planning budgétaire national.
323
Ibid., Art. 3.
324
Ibid., Art. 40 al. 1.
325
Ibid., Art. 41 al. 1.
326
Ibid., Art. 2.
101
par le substitué. Tel est le fardeau de la fiction juridique de la substitution : le
substituant n’existe pas, ou plutôt, il est par l’effet de la substitution, le
substitué. L’Etat n’exerce pas une compétence propre, il exerce
momentanément et exceptionnellement une compétence de la Collectivité
territoriale décentralisée, elle diffère ici de la représentation327. Elle implique
quant à elle, une différenciation entre représenté et représentant « la
substitution d’action postule au contraire une totale identification du
substituant substitué »328.
327
BERGEL (J.-L.), Théorie générale de Droit, Paris, Dalloz, 2003, p. 35 et ss.
328
WATHELET (J.C.), Budget, Comptabilité et Contrôle externe des Collectivités territoriales,
essai prospectif, Paris, Harmattan, éd. 2000, p. 81.
329
Art. 42 al. 1 de la loi n° 2009/011 du 10 juil. 2009, op. cit.
330
Ibid., Art. 42 al. 2.
331
Ibid., Art. 43.
102
Cependant, la loi de 2009 ne fait aucune précision sur la forme de
présentation du budget local. Dit-elle la nomenclature est fixée par un texte
réglementaire, c’est ici alors l’une des limites du principe de la progressivité.
En effet, la présentation du budget des Collectivités ainsi que leur modalité sont
de nature à renforcer la transparence budgétaire ; communément, ils font l’objet
d’une présentation croisée par nature et par fonction. Le vote par nature332
permet de faire coïncider le budget et les comptes. Par conséquent, la
transparence entre le vote accordé par l’assemblée délibérante et la réalisation
comptable est totale puisque l’information permet de donner l’autorisation
correspondante aux futures réalisations comptables et le vote par fonction
présente quant à lui l’avantage de mettre en lumière les différents axes des
politiques publiques333.
Au terme de l’art. 44 de la loi de 2009, l’organe délibérant peut amender
le projet de budget présenté par l’exécutif dans le respect des lois et règlement
en vigueur. Le chef de l’exécutif dispose d’un délai de sept jours pour
transmettre à l’autorité de tutelle compétente le budget voté, ses pièces annexes,
et le procès-verbal de séance.
332
MARCEAU (A.), La Démocratie locale à la recherche d’un nouveau souffle, Paris,
Harmattan, éd. 2013, p. 198.
333
Ibid.
334
Art. 1, loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 précitée.
103
les organes délibérants335. Le budget est l’acte juridique par lequel sont
prévues et autorisées les recettes et les dépenses d’une Collectivité
territoriale336.
335
Ibid., Art. 2.
336
Ibid., Art. 3.
337
MUZELLEC (R.), Finances Publiques, 4e éd., Paris, Dalloz-Sirey, 2002, p. 126.
338
Le Conseil régional pour les régions et le Conseil communal pour les communes.
339
Art. 42, Loi n° 2009/ 11 du 10 juillet, op. cit.
340
TROTABAS (L.), Finances Publiques, op. cit., p. 86 ; c’est là le véritable problème des
finances locales.
104
Au Cameroun, avec la décentralisation administrative, nous trouvons à
la base des institutions financières locales comme à la base des institutions
financières de l’Etat, une idée politique. En effet, le choix entre décentralisation
et la centralisation est dicté par le régime politique de l’Etat. Un Etat de type
parlementaire comme c’est le cas au Cameroun341 s’oriente vers la
décentralisation. L’étude de notre histoire constitutionnelle est sur ce point tout
à fait probante, car elle montre bien le parallélisme des institutions
constitutionnelles et des institutions financières, non seulement pour l’Etat,
mais aussi pour les Collectivités territoriales. Le parlementarisme intrinsèque à
l’Etat camerounais s’est traduit dans les institutions financières après le
développement des pouvoirs des assemblées locales. Cependant, pour certains
auteurs342 lorsque le régime parlementaire disparaît, les institutions financières
locales restreignent le pouvoir des Collectivités territoriales au profit du
pouvoir central. L’orientation actuelle du régime politique camerounais
marquée par l’accroissement du pouvoir exécutif, suscite à son tour sur le plan
local, une nette résistance, au nom des libertés locales et des pouvoirs financiers
des communes et des régions.
341
ONDOA (M.), « une résurrection : le régime parlementaire camerounais », Anales de la
Faculté de Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Douala, n° 2, juin-décembre
2002, pp. 7- 42.
342
BOISSEAU (S.), Espagne, éd. Marcus, 2006, p. 12.
105
Paragraphe II : L’approbation du budget de l’autorité de
tutelle un organe accoucheur du budget local
343
BOUVIER (M.), Finances publiques.., op. cit., p. 11.
344
Art. 47, loi n° 2009/011, op. cit.
345
DANTONEL (N.), Droit des Collectivités territoriales, 3e éd., Paris, Bréal, lexifac économie
Droit, 2007, p. 217.
106
Collectivités territoriales, on s’aperçoit qu’il ne se pose plus dans les mêmes
termes346. L’équilibre des budgets locaux, qui commande l’exercice des
pouvoirs de tutelle, s’entend exclusivement comme un équilibre comptable347,
qui entraîne l’obligation de considérer les recettes et de les fixer avant les
dépenses348, contrairement au principe retenu pour le budget de l’Etat. Avec
prudence, il est nécessaire de préciser cette notion d’équilibre, c’est par
l’examen des recettes349 qu’il faudra aborder l’analyse des budgets locaux dans
leur portée.
346
Art. 47 (2), Loi n° 2009/ 011, op. cit.
347
NZE BEKALE (L.), Introduction aux finances …, op.cit, p. 22 et BOUSSAT (F), Guide
pratique de gestion …, op. cit., p.135.
348
Les crédits inscrits, les dépenses obligatoires doivent être suffisants.
349
L’analyse se fera dans la 2nde partie.
107
sa participation est insuffisante et il hypothèque la liberté des Collectivités
locales de disposer de leurs ressources. En France, lorsque l’Etat alloue aux
communes une indemnité pour l’organisation de consultations électorales,
élection et référendum ; cette indemnité, forfaitaire, est calculée à la fois
d’après le nombre des sections de vote, d’isoloirs, et d’élection inscrits350. Les
frais réels supportés par la commune, pour chaque élection, compte tenu en
particulier du paiement des heures aux tarifs des jours fériés et du travail de
nuit, dépassent largement cette indemnité ; l’équilibre réel des budgets locaux
devrait s’établir abstraction faite de ces dépenses d’intérêt national351.
Il faut songer d’autre part à l’équilibre des budgets locaux à l’égard des
contribuables locaux. Sans nous attarder sur l’intégralité des charges fiscales
locales352 dues au fait qu’il existe des communes « riches » et des
communes « pauvres », on constate en effet que toutes les Collectivités locales
ne sont pas dans les conditions identiques pour trouver les ressources
nécessaires afin d’assurer leurs charges353. Un seul exemple important et actuel
permet de deviner le déséquilibre qui en résulte pour les contribuables locaux.
Il tient à la situation démographique des communes et apparaît avec les
communes de Yaoundé I, lorsque survient, généralement pour des causes
étrangères à la commune, une élévation brutale de la population locale, et avec
les communes dans les provinces de l’Ouest et du Nord-ouest, lorsque le
voisinage d’une grande ville conduit sa population active à s’établir en
banlieue. Dans ces hypothèses, les charges qui pèsent sur les budgets locaux,
notamment en matière d’urbanisme, voirie, transport, distribution, ne peuvent
être couvertes par la fiscalité locale. Un certain équilibre, au profit des
350
Rapport sur l’organisation déconcentrée de l’État, MINATD, 15 décembre 2007.
351
YATTA (P.-F.), La décentralisation fiscale en Afrique enjeux et perspectives, Paris,
Karthala, 2009, p. 10 et ss.
352
V. supra, partie II, Titre I
353
Ibid.
108
contribuables locaux, ne peut s’établir que par un réaménagement des
ressources locales, ou par un étalement des charges au-delà des limites de la
commune recherchée par exemple, avec la formule des districts urbains354.
354
Ibid.
355
Art. 47, Loi n° 2009/ 11, op. cit.
356
Cf. section I, paragraphe I (A).
357
MONTESQUIEU, L'esprit des lois, t. I, Garnier Flammarion, 1979, pp. 298-299.
109
organe à l’acceptation d’un autre organe358. Chronologiquement, cette
acceptation peut s’exprimer au stade de l’initiative de la décision359, dans le
cours de l’exercice du droit d’initiative ou enfin au terme de la procédure
lorsque la décision est formée et avant qu’elle ne vienne modifier
l’ordonnancement juridique.
358
Ibid.
359
MONTESQUIEU affirmait : « Le corps législatif ne doit point s'assembler lui-même. Car,
un corps n'est censé avoir de volontés que lorsqu'il est assemblé ;... » Ibid., p. 197 et 299.
360
Pour l'élaboration de la norme première, cette technique existe en France dans le cadre du
régime des sessions et de l'ordre du jour, concernant le droit d'exercice du droit d'initiative; et
des irrecevabilités, concernant l'exercice du droit d'initiative.
Concernant les communes et la première hypothèse L. MORGAND remarque que « d'après le
système de la loi de 1855, toute session extraordinaire devait être autorisée » permettant ainsi
une approbation du droit d'exercice, du droit d'initiative, La loi municipale, t. I, Berger-
Levrault, 1963, p. 37.
361
REGOURD (S.), L'acte de tutelle en droit administratif français, Paris, L.G.D.J., 1982, p.73.
362
CORNU (G.), Vocabulaire juridique…op. cit., p. 255.
363
CHAVRIER (G.), Les nouveaux mots de la décentralisation, analyse rhétorique d’une
réforme, colloque, Université Paris-I, Panthéon Sorbonne, GIS-GRALE-CNRS, p. 3 et p. 150.
110
conditions, cet agrément peut ne pas convenir à la personne autorisée à la faire
et elle pourra alors renoncer à exercer son droit d'initiative.
364
Art. 52 et 53, Loi n° 2009/ 11 , op. cit.
365
REGOURD (S.), L'acte de tutelle …, op. cit., p. 131.
366
Ibid.
367
Le mot vient du terme latin " sancire " qui signifie consacrer et par extension, il exprime
l'idée d'une confirmation. Ce faisant je distingue le mot " véto " qui exprime le résultat d'une
action: le refus de la " la sanction ".
368
REGOURD (S.), L'acte de tutelle …, op. cit., p. 131.
111
préalable369, en ce que le droit d'initiative ne pourra s'exprimer du fait de
l'absence de réunion de l'assemblée et un caractère subséquent en ce qu'elle
sanctionne l'initiative de la convocation de ladite assemblée.
369
Art. 47, Loi n° 2009/ 11, op. cit.
370
YATTA (P.-F.), La décentralisation fiscale en Afrique enjeux et perspectives, op. cit.,
p. 135.
371
En France, L'approbation peut résulter de l'écoulement d'un délai. Ainsi article L.121-31 du
code des communes prévoyait que les délibérations des Conseils municipaux étaient
exécutoires quinze jours après leur dépôt auprès de l'autorité supérieure, si pendant ce délai, le
Préfet ne les déclarait pas nulles de droit ou ne les annulait pas pour confusion d'intérêts entre la
Collectivité et l'un de ses membres (art. L121-35). Au Cameroun, Art. 48, Loi n° 2009/11, op.
cit.
372
Art. 46, Le budget de la Collectivité territoriale est approuvé par arrêté de l'autorité de tutelle
compétente dans le délai de quinze (15) jours suivant la date formellement justifiée de son
dépôt. Cette approbation lui confère le caractère exécutoire.
112
REGOURD373 a démontré que ce que l'on appelait par commodité
« approbation implicite », c'est-à-dire l'absence de manifestation d'un refus
d’approbation dans un certain délai de temps n’avait pas le caractère d’une
décision d’approbation374, le délai est donné pour qu'une décision expresse de
refus d’approbation soit le cas échéant notifiée mais son écoulement sans celle-
ci ne fait pas naître une décision d’approbation375. En ce qui concerne la
question de l’organisation du pouvoir normatif, ce que l’on appelle approbation
tacite, montre bien qu’empêcher n’est qu’une faculté dont l’expression peut être
encadrée dans le temps ou dans la forme376.
373
REGOURD (S.), L'acte de tutelle…, op. cit., p. 75.
374
Ibid.
375
Albin Le Rat de MAGNITOT, DELAMARRE Huard (XXX), Dictionnaire de droit public
et administratif, contenant: l'esprit des lois,Conseil d'état, France. Cour de cassation, version
électronique, Paris, 1841, https://books.google.cm/books? L’approbation des budgets locaux.
376
Ibid.
377
MONTESQUIEU, L’esprit…, op. cit., p. 300.
378
EISENMANN (Ch.), Centralisation – décentralisation, Paris, L.G.D.J., 1948, p. 152.
379
Ibid.
380
REGOURD (S.), L'acte de tutelle…, op. cit., p. 160.
113
Comme le constate Saint REGOURD, la « substitution n'est possible qu'à
propos d'actes prescrits par la loi »381 ou qu'elle exige une mise en demeure
préalable, ceci n'est pas indifférent, on le verra à la situation de la faculté de
statuer locale.
381
Ibid., p. 161.
382
GROSHENS (J.-C.), « Le pouvoir des supérieurs hiérarchiques sur les actes de leurs
subordonnés », A.J.D.A., 1966, p.155.
383
Ibid., p. 148; cf. sur le retrait des actes administratifs DELVOLVE (P.), L'acte administratif,
Paris, SIREY, 1998, p. 251 et ss.
384
Ibid.
385
Son but.
386
Son moyen.
387
REGOURD (S.), L'acte de tutelle en droit administratif français, op. cit., p. 75.
114
L'élaboration d'une norme par plusieurs organes ne conduit pas
nécessairement à reconnaître à chaque phase de cette élaboration, l'existence
d'une norme388. De ce fait la sortie du budget par plusieurs organes ne conduit
pas nécessairement à reconnaître à chaque étape de son élaboration, l’existence
du budget local. Malgré la diversité des interventions, l'unicité de l'acte est
maintenue grâce à la faculté d'empêcher que détient le juge administratif389.
Le budget local ne peut être rendu public sans l’approbation du Préfet390, de
même que le Préfet ne peut approuver que ce qui a déjà fait l’objet du vote par
l’organe délibérante391. C’est le mécanisme du poids et du contre poids local.
388
THALINEAU (J.), Essai sur la centralisation et la décentralisation : Réflexion à partir de
la théorie de Charles .EISENMANN, th. présentée et soutenue le 12 fev.1994 et publiée par
HAL en 2009.
389
Ibid.
390
L’approbation de l’autorité de tutelle confère au budget voté par l’assemblée délibérante un
caractère exécutoire.
391
Art. 41, Loi n° 2009/ 11, op. cit.
392
KELSEN (H.), Théorie pure du droit, Paris, DALLOZ, 1962, p. 343.
393
EISENMANN (Ch.), Cours de droit administratif, t. II, Paris, L.G.D.J., 1983, p. 681.
115
incomplètement, sur la création de la norme »394. Il en est de même du budget
local. En écrivant que l'acte juridique c'est « l'acte lui-même envisagé en tant
qu'opération, c'est-à-dire en tant qu'ensemble de faits et gestes à accomplir
pour parvenir au résultat défini, c'est à dire l'apparition d'une norme juridique
... »395, Charles EISENMANN montre bien que c'est l'ensemble des deux actes
qui pourrait recevoir la qualification d'acte juridique et non l'un et l'autre.
En fait, obnubilés par l'idée qu'un budget va naître, les auteurs en font le
fruit d'un acte juridique. En s'élevant contre la confusion norme-acte juridique
Hans KELSEN397 et Charles EISENMANN398 avaient prévenu contre cette
réduction selon laquelle une norme ne saurait émerger que d'un acte juridique.
Pourtant ils n'ont pas été à l'abri de cette confusion-réduction comme le montre
le propos de Charles EISENMAN faisant de l'acte juridique « l'ensemble des
faits et gestes » conduisant à la norme. Pour sortir de l'impasse, il faut revenir à
la définition de l’ordre juridique.
394
REGOURD (S.), L'acte de tutelle ..., op. cit., p. 370.
395
EISENMANN(Ch.), Cours de droit administratif, t.1, L.G.D.J., 1983, p. 395.
396
REGOURD (S.), L'acte de tutelle …, op. cit, p. 371.
397
KELSEN (H.), Théorie pure du droit, op. cit., p. 343.
398
EISENMANN (Ch.), Cours de droit administratif, op.cit., p. 375.
116
En considérant l’ordre juridique comme un système de justification dans
lequel les actes humains reçoivent le titre de normes en conformité avec une
norme préexistante ou avec une procédure établie, Michel TROPER399 montre
que l’opération de justification débouche sur l’unité : LA NORME, mais celle-
ci peut être le résultat de plusieurs confrontations de l’acte postulant au titre de
norme avec la réglementation juridique, c’est-à-dire avec l'arsenal de
justification.
399
TROPER (M.), Système juridique et Etat, t. XXXI, Archives de philosophie du droit, Paris,
SIREY, 1986, p. 41.
400
AMSELEK (P.), L'acte juridique selon EISENMANN (Ch.), t.XXXII, Archives de
philosophie du droit, Paris, SIREY, 1987, p. 322.
401
Ibid., p. 316, L'auteur définit l'acte juridique comme " un acte de parole, de diction ".
402
Ibid., p. 323.
403
Ibid.
404
CHAPUS (R.), Droit administratif général, Paris, Montchrestien, 1992, p. 753 et p. 799 et
ss.
117
L'existence juridique des actes de tutelle ou sous tutelle établie par Saint
REGOURD démontre l'exercice de ces fonctions sociales dirigeantes et autorise
donc à qualifier les actes de tutelle et sous tutelle, d'actes juridiques405.
N'étant pas des normes, ces actes juridiques peuvent-ils prescrire des
conduites aux hommes ? Peut-il y avoir deux types d'actes prescriptifs de
conduite, les normes juridiques et certains actes juridiques ? La thèse de Roger
Gerard SCHWARTZENBERG en apporte la démonstration406.
405
REGOURD (S.), L'acte de tutelle …, op cit., p. 77.
406
V. SCHWARTZENBERG (R.G.), L'autorité de chose décidée, Paris, L.G.D.J., 1969.
407
EISENMANN (Ch.), Centralisation - Décentralisation, op. cit., p.76.
408
Art. 47, Loi n° 2009/ 11, op. cit.
409
Art. 48, Loi n° 2009/ 11, op. cit.
410
REGOURD (S.), L’acte de tutelle en droit administratif français, Paris, LGDJ, 1982, 539 p.
118
intègre le pouvoir de substitution à la tutelle, c'est-à-dire l'assimile à un
contrôle.
411
Ibid., p.147 et ss.
412
CHAPUS (R.), Droit administratif général, Montchrestien, 15éme éd.,1988, p. 254 et ss.
VEDEL (G.) et DELVOLVE (P.), Droit administratif, t. II, Paris, P.U.F., coll. THEMIS, 1990,
p. 392 et ss.
413
EISENMANN (Ch.), Centralisation - Décentralisation, op. cit., p. 151 et ss.
414
CHAPUS (R.), Droit administratif général, op. cit., p. 257.
415
VEDEL (G.) et DELVOLVE (P.), Droit administratif, op.cit., p. 397.
119
REGOURD a parfaitement souligné la curiosité du raisonnement de la doctrine
sur la substitution416. La substitution n’induit pas l’immixtion de l’autorité de
tutelle417.
416
REGOURD (S.), La notion de tutelle …, p. 157.
417
Jugement n°86 /2002-2003 du 24 avril 2003, Commune rurale d’Angossa c/ Etat du
Cameroun.
418
Décret n°94/199 du 07 Octobre 1994 portant statut général de la fonction publique.
419
EISENMANN (Ch.), Centralisation - Décentralisation, op. cit., p. 153.
420
Art. 46 de la loi n°2009/011, op.cit.
421
Ibid., Art. 48 (1).
120
Pendant la suppression ou la durée de la dissolution suivant le cas,
l’autorité de tutelle compétente reconduit le budget par douzième provisoire422 ;
le budget ainsi reconduit est exécuté par une délégation spéciale jusqu’à la mise
en place d’un nouvel organe délibérant, de même jusqu’au vote et à
l’approbation du budget, l’autorité de tutelle reconduit le budget de l’exercice
précédent par douzième provisoire423.
422
Ibid.
423
Ibid., Art. 42 (4).
424
LUCHAIRE (F.), « L'Union européenne et la Constitution », R.D.P.,1992, p. 972.
425
Ibid., p. 973.
121
état de cause, le « détournement de procédure »426 que constituerait le recours à
l'article 38 aujourd'hui, serait plus encore avéré. Le législateur ayant toujours
consulté les assemblées territoriales avant d'autoriser le Gouvernement à
légiférer par ordonnances427, il serait surprenant qu'il ne poursuive pas dans
cette voie, même si la lettre de l'article 74 semble exclure le recours aux
ordonnances. Si cet article est appliqué strictement, le domaine dans lequel la
loi organique sera nécessaire, s'étendra fort loin puisque selon l'article 74, les
lois organiques « définissent notamment les compétences de leurs institutions
propres ». L'adverbe « notamment » ouvre des perspectives difficiles à
apprécier. Ainsi, et au regard des statuts de la Nouvelle Calédonie ou de la
Polynésie française, qui confèrent aujourd'hui à ces territoires une compétence
générale et à l'Etat une compétence d'attribution, on s'aperçoit que tout ce qui
affectera cette situation exigera une loi organique.
426
LUCHAIRE (F.), « Le statut constitutionnel de la France d'outre-mer », A.J.D.A., 1992,
p. 541.
427
Ibid.
122
Section II : Les pouvoirs des CTD en matière de dépenses
locales
428
D’abord, la liberté de dépenser des Collectivités territoriales s’exerce dans un cadre
budgétaire strict défini par l’Etat. L’existence d’un budget, c’est-à-dire d’un état prévisionnel
de recettes et de dépenses est déjà en soi contraignante. ESSONO OVONO (A.), L’autonomie
financière des Collectivités locales en Afrique noire francophone. Le cas du Cameroun, de la
Côte-d’Ivoire, du Gabon et du Sénégal, op. cit., p. 12.
429
GAUDEMET (P.M.) et MOLINIER (J.), Finances publiques, Paris, Montchrestien, 1996,
p.176.
430
Pour permettre la rémunération du plus humble des fonctionnaires ou pour assurer la
dotation des pouvoirs publics.
123
présente le même caractère de nécessité. Cette égalité et cette nécessité des
dépenses conduisent également à aborder l’acte budgétaire par leur prévision et
leur autorisation, sans se soucier des recettes que l’Etat établira ensuite à sa
guise pour faire face à la masse des dépenses. Il n’en est pas de même pour les
Collectivités territoriales. Bien que celles-ci soient des Collectivités de droit
public, dotées de prérogatives et de pouvoirs d’autorité, elles ne jouissent pas
plus que les simples particuliers d’une faculté de dépense illimitée. La gestion
de leurs finances est dominée par deux règles capitales qui donnent à leurs
budgets des caractères tout différents de ceux que présente le budget de l’Etat ;
la règle de la hiérarchie des dépenses432, d’une part, et la règle de l’équilibre du
budget, d’autre part. Cette dernière règle ayant déjà fait l’objet d’analyse, la
suite de l’étude s’étendra beaucoup plus sur la première règle.
En effet, comme le souligne Michel BOTTIN, « la pratique budgétaire
est d’abord une auto- discipline que l’Etat finira par imposer aux pouvoirs
locaux. Là commence l’histoire de l’infériorité locale en matière budgétaire ; au
niveau de l’obligation toute naturelle pour nous, d’avoir un budget »433.
431
Pour les travaux les plus modestes d’entretien ou pour les travaux les plus importants de la
défense nationale, ou des programmes d’investissement.
432
Conseil de l’Europe, gestion financière des Collectivités locales ; le cas de la France, 1993,
p. 28.
433
BOTTIN (M.), « L’autorisation budgétaire », in Histoire du droit des finances publiques,
vol. III, Les grands thèmes des finances locales, sous la direction de H. Isaia et J. Spinder,
Paris, Economica, 1988, p. 98.
124
2009 laisse entrevoir l’étendue diversifiée des CTD en matière de dépenses.
Une liberté variante en fonction des catégories de dépenses.
434
Ibid.
435
Ibid.
436
ISALA (H.) et SINDLER (J.), l’histoire du droit des finances publiques, vol. III, Université
de Nice, centre de finances publiques, 1988, p. 492.
437
MARTINEZ (J.C.), L’ambiguïté de l’autonomie financière…, op. cit., p. 40.
438
Art. 29, Loi n° 2009/11 du 10 juillet, op. cit.
439
ISALA (H.) et SINDLER (J.), l’histoire du droit des finances publiques, op. cit., p. 493.
440
Conseil de l’Europe, gestion financière des Collectivités locales … op.cit., p. 29.
125
Toutefois la condition de la légalité d’une telle dépense est qu’elle
correspond en réalité à un intérêt public local. La loi de 2009 énonce en
substance que les dépenses locales doivent obéir aux dispositions du code des
marchés publics441. Le même texte de loi restreint l’autorité du chef de
l’exécutif, ce dernier ne peut contraindre le receveur de la Collectivité
territoriale à viser ou à payer des dépenses en violation des prescriptions
prévues par la loi442. La Chambre des comptes dans une décision du 14 juillet
2012 a engagé les responsabilités personnelles et pécuniaires du comptable
pour avoir attribué des avantages indus aux responsables de la commune au
motif d’un défaut de bases légales443. Aucune dépense soit-t-elle facultative ne
doit être faite en dehors du budget, et ne peut donc être effectuée après que le
budget a été voté sur la base de la petite liberté de dépenses dont disposent les
Collectivités.
Si la liberté des Collectivités est plus grande dans cette catégorie, il n’en
est pas de même pour les autres catégories de dépenses.
441
L’art. 66, Loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009, op. cit.
442
Ibid., Art. 71.
443
Arrêt Biwong Bulu.
444
Art. 29, Loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009, op. cit.
126
2- Les dépenses obligatoires, un moyen d’obtention de
l’équilibre du budget local
445
Ibid., Art. 27.
446
Ibid., Art. 28.
127
En France, de manière tout aussi pragmatique, dès lors qu’une dépense
est obligatoire en vertu d’une disposition légale447 mais qu’il existe une
contestation sérieuse sur son principe et sur son montant, la CRC peut
parfaitement constater son caractère obligatoire448. La Cour administrative
d’appel de Nancy est venue illustrer ce principe de fort belle manière. Dans un
arrêt du 1er juin 2006449elle est venue rappeler que, même un acte notarié ne
pouvait contraindre une Collectivité à exécuter une dépense qu’elle contestait
sérieusement. La législation camerounaise est muette sur cette question. Les
faits de l’espèce étaient extrêmement clairs450. Elle énonce : « Qu’il s’ensuit
que la seule circonstance qu’une dépense soit due aux termes d’un acte notarié
ne saurait la faire regarder comme obligatoire au sens des dispositions L 1612-
15 du CGCT si celle-ci fait l’objet d’une contestation sérieuse.» Ainsi, et de
manière constante, il est jugé que la contestation sérieuse peut s’opposer au
caractère obligatoire de la dépense. Et, dans la présente espèce, la Cour
administrative d’appel de Nancy vient caractériser le caractère sérieux de la
contestation en estimant que l’écart entre d’une part le prix fixé par l’acte de
447
Les dépenses nécessaires à l’acquittement des dettes exigible et celles désignées
expressément par la loi relèvent d’un régime juridique sévère, avec inscription d’office avec
mise en demeure de la chambre régionale des comptes et mandatement d’office par le Préfet.
PICARD (J.F.), Finances locales, litec, 2009, p. 164.
448
Conseil d'Etat du 7.01.2001 Syndicat Intercommunal du Val de Sambre, requête n° 229042.
449
N° 04NC00652.
450
Une Collectivité avait passé un acte pour l’acquisition de diverses parcelles de terrain
appartenant à des propriétaires particuliers dont la vente avait été conclue par acte authentique
en date du 8 mars 2001. La nouvelle municipalité a refusé d’ordonnancer la dépense
correspondante. Les particuliers ayant procédé à la vente de leurs terrains ont sollicité monsieur
le Préfet pour que la dépense soit mandatée d’office. Le Préfet a mis en demeure la Commune
de régler la somme litigieuse. La commune par une délibération du 28 février 2002 a supprimé
les crédits susceptibles de permettre le règlement de cette dépense. Un contentieux a été élevé
en annulation de cette délibération, rejeté par le Tribunal Administratif puis par la Cour. Dès
lors, les vendeurs malheureux ont saisi la CRC d’une demande tendant à reconnaître le
caractère obligatoire de la dépense. La CRC a refusé de reconnaître ce caractère obligatoire et,
de manière encore plus précise, a déclaré non obligatoire la dépense en cause. Le Tribunal
administratif a confirmé cet avis de même que la Cour administrative d’appel dans des
considérants qui sont particulièrement clairs.
128
vente et d’autre part l’estimation faite par le service des Domaines permettait
par ce seul constat de dire sérieuse la contestation portée.
Ainsi, l’acte notarié et les mentions ont été combattus par les
appréciations pragmatiques portées sur ce dossier. L’on ne peut s’empêcher de
faire un lien entre cet arrêt et celui qui a été très récemment rendu par le
Conseil d'Etat en matière de vente des parcelles dépendantes du Domaine privé
par la commune. Dans une décision451 du 25 novembre 2009, Commune de
Mer, le Conseil d'Etat a rappelé que seule la démonstration d’un intérêt
communal ou propre à la Collectivité venderesse permet de vendre à un prix
sensiblement inférieur à l’évaluation du service des Domaines. Ainsi, dans
l’arrêt de la Cour administrative d’appel de Nancy452 du 1er juin 2006 relatif
au caractère obligatoire d’une dépense, l’on peut faire un lien avec les
modalités plus générales de gestion de leur domaine public par les Collectivités
et de gestion des deniers publics par les Collectivités. Le juge des comptes
camerounais s’est plutôt prononcé sur les cas des dépenses effectuées sans que
cela ne soit prévu dans le budget, en sanctionnant de ce fait l’action de
l’ordonnateur et du comptable453.
451
décision n°310208 du 25 novembre 2009.
452
Arrêt n° 04NC00652 du 1er juin 2006 relatif au caractère obligatoire d’une dépense
453
Ch.C/CS, arrêt n° 72/D du 14 juin 2012, Comptes de la commune rurale de BIWONG
BULU, exercice 2007.
454
V. GORSONI, Les dépenses obligatoires, in Histoire du droit des finances publiques, vol II,
Economica, 1988, PHILIP (L.), « Les garanties constitutionnelles du pouvoir financier local »,
RFDA, mai-juin 1992, p. 460.
455
MARTINEZ (J.C.), Droit budgétaire, litec 1999,p. 43.
129
L’obligation d’assurer ses dépenses obligatoires soit en recouvrant à des
affectations de recettes, qui sont en principe inconnues dans le budget de l’Etat,
soit plus efficacement, en empêchant les administrations locales à se soustraire
à ces dépenses obligatoires grâce au régime de l’inscription d’office ou
impératives456 : si ces dépenses n’étaient pas prévues et autorisées par le budget
local, elles y seraient inscrites par l’autorité chargée en vertu de la tutelle
administrative de régler ce budget.
456
Art. 27, Loi n° 2009/11 du 10 juillet 2009 op. cit.
130
Cet équilibre exige enfin une concordance des recettes et des dépenses
non seulement dans leur volume total, mais aussi par nature ou par catégories :
c’est ce qui est assuré par la distinction dans le budget des sections ordinaires et
extraordinaires qui doivent chacune s’équilibrer. Ces deux sections
correspondent d’une part aux recettes et dépenses à caractère permanent,
d’autre part aux recettes et dépenses « qui par leur nature ne paraissent pas
susceptibles de se reproduire tous les ans »457. Il en résulte que la nature
ordinaire ou extraordinaire d’une dépense peut varier d’une commune à
l’autre : les crédits de grosses réparations pour bâtiments communaux ou pour
réfection des chaussées sont des dépenses ordinaires pour les grandes
communes, qui ont à faire face à ces travaux d’une façon permanente, mais ce
sont des dépenses extraordinaires pour une petite commune. Une troisième
catégorie de dépense reste à analyser.
Cependant, le volume trop important des dépenses obligatoires vide
l’autonomie financière matérielle de toute substance. Comme l’écrit Loïc
PHILIP, « l’autonomie budgétaire suppose que les dépenses obligatoires
auxquelles les Collectivités territoriales sont contraintes ne soient pas
excessives »458.
457
BOUSSAT (F.), Guide pratique de gestion des EPLE, t. I, ESF, 2001, p. 135.
458
PHILIP (L.), « L’autonomie financière des Collectivités territoriales », Cahiers du Conseil
constitutionnel, n°12, http://www.Conseil-constitutionnel.fr. 45 Voir décision n° 90-274 DC, du
29 mai 1990, Recueil de jurisprudence constitutionnelle I, p. 403.
459
MARTINEZ (J.C.), L’ambiguïté de l’autonomie financière…, op. cit.,p. 45.
131
Un autre argument avancé par jean Claude MARTINEZ pourrait
prendre le contre-pied de la position de la majorité de la doctrine. « En réalité,
le pouvoir de décision budgétaire peut être contraint, quand des dépenses sont
obligatoires ». Aussi, si le pouvoir de dépenser des Etats peut être lui-même
contraint puisque dans certains cas aux Etats-Unis460 par exemple avec le
congressional budget and impoundment control act du 12 juillet 1974 il
n’aurait pas la possibilité de dépenser, pour les mêmes Collectivités territoriales
des dépenses obligatoires peuvent exister, avec l’obligation d’office de ces
dépenses au budget de la Collectivité qui ne les auraient pas programmées.
460
Ibid., p. 41.
461
Art. 55 (2) de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
132
action ou une compétence. En effet, le sens général accordé au terme de
l’interdit suggère un impératif qui prohibe certains actes, faits ou activités.
D’origine législative, réglementaire ou judiciaire, cette mesure priverait les
Collectivités de leur faculté d’exercer certains droits, certaines activités ou
certaines fonctions. Il serait contraire à la libre administration des Collectivités
locales, s’il n’y a pas en principe de plafonnement de la dépense locale, les
Collectivités territoriales sont tenues de ne pouvoir inscrire en dépense que des
montants qu’elles sont susceptibles de budgétiser en ressources462. Or, la liberté
est loin d’être totale pour ces dernières, les impôts locaux ne représentent
qu’une partie des recettes budgétaires locales, la part des dotations et des autres
transferts étatiques étant en effet considérables.
462
Principe de l’équilibre budgétaire.
463
Art. 30, loi n°2009/011 op. cit.
464
BOUDET (J.-F.), « Les dépenses interdites », R.I.inter., p. 172.
133
législateur ne portent pas véritablement atteinte à la libre administration des
Collectivités locales au sens d’une capacité juridique d’action en matière de
dépenses : la Collectivité locale doit en effet avoir des « attributions
effectives »465. Le thème de l’interdit reste alors limité à ce cadre, au risque de
discuter d’une organisation de l’Etat incompatible avec la tradition
centralisatrice du Cameroun. C’est dès lors formuler une défense pour
emprunter les termes de Jean François BOUDET466. C’est également
comprendre l’effet de l’Etat unitaire sur le comportement dépensier en lui-
même des Collectivités locales467.
465
Ibid.
466
Ibid, p. 173.
467
Ibid.
468
le contrôle de légalité.
134
particulier469 qui voit l’intervention du Préfet en liaison avec la Chambre des
comptes470.
Cette référence dans le discours juridique fait écran et a pour effet de
masquer cette réalité à la connaissance de tous qu’est la confusion sémantique
et savamment entretenue entre décentralisation et déconcentration dans la
même institution. Le domaine de l’interventionnisme public n’est certainement
pas exempt de ce désordre. En réalité, déclare Jean François BOUDET, cette
délimitation des dépenses interdites des Collectivités locales relève d’une
construction progressive du droit de ces entités allant bien au-delà de toute
politique affichée de décentralisation et/ou de déconcentration471. Cette logique
paraît difficile à équilibrer en matière financière et les paramètres – pour ne pas
dire les paradigmes – politiques (locaux et nationaux) et la conjoncture
économique et financière sont des éléments indispensables à la compréhension
du présent sujet. Il appartient même parfois au législateur et souvent au juge
d’établir une frontière sur ce qui est légalement envisageable de ce qui ne
l’est pas : les dépenses des Collectivités locales sont interdites lorsqu’elles sont
expressément prohibées par la loi ou lorsqu’elles ne correspondent pas à un
intérêt public relevant de cette Collectivité472. Le principe pourrait paraître
suffisant si son application restait simple. Il en est différemment et les dépenses
interdites des Collectivités locales ne peuvent se justifier qu’en considérant la
469
le contrôle budgétaire.
470
La classification des dépenses interdites est imprécise. Ainsi, si l’article 2 de la loi du
9 décembre 1905 relative à la séparation des Eglises et de l’Etat énonce la non-reconnaissance
des cultes et l’abstention financière des pouvoirs publics à l’égard des cultes, cette interdiction
ne concerne ni le financement des travaux des églises faisant partie du domaine communal, ni
la faculté de participer aux dépenses d’entretien et de réparation des édifices du culte construits
après l’entrée en vigueur de la loi de séparation et dont les communes ne sont pas propriétaires.
De même, l’interdiction n’empêche pas non plus de commémorer le souvenir d’un
ecclésiastique qui est également une personnalité locale Cette thématique liée aux droits
fondamentaux et aux libertés publiques reste d’une actualité brûlante et une réforme législative
du financement culturel a d’ailleurs été annoncée par le gouvernement.
471
BOUDET (J.F.), « Les dépenses … », op.cit., p. 175.
472
Ibid.
135
tradition juridique de centralisation camerounaise et française et le contexte
politique et financier des Collectivités locales. En effet, l’Etat unitaire
décentralisé impose une seule organisation territoriale de la souveraineté. Cela
signifie que les Collectivités locales n’existent que par l’Etat et qu’elles
n’apparaissent pas dans l’ordre politique.
473
Décision du Conseil constitutionnel français n° 137 DC du 25 Février, 1982.
474
Art. 1er, de la loi Constitutionnelle du 18 janvier 1996.
475
BOUDET (J.F.), « Les dépenses … », op.cit., p. 176.
136
sur le principe de l’affectation des ressources aux dépenses. Toutefois il faudra
dans le cadre de cette analyse ressortir les limites prévues par le législateur
camerounais pour que celui-ci ne puisse entraver l’autonomie financière des
Collectivités territoriales décentralisées. La dépense locale se réalise en deux
phases, l’une relevant de l’ordonnateur qui a le pouvoir de la prescrire, l’autre
faisant intervenir le comptable habilité à payer la dépense. L’article 171 de la
loi organique relative à la décentralisation au Gabon, par exemple, est très
explicite à ce sujet puisqu’il dispose que « le budget d’une Collectivité locale
est exécuté en recettes et en dépenses par le Maire ou le président du
Conseil en leurs qualités d’ordonnateur et par le receveur de la Collectivité
en sa qualité de comptable principal ». L’article 244 du code des
Collectivités locales au Sénégal l’est beaucoup moins puisqu’il énonce
seulement que « le budget est présenté dans les conditions qui sont
déterminées par les décrets relatifs à la comptabilité publique ». C’est aussi
le cas du principe de l’unité de trésorerie que l’on retrouve dans les quatre Etats
et qui oblige les Collectivités locales à déposer tous leurs fonds disponibles au
Trésor public.
476
Art. 9, Loi de 2009 portant régime financier des Collectivités territoriales décentralisées.
477
Ibid., Art. 90(2).
478
Ibid., Art. 64.
479
V. le Décret n° 2013/160 du 15 mai 2013 portant Règlement Général de la Comptabilité
Publique.
480
Art. 65, Loi n° 2009/11 du 10 juillet 2009 op. cit.
138
plafond de l'encaisse en fonction du niveau de ressources financières et de la
nature des dépenses à régler 481. Dans ce cas un arrêté du Ministre des finances
fixe les modalités d'ouverture et de gestion des caisses d'avances toutefois, le
régisseur d'avance est désigné par l'ordonnateur et le comptable de la
Collectivité territoriale contrôle la régularité de la dépense. Il ne peut en aucun
cas en juger de l'opportunité482. Le règlement des dépenses locales se fait par
bon de caisse, virement, par chèque ou par opération d'ordre483.
481
Ibid., Art. 67.
482
Ibid., Art. 69.
483
Ibid., Art. 70.
484
Ibid., Art. 71.
485
Ibid., Art. 72.
139
Certaines dépenses peuvent, à titre exceptionnel, être engagées suivant
une procédure simplifiée, notamment par décision de l'ordonnateur. Il en est
ainsi des dépenses qui n'obéissent ni au régime de la caisse d'avance ni à la
procédure ordinaire d'engagement des dépenses486.
L’ordre public est une expression bien connue et utilisée de toutes les
branches du droit. Mais les juristes s’accordent à reconnaître qu'il s'agit d'une
notion insaisissable, à contenu variable et circonstanciel487. La conclusion que
livre Etienne PICARD à propos de l’ordre public est assez révélatrice de
l'exploitation qui peut être faite de cette notion lorsqu'il s’agit de limiter
l'exercice d'une liberté. Selon lui, « l'ordre public ne peut s’épuiser dans une
définition ni même dans une détermination écrite : il est toujours suréminent,
car, dans sa fonction, il sert de sauvegarde à l’essentiel, que personne n'a
jamais pu définir essentiellement ni déterminer exhaustivement... »488.
L'ordre public apparaît ainsi comme une « notion valise »489, par
laquelle le pouvoir central s'appuie pour disposer d'une marge de manœuvre
486
Ibid., Art. 68.
487
Cette notion a été l'objet d'une réflexion lors d'un colloque organisé les jeudi 11 et vendredi
12 mai 2000 par le Centre de recherche sur les droits fondamentaux de l'Université de Caen.
Lire à ce sujet, REDOR (M.-J.) (dir.), L’ordre public : Ordre public ou ordres publics. Ordre
public et droits fondamentaux, op.cit.
488
PICARD (E.), « Introduction générale : la fonction de l'ordre public dans l'ordre juridique »,
op. cit., p. 61.
489
Ibid.
140
pour stopper toute action des Collectivités territoriales prises sur le fondement
de leur autonomie490.
490
Ibid.
491
Art. 2 et ss. de la loi d’orientation de la décentralisation précitéé.
492
La philosophie qui sous-tend la primauté de l’Etat a pour effet de rappeler la prééminence de
l'ordre juridique de l’Etat fédéral ou de la communauté sur les divers ordres juridiques des Etats
fédérés ou Etats membres de la Communauté.
141
La LOD dispose que « les compétences transférées aux Collectivités
territoriales par l'Etat ne sont pas exclusives. Elles sont exercées de
manière concurrente par l'Etat et celles-ci, dans les conditions et modalités
prévues par la loi »493. Stricto sensu, cette disposition ne renvoie en aucun cas
à l’idée d'une concurrence « négative », mais plutôt « positive » dans l’exercice
des compétences transférées. Autrement dit, l'exercice de « manière
concurrente» des compétences transférées devrait instaurer une
complémentarité dans l'exécution de l'action publique plutôt qu'une rivalité
entre l'Etat et les Collectivités territoriales.
493
Art. 15 alinéa 2, Loi n° 2009/ 11 du 10 juillet 2009.
494
BOUVIER (M.), Les finances locales, op. cit., p. 27 et ss.
495
Lire en ce sens, les critiques formulées par BOURJOL (M), « Quel avenir pour la théologie
politique », in Nicole Lerousseau, la Décentralisation à la croisée des chemins, L'Harmattan,
2009, pp. 9-20, BARROCHE (J.), « La subsidiarité française existe-t-elle ? », projet de
communication au 7ème Congrès français de droit constitutionnel des 25, 26, 27 septembre
2008, pp. 1-19.
142
communautaire ». Toutefois, la concurrence peut être source d'abandon
manifeste de responsabilité496, de même qu'il pourrait constituer des doubles
emplois dans le cadre de la dépense publique nationale. Dans ce domaine
comme dans tout autre, la clarification exhaustive des niveaux de
responsabilités est une condition sine qua none de la réussite du processus de
décentralisation.
496
Ibid.
497
Art. 90, Loi n° 2009/ 11 du 10 juillet 2009 op. cit.
498
Ibid.
499
Art. 91, Loi n° 2009/11 du 10 juillet 2009 op. cit.
500
Ibid., Art. 92(1).
501
Ibid., Art. 92(2).
143
Le compte administratif adopté par l'organe délibérant est accompagné
des pièces annexes suivantes : procès-verbal de séance, la délibération portant
vote du compte administratif, l'état des restes à recouvrer, l'état des restes à
payer ; l'état des dépenses engagées non liquidées ; le rapport d'exécution des
projets ; l'état du matériel et immeubles acquis au cours de l'exécution du
budget correspondant ; le compte de gestion patrimoniale de l'ordonnateur-
matière. Il est approuvé par l'autorité de tutelle compétente et déposé au siège
de la Collectivité territoriale. Tout habitant ou contribuable de la Collectivité
territoriale concernée peut à ses frais, demander communication ou obtenir
copie totale ou partielle du compte administratif et de ses pièces annexes. En
cas de silence dans un délai de dix (10) jours, tout requérant peut saisir
l'autorité de tutelle qui doit lui donner suite dans un délai de soixante-douze
(72) heures.
502
Art. 93 de la loi n°2009/011 op.cit.
503
Ibid., Art. 94.
144
Le principe de la non affectation des ressources qui trouve certes son
fondement dans la loi de 2009 portant régime financier des Collectivités
territoriales décentralisées, reste confronté à la situation d’ensemble des
finances locales qui consiste en l’affectation implicite des ressources avec les
mécanismes de virement de crédit ou de spécialité de crédits.
Noyées et confondues dans leur masse, on ignore leur emploi pour une
dépense déterminée. Elle a pour but de ne pas subordonner une dépense à la
réalisation d’une recette correspondante. Toute dépense publique locale doit
être réglée sur les recettes générales du budget afin de préserver le principe de
l’égalité des dépenses publiques. Le législateur camerounais tout en voulant
préserver l’égalité des dépenses publiques locales ; garanti également leurs
inégalités avec la distinction dépenses obligatoires et dépenses facultatives ou
interdites. Elle dénie le fait que toutes dépenses publiques se justifient et se
504
Ibid., Art. 34 al. 2,3.
145
définissent par sa nécessité. Cette règle consacrée par le législateur
camerounais connaît une pléthore de dérogation. Ce sont ces différents qui ont
fait dire à certains doctrinaires505 que le droit budgétaire repose sur une
affectation de ressources.
L’Article 37 loi de 2009506 émet une restriction pour des cas des
ressources affectées comme telle. Un crédit voté pour une dépense déterminée
et qui fait l'objet d'une imputation budgétaire précise, ne peut être utilisé que
pour les besoins correspondant à cette imputation. Par dérogation à son l'alinéa
(1) ci-dessus, les virements de crédits peuvent être opérés de chapitre à
chapitre, sur délibération de l'organe délibérant approuvée par l'autorité de
tutelle compétente. Les virements de crédits d'article à article et de paragraphe à
paragraphe sont opérés par décision du chef de l'exécutif. Les virements de
crédits de la section investissement à la section de fonctionnement sont
interdits. Au cours d'un même exercice, le montant cumulé des crédits ayant
fait l'objet de virements ne doit pas dépasser 5% des crédits votés. C’est le cas
des comptes de la Commune rurale de Biwongbulu507.
505
LANDE (E.), « Améliorer la gestion locale. L'impact de la LOLF sur le secteur local », t.
26, In: Annuaire des Collectivités locales, 2006, pp. 41-53.
506
Loi n° 2009/ 11 du 10 juillet 2009 op. cit.
507
Arrêt, comptes de la Commune rurale de Biwongbulu exercice 2007 du 14/ 06/12.
146
public). Par exemple, les comptes de tiers sont gérés par le comptable public
même si la gestion du besoin en fonds de roulement et de la trésorerie relève le
plus souvent d'une action conjointe508 (au moins pour les grandes Collectivités
locales).
508
LANDE (E.), « Améliorer la gestion locale …, op. cit.
147
CONCLUSION
148
CHAPITRE II :
LA CONTRIBUTION DES CTD AU
CONTROLE DES ACTES FINANCIERS
LOCAUX
509
V. ORSONI (G.), les dépenses obligatoires, vol. II, in Histoire du droit des finances
publiques, Economica, 1988.
510
Partie II
149
Section I : Le contrôle interne et le contrôle administratif
511
KAGA LELE (J.), La complexité de la gestion des CTD : le cas de Bafoussam, Yaoundé-
Cameroun, éd. 2010, p.194.
512
Art. 94., Loi n° 2009/011, op.cit.
513
V. ONDOA (M.), La protection des dépenses d’indemnisation en Droit Administratif
camerounais, thèse 3éme cycle, Université de Yaoundé, 1998, 542 p.
150
des recettes et de la régularité des dépenses, de la conformité des opérations de
recettes et des dépenses par rapport à ses autorisations, c'est-à-dire au budget514.
L'examen suppose une vérification des pièces des recettes et des
dépenses, un contrôle de l'effectivité des réalisations faites et qui figurent dans
les dépenses tant de fonctionnement que d'investissement de la Commune,
conformément au budget voté par le Conseil municipal ou régional.
514
Correspondance budget primitif, les autorisations spéciales et les comptes hors budget.
515
Ibid., Art. 104.
516
Ibid., Art. 105 (2).
517
Art. 79 du décret 77/91 du 25 mars précité.
151
restes à recouvrer et les restes à payer et sur le solde qui se traduit, soit par un
excédent des recettes sur les dépenses, soit par un équilibre parfait entre
recettes et dépenses.
Aussi le Conseil municipal peut demander en son temps qu'il soit joint
au projet du budget communal soumis à son examen, des pièces justificatives
des dépenses. Un rapprochement peut être fait afin de vérifier la concordance
entre le budget voté et le compte administratif soumis à son approbation519.
518
Ibid., Art. 38.
519
Notamment les dépassements inacceptables de crédits, les virements. cf. du 05 Décembre
1974 sur le contrôle des ordonnateurs et gestionnaires des crédits publics, ainsi que l'article 58
du décret 77/91 du 25 Mars 1977 relatif à la tutelle sur les Communes.
520
KAGA LELE (J.), la complexité de la gestion des CTD …op.cit., p. 195.
152
approuver le compte administratif, il y aurait confusion de rôle entre le
délibérant et l'exécutif, le Conseil municipal serait alors partie et juge.
521
Art. 93 de la loi n°2009/011, op. cit.
522
LEKENE DONGFACK, Finances Publiques, op. cit, p.145.
523
Ibid.
524
Art. 94 de la loi n°2009/011, op.cit.
153
Dans le cas d'espèce, voter c'est donner son avis, son opinion sur une
gestion, cette expression est la conséquence logique de l'examen du projet
soumis, et des explications données par le gestionnaire. Et cette opinion qui
n'est donc ni préalablement arrêtée ni le résultat d'une position à priori, peut
être favorable ou défavorable.
En ce qui concerne les excédents des recettes sur les dépenses, ils sont
dus aux recettes accidentelles, aux recouvrements supérieures, aux prévisions
525
KAGA LELE (J.), la complexité de la gestion des CTD : le cas de Bafoussam, op. cit.,
p. 195.
526
Ibid.
154
dans certains chapitres. Dans ces cas le receveur municipal devrait établir les
certificats des recettes et des dépenses pour la confession du compte
administratif par l’ordonnateur. Dans le cas contraire, l’acte du receveur
pourrait être considéré comme un détournement des deniers publics, la
présentation des certificats des recettes et des dépenses est aussi une source de
contrôle du receveur municipal.
527
Art. 30 de la loi n° 2004/ 018 du 22 juillet précitée.
528
Session ordinaire et extraordinaire, commission.
155
se retire au moment du vote529. Le vote peut être secret si le 1/3 des Conseillers
en fait la demande530. C'est certainement à dessein que le législateur a dit que le
Conseil examine et adopte le compte ; il aurait pu réserver au compte
administratif une simple valeur de compte rendu. A ce moment le Conseil se
réunirait pour écouter le rapport du Maire sur sa gestion (sans possibilité de
réagir). Ce n'est pas le cas. C’est dire qu'il défend son compte, il apporterait
alors des justifications qu'on peut lui demander sur ses opérations. Sa présence
est donc active et non passive. Il doit persuader les Conseillers par une
argumentation convaincante pour avoir le quitus du Conseil pour sa gestion.
Pour des auteurs tel que KAGA LELE, le Maire, se faisant substituer
par le Préfet, serait une violation de la loi531. Le Conseil peut valider la gestion
de l'exécutif et en cas de besoin la sanctionne. Le législateur est allé plus loin
en autorisant le Conseil à prononcer si nécessaire, un blâme contre le Délégué
du gouvernement ou le Maire532.
529
du décret n° 77/91 du 25 mars 1977 sur la tutelle
530
Article 34, 2 de la loi 2004/10 du 22 Juillet 2004 fixant les règles applicables aux
Communes.
531
KAGA LELE (J.), la complexité …, op. cit., p. 196. Nous avons vu des Chefs de services
des Communes et des Préfets soutenir mordicus que les Conseils municipaux n'ont pas le droit
de rejeter des comptes administratifs même faux, mais doivent absolument les adopter, avec
tout au plus des observations. Et plus grave ils se permettent d'approuver sur la base d'une
interprétation abusive de la loi, des comptes administratifs rejetés par un Conseil municipal.
C'est un abus de pouvoir. Le législateur a prévu que les sessions du Conseil municipal peuvent
durer jusqu'à sept jours. Nous avons vu des Préfets prendre arguments de la surcharge de leurs
emplois du temps pour imposer au Conseil municipal des sessions budgétaires qui durent une
demi-matinée, car il doit présider absolument l'ouverture à dix heures et la clôture à midi. Mais
il s'agissait en réalité des moyens détournés et des subterfuges pour empêcher le Conseil d'avoir
suffisamment du temps pour examiner à fond le budget ou le compte administratif. A
Bafoussam nous avons amené notre Conseil à s'opposer énergiquement à cette pratique illégale
et prenions chaque fois, même contre les injonctions du Préfet, le temps nécessaire, trois à
quatre jours pour tenir nos sessions.
532
Fondement
156
En effet, la dépense à engager doit correspondre à la spécialité du crédit,
le crédit quant à lui, doit être disponible et suffisant sur la ligne533. Cependant,
l’engagement doit être précédé de la certification du service fait ou de la
fourniture livrée, avec toutes les pièces justificatives. Les virements de crédits
dans un budget communal en cours d'exécution font l'objet de réglementation.
Et les dépassements de crédit constituent des fautes de gestion. C’est le constat
fait par le juge des comptes dans l’arrêt commune rurale de Biwong bulu534.
En plus de l’aspect purement financier « le Conseil de la Collectivité
territoriale décentralisée délibère sur la gestion des biens, sur les opérations
immobilières effectuées par la Collectivité territoriale concernée »535. Or, au
compte administratif est annexé celui du comptable matières pour examen et
vote. C’est la loi n° 74/18 du 5 décembre 1974 sur le contrôle des ordonnateurs,
gestionnaires, gérants des crédits des entreprises publiques et des Collectivités
territoriales décentralisées qui définit ces principales irrégularités536.
533
L’article 58 du décret 77/91 précité.
534
Arrêt n° 72/ D du 14/ 06/12 compte de la Commune rurale de Biwongbulu exercice 2007.
535
Article 36 de la loi 2004/17 du 22 juillet 2004.
536
Les principales irrégularités portent notamment sur les dépenses sans crédit disponible, sans
pièces justificatives, sans visa, sans s'assurer de l’exécution effective des travaux, des
prestations, des services, ou dès la livraison effective des matières :
- Les recrutements irréguliers du personnel,
- Les modifications irrégulières de l'affectation des crédits, les dépassements et virements
irréguliers des crédits, les infractions à la passation des marchés,
- L'utilisation à des fins personnelles des agents ou des biens de la Collectivité locale, etc.
537
Circulaire n° 4930 du 29/08/88.
157
etc. C’est un droit pour le Conseil municipal de connaître de l'état du
patrimoine de la Commune538.
538
Le chef de l'exécutif communal organise ses détournements à partir de la préparation du
budget qu'il entend soumettre à l'adoption de son Conseil municipal :
- En y prévoyant des projets irréalisables, n'ayant fait l'objet d'aucune étude de faisabilité, ni
même d'un simple devis estimatif établi par un spécialiste de l'ouvrage envisagé ;
- En gonflant l'estimation pour préparer la passation des commandes qui seront surévaluées le
moment venu ;
- En prévoyant des recrutements fictifs.
539
En proposant au cours de l'exécution du budget des virements des crédits pour renflouer les
chapitres ou les articles dans lesquels il veut aménager des opérations de détournement. Cela
est d'autant plus grave que le magistrat municipal le fait quelque fois avec le concours et la
complicité de l'autorité de tutelle qui à ses visées personnelles sur l'exécution futur du budget.
