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REPUBLIQUE 00 DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

********* *******
PAIX-TRAVAIL-PATRIE PEACE-WORK-FATHERLAND
******** *******
Université de Yaoundé II-Soa University of Yaoundé II-Soa
******** *******
Faculté des Sciences Juridiques et Faculty of Law and Political Sciences
Politiques ********
******** Public Fondamental Law
Droit public Fondamental

Le contrôle administratif de l’exécution du budget à l’aune de la loi


n°2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’Etat et des
autres entités publiques

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l’obtention du Master II en Droit


Public Fondamental

Par :

KENNE DJOUNDA ROMARIE

Titulaire d’un Master I en Droit Public

Sous la direction du :

Professeur AKONO ONGBA SEDENA


Agrégé de droit public

Coordonnateur du campus annexe d’Ebolowa, UYII.

Année académique 2020-2021


AVERTISSEMNT

L’université de Yaoundé II, n’entend donner aucune approbation ou improbation aux


idées émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à l’auteur.

i
DEDICACE

A ma mère bien-aimée,

Toi qui as toujours su veiller sur nous tes enfants, malgré ton état de femme aveugle,

Seule sans soutien, sans époux ni personne pour t’épauler dans cette immense charge,

Qu’est celle d’élever et éduquer des enfants.

Retrouves dans ce travail le fruit de ton investissement, tes multiples sacrifices,

Et surtout, le témoignage de mon amour, mon respect et ma profonde gratitude.

Ton fils bien-aimé !

ii
REMERCIEMENTS
L’élaboration de ce travail de recherche a connu le concours de plusieurs personnes
sans qui nous ne serions parvenus jusqu’ici. Ainsi, nous tenons à adresser nos plus sincères et
profondes remerciements à :

- Notre directeur de mémoire, en la personne du Professeur AKONO ONGBA


SEDENA, pour le suivi de ce travail, ses précieux conseils et ses orientations, sa
disponibilité et son esprit critique durant la direction de ce travail qui nous ont
permis de mûrir nos connaissances.
- Au Docteur NGUECHE Sylvie, pour son accompagnement, ses conseils et
orientations, sa disponibilité et sa présence constante. Chère Docteur, recevez notre
profonde gratitude pour avoir accepté inconditionnellement de nous accompagner
dans nos travaux ; vous faites honneur à votre titre de la « mère des enfants ».
- A l’aîné et grand frère le doctorant ADZESSE ANDELA Jean Cyrille, qui
malgré ses multiples occupations et obligations était toujours là pour nous, pour
nous motiver, encourager et surtout encadrer et ce depuis le début de l’année
académique 2020-2021.
- Madame NIYABI EKOUE Marie Hélène ép. ABADOMA, chef du service de
l’action sociale de l’université de Yaoundé II qui nous a accueilli et accompagné
depuis notre entrée à l’université de Yaoundé II à travers ses multiples actions
sociales. Chère madame, vos actes vous honorent ! Ainsi que votre bras droit
monsieur MVOTTO NNANGA David Luther que nous appelons
affectueusement ‘’Tonton Luther’’ qui a été toujours présent à nos coté pour nous
soutenir. Et toute l’AEH est ici profondément remerciée.
- Ma grande famille notamment la descendance TCHAHA Madeleine, la
descendance PEUSSEK Anne et la descendance NGUEKAM Emilienne sans
laquelle je ne serais pas qui je suis ni où j’en suis aujourd’hui. Une pensée
particulière pour mon grand frère TSOBNANG MONGU Christian Raoul qui
n’a jamais cessé de me soutenir tant dans mes réussites que dans mes échecs. Mon
cher grand frère tu es pour moi un modèle ! Et ma très chère complice, amie et
belle-sœur SIMAYE KENGNI Epiphanie.
- Tous ce qui ont pris part à la production de ce travail de près ou de loin.

iii
ABBREVIATIONS ET SIGLES

- Al : alinéa
- ANIF : Agence Nationale d’Investigation Financière
- Art. : article
- CDBA : Commission de Déclaration des Biens et Avoirs
- CDBF : Conseil de Discipline Budgétaire et Financière
- CEMAC : Communauté Economique d’Afrique Centrale
- CF : contrôleur financier
- Cf. : Confer
- CONAC : Commission nationale Anti-corruption
- CONSUPE : Contrôle Supérieur de l’Etat
- DGB : Direction Générale du Budget
- GFP : Gestion et Finances Publiques
- Ibid. : Ibidem
- IGE : Inspection Générale de l’Etat
- ISC : Institution Supérieur de Contrôle des Finances Publiques
- LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
- Minfi : Ministère des Finances
- Op.cit. : Opus Citatum
- P. : Page
- PUF : Presses Universitaires de France
- RAFIP : Revue Africaine de Finances Publiques
- RFAP : Revue Française d’Administration Publique
- RASJ : Revue Africaine des Sciences Juridique
- RFFP : Revue Française de finances Publiques
- RGCP : Règlement Général de la Comptabilité Publique
- V. : Voir
- Vol. : Volume

iv
RESUME

Le contrôle de l’exécution du budget est le gage d’une bonne santé financière d’un
Etat. En effet, contrôler l’exécution du budget revient à vérifier la conformité de celle-ci par
rapport aux objectifs fixés par le gouvernement. Il permet de déceler les irrégularités, les
fautes de gestion et de prévenir les détournements de deniers publics. Ce contrôle peut être
politique, juridictionnel et administratif.

Le contrôle administratif de l’exécution du budget représente donc le contrôle


effectué par l’administration sur elle-même ; sur ses agents. A l’aune de la loi n°2018/012 du
11 juillet 2018, celui-ci est exercé par le ministère des finances qui a la responsabilité de
mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière financière et en marge de celui-ci
par des institutions indépendantes et autonomes. Le contrôle exercé par le ministère des
finances est effectué par les services centraux du ministère et les services extérieurs. Les
services centraux sont constitués ici du ministre en charge du ministère des finances et de
l’inspection générale d’une part et les organes de l’administration centrale d’autre part. De
plus, les services extérieurs du ministère des finances constitués du contrôleur financier et du
comptable public sont le prolongement du contrôle exercé par le ministère des finances. En
réalité, le contrôleur financier et le comptable sont les principaux acteurs du contrôle de
l’exécution du budget. Ils sont placés auprès des ordonnateurs et gestionnaires de crédits et
effectuent un contrôle de régularité sur les actes de ces derniers.

Le contrôle administratif de l’exécution du budget est également exercé en marge du


ministère des finances par les institutions indépendantes et autonomes au rang desquelles le
Contrôle supérieur de l’Etat qui est l’institution supérieure de contrôle des finances publiques
au Cameroun. A ce titre, il effectue des vérifications au niveau le plus élevé des services
publics et autres entités publiques et peut mettre en jeu la responsabilité des gestionnaires
indélicats en cas de faute de gestion qui est depuis la loi du 11 juillet 2018 portant régime
financier de l’Etat et des autres entités sanctionnée par la chambre des comptes de la cour
suprême. On note également le contrôle effectué par les institutions de lutte contre
l’enrichissement illicite et la corruption en l’occurrence l’Agence nationale d’investigation
financière et la Commission nationale anti-corruption. Celles-ci jouent un rôle majeur dans la
protection de la fortune publique et la lutte contre les détournements de deniers publics.

v
ABSTRACT

The control of the execution of the budget is the guarantee of a good financial health
of a State. Indeed, monitoring the execution of the budget amounts to verifying its compliance
with the objectives set by the government. It makes it possible to detect irregularities and
mismanagement and prevent embezzlement of public funds. This control can be political,
jurisdictional and administrative.

The administrative control of the execution of the budget therefore represents the
control carried out by the administration over itself; on its agents. In accordance with Law No.
2018/012 of July 11, 2018, this is exercised by the Ministry of Finance which is responsible
for implementing government policy in financial matters and on the sidelines thereof by
independent and autonomous institutions. The control exercised by the Ministry of Finance is
carried out by the central services of the Ministry and the external services. The central
services here are made up of the minister in charge of the finance ministry and the general
inspectorate on the one hand, and the central administration bodies on the other. In addition,
the external service an extension of the control exercised by the finance ministry. In reality,
the financial controller and the accountant are the main actors in controlling budget execution.
They are placed with the authorizing officers and loan managers and carry out a regularity
check on the acts of the latter.

Administrative control of budget execution is also exercised outside the Ministry of


Finance by independent and autonomous institutions, including the Supreme State Control,
which is the supreme audit institution of public finances in Cameroon. As such, it carries out
verifications at the highest level of public services and other public entities and can bring into
play the responsibility of dishonest managers in the event of management misconduct which
since the law of July 11, 2018 on the financial regime of the State and other entities
sanctioned by the audit chamber of the Supreme Court. We also note the control carried out
by the institutions fighting against illicit enrichment and corruption, in this case the National
Financial Investigation Agency and the National Anti-Corruption Commission. These play a
major role in the protection of public assets and the fight against embezzlement of public
funds.
SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE………………………………………………………...…..1
PREMIERE PARTIE :

LE CONTRÔLE EXERCE PAR LE MINISTERE DES FINANCES………………..…..2

CHAPITRE 1 : LES SERVICES CENTRAUX DU MINISTERE DES FINANCES…….....22

Section 1 : Le ministre et l’inspection Générale……………………………………...23

Section 2 : Les organes de l’administration centrale…………………………………32

CHAPITRE 2 : LES SERVICES EXTERIEURS DU MINISTERE DES FINANCES…….39

Section1 : Le contrôle exercé par le contrôleur financier…………………………….40

Section 2 : le contrôle exercé par le comptable public……………………………….50

SECONDE PARTIE :

LE CONTRÔLE EXERCE EN MARGE DU MINISTERE DES FINANANCES…….61

CHAPITRE 1 : LE CONTRÔLE SUPERIEUR DE L’ETAT……………………………....62

Section 1 : Le statut du contrôle supérieur de l’Etat………………………………....65

Section 2 : L’organisation et le fonctionnement du contrôle supérieur de l’Etat……73

CHAPITRE 2 : LES ORGANES DE CONTRÔLE ADMINISTRATIF

INDEPENDANT…………………………………………………………………………….86

Section 1 : L’Agence Nationale d’Investigation Financière…………………………88

Section 2 : La Commission Nationale Anti-corruption………………………………93

CONCLUSION GNERALE……………………………………………………………….102

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………108

TABLE DES MATIERES…………………………………………………………………110

vii
INTRODUCTION GENERALE

1
La notion de contrôle est au cœur de la gestion des finances publiques1. En effet, le
contrôle de l’exécution du budget apparaît comme une nécessité et une obligation2. Cette
nécessité et obligation se justifient au sens de l’article 15 de la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen(DDHC) du 26 août 1789 qui dispose que « la société a le droit de
demander des comptes à tout agent publique de son administration »3. Cet article est le
fondement juridique du contrôle sur les finances publiques4 ; « Ce principe, outre qu’il a
évidemment une pleine valeur constitutionnelle, a une grande importance théorique et
symbolique, comme en témoigne son inscription au fronton de la Grand Chambre de la Cour
des comptes »5.De même sur le plan national, la constitution du Cameroun du 18 janvier 1996
affirme dans son préambule « son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans la
déclaration universelle des droits de l’homme ».
Le contrôle de la gestion des finances publiques est une préoccupation ancienne, et cela
est d’ailleurs affirmé par Loïc PHILIP en ces propos « bien que les formes modernes de
contrôle des finances publiques datent des XIXe et XXe siècles, ce contrôle est beaucoup plus
ancien. Il est apparu dès l’avènement des sociétés organisées avec le recours à l’impôt et à la
formation des finances publiques. En Europe, il date de plus de 2000 ans puis que Aristote,
lorsqu’il étudiait les constitutions de la Grèce antique, mettait déjà l’accent sur l’importance
de la reddition des comptes pour la bonne administration de la cité »6. Il vise les organismes
soumis aux règles de la comptabilité publique en l’occurrence l’Etat, les collectivités
territoriales décentralisées et leurs établissements, les établissements publics nationaux à
caractère administratif et des établissements publics nationaux à caractère industriel et
commercial, les organismes de toute nature bénéficiant d’une façon ou d’une autre du
concours financier d’une personne morale de droit public.

Les finances publique vont subir une vague de transformation; c’est ce qu’on va appeler
la réforme des finances publiques. En effet, les finances publiques vont connaître une
réforme fondamentale en quête d’une transparence dans la gestion des deniers publics 7. « Ces
réformes trouvent d’elles-mêmes leur unité dans une préoccupation commune, celle de la

1
MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques : approche théorique et pratique, Sénégal, L’harmattan, 2018,
p. 243.
2
Ibidem.
3
Ibidem., Art 15.
4
WASERMAN (F), Les finances publiques, Paris, la documentation française, 8e édition, 2016, p. 65.
5
Ibidem.
6
PHILIP(L), « Panorama du contrôle des finances publiques dans le monde », RFFP, n°101, 2008, pp. 15-28.
7
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, LGDJ, 13eédition, 2014

2
recherche d’une plus grande rationalité du contrôle des fonds publics »8 mieux encore, « on
assiste aujourd’hui à une mutation d’ampleur de l’organisation des systèmes financiers
publics et cette mutation se développe dans le monde comme une onde de choc qui s’étend
progressivement »9.

Dans cette même perspective et dans le souci de l’harmonisation des normes sous
régionales, la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) va
instituer un certain nombre de directives communautaires10 qui serviront de boussole pour
chaque Etat membre, ceci dans le but d’organiser la convergence des politiques budgétaires
des États membres et de les mettre en cohérence avec la politique monétaire commune11. Cela
étant, la réforme des finances publiques au Cameroun s’illustre depuis 2007 par une richesse
normative. Cependant les lois du 11 juillet 201812 peuvent être considérées comme les trames
de fond de la réforme des finances publiques au Cameroun13.
Ces lois qui sont respectivement la loi n°2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de
transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun et
la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques sont indissociables car la première est une sorte de référentiel conceptuel ou mieux
de préambule pour la seconde14.
Parmi les innovations majeures de ces lois, on a le renforcement du triple contrôle des
finances publiques qui peut s’effectuer par type et à 3 niveaux : parlementaire, administratif et
juridictionnel. Ces contrôles assemblés, peuvent se regrouper en 2 grandes catégories : le
contrôle interne (administratif) et le contrôle externe (parlementaire et juridictionnel) qui
conforte ici l’idée d’un meilleur encadrement de la gestion des finances publiques et un souci

8
Ibidem., p. 29.
9
Ibidem.
10
Les directives en question sont au nombre de 6 :
DIRECTIVE N°06/11-UEAC-190-CM-22 7Relative au Code de transparence et de bonne gouvernance
DIRECTIVE N° 01/11-UEAC-190-CM-22 21Relative aux Lois de Finances
DIRECTIVE N°02/11-UEAC-190-CM-22 59Relative au Règlement Général de la Comptabilité Publique
DIRECTIVE N°03/11-UEAC-195-CM-22 95Relative au Plan Comptable de l’Etat
DIRECTIVE N°04/11-UEAC-190-CM-22 139Relative à la Nomenclature Budgétaire de l’Etat
DIRECTIVE N°05/11-UEAC-190-CM-22 159Relative au Tableau des opérations financières de l’Etat
11
STOZ(V), « La réformes des finances publiques en Afrique de l’ouest : les innovations, les enjeux et les
enseignements », Lux Dev, 2019, p. 6.
12
La loi n°2018/011 portant code transparence dans la gestion des finances publiques au Cameroun et la loi
n°2018/012 portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques.
13
PEKASSA NDAM(G), Cours de droit public financier approfondi, master2 Université de Yaoundé II, 2020-
2021, inédit.
14
Ibidem.

3
de protection des deniers publics. Ces deux textes étant désormais le pôle des finances
publiques au Cameroun, ils nous ont inspiré la présente étude sur « le contrôle administratif
de l’exécution du budget à l’aune de la loi de 2018 portant régime financier de l’Etat et
des autres entités publiques » car, ces textes sont axés sur la transparence, la performance et
la sécurisation des finances publiques qui sont des défis majeurs pour la bonne gestion des
finances publiques en général et les finances publiques de l’Etat du Cameroun en particulier .
Pour une meilleure analyse, il convient de se décharger de certains préalables qui
conditionnent la quintessence et le sens de la présente étude. Pour ce faire il sera présenté le
cadre de l’étude du sujet (I) et le cadre opératoire (II).

I- Le cadre de l’étude

Une étude scientifique a vocation à être située15 dans un cadre. Il sera question pour
nous de présenter le contexte du sujet (A), les clarifications conceptuelles (B) et surtout la
revue de la littérature (C).

A- Le contexte de l’étude

Notre sujet est marqué par un contexte politique (1) axé sur la transparence et la bonne
gouvernance dans la gestion des finances publiques qui se rallie à l’harmonisation des règles
de finances publiques dans la sous région Afrique centrale constituant le contexte juridique
(2) compte tenu de l’importance de la protection des deniers publics et les sanctions qui en
découlent.

1- Le contexte politique

Dans une période marquée par les réformes des finances publiques dans une
perspective de transparence et de bonne gouvernance financière, la loi de 2018 portant régime
financier de l’Etat et des autres entités publiques vient ici répondre aux exigences posées par
les directives CEMAC16 ; des exigences de transparence et de bonne gestion des finances
publiques. En effet, la transparence des finances publiques permet qu’un débat reposant sur
des informations solides s’instaure entre les décideurs et dans le public sur l’élaboration et les
résultats de la politique budgétaire17 ensuite le contrôle et la reddition des comptes viennent

15
GUESSELE (L), L’apport de la cour suprême au droit administratif camerounais, thèse de doctorat Ph.D,
université de Yaoundé II, 2010.
16
Op.cit.
17
STOZ(V), « La réformes des finances publiques en Afrique de l’ouest […] », op.cit.

4
faire étalage de la bonne gouvernance financière car « aucun Etat dans le monde aujourd’hui
n’échappe à cette préoccupation de bonne gouvernance financière »18.
La sécurisation des deniers publics est de mise dans les politiques publiques de nos
jours. Il y a lieu de remarquer que le Cameroun met un point d’honneur à la protection des
deniers publics d’ailleurs le Président de la République a engagé un combat contre les
atteintes à la fortune publique dans le cadre dit de « l’opération épervier19 » qui vise à
poursuivre et sanctionner les hauts fonctionnaires de l’Etat et directeurs généraux soupçonnés
de détournement de fonds publics. Cela fait montre d’une volonté ardente d’assurer de façon
permanente et efficace la protection de la fortune publique car « seul un contrôle effectif et
performant des finances publiques permet d’en assurer la maîtrise, de remédier aux
dysfonctionnements, de lutter contre les gaspillages et la corruption qui frappent, plus ou
moins lourdement, pratiquement tous les pays »20. Il faut l’admettre et c’est un fait
indéniable «Les détournements de fonds publics freinent le développement économique et
ralentissent la lutte contre la pauvreté »21.
L’efficacité et la qualité de la gestion des finances publiques est un enjeu majeur pour
un pays tel que le Cameroun qui avait été perçu comme le 28e pays le plus corrompu du
monde sur les 180 classés en janvier 2020 dans le rapport sur l’indice de perception de la
corruption établi par Transparency International22. Cette position s’explique probablement par
les nombreuses défaillances dans la mise en œuvre du contrôle des finances publiques et dans
la prévention et la lutte contre la corruption. Aujourd’hui, le contrôle des finances publiques
est appelé à se renouveler en raison des mutations profondes enclenchées par la réforme qui
vise à introduire la logique de la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques
car « les contrôles deviennent des instruments stratégiques d’aide à l’orientation et à la
décision »23.
Cela dit « Il est donc question d’améliorer la gouvernance financière qui passe
essentiellement par une transparence des finances publiques. Cette modernisation du système
des finances publiques implique un contrôle effectif et efficace de l’exécution du budget des

18
YOSSUNDARA(A), Le contrôle des finances publiques en Thaïlande , thèse de doctorat, Présentée et
soutenue publiquement le 17 septembre 2013, université de Paris I, p.1.
19
Le Cameroun a lancé en 2004 une vaste opération de lutte contre la corruption et de répression des atteintes à la
fortune publique, baptisée « Opération épervier », qui a donné lieu en quelques années à l’arrestation de
nombreux membres du gouvernement et dirigeants de sociétés à capitaux publics.
20
PHILIP(L), « Panorama du contrôle des finances publiques dans le monde », op.cit., p. 15.
21
Ibidem.
22
https://www.Investiraucameroun.com, consulté le 29/04/21 à 01h20.
23
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 466.

5
Etats »24. Et à l’aune de la démocratisation des sociétés et des Etats, la transparence et la
reddition des comptes sont de mises car la question de contrôle des finances publiques s’est
véritablement posée avec l’émergence des Etats démocratique25 ce qu’affirme d’ailleurs
Pierre JOXE quand il dit « il n’ya pas de démocratie sans finances publiques claires, sans
transparence, sans règle de droit »26 et au surplus que « l’obscurité en matière de finances
publiques est évidemment la source de tous les abus ou pire »27. À ce contexte politique il est
important d’ajouter un contexte juridique qui vise à protéger au même titre les finances de
l’Etat à sanctionner les atteintes portées contre elles.