Le concours technique du service régional des Communes est acquis
540
LEKENE DONGFACK, Finances Publiques…, op.cit.
158
après mise en demeure sans succès, modifier d'office le projet de budget. Dans
les cas de l’équilibre du budget, provision pour les dépenses obligatoires,
suppression des dépenses irrégulières, dépassement des ratios légaux.
541
Art. 41 et art. 42 de la loi portant régime financier des CTD de 2009.
542
V. développement antérieure, chapitre I, section I.
543
Art. 60 de la loi du 10 juillet 2009, op.cit.
159
forme des comptes et les justificatifs y relatifs sont déterminés par voie
réglementaire544.
544
Ibid., Art. 97.
545
GAUDEMET (P.-M.), Finances Publiques, op. cit., p. 73.
546
La loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
547
La révision constitutionnelle du 14 février 2008.
548
Art. 106 de la loi du 10 juillet 2009, op.cit.
549
PAVIA (M.-L.), Les transferts des compétences aux Collectivités locales aujourd’hui et
demain, Paris, Harmattan, 2010, p. 55.
160
Le Conseil d’Etat français dans son rapport public 1993 intitulé,
« Décentralisation et ordre juridique » donne une définition plus élargie du
principe de la libre administration. Aussi, dit-il : « S’administrer librement c’est
conduire sans être soumis à des contraintes excessives et sans interférer avec
les pouvoirs législatif, gouvernemental et judiciaire, diverses catégories
d’opération, et prendre dans les mêmes conditions diverses catégories d’actes
eu égard à leur caractère administratif, peuvent faire l’objet d’un encadrement
par la loi et d’un contrôle par le juge administratif »550. En effet, le contrôle
exercé par l’Etat s’il contribue à assurer la prééminence des intérêts nationaux
sur les intérêts locaux, il fait toutefois prévaloir l’unité de l’ordre juridique
camerounais. Il doit cependant être concilié avec le principe de libre
administration.
550
Rapport public, 1993, « Décentralisation et ordre juridique », Le Conseil d’Etat français,
p. 2.
551
SIETCHOUA (C.), « La reforme inachevée du contrôle juridictionnel des comptes au
Cameroun (commentaire de la loi n°2003-005 du 21 avril 2003 fixant les attributions,
l'organisation, et le fonctionnement de la chambre des comptes de la cour suprême) », Juridique
périodique, n° 59.
552
FABRE (F.), Le contrôle des finances publiques, Paris, PUF, 1968, 204 p.
161
légalité, la sincérité voire l'opportunité des actes administratifs au-delà de ce
qu’autorisent les besoins strictement étendus de sa juridiction»553.
Elles sont infligées soit par l'autorité de tutelle, soit éventuellement par
le Conseil municipal ; par la tutelle. Ce sont respectivement : le blâme, la
suspension, la révocation, et la déchéance. Par le Conseil municipal, il s’agit du
rejet technique des comptes, le blâme, le vote de la déchéance557.
Le décret 77/91 du 25 mars 1977558 donnait au Gouverneur un important
pouvoir de décision. En effet, « à l'occasion du règlement du compte
administratif, le Gouverneur apprécie la gestion du Maire et écarte du compte
les dépenses irrégulières ou ne correspondant pas à un service fait ».
553
SIETCHOUA (C.), La reforme… op. cit.
554
par la tutelle ou le Conseil municipal.
555
Art. 67 du décret 77/91 précité.
556
Loi n° 74/18 du 5 décembre 1974 sur le contrôle des ordonnateurs, comptables,
gestionnaires. Articles 30, 35, 87,184 du code pénal.
557
La formule classique de la délibération est : « Le Conseil municipal de... adopte par (X) voix
contre (Y) voix, le compte administratif de l'exercice (...), équilibré ainsi qu'il suit dépenses,
excédent, déficits » ; il ne s’agit d’une simple formalité, c’est un acte de responsabilité de la
part du Conseil Municipal.
558
Article 67 du décret 77/91 du 25 mars 1977, op. cit.
162
administratif et en demander l'annulation. Celle-ci est accordée s'il est prouvé
que le compte administratif contient des dépenses irrégulières.
Cette même loi prévoit entre autres que les gestionnaires des crédits
publics peuvent être poursuivis et sanctionnés s'ils commettent des
indélicatesses dans la gestion. Le Conseil municipal a donc aussi un droit de
contrôle sur les actes que pose le Maire dans le cadre de l'exercice de ses
attributions légales. Il dispose alors plus d’un tour de force. En effet, la loi
n° 2004/18 du 22 juillet 2004 au terme de l'article 71 énonce en substance que
le Maire représente la commune dans les actes de la vie civile et en justice559.
Le législateur camerounais de 2004 est allé plus loin encore dans les
pouvoirs de contrôle qu'il accorde au Conseil municipal sur l'organe exécutif de
la commune. En effet, dès la loi d'orientation de la décentralisation, les options
sont prises en ce qui concerne la préservation du patrimoine de la commune. La
loi de 2004/17 du 22 juillet 2004 au terme de l’article 36 dispose que : Le
Conseil de la Collectivité territoriale délibère sur la gestion des biens et sur les
opérations immobilières effectuées par la Collectivité territoriale concernée et
de l’article 48 que : Toute construction nouvelle ou reconstruction pour le
559
A ce titre, il est chargé, sous le contrôle du Conseil municipal de conserver, entretenir,
administrer les propriétés et biens de la Commune ;
- Gérer les revenus, prescrire l'exécution des recettes et ordonner les dépenses ;
- Veiller à l'exécution des programmes de développement ;
- Souscrire les marchés, passer les actes d'acquisition, de transaction, de vente, etc.
163
compte de la Collectivité territoriale ne peut être faite que sur la production de
plans et devis mis à la disposition du Conseil de la Collectivité territoriale
concernée.
En effet, en raison des effets, des conséquences de ces actes, ils ne sont
pas quelconques. Saint REGOURD à l’instar de bien d’autres auteurs ont
560
Article 7 de la loi 74/18 du 5 Décembre 1974.
561
KAGO LELE (J.), les complexités de gestion …, op.cit., p.197.
164
montré, qu'ils étaient susceptibles de faire l'objet de recours pour excès de
pouvoir, ce qui atteste de leur « existence juridique », c'est-à-dire leur
reconnaissance par les normes. L'intuition conduit à les qualifier d'actes
juridiques. Cette intuition demande à être fondée. Pour Hans KELSEN, « l'acte
juridique est un fait créateur de droit »562. Pour Charles EISENMANN « les
actes juridiques sont des opérations par lesquelles des normes juridiques, sont
posées, édictées ; en d'autres termes : ce sont des opérations d'édiction, de
création de normes juridiques »563. En écrivant que l'acte juridique c'est
« l'acte lui-même envisagé en tant qu'opération, c'est-à-dire en tant
qu'ensemble de faits et gestes à accomplir pour parvenir au résultat défini,
c'est-à-dire l'apparition d'une norme juridique ... »564.
Ces différents moments de confrontation des actes de l’exécutif devant
le Conseil communal constituent des actes juridiques au sens posé par
P.AMSELEK, c'est-à-dire d'actes « ayant vocation à manifester une
prescription de normes »565dans la mesure où ce sont des « actes de dire566
institués par le droit pour l'exercice de compétences d'autorité sociale, de
fonctions sociales dirigeantes ... »567.
562
KELSEN (H.), Théorie pure … op.cit., p. 343.
563
EISENMANN (Ch.), Centralisation- décentralisation, op. cit.
564
EISENMANN (Ch.) montre bien, que nous concernant, c'est l'ensemble des deux actes qui
pourrait recevoir la qualification d'acte juridique et non l'un et l'autre. En considérant l'ordre
juridique comme un système de justification dans lequel les actes humains reçoivent le titre de
normes en conformité avec une norme préexistante ou avec une procédure établie, M. TROPER
montre que l'opération de justification débouche sur l'unité : LA NORME, mais celle-ci peut-
être le résultat de plusieurs confrontations de l'acte postulant au titre de norme avec la
réglementation juridique, c'est -à- dire avec l'arsenal de justification.
565
AMSELEK (P.), « L'acte juridique selon Ch. EISENMANN », op. cit., p. 322.
566
Ibid., p. 316, l'auteur définit l'acte juridique comme " un acte de parole, de dictio ".
567
Ibid., p. 323.
165
considère que tout acte de dire qui se présente comme accompli dans l'exercice
de telles fonctions doit être qualifié et est de fait couramment qualifié « acte
juridique », même s'il correspond à un exercice défectueux des dites
fonctions568 comme le montre la théorie du fonctionnaire de fait et du
comptable de fait.
568
Ibid.
569
REGOURD (S.), op. cit., p.115.
570
SCHWARTZENBERG (R.G.), L'autorité de chose décidée, op. cit.
571
Ce que rejetait Ch. EISENMANN.
166
ont la qualité pour agir à l'égard de tous les membres de la Collectivité sans
distinction sont centraux ; ceux qui n'ont pouvoir d'agir qu'envers une partie
seulement d'entre eux sont « non centraux »572. Cela justifie l’étendue du
contrôle exercé par l’Etat sur les mouvements financiers locaux.
572
. EISENMANN (Ch.), Centralisation-décentralisation, op.cit., p. 9.
573
EISENMANN (Ch.), « L'Esprit des lois et la séparation des pouvoirs », Mélanges CARRE
DE MALBERG, réimpression de l'éd. de 1933, Librairie Duchemin, 1977, p. 180.
574
PAVIA (M.-L.), Les transferts des compétences aux Collectivités locales aujourd’hui …,
op. cit., p. 135.
167
nationaux relatifs à l’autonomie financière. Comme on pourrait penser que la
transmutation unitaire décentralisée de la République unie du Cameroun
emporterait l’abrogation de l’ordre juridique sur lequel celui-ci reposait et que
cette abrogation explicite résulterait logiquement de l’article 1er de la
constitution du 18 janvier 1996 qui pose sans équivoque que « la République
du Cameroun est une et indivisible… ». Cette transformation entraîne au risque
de demeurer factice l’abrogation du dispositif institutionnel antérieure. Il fallait
adjoindre unitaire et décentraliser, une équation résolue par EISENMANN et
plusieurs autres auteurs.
575
MALBERG (C.), Contribution à la théorie générale de l’Etat, op. cit., p. 83.
576
Ibid.
168
conditions imposées par les institutions internationales577. Le contrôle étatique
s’avère donc nécessaire. Cependant une exagération nuirait à la construction
d’une autonomie financière fiable.
1- Juge administratif
L’examen des rapports d'Etat des Collectivités locales montre que dans
un Etat fédéral comme dans un Etat unitaire le « contrôleur » maîtrise
« l'existence de son contrôle » tout comme le titulaire de la faculté de statuer à
titre initial maîtrise la décision d'exercer cette faculté nonobstant toute règle lui
imposant de le faire ou de ne pas le faire.
577
FMI, BM.
578
Les ressources locales n’étant qu’une partie des ressources centrales.
169
En matière de décision initiale, on constate que lorsqu'un texte impose
une conduite de faire ou de ne pas faire à un organe, celui-ci dispose en fait de
la liberté de s'y conformer ou non.
579
TUNC (A.-S.), Le système constitutionnel des Etats-Unis d'Amérique, Domat-
Montchrestien, 1954, p. 270. BOWIE (R.R.) et FRIEDRICH (C.J.), Etudes sur le Fédéralisme,
t.1, Paris, L.G.D.J. , 1960, p. 200 cité par THALINEAU (J.), Essaie sur la centralisation...
op. cit.,
580
EISENMANN (C.), Cour de droit administratif, réédition, t. II, Paris, LGDJ, 1983, 908 p.
170
En France, la spécialisation des organes est soumise à l'appréciation du
juge qui, sanctionnera le détournement de pouvoir, lorsque le but poursuivi est
extérieur à l'intérêt général ou l'incompétence, lorsque le but poursuivi est
extérieur à l'intérêt des CTD, c'est-à-dire à celui que l'organe pouvait prendre en
charge dans le cadre de sa « spécialité ». C'est ce dernier aspect qui entre dans
notre propos et qui présente un réel intérêt, dans la mesure où il peut exister des
accords entre organes qui constituent des entorses à la spécialité.
581
AUBY (J.M.) et DRAGO (R.), Traité des recours en matière administrative, Paris, Litec,
1992, p. 334.
582
Ibid., p. 335.
583
Ibid., p. 347.
584
MAZEAUD (H.- L.), MAZEAUD (J.), et CHABAS (F.), Leçon de droit civil, t. 1, 12e éd. ,
Paris, LGDJ, 2000, p. 412.
171
Le juge s'attachera aussi bien au respect de la spécialité des organes non
centraux par les organes centraux, qu'à l'inverse. Cela s'applique aussi aux
personnes privées. Les Collectivités locales sont aussi protégées contre les
ingérences dans les intérêts dont elles ont la charge585. A l'inverse, à la
compétence d'une autorité centrale, on ne saurait substituer une autre autorité.
585
C.E. 29/1/1960, Comité national de la meunerie d'exportation, Leb. p 69 (compétence
respective des assemblées territoriales et des commissaires en A.O.F.), C.E.10/12/1982
Lamande, Leb. p. 550 ou T.A.ORLEANS 11/6/1986 Rousseau c/ Commission départementale
d'aménagement foncier du Loiret, R.J.C.O., p. 197.
586
Jugement n°86/ 2002-2003 du 24 Avril 2003.
587
Le J.A a pris une décision similaire dans l’DJEUMO Louis-Roger c/ Communauté Urbaine
de Douala.
588
Art. 71- 93, loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 précitée.
172
2- Le Conseil constitutionnel : Un gardien désarmé et muet
589
TROPER (M.), cité par DANTONEL (N.), op. cit., p. 2.
590
Ibid.
173
d'attributions effectives »591.
591
Ibid., p. 3.
592
Décision du Conseil constitutionnel français n° 137 DC du 25 Février, 1982.
593
L’article 22 du décret 2005/374 une Division des inspections et des contrôles des
administrations et des Collectivités territoriales, avec une section spécialement Chargée des
Collectivités territoriales Décentralisées.
594
Ibid. Art.14.
174
Si l'instruction laisse apparaître des faits susceptibles d'être qualifiés des
crimes ou délits, le président du Conseil transmet le dossier à l'autorité
judiciaire. La transmission vaut plainte au nom de l'Etat ou de la Collectivité
publique595.
De par leurs missions contenues dans le décret qui les organise, les
services du Contrôle supérieur de l'Etat constituent « l'institution supérieure de
contrôle des finances publiques du Cameroun ». C'est une institution dirigée
par un Ministre délégué à la Présidence, par conséquent placé directement sous
l'autorité du Chef de l'Etat. Celui-ci intervient d'une part en amont en
approuvant le plan d'action du Ministre délégué, et d'autre part en aval en étant
le destinataire des rapports concluant les enquêtes et investigations dont il est
seul compétent pour décider discrétionnairement de l'orientation à en donner :
classement pur et simple, sanctions administratives, transmission à la justice
pour poursuites pénales.
En dehors des contrôles par les structures étatiques dont nous venons de
décrire brièvement quelques-unes, des organes entièrement hors de la sphère
publique peuvent intervenir pour contrôler la gestion des CTD596. Tout
contribuable de la Collectivité peut à ses frais demander communication ou
595
Répression des détournements.
596
Art. 108, loi 2009/011 du 10 Juillet 2009.
175
obtenir copie totale ou partielle du compte administratif ou de ses pièces
annexes597. Il peut également les contester devant le J. A598.
597
Ibid., Art. 13 et art. 95 (3).
598
Art 74 de la loi n° 017 /2004.
599
MAGNET (J.), La gestion de fait, 2006, Paris, LGDJ, p. 24.
176
décentralisées. Cette certification est accompagnée du compte-rendu des
vérifications opérées. L'objet de la certification est un processus de contrôle
externe qui conduit à la formulation d'une opinion d'expert sur la régularité, la
sincérité et la fidélité des comptes. Les vérifications consistent à obtenir une
assurance raisonnable que les états financiers ne présentent pas d'anomalies
significatives au regard du référentiel comptable. En réalité, si la Chambre doit
statuer au vu des opérations comprises dans les comptes ou qui devraient y
figurer sans prendre en considération les circonstances extérieures du compte, il
est évident qu'elle apprécie la régularité des opérations et qu'elle en tire des
conséquences quant à la responsabilité personnelle et pécuniaire des
comptables. A tout prendre, juger un compte consiste d'une part à vérifier que
les opérations effectuées dans l'exercice ont été correctement retracées dans
le compte et d'autre part à s’assurer que les opérations décrites dans le
compte et justifiées par les pièces produites à l’apurement du compte ont été
correctement effectuées par le comptable600.
600
L'étendue des fonctions juridictionnelles de la juridiction des comptes au Cameroun trouve
son fondement dans les articles suivants : l’article 2 al. 2, 4 et 7 de la loi du 21 avril 2003 fixant
l'organisation et le fonctionnement de la Chambre des comptes de la Cour suprême. L'article 2
al. 2 précise que « la chambre des comptes juge les comptes ou les documents tenant lieu des
comptables publics ou de fait ». Suivant l'article 4 : « Elle rend sur les comptes qu'elle est
appelée à juger des arrêts qui établissent si les comptes sont quittes en avance ou en débet ». Et
l'article 7 qui énonce que : « la chambre des comptes contrôle et juge les comptes des
comptables publics, déclare et apure les comptabilités de mit, prononce les condamnations à
l'amende dans les conditions fixées par la présente loi ».
601
DESCHEEMAEKER (C.), La cour des comptes, documentation française, 2005, p. 4.
177
La Chambre des comptes doit obtenir une assurance raisonnable que les
états financiers ne présentent pas d'anomalies au regard du référentiel
comptable. Il s'agit du constat des écarts relatifs aux données chiffrées
contenues dans la balance générale annuelle des comptables principaux du
trésor d'une part et celles figurant dans la loi de règlement d'autre part (ce qui
permet de s'interroger sur la fiabilité de cette dernière). L'ensemble de la loi du
23 avril 2003 précise que la compétence de la juridiction des comptes s'étend à
la fois sur les comptables patents que sur des personnes qui ont été déclarées
comptables de fait. Aussi, elle définit le comptable patent602 ou comptable
public603comme toute personne régulièrement préposée aux comptes et chargée
du maniement des deniers ou valeur de la comptabilité matière.
602
L’article 5 alinéa 1 de la loi du 23 avril 2003.
603
Sont comptables publics, les comptables du trésor, les comptables des domaines, les
receveurs municipaux dans la mesure où les recettes municipales sont gérées par des personnes
autres que les comptables du trésor, les comptables matières et tous ceux désignés comme tels
par les dispositions législatives ou réglementaires particulières.
604
MAGNET (J.), la gestion de fait des deniers publics locaux, op. cit., p. 26.
605
V. loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des CTD.
606
Philip (L.), Finances Publiques, op. cit.
178
deniers publics ou des deniers privés réglementés607, que la manutention soit
dépourvue d'autorisation régulière. Il précise que le maniement sans
autorisation des deniers publics ou assimilés peut avoir deux origines :
l'ingérence dans le recouvrement des recettes publiques et l'extraction régulière
de fonds et l'extraction irrégulière de fonds ou valeurs de caisses publiques. La
perception sans habilitation de recettes publiques est constitutive de gestion de
fait quelles que soient ces recettes (impôts, droits et taxes fiscales). L'extraction
régulière des fonds ou valeurs de caisses publiques se fait par des dépenses
apparentes viciées par le défaut de dette ou de créancier véritable. Les simples
erreurs d'imputation sans dissimulation de l'objet des dépenses ne donnent pas
origine à la gestion de fait. En France, d'après la loi du 31 décembre 1954 qui
punit d'amende les détenteurs irréguliers de deniers publics ou assimilés à
l'égard des manutenteurs expressément dépositaires des fonds ou valeurs dont
ils ignoraient, ne peuvent être déclarés comptables de fait. Sont comptables de
fait les manutenteurs irréguliers des seuls deniers publics c'est-à-dire des fonds
ou des valeurs dont les organismes publics sont propriétaires, auxquels sont
assimilés les deniers publics réglementés608. Des fonds ou valeurs dont les
organismes publics sont simplement dépositaires des comptables de fait
équivalent au défaut d’habilitation au maniement des deniers publics ou
habilitations insuffisantes.
In fine, toute autre personne que les comptables publics ou les agents
opérant sous le contrôle et pour le compte des comptables publics qui s'ingère
dans le maniement des deniers publics ou deniers réglementés est comptable de
fait quelque soient les autres fonctions publiques qu'elle exerce. Les
agissements consécutifs de gestion de fait rendent leurs auteurs comptables et
comme tel, virtuellement justiciables du juge des comptes, auquel il incombe de
607
Il n'y a de gestion de fait qu'en denier public.
608
MAGNET (J.), la gestion de fait des deniers publics locaux, op. cit., p. 27.
179
veiller à la régularisation de leurs opérations et de sanctionner leur
responsabilité. Le juge des comptes s’est prononcé sur la qualité de comptable
de fait dans l’affaire commune Biwong bulu.
609
Puisque son intervention ne dépend pas de la réclamation d'une partie, elle est appelée à
déterminer elle-même les mesures d'instructions à décider, les irrégularités dont les opérations
sont entachées, à exiger les compléments d'informations par voie d'injonction.
610
Cf., LA LUMIERE (P.), Les finances publiques, Paris, Armand Colin, 8e éd., 1986.
611
Elle n'est pas la conséquence d'une contestation entre le comptable et la Collectivité
publique. Elle doit être exécutée automatiquement.
612
Cf., Rapport 2007 de la Chambre des comptes de la CS, p. 20.
613
Article 15 de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789.
180
b- Les moyens de contrôle : le contrôle sur pièces et le
contrôle sur place
Le contrôle sur pièce est le contrôle effectué avec les pièces fournies par
le justiciable. C'est un emprunt à la technique de contrôle des contribuables en
matière fiscale. Cette technique se distingue du contrôle sur chiffre. La
production des comptes sur chiffre est l'une des causes du déclin de la
juridiction des comptes pendant la période post-indépendance. Les pièces
justificatives sont donc des éléments très importants pour le jugement d'un
compte ou le contrôle par l'Assemblée nationale de l'exécution de la loi de
finance. Toutefois il n'est pas la seule technique aussi nécessaire ; le contrôle
sur place vient compléter ses lacunes.
Le contrôle sur place est un contrôle exercé sur les lieux par les
délégations choisies à cet effet par la juridiction des comptes suivant la section
compétente ou par la Commission des Finances et du Budget.
181
La juridiction des comptes use avant tout de ses pouvoirs d'enquête dans
l'exercice de son contrôle sur les comptes publics. Elle peut manquer d'en tirer
parti pour assurer dans les meilleures des conditions, ses attributions
juridictionnelles614. Au-delà du fait qu'ils aient des techniques similaires, la
juridiction des comptes entretient avec le parlement des rapports de
coopération.
614
FABRE (F.), Les Grands Arrêts De La Jurisprudence Financière, 2e éd., Paris, Sirey, 1983,
p. 473.
615
HUBY (B.), La contradiction devant la juridiction des comptes, PUAM, 2001, 473 p.
182
Elle s’applique également au comptable de fait, la gestion de fait est
soumise aux règles juridictionnelles et entraîne la même obligation et
responsabilité que la gestion régulière. La gestion de fait soustrait les
opérations qui en sont l'objet aux formes budgétaires et comptables instituées
pour la protection des deniers publics616. L'action de gestion de fait vise le
rétablissement des formes budgétaires et comptables, de façon à remettre les
choses à l'état où elles auraient dues être si ces formes avaient été observées, et
à sanctionner les comptables de fait en raison des opérations non
régularisées617. L’action en déclaration de gestion de fait n'est ni une
assignation en responsabilité civile, ni une accusation pénale. Elle a pour seule
fin d'assujettir les comptables de faits reconnus comme tels à la juridiction des
comptes, aux obligations et à la responsabilité des comptables ; lesquelles sont
régies non par le droit civil mais par le droit public. La répression qui peut en
découler est une suite facultative du juge des comptes618.
616
Ibid.
617
MAGNET (J.), La gestion de fait des deniers publics locaux, Paris, LGDJ, 2000, p. 113.
618
Insertion de la jurisprudence.
183
décidé par la formation de jugement. Il est administré et liquidé dans les
conditions prévues par la loi.
619
HUBY (B.), la contradiction devant … op. cit., 473 p.
620
Ibid.
184
beaucoup, en particulier à ceux de ses justiciables (comptables patents ou
gestionnaires de fait) comme complexe et obscur621. Il est donc indispensable
pour eux de pouvoir recevoir mais également de donner les informations au
cours de l'instance où ils ont été appelés.
Le juge des comptes statue d'abord à titre provisoire puis à titre définitif,
toutes injonctions devant clairement indiquer les motifs de fait et de droit sur
lesquels elles sont fondées. L'arrêt ou le jugement provisoire informe le
comptable des charges retenues à son encontre et lui accorde un délai d'un
mois622. Les dispositions prises par arrêt ou par jugement provisoire ne
deviennent définitives et exécutoires que pour autant qu’elles soient confirmées
par un deuxième arrêt ou jugement, rendu après l'expiration du délai de réponse
accordé au comptable. Le législateur camerounais n'a pas explicitement défini
la règle du double arrêt. Toutefois, les différents rapports de la Chambre des
comptes, et le code de procédure interne de ladite Chambre définissent la
notion d'arrêt provisoire comme celui que la Chambre rend sur le même
objet623.
621
MAGNET (J.), La gestion de fait des deniers publics locaux, op. cit., p. 115.
622
Code de procédure interne de la juridiction des comptes du Cameroun, Inédit.
623
Ibid.
185
exécutoires, «elles ne s'auraient faire grief au comptable puisque c’est pour
lui permettre de contredire qu’elles ont été formulées à titre provisoire et que
le juge des comptes peut ne pas les confirmer»624. Les reproches qui n'auraient
pas été soumis à discussion par un arrêt ou jugement provisoire ne peuvent être
avancés pour la première fois à l'appui d'un arrêt ou d'un jugement définitif.
Mais s’ils ont été omis dans un premier jugement provisoire et énoncé
dans un second, ils peuvent régulièrement fonder le jugement définitif. N'étant
pas exécutoires, les dispositions provisoires ne peuvent faire l’objet d’un
recours en cassation625. Seules les décisions définitives emportent des
conséquences de droit commun. Les injonctions prononcées après un jugement
provisoire tendent à obtenir du comptable qu’il produise une pièce manquante,
fournisse des explications, des justifications complémentaires ou enfin
régularise sa situation par le comblement d’un déficit de caisse.
La contradiction par l’office du juge des comptes est garantie dans les
mesures d'instruction et par l’obligation de communication.
Le magistrat rapporteur est soumis à l’obligation d’effectuer un certain
nombre d’exigences avant de démarrer l'instruction. En effet, le juge des
comptes est saisi des opérations qu'il doit contrôler par la présentation des
comptes qui les relatent, appuyés des pièces qui les justifient. Mais la
production de ses comptes par le comptable local est réglementée. Elle suppose
la rationalisation de la mise en état d'examen. Cette procédure qui a déjà été
présentée explicitement plus haut permet de vérifier que le compte est
matériellement établi en la forme régulière et qu'il est accompagné des pièces
justificatives essentielles.
624
HUBY (B.), la contradiction devant… op. cit., 473 p.
625
Code de procédure interne de la juridiction des comptes du Cameroun, Inédit.
186
La mission du juge des comptes étant d'ordre public, la réédition des
comptes de deniers publics n'est pas laissée à l'initiative d'une assignation ou
d'une requête. Elle a lieu d'office. Il s'en suit que la procédure est inquisitoire et
le juge procède à toutes les vérifications relatives à la réalité et à la régularité
des opérations dont il est saisi. Le déroulement de la procédure du contrôle
juridictionnel devant la juridiction des comptes comprend deux phases bien
distinctes. D'une part l'élaboration du rapport confié à un magistrat rapporteur
et sa discussion, d'autre part suivie de la prise de la décision, qui offre la
garantie d'un délibéré collégial.
187
L'obligation de communication du juge des comptes, permet au
magistrat des comptes d'obtenir auprès des différentes entreprises dont les
comptes des comptables sont contrôlés, le droit d'avoir tous les documents de
quelque nature que ce soit, lui permettant d'accomplir sa tâche. Le droit de
communication est également un principe fiscal. Il permet aux agents de
l'administration, pour l'établissement de l'assiette et le contrôle des impôts,
d'avoir des documents et renseignements mentionnés dans le code général des
impôts. L'obligation de communication est soumise aux comptables ou aux
interlocuteurs626 (responsables ou agents des organismes vérifiés et agents de
l'Etat dans la circonscription concernée).
626
NGUECHE (S.), La juridiction des comptes au Cameroun, mémoire de DEA, Université de
Yaoundé II, 2008/2009, p. 42.
627
Ibid., p. 43.
628
HUBY (B.), La contradiction devant… op. cit.
188
Une procédure écrite, à condition qu'elle soit systématiquement et
précisément conduite, doit être regardée comme une garantie suffisante de la
contradiction. Le caractère essentiellement écrit de la procédure de la
juridiction des comptes au Cameroun conduit à une systématisation de la règle
du double arrêt ; seul système permettant en l'absence de tout débat oral à la
défense de s'exprimer et au juge de répondre par décision motivée. Elle justifie
l'activité première de la juridiction qu’est le jugement des comptes. Elle
nécessite l'analyse profonde des tableaux de chiffres et de pièces justificatives
de dépenses et de recettes.
629
BENOIT (J.), « La liberté d’administration locale », RFDA, n° 22, p. 1069.
630
HOUSER (M.), Intervention de l’Etat et coopération entre Communes, Paris, Harmattan,
20O9.
189
1- le respect de l’ordre juridique et recherche d’une
transparence financière
Il s’agit ici de démontrer la construction décentralisée unie de l’Etat
camerounais et par conséquent de l’ordre juridique.
631
MARCEAU (A.), La démocratie locale à la recherche d’un nouveau souffle, Paris,
Harmattan, 2013, p.195.
632
MATTRET (U.-B.), La pratique relative aux débats d’orientation budgétaire, éd. CNRS
annuaire des Collectivités locales, 2008, p. 87.
633
KLOKNER (Ch.), La réforme comptable communale : pour une nouvelle approche de la
démocratie . Démocratie et management local, Actes, 4ème Rencontre, RIGAL (J-J), SCHIMIT,
éd., Dalloz, 2001, p. 364.
190
Les textes justifient l'existence d'une faculté de statuer au profit des
organes locaux, les auteurs la reconnaissent634, mais divergent sur son
appréciation et particulièrement sur sa place dans la hiérarchie des normes.
634
Le fait qu'elle soit un objet d'études et de controverses le démontre et particulièrement la
thèse de B. FAURE qui se consacre exclusivement à l'examen du pouvoir réglementaire des
Collectivités locales, Université de Pau et des Pays de l'Adour 1992.
635
EISENMANN (Ch.), Centralisation - Décentralisation, op.cit., pp. 86-87.
191
En effet, la remise à l’institution centrale de la « faculté d'empêcher »
s'exerçant sur la « faculté de statuer » des CTD constitue la garantie minimale
de l'unicité de la règle.
On ne saurait envisager en effet, dans un Etat deux normes d'autorité
égale sans remettre en cause la notion même d'Etat. En effet, l'Etat exprime
l'idée d'une puissance sans limite qui dans un Etat de droit est traduite par la
norme juridique. Emettre l'idée que la puissance étatique puisse venir s'échouer
sur une puissance locale, c'est remettre en cause l'unité de l'Etat.
Manifestement le droit positif ne traduit pas une telle autorité, une telle
puissance locale. En effet en dernière analyse, les normes locales qu'il s'agisse
de lois ou de règlements sont suspendues à leur admission, leur reconnaissance
en qualité de normes par un juge.
Cette intervention d'un juge dans le processus normatif est loin d'être
admise, bien que cette décision juridictionnelle dise la norme applicable,
192
confirmant ainsi qu'à chaque niveau de la hiérarchie des normes n’existe qu'une
norme.
Léon DUGUIT avait montré par ailleurs que la souveraineté que l'on
présente comme indivisible exclut que l'on envisage la séparation des
pouvoirs637 sauf à considérer que cette séparation ne met pas en cause l'unité et
l'indivisibilité de la souveraineté dans le cadre d'un « mystère de la trinité
politique calqué sur le mystère de la trinité divine »638, c'est-à-dire en
rétablissant l'unité du pouvoir.
636
MONTESQUIEU, De l'esprit des lois (1748), tome I, Paris, Garnier Flammarion, 1979,
p. 298.
637
DUGUIT (L.), Traité de droit constitutionnel, t. II, Paris, Boccard, 1927, p. 27.
638
Ibid.
193
Charles EISENMANN à propos de la semi-décentralisation ne dit pas
autre chose, lorsqu'il considère que cette solution du problème de la
centralisation - décentralisation constitue une « indivision » du pouvoir entre
deux organes dans la mesure où « aucun des deux ne peut imposer sa volonté à
l'autre, sans l'autre ou contre lui »639.
L'appartenance de la faculté d'empêcher au pouvoir normatif a été
contestée en matière législative comme dans le domaine de la centralisation-
décentralisation où pourtant, l'approbation et l'autorisation ont été présentées
par M. HAURIOU comme « un simple je n'empêche »640, alors que M.
WALINE évoquait à propos des annulations prononcées par les autorités
faisant partie de l'administration active l’idée de « juste retenue »641
639
EISENMANN (Ch.), Centralisation-décentralisation, Paris, Dalloz, 1948, p. 93.
640
HAURIOU (M.), Précis de DAG et de droit public, Paris, LGDJ, 12eme éd., 1933, p. 266.
641
WALINE ( M.), Droit administratif, Paris, Sirey, 8eme éd., 1958.
642
HOUSER (M), op. cit., p. 94.
643
GUENANT (A.), Analyse financière des …, op. cit., p. 7. Pour des raisons à la fois
d'horizon (le diagnostic demeure annuel alors que la gestion de la dette devient pluriannuelle) et
194
décisions administratives et budgétaires prises par les Collectivités locales
soient conformes à la règle de droit et compatibles avec les intérêts généraux de
l’Etat.
In fine la finalité du contrôle est par conséquent d’assurer le respect de
la loi par les Collectivités locales. Cette règle de droit est dans un Etat unitaire
la condition de l’Etat de droit au plan local. La conformité juridique des actes
se décline sur le plan organique (la forme) et matériel (le fond). Sur le plan
organique, l’acte doit être édité par l’autorité compétente conformément aux
procédures en vigueur. Sur le plan matériel, l’ensemble des dispositions
constitutionnelles, législatives et règlementaires nationales ainsi que le droit
communautaire et le droit international, forme le bloc de la légalité dont la
teneur s’impose aux Collectivités. Par ailleurs les actes considérés ne doivent
pas être contraires aux intérêts nationaux définis par la politique
gouvernementale.
le champ (Le contrôle reste limité au budget alors que les engagements hors budget se
multiplient.
644
YAMAMOTO HIRONORI, Les outils du contrôle parlementaire : étude comparative
portant sur 88 parlementaires, l’Union interparlementaire, 2007, p. 21.
195
3- L’évaluation de la gestion financière, un outil de contrôle
645
MATTRET (J.-B.), L'analyse financière des Communes, Paris, LGDJ, coll. « Systèmes », 3e
éd., 2009, GUENGANT (A.), Analyse financière des Communes, Economica, 1998.
646
NZE BEKALE (L.), Introduction aux finances des Collectivités territoriales d'Afrique,
op. cit., p. 130 et ss.
196
Le contrôle de gestion est souvent considéré comme un contrôle
d’opportunité, le contrôle de la Chambre des comptes saisi par le Préfet se
présentait comme une dérive, patrice GELARD et Jean-Patrick COURTOIS
affirment justement dans ce sens que la Chambre des comptes « exerce trop
souvent un véritable contrôle d’opportunité sur les décisions prises par des
assemblées élues au suffrage universel »647, c’est une position qui n’est
cependant pas partagée par une autre partie de la doctrine, il n’y a aucune
dérive vers des jugements d’opportunité de la part de la Chambre des comptes.
« Elles ont seulement le souci … que les Collectivités locales respectent un
certain nombre de grands principes républicains de la gestion publique : la
transparence, la régularité et l’équilibre des opérations. C’est tout mais cela
suffit peut être à heurter certains »648. A notre avis, l’exagération du contrôle
externe ne viendrait pas de celui exercé par la Chambre des comptes mais de
l’opportunité du contrôle exercé par le Préfet ou le Gouverneur.
647
WATHELET (J.-C.), Budget comptabilité et contrôle externe des Collectivités territoriales,
Paris, Harmattan, éd. n° 21, p. 45.
648
Ibid., p. 46.
197
dispositif de contrôle institué par la loi de 2004 a conjointement établi un
contrôle administratif (juridiction de légalité) et un contrôle de tutelle a priori
de sorte que le représentant de l’Etat contrairement à ce qui se fait en France
statue en opportunité quant à la conformité des actes locaux.
649
Décision n° 137 DC du 25 Février, 1982.
650
C’est l’Etat qui garantit l’équilibre régional et met en place des mécanismes de péréquation.
Ref. Art. 116 et Art 117 loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 op. cit.
651
Art. 41et art. 42 de la loi portant régime financier des CTD précitée.
198
de l'opportunité d’agir et par conséquent malgré les dispositions de la loi de
2004, compétence discrétionnairement exercée.
652
AUBERT (J.), La réponse des Maires de France, Commission des communes de France
653
BENOIT (F.P.), Encyclopédie, DALLOZ, Collectivités locales, pp. 4542-4570.
654
En matière de dépenses obligatoires la loi du 2 Mars 1982 prévoit que le Préfet sur demande
de la Chambre régionale des Comptes inscrit cette dépense au budget. L'on était en droit de
199
l’opportunité dans le contrôle résulte de la maîtrise « de la norme
appliquée »655.
croire et les premiers juges l'ont cru, que le Préfet, dès lors que la Chambre régionale avait
constaté le caractère obligatoire, était tenu d'inscrire la dépense au budget. Le Conseil d'Etat sur
invitation de son Commissaire du Gouvernement qui ne croyait pas que la loi " ait dessaisi le
représentant de l'Etat d'une appréciation finale portant sur le principe même,..." de l'inscription,
considéra que le Préfet avait fait en refusant l'inscription " une exacte application des
dispositions de la loi du 2 mars 1982.
655
« Il n'y a jamais de contrôle de l'opportunité mais il y a toujours de l'opportunité dans le
contrôle ». La décision commentée est l'occasion de vérifier cet aphorisme plein de vérité du
professeur Pierre Delvolvé, Recueil, Dalloz Sirey, numéros 26 à 44, Jurisprudence générale,
Dalloz, 1995. SAVY (Robert), L'épreuve du temps : écrits autour du droit public, 1966-
2006, coll.DPu, Salim, 2007, p 75. Cf. également DELVOLVE (G.), Chose jugée, RDCA;
« Dualité de juridictions et autorité de la chose jugée », RFDA 1990, 1983, IR, p. 239 ;
« L'exécution des décisions de justice contre l'administration », EDCE 1983-1984, p.lll ;
"Existe-t-il un contrôle de l'opportunité ? ... p. 45; « Le contentieux de pleine juridiction à la fin
du XXe siècle », in Etudes en l'honneur de SANDEVOIR (P), Harmattan, 2000.
656
YATTA (F.P.), La décentralisation fiscale en Afrique : enjeux et perspectives, op cit.,
p. 260. Voir aussi, Procédures et gestion budgétaires au niveau des Collectivités locales,
Conseil de l'Europe. Comité directeur sur la démocratie locale et régionale, 2002.
200
comme personne n’a encore médité sur ce que tout le monde a devant les
yeux »657.
Les budgets, les comptabilités et le contrôle des Collectivités locales
relèvent certainement du droit des finances publiques. Ce droit a traduit
progressivement en règle précise les conquêtes de la démocratie représentative
et en est le gardien soucieux.
657
PHILONENKO (A.), Schopenhauer : une philosophie de la tragédie, temps moderne, vrin,
1999, 23 p.
201
Conclusion
658
PAVIA (M.-L.), op. cit., p. 69.
659
Ibid., p. 70.
660
Ibid., p. 75.
202
CONCLUSION DU TITRE I
661
GAUDEMET (P.M.) et MOLINIER (J.), Budget et trésor, 1996, p. 176.
662
ROUX (A.), « Les limites constitutionnelles à une nouvelle évolution de la
décentralisation ». op. cit.
203
TITRE II :
L’ATTRIBUTION AUX CTD PAR L’ETAT
DES POUVOIRS DE GESTION DU
PATRIMOINE FINANCIER LOCAL
204
La loi constitutionnelle du 16 janvier 1996 et la loi de 2004 relative à
l’organisation décentralisée de la république ont marqué la renaissance de la
libre administration des Collectivités et la consécration du principe universel de
l’autonomie financière. Cette refonte des finances locales était cependant
conditionnée par l’action du législateur organique tel que l’énonçait la loi
constitutionnelle de 1996 révisée en 2008663. La loi organique du 29 décembre
2009 prise en application de l’article 55-2 de la constitution et relative à
l’autonomie financière des Collectivités, vient faire aboutir l’action engagée
plutôt. Elle met de ce fait en relief les mécanismes d’application du principe
culminant de la décentralisation, et se traduit alors par la définition du champ
d’action de celle-ci à travers le transfert et la répartition des compétences. Elle
exprime également leur capacité et responsabilité dans les actes
d’administration financière locale et dégage enfin l’enjeu et l’intérêt des
responsables locaux élus par le peuple (chapitre I).
C’est donc à juste titre que, Alain LANZA peut affirmer en France, que
les Collectivités « jouent dans l’Etat un rôle politique de plus en plus important
qui les fait participer directement au fonctionnement du système
constitutionnel. Elles conservent de fait une valeur constitutionnelle par la seule
mention qui en est faite dans les constitutions et alors même que les textes
constitutionnels donnent au législateur ordinaire compétence pour modifier leur
statut, leur étendue géographique et le régime d’administration locale »664, c’est
un schéma plus pu moins similaire au Cameroun. Toutefois, ce lien
constitutionnel, s'explique par le rôle des Collectivités dans la diffusion
territoriale du pouvoir665.
663
Avril 2008.
664
LANZA (A.), L'expression constitutionnelle de l'administration française, Paris, L.G.D.J.,
1984, p. 534.
665
CHEVALLIER (J.) et LOSCHAK (D.), montrent que par la localisation, l'appareil d'Etat
s'assure le contrôle de l'espace social et des contradictions qui y sont inscrites ; La production
205
La constitution aborde les questions juridiques et celles de la vie des
hommes en société en exprimant une crise globale des choses et du monde ou
ce que George BURDEAU666 appelle « une idée de droit » c’est-à-dire une
représentation de l’ordre social désirable. L’intervention du juge conduit à
remplacer les règles juridiques considérées comme arbitraires sous le règne de
la vérité667.
du local est donc un processus complexe : d'une part elle est liée à la projection des
contradictions sociales dans l'espace, qui lui donnent son fondement social ; d'autre part, elle est
liée à la fonction propre qui est assignée à l'appareil d'Etat dans la société. Dans tous les cas,
elle ne saurait être envisagée indépendamment du système de régulation étatique, dont elle
constitue un des moyens d'exercice. Par-là, le « local » se révèle inséparable du « national »,
Science administrative, t. 1, L.G.D.J., 1978, p. 319.
666
http://www.priceminister.com/offer/buy/126242570/ecrits-de-droit-constitutionnel-et-de-
science-politique-de-georges-burdeau-livre.html.
667
Mélange en l’honneur de CONAC (G.), Économica, textes rassemblés par Jean-Claude
GOLLARD et Yves JEZOUZO/question constitutionnelle, Dominique rousseau, p. 3.
668
HAURIOU (M.) Droit constitutionnel et institution politique, Paris, Monchrestien, p. 29.
669
Etude de quelques Constitutions janus, Mélanges P.E GONIDEC, Paris, LGDJ, 1985, cité
par KEUTC.
206
CHAPITRE I :
LE TRANSFERT ET LA REPARTITION DES
COMPETENCES
Dans le cadre de cette étude, l’on entend accentuer l’analyse sur l’aspect
vertical de la répartition des compétences entre l’Etat et les Collectivités
territoriales décentralisées et ressortir en quoi elle permet de garantir
l’autonomie des Collectivités (I). En effet, dans cette portion, l’on prend les
pouvoirs décentralisés comme un exemple unique pour les opposer aux
pouvoirs centraux et ce n’est qu’à la suite de cette démonstration qu’il faudra
670
DURKHEIM (E.), De la division du travail social: Etude sur l'organisation des sociétés
supérieures (1893), kessinger publishing, 2010, p. 488.
207
s’appesantir sur les relations inter-Collectivités territoriales, qui sont toutes
aussi importantes671(II).
671
Autonomie financière des Collectivités territoriales peut s’entendre par rapport à l’Etat ou
par rapport aux autres Collectivités territoriales décentralisées.
208
Section I : La répartition verticale des compétences par l’Etat
Ceci se perçoit dès lors que certains de ces normes ne valent que pour
certaines parties du territoire ou qu’il existe une pluralité d’organes de création
des normes674. En effet, le degré de décentralisation d’un ordre juridique est
déterminé grâce au « pouvoir décisionnel». L’intensité du pouvoir décisionnel
d’une entité juridique est la synthèse de trois éléments675 : l’importance des
672
TARICK (Z.), Gestion décentralisée du développement économique …op. cit., p. 144.
673
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences de l’Etat aux Collectivités locales, Paris,
Harmattan, 2009, p. 91.
674
Ibid., p. 92.
675
Ibid., p. 93.
209
normes éditées, le mode de production de ces normes et leur garantie
d’effectivité676.
676
les garanties sont les différents moyens dont disposent les différentes entités juridiques pour
faire valoir leur domaine de décision et pour rendre effective les normes éditées.
677
V. KOUOMEGNE NOUBISSI (H.), Décentralisation et centralisation au Cameroun : la
répartition des compétences entre l’Etat et les Collectivités locales, l’Harmattan, 2013, 502 p.
678
MAUS (D.) et BOUGRAB (J.), François Luchaire, un républicain au service de la
République, Publication de la Sorbonne, 2005, p. 167.
210
permettaient pas à l'origine de prévoir l'émergence d'un véritable « droit
constitutionnel local ». C’est la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 qui a
précisé, le statut constitutionnel des Collectivités territoriales. Ce statut est
largement dominé par le principe de « libre administration » et celui tout aussi
renaissant de l’autonomie financière qui constitue l’objet de notre analyse679.
Ces orientations trouvent leur fondement dans les arts. 2 et 15 (1) (2) de la loi
de 2004680. De manière générale, les textes parlent de céder681et affecter682c’est-
à-dire un droit d’usage. Bien qu’il nous ait été difficile de trouver une étude
portant sur la définition du terme « compétence »683, celle-ci pourrait être
comprise de manière générale comme « toute aptitude légale, matérielle,
territoriale, temporelle et personnelle dont dispose une autorité pour agir »684.
679
V. notamment L. FAVOREU, Décentralisation et Constitution, Rev. dr. publ. 1982.1259 ;
Les bases constitutionnelles du droit des Collectivités locales, in La nouvelle décentralisation,
sous la direction de F. Moderne, 1983, Sirey ; Libre administration et principes
constitutionnels, in Libre administration des Collectivités territoriales, sous la direction de J.
Moreau et G. Darcy, Economica et Presses universitaires d'Aix-Marseille, 1984, p. 68 ; C.
BACOYANNIS, Le principe constitutionnel de la libre administration des Collectivités
territoriales, thèse, Aix-Marseille III, 1989 ; J. BOURDON, J.-M. PONTIER et J.-C. RICCI,
Droit des Collectivités territoriales, Thémis, PUF, 1987, p. 104 et ss., BOURJOL (M), Juris-
class. Collectivités locales, v. Constitution ; Chr. Houteer, Recherches sur les bases
constitutionnelles de la décentralisation, thèse, Toulouse I, 1987.
680
Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 d’orientation de la décentralisation. « La décentralisation
consiste en un transfert de compétences par l’Etat aux Collectivités territoriales décentralisée de
compétences particulières et de moyens appropriés » et « L’Etat transfert aux Collectivités dans
les conditions fixées par la loi ; celles-ci sont exercées de manière concurrente par l’Etat. Le
transfert induit la cession ou la concession.
681
Art. 9 loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles de communes.
682
Ibid., Art. 10.
683
Le dictionnaire de la culture juridique propose une définition complète de cette notion de
compétence mais elle nous apparaît trop générale pour le thème qui nous intéresse.
684
Lexique de politique, Dalloz, 1992.
685
DUGUIT (L.), Traité de droit constitutionnel, t. I : théorie générale de l’Etat, Paris, 1911.
211
déterminé par un système juridique supérieur au sujet de droit »686. Par
ailleurs, cette notion a souvent fait l’objet d’une définition négative, c'est-à-
dire en précisant ce qu’elle n’est pas. Ainsi, une compétence n’est ni une charge
ni une responsabilité et bien moins encore un pouvoir ou une attribution687.
686
PONTIER (J.-M.), « La décentralisation territoriale en France au début du XXIe siècle »,
RGCT, mars-avril 2002, p. 94.
687
Ibid., p. 95.
688
Ibid.
689
Ibid.
690
Cette expression a été utilisée par le juge administratif CE Ass., 19 février 1943, Sieur
Ricordel, Rec. 43.
212
son nom dans ce domaine. De nombreux auteurs semblent n’avoir vu qu’un
seul aspect de la notion de compétence.
691
ZARIFIAN (P.), Le modèle de la compétence, 2004, 2e éd., Liaison, p. 81. L’auteur définit la
compétence comme la prise d’initiative et de responsabilité de l’individu. La compétence est
une intelligence pratique qui s’appuie sur les connaissances acquises, c’est aussi la faculté à
assumer des domaines de responsabilités.
692
Affaire n° 312/ 82-83, MENDENDANA D. Joseph c/ Commune urbaine de Yaoundé et
le Jugement n° 39/ 03-04 du 29 décembre 2004, Ibrahima YARO c/ Communauté urbaine
de Yaoundé.
693
GEVART (P.), « Comprendre les enjeux de la décentralisation », Connaissance, 2006,
p. 100.
213
classique694. Les attributions ne disent rien sur les compétences des
Collectivités. Elles permettent de comprendre la répartition interne des pouvoirs
(qui prend les décisions), mais elles n’éclairent en rien le processus de
décentralisation.
694
Pour le compte d’une Collectivité autre que celle dont l’autorité dispose de la compétence
originelle.
695
PAVIA (M.-L.), Les transferts de compétences…op. cit., p. 56.
696
PONTIER (J.-M.), « La notion de compétences régaliennes dans la problématique de la
répartition des compétences entre les Collectivités publiques », RDP, janvier-février 2003,
pp. 193-237.
697
Le terme de regalis signifie simplement royal, qui a un rapport avec le roi et la monarchie.
214
de la vie d’une nation. Le législateur camerounais s’est souvent peu préoccupé
de délimiter précisément les domaines de compétences régaliennes des autres
compétences. Plusieurs auteurs ont tenté d’expliquer le contenu d’une fonction
régalienne. Ils font ainsi implicitement référence à la notion de souveraineté :
les fonctions régaliennes sont les fonctions de souveraineté698. Nous partageons
les convictions de l’auteur qui distingue le « souverain » du « régalien » et qui
en simplifiant déclare qu’ « en parlant de l’Etat on peut dire que la
souveraineté définit ce qu’il est, le régalien ce qu’il fait »699.
698
PAVIA (M.-L.), Les transferts de compétences…, op. cit., p. 57.
699
PONTIER (J.-M.), « La notion de compétences régaliennes dans la problématique … »,
op. cit., p. 193.
700
Ibid.
701
L’auteur développe plusieurs exemples pour monter les variations des compétences
régaliennes dans le temps en utilisant les évolutions dans le domaine de l’interventionnisme
économique notamment.
215
Dans un univers juridique manichéen702, nous assisterions à un partage
clair des compétences. L’idéal serait que l’Etat ne conserve que les
compétences régaliennes, les autres compétences seraient à la charge des
différents niveaux de Collectivités d’où la nécessité émise par certains auteurs
de procéder à une « répartition nécessaire » des compétences dans le cadre de
la décentralisation703. Cependant, il existe une participation des Collectivités
territoriales à des fonctions régaliennes qui sont définies par des textes. Nous
pouvons prendre l’exemple de la compétence en matière d’état civil704. Au
Cameroun, cette compétence est nationale mais les attributions sont remises
aux Collectivités territoriales, les mairies tenant l’état civil pour le compte de
l’Etat705. C’est ici une nouvelle fois un exemple mettant en évidence
l’impossibilité d’isoler parfaitement les compétences régaliennes. Il apparaît
difficile de distinguer une compétence régalienne d’une autre compétence. La
définition classique du « régalien » semble bouleversée et il n’est plus possible
aujourd’hui de s’en tenir à une énumération de domaines qui en seraient
l’expression. Pour distinguer une compétence régalienne d’une autre
compétence, on peut invoquer le critère de « transférabilité »706. Les
compétences non transférables pourront être ainsi qualifiées de « régaliennes ».
702
V. BACKHOUSE (C.), La couleur des lois, Presse universitaire d’Ottawa, 2010, p. 53.
703
KEGELART (J.-J.) « Décentralisation, la répartition nécessaire », Revue administrative
n° 330, novembre 2002, pp. 646-647.
704
V. Ordonnance de 1981 sur l’Etat civil au Cameroun.
705
Ce principe illustre la théorie du dédoublement fonctionnel qui permet de concilier
l’affirmation du caractère national d’une fonction avec la nécessité d’assurer celle-ci au plan
local.
706
PAVIA (M.-L.), Les transfert des compétences…op.cit., p. 58.
216
l’initiateur707, il est à cet effet, contrairement à ce que pense une certaine
doctrine, le déclencheur de l’autonomie locale. Seul l’Etat bénéficie d’un
« pouvoir d’expertise »708 afin d’adopter des normes techniques devant être
appliquées sur l’intégralité du territoire.
Au fil des années, l’Etat s’est retrouvé sclérosé ne pouvant plus assumer
seul le bon fonctionnement de ses services. Devant se réformer, il a dû alors
transférer des compétences, dont il avait autrefois la charge, aux Collectivités
territoriales, ne les considérant plus comme des acteurs de second ordre de la
vie de la Nation. Procédant sans véritable logique, afin de trouver un échelon
cohérent de Collectivités capable d’assumer les compétences lors des transferts,
la révision constitutionnelle a servi de base à la décentralisation, avec une
remise à plat des règles relatives aux transferts des compétences. Pourtant Jule
DEBRE s’écrie : «La décentralisation, ce n’est pas le bazar !»709. L’ensemble
des nouvelles mesures adoptées, nous permettent de penser que l’Etat veut
enfin de compte prouver sa volonté à se réformer en profondeur.
707
Ibid.
708
PONTIER (J.-M.), « La notion de compétences régaliennes dans la problématique de la
répartition des compétences entre les Collectivités publiques », RDP, janvier-février, 2003,
p. 221.
709
DEBRE (J.-L.), « La décentralisation, ce n’est pas le bazar ! », JCP Administrations et
Collectivités territoriales, 18 novembre 2002, p. 199.
217
2- L’édiction législative de la répartition des compétences
710
V. GANG (J.), « Transfert et répartition de compétences », RASJP, n° 1, 2014, p. 25.
711
PAVIA (M.-L.), Les transferts des compétences…op.cit., p. 59.
712
GANG (J.), op.cit.
713
Une limitation de la capacité de l'Etat contestée.
714
DOUENCE (J.C.) dans « La spécialité des personnes publiques en droit administratif »,
R.D.P., 1972, p. 781.
715
BRAIBANT(G.), « Conclusions C.E., 29/4/1970 Sté UNIPAIN », A.J.D.A., 1970, p. 430
716
Elle est portée par des auteurs de renom ; ainsi par ex. CHAPUS (R.) écrit: " Le principe
gouverne l'activité de toute personne morale, publique ou privée, à l'exception nécessaire de
218
comme l’atteste ce propos de Marcel WALINE pour lequel « il n'est pas de
personnes morales qui ne soient plus ou moins spécialisées. L'Etat lui-même, à
moins qu'il ne soit totalitaire, laisse de côté, par exemple, le spirituel717 ; il
n'impose à ses sujets ni religion, ni conception métaphysique sur l'essence du
monde »718. Cependant, le refus et l’acceptation de la spécialité étatique
s'appuient sur les notions de personnalité morale et de compétence générale 719.
Les deux notions n'étant pas indifférentes l’une de l’autre. Le refus
d’application à l’Etat des conséquences de la personnalité morale.
«Le principe de spécialité est inhérent à la personnalité morale ; il se
fonde sur l'existence d'un but à atteindre »720. Sans rejeter l'idée de personnalité
morale de l'Etat721, certains auteurs montrent, que les conséquences de la
personnalité s'accommodent mal avec l'Etat alors que pour d'autres, les
Collectivités étant entrées « dans la sphère du droit ... il n'y a pas de raison pour
l'Etat"; Droit administratif général, p. 277, Montchrestien 1990 ou VEDEL (G.) et DELVOLVE
(P.) qui écrivent: "Les personnes morales publiques ou privées ( à l'exception de l'Etat) voient
leur activité, leur capacité limitées par le principe de spécialité, qui leur interdit de faire des
actes ne se rapportant pas à l'objet qui est le leur "; Droit administratif, tome 2, p. 386.
717
Art. 1 al 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier précitée.
718
Même aux Etats-Unis d'Amérique, Etat a priori "non totalitaire", le spirituel n'est pas laissé
de côté, puisque dans la décennie passée suite aux propos de REAGAN (R.), une dizaine d'Etats
ont adopté des lois tendant à imposer la présentation du récit biblique de la Genèse comme
théorie rivale de la théorie darwinienne ; "la dernière de ces lois ne sera abolie qu'en 1987 " cf.
LECOURT (D.), Toujours le combat des valeurs contre Darwin, Le monde Diplomatique,
Manière de voir "Etats-Unis, Fin de siècle", n° 16, octobre 1992.
719
Compétence générale qui exclurait du principe les personnes qui en seraient dotées. cf. ce
même arrêt dans lequel le juge déclare que le principe ne s'applique qu'aux " personnes morales
de droit public ayant une compétence limitée ...".
720
CHAPUS (R.), Droit administratif général, Paris, Montchrestien, 1990, p. 278.
721
Sur ce rejet cf. CARBONNIER (J.) qui écrit: " ... c'est par un abus technique que le droit
public libéral du XIXème siècle, l'a coulé dans la notion de personne morale, pour faire
redescendre de l'empyrée, les vieilles idées du souverain et du prince. L'Etat est un concept
irréductible à tout autre. Il n'est pas dans le système du droit, il est ce système." Droit civil,
tome 1, p. 364, coll. Thémis, P.U.F. 1982 ou. DUGUIT (L), Traité de droit constitutionnel,
tome 1, BOCCARD, 1927, p. 481 et ss. Bien modestement, je me demande, si en matière
d'organisation du pouvoir normatif, la théorie des personnes morales est d'une quelconque
utilité ? Il suffit de constater à cet égard que la théorie de la séparation des pouvoirs se dispense
de la personnalité morale, pour ne s'attacher qu'aux organes. Les autorités administratives
indépendantes en sont aujourd'hui la preuve manifeste.
219
que la question de la jouissance du droit et de la capacité juridique ne soit pas
posée à leur occasion »722.
722
HAURIOU (M.), Précis élémentaire de droit administratif, Paris, Sirey, 1938, p. 30.
723
BENOIT (F.P.), Le droit administratif français, Paris, Dalloz, 1968, p. 25. Il écrit: "... en ce
qui concerne l'Etat, ...; celui-ci a, ..., deux catégories de missions, de création du droit et de
gouvernement, d'une part, et, d'autre part, de prestation de services et d'exercice de
compétences définies par le droit ... Ces deux catégories de missions sont trop hétérogènes pour
qu'il soit permis de les analyser comme étant les missions d'une seule et même personne ... C'est
donc dire que le vocable Etat cache deux personnes juridiques distinctes : l'Etat - Nation, source
du droit interne, et l'Etat -Collectivité, subordonné à ce droit comme toute autre Collectivité.
724
Ibid., p. 28.
725
CARRE DE MALBERG (R.), Contribution à la théorie générale de l'Etat, réimpression de
l'éd., Paris, Sirey, 1920, C.N.R.S., 1962, p. 13.
726
CARBONNIER (J.), Droit civil, tome 1, Coll. Thémis, Paris, P.U.F., 1982, p. 385.
727
JULLIOT DE LA MORANDIERE (L.), Droit civil, tome 1, Dalloz, 1965, p. 27.
728
Ainsi, par exemple le Conseil municipal qui ne règle les affaires communales que si le Maire
le réunit (il a cependant une capacité d'exercice minimale) et dans les limites de l'ordre du jour
de la réunion.
729
AUBERT (J.L.), Introduction au droit, Coll. A. Colin, 1984, p. 189.
220
Cette idée de capacité de jouissance concernant l'Etat, n'est pas reçue
par la doctrine730 , y compris parmi les auteurs favorables à la reconnaissance
de la spécialité de l'Etat. Ceci se manifeste tout d'abord par la distinction de la
capacité et de la spécialité731. Jean Claude DOUENCE établit cette différence
en considérant « qu'une association déclarée est incontestablement capable
d'acquérir des immeubles à titre onéreux. Pourtant, une telle acquisition ne
sera régulière que si elle sert au fonctionnement de l'association; elle sera
irrégulière si elle vise un autre but ... »732. Or, ici l'auteur considère que
l'association est titulaire d'un droit, qu'elle ne saurait exercer, que si et
seulement si elle l'exerce dans le but pour lequel elle a été créée. Il raisonne
comme si la capacité des personnes morales était une capacité d'exercice
soumise à des restrictions et non une capacité de jouissance. Les personnes
morales ne disposent pas en soi de la capacité juridique, c'est ce qui les
distingue des personnes physiques733. Ce rejet de l'idée d'une capacité de
jouissance applicable à l'Etat se manifeste, ensuite, dans l'invocation de la
compétence générale des Collectivités territoriales734. L’Etat ; s’il a la main
730
HAURIOU (M.), n'éludait pas la question puisqu'il s'interrogeait à ce propos et intitulait un
paragraphe de son précis: " Mesure dans laquelle les administrations publiques ont la jouissance
des droits de puissance publique " et il n'était pas possible de dire qu'en fait il évoquait une
capacité d'exercice, puisqu'un autre paragraphe s'intitulait: " De la capacité avec laquelle les
administrations publiques peuvent exercer leurs droits et des incapacités qui peuvent les
frapper". Concernant la capacité de jouissance, sa réponse manquait de clarté pour ce qui
concerne l'Etat, puisqu'il faisait résulter cette capacité d'"une concession de l'Etat, opérée par
voie législative." Précis élémentaire de droit administratif, Sirey, 1938, pp. 31-32.
731
Ibid., p. 762.
732
DOUENCE (J.C.), « La spécialité des personnes publiques en droit administratif », R.D.P.
1972, p. 761.
733
PONTIER (J.M.), R.D.P., 1984, p. 1464.
734
PONTIER (J.M.), associe reconnaissance de la spécialité étatique et rejet du caractère
opératoire de l'affirmation. Il écrit : " Parler de généralité de compétence ne peut évidemment
signifier compétence illimitée. L'on peut donc admettre, ..., que la compétence des Collectivités
publiques territoriales est plus ou moins limitée, l'essentiel tenant dans ce plus ou moins ". Sur
une clause générale de compétence, R.D.P., 1984, p. 1465.
221
mise sur les activités des Collectivités décentralisées c’est d’abord parce qu’il
détient la compétence générale sur l’ensemble du territoire camerounais735.
735
Ibid.
736
MICHOUD (M.) cité par J.C. DOUENCE dans « La spécialité des personnes publiques en
droit administratif », R.D.P., 1972, p. 781.
737
DOUENCE (J.C.), La spécialité des personnes publiques en droit administratif, op cit.,
p. 783.
738
Ibid, p. 765.
739
Ibid, p. 770.
740
Ibid, p. 781.
222
Cependant l'idée que le but des Collectivités à caractère corporatif serait
fixé sans ingérence d'une volonté étrangère est en contradiction avec une vérité
que Jean Claude DOUENCE rappelait dans son article et selon laquelle « l'idée
d'affectation à une tâche déterminée par une volonté extérieure "se retrouve en
droit public" car elle est inhérente à la notion générale de compétence »741.
741
Ibid, p. 766.
742
MICHOUD (M.), écrivait: " L'Etat est, comme les autres personnes morales, soumis au
principe de spécialité, ... Mais l'Etat souverain diffère des autres êtres juridiques en ce qu'il n'a
au-dessus de lui aucune autorité qui puisse lui commander et l'obliger à respecter ce principe."
cité par DOUENCE (J.C.), « La spécialité des personnes publiques en droit administratif »,
R.D.P., 1972, p. 781.
743
Dans le recours n° 644/ 99-2000 du 04 juillet 1997, commune rurale d’Angossas c/ Etat du
Cameroun la cour a décidé que : le recours de la dite commune était recevable en la forme et
au fond, il est justifié en conséquent, la décision n° 0079/D/MINAGRI/CAB du 12 mars 1997
est annulée.
223
de ces réductions tant législative que réglementaire entame sérieusement l’idée
de compétence générale et renforce l’idée de spécialité.
744
ROUX (A.), « les limites constitutionnelles à une nouvelle évolution de la décentralisation »,
cité par PAVIA (M.-L.), Le transfert des compétences…, op. cit., p. 233
224
logements et d’action sociale. Il précise cependant que cette jurisprudence reste
encore inachevée745.
745
Ibid.
746
BENOIT (F.P.), Les attributions générales, Paris, Dalloz, Collectivités locales, p. 4012-1.
747
Dictionnaire, Le Petit Robert, éd., 2014, p. 97.
225
pourra être utilisé comme synonyme des précédents, il servira à spécifier le
contenu de cette capacité.
Aussi, ordonner au sens de MONTESQUIEU748, c'est disposer de la
capacité de faire ou avoir la compétence de faire ou s'être vu attribuer la
possibilité de faire des actes juridiques.
On entend par compétence l’aptitude légale d’une autorité
administrative à prendre une décision ou à faire un acte conformément aux lois
et règlements. La répartition des compétences apparaît comme une opération
qui rend les autorités administratives habilités à prendre les décisions qui
engagent juridiquement l’institution. La répartition précède donc la
compétence, la capacité et par conséquent les attributions. Elle serait
génératrice de pouvoir.
748
MONTESQUIEU, op. cit., p.120 et ss.
749
PONTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales - la répartition des compétences -
L.G.D.J., 1978, p. 32. La présentation de l'auteur impliquant ainsi l'existence d'une puissance
publique simple et d'une puissance publique " avec possibilité de recourir à la contrainte ", on
notera avec curiosité la présentation de la contrainte comme ".
750
Ibid., p. 33.
751
Ibid., p. 34.
226
compétence supérieure à la capacité alors qu'il est lui-même une capacité ? Le
vice du raisonnement est manifeste.
752
Règlement intérieur des entreprises CARPENTIER (J.L.), Jurisclasseur travail Fasc.,
pp. 18-30., Dans ce règlement l'employeur peut apporter des restrictions à l'exercice du droit de
grève C.E. 12/11/1990, Min. des Aff. soc. Et de l'emploi et Sté ATOCHEM, A.J.D.A., 1991, p.
484, HECQUARD-THERON (M.), Essai sur la notion de réglementation, Paris, L.G.D.J.,
1977, p. 113.
753
Ibid.
754
Ibid.
755
Ibid., p. 62.
227
économiques des Collectivités décentralisés756, garde en contre partie le
pouvoir de les réduire, inversement de les augmenter au gré des
circonstances757. Cette capacité de l’Etat face aux Collectivités territoriales
représente pour la doctrine contemporaine une limite au principe de
l’autonomie financière. S’il est vrai que cette approche a son sens dans la
science, il reste tout de même qu’il s’agit de répartition dans un Etat unitaire
aussi, nous nous plaçons à la suite des auteurs tels que Kelsen.
En effet, le problème du transfert de compétence est complexe et les
difficultés de toutes natures qu’une répartition des attributions peut rencontrer,
suscitent la méfiance des spécialistes pour qui l’idée même du partage est
dépassée758.
756
Ibid.
757
L’art 15 à 28 de la loi de 2004. Parallèlement POMTIER (J. M.), op.cit., p. 181.
758
POMTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales … op. cit., p. 45.
759
TARIK ZAÏR, la gestion décentralisée …, op. cit., p. 144.
760
KONTOGIORGA-THEOCHAROPOULOU, « La notion d’affaires locales selon la
jurisprudence du Conseil d’Etat Hellénique », RIDC, vol. 42, n° 3, juillet-septembre 1990,
pp. 983-1003.
228
La distribution des compétences se fait par la loi761. C’est suivant cette
considération que des auteurs pensent que la répartition de compétences ne
garantit pas l’autonomie des Collectivités762. Il s’agirait plutôt de garantir
l’exercice de ces compétences. En réponse à ces idées, nous dirons que notre
démonstration est théorique et technique. Ainsi, si l’idée de répartition ou de
transfert de compétences met un point de départ à l’exercice des fonctions des
Collectivités territoriales, leur pouvoir de décision dans l’application des
compétences transférées est le problème que l’on étudiera dans la suite de
l’analyse.
761
GIQUEL (J.), op. cit., p. 82.
762
PAVIA (M.-L.), Les transferts des compétences…op.cit., p. 60.
763
Ibid.
764
V. DELCAMP (A.), « Principe de subsidiarité et décentralisation », Revue française de droit
constitutionnel, 1995, p. 609 ; GAUDEMET, (Y.) « Libres propos sur la subsidiarité
spécialement en Europe », in Mélanges Paul AMSELEK, Bruxelles, Bruylant, 2005, p. 315.
229
A)- La conciliation libre administration et autonomie financière
Si le pouvoir constituant n’a pas précisé le contenu de la libre
administration, il souligne que son exercice est encadré par la loi. Autrement
dit, s’il est muet sur le contenu du principe, sur ses limites, c’est parce qu’il
laisse au législateur le soin de le clarifier, de déterminer les modalités et d'en
dégager les bornes. C’est donc à la loi d’encadrer la libre administration des
Collectivités territoriales, de donner du sens et du contenu à ce principe. Pour
autant, il faut réfuter l’analyse consistant à déduire du rôle fondamental dévolu
par l’article 55 au pouvoir législatif que la libre administration des Collectivités
territoriales ne serait, au regard de la Constitution, qu’un principe à valeur
législative765.
765
PAVIA (M.-L.), Les transfert des compétences…op.cit., p. 61.
766
FAVOREU (L.), La notion de liberté fondamentale devant le juge administratif, Paris,
Dalloz, 2001, p. 1739.
767
VERPEAUX (M.), « Dans son commentaire de l'arrêt du Conseil d'Etat du 18 janvier 2001,
Commune de Venelles c/ M. Morbelli », RFD adm., nº 3, 2001, p. 684.
230
Constitution pour l'un, par l'article 16 de la Déclaration des droits pour l'autre,
pour l'affirmation des libertés reconnues dans d'autres dispositions qui ne sont
plus alors organiques mais qui concernent des droits substantiels »768. La libre
administration peut d'ailleurs être conçue comme une forme de séparation
verticale des pouvoirs tandis que la forme habituelle de la séparation serait
horizontale. L'une comme l'autre ne sont pas des droits mais des moyens
d'asseoir des droits ou des libertés, ils sont des moyens, ils ne constituent pas
des buts769.
Cette conception était déjà affirmée au début du siècle dernier. Pour ces
derniers, la décentralisation représentait l'affirmation des libertés locales771.
C’est également ce qui ressort des débats de la commission de la Constitution
de 1946 en France. L'inscription du principe de libre administration dans le
texte de la Constitution de 1946 français et de 61 camerounais, exprime la
volonté des constituants de consacrer les libertés locales et pas simplement un
principe d'organisation administrative772. En effet, le principe de libre
administration par des Conseils élus a évolué et a été complété par le concept
768
Art 16 de la Déclaration des droits de 1789.
769
Ibid., p. 684.
770
BACOYANNIS (C.), Droit des libertés fondamentales, Paris, Dalloz, 2001, 2e éd., p. 100.
771
BARTHELEMY (J.), « Les tendances de la législation sur l'organisation administrative
depuis un quart de siècle », RDP, 1909, pp. 150-151 qui écrit que " Le point qu'il ne faut jamais
perdre de vue, c'est que la décentralisation est une liberté... Elle a toujours subi le sort des
autres libertés... ". v. aussi BERTHELEMY (H.), Traité élémentaire de droit administratif, éd.
Rousseau et Cie, 1933, p. 210, ou encore ROLLAND (L.), « La démocratie et la
décentralisation en France », RD publ. 1926, p. 141.
772
La déclaration d'André Philip, répondant aux députés Coste-Floret (MRP) et Bastid
(Rassemblement des gauches) qui demandaient la suppression du titre consacré aux
Collectivités territoriales.
231
d’administration du territoire dans bien nombre d’Etats. C’est la synthèse dans
l’unité nationale773. Toutefois, les textes ont fixé la distinction des
compétences. Dans son rapport public de 1983, intitulé « Décentralisation et
ordre Juridique », le Conseil d’Etat français définit le principe de libre
administration : « s’administrer librement c’est conduire sans être soumis à des
contraintes excessives, et sans interférer avec les pouvoirs législatifs,
gouvernementaux et judiciaires »774. Diverses catégories d’actes qui eu égard a
leur caractère administratif peuvent faire l’objet d’un encadrement par la loi et
d’un contrôle par le juge administratif.
773
KAMTO (M.), Pouvoir et droit en Afrique noire, Essai sur le constitutionalisme dans les
Etats d’Afrique noire francophone, op. cit., p. 546.
774
Cf. rapport C.E.
775
SOUNGALO OUATTARA, Gouvernance et libertés locales : pour une renaissance de
l’Afrique, Karthala, 2007, p. 134.
776
BACOYANNIS (V. C.), op. cit., p. 98.
777
Juin 1946 de la deuxième Commission de la Constitution : " J'estime en mon nom personnel,
qu'il est bon d'inscrire dans la Constitution les libertés locales... " ou encore, du même André
Philip, s'adressant à André Marie qui s'interrogeait sur le point de savoir si la libre
administration était une " liberté totale ": " Je ne sais pas ce que vous entendez par la liberté
totale. Les uns et les autres, quand nous sortons d'ici nous avons la liberté de circuler; mais
cette liberté est soumise à un contrôle de la circulation qui ne porte pas atteinte à cette liberté,
232
le principe de libre administration qui est « une liberté publique, parmi les plus
anciennes, des libertés locales »778.
mais qui l'organise. Nous affirmons le principe des libertés locales pour les Collectivités, aussi
bien municipales que départementales, mais il est bien évident qu'elles s'exercent sous le
contrôle administratif... " cité par BCOYANIS (C.), op. cit., pp. 96-97.
778
V. Constitution, in J.-Cl., Collectivités locales, nº 46.
779
ROUX (A.), « la libre administration », op. cit.
780
L’article 55 de la Loi constitutionnelle de 1996.
781
ROUX (A.), « La libre administration », op. cit.,
782
Gazette Nationale, Le moniteur universel lundi 30 novembre 1789 n°100, adoption des
articles 29 à 51 de la loi du 14 décembre 1789 sur les municipalités ; Révolution Française-
Assemblée Constituante, t. II, p. 272, PLON, réimpression de l'ancien Moniteur 1860.
783
DU PANSEY (H.), Du pouvoir municipal cité par M.BOURJOL dans Cours dactylographié
Administration régionale et locale, Faculté de droit de TOURS, 1982-1983, p. 8.
784
P. COT J.O. Débats Ass. Nat. Const. 17 Avril 1946, p. 1922.
785
DU PANSEY (H.), op.cit., p. 9.
233
2- L’autonomie financière et la libre administration des
Collectivités territoriales : deux notions constitutionnelles non
antinonymiques
786
BACOYANNIS (C.), Droit des libertés fondamentales, op. cit.
234
effectives sans un minimum d’autonomie financière »787. Dans le même ordre
d’idées, Théodore HOLO estime que « sans autonomie financière la
décentralisation n’est que mirage »788. Par ailleurs, la libre administration des
Collectivités locales apparaît désormais partout comme une condition de la
démocratie et de la bonne gouvernance publique.
787
PHILIP (L.), « L’autonomie financière des Collectivités territoriales », Cahiers du Conseil
constitutionnel, n°12, http://www.Conseil-constitutionnel.fr. T. HOLO écrit aussi à ce propos
que « sans autonomie financière la décentralisation n’est que mirage ».
788
HOLO (T.), « La décentralisation au Bénin : mythe ou réalité ? », Revue béninoise des
sciences juridiques et administratives, n°7, décembre 1986, p. 1.
789
NGONO TSIMI, op. cit., p. 82 et ss.
790
TROPER (M.), « La libre administration et théorie générale du droit. Le concept de libre
administration », in La libre Administration des Collectivités Locales. Réflexion sur la libre
administration, op. cit., p. 62.
791
BACOYANNIS (C.), Le Principe Constitutionnel de la Libre Administration des
Collectivités Locales, thèse précitée.
235
d’affirmer une liberté pour les municipalités qui justifie que tout au long des
travaux préalables à l’adoption de la Constitution, le terme « libre
administration » fut employé à maintes reprises sous d’autres expressions
synonymes de liberté, notamment l’autonomie. Au regard du contexte,
l’indépendance marquait le point de départ d’une nouvelle vie pour le peuple
camerounais.
Reprenant à son compte une réponse qui fut donnée à deux députés par
leur collègue André Philip, Président de la commission des lois en 1946 déclare
que « j’estime qu’il est bon d’inscrire dans la Constitution les libertés locales
(…) Sans entrer dans les détails, il faudrait poser, dans la Constitution le
principe d’autonomie pour les municipalités et les départements ». Le même
auteur conclut que : « le principe de la libre administration des Collectivités
territoriales a donc trouvé sa place dans le texte de la Constitution de 1946
grâce à la volonté d’inscrire les libertés locales dans la loi suprême du pays
[…] », la loi de 1957792 conduisait à l’inscription de la même loi dans la
première constitution793 et son application avant celle-ci794. Dans ce contexte, la
libre administration occupe la place d’un principe général…795
Le même point de vue revient chez Marc Joyau, qui adhère sans réserve
à la thèse de Constantino BACOYANNIS pour réfuter l’opinion selon laquelle
la synonymie établie entre libre administration et les expressions telles que
792
Loi Gaston de fer.
793
La loi constitutionnelle de 1960.
794
LADURE (P.), « Incidences de la loi cadre du 23 juin 1956 », Coll. Pub et Service du trésor,
pp. 41-45. Loi déferre a défini le but et les moyens d’une politique évolutive dans les territoires
relevant du ministère de la France d’outre mer.
795
Ibid.
236
« libre gestion », « libertés locales », ou encore « autonomie » ne signifie pas «
libre réglementation »796.
796
JOYAU (M.), De l’autonomie administrative et financière des Collectivités territoriales
françaises. Essai sur le pouvoir normatif local, Préface Jean-Yves Vincent, bibliothèque de
Droit Public, t. 1, 198, p. 59.
797
NGONO TSIMI, op. cit., p. 82 et ss.
798
Ibíd.
799
PHILIP (L.), « Les garanties constitutionnelles du pouvoir financier local », op. cit., p. 453.
237
B)- Les moyens et critères qui permettent d’organiser
juridiquement le partage des compétences entre l’Etat et les
CTD
Si la libre administration s’apparente à une liberté, à un pouvoir dans ses
différentes spécificités locales, elle pourrait être entendue au Cameroun comme
une garantie tacite de l’exercice des compétences locales, c’est la traduction
juridique de l’aptitude générale des Collectivités à intervenir800. C’est le
corollaire du principe de subsidiarité perçu comme une norme d’orientation
destinée à promouvoir l’action libre et autonome.
800
PONTIER (J.M.), « Semptermanet. Sur la clause générale de compétence », RDP, 1984,
p. 1443.
238
l’Etat que du privé801. Elle ouvre la porte au pouvoir d’initiative de l’élite
comme elle permet aux institutions décentralisées d’intervenir librement dans la
gestion de leurs affaires locales. Cette approche doit être acceptée avec
prudence. Le caractère général et vague de la clause générale de compétence
laisse apparaître certaines confusions. Il est difficile de tracer une ligne nette de
partage entre les sphères d’intervention des Collectivités.
801
TARICK (Z.), La coopération décentralisée…, op. cit., p. 146.
802
BOURJOL (M.), Juris-class. Collectivités locales, v Constitution, n° 55 et 60.
803
DE MALBERG(C.), cité par ROUX(A), Comparaison libre administration et
décentralisation : Contribution à la théorie générale de l'Etat, Sirey, 1920, p. 170.
804
Ibíd.
805
AUBY (J.-M.), Intervention au colloque d'Arc-et-Senans et Besançon des 19-20 avr. 1984
sur la libre administration des Collectivités locales, in La libre administration des Collectivités
locales, sous la direction de J. Moreau et G. Darcy, Economica et Presses universitaires d'Aix-
Marseille, préc., p. 94.
239
citoyens » constituant la Collectivité territoriale806, lesquelles doivent être
préservées non seulement des empiétements de l'Etat lui-même mais aussi de
ceux pouvant émaner d'autres personnes publiques807.
806
FAVOREU (L.), La problématique constitutionnelle des projets de réforme des Collectivités
territoriales, cette Revue 1990, p. 400 ; BOURJOL (M.) et BODARD (S.), Droit et libertés des
Collectivités territoriales, Masson, 1984, p. 34 et 35.
807
FAVOREU (L.), Libre administration et décentralisation, op. cit., p. 94.
808
BOULOUIS (J.), op. cit, p. 304.
809
L'auteur montre que l'expression " Collectivité territoriale ", employée par DUGUIT (L.) dès
1903, par MICHOUD (L.) en 1906, CARRE DE MALBERG (R.), en 1920 et ROLLAND (L.)
à partir de 1935, désignait initialement un ensemble formé par tous les groupes humains définis
par leur rattachement à un certain territoire.
810
BACOYANNIS (C.), op. cit., p. 100.
811
Art. 46 de la Constitution du 04 mars 1960.
240
réellement de vie propre, « la majorité de la doctrine pense qu'il n'y avait que
des inconvénients à abandonner le département, auquel plusieurs années
d'existence ont donné une vie particulière qu'on ne saurait totalement nier »812.
812
BACOYANNIS, op. cit.
813
Ce principe trouve son fondement dans l’art. 9 al. 2 de la loi d’orientation de la
décentralisation précitée.
814
PAVIA (M.-L.), Le transfert de compétence…, op. cit., p. 94.
241
En effet, dès lors que les compétences sont réparties en fonction de
certains domaines ou titre de compétence, elles demeurent figées et toute
variation opère contra legem.
Le principe de subsidiarité permet d’exercer une compétence non pas en
fonction d’un titre déterminé, mais en fonction d’un but ou d’une mission à
remplir : dès lors qu’un certain but devra être atteint sans pouvoir l’être si la
compétence est exercée au niveau inférieur, alors cette compétence devra être
exercée au niveau supérieur. A l’inverse, si ce but peut être atteint par la
production d’une norme au niveau inférieur sans qu’il soit nécessaire que le
niveau supérieur intervienne, alors ce dernier ne pourra pas intervenir et devra
laisser le niveau inférieur produire et orienter la dite norme.
Pour certains auteurs, il ne saurait exister de principe de subsidiarité,
mais tout au plus un simple objectif de subsidiarité.
L’intervention de l’Etat pourrait se justifier avec la théorie de Jean
Jacques ROUSSEAU à la suite de Thomas HOBBES qui proclame que le
principe de liberté ne correspond pas à une liberté pleine et entière mais au
respect volontaire de normes destinées à instaurer l’égalité entre les individus.
En ce même sens MONTESQUIEU estime que « dans un Etat, c’est-à-dire
dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à vouloir faire
ce que l’on doit pouvoir et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit
pas vouloir… »815.
L’Etat pour un besoin d’équilibre entre légalité et liberté des hommes, a
l’obligation d’intervenir, et non pas seulement la possibilité, mais à vouloir trop
intervenir, l’Etat peut devenir totalitaire et nuire lui-même à la liberté des CTD.
La subsidiarité selon Alain Didier OLINGA, est que les actions visant à
la satisfaction des besoins des populations soient menées au niveau
815
BRISSON (J.F.), Les transferts de compétences…, op. cit., p. 67.
242
institutionnel le plus proche des dites populations et avec le phénomène de
coopération décentralisée816.
Jean François BRISSON souligne justement que « le principe de
subsidiarité ne permet en effet d’établir aucune délimitation matérielle des
compétences locales, pas plus qu’il ne limite bien au contraire l’aptitude
générale des Collectivités locales à ce saisir des affaires qu’elles jugeraient
d’intérêt public local »817. Qualifié par certains de « degré zéro de la
politique »818. Le principe de subsidiarité n’est guère de nature à clarifier la
répartition des compétences entre les CTD »819.
Le principe de subsidiarité peut être défini comme « un principe
d’organisation sociale selon lequel une société d’ordre supérieur ne doit pas
intervenir dans la vie interne d’une société inférieure en lui levant ses
compétences. Mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l’aider en
vue du bien commun. Ce principe est un frein à l’étatisme, au collectivisme. Il a
harmonisé les rapports entre les individus, les groupes intermédiaires, les Etats
et les organisations supra-étatiques. Il tend à préserver l’initiative et la
responsabilité des personnes, des familles et des corps intermédiaires en
valorisant les rapports de proximité dans la société820.
Cette définition pour reprendre Jean-Baptiste BOUET montre bien le
caractère polysémique et polymorphe du principe. Cependant si ce principe est
important pour l’aménagement des sociétés politiques, le mot subsidiarité
n’apparait guère dans le texte constitutionnel de 96. L’interprétation de l’article
816
OLINGA (A.-D.), La Constitution de la république du Cameroun, Yaoundé-Cameroun,
UCAC, 2006, p. 266.
817
Brisson (J.F.), Les transferts de compétences…, op.cit, p. 530.
818
TENZER (N.), « l’Etat-gérant ou l’impensé de la décentralisation », pouvoirs locaux, 2003,
n° 59, p. 80.
819
PAVIA (M.-L.), Les transferts des compétences…, op. cit., p. 143.
820
Message du chef de l’Etat français au Parlement, 2 juillet 2002, JO débats AN, séance du 2
juillet 2002, pp.1820-1821.
243
55 al. 2 et al. 4 permet de déduire l’existence de ce principe dans la loi
constitutionnelle de 1996.
C’est aussi un principe de répartition des compétences à l’intérieur
de l’Etat. L’art. 4 de la Charte européenne de l’autonomie locale énonce en
substance que l’exercice des responsabilités publiques doit, de façon générale,
incomber, de préférence, aux autorités les plus proches des citoyens.
L’attribution d’une responsabilité à une autre autorité doit tenir compte de
l’ampleur et de la tâche et des exigences d’efficacité et d’économie.
3- Les Critiques
Pour une partie de la doctrine, la clause générale de compétence est plus
négative bien qu’elle détermine d’une manière extensive la sphère
d’intervention des Collectivités locales. Elle consiste à l’attribution à un ordre
de Collectivité d’une compétence d’exception sous forme d’énumération
limitative, le second ordre disposant d’une compétence de principe821.
821
PONTIER (J.M.), L’Etat et les Collectivités locales…, op. cit., p. 99.
244
complexité et la diversité des décideurs. Ainsi, un investissement peut être
retardé dans l’attente de la décision de l’une ou l’autre des Collectivités
concernées, chacune ayant la possibilité d’un rejet sur une autre. Le législateur
camerounais sur ce point a pris de l’avance sur son homologue français qui
adoptera la clause légale de compétence en 2015822.
822
BOUVIER (M.), Les finances locales…, op. cit., p. 46.
823
DOUENCE (J.C.), « La spécialité des personnes publiques en droit administratif », R.D.P.
1972, p. 77. L’auteur note avec raison que cette liberté résulte toujours « d'une habilitation
légale» et qu'ainsi « l'intérêt collectif qu'elles poursuivent doit nécessairement avoir un
caractère public. Quel que soit le contenu précis que l'on attache à ce qualificatif, il n'est
généralement pas défini par le groupement lui-même, mais par une règle supérieure qui
s'impose à lui ».
824
Ce passage du social au juridique ne s'exprime pas sans tension puisque le principe même de
la reconnaissance traduit une intégration négatrice de la réalité sociale. cf. à cet égard
concernant la commune BOURJOL (M.), Les biens communaux, et particulièrement le titre IV
La nébuleuse organique communautaire », Paris, L.G.D.J., 1989, p. 327 et ss.
825
DOUENCE (J.C.) montre que certains établissements publics territoriaux disposent sous
certaines conditions de la possibilité de déterminer eux-mêmes leur capacité. J.C. DOUENCE
« La spécialité des personnes publiques en droit administratif », R.D.P., 1972, p. 797 et ss; cf.
le titre III de la loi 92-125 du 6/2/1992 relative à l'administration territoriale à propos duquel M.
BOURJOL évoque l'idée d'« intégration matérielle » dans la mesure où les nouveaux
établissements publics exercent « une compétence quasi générale, celle de la commune devient
résiduelle, d'autant plus que d'autres compétences peuvent s'ajouter par la suite ». BOURJOL
(M.), La réforme de l'administration territoriale, Commentaire de la loi d'orientation du
6/2/1992, A.J.D.A., 1992, p. 147 ; ROUQUETTE (R.) considère aussi qu'il s'agit d'institutions
qui « sont davantage des instruments d'intégration que (de) simples instruments de coopération
245
uniquement dans le cadre des rapports Etat - Collectivités. Elle a vocation aussi
à s'appliquer au sein même de l'administration étatique826, la clause de
compétence générale est celle donnant capacité pour mettre en œuvre une
politique synthétiquement déterminée827, elle permet sans doute la recherche
de l'efficacité dans la prise en charge de l'intérêt général, mettant en œuvre
ainsi le principe de subsidiarité.828. En revanche, elle ne permet pas à priori
de déterminer l'organe qui doit intervenir, elle constitue une justification
juridique à posteriori de la compétence.
830
Ibid. La prise de participation d'une Collectivité dans le capital d'une société commerciale
est une de ces actions proscrites mais non empêchées - ex: la commune de Mamers avait pris
pour relancer une distillerie une part minime du capital d'une société cf. Le Maine Libre, 7 Juin
1980, La participation de départements au capital de S.D.R. cf. HELIN (J.C.), Le département
et le droit de l'intervention économique, Paris, Les Cahiers du Droit public, 1986, p. 17. La
constitution d'écrans associatifs entre les Collectivités et l'activité n'est pas toujours de nature à
préserver les élus qui peuvent le cas échéant supporter les dettes sociales de l'entreprise en cas
de liquidation cf. T.C.2/7/1984 Préfet, Corep du Loiret c/ T.G.I. Orléans A.J.D.A. 1984, p. 562.
831
Ibid., Décret 5/11/1926 J.O. 7/11/1926, p. 118, l'art.14 soumet à approbation " L'intervention
des Communes, notamment par voie d'exploitation directe ou par simple participation
financière, dans les entreprises, même de forme coopérative ou commerciale, ayant pour objet
le fonctionnement des services publics, le ravitaillement.
832
HANNEQUART, L'Etat fédéré en droit international, th. dactylographiée TOURS 1991,
p. 189 et ss. FERSTENBERT (J.), Droit et pratique de l'action extérieure des Collectivités
locales, R.J.C.O., n° 1 et 2, 1988 ; Concernant les relations extérieures des Collectivités locales,
cf. C.E.23/10/1989, Cme de Pierre fitte sur Seine, Com. de St Ouen, Com. de Romainville
A.J.D.A., 1990, p. 119 et T.A., LA Réunion 18/12/1991, Lechat c/ Com. De St Denis de la
Réunion, LES PETITES AFFICHES, n° 74, 1993.
247
les lois de décentralisation de 1982-83, « les inflexions de compétences »833 tant
positives que négatives constatées et particulièrement l'évolution du régime
d'aide aux entreprises en difficulté ou des interventions dans le domaine
culturel834.
833
PONTIER (J.M.), « Les anamorphoses de la décentralisation », 1ere partie, les petites
affiches, 1992, n° 137, p. 6.
834
BALEYNAUD (P.), « La culture: l'oubliée de la décentralisation », R.D.P., 1991, p. 149 et
ss.
835
PONTIER (J.M.), « Sur une clause générale de compétence », R.D.P., 1984, p. 1468 et ss.
836
Loi sur la décentralisation de 2004, loi de finance locale et loi fiscale locale (Communes &
régions) concourent avec l'Etat à l'administration et à l'aménagement du territoire, au
développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique, ainsi qu'à la protection de
l'environnement et à l'amélioration du cadre de vie : L'administration territoriale de la
République est assurée par les Collectivités territoriales et par les services déconcentrés de
l'Etat. Elle est organisée, dans le respect du principe de libre administration des Collectivités
territoriales, de manière à mettre en œuvre l'aménagement du territoire, à garantir la démocratie
locale et à favoriser la modernisation du service public.
837
LONG (M.), Considérations générales sur le droit communautaire, rapport public du
Conseil d'Etat pour 1992, la documentation française, p. 25.
248
l’article 5 de la Constitution de 1996 s'inscrit dans la tradition constitutionnelle
camerounaise.
838
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences…, op. cit., p. 268.
249
compétences limitativement énumérées ainsi que l’organisation des services
correspondants839.
839
BERNOT (J.B.), la répartition des compétences, LGDJ, Paris, 1996, p. 17.
840
LOMOYNE DE FORGES (J.-M.), « Subsidiarité et chef de file : une nouvelle répartition
des compétences », op. cit., p. 52.
841
FAURE (B.), « Remarques sur le problème de la loi pour décentraliser », in droit des
Collectivités territoriales, 2009, p. 188.
250
Au surplus, il n’existe pas dans le droit financier local camerounais le
principe d’indépendance des titres de compétence. L’Etat peut en exerçant ces
compétences modifier les conditions d’exercice, et donc l’étendue, des
compétences décentralisées. Il le fait au nom des de ses grandes politiques
transversales qui ignorent la répartition sectorielle des responsabilités et
s’exercent en la recomposant pour les besoins de ses objectifs. Les titres de
compétence peuvent donc se trouver annihilé, la dynamique d’adaptation du
droit étant maintenu au niveau de l’Etat.
842
REYMOND (B.), La Fin de l’État jacobin ?, LGDJ, coll. Décentralisation et développement
local, nº 1998, Paris, 1998, 117 p. Du même auteur, «La Région, une France d’avenir »,
numéro des Cahiers de l’Institut de la décentralisation, nº 9-III/2006, 2006, 60 p.
843
Art. 15, loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux Communes.
251
protection des ressources en eaux souterraines et superficielles ; l'élaboration de
plans communaux d’action pour l’environnement ; la création, l’entretien et la
gestion des espaces verts, parcs et jardins d’intérêt communal ; la gestion au
niveau local des ordures ménagères844.
844
Ibid., Art. 16.
845
Ibid., Art. 17.
252
l’administration des lycées et collèges de l’Etat et de la région par le biais des
structures de dialogue et de concertation.
846
Ibid., Art. 18.
847
Ibid., Art. 20.
253
développement ; la passation, en relation avec l'Etat, de contrats de plans pour
la réalisation d'objectifs de développement ; la participation à l'organisation et
à la gestion des transports publics interurbains ; la coordination des actions de
développement ; l’élaboration conformément au plan national, du schéma
régional d’aménagement du territoire ; la participation à l'élaboration des
documents de planification urbaine et des schémas directeurs des Collectivités
territoriales ; la réhabilitation et l'entretien des routes départementales et
régionales ; le soutien à l'action des communes en matière d'urbanisme et
d'habitat848.
848
Art. 20 de la loi n° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions.
849
Ibid., Art. 21.
254
dialogue et de concertation ; le soutien à l'action des communes en matière
d'enseignement priMaire et maternel, l'élaboration et l'exécution des plans
régionaux d'élimination de l'analphabétisme ; la synthèse annuelle de
l'exécution des plans de campagnes d'alphabétisation ; le recrutement des
personnels chargés de l'alphabétisation ; la formation des formateurs ; la
conception et la production de matériels didactiques ; la réalisation de la carte
de l'alphabétisation ; la mise en place d'infrastructures et d'équipements
éducatifs ; le suivi et l'évaluation des plans d'élimination de l'illettrisme ; le
recensement exhaustif des métiers régionaux et l’élaboration d’un répertoire
des formations professionnelles existantes avec indication des aptitudes
requises et des profils de formation ; la participation à l’élaboration de la
tranche régionale de la carte scolaire se rapportant à l’enseignement technique
et à la formation professionnelle ; l'élaboration d'un plan prévisionnel de
formation ; l'entretien et la maintenance des établissements, centres et instituts
de formation de la région ; le recrutement et la prise en charge du personnel
d'appoint ; la participation à l'acquisition de matériels didactiques, notamment
les fournitures et matières d'œuvre ; la participation à la gestion et à
l'administration des centres de formation de l'Etat850.
850
Ibid., Art. 22.
851
Ibid., Art. 23.
255
découverte des vestiges préhistoriques ou historiques ; l'organisation de
journées culturelles, de manifestations culturelles traditionnelles et de concours
littéraires et artistiques ; la création et la gestion d'orchestres, d'ensembles
lyriques traditionnels, de corps de ballets et de troupes de théâtres d'intérêt
régional ; la création et la gestion de centres socio-culturels et des bibliothèques
de lecture publique d'intérêt régional ; la collecte et la traduction des éléments
de la tradition orale, notamment les contes, mythes et légendes, en vue d'en
faciliter la publication ; l'assistance aux associations culturelles852.
852
Ibid.,Art. 24.
853
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences…, op.cit., p. 267.
854
Décret n° 22012/0881/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines
compétences transférées par l’Etat aux Communes en matière de sport et d’éducation physique.
Décret n° 2012/08877/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines
compétences transférées par l’Etat aux Communes en matière d’appui aux micro-projets
générateurs de revenus et d’emplois. Décret n° 2012/0880/PM/ du 27 mars 2012 fixant les
modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux Communes en
matière d’organisations d’œuvres de vacances.
256
13 août 2004, ne saurait être assimilé ni à une délégation ni à un transfert de
compétences.
La haute juridiction précise en effet à ce propos que la loi, en
transférant ces crédits aux départements, « ne leur a pas transféré une
compétence de l’Etat » dès lors qu’«aucune disposition législative ou
réglementaire ne confie à l’Etat le soin d’assurer la sauvegarde et la mise en
valeur de ce patrimoine [et qu’] aucune compétence obligatoire nouvelle n’est
créée ». Il ne s’agit dès lors selon le juge que d’un « transfert de moyens »,
notamment parce qu’il n’est accompagné « d’aucune obligation juridique »855.
855
CE, 9 mars 2007, Département de la Vendée, req. 290042, inédit. Cité par BRISSON (J.-
F.), p. 268.
856
Les principes de libre administration et celui de subsidiarité.
857
Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux Communes.
858
Loi n° 2004/019 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux régions.
859
MOREAU (J.), Droit administratif, Coll. Droit fondamental, Paris, P.U.F.,1989, p. 198.
257
La spécialité se traduit par une dimension territoriale, formelle et
matérielle. L'autorité organisatrice a fixé légalement la spécialité des acteurs
qui y apportent le cas échéant, des modifications par consensus ainsi qu'on l'a
évoqué pour la compétence générale.
La dimension territoriale constitue un des éléments déterminants la
compétence personnelle d'un organe. Dans son propos sur le pouvoir
réglementaire local, Maurice BOURJOL fait du territoire le critère de la
spécialité des Collectivités locales860.
860
« Ce Pouvoir réglementaire est spécial, en ce qu'il se rapporte aux affaires d'intérêt local
... »; BOURJOL (M.), « Libre administration des Collectivités territoriales de la République »,
jurisclasseur Collectivités locales, Fasc. 2, n° 36.
861
ALBIN (M.), Les Communes françaises, Paris, L.G.D.J., 1970, p. 188. PETIT-DUTAILLIS
(Ch.) montre que « le mot Commune évoque avant tout l'idée, ... d'un groupe qui s'est constitué
pour gérer des intérêts collectifs ».
862
BOURJOL (M.), montre concernant « l'ordre juridique communautaire », le lien entre
l'intérêt des hommes et un territoire à partir de la trilogie agraire « Ager, Saltus, Sylva ». Les
biens communaux, L.G.D.J., 1989, p. 13 et ss.
863
PONTIER (J.M.), L’Etat et les Collectivités locales, la répartition …, op. cit., p. 150 et ss.
258
qu'exercent des organes dans son périmètre. C'est pourquoi la spécialisation
territoriale est aussi nécessairement matérielle.
864
Ibid., p. 94.
865
TREMBLAY (B.L.), « Normatif descriptif en théorie du droit », R.D.U.S., mars 2002,
pp. 71-95.
259
Jean-Marie PONTIER866 à la suite du professeur Franc Paul
BENOIT867, propose de considérer que les lois attributives de compétences ont
juste pour effet d'établir aux yeux des organes des Collectivités concernées et à
ceux du juge, l’intérêt local justifiant les interventions de la Collectivité dans le
domaine en cause.
866
Ibid.
867
BENOIT (F.P.), « Les attributions générales », n° 54, Encyclopédie Dalloz, Collectivités
locales, p. 190.
868
C.E.15/2/1993, Région Nord-Pas-de-Calais, droit administratif, avril 1993, p. 8, n° 154. La
compétence générale ici, sans que le juge ne le dise, est en vertu des dispositions de la loi 82-
213 du 2/3/1982, celle de l'Etat qui " a la responsabilité de la conduite de la politique
économique et sociale, ainsi que de la défense de l'emploi ".
869
TARICK (Z.), op. cit., p. 143.
260
En d’autres termes, la spécialisation matérielle des compétences ne
constitue pas une garantie de la faculté de statuer accordée aux organes. La
spécialisation formelle des organes pourrait être une solution.
870
EISENMANN (C.), Centralisation - décentralisation, op. cit., p. 64.
871
MENY (Y.), Politique comparée, Paris, Montchrestien, 1991, p. 333. Il est intéressant de
noter que l'auteur présente cette organisation comme " l'option décentralisée " du partage des
tâches entre administrations locales et centrales.
261
devenant partie prenante de la décision pour en garantir une bonne
exécution »872. Il est certain que tout exécutant dispose d'une marge de
manœuvre, mais celle-ci ne peut le faire décideur, sinon il n'est pas
qu'exécutant, il est aussi décideur. Si tel est le cas, le droit doit en rendre
compte, et le seul moyen est de partager le pouvoir normatif, c'est-à-dire en
reconnaissant à l'un la faculté de statuer et à l'autre la faculté d'empêcher. Dans
le système camerounais contrairement au système français, les organes non
centraux disposent d'une faculté d’empêcher les organes centraux comme en
rend compte la loi d’orientation de la décentralisation de 2004873. Donc si
effectivement la spécialisation formelle peut être mise en œuvre, elle sera
caractéristique d'une organisation donnée de la production des normes : la
centralisation et sa fille la déconcentration. Seul l’exercice d’une faculté
d’empêcher permet à un organe de protéger la faculté de statuer qui lui est
reconnue, c’est le cas des communes.
872
Ibid., p. 419 et p. 420.
873
Les arts. 73 et 74 de la LOD.
874
Ibid., Art. 80 et ss.
875
PAVIA (M.-L.), Les transferts de compétences… op. cit., p. 58.
876
Ibid.
262
locales. L’exercice synchronique des attributions économiques au niveau local
suppose que chaque Collectivité locale exerce les attributions qu’elle est en
mesure d’assurer d’une manière efficace. En revanche, et en aucun cas, ces
transferts de compétences ne doivent être pour l’Etat un moyen d’éviter une
gestion déficiente en rendant les élus locaux responsables des échecs probables.
Le transfert de compétences vers les Collectivités locales doit être dicté par des
soucis d’efficacité afin de pallier les imperfections des interventions étatiques.
Pour éviter une domination ou une dépendance des CTD les plus fortes
sur celles qui sont les moins fortes, le législateur camerounais a procédé à la
réglementation constitutionnelle et législative des rapports entre ces dernières.
263
1- Constitutionnelle et législative
877
MOREAU (J.), Administration régionale, départementale et municipale, Paris, Dalloz, 14e
éd., mémentos 24, p .43.
878
LE MESTRE (R.), Droit des Collectivités territoriales, Paris, gualino éditeur, 2004, p. 300.
879
BRISSON (J.-F.), « les nouvelles clefs constitutionnelles de répartition matérielle des
compétences entre l’Etat et les Collectivités locales », AJDA, n° 11, 2003, p. 538.
264
veulent prévenir toutes velléités hégémoniques mais aussi toute immixtion dans
la vie locale »880.
880
CHAPUISAT (J.), « Commentaire de loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition
des compétences entre les communes, les départements, les régions et l’Etat », AJDA, 20 fev
1983, p. 84.
881
Dans les cas des contrats de villes.
882
Ibid., p. 530.
883
Décision n° 2001-454 DC du 17 janvier 2002, cité par BRISSON (J.-F.), Les transferts des
compétences…, op.cit., p. 353.
265
l’interdiction de la tutelle territoriale constitue l’un des principes fondamentaux
de la décentralisation884.
884
Ibid.
885
TARIK (Z.), op. cit., p. 183.
266
Du point de vue vertical, les compétences prises dans leur ensemble ne
sont pas clairement arrêtées. Ce qui laisse de plus en plus place aux fonctions
communes et affaires partagées. Si les Collectivités ont un champ
d’intervention limité au cadre géographique local, les personnes publiques à
caractère national ne connaissent aucune limite. Il en résulte que toute
répartition des compétences entre l’Etat et les Collectivités laissent apparaître
des zones confuses ou les deux échelons interviennent. L’Etat justifie son
intervention par sa mission générale qui est celle d’assurer le développement de
tout le pays ainsi que la satisfaction de tous les citoyens en tout lieu du pays.
Cette situation s’aggrave par le fait que les deux interventions étatiques et
décentralisées se rencontrent sur le même terrain, celui de l’économie, en
invoquant les mêmes raisons ; la maîtrise de la croissance et l’amélioration des
conditions de vie. Il en résulte nécessairement des empiètements de
compétence886.
886
PONTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales…, op. cit. p. 145.
887
Art. 1 al. 2 et al. 3 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
888
PAVIA (M.-L.), Le transfert des compétences…, op. cit., p. 53.
889
Pour une opinion inverse ; voir VERPPEAUX (M.) « L’organisation décentralisé de la
République : libre propos », RFDA, n°4 Juillet-Août 2003, p.667.
267
La prudence terminologique est liée « à la crainte d’une inégalité
croissante par l’autonomie locale, et d’une atteinte à l’unité de l’Etat »890.
890
PAVIA (M-L.), Le transfert des compétences…, op. cit., p.150.
891
EISENMANN (C.), op. cit., p. 48.
268
ainsi que par les revenus de leur activité. C’est une coopération qui ne reste
cependant pas sans limite.
892
NOISET (C.), Coopération décentralisée et développement local, cité par AUTEXIER (C.),
licéité de l’action extérieure des Collectivités territoriales et préservation des intérêts
nationaux, economica, 1989, pp. 245-262.
893
Tarik (Z.), La coopération décentralisée…, op. cit., p.143.
269
le principe de l’unité de l’Etat. L’Etat forme un tout et cette unité est la
condition préalable à toute reconnaissance internationale et s’appuie sur le
principe de souveraineté. Les relations que peuvent envisagées les
Collectivités n’échappent pas ce principe. La licéité des actions de
coopération décentralisée vient buter sur ce principe. Les Collectivités ont-
elles une capacité à agir sur le plan international ? Telle est la question qui
nécessiterait un appesantissement.
894
Art. 131 de la loi 2004/018…op. cit.
895
Ibid., Art. 132.
270
souveraineté et d’unité. Les Collectivités territoriales peuvent être tout au plus
associées dans ces relations aux côtés de l’Etat auquel elles appartiennent.
896
TARICK ZAIR, op.cit.
897
PRIEUR (M.), Les bases juridiques de la coopération transfrontalière locale et régionale p.
332.cité par NOIZET (C.), La coopération décentralisée et le développement local: Les
instruments juridiques de la coopération, Paris-France, Harmattan, 2003, p. 25.
898
La coopération interrégionale communautaire et la coopération pour le développement.
271
harmonieux899. Elle consacre le financement de cette solidarité à travers deux
mécanismes à savoir : le principe de solidarité par l'intercommunalité à travers
le FEICOM et le principe de solidarité par la péréquation du produit de certains
impôts locaux centralisés par ledit organisme900.
Le mécanisme d'intercommunalité consiste, pour les Collectivités
territoriales à transférer au FEICOM, une quote-part du produit de certains
impôts et taxes. A cet effet, il est affecté au FEICOM 20% du produit des
centimes additionnels communaux, de la taxe de stationnement, de la
contribution des patentes, de la contribution des licences, de la taxe sur les
propriétés immobilières, et des droits de mutation d'immeubles. Les recettes
ainsi constituées servent à financer, d'une part le fonctionnement propre de
l'organisme, et d'autre part, les différentes interventions au profit des
Collectivités locales.
1- La complexité
La détermination des affaires économiques locales n’est pas aisée à
effectuer. Cette entreprise s’avère plus délicate dans un contexte de
confrontation, où l’Etat est soucieux de préserver son autorité et où les CTD
plaident pour une plus grande autonomie. C’est dans ce contexte de lutte et de
soif du pouvoir901qu’une telle répartition s’opère.
899
Art. 10 de loi d’orientation de la décentralisation op. cit.
900
Art. 116-1 de la loi 2004/018…op. cit.
901
CHEVALIER (J.), La réforme régionale, op. cit., p. 100.
272
La nature des attributions économiques des Collectivités n’est pas une
donnée stable (création d’un nouveau ministère des marchés) elle est
changeable d’un pays à un autre, d’une époque à une autre. L’existence des
Collectivités locales ainsi que « l’étendue de leur pouvoir d’intervention,
notamment dans le domaine économique restent une donnée relative qui
dépend largement du système de valeur »902 du niveau de développement et de
l’enracinement des pratiques locales dans l’esprit.
902
TARICK ZAIR, La coopération décentralisée…, op. cit., p. 156.
903
POMTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales …, op. cit., p. 36.
904
La tradition centralisatrice.
273
donc à l’analyse qu’à travers la satisfaction de l’ensemble des intérêts locaux,
c’est tout l’intérêt général qui est satisfait si l’on se range suivant le point de
vue de ceux qui affirment qu’il n’existe pas d’intérêt qui puisse être qualifié de
général, mais qu’il existe cependant plusieurs intérêts partiels905.
905
POMTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales …,op. cit., p. 151.
906
Ibid., p. 166.
907
Vice-président de l’Institut français des sciences administratives.
274
oblige le retour à l’Etat de droit : c’est le contrôle de légalité qui s’analyse en
Conseil, en expertise juridique des recours contentieux.
Opérer la division sur la base du critère ratione loci, apparaît dès lors
comme la seule solution réellement opératoire. La facilité que présente la réalité
physique est cependant un leurre. En effet, le territoire des Collectivités ou des
circonscriptions est inclut dans celui de l'Etat et ainsi, quand bien même dirait-
on que tel organe est compétent pour régler la situation des hommes entretenant
avec un territoire certains rapports, il resterait à déterminer si l'organe est
compétent pour régler toutes les situations d'une part et sur quels rapports avec
le territoire se fonderait-on pour établir cette compétence (ce qui renvoie au
critère ratione personae) d'autre part.
908
CHAPUISAT (J.), « Les affaires communales », A.J.D.A., 1976, p. 470. Et PONTIER
(J.M.), « Semper Manet… », op. cit., p. 1443.
909
PONTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales…, op. cit., p. 306.
275
entre l'Etat et les Collectivités locales, Jean-Marie PONTIER considère que « la
répartition des compétences entre l'Etat et les Collectivités locales est un
problème faussement technique »910. C'est une question de philosophie
politique qui traduit la place reconnue aux Collectivités locales dans la nation.
Ceci découle du fait « qu'une telle répartition n'a jamais été faite et même
aurait-elle été faite qu'elle serait toujours à refaire »911. Cette impuissance
tient au « partage du pouvoir de décision »912 qui traduit pour J.M. PONTIER
« la perte de signification de la notion de répartition matérielle des compétences
pour désigner l'autorité disposant du pouvoir de décision... »913. En tout état de
cause, l'Etat ne serait pas susceptible de voir sa capacité limitée.
910
Ibid.
911
Ibid. p. 572 et NEMERY (J.C.), De la liberté des communes dans l'aménagement du
territoire, Paris, L.G.D. J., 1981, p. 174.
912
Ibid.
913
PONTIER (J.M.), L'Etat et les Collectivités locales…, op.cit., p. 307.
276
CONCLUSION
277
CHAPITRE II :
L’AUTORITE DES ELUS LOCAUX DANS LA
GESTION DU PATRIMOINE FINANCIER
LOCAL
914
Art. 52 (3) de constitution du 18 janvier 1996.
915
ROUSSEAU (D.), Droit du contentieux constitutionnel, Paris, Montchrestien, 1990, p. 194.
916
En ce sens, BACOYANNIS (V.C.), Le principe constitutionnel de libre administration des
Collectivités territoriales, thèse, Aix-Marseille III, 1989, p. 294.
917
FRIER (P-L.), « Le pouvoir réglementaire local », ADJA, 2003, p. 559.
278
organes délibérants une certaine autonomie dans la gestion du patrimoine local
permettrait aux CTD d’éditer des règlements au niveau local nécessaires à la
construction d’une autonomie financière solide.
279
Section I : L’élection des Conseils, une des origines du pouvoir
des élus locaux
918
DE MALBERG (C.), op. cit., p. 123.
919
DE BEZIN (G.), Des autorisations et approbation en matière de tutelle administrative, thèse
Toulouse, p.1906, cité par HOUSER (M), Intervention de l’Etat et coopération entre les
communes, 2009, p. 7.
920
JICARD (J.), L’intervention et la coopération entre les communes, Paris, LGDJ, 2005, p. 20.