2- Le contexte juridique
La CEMAC « Persuadé de la nécessité d'améliorer toujours davantage la
transparence dans la gestion des finances publiques dans les Etats membres; désireux
d'adapter les directives communautaires aux standards internationaux et aux bonnes
pratiques en matière de gestion des finances publiques »28, va instituer un certain nombre de
directives dans le but d’harmoniser les normes régissant les Finances Publiques dans la sous
région Afrique centrale.
En effet, ces directives interviennent en 2008 en ce qui concerne les directives de la
première génération qui ayant montré leurs limites,« l’adoption des directives de la seconde
génération intervient en 2011 pour remédier aux incohérences et insuffisances de celles de
2008 susvisées, et les abroger29» et on peut comprendre dès lors que « Au-delà du souci de
l’harmonisation du droit public financier dans la zone CEMAC, l’adoption des directives
précitées, visait en filigrane la promotion d’une gestion financière responsable au sein des
Etats de cet espace communautaire »30.
Le contexte juridique ici est marqué par le besoin de protéger la fortune publique car
l’on remarque à la lecture de cette loi un renforcement du triple contrôle31 de la gestion des

24
NGOUNMEDJE (F M), « Loi de règlement et contrôle de l’exécution du budget : contribution à l’étude de la
pertinence de la loi de règlement dans les Etats de l’Afrique noire francophone », RAFIP, n°3-4, 2018, p. 109.
25
YOSSUNDARA (A), Le contrôle des finances publiques en Thaïlande, op.cit., p. 1.
26
JOXE Pierre cité par SAKINATOU BELLO, « Le système de contrôle de la gestion des finances publiques au
Bénin », LAEJ, n°6, p. 439.
27
Ibidem.
28
DIRECTIVE N° 01/11-UEAC-190-CM-22 Relative aux Lois de Finances, p. 1.
29
KOUA(S E), « La prescription de la cour des comptes comme institution supérieur de contrôle des finances
publiques par le droit communautaire CEMAC aux Etats membres : le cas du Cameroun »,RAFIP, n°3-4,2018,
p. 44.
30
Ibid.
31
Art 83(1) de la loi n° 2018/012, op.cit.

6
finances publiques au Cameroun en l’occurrence le contrôle parlementaire, le contrôle
administratif et le contrôle juridictionnel. On comprend de ce fait l’importance accordée à la
protection de la fortune publique, la sécurisation des finances de l’Etat, le besoin de limiter au
maximum des gestions calamiteuses des biens publics et bien entendu la lutte contre la
gabegie32.
Par ailleurs, la loi n°2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’Etat
ayant montrée ses insuffisances et limites, il était plus que temps d’adopter une loi répondant
aux nécessités de la réforme des finances publiques, une loi qui sied au nouveau contexte des
finances publiques ; contexte marqué par la transparence et la bonne gouvernance. Dès lors
les lois du 11 juillet 2018 viennent remédier aux écueils accumulés par la précédente et
affirmer la volonté de l’Etat de garantir la sécurisation des fonds publics.

B- La clarification des concepts

« […] Un travail de recherche commence nécessairement par la précision du sens des


notions, du contenu des concepts qui en constituent la substance »33 et d’ailleurs, « Il est
difficile de faire un travail scientifique sérieux si on théorise à partir des présupposés
accrédités de la tête, si on bâtit des constructions rhétoriques séduisantes mais
pauvrement étayées »34 d’où tout l’intérêt accordé à la définition des mots clés de notre
sujet, grâce à la compréhension desquels il sera aisé de conduire cette réflexion. Notre
thème met en relief trois notions fondamentales à savoir le contrôle administratif (1),
l’exécution (2) et le budget (3).

1- Le contrôle administratif

S’agissant de contrôle, Il fait partie des « notions ou expressions juridiques que l’on
utilise couramment, qui sont intuitivement perçues alors même qu’elles restent rebelles à la
conceptualisation »35. Il est selon André De LAUBADERE « susceptible de sens divers qui le
rendent vague sinon équivoque »36. Venant de l’ancien français « contre rôle37» ; le registre

32KOUA(S E), « La prescription de la cour des comptes comme institution supérieur de contrôle des finances publiques
[…]», op.cit., p. 44.
33
AKONO ONGBA (S), L’apport du juge administratif au droit fiscal au Cameroun, thèse de doctorat Ph.D,
Université de Yaoundé II, 2011-2012, pp. 6-7.
34
AFANE FONO (J D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget de l’Etat du Cameroun, thèse de
doctorat Ph.D présentée et soutenue en 2020 à l’Université de Yaoundé II, p. 11.
35
V. NGUECHE (S), « Le contrôle citoyen des finances publiques en droit Camerounais », RAFIP, n°8, 2020, p.
175.
36
V. BATIA EKASSI (S), L’institution supérieure de contrôle des finances publiques au Cameroun, op.cit., p.26.

7
qui servait à valider le rôle d’imposition ou de dépense, tenu par la personne en charge de
vérifier la bonne exécution des finances du souverain38, il signifie d’après le dictionnaire
Larousse une vérification attentive et minutieuse de la régularité d’un acte et de la validité
d’une pièce39. Au regard du droit public financier le concept de contrôle renvoie aux notions
de vérification, d’inspection, de surveillance, de suivi, d’audit et bien entendu de sanction40 .
Et au plus « sous l’influence de l’anglais « Control », une seconde acception est venue
enrichir le sens premier, celle de « maîtrise » qui désigne le pouvoir de déclencher, moduler,
arrêter, régler un processus que l’on a sous sa surveillance »41.

Pour Michel BOUVIER, contrôler c’est faire des investigations et mener des
recherches sur la sincérité et l’exactitude d’un fait, d’une pièce ou d’une situation42 et la
définition qui sied avec notre étude est celle de Francis FABRE qui pense que la notion de
contrôle « évoque l’idée de vérification, c’est-à-dire le fait de s’assurer qu’une chose est bien
telle qu’on l’a déclarée ou telle qu’elle doit être par rapport à une norme donnée »43.
Le mot administratif est ici l’adjectif qualificatif découlant de la substantive
administration qui renvoie au sens littéral à l’action d’administrer les affaires publiques ou
privées, de régir des biens ou mieux encore l’ensemble des services de l’Etat44. Il est clair
qu’une définition aussi générique ne pourrait être satisfaisante pour nous juriste car en réalité
l’administration peut être considérée selon deux conceptions ; matérielle ou fonctionnelle et
organique et en droit administratif, plus généralement en droit public, l’on s’intéresse surtout
à l’administration publique45. Ainsi, sous l’angle matériel, « l’administration est l’ensemble
des activités ou fonctions exercées, éventuellement en mettant en œuvre les prérogatives de
puissance publique en vue de satisfaire les besoins de la collectivité »46. Pris sous son aspect

37ALOGO NDI (B C), La nature du contrôle du conseil de discipline budgétaire et financière au Cameroun,
mémoire DEA, Université Yaoundé II, 2008-2009.
38KOUMDA AYISSI (A R), Quelle place pour le contrôle financier dans la chaîne des dépenses publiques au

Cameroun ?, mémoire master, Université de Strasbourg, 2015-2016.


39
Dictionnaire Larousse de français,2008.
40
AFANE FONO (J D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget de l’Etat du Cameroun, thèse de
doctorat, op.cit.
41
NGUECHE(S), « Le contrôle citoyen des finances publiques en droit Camerounais », op.cit., p. 178.
42
BOUVIER (M), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, LGDJ, 6e édition, 2004, p. 101.
43
Francis FABRE cité par AFANE FONO (J D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget de l’Etat du
Cameroun, op.cit.
44
Dictionnaire Larousse de français, op.cit.
45
VAN LANG (A), GONDOUIN (G), INSERGUET-BRISSET (V), Dictionnaire de droit administratif, Paris,
Dalloz, 6è édition, 2012, p. 20.
46
Ibidem.

8
organique, « elle se présente comme l’ensemble des organes et agents chargés d’assurer les
missions administratives des personnes publiques »47. Toutefois, les deux acceptions étant très
souvent liées, l’on peut considérer l’administration dans le cadre général du droit public
comme un « ensemble d’organes et des autorités à travers lesquels les tâches publiques ayant
un caractère administratif sont conduites et exercés dans l’Etat »48. Au terme du décret
n°2013/159 du 15 mai 2013, le contrôle administratif se définit comme l’« activité permettant
aux services spécialisés du pouvoir exécutif de s’assurer du respect de la régularité des
opérations budgétaires, financières et du patrimoine de l’Etat, d’évaluer la performance des
administrations et de prévenir les risques de toute nature »49. On peut de ce fait appréhender
le contrôle administratif comme l’ensemble des procédés visant à vérifier, prévenir et
éventuellement sanctionner les irrégularités dans le cadre interne de la gestion administrative.

2- L’exécution
Du latin « exsecutio », l’exécution signifie au sens du dictionnaire Larousse l’action
d’exécuter quelque chose50. En effet la substantive exécution découle du verbe exécuter qui
signifie mettre à effet, agir dans l’optique d’accomplir une tâche. La définition juridique y
voit « la réalisation d’une obligation ou un devoir juridique, le processus qui permet de faire
passer le droit dans les faits, de faire coïncider ce qui est et ce qui doit être »51.
En finances publiques, on parle d’exécution comme l’action de mettre en application les
directives contenues dans la loi de finance. Il s’agit notamment de l’exécution des dépenses et
l’exécution des recettes mais aujourd’hui à l’ère de la budgétisation par programme, on ne
saurait ignorer l’exécution des programmes.
L’exécution des recettes renvoie ici à la liquidation c’est-à-dire le constat, qui consiste à
vérifier que la créance existe et est exigible ; l’arrêt des droits de l’organisme public qui
consiste à fixer le montant exact de la créance à la date de liquidation. Cette tâche est
accomplie par l’ordonnateur. L’exécution des recettes revoie également au recouvrement
c’est-à-dire l’ordre d’encaisser les recettes qui incombe à l’ordonnateur et à l’agent
comptable ; le premier ordonne et le second recouvre.

47
Ibidem.
48
GUIMDO DONGMO (B R), Cours de droit administratif général I, université de Yaoundé II, 2016-2017,
inédit.
49
Art.2du décret n°2013/159 du 15 mai 2013 portant régime particulier du contrôle administratif des finances
publiques.
50
Dictionnaire Larousse de français, op.cit.
51
FARDET (C), « La notion d’exécution des décisions de justice administrative », Civitas Europa, n°39, 2017, p.
1.

9
L’exécution des dépenses quand à elle consiste à l’engament, la liquidation,
l’ordonnancement et le paiement. L’engagement des dépenses consiste à créer à l’endroit de
l’organisme public une obligation donnant lieu à une dépense. Généralement il peut s’agir de
la passation d’une commande, de la signature d’un marché ou de la prise de décision de
recrutement de personnel ou de constatation de droits acquis. Cette étape est l’apanage de
l’ordonnateur. La liquidation est exécutée tout comme dans le cadre des recettes.
L’ordonnancement de la dépense consiste à donner l’ordre de payer la dépense une fois
que les conditions fixées par la réglementation sont réunies. Incombée également à
l’ordonnateur, elle débouche à l’étape finale qui est le paiement effectué par le comptable
public.
Avec la réforme des finances publiques axées sur la gestion orientée vers la performance,
on ne pourrait plus parler de l’exécution du budget sans parler de l’exécution des
programmes. Piloté par un responsable des programmes qui est la clé de voute 52 de
l’exécution du budget programme, le programme est en principe « un ensemble cohérent
d’actions concourant à la réalisation de la politique publique »53. La budgétisation par
programme est axée sur la finalité des dépenses. Il s’agit dorénavant comme l’affirme
Damien CATTEAU de « regrouper les crédits par politiques publiques, formant des
programmes d’actions concrètes à réaliser »54. En réalité « on ne cherche plus ici à savoir
quel type de dépenses seront réalisées mais à savoir à quoi les dépenses vont servir, quelles
politiques publiques elles servent à financer, quelles actions concrètes pour atteindre quels
objectifs (grâce à la démarche de performance) »55. L’exécution des programmes revient
donc à mettre en œuvre les actions de la politique publique qui se décline ici par un ensemble
d’activités.

3- Le budget
Selon le trio Michel BOUVIER, Marie-Christine ESCLASSAN et Jean-Pierre LASSALE,
« la notion de budget est à la fois ambiguë et évolutive »56. Le mot budget vient de l’anglais
‘’bugjet’’ qui lui-même dérive de l’ancien français, ‘’bouge’’, ‘’bougette ‘’, c’est-à-dire petit

52
PEKASSA NDAM (G), Cours de droit public financier approfondi, op.cit.
53
CATTEAU (D), Droit budgétaire comptabilité publique, hachette supérieur, édition.3, 2016, p. 53.
54
Ibidem., p. 52.
55
Ibidem.
56
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 257.
10
sac57. On entend par budget au sens littéral, un ensemble de prévision de dépenses et de
recettes d’une administration pour une période donnée58. Elie Cohen dans son Dictionnaire
de gestion définie le budget comme « un ensemble de prévisions chiffrées, généralement à
court terme (moins d’un an), relatives à l’activité d’un individu ou d’une organisation
(entreprise, association, administration) »59. Il faudrait au passage distinguer ici le budget
privé du budget public parce qu’en réalité le budget privé est seulement un acte de prévision
de dépense et de recette par contre le budget public est un acte de prévision et d’autorisation
des dépenses et des recettes ce qui signifie que « pour les particuliers et les entreprises
privées, les budgets sont seulement des actes financiers ; pour l’Etat et les collectivités
publiques, les budgets sont aussi des actes juridiques, des actes créateurs de droits et
d’obligations »60.
Saisir la notion de budget peut s’avérer plus complexe que ça en a l’air. Dans la pensée
courante, budget et loi de finances sont souvent confondus pour ne pas dire entremêler.
D’ailleurs certains auteurs les considèrent comme des expressions synonymes 61 et donc
interchangeables ce que laisse penser par ailleurs Raymond Bausch quand il définit le budget
comme « la loi annuelle qui prévoit et autorise (toutes) les recettes et dépenses à effectuer
(sur fond ordinaire) par l’Etat pendant l’exercice pour lequel il est voté »62. Pourtant la
distinction doit être établie entre le budget et la loi de finances. S’agissant du budget, il est la
partie comptable de la loi de finances63 alors que la loi de finances est le support du budget64.
On peut concéder ici que le budget est un sous ensemble de la loi de finances parce que la loi
de finances est « l’acte juridique adopté par le Parlement et autorisant le Gouvernement à
prélever les recettes au moyen de l’impôt ainsi que l’exécution des dépenses publiques »65.
Ainsi pour le vocabulaire juridique le budget est un « document récapitulant les prévisions
et les autorisations de ressources et de charges pour une année »66. Parlant du budget de
l’Etat, il est limité aux seules recettes et dépense de l’Etat selon sa conception traditionnelle 67.

57
PHILIP (L), (sous la direction), Dictionnaire encyclopédie de finances publiques, Paris, economica, 1991, p.
171.
58
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 257.
59
COHEN (E), Dictionnaire de la gestion, 3è édition, 2013.
60
DUVERGER(M), Finances publiques, op.cit., p. 213.
61
LEKENE DONCFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 34.
62
BAUSCH (R), Finances publiques, Luxembourg, inspection générale des finances, 2019, p. 5.
63
MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques […], op.cit., p. 60.
64
Ibid.
65
Ibid.
66
Dictionnaire du vocabulaire juridique, 9è édition, 2018.
67
DUVERGER(M), Finances publiques, op.cit., p. 211.
11
C’est un acte essentiellement politique68 indiquait G. Jèze en ce sens que le budget constitue
la transcription financière d’une volonté politique et on ne saurait le nier, « le fait politique est
essentiel, il domine l’ensemble de la réalité financière »69. Le régime financier de l’Etat et des
autres entités publiques de 2018 précise que « le budget décrit les ressources et les charges de
l’Etat autorisées par la loi de finance, sous forme de recettes et de dépenses, dans le cadre
d’un exercice budgétaire »70. Il ressort in finé que le budget est un acte de prévision et
d’autorisation des charges et ressources de l’Etat pour chaque année. De cette définition
l’on peut apercevoir un certain nombre de traits caractérisant le budget.
Le budget est un acte de prévision. Il prévoit et retrace de façon claire l’ensemble des
recettes à collecter et les dépenses à effectuer.
Le budget est un acte d’autorisation. C’est par un vote du parlement que le gouvernement
peut effectuer les dépenses et percevoir les recettes prévus par le budget.
Le budget est un acte périodique. L’article 4 al 2 du régime financier de l’Etat et les autres
entités publiques précise explicitement que « l’exercice budgétaire couvre une année civile ».

C- La revue de la littérature
C’est un fait indéniable qu’une étude ne saurait se faire ex nihilo il serait prétentieux
pour nous de mener cette étude sans toutefois avoir consulté les travaux doctrinaux existant en
la matière. Ainsi, réfléchir sur le contrôle administratif et plus contextuellement à l’aune de la
loi de 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques amène à se
pencher et s’intéresser sur les travaux ayant précédés la présente étude en l’occurrence les
auteurs ayant orienté leurs travaux sur le contrôle administratif de façon générale.
Pour Maurice DUVERGER, « Les contrôles administratifs sont presque toujours des
contrôles à priori ou en cours d’exécution. Ils s’exercent plutôt sur les dépenses que sur les
recettes, parce que les dangers de dilapidation y sont plus grands »71. En effet, pour cet
éminent auteur le contrôle administratif serait beaucoup plus orienté vers les ordonnateurs car
les comptables sont soumis au contrôle particulier de la juridiction des comptes. Il recense
ainsi trois grand contrôles administratifs applicables à l’ensemble des services publics ;
« contrôle dit des « dépenses engagées »; contrôle de l’Inspection des Finances; contrôle des

68
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 255.
69
Ibidem., p. 24.
70
Art. 4 al 1 de la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018.
71
DUVERGER(M), Finances publiques, op.cit., p. 333.

12
comptables sur les ordonnateurs »72. Au demeurant, il reste dans les généralités du contrôle
administratif en y présentant les contours et les déroulements.
Franck WASERMAN présente le contrôle administratif comme « d’abord ceux que les
comptables opèrent sur la régularité des opérations de dépenses et les pièces
justificatives »73. Il fait savoir également que certains contrôles exercés par les juridictions des
comptes sont de nature administrative car « le contrôle de la gestion opéré par la Cour des
comptes, au niveau étatique, et par les chambres régionales et les chambres territoriales des
comptes (CRTC), au niveau local, consiste à évaluer l’effectivité, l’efficience et l’économie
d’une politique publique. Le contrôle de la gestion, qui ne s’appuie jamais sur des
considérations d’opportunité, ne débouche pas sur une décision juridictionnelle mais sur une
lettre d’observation ou un rapport particulier, par exemple, qui seront rendus publics ou non,
dans lesquels la juridiction expose ses conclusions »74.
Pour Mor FALL et Ibrahima TOURE, « Le contrôle administratif s’exerce, soit sous la
forme de contrôle hiérarchique, soit sous la forme de contrôle organique par l’intermédiaire
de corps et organes de contrôle spécialisés »75. Les auteurs présentent ici les sources du
contrôle avant de ressortir plus tard les modalités de contrôle ; ils distinguent de ce fait des
sources supranationales et des sources nationales. Ceux-ci se bornent à décliner les types de
contrôles et les organes qui y sont impliqués en convoquant l’historique de chaque organe
intervenant.
Maxime Bruno AKAKPO quant à lui considère que « Le contrôle de l’utilisation des
fonds publics est un élément clé de la démocratie financière »76 et il y ajoute « L’absence ou
l’inefficacité des contrôles internes et externes dans une organisation conduit inexorablement
à la mauvaise gestion et à la corruption »77. Ce dernier présente également les organes
intervenant dans le contrôle des finances publiques, les principes d’intervention, les méthodes
concourant au contrôle administratif des finances publiques. L’auteur va plus loin en
ressortant les limites du contrôle interne à l’administration dans le cadre des pays membres de
l’UEMOA en ce sens que « la plupart des inspections des ministères et surtout l’inspection

72
Ibidem.
73
WASERMAN (F), Les finances publiques, op.cit., p. 67.
74
Ibidem.
75
MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques : approche théorique et pratique, op.cit., p. 243.
76
AKAKPO (M B), Démocratie financière en Afrique occidentale francophone, Bénin, FES, 2015, p. 61.
77
Ibidem.

13
d’Etat se délecte dans le contrôle financier au lieu du contrôle technique en regard avec
l’objet même du département »78.
Cette critique découle également du fait que le rattachement hiérarchique de l’organe de
contrôle au responsable du service amenuise ainsi l’efficacité du contrôle. Plus encore l’auteur
décrie une absence de formation qualitative des contrôleurs car la fonction de contrôleur
requiert des connaissances et des compétences spécifiques.
Le professeur Charles Etienne LEKENE DONFACK dans les finances publiques
camerounaises présente le contrôle administratif comme des contrôles effectifs79 dont « la
régularité de leur déroulement en fait des éléments permanents du ‘’paysage financier’’ de
l’Etat »80. L’auteur nous présente les différents intervenants dans le contrôle administratif et
les diverses modalités y afférentes, il décrit le contrôle administratif des finances publiques
comme le contrôle primaire et substantiel des finances publiques au regard de sa permanence.
Par ailleurs, pour l’auteur l’effectivité du contrôle administratif des finances publiques ne
signifie pas nécessairement son efficacité malgré leur caractère préventif car n’est pas assorti
d’une sanction coercitive81.
Au demeurant, ces différents auteurs abordent le contrôle administratif de l’exécution du
budget d’une manière assez pertinente. Seulement, ceux-ci ne l’aborde pas à la lumière de la
loi de 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques qui est la
législation de référence au Cameroun désormais en matière de gestion des finances publiques
ce que nous nous proposons dès lors de faire dans le cadre de notre étude sur le contrôle
administratif de l’exécution du budget à l’aune de la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018.

II- Cadre opératoire

Le cadre opératoire de notre travail sera constitué de la problématique (A),


l’hypothèse de recherche (B), l’intérêt (C), la méthode (D) et bien entendu le plan (E)

78
Ibidem., p. 69.
79
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, Berger-Levrault, 1987, p. 299.
80
Ibidem.
81
Ibidem., p. 301.

14
A- La problématique

La problématique est la question centrale de notre étude, l’interrogation majeure qui


oriente le champ de notre réflexion car « sans question, il n’y a pas de recherche »82. Pour
notre thème « le contrôle administratif de l’exécution du budget à l’aune de la loi de 2018
portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques », nous allons questionner les
acteurs dudit contrôle, ce qui nous amène à se demander à qui incombe le contrôle
administratif de l’exécution du budget à l’aune de la loi de 2018 portant régime
financier de l’Etat et des autres entités publiques ? Cette interrogation nous permet de
déceler les acteurs majeurs du contrôle administratif de l’exécution du budget en ce sens qu’à
l’aune de la loi de 2018 on note l’apparition de nouveau type de contrôle administratif se
faisant donne lieu à l’existence de nouveaux acteurs.