Et FOURASTIE (F.), Recherche sur la décentralisation dans l’œuvre de Maurice Hauriou,
Paris, LGDJ, 2005, p. 239.
280
Paragraphe I : L’élection des Conseils comme garantie d’une
autonomie locale
921
KELSEN (H.), Théorie Générale du Droit et de l’Etat …, op. cit., p. 354 et ss.
922
Ibid., p. 52 et pp. 363-364.
281
La décentralisation au moyen de l’autonomie locale est la combinaison
directe et intentionnelle des idées de démocratie et de décentralisation, ainsi que
nous l’avons relevé plus haut923. Il est important de noter que cette forme de
décentralisation ne concerne en principe que l’administration, c’est-à-dire les
normes individuelles créées par les organes administratifs, et peut être étendue
à la législation, c’est-à-dire à la création des normes générales (lois ou
règlements autonomes) dont la sphère de validité territoriale est plus vaste, d’où
la nécessité de créer des régions autonomes. Toutefois, l’autonomie dont il
s’agit s’exerce dans le cadre des limites déterminées par les lois nationales. Et
cette autonomie locale représente une forme de décentralisation
« comparativement parfaite »924, car les normes créées par les organes
autonomes sont définitives et indépendantes par rapport aux organes centraux
qui peuvent les abroger, mais ne peuvent les remplacer par d’autres qu’elles
créent elles-mêmes925.
On sait que cette théorie kelsenienne, qui lie l’autonomie locale (ou
décentralisation) à l’élection des Conseils, et qui en fait une condition sine qua
non de la seconde sur la première, est encore largement répandue et partagée
923
Ibid., p. 363.
924
KOUOMEGNE NOUBISSI (H.), Décentralisation et centralisation au Cameroun : la
répartition des compétences entre l’Etat et les Collectivités locales, Harmattan , 2013, p. 23.
925
Ibid., p. 219.
926
Ibid., pp. 52 et 365.
282
par bon nombre d’auteurs927. Mais elle a aussi été plusieurs fois réfutée par une
approche que nous acceptons tout aussi. Charles EISENMANN et bien d’autres
à sa suite, ont suffisamment distingué l’autonomie locale de la décentralisation,
d’une part, et l’élection de la décentralisation, d’autre part928. Pour
EISENMANN, parler d’autonomie, c’est se rapporter au mode d’édiction du
statut administratif d’une Collectivité infra étatique929. Dans ce sillage,
Spyridon FLOGAÏTIS définit le statut de la Collectivité territoriale comme les
règles juridiques qui déterminent l’organisation de cette Collectivité. Pour lui,
l’autonomie d’une Collectivité peut être définie sur la base de son statut ; sa
négation est l’hétéronomie et la semi - autonomie leur combinaison930.
927
LANGROD (G.), « Le gouvernement local, fondement ou apprentissage de la démocratie
? » Revue Internationale d’Histoire Politique et Constitutionnelle, 1957, n° 7, p. 228. Ces idées,
on le sait, ont été largement répandues par Alexis de Tocqueville, in De la Démocratie en
Amérique, vol. I, pp. 93-95.
928
EISENMANN (C.), Intervention au Colloque, l’objet local, 1997, p. 67 ; v. aussi,
REGOURD (S.), De la décentralisation dans ses rapports avec la démocratie. Genèse d’une
problématique, op. cit., pp. 961-962 ; HOUTEER (C.), Révolution et décentralisation : légendes
et réalités (suite et fin), LPA, 3 février 1989, n°15, p. 26 ; pour une illustration plus complète,
V. Yves MENY, Centralisation et Décentralisation dans le débat politique français (préf.
Georges Dupuis), th., Paris, op. cit. pp. 30 à 34.
929
TSIROPINAS, Aspects des problèmes de la centralisation et de l’autonomie administrative,
(en langue française), in Mélanges SEFERIADES, vol II, Athènes, 1961, pp. 733-772 cité par
SPYRIDON FLOGAÏTIS, La notion de décentralisation en France, en Allemagne et en Italie,
Paris, LGDJ, 1979, p. 58. Selon FLOGAÏTIS (S.), cet auteur élabore un nouveau concept
d’autonomie, dans le cadre de la pensée développée par C. EISENMANN, in Centralisation et
Décentralisation. Esquisse d’une théorie générale, op. cit. p. 126.
930
SPYRIDON FLOGAÏTIS, La notion de décentralisation en France, en Allemagne et en
Italie, op. cit., p. 58. Cité par NGONO TSIMI, th. du 8 juin 2012, p. 156.
283
2- La position contraire : L’élection comme structure
fonctionnelle de la démocratie locale
Le terme démocratie ne fait pas l’unanimité. Chacun se convainc à
l’idée que la démocratie s’apprécie en fonction de son milieu sociologique et de
son contexte géopolitique. Que de fois a-t-on entendu dire « nous n’avons pas
de leçon de démocratie à recevoir des autres ! » ou encore « la démocratie n’est
pas universelle ».
Mais au-delà des débats philosophiques sur la question, les observateurs
de la vie politique affectent au concept de démocratie un certain nombre de
critères sans lesquels il serait un vain mot. Il s’agit notamment, du respect des
droits de l’homme et des libertés fondamentales, et enfin du pluralisme
politique.
Quant à l’élection, elle s’apparente à un jeu de « marché politique », où
des individus rentrent en concurrence selon des règles démocratiques
préétablies. On dira alors qu’une élection est démocratique, parce qu’elle
respecte toutes les règles préétablies du jeu démocratique. C’est d’ailleurs,
croyons-nous, tout l’intérêt de son addition au terme démocratie.
Dans un contexte local, la fonction principale de l’élection est de
désigner les organes chargés de gérer les affaires propres à la Collectivité pour
le compte de ceux-là mêmes qui sont choisis. Accessoirement, c’est l’élection
qui est à l’origine du marché politique où s’affrontent les concurrents, c’est
également elle qui offre au citoyen des possibilités de choix ; c’est enfin elle
qui provoque l’arbitrage du juge lorsqu’au cours du jeu politique, les droits et
libertés individuelles ainsi que les règles de fonctionnement de la
décentralisation sont bafoués.
284
3- La position conciliatrice
931
FOURASTIE (F.), Recherche sur la décentralisation dans l’œuvre de Maurice Hauriou,
Paris, LGDJ, 2005, p. 239.
932
Arrêt Commune Buwong.
285
Paragraphe II : Une conséquence fondamentale sur le pouvoir
réglementaire des CTD en matière financière
933
BOURJOL (M.), Libre administration et statut de la fonction publique locale, Actes du
colloque d'Angers, Cahiers du C.F.P.C. n° 13 Octobre, 1983, p. 5.
934
EISEMMAN (C.), op. cit., p. 146.
935
FAURE (B.), Le pouvoir réglementaire des Collectivités locales, th., Université de Pau et
des Pays de l'Adour, 1992, p. 313.
286
ceux dits « centraux ». Il n'y aurait pas de controverse si l'acte local n'était pas
un acte juridique, cette qualité induisant ensuite la question des rapports de
l'acte juridique local avec les actes juridiques centraux. Les notions de
décentralisation et de centralisation constituent des éléments d'un mode de
production des actes juridiques dans un ordre juridique donné. Ce mode de
production distinguant des actes locaux et centraux, doit résoudre
nécessairement la question de leurs rapports, dont la solution tient, selon nous,
au rattachement de ce mode de production à la séparation des pouvoirs936. Nous
n’entendons, dans cette partie de l’analyse, procéder à une énumération des
textes en vigueur sur ce point du droit camerounais mais à celle de la place du
règlement local dans l’ordre juridique et ses effets.
936
THALINEAU (J.), Essai sur la centralisation et la décentralisation : Réflexion à partir de la
théorie de Ch. EISENMANN, th. présentée et soutenue le 12 février 1994, HAL, 2009.
937
Et par étatique, je ne vise pas uniquement le pouvoir exécutif central, mais toute l'activité
étatique, qu'elle soit législative ou constitutionnelle ou juridictionnelle.
287
Ch. EISENMANN ressort une autonomie de la norme non centrale qui conteste
le principe d'unité.
938
FAURE (B.), Le pouvoir réglementaire des Collectivités locales… op. cit., p. 313.
939
RUBIO FLORENTE (F.), Les relations entre le pouvoir central et les pouvoirs territoriaux
dans la jurisprudence constitutionnelle, R.F.D.A., 1986, p. 8.
940
LACHAUME (J.F.), La hiérarchie des actes administratifs exécutoires en droit public
français, Bibliothèque de droit public, Paris, L.G.D.J.,1966, p. 66 et ss.
941
EISENMANN (Ch.), Centralisation et décentralisation, L.G.D.J., 1948, p. 76 et ss , p. 146 et
ss et p. 151 et ss . v. LACHAUME (J.F.), La hiérarchie des actes administratifs... précitée.
288
C'est sans doute ce qui fait dire à Jean Marc de FORGES que « les
règlements pris par les autorités des Collectivités décentralisées ne doivent
respecter les règlements pris par les autorités supérieures que dans la mesure où
la loi le prévoit »942.
942
DE FORGES (J.M.), Droit administratif, Paris, P.U.F., 1991, p. 241.
943
L’assimilation intérêt général - intérêt national va perdurer jusqu’au début du 20eme siècle, à
l’apparition des SPJC et à la reconnaissance législative et jurisprudentielle du socialisme
municipal. À partir notamment de l’arrêt chambre syndicale du commerce de détails de Nevers
CE/1930 mais (Reclibon P 583 comm. jose, RDP 1930, p. 530, les Conseillers municipaux
peuvent pallier les insuffisances de l’initiative privée pour répondre aux besoins locaux de la
population sans qu’il ne soit pour autant porté atteinte à la liberté de commune et de l’industrie.
On peut voir dans cette formule jurisprudentielle une première définition de l’intérêt public
local ; qualifié pour la première fois d’intérêt public " municipal" en 1931 (arrêt giaccardi, CE
fev 1931. Reclebon, p. 225 et ss 1931 et p. 73 note Albert).
289
privés locaux. Il peut également être considéré comme un intérêt particulier par
rapport à l’intérêt national944.
L’intérêt public local apparaît comme notion délicate à saisir, dans leur
définition contingente et dépendante des relations qu’elle noue avec d’autres
éléments. Elle permet néanmoins de mesurer l’enjeu des relations qui unissent
l’Etat et les Collectivités territoriales.
944
POMTIER (J.M.), l’Etat et les Collectivités locales, la répartition des compétences, Paris,
LGDJ, 1978, p. 30.
945
FAURE (B.), Le pouvoir réglementaire des Collectivités locales… op. cit., p. 311 et ss.
290
Le lien de subordination est également affirmé par L. FAVOREU qui
considère que le pouvoir réglementaire local est « un pouvoir subordonné et
second par rapport au pouvoir réglementaire national » et qu’en conséquence,
il n’y a pas « de source réglementaire parallèle et de même niveau que la
source réglementaire nationale, même dans un domaine limité et restreint »946.
Il faut remarquer que cette idée de subordination contredit l’hypothèse de Ch.
EISENMANN, selon laquelle la décentralisation suppose une compétence
discrétionnaire personnellement limitée.
946
FAVOREU ( L.), sous C.C.17/1/1989 248 D.C., R.D.P., 1989, p. 447.
947
BOURJOL (M.), Libre administration des Collectivités territoriales de la République,
Jurisclasseur Collectivités locales, Fasc.2, Août 1991, n° 36, p. 10.
948
Ibid.
949
ROUX (A.), « Le statut constitutionnel des Collectivités locales », R.F.D.A, 1992, p. 442.
950
Ibid.
951
BOURJOL (M.), Libre administration et statut de la fonction publique locale, Colloque
d'Angers Cahiers du C.F.P.C., n° 13, Octobre 1983, p. 5.
291
si elle n'avait été accompagnée de l’affirmation de l’existence d’un pouvoir
réglementaire local distinct et autonome du pouvoir réglementaire national952.
C’est en effet sur ce deuxième aspect que va s’établir le débat, car il est
difficile de contester l’existence d'un pouvoir normatif local comme l’a montré
953
Jean marc AUBY et l’a admis Louis FAVOREU principal contradicteur de
Maurice BOURJOL. La thèse de B. FAURE consacrée exclusivement au
pouvoir réglementaire des Collectivités locales confirme cette réalité du droit
positif. Par contre l’idée, que ce pouvoir réglementaire local soit autonome,
vient, selon certains, heurter de front les dispositions constitutionnelles et
notamment le principe d’unité954.
L’apaisement semble se faire aujourd'hui autour de l’existence d'un
pouvoir réglementaire local par habilitation législative955. Cette thèse est
formulée par Jean marc AUBY un peu par dépit car il ne la formule qu'après
avoir reconnu que « l’existence de ce pouvoir, cantonné dans le domaine de
l'administration locale, ne paraît pas, en dépit de son affranchissement de la loi
et donc de son intervention initiale, compromettre le caractère unitaire de
l'Etat … »956. Doutant de la conformité de cette approche avec la constitution, il
retient alors la thèse du règlement par habilitation.
952
Ibid., cf. aussi BOURJOL (M.), Libre administration des Collectivités… op.cit., p. 11.
953
AUBY (J.M.), « Le pouvoir réglementaire des autorités des Collectivités locales », A.J.D.A.,
1984, p. 468.
954
FAVOREU (L.), Colloque d'Angers… op. cit., p. 9.
955
AUBY (J.M.), « Le pouvoir réglementaire … », op. cit., p. 475, ROUX (A.), « Le statut
constitutionnel des Collectivités locales », R.F.D.A., 1992, p. 442.
956
Ibid., p. 475.
292
l'habilitation législative nous dit que le règlement est inférieur à la loi, ce que
l’on sait, mais ne nous renseigne pas complètement sur la place du règlement
local au regard des autres règlements, notamment ceux de l'Etat.
957
KELSEN (H.), Théorie pure du droit, op. cit., p. 413 et ss.
958
EISENMANN (Ch.), Centralisation - décentralisation, op. cit., p. 31.
293
manifeste aussi dans la distinction qu'effectue M. BOURJOL entre le pouvoir
réglementaire national et le pouvoir réglementaire local, puisque ce dernier
serait « spécial, en ce qu'il se rapporte aux affaires d’intérêt local... »959.
959
BOURJOL (M.), « Libre administration des Collectivités … », op. cit., p. 10.
960
Ibid., p. 41, v. aussi EISENMANN (Ch.), Les fonctions des circonscriptions territoriales dans
l'organisation de l'Administration Mélanges M. WALINE, Paris, L.G.D.J., 1974, p. 415.
961
EISENMANN (Ch.), Centralisation – décentralisation, op. cit., pp. 40-41.
962
Ibid., p. 42.
294
centralisation et de la décentralisation de l'Etat se rapporte au domaine de
validité territoriale »963 des normes.
963
Ibid., p. 43.
964
Ibid., p. 44.
965
Ibid., p. 45 et ss.
966
L'affaire locale, clé de répartition est présente chez tous les auteurs. L'obscurité de la notion
conduit certains à préférer la définition d'attributions précises pour opérer cette discrimination :
par ex. J. CHAPUISAT.
295
En effet, la norme première fixant un domaine matériel à la norme
seconde, ce domaine se distingue nécessairement de celui de la norme
première, sinon le domaine matériel définirait les organes centraux et non
centraux mais ne différencierait plus la norme première de la norme seconde ;
ce qui est contraire à l’hypothèse selon laquelle la question ne se pose qu'au
niveau de la norme seconde.
967
BOURJOL (M.), « Libre administration des Collectivités … », op. cit., p. 10.
968
Ibid.
296
que la détermination matérielle des compétences constitue la solution, demeure
présente.
969
PAVIA (M.-L.), Les transferts de compétences…op. cit., BRISSON (J.-F.), Les transferts de
compétences…, op. cit., p. 268.
970
Art. 15 - art. 18 de la loi d’orientation de la décentralisation précitée.
971
THALINEAU (J.), Essai sur la centralisation et la décentralisation… op. cit.
297
évoque « le dogme de l’unité de l'Etat »972 dans lequel « le pluralisme, ne peut
cohabiter (...) qu’en tant que compromis »973. En d'autres termes, la
décentralisation doit résoudre l'équation dans laquelle la division égale l'unité.
Pour Maurice HAURIOU ce caractère justificatif se révèle à propos de
l'organisation du pouvoir. Il écrit : « L’organisation du pouvoir qui réside dans
l’institution administrative est dominée par deux forces ou deux
tendances...Ces deux tendances sont : la centralisation qui est la force propre
du gouvernement de l’Etat, et la décentralisation qui est la force par laquelle la
nation réagit contre le gouvernement de l’Etat »974. Maurice BOURJOL quant
à lui, fonde le pouvoir réglementaire local dans le droit de bans qui, hier,
régissait les biens communs de la communauté d'habitants. Là encore cette
référence historique entend justifier un certain état du droit actuel, c'est-à-dire
régler le problème de l'attribution du caractère normatif à certains actes pris par
des organes locaux, et ce faisant, elle démontre que c'est l'objet de notre
question975.
972
Ce que De JOUVENEL (B.), désigne par « les loi-règlements, faites par les hommes pour
discipliner des conduites que les progrès de la complication sociale diversifient sans cesse »;
Du pouvoir, Coll. Pluriel, HACHETTE, 1972, p. 330.
973
Ibid.
974
HAURIOU (M.), Précis élémentaire de Droit administratif, 4ème éd., Paris, SIREY, 1938,
p.40.
975
BOURJOL (M.), « Constitution, Libre administration des Collectivités territoriales de la
République », Jurisclasseur Collectivités locales Fasc. 2 ; du même auteur Les biens
communaux, Paris, L.G.D.J., 1989, p. 159.
298
concerné dans le système juridique : la validité territoriale des normes pour le
premier, la compétence personnelle des organes pour le second.
976
KELSEN (H.), Théorie pure du droit, Paris, DALLOZ, 1962, p. 416.
977
EISENMANN (Ch.), Centralisation – décentralisation, DALLOZ, 1948, p. 15.
978
Ibid., p. 8
979
EISENMANN (Ch.), écrit: « La structure, c'est la disposition des parties qui forment un tout
(...) c'est (...) l'agencement des éléments qui composent ce tout, c'est leur position relative dans
l'ensemble. En analysant cette structure, on fait apparaître les lignes de division de ce corps et
les articulations de ses divers composants, qui sont liés les uns aux autres, par définition-sans
quoi ils ne constitueraient pas ensemble un tout, une unité, mais qui sont distincts et
individualisables néanmoins ». Cours de droit administratif, t. 1, L.G.D.J., 1982, p. 189.
980
Un aspect structurel de la question se trouve aussi chez Hans KELSEN, KELSEN (H.),
Théorie… op. cit., p. 416.
299
compose de normes qui ne valent que pour une fraction du territoire. Mais il
faut rappeler que l'unité du territoire résulte uniquement de l'unité de la validité
des normes ; et dès lors il paraît problématique que, dans le cas de pure
décentralisation, il puisse encore être question d'un territoire total et d'un ordre
juridique981.
981
KELSEN (H.), Théorie…, op. cit., pp. 413- 414.
982
EISENMANN (Ch.), Centralisation… op. cit., p. 272 et ss.
300
DUGUIT considérait que la conception de l'Etat « personne souveraine une et
indivisible » s'opposait à l'idée qu'elles soient titulaires de la puissance publique
attachée à la souveraineté983.
983
DUGUIT (L.), Traité de droit constitutionnel, t. 1, t. 2, BOCCARD, 1927, p. 626 et ss
984
EISENMANN (Ch.), op cit., p.15 et p. 272.
301
En effet, Pour que la division produise de l'unité, il faut que la norme
non centrale ne s'ajoute pas à la norme centrale dans le système, sans toutefois
que cela conduise à une subordination de la règle non centrale à la règle
centrale.
Remarquons tout d'abord que H. KELSEN dans son étude des conflits
de normes n'envisage pas à propos des « conflits entre normes de même degré »
notre hypothèse à savoir un conflit entre normes de même degré mais édictées
par des organes différents. En effet, il n'entrevoit que le conflit entre normes de
même degré édictées par un même organe à des moments différents ou celui
entre les dispositions d'un même acte pris par un même organe987. Ceci n'est pas
un oubli mais découle de l'idée de validité spatiale des normes.
985
LACHAUME (J.F.), La hiérarchie des actes administratifs exécutoires en droit public
français, L.G.D.J., 1966, p. 2.
986
FABRE (M.-H.), « L'unité et l'indivisibilité de la République, réalité ? Fiction ? », R.D.P.,
1982, p. 614.
987
KELSEN (H.), Théorie pure du … op. cit., 1962, p. 275.
302
C’est un problème similaire988, lorsque ces deux choses sont dites par
des organes différents. Il faut considérer que les normes émises par ces organes
sont dépourvues de valeur pragmatique, elles sont impraticables du fait que l'on
ne peut obéir à l’une sans contrevenir à l’autre989.
988
DUGUIT (L.), dessinait la situation du destinataire de ces normes « ou bien l'individu
considéré, en présence de cette contradiction, ne sera obligé d'obéir ni à l'une ni à l'autre
volonté ; (...) ou bien, au contraire, l'individu sera obligé d'obéir au commandement de l'une et
par suite, de désobéir au commandement de l'autre qui le contredit; alors l'une des volontés
commandantes ne pourra pas imposer son ordre, puisque l'ordre donné par l'autre est supérieur
et que c'est à cet ordre seulement que doit obéir le gouverné. L'une des volontés commandantes
n'est donc pas une volonté indépendante, puisqu'on ne lui doit obéissance que si des ordres sont
conformes à ceux d'une autre volonté ».
989
AMSELEK (P.), « Ontologie du droit et logique déontique », R.D.P., 1992, p. 1026.
990
Ibid.
303
Si l'on examine la jurisprudence camerounaise relative aux rapports
règlement local - règlement national on constate que toujours une seule norme
est, par le juge991, reconnue applicable à l'espèce, par l'admission ou non de la
légalité de la norme réglementaire nationale ou locale.
991
Le juge Français.
992
KELSEN (H.), Théorie pure… op. cit., p. 274.
993
Ibid., p. 273.
994
EISENMANN (Ch.), Centralisation… op. cit., p. 16.
304
2- L’unicité de la norme locale n’implique pas la subordination
de l’acte écarté
995
FAURE (B.), Le pouvoir réglementaire des Collectivités locales, Université de Pau et des
Pays de l'Adour, 1992, p. 90.
996
Ibid.
997
Cf. en France C.E. Commune de Néris les Bains18/4/1902, S.1902.3.81 ou C.E. 3/7/1931
Ville de Clamart, S.1932.3.1 ou encore C.E. Ville de Nanterre 20/11/1964, A.J.D.A., 1964,
p. 686.
305
On ne peut non plus affirmer que la hiérarchie des normes est
l'expression d'une hiérarchie des organes, puisque dans les hypothèses
précédentes cela conduirait à admettre que les organes locaux concernés étaient
hiérarchiquement supérieurs à ceux dont la norme n'avait pas été retenue. Le
propos est manifestement incongru.
998
Certains auteurs semblent pourtant y faire référence; ainsi: J.M. AUBY affirme que "Les
compétences normatives des autorités publiques varient selon leur place dans la hiérarchie des
organes et il résulte une certaine hiérarchie "statique", un étagement des normes ". Sur l'étude
de la hiérarchie des normes en droit public; éléments de problématique, Mélanges PELLOUX,
L'HERMES 1980, p. 23; R.G. SCHWARTZENBERG écrit: "La notion de force juridique est la
résultante de trois éléments: le rang dans une hiérarchie des normes – elle-même calquée sur
une hiérarchie des organes ..." L'autorité de chose décidée, L.G.D.J., 1969, p. 4.
999
Ibid.
1000
CARRE DE MALBERG (R.), Contribution à la théorie générale de l’Etat, op.cit., p. 115.
306
loi ne dit pas ce qu'elle dit, comme dans l’hypothèse de l'arrêt Dame Lamotte,
ce type de raisonnement à partir de la place de l'organe énonciateur de la norme
dans une prétendue hiérarchie des organes, ne peut être retenu.
1001
CHAPUS (R.), DAG, t. I, 15eme éd., Monchrestien, 2001, 744 p.
1002
TROPER (M.), Le Problème de l'interprétation et la théorie de la supra légalité
constitutionnelle, Mélanges EISENMANN, 1975, p. 147.
307
hypothèse qu'au niveau que son rang leur assigne : un niveau qui est à la fois
infra-législatif et supra-décrétale. En effet, ceci reviendrait à dire que le
règlement reconnu applicable se situe à un niveau supra-décrétale
(réglementaire), ce qui pour un juge du règlement est pour le moins original.
Pour sortir de l'impasse dans laquelle deux actes ayant été émis par deux
organes distincts, il n'existe qu'une norme dégagée (préférée) par le juge en
éliminant l'autre, sans que la préférée ne subordonne l'autre, ni exprime une
quelconque hiérarchie entre les organes, nous propose de recourir à la théorie
de la séparation des pouvoirs.
308
Chargé du contentieux administratif et particulièrement d'un pouvoir
d'annulation des actes administratifs, il dispose ainsi d'une faculté d'empêcher
l'administration, que le Conseil constitutionnel a reconnu de façon singulière1003
en France et le législateur camerounais dans loi d’orientation de la
décentralisation de 2004.
1003
C.C. Décision 86-224 DC du 23/1/1987. Le Conseil a réservé au juge administratif sous
réserve de certaines exceptions, « l'annulation ou la réformation des décisions prises dans
l'exercice des prérogatives de puissance publique, par les autorités exerçant le pouvoir exécutif,
leurs agents, les Collectivités territoriales (...) ou les organismes placés sous leur autorité ou
leur contrôle », non pas en se fondant sur la loi des 16-24 août 1790, à laquelle il a dénié valeur
constitutionnelle, mais sur un principe fondamental reconnu par les lois de la République
traduisant la « conception française de la séparation des pouvoirs », Cf. note CHEVALLIER
(J.), A.J.D.A., 1987, p. 345 ; note GAUDEMET (Y.), R.D.P., 1987, p. 1341; note GENEVOIS
(B.), R.F.D.A., 1987, p. 287.
1004
CHEVALLIER (J.), « L'interdiction pour le juge de faire acte d'administration », A.J.D.A.,
1972, p. 69.
1005
MODERNE (F.), « Etrangère au pouvoir du juge, l'injonction pourquoi le serait-elle ? »,
R.F.D.A., 1990, p. 803.
1006
DEBOUY (C.), qui écrit: « Cette limite ne nous paraît plus acceptable. Chacun sait que
l'interdiction de l'injonction est une autolimitation du juge, qui ne repose sur rien ... », note sous
T.A. ROUEN, Ord. de référé, 13/5/1991 Assoc. de défense de la forêt de la Caboche, J.C.P.,
1992, 21781 ; VEDEL (G.) et DELVOLVE (P.), Droit administratif, t. 2, Coll. Thémis, P.U.F.,
1990, p. 357 ; LE BERRE (J.M), « Les pouvoirs d'injonction du juge judiciaire à l'égard de
l'administration », A.J.D.A., 1979, n° 2, p. 14.
309
A)- Un contrôle rigoureux mais nécessairement altéré
1007
Sur cette question cf. T.A. 18/12/1991 St Denis de la Réunion, Commune de St Denis, LES
PETITES AFFICHES, 1993, n° 74, p. 5.
310
Ministre de la République qui représente l'Etat dans la région considérée. Qu'il
s'agisse des principes reconnus par la constitution du Portugal ou des intérêts
nationaux en Italie, l'on voit bien qu'il y a ici ouverture pour une libre
appréciation de la conformité à la constitution et aux intérêts nationaux. Le
contrôle effectué à partir de ces notions floues permet au juge de fixer les
éléments qu'il prendra en considération dans son appréciation du respect de la
légalité ou des intérêts nationaux.
1008
Ibid.
311
phénomène. Dans ce domaine il existe un principe, qui exprime l’essence
même de la subsidiarité1009, la liberté du commerce et de l’industrie qui exigent
que les interventions de la puissance publique soient fondées sur l'impossibilité
ou l'incapacité des acteurs (producteurs & consommateurs) à régler
harmonieusement leurs rapports. Or l'on sait, la jurisprudence est suffisamment
importante dans ce secteur, que le principe de la liberté du commerce et de
l'industrie est facilement opposé par le juge administratif aux Collectivités
locales et de façon conciliante à l'Etat. Ceci a conduit L. RICHER à affirmer
que « pour le juriste, cette organisation du libéralisme se traduit bien souvent
par une désorganisation du droit »1010. Cette jurisprudence n'est pas sans effet
sur le principe car « le fait qu'il puisse y avoir deux poids, deux mesures, dans
la protection accordée à cette liberté pose le problème de sa valeur ». La
jurisprudence tend, et particulièrement depuis la loi du 4 mars 1982, à faire du
principe de la liberté du commerce un complément utile à la consécration de la
suprématie de l'Etat.
1009
THALINEAU (J.), « L'interventionnisme économique, exemple de contestation de la clause
générale de compétence, Rapport final du Laboratoire d'études et de recherches sur les réformes
administratives et la décentralisation », Faculté de droit TOURS, 1988, p. 167.
1010
RICHER (L.), « L'évolution des rapports entre l'Administration et les entreprises privées »,
R.D.P., 1981, p. 919.
312
lesquels des organes étatiques ou locaux le satisfont le mieux1011. Cette
différence jurisprudentielle entre interventions étatiques et locales montre que
le principe de subsidiarité ne conditionne pas en l'espèce l'action de l'Etat,
puisque la liberté du commerce et de l'industrie, expression de la subsidiarité en
matière économique, n'est pas opposable à l'Etat1012. Le rôle de répartiteur de
compétences du principe de liberté du commerce est devenu par ailleurs,
subsidiaire dans la mesure où la loi 2004 a affirmé la compétence de l'Etat dans
le domaine économique. Cette primauté de l'Etat a conduit le Conseil d'Etat en
France à considérer que la région ne dispose pas d'une compétence générale en
matière économique.
1011
Cf. C.E. 6/6/1986 département de la Côte d'Or, A.J.D.A., 1986, p. 594 ; C.E. 18/11/1991,
Dépt des Alpes maritimes, A.J.D.A., note C.DEVES, p. 231.
1012
THALINEAU (J.), L'interventionnisme économique, exemple de contestation de la clause
générale de compétence, op. cit., p. 170.
1013
V. CRUCIS (H.-M.), Les combinaisons de normes dans la jurisprudence administrative
française, Paris, L.G.D.J., 1991.
313
administrative générale dans sa commune. La logique aurait voulu que selon la
maxime latine « lex specialis generalibus derogat » et son corollaire
« generalia specialibus non derogant », une telle interdiction soit proscrite.
Si l'on examine les rapports entre la règle locale et la règle étatique, qu'il
s'agisse de normes législatives ou réglementaires, on constate qu'organes
centraux et locaux sont étroitement liés dans la production de la norme par la
remise aux uns et aux autres de la faculté de statuer et de la faculté d'empêcher
qui se traduisent selon différents procédés techniques.
314
procédés s'apparentent à l'exercice de la faculté d'empêcher d'une part et à celui
de la faculté de statuer d'autre part.
1014
Pour un aperçu synthétique et critique de ces hypothèses cf. REGOURD (S.), L'acte de
tutelle … op. cit., p. 132.
1015
Ibid.
1016
Le fait qu'elle soit un objet d'études et de controverses le démontre et particulièrement la
thèse de B. FAURE qui se consacre exclusivement à l'examen du pouvoir réglementaire des
Collectivités locales, Université de Pau et des Pays de l'Adour 1992.
315
dans le niveau hiérarchique concerné. En effet, pour Ch. EISENMANN la
décentralisation pure et parfaite ou la décentralisation imparfaite correspondent
à la situation dans laquelle « la suprématie appartient en définitive aux
organes non centraux »1017. La thèse de M. BOURJOL relative à l'autonomie
du pouvoir réglementaire local correspond à ce que Ch. EISENMANN
présentait comme la décentralisation.
1017
EISENMANN (Ch.), Centralisation … op. cit., pp. 86-87.
1018
KELSEN (H.), Théorie pure …op. cit.
316
l'idée d'une puissance sans limite qui dans un Etat de droit est traduite par la
norme juridique. Emettre l'idée que la puissance étatique puisse venir s'échouer
sur une puissance locale, c'est remettre en cause l'unité de l'Etat.
Manifestement le droit positif ne traduit pas une telle autorité, une telle
puissance locale. En effet en dernière analyse, les normes locales qu'il s'agisse
de lois ou de règlements sont suspendues à leur admission, leur reconnaissance
en qualité de normes par un juge.
1019
MONTESQUIEU, L'esprit des lois, t.I, op. cit., p. 298.
317
pensée de MONTESQUIEU et de la doctrine de la séparation des pouvoirs,
faisant de la séparation un principe opposé au juge et non un principe de la
garantie des droits par le juge »1020.
Léon DUGUIT montre par ailleurs que la souveraineté que l'on présente
comme indivisible exclut que l'on envisage la séparation des pouvoirs1022 sauf à
considérer que cette séparation ne met pas en cause l'unité et l'indivisibilité de
la souveraineté dans le cadre d'un « mystère de la trinité politique calqué sur le
mystère de la trinité divine »1023, c'est-à-dire en rétablissant l’unité du pouvoir.
1020
Ibid.
1021
Ibid.
1022
DUGUIT (L.), Traité de droit constitutionnel, t. II, p. 121 et ss.
1023
Ibid., p. 671.
1024
EISENMANN (Ch.), Centralisation - Décentralisation, op. cit., p. 88.
318
L'appartenance de la faculté d'empêcher au pouvoir normatif a été
contestée en matière législative comme dans le domaine de la centralisation-
décentralisation où pourtant, l'approbation et l'autorisation ont été présentées
par M. HAURIOU comme « un simple je n'empêche »1025, alors que M.
WALINE évoquait à propos des annulations prononcées par les autorités
faisant parties de l'administration active l'idée de « justice retenue »1026.
En effet, ce que l'on appelle la norme locale, n'est rien d'autre qu'une
norme de l'Etat matériellement et territorialement déterminée1027. Elle accède à
ce titre en supportant une faculté d'empêcher centrale dont la mise en œuvre
peut être plus ou moins rapide et efficace1028. A cet égard, le régime du déféré
préfectoral, assimilé largement à un recours pour excès de pouvoir, et celui du
sursis à l’exécution des actes locaux visent à maintenir l’unité du pouvoir
normatif de l’Etat dans le niveau hiérarchique considéré : le règlement.
1025
HAURIOU (M.), op. cit., p. 149.
1026
WALINE (M.), op. cit., p. 344 et ss.
1027
Ibid.
1028
Sur ce point cf. MOREAU (J.), « Bilan jurisprudentiel du contrôle administratif de
légalité », A.J.D.A., 1992, p. 57 et LACHAUME (J.-F.), « Contrôle administratif », Fasc.1, n°
48, Jurisclasseur administratif.
1029
Ibid., Ainsi le recours pour excès de pouvoir n'est pas possible contre les contrats, alors que
le déféré le permet pour les conventions en matière de marché par ex.
319
C’est donc un vaste espace de « négociation – persuasion »1030 que cette
assimilation lui ouvre du fait de la durée importante du délai pour introduire un
recours. Cependant ceci ne conduit pas à différer juridiquement mais
politiquement le caractère exécutoire de l’acte. Le régime du sursis renforce
cette capacité du Préfet à contenir l’acquisition du caractère exécutoire des
actes locaux, mais cette fois-ci d'une façon juridique.
1030
HELIN (J.C.), « La régulation administrative du contrôle de légalité et le droit », R.F.D.A.,
1987, p. 765, du même auteur, Le Préfet, les élus et le juge, les petites affiches 1992, n° 151,
p. 12.
1031
KOUBI (G.), « Acte exécutoire et actes des autorités locales », R.D.P., 1990, p. 1513.
1032
Ibid.
1033
CHABANOL (D.), écrit: Dans le mécanisme mis en place par les lois de décentralisation,
l’auteur de la requête, par commissaire de la République interposé, est la Collectivité nationale
320
principes généraux du droit, non seulement entre les organes chargés de mettre
en œuvre le pouvoir réglementaire, mais aussi entre ceux-ci et ceux mettant en
œuvre le pouvoir législatif1034. Si la légalité et donc la répartition dudit pouvoir
normatif, n'était pas affaire d'appréciation, on pourrait considérer que ce
système garantit ipso facto la faculté de statuer locale.
ou l'Etat, et son objectif n'est plus d’obtenir un avantage individuel, mais d’assurer le respect
des lois., A.J.D.A.,1983, p. 73.
1034
Même si c'est un peu abrupt, on pourrait considérer que le contentieux de l’annulation des
actes locaux est exclusivement un contentieux de la compétence. Ainsi la violation de la loi ne
serait pas autre chose que la violation de la compétence du législateur...
1035
Exprimé dans l’art. 72 (3) de la loi d’orientation de la décentralisation précitée.
1036
Ibid., Art.72(2).
1037
Ibid.
321
nécessité d’accorder aux Collectivités territoriales une faculté d’empêcher les
organes centraux pour que le régime de production des actes réglementaires soit
décentralisé1038.
A)- Le contenu
Le droit public économique camerounais est l’aboutissement d’une
histoire économique constante. Confronter le pouvoir d’intervention
économique des Collectivités locales à un certain ordre public économique à
connotation libérale est l’obligation de respecter les libertés économiques des
particuliers et des entreprises, fondement de l’Etat libéral.
1038
Or, à ce jour, une telle faculté d'empêcher reconnue à des organes locaux et s'exerçant sur la
faculté de statuer centrale demeure une revendication, manifestant ainsi le maintien d'un régime
de déconcentralisation.
322
Pour une partie de la doctrine1039, on se dirige vers une situation de
contradiction apparente. En effet, le développent des interventions économiques
décentralisées est une nécessité juridico-politique de l’Etat de droit car c’est le
fondement de la démocratie locale cherchant en premier l’épanouissement de
l’individu ainsi que sa capacité à gérer ses affaires librement. Il est aussi un
impératif économique soucieux d’assurer le bien-être de l’individu et de
subvenir à ses besoins aussi bien économiques que sociaux. C’est
paradoxalement au nom de ses deux impératifs (démocratique politique d’une
part et justice économique et sociale d’autre part) que la puissance publique en
se livrant à des activités économiques doit respecter les libertés économiques
des particuliers.
1039
A l’instar de TARIK ZAÏR.
1040
Ibid., p.180.
1041
Ibid.
1042
Confrontées au manque des moyens humains et financiers et surtout à l’absence
d’entrepreneurs habilités à reconstruire une économie déjà ruinée, les autorités camerounaises
ont opté pour un système administratif très centralisé assurant une profonde intervention
publique dans les économies locales. En l’absence d’une histoire institutionnelle solide capable
de définir une solution de remplacement, le Cameroun a fait siennes les pratiques de
l’interventionnisme économique.
323
Les pratiques postérieures à l’indépendance ont fait apparaître un
phénomène nouveau. Le jeune Etat camerounais, dans la quête d’une très
grande présence sur le territoire national mais surtout d’un rôle économique de
premier ordre ne cesse d’intervenir au plan local. La démocratie libérale se
confondait avec la centralisation jacobine marquée par la prédominance des
interventions économiques centrales, empêchant de ce fait l’apparition d’un
véritable pouvoir économique décentralisé (…) remarquablement réduit,
l’interventionnisme économique décentralisée ne repose pas sur des bases
claires et surtout il reste très étroitement encadré par l’Etat. Cette situation
puise ses raisons dans différents facteurs notamment l’absence d’une élite
locale affirmée. La volonté de sortir le pays du sous-développement
économique était si urgente qu’il était inconvenable de partager le pouvoir
économique1043. Ce résultat était l’instauration d’une décentralisation
économique.
1043
MARCHAND (M.-J.), « L’économie de la décentralisation : un enjeu pour les Collectivités
locales », PUR, janvier, 2000, p. 233.
324
monopole en faveur de l’Etat et de ses administrations. Le renouveau de la
décentralisation par l’intermédiaire d’un réseau partagé des compétences
économiques était un moyen de relancer l’économie locale. Aussi les régions
comme les communes sont l’échelon local approprié pour enclencher une
dynamique spécifique d’émulation et de développement régional intégré1044.
1044
Néanmoins, il faut rester prudent. Si l’interventionnisme étatique était considéré à l’aube de
l’indépendance comme une exigence par la reconstitution économique nationale et l’incitation à
l’investissement. Aujourd’hui la politique de décentralisation économique n’est en réalité que le
prolongement de cette conception. Le choix en faveur de l’interventionnisme économique
décentralisé n’est pas une solution délibérée, c’est plutôt une nécessité pressante . D’une part
l’État était dans l’obligation de réduire son secteur public jugé inefficace. L’idéologie libérale
sans récuser le rôle important de l’Etat voit en lui un handicap majeur au libre jeu du marché ;
la décentralisation s’avère de ce fait incontournable à la fois pour aller dans le sens de l’Etat de
droit pour sortir de l’Etat contrôle de sa crise de légitimité liée à son incapacité à atteindre de
nouveau développement économique fort longtemps attendu.
1045
TARIK (Z.), La gestion décentralisée du développement …, op. cit., p. 183.
325
Le procédé contractuel, en tant que technique juridique de mise en
œuvre des interventions économiques décentralisées, revêt deux aspects
essentiels. Le développement des interventions économiques décentralisées
sollicite le recours au contrat en raison de la souplesse minimale et de
l’opportunité de la communication et de la négociation que celui-ci offre1046. Le
contrat présente également la plus grande efficacité dans l’action économique
locale par l’obtention de l’adhésion des Collectivités locales à l’œuvre de
développement. Il présente une meilleure sécurité pour les Collectivités locales
qui sont engagées à la hauteur des difficultés du contrat.
1046
DE LAUBADERE (A.), « L’interventionnisme économique et le contrat », RFAP, n° 2,
octobre-décembre, 1979, p. 79.
1047
LOSCHAK (D.), « Les problèmes juridiques posés par la concurrence des services et des
activités privées », ASDA, 1971, p. 211. Et TARIK (Z.), La gestion décentralisée du
développement … op. cit., p. 189.
326
pour la plupart, leur source dans ce qu'il est convenu d’appeler, en vertu des
travaux d’Hauriou, la constitution sociale1048 ; soit directement lorsqu’ils sont
mentionnés par la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ou par le
Préambule de 1996 ; soit indirectement lorsqu’ils découlent d'un de ces
principes reconnus par ces textes ou lorsqu'ils sont issus de la tradition
législative républicaine qui, elle-même, est la résultante de notre constitution
sociale. La découverte de ces principes indirectement issus de celle-ci est
souvent délicate du fait, surtout, de leur ambivalence.
1048
HAURIOU (M.), op. cit., p. 95.
1049
LECOQ (V.), op. cit., p. 62.
327
constitutionnelle »1050. En outre, il nous apparaît clairement que l’un des
aspects essentiels de la libre administration est la liberté contractuelle.
Ce qui est vrai pour la liberté en général, l’est aussi pour la libre
administration des Collectivités territoriales décentralisées. Pour l’exercer, ces
dernières doivent pouvoir choisir les moyens de la mettre en œuvre et les
utiliser avec la plus grande latitude possible. Or, parmi ces moyens à la
disposition des Collectivités territoriales figurent la passation de contrats avec
d’autres personnes juridiques1051. Afin de s’administrer librement, et donc
exercer leurs compétences, les Collectivités doivent pouvoir opter librement
pour le procédé contractuel, définir les obligations réciproques des
cocontractants et plus largement, élaborer sans contraintes excessives, le
contenu du contrat. Aussi, pour être en mesure d’assurer la compétence
générale qui leur est dévolue en matière d’aide sociale, de prévention sanitaire
et d’organisation des services sociaux, les régions doivent pouvoir contracter
librement. En conséquence, on peut affirmer que sans liberté contractuelle
accordée aux Collectivités territoriales, il n’y a pas de véritable libre
administration, la seconde ne peut s’exercer sans la première. De sorte que ces
deux libertés sont consubstantielles. Il est donc clair que la liberté contractuelle
est attachée à la libre administration et, par la suite, il est logique que ces deux
libertés soient soumises à des limites identiques.
1050
LUCHAIRE (F.), « L'émergence d'un droit constitutionnel de la décentralisation », AlDA,
20 Avri11992 n°spécial, p. 25. En ce sens, cf. ROUX (A.), article précité; Décision n°
091-290 D.C. du 9 mai 1991 (J.O., p. 6350).
1051
Pour ROUX (A.), op. cit., La liberté contractuelle « (m) apparaît comme un attribut de la
libre administration ». p 445 et POUYAUD (D.) voit dans la liberté contractuelle « une des
composantes fondamentales du principe de la libre administration des Collectivités
territoriales ». p. 966.
328
représentent le respect des lois qui les encadrent, les traités internationaux et
l’intérêt général qui doit guider l’action des Collectivités territoriales.
1052
FAURE (B.), op. cit., p. 1549.
1053
LUCHAIRE (F.), « L'émergence d'un ...», op. cit., p. 143.
1054
En vertu du principe de la hiérarchie des normes.
1055
Cf. notamment BOURDON (J.), PONTIER (J.-M.), RICCI (J.-C.), Droit des Collectivités
territoriales, Paris, P.U.F., Coll. Thémis, p. 136 et s.
1056
Sur ces contrats et leur régime juridique, cf. notamment: B.AUBY (J.), et MAUGÜE(C.),
« Les contrats de délégation de service public », JCP éd., 1994, p. 115 ; BETI1NGER (C.),
« Contrats de délégation du service public » dans Droit des services publics locaux, Publication
du Moniteur, 1996 ; RICHER (L.), « Conclusion de la convention de délégation de service
public » dans Droit des services publics locaux, op.cit., p. 1 ; FATOME(E), « Le nouveau cadre
légal », AlDA, septembre 1996 dossier spécial Délégations de service public, p. 691.
329
Collectivités locales passent entrent dans le champ d'application des directives
relatives aux marchés publics et sont assujettis aux règles qu'elles instaurent1057.
1057
AUBY (J.F.) et BRONNER (F.), « L'Europe des marchés publics », AlDA, 1990, p. 58 ;
BRECHON-MOULENES(C.), « Le droit communautaire des marchés publics de travaux »,
Rev. Droit Immobilier, 1990, p. 27 ; « Marchés publics: caractéristiques de la réglementation
communautaire », Jurisclasseur Europe, fasc. 2400 ; « Directives travaux, fournitures et
secteurs exclus », op.cit., fasc. 2410 ; FlAMME (M.) et FLAMME (P.), « Enfin l'Europe des
marchés publics. La nouvelle directive publique de travaux », Rev. Droit Immobilier, 1990,
p. 27 ; « Marchés publics: caractéristiques de la réglementation communautaire », Jurisclasseur
Europe, fasc. 2400 ; « Directives travaux, fournitures et secteurs exclus », op.cit., fasc. 2410 ;
M.A.FlAMME et P. FLAMME, « Enfin l'Europe des marchés publics. La nouvelle directive
travaux », AlDA, 1989, p. 651.
330
recouvre donc la liberté d’établissement ou d'installation et diriger et gérer cette
entreprise comme la liberté d'entreprendre comprend donc la liberté
d’exploitation. Elle concède ainsi au CTD le pouvoir de création et de gestion
des entreprises.
1058
MESTRE (J.-L.), « Le Conseil constitutionnel, la liberté d'entreprendre et la propriété »,
chronique Dalloz, 1984, p. 1.
1059
Ibid.
1060
L’art. 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pour conférer valeur
constitutionnelle à la liberté d'entreprendre. Position confirmée en France par de multiples
décisions : Déc. n° 82-141 DC du 27 juillet 1982.
331
Parallèlement, cette dernière peut constituer l’un des fondements de la
liberté contractuelle. En effet, la liberté d'entreprendre et la liberté contractuelle
ont des relations si fortes qu’il est possible de voir en la seconde un moyen
fondamental, une condition de la première. L’exercice de la liberté
d'entreprendre nécessite que la Collectivité puisse quotidiennement, dans le
cadre de son activité professionnelle, contracter, choisir son cocontractant et
fixer librement les conditions du contrat. La création d’une entreprise, son
activité et son fonctionnement, sa gestion impliquent la passation d’une
multitude de contrats fort variés et si celle-ci n’est pas libre, la liberté
d’entreprendre n’existe pas. La liberté contractuelle apparaît donc bien comme
une condition de l’effectivité de la liberté d'entreprendre. On ne peut donc pas
garantir cette dernière sans garantir la première.
Autrement dit, l'introduction parmi les principes à valeur
constitutionnelle de la liberté d'entreprendre entraîne celle de la liberté
contractuelle.
1061
MESTRE (J.L.), op. cit., v. dans la liberté du commerce et de l'industrie la « manifestation
concrète de la liberté d'entreprendre », C. R. D. F., n° 1/2002, p. 4.
332
élément essentiel de la liberté du commerce et de l'industrie. Cette dernière
comprenant le droit pour tout individu de créer une entreprise dans tous les
secteurs de l'économie nationale et sur tout le territoire et de concurrencer toute
autre entreprise, elle implique que soient prohibées les entraves à la libre
concurrence.
1062
MATHIEU (B.), Les sources du droit du travail, Que Sais-Je?, Paris, P.U.F., 1992, p. 28.
1063
C'est ainsi que le Préambule de la Constitution du 3 septembre 1791 condamne les entraves
à cette liberté en supprimant les jurandes et les corporations de professions, arts et métiers. La
Constitution du 24 juin 1793 quant à elle, dans sa déclaration des droits de l'homme et du
citoyen, consacre explicitement la liberté du commerce et de l'industrie. Enfin, la Constitution
du 5 fructidor An III prohibe, en son article 355, les limitations à « la liberté (...) du commerce,
et à l'exercice de l'industrie et des arts de toute espèce ». De surcroît on peut ajouter que de
grands textes révolutionnaires comme le décret d'Allarde (2-17 mars 1791) et la loi Le
Chapelier (14-17 juin 1791) ont mis en œuvre cette liberté reconnue par les textes
constitutionnels. Elle est donc ancrée dans la tradition juridique française.
333
de l'industrie, «qu'aucun principe de valeur constitutionnelle ne fait obstacle à
ce que le législateur interdise aux associations (...) de recevoir des ressources
provenant de la publicité et de diffuser des messages publicitaires».
L'interprétation de ces propos est assez complexe et mériterait une analyse
approfondie. On se contentera ici de souligner qu'ils peuvent donner lieu à deux
interprétations.
Quoi qu'il en soit, cette liberté, si ancrée dans notre droit positif, a
comme la liberté d'entreprendre une relation très forte avec la liberté
contractuelle. Comme pour la liberté d'entreprendre, la liberté contractuelle est
un moyen fondamental de la liberté du commerce et de l'industrie. Le droit de
créer une entreprise dans tous les secteurs de l'économie nationale et locale,
334
comme le droit de concurrencer toute autre entreprise, suppose celui de
conclure des contrats de toute nature et de pouvoir négocier librement le
contenu de ces contrats avec ses partenaires commerciaux et clients. Sans cette
liberté, la liberté du commerce et de l'industrie serait réduite à néant.
335
Paragraphe II : La liberté de choix du mode de gestion
financière des services publics locaux
1- La régie directe
1064
BOUVIER (M.), Finances … op. cit., p. 217.
336
financier) sont soumis à une régie directe totale. Les services techniques
relèvent généralement d’une régie directe artérielle compte tenu des capacités
relatives à chaque commune.
2- La régie autonome
3- La régie personnalisée
337
soumet les contrats de travaux, d'étude et de maîtrise d'œuvre conclus par les
SEM aux principes de publicité et de mise en concurrence prévus par ce même
Code. Mais c'est probablement le droit des biens des Collectivités locales qui
est le plus révélateur de cette évolution à double sens, comme on peut le
constater à travers la cession des biens et le bail emphytéotique administratif.
Dans certaines hypothèses, une seule et même personne cumule les
fonctions d’ordonnateur et de comptable. Cette personne est un administrateur,
c’est-à-dire qu’il dépend d’un ordonnateur. Le régisseur, puisque tel est son
nom peut intervenir dans des opérations de dépenses, on parlera alors de régie
d’avances ou dans des opérations de recettes et il s’agira naturellement de régie
de recettes.
338
privée1065. De ce fait, les Conseils des Collectivités territoriales arrêtent la liste
et les dispositions qui doivent figurer dans le règlement intérieur des services
qu'ils se proposent d'exploiter sous forme de régies locales à caractère industriel
et commercial1066. Dans l’optique d’exclusion de la tutelle entre les
Collectivités territoriales décentralisées, le législateur a prévu des cas
d’exploitation collégiale. En effet, lorsque plusieurs Collectivités territoriales
sont intéressées par le fonctionnement d'une régie, celle-ci peut être exploitée :
soit sous la direction d'une Collectivité territoriale vis à vis des autres
Collectivités territoriales comme mandataire soit alors sous la direction d'un
regroupement formé par les Collectivités territoriales intéressées1067 ; cas où le
regroupement est constitué exclusivement en vue de l'exploitation d'un service
industriel ou commercial, les Collectivités territoriales peuvent demander que
l'administration de l'organisation ainsi créée se confonde avec celle de la régie.
Dans ce cas, l'acte fondateur du groupement est modifié. Cependant, parmi les
services susceptibles d'être assurés en régie par les Collectivités territoriales, il
y en a qui sont soumis au contrôle technique de l'Etat. Les actes réglementaires
d'approbation précisent les mesures à prendre lorsque le fonctionnement d'une
régie n'est pas en état d'assurer le service dont elle est chargée. Les entreprises
exploitant des services publics en régie intéressée sont soumises, pour tout ce
qui concerne l'exploitation et les travaux de premier établissement qu'elles
peuvent être amenées à faire pour le compte de l'autorité concédant, à toutes
mesures de contrôle et à la production de toutes les justifications. Il s’est agit de
la Chambre des comptes de la Cour suprême et du Contrôle supérieur1068.
- la prise des parts au sein des entités publiques ;
1065
Art. 52 Loi d’orientation de 2004 précitée. Les services publics locaux gérés en régie
fonctionnent conformément au droit commun applicable aux services publics de l'Etat revêtant
un caractère similaire.
1066
Ibid., Art. 53.
1067
Ibid , Art. 54.
1068
Ibid., Art. 59.
339
- l’intérêt de la technique de délégation pour les Collectivités locales.
1069
En France, Jusqu'en 1982, les aliénations d'immeubles s'effectuaient par adjudication, avec
publicité et mise en concurrence, conformément à l'art. L 311-8 du Code des Communes. La loi
du 2 mars 1982 a abrogé cet article, octroyant du même coup aux Collectivités locales la liberté
de recourir au mode d'aliénation de leur choix. Une dizaine d'années plus tard l'actualité
judiciaire et politique des affaires a alors conduit le législateur à développer, avec une certaine
versatilité, un contrôle dérogatoire au droit commun qui appréhende les aliénations et les
acquisitions de biens immobiliers par les Communes. L'objectif de transparence a nécessité le
durcissement, et partant, la « publicisation» de la procédure.
340
l'accomplissement d'une mission de service public ou de la réalisation d'une
opération d'intérêt général.
1070
Art. 56 et ss. de la loi n° 2004/017 précitée.
341
la révision ou à la résiliation du contrat de concession ou d'affermage, lorsque
le déficit du concessionnaire, dû à des circonstances économiques ou
techniques indépendantes de sa volonté, revêt un caractère durable et ne permet
plus au dit service de fonctionner normalement. Les dispositions de l'alinéa (1)
sont applicables, mutatis mutandis, au concessionnaire ou exploitant. La
Collectivité territoriale intéressée doit, soit supprimer le service dont il s'agit,
soit le réorganiser suivant les modalités plus économiques1071.
1071
Ibid., Art. 61.
1072
Ibid., Art. 58.
342
A)- Comptabilité publique locale : opération de l’ordonnateur et
du comptable local
Les Collectivités territoriales tiennent trois types de comptabilité : une
comptabilité budgétaire des recettes et dépenses ; une comptabilité générale ;
une comptabilité analytique1073.
1073
Ibid., Art. 86.
343
1- La comptabilité de l'ordonnateur local
2- La comptabilité du comptable
Les comptables des Collectivités territoriales sont des comptables
principaux, astreints à la reddition d'un compte de gestion ; ce compte de
1074
Ibid., Art. 90.
1075
Ibid., Art. 91et ss.
1076
Ibid., Art. 94 et ss.
1077
Cette disposition trouve ses origines dans l’art. 58 de la loi du 30 décembre 1912 qui
énonce en substance que « La comptabilité financière du service local est, en principe,
soumise aux mêmes règles que celle de l’Etat… »
344
gestion est soumis à l'organe délibérant en même temps que le compte
administratif. Les deux (02) comptes doivent être concordants. Du
recouvrement des titres de perception pris en charge ; des paiements effectifs ;
de l'exactitude de leurs écritures. Les comptes des comptables des Collectivités
territoriales décentralisées sont jugés par la juridiction des comptes. En cas de
mutation en cours d'année, le compte est produit par le receveur sortant sur sa
période de gestion. Au sein des CTD le comptable-matières est responsable de
la régularité des écritures de prise en charge, il assure ainsi la garde et la
conservation du mobilier et du matériel de la Collectivité territoriale. Il tient
alors le rôle de conservateur du patrimoine local.
1078
Ibid., Art. 74.
345
Le receveur municipal ou régional assure la garde et la gestion des
fonds et valeurs de la Collectivité territoriale concernée. Les fonds des
Collectivités territoriales sont des deniers publics.
1079
Art. 96 (1) du décret du 15 mai 2013, op. cit., « Tout les fonds y compris les ressources
extérieures mobilisées au titre des ressources extérieures mobilisées au titre des projets
sont déposés dans un compte unique du trésor ouvert dans les livres de la B.E.A.C. ».
1080
NJOYA (O.), « Le principe de l’unité de trésorerie en droit public camerounais », RASJ,
vol. 2, n° 1, 2001, p. 161.
1081
Ibid., Art. 15 : « Sauf dérogation admise par le Ministre des finances, les Collectivités
territoriales de la République sont tenues de déposer au Trésor toutes leurs disponibilités ».
346
local a la charge1082. Le décret relatif à la comptabilité publique énonce que
« les comptables publics sont seuls chargés (...) du maniement des fonds et des
mouvements de comptes de disponibilités ». Pour le Trésor, la règle du dépôt
obligatoire se combine avec celle de l’unité de caisse, qui conduit à faire masse
de tous les fonds des Collectivités territoriales et, à un niveau plus élevé, de
l’ensemble des fonds publics. Cette règle n’affecte que les mouvements de
trésorerie, puisque, dans le budget, les sections de fonctionnement et
d'investissement demeurent distinctes. La question de la gestion des revenus
locaux se pose donc. C’est une règle cependant contradictoire à l’art. 76 qui
énonce en substance que les fonds des Collectivités territoriales sont déposés à
la recette régionale, à la recette municipale ou dans la caisse de dépôt et
consignation. Les fonds centralisés ou faisant l'objet d'une péréquation ainsi
que les fonds d'emprunt dont la gestion est confiée aux organismes visés à
l'article 5 alinéa 2 de la loi de 2009, peuvent être déposés dans un compte
ouvert à la banque centrale ou à la caisse de dépôt et consignation.
1082
Art. 11 du Décret n° 2013/160 du 15 mai 2013 portant règlement général de la comptabilité
publique.
347
l’utilisation du compte d'avances aux Collectivités territoriales. D'un côté, l’Etat
supporte la charge de trésorerie de ces avances ainsi que celle des cotisations
fiscales non recouvrées, mais en contrepartie les Collectivités sont dans
l'obligation de déposer leurs fonds au Trésor sans aucune rémunération à ce
titre1083.
1083
Depuis la loi du 14 septembre 1941 validée par l'ordonnance du 6 janvier 1945.
Antérieurement, les fonds déposés par les Communes portaient intérêt depuis 1811. Le taux de
3 % est passé à 2 % en 1879 et à 1 % en 1910. Pour les départements la non rémunération des
dépôts date de la loi du 18 juillet 1892.
1084
Conseil économique, social et environnemental. Evaluation et suivi des relations financières
entre l'Etat et les Collectivités locales, Avis présenté par Ph. Vailetoux, 2008.
348
l'étendue que pourrait avoir cette dérogation, on peut aussi se demander si celle-
ci ne serait pas porteuse à terme d'une abrogation pure et simple de la règle.
1085
Arrêts Nicolo et Roujanskyf.
1086
Pour une approche critique et synthétique de ces notions, cf. PONTIER (J.M.), L'Etat et les
Collectivités locales… op. cit., p. 66.
1087
DUGUIT (L.), Traité de droit constitutionnel, op. cit., p. 355 ; cf. en droit civil " La
capacité est l'aptitude d'une personne à être titulaire de droits et à les exercer DE LA
MORANDIERE (L.-J.), Droit civil, t. I, Paris, Dalloz, 1965, p. 27, et AUBERT (J.-L.) pour
lequel la capacité des personnes c'est « leur aptitude à l'activité juridique et en l'occurrence, (...)
à créer et à assumer des obligations civiles ». AUBERT (J.-L.), Introduction au droit, Coll. U,
A.COLIN, 1984, p. 236.
1088
WALINE (M.), Traité de droit administratif, 8e éd., Paris, SIREY, 1959, p. 417.
349
de la compétence mais de l'incapacité et de la limitation de compétence1089.
Ceci est curieux d'une part parce que l'auteur veut définir ces termes non pas
intrinsèquement mais par leur but et d'autre part parce que ce n'est pas le but de
la capacité ou de la compétence qui est saisi mais celui de l'incapacité et la
compétence limitée. Or, l'incapacité ou la limitation de compétence peuvent
poursuivre des buts similaires ou différents sans que l'on puisse en déduire
l'unité ou la pluralité de buts de la capacité ou de la compétence, tout
dépendant justement de la définition du ou des buts de la capacité ou de la
compétence. Un but unique de la capacité (permettre la réalisation d'actes
juridiques) pourra déboucher sur une pluralité de buts de l'incapacité
(protection de l'incapable, protection des tiers …). L'argumentation de la
distinction capacité - compétence sur ce fondement doit donc être rejetée.
Ceci montre que l'on ne peut définir des concepts à partir de leur but et
encore moins à partir des buts de ce qui est présenté comme étant le concept
contraire. L'on doit définir positivement les notions sinon l'on risque d'induire
de curieuses conclusions. Ainsi affirmer comme M. WALINE que la limitation
de compétence a pour but « d'abord la protection des administrés contre les
abus de pouvoir »1090 conduit à la proposition inverse à savoir la compétence a
pour but d'ouvrir les administrés aux abus de pouvoirs ! L'incongruité du
propos montre qu'en fait seul l'Etat de droit peut permettre de parler d'abus de
pouvoir, de compétences et de limitation de compétence et M. WALINE le
rappelait justement mais par une expression critiquable. L'analyse de M.
WALINE ne peut être retenue pour d'autres motifs. Il différencie capacité et
compétence à partir des conséquences de l'incapacité et de l'incompétence.
D'abord seul l'incapable pourrait se prévaloir de la nullité de son acte, alors que
toute personne peut se prévaloir de la nullité de l'acte pris par un incompétent.
1089
Ibid.
1090
WALINE (M.), Traité de droit administratif, Paris, SIREY, 1959, p. 417.
350
L'argument n'en est pas un. Cette différence n'existe pas dans toutes les
hypothèses d'incapacité. Les incapacités de jouissance et particulièrement celles
1091
établies dans l'intérêt de la société impliquent une nullité absolue et
« chacun peut demander au juge de la prononcer »1092.
1091
FLOUR (J.) et AUBERT (J.L.), Droit civil, Les obligations, t. I, L'acte juridique, Coll. U
A.COLIN, 1975, p. 163. Ils écrivent: « Elle est absolue lorsque l'incapacité est à base de
sanction ou, plus largement, est fondée sur des motifs d'intérêt général ».
1092
MAZEAUD (H. L.), MAZEAUD (J.) et CHABAS (F.), Leçons de droit civil, t. I, Paris,
Montchrestien, 1983, p. 167.
1093
VIRALLY (M.), La pensée juridique, Paris, L.G.D.J., 1960, p. 121. L’auteur, écrivait:
« L'individu humain n'est pas nécessairement sujet de droit. Il le devient, et il ne bénéficie de
cette qualité que si elle lui est attribuée par le droit positif, lequel peut en subordonner
l'attribution aux conditions qu'il définit lui-même ». On adhère à cette présentation étant entendu
qu'il ne peut exister de droit sans homme et qu'il y a toujours au minimum un sujet de droit pour
poser que les autres sont des non-sujets de droit.
1094
Ibid., p. 418.
351
capacité limitée ou la compétence limitée. En effet, on constate que même dans
les cas les plus larges d’incapacité subsiste toujours une parcelle de capacité
pour l’incapable notamment au regard des engagements de la vie quotidienne et
qu’ainsi donc on doit parler dans tous les cas de capacité limitée ; cette limite
variant de l'incapacité du mineur ou de l’adulte sous tutelle à celle de l'adulte «
capable » mais dont le droit protège la situation comme en matière de
consommation ou de droit de la construction par exemple. De plus
l’incompétence n'entraîne pas l’impossibilité d’agir comme le démontre la
théorie du fonctionnaire de fait et plus généralement le régime de la chose
décidée qui veut que l'on accorde à la décision « une confiance
provisionnelle »1095.
1095
SCHWARTZENBERG (R.G.), L'autorité de chose décidée, op. cit., p. 9.
1096
EISENMANN (Ch.), Centralisation … op. cit., p. 76.
352
Toutefois un problème se pose quant à la manifestation de la
subordination de l'autorité locale dans le cadre de la substitution. La
substitution traduit-elle un contrôle étranger à l'autorité hiérarchique ou une
manifestation de cette autorité ? La doctrine classique, on l'a déjà évoquée,
intègre le pouvoir de substitution à la tutelle, c'est-à-dire l'assimile à un
contrôle.
1097
Ibid., p. 151 et ss.
1098
VEDEL (G.) et DELVOLVE (P.), Droit administratif, t. II, coll. Thémis, Paris, P.U.F.,
1990, p. 397.
353
donc que ce pouvoir n'exprime pas un pouvoir de contrôle mais un pouvoir
hiérarchique car la nature d'un pouvoir ne saurait tenir dans la dose de son
administration ; raisonner différemment revient à confondre l'effet avec la
nature. Dans son étude sur la notion de tutelle, Serge REGOURD a
parfaitement souligné la curiosité du raisonnement de la doctrine sur la
substitution1099.
1099
REGOURD (S.), La notion de tutelle en droit administratif français, Paris, L.G.D.J., 1982,
p. 157.
354
Constitution. Le juge constitutionnel veille au respect de cette procédure, dont
l'application est exigée aussi par le Conseil d'Etat1100 en France.
Enfin cette consultation doit être effectuée en temps utile et en tout état
de cause les avis doivent être communiqués aux parlementaires avant l'adoption
en première lecture. Cette consultation n'a pas à être effectuée pour les
amendements à un texte ayant fait l'objet d'une consultation préalable, sinon
cela paralyserait la procédure législative.
1100
LUCHAIRE (F.), « Le statut constitutionnel de la France d'outre-mer », A.J.D.A., 1992,
p. 541. A propos de ces consultations préalables, cf. aussi Y. GAUDEMET, Le Conseil
Constitutionnel et le Conseil d'Etat, Actes du colloque des 21-22/1/1988, Paris, L.G.D.J.,
Montchrestien, 1988, p. 94.
355
prolongeant, pour permettre le regroupement des élections locales afin de
favoriser la lutte contre l'abstentionnisme, ou encore pour éviter toute
interférence entre une élection nationale et une élection locale1101.
1101
Art. 4 (2), Loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 op. cit.
1102
Genevois (B.), Annuaire international de justice constitutionnelle, 1988, p. 414.
356
CONCLUSION
357
CONCLUSION DU TITRE II
In fine la liberté de gestion de patrimoine local se traduit par les
principes d’élections des exécutifs communaux et régionaux et de celui de libre
administration des CTD à travers la liberté contractuelle ou la liberté
d’industrie et de commerce subissent eux aussi l’adage ou la règle « en droit, il
n’est pas de liberté absolue »1103. En effet, la libre administration en tant que
norme constitutionnelle rencontre des libertés d’égale valeur et doit être
conciliées avec elle. Ce principe est venu contrarier celui de la souveraineté
nationale, il ne peut donc pas permettre une remise en cause de l’intégrité du
territoire. Aussi, les CTD chargés de mettre en œuvre une liberté, ne peuvent le
faire que dans les conditions précises, encadrant strictement le pouvoir
d’appréciation des autorités décentralisées. Ainsi, par effet combiné de l’art.
55(2) et 55(3) de la loi constitutionnelle de 1996, les craintes ancestrales
relatives à la forme unitaire de l’Etat a provoqué un émoi doctrinal. Toutefois,
les CTD ne disposent pas à la différence des Etats membres d’un Etat fédéral de
la compétence et d’un pouvoir d’auto-organisation. Cette orientation vient
conforter le constat de Mr TURPIN pour qui « il est vrai que nous avons hérité
de la tradition jacobine légalitaire et centralisatrice, appuyés sur les théories
de la souveraineté nationale et du gouvernement représentatifs. »1104 . La
doctrine propose donc pour une meilleure construction de l’autonomie locale
vers l’Etat régional, c’est le sens des déclarations de FLANAND-LEVY, qui
pour le cas de la France, pratiquement similaire à la situation camerounaise,
déclare « certes la France est encore un Etat unitaire décentralisé, elle
reconnaît la libre administration des Collectivités territoriales décentralisées,
non leur libre gouvernement (…) l’organisation de la France pourrait grâce
aux nouvelles normes constitutionnelles, évoluer vers un système intermédiaire
1103
J.C, Encyclopédie des CTD, Dalloz, chapitre I : Le statut constitutionnel des Collectivités
territoriales.
1104
TURPIN, « République et décentralisation », ADJA, 15 septembre 2003, p. 1577.
358
proche de l’Etat régionalisé »1105. Au-delà, le législateur a garanti l’autonomie
financière en attribuant aux CTD un pouvoir de règlement approuvant ainsi
l’orientation générale traduit par le doyen FAVOREU, selon laquelle « la
frontière entre l’Etat indivisible et l’Etat divisible se détermine par référence à
l’inexistence ou à l’existence d’un pouvoir normatif autonome »1106. Sa
décentralisation s’inscrit dans le cadre d’un Etat, qui au Cameroun est donc
« implicitement unitaire »1107.
1105
FLAMAND-LEVY, « Nouvelle décentralisation et forme unitaire de l’Etat », RFA,
janvier-février 2004, p. 59.
1106
FAVOREU (L.) , « Décentralisation et constitution » RDP, 1982, p.1277.
1107
GOHIN (O.), « La nouvelle décentralisation et réforme de l’Etat en France », AJDA, 24
mars 2003, p. 22.
359
CONCLUSION DE LA PARTIE I
Cette analyse met en exergue le problème de la responsabilité locale
aujourd'hui, elle sonde les conséquences d'un double phénomène : d'une part,
celui d'une décentralisation « saisie» par le droit ; d'autre part, les
implications d'un droit suscité, «provoqué» et réformé par la décentralisation et
la territorialisation des politiques publiques.
1108
GAUDEMET (P.-M.) et MOLINIER (J.), Finances publiques, éd. Montchrestien, Paris,
Budget, 1996, p. 176.
1109
Loi d’orientation de la décentralisation.
1110
Loi portant régime financier des Collectivités territoriales décentralisées.
1111
HYEST (J.-J.), op. cit., 95 p.
360
Cependant, il ne faut pas se laisser influencer par la sobriété et la
brièveté de ces textes, qui loin de se résumer à une explication lapidaire de la
constitution donnent à l’article 55/2/ toute sa portée et sa profondeur. Fondateur
du pouvoir local, il témoigne de l’importance des enjeux politiques liés à la
capacité de décider l’impôt et rappelle le rôle premier d’une recherche de
l’autonomie fiscale, sans laquelle le pouvoir politique se trouve affaibli.
1112
GAUDEMET (P.-M.) et MOLINIER (J.), op. cit., 1996, p.176.
1113
EISENMANN (C.), cour de Droit Administratif…, op. cit., p. 786.
361
delà de l’attribution des ressources dit complémentaires, il a défini des
ressources fiscales qui leur sont profitables.
362
PARTIE II :
L’ATTRIBUTION PAR L’ETAT DES
RESSOURCES FINANCIERES AUX CTD
363
L'étude de sociologie juridique réalisée par François Xavier AUBRY
concernant les relations Etat-Collectivités en France en matière économique et
d’aménagement du territoire débouche sur le constat de la dépendance des
Collectivités à l’égard de l’Etat. Cette relation est caractérisée par ce qu’il
qualifie de principe de subsidiarisation des Collectivités locales1114. La
législation d’ensemble apparaît comme un trompe œil1115. Il en est de même
pour le Cameroun1116. C’est à se poser la question de savoir, concernant le cas
camerounais, si la subsidiarité garantirait ou contribuerait à garantir
l’autonomie financière des Collectivités territoriales ? En réalité, il s’agit de
savoir de quelle manière le législateur camerounais a adjoint les principes de
subsidiarité, de complémentarité et d’évolution, tout en conservant leur
enveloppe qu’est l’autonomie financière ? Telle est la question qui va guider
cette séquence de notre étude.
1114
AUBRY (F.-X.), La décentralisation contre l'Etat, Paris, L.G.D.J., 1992, p. 153.
1115
KARSENTY (A.), Décentralisation et gestion des ressources naturelles renouvelables,
bibliographie en langue française orientée vers les questions africaines, CIRAD, numérisé le 2
décembre 2009, p. 71.
1116
NOUETSA (L.H.), Les principes de répartition des compétences en matière de fiscalité
locale au Cameroun, Mémoire de D.E.A, Université de Yaoundé II, 2009-2010, 147 p.
1117
AUBRY (F.X.), op. cit., p.155.
364
garantir l’autonomie financière ; ce que révèle telle ou telle technique de
résolution de ces rapports fiscaux.
Cependant, deux approches peuvent donner droit à l’autonomie
financière : une conception quantitative (il faut des ressources, seules le volume
compte)1118 et une conception qualitative (il faut des ressources propres)1119.
Certains auteurs soulignent un changement dans la conception de l’autonomie
financière. En France on serait passé d’une conception quantitative à une
conception qualitative1120. Pour autant, Jean François BRISSON précise qu’au-
delà des mots, la conception qualitative n’a de sens que dans la mesure où la
définition retenue des ressources propres est pleinement satisfaisante1121
contrairement a André ROUX, pour qui « la quantité des ressources n’est pas
un élément suffisant et la qualité des ressources, leur origine, permet mieux de
qualifier le degré d’autonomie financière des Collectivités car le risque existe,
si les financements étatiques sont importants, c’est qu’ils soient attribués sous
conditions, limitant la liberté des Collectivités »1122.
Le législateur camerounais, de même que ceux des Etats de l’Afrique
noir francophone1123à la différence de celui français, a fait le choix de
l’approche quantitative en matière de ressources locales1124.
1118
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences de l’Etat aux Collectivités locales, op. cit.,
p. 520.
1119
Ibid.
1120
CABANNES (X.), Compensation financière : vers une nouvelle conception de l’autonomie
financière… cité par BRISSON (J.-F.), Ibid.
1121
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences…, op. cit., p. 521.
1122
ROUX (A.), « L’autonomie financière des Collectivités territoriales en Europe», Annuaire
international de justice constitutionnelle, 2006, Paris, Economica- PUAM, p. 505.
1123
Article 248 de la loi portant code des Collectivités locales au Sénégal et l’article 79 de la loi
du 26 décembre 2003 portant régime financier, fiscal et domanial des Collectivités territoriales
en Côte-D’ivoire citent parmi les ressources des Collectivités locales, les recettes fiscales.
Enfin, l’article 152 de la loi organique n° 15/96 sur la décentralisation au Gabon dispose que les
ressources des Collectivités locales comprennent les impôts locaux et les quote- parts de
l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, l’impôt sur le revenu des personnes
physiques, l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières, l’impôt sur le bénéfice des professions
libérales et la taxe sur la valeur ajoutée.
365
. Il épouse ainsi l’opinion selon laquelle l’essentiel, pour être autonome
financièrement, est d’avoir des recettes suffisantes pour faire face aux dépenses
nécessaires d’une part ; que l’attribution soit garantie par la loi ou par la
Constitution d’autre part1125.
L’autonomie financière réelle 1126 suppose que les Collectivités locales
disposent d’un niveau suffisant de ressources financières et qu’elles aient une
maîtrise de leurs charges. L’autonomie financière ne se définit plus ici en
termes de capacité juridique mais plutôt d’indépendance financière des
Collectivités locales par rapport aux subsides de l’Etat1127. On passe donc du
registre du pouvoir à celui de l’avoir. En effet, à quoi servirait-il d’avoir des
compétences financières importantes si les Collectivités locales n’ont accès
qu’à des ressources financières virtuelles ? Comme le précise Robert
HERTZOG, « avoir un patrimoine, avoir des agents, avoir des ressources
financières suffisantes, voilà qui est déterminant pour l’autonomie ainsi
entendue. La capacité de produire des règles est, au mieux, accessoire »1128.
Ceci étant, on peut s’interroger sur la question de savoir si on débouche
ici sur une typologie des compétences transférées ou sur une typologie pure et
simple de compétences des Collectivités territoriales. Deux d’entre elles, la
compétence conjointe et la compétence partagée, renvoient selon Jean François
BRISSON à des « transferts tronqués »1129.
1124
L’article 22 de la loi du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation au
Cameroun dispose que « les ressources nécessaires à l’exercice par les Collectivités territoriales
de leurs compétences leur sont dévolues soit par transfert de fiscalité, soit par dotations, soit par
les deux à la fois ».
1125
Ibid., p. 522.
1126
L’étude de l’autonomie financière réelle des Collectivités locales en Afrique noire
francophone se heurte à des difficultés tenant à l’absence de données statistiques tant sur les
Collectivités locales elles-mêmes que sur leur environnement économique.
1127
V. Labie (F.), « Finances locales et autonomie financière », in Décentralisation, Etat et
territoire, Cahiers français n°318, Paris, La documentation française, 2004, p. 80.
1128
HERTZOG (R.), « L’autonomie en droit : trop de sens, trop peu de signification », op. cit.,
p. 468.
1129
Ibid.
366
La compétence partagée se distingue de la compétence conjointe en ceci
qu’il y a inégalité dans la portée juridique de la première, mais interdépendance
entre les actes constituant l’opération. La compétence partagée se caractérise
alors par la faculté d’empêcher. Elle se donne à voir dans le cas où l’une
dispose d’un monopole de l’initiative et l’autre, de la décision comme c’est le
cas en matière d’emprunt ou l’avis conforme est requis1130.
L’on est d’avis que les compétences conjointes ou partagées ne sont
qu’à demi transférées1131. Ce qui n’est pas le cas des compétences
concurrentielles, parallèles ou exclusives, bien que dans ces trois derniers cas,
se pose la question de la véritable portée des transferts, même d’une manière
différente. A cette étape de notre travail, l’analyse nous conduira à examiner
l’étendue des ressources locales. A des ressources fiscales (Titre I), le
législateur a adjoint celles non fiscales. Ces dernières ne sont pas seulement des
ressources de compensation (subventions, dons et legs), mais aussi des
ressources d’emprunt qui, dans le contexte camerounais, mettent en scène une
liberté mitigée des CTD (Titre II).
1130
BRISSON (J.-F.), Les transferts de compétences…, op. cit., p. 276.
1131
Ibid., 522 p.
367
TITRE I :
L’ATTRIBUTION D’UN POUVOIR FISCAL
DERRIVE
368
Certains auteurs résument l’autonomie financière à une autonomie de
dépense1132. Ils mettent en avant les inconvénients de l’autonomie fiscale des
ressources fiscales1133, notamment les inégalités qu’elle engendre, son caractère
théorique pour les Collectivités pauvres, les distorsions économiques possibles,
la difficulté d’une régulation complète en matière de finances publiques et
d’aménagement du territoire1134. C’est pourquoi pour des auteurs tel que
MARTINEZ Jean Claude, l’autonomie financière des Collectivités territoriales
décentralisées réside dans la question cruciale qu’elle soulève depuis toujours
sans que les réponses satisfaisantes y soient amandées à ce jour. Nombreuses,
ces questions se ramènent à une interrogation centrale : le pouvoir fiscal est-il
le socle de l’autonomie financière ?1135 à cette question une réponse négative
s’impose sans détour dans le contexte des Etats unitaires de type français, bien
plus les constituants ont voulu garantir l’autonomie financière, entendu comme
un aspect essentiel de la libre administration. En effet les recettes fiscales dans
les ressources globales sont certes utiles, mais ne conditionnent pas l’autonomie
financière. C'est-à-dire, reprenant ce même auteur, « l’autonomie financière
implique des ressources suffisantes et non force fiscales »1136
En fait l’autonomie fiscale est un élément essentiel de l’autonomie
financière locale. Elle constitue un fondement de la démocratie locale. Le lien
fiscal est un facteur de responsabilisation des acteurs du développement local
en permettant une confrontation directe entre les besoins et les contraintes de
1132
MUSELLEC (R.), Finances publiques…, op.cit., p. 714.
1133
Ce n’est aujourd’hui que le pouvoir fiscal fait problème. Déjà il y a17 s, en 318, l’empereur
CONSTANTIN, en créant le 1er poste de Ministre des finances, comes sacrarum largitionum,
commissaire aux larges sacrées, centralise entre ses main tous les pouvoirs fiscaux de l’empire
romain. Les cités, les régions du vaste empire doivent cesser de lever l’impôt depuis l’existence
du pouvoir fiscal local continue a suscité l’interrogation.
1134
Parallèlement, ils font valoir les avantages d’une autonomie de dépense assise sur des
dotations : une régulation globale des finances publiques facilitée et des possibilités nouvelles
de péréquation financière entre Collectivités.
1135
MARTINEZ (J.C.), L’autonomie financière territoriale, un paradigme planétaire revisitée,
Paris, Harmattan, 2014, p. 17.
1136
Ibid.
369
moyens1137. C’est aussi un instrument d’autonomie des choix locaux permettant
de choisir le niveau souhaité pour les services et les initiatives de
développement jugées opportunes. Elle comporte à cet effet des marges de
manœuvre multiples qui offrent non seulement la possibilité de fixer le taux des
impôts1138 mais aussi le bénéfice de l’évolution spontanée des bases, « l’effet de
levier »1139 sur la capacité d’emprunt et l’effet « retour sur Investissement »1140
qui permettent à une Collectivité dynamique de retrouver sous forme de bases
nouvelles les fruits de ses efforts de développement.
L’intérêt des ressources fiscales est certain pour les CTD. C’est dans ce
sens que le législateur en a attribué un panier de ressources fiscales aux
Collectivités, leur donnant ainsi la possibilité de constituer leurs assiettes au
1137
Finances et développement, FMI, p. 36 et p. 50.
1138
A la hausse comme à la baisse
1139
CABY (J.) et KOËHL (J.), Analyse financière, Dareios-Pearson, 2012, p. 105.
1140
Ibid.
1141
Ibid., p. 96.
370
travers du principe de délibération1142 (chapitre I) et de participer aux
recouvrements de ses ressources (chapitre II).
1142
Art. C (3) du CGI 2015.
371
CHAPITRE I :
LA CONSTITUTION DE L’ASSIETTE
FISCALE LOCALE PAR LES CTD
Le Conseil constitutionnel français a refusé de consacrer l’argument
avancé par certains requérants selon lequel le principe de libre administration
impliquerait qu’une commune puisse déterminer seule le montant de ses impôts
locaux et la destination des fonds ainsi prélevés1143. Sur le plan constitutionnel,
cela ne paraît en effet pas crédible. De même, il nous semble difficile de
soutenir comme Michel BOUVIER, qu’il ne peut y avoir libre administration si
une Collectivité ne peut décider d’accroître sa fiscalité afin de financer de
nouvelles dépenses de fonctionnement car l’autonomie locale n’est pas liée
exclusivement à l’importance de la fiscalité locale1144. La possibilité pour les
CTD de constituer leur assiette fiscale est un choix déterminant. Elles assument
ainsi dans une certaine mesure l’administration des impôts locaux.
Certaines impositions de toutes natures constituent cependant des
ressources propres, c’est un outil complémentaire pour inverser l’effet de
ciseaux1145. Il s’agit des impositions pour lesquelles la loi fixe un taux par
Collectivité ou prévoit les modalités de fixation de ce taux par la
Collectivité1146, les produits du domaine, les produits financiers, les redevances
pour services rendus etc. D’autres par contre constituent des impôts partagés
dans le cadre de transferts de compétences justifiés par l’évolution de la
décentralisation. Dans ce cas, le législateur attribue aux Collectivités
1143
DANTONNEL (N.), Droit des Collectivités…, op.cit., p. 233.
1144
BOUVIER (M.), Finances locales….op cit., p. 7.
1145
Ibid., p. 8 et ss.
1146
Dans le cas Français il s’agit également des impositions pour lesquelles les Collectivités
territoriales fixent un taux ou déterminent l’assiette ; Ce premier cas vise les impositions locales
« classiques » et notamment les « quatre vieilles » pour lesquelles les Collectivités territoriales
disposent d’un pouvoir de fixation du taux et peuvent intervenir sur l’assiette taxable.
372
bénéficiant du transfert de compétences, une part du taux de l’impôt calculé en
déterminant la clef de répartition de ce taux entre chacune des Collectivités
elles-mêmes. Ce sont les moyens d’optimisation des ressources. Il repose sur la
maximisation de la base imposable.
Les ressources fiscales comme moyens de garantie de l’autonomie
financière seraient alors solidifiées par la possibilité attribuée aux CTD de
constituer une assiette fiscale propre à une localité (section I).
Ces différentes modalités de gestion de la fiscalité locale que détient les
CTD revêtent cependant des limites. Elles sont d’ordre général et d’ordre
spécifique à la matière imposable locale (section II).
373
Section I : Une certaine capacité de modulation des ressources
fiscales par les CTD
La notion d’impôt tant en droit national que local reste complexe, Paul
AMSELEK observe que « la notion d’impôt ou d’imposition est sans doute des
plus fondamentales ; mais en même temps l’une des plus problématiques du
droit public financier »1152. Il est également varié. Alexandre MAITROT DE
LAMOTTE constate que le vocabulaire qui figure dans les textes fiscaux est
varié certes, mais il est aussi dans la plupart des cas imprécis, désordonné voire
1147
CORNU (G.), Association Henry Capitant, vocabulaire …, op.cit., p. 407.
1148
AGRON(L.), Histoire du vocabulaire fiscal, Paris, LGDJ, 2000, p. 24.
1149
CABRILLAC(R.), Dictionnaire du vocabulaire juridique de l’étudiant en licence de droit,
Paris, litec, 2000, p. 17.
1150
BOUVIER (M.), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, 5e éd, Paris,
LGDJ, 2003, p. 19.
1151
Ibid., p. 21.
1152
AMSELEK (P.), Imposition et cotisation obligatoires, in Etude de droit public., Paris, éd
Pantheonassas, 2000, p. 75.
374
trompeur, si bien qu’il est incapable de distinguer convenablement les impôts,
les taxes (…) la plupart n’ayant pas une signification précise1153. Le législateur
local fait une nette distinction entre les taxes et les impôts dans l’enveloppe de
ceux qu’il partage avec les CTD et ceux qui leur sont propres.
1153
MAITROT DE LAMOTTE (A.), La notion d’impôt, le droit fiscal, la recherche de son
objet, in Notion juridiques …op. cit., p. 101.
1154
BAZIADOLY (S.), « La charte européenne de l’autonomie locale et l’autonomie financière
des Collectivités locales françaises », RGCT, n° 29, mai-juin 2003, p. 725.
1155
Ibid., p.725.
1156
Ibid., p. 26 et v. loi portant fiscalité locale précitée.
1157
BOUVIER (M.), Théorie de l’impôt…, op. cit., p. 25
375
fondements de la compétence du juge administratif même en matière de
fiscalité locale, mais il est vrai aussi que la multiplicité des impôts rend
particulièrement difficile la classification absolument pertinente.
1158
CASTAGNEDE (B.), La répartition des compétences juridictionnelles en matière fiscal et
en Droit français, Thèse pour le Doctorat en Droit, Université de Paris I, 1972, p.140.
1159
Ibid., p. 140.
1160
L’art. 198 de la loi de 1912 définit la licence comme une autorisation personnel
nominative, d’exercer pour une période annuelle la vente de boisson alcooliques, fermentées ou
spiritueuses.
1161
NZE BEKALE (L.), Introduction aux Finances des Collectivités territoriales d’Afrique,
France, EPU, 2015, p. 68.
1162
Art. 33 et ss de la circulaire fiscalité locale.
376
L’impôt sur la consommation a l’avantage de ne pas prendre au
dépourvu les classes malaisées ordinairement peu prévoyantes1163.
Pierre LEROY BEAULIEU contestait vigoureusement au nom de la
modernité, suivant en cela les traces de MONTESQUIEU qui associait cet
impôt à la servitude alors que, disait-il « l’impôt sur les marchandises est plus
naturel à la liberté parce qu’il se rapporte de manière moins directe à la
personne »1164.
1163
BOUVIER (M.), Introduction au droit fiscal …, op. cit., p. 30
1164
SCHNERB (R.), Technique fiscale et partis pris sociaux, in deux siècles de fiscalité
française, ouvrage sous la direction de BOUVIER (J.) et WOLLFF (J.), éd. Mouton, 1973 cité
par BOUVIER (M.), p. 30.
1165
Art. 46 et ss de la loi de 2010 portant fiscalité locale. L'impôt libératoire est déclaré et payé
dans les quinze (15) jours qui suivent la fin de chaque trimestre. Les paiements successifs sont
annotés sur la fiche de suivi de l'impôt libératoire.
377
Les personnes assujetties doivent s’acquitter d’une taxe sur le
développement local qui est une taxe due en contrepartie des services précis et
dont les modalités seront précisées dans la suite de notre analyse1166. Par contre,
la redevance audiovisuelle n’est pas appliquée à l'impôt libératoire. Le tarif de
l’impôt libératoire est arrêté par délibération de la commune à l’intérieur
d'une fourchette dans les différentes catégories1167. L’émission de l’impôt
libératoire se fait par les services des impôts, en un bulletin d’émission unique
au profit de la commune ou de la commune d’arrondissement de localisation de
l’entreprise.
1166
V. P. 380 de notre travail.
1167
Pour la catégorie A 0F à 20 000F ; catégorie B 2 0001F à 40 000F ; catégorie C 41 001F à
50 000F ; catégorie D 51 001F à 100 000F.
378
La sanction instituée par le législateur en matière local permet de parler
du caractère irréfragablement obligatoire de la fiscalité locale. C’est le caractère
coercitif de la loi fiscale locale. Devrait-il en être autrement ?
Ce qu’il faut relever c’est que lorsqu’on croit que le droit est assorti
dans un sens, dans un autre, cela ne peut signifier que le droit soit fait de
normes flanquées chacune d’une norme portant sanction1168. S’il en était ainsi
déclare Romano SANTI, on devrait en déduire que cette dernière norme ne
constitue pas un élément nécessaire et essentiel du droit.
Selon la doctrine dominante une prescription ne serait juridique que si une
autre vient s’y joindre pour protéger le droit fiscal créé par la première en
instituant un droit de contraindre. Formellement ces différentes prescriptions
peuvent se trouver réunies, mais elles demeurent en substance distincte. La
sanction serait une prescription complémentaire1169. La sanction apparait pour
cet auteur comme une garantie effective qui n’engendre aucun droit subjectif
établi par une quelconque norme, un moyen de pression nécessaire inhérent au
pouvoir social. Ceci étant, la sanction en matières de fiscalité locale est
immanente, latente dans les rouages même de l’appareil normatif local. Ce
procédé est applicable pour la patente et le reste des impôts locaux.
2- La patente
La contribution de patente apparaît comme une imposition
post-révolutionnaire1170. En effet, celle-ci est consacrée par la loi des 2 et
7 mars 17911171 ayant fait l’objet d’une publication formelle au Cameroun. Au
terme de l’article 167 du Code général des impôts direct du 20 décembre
1168
SANTI (R.), L’ordre juridique, op. cit., p. 15
1169
ANZILOTTI, Teoria générale della responsabilita dello, stalo nel déritto internazionale,
Florence, 1902, p. 61 en note et TRIEPEL Vol. 6 cité par SANTI (R.),Ibid., p. 16.
1170
Précis de fiscalité local, 2010, p. 45.
1171
ALBERT (J.L.), PIERRE (J.L.), RICHER (D.), Dictionnaire de droit fiscal et douanier,
p. 129 et p. 130.
379
19411172 qui énonce en substance que, tout individu français, étranger, ou
administré, toute société qui exerce au Cameroun-français un commerce ; une
activité, une profession non compris dans les exemptions déterminés dans le
présent Code est assujetti à la contribution de patentes.
La nature de la patente est souvent équivoque, mais le décryptage des
dispositions consacrant la patente fonde à penser que le législateur camerounais
considère celle-ci comme un impôt1173. Au-delà de cette qualification formelle
il semble consacrer deux critères cumulatifs qui contribuent à déterminer la
définition exacte de cette imposition. Il s’agit précisément du critère matériel
qui est la nature économique de l’activité imposée et du critère téléologique lié
à la réalisation de bénéfices tirés de l’activité en cause1174.
La patente au niveau local s’identifie comme au niveau national par la
base imposable et par ses caractéristiques.
1172
J.O. du Cameroun français, arrêté du 23 août 1919, J.O 1er Août 1919 réglementant les
patentes au Cameroun. Texte notifié au 20 décembre 1941, p. 749.
1173
Art. 32 de la loi de 2009/019 du 15 décembre 2009 et l’art. 8 et art. 32 du CGI. 2015.
1174
AKONO OMGBA SEDENA, op.cit., p. 125 et ss.
1175
Art. 6 et ss, loi du 15 décembre 2009 précitée.
1176
Loi de 2009/019 du 15 décembre 2009, op. cit., p. 15-18.
380
Il faut souligner à ce propos que les activités des organisations non
gouvernementales et des groupements d’intérêt commun sont considérées
comme des activités à but non lucratif lorsque ces dernières sont reconnus
d’utilité publique par décret et lorsque l’accès aux services qu’ils offrent est
gratuit. Les entreprises nouvelles sont exonérées du paiement de la patente
pendant les deux premières années de leur exploitation. Il faut entendre par
« entreprises nouvelles» celles qui sont immatriculées au registre du commerce
de l’année considérée et qui se présentent au service des impôts pour la
première immatriculation1177. Par ailleurs, les entreprises ayant bénéficié de
cette mesure et qui après les années d'exonération sont élues à un régime fiscal
particulier prévoyant les avantages similaires peuvent de nouveau prétendre au
bénéfice de ladite exonération1178.
1177
Sur la base d’une demande introduite par cette catégorie d'entreprises, le chef de centre des
impôts de rattachement (CDI, CIME, DGE, etc.) délivre une patente portant la mention «
EXONERE» qu’elles peuvent faire valoir dans leurs différentes transactions. Ne sont pas
considérées comme entreprises nouvelles pour le bénéfice de cette mesure, les entreprises
relevant anciennement de l'impôt libératoire et reclassées à la patente, les entreprises disposant
déjà d'un identifiant et changeant simplement de lieu de déclaration ou encore, celles
immatriculées au registre de commerce et changeant de gérance.
1178
Art. 13 et ss de la circulaire 2010 précitée.
1179
Le lieu d’établissement, la personnalité, l’annualité de la patente et la liquidation.
1180
La déclaration de patente contient nécessairement : le numéro de registre de commerce ; le
numéro d'immatriculation de l'entreprise ; les références de localisation (du siège social et des
établissements respectifs par ville, quartier rue, numéro de porte) ; la nature de l'activité;
montant du chiffre d'affaires ; la référence de la dernière quittance de taxe foncière ou
d'enregistrement du contrat de bail.
381
bénéficiaires sur le chiffre d’affaires réalisé par le contribuable au cours de
l’année close au 31 décembre de l’exercice précédent. Pour la détermination
définitive du chiffre d’affaires de l’exercice précédent (N-l), les services des
impôts procéderont le cas échéant aux rectifications des bases au moment de la
déclaration des soldes IS et TVA.
1181
Art. 32, Annexe I de la loi de 2009 précitée.
1182
Art. 64 du Code général des impôts 2014..
1183
Les personnes physiques ou morales relevant du régime du réel sont assujetties à la patente
annuelle d'après le chiffre d'affaires global des véhicules.
1184
Art. 29 et ss. de la loi de 2009 portant fiscalité locale précitée.
382
fourchette de 10% par mois de retard de paiement de la contribution des
patentes, avec un maximum de 30% de l’impôt dû. La taxation d’office pour
tout contribuable ne s’étant pas acquitté des droits de patente assortie d'une
majoration de 50% ou 100% des droits dus, selon que la bonne foi est établie
ou non ; 10 000 F CFA en cas de défaut d'affichage de la patente. La perception
des droits au titre de la patente en cas d’exercice d’une activité illégale ou
prohibée assortie d'une majoration de 100% des droits, sans délivrance du titre.
Pour le cas particulier des entreprises de transport, le défaut de présentation de
la patente entraîne la mise en fourrière du véhicule.
1185
La distinction entre impôts directs et indirects est la plus ancienne et la plus communément
employée. Elle repose à l'origine sur deux critères définis par un décret du 22 décembre 1879
repris par l'administration dans son instruction générale des finances : l'incidence de l'impôt et
l'établissement d'un rôle. « La contribution directe s'entend de toute imposition qui est assise
directement sur les personnes et sur les propriétés, qui se perçoit en vertu de rôles nominatifs et
qui passe immédiatement du contribuable cotisé à l'agent chargé de percevoir. Les impôts
indirects sont ainsi nommés parce que, au lieu d'être établis directement et nominativement sur
les personnes, ils reposent, en général, sur des objets de consommation ou sur des services
rendus et ne sont, dés lors, qu'indirectement payés par celui veut consommer les choses ou user
des services frappés de l'impôt ». Instruction générale des finances citée par R. STOURM, in
Systèmes généraux d'imposition, Guillaumin, 1905, citée par BOUVIER (M.), Introduction à la
théorie générale de l’impôt…, op. cit., p.40. Cet auteur poursuit cette analyse. Pour lui C'est en
fonction de l'existence ou non d'un rôle que les impôts sont classés dans la catégorie des impôts
directs ou indirects. Ceux recouvrés par voie de rôle (l'impôt sur le revenu, les taxes locales
telle que la taxe d'habitation, la taxe foncière sur les propriétés bâties, la taxe foncière sur les
propriétés non bâties, la taxe de développement locale) sont classés parmi les impôts directs. En
revanche, lorsque l'imposition est liée à des actes de production ou de consommation irréguliers
dans le temps, et donc pour lesquels il n'est pas possible d'établir un rôle, on utilise la
qualification d'impôts indirects (TVA, droits d'accise, droits d'enregistrement).
1186
CASTAGNEDE (B.), La répartition des compétences juridictionnelles en matière fiscal …
op. cit., p.140.
383
Les centimes additionnels communaux sont perçus par les
administrations fiscales et douanières nationales au profit des communes. Les
centimes additionnels étant prélevés en même temps que le principal de l'impôt
sur lequel ils sont assis, leur perception suit le sort de ces impôts dont les
modalités de recouvrement sont ceux prévus dans le Code général des impôts et
le Code des douanes1187. Les CCA apparaissent comme un supplément de
l’impôt principal et ils sont partiellement dévolus aux CTD.
Le produit des centimes additionnels communaux est réparti entre
l’Etat, le FEICOM et les communes. Il est de 10% au profit de l'Etat, à titre de
frais d'assiette et de recouvrement ; 20% au profit du Fonds Spécial
d'Equipement et d'Intervention Intercommunale (FEICOM) et 70% au profit
des communes, des communes d'arrondissement et des communautés urbaines.
Le texte de 2010 reprend ainsi celui de 2007 en son art. 11188.
1187
Code des Douanes du 15 octobre 2014.
1188
Le décret n° 2007/1139/pm du 3 septembre 2007 fixant les modalités d’émission, de
recouvrement, de centralisation, de répartition et de reversement des centimes additionnels
communaux. Les centimes additionnels communaux proviennent, de l'impôt sur le revenu des
personnes physiques, de l'impôt sur les sociétés, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), des
taxes sur les jeux. Le produit des centimes additionnels communaux est reparti entre l’Etat, le
FEICOM et les Communes. Il s’agit de 10% au profit de l'Etat, au titre de frais d'assiette et de
recouvrement, 20% au profit du Fonds Spécial d'Equipement et d'Intervention Intercommunale
(FEICOM) et de 70% au profit des Communes, des Communes d'arrondissement et des
communautés urbaines.
1189
Elle s'effectue conformément aux dispositions des articles 55, 115 et 116 de la loi n°
2009/019 du 15 décembre précitée.
384
quotes-parts destinées aux Collectivités territoriales décentralisées qui n'ont pas
été retenues à la base sont centralisées par l'Agence comptable du FEICOM et
réparties aux communes, aux communes d'arrondissement et aux communautés
urbaines au prorata de leur population.
1190
Ibid., Art. 4.
385
La principale limite attachée aux CAC avant la loi de 2010 est que, les
produits des centimes additionnels communaux recouvrés soit par voie de rôle,
soit par retenue à la source sur les salaires des personnels de l'Etat ou lors du
règlement des factures des marchés publics et autres fournitures ou prestations
de services à l'Etat et consolidés dans la balance du trésor relative à la loi de
règlement, font l'objet d'une inscription globale au budget de l'Etat. Ils sont
reversés mensuellement au FEICOM par le Payeur général du Trésor1191. La
décision de transitions des CAC aux CTD appartient également à l’Etat. Elle
laisse de ce fait la liberté de choix à l’Etat du moment du transfert.
1191
Le FEICOM est tenu de produire un mensuel des comptes spécifiques ouverts pour recevoir
encaissements provenant des différentes structures de recouvrement, conformément aux
modalités définies par voie réglementaire. La répartition et le reversement de ces quotes-parts
sont ordonnés trimestriellement par le Ministre chargé des Collectivités Territoriales
Décentralisées. Un Comité ci-après dénommé « Comité National des Finances Locales »,
prépare à cet effet un état et un arrêté de répartition sur la base des relevés bancaires
communiqués par le FEICOM et après contrôle des masses à répartir et des clés de répartition
au profit des différents bénéficiaires susvisés. Les attributions, l’organisation et le
fonctionnement du Comité National des Finances Locales sont fixés par un arrêté du Premier
Ministre. La quote-part destinée à l'Etat est imputée dans les comptes spéciaux ouverts dans les
livres du Trésor. Elle est reversée trimestriellement à la Direction Générale des Impôts, à la
Direction Générale des Douanes et à la Direction Générale du Trésor suivant les modalités
fixées par arrêté du Ministre chargé des finances.
1192
BEDIE (J.C.), « Organisation générale du contentieux fiscal : Répartition des
compétences », in Jurisclassseur notarial. Formulaire fasc n° 405, p. 15, cité par MAITROT
DE LAMOTTE (A.), la notion d’impôt : le droit fiscal à la recherche de son objet », op. cit.,
p. 112.
386
dérogation au principe d’indétermination préalable qui caractérise l’impôt
Cette distinction n’est pas absolue. En effet, « tous les prélèvements
dénommés généralement taxes sont en réalité des impôts au sens strict du
terme »1193. Le législateur camerounais en matière de fiscalité locale a fait une
nette différence tant dans les capacités et les libertés attribuées aux CTD que
dans la dénomination même.
1193
LAMARQUE (J.), « source du droit fiscal », in Jurisclassseur procédure fiscales, Fasc.
n° 120, cité par MAITROT DE LAMOTTE (A.), ibid.
387
La taxe d'abattage quant à elle, est liquidée sur place par un agent de la
commune après abattage. Ce dernier délivre au boucher un reçu détaché d'un
carnet à souche en contrepartie des sommes perçues au titre de la taxe. Le
produit de la taxe est versé à la caisse du receveur municipal dans les 24 heures
au vu d'un bulletin de versement émis par le magistrat municipal compétent du
droit de timbre automobile.
Au plan national, la taxe d’abattage apparaît comme une imposition qui
procède d’une taxe sur le chiffre d’affaires. Elle s’applique de ce fait à toutes
personnes physiques ou morales se livrant à une activité commerciale bancaire
ou industrielle au Cameroun selon l’esprit de l’art. 60 du CGI direct du 20
décembre 19411194. La taxe d’abattage au plan local a donc une connotation
différente. Son contenu au niveau national s’apparente à la redevance forestière
au niveau local.
La taxe d'abattage est due par toute personne qui fait abattre un animal
d'élevage dans un abattoir aménagé ou géré par la commune, à raison de la bête
tuée, quelle que soit la qualité de la personne, que l'animal abattu soit destiné à
la consommation domestique ou à la commercialisation. Le bétail visé est
constitué de l'ensemble des animaux d'élevage à l'exception de la volaille et des
lapins. Par abattoirs gérés par la municipalité, il faut entendre ceux qui sont soit
directement administrés par les services de la municipalité, soit par le biais
d'une régie municipale, soit par un établissement public créé par la
commune1195.
1194
V. J.O C. français du 20 décembre 1941, pp. 729-767.
1195
Il n'est pas nécessaire que l'infrastructure soit la propriété de la municipalité, sa
participation à son aménagement suffit à la perception de la taxe d'abattage.
388
les personnes faisant abattre leurs animaux dans des abattoirs aménagés ou
gérés par des personnes publiques ou privées autres que la commune ou les
établissements publics communaux dûment autorisés en vertu de la législation
applicable en matière d'abattage d'animaux.
1196
Par abattage frauduleux, il faut entendre outre l’abattage dans les abattoirs aménagés ou
gérés par les Communes des animaux sans acquittement des droits, tout abattage desdites bêtes
en infraction à la législation en matière d'abattage d'animaux et d’hygiène.
1197
Art. 63 à 65, la loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 précitée.
389
produit de la redevance forestière annuelle. Elle est de 50% au titre de la
retenue à la source au profit de la commune de localisation ; 50% au titre du
reliquat centralisé pour le FEICOM ou tout autre organisme chargé de la
centralisation et de la péréquation des impôts locaux. Par commune de
localisation, il faut entendre la commune abritant la superficie du titre
d'exploitation forestière (UFA, vente de coupe) donnant lieu à paiement de la
redevance et non celle abritant le siège de l'entreprise exploitant le titre.
Lorsqu’un titre d'exploitation couvre le territoire de plus d'une commune, la
répartition de la quote-part revenant à la commune de localisation devra se faire
au prorata de la superficie du titre occupée dans chaque commune.
1198
En grec, bouleusis ; en latin, deliberatio.
1199
V. LAVELLE (S.), « Délibération », in CASILLO I. avec BARBIER R., BLONDIAUX L.,
CHATEAURAYNAUD F., FOURNIAU J-M., LEFEBVRE R., NEVEU C. et SALLES D.
(dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, Paris, GIS Démocratie et
Participation, 2013.
391
bétail, les personnes qui élèvent des bovins en vue de leur revente sur pied ou
sous forme de viande, d'abats ou de produits conditionnés, dans un but
contemplatif ou touristique, pour les besoins de consommation domestique,
dans le cadre d'expériences scientifiques ou médicales ou dans tout autre but,
dès lors qu’ils ne sont pas visés par les exemptions de l’article 67. Sont par
contre exemptés du paiement de la taxe sur le bétail :
- L’Etat pour les animaux lui appartenant quel que soit l'usage qui en est
fait, à l'exclusion de toute autre personne publique, y compris les
communes et établissements publics.
392
recouvrement direct sur place au profit d’un recouvrement par le receveur
municipal1200.
1200
Art. 3, 4, 5 du Décret n° 2002 /2175/PM du 20 décembre 2002 fixant les taux maxima et les
modalités de recouvrement des taxes communales indirectes.
1201
Ibid.
1202
BOUVIER (M.), Finances locales, op. cit., p. 85.
393
déménagement dans le ressort d'une autre commune n'entraîne pas l'exigibilité
d'une nouvelle taxe pour le même animal au titre de la même année.
Un recensement des bêtes taxables est organisé chaque année par les
services de la commune de localisation de concert avec les services de
l'élevage. Ce contrôle est fait à l'initiative de la commune qui en détermine les
modalités dans son ressort. Par ailleurs, le paiement de la taxe communale sur
le bétail n'exclut pas, le cas échéant, l'imposition du propriétaire ou du
détenteur à l'impôt libératoire ou à l'impôt sur le revenu pour les mêmes
animaux dès lors qu'il réalise des activités assujetties à ces impôts. Ainsi,
lorsque le détenteur de bovins assujetti à la taxe communale sur le bétail exerce
par ailleurs à titre habituel une activité de marchand de bétail, il sera redevable
en fonction de son chiffre d'affaires, de l'impôt sur le revenu des personnes
physiques (IRPP) selon le régime auquel il sera rattaché, ou de l'impôt
libératoire tel que visé aux paragraphes b, c et d de l'article 46 (2).
La taxe sur les armes à feu1203 est due au titre d'une année par tout
détenteur d'arme à feu, même hors d'usage, et qui est tenu d'en faire la
déclaration au plus tard le 15 mars de l'année concernée auprès de la commune
de localisation de l'arme. La seule détention d'une arme à feu au 1er janvier de
l'année, quel que soit l'usage qu’en fait le détenteur, entraîne assujettissement à
la taxe sur les armes à feu au titre de l'année en cause. Toutefois, il faut relever
que la détention par les vendeurs d'armes dans leurs magasins et entrepôts,
d'armes mises en vente n’en fait pas des redevables à cette taxe. Cependant, la
mise en usage par le vendeur de ces armes en fait un redevable. La mise en
usage est constituée par un usage soit personnel à quelque fin que ce soit, soit
par la mise en location pour les stands de tir, soit par tout autre usage ayant
pour effet de le sortir des entrepôts et magasins, même si le vendeur en
demeure propriétaire. Sont exemptés de la taxe sur les armes à feu l'Etat pour
l'ensemble des armes lui appartenant y compris les armes de dotation des
différentes forces de défense ou de sécurité et celles confisquées et détenues par
1203
Art. 73 à 76 de la loi n° 2009/019 du 15 décembre précitée.
395
les services administratifs, de police, de gendarmerie ou les tribunaux ; les
armes d'ordonnance appartenant aux militaires en activité et aux officiers de
réserve.
Les redevables de la taxe sur les armes à feu sont tenus de déclarer et
d'acquitter la taxe sur les armes à feu auprès de la commune de localisation de
l'arme, au plus tard le 15 mars. La commune du lieu de localisation de l'arme
s'entend du lieu de résidence du propriétaire. La loi camerounaise portant
fiscalité locale a institué l'établissement au plus tard le 15 mars de l'année en
cours, d'une liste d'armes détenues dans le ressort territorial de la commune par
le sous-Préfet et le chef de l'exécutif municipal. Dans le cadre de l'établissement
de cette liste, le chef de l'exécutif municipal procède au recensement des
personnes détentrices d'armes à feu dans le ressort de la commune, notamment
en invitant par voie d'affichage et de presse les habitants à faire déclarer leurs
armes. Les citoyens ayant l’obligation d'obtenir une autorisation de port d'arme
pour certaines catégories d'armes, l’exploitation du fichier des détenteurs
d'armes peut être effectuée en vue de la constitution de ladite liste. Toute
dissimulation d'arme imposable, détention illégale ou fausse déclaration donne
lieu à une pénalité de 100% des droits éludés, payables immédiatement en sus
du principal de l’impôt normalement dû, sans préjudice des sanctions prévues
par la réglementation en matière d'armes.
1204
L’infraction à la réglementation de voirie par contre est définie comme tout manquement
relatif à la réglementation afférente à l'usage de la voie publique notamment le défaut de
396
Le fait générateur des droits de fourrière qui coïncide avec l'exigibilité
desdits droits est constitué par l'entrée du bien dans un enclos aménagé et
sécurisé, matérialisé par un procès-verbal de mise en fourrière établi par le
personnel communal ou par le personnel de la police judiciaire. La seule
constatation de l'infraction n'entraîne pas la mise en fourrière du bien, mais la
perception des amendes de simple police. Les droits de fourrière ne sont donc
pas exigibles au moment de la saisie du bien. Pour l'application des droits de
fourrière, il appartient à la commune ou à la communauté urbaine du lieu de
fixer par délibération les taux à appliquer dans les limites fixées à l'article 79.
Dans ce processus décisionnel les CTD ont un devoir de communication. En
effet, il appartient ainsi à la Collectivité de faire tenir aux services fiscaux de
son ressort dans les meilleurs délais les taux retenus1206. Cependant, faute
d’information, les services fiscaux pourraient appliquer les taux en vigueur au
courant de l'année précédente.
Les droits de place sur les marchés tels que présentés par la loi sur la
fiscalité locale sont perçus aussi bien auprès des commerçants réguliers, que
des vendeurs occasionnels qui occupent une place dans tout marché appartenant
à la commune d'arrondissement ou à la communauté urbaine selon le cas. Le
commerçant régulier s'entend de celui qui, de manière continue ou habituelle,
occupe un espace précis et permanent dans un marché1208. Alors que le vendeur
occasionnel est celui qui exerce de façon fortuite ou accidentelle dans ledit
marché1209.
La fixation des tarifs afférents aux droits de place sur le marché, doit
tenir compte des niveaux de vie, de la spécialisation des marchés et la situation
des grands centres d'approvisionnement. Par disparité des niveaux de vie il faut
entendre, le fait pour chaque localité d'avoir un niveau de vie qui sied à son
1208
CHAMOULAUD-TRAPIERS (A.), Droit des affaires, 2e éd., Paris, léxifac-droit, p. 38.
1209
Ibid., p. 39.