B- L’hypothèse de recherche

L’hypothèse représente la proposition de réponse à notre question centrale83, elle est


« une idée que l’on avance comme réponse à la problématique et qui devrait être vérifiée tout
au long du travail »84. C’est « un énoncé affirmatif écrit au présent de l’indicatif […]. C’est
une supposition ou une prédiction, fondée sur la logique de la problématique et des objectifs
de recherche définis »85.En effet, « l’exécution des lois de finances a toujours fait l’objet d’un
encadrement et d’une surveillance approfondis de la part des différents services et corps
administratifs de contrôle »86 et à cela, la nouvelle législation financière ajoute la
transparence qui est un gage de la bonne gouvernance financière. En analysant le contrôle
administratif à la lumière de la loi de 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres
entités publiques, il faut se rendre à l’évidence qu’il incombe à deux catégories d’acteurs
bien distinct à savoir ceux du ministère des finances et ceux en dehors du ministère des
finances. L’hypothèse de recherche étant ainsi dégagée, il sied d’indiquer l’intérêt de la
présente recherche.

82
ASSIE (G R), Cours d’initiation à la méthodologie de la recherche, école pratique de la chambre de commerce
et d’industrie, Abidjan, inédit, p. 21.
83
GRAWITZ (M), Méthodes des sciences sociales, paris, Dalloz, édition.11, p. 398.
84
ONDOA (M), Cours de méthodologie de la recherche, Université de Yaoundé II, 2010, inédit.
85
ASSIE (G R), Cours d’initiation à la méthodologie de la recherche, op.cit., p. 23.
86
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 482.

15
C- L’intérêt du sujet

« Le contrôle des finances publiques constitue un élément indispensable dans tout Etat qui
milite en faveur d’une constante santé financière »87 car « Il a pour but de signaler en temps
utile les écarts par rapport aux normes ou atteintes aux principes de conformité aux lois »88.
D’où l’intérêt suscité par son étude et à c’est égard, il se dégage un intérêt théorique (1) et
pratique (2) de l’étude du contrôle administratif de l’exécution du budget.

1- L’intérêt théorique

L’on peut constater que les études consacrées aux finances publiques de façon générale
sont peu nombreuses, en tout cas pas comme on en retrouve de façon dense en droit
administratif ou droit constitutionnel. Et de façon précise, les travaux consacrés au contrôle
administratif de l’exécution du budget sont moins dense ; l’on ne dénombre que quelques
articles de rare portée.

Et à l’aune de la loi n°2018/012 en question, on témoigne d’une absence d’un nombre


important des travaux accordés au contrôle administratif qui y est énoncé car, les travaux
qu’on retrouve jusqu’ici sont consacré au contrôle juridictionnel étant donné l’extension des
compétences de la juridiction des comptes en matière de gestion des finances publiques mais
également au contrôle parlementaire qui lui aussi a été aménagé ce qui relevait de l’inédit
jusque-là, justifiant d’ailleurs les quelques avis doctrinaux qu’on a pu recenser89.

Notre étude permettra de ressortir les différents acteurs intervenant dans le cadre du
contrôle administratif ; les acteurs qui vérifient l’application de la décision du parlement en
matière budgétaire, via le contrôle interne empêchant l’exécutif de dépasser les crédits
accordés et autorisé par la loi de finance dans un souci de transparence et de bonne

87
BATIA EKASSI (S), L’institution supérieure de contrôle des finances publiques au Cameroun, thèse de
doctorat Ph.D, université de Yaoundé II, 2017-2018.
88
Ibidem.
89
Il s’agit ici des articles commentant la loi de 2018/012 portant régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques notamment KOUA(S E), « La prescription de la cour des comptes comme institution supérieur de
contrôle des finances publiques par le droit communautaire CEMAC aux Etats membres : le cas du Cameroun »,
Art. Pré.
NYANGOE (G A), «La gestion de la dette publique sous l’empire de la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018 portant
régime financier de l’Etat et des autres entités », RAFIP, n°7,
DJEYA KAMDOM (Y G) « La réforme du contentieux financier public au Cameroun par la loi du 11 juillet
2018 : portée et insuffisance d’un texte », gestion et finances publiques, n°6, pp.123-128.
BEGNI GABAGNA, « Le principe de transparence dans les finances publiques des Etats membres de la
CEMAC », RAFIP, p. 186 et suiv.

16
gouvernance dans la gestion des finances publiques tel que recommandé par les directives
CEMAC. A l’évidence, les nouvelles législations financières de 2018 renforcent
considérablement les mécanismes de contrôle.

Il est important de ressortir la volonté du politique à veiller à un meilleur encadrement


de la gestion des finances publiques , d’analyser et comprendre le rôle des différents acteurs
intervenant à la lumière de sa nouvelle loi portant régime financier de l’Etat et des autres
entités publique car partant du point de vu des intitulés, on réalise effectivement que la loi
n°2018/012 du 11 juillet 2018 effectue un dépassement de celle n°2007/006 du 26 décembre
2007 car elle va au-delà des finances de l’Etat pour traiter les autres entités publiques qui sont
au sens de l’article 84 (2) « […]des entreprises publiques, les établissements publics, des
entités privées ayant reçu une subvention, un aval ou une caution de l’Etat ou de tout autre
personne moral de droit public » 90 .

Par ailleurs, les détournements des deniers publics qui gangrènent l’appareil
administratif camerounais laissent croire à une défaillance de son système de défense or
« malgré les apparences qui pourraient conduire à douter du sérieux d’un contrôle de
l’administration sur elle-même, le contrôle des finances publiques par l’autorité
administrative revêt une grande importance pratique »91. Et c’est de la volonté du politique
de veiller au ‘’bien être ‘’ des deniers publics par une surveillance méticuleuse de leurs
gestion.

2- L’intérêt Pratique
« La satisfaction des besoins sans cesse croissants des populations, rapportée à la
raréfaction des ressources publiques conduit logiquement à un examen critique de la
gouvernance publique en général »92 d’où l’importance de déceler les acteurs de la protection
de la fortune publique mais plus encore de ressortir leurs différentes missions sans toutefois
omettre d’évaluer l’exécution de ces missions mais aussi l’impartialité avec laquelle agit les
acteurs du contrôle.
Par ailleurs, notre travail permettra d’évaluer entre autre la portée du contrôle effectué par
les différents organes et instituions de contrôle administratif de l’exécution du budget. On est
loin d’être unanime sur l’impartialité du contrôle effectué puis que dans l’exercice des
fonctions quotidiennes des accointances qui se créée peuvent biaiser la sincérité du contrôle.
90 Art 84(2) de la loi n°2018/012, op.cit.
91 PHILIP(L), « Panorama du contrôle des finances publiques dans le monde », op.cit.
92
KOUMDA AYISSI (A R), op.cit., p. 6.

17
D- La méthode

A propos de la méthode, Claude Bernard dit « l’idée c’est la graine, la méthode c’est
le sol qui lui fournit les conditions de se développer, de prospérer et de donner ses meilleures
fruits suivant sa nature »93, la méthode se révèle comme la démarche, un schéma explicatif
qui procède à l’orientation de la recherche. Elle est « l’ensemble des opérations par lesquelles
une discipline cherche à atteindre une vérité qu’elle poursuit, les détermine, les vérifie[…], et
surtout les façons concrètes d’envisager ou d’organiser les recherches »94. Dans le cadre de
notre étude, on fera appel à la méthode juridique (1) qui est propre au juriste et aux techniques
de recherches additives (2).

1- La méthode juridique

Selon le Professeur Jean-Louis BERGEL, « le raisonnement juridique n’est ni une


démonstration mathématique, ni de la simple rhétorique. Il est fait de controverses, de
dialectique au sens aristotélicien du terme, mais il a aussi recours à la logique formelle. Il
s’inspire à la fois des principes abstraits et des réalités concrètes, avec un va et vient
constant du droit aux faits »95. Celle-ci repose sur l’exégèse et la casuistique. Seulement, la
méthode juridique qui sera exploitée dans le cadre de notre travail sera l’exégèse (a).

a- L’exégèse

L’exégèse consiste à analyser la doctrine et les textes en rapport avec notre étude ; « il
s’agit en général de procéder à une analyse qui se rattache soit à l’esprit, soit à la lettre
du texte. C’est tout le domaine de la dogmatique, ou les règles textuelles sont
essentiellement retenues comme des dogmes ou des opinions catégoriques du droit
auxquels il ne faut pas déroger »96. De ce fait, l’apport de l’exégèse n’est plus à
rechercher dans notre travail d’autant plus que notre étude est axée sur une loi notamment
celle du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’Etat et les autres entités publiques.
On ne saurait mener l’étude sans avoir procédé à un examen des textes mais également à
des décisions existantes en la matière.

93
BERNARD (C), Introduction à la médecine expérimentale, Paris, Bruillières, 1965, p. 60, cité par AKONO
ONGBA (S), op.cit., p. 68.
94
GRAWITZ (M), Méthodes des sciences sociales, op.cit., p. 351.
95
V. GUESSELE (L), L’apport de la cour suprême au droit administratif camerounais, thèse de doctorat Ph.D,
université de Yaoundé II, 2010, p. 64.
96
Ibidem, p. 65.

18
2- Les techniques de recherche employées

Il est question ici de recenser la documentation nécessaire mais aussi d’étudier et évaluer
la matérialisation du contrôle administratif sur le terrain par ces différents acteurs. Des
multiples techniques de recherches existantes, nous nous intéresserons à la collecte des
données (a) et à l’entretien (b).

a- La collecte des données

Elle consiste à rassembler un ensemble d’informations et d’éléments se rapportant à notre


étude. En l’espèce, les ouvrages généraux, les ouvrages spécialisés, les articles scientifiques,
les textes législatifs et réglementaires, la recherche en ligne sur internet ont permis d’établir ce
travail.

b- L’entretien

L’entretien consiste à échanger avec une ou plusieurs personnes sur un sujet donné afin de
réunir et acquérir un certain nombre d’informations. A cet effet, des échanges avec les agents
du ministère des finances du Cameroun, des agents du Contrôle supérieur de l’Etat du
Cameroun nous ont permis de renchérir nos informations.

La méthode de recherche étant définie, il sied à présent de décliner les différentes


articulations de notre étude.

E- Le Plan

Le contrôle administratif de l’exécution du budget à l’aune de la loi de 2018 portant


régime financier de l’Etat et des autres entités publiques est exercé par le ministère des
finances (première partie) et mais également en marge de celui-ci (seconde partie).

19
PREMIERE PARTIE :

LE CONTRÔLE EXERCÉ PAR LE MINISTERE DES


FINANCES

20
Le contrôle administratif de l’exécution du budget est effectué de prime à bord par le
ministère des finances (Minfi) dans la mesure où c’est ce département ministériel qui a la
charge de l’exécution du budget et doit à juste titre en assurer le contrôle de l’exécution en
conformité avec la volonté politique. On peut regrouper les différents acteurs du contrôle
administratif effectué par le Minfi en deux principales catégories à savoir les services
centraux (Chapitre 1) et les services extérieurs (Chapitre 2).

Le contrôle effectué par ces différents services vise entre autre la vérification de la
conformité d’un acte ou d’une gestion avec les règles de droit. C’est un contrôle de
régularité ; il peut chercher à apprécier le respect des principes généraux relatifs à une saine
gestion. C’est un contrôle qui vise à apprécier la qualité d’une gestion. L’on peut aisément
établir un classement de ce contrôle ;un premier classement peut être opéré selon que le
contrôle s’exerce sur les ordonnateurs ou les comptables, un deuxième, selon que le contrôle
porte sur les recettes et les dépenses et un troisième peut être opéré selon le moment auquel
intervient le contrôle : a priori et a posteriori.

21
CHAPITRE 1 :

LES SERVICES CENTRAUX DU MINISTERE DES


FINANCES

22
Aux termes de l’article 63 al 1 du régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques, « le ministre chargé des finances est responsable, en liaison avec les ministres
sectoriels, de la bonne exécution de la loi de finance et du respect des soldes budgétaires
(…) » ; mieux encore le décret portant organisation du ministère des finances du 28 février
2013 dans son article 1er al 2 fait du ministre des finances « le responsable de l’élaboration et
de la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière financière, budgétaire,
fiscale et monétaire ». Il est en fin de compte la clé de voûte de l’exécution du budget de
l’Etat voilà pourquoi le Minfi est très souvent qualifié de « centre névralgique » de l’Etat et
son ministre considéré dans le langage populaire comme le « grand argentier » de la
République.
Le Minfi étant le pilier de l’élaboration et de l’exécution du budget, il apparaît comme
un acteur majeur pour ne pas dire principale dans le contrôle de cette exécution pour s’assurer
du respect des dispositions de la loi de finance dont il est d’ailleurs le garant. Pour ce faire,
celui- ci exerce son contrôle avec l’appui des organes rattachés à son cabinet (Section 1) mais
également des organes de l’administration centrale (Section 2).

Section 1 : Le ministre et l’inspection générale

Le ministre des finances (A) dans son contrôle de l’exécution du budget est
accompagné dans son action par l’inspection générale (B) qui apparaît comme l’organe de
contrôle interne97 du Minfi. Sa particularité étant qu’elle a une compétence qui peut la mener
au niveau des autres ministères, institutions, collectivités territoriales et organismes disposant
de crédits budgétaires, recouvrant des recettes publiques ou bénéficiant de l’appui de la
puissance publique.
A- Le ministre des finances
Le contrôle administratif de l’exécution du budget exercé par le ministre des finances
repose sur le contrôle de l’administration sur elle-même c’est-à-dire sur ses agents98. Pour ce
faire, le ministre peut faire recours à des mécanismes de contrôle tels que prévus par le
régime financier de l’Etat et des autres entités publiques notamment le contrôle hiérarchique
et de tutelle (1) et le contrôle interne (2) car comme le disait Patrice Garant, « l’administration
moderne est une énorme ‘’machine’’ dont l’activité est soumise à de multiples contrôles inter-

MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques (…), op.cit., p. 257.


97

MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques (…), op.cit., p. 243.


98

23
organiques dont la complexité s’accroît de jour en jour »99. Ces modalités de contrôle
intrinsèque à toute administration publique sont établies afin d’améliorer l’efficience des
actions100 ; elles permettent de s’assurer de la régularité, de la légalité et de la conformité des
règles et procédures dans l’exécution du budget afin de signaler en temps utile les écarts par
rapport à la norme ou les atteintes aux principes de la conformité aux lois, de l'efficience, de
l'efficacité et de l'économie de la gestion financière de manière à ce que l'on puisse, dans
chaque cas, prendre des mesures correctives, préciser la responsabilité des parties en cause,
obtenir réparation ou prendre des mesures pour empêcher, ou du moins rendre plus difficile,
la perpétration d'actes de cette nature.
1- Le contrôle hiérarchique et de tutelle
Tout responsable a une responsabilité de contrôle hiérarchique101 qui peut s’exercer sur
ses subordonnés dans un cadre disciplinaire. Selon le dictionnaire de droit administratif, le
contrôle hiérarchique est le « pouvoir exercé par un chef ou supérieur hiérarchique sur ses
subordonnés, détenu de plein droit par celui-ci, sans qu’un texte soit nécessaire pour le lui
attribuer »102 il ajoute en effet que les destinataires en l’occurrence les subordonnés « doivent
s’y conformer en vertu du devoir d’obéissance hiérarchique, à moins qu’elles ne soient
manifestement illégales et de nature à compromettre gravement l’intérêt public »103. Au
mieux, il est « celui qu’exerce un supérieur hiérarchique sur la personne et sur les actes des
agents de son service, ou celui qu’exerce un organe supérieur sur un organe inférieur à
l’intérieur d’une administration, tels que le gouvernement, un ministre ou une administration
locale »104.
Ce contrôle a pour objet de vérifier que les textes législatifs et réglementaires, et les
instructions qui précisent les conditions de mise en œuvre (directives, notes de service,
chartes…) sont correctement appliqués. Si ces textes prévoient l’existence de procédures, le
contrôle porte également sur l’application de ces procédures. Ainsi, tout responsable, par
l’exercice du contrôle, s’assure que la structure dont il a la charge agit conformément aux
règles arrêtées, tant sur le fond que sur la forme.

99
GARANT (P), Droit administratif, Cowansville, Yvon blais , 4ème édition, vol.1, 1996, p. 605.
100
Philibert De DIVONNE, Contrôle hiérarchique : guide méthodologique d’élaboration d’un dispositif, Paris,
DPSM, 2005, P. 1.
101
Ibidem.
102
VAN LANG (A), GONDOUIN (G), INSERGUET-BRISSET (V), Dictionnaire de droit administratif,
op.cit.,p. 215.
103
Ibidem.
104
GARANT (P), Droit administratif, op.cit., p. 605.

24
A cet effet, le contrôle hiérarchique en matière de finances publiques est clairement
encadré. Ce contrôle obéit au « droit commun du contrôle hiérarchique établi par les
dispositions de l’article 49 du statut général de la fonction publique qui imposent aux
fonctionnaires d’obéir aux ordres individuels ou généraux donnés par leurs supérieurs dans
le cadre des lois et règlements en vigueurs »105. Cependant, cette obligation d’obéissance
n’est pas absolue car elle repose que sur des ordres réguliers reçus au quel cas, la
responsabilité du subordonné exécutant sera total sauf en cas de présentation d’un ordre écrit
du supérieur hiérarchique. Cette réserve est fondamentale106 en matière de gestion des
finances publiques en ce sens qu’elle est expressément émise par la loi du 5 décembre 1974
relative au contrôle des ordonnateurs, gestionnaires et gérants des crédits publics et des
entreprises d’Etat dans son article 5 qui prévoit que « les agents mis en cause sont déchargés
de leurs responsabilités s’il est établi qu’ils ont agi sur ordre écrit de leur supérieur
hiérarchique dont la responsabilité se substitue, dans ce cas, à la leur ».
Le ministre des finances exerce donc de façon hiérarchique un contrôle sur les organismes
dotés d’un budget annexe et des établissements publics autonomes suivant les règles propres à
chaque établissement ou organisme ; un contrôle de la gestion des créances et des
participations publiques, de l’endettement des personnes morales de droit public et de
l’emploi des subventions ; un contrôle des finances extérieures, de la monnaie et de la
réglementation des changes ; un contrôle des établissements de crédits, des compagnies
d’assurance et des marchés financiers. Le contrôle hiérarchique peut se manifester sous la
forme qu’un ministre, ordonnateur principal du budget de son ministère peut instruire
l’ordonnateur délégué des dépenses de son ministère, ou son responsable de programme qui
est placé sous son autorité à modifier ou à défaut à faire modifier une décision financière. En
réalité, « ce contrôle hiérarchique n’est pas très visible parce qu’il se confond avec la gestion
administrative et financière courante »107.
Par ailleurs, par le biais de la tutelle, le ministre en charge des finances effectue des
contrôles sur les établissements ou entités publiques dont il assure la tutelle. La référence est
faite dans l’al 2 de l’article 1er du décret portant organisation du Minfi.
La tutelle est définit par le professeur Marcel WALINE comme étant « l’ensemble des
contrôles qui s’exercent soit sur une personne administrative décentralisée, soit même,

105
LEKENE DONCFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 300.
106
Ibidem.
107
MEDE (N), Finances publiques espace UEMOA/UMOA, Sénégal, l’harmattan, 2016, p. 332.

25
exceptionnellement sur une personne de droit privé »108. Dans la tutelle administrative, les
professeurs MASPETIOL et LAROQUE voient en la tutelle « l’ensemble des pouvoirs limités
accordés par la loi à une autorité supérieure sur les agents décentralisés et sur leurs actes,
dans un but de protection d’intérêt général »109. C’est ainsi que le ministre des finances
exerce une tutelle sur la caisse autonome d’amortissement, la caisse des dépôts et consignes et
autres prévus par le décret portant organisation du Minfi. Cette tutelle porte sur les actes
principalement et peut de manière subsidiaire porter sur les agents au cas où leurs défaillances
gênent ou empiètent sur l’activité de l’administration.
La raison d’être ou tout du moins la finalité du contrôle de tutelle est de veiller au respect
des lois dans l’intérêt de l’administration sous tutelle elle-même qui pourrait être victime
d’une mauvaise gestion de ses agents.
Aujourd’hui avec le recourt aux techniques de contrôle du secteur privé, l’administration
publique dispose de nouvelles formes de contrôles qu’elle intègre progressivement dans son
sein afin d’améliorer, mieux encore, de rendre plus efficace le contrôle administratif.