398
degré de développement. A cet effet, plus le niveau de vie est élevé, plus le
droit de place l'est aussi. La spécificité des marchés quant à elle tient de ce que
certains marchés diffèrent des autres par rapport à leur taille, le type de biens
vendus et le volume des recettes qu’ils génèrent. Pour ce qui est de la prise en
compte des grands centres d'approvisionnement, il est simplement demandé de
statuer sur le fait que les tarifs soient élevés, suivant qu'on est rapproché des
grands centres d'approvisionnement, et moins élevés suivant qu’on est éloigné
desdits centres. Les droits susvisés sont dus dès la signature du contrat de bail
entre la commune et le commerçant, pour ce qui est du vendeur régulier, et sont
exigibles à l'échéance contractuelle. Pour le vendeur occasionnel, le fait
générateur et l'exigibilité coïncident. Ce qui laisse entendre que les droits sont
dus et acquittés dès l'installation des marchandises dans le marché1210. Les
sanctions pour les droits journaliers sont de l'ordre d'un droit en sus du droit
régulièrement dû ou de la confiscation de la marchandise jusqu'au paiement de
l'amende correspondant.
1210
Une amende comprise entre 5 000 FCFA et 10 000 FCFA est prévue en cas de sous
location ou de non-paiement des droits par jour. La computation des délais ici court à partir du
jour où le constat de la sous location ou du non-paiement est fait, sur procès-verbal dressé par
un agent de la commune et cosigné par le vendeur insolvable.
1211
Pour la détermination de la valeur de la construction, ou des aménagements, un devis
estimatif doit être établi, et approuvé par les services techniques communaux. Les droits y
399
Ces droits sont perçus au profit et dans les services de la communauté
urbaine pour les agglomérations. Ils sont perçus par la commune, dans les villes
ne disposant pas de communauté urbaine. Les droits sur le permis de bâtir à
payer représentent 1% de la valeur de la construction approuvée par les services
techniques de la commune1212. Le défaut de permis de bâtir ou d'implanter est
passible d'une amende de 30% des droits dus, payée au profit de la
commune1213. Toutefois, l'application de l'amende ci-dessus ne dispense pas
cependant le débiteur du paiement des droits normalement dus. Aucune autre
sanction ne doit être applicable, en dehors des mesures prévues par la loi.
L'exigibilité de l'amende de 30% ci-dessus court à partir du jour du début
d'exécution des travaux1214.
afférents sont dus dès que le devis estimatif est approuvé par le service compétent, et exigible
avant la délivrance du permis sollicité.
1212
Art. 88 de la loi du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale précitée.
1213
Ibid., Art. 89.
1214
Ibid., Art. 90.
1215
Art. 77 de la circulaire de 2010 precitee.
400
au taux maximum de 2 000 francs par m2 et par jour. Le défaut d'autorisation
ou la minoration de la surface occupée, le retard ou le défaut de paiement
entraînent l’application d’une pénalité de 100% du montant des droits dus en
principal. En cas d’occupation non autorisée, les droits ainsi que les pénalités
subséquentes sont dus à compter du premier jour d’occupation effective de
l’espace en cause.
1216
Moto-taxis : 3 000 francs ; taxis : 10 000 francs ; autobus : 15 000 francs.
401
Le droit de parc de stationnement est perçu contre délivrance d’un reçu
pour droit de parc de stationnement. Le défaut de paiement des droits ou le
stationnement hors du parc, doit être constaté par procès-verbal établi par
l’agent communal en poste. Il entraîne non seulement le paiement des droits
dus en principal, mais également la mise en fourrière du véhicule.
1217
Gares routières : 200 francs par chargement. Débarcadères : pirogue sans moteur : 200
francs par chargement ; pirogue à moteur de moins de 10 places : 500 francs par chargement ;
pirogue à moteur de plus de 10 places : 1000 francs par chargement.
402
représentations données dans un but de bienfaisance. Cette taxe s’applique
notamment aux activités menées dans les établissements tel que les salles de
cinéma ; les salles de bals y compris les salles de fêtes ; les salles de théâtre, de
concert, d'exhibition ; les cabarets, les boîtes de nuit, les discothèques ; les
cafés, les bars dancing ; les vidéo clubs. A ces établissements s'ajoutent les
manifestations de réjouissance organisées en plein air ou à ciel ouvert 1218.
1218
Les spectacles organisés habituellement à l'opposé des spectacles occasionnels désignent
des manifestations qui se tiennent de façon régulière, selon une périodicité connue, tandis que
le spectacle occasionnel survient de façon spontanée et irrégulière dans le temps. En outre, il
faut entendre par bienfaisance, les spectacles organisés à but non lucratif, ou à titre gratuit,
c'est-à-dire qui ne donnent pas lieu à la réalisation de gain ou de profit.
403
La loi portant fiscalité locale donne au Conseil municipal, la possibilité
de voter au profit du budget1219 de la commune, les droits de stade sur les
recettes des frais d'entrée au stade situé sur leur territoire. L'assujettissement
aux droits de stade concerne les sommes perçues aussi bien sur les stades
publics que sur les stades privés, y compris les palais de sport dès lors qu’il y
est organisé une manifestation sportive ou de réjouissance à but lucratif. En
conséquence, qu’il s'agisse de stades aménagés et gérés par la commune ou pas,
les droits de stade sont dus. Par territoire de la commune, il faut entendre toute
ville, tout quartier, toute localité ou village faisant partie de la circonscription
municipale concernée dont les voies d'accès, l'entretien et l'éclairage sont à la
charge de la commune. Sur ce point, la loi portant fiscalité locale énonce qu’au
cas où les droits de stade sont institutionnalisés par le Conseil, ils sont fixés à
5% des fonds recueillis sur les stades situés sur le territoire de la commune à
l'occasion des manifestations sportives ou des réjouissances populaires, lorsque
l'accès au stade n’est pas gratuit. La circulaire de 2010 précise également que le
produit des droits de stade est perçu par les communes d'arrondissement à
l'exception des stades omnisports qui sont de la compétence des communautés
urbaines1220.
1219
Art. 102 de la circulaire de 2010 précitée.
1220
Ibid.
404
de la fin des réjouissances, il s'en suit le paiement d'une pénalité de 100% du
montant dû en principal.
La taxe sur la publicité n’est pas en reste dans le champ fiscal réservé
aux CTD. Il s’agit de toute publicité réalisée à l'intérieur d'une commune ou
d'une communauté urbaine. Ainsi, est assujettie à la taxe sur la publicité locale,
toute personne physique ou morale qui réalise des actions de publicité dans un
lieu ou un espace relevant du ressort territorial d'une commune ou d'une
communauté urbaine. Il est à noter que les enseignes placées sur les façades des
établissements commerciaux et industriels ayant pour but unique de les
localiser, sont exclus du paiement de ladite taxe. Par conséquent, il faudra
opérer une distinction claire selon que l'enseigne est assortie d'effet ou d'artifice
tendant à attirer l'attention des clients, à l'instar des messages et des spots ou
lorsqu’il s'agit simplement d'un écriteau ayant pour but d'identifier et de
localiser l'établissement.
La taxe sur la publicité est due au terme de chaque année lorsqu’elle est
permanente ou lorsqu’elle s'étale sur une durée indéterminée. Et dans le cas où
1221
Pour panneaux-réclame, calicots et enseignes lumineuses ils sont de 1500 F par m2, par
face et par an, véhicules avec diffuseurs non résidents de 1 000 F par jour et par véhicule ;
résidents : 30 000 F par an et par véhicule; les véhicules sans diffuseurs non résidents de 200 Fà
500 F par jour et par véhicule ; 25 Non résidents : 5000 F à 10 000 F par an et par véhicule et
les sonorisation des magasins : 500 F par jour.
405
la publicité est réalisée de façon ponctuelle ou pendant une durée déterminée
n’excédant pas 12 mois. Elle est due au terme de la période de réalisation de la
publicité.
406
la chaussée1222. Les taux d'imposition au titre de la redevance pour la
dégradation de la chaussée par terrassements, canalisations1223 et autres
dégradations est de 90 000F à 200 000F par m2 pour les routes enrobée grave
bitume. Ils de 45 000F à 100 000F par m2 pour les routes revêtue de bitume et
de 15 000F à 50 000F par m2 pour les routes en terre. Pour ce qui est des
dégradations par les engins à chenille, elle est de 50 000 à 100 000F par m2
pour des routes revêtues de bitume et de 20 000F à 50 000F par m2 dans le cas
des routes en terre.
1222
Art. 104 de la Circulaire conjointe n° 2335/MINATD/MINFI du 20 octobre 2010 précisant
les modalités d'application de la loi sur la fiscalité locale.
1223
Lorsque la canalisation, le terrassement ou la circulation des engins visés au présent article
est exécuté sans autorisation municipale préalable, les auteurs sont exposés au paiement d'une
pénalité de 100% du montant dû en principal, sans préjudice des sanctions prévues par les lois
et règlements. Ladite sanction est assise sur la superficie de la chaussée dégradée, constatée par
les services de la Commune sur procès-verbal.
407
taux de la taxe de transit et de transhumance sont définis par l’article 107 1224 de
la loi de 2010. Les recettes collectées au titre de la taxe de transit ou de
transhumance sont destinées intégralement à la commune concernée et ne font
pas l'objet de péréquation. La fraude au paiement de la taxe de transit ou de
transhumance est sanctionnée par une pénalité de 100% du montant dû en
principal pour chaque animal dissimulé.
1224
Bovins et équins : 200 à 500 francs par tête de bétail et par Commune ; ovins et caprins :
100 à 300 francs par tête de bétail et par Commune.
1225
Art.108 à 110 de la loi du 15 décembre 2009 précitée.
1226
Ibid., art. 111 et art. 112.
408
droit d'occupation des parkings. Le fait générateur et l'exigibilité coïncident en
matière d'occupation des parkings, et prennent effet à compter du stationnement
du véhicule. Les droits sont payés d'avance contre délivrance d'un reçu tiré d'un
carnet à souche sécurisé et portant une valeur faciale indiquant le tarif horaire.
Les tarifs des droits de parkings sont de 100 francs par heure ; 500 francs par
jour et par parking ; 75 000 francs par mois et par parking.
La taxe sur les produits de récupération est payée par le propriétaire des
produits récupérés à hauteur de 2 000F CFA par m3, au profit de la commune
de localisation. L'exigibilité court à partir du moment où lesdits produits
franchissent le cordon frontalier de ladite commune. Aucune exonération n’a
été mentionnée. Lorsque la taxe sur les produits de récupération n’est pas
acquittée par le propriétaire des produits récupérés à la suite du franchissement
de la frontière de la commune concernée, il s’en suit la saisie immédiate desdits
produits, majorée du paiement de 100% des droits dus en principal.
409
ambulances, d'adduction d'eau ou d'électrification. Cette exigence de
contrepartie s'entend de l'obligation qui pèse sur les Collectivités locales
d'œuvrer à la mise à disposition des services sus cités et à leur entretien. Par
ailleurs, il convient de noter que le produit de la TDL est affecté en priorité au
développement ou à l'entretien des services en cause. A ce titre, les prévisions
de dépenses de développement et de maintenance de ces services de base
devraient être au moins égales aux recettes de la TDL recouvrées au cours de
l'exercice précédent.
Aussi, sont soumises au paiement de la taxe de développement local, les
personnes morales et les personnes physiques, y compris celles redevables de
l’impôt libératoire et de la contribution des patentes pour leurs activités
professionnelles. Les personnes physiques sont, en dehors de celles assujetties à
la patente et à l'impôt libératoire, les employés du secteur public ou privé,
titulaire d'un salaire mensuel ou d'un rappel de salaire. Cependant les personnes
physiques ayant un salaire mensuel inférieur à 62 000 F CFA sont exonérées du
paiement de ladite taxe.
La TDL est assise sur le salaire de base pour les employés du secteur
public, et sur le salaire catégoriel pour ceux du secteur privé, ainsi que sur le
principal de l'impôt, s’agissant des assujettis de l’impôt libératoire ou de la
contribution des patentes.
1227
BOUVIER (M.), Introduction au droit fiscal …, op. cit., p. 21.
1228
Ibid.
410
La loi de 2010 précise cependant que, le salaire de base renvoie au
salaire indiciaire ou catégoriel servi à l’employé. Il n’intègre pas les indemnités
et autres avantages en nature qui participent à la formation du salaire brut1229.
Le salaire de base se distingue également du salaire net qui s'entend du salaire
brut diminué des prélèvements fiscaux et sociaux. Il est dû pour les personnes
physiques à partir du paiement du salaire à l'employé1230. Elle est exigible à la
même date auprès de l’employeur qui est tenu de la retenir à la source lors de la
rétention de l'impôt sur le revenu des personnes physiques et les autres
prélèvements qui grèvent le salaire de l’employé.
Pour les personnes physiques ou morales redevables de l'impôt
libératoire ou de la patente, la TDL est due lors du paiement de l'impôt
libératoire ou de la contribution des patentes sur lesquels elle est assise. Les
entreprises de la Division des grandes entreprises et des CIME devront émettre
un ordre de virement unique pour la patente, lequel devra préciser la quote-part
de la TDL.
La loi portant fiscalité locale fixe des tarifs maxima de la TDL. Il
appartient ainsi aux communes et communautés urbaines bénéficiaires de
communiquer aux services des impôts, les tarifs arrêtés par le Conseil à
l'intérieur des fourchettes fixées par la loi. Lorsque les tarifs ne sont pas
communiqués aux services, ces derniers appliquent les tarifs minima. Le tarif
maximum d'une tranche constituant le tarif minimum de la tranche supérieure.
Pour les salariés du secteur public, le produit de la TDL est centralisé au
FEICOM et réparti à toutes les communes au même titre que les centimes
additionnels communaux.
1229
KOBINA GABA (H.), Le droit pour le salarié de vérifier les modalités de calcul de sa
rémunération, Dalloz, Etudes et commentaires, 11 septembre 2008, pp. 2209 - 2212. Et cf.
Dictionnaire - juridique.com et Juristravail.com.
1230
Ibid.
411
Cette même loi consacre cependant l’affectation du produit de la taxe
foncière sur les propriétés immobilières et des droits d’enregistrement sur les
mutations de propriété ou de jouissance d’immeubles à la commune du lieu de
leur situation. Et, il n’est plus perçu de centimes additionnels communaux sur
la taxe foncière.
1231
C'est-à-dire à consistance physique des propriétés donnée.
1232
MAITROT DE (L.), La notion d’impôt, cité par AKONO OMGBA SEDENA, thèse …
op. cit., p. 130 et ss.
1233
LAFFERIERE (J.) et WALINE (M.), Traité des sciences et de législation financière, Paris,
L.G.D.J., 1992, p. 234. Cité par CASTAGNEDE (B), la répartition des compétences
juridictionnelles en matière fiscale en droit français, op.cit., p. 39.
412
1- Des modalités de partage définies par la loi
Deux principaux instruments normatifs consacrent la TVA en droit fiscal
camerounais. Le premier relativement ancien est tiré de l’art. 12 (6) de la loi de
finances 1965-19661234.
Institué au Cameroun par la loi n° 98/009 du 1er Juillet 1998 portant Loi de
finance pour l’exercice 1998/1999 en son article 8ème, la taxe sur la valeur
ajoutée est une taxe d’essence communautaire mise en place par la Directive n°
1/99/CEMAC-028-cn. du 17 décembre 1999 votée par le Conseil de Ministres
de la CEMAC, entrée en vigueur le 1er Janvier 1999 après une période de
communication et de vulgarisation. « La taxe sur la valeur ajoutée constitue
alors une étape importante du processus de modernisation de la fiscalité
camerounaise » 1235. Amorcée en 1994 avec la réforme fiscale douanière. La
TVA vient remplacer la TCA constituée par l’acte n° 1/992 UDEA-596-CD-
SEI du 30 avril 19921236.
La TVA est un impôt unique étant donné qu’à l’issue d’un circuit
économique, la charge fiscale est assise sur le montant fiscal de la vente. Tout
se passe comme si le bien ou le service n’était taxé qu’au dernier stade c’est- à-
dire celui de la consommation. Les prestations de service sont taxées à la TVA
dès lors que l’une au moins, des trois conditions sont réalisées. Il s’agit du
prestataire qui doit être domicilié au Cameroun, du bénéficiaire de la prestation
qui doit également être domicilié au Cameroun. Il doit être immatriculé au
numéro d’identification unique (N.I.U) au Cameroun.
1234
Ce texte traite de la taxe sur le chiffre d’affaire, il dispose que « le taux de la taxe est de
10% pour les marchandises ou les produits importés et de 5% sur la valeur ajoutée pour la vente
ou les échanges sur le marché local des produits industriels de fabrication locale ».
1235
Précis de la fiscalité camerounaise 2010.
1236
Trois principaux textes juridiques définissent les origines de la TCA au Cameroun, d’abord
l’art. 1er de la délibération n° 240/55 du 5 Novembre 1955, ensuite l’art. 300 du CGI du 1er
juillet 1973 et enfin l’ordonnance n° 04/002 du 24 janvier 1994.
413
A cet effet, un prestataire est supposé domicilié au Cameroun lorsque
son domicile, sa résidence ou son centre d’intérêt se trouve au Cameroun, pour
des personnes physiques. Lorsque la société a son siège ou son principal
établissement, ou simple au Cameroun pour ce qui est des personnes
morales1237.
1237
Prestataires immatériels, les études et prestations intellectuelles de toutes natures précises
de la fiscalité camerounaise.
1238
Art 47 (13), Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009, op. cit.
414
comme un collecteur d’impôt. Il présente l’avantage de réduire le nombre
d’interlocuteurs de l’Etat dans la chaîne et facilite ainsi les contrôles ultérieurs
de l’administration. A contrario, la taxation directe présente l’inconvénient de
la multiplicité des intervenants dans le système ce qui entraîne des lourdeurs
dans le recouvrement de l’impôt et la taxation cumulative1239.
1239
C’est le cas des impôts perçus à chaque étape de la chaîne de l’adoption des marges
successives des intervenants.
1240
Précis de la fiscalité camerounaise 2010, p. 11. Ministère des finances. Elle est l’opposée
sur le point de la TCA qui faisait perdre d’importante recette à l’Etat. En effet, la caractéristique
de l’énonciation est qu’elle prive l’assujetti du droit à l’éducation de la TVA qui a grevé le prix
de revient de ses opérations.
1241
Il s’agit des missions de défense nationale, de police, de diplomatie, de justice, d’état civil,
de sécurité publique.
415
2- Mais d’un intérêt certain pour les CTD
1242
Le lieu de livraison doit être situé au Cameroun ; précis de fiscalité camerounaise, op. cit.,
p. 29.
416
le Conseil constitutionnel français a propos de la disposition réorganisant le
droit de perquisition fiscale au domicile des contribuables1243.
1243
Art 89 de la loi des finances 1984, DC du 29 Décembre 1983, cité par BOUVIER (M.),
Introduction au droit …, op. cit., p. 32.
1244
CORNU (G.), Linguistique juridique, Paris, Montchrestien, 1930. Cité par RIALS (S.),
ALLAND (D.), Linguistique juridique, op. cit., pp. 952- 959.
417
droit fiscal local passe fondamentalement par la maîtrise du sens des mots dont
la vocation est de « contribuer au dévoilement de son objet, pour contribuer à
le décrire, voire à l’expliquer ou le faire comprendre »1245.
1- Définition
1245
QUINTANE (G.), Les notions juridiques et les outils langagiers de la science du droit, in
Tusseau (G.), (sous la dir. de), les notions juridiques, Paris, Economica, coll. Etudes juridiques,
2009, p.7.
1246
Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale.
1247
GERARD (T.), « De l’impôt et des mots : réflexions sur le déficit conceptuel du droit
fiscal » in constitution et finances publiques : Étude en l’honneur de Loïc Philipe, Paris,
Economica, 2005, p. 603.
1248
MONTESQUIEU, L’esprit des lois livre XII, op. cit., IS79.
418
afin de participer aux charges communes de la Collectivité »1249. La notion
d’impôt est variable et plus souvent insuffisante sur le plan définitionnel par ce
qu’elle limite les personnes concernées.
1249
BRACHET (B.), le système fiscal français, ed., Paris, LGDJ, 1983, p. 15.
1250
TROTABAS (L.) et COTTERET (J.-M.), op. cit., p. 17.
1251
PAVIA (M.-L.), Le transfert des compétences…, op. cit., p. 160.
1252
V. Partie I, titre II, chap. I.
1253
Ibid., p. 162.
1254
Ibid.
419
2- La légalité de l’impôt local
L’exigence de la conformité de l’impôt à la norme fiscale s’impose comme
un support théorique sur lequel repose le gigantesque chantier du droit.
La légalité est un principe en vertu duquel les autorités administratives sont
tenues dans les décisions qu’elles prennent de se conformer à la loi ou plus
exactement à la légalité, c’est-à-dire à un ensemble de règles de droit1255.
Ce principe postule au plan fiscal l’exclusivité de la compétence en matière
fiscale et fait référence à l’obligation qui incombe à l’administration de se
soumettre au droit durant la mise en œuvre de l’impôt local. Tout impôt doit
être voté par le parlement. Celui-ci est consacré par la Constitution
camerounaise, au terme de son préambule il est mentionné que « le peuple
camerounais affirme son attachement aux libertés fondamentales inscrites
dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte des
nations unies et la Charte africaine des droits de l’homme et des
peuples… »1256. Le corpus de la même loi énonce que la création d’impôts et
taxes et la détermination de l’assiette du taux et des modalités de recouvrement
de ceux-ci appartiennent au pouvoir législatif1257. Le constituant camerounais a
donc souscrit à une acception classique de la légalité de l’impôt qui prescrit
l’exigence selon laquelle tout impôt requis des citoyens, doit au préalable être
adopté par le peuple directement ou par le truchement de ses représentants.
C’est la traduction juridique du principe du consentement à l’impôt1258.
En vertu du principe de légalité fiscale, expression juridique du principe
du consentement de l’impôt découlant de l’article 14 de la Déclaration des
droits de l’Homme et du citoyen, il revient au législateur de fixer le régime de
1255
DE LAUBADERE (A.), Traité de droit administratif, 6eme éd. cité par BINYOUM (J),
cours de droit administratif, 2eme année de licence, p. 89.
1256
Préambule de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
1257
Art. 26 al. 3 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
1258
DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités territoriales, Paris, léxifac droit 3eme éd., 2007,
p. 1.
420
l’impôt local. L’article 26 de la Constitution camerounaise précise à cet égard
que relèvent du domaine de la loi, « la création des impôts et taxes et la
détermination de l’assiette, du taux et des modalités de recouvrement de
ceux-ci ». Dans le même sens, les Constitutions ivoirienne1259, sénégalaise1260
et la Constitution gabonaise1261 disposent, dans des termes identiques, que « la
loi fixe les règles concernant (…) l’assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toute nature ».
1259
l’article 71 de la Constitution ivoirienne.
1260
l’article 67 de la Constitution sénégalaise.
1261
l’article 47 de la Constitution gabonaise.
1262
BOUVIER (M.), Finances Locales, op.cit., p. 90.
1263
Ibid.
1264
Ibid.
1265
THEVENIN (P.), Le pouvoir réglementaire en matière fiscale, thèse, Université de
Bordeaux I, faculté de Droit, de Sciences sociales et politiques, 1975, p. 20.
1266
AKONO ONGBA SEDENA, L’apport du juge administratif au droit fiscal au Cameroun,
op. cit., p. 168.
421
On peut observer un assouplissement du principe matière de fiscalité
locale. Le rôle principal revient à l’Etat qui crée l’impôt local, fourchette les
taux et en assure le recouvrement. Si une loi vient à conférer aux communes les
pouvoirs en matière fiscale initiale, elle est frappée d’inconstitutionnalité pour
non conformité avec les articles 2 et 26 de la Constitution de 1996. Le premier
article affirme que la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce soit par
l’intermédiaire du Président de la République et des membres de l’Assemblée
nationale, soit par voie de référendum. L’article 26 alinéa 1 de la Constitution
camerounaise prévoit que la création des impôts et taxes, la détermination de
l’assiette, du taux et des modalités de recouvrement de ceux-ci relèvent du
législateur.
1267
YATTA (P.-F.), op. cit., p. 122.
1268
Ibid., p. 123.
422
en rapport avec son niveau de ressources fiscales »1269. « A cet effet, les
services financiers de l'Etat impliqués dans la gestion fiscale des Collectivités
territoriales sont tenus d'assurer, avec la même efficacité que pour les impôts de
l'Etat, le recouvrement des impôts locaux dont ils ont la charge »1270. La loi
pose ainsi le principe d'efficacité et de rentabilité dans la gestion et le suivi des
impôts locaux. Afin de parvenir à ce résultat, les responsables des services
fiscaux de l'Etat et des Collectivités territoriales décentralisées doivent
déterminer annuellement : les objectifs quantitatifs de recettes attendues par
nature d'impôt et les indicateurs qualitatifs et quantitatifs de suivi-évaluation
desdites recettes1271.
Par ailleurs, ce « partage fiscal » n'est pas non plus tout à fait illogique :
il correspond à la compensation d'externalités fiscales1273 engendrées par la
décision fiscale locale. Il traduit en outre l'interventionnisme fiscal de l'Etat au
nom de la cohérence d'ensemble du système, ou de la redistribution, ou
d'impératifs macro-économiques1274. S'il est sûr que cette prise en charge de
l'Etat a facilité les mutations fiscales évoquées ci-dessus, il n'est pas établi qu'il
s'agisse d'un signe d'une réelle défaillance du système fiscal, même si la
transparence des décisions en souffre, et si le contrôle local sur la fiscalité en
est altéré.
1269
Art. 6 de la loi portant fiscalité locale.
1270
Ibid., Art. 7.
1271
DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités …, op. cit., p. 2.
1272
CORNU (G.), Vocabulaire juridique, op. cit., p. 400 et ss.
1273
DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités…, op. cit., p. 2.
1274
Règles de Co-variation des taux, plafonnement de la TP.
423
Ceci s’explique par la complexité dans la définition de l’assiette et des
modes d’évaluation des impôts, la difficulté de mettre en place au niveau local
une instrumentation adaptée pour connaître le potentiel fiscal et assurer
l’émission des rôles et le recouvrement, et la quasi-exclusion des Collectivités
locales de la chaîne fiscale.
L’information sur les centimes additionnels collectés par l’Etat reste très
opaque. Il n’y a pas de mécanismes en place permettant aux Collectivités
locales de prévoir ce qu’elles peuvent attendre de la fiscalité partagée avec
l’Etat.
Comme pour les centimes additionnels, les Collectivités locales n’ont
pas à disposition un système d’information leur permettant de savoir ce que
l’Etat leur doit au titre du reversement de la TVA. Si bien qu’elles prennent ce
que l’Etat leur offre. Là aussi aucune prévisibilité n’est possible.
1275
DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités …, op. cit., p. 2.
1276
Ibid., p. 3.
424
création des impôts nationaux ou locaux, ainsi que l’a confirmé le juge
constitutionnel français dans une décision du 6 mai 19911277.
1277
Décision n° 291 DC, Rec., p. 40.
1278
AMSELEK (P.), « Les aspects financiers de la décentralisation en France » in RA, 1978,
Doct. et Inf., cité par F. Labie, (cours), op. cit., p. 11.
1279
LABIE (F.), Cours…, op. cit., p. 12.
1280
PHILIP (L.), « Les garanties constitutionnelles du pouvoir financier local », RFD adm.,
mai-juin 1992, p. 454 ; ROUX (A.), « Le Conseil constitutionnel et la décentralisation » in G.
Gilbert et A. Delcamp (s. dir.) La décentralisation, dix ans après, LGDJ, Coll. Décentralisation
et développement local, Paris, 1993, p. 55 et s.
425
qui semble désormais admettre, malgré les réticences observées dans de
nombreux pays, l’existence d’un pouvoir fiscal local à côté du pouvoir national
comme moyen d’accomplissement de l’autonomie financière proclamée par les
Constitutions modernes.
1281
FERRAND (J.-P.), Le pouvoir fiscal des autorités locales, thèse, Université Aix-Marseille,
1992, pp. 95-103.
1282
V., CE 24 mai 1991, Mme Carrére, AJDA, 1991, p. 740, obs. Lemire. V. aussi CE, 25
janv. 1978, Imbert, RD publ. 1978, p. 1456, note Drago ; V. aussi CE, 10 nov. 1993,
Commune de Mirabeau sur Bèze C/M Roux, in Annuaire des Collectivités locales, 1994, p.
191.
426
création de la recette est indissociable de la détermination de l’assiette de cette
dernière. Mais ici encore, quelques précisions s’imposent.
1283
JØRGEN LOTZ, Limites de la fiscalité locale, péréquation financière et méthodes de calcul
des dotations, Conseil de l'Europe, 1998, p. 56.
1284
CASTELLUCCI (L.), Répercussions sur l'autonomie financière des Collectivités
territoriales des limites de l’endettement public national fixé dans un contexte européen,
Conseil de l'Europe, 2000, p. 20.
1285
Art. 3 de la loi portant fiscalité locale.
1286
EDOARDO TRAVERSA, L'autonomie fiscale des Régions et des Collectivités locales
face au droit communautaire : analyse et réflexion à la lumière des expériences belges et
italienne, Larcier, 2010, p. 567.
427
mesures fiscales dérogatoires nées au gré des préoccupations successives du
législateur1287. Un système mal équilibré entre l’Etat et les Collectivités locales
de divers niveaux, entre les ménages et les entreprises : un système anti
économique1288, obstacle voire ennemi de l'aménagement du territoire, coûteux
à administrer voire ingérable. Le mot est lâché : le système fiscal est à bout de
course1289 ; ingéré parce qu'ingérable. Pour nous la limite principale du système
fiscal serait l’incapacité pour les CTD de créer l’impôt local et l’encadrement
du taux de l’impôt local.
1287
DANTOM.EL (N.), Droit des Collectivités…, op. cit., p. 3.
1288
CASTELLUCCI (L.), Répercussions sur l'autonomie financière …, op. cit., p. 21.
1289
DANTOMEL (N.), Droit des Collectivités…, op. cit., p. 3.
428
Les évaluations cadastrales utilisées pour les taxes foncières et la taxe
d'habitation ne reproduisent pas fidèlement l'évolution des loyers dans l’espace
et le temps, ce qui fausse les comparaisons. Seules les évolutions de cotisations
à matière imposable constante (c'est-à-dire à consistance physique des
propriétés données) ont un sens. En revanche, les comparaisons de base de taxe
de développement local d'une commune à l'autre et leur évolution dans le temps
sont possibles puisque les bases sont homogènes.
1290
Conseil de l’Europe ; limite et critique de la fiscalité locale ; péréquation financière et
méthode de calcul des dotations ; n° 65, p. 45.
1291
Ainsi, dans un premier temps, le législateur détermine une fraction du taux de l’impôt
partagé de telle sorte que le produit de l’imposition couvre intégralement les transferts de
charge ; dans un second temps, il détermine la méthode permettant à chacune des Collectivités
prises individuellement d’être elle-même affectataire d’un pourcentage de ce taux en fonction
d’éléments locaux. Il s’agit donc bien d’une ressource propre au sens de la Constitution et de la
loi organique, dans la mesure où il existe un taux de taxe par Collectivité.
429
constitue la protection pour les Collectivités qui ne disposent d’aucune défense
contre ce type de concurrence. L’une des solutions émises par le législateur est
l’appel au système de l’impôt partagé. Elle illimite le risque de la concurrence
fiscale sans pour autant priver les Collectivités locales de l’accès à l’impôt en
question.
Outre cet élément d’autres raisons pourraient être avancées pour justifier
certaines limites à la fiscalité locale, elles sont liées essentiellement à la
poursuite des objectifs nationaux. Il s’agit d’assurer la cohérence des politiques
économiques locales avec les objectifs de la politique économique nationale,
notamment le contrôle de la pression fiscale globale et des dépenses publiques,
éviter les situations qui affectent la concurrence entre les opérateurs
économiques, poursuivre un développement régional et local équilibré et
durable.
1292
Une décentralisation complète supposerait que les gouvernements centraux renoncent à cet
instrument.
1293
Conseil de l’Europe ; limite et critique de la fiscalité locale ; péréquation financière et
méthode de calcul des dotations, op. cit., p. 20.
1294
Ibid.
430
effet, les recettes fiscales propres des Collectivités décentralisées ne suffisent
pas à couvrir la totalité de leurs dépenses. La principale explication de cette
situation réside sans doute dans la réticence des autorités nationales à accorder
une pleine autonomie fiscale aux Collectivités craignant que les politiques
mises en œuvre au niveau local, soustraite à tout contrôle, puissent faire
obstacle ou pire, puissent faire échec aux politiques économiques définies à
l’échelon national. Elle justifie ainsi l’orientation du législateur camerounais.
Lorsque les Collectivités disposent de l’impôt sur le revenu des particuliers
l’importance quantitative des taux d’impositions marginale ne sont plus
contrôlés par le gouvernement central, les problèmes surgissent du fait que le
gouvernement central a également besoin des recettes générées par l’impôt sur
le revenu. C’est pourquoi on peut considérer ceci comme une limite.
1295
LOÏC (P.), « Les garanties constitutionnelles …, op. cit., p. 7.
1296
GUILLET (N.), « L’avenir de l’autonomie financière des Collectivités territoriales après la
loi du 29 juillet 2004 », RGCT, janvier-février. 2005, n° 32, p. 45.
431
compétence fiscale1297. Dans le même sens, «les principes de légalité de
l’Impôt et d’égalité devant l’impôt s’opposent à ce que les Collectivités locales
bénéficient sur le plan fiscal d’une très grande liberté d’action »1298. Le
Conseil constitutionnel français souligne à cet effet que le principe de libre
administration s’applique «dans les conditions prévues par la loi ». Le
législateur camerounais le précise à suffisance dans la loi constitutionnelle du
18 janvier1996 que les conditions d’application de la libre administration seront
fixées par la loi1299. Ceci implique que le législateur n’est pas dans l’obligation
de permettre à chaque Collectivité de fixer le montant de ses impôts locaux.
L’introduction d’impôts localisés et partagés comme des ressources propres des
Collectivités territoriales conduit l’autonomie fiscale dans une impasse
constitutionnelle.
1297
LOÏC (P.), « Les garanties constitutionnelles … », op. cit., p. 12.
1298
Conseil de l’Europe, Limite et critique de la fiscalité locale ; péréquation financière et
méthode de calcul des dotations ; n° 65, p. 24.
1299
Art. 55 al. 2 de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
1300
LOÏC (P.), « Les garanties constitutionnelles … », op cit., p. 46.
1301
Cf. Rapport du MINAT du 21 Fév. 2008 sur la fiscalité et le régime financier des CTD.
1302
CABANNES (M.), Les finances locales sur la paille ? Des vaches grasses aux vaches
maigres, le bord de l’eau, coll. L’économie encastrée, EAN, 2011, 158 p.
432
Les Collectivités locales sont financées par les impôts locaux qui
demeurent pour le moins complexes et opaques, ainsi que par les concours
financiers de l’Etat qui ne sont pas moins compliqués. Dans ces conditions, les
liens entre les dépenses et les recettes locales sont distendus. Ce qui met à mal
la falsification de l’impôt local selon laquelle celui-ci permettrait aux électeurs
de mieux apprécier l’opportunité des politiques publiques locales à la lumière
du coût qu’il leur faut supporter.
1303
L’expression empruntée à LOURSON (C.), L’autonomie financière des Collectivités
locales, op.cit.
1304
POMTIER (J.-M.), « Sur les notions controversées. "Ressources propres", "Ensemble de
ressources "Part déterminantes" », 1er Juillet 2004, Revue Administrative n° 340, p. 397.
433
Le législateur organique camerounais, dans la loi de 2010 a fait opérer
un distinguo entre les impôts concédés aux communes et communautés
urbaines et des régions. Implicitement il a procédé à une sorte de localisation
de l’impôt, il opère ainsi une délimitation dans la matière imposable afin
qu’elle puisse servir de base de calcul à l’impôt1305. Si l’idée s’avère être
porteuse de leur autonomie fiscale, sa faisabilité n’en est pas moins douteuse.
Cependant même si les Collectivités voient à travers ce mécanisme une
adoption de la fiscalité à leur situation particulière, il reste que la difficulté
fiscale locale l’est toujours et limite ainsi une autonomie fiscale véritable.
1305
V. la définition donnée par HISCLAUDE (J.) et MARCHESSON (P.), Droit fiscal général,
Paris, Dalloz, Cours 1987, n° 9, p. 5.
434
Les bases des impôts doivent être rationnelles et équitables par rapport
aux ménages et aux entreprises1306. L’assise territoriale des impôts doit être
assez large pour limiter au maximum les distorsions économiques et sociales.
Enfin, il importe que le degré d’autonomie fiscale soit suffisant. C’est-à-dire
que les impôts sur lesquels la Collectivité a une marge d’autonomie
représentent un pourcentage significatif des ressources de fonctionnement. Elle
impose des contraintes de transparence et de lisibilité.
Une des contreparties de l’autonomie financière et fiscale réside dans
l’obligation, pour les Collectivités, de rendre des comptes non de façon
purement formelle mais selon des règles et des modalités permettant un
véritable débat public1307 et donc un réel contrôle des citoyens, non seulement
sur la régularité mais également sur l’efficacité de la gestion. Elle doit se
concilier avec une discipline collective.
1306
Cf. Conférence de Yalta, 2000.
1307
Ibid., p. 19.
1308
Ibid., p. 20 et ss.
435
L’autonomie fiscale ne va pas sans inégalités. Dès lors, si l’on ne veut
pas que les principes de libre administration et d’autonomie financière restent
des vœux pieux pour les Collectivités les plus pauvres, il importe de mettre en
œuvre des mécanismes de péréquation financière efficaces et une politique
d’aménagement du territoire volontariste1309.
1309
Ibid.
436
CONCLUSION DU CHAPITRE I
437
CHAPITRE II :
LA CONTRIBUTION DES CTD AU
PRELEVEMENT ET A LA GESTION DES
IMPOTS LOCAUX
438
Section I: Les outils de prélèvement fiscal
1310
D’ALAIN (R.), Dictionnaire historique de la langue française, éd. le Robert, 1992, p. 1474
cité par AGRON, Histoire du vocabulaire fiscal, op. cit., pp. 213 -214.
1311
NZENGUET IGUEMBA (G.-A.), Colonisation, fiscalité et mutations au Gabon, 1910-
1947, Paris, Harmattan , 2005, p. 27.
439
même, la taxe de développement local qui est une taxe communale, est assise et
recouvrée par les services fiscaux de l'Etat et seul son produit recouvré est
rétrocédé aux Collectivités locales.
440
communal doit par exemple autoriser de manière expresse la vente des biens
meubles saisis1312. Dans le cas des mesures particulières de recouvrement forcé,
le silence du législateur laisse penser que leur mise en œuvre semble interdite
aux Collectivités locales. Toutefois, l'article C120 précise déjà l'existence des
règles de procédures spécifiques au recouvrement forcé des taxes communales.
Les règles spécifiques qui tempèrent l'application, dans le recouvrement
forcé des taxes communales, des règles générales de procédure prévues en la
matière par le LPF, concernent l'effet immédiat du titre exécutoire ainsi que le
délai de la vente des biens saisis.
1312
Art. 130 al. 6 de la loi du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale précitée.
1313
Art. 130 al. 2 du CGI.
441
2- Le recouvrement spontané par les CTD de la taxe communale
Le recouvrement spontané des taxes communales se fait soit par ordre
de recette soit par reçu tiré d'un carnet à souche.
Le recouvrement spontané par ordre de recette
1314
Ibid., Art. 132 et art. 133.
1315
Art. 128 al. 6 de la loi du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale précitée.
442
Le caractère éphémère, évanescent de certaines matières imposables
amène le législateur à instituer, en lieu et place de la procédure de déclaration et
de paiement contrôlés, celle plus pragmatique de recouvrement par émission
d'un ticket tiré d'un carnet à souche. Il s'agit ici d'un régime de recouvrement
immédiat, qui prive le contribuable du bénéfice des délais de déclaration, et qui
apparaît comme « ... une garantie lorsque le contribuable ou la matière
imposable peut disparaître avant le paiement »1316. La procédure de
recouvrement dans ce cas consiste à délivrer, contre la perception des taxes, un
ticket tiré d'un carnet à souches au contribuable. Ce travail est effectué par un
agent municipal intermédiaire entre le Receveur municipal et l'ordonnateur de
la recette qu'est le Maire de la commune. Ensuite, cet agent intermédiaire
procède, dans un délai ne devant pas dépasser 24 heures, au reversement global
des sommes recouvrées auprès de la caisse de la Recette municipale, contre
délivrance d'une quittance.
1316
TROTABAS (L.), COTTERET(J.M.), Droit fiscal, 8e éd., Paris, Dalloz, 1997, p. 60.
443
La compétence de recouvrement forcé des impôts locaux par les
Collectivités locales est limitée par le législateur aux seules taxes communales.
Il s'agit des taxes à enjeu local, ce qui explique que le législateur soustrait de ce
champ de compétence la taxe sur le développement local. Dans la mise en
œuvre de cette compétence, ces communes appliquent les règles générales de
procédures existant pour les impôts de l'Etat et contenues dans le LPF, même
s'il existe des règles spécifiques aux taxes communales.
1- Le recouvrement à l’amiable
Parmi les impôts locaux, ceux qui représentent une fraction, un
pourcentage calculé sur les impôts de l'Etat comme les centimes additionnels
communaux, sont recouvrés sur le même titre exécutoire que celui des impôts
de l'Etat, qui est l'Avis de Mise en Recouvrement (AMR). Le contribuable qui
paie ainsi la TVA, l'IRPP ou l'impôt sur les sociétés dus à l'Etat, reverse les
centimes additionnels par la même occasion, par un paiement unique par
chèque, virement ou espèces libellé à l'ordre du Receveur des impôts. De
même, les impôts communaux que sont la patente, la licence, l'impôt
libératoire, la taxe foncière, la taxe sur les jeux de hasard et de divertissement,
les droits de mutations d'immeubles, le timbre automobile, la redevance
1317
BOUVIER (M.), Doit fiscal et théorie…, op. cit., p. 30.
1318
BELTRAME (P.), op. cit., p. 433.
444
forestière annuelle, sont acquittés spontanément auprès du Receveur des impôts
territorialement compétent qui est tenu de délivrer une quittance en contrepartie
des versements reçus1319.
Ces impôts communaux, tout comme les centimes additionnels
communaux, peuvent également être acquittés par retenue à la source opérée
par les comptables publics lors du règlement des factures payées sur le budget
de l’Etat, des établissements publics administratifs, les Collectivités locales, les
sociétés à capital public et certaines entreprises privées figurant sur une liste
arrêtée par le Ministre chargé des finances. Ces règles générales affectent le
recouvrement forcé.
2- Le recouvrement forcé
Le recouvrement forcé par l'Etat des impôts locaux, obéit aussi aux
règles générales régissant le recouvrement des impôts de l'Etat, qu'il s'agisse du
titre et de la créance ou des procédures de recouvrement forcé.
Les titres exécutoires de la créance
L'AMR est rendu exécutoire par signature du chef de centre des impôts
compétent, et pris en charge par le Receveur des impôts chaque fois qu'il s'agira
de procéder au recouvrement forcé de la patente, de la licence, de l'impôt
libératoire, de la taxe de développement local, de la taxe foncière, de la
redevance forestière annuelle, des centimes additionnels communaux, de la taxe
sur les jeux de hasard et de divertissement. Cet acte doit préciser que le
contribuable a 15 jours pour s'acquitter de sa dette.
1319
Art. 62 et ss. de la loi du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale précitée.
445
Par contre, le titre de perception doit être élaboré par le chef de centre
des impôts et doit être soumis à la signature du Président du Tribunal de
Première instance. Le titre doit également être pris en charge par le Receveur
des impôts, chaque fois qu'il s'agit de procéder au recouvrement forcé des droits
de mutations d'immeubles qui sont des droits d’enregistrement .
Les procédures de recouvrement forcé
1320
Les articles L 51 à L 80 du Livre des Procédures Fiscales.
1321
Art. 336 de l’acte OHADA portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution.
446
Toutes ces mesures générales de recouvrement doivent être mises en œuvre par
les agents assermentés de recouvrement1322 de l'Etat, mais doivent tenir compte
des exigences des règles spécifiques aux impôts locaux.
1322
Conformément à l’art. L 69 du LPF l’obligation de prestation de serment des agents de
recouvrement est une condition substantielle sous peine de poursuite judiciaire contre les agents
en cause.
1323
LUCE PAVIA (M.), op. cit., p. 100 et ss.
1324
CHAVRIER (G.), « Une peur juridique » Colloque, p. 8.
447
matière, c’est la non-transparence de la trésorerie. Rien dans le budget ne
permet réellement de savoir où en est la trésorerie et comment elle se situe au
cours de l’exercice alors que celle-ci doit s’apprécier non en termes de résultat
mais en termes de flux. C’est l’expression du vieux principe qu’est l’unité de
caisses.
1325
TOCQUEVILLE (A.), La démocratie en Amérique, op. cit., p. 356.
1326
GAUDEMET (Y.) et GOHIN (O.), (dir), La République décentralisée, éd. Panthéon -
Assas, 2004, p. 48.
448
La compétence de l'Etat dans le contrôle de la fiscalité locale, épouse le
cadre d'assiette de ces impôts et taxes. En effet, le législateur a voulu que les
impôts locaux les plus rentables découlent de l'application d'un pourcentage sur
les impôts dus par un contribuable au titre des impôts de l'Etat. Ce sont les
centimes additionnels communaux. En plus de ces centimes additionnels, les
autres impôts communaux, tout comme la taxe sur le développement local,
relèvent de la compétence du contrôle de l'Etat. Il en découle que leur contrôle
est intégré dans le schéma de contrôle des impôts de l'Etat en général, aussi
bien en ce qui concerne la typologie de contrôles applicables que les procédures
de contrôle.
En plus, outre l’exclusivité de la compétence du législateur en matière
de création ou de suppression des différents prélèvements obligatoires, la
légalité fiscale sous-entend aussi l’obligation pour l’administration fiscale de se
soumettre au droit durant le processus d’imposition. Le principe consacre donc
les exigences de conformité et de non contrariété des actes administratifs aux
règles législatives. Il implique également l’exigence d’habilitations législatives
des actes d’imposition.
Cette double exigence de conformité et non contrariété des actes
d’imposition aux règles législatives suppose que, « la norme individuelle
d’imposition soit conforme aux règles de la fiscalité »1327. C’est le cas en
matière de contrôle. En effet, toute opération de contrôle sur place diligentée
par des agents (des impôts) n’ayant pas au moins le grade d’inspecteur est
illégale1328. Cette exigence est une matérialisation de la théorie de la formation
du droit par degrés, élaboré par HANS KELSEN. Ce dernier enseigne que,
l’ordre juridique se présente par degrés successifs, chaque degré participant à la
concrétisation ou à l’individualisation du degré immédiatement supérieur. Dans
1327
EISENMANN (C.), Cour de droit administratif, op. cit., p. 44.
1328
L 11 du LPF.
449
cette perspective théorique que la légalité fiscale prescrit que les actes
individuels d’imposition doivent être conformes aux normes législatives tandis
que ces dernières doivent elles-mêmes être conformes aux normes
constitutionnelles d’imposition.
1329
Autonomie fiscale, bases imposables obsolètes, archaïsme des règles d'imposition.
1330
WINANDY (J.-P.), Précis de droit fiscal, Amazon, France, 2011, p. 264.
450
déterminer les propositions de réforme émises, et, notamment, au Cameroun.
Celles-ci consistent, en effet, soit à modifier légèrement les règles d'assiette
d'un impôt, soit, pour les projets les plus ambitieux, à substituer une technique
de détermination de cette assiette à une autre, ou mieux encore, à proposer la
création de nouvelles taxes ou de nouveaux partages du produit ou des bases
avec l'Etat. Or, si la démarche est incontestablement indispensable, il lui
manque, à notre sens, un volet complémentaire. Celui plus sociologique et
politique qui consiste à définir la légitimité de l'imposition locale, certes sur la
base d'un critère d'efficacité et de rentabilité, mais aussi sur celle du partage du
pouvoir fiscal entre l'Etat et les Collectivités locales d'une part, de la justice
des impôts locaux d'autre part.
Parmi les éléments qui confortent l’autonomie fiscale des CTD on’ a le
contrôle de l’impôt par ces derniers et la gestion du contentieux fiscal. Ce sont
1331 Art. 2-2 de la Constitution : « Les Collectivités territoriales [...] peuvent recevoir tout ou
partie du produit des impositions de toutes natures.
1332
BOUVIER(M.), Finances locales, op. cit., p. 65.
451
ces différentes règles qui font dire à des auteurs tel que Michel BOUVIER que
même si l’autonomie financière et fiscale ont des difficultés à s’affirmer elles
ne paraissent pas inexistantes, elles devraient simplement s’affirmer au travers
des mécanismes leur garantissant une plus grande marge de liberté1333. Ce pilier
protecteur se traduit par la complémentarité dans le contrôle (paragraphe I) et
l’attribution aux CTD d’un rôle déterminant en matière de contentieux fiscal
local (paragraphe II).
1333
Ibid.
1334
Dictionnaire fiscal : Groupe revue fiduciaire, 2000, p. 241.
1335
ATANGANA FONGUE (R.), op.cit., p.15.
452
des énonciations du contribuable »1336. Il s'agit de vérifier « la conformité du
membre du groupe avec les comportements sociaux que les autorités
attendent »1337 ; car c'est à cette seule condition que les normes fiscales sont des
normes juridiques. En effet, comme le précise le doyen DUGUIT, « toute
norme juridique est ou morale, ou économique ; mais toute norme morale ou
économique n'est pas nécessairement juridique »1338 .
Par ailleurs, la norme morale, entendue au sens que lui donne le doyen
DUGUIT1339 comme règles de bonnes mœurs en société et non la morale dans
sa conception par les jus-naturalistes, oblige tout homme à se conformer dans
sa vie en société, à un ensemble de pratiques, de bonnes mœurs. Faute de quoi,
il provoque une réaction sociale plus ou moins forte, mais montrant le caractère
obligatoire de la règle.
1336
LAMBERT (T.), Contrôle fiscal : droit et pratique, Paris, PUF, 2e édition, 1998, p. 14.
1337
TREMEUR (M.), La politique publique du contrôle fiscal. Analyse rétrospective sur les
deux dernières décennies, Paris, Economica, 1993, p. 9.
1338
DUGUIT (L.), Traité de droit constitutionnel, 3e édition, Paris, ancienne librairie
Fontemoing, 1927, p. 92.
1339
Ibid.
453
que cette violation porte atteinte à la solidarité sociale et au sentiment de justice
dans le groupe. Ainsi traduite dans la loi écrite, la norme juridique est
l'expression formelle de la conscience et de la volonté du peuple.
1340
ALLAND (D.), CHETAIL (V.), DE FROUVILLE (O.), JORGE (E.), Unité et diversité du
droit international, ISBN, 2014, p. 329.
1341
Référence à SAINT Augustin, Saint Thomas D'ACQUIN qui rattachent la norme morale à
un principe de droit supérieur, d'ordre métaphysique et s'imposant à l'Etat, aux gouvernants et
gouvernés.
454
1- Les contrôles internes des impôts locaux
Le contrôle fiscal interne est celui qui se déroule au bureau, dans les
locaux de l'Administration. Il a trait aux demandes d'éclaircissements ou de
justificatifs. La demande d'éclaircissements est adressée au contribuable dans le
cas où ses déclarations présentent des contradictions ou des discordances des
pièces figurant dans son dossier fiscal.
1342
Art. L 22 du LPF.
1343
BOUVIER (M.), ESCLASSAN (M.C.), LASSALE (J.P.), Finances publiques, édition,
Paris, L.G.D.J, 2004, p. 636.
1344
Ibid.
455
De plus, l'exploitation des renseignements tirés des bases de données
permet une meilleure gestion des opérations de reclassement des contribuables,
notamment ceux dissimulés dans le régime de l'impôt libératoire alors qu'ils
effectuent d'importantes activités économiques. Les impôts communaux
comme la patente, déclarés et payés sur une base d'imposition provisoire
constituée du chiffre d'affaires de l'année précédente, peuvent ainsi faire l'objet
de régularisation dès la connaissance du chiffre d'affaires réel et définitif de
l'année d'imposition. Les contrôles externes visent le même objectif.
Le contrôle externe des impôts locaux, qui se fait dans l'entreprise, est
effectué soit dans le cadre du contrôle ponctuel, de la vérification de
comptabilité ou de la VSFE.
Le contrôle ponctuel est défini comme le contrôle des impôts à
versement spontané sur une période inférieure à un exercice fiscal1345. Les
impôts et taxes à versement spontané sont tous les impôts pour lesquels le
législateur a prévu que la déclaration et le paiement se feront dans un délai
précis, sur la base de la seule volonté du contribuable qui réalise des opérations
ou qui possède des biens imposables. Les impôts communaux sont bien inclus
dans ces prélèvements.
Prévue par les dispositions du LPF, la vérification de comptabilité est un
examen approfondi sur place de la comptabilité ou des documents en tenant
lieu, en la confrontant à certaines données matérielles extracomptables ou de
fait, afin de s'assurer de l'exactitude des déclarations souscrites. Il faut préciser
que cette vérification de comptabilité est soit générale, soit partielle. La
vérification de comptabilité est dite générale lorsqu'elle porte sur tous les
impôts, droits et taxes dont le contribuable est passible.
1345
Art. L16 bis du LPF.
456
Par contre, la vérification de comptabilité est dite partielle lorsqu'elle
porte soit sur un seul impôt contrôlé sur toute la période non prescrite ; soit sur
tous les impôts et taxes contrôlés sur un seul exercice budgétaire.
1346
Art. 10 et ss. du LPF.
457
période, les impôts contrôlés, ainsi que les noms et prénoms et grade des agents
chargés du contrôle1347. Ces agents doivent être au moins du grade d'inspecteur
des impôts assermenté. De plus, cet avis qui doit être accompagné d'une carte
du contribuable vérifié, doit informer le contribuable sur la possibilité qu'il a de
se faire assister par un Conseil fiscal de son choix.
1347
Ibid., Art. 11
1348
Ibid., Art. 12 et ss.
458
les impositions de toute nature mises à la charge du contribuable sans respect
de ces procédures, comme le montre le jugement de la Chambre administrative
de la Cour suprême dans l'affaire NGAKEU Pierre contre Etat du Cameroun
(MINFI) ; d'autres procédures permettent plutôt d'éviter le dilatoire dans le
contrôle.
La procédure limitant le dilatoire dans le contrôle
1349
CS-CA, jugement n° 42 du 26 juin 1980, NGAKEU Pierre contre Etat du Cameroun
(MINFI).
459
estime que cette procédure consacre beaucoup de prérogatives à
l'Administration. Et cette dernière doit pouvoir justifier sa méthode
d'imposition ou même le taux de bénéfice appliqué d'office pour imposer le
contribuable ; comme le montre le principal considérant de l'arrêt DJOUNKWE
Moïse contre Etat du Cameroun, qui précise que « considérant que ce taux est
plus près de la réalité de la situation du mis en cause que celui proposé par
l'Etat ... Qu'il répond enfin au principe selon lequel les dispositions relatives à
la taxation d'office sont arrêtées en application des dispositions applicables
concernant l'assiette des impôts en cause sur des bases devant se rapprocher,
autant que possible, de la réédité, compte tenu des présomptions tirées des
renseignements en possession de l 'Administration »1350.
Le contrôle des impôts locaux par l'Etat se trouve donc être inféodé au
contrôle des impôts de l'Etat. La mise en œuvre de la compétence de l'Etat est
ainsi étroitement encadrée, afin de garantir les droits du contribuable, mais cet
encadrement légal de la compétence de contrôle des services fiscaux de l'Etat
contraste avec la gestion des ressources humaines. La doctrine note, à juste
titre, le malaise des hauts cadres de l'Administration fiscale qui sont affectés
dans les centres des petites entreprises dans lesquels sont suivis l'effectif le plus
important en nombre des contribuables redevables des impôts locaux. Ces
cadres ne voudraient que gérer les impôts à haut rendement comme la TVA et
dans les structures en charge des entreprises les plus importantes1351.
1350
CS-AP, arrêt n° 15/A du 19 Juin 1980, NJOUNKWE Moïse contre Etat du Cameroun.
1351
NOUETSA (L.-H.), op. cit., p. 40 et ss.
460
compétence de l'Etat dans le suivi de ces impôts communaux est remise en
cause, et le haut rendement des impôts communaux doit être analysé avec
précision1352. On constate ainsi que seuls les centimes additionnels
communaux, la patente pour les grandes entreprises et les taxes suivies par des
services spécialisés, sont rentables. Le personnel affecté dans les centres
divisionnaires et départementaux devrait être aussi compétent et motivé car
comme le souligne OSSA René, la réforme de l'Administration fiscale, avec la
mise en place de la DGE et des CIME «a laissé la désagréable impression que
seuls les cadres les moins compétents auront dorénavant la charge des petits
comptes »1353. Pourtant le véritable enjeu de lutte contre le secteur informel se
trouve dans la fiscalisation de ces petits contribuables et « il est temps
d'élaborer une véritable politique d'encadrement des petits contribuables qui,
fatalement, devrait avoir des répercussions sur toute la population qui s'active
en marge du système fiscal »1354.
1352
Ibid.
1353
OSSA, op. cit., p. 56.
1354
Ibid.
461
Collectivités locales en matière de contrôle fiscal est un chemin simplement
balisé où de nombreuses précisions législatives sont encore attendues. Cette
imprécision concerne non seulement la mise en œuvre de la compétence des
Collectivités locales, mais aussi le champ et les procédures des contrôles
conjoints.
1355
Art. C 132 du C.G.I. 2015.
462
l'Etat ne contrôle que les impôts communaux et la taxe sur le développement
local, en plus des impôts et taxes des Régions.
463
Ceci a été fait dans le jugement du 29 juin 1989 opposant la société RAZEL à
l'Etat du Cameroun1356.
En réalité, on constate ici que le juge statue sur le fond du litige. Alors
que pour une taxe communale dont la compétence de contrôle revient à la
commune, le recours gracieux préalable au recours contentieux la concernant
aurait dû être adressé au Maire de la commune de TIKO. Son absence étant une
cause de non recevabilité du recours contentieux.
1356
Art. C l34 du CGI 2015, Attendu que par requête en date du 30 mai 1985, le directeur de la
Société RAZEL a intenté devant cette juridiction un recours tendant à l'annulation de la taxe
instituée sur le transport des pierres dans la Commune rurale de TIKO selon la délibération
n° 5 des 27 et 28 janvier 1984 de son Conseil municipal, ainsi que le dernier avertissement
avant poursuites délivré par le Trésor ; « Attendu qu'avant l'introduction de son recours
contentieux, l'intéressé a saisi le Ministre de l'Administration Territoriale d'un recours gracieux
préalable en date du 2 janvier 1985(...) Attendu que dans le cas d'espèce, la société requérante
devait adresser son recours gracieux au Maire de la Commune de TIKO, Attendu que du
dossier il ressort que par arrêté n° 126/A/MINAT/DCPC/SAF, l'article 3 de la délibération n°5
querellée instituant une redevance sur les transports de pierres a été abrogée ; que par la même
occasion le Ministre de l'Administration Territoriale a saisi celui des finances aux fins
d'annulation de la redevance litigieuse, dès lors le recours de la société RAZEL est sans objet et
non fondé ».
1357
Circulaire conjointe n° 2335/MINATD/MINFI du 20 octobre précitée, p. 44.
464
d'inspecteur des impôts1358. Une efficace fiscalisation du secteur informel ne
peut être faite qu'avec des agents qualifiés. Et on aurait pu penser que des
cadres du CEFAM1359, avec une formation réorientée en partie sur la fiscalité,
puissent être affectés à ces opérations. De même les méthodes cohérentes de
recherche et de gestion de l'information fiscale sur la matière imposable sont
nécessaires ; tout comme une nécessaire informatisation des services
municipaux chargés de la gestion de la fiscalité locale en général.
1358
Mentionner à l’art. 11 LPF.
1359
Centre de Formation du Personnel de l'Administration Municipale. « Certaines opérations
de contrôle peuvent être organisées conjointement par les services de l'Etat et des Communes,
après programmation concertée ».
1360
Circulaire n° 005/MINFI/DGI/LC/L du 31 décembre 2010 précisant les modalités
d'application des dispositions fiscales de la loi 2010/015 du 21 décembre 2010 portant loi de
finances de la République du Cameroun pour l'exercice 2011, p. 24.
465
contrôles conjoints concernent les taxes communales, avec pour finalité d'éviter
les doubles emplois, un excès de présence de l'Administration auprès des
contribuables et la synergie d'action ; la seconde circulaire pose plutôt comme
interprétation que les contrôles des impôts communaux et de la taxe sur le
développement local sont de la seule compétence des services fiscaux de l'Etat
et le contrôle des taxes communales est de la compétence exclusive des
communes. En conséquence les contrôles conjoints devraient faire l'objet d'une
programmation concertée et leur coordination doit revenir « à la structure
compétente », une structure qui n'est pas précisée. Il en est de même des
procédures applicables.
Une imprécision des procédures des contrôles conjoints
1361
Circulaire 005/MINFI/SGI/LC/L du 31 décembre 2010, op.cit., p. 24.
466
Cette imprécision amène le juge de l'impôt à ne pas être regardant sur
ces conditions de forme. Ce qui laisse les petits contribuables à la merci des
abus multiformes de l'Administration1362. En effet, ce silence du législateur
rappelle les méthodes coloniales, comme le rappelle les faits de l'arrêt du
Conseil du contentieux administratif dans l'affaire société DESROTOUR et
CHAFFANJON contre Administration du Territoire1363 où :
« Considérant que le 13 mai 1953 à Donala, l'agent vérificateur
assermenté des contributions directes NLIBA, agissant conjointement avec le
contrôleur de la mairie LEROY, procèdent à une vérification du magasin de la
société DESROTOUR et CHAFFANJON, que cette vérification donnait lieu à
un procès-verbal ;
Considérant que sur le vu de ce procès-verbal, le rôle supplémentaire
objet du présent recours était établi au motif que la société requérante avait
vendu des boissons à consommer sur place alors qu'elle n'été du titulaire que
d'une licence de boissons à emporter... ».
1362
NOUETSA (L.-H.), op. cit., p. 90.
1363
CCA, arrêt n° 324 du 10 décembre 1954, société DESROTOUR et CHAFFANJON contre
Administration du territoire.
467
Paragraphe II : La compétence des CTD dans le contentieux
fiscal local
468
La décision du chef de l'exécutif municipal est notifiée au contribuable
dans un délai de 30 jours à compter de sa saisine. Passé ce délai, le silence
gardé par cette autorité vaut décision implicite de rejet.
Bien qu'elle lui reconnaisse une compétence en matière de remise, de
modération des taxes communales en principal en cas de gêne ou d'indigence,
et la même compétence en cas de remise des pénalités résultant de l'assiette des
taxes communales, la législation fiscale n'a pas donné au chef de l'exécutif
municipal la compétence en matière de transaction, pour lui permettre de mettre
fin à un litige né ou même pendant devant les juridictions, concernant ces taxes
communales. Certes la transaction, par son pragmatisme, facilite le
recouvrement amiable des créances fiscales. Mais le fait de reconnaître en
même temps le pouvoir de remise et modération des pénalités minimise la
portée de la transaction.
469
La compétence des Collectivités locales dans le contentieux des taxes
communales
1364
Art. C l36 du CGI précitée.
1365
Voir développement antérieur.
470
et de 50% de la taxe contestée. Enfin, le silence gardé par le chef de l'exécutif
municipal pendant un délai de 15 jours à compter de sa saisine, vaut décision
implicite de rejet.
471
C’est tout autant le cas, même si la forme varie, pour les compétences
partagées, puisqu’elles réunissent les titulaires partiels d’une
compétence globale ou d’un bloc de compétence. Il s’agit en effet d’une
compétence fractionnée fonctionnellement entre plusieurs autorités
administratives nationales et ou locales, déconcentrées et ou
décentralisées. La préparation, la décision ou la mise en œuvre relève
alors d’autorités qui agissent par des actes juridiquement distincts, parce
qu’ils relèvent de la compétence d’un seul, mais des actes
interdépendants, soit parce qu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une même
procédure, soit parce qu’ils intègrent dans une seule et même opération
juridique.
1366
C’est encore une autre limite à l’extension de la compétence des CTD en matière fiscale.
472
Départementaux dont l'éloignement pourrait être préjudiciable à la célérité du
traitement de l'avis à transmettre au Préfet »1367.
1367
Circulaire conjointe n° 2335/MINATD/MINFI, op.cit., p. 46. Cette circulaire prévoit
même, en cas de difficulté sur l'avis à donner au Préfet, la transmission de dossier au Directeur
général des impôts.
1368
Art. C 139 (1) du CGI 2015.
473
Il y a dans la loi une incompréhension, car dans ses dispositions
actuelles, c'est la saisine du Préfet qui entraîne une décision du chef de
l'exécutif municipal après avis des services des impôts. Et c'est cette décision
explicite ou implicite qui vaut décision de l'autorité municipale et ouvre droit
au recours juridictionnel. Or, il peut arriver que le Maire ne soit pas informé de
cette saisine du fait des multiples administrations qui interviennent dans ce
processus.
474
1- La compétence des Collectivités dans le contentieux du
recouvrement des taxes communales
Le contentieux du recouvrement des taxes communales par le Receveur
municipal est le domaine dans lequel la législation fiscale camerounaise est
quasi muette. Aucune disposition particulière n'y est consacrée. Il faut donc se
baser sur la règle générale posée par l'article Cl36 du CGI qui précise juste que
« le recours contentieux des impôts locaux obéit aux règles et procédures
prévues par le Livre des Procédures Fiscales, sous réserve des dispositions
spécifiques régissant les taxes communales ». Et partir du constat qu'aucune
disposition particulière relative aux taxes communales ne prévoit les règles
concernant le contentieux de ces taxes communales, pour déduire que la
contestation des procédures mises en œuvre par le Receveur municipal et le
chef de l'exécutif municipal, obéit au régime général du Livre des Procédures
Fiscales. Une distinction doit donc être faite entre les règles de compétence
régissant le contentieux des mesures de recouvrement de droit commun et
celles régissant le contentieux des mesures particulières de recouvrement.
1369
ATANGA FONGUE, Contrôle fiscal et protection du contribuable dans un contexte
d’ajustement structurel : le cas du Cameroun, que sont la gestion de contrôle, le recouvrement
et le contentieux, Yaoundé - Cameroun, Harmattan, 2007, p. 2.
476
soumissionner aux marchés publics, la mise en fourrière des véhicules. Le
simple renvoi aux dispositions du LPF pour les règles qui gouvernent leur
contentieux est insuffisant en matière de fiscalité locale, en ce qui concerne
précisément les taxes communales. Le principe général est qu'il s'agit des actes
administratifs et que leur contentieux relève de la compétence du juge
administratif après une phase précontentieuse devant l'administration. Mais du
fait qu'il s'agit des actes posés par le chef de l'exécutif municipal et le Receveur
municipal, les formes et délais du recours précontentieux méritent d'être
précisés. Car l'absence de règle de compétence laisse la voie à des abus de
l'administration que le juge sanctionne en utilisant un pragmatisme dans
l'analyse des actes posés par l'administration.
1370
CS-AP, arrêt n° 68/A du 22 février, 2007, ENA MBALLA Hubert contre Communauté
Urbaine de Yaoundé.
477
Qu'approchée (...) la CUY indexée a dit procéder à l'assainissement de la voie
publique en vue du passage du cortège présidentiel en sortie officielle.
Qu'il va sans dire que (...) le recourant est victime d'une machination
ayant eu pour but de le déposséder de son camion (...) l'itinéraire qu'emprunte
le cortège présidentiel (...) ne peut, même par extraordinaire, (...) violer un
domicile privé assez éloigné de la voie publique. Que même si tel pouvait être
le cas, la réglementation en matière de police municipale exige (...) que le
propriétaire du véhicule encombrant soit sommé (...), soit informé une fois le
véhicule mis en fourrière afin qu'il le retire après paiement de l'amende y
afférente ...
Le recours de EN A MBALLA Hubert est recevable en la forme. Ledit
recours est fondé, l'acte incriminé est constitutif d'une voie de fait
administrative et non d'un acte administratif unilatéral. Le juge judiciaire est
compétent en la cause »1371.
1371
Dans le même sens, CS-AP, arrêt n° 10/A du 17 octobre 1988, MVE NDONGO, PGCS
contre NGABA Victor, cas dans lequel c'est le Préfet, autorité de tutelle, qui saisit les
marchandises pour le recouvrement des taxes, alors qu'il est manifestement incompétent en la
matière.
478
donne droit est le droit de fourrière. Toutefois, sa mise en œuvre doit respecter
les conditions bien précises que sont : les véhicules, objets ou animaux saisis
doivent se trouver sur la voie publique sans garde ou placés en infraction à la
réglementation de voirie. Les droits de fourrière ne peuvent être perçus que si la
commune assure effectivement la garde des animaux ou objets et véhicules
trouvés sur la voie publique. La municipalité doit sommer les propriétaires
d'enlever leurs biens, ou si cela n'est pas possible, leur notifier, au travers d'un
ordre de recette signé du chef de l'exécutif municipal, les amendes à payer pour
récupérer leurs biens. La vente des biens saisis doit intervenir, après une mise
en demeure, au terme d'un délai de 30 jours à compter du jour de la mise en
fourrière si le contrevenant n'a pas payé les droits de fourrière.
480
CONCLUSION
Nous avons dans le cadre de ce chapitre présenté les capacités des CTD
en matière de recouvrement et du contentieux de l’impôt local. Aussi, en
matière de recouvrement des taxes communales, la compétence incombe au
Receveur municipal après émission par les services d'assiette communaux.
Quant à la matière contentieuse, la compétence du chef de l'exécutif municipal
pour l'examen en premier recours des réclamations relatives uniquement aux
taxes communales, à l’exclusion de la taxe de développement local et des
impôts communaux. Par ailleurs, il convient de préciser que les Collectivités
territoriales décentralisées n'ont aucune compétence fiscale s'agissant des
impôts locaux, administrés et gérés par l'Etat, mais dont les recettes leur sont
simplement affectées.
481
CONCLUSION DU TITRE I
1372
GAUDAL (S.) et ROBBE (F.), Les relations entre Collectivités territoriales, Paris,
Harmattan, p. 211.
482
l’autonomie de décision de gestion des Collectivités territoriales leur garantisse
une autonomie financière qui serait renforcée par une plus grande autonomie de
décision fiscale.
483
TITRE II :
LE TRANSFERT DES RESSOURCES NON
FISCALES
484
Les concours financiers de l'Etat se répartissent, du point de vue de la
maîtrise des flux, entre ceux qui sont de véritables subventions aux
Collectivités locales, et ceux qui s'analysent comme des compensations à des
transferts de charges ou de compétences.
La réforme constitutionnelle du 18 janvier1996 a fait renaître un
principe constitutionnel. Aussi, elle a introduit dans le cadre de l’article 55 que,
désormais les Collectivités territoriales décentralisées disposent des ressources
dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi.
1374
L’article 22 de la loi d’orientation de la décentralisation au Cameroun précise quant à lui
que les ressources des Collectivités locales proviennent des dotations.
1375
En Côte-d’ivoire, les articles 86, 90, 93 et 94 prévoient pour les Collectivités diverses aides
de l’Etat qui sont la dotation globale de fonctionnement, la dotation générale de
décentralisation, la subvention d’équilibre, en cas de nécessité et la subvention d’équipement
pour la réalisation des programmes de développement.
1376
Au Gabon, selon les articles 150 et 155 de la loi organique sur la décentralisation, les
concours financiers peuvent prendre la forme de dotation globale de fonctionnement, de
dotation d’équipement et de subventions diverses.
1377
L’article 248 de la loi portant code des Collectivités locales au Sénégal dispose de son côté
que les recettes ordinaires des Collectivités locales proviennent, entre autres, de la répartition
annuelle du fonds de dotation des Collectivités locales.
485
l’attribution de ressources équivalentes …». Cet article consacre donc un
principe de compensation financière. Un droit à compensation a donc ainsi été
créé et une interrogation sur la nature juridique des compensations financières.
C’est aussi un nouveau catalyseur de l’autonomie financière des Collectivités
en ce qu’elle fortifie cette autonomie. Ainsi, la Constitution pose le principe de
l’opération blanche1378. Elle est constituée en dehors des dotations, des dongs
et des legs (chap. I).
1378
REGOURD (S.), CARLES (J.), GUGNARD (D.), Reforme et mutation des CT, Paris,
Harmattan, 2012, p. 232.
486
CHAPITRE I :
LES RESSOURCES NON FISCALES
DEFINITIVES
1379
ESSONO OVONO (A.), L’autonomie financière des Collectivités locales en Afrique noire
francophone. Le cas du Cameroun, de la Côte-d’ivoire, du Gabon et du Sénégal, Faculté de
droit et des sciences économiques de Libreville, CERDIP, 2013, p. 22.
1380
ROUX (A.), « L’autonomie financière des Collectivités territoriales dans les constitutions
européennes », Mélanges en l’honneur de J. Gicquel. Constitutions et pouvoirs, Paris,
Montchrestien, 2008, p. 483.
487
L’article 9, alinéa 2, de la Charte européenne de l’autonomie locale
dispose ainsi que « les ressources financières des Collectivités locales doivent
être proportionnées aux compétences prévues par la constitution ». Le
constituant français a, dans ce sens, précisé que « tout transfert de compétences
entre l’Etat et les Collectivités territoriales s’accompagne de l’attribution de
ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice. Toute
création ou extension de compétences ayant pour conséquence d’augmenter les
dépenses des Collectivités territoriales est accompagnée de ressources
déterminées par la loi »1381.
Dans les Etats d’Afrique noire francophone, la constitution ou la loi a
posé le principe de compensation financière des transferts des charges
financières aux Collectivités territoriales. la loi portant code des Collectivités
locales du Sénégal1382 dispose que « tout transfert de compétence à une
Collectivité doit être accompagné du transfert concomitant par l’Etat à celle-ci,
des ressources et moyens nécessaires à l’exercice normal de
cette compétence ». Au Cameroun1383, la loi d’orientation de la décentralisation
est plus explicite encore puisqu’elle affirme que « les charges financières
résultant, pour chaque région ou commune, des transferts de compétences,
font l’objet d’une attribution par l’Etat de ressources d’un montant au
moins équivalent aux dites charges ». L’article 233 de la loi organique
relative à la décentralisation au Gabon l’énonce aussi très clairement 1384. Par
ailleurs, lors du sommet Africités qui s’est tenu à Windhoek en Namibie en mai
2000, les Ministres chargés des Collectivités locales et des finances des Etats
africains ont, dans une déclaration, reconnu la nécessité de transférer aux
1381
Article 72-2, alinéa 4 de la Constitution.
1382
Article 5 de la loi portant code des Collectivités locales du Sénégal.
1383
l’article 25 de la loi d’orientation de la décentralisation précitée.
1384
En précisant que« le transfert de compétences s’accompagne du transfert de ressources
correspondantes ».
488
Collectivités locales les ressources financières nécessaires pour qu’ « elles
exercent effectivement, volontairement et rationnellement leurs compétences ».
Les transferts financiers de l’Etat aux Collectivités locales peuvent
prendre plusieurs formes : dotations générales pour contribuer au
fonctionnement des Collectivités locales (section II) ; fonds de concours pour
participer au financement ciblé sur certains investissements1385 ou au soutien à
certaines politiques ; subventions d’équilibre pour contribuer à l’équilibre des
budgets des Collectivités locales (section I). Ces différentes modalités dont le
but est d’amener les CTD à gérer elles-mêmes leurs affaires, seront tour à tour
analysées1386.
1385
Ce sont des subventions spécifiques.
1386
C’est également suivant cette orientation que le législateur a mis en place des moyens de
péréquation entre les Collectivités locales pour corriger les déséquilibres qui peuvent se
développer du fait des dotations différenciées entre Collectivités locales en termes de
potentialités naturelles, économiques ou humaines.
489
Section I : Les subventions
1387
FREVILLE (L.Y.), Recherches statistiques sur l’économie des finances locales, thèse
RENYES, 1966, p. 351.
490
A)- L’origine interne et emploi de la subvention
1388
BOULOUIS (J.), Essai sur la politique des subventions administratives, 1951, p. 5. Il ajoute
qu’« il serait pour le moins téméraire d’en vouloir donner une définition plus précise, aucune
définition n’étant capable d’en faire apparaître ; même en quelques phrases tous les aspects».
1389
Rapport sur la modernisation de l’administration territoriale, MINATD, août 2008, p. 5.
1390
DE SAVIGNY (J.), L’Etat contre les Communes. CNRS, 1971, p. 155.
491
sait s’assurer du bon emploi des subventions qu’il verse et vérifie si cette
Collectivité a réellement besoin des fonds ». Tant il est que la subvention n’est
pas toujours considérée comme un don, comme une participation à une œuvre
d’intérêt général.
1391
MAITROT (C.), op. cit., p. 197.
1392
Cf. La loi n° 2009/011 du 10 juillet précitée.
492
apparaissent comme un remède au déséquilibre financier des Collectivités
locales1393. Elles permettent également une répartition des ressources entre des
Collectivités, qui sont sur ces plans en situations très inégales. C’est aussi un
fonds de compensation. Grâce à un fonds de compensation, elles peuvent
obtenir le remboursement partiel des dépenses dans l’intérêt de l’Etat à revoir
un système de fonds commun1394 (…), c’est une part de participation aux
dépenses d’intérêt général qu’elles effectuent en particulier en matière
d’enseignement. Dans le contexte camerounais il faut noter que contrairement à
de nombreuses affirmations, les subventions de fonctionnement deviennent un
élément non négligeable des ressources communales. De principe, elles
couvrent purement et simplement le déficit des Collectivités.
1393
Dans la période antérieure à la guerre mondiale, l’Etat n’accordait des subventions aux
Collectivités locales que dans des buts précis et pour des objets intéressant à la fois l’Etat et ses
Collectivités locales. En revanche, après 1918, on assiste en raison de l’extension de la notion
d’intérêt générale et du fait des circonstances économiques et sociales, à l’accroissement du
nombre des subventions ainsi qu’à l‘augmentation de leur montant. A la veille de la seconde
guerre mondiale, à l’institution des subventions dominent les finances locales.
1394
Cf. Statut du FEICOM.
493
Les subventions externes proviennent de la coopération décentralisée
des communes des Etats différents.
2- Le truchement du FEICOM
L’Etat est garant de ses populations. Aussi au plan international une
Collectivité ne peut agir seule, ne disposant d’aucune souveraineté. Elle prend
la forme d’une aide publique au développement et nécessite par conséquent un
regard encadreur de l’Etat1396.
1395
Les projets liés à l’éducation et à la construction des hôtels de ville ont, à eux seuls,
engloutis environ 45% de l’enveloppe globale des investissements, soit environ 51,6 milliards
de francs Cfa.
1396
DEVARAJAN ET SWAROOP (1998) montrent comment l’aide publique au
développement (APD), même destinée à des projets précis, peut financer indirectement d’autres
activités dans les cas où l’Etat aurait de toute façon exécuté le projet en question, l’APD ayant
pour effet de libérer des ressources publiques qui peuvent être utilisées autrement.
494
La loi de juillet 2009 traduit cet appui financier comme non
remboursable. Il est alloué par l'Etat ou toute autre institution à des communes.
Cette somme peut être mise à la disposition du FEICOM à charge de la
reverser, à une commune ou à un groupement de communes expressément
désigné pour des opérations précises1397.
1397
Art. 2 du Code d’intervention du FEICOM du 16 novembre 2007.
1398
MAITROT (C.), La notion d’autonomie…, op. cit., p. 56.
1399
Ibid.
495
subvention comme garantie de l’autonomie des Collectivités tient à la
définition de ce concept. L’évolution de l’utilisation de celui-ci pourrait faire de
lui un moyen de pression de celui qui subventionne sur les subventionnés.
1- L’uniformisation
1400
MAITROT (C.), La notion d’autonomie…, op. cit.,p. 57.
496
certaine mesure, à assouplir la gestion des services publiques (…) en
permettant l’application généralisée des règles établies par les administrations
centrales, le système de subvention revient à la rigidité que l’on se proposait
précisément de palier »1401. Ce sont des libertés broyées par l’engrenage
bureaucratique.
1401
BOULOIS (J.), op. cit., p. 155.
1402
Ibid., p. 312.
497
la liberté budgétaire des Collectivités, sans que leur interdépendance
traditionnelle ait été âprement atteinte.
1403
Art. 17, Loi n° 2009/ 011 du 10 juillet 2009 précitée.
1404
PAVIA (M.-L.), Les transferts…, op. cit., p. 65.
1405
PUGET (M.A), op. cit.
1406
Revue Administrative n° 4, p. 11. Rapport sur les relations entre le pouvoir central et les
pouvoirs locaux.
1407
MOULIN (J.), Les citoyens au pouvoir, Paris, LGDJ, 1968, p. 57.
498
opération qu’elle refixerait quand bien même elle s’octroie souvent le droit
d’orienter le choix de la subvention.
En plus d’un partage confus des pouvoirs qui entraîne l’émiettement des
responsabilités, les Collectivités locales connaissent un handicap qui n’est pas
de moindre importance, le manque de financement rend plus difficile la
réalisation d’initiative et de projet pour certains auteurs, le transfert de
compétence s’effectue dans les conditions telles qu’elles ne peuvent être
exercées que de manière imparfaite, c’est le sens de la déclaration de MAZEK
pour qui les compétences sont partielles, tronquées matériellement et surtout
financièrement, ce qui entraîne nécessairement une intervention induite de
l’Etat1409.
Pour la doctrine l’un des moyens les plus puissants à travers lesquels
l’Etat s’assure d’instrument d’orientation des choix des pouvoirs décentralisés
est celui des prêts et des subventions. En effet, sachant que la majorité des
Collectivités camerounaises appellent à des subventions d’équilibre, en fin de
1408
MAZEK (J.-A.), La Région espace du pouvoir, op. cit., p. 248.
1409
Ibid., p. 248.
1410
TARIK (Z.), La coopération décentralisée…,op. cit., p. 180.
499
chaque exercice budgétaire, on peut mesurer l’ampleur des interventions des
pouvoirs centraux dans la gestion des affaires locales. La subvention constitue
un puissant moyen de pression de l’Etat sur les CTD, étant donné d’une part
que leur octroi conditionne le recours à l’emprunt et d’autre part leur attribution
se fait dans l’objectif d’obtenir la participation ou l’adhésion à des actions
décidées au niveau central.
1411
DESCHEMACKER (Ch.) et VOYELLE, Les finances locales, Collectivités locales, 6e éd.,
Paris, LGDJ, p. 83 ; P.REYNE (B.-A.), avec la collaboration de BAYNAUD (J), les risques de
la gestion financière des Collectivités locales, éd. DEXIA, Paris, Collectivité actuelle locale,
p. 20.
1412
HAURION (M.), Précis de Droit administratif et de droit public, op. cit., p. 67.
1413
BOULOIS (J.), op. cit. , p. 70.
500
Elle est quelle que soit ses formes, par son esprit et par ses règles
d’attribution, la négation même de l’autonomie financière comme le notait un
auteur français « de la subvention à la subordination, il n’y a même pas un
pas »1414.
1- Les autorités
1414
CHANDEAU (P. M.), « De la subvention à la subordination », revue des Collectivités
locales, p. 845 nov, cité par MAITROT (J-C), th. de doctorat, La notion d’autonomie
financière, op. cit., p. 188.
501
et de creuser l’écart entre communes riches et communes pauvres. Les
communes urbaines apparaissent alors comme les monitrices des travaux
publics.
1415
MAITROT (C.), Th. de doctorat, La notion…, op. cit., p. 157.
502
certaines hypothèses fixé dans d’autres variables. Dans l’hypothèse de la
variation, celle-ci s’apprécie sur des bases très diverses établies soit d’après des
valeurs financières ou fiscales1416, soit d’après des éléments physiques, souvent
les deux à la fois exemple. Les élus locaux doivent donc se conformer aux
règles qui leur sont prescrites, ils doivent respecter les procédures différentes
d’établissement d’un dossier. Observer des modalités d’exécution diverses.
Cependant, la plupart d’entre elles, ne disposent pas d’un personnel
suffisamment formé, le recours aux services techniques de l’Etat est
pratiquement obligatoire.
1416
Prix de l’eau du m2
1417
MAITROT (C.), La notion d’autonomie …, op. cit., p. 204.
1418
PALLEZ et FOUQUET, « La reforme des finances locale », Bulletin S.E.D.E.J.S , p. 546,
p. 105, cité par MAITROT (C.), Ibid.
1419
Budget Programme, le principe de l’affectation budgétaire.
503
modulation entraîne une grande complexité et continue à enlever aux
Collectivités la responsabilité financière des opérations entreprises. Aussi on
s’acheminerait vers une voie moyenne qui consisterait dans l’octroi à côté du
« diabolique système de subvention affectée » d’une subvention d’équipement
globale et complémentaire.
1420
V. Dictionnaire Oxford 2012.
504
fiscal, par exemple, ne sont pas nécessairement les bénéficiaires ultimes de la
politique.
1421
Voir, par exemple, l’affaire Canada – Produits laitiers, paragraphes 104, 107 et 108 du
rapport de l’Organe d’appel, où est citée la définition du mot « paiement » (figurant à l’article
9:1 c) de l’Accord sur l’agriculture) selon l’Oxford English Dictionary, à savoir : «
rémunération d’une personne par de l’argent ou son équivalent»
1422
Ces effets indirects peuvent être voulus ou non par les pouvoirs publics. Plus un programme
est conçu de façon spécifique, plus il y a de chance que le bénéficiaire voulu (objectif) et le
bénéficiaire réel (effet) coïncident. Mais il n’est pas toujours aisé de concevoir des programmes
bien ciblés. La littérature donne de nombreux exemples de programmes de subventions qui ont
des effets secondaires involontaires. Adams (2000), par exemple, explique qu’en ciblant de
façon incorrecte les produits inférieurs, les subventions alimentaires destinées à aider les
pauvres peuvent profiter en partie aux personnes à haut revenu du fait qu’elles libèrent des
fonds pour d’autres usages.
505
imposent des coûts aux mêmes « acteurs » sous forme de taxes ou de
règlements contraignants pour l’activité privée. De nombreux services publics
tels que l’infrastructure routière sont financés par les taxes payées par les
usagers, en l’occurrence sous la forme de taxes indirectes sur les automobiles et
de péages routiers. La fourniture d’infrastructures routières ne devrait donc pas
être considérée comme une subvention dans son intégralité, mais elle peut
contenir un élément de subventionnement qu’il est généralement difficile de
mesurer. Certains programmes de subventions semblent même être conçus pour
compenser les distorsions créées par d’autres interventions des pouvoirs
publics. Dans de nombreux pays, par exemple, l’épargne inférieure à un certain
seuil est exonérée d’impôts.
506
Selon les contextes, de nombreux programmes publics peuvent être
considérés comme des subventions. Pour simplifier les choses, ces programmes
peuvent être classés en au moins trois catégories : premièrement, les pouvoirs
publics peuvent transférer des fonds aux producteurs ou aux consommateurs, ce
qui se traduit par des dépenses budgétaires directes ou potentielles, ou bien ils
peuvent user de leur pouvoir pour ordonner à des entités privées d’effectuer un
transfert. Les transferts directs, comme les bourses de formation ou les
allocations familiales, entrent dans cette catégorie. L’octroi de garanties de prêt
est un exemple de dépense potentielle. Il peut aboutir ou non à un versement
effectif, mais, même en l’absence de versement, une garantie officielle réduit
artificiellement le risque de défaut de paiement des acheteurs potentiels et
entraîne une consommation qui n’aurait pas lieu sans cela. Si les pouvoirs
publics ordonnent à une banque privée d’accorder des prêts à des taux
préférentiels à certaines entités privées, cela n’occasionnera pas de dépense
publique. Pourtant, on peut y voir un transfert public, car cette mesure n’aurait
pas eu lieu sans l’intervention des pouvoirs publics et l’effet est le même que si
les pouvoirs publics avaient directement accordé le prêt à un taux
préférentiel1423.
Il serait pour le moins téméraire d’en vouloir donner une définition plus
précise, aucune définition n’étant capable d’en faire apparaître, même en
quelques phrases, tous les aspects1424. Les subventions sont une « une somme
d’argent versée par une Collectivité publique supérieure, généralement l’Etat a
une Collectivité inférieure ou secondaire pour lui permettre de pouvoir aux
charges des services publics dont elle assure la fonction »1425.
1423
V. Steenblik (2003), p. 4. Par exemple, Freinkman et al. (2003).
1424
BOULOIS (J.), Essai sur la politique …, op. cit. , p. 5.
1425
Ibid.
507
Section II : Les dotations et les autres sources de compensation
1426
BOUVIER (M), Finances locales…, op cit, p.129. En effet en France, on assiste à une
disparition progressive de l’impôt local au profit des dotations spécifiques. Elle amoindrit à
notre sens l’autonomie des CTD.
1427
Ibid., p. 150.
1428
Ibid., p. 151.
1429
Ibid., p. 152.
508
A)- L’objet des dotations : le financement partiel de la
décentralisation
1430
Rapport sur la modernisation de l’administration territoriale, MINATD, août 2008, p. 5.
1431
Art. 2 du décret du 5 aout 2009 fixant les modalités d’évaluation et de répartition de la
dotation générale de la décentralisation.
1432
Ibid.
509
transfert des ressources correspondantes1433, qu’il s’agisse de taxes ou de
dotations de décentralisation.
1433
Art. 52 (3) de la loi constitutionnelle de 1996 précitée.
1434
Art. 24 (1), Les charges correspondant à l'exercice des compétences transférées font l'objet
d'une évaluation préalable au transfert desdites compétences. Loi n° 2004/017 du 22 juillet
2004.
1435
Art. 24 al.1, Ibid.
1436
HOUSER (M.), « Le contrôle des compensations dans la jurisprudence du Conseil
constitutionnel », op. cit., p. 13.
510
modifications postérieures de la nature d’une compétence par le législateur. En
effet, au terme de la loi de 2004 il ressort que, toute charge nouvelle incombant
aux Collectivités territoriales en raison de la modification par l’Etat, par voie
réglementaire des règles relatives à l’exercice des compétences transférées doit
être compensée par versement approprié à la dotation générale de la
décentralisation ou par d’autres ressources fiscales, suivant les modalités
définies par la loi. L’acte réglementaire quant à lui devant faire mention des cas
où l’insuffisance des ressources financières des Collectivités territoriales
pourrait compromettre l’exécution des missions de service public, l’Etat pourra
donc intervenir par l’octroi des dotations spéciales aux Collectivités1437. En
France, la compétence obligatoire ne se définit pas par rapport à la notion de
dépense obligatoire.
En effet, la compensation doit être intégrale, les ressources
transférées doivent être équivalentes aux dépenses exposées par l’Etat au titre
de la compétence transférée1438. Elle doit donc être conforme à la règle de
l’autonomie financière, c'est-à-dire s’opérer à titre principal, par l’attribution
des ressources fiscales.
La compensation doit être concomitante et sincère. Tout
accroissement des charges résultant du transfert de compétence doit être
accompagné du transfert concomitant des ressources nécessaires à l’exercice de
ces compétences.
Les charges financières résultantes pour chaque Collectivité, des
transferts de compétences, font l’objet d’une attribution par l’Etat des
ressources au moins équivalentes aux dites charges. Elles sont au moins
équivalentes aux dépenses effectuées par l’Etat pendant l’exercice budgétaire
précédent immédiatement la date du transfert de compétences1439. Pour une
1437
Art. 24 al. 2 et al. 3 de la loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 op. cit.
1438
PAVIA (M.-L.), op. cit., p. 31.
1439
Art. 25 de la loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 op. cit.
511
partie de la doctrine la compensation rapporte moins que la fiscalité car cette
dernière est maîtrisable1440.
1440
PAVIA (M.-L.), Les transferts…, op. cit., p. 49.
512
auprès des établissements. L’objectif serait certainement de contrôler l’emploi
auxquels les ressources correspondantes sont destinées. Un arrêté conjoint des
Ministres chargés des finances, des investissements et du Ministre chargé des
Collectivités territoriales porte déblocage des fonds visés à l'article. Il précise le
montant affecté à chaque Collectivité territoriale décentralisée bénéficiaire.
1441
Art. 11, Décret n° 2009/248 du 5 août 2009 fixant les modalités d’évaluation précitée.
1442
Art. 15 de la loi n° 2009/011 du 10 juillet précitée.
1443
Ibid., Art. 16.
1444
Ibid., Art. 17.
514
des transferts dans une perspective, non seulement d’équité territoriale, mais
aussi d’aménagement du territoire. En effet, dans un contexte de mobilité
géographique des ménages et des entreprises, même après des réformes
adéquates de la fiscalité locale et/ou des circonscriptions fiscales, une
redistribution des ressources publiques entre Collectivités peut s’avérer
désirable. Le contexte politique camerounais du cumul des mandats interdit
d'envisager une délocalisation autoritaire de l’impôt. La démarche doit donc
reposer sur la coopération. Dans cette perspective, la réorientation des dotations
nationales serait particulièrement utile voire indispensable pour soutenir un
programme de généralisation de la taxe de développement local.
1445
Ibid., Art. 13.
515
Dotation générale d’investissement selon les divers emplois est aussi fixée
annuellement par décret du Premier Ministre.
1446
ESSONO OVONO (A.), L’autonomie financière des Collectivités locales en Afrique noire
francophone. Le cas du Cameroun, de la Côte-d’ivoire, du Gabon et du Sénégal, CERDIP,
2014. Gabon, par exemple, l’article 237 de la loi organique relative à la décentralisation
énumère pas moins de vingt domaines à transférer aux Collectivités locales, allant de
l’aménagement du territoire, de l’action sociale, en passant par les transports, la jeunesse et
l’agriculture. Cependant, les Collectivités locales ne peuvent exercer ces compétences en
l’absence de ressources financières. Au Sénégal, l’article 25 de la loi portant code des
Collectivités locales fixe les compétences des régions : la promotion du développement
économique, éducatif, social, sanitaire, culturel et scientifique, la réalisation des plans
régionaux de développement et l’organisation de l’aménagement du territoire.
1447
L’article 88 du code des Collectivités locales sénégalais, quant à lui, énumère les
compétences des Communes en disposant que la Commune « intervient plus particulièrement
dans le domaine de la planification et la programmation du développement local ». Mais dans
ce cas aussi, les charges transférées aux Collectivités locales n’ont pas été compensées par des
ressources nouvelles équivalentes. Il faut en outre ajouter que les Collectivités locales n’ont pas
toujours bénéficié dans ces pays du transfert de moyens humains nécessaires pour exercer leurs
compétences. Elles doivent souvent recruter des personnels pour assumer les compétences
dévolues par l’Etat.
516
centralisation de la programmation des investissements et des opérations
financières est en porte-à-faux avec la multiplication des centres de décision en
matière d’investissements et de dépenses publiques locales qu’implique la mise
en œuvre des politiques de décentralisation.
517
a- Difficultés liées à l’absence d’une tradition de l’évaluation
des politiques publiques
L’absence d’une culture de l’évaluation des politiques publiques ne
permet pas de mesurer correctement le coût des transferts des compétences, ni
même d’avoir cette préoccupation.
Peu de pays disposent d’une évaluation des coûts des différents services
aux populations, et peu d’entre eux ont conduit une réflexion sur la répartition
de ces coûts entre les principaux acteurs (Etat, Collectivités locales,
bénéficiaires, etc.). Dans la plupart des cas, la décentralisation se fait en
« aveugle » car on ne dispose généralement pas d’éléments chiffrés pour le
calcul des transferts financiers. Pour arriver à se donner les moyens d’une
décentralisation effective, il est nécessaire de procéder à une revue des
politiques sectorielles en vue de leur inscription sur le territoire, et de la
valorisation corrélative de leur territorialisation.
1448
YATTA (F.P.), La décentralisation financière en Afrique : Succès, Problèmes et
Contraintes, mai 2000, Windhoek, p. 9.
1449
Ibid., p. 9.
519
2- Les insuffisances des ressources (le principe de compétences
compensées)
520
situation n’est pas en faveur d’un partage des ressources avec les Collectivités
locales.
1450
GAUDAL (S.) et ROBBE (F.), Les relations entre Collectivités territoriales, op. cit., p.
215.
1451
Art. 15 et ss., Art. 15 de la loi n° 2009/011 du 10 juillet précitée.
1452
Par arrêt du 21 décembre 2007, (Rapport de M. Falcone Conseiller rapporteur et Avis de
M. Sarcelet, Avocat général - BICC n° 681 du 1er mai 2008), la Chambre mixte de la Cour de
cassation a jugé que « L'acceptation d'une donation dans les formes prescrites par les articles
932 et suivants du code civil n'est exigée que pour la donation passée en la forme authentique et
peut résulter de l'attribution du bénéfice du contrat d'assurance-vie » et qu' « un contrat
d'assurance-vie peut être requalifié en donation si les circonstances dans lesquelles son
bénéficiaire a été désigné révèlent la volonté du souscripteur de se dépouiller de manière
irrévocable ».
521
Le don peut revêtir plusieurs formes. Il peut être conjonctif, c’est le cas,
lorsque pour éviter les conflits transgénérationnels, il est consenti à des enfants
issus de lits différents1453.
Le legs, quant à lui, parce qu’il est destiné à gratifier une personne qui
ne sera effectivement titulaire du bien ou du droit transmis qu’après le décès du
donateur, doit être inclus dans des dispositions testamentaires. Sa validité est
subordonnée à la rédaction d’un acte établi dans les formes prévues pour les
dispositions dites « à cause de mort ».
1453
Il n’y a de donation-partage que dans la mesure où l’ascendant effectue une répartition
matérielle de ses biens entre ses descendants. Quelque soit la qualification donnée par les
parties, l'acte litigieux, qui n'attribue que des droits indivis aux gratifiés, ne constitue pas une
donation-partage. A défaut de répartition de biens divis l’acte s’analyse en une donation entre
vifs ayant pour effet de faire sortir les biens du patrimoine des donateurs et de créer une
indivision conventionnelle entre les donataires à laquelle il peut être mis fin dans les conditions
prévues par l'article 1873-3 du code civil. (1ère Chambre civile, 6 mars 2013, pourvoi n° 11-
21892, BICC n° 785 du 1er juillet 2013 et Legifrance).
522
D’une manière générale, toute personne peut faire, entre ses héritiers
présomptifs, la distribution et le partage de ses biens et de ses droits. Cet acte
qui peut se faire sous forme de donation-partage ou de testament-partage, est
soumis aux formalités, conditions et règles prescrites pour les donations entre
vifs dans le premier cas et pour les testaments dans le second. Les donations ou
les donations-partage doivent recevoir une interprétation stricte. Ainsi, une
donation-partage ne portant que sur les droits d'associés eux-mêmes, sans autre
précision, ne peut s'étendre en l'absence de clause particulière, au solde
créditeur du compte-courant du donateur. Le juge ne peut retenir que ce solde
ait été transféré aux bénéficiaires de la donation au moyen d'une écriture
comptable passée sur ordre du gérant de la société sans opposition de l'associé
donateur, sans constater en même temps que le donateur avait expressément
consenti à la cession du solde du compte courant.
523
autre service, sans qu’il y est pour autant mutation des propriétés, ni
déclassement pour les biens du domaine public1454.
L’acceptation quant à elle, doit être faite sans retard et autant que
possible dans l'acte même qui constitue la donation. Dans le cas contraire, elle a
lieu par un acte séparé, également authentique, et doit être notifiée au donateur,
conformément aux dispositions de la législation en vigueur fixant les
obligations civiles et commerciales.
1454
GAUDAL (S.) et ROBBE (F.), Les relations entre les Collectivités territoriales, Paris,
Harmattan, 2009, p. 143.
1455
Art. 44 al. 1 de la loi portant régime financier des CTD précitée.
1456
Art. 45 al. 1 de la LOD précitée.
1457
Ibid., Art. 43 al. 1.
524
Lorsque le produit de la libéralité ne permet plus d’assurer des
charges, un arrêté du Ministre chargé des Collectivités territoriales peut
autoriser la Collectivité territoriale concernée à affecter ce produit à un autre
objet conforme aux intentions du donateur ou du testateur.
1458
MARTINEZ (J.C.), L’autonomie financière térritoriale, un paradigme planétaire revisitée,
Paris, Harmattan, 2014, p. 41.
1459
BOUVIER (M.), Les finances locales, op. cit., p. 156.
526
2- Les produits du domaine public
Les Collectivités territoriales peuvent tirer certaines ressources du
domaine public. Ces dernières constituent exclusivement des produits
d'exploitation dans la mesure où le domaine public est réputé inaliénable. Ces
recettes découlent soit d'autorisations d'occupation du domaine public (pour la
distribution d'électricité ou de gaz, pour les transports ou le stockage souterrain
d'hydrocarbures, le stationnement des taxis, l'occupation des trottoirs par les
terrasses des cafés ...), soit de permissions de voirie (postes d'essence,
kiosques).
527
CONCLUSION DU CHAPITRE I
528
CHAPITRE II :
L’EMPRUNT UN MOYEN
D’AMELIORATION DES RESSOURCES
FINANCIERES DES COLLECTIVITES
1460
BOUVIER (M.), Les finances locales, op.cit., p. 197.
1461
Ibid.
529
Section I : Une liberté de gestion de l’emprunt locale encadré
1462
Ibid., p.198.
530
1- Le pouvoir de délibération des CTD dans les cas
d’emprunt intérieur
Les emprunts intérieurs1463 sont autorisés par délibération de l’organe
délibérant, soumis à l’approbation de l’autorité de tutelle compétente. Ils sont
destinés en priorité au financement des investissements. La délibération y
afférente fixe le montant de l’emprunt. Sont interdits, les emprunts contractés
auprès des personnes physiques ou morales ayant un lien direct ou indirect avec
la Collectivité territoriale.
Sur le plan interne la banque compétente est le FEICOM. Elle intervient
par concours financiers au profit des Communes ou de leurs groupements sur
les projets sociaux ; les projets d’équipements collectifs ; les projets
d'équipements marchands ; les projets d’équipements utilitaires ; les prêts au
fonctionnement1464. Le prêt accordé par cette banque varie suivant qu’ils
s’agissent des projets générateurs de revenu ou non.
La structuration des projets sociaux générateurs de revenu, est de 30% à
emprunter. Les frais financiers sur le prêt sont de 6% et la durée de
remboursement du prêt ne peut excéder 10 ans1465.
Les projets d'équipements collectifs générateurs de revenu quant à
eux1466, sont financés en totalité par le prêt. Les frais financiers sur le prêt étant
de 7% et la durée de remboursement du prêt ne pouvant excéder quatre (04)
ans1467. S’agissant des projets non générateurs de revenu, le prêt est de 30%.
1463
Art. 22 de la loi du 10 juil. 2009 précitée.
1464
Art. 5 du Code d’intervention du FEICOM.
1465
Ibid., Art. 18.
1466
Ce sont les bâtiments abritant les services locaux ; les équipements culturels et l’art. 8 : Les
Projets d'Equipements Utilitaires sont les véhicules de liaison ; les petits équipements ruraux ;
les camions ; les engins de travaux publics et agricoles.
1467
Art.17, Code d’intervention du FEICOM.
531
Les frais financiers sur le prêt sont de 6% et la durée de remboursement du prêt
ne peut excéder 10 ans1468.
La structuration des prêts au fonctionnement non générateurs de revenus
est de 100%. Les frais financiers sur le prêt sont de 9% et la durée de
remboursement du prêt ne peut excéder deux (02) ans1469.
Pour les projets d’équipements marchands que sont les marchés ; les
gares routières, les auberges municipaux, les abattoirs, les salles des fêtes, Les
unités de transformation agricoles, les lotissements, les forêts communales, la
construction de logements. Le prêt est de 60%. Les frais financiers sur le prêt
sont de 6% et la durée de remboursement du prêt ne peut excéder 10 ans.
Le contrat des emprunts intérieurs quand bien même il présenterait
l’avantage d’être de l’initiative de l’exécutif communal, il a l’inconvénient de
n’être un contrat d’adhésion, les modalités étant définies à l‘avance. les CTD ne
peuvent émettre des obligations, elles sont soumises aux règles de
l‘emprunteur.
La politique bancaire du FEICOM d’accorder aux CTD des prêts à taux
fixe et à anuité constante, est un procédé simple et facile à gérer. Un tel
mécanisme est particulièrement avantageux en période d’inflation et s’avère
inadapté dans un environnent marqué par la désinflation et par des variations
des taux beaucoup plus fréquentes1470. Elles pourraient, suivant les variations,
obérer, très lourdement les budgets locaux.
Les propositions financières du FEICOM doivent être plus sophistiquées
c’est-à-dire, exiger un plus grand professionnalisme car beaucoup plus
risquées.
1468
Ibid., Art. 21.
1469
Ibid., Art. 22.
1470
BOUVIER (M.), Finances publiques, op. cit., p. 207.
532
2- L’emprunt extérieur
1471
Art. 22 de la loi portant régime financier des CTD précitée.
533
autant, le principe de libre administration des Collectivités territoriales ne
s’oppose pas à ce que les actes des Collectivités territoriales fassent l’objet d’un
encadrement administratif, par exemple, celui du contrôle de légalité. Dans sa
version actuelle issue du décret n° 2006-975 du 1er août 2006, le code des
marchés publics dispose en son article 3(5) que sont exclus de l’application du
code, les emprunts souscrits par des pouvoirs adjudicateurs. Les Collectivités
territoriales ne sont donc pas tenues de respecter le code des marchés publics
lorsqu’elles empruntent. Pour autant, le souci de bonne gestion des deniers
publics devrait les conduire à mettre systématiquement en concurrence les
prêteurs.
1472
Art 24(1) du C.I.F.
534
faisabilité réalisée par la Commune ou par le groupement démontrant l'intérêt
du projet.
Toutefois, le Ministre chargé des Collectivités locales peut accorder à
une Commune n'ayant pas trois (03) ans d'existence une dispense de
présentation desdits comptes1473.
Pour les projets générateurs de revenus, le dossier doit comporter outre
les pièces déjà présentées, un compte d'exploitation prévisionnel du projet
élaboré suivant le modèle à retirer auprès des agences régionales du
FEICOM1474.
Concernant les projets de bâtiments sociaux collectifs ou de fonction, la
situation juridique du terrain pour les travaux neufs ou le titre de propriété pour
les travaux d’extension et de réhabilitation ; le dossier complet d’avant projet
comprenant les devis descriptifs et estimatifs des travaux, les plans
architecturaux et de structures, la note de calcul. Les projets de voirie et
réseaux urbains doivent contenir le plan du réseau et le dossier complet d'avant
projet1475.
Pour les projets de lotissements, d’aménagement des zones d’habitation
et d’implantation administrative ou industrielle, il doit y contenir l’ampliation
du dossier portant approbation du Préfet ; le plan d’aménagement de la zone
comprenant la liste des lots avec indication de leur superficie, de la nature de
leur occupation1476 et de l’époque approximative de la construction des
immeubles ; le plan de situation, les plans et les devis estimatifs et quantitatifs
des travaux.
Concernant les projets de constructions publiques, les projets de
réseaux d’eau, d’électricité et d'éclairage public la demande doit contenir un
1473
Ibid., Art 24 al. 2.
1474
Ibid., Art 25.
1475
Ibid., Art. 26 .
1476
Habitation, commerce, industrie, administration, etc.
535
document attestant de la propriété, le dossier complet d’avant projet
comprenant les devis descriptifs et estimatifs des travaux, les plans, la note de
calcul.
Pour les projets d'aménagement de jardins, parcs publics, cimetières,
l'acte d'attribution du terrain signé par l'autorité compétente ; le plan
d'aménagement ; le devis estimatif prévisionnel.
Quant aux projets d'équipements marchands à l'instar des marchés, gares
routières, abattoirs, auberges municipales la demande devrait contenir un
document attestant de la propriété pour les travaux neufs ou l’acte de propriété
pour les travaux d'extension et de réhabilitation, le dossier complet d'avant
projet comprenant : les devis descriptifs et estimatifs des travaux, les plans
architecturaux et de structures, la note de calcul. Le CIF définit un ensemble de
projets passibles de financements et dans les conditions fixées par le
FEICOM1477. Il s’agit d’un contrat d’adhésion pour les CTD étant donné que
le taux d’emprunt est fixe et les annuités constantes.
Le cadre juridique relève d’un contrôle de légalité classique de la part
du Préfet et du Tribunal administratif, qui porte sur le caractère exécutoire de
l’acte, la compétence de l’autorité signataire et la mention des principales
caractéristiques.
1477
Concernant les projets de construction de logements ou bureaux à usage de location, centres
commerciaux :
− Un document attestant de la propriété ;
− Le dossier complet d'avant projet comprenant : les devis descriptifs et estimatifs des travaux,
les plans architecturaux et de structures, les notes de calcul ;
− le titre de propriété de la parcelle.
• Concernant les projets relatifs à l'acquisition du matériel :
− Les spécifications techniques des matériels ; le devis descriptif et estimatif des matériels.
• Concernant les études préalables à un projet, concernant les projets relatifs à l'acquisition du
matériel :
− La note expliquant la consistance du projet objet de l'étude et le coût réel de celle-ci ;
− L'agrément de l'architecte ou du bureau d'études consultés.
• Concernant les opérations d'acquisition de terrain :
L’acte d'attribution du terrain signé par l'autorité compétente ; le plan de situation ; l’acte de
propriété signé de l'autorité compétente ; la facture pro forma établie par le vendeur.
536
En cas d’annulation par le juge administratif, le contrat devient
inopposable aux parties lors d’un litige. Enfin, le non respect du cadre juridique
est passible de sanctions de la Cour de discipline budgétaire et financière. De
plus, sous réserve du contrôle de légalité, le contrôle juridictionnel relève du
juge judicaire. En effet, un contrat de prêt n’est en général pas lié à l’exécution
d’un service public et ne comporte pas de clauses exorbitantes du droit
commun. Il relève ainsi du droit privé. Le juge administratif ne contrôle donc
que les actes préparatoires et les éléments détachables du contrat. Le juge
judiciaire est compétent sur le contenu même du contrat. Au-delà du respect des
procédures, le recours à l’emprunt a des conséquences d’ordre budgétaire.
Aucune Commune ou groupement de Communes ne peut au cours d'un
même exercice bénéficier d'un concours financier excédant 10% du budget
d'investissement du FEICOM1478.
1478
Code d’intervention du FEICOM.
537
l’équilibre réel, de recourir à l’emprunt qui perd de ce fait sa qualité de recette
facultative.
1479
BOUVIER (M.), Finances locales, op. cit., p.85.
538
que la dette présente la particularité d’être une partie de la dette nationale
globale (B).
La dette est un fardeau pesant. Les frais financiers représentent une masse
considérable et les annuités à rembourser pourraient amputer les ressources
propres. Il est de principe que « l’endettement appelle l’endettement »1480 afin
d’apurer l’ancienne dette pour contracter les nouvelles.
Des mécanismes directs ont donc été prévus et sont palier en cas de
difficultés de remboursement par les retenues à la source pour les prêts faits par
le FEICOM.
1480
MAITROT (C.), op. cit., p. 201.
1481
BOUVIER (M.), Finances locales…, op. cit., p. 207.
1482
HOUTAKER (E.), « L’endettement communal et le Ve plan », A.J.D.A. janvier 1968,
p. 13 cité par MAITROT (C.), op. cit., p. 201.
539
1- Les mécanismes de remboursement direct
Elle dispose d’un mois pour le constater, puis adresser une mise en
demeure à la Collectivité. Si elle n’est pas suivie d’effet dans un délai d’un
mois, la Chambre des comptes formulera un avis demandant au Préfet de
procéder à l’inscription d’office de la dépense dans le budget de la Collectivité.
1483
Art. 28 de la loi portant régime financier des CTD précitée.
1484
Ibid., Art. 26.
1485
Ibid., Art. 47 et ss.
540
dépenses, ni en inscrire de nouvelles que pour autant qu'elles sont
obligatoires1486.
L’emprunt se fait dans l’orientation des flux économiques. Il faudrait
anticiper à tout moment sur les marchés financiers du taux court (marché
monétaire) ou long (obligataire)1487. Il s’agit du choix du moment de l’appel à
l’emprunt afin d’éviter les trésoreries oisives1488. Le contrôle de la trésorerie
n’est pas indépendant de celui de l'endettement. Aussi convient-il également
pour une Collectivité de savoir déterminer ses besoins d’emprunt et ses
capacités de remboursement. On rappellera, de surcroît, la nécessité de savoir
choisir et négocier les modalités d’un prêt parmi les multiples possibilités que
les banques offrent à leurs clients. Autrement dit, on peut parler aujourd’hui
d’une gestion active de la dette supposant une prévention des risques par la
mise en place d’indicateurs suffisamment fiables prenant en compte la capacité
d’autofinancement de la Collectivité1489.
1486
Ibib., Art. 47 al. 2.
1487
Aussi, un emprunt au fort taux d'intérêt pourrait obstruer le remboursement. Une
étude minutieuse du besoin et de la trésorerie devrait être faite par la Collectivité.
L'indépendance de ces opérateurs et l'éthique des établissements financiers impliqués, sont un
atout. L'objectif est d'aider les Collectivités à défendre les intérêts des contribuables dans le
droit fil des préoccupations nationales. De plus, une solution de cette nature fonctionne
indépendamment de toute décision de partage des risques et des surcoûts qui pourraient
intervenir in fine entre les Collectivités locales.
1488
BOUVIER (M.), Finances publiques, op. cit., p. 207.
1489
GUENGANT (A.), Analyse financière des communes, Paris, Economica, 1998, p. 97.
1490
Dexia a dû être soutenue par les Etats français et belges. Pour la partie française, les
encours sont à 10 milliards de prêts structurés dits « sensibles », garantis par la France.
Aujourd'hui, en retenant un surcoût annuel de l'ordre de 15 % l'an, la surcharge à supporter est
de 1,5 milliard d'euros par an et personne ne sait en estimer le montant pour les années futures.
541
voire de le réduire, par la mise en œuvre d’une gestion spécifique de ces prêts ?
Puisqu’il n’y a pas de solution, il convient de globaliser les emprunts en cause
par nature de risques pour asseoir, sur des volumes suffisants, une gestion
adaptée confiée à des équipes d'intervenants indépendants.
Le FEICOM est le receveur des impôts tel que les centimes additionnels
et les redevances forestières à l’horizon des échéances municipales.
542
La dette nationale est le total des engagements financiers de l’Etat1491.