2- Le contrôle interne
La loi portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques du 11 juillet 2018
reprend la directive n°01/11-UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 2011 relative aux lois de
finances notamment l’article 60 en intégrant comme nouvelle forme de contrôle le contrôle
interne. Si le système du contrôle interne émanant de la gestion managériale du secteur privé a
pu bien s’introduire et s’adapter au secteur public c’est en réalité parce qu’il répond à un
certain nombre de caractéristiques bien définies.
Le contrôle interne vise la réalisation et l’optimisation des opérations, la protection des
actifs et des ressources financières. Sa finalité est de « fournir une assurance raisonnable
quant à la bonne réalisation des opérations, à la fiabilité des informations et au respect de la
réglementation »110. Le contrôle interne est défini par le lexique du contrôle interne
comptable comme « l’ensemble des dispositifs, organisés, formalisés et permanents, choisis
par l’encadrement, mis en œuvre par les responsables de tous niveaux pour maîtriser le
fonctionnement de leurs activités; ces dispositifs sont destinés à fournir une assurance

108
V. WALINE (M), Le traité de droit administratif, Sirey, 9 éd., 1963.
109
MAPESTIOL et LAROQUE, La tutelle administrative, Paris, Sirey, 1930, p. 10.
110
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 474.
26
raisonnable quant à la réalisation de l’objectif de qualité comptable »111. Seulement, il sied
de noter que la notion de contrôle interne est bien plus profonde que ça car, en réalité selon
Jacques Renard, « le premier homme préhistorique qui allumait un feu à l’entrée de sa
caverne agissait pour se prémunir d’un risque : celui de l’attaque des bêtes sauvages. Et, ce
faisant, il mettait en place un dispositif de contrôle interne »112. L’auteur tente ici de ressortir
l’ancienneté du contrôle interne qui a été incorporé à juste titre dans le management des
entreprises du secteur privé. Il s’agit donc là d’un dispositif organisé, formalisé, de façon
permanente et propre à chaque entité permettant d’atteindre ses objectifs mais qui n’est pas
pour autant d’une application absolue.
Le contrôle interne vise à donner une assurance raisonnable quant à l’atteinte des deux
objectifs clés à savoir la qualité de la comptabilité budgétaire et la soutenabilité budgétaire 113.
L’objectif de qualité comptable permettra hormis de réaliser et optimiser les opérations mais
aussi de fiabiliser des informations comptables et financières ; assurer la conformité aux lois
et règlements ; la qualité des prestations et la protection juridiques des agents.
En effet, la réalisation et l’optimisation des opérations regroupes les objectifs relatifs à la
performance, la rentabilité et la protection des ressources. Elle permet en outre de connaître
de façon fiable dans quelle mesure les objectifs opérationnels de l’administration sont atteints.
La fiabilité des informations financières couvre la préparation d’états financiers fiables et
pertinents ; l’assurance que les opérations sont effectuées conformément aux instructions
générales et spécifiques, et leurs comptabilité de manière à produire une information
financière conforme aux principes de la comptabilité générale admise. La conformité aux lois
et aux règlements se rapporte à la conformité aux lois et règlements auxquels l’administration
est soumise.
Parmi les caractéristiques fondamentales du contrôle interne, on retrouve l’universalité, la
relativité, la diversité et la dimension culturelle114.
Son caractère universel signifie qu’il a vocation à s’appliquer dans toute organisation
quelle qu’elle soit voilà pourquoi le contrôle interne déporté du secteur privé a pu simplement

111
V. Le lexique du contrôle interne comptable du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, 2005,
p. 4.
112
V. DEMBA BA (B), Finances publiques et gestion par la performance dans les pays membres de l’UEMOA :
le cas du Sénégal, paris, l’Harmattan, 2015, p. 251. L’auteur dresse de façon bien précise et succincte la notion
de contrôle interne ; de son appréhension du secteur privé vers le secteur public mais aussi l’origine même de la
notion de contrôle qui émane des pays anglo-saxons qui ont développés en premier ladite notion entendu comme
‘’internal control’’.
113
BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 475.
114
DEMBA BA (B), finances publiques et gestion par la performance (…), op.cit., p. 254.
27
s’implémenter dans le secteur public sans contrainte. Ce caractère se traduit également par sa
ramification115 dans toutes les composantes de l’administration.
En outre c’est en raison de l’impossibilité d’inventorier tous les éléments afférents au
contrôle interne qui en constitue sa diversité. De cette impossibilité d’inventorier découle
également le caractère relatif du contrôle interne. En effet, la relativité du contrôle interne
revient à dire « qu’il ne s’agit pas d’un système de protection achevé, définitif et parfait »116
car en réalité le contrôle interne peut se révéler efficace à certains temps et caduque à un
autre.
Au sujet de sa dimension culturelle, le contrôle interne est influencé par la culture de
l’environnement dans lequel il est utilisé. Le référentiel COSO qualifie cet environnement
comme « un élément très important de la culture d’une entreprise, puisqu’il détermine le
niveau de sensibilisation du personnel au besoin de contrôle »117 au mieux, « il constitue le
fondement de tous les autres éléments du contrôle interne, en imposant discipline et
organisation »118. La dimension culturelle du contrôle interne recouvre entre autre le facteur
éthique, l’intégrité, la compétence du personnel, la philosophie des dirigeants avec une
influence sur les activités du contrôle. Le facteur de l’éthique et de l’intégrité dépasse
largement le contexte du simple respect des lois et règlements mais touche également à
l’image et à la réputation de l’administration vis-à-vis du public. De ce fait, l’efficacité des
procédures de contrôle interne devient tributaire à l’éthique et l’intégrité dont jouissent les
personnes qui créés, gères et font le suivi du contrôle.
Cette modalité de contrôle dont recourt de plus en plus les structures publiques afin de
veiller à la gestion saine des finances publiques n’est toutefois pas infaillible ou d’application
absolue car il faut le reconnaître, le contrôle interne des finances publiques renferme ses
propres écueils qui lui sont intrinsèque constituant ce qu’on pourrait appeler les limites de
l’efficacité du contrôle interne des finances publiques.
C’est une lapalissade que le risque zéro n’existe pas ! En réalité aucun système n’est
infaillible encore moins celui du contrôle interne. En fait, aucun dispositif de risques n’est
efficace de manière absolue et à cet effet, « le contrôle interne est exposé à une limite à la fois
incontournable et irrémédiable : l’erreur humaine » 119 car ce contrôle est évidemment exercé
par des hommes même si on dénote le recours à la mécanisation et systématisation

115
Ibid.
116
Ibid., p. 255.
117
YAICH (A), « Cadre intégré du contrôle interne », RCF, n°84, 2009, p. 15.
118
Ibid.
119
www.formation-audit-ecofi.com consulté le 2 juillet 2021.

28
informatique, il est indéniable que le paramétrage reste l’apanage des hommes et de ce fait, on
ne pourrait empêcher l’homme de se tromper d’autant plus que c’est à partir des erreurs que le
progrès advient et justement une anomalie peut être bénéfique à bien des égards lorsque celle-
ci fait prendre conscience d’une imperfection encore méconnue.
Par ailleurs, le contrôle interne concerne la fraude et de ce point de vue, « rien ne garantit
à une organisation qu’elle puisse être totalement exonérée de toute malversation »120 car le
contrôle n’élimine pas la fraude mais tout au plus l’amoindri. Dans son rapport sur la fraude
en entreprise publié en 2018, Euler Hermes précise que « malgré la qualité des procédures de
contrôle mis en place, il faut toujours envisager la possibilité d’une fraude interne »121. Ceci
découle du fait que la fraude met un certain nombre de temps avant d’être découverte d’aucun
parle de dix-huit mois voire plus.
De plus, les jugements exercés lors des prises de décision peuvent se révéler défaillants.
C’est ainsi que le « système de contrôle interne ne peut prévenir un jugement erroné ou une
mauvaise décision, ou bien encore un évènement extérieur pouvant entraîner l’échec des
objectifs d’exploitation »122 ; la collusion entre plusieurs personnes peut faire échouer le
contrôle de même que le rapport coût-avantage impose une contingence aux procédures et
dispositifs de contrôle123.
Le contrôle interne est un processus constituant un moyen d’arriver à ses fins et non une
fin en soi ; il n’offre qu’une assurance raisonnable pas une assurance absolue. Il va s’en dire
que le contrôle interne aussi bien conçu et aussi bien appliqué ne peut fournir une garantie
absolue quant à la réalisation des objectifs néanmoins c’est l’une des modalités du contrôle
administratif des finances publiques réceptionnée par le régime financier de l’Etat et des
autres entités publiques de 2018.
Au demeurant, les contrôles hiérarchique et interne sont des modes de contrôle intrinsèque
à l’administration qui vise la communication verticale dans ses services par le lien de la
subordination, garantissant un meilleur aperçu de la gestion faite des deniers publics
permettant ainsi au ministre des finances de s’assurer de la bonne application des règles et
normes prévues dans le cadre budgétaire. Mais aussi de sanctionner dans le cadre disciplinaire
les irrégularités dans la gestion des fonds publics. Toutefois, l’intervention des organes
rattachés au cabinet du ministre permet d’assurer un meilleur contrôle en amont.

120
Ibidem.
121
Rapport disponible sur leur site internet www.eulerhermes.fr consulté le 2 juillet 2021.
122
YAICH (A), « Cadre intégré du contrôle interne », RCF, n°84, 2009, p. 22.
123
Ibidem.

29
B- L’inspection générale du ministère des finances
Considérée comme le « bras et l’œil du ministre »124, elle est sans doute l’organe le plus
large du Minfi en matière de contrôle dans la mesure où elle dispose d’un champ de
compétence et d’intervention assez important d’où l’intérêt accordé à son statut et
organisation (1) et les missions qui lui incombent (2).

1- Statut et organisation de l’inspection générale du ministère des


finances
L’inspection générale est un organe rattaché au cabinet du ministre des finances pour
l’assister dans l’accomplissement de ses missions. Toutefois, sa particularité réside dans le
fait qu’elle a une compétence qui peut la mener au niveau des autres ministères, institutions,
collectivités territoriales et organismes disposant de crédits budgétaires, recouvrant des
recettes publiques ou bénéficiant de l’appui de la puissance publique. En réalité « c’est un
organe de contrôle à compétence nationale »125. En effet, l’article 2 alinéa 1 du décret n°
2013/066 du 28 février 2013 portant organisation du ministère des finances relève
explicitement que « pour l’accomplissement de ses missions, le ministre des finances dispose
[…], d’une inspection générale […] ». L’article 5 du même décret présente la constitution de
ladite inspection ainsi qu’il suit : un inspecteur général des services des régies financières et
un inspecteur général des services administratifs et budgétaires.
Au surplus, l’inspection générale du ministère des finances comprend au-delà des
inspecteurs généraux ; un inspecteur chargé des services fiscaux, un inspecteur chargé des
services du trésor, un inspecteur chargé des services douaniers ; placés sous l’autorité de
l’inspecteur général des services des régies financières, un inspecteur chargé des services
administratifs et un inspecteur chargé des services budgétaires placés sous l’autorité de
l’inspecteur général chargé des services administratifs et budgétaires

2- Les missions de l’inspection générale


Parlant des inspecteurs généraux, le professeur Nicaise MEDE disait « comme leur
nom l’indique, sont les gardiens de l’orthodoxie financière et de la bonne gestion des deniers

124
Cf. PISSALOUX (J-L), « Les inspections générales au sein de l’administration française : structures, fonctions
et évolution », RFAP, n°155, 2015, p. 605.
125
AKAKPO (M B), Démocratie financière en Afrique occidentale francophone, op.cit., p. 63.
30
publics »126. En fait, chaque inspecteur général est dans son domaine de compétence chargé
du contrôle et de l’évaluation des performances des services par rapport aux objectifs fixés ;
du contrôle interne et de l’évaluation du fonctionnement des services centraux et
déconcentrés, des établissements ou organismes sous tutelle, ainsi que des projets rattachés ;
de l’exploitation des rapports trimestriels d’activités des inspections de son champ de
compétence ; de l’information du ministre sur le fonctionnement et le rendement des services
concernés ; de l’évaluation de l’application des techniques d’organisation et méthodes ainsi
que de la simplification du travail administratif ceci en liaison avec les services compétents de
la réforme administrative et enfin, de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la
corruption, en liaison avec la cellule de prévention et de lutte contre la corruption.

Le contrôle effectué par l’inspection générale s’exerce en cours et après exécution des
opérations et porte comme nous l’avions déjà mentionné sur leur régularité et leur
opportunité. Ce contrôle se déroule de trois manières soit à l’improviste, sur pièce ou sur
place.

Le contrôle inopiné consiste à surprendre l’agent vérifié, le contrôle doit donc être
inopiné, l’administration ne doit donc en aucun cas avoir été avertie à l’avance, en effet, une
vérification n’a de sens que si le service dont elle est l’objet n’en est point averti. Lors de son
arrivée dans un poste comptable, l’inspecteur fait arrêter les activités du service (arrêté de
caisse, recensement des fonds et des valeurs, arrêt des registres d’écriture...), et peut demander
tous renseignements au comptable vérifié. L’Inspection constate, ce qui signifie qu’elle ne
prend aucune mesure immédiate sauf exception (en cas d’urgence, l’Inspection peut
suspendre le comptable, par exemple en cas de constat d’un déficit de caisse, et en rendre
compte au ministre) ; un rapport contradictoire est rédigé sur la situation, qui comprend
plusieurs colonnes : les observations de l’inspecteur des finances, les réponses de l’agent
vérifié, les nouvelles observations de l’inspecteur des finances et les observations éventuelles
du supérieur hiérarchique de l’agent contrôlé.
Dans l’accomplissement de leurs missions, les inspecteurs généraux et les inspecteurs
ont accès à tous les documents des services contrôlés. Et à cet effet, ils peuvent demander par
écrit des informations, explications ou documents aux services contrôlés qui sont tenus de
répondre dans les délais impartis. Ils peuvent disposer, à titre ponctuel, du personnel
nécessaire relevant d’autres services du ministère ; requérir en cas de nécessité, après avis

126
MEDE (N), Finances publiques espaces UEMOA/UMOA, op.cit., p. 333.

31
conforme du ministre, la force publique en vue de leur prêter main forte pour constater les
atteintes à la fortune publique.

Il faut dire qu’à la fin de son contrôle, l’inspection générale établit un rapport adressé
au ministre dans lequel elle fait le point de ses constats et fait des recommandations.
Sommairement, l’inspection générale du ministère des finances a pour objet « de s’assurer du
respect par des opérations externes des règles en vigueurs et du bon emploi des ressources
allouées par la puissance publique »127. D’un point de vue spécifique du contrôle de
l’inspection générale, l’on peut dire qu’elle remplit deux fonctions généralisées à savoir
effectuer des missions de contrôle et veiller à la mise en œuvre des directives ou
recommandations émanant des contrôles des autres corps en ce sens qu’elle est placée à un
niveau qui lui confère une autorité sur tous les services opérationnels du ministère128.

Par ailleurs, les activités des services d’inspections évoluent à savoir à coté des
missions d’origine que sont le contrôle et l’inspection, sont venus se rajouter ces dernières
années, d’autres missions telles que l’audit, l’évaluation et le conseil. En effet, l’inspection
générale du Minfi a une compétence en matière de personnel, en matière d’études, d’enquêtes
diverses et de missions spéciales, de participations aux enchères publiques, de supervision des
passations de service entre directeurs généraux ou directeurs, d’avis sur les textes préparés par
le ministre des finances ou soumis à l’avis de celui-ci. L’importance de l’Inspection Générale
ne tient qu’à la qualité de ses analyses, à la précision de ses conclusions et à la pertinence de
ses propositions, l’existence de son contrôle, qui pèse en permanence sur les services publics,
incite les responsables de ces derniers à plus de vigilance car ils savent que le contrôle est
sérieux. A coté de ces contrôles effectués par le ministre des finances et l’inspection générale,
on a les contrôles effectués par les organes de l’administration centrale du ministère.

Section 2 : Les organes de l’administration centrale


L’administration centrale du Minfi représente les différentes divisions et directions
chargées de la mise en œuvre de la feuille de route telle que définit par le ministre. Y est
inclus le secrétariat général dont le rôle principal est de suivre l’instruction des affaires du
département ministériel et de recevoir les délégations de signature nécessaires. Les organes
clés dont l’implication majeure dans le contrôle de l’exécution du budget n’est plus à

DEMBA BA (B), Finances publiques et gestion par la performance (…), op.cit., p. 227.
127
128
Ibidem., p. 230.

32
rechercher sont la direction générale du budget (A) qui est chargé de la mise en œuvre de la
politique budgétaire du gouvernement et les directions générales des impôts et du trésor (B).

A- La direction générale du budget


La direction générale du budget (DGB) au vu de ses missions et attributions (1), est un
organe central dans le processus du contrôle de la bonne gestion des deniers publics étant
donné son implication dans le processus de l’élaboration, de l’exécution, elle doit en assurer à
juste titre son suivi. Placée sous l’autorité d’un directeur général, elle comprend un ensemble
de services, de sous-division et des divisions notamment la division du contrôle budgétaire, de
l’audit et de la qualité de la dépense (2).

1- Les missions de la direction générale du budget


L’article 34 du décret portant organisation du ministère des finances définit les
attributions et les missions à la charge du DGB.
A cet égard, elle assure d’entrée de jeu la mise en œuvre de la politique budgétaire du
gouvernement. Elle doit veiller à éviter à l’Etat tout déficit excessif étant donné que les
budgets des administrations publiques doivent être établis de manière à garantir la
soutenabilité de l’ensemble des finances publiques. La soutenabilité consiste ici pour l’Etat à
honorer ses engagements ; selon l’approche donnée par le fond monétaire international, la
situation des finances publiques d’un Etat est considérée comme soutenable lorsque celui-ci a
la capacité d’honorer ses obligations présentes et futures en menant des politiques
économiques faisables et politiquement réalistes. Cette appréhension mène nécessairement à
deux considérations majeures à savoir budgétaire et macroéconomique. La soutenabilité
budgétaire renvoie à l’adéquation entre l’activité prévisionnelle des services avec les crédits et
les emplois notifiés et attendus129 ainsi les programmes et leur exécution doivent être
soutenable au regard de l’autorisation budgétaire annuelle. Ceci permet d’honorer les
engagements prévus et de maîtriser leurs conséquences budgétaires en cours d’année et les
années ultérieures. L’aspect macroéconomique considère que la situation des finances
publiques d’un Etat est soutenable lorsque la dette publique de celui-ci est stable en
pourcentage de PIB à un horizon infini130 c’est-à-dire les recettes futures permettent en fait de
couvrir la dette actuelle et les dépenses futures. En assurant cette bonne mise en œuvre des

129
Décret n°2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable en France.
130
Les fiches de l’encyclopédie publique, politique budgétaire disponible sur fipeco.fr consulté le 19 juillet 2021.

33
politiques budgétaire, la DGB se prête aux obligations de la surveillance multilatérale selon
les conventions sous-régionales régissant la CEMAC.
De même, la DGB est chargée du contrôle, de l’audit et de l’évaluation des
programmes dans le cadre du budget de l’Etat. En effet, après la réforme profonde de ses
finances publiques entamée au début des années 2000, le Cameroun va dorénavant axer sa
gestion du budget au tour des programmes pour concourir à la « réalisation des objectifs de
développement économique, social et culturel du pays »131. Cette gestion axée sur les
programmes sera consacrée par la loi n°2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime
financier de l’Etat.
L’orientation du budget vers les programmes permet de répondre à trois principaux
préoccupations ; l’amélioration de la viabilité de l’action publique, l’amélioration de la
planification et l’organisation des activités de l’administration publique et enfin, convaincre
les contribuables et usagers des services publics, ainsi que les partenaires au développement
pour le financement de l’action publique. Ainsi, dans l’esprit du budget programme, les choix
budgétaires sont basés sur la connaissance précise des niveaux de résultats à atteindre en
fonction d’un montant de crédits budgétaire donné.
La DGB effectue donc un contrôle et un audit des programmes pour garantir la
pertinence et la fiabilité des documents produits par les responsables de programmes ceci en
amont du dépôt du rapport annuel de performance que le gouvernement doit présenter au
parlement. L’audit des programmes permet d’analyser le périmètre et la structuration des
programmes ; l’analyse des coûts ; la justification des coûts ; la performance et la fiabilité des
systèmes d’information de mesure de résultats132.
Par ailleurs, elle collabore avec le ministère en charge des investissements publics
pour le suivi et l’application du programme d’investissement prioritaire ; mais aussi du suivi
et évaluation des subventions accordées par l’Etat aux établissements publics et organismes
publics ; elle suit le niveau d’exécution physique et financière des programmes ou des projets
de développements financés sur les ressources extérieures et plus encore contrôle les
structures de traitement de la solde fonctionnant non seulement au sein de son ministère mais
également dans les autres administrations.
De ses nombreuses services et sous-directions et divisions, la division du contrôle
budgétaire, de l’audit et de la qualité de la dépense tient un rôle majeur quant à la protection
des deniers publics et sa bonne gestion.

131
Avant propos du directeur général du budget, Manuel de préparation du budget programme, Minfi, 2010.
132
Cf. Manuel de préparation du budget programme, op.cit., p. 38.

34
2- La division du contrôle budgétaire, de l’audit et de la qualité de la
dépense de la direction générale du budget
Piloté par un chef de division, la division du contrôle budgétaire, de l’audit et de la
qualité de la dépense est chargée de l’audit et du contrôle budgétaire. Pour ce faire, elle
effectue des missions ponctuelles d’enquêtes et de recherche.
Elle est chargée de l’audit des systèmes et procédures de gestion des finances
publiques, de l’audit et de l’évaluation des opérations d’investissements publics. L’audit est
une technique de contrôle très usitée en finances publiques et dont il serait judicieux de
s‘attarder sur cette notion pour mieux comprendre son emploi par la division du contrôle du
budget. L’audit « est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une
assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les
améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée. Il aide cette organisation à atteindre ses
objectifs, en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus de
management des risques, de contrôle et de gouvernement d’entreprise et en faisant des
propositions pour renforcer son efficacité »133, contrairement au contrôle en lui-même, l’audit
ne vérifie pas les opérations mais évalue les systèmes. En fait, l’audit ne certifie pas les
opérations mais attestes plutôt que les systèmes fonctionnent régulièrement134c’est-à-dire en
conformité avec les règles. La division du contrôle budgétaire, de l’audit et de la qualité de la
dépense doit s’assurer du réel fonctionnement du système de gestion budgétaire en droite
ligne avec les règles en vigueur ; elle cherche à savoir si le fonctionnement produit les
résultats escomptés (l’objectif étant la performance) et que sur certains points, ils devraient
être améliorés, elle formule donc les recommandations.
Elle assure le contrôle de l’exécution du budget de l’Etat, des collectivités territoriales
décentralisées, des établissements et organismes subventionnés. Elle réalise des audits
notamment des audits de performance qui vise à mesurer l’atteinte des résultats car la
tendance actuelle est beaucoup focalisée aux résultats et non plus seulement au
fonctionnement. La pertinence de ce contrôle est qu’il apprécie la gouvernance, l'adéquation
des moyens aux fins, l'obtention des résultats par rapport aux objectifs fixés, la pertinence des
sécurités mises en œuvre par la gestion par rapport aux risques encourus. Il en est de même du
contrôle de la réalisation physico-financière des programmes et projets. Avec sa brigade de
contrôle et de l’audit, la division de contrôle budgétaire assure le contrôle à postériori de la

133
COHEN (A G), La nouvelle gestion publique, Gualino, 3è édition, 2012, p. 41.
134
Ibid.

35
réalisation physico-financière des opérations budgétaires ; du contrôle de la gestion matières
pour ainsi produire à la fin d’année un rapport annuel des contrôles budgétaires.
Cet organe chargé d’une mission principale de contrôle et de l’audit particulièrement
de la qualité de la dépense fait parti des nombreux bras séculiers du Minfi garant de la bonne
gestion des finances publiques.

B- Les directions générales du trésor et des impôts


La particularité de ces organes est qu’ils sont cantonnés au tour des recettes. Ces
directions sont principalement chargées du recouvrement et de la centralisation des recettes et
par ce biais procèdent au contrôle des procédures de recouvrement des recettes. La direction
générale du trésor et de la coopération financière et monétaire (1) et la direction générale des
impôts (2) et leurs différents services concourent à la protection de deniers par des
mécanismes définis par les lois et règlements.

1- La direction générale du trésor et de la coopération financière et


monétaire
Etant la direction chargée de l’élaboration des règles de comptabilisation des recettes
et dépenses publiques et de la mise en œuvre du plan comptable général de l’Etat, celle-ci en
assure le contrôle du respect des normes et des procédures. Au cours de la supervision et la
coordination des activités des postes comptables du trésor, et des administrations financières,
des collectivités territoriales décentralisées et des établissements publics administratif, la
direction du trésor effectue des missions de contrôle afin de veiller à l’intégrité des fonds et
respect des procédures comptables. Elle exerce également un contrôle sur les finances
extérieures et du respect de la réglementation des changes.
Par ailleurs, dans sa mission de lutte contre la criminalité économique et le
blanchiment, elle dispose d’un ensemble de service outillé à la protection des deniers publics
notamment l’inspection des services du trésor dont les missions méritent d’être exposées.
L’inspection des services du trésor veille au bon fonctionnement des services centraux
et déconcentrés de la direction générale du trésor et de la coopération financière et monétaire
notamment par un contrôle du respect des textes en matière de législation, d’organisation et de
fonctionnement interne des services. Elle réalise des audits et des enquêtes administratives
internes pour évaluer l’état de fonctionnement mais mieux encore détecter les irrégularités qui
pourraient être commises par les agents publics ; effectue un contrôle du respect des

36
procédures et de la tenue des écritures définies dans la comptabilité publique afin d’établir la
conformité des actes avec les règles.
Elle assure le contrôle de gestion et l’évaluation des systèmes de pilotage des
performances. Ce contrôle de gestion est adapté à la configuration spécifique de chaque entité
publique afin d’en établir des approches sur mesure. Le pilotage des performances est un
processus dynamique qui comprend deux grandes étapes : la planification et l’analyse ex post
des résultats. Cette dynamique assure deux fonctions : la régulation et l’apprentissage 135. Le
contrôle de gestion consiste donc à piloter l’atteinte de résultats, ceux-ci s’exprimant en des
termes économiques (bénéfice, équilibre financier, création de valeur pour l’actionnaire,
etc.)136. Sa fonction première n’est pas d’exercer une surveillance coercitive sur les membres
de l’administration, mais de piloter l’atteinte des objectifs de celle-ci. Cependant, « l’atteinte
des objectifs de résultat n’est pas exempte de risques, et plus les facteurs extérieurs sont
hostiles, plus le contrôle est difficile »137. C’est pourquoi il suppose en général plus que la
seule atteinte d’un résultat, une ’idée de performance, c’est-à-dire à l’obtention de résultats en
dépit de l’influence défavorable d’événements extérieurs, à la maîtrise des risques.

2- La direction générale des impôts


Bras séculier de l’Etat, des collectivités territoriales décentralisées et des
établissements publics en matière de collecte des ressources, elle est un organe opérationnel
du Minfi. Celle-ci intervient de façon incidente dans le contrôle de l’exécution du budget
notamment pour ce qui est des recettes de l’Etat recouvrable sur l’année. En majeur, elle
contrôle la coordination et l’animation des services des impôts. Elle est chargé en amont du
contrôle et vérification des impôts directs et indirects, des droits, d’enregistrement, du timbre
et de la curatelle, des redevances et taxes diverses. Dans ses contrôles, elle lutte contre la
fraude et la répression des infractions fiscales et avec son service de l’inspection, elle lutte
contre la corruption.
L’inspection des services participe à l’élaboration des programmes d’intervention et à
la sélection des structures à vérifier ; elle mène des missions d’enquête sur la régularité des
procédures et sur le respect des règles de l’éthique et de la déontologie. Son intervention est
en outre pour effectuer toute enquête rendue nécessaire par une situation particulière.

135
Lire à ce sujet GIRAUD (F), SAULPIC (O), NAULLEAU (G), DELMOND (M-H), BESCOS (P-L), Contrôle
de gestion et pilotage de performance, Paris, Gualino, 2005, p. 19.
136
Ibid.
137
Ibid.

37
CONCLUSION DU CHAPITRE 1

Le ministère des finances est le centre de commandement des opérations budgétaires


et son ministre est le responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du
gouvernement en matière financière, budgétaire, fiscale et monétaire. A ce titre, il est le
principal acteur chargé du contrôle de l’exécution dudit budget. Le ministre des finances au
travers du contrôle hiérarchique, du contrôle de tutelle et du contrôle interne vérifie le
fonctionnement et l’exécution conforme aux lois et règlements du budget. Dans cette tâche, il
dispose auprès de lui de l’inspection générale qui est un organe avec de larges compétences
chargée de contrôler la bonne gestion des finances publiques de toute entité publique.
Les organes de l’administration centrale du Minfi notamment la direction générale du
budget, la direction générale du trésor et la direction générale des impôts viennent de concert
soutenir la lutte contre la corruption, les malversations financières et les détournements de
deniers publics.

38
CHAPITRE 2 :

LES SERVICES EXTERIEURS DU MINISTERE DES


FINANCES

39
Le contrôle effectué par les services extérieurs du Minfi qui est le plus souvent un
contrôle de régularité s’exerce pour l’essentiel sur l’ordonnateur. Il met en avant deux
principaux acteurs notamment le contrôleur financier (Section 1) et le comptable public
(Section 2). Ces deux acteurs exercent essentiellement un contrôle de régularité qui au sens
du décret n°2013/159 du 15 mai 2013 est une « activité permettant de s’assurer de la
conformité des opérations budgétaires, financières, et de gestions du patrimoine de l'État aux
lois et règlements en vigueur »138. Ceci permettant d’établir une meilleure lisibilité et
traçabilité de la gestion des fonds.

Section 1 : Le contrôle exercé par le contrôleur financier


Le contrôleur financier est le premier intervenant dans la chaîne de contrôle de
l’exécution du budget. Avant l’exécution comptable du budget, le contrôleur financier vérifie
au préalable le processus de l’exécution administrative du budget. Pour être plus efficace, il
doit selon le professeur LEKENE DONFACK « se situer au moment de la formation de la
décision administrative pour permettre de déceler et de faire disparaître toutes les
irrégularités budgétaires avant que celles-ci ne deviennent définitives »139. L’on peut noter
que l’existence du contrôle financier au Cameroun est tout récent car durant longtemps
comme l’a affirmé Benjamin BIDIAS « nulle part, il n’est fait allusion au visa du contrôleur
financier ni aux modalités de son contrôle »140, pas comme on peut le remarquer pour le cas
d’autres Etats en l’occurrence la France de qui le Cameroun tire la plus part de ses règles et
institutions qui va introduire le contrôle financier en 1911 par la prescription dans chaque
ministères autre que les finances un corps de contrôle dépendant du ministre141.

Il va s’en dire que le contrôleur financier jouit d’un statut bien déterminé (A) auquel
est rattaché un ensemble de missions bien définies (B) au plan réglementaire et législatif.

A- Le statut du contrôleur financier

C’est sous le prisme d’une approche comparative que nous pourrons présenter le statut
du contrôleur financier en France (1) qui a institutionnalisé le contrôle financier depuis des

138
Article 2 dudit décret.
139
LEKENE DONCFACK (E), Finances publiques camerounaise, op.cit., p. 302.
140
BIDIAS (B), Les finances publiques du Cameroun, Yaoundé, imprimerie nationale, 1982, p. 838.

141
LEKENE DONCFACK (E), Finances publiques camerounaise, op.cit., p. 302.
40
siècles déjà142. Pourquoi partir de la France, c’est en fait du à « la théorie du mimétisme
institutionnel »143 qui énonce en effet que « les États francophones d’Afrique calquent leurs
institutions sur le modèle français existant »144. Cependant nous n’allons pas revenir sur la
controverse relative à la pertinence ou non de cette théorie, l’on remarquera toutefois que le
Cameroun (2) n’a que tout récemment consacré ce contrôle au travers de son régime financier
de l’Etat et des autres entités publiques de 2018. Même si, l’on note l’existence du décret du
03 février 1977 fixant les attributions et l’organisation du contrôle financier et tout récemment
le décret du 15 mai 2013 portant régime particulier du contrôle administratif des finances
publiques qui invoque au passage le contrôle financier comme une forme de contrôle
administratif des finances publiques.

1- Le statut du contrôleur financier en France

En réalité le contrôle financier remonte en France en 1890145notamment par la loi du


26 décembre où chaque contrôleur était un fonctionnaire du ministère auprès duquel il se
trouvait placé, et qu’il était chargé de contrôler ; il dépendait donc, hiérarchiquement, du
ministre dont il était chargé de surveiller l’activité146 et on pouvait déduire de ce fait que
l’indépendance du contrôleur n’était pas assuré ou du moins pas assez suffisante. Il (le
contrôle financier) a été « profondément réorganisé en 1922 »147 par la loi du 10 août 1922
relative à l’organisation du contrôle des dépenses engagées qui va créer un corps spécial de
contrôleurs des dépenses engagées, placés sous l’autorité du ministre des Finances assurant
ainsi l’indépendance des contrôleurs vu que désormais « Chaque contrôleur réside en
permanence auprès d’un ministre, mais ne dépend donc plus de ce ministre : il dépend
seulement du ministre des Finances »148. On constate donc en fait que le contrôle financier
était dénommé au départ contrôle des dépenses engagées. Cette dénomination devient en 1956
le contrôle financier149.

142
V. DUVERGER (M), Finances publiques, op.cit., p. 333.
143
KOUA(S E), « La prescription de la cour des comptes comme institution supérieur de contrôle des finances
publiques […]», op.cit., p. 53.
144
Ibid.
145
DUVERGER (M), Finances publiques, op.cit., p. 333.
146
Ibid., p. 334.
147
Ibid. p.333.
148
Ibid., p. 334.
149
CHOUVEL (F), Mémentos LMD finances publiques, Gualino, édition.19, 2016, p. 185.

41
Seulement, Pour tenir compte de l’intervention de la LOLF, un décret du 27 janvier
2005 en a changé l’esprit ; il a été abrogé au 1er janvier 2013 et remplacé par le décret du
07 novembre 2012150 qui parle désormais d’un contrôle budgétaire et comptable. En réalité
« le fonctionnement traditionnel du contrôle financier était en effet incompatible avec le
principe de fongibilité »151. Dès lors, l’organisation du contrôle financier a été réaménagée au
plan central et local. Au niveau central, les contrôleurs financiers ont été remplacés par les
contrôleurs budgétaires et comptables ministériels (CBCM). Ceux-ci dépendent du ministère
des Finances mais leurs services, chargés à la fois du contrôle budgétaire et de la
centralisation comptable, sont intégrés à ceux de chaque ministère. Au niveau local, en
revanche, la responsabilité du contrôle revient à un comptable ordinaire : le directeur régional
des finances publiques ou, par délégation, le directeur départemental. Tous deux sont assistés
d’un adjoint spécialisé qui a le statut de comptable public.
Le contrôleur financier (CF) mieux, le contrôleur budgétaire en France est nommé par
arrêté du ministre du Budget pour trois ans, la durée totale d'un même emploi ne pouvant
excéder six ans, il peut se voir retirer cet emploi dans l'intérêt du service. Il dispose d'une
totale indépendance vis-à-vis du ministre contrôlé, que ce soit en raison de son statut ou des
prérogatives qui lui sont confiées. Peuvent être nommés en détachement les directeurs
départementaux des finances publiques, les membres du corps de contrôle général
économique et financier, les fonctionnaires ayant exercé les fonctions de secrétaire général ou
des fonctions financières dans des emplois de directeur général ou de directeur
d'administration centrale ou de sous-directeur ou directeur de projet dans le domaine financier
dans les services placés sous l'autorité du ministre du Budget.
D’après l'article 88 du décret de 2012, le contrôle financier auprès d'une autorité
administrative déconcentrée est confié au directeur régional des finances publiques, assisté
par un membre du contrôle général, économique et financier, un expert de haut niveau ou un
administrateur des finances publiques. L’on remarque une évolution fastidieuse du contrôle
financier en France qui est institué depuis le XXe siècle contrairement au Cameroun qui n’a
consacré que tout récemment cette forme de contrôle.

2- Le statut du contrôleur financier au Cameroun


Dans le contexte camerounais, c’est au contrôleur financier qu’il revient de faire le
contrôle de régularité de l’exécution du budget. Il s’intercale donc entre l’ordonnateur qu’il
150
LEGRAND (A), WIENER (C), Le droit public, Paris, la documentation française, 2017, p. 187.
151
Ibid.

42
conseille et contrôle, et le comptable qu’il éclaire. L’article 64 al 1 de la loi portant régime
financier de l’Etat et des autres entités publiques consacre expressément le CF comme acteur
de l’exécution du budget en ce sens que « les opérations d’exécution du budget de l’Etat
incombent aux ordonnateurs, aux contrôleurs financiers et aux comptables publics ».

Il faut noter d’entrée de jeu que « le cadre juridique relatif au contrôle financier au
Cameroun est contrasté »152. En fait, il s’agit là d’une navigation constante entre un
anachronisme et un certain modernisme lorsqu’on constate que le texte qui régi de façon
profonde le contrôle financier au Cameroun date de 1977 et est toujours en vigueur même si
l’on note des textes récents traitant du contrôle financier.

En effet, l’article 115 al 1 du décret n°2020/375 du 7 juillet portant règlement général


de la comptabilité publique de même que l’article 70 al 1 du régime financier de l’Etat et des
autres entités publiques dispose que « un contrôleur financier est nommé auprès des
ordonnateurs principaux, ainsi qu’auprès des ordonnateurs secondaires placés à la tête des
services déconcentrés ». De plus, l’al 2 du décret suscité précise par la suite que « dans les
administrations et structures où le contrôleur financier n’est pas formellement désigné, le
comptable assignataire fait office de contrôleur financier ». Aucun de ces textes ne définit le
statut du contrôleur financier au Cameroun. Il faut remonter au décret de 1977 fixant
l’organisation et les attributions des contrôles financiers pour déterminer le statut du contrôle
financier.

Aux termes de l’article 2 du décret suscité, les contrôleurs financiers et leurs adjoints,
sont nommés par arrêté du premier ministre, et sont placés sous l'autorité du ministre des
finances. Ils ont respectivement rang de sous-directeur d'administration centrale; de chef de
service d'administration centrale lorsqu’ils sont à l'intérieur du territoire national. Auprès des
missions diplomatiques et consulaires; deuxième conseiller d'ambassade pour le contrôleur
financier et de premier secrétaire d'ambassade pour l’adjoint.
Le décret de 2013 organisant le ministère des finances met à disposition de chaque
service un bureau du courrier ordinateur ; un bureau du contrôle des accréditations ; un bureau
des visas ; un bureau des saisies pour le service du contrôle des engagements comptables. Un
bureau des études ; un bureau des visas pour le service du contrôle des engagements
juridiques. Un bureau des régies d’avances ; un bureau de contrôle pour le service des régies
d’avance. En ce qui concerne le service de la solde, il dispose d’un bureau du visa et des

KOUMDA AYISSI (A R), Quelle place pour le contrôle financier […], op.cit., p. 17.
152

43
statistiques ; un bureau de la validation ; un bureau des oppositions. Même si aucune loi ne
définit les règles de recrutement des contrôleurs financiers, « la pratique veut qu’en général
soit nommé contrôleur financier un fonctionnaire du cadre A […] leurs adjoints sont souvent
des fonctionnaires de catégories B »153. Tel est le portrait que l’on pourrait dresser du
contrôleur financier tant en France qu’au Cameroun dont il convient à présent d’étaler les
attributions qui sont les siennes.

B- Les attributions du contrôleur financier

Les missions du CF s’exercent principalement sur l’ordonnateur. Comme nous


l’avions relevé plus haut. Le CF est l’intercalaire entre l’ordonnateur et le comptable et à cet
effet donc, il exerce un contrôle de régularité sur l’ordonnateur (1) avec des moyens de
sanction affirmés (2).

1- Le contrôle de l’ordonnateur

Juridiquement la procédure de la dépense publique commence par un engagement.


C’est à ce moment que l’accord de contrôleur doit être obtenu. La formalité de visa
qu’accomplit le contrôleur financier est celle qui permet l’engagement d’une dépense par
l’ordonnateur.
Le CF effectue plusieurs contrôles sur l’ordonnateur mais davantage un contrôle de
régularité qui fait parti des contrôles dit traditionnel. En effet, ce contrôle se présente comme
la vérification de la conformité à une norme de référence qui représente « l’ensemble des
textes de nature constitutionnelle, législative ou règlementaire qui encadrent la gestion des
deniers publics et l’exécution des lois de finances »154. Le CF se présente donc comme étant le
garant de la régularité de l’exécution du budget parce qu’il effectue un contrôle à la fois
juridique (à priori) et managérial (à postériori)155.

Le décret du 03 février 1977 fixant les attributions et l’organisation des contrôles


financiers fixe clairement les missions des Cf. Ceux-ci sont « chargés d'assurer le Contrôle
des actes administratifs générateurs des recettes et des dépenses soit par les chefs des
départements ministériels, les chefs des missions diplomatiques et consulaires, les

153
LEKENE DONCFACK (E), Les finances publiques camerounaises, op.cit., p. 304.
154
MEDE (N), Finances publiques espace UEMOA/UMOA, op.cit., p. 328.
155
Ibid., p. 332.

44
responsables des organismes et d'établissements publics, soit par leurs subordonnés »156. Il
s’attèle à un contrôle de régularité budgétaire, du respect des règles juridiques et de
l’orthodoxie financière en ce qui concerne les opérations de dépenses du budget général de
l’Etat, des budgets annexes et ceux des collectivités territoriales ainsi que des budgets de
certaines structures publiques. Il est « chargé des contrôle à priori par l’apposition d’un visa
préalable des opérations budgétaires, les propositions d’actes de dépenses qui lui sont
transmises par le ministre ou ses ordonnateurs délégués selon les modalités définies par le
ministre des finances »157.
Dans le cadre de l’exécution du budget de l’Etat, le CF est chargé du contrôle et du
visa de tous les actes d'engagement juridique et comptable ayant une incidence financière sur
le budget de l'Etat ou des établissements publics concernés à l'exclusion des baux et
conventions; du contrôle de l'accréditation des gestionnaires des crédits et des gestionnaires-
liquidateurs; du contrôle des engagements et du rythme de consommation des crédits ; de la
tenue du fichier des personnels des services auprès desquels ils sont placés ; de l'émission des
titres de voyage (réquisitions) ; du contrôle de la régularité des décomptes des marchés passés
par les services de leur ressort ; du contrôle du bon fonctionnement des régies de recettes; du
contrôle et de l'apurement des comptabilités des régisseurs d'avance et des comptables
matières. C’est à ce titre qu’au stade d’engagement de la dépense, chaque ordonnateur doit
solliciter le visa du CF pour que ce dernier puisse vérifier l’existence et la disponibilité du
crédit ainsi que le chapitre correspondant à la dépense dans le respect des normes ; à la phase
d’ordonnancement, l’ordonnateur principal soumet l’ordre de payer au CF pour l’examen de
la conformité de l’engagement à l’ordonnancement.
A l’ère de l’épiphanie de la performance158, le CF « se soucie également de la
soutenabilité financière des décisions prises par l’ordonnateur »159. Il évalue les résultats et
les performances des programmes au regard des objectifs, des moyens utilisés et de
l’organisation des services des ordonnateurs. C’est ainsi que les CF sont amenés à
« développer de nouveaux contrôles avec de nouvelles techniques pour de nouveaux
enjeux »160. Au sens de l’al 5 de l’article 70 précité, « le contrôleur financier donne un avis
sur le caractère sincère et soutenable des plans d’engagements des dépenses », ceci constitue

156
Art. 3 dudit décret.
157
Al 2 art. 70 de la loi de 2018 portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques.
158
SAKINATOU (B), « Le système de contrôle de la gestion (…) », op.cit., p. 443.
159
MEDE (N), Finances publiques (…), op.cit., p. 286.
160
Cf. SAKINATOU BELLO, « Le système de contrôle de la gestion (…) », op.cit.

45
un contrôle d’opportunité servant de barrage contre les folies dépensières des ordonnateurs161.
Il est vrai que le CF n’a pas à se préoccuper de l’opportunité d’une mesure de dépense de
l’ordonnateur car il est seul juge de l’opportunité d’une dépense mais le CF peut en vérifier la
réalité162 ; il effectue donc de façon incidente un contrôle d’opportunité.
Ce contrôle d’opportunité effectué par le CF ne fait pas toujours l’unanimité pour
d’aucuns, il « représente une intrusion injustifiée au sein de la politique des ministères
dépensiers »163. Etant l’apanage des services dépensiers, le contrôle d’opportunité par le CF
relève de l’ingérence du Minfi par le truchement de son agent. Cependant ce contrôle effectué
par le CF est bien réel au-delà de toute polémique car en réalité en contrôlant les décisions
d’engagement de dépense pour y accorder son aval, le CF apprécie au même instant
l’opportunité de la dépense. Et au fond, ce contrôle est bien justifié parce qu’il permet
d’informer le ministre des finances sur la gestion budgétaire dans l’optique de performance et
beaucoup plus de l’évaluation de la soutenabilité budgétaire à l’heure de la budgétisation par
programme.
Par ailleurs, le CF a une compétence consultative en ce qu’il donne son avis motivé
sur les projets de lois, de règlements et autres mesures financières soumis à l’approbation du
Minfi; l’avis n’a aucune force juridique par lui-même, à la différence du visa, il exprime
simplement l’opinion du contrôleur sur la mesure envisagée ; cette opinion est destinée au
ministre des finances, à qui elle permet éventuellement d’exercer son contreseing en
connaissance de cause. Dans la même veine, il est consulté par le Minfi au moment de la
préparation du Budget Général de l’Etat pour donner son avis sur les propositions de dépenses
de l’organisme dépensier dont il assure la régularité des dépenses. C’est ce qui ressort des
articles 8 et 9 du décret du 3 février 1977 notamment pour l’article 8, « Le contrôleur
financier est informé des lieux, dates et ordres du jour des réunions des commissions
administratives traitant des questions financières et économiques dans le cadre de ses
compétences. Il est notamment membre des commissions de réception des marchés passés par
les ministères intéressés. Il est membre des commissions de réforme ou d'adjudication de
matériel, des commissions d'avancement du personnel non fonctionnaire. Au cas où il n'est
pas désigné dans les commissions citées à l'alinéa ci-dessus, il assiste le représentant du
ministère des finances dans les réunions interministérielles de sont ressort ». Et de l’article 9
qui prévoit « Tout projet d'arrêté, d'instruction ou de décision de nature à entraîner une

161
MEDE (N), Finances publiques (…), op.cit., p. 286.
162
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 309.
163
KOTT (S), Le contrôle des dépenses engagées : évolutions d’une fonction, Vincennes, IGPDE, 2004, p. 374.

46
incidence financière directe sur le budget concerné doit être communiqué au Contrôleur
financier pour avis. Ses avis doivent être versés au dossier et y restés en permanence ».

2- Les moyens de sanction du contrôleur financier


Le contrôle financier repose essentiellement sur le fait que le CF doit apposer son visa
préalablement à toute opération initiée par l’ordonnateur ; aucun acte engageant la dépense ne
peut être accompli sans le visa préalable du CF. Le rôle de celui-ci se borne à contrôler la
régularité budgétaire de la dépense. Il vérifie si la dépense est bien imputée sur le crédit
correspondant, s’il existe un crédit suffisant, si la dépense est correctement évaluée. Parfois, il
dépasse cette simple vérification de régularité budgétaire pour aller jusqu’à un contrôle
général de légalité : par exemple, s’il s’agit d’un emploi nouvellement créé, il vérifiera si cette
création d’emploi est régulière et si elle tient compte notamment des nombreux textes
restrictifs intervenus dans ce domaine.

L’ordonnancement d’une dépense doit être soumis au visa du CF également ; faute de


quoi, le comptable refusera de payer. Le rôle de celui-ci est ici très limité : il se borne à
vérifier la régularité de l’ordonnancement, c’est-à-dire l’existence d’une dépense engagée
d’un montant correspondant. Mais, à ce propos, il peut aussi vérifier si son visa avait bien été
donné au moment de l’engagement. En cas d’engagement sans visa, il refusera d’ordonnancer.
Le visa d’ordonnancement se présente ainsi, en général, comme le complément du visa
d’engagement, lequel joue un rôle essentiel car une fois la dépense engagée, il faudra toujours
finir par la payer. A cet effet, le CF vérifie la régularité de la liquidation, la régularité du
service fait et la conformité du crédit alloué à celui de la demande. S’il accepte, le contrôleur
appose un second visa sur la fiche. En effet, toutes les ordonnances (ordres de payer) non
visées par le CF sont systématiquement rejetées par les comptables publics.
Le contrôle effectué par le CF est sanctionné par l’accord simple du visa, l’accord du
visa avec observations, l’accord du visa avec réserve ou le refus du visa tout simplement.
Toutefois, l’ordonnateur peut décider de passer outre le refus du CF et dans ce cas, sa
responsabilité est substituée à celle du contrôleur.
Le visa simple est accordé ici lorsque le contrôleur n’a constaté aucune irrégularité.
Par ailleurs, le visa peut être accordé avec observations lorsqu’il estime que les propositions
d’engagement entachées d’irrégularités sont susceptible d’être corrigées (absence ou
insuffisance des pièces justificatives requises, omission substantielle sur les documents y

47
annexés…) une copie est alors adressée au ministre des finances164. Le visa est accordé avec
réserve lorsque l’autorité de contrôle a des doutes sur la véracité ou l’effectivité de l’objet du
contrôle. Et le refus du visa intervient quand à lui lorsque les éléments fondamentaux de
l’objet du contrôle sont manifestement irréguliers et contraires aux lois et règlements en
l’occurrence le rapport, pouvant contenir des propositions ou suggestions, l’engagement de la
responsabilité des agents des structures contrôlées, conformément aux textes en vigueur,
l’indisponibilité des crédits ou des postes budgétaire. Toutefois, l’article 10 de la loi n°77/41
du 03 février 1977 prévoit qu’un rejet définitif opposé par le contrôleur financier à un acte ne
peut être que sur instruction écrite de son supérieur hiérarchique conformément.
Cependant, l’ordonnateur peut décider de passer outre le refus du CF comme nous
l’avions indiqué plus haut engageant ainsi sa propre responsabilité. Seulement ceci ne devrait
se faire que sur autorisation expresse du ministre des finances 165et ne peut intervenir en cas de
refus du visa prononcé en raison de la qualité de l’ordonnateur ; l’indisponibilité de crédits
ou des postes budgétaire ; l’absence des visas ou des avis préalables prévus par la
réglementation en vigueur l’absence des pièces justificatives relatives a l’engagement ;
l’imputation irrégulière d’un engagement dans le but de dissimuler soit un dépassement de
crédits, soit une modification des crédits ou concours budgétaires, caractère non libératoire du
paiement.
Au surplus, Les contrôleurs financiers sont tenus de produire à la fin de chaque
trimestre un rapport d'activités au ministre des finances. La copie de ces rapports est adressée
au ministre intéressé ou au responsable de l'organisme auprès duquel il est placé. Sur
instructions spéciales, le contrôleur financier peut procéder à toutes les investigations utiles et
éventuellement, bénéficie du concours de la brigade des contrôles ; le contrôleur financier
peut requérir des administrations ou d'une façon générale, des services, des missions
diplomatiques et consulaires, des collectivités publiques secondaires ou établissements dont il
contrôle ou surveille la gestion, communication de tous les documents financiers ou
comptables ou toutes études économiques nécessaires à l'accomplissement de sa mission.
Pour ce faire, les contrôleurs financiers reçoivent délégation de signature portant sur les
matières de leur compétence166.

164
Art. 10 du décret du 3 février 1977 fixant les attributions et l’organisation du contrôle financier.
165
Art. 17 du décret n°2013/159 du 15 mai 2013 portant régime particulier du contrôle administratif des finances
publiques.
166
Cf. Les art. 5, 6, 11 du décret fixant les attributions et organisation du contrôle financier.

48
Au final, l’on peut mener pour sortir quelques considérations d’ordres générales sur le
CF. Pour le professeur LEKENE DONFACK, « le contrôle financier peut être perçu comme
une entorse aux principes constitutionnels »167. Cette entorse ce justifie par le fait que le CF
dans l’exercice de ses fonctions s’immisce dans les activités du ministère auprès duquel il est
placé. Or les principes encadrant le système démocratique ne place guère un ministre,
notamment le ministre des finances au-dessus de ses pairs pire encore son représentant. Etant
donné que chacun passe librement défendre son budget devant le parlement, il devrait
l’utiliser comme il le consent et bien entendu ne rendre compte qu’à celui-ci ou au meilleur
des cas au Président de la République qui définit la politique de la nation qui doit être mise en
œuvre par le gouvernement168.
D’un autre coté, le contrôle financier peut être difficile à réaliser. Ce contrôle est très
souvent taxé de retardateur dans la mesure où pour être profondément effectué, ce contrôle
doit être minutieux or en procédant de la sorte, il retardera la sortie des dossiers et paralyse de
ce fait l’administration. L’expérience a montré que le contrôle financier ralentit énormément
l’action de l’administration. Cet état de fait est la plus part du temps justifié par l’insuffisance
du personnel et donc les ordonnateurs profitent de ce climat pour justifier leur retard sans
chercher à comprendre les raisons du contrôleur. Il est donc plus que nécessaire de doter le
contrôleur financier des moyens et matériels qui pourront dans la mesure du possible rendre le
contrôle plus rapide. De plus, ce contrôle est très souvent insuffisant. Insuffisant compte tenu
des attributions que la loi confère à ce type de contrôle, il ne peut être exercé d’une manière
approfondie. Par définition, il n’est que superficiel dans la mesure où il ne porte que sur la
légalité et la régularité. Aussi il pourra être effectif si des fonds tels que les comtes spéciaux
du trésor, les crédits des établissements publics entrent dans la compétence du contrôleur
financier. Au vu de ce qui précède, on pourrait conclure que le contrôle financier est un mal
mais justement un mal nécessaire169. Le contrôle préalable par l’accord de visas délivré ou
refusé répond au besoin de renseigner le gouvernement sur les conditions d’exécution du
budget pour lui permettre d’amener les modifications utiles à la politique budgétaire et à la
réglementation ; de conduire les ordonnateurs à réexaminer et engager les différentes
catégories de dépense en application du principe de la régularité ; souvent ce contrôle en dépit

167
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 314.
168
Art. 11 al 1 de la constitution du 18 janvier 1996
169
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 315.

49
de son caractère contraignant est considéré comme nécessaire par les ordonnateurs pour
confirmer le caractère légal de leur gestion.
En somme, le contrôleur financier est tenu de veiller sur l’efficience et l’efficacité des
interventions étatique et leur assurer un perfectionnement constant. Il peut aussi constituer une
force d’action de l’économie nationale. De plus, il doit permettre de limiter les dilapidations
et les dépenses abusives. A cet égard, ce contrôle doit être un élément dynamique de la
politique budgétaire. L’efficacité de ce contrôle est indiscutable, il apparaît ici, comme une
arme à double tranchant évitant d’une part les erreurs de gestion et les dépassements des
crédits alloués, d’autre part. Le contrôle financier est avant tout préventif et vaut d’avantage
par ce qu’il empêche que par ce qu’il sanctionne. Situé à l’origine de la décision, il la guide
plutôt qu’il ne la gêne. Ce contrôle assorti à celui effectué par le comptable public concoure à
la transparence et à la bonne gestion des deniers publics.

Section 2 : Le contrôle exercé par le comptable public


Même si l’article 6 al 1 de la loi portant régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques prévoit que « les opérations d’exécution du budget de l’Etat incombent aux
ordonnateurs, aux contrôleurs financiers et aux comptables publics », l’on ne peut pas ignorer
que le règlement général de la comptabilité publique qui « fixe les règles fondamentales
régissant l’exécution des budgets publics, la comptabilité, le contrôle des opérations
financières, ainsi que la gestion des deniers publics, valeurs et bien appartenant ou confiés à
l’Etat »170 ne consacre que deux principaux acteurs de l’exécution du budget que sont
l’ordonnateur et le comptable. L’ordonnateur est entendu ici comme « toute personne ayant
qualité pour prescrire l’exécution des recettes et des dépenses publiques inscrites au budget
de l’Etat, ou des entités concernées »171 et à ce titre, il constate les droits et obligations de
l’Etat et des autres entités publiques, liquide les recettes, engage, liquide et ordonnance les
dépenses. Le comptable quant à lui est un « agent public régulièrement habilité à effectuer, à
titre exclusif et au nom de l’Etat ou des autres entités publiques, des opérations de recettes,
de dépenses ou de maniement de titres, soit au moyen des fonds et valeurs dont il a la garde,
soit par virement interne d’écritures, soit par l’intermédiaire d’autres comptable »172.
De ces appréhensions et répartition des champs de compétence de ces deux acteurs, il
ressort donc que l’ordonnateur est celui-là qui ordonne la dépense ou la recette et le

170
Art 1er al 1 du RGCP du 7 juillet 2020.
171
Art 4 al 1 du RGCP, op.cit.
172
Art. 5 al 1 du RGCP, op.cit.

50
comptable celui qui paye la dépense ou encaisse la recette. On pourrait donc penser
naturellement qu’il existe une hiérarchie entre l’ordonnateur et le comptable pourtant, il en est
rien car en réalité, le comptable public effectue un contrôle sur l’ordonnateur. Ce contrôle
découle du fameux principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable (A) qui débouche
nécessairement sur la responsabilité de ceux-ci (B).

A- Le principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable


En effet, « les fonctions d’ordonnateur et celles de comptable public sont et demeurent
séparées et incompatibles tant en ce qui concerne l’exécution des recettes que l’exécution des
dépenses »173. Cette disposition du régime financier de l’Etat et des autres entités publiques
constitue le principe cardinal de la comptabilité publique174. Bien plus, le règlement général
de la comptabilité publique va plus loin en élargissant le principe aux membres de famille175
et en laissant même l’opportunité aux textes particuliers d’établir d’autres cas
d’incompatibilité176. Cela dit ce principe qui était autre fois rigide dans ses fondements
classiques (1) vient peu à peu à s’assouplir (2).

1- Le fondement classique rigide du principe


Comme nous l’avions signalé, l’un des buts du principe de séparation de l’ordonnateur
et du comptable est de permettre au second de contrôler le premier. Ce principe est d’origine
lointain. En effet, il a été « introduit d’abord pour les recettes par les décrets du 24
vendémiaire et 17 frimaire An III, pour les dépenses dans une ordoannnce royale du 24
septembre 1822, repris par la suite dans l’ordonnance du 31 mai 1838, puis systématisé dans
le décret du 31 mai 1862 »177. Il débouche alors sur l’incompatibilité des ordoannateurs et des
comptables avec pour corolaire l’indépendance de ceux-ci.
L’incompatibilité des fonctions, qui constitue l’aspect le plus apparent du principe a
été introduit par l’ordonance du 14 septembre 1822 relative à l’exécution des dépenses
publiques. La règle implique donc une dualité des fonctions. Celui qui décide, à savoir
l’ordonnateur, ne manie pas les fonds, celui qui manie les fonds, à savoir le comptable, ne
décide pas mais, contrôle, sous sa responsabilité, la régularité financière de l’opération. Ce

173
Art. 64 al 2 du régime financier de l’Etat et des autres entités publiques, op.cit.
174
BOUVIER (M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 386.
175
Art. 7 al 2 du RGCP, op.cit.
176
Ibid., al 3.
177
BOUVIER (M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, op.cit., p. 387.

51
principe ne fait pas qu’interdire un cumul des fonctions des deux acteurs mais au surplus, il
consacre l’exclusivité des fonctions et des tâches178. Ainsi, un même acteur ne peut émettre un
titre de recette et le recouvrer de même qu’ordonnancer une dépense et la payer.
Le corolaire de cette incomptabilité des fonctions est la dualité des comptes.
L’ordonnatur tient à cet effet un compte administratif qui décrit l’exécution du budget et le
comptable public un compte de gestion qui décrit également l’exécution du budget. La
confrontation de ces deux comptabilités permet le règlement définitif du budget. Ainsi, la
comptabilité de l’ordonnateur et celle du comptable permettent en effet de constituer le
compte général de l’État soumis au Parlement par le biais de la loi de règlement du budget.
L’indépendance des autorités est l’autre conséquence découlant du principe de
séparation de l’ordonnateur et du comptable. Pour atteindre l’objectif fondamental du principe
qui est celui d’un contrôle de régularité opéré par le comptable sur l’ordoanneteur, les deux
acteurs sont placés dans une situation d’indépendance mutuelle et principalement du
comptable vis-à-vis de l’ordonnateur. Contrairement à ce que l’on peut voir dans le secteur
privé, le comptable public est d’emblée doté d’un statut destiné à assurer son indépendance,
principalement à l’égard de l’ordonnateur. Etant donné que le comptable est rattaché
directement au Minfi, il est à l’abri des pressions et ordres de l’ordonnateur qui n’a aucun
pouvoir de supérieur hiérarchique sur lui. Cette indépendance des autorités s’étend jusqu’au
tiers vu que l’incompatibilité générale couvre les membre de famille notamment ascendant et
descendant et époux. Au même titre, « les ordonnateurs ne peuvent prendre ou recevoir des
intérêts dans les affaires dont ils ont en tout ou partie l’administration et la surveillance »179.
Le respect de ce principe de séparartion de l’ordonnateur et du comptable débouche donc
naturellemnt sur le contrôle de régularité qu’effectue le comptabe public tant en matière de
recette qu’en matière de dépense.
En matière de recette, le comptable assure un contrôle de la régularité de l’autorisation
à percevoir les recettes ; des recettes prévues par le budget mais non ordonnancées par
l’ordonnateur ; de la mise en recouvrement et de la liquidation des créances, ainsi que de la
régularité formelle des réductions et des annulations des titres de recettes. Le contrôle du
comptable sur les recettes pose rarement de difficulté voilà pourquoi l’accent est accrue
lorsqu’il s’agit des dépenses.
En matière de dépense, le contrôle porte sur l’engagement, la liquidation,
l’ordonnancement et le paiement.

178
Ibid., p. 394.
179
Ibid., p. 394.
52
En général, le comptable vérifie la qualité de l’ordonnateur ou de son délégué. En
effet, selon l’article 8 al 1 du RGCP « il est interdit à toute personne non pourvue d’un titre
légal ou réglementaire d’exercer la fonction d’ordonnateur ou de comptable public, sous
peine des poursuites prévues par la loi ». Ce titre légal est en réalité le résultat d’une
nomination et une accrédiation180. La vérification de l’accréditation de l’ordonnateur permet
donc au comptable de savoir si l’ordonnateur est de ceux dont les mandats sont assignés
payable sur sa caisse. En d’autre terme, les comptables publics doivent pouvoir identifier les
ordonnateurs auprès desquels ils sont désignés. Cette identification se fait par le dépôt auprès
des comptables, de la décision de nomination, des spécimens de signature de l’ordonnateur, le
délégataire devra joindre en plus, l’acte de délégation de la signature181.
Ensuite le contrôle de la validité de la créance amène le comptable à vérifier plusieurs
points notamment la vérification du service fait, à savoir, la preuve que la dépense est la
contre partie d’un service rendu par un tiers à l’administration, les pièces justificatives,
l’exacte imputation budgétaire, le comptable public est destinataire de tous les crédits ouverts
pour chaque ordonnateur, ainsi que de toutes éventuelles modifications intervenant en cour
d’exercice. C’est sur cette base qu’il peut vérifier la disponibilité des crédits et palier ainsi la
possibilité d’un dépassement de crédits…Cette opération constitue le véritable contrôle de
fond exercé sur la dépense.
La vérification du caractère libératoire du paiement permet au comptable de vérifier
que l’ordre de paiement est établi au nom du véritable créancier, d’exclure l’existence
éventuelle d’oppositions, sous peine d’engager sa responsabilité. La vérification du visa
budgétaire intervient pour s’assurer que toutes les dépenses, sauf exception légales ou
l’existence d’un passer outre, sont revêtues du visas de contrôleur financier. Certaines
dépenses doivent comporter, en plus du visa du contrôleur financier, le visa d’organes de
contrôle de type administratif. Une fois l’ensemble des contrôles suscités effectués, le
comptable peut procéder au paiement de la dépense. De ce fait, la sanction du contrôle du
comptable est, soit le paiement, dans les cas ou la dépense est régulière, soit un refus de payer
lorsqu’il s’agit d’une dépense entachée d’irrégularité.
En cas d’irrégularités constatées lors des contrôles ci-dessus, le comptable peut refuser
de payer avec un rejet dûment motivé par écrit à l’ordonnateur182 et ce dernier par ailleurs,
peut adresser au comptable public un ordre de réquisition auquel il est tenu de déférer sauf en

180
Art 8 al 2 du RGCPop.cit.
181
Ibid., Art 9.
182
Art 23 al 2 du RGCP, op.cit.

53
cas d’indisponibilité de crédits ; d’absence de justification du service fait ; le caractère non
libératoire du paiement et l’absence du visa du CF lorsque son visa est obligatoire. Même si le
RGCP maintient fortement le principe de séparation des ordonnateurs et des comptables, l’on
remarque que ce principe tant de plus en plus à s’amenuiser, à s’assouplir compte tenu de son
aménagement.

2- L’aménagement contemporain souple du principe


L’aménagement qui est fait du principe de séparation des ordonnateurs et des
comptables ne remet pas en cause celui-ci. Toutefois, il existe des dérogations tant en matière
de dépense qu’en matière de recette.
En matière de dépense on peut rencontrer un entremêlement des compétences de
l’ordonnateur et du comptable et vis versa c’est le cas notamment des régies d’avances tels
que prévues par l’article 78 du RGCP. Il s’agit d’un gestionnaire qui exerce non seulement la
fonction de l’ordonnateur mais aussi celle du comptable. À cette fin, il se voit remettre une
avance de trésorerie par le comptable pour pouvoir payer au vu des pièces justificatives. En
outre, on peut noter des cas d’empiètement du comptable sur les compétences de
l’ordonnateur en l’occurrence en cas de dépenses payables avant liquidation. Il s’agit par
exemple des avances qui sont des versements avant exécution du marché, elles dérogent à la
règle du service fait ; des dépenses payables sans ordonnancement comme la dette publique,
les sommes indûment perçues à restituer.
En matière de recette, l’on dénote l’intervention de l’ordonnateur dans le domaine de
compétence du comptable notamment pour ce qui est de la régie de recette. La régie de
recettes consiste à habiliter un agent de l’ordre administratif appelé régisseur de recettes à
constater les droits, les liquider et procéder, lui-même, au recouvrement. La régie de recettes
n’est possible en principe que pour les recettes non fiscales et pour de petites sommes ; les
recettes fiscales perçues au comptant constituent également un aménagement vu que certains
impôts sont payés spontanément par les contribuables après qu’ils ont opéré, eux-mêmes, la
constatation des droits et la liquidation. C’est le cas, notamment, de la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA).
En définitive, le contrôle effectué par le comptable sur l’ordonnateur sous le prisme du
principe de séparation de ceux-ci permet non seulement de répartir et distinguer les
compétences de l’un et de l’autre mais également d’établir clairement les responsabilités de
chacun.

54
B- Le régime de responsabilité des ordonnateurs et des comptables
Le principe de séparation de l’odonnateur et du comptabe a pour corolaire la
détermination du régime de responsabilité propre à l’un ou l’autre. Le principe de la
responsabilité de l’ordonnateur et du comptable « postule que les comptables publics sont
pécuniairement et personnellement responsable des opérations effectuées sur les deniers
publics, exception faite des cas de réquisition régulière de l’ordonnateur »183. Ce principe de
responsabilité est clairement posé par le régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques notamment dans son article 87 qui prévoit l’engagement de la responsabilité de tous
les ordonnateurs, des contrôleurs financiers et tout agent d’une entité publique en cas de faute
de gestion ou de détournement de deniers publics tel que prévu par le code pénal184. La faute
de gestion représente ici « tout acte, omission ou négligence commis par tout agent de l’Etat
(…) manifestement contraire à l’intérêt général »185. Autrement dit comme l’appréhende le
professeur AKONO ONGBA SEDENA dans son article sur la distinction entre faute de
gestion et détournement de deniers publics, la faute de gestion « porte l’idée de transgression
de l’obligation qui incombe aux agents préposés à la manipulation ou à l’administration de la
fortune publique, d’en préserver l’intégrité »186 contrairement au détournement de deniers
publics qui est une infraction définit comme « le fait ou l’action d’obtenir ou de retenir de
manière irrégulière un bien appartenant, ou destiné à l’Etat ou à toute autre personne morale
de droit public »187. L’on constate en effet que la responsabilité de l’ordonnateur et du
comptable peut être engagée pour les cas évoqués ci-dessus dont la distinction188 est
importante et nécessaire. Sans verser dans le débat de la distinction faute de gestion et
détournement de deniers publics, tout deux engagent la responsabilité de l’ordonnateur (1) et
celle du comptable (2) qui est beaucoup plus étendue.

183
AKONO ONGBA (S), « La distinction entre la faute de gestion et le détournement de deniers publics en droit
camerounais », RASJ, n°1, 2014, p. 255.
184
Art. 184 du code pénal de la République du Cameroun.
185
Art. 88 de la loi n°2018/012 du 11 juillet 2018, op.cit.
186
AKONO ONGBA (S), « La distinction entre la faute de gestion(…) », op.cit., p. 253.
187
Ibidem.
188
A ce sujet, lire utilement : AKONO ONGBA (S), la distinction entre la faute de gestion et le détournement de
deniers publics, op.cit. Dans cet article l’auteur distingue formellement et matériellement la faute de gestion du
détournement de deniers publics de par leur critère de qualification et du régime de responsabilité des auteurs.

55
1- La responsabilité de l’ordonnateur
L’ordonnateur est la personne ayant qualité pour effectuer les opérations financières ;
de ce fait, il y va de son ressort et sa compétence de signer l’engagement, la liquidation et
l’ordonnancement. On distingue à cet effet trois catégories d’ordonnateurs notamment les
ordonnateurs principaux, les ordonnateurs secondaires et les ordonnateurs délégués.
En cas d’irrégularités telles que prévues dans la loi n°74/18 du 05 décembre 1974
relative au contrôle des ordonnateurs, gestionnaires et gérants des crédits publics et des
entreprises d’Etat189 la responsabilité politique, disciplinaire, civile ou pénal190 des
ordonnateurs peut être engagée.
La responsabilité politique est propre aux ordonnateurs principaux beaucoup plus les
ministres. Cette responsabilité est prévue par la constitution notamment son article 11 qui
dispose à l’al 2 que le gouvernement est responsable devant l’assemblée nationale pour ce qui
est du collectif. De même le précédent article rend les ordonnateurs principaux notamment les
ministres responsables de la mise en œuvre de la politique de la nation telle que définit par le
Président de la République, il est de bon droit que ceux-ci aient des comptes à lui rendre.
Alors là, cette responsabilité se traduira de manière individuelle par le renvoi ou la révocation
du ministre.
La responsabilité disciplinaire incombe beaucoup plus aux ordonnateurs délégués qui
répondent des erreurs et des irrégularités commises dans l’exécution du budget devant leurs
supérieurs hiérarchiques. Ces irrégularités peuvent être constatées, selon la gravité de la faute,
soit par le ministre utilisateur lui-même, soit par le ministre chargé des finances, soit par les
juridictions compétentes. Le supérieur hiérarchique est amené alors à infliger des sanctions à
l’encontre du fautif qui vont de l’avertissement à la révocation.
La responsabilité civile est engagée pour deux causes ; la faute de service et la faute
personnelle. Dans le premier cas, il y va de la défaillance dans le fonctionnement du service
alors c’est la responsabilité pécuniaire de l’Etat qui est engagé. Par contre dans le second cas
c’est-à-dire la faut personnelle, cell-ci est détachée de la fonction alors c’est la responsabilité
personnelle de l’agent qui est mise en jeu.
La responsabilité pénale découle d’une infraction comme nous l’avions précisés plus
haut, ils’agit là du cas de détournement de deniers publics et la peine ne suspend pas les

189
Notamment les articles 3, 6 et 7.
190
Cf. art 15 du RGCP, op.cit.

56
sanctions civiles et disciplinaires191. Contraitrement à l’ordonnateur, la responsabilité du
comptable est loin d’être exhaustive.

2- L’étendue de la responsabilité du comptable


Le fait générateur de la responsabilité du comptable, c’est le constat de tout déficit ou
un manquant en denier ou en valeur, par négligence ou omission. Par conséquent le comptable
est responsable à raison de son fait personnel ou à raison des actes des divers agents placés
sous son autorité ou sous sa surveillance. Le RGCP pose en son article 27 al 1 que « les
comptables publics sont personnellement et pécuniairement responsables des opérations dont
ils sont chargées (…) ». Celle-ci aux termes de l’article 29 al « s’etend à toutes les opérations
du poste qu’ils dirigent depuis la date de leurs installations jusqu’à la date de cessation de
leurs fonctions ». Donc, sa responsabilité est liée aux attributions exercées par son occupation
du poste qu’il dirige pendant toutes les durées de ses fonctions c'est-à-dire de la date de son
installation à la cessation de ses fonctions. Elle est aussi liée à raison des actes des divers
agents placés sous son autorité, ou sa surveillance depuis leurs installations jusqu'à la
cessation de leurs fonctions.
En réalité l’étendue de la responsabilité du comptable va du fait qu’au-delà des
responsabilités disciplinaire, civile et pénale évoquées plus haut, celui-ci a une responsabilité
pécuniaire et personnelle192 qu’il nous revient d’exposer.
La responsabilité personnelle et pécuniaire se trouve engagée dès lors qu’un manquant
en dénier ou en valeur est constaté, elle s’applique à toutes les opérations du poste qu’il dirige
ou celle de ses prédécesseurs s’il n’a pas formulé des réserves sur leurs fonctions. Dans sa
fonction le comptable doit veiller avant d’admettre une dépense à la régularité de l’opération
et sa conformité avec les lois et les règlements en vigueur ; pour tout manquement à ces
dispositions, la responsabilité du comptable se trouve engagée. Et à cet effet, il a
« l’obligation de combler immédiatement et à due concurrence, de ses deniers personnels le
déficit constaté, la dépense payé à tort et la perte de recette subie, dans les conditions prévues
par les lois et règlements en vigueur »193. Cette responsabilité pécuniaire est mise en cause
par un acte de débet administratif ou juridictionnel conformément à l’artcile 32 al 1 du RGCP.
Le premier c’est-à-dire le débet administratif résulte d’un arrêté du ministre des finances et le

191
Ibid., art 15 al 2. ; Cf. également l’art 89 du régime financier de l’Etat et des autres entités publiques.
192
Art. 29 al 1 du RGCP, op.cit.
193
Ibid., art 31.

57
second d’une décision de la juridiction des comptes. Toutefois, la responsabilité des
comptables peut néanmoins être atténuée.
En effet, la responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable public ne peut être
mise en jeu que par le ministre chargé des finances ou par la cour des comptes, mais les cas
ou la bonne foi du comptable est établie le ministre chargé des finances peut faire remises
partielles des débets prononcé à son encontre194. Dans le champ des responsabilités du
comptable, on ne saurait omettre celle du comptable de fait.
Le RGCP définit le comptable de fait comme « toute personne qui sans avoir la
qualité de comptable public ou sans agir sur le contrôle et pour le compte d’un comptable
public, s’ingère dans le recouvrement des recettes, le règlement des dépenses et le maniement
des fonds ou valeurs appartenant à l’Etat »195. A cet effet, il faut avoir la qualité de comptable
pour pouvoir manier les deniers publics, par conséquent le fonctionnaire dépourvu de titre
légal qui manie des deniers publics est réputé, comptable de fait. Même un comptable public,
peut être déclaré comptable de fait, s’il s’immisce dans la gestion financière d’un organisme
public autre que celui duquel il est placé. Le gestionnaire de fait encoure donc les mêmes
sanctions que le comptable public196.

194
Ibid., art 33 al 1 et art 34.
195
Ibid., art 38 al 1.
196
Ibid., al 2.

58
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Considérés comme les acteurs majeurs du contrôle de l’exécution du budget compte
tenu de leur consécration par le régime financier de l’Etat et des autres entités publiques , le
contrôleur financier et le comptable public sont des agents relevant directement du Minfi
placés auprès des ordonnateurs pour s’assurer de la régularité et la légalité de l’exécution des
lois de finances ; ils constituent les services extérieurs du Minfi. Le contrôleur financier est
garant de la régularité des actes de l’ordonnateur notamment en matière d’engagement et
ordonnancement des dépenses. Le comptable, chargé de payer les dépenses et recouvrer les
recettes prescrites par l’ordonnateur doit effectuer toutes les diligences nécessaire afin de
s’assurer de la régularité, la légalité et la conformité des actes de l’ordonnateur. Tous ces
acteurs peuvent voir leur responsabilité engagée en cas d’irrégularités dans leur gestion. Cette
responsabilité pouvant être politique , disciplinaire, civile, pénale, personnelle et pécuniaire.

59
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Le contrôle de l’exécution du budget est la préoccupation de tout Etat qui milite pour
une bonne santé financière et ceci est d’autant plus important aujourd’hui avec le principe de
transparence qui irrigue désormais l’exécution du budget. Le Minfi se retrouve donc comme
la tête de proue de ce contrôle dans la mesure où, il est le principal acteur de la gestion des
finances publics. Par le biais de ses services centraux notamment le ministre des finances lui-
même, l’inspection générale et les différents organes de l’administration centrale et le
truchement de ses services extérieurs dont le contrôleur financier et le comptable public, il
assure le contrôle de la bonne gestion des deniers publics conformément aux lois et
règlements. Son contrôle a pour finalité de protéger les deniers publics, d’engager la
responsabilité des fautifs afin que ceux-ci puissent répondre de leurs actes irrégulières tant sur
le plan disciplinaire, civil que pénal et politique.

60
DEUXIEME PARTIE :

LE CONTRÔLE EXERCÉ EN MARGE DU MINISTERE DES


FINANCES

61
Le contrôle de l’exécution du budget incombe également à certains organes en dehors
du Minfi ; il s’agit des institutions spécialisées. L’institution spécialisée ici fait référence à
une structure dotée de compétence spéciale qui se distingue de l’organe ordinaire dont les
compétences sont encadrées dans un certain champ d’exécution du contrôle.

Il est judicieux de s’attarder un temps soit peu sur la notion d’institution qui constitue
l’élément clé de la deuxième partie de notre travail. L’institution fait partie des notions qui
sont généralement polysémiques c’est-à-dire qui ont plusieurs sens ou significations. Au sens
du droit, l’institution peut renvoyer à l’action d’instituer ou créer, ou tout simplement le
résultat de cette création. Le lexique des termes juridiques voit en l’institution une structure
fondamentale de l’organisation sociale. En réalité la notion d’institution peut être appréhendée
dans plusieurs sens comme nous l’avions relevé précédemment. Cependant, l’on ne pourrait
omettre les travaux du Doyen Maurice Hauriou qui a, si on peut le dire développer la théorie
de l’institution. En effet, c’est dans ses travaux sur l’Etat que celui-ci va développer la théorie
générale de l’institution197. Il affirme à cet effet que « l’Etat est une institution et il contient en
son sein d’autres institutions auxquelles il se sert de support »198. L’acception qu’accorde le
Doyen Maurice Hauriou à la notion d’institution correspond en partie à une institution-organe
qui est un organisme dont le statut et le fonctionnement sont régis par le droit199. Cela amène
à qualifier l’institution comme « une organisation sociale, créée par un pouvoir, dont
l’autorité et la durée sont fondées sur l’acceptation par la majorité des membres du groupe
de l’idée fondamentale qu’elle réalise, et qui repose sur un équilibre de forces ou une
séparation de pouvoirs »200.
Cette mise en relief notionnelle nous permet de mieux se situer quant à ce qu’on
entend par institution spécialisée. Dans le cadre du contrôle administratif de l’exécution du
budget par des organes en dehors du Minfi, on dénote la prééminence du contrôle supérieur
de l’Etat (Consupe) (Chapitre 1) qui est appuyé dans cette démarche par des institutions
qu’on pourrait qualifier « d’institutions auxiliaires » (chapitre 2) en l’occurrence l’agence
nationale d’investigation financière (Anif), la commission nationale anti-corruption (Conac).

197
HAURIOU (M), Principes de droit public, Larose, 1ère édition, 1910.
198
Ibidem., p. 125.
199
Lexique des termes juridiques, 2017-2018.
200
Ibidem.

62
CHAPITRE 1 :

LE CONTRÔLE SUPÉRIEUR DE L’ETAT

63
Le contrôle supérieur de l’Etat est institué par le décret n°97/047 du 05 mars 1997
portant organisation des services du contrôle supérieur de l’Etat. Seulement, l’existence du
Consupe remonte à bien des années avant car, en réalité les services du Consupe « constituent
une administration particulièrement mouvante, à en juger par l’abondance des textes qui les
organisent et les réorganisent »201 et plus encore, le Consupe « est une des administrations
qui a subi le plus de mutations depuis sa création »202. Quand on y songe, l’avènement du
Consupe commence avec la création en 1962 du service de l’inspection et du contrôle par le
décret n°62/DF/287 du 12 juillet 1962, suivi en 1964 par la création de la direction générale
du contrôle de l’Etat par le décret n°64/DF/248 du 30 juin 1964.
C’est en fait à partir de 1969 que se dessine ce qu’on appellera plus tard le Consupe
car en fait l’inspection générale de l’Etat (IGE) qui constitue la base du Consupe est créée par
le décret n°69/DF/70 du 25 février 1969 en remplacement de la direction générale du
contrôle. D’ailleurs, l’IGE continue d’être encore utilisée dans certains Etats comme le
Sénégal203, le Bénin204. C’est sur les cendres de l’IGE en 1997 que le Consupe sera créée par
le décret n°97/047 du 5 mars 1997 portant organisation des services du contrôle supérieur de
l’Etat. Il sera suivi par le décret du 11 octobre 2005 et le tout dernier en date à savoir le décret
n°2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du contrôle supérieur de
l’Etat. Cette densité des textes au tour du Consupe vient confortée l’idée selon laquelle le
contrôle supérieur de l’Etat est une institution phare en matière de protection et de sanction
des délits financiers et mieux encore d’un renforcement de sa fonction de contrôle205 se
manifestant à travers « la diversification de la typologie de contrôle, mais également par le
renforcement des structures […] et une orientation évidente vers la modernisation des
missions de l’institution »206.
Au regard de ce qui précède, on peut dire sans se tromper que le Consupe jouit d’un
certain statut bien spécial contrairement aux autres institutions spécialisées (Section 1) et dont
l’organisation et le fonctionnement sont régis par des textes particuliers (Section 2).

201
NDJOM NACK (E D), Recueil de textes sur le contrôle supérieur de l’Etat 1958-2005, préface, disponible en
ligne sur www.bibliothèque.pssfp.net, consulté le1 juillet 2021
202
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 324.
203
MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques, op.cit., p. 248.
204
SAKINATOU Bello, « Le système de contrôle de la gestion des finances publiques au Bénin », op.cit., p. 444.
205
NDJOM NACK (E D), Recueil de textes sur le contrôle supérieur de l’Etat, op.cit., préface.
206
Ibidem.

64
Section 1 : Le statut du contrôle supérieur de l’Etat

Le statut du contrôle supérieur de l’Etat est clairement définit par le décret portant
l’organisation de ses services207. En effet, l’article 1er al 1 dispose que le Consupe relève de
l’autorité direct du Président de la République208 (A). L’article 2 al 1 vient à son tour hisser
celui-ci au rang d’institution supérieur de contrôle (ISC) des finances publiques du Cameroun
(B).

A- Une institution placée sous l’autorité directe du Président de la


République

L’article 1er du décret portant organisation des services du contrôle supérieur de l’Etat
est clair quant au statut du Consupe, c’est une institution relevant de l’autorité directe du
Président de la République de qui il reçoit des instructions et à qui il rend compte ce qui est un
atout considérable. Seulement, ce que l’on peut déplorer à cet effet est que ce statut qui peut
sembler relativement précaire vient biaiser l’indépendance du Consupe étant donné qu’en
réalité une institution de contrôle est censée briller par son indépendance et son autonomie.
Ce qui n’est pas le cas pour le Consupe qui se retrouve par la voie de son statut inféodé à
l’exécutif (1) et dépendant du budget de l’Etat (2) des éléments qui rendent relatif
l’indépendance du Consupe qui est d’ailleurs relevé par plusieurs auteurs209.

1- L’inféodation du Consupe à l’exécutif

L’inféodation du Consupe se justifie par son rattachement à la Présidence de la


République. En effet, l’article 1 er du décret n°2011/412 du 9 décembre 2011 portant
réorganisation de la Présidence de la République intègre le Consupe comme l’un de ses
démembrement. Il dispose en effet que « la Présidence de la République comprend : […] les
services du contrôle supérieur de l’Etat placés sous l’autorité d’un ministre délégué […] » au
surplus, l’article 37 du même décret dans son al 1 précise que « sont rattachés au secrétariat

207
Le plus récent en date est celui du 4 septembre 2013 dont mention a été fait un peu plus haut.
208
L’alinéa complet dispose en effet que « Les services du Contrôle supérieur de l’Etat relèvent de l’autorité
directe du Président de la République, dont ils reçoivent les instructions et à qui ils rendent compte ».
209
On a notamment le Dr BATIA EKASSI dans sa thèse sur les ISC, le magistrat et ex cadre du Consupe Samuel
Eric KOUA dans son article sur la prescription de la cour des comptes comme ISC par la CEMAC aux Etats
membres, le Professeur LOGMO Aaron dans sa thèse sur le Consupe au Cameroun : une étude socio-juridique ,
le Dr AFANE FONO dans sa thèse sur l’efficacité du contrôle de l’exécution du budget pour ne citer que ceux-
là. En réalité tous convergent vers le même bord pour reporter la dépendance du Consupe et ressortir son
appartenance au pouvoir exécutif.

65
général de la Présidence de la République : […] les services du contrôle supérieur de l’Etat
[…] ». Ces deux articles sont à juste titre des preuves d’une inféodation du Consupe à
l’exécutif notamment la Présidence de la République qui est un organe dont la nature reste
jusqu’à l’heure indéterminé210 mais « est manifestement, une administration impressionnante
dont la taille à elle seule signale la place axiale du Président de la République dans
l’architecture institutionnel de l’Etat »211 comme l’a affirmé le Professeur Alain Didier
OLINGA.

De même le décret portant organisation du gouvernement du 09 décembre 2011 intègre le


Consupe au gouvernement hors celui-ci est censé juger les membres du gouvernement ce qui
est assez paradoxal étant donné que les membres du gouvernement que sont les ministres sont
des gestionnaires de biens publics, des ordonnateurs principaux que le Consupe est chargé de
contrôler de façon principale dans le cadre d’une gestion irrégulière. En effet, l’article 1er du
décret suscité dans son al 2 dispose que « le gouvernement comprend : le premier ministre,
chef du gouvernement ; les vices-premiers ministres, le cas échéant ; les ministres d’Etat, le
cas échéant; les ministres chargés de missions ; les ministres sans portefeuille, le cas
échéant ; les ministres délégués ; les secrétaires d’Etat ». Etant donné que le responsable du
Consupe est un ministre délégué212, sa position fait de lui automatiquement un membre du
gouvernement et par suite logique son service est intégré au gouvernement. D’ailleurs ce
décret du 09 décembre va plus loin en précisant parmi les départements ministériels « le
ministère chargé du contrôle supérieur de l’Etat »213. Sachant que le gouvernement doit
mettre en œuvre la politique de la nation telle que définie par le Président de République 214, le
Consupe ne peut que préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement en ce qui le
concerne. Ce qui vient biaiser considérablement son indépendance.

Cette logique d’inféodation du Consupe à l’exécutif est encore plus confortable lorsque
l’on sait que le responsable de cette institution tout comme la plus part de ses cadres sont
nommés par le Président de la République. L’on note de ce fait la subordination de ceux-ci au
président de la République notamment au premier grief le responsable du Consupe qui n’est
nul autre qu’un ministre qui plus est un ministre délégué et comme le décrit Batia Ekassi

210
BATIA EKASSI (S), L’institution supérieure de contrôle (…), op.cit., p. 177.
211
OLINGA (A D), La constitution de la République du Cameroun, Yaoundé, Afredit, 2 ème édition, 2013, p. 69.
212
Art. 1 al 2 du décret portant organisation des services du contrôle supérieur de l’Etat, op.cit.
213
Cf. Art. 4 du décret du 9 décembre 2011 portant organisation du gouvernement.
214
Cf. Art. 11 al 1 de la constitution du 18 janvier 1996 du Cameroun.

66
Sandrine, « la qualité de ‘’ministre’’ plus encore ‘’délégué’’ l’impose nécessairement »215. En
effet, l’auteure dresse la source de cette subordination en des propos très précis « venant
étymologiquement du mot latin ‘’minister’’ qui signifie serviteur ministre, le ‘’ministre’’ dans
la Grèce antique, est un exécutant des ordres du ‘’prince’’, dans certains domaine précis »216.
Cette inféodation à l’exécutif a pour corolaire la révocation du responsable du Consupe ou de
ses cadres par le Président de République ce qui fragilise son efficacité et l’on remarque que
depuis sa création le Consupe a connu pas mal de ministre qui se sont succédés à sa tête et
pourtant « les services du Consupe […] ne devraient pas faire l’objet d’une telle succession
de ministres »217.

Par ailleurs, il est connu que la plus part des cadres du Consupe sont des hauts cadres
nommés par le Président de la République ce qui induit forcément que ceux-ci peuvent être
révoqués par lui. D’autant plus que placé sous l’autorité directe du Président de la république,
le Consupe se retrouve dépendant financièrement du budget de l’Etat.

2- La dépendance financière du Consupe au budget de l’Etat

S’il est avéré et indéniable que les ressources de toutes institutions proviennent
nécessairement du budget général de l’Etat, il est difficilement compréhensible que la gestion
financière de ce budget soit orienté par le Président de la République comme c’est le cas du
Consupe. Du fait de son rattachement à la Présidence de la république, le ministre délégué
responsable du Consupe ne peut utiliser librement les ressources financières qui lui sont
allouées notamment par le parlement via le vote de la loi de finance. L’article 1 er al 1 du
décret de 2013 portant organisation des services du Consupe est très clair et sans équivoque
quand il dispose que « Les services du Contrôle supérieur de l’Etat relèvent de l’autorité
directe du Président de la République, dont ils reçoivent les instructions et à qui ils rendent
compte ». Cela induit clairement que la réalisation des missions ou programmes du Consupe
dépend de l’approbation du Président de la République.

C’est état de fait peut avoir un effet néfaste sur les missions du Consupe218. En effet, « la
prise en charge des vérificateurs par les organismes vérifiés est à l’origine de la fragilisation
des missions du personnel du Consupe »219. Si les organismes et services contrôlés doivent

215
BATIA EKASSI (S), L’institution supérieure de contrôle (…), op.cit., p. 121.
216
Ibid.
217
Ibid.
218
Ibid., p. 126.
219
Ibid.
67
prendre en charge les organes et services contrôleurs tel que prévu par l’article 5 al 1 du
décret n°97/048 du 05 mars 1997 relatif aux missions mobiles de vérifications, alors la
sincérité du contrôle peut se trouver biaisée t’autant plus que même les experts requis sont
soumis au même régime de rémunération.

B- Une institution supérieure de contrôle des finances publiques

Le décret portant organisation des services du Consupe fait de ce dernier l’ISC du


Cameroun220. Seulement le constat qu’on peut faire est que cette disposition va à l’encontre
des dispositions de l’article 72 de la directive CEMAC n°01/11-UEAC-190-CM-22 relative
aux lois de finances qui prescrit la cour des comptes comme ISC de chaque Etat membre.
Lorsqu’on part de cette exigence communautaire et d’une ISC instituée par un décret,
d’aucuns pensent que le statut du Consupe comme ISC pourrait fortement être contesté. D’où
il est important de s’attarder sur la notion d’ISC (1) et de dégager ses caractéristiques (2) afin
de déterminer si le statut actuel du Consupe est discutable ou pas.

1- La notion d’institution supérieure de contrôle

D’entrée de jeu, l’ISC des finances publiques est la plus haute autorité de contrôle des
finances publiques de chaque pays. Au sens de la déclaration de Lima, « l’institution de
contrôle est immanente à l’administration des finances publiques »221. Les ISC sont les
organes de supervision qui ont la tâche très importe de veiller à ce qu’au minimum, les
transactions de l’Etat fassent l’objet d’un suivi selon les normes comptables requises, et
qu’elles correspondent au descriptif figurant dans le budget adopté.

On entend par institution supérieure de contrôle des finances publiques « toutes


institution publique d’un Etat ou organisation supranationale, qui-quelle soit sa
dénomination, composition ou son organisation-exerce, en vertu de la loi ou autre acte
formel de l’Etat ou de l’organisation supranationale le contrôle supérieur des finances
publiques de cet Etat ou cette organisation supranationale, et ce de façon indépendante
ainsi qu’avec ou sans compétence juridictionnelle »222. Cette définition de l’ISC ressort du
statut de l’organisation internationale des institutions supérieure de contrôle des finances
publiques (INTOSAI) adopté en décembre 2016.

220
Art. 2 al 1 du décret n°2013/287 du 04 septembre 2013.
221
Section I de la déclaration de Lima de 1998.
222
Art. 2 du statut de l’INTOSAI.

68
Il découle de cette définition certaines considérations majeures. En effet, toute ISC ne
peut être qu’une institution publique de l’Etat ou d’une organisation supranationale (Union
Européenne, Union Africaine, CEMAC, l’UEMOA…). Ce qui va conduire à la création de
l’AFROSAI223 en 1976, de l’ARABOSAI224 en 1976, de l’ASOSAI225 en 1978, la
CAROSAI226 en 1988 et de l’EUROSAI227 en 1990. Ceux sont des groupes de travails
régionaux, des détachements de l’INTOSAI sous le plan sous régional chargés de promouvoir
les objectifs de l’INTOSAI sur le plan régional.

De plus, toute ISC doit avoir une base légale de tout Etat ou de toute organisation
supranationale qui l’institue. Elle doit exercer en toute indépendance le contrôle supérieur des
finances publiques avec une compétence juridictionnelle ou pas. Elle est indispensable à la
bonne gouvernance financière, vu qu’elle vérifie au plus haut niveau des services publics ou
autre démembrement de l’Etat.

Naturellement, chaque Etat a le droit de choisir librement sa forme d’ISC. C’est


pourquoi il en existe une diversité dans le monde. La nature de l’ISC peut varier d’une culture
juridique à une autre. Classiquement, la doctrine distingue trois modèles d’ISC : le modèle
juridictionnel ou latino228, le modèle anglo-saxon229encore appelé Westminster et le modèle
allemand ou de conseil qui est en quelque sorte un modèle mixte230. En marge des trois
modèles précités, il existe le modèle administratif en vigueur à Cuba et au Cameroun ; c’est
ainsi que le Consupe se retrouve être l’ISC du Cameroun et conformément à son statut
d’organe externe, il doit être doté de pouvoir discrétionnaire et d’un mandat suffisamment
large231 bien entendu tout dépend du contexte national. Tous ces modèles ont tout au moins un

223
L’organisation africaine des institutions supérieures de contrôle des finances publiques.
224
L’organisation arabe des institutions supérieures de contrôle des finances publiques.
225
L’organisation asiatique des institutions supérieures de contrôle des finances publiques.
226
L’organisation des institutions supérieures de contrôle des finances publiques des caraïbes.
227
L’organisation des institutions supérieures de contrôle des finances publiques d’Europe.
228
Qui a pour ISC la Cour des comptes. Pratiquent ce modèle, la France, l’Espagne, le Portugal, le Brésil, la
plupart des Etats francophones d’Afrique.
229
L’ISC ici Renvoie généralement à un organe rattaché au parlement, mais vis-vis duquel il est indépendant. On
a notamment : le National Audit Office (NAO) en Angleterre, le Vérificateur Général au Canada, le
Governement Accountability Office (GAO) au Etats unis, l’Office National d’Audit en Chine et l’Auditeur
Général en Inde.
V. BERNICOT (J-F), « les bureaux de vérification et les auditeurs généraux », RFFP, n°101, 2008.
230
Qui combine en fait le critère administratif et juridictionnel. Lire à ce propos Dr WEDEL (H-V), « Le modèle
de l’Allemagne », RFFP, n°101, 2008.
231
INTOSAI 2013.

69
point commun qui est celui de « contrôler la conformité aux lois et la régularité de la gestion
financière et comptable »232.
Pour ce qui est du modèle anglo-saxon, il renvoie en une agence d’audit autonome
uninominale, piloté par un seul contrôleur général. Cette agence est généralement rattachée au
parlement même si elle dispose d’une autonomie de fonctionnement. Bien entendu ce modèle
est d’usage dans les pays de culture anglophone et par ailleurs membre de la Commonwealth.
Les ISC de ce modèle se concentrent généralement sur le contrôle ex-post des résultats que
sur le contrôle ex-ante et mettent davantage la primeur sur le contrôle financier et de
performance que sur le contrôle de légalité et de conformité. Pour le modèle juridictionnel ou
latino, l’ISC est une juridiction qui a la l’aptitude de rendre des décisions de justice revêtue de
l’autorité ou passées en force de chose jugée. Seulement, cette juridiction est différente de
celle de l’ordre judiciaire car elle est de nature financière connue sous la dénomination de la
cour des comptes qui, en réalité constitue le modèle juridictionnel le plus répandu. A cet effet,
les juridictions financières sont, en principe, juge du droit public financier, et plus
particulièrement des règles de droit budgétaire et du droit de la comptabilité publique et
contrairement aux ISC du modèle anglo-saxon, celles-ci privilégient la conformité légale et
financière par rapport à l’efficacité et à la performance. Ce type de modèle est largement prisé
par les organisations supranationales notamment l’union européenne qui a une cour des
comptes comme ISC, la CEMAC et l’UEMOA… Il le faut le dire, ces différents modèles se
valent malgré leur distinction fondamentale tout dépend tout simplement du choix que fait
chaque Etat ou organisation supranationale.
L’assemblée générale des nations Unies a souligné la valeur ajoutée des ISC des finances
publiques dans sa résolution 69/228 du 19 décembre 2014. Elle est fondée sur la résolution
A/66/209 de décembre 2011 et insiste sur le lien entre efficience, principe de responsabilité et
transparence dans les administrations publiques avec la mise en œuvre des objectifs de
développement fixés au niveau international. Dès lors, ces éléments constituant les
caractéristique d’une ISC doivent être respectés afin qu’une institution soit qualifié d’ISC.

2- Les caractéristiques d’une institution supérieure de contrôle des


finances publiques
L’une des caractéristiques, pour ne pas dire la caractéristique fondamentale et majeure
d’une ISC est son indépendance. En effet, la déclaration de Lima pose clairement dans sa

232
Déclaration de Lima, section 4-1.

70
section 5 al 1 que « les institutions de contrôle des finances publiques ne peuvent accomplir
leurs tâches de manière objective et efficace que si elles sont indépendantes du service
contrôlé et si elles sont soustraites aux influence extérieures ». L’indépendance désigne ici la
capacité de prendre des décisions en toute liberté, sans pressions ni instructions 233 ce qu’il ne
faut pas confondre à une autonomie.
Cette indépendance ne se limite pas qu’à l’institution mais va au-delà pour toucher ses
membres et ses cadres. C’est ce qui ressort de l’article 6 de la déclaration suscité qui dispose
notamment que « L'indépendance des Institutions supérieures de contrôle des finances
publiques est indissolublement liée à celle de ses membres. Les membres sont les personnes
qui ont à prendre les décisions au nom de l'Institution supérieure de contrôle des finances
publiques et qui doivent, de par leur propre responsabilité, rendre compte de ces décisions à
des tiers, c'est-à-dire que les membres d'un organisme collectif ayant droit de décision ou le
chef d'une Institution supérieure de contrôle des finances publiques lorsque la direction de
cette dernière est confiée à une seule personne ». Cette indépendance doit être garantie par la
constitution234 ; plus encore, les procédures de révocation doivent être inscrites dans la
constitution235.
La déclaration de Mexico sur l’indépendance des ISC consacre huit principes de base des
ISC notamment leur indépendance qui est le deuxième principe après celui du cadre
constitutionnel, législatif et réglementaire approprié. En effet, le deuxième principe de ladite
déclaration précise en trois points que les dirigeants et les membres des ISC « sont nommés,
reconduits ou destitués dans le cadre d’un processus qui garantit leur indépendance à l’égard
des pouvoirs exécutifs »236. Pour garantir cette indépendance de manière efficace et illimitée,
la nomination est pour une période suffisamment longue et déterminée afin que les dirigeants
et membres des ISC puissent remplir leur mandat sans crainte ni représailles237. De plus, ils ne
peuvent faire l’objet de poursuite judiciaire pour acte posé dans l’exercice de leur fonction238.
L’indépendance des ISC couvre le domaine financier au sens de la section 7 de la
déclaration de Lima « Les Institutions supérieures de contrôle des finances publiques doivent
être dotées des moyens financiers qui leur permettront d'accomplir leur mission ». Cette
indépendance financière permet aux ISC d’exercer leur mission en toute impartialité sans

233
V. CORNU (G), Vocabulaire juridique, p. 503.
234
Al 2 de la section 6 de la déclaration de Lima.
235
Ibid.
236
Déclaration de mexico sur l’indépendance des ISC, principe 2.
237
Ibid.
238
Ibid.
71
contrainte et en toute intégrité pour ne pas du fait de leur financement par des administrations
politique faire des contrôles approximative ou minoré. Elle permet également de s’assurer de
l’efficacité du contrôle car une indépendance financière contribue à un meilleur contrôle par
des audits et des appels à des experts qualifiés239.
En effet, seules les ISC totalement indépendantes et professionnelles peuvent garantir la
reddition des comptes, la transparence, et la bonne gouvernance des deniers publics240.
Seulement, dans la pratique, l’indépendance réelle des ISC vis-à-vis de l’exécutif peut varier,
et elles peuvent être plus ou moins soumises à l’influence politique. Elles peuvent également
être liées, à des degrés divers, au pouvoir législatif.
Par ailleurs, la déontologie doit conduire toute ISC dans l’exécution de ses missions.
ISSAI 100241 fait explicitement mention du respect des règles d’éthique. Les principes
d’éthiques doivent faire partie intégrante du comportement professionnel des ISC d’autant
plus qu’elles doivent disposer des politiques qui tiennent compte des règles d’éthique.
Au vu de tout ce qui précède, on en vient à se questionner sur le statut du Consupe comme
ISC du Cameroun. Etant donné que celui-ci ne répond pas aux exigences de la déclaration de
Lima, ni de la déclaration de Mexico encore moins au statut de l’INTOSAI. En ce qui
concerne l’indépendance de l’ISC, on est loin d’être convaincu par celle du Consupe. En fait
l’INTOSAI exige que l’ISC ait une base constitutionnelle ou législative. Ce qui n’est pas le
cas du CONSUPE qui a une base règlementaire. Or, l’on est sans ignorer que le « degré
d’indépendance d’un organe est aussi tributaire de la place occupée dans la pyramide
kelsénienne par l’acte qui lui sert de base juridique »242. Par conséquent le Consupe émanant
d’un acte réglementaire, son indépendance est quelque relativisée. De plus, le principe 3 de la
Déclaration de Mexico sur l’indépendance des ISC prévoit que « Les Institutions supérieures
de contrôle des finances publiques sont respectueuses des lois adoptées par le parlement qui
les concernent, mais ce dernier ni l’organe exécutif ne peuvent ni les diriger ni faire preuve
d’ingérence ». Pourtant la position du Consupe le prédispose à deux catégories de missions
qui l’amènent à subir l’ingérence de l’exécutif notamment dans le cadre de ses missions
prescrites pas le Président de la République.
Au final, compte tenu de son inféodation à l’exécutif tel que démontré ci-dessus, il est
normal qu’on en vient à douter voire rejeter le Consupe comme ISC du Cameroun. Mais

239
Section 14 de la déclaration de Lima.
240
INTOSAI, plan stratégique 2011-2016.
241
Les ISSAI sont les Normes internationale des ISC des finances publiques sont publiées par l’INTOSAI.
242
KOUA (S E), « La prescription de la cour des comptes (…) », op.cit., p. 50.

72
seulement, les textes le consacre comme tel jusqu’à l’application de la directive
communautaire relative aux lois de finances notamment l’article 72 qui prescrit une cour des
comptes comme ISC de chaque Etat membre. En attendant cette arrimage, l’organisation et le
fonctionnement du Consupe mérite une attention toute aussi importante que son statut.

Section 2 : L’organisation et le fonctionnement du contrôle supérieur de


l’Etat
Le contrôle supérieur de l’Etat effectue un contrôle au niveau le plus élevé des services
publics. A l’étude de son organisation et des missions qui lui sont dévolues (A), on réalise que
celui-ci détient un organe stratégique habilité à prononcer les sanctions prévues par la loi en
cas de manquement à la bonne gestion financière au nom du Conseil de Discipline Budgétaire
et Financière (CDBF) (B).

A- De l’organisation et des missions du contrôle supérieur de l’Etat


Le décret n°2013/287 du 4 septembre 2013 fixe l’organisation (1) et les attributions (2)
des services du Consupe.

1- L’organisation des services du contrôle supérieur de l’Etat


Les structures du Consupe sont bipartites avec d’une part les conseillers techniques et
d’autre part l’administration centrale. Autrement dit, le Consupe recourt aux services de deux
catégories d’agents publics à savoir le personnel technique et le personnel administratif243. Il
faut noter que le dernier ne participe pas directement à la fonction de contrôle mais ce sont
des collaborateurs indispensables dans la préparation des missions et qui mettent en forme les
rapports des inspecteurs244.

L’administration centrale comprend donc le secrétariat général ; La division des


inspections et de contrôle des administrations publiques ; La division des inspections et de
contrôle des collectivités territoriales décentralisées ; La division des inspections et de
contrôle des établissements publics et des organismes spécifiques ; La division des
inspections et de contrôle des entreprises du secteur public et parapublic ; La division des
affaires juridiques et de l’exploitation des informations ; La division de la formation et de la

243
Art. 49 du décret portant organisation des services du Consupe.
244
LEKENE DONCFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 326.

73
coopération internationale ; La direction des affaires générales. Il faut préciser que chacune de
ces structures comprend à son tour plusieurs autres services.
Le personnel technique quant à lui comprend les inspecteurs d’Etat, les contrôleurs d’Etat
et les vérificateurs assistants. Les deux premiers sont nommés par décret du Président de la
République et les derniers par arrêté du ministre délégué après visa préalable de la Présidence
de la République.

2- Les missions du contrôle supérieur de l’Etat


Les missions du Consupe sont de deux ordres à savoir les missions ordinaires et les
missions spécifiques. A ce titre, le Consupe est chargé de l’audit externe et de la vérification,
au niveau le plus élevé, des services publics, établissements publics, des collectivités
territoriales décentralisées et leur établissements, des entreprises publiques et parapubliques,
des liquidations administratives et judiciaires, ainsi que des organismes, établissements et
associations confessionnels ou laïcs bénéficiant des concours financiers, avals ou garanties de
l’Etat ou des autres personnes morales publiques, sur les plans administratif, financier et
stratégique ; le contrôle de l’exécution du budget de l’Etat ; le contrôle de l’exécution des
projets à financements extérieurs ; le contrôle, en cas de nécessité, de la qualité des rapports
d’audits effectués pour le compte de l’Etat ou de ses démembrements par les cabinets privés ;
l’évaluation des programmes et projets ; l’appui au renforcement des capacités des
ordonnateurs et des gestionnaires de crédits publics ; l’appui technique, méthodologique et
pédagogique en matière de contrôle et de vérification de la gestion de la fortune publique, aux
structures de contrôle administratif et d’audit interne d’autres départements ministériels et
d’organismes publics et parapublics ; la diffusion des normes de vérification et d’audit dans le
secteur public et parapublic ; l’assistance du gouvernement dans la conception, la mise en
œuvre et l’évaluation des programmes de modernisation de l’Etat.
En ce qui concerne ses missions spécifiques, l’article 2 al 2 du décret du 4 septembre 2013
prévoit que sur simple instruction du Président de la République, des contrôle spécifiques
peuvent être effectués auprès des organismes et entreprises, même privés, présentant un
caractère stratégique pour l’économie ou la défense nationale.
Le Consupe en tant que « gardien supérieur » de la gestion publique, effectue à travers ses
vérificateurs, des contrôles de régularité, de conformité, de performance et de
l’environnement sur place et sur pièces245. Ses vérificateurs ont accès à tout document et

245
Art. 2 al 4 du décret n°2013/287 du 4 septembre 2013.

74
renseignement nécessaire à l’accomplissement de leur mission ; ils peuvent exiger des
responsables des organismes contrôlés d’assister ou de se faire représenter au contrôle ;
d’adresser des demandes d’explications verbales ou écrites aux responsables des services
contrôlés qui sont tenus d’y répondre sous la même forme; de requérir en cas de besoin la
force publique.
Après la mission de vérification, les vérificateurs du Consupe doivent rédiger un rapport
de vérification. Ce rapport est envoyé au chef de l’Etat qui décide de la suite réservée aux
vérifications. Pour les missions ordinaires, le rapport contient les faits et les actes constatés;
les irrégularités relevées ; les réponses et les observations des responsable des services ou
organismes, de même que celles des agents mis en cause ; le cas échéant, les appréciations des
chefs hiérarchiques ou des départements ministériels intéressés. Le ministre délégué chargé
du Consupe se charge de transmettre copie des rapports de contrôle, avec lettre de
recommandation et accusé de réception, aux agents mis en cause et une autre copie au chef
hiérarchique ou ministre de tutelle. Et pour les missions spécifiques, le rapport doit contenir
les constations faites, assorties éventuellement, des explications orales ou écrites des
responsables ou des agents mis en cause.
Au terme du contrôle, deux alternatives se posent, et au besoin elle se complète 246. En
effet, s’il y a présomption de détournement de deniers publics ou s’il y a faute de gestion
préjudiciable aux intérêts de l’administration publique, les agents mis en cause sont traduits
d’office devant le CDBF. En outre, le dossier sera transmis à l’autorité judiciaire pour valoir
plainte au nom de l’Etat. Et depuis plus d’une décennie déjà, les rapports de contrôle du
Consupe concourent à l’arrestation des prévaricateurs de la fortune publique dans le cadre de
la campagne d’assainissement des mœurs publiques baptisée « opération épervier » lancé par
le Président de la République depuis 2006.
Cette opération a conduit à la mise en examen de plusieurs hauts cadres de la République
au rand desquels des ministres, des directeurs généraux et autres. De façon non exhaustive, on
peut citer « l’affaire Urbain OLANGUENA AWONO », « l’affaire ONDO NDONG
Emmanuel Gérard », « l’affaire IYA Mohamed », « l’affaire EDZOA Titus », « l’affaire
MARAFA HAMIDOU Yaya », « l’affaire Yves Michel FOTSO », « l’affaire BELINGA
Gilles Roger », « l’affaire Polycarpe ABAH ABAH».
De façon plus spécifique, dans « l’affaire