Elle résulte du cumul des besoins de financement de l’Etat, c’est-à-dire de la
différence, année après année, entre ses produits (recettes fiscales, produits de
privatisations, etc.) et ses charges (dépenses budgétaires, prises de participation,
etc.).
C’est l’ensemble des engagements financiers bruts des administrations
publiques1492. Il s’agit d’une dette brute, ce qui signifie que les avoirs financiers
des APU ne viennent pas en déduction de celle-ci. La dette est mesurée en
valeur nominale et non en valeur de marché. Elle est consolidée, ce qui signifie
qu’elle exclut les dettes contractées entre administrations publiques, notamment
les dépôts des Collectivités locales auprès du Trésor public1493.
1491
GUENGANT (A.), Analyse financière…,op. cit., p. 99.
1492
Ibid.
1493
Voir principe de l’unité des caisses.
543
administrations publiques n’est pas son statut juridique, mais la structure de son
compte d’exploitation1494.
1494
Traité de Maastricht.
1495
V. KAGA LELE (J.), La complexité de la gestion des CTD : le cas de Bafoussam, éd.
2010, 195 p.
544
vérifier si celles-ci sont bien conclues dans l’intérêt de la Collectivité, et de
s’assurer, le cas échéant, qu’elles sont cohérentes avec la stratégie globale
définie.
1496
BOUVIER (M.), Finances …, op. cit., p.199.
1497
Ibid.
1498
Ibid.
545
A- Un impôt différé pour les CTD
Tout en réduisant les charges du présent l’emprunt génère des risques de
dépendance future pour les CTD.
1499
V.YATTA (F.-P.), Décentralisation fscale en Afrique-Enjeux et perspectives, éd., Karthala,
2009.
1500
V.Gestion financière des Collectivités locales : le cas de la France, communes et régions
d’Europe, n° 50.
546
ses instruments importants d’une part et d’autre part les dettes infranationales
contribuent plus généralement à l’endettement national.
547
l’avenir. Dans le contexte camerounais les Collectivités sont interdites
d’emprunter pour rembourser un emprunt précédent.
1501
L’article 157 de la loi organique relative à la décentralisation dispose que « les
Collectivités locales sont autorisées, par délibération de leurs Conseils et dans la limite de
leur capacité d’endettement réelle, à contracter des emprunts auprès des organismes
financiers nationaux et internationaux. Toutefois, au-delà de 30% du budget, les
emprunts sont soumis à l’approbation de l’Etat qui en assure la garantie ».
1502
L’article 99 de la loi portant régime financier, fiscal et domanial des Collectivités
territoriales de Côte-d’Ivoire précitée.
548
voient leur action canalisée par l’Etat qui détermine les conditions des prêts
consentis aux Collectivités locales1503.
Outre que la recherche annuelle de la masse considérable des capitaux
nécessaire constitue pour les communes un problème difficile à résoudre, le
remboursement et le service d’une dette de cette importance limite
considérablement les possibilités de ces Collectivités.
A notre avis, il ne faudrait pas toujours voir dans ces restrictions une
faculté d’empêcher de la part de l’Etat. En effet, l’Etat devenu une entreprise
avec le management public inspiré du management privé, il ne devrait
emprunter quand il s’agit de lui sans que la Collectivité prêteuse ne soit
capable de rembourser ; c’est également dans le souci d’éviter des
enroulements de la dette comme c’est le cas en France1504 qui interdit tout
remboursement par une autre dette. Cette technique présente l’avantage
d’éviter des désengorgements financiers de l’Etat contre des engorgements des
Collectivités sans que le développement, l’autonomie recherchée voire la
responsabilité locale ne suivent. Cette vision du législateur camerounais remet
sur la scène le problème du degré de responsabilité des élus locaux dans la
gestion des ressources locales.
1503
De ce fait, le pouvoir central est encore dans ces différents Etats, le grand distributeur et
régulateur des prêts accordés aux Collectivités locales.
1504
MARTINEZ (J.C.), L’autonomie financière territoriale, un paradigme planétaire revisité,
Paris, Harmattan, 2014, p. 46. L’emprunt sans limite est une commercialisation sans foi ni loi.
En effet, la liberté d’emprunter a amené les villes à se laisser piéger par des emprunts dits
structurés ou les taux sont variables (Ex. les emprunts à effet d’échange ou les taux d’intérêt
sont indexe sur deux monnaies. Les banques ont aussi piégés les Collectivités avec des
emprunts à barrière désactivant où le taux initial est remplacé au profit d’un autre dès qu’un
indice de référence franchi un seuil préalablement défini. Il existe aussi des emprunts à effet de
levier ou la formule de calcul du taux comprend des multiplicateurs mathématiques pour
augmenter l’effet d’un indice. Le marché venait donc sanctionner la liberté inconsidérée que le
droit avait donnée.
549
Paragraphe II : Les limitations générales des ressources locales
L’on entend par limites globale des ressources des CTD celles qui ne
sont ni exclusivement fiscales ni exclusivement non fiscales. Il s’agit
principalement de la difficulté liée à la structuration des ressources locales1505.
1505
Le terme locale est dans ce cas opposé à celui national donc il inclut toutes les CTD.
1506
V. Décret n° 22012/0881/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines
compétences transférées par l’Etat aux communes en matière de sport et d’éducation physique.
Décret n° 2012/08877/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines
550
que ces dépenses soient couvertes par des recettes d’origine nationale, et non
locale. Un problème de péréquation des charges locales se trouve ainsi posé : il
doit être résolu soit sur le plan national, c’est-à-dire par le budget de l’Etat qui
met ces dépenses à la charge de l’ensemble des contribuables du pays, soit sur
le plan départemental, lorsqu’il s’agit des communes. Cette péréquation est
assurée par plusieurs moyens :
Des subventions sont possibles sous des modalités très diverses. Elles se
définissent par la nature des dépenses et non par la situation financière des
Collectivités locales, c’est-à-dire par l’insuffisance de leurs ressources. Aussi
sont-elles généralement affectées, tantôt à des dépenses obligatoires, pour
atténuer leur charge, tantôt à des dépenses facultatives, pour les encourager.
compétences transférées par l’Etat aux communes en matière d’appui aux micro-projets
générateurs de revenus et d’emplois. Décret n° 2012/0880/PM/ du 27 mars 2012 fixant les
modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes en matière
d’organisations d’œuvres de vacances.
551
Restent enfin les dépenses qui sont réellement à la charge du budget
local. Sous réserve des possibilités d’emprunts directement émis par les CTD,
il faut les répartir entre les contribuables de la commune où ce solde de
dépenses reste très important. Cette répartition est assurée par la voie des
impôts locaux : elles ne peuvent les percevoir que dans la mesure où la loi les
met à leur disposition.
1507
Ainsi l’article 89 de la loi ivoirienne du 26 décembre 2003 portant régime financier, fiscal
et domanial des Collectivités territoriales intègre ces deux objectifs des concours financiers de
l’Etat. Il dispose en effet que « la dotation globale de fonctionnement se compose d’une partie
minimale et d’une partie complémentaire. La partie minimale de la dotation a pour objet
d’assurer à chaque Collectivité territoriale un minimum de ressources par habitant. La partie
complémentaire est destinée à contribuer, compte tenu de leurs inégalités de situation, aux
charges de fonctionnement des Collectivités territoriales ou à alléger, le cas échéant, des
charges particulièrement lourdes supportées par certaines d’entre elles ».
552
1- Poids pour une autonomie financière généralisée
En vue d'assurer le développement harmonieux de toutes les
Collectivités territoriales décentralisées, le produit de certains impôts et
taxes1508 est centralisé par le FEICOM qui les redistribue à toutes les
communes suivant les critères et modalités prévus par voie réglementaire.
1508
Il s’agit : des centimes additionnels communaux ; de la quote-part de la redevance forestière
annuelle affectée aux communes ; des droits de timbre automobile ; de la taxe de
développement local due par les salariés du secteur public.
1509
Population, logements sociaux, nombre d'élèves ...
1510
GILBERT(G.) et GUENGANT (A.), La fiscalité locale en question, Paris, Montchrestien,
1989,160 p. et GILBERT(G.), La fiscalité locale en France du constat aux marges de
manœuvre, Paris, Montchrestien, p. 14.
553
précautions car selon que l’on choisit tel ou tel indicateur l’ampleur des
disparités variera beaucoup. A côté d’inégalités véritables, il existe des données
que Guy GILBERT qualifie artefacts statistiques1511. Des nuances aussi, car
toutes les différences ne peuvent pas être condamnées a priori sans remettre en
cause le principe même de décentralisation. Il y a des inégalités subies ; il en est
aussi de volontaires qui résultent de la gestion librement choisie par les
pouvoirs locaux. Enfin, l’importance des disparités résiduelles ne doit pas
occulter les acquis de la péréquation1512.
1511
Ibid., p. 16.
1512
BOUVIER (M.), Repenser la solidarité financière entre Collectivités locales : les nouveaux
enjeux de la péréquation en France op. cit.
1513
Certaines entreprises.
554
répercuter la charge fiscale, tandis que de l’autre ils ne le peuvent pas. Les
effets produits notamment sur la localisation des hommes et des activités seront
très différents d’un cas à l’autre. Pour mieux comprendre ce point il convient de
préciser qui supporte en définitive l’impôt local et où, c'est-à-dire pour
emprunter les termes de Guy GILBERT, de réaliser le partage économique des
impôts locaux entre contribuables ultimes1514.
1514
GILBERT(G.), La fiscalité locale en France du constat aux marges de manœuvre…,
op. cit., p. 18.
1515
Cf. Prud’homme (R.) et les travaux de l’Oeil à l’Université Paris XII.
1516
Par exemple, une taxe générale à la consommation génère une répartition ultime du
prélèvement différente d'une imposition équivalente en rendement mais appliquée, par exemple,
à des taux spécifiques sur les salaires et les profits.
555
Les impôts locaux peuvent être exportés (et importés) en fonction du
partage territorial des marchés de consommations finales et intermédiaires1517,
ou en fonction de la mobilité géographique des hommes et des capitaux. En
définitive, et en longue période, le travail et le capital s’étant éventuellement
déplacés d’une Collectivité à l’autre de façon à profiter au mieux des
différentiels d’imposition, ce sont les propriétaires de facteurs immobiles (la
terre) qui supporteront le poids de la fiscalité locale. Les observations ne
confirment pas l’hypothèse d’une « capitalisation fiscale » complète1518.
1517
C’est le cas de la taxe de développement locale.
1518
Cf. Prud’homme (R.) et les travaux de l'œil… op. cit.
1519
BOUVIER (M.), Finances …, op.cit., p. 57.
1520
GUENGANT (A.), Analyse financière des communes, Paris, Economica, 1998, p. 85.
1521
BOUVIER (M.), Finances…, op.cit., p. 57 et ss.
556
placent les enjeux essentiels au niveau de la conception du système de
prélèvement et donc des mécanismes de formation des inégalités financières
territoriales.
1522
Rapport sur le financement du développement local.
557
urbaines, sépare en effet artificiellement les aires de localisation (actifs)
nocturne (résidents) de la population.
1523
BOUVIER (M.), « Repenser la solidarité financière entre Collectivités … », op.cit., p. 2. Il
est indispensable que l’Etat assure une égalité des chances à des territoires dont les
caractéristiques sont très disparates.
558
de vue en raison des nouvelles compétences transférées aux Collectivités
locales, mais aussi parce que se trouve affirmée par le même texte l’autonomie
financière des Collectivités. Il est patent, en effet, que l’accentuation de
l’autonomie financière locale ne peut que provoquer la compétition, une
accentuation des différences, des inégalités de situations des unes par rapport
aux autres.
1524
Ibid., p. 3.
1525
Du latin juridique peroequatio, du verbe paraoequarer, c’est-à-dire « égaliser ».
559
Elle correspond à une évolution statique de la société, et ignore comme
le dit Michel BOUVIER que la péréquation est un facteur de régulation1526,
d’harmonisation du système local ainsi qu’un outil qui permet la réorientation
des circuits de financement et la restructuration du réseau financier local1527.
Elle laisse également de côté le fait que la péréquation devrait s’inscrire dans
une logique de responsabilisation inhérente à tout processus de décentralisation
et tout particulièrement ce que nous pouvons appeler « l’acte II»1528 au sein
duquel l’autonomie financière tient une place centrale. Or, une conception
contemporaine de la péréquation financière ne peut se construire en dehors de
l’évolution générale de la gestion financière publique, dont l’un des principes
essentiels est celui de responsabilité1529.
1526
BOUVIER (M.), Repenser la solidarité financière entre Collectivités locales : les nouveaux
enjeux de la péréquation en France, op. cit., p. 4.
1527
Ibid.
1528
Avec les lois de 2004 et de 2009.
1529
BOUVIER (M.), L’âge nouveau de la gouvernance… ? op. cit.
1530
Une culture qui se caractérise là encore par la substitution d’une logique de résultats à
l’ancienne logique de moyens.
560
inégalités. Or les dispositifs existants, horizontaux1531 ou verticaux1532 ne sont
pas totalement conçus en fonction de cet objectif. Qu’il s’agisse de péréquation
extensive1533ou intensive1534, le résultat est le même ; les procédures mises en
œuvre agissent sur les symptômes sans prendre en considération les causes et
surtout sans faire en sorte que les Collectivités concernées soient en situation de
se prendre en charge. Quoique la bonne régulation du système local nécessite
une harmonisation des situations, qui ne peut se produire sans un
développement économique susceptible de générer de nouvelles sources de
richesses.
1531
La redistribution par des Collectivités de même niveau.
1532
Redistribution par l’Etat.
1533
Dotation allouée à toutes les Collectivités d’une même strate.
1534
Dotation versée en fonction de critères de ressources ou de charges.
1535
L'article 5 de la loi portant fiscalité locale précitée.
561
La centralisation des produits soumis à péréquation, est assurée par le
FEICOM1536 : Les modalités d'application de la péréquation sont fixées par les
textes particuliers.
1536
70 % des centimes additionnels communaux dont ; 28% de retenue de base au profit de la
commune ou la communauté urbaine ; 42% de reliquat centralisé au FEICOM conformément
aux dispositions réglementaires en vigueur ; 20% de la quote-part de la redevance forestière
annuelle affectée aux communes ; 100% des droits de timbre automobile.
1537
V. CORNU (G.), Dictionnaire Juridique, op. cit.
562
Même dans le premier cas, de loin le plus simple, la caractérisation des
inégalités fiscales inter-Collectivités n'est pas sans difficultés.
Sur ce point le droit comparé confirme l’universalité des outils de
mesures utilisées avec les concepts de « potentiel fiscal » et plus récemment de
potentiel financier 1538. En effet, sous la clarté des affirmations
constitutionnelles, relayant le sonore des proclamations politiques, ce qui
s’observe en réalité c’est l’obscurité des mise en formes techniques un exemple
permet de voir cette distance entre la simplicité des autonomies affichées et la
complexité des autonomies bricolées »1539.
Lorsqu’on entre dans l’étude concrète de leur mécanisme,
l’invraisemblable et déraisonnable complexité qui s’y observe révèle
l’ambiguïté de cette autonomie proclamée1540. La péréquation, elle aussi révèle
l’ambigüité de cette l’autonomie financière proclamée.
1538
DALLIER (P.) et ALI (I.), Péréquation financière entre les Collectivités, Rapport sénat, 6
juillet 2011, n° 731, p. 11 et ss.
1539
Ibid., p. 38.
1540
Ibid.
563
CONCLUSION DU TITRE II
564
CONCLUSION DE LA PARTIE II
Pourtant, en même temps, les budgets locaux ont pris une ampleur
inconnue parallèlement à l’affirmation traduit par les Collectivités locales de
leurs autonomies. La réalité locale semble ainsi contenir l’un et son contraire et
venir dans ce cas démentir en partir des conclusions tirées d’une grille de
lecture. Pour être simple à l’égard des évolutions aujourd’hui, l’Etat n’est plus
la seule instance régulatrice du système local. Il s’intègre bien d’avantage dans
un système à multiple régulations et n’intervient comme régulateur sous
certaines formes. En fait pour une véritable analyse de l’autonomie financière il
faudrait dépasser l’analyse quantitative pour une approche qualitative. Les
mécanismes des compensations illustrent un tel propos dans la mesure où celle-
ci exprime une relation d’autorité et de solidarité. Les compensations traduites
par les subventions les dotations et les régimes comme ressources
supplémentaires contribuent tout aussi à la construction d’une autonomie
financière.
1541
BOUVIER (M.), Finances locales, op. cit., p. 126.
565
CONCLUSION GENERALE
566
Au regard de ce qui précède, la question des garanties de l’autonomie
financière des CTD admet des réponses clairement restrictives. Prise au sens
formel, cette autonomie inexistante au départ se construit encore à mesure que
la décentralisation se met en place.
567
considérable des actions locales et par conséquent des budgets locaux, ainsi que
de leurs objectifs.
1542
Ce changement total de paradigme fut parfaitement illustré par les propos que tint Ronald
Reagan lors de son investiture en tant que président des Etats-Unis le 20 janvier 1981 : « In this
present crisis, government is not the solution to our problem. government the problem »
1543
BOUVIER (M), Finances locales, op. cit., p. 41.
1544
Ibid.
568
avec pour objectif une organisation décentralisée de la société, celle-ci étant
posée non seulement comme une voie vers le renouveau économique, mais
aussi comme le moyen de répondre à la crise des finances publiques.
Il reste tout de même que l’autonomie financière est une notion qui varie
selon des législations. On doit rappeler ici que nombre de concepts utilisés dans
le cadre des finances publiques paraissent aujourd'hui plus ou moins brouillés,
plus ou moins flous1545, du fait des transformations nationales et internationales
qui se sont produites dans ce champ depuis environ une trentaine d’années1546.
Ainsi, des termes qui allaient jusqu’alors de soi dans d’autres Etats tels l’Italie,
l’Espagne et même la France ne procèdent plus d’un sens commun. C’est le
cas, entre autres, de la notion d’autonomie financière qui ne fait pas l’objet
d’une définition unanime, et ce, alors même qu’elle tient depuis toujours une
place centrale dans les débats relatifs à la libre administration des Collectivités
territoriales décentralisées.
Nous avons fait le choix, dans le cadre de cette analyse, de ne pas nous
interroger sur la possible dissociation entre autonomie de gestion et
autonomie fiscale.
1545
BOUVIER (M.), Finances locales…, op. cit., p. 42.
1546
BOUVIER (M.), ESCLASSAN (M.-C.), LASSALE (J.-P.), Manuel de finances publiques,
op. cit., p. 42.
569
ou moins grande autonomie fiscale est devenue l'élément crucial du débat
relatif à la libre administration des Collectivités territoriales.
1547
HYEST (J.-J.), Rapport du Conseil Général de Seine et Marne, POUR, 2012, p. 2.
1548
Avec la diffusion du risque pénal.
1549
Sécurité et régularité de l'action publique.
570
Au-delà de ce qui précède, il reste de la place pour l'exercice plus
modeste mais probablement pas inutile qui consiste à dresser quelques éléments
de constat pour esquisser ensuite quelques voies de réforme envisageable ou, à
tout le moins, l'exploration de marges de manœuvre. Parmi la diversité des
approches possibles pour esquisser ces voies de réforme, on privilégiera la
perspective, très actuelle, de la réforme fiscale.
1550
BOUVIER (M.), Finances locales…, op. cit., p. 43.
571
taxes locales actuelles1551. Deux modalités de partages verticaux des ressources
publiques : la solution de l'empilement1552 repose sur un système fiscal
uniforme du haut en bas de la pyramide administrative. Les Collectivités
territoriales, à tous les échelons et l’Etat, disposent des mêmes bases
imposables, dans l’éventualité d’une maîtrise des taux partiels d'imposition à
chaque niveau de décision. Où se partagent les mêmes produits fiscaux, dans
l’hypothèse d'une fixation nationale de la pression fiscale. Dans ce dernier cas,
la répartition des recettes entre administrations centrale et locale s’effectue au
prorata de critères légaux, voire constitutionnels de partage.
1552
Ibid.
572
régionaux interdit d'établir un lien interne solide entre les taxations des
ménages et des activités, sur le modèle communal actuel1553.
1553
Ccnditions nécessaire d'une gestion efficace des ressources publiques via le consentement
démocratique à l'impôt.
1554
HYEST(J.-J.), op. cit,. p. 2.
1555
Le droit du service public ou de l’urbanisme.
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II – LEGISLATIONS et JURISPRUDENCES
A) - Législations
602
a- Lois
603
- Loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des
Collectivités territoriales décentralisées.
- Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale.
b : Décrets
- Décret du 15 septembre 1882 rendu en forme de règlement
d’administration publique et qui modifie l’organisation administrative des
colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion.
- Décret du 3 octobre 1882 apportant les mêmes modifications dans
l’organisation des autres colonies.
- Décret du 20 novembre 1882 sur le régime financier des colonies.
- Décret du 30 décembre 1912 sur le régime financier des colonies (J.O.
A.E.F. 1913, p. 222).
- Décret n° 74/723 du 12 août 1974 fixant le taux de cotisation dû à la
CNPS pour les branches des prestations familiales et de l’assurance
pensions de vieillesse, d’invalidité et de décès.
- Décret n° 77/91 du 25 mars 1977 déterminant les pouvoirs de tutelle sur
les Communes, syndicats de Communes, et Etablissements communaux
modifié par le décret n° 90/1464 du 9 novembre 1990.
- Décret n° 77/410 du 15 octobre 1977 portant revalorisation de
l’indemnité des officiers et secrétaires des centres spéciaux d’Etat-civil.
- Décret n° 77/418 du 24 octobre 1977 portant création des services
provinciaux des Communes.
- Décret n° 77/494 du 7 décembre 1977 portant création et organisation du
centre de formation pour l’Administration municipale (CEFAM).
- Décret n° 78/283 du 10 juin 1978 fixant les taux de cotisation pour la
branche des accidents du travail et des maladies professionnelles.
- Décret n° 79/290/CAB/PR du 25 juin 1979 déterminant les
caractéristiques des écharpes des Délégués du Gouvernement auprès des
604
Communes, des Maires et des administrateurs municipaux, ainsi que les
insignes des Conseillers municipaux.
- Décret n° 80/017 du 15 janvier 1980 fixant les taux maxima des taxes
communales directes.
- Décret n° 81/148 du 13 avril 1981 fixant les indemnités et avantages
alloués aux Magistrats et Conseillers municipaux.
- Décret n° 82/100 du 3 mars 1982 modifiant et complétant le décret n°
78/484 du 9 novembre 1978 fixant les dispositions communes applicables
aux agents de l’Etat relevant du code du travail.
- Décret n° 87/1115 du 17 août 1987 fixant les modalités de création et de
fonctionnement des centres spéciaux d’Etat-civil.
- Décret n° 87/1365 du 25 septembre 1987 portant création de la
communauté urbaine de Yaoundé.
- Décret n° 87/1366 du 25 septembre 1987 portant création de la
communauté urbaine de Douala.
- Décret n° 93/321 du 25 novembre 1993 portant création des communes
urbaines et rurales.
- Décret n° 93/322 du 25 novembre 1993 modifiant et complétant certaines
dispositions du décret n° 77/203 du 29 juin 1977 déterminant les
communes et leur ressort territorial.
- Décret n° 94/077 du 28 avril 1994 déterminant la composition du corps
municipal des Communes urbaines à régime spécial.
- Décret n° 94/232 du 5 décembre 1994 précisant le statut et les attributions
des receveurs municipaux.
- Décret n° 95/690/PM du 26 décembre 1995 fixant les modalités de
répartition du produit des centimes additionnels communaux modifié par
le décret n° 98/263/PM du 12 août 1998.
605
- Décret n° 98/266/PM du 21 août 1998 portant approbation du plan
comptable sectoriel communale et adoption de la nomenclature
budgétaire communale.
- Décret n° 2000/365 du 11 décembre 2001 portant réorganisation du
Fonds Spécial d’Equipements et d’Intervention Intercommunale modifié
par le décret n° 2006/182 du 31 mai 2006.
- Décret n° 2002/2175/PM du 20 décembre 2002 fixant les taux maxima et
les modalités de recouvrement de certaines taxes communales indirectes.
- Décret 2007/118 du 25 avril 2007 fixant le nombre de Conseillers
municipaux par commune.
- Décret 2007/1139/PM du 3 septembre 2007 fixant les modalités
d’émission, de recouvrement, de centralisation, de répartition et de
reversement des CAC.
- Décret n° 2008/013 du 17 janvier 2008 portant organisation et
fonctionnement du Conseil National de la Décentralisation.
- Décret n° 2008/014 du 17 janvier 2008 portant organisation et
fonctionnement du Comité Interministériel des Services Locaux.
- Décret n ° 2008/015 à 026 du 17 janvier 2008 portant création de 12
Communautés Urbaines (Bertoua, N’Gaoundéré, Maroua, Edéa,
Nkongsamba, Garoua, Bamenda, de Bafoussam, Ebolowa, de Kribi,
Limbé, Kumba.
- Décret n ° 2008/0752/PM du 24 avril 2008 précisant certaines modalités
d’organisation et de fonctionnement des organes délibérants et des
exécutifs de la commune, de la communauté urbaine et des syndicats de
commune.
- Décret n° 2008/376 du 12 novembre 2008 fixant les attributions des
Chefs de circonscriptions administratives et portant organisation et
fonctionnement de leurs services.
606
- Décret n° 2008/377 du 12 novembre 2008 portant organisation
administrative de la République du Cameroun.
- Décret n° 2009/248 du 5 août 2009 fixant les modalités d’évaluation et de
répartition de la dotation générale de la décentralisation.
- Décret n° 2010/0165/PM du 23 février 2010 fixant la répartition de la
dotation générale de la décentralisation au titre de l’exercice budgétaire
2010.
- Décret n° 2010/1734 /PM du 1er Juin 2010 fixant le plan comptable
sectoriel des Collectivités territoriales décentralisées.
- Décret n° 2010/1735/PM du 1er Juin 2010 fixant la nomenclature
budgétaire des Collectivités territoriales.
- Décret n° 2010/0239 à 0247/PM du 26 février 2010 relatif aux modalités
d’exercice de certaines compétences transférés par l’Etat au Communes.
- Décret n° 2010/0242/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes
en matière de production des activités de production agricole et de
développement rurale.
- Décret n° 2010/0240/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes
en matière de création et d’entretient des routes rurales non classées ainsi
que de la construction et de la gestion des bacs de franchissement.
- Décret n° 2010/0239/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière d’attribution en eau potable dans les zones non
couvertes par le réseau public de distribution de l’eau concédé par l’Etat.
- Décret n° 2010/0241/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière d’entretien et de gestion des centre de promotion
de la femme et de la famille.
607
- Décret n° 2010/0243/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière d’attribution des aides et des secours aux indigents
et aux nécessiteux.
- Décret n° 2010/0244/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière de promotion des activités de production pastorale
et piscicole.
- Décret n° 2010/0245/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière de culture.
- Décret n° 2010/0246/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière de santé publique.
- Décret n° 2010/0247/PM du 26 février 2010 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux
communes en matière d’éducation de base.
- Décret n° 2011/ 976/PM du 3 avril 2011 fixant la répartition de la
Dotation Générale de Décentralisation au titre de l’année 2011 portant
organisation du Gouvernement.
- Décret n° 2011 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences
transférées par l’Etat aux communes en matière de formation
professionnelle.
- Décret n° 2011 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences
transférées par l’Etat aux communes en matière de promotion des
activités de production artisanale d’intérêt communal.
- Décret n° 2011 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences
transférées par l’Etat aux communes en matière de construction,
d’équipement et de gestion des centres médicaux d’arrondissement.
608
- Décret n° 2011 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences
transférées par l’Etat aux communes en matière de mise en valeur des
sites touristiques communaux.
- Décret n° 2011 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences
transférées par l’Etat aux communes en matière de planification urbaine,
de création et d’entretien des voiries en terre.
- Décret n° 2012/0002/PM du 20 janvier fixant la répartition de la dotation
générale de Décentralisation au titre de l’exercice budgétaire 2012.
- Décret n° 2012/0709/ PM du 20 mars 2012 fixant le régime des contrats-
plans Etat commune.
- Décret n° 2012/0881/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités d’exercice
de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes en
matière de sport et d’éducation physique.
- Décret n° 2012/08877/PM du 27 mars 2012 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes
en matière d’appui aux micro-projets générateurs de revenus et
d’emplois.
- Décret n° 2012/0880/PM/ du 27 mars 2012 fixant les modalités
d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux communes
en matière d’organisations d’œuvres de vacances.
- Décret n° 2015/0145/PM du 10 février 2015 fixant la répartition de la
dotation Générale de la Décentralisation au titre de l'exercice budgétaire
2015.
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certaines compétences transférées par l'Etat aux communes en matière de
réinsertion sociale.
c : Arrêtés et Codes
- Arrêté du 13 Septembre 1919 réglementant les patentes et licences au
Cameroun.
609
- Arrêté du 23 août 1919, J.O du Cameroun français, 1er août 1919
réglementant les patentes au Cameroun. J.O., Texte notifié au 20
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- Arrêté n° 229/CAB/PM du 7 octobre 2009 portant réorganisation du
cadre institutionnel du Programme National de Développement
Participatif (PNDP), in Juris Périodique, n° 81, janvier-février-mars
2010, pp. 25-30.
- Arrêté n° 000136/MINATD/DCTD du 24 août 2009 rendant exécutoire
les tableaux-type des emplois communaux.
- Circulaire n° 003/CAB/PM du 18 avril 2008 Relative au respect des
règles régissant la passation, l’exécution et le contrôle des marchés
publics.
- Code d’intervention du feicom du 16 novembre 2007.
B)- JURISPRUDENCES
610
- CS / AP, arrêt n° 10/A du 17 octobre 1988, MVE NDONGO, PGCS c/
NGABA Victor.
- CS / CA, jugement n° 58/ 88-89 du 29 juin 1989, Société Razel
Cameroun c/ Etat du Cameroun.
- CS / CA, jugement n° 29/ 91-92 du 26 mars 1992, AMCECON c/ Etat du
Cameroun (Minfi).
- CS / CA, jugement n° 84/ 93-94 du 29 septembre 1994, LELE Gustave c/
Etat du Cameroun.
- CS / CA, Jugement n° 03/04 du 1er octobre 2003, Emma MBALLA
Hubert c/ Communauté urbaine de Yaoundé.
- Jugement n° 1784/ 03-04 du 15 octobre 2003, FAMPOU Dénise c/
Communauté urbaine de Douala.
- CS/CA, Jugement n° 03/04 du 4 février 2004, PELLAMIE Joseph c/
Communauté urbaine de Douala.
- Arrêt n° 43-8 / COR du 9 avril 2006, Ministère public et
BABISSAKANA c/ ANANGA, Dame MBELE.
- CS / CA, Jugement n° 123/ 05-06 du 27 septembre 2006, Société CSC c/
Etat du Cameroun.
- CS/CA 23 novembre 2006, FOTSO FOUMTSE Omer c/Communauté
Urbaine de Douala.
- CS/CA 16 octobre 2008, Dame SIMO MEGUE Henriette Patience et
autres c/ Communauté Urbaine de Douala.
- CS/CA 07 mars 2008, MATIP Benjamin c/ Etat du Cameroun
(MINDAF) et Collectivités NGOMBE-LENDINGOMA (Intervenants
volontaires).
- CS/CA 17 décembre 2008, Dame SIMO MEGUE Henriette Patience et
autres c/ Communauté Urbaine de Douala.
- CS/CA 5 janvier 2009, ESSONO Edouard Joseph c/Etat du Cameroun
(MINATD).
611
- CS / AP, Arrêt n° 68/ A du 22 février 2007, ENA MBALLA Hubert c/
Communauté urbaine de Yaoundé.
- CS / AP, Arrêt n° 15/A du 27 mai 2010, Société complexe chimique
camerounaise c/ Etat du Cameroun.
612
- C.C., 31/10/1981 Décision 81-129 DC Loi portant dérogation au
monopole d'Etat de la radiodiffusion, étendue aux T.O.M. par voie
d'amendement, Rec. p. 35
- C.C.5/1/1982 Décision 81-134 DC, A.J.D.A. 1982, p. 85.
- C.C. 16 Janvier 1982 81-132 D.C. loi de nationalisation
- C.C.25 février 1982 Statut de la Corse, A.J.D.A.1982, p. 294.
- C.C. décision 82-146 D.C. du 18 Novembre 1982 sur la loi électorale
municipale
- C.C. 30/7/1982 Décision 82-143 DC "Blocage des prix et revenus", Rec.
p. 57
- C.C.25/1/1985 Décision 85-187 DC, A.J.D.A. 1985, p. 362, note P.
WASCHMANN
- C.C. décision 85-196 DC du 8/8/1985, A.J.D.A 1985, p. 605 note L.
HAMON et R.D.P. 1986.
- Chronique constitutionnelle de L. FAVOREU p. 462.
- C.C. 28 décembre 1985, Décision 85-205 DC, rec. p. 24.
- C.C.86-217 D.C. du 18/9/1986, C.N.C.L., A.J.D.A.1987, p. 107.
- C.C. Décision 86-224 DC du 23/1/1987. A.J.D.A. 1987, p. 345, note J.
CHEVALLIER.
- R.D.P. 1987, p. 1341, note Y. GAUDEMET, R.F.D.A. 1987, p. 287, note
B. GENEVOIS et p. 301, note L. FAVOREU.
- C.C. 17/1/89 Décision 88-247, rec. p. 16.
- C.C.17/1/1989 248 D.C., R.D.P. 1989 p. 447, note L. FAVOREU
- C.C.29/5/1990 Décision 90-274 D.C. à propos de la loi « droit au
logement », J.O.1/6/1990, p. 651.
- C.C.9/5/1991 Décision 91-290 à propos du statut de la Corse, cf.
R.F.D.A.1991, p. 407, note B. GENEVOIS, p. 451.
- C.C.92-308 DC du 9/4/1992, R.D.P., 1992, p. 608,
613
- C.C.92-312 DC du 2/9/1992 Traité sur l'Union européenne, R.F.D.A.
1992, p. 950.
- C.C. Décision 92-314 du 17/12/1992 et Décision 92-315 du 12/1/1993,
R.D.P. 1993, p. 315.
- C.C.92-316 DC du 20/1/1993, R.F.D.A.1993, note D. POUYAUD,
p. 901.
614
ANNEXES
615
ANNEXE I
Décret du 30 décembre 1912 sur le régime financier des colonies
(J.O.A.E.F. 1913, p. 222)
616
ANNEXE II
Loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des
Collectivités territoriales décentralisées
661
ANNEXE III
Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant Fiscalité locale
685
ANNEXE IV
Décret n° 2009/248 du 5 août 2009 portant les modifications
d’évaluation et de répartition de la dotation de la décentralisation
742
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT ........................................................................................................... i
DEDICACE .................................................................................................................... ii
REMERCIEMENTS ....................................................................................................... iii
ABREVIATIONS ............................................................................................................ iv
RESUME ...................................................................................................................... vii
ABSTRAT .................................................................................................................... viii
SOMMAIRE................................................................................................................... ix
INTRODUCTION GENERALE ....................................................................... 1
PARTIE I : LE TRANSFERT PAR L’ETAT DES POUVOIRS DE
GESTION DES FINANCES AUX COLLECTIVITES LOCALES .............. 81
TITRE I : LA CONCESSION DE LA GESTION BUDGETAIRE LOCALE
AUX CTD ......................................................................................................... 85
CHAPITRE I : L’ATTRIBUTION DES LIBERTES BUDGETAIRES ........ 87
Section I : Une autorisation budgétaire locale à un double degré..................................... 88
Paragraphe I : Le vote du budget, une fonction de l’organe délibérant
concepteur budget local ................................................................................. 88
A)- Les éléments techniques du projet de budget garant de la qualité des
budgets locaux. .......................................................................................... 89
1- La qualité des principes garants de la fiabilité des budgets locaux ...... 90
a- Le principe de l’universalité, de l’unité et la sincérité des prévisions
budgétaires .................................................................................................. 90
b- Le principe de l’annualité et le principe de la spécialité ........................ 95
2- Le jeu d’influence des principes budgétaires nationaux et locaux ....... 99
B)- Le pouvoir d’élaboration et de vote du budget local des CTD............. 100
1- Les fondements juridiques ............................................................... 101
2- L’analyse théorique : la problématique de l’autorisation budgétaire
locale ................................................................................................... 103
Paragraphe II : L’approbation du budget de l’autorité de tutelle un organe
accoucheur du budget local.......................................................................... 106
748
A)- La condition de l’équilibre du budget voté ......................................... 106
1- Les fondements juridiques ............................................................... 106
2- Les limites de l’orientation de l’équilibre budgétaire local................ 107
B)- La problématique du pouvoir d’approbation de l’Etat : un contre poids
légal de la liberté budgétaire locale .......................................................... 109
1- L’autorité de tutelle, accoucheur du budget local .............................. 109
2- Le pouvoir de correction ou de modification du budget local voté .... 118
Section II : Les pouvoirs des CTD en matière de dépenses locales ................................ 123
Paragraphe I : Les libertés mitigées des CTD en matière de dépenses........... 124
A)- Les dépenses facultatives et les dépenses obligatoires ........................ 125
Les libertés diffèrent suivant qu’il s’agisse des dépenses facultatives ou des
dépenses obligatoires. .............................................................................. 125
1- Les dépenses facultatives expression d’une marge de libertés plus
grande ................................................................................................. 125
2- Les dépenses obligatoires un moyen d’obtention de l’équilibre du
budget local ......................................................................................... 127
B)- Les dépenses interdites jouant de façon contradictoire à la construction
d’une autonomie financière des CTD ....................................................... 132
1- Un élément antinomique à la liberté de dépense ............................... 132
2- Les dépenses interdites aux Collectivités locales : une expression de la
défense du modèle unitaire de l’Etat..................................................... 134
Paragraphe II : L’engagement des dépenses locales par l’ordonnateur local. 136
A)- Les procédés ..................................................................................... 137
1- La procédure d’engagement des dépenses, initiative de l’ordonnateur
local .................................................................................................... 138
2-La gestion des comptes locaux par l’ordonnateur local ..................... 143
B : L’ambiguïté du principe de la non affectation des ressources ............. 144
1- Le principe consacré de non affectation des ressources..................... 145
2- Mais un droit budgétaire local reposant sur une affectation des
ressources : les opérations de virements de crédits et la spécialité des
crédits .................................................................................................. 146
CONCLUSION ...............................................................................................148
CHAPITRE II : LA CONTRIBUTION DES CTD AU CONTROLE DES
ACTES FINANCIERS LOCAUX ..................................................................149
749
Section I : Le contrôle interne et le contrôle administratif ............................................. 150
Paragraphe I : Le contrôle par des assemblées délibérantes .......................... 150
A)- Le contrôle de l'exécutif par l'examen et le vote des comptes ............. 150
1- L’examen des comptes.................................................................... 150
2- Solde de clôture de l'exercice ........................................................... 154
B)- A l'occasion de l'examen et du vote du budget.................................... 157
C)- Le contrôle ordonnateur et comptable ................................................ 159
Paragraphe II : Le contrôle administratif ...................................................... 160
A)- Fondement du contrôle administratif.................................................. 160
B)- Les sanctions encourues par l'exécutif communal ............................... 162
1- Les sanctions administratives ........................................................... 162
2- La responsabilité pécuniaire des exécutifs communaux .................... 164
Section II : Le droit de contrôle de l’Etat ...................................................................... 166
Paragraphe I : Un contrôle nécessaire de l’Etat ............................................ 169
A)- Le contrôle juridictionnel impartial.................................................... 169
1- Juge administratif ........................................................................... 169
2- Le Conseil constitutionnel : Un gardien désarmé et muet ................ 173
3- Contrôle supérieur de l'Etat .............................................................. 174
4 - La chambre des comptes ................................................................. 176
a- Compétence générale de la Chambre des comptes en matière des comptes
comptables locaux ..................................................................................... 176
b- Les moyens de contrôle : le contrôle sur pièces et le contrôle sur place 181
B)- L’objectif du contrôle ........................................................................ 182
1- La protection des deniers publics locaux ......................................... 182
2- La protection du comptable public local : le contradictoire ............... 184
c)- L’objet du contrôle : assurer le respect de la règle de droit ................. 189
1- le respect de l’ordre juridique et recherche d’une transparence
financière............................................................................................. 190
2- Le contrôle de légalité et la libre administration ............................... 194
3- L’évaluation de la gestion financière, un outil de contrôle ................. 196
Paragraphe II : Un contrôle exagéré ............................................................. 196
A)- Les défauts du contrôle ...................................................................... 197
750
1- Le contrôle d’opportunité du Préfet et du Gouverneur ...................... 197
2- Le parcours des décisions locales ..................................................... 200
B)- Proposition pour un meilleur contrôle : le contrôle systémique ........... 201
Conclusion .......................................................................................................202
CONCLUSION DU TITRE I .........................................................................203
TITRE II : L’ATTRIBUTION AUX CTD PAR L’ETAT DES POUVOIRS
DE GESTION DU PATRIMOINE FINANCIER LOCAL ...........................204
CHAPITRE I : LE TRANSFERT ET LA REPARTITION DES
COMPETENCES ............................................................................................207
Section I : La répartition verticale des compétences par l’Etat ...................................... 209
Paragraphe I : Les fondements juridiques..................................................... 210
A)- Le transfert ou la répartition des compétences .................................... 210
1- La Consécration constitutionnelle et législative du transfert de
compétence .......................................................................................... 210
2- L’édiction législative de la répartition des compétences ................... 218
B)- Le transfert de compétence entre pouvoir et attribution ...................... 225
1- La distinction compétence et attribution ........................................... 225
2- La conciliation partage des pouvoirs et répartition des compétences 226
Paragraphe II : La libre administration et la subsidiarité, des principes
constitutionnel catalyseur de l’autonomie financière .................................... 229
A)- La conciliation libre administration et autonomie financière .............. 230
1- La nature juridique de la libre administration ................................... 230
2- L’autonomie financière et la libre administration des Collectivités
territoriales : deux notions constitutionnelles non antinonymiques ........ 234
B)- Les moyens et critères qui permettent d’organiser juridiquement le
partage des compétences entre l’Etat et les CTD ...................................... 238
1- le principe de subsidiarité promoteur d’une action libre des CTD ..... 238
2 – La définition du principe de subsidiarité ......................................... 241
3- Les Critiques ................................................................................... 244
Paragraphe II : La protection législative de la répartition des compétences ... 249
A)- Le choix de la clause légale de compétence ....................................... 249
1- La définition de la clause légale de compétence dans le droit positif
camerounais......................................................................................... 249
751
2- L’étendue des compétences conférées .............................................. 251
B : Les raisons de la mixture camerounaise en matière de répartition des
compétences ............................................................................................ 257
1- Les insuffisances de la clause légale de compétence ......................... 257
2- Une fonction du législateur .............................................................. 262
Section II : La répartition horizontale des compétences ................................................ 263
Paragraphe I : L’exclusion de la tutelle entre les Collectivités territoriales.. 263
A)- Le fondement juridique ..................................................................... 263
1- Constitutionnelle et législative ......................................................... 264
2- Une hiérarchisation voilée des Collectivités apparentes .................... 266
B)- L’enchevêtrement des compétences ................................................... 266
1- L’imprécision de certains textes de loi .......................................... 266
2 - L’enchevêtrement du fait de la compétence territoriale .................... 268
Paragraphe II : Les moyens d’exercice des compétences transférées ............ 268
A)- La coopération, entre solidarité et partage des responsabilités ............ 269
1- La coopération décentralisée économique ........................................ 269
2 - La coopération : un aspect de la loyauté institutionnelle .................. 271
B)- Les limites de cette technique : le statut des affaires communales ....... 272
1- La complexité .................................................................................. 272
2- L’insaisissabilité des affaires locales ................................................ 275
CONCLUSION ...............................................................................................277
CHAPITRE II : L‘AUTORITE DES ELUS LOCAUX DANS LA GESTION
DU PATRIMOINE FINANCIER LOCAL ....................................................278
Section I : L’élection des Conseils, une des origines du pouvoir des élus locaux ........... 280
Paragraphe I : L’élection des Conseils comme garantie d’une autonomie locale
................................................................................................................... 281
A)- La diversité doctrinale ....................................................................... 281
1- L’assimilation de l’autonomie locale à l’élection du Conseil ............ 281
2- La position contraire : L’élection comme structure fonctionnelle de la
démocratie locale ................................................................................. 284
3- La position conciliatrice................................................................... 285
Paragraphe II : Une conséquence fondamentale sur le pouvoir réglementaire
des CTD en matière financière..................................................................... 286
752
A)- L’analyse théorique ........................................................................... 286
1- La place du règlement local dans l’ordre juridique : le cas du compte
réglementaire ....................................................................................... 287
2- La problématique de la territorialisation de la souveraineté : pouvoir
des Collectivités territoriales et souveraineté ........................................ 297
B)- La position du droit positif ................................................................. 301
1- L'unicité de la règle à chaque niveau de la hiérarchie .................... 302
2- L’unicité de la norme locale n'implique pas la subordination de l'acte
écarté ................................................................................................... 305
Paragraphe III : La capacité de contester les actes de l’autorité de tutelle par les
CTD (le recours au juge) ............................................................................ 308
A)- Un contrôle rigoureux mais nécessairement altéré.............................. 310
B)- Le juge dispensateur des facultés de statuer des CTD ......................... 311
C)- L’ordre juridique et l’ordre politique : l’objectif d’une gestion locale plus
efficace.................................................................................................... 314
1- Les justifications du choix du législateur : possibilité de statuer et
d'empêcher ; instruments de l'unité du pouvoir normatif ....................... 315
2- Facultés de statuer et d'empêcher, éléments d'un même pouvoir ....... 318
Section II : La liberté de gestion financière des services publics locaux : l’émergence d’un
pouvoir économique public décentralisé ....................................................................... 322
Paragraphe I : Les contraintes imposées par la spécificité des compétences
économiques ............................................................................................... 322
A)- Le contenu ........................................................................................ 322
B)- La gestion partenariale : de la liberté contractuelle et de la liberté de
commerce ................................................................................................ 326
1- Les fondements constitutionnels de la liberté contractuelle ............... 326
2- La liberté d’entreprendre et la liberté de commerce ...................... 330
Paragraphe II : La liberté de choix du mode de gestion financière des services
publics locaux ............................................................................................. 336
A)- La gestion directe .............................................................................. 336
1- La régie directe ................................................................................ 336
2- La régie autonome ........................................................................... 337
3- La régie personnalisée ..................................................................... 337
B)- Le choix dans la gestion déléguée ...................................................... 337
753
1- Les CTD participant directement aux résultats financiers, la régie
intéressée et les sociétés d’économie mixte .......................................... 337
2- La Collectivité ne participant pas directement aux résultats financiers,
la concession et l’affermage ................................................................. 340
Paragraphe II : La gestion de la trésorerie, initiative de l’ordonnateur et du
comptable local ........................................................................................... 342
A)- Comptabilité publique locale : opération de l’ordonnateur et du
comptable local.................................................................................... 343
1- La comptabilité de l'ordonnateur local .......................................... 344
2- La comptabilité du comptable .......................................................... 344
B)- Les opérations de trésorerie : une fonction du comptable local ........... 345
1- La problématique de l’unité de trésorerie ........................................ 346
2- Un principe aux conséquences parfois incertaines ............................ 348
C)- Les insuffisances de la gestion locale ................................................. 349
1- Les éléments endogènes ............................................................... 349
2- Les Eléments exogènes .................................................................... 352
CONCLUSION ...............................................................................................357
CONCLUSION DU TITRE II ........................................................................358
CONCLUSION DE LA PARTIE I .................................................................360
PARTIE II : L’ATTRIBUTION PAR L’ETAT DES RESSOURCES
FINANCIERES AUX CTD............................................................................363
TITRE I : L’ATTRIBUTION D’UN POUVOIR FISCAL DERRIVE .........368
CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DE L’ASSIETTE FISCALE LOCALE
PAR LES CTD ................................................................................................372
Section I : Une certaine capacité de modulation des ressources fiscales par les CTD..... 374
Paragraphe I : Le contenu des impôts locaux ............................................... 375
A)- L’impôt direct propre aux CTD ......................................................... 376
1- Contribution de licence et l’impôt libératoire ................................... 376
2- La Patente .................................................................................... 379
B)- L’impôt indirect partagé, CCA........................................................... 383
Paragraphe II : Une capacité de modulation de la taxe locale ....................... 386
A)- La grande marge de manœuvre des Conseils en matière de taxe directe
................................................................................................................ 387
754
1- Un pouvoir d’institution des taxes communales................................ 387
2- L’exception au pouvoir de délibération des CTD : la taxe de
développement local ............................................................................ 409
B : Une modulation incontrôlée de la taxe indirecte ................................. 412
1- Des modalités de partage définies par la loi .................................. 413
2- Mais d’un intérêt certain pour les CTD ............................................ 416
Section II : Les inflexions des impôts locaux ............................................................... 417
Paragraphe I : Les Limites techniques .......................................................... 417
A)- La nature de l’impôt concédé ............................................................. 417
1- Définition ........................................................................................ 418
2- La légalité de l’impôt local ........................................................... 420
B)- Les difficultés du système fiscal local ................................................ 427
1- Incapacité de création de l’impôt .................................................. 428
2- La question de la concurrence fiscale entre les Collectivités territoriales
décentralisées ...................................................................................... 429
Paragraphe II : Les limites politiques ........................................................... 430
A)- Le contrôle de la pression fiscale globale ........................................... 430
1- L’impact sur l’autonomie fiscale ..................................................... 431
B : Eléments nécessaires pour une meilleure autonomie fiscale locale
camerounaise ........................................................................................... 434
1- Elle implique une bonne assise des impôts locaux ............................ 434
2- Les mécanismes régulateurs de la pression fiscale locale ................. 435
CONCLUSION DU CHAPITRE I .................................................................437
CHAPITRE II : LA CONTRIBUTION DES CTD AUX PRELEVEMENT ET
A LA GESTION DES IMPOTS LOCAUX...................................................438
Section I : Les outils de prélèvement fiscal................................................................... 439
Paragraphe I : Une co-administration du recouvrement local par des
mécanismes directs ...................................................................................... 439
A)- Le recouvrement des Impôts direct par les CTD................................. 439
1- Le recouvrement forcé par les CTD de la taxe communale ........... 440
2- Le recouvrement spontané par les CTD de la taxe communale ......... 442
B)- Le recouvrement des Impôts indirect par l’Etat .................................. 444
1- Le recouvrement à l’amiable ............................................................ 444
755
2- Le recouvrement forcé ..................................................................... 445
Paragraphe II : La présence excessive de l’Etat dans les mécanismes indirects
................................................................................................................... 447
A)- l’unité des caisses .............................................................................. 447
B)- Les défauts du système fiscal de recouvrement .................................. 448
1- Le rôle principal dans le recouvrement et le contrôle des impôts
locaux .................................................................................................. 448
2- Les insuffisances techniques et économiques ................................ 450
Section II : L’apport des Collectivités territoriales décentralisées dans le contrôle et le
contentieux fiscal local ................................................................................................ 451
Paragraphe I : La complémentarité dans le contrôle des impôts locaux ......... 452
A)- L’encadrement des compétences de l’Etat dans le contrôle de la fiscalité
locale....................................................................................................... 454
1- Les contrôles internes des impôts locaux .......................................... 455
2- Les procédures de contrôle .............................................................. 457
B)- Les limites de la compétence des Collectivités locales dans le contrôle
des impôts locaux et le contrôle conjoint .................................................. 461
1- L’assouplissement de la compétence des Collectivités locales en
matière de contrôle .............................................................................. 462
2- Les précisions relatives des contrôles conjoints Etat-Communes ...... 465
Paragraphe II : La compétence des CTD dans le contentieux fiscal local ...... 468
A)- La compétence des Collectivités locales dans les recours gracieux ..... 468
1- Une symétrie de procédure et l’exclusion de la compétence de
transaction en matière de taxes communales......................................... 468
2- Les CTD dans les recours gracieux et contentieux des taxes
communales......................................................................................... 469
B)- Le champ de compétence des CTD dans le contentieux du recouvrement
................................................................................................................ 474
1- La compétence des Collectivités dans le contentieux du recouvrement
des taxes communales .......................................................................... 475
2- Les règles de compétence dans le contentieux des mesures particulières
de recouvrement forcé des taxes communales ...................................... 476
CONCLUSION ...............................................................................................481
CONCLUSION DU TITRE I .........................................................................482
756
TITRE II : LE TRANSFERT DES RESSOURCES NON FISCALES ........484
CHAPITRE I : LES RESSOURCES NON FISCALES DEFINITIVES......487
Section I : Les subventions........................................................................................... 490
Paragraphe I : Les provenances des subventions .......................................... 490
A)- L’origine interne et emploi de la subvention ...................................... 491
1- Les subventions d’équipement ......................................................... 491
2- Les subventions de fonctionnement .............................................. 492
B)- L’origine externe des subventions aux CTD ....................................... 493
1- Une conséquence de la coopération décentralisée ............................. 493
2- Le truchement du FEICOM ............................................................. 494
Paragraphe II : Les critiques et limites de la subvention ............................... 495
A)- Les critiques politiques ...................................................................... 496
1- L’uniformisation.............................................................................. 496
2- L’emprise du pouvoir central ........................................................... 497
B)- Les critiques techniques ..................................................................... 501
1- Les autorités .................................................................................... 501
2- La dispersion des procédures applicables ......................................... 502
3- Une définition ambivalente de la subvention ................................ 504
Section II : Les dotations et les autres sources de compensation ................................... 508
Paragraphe I : Le régime de la dotation ........................................................ 508
A)- L’objet des dotations : le financement partiel de la décentralisation.... 509
1- Le montant et l’évaluation des charges transférées ........................ 509
2- Les procédés d’attribution des dotations ....................................... 512
B)- Une typologie orientant l’utilisation de la dotation ............................. 513
1 – La dotation générale de fonctionnement ......................................... 513
2 – La dotation générale de l’investissement ........................................ 515
C - L’évaluation des charges transférées : la réalité des moyens financiers de
compensation .......................................................................................... 516
1- Les contraintes liées aux politiques d’ajustement structurel .............. 516
a- Difficultés liées à l’absence d’une tradition de l’évaluation des politiques
publiques ................................................................................................... 518
b- Les faiblesses des Collectivités locales africaines à concevoir et à mettre
en œuvre des politiques locales .................................................................. 518
757
2- Les insuffisances des ressources(le principe de compétences
compensées) ........................................................................................ 520
Paragraphe II : Les autres sources de compensation ..................................... 521
A : L’apport des CTD dans le mécanisme d’acquisition des dons et legs .. 523
1 - La délibération de l’organe exécutif ................................................ 524
2- La nécessité de l’avis conforme ....................................................... 524
B : Les produits du domaine .................................................................... 525
1 - Les produits du domaine privé......................................................... 526
2 - Les produits du domaine public....................................................... 527
CONCLUSION DU CHAPITRE I .................................................................528
CHAPITRE II : ...............................................................................................529
L’EMPRUNT UN MOYEN D’AMELIORATION DES RESSOURCES
FINANCIERES DES COLLECTIVITES ......................................................529
Section I : Une liberté de gestion de l’emprunt local encadré ........................................ 530
Paragraphe I: La liberté en matière de souscription des contrats d’emprunts . 530
A - Les types d’emprunts ......................................................................... 530
1- Le pouvoir de délibération des CTD dans les cas d’emprunt
intérieur ............................................................................................... 531
2- L’emprunt extérieur ..................................................................... 533
B : les conditions de l’emprunt................................................................. 533
1- Le respect d’un cadre juridique ........................................................ 534
2- Le respect d’un cadre budgétaire ...................................................... 537
Paragraphe II : La gestion de dette locale par les CTD ................................ 538
A- Les mécanismes de remboursement de la dette .................................... 539
1- Les mécanismes de remboursement direct .................................... 540
2- La récupération à la source par le FEICOM .................................. 542
B - Le caractère intégré de la dette locale dans la dette nationale ............. 542
1-L’administration publique locale : élément de l’administration publique
............................................................................................................ 543
2- Les ambigüités de gestion de la dette locale ..................................... 544
Section II : Les inflexions des ressources locales .......................................................... 545
Paragraphe I : L’emprunt local, une ressource de substitution ...................... 545
758
A- Un impôt différé pour les CTD ........................................................... 546
1- L’emprunt, un réducteur de l’impôt présent ................................. 546
2- Un risque de dépendance à venir pour les CTD. ............................... 547
B - Une capacité d’endettement des Collectivités limitée.......................... 547
Paragraphe II : Les limitations générales des ressources locales ................... 550
A- Une difficile structuration des recettes locales ..................................... 550
B- La répartition des fonds locaux et l’autonomie financière .................. 552
1- Poids pour une autonomie financière généralisée ............................. 553
2- La péréquation : Une solution pour la construction d’une autonomie
financière générale ............................................................................... 558
CONCLUSION DU TITRE II ........................................................................564
CONCLUSION DE LA PARTIE II ...............................................................565
CONCLUSION GENERALE .........................................................................566
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE .................................................................574
ANNEXES .......................................................................................................615
TABLE DES MATIERES ..............................................................................748
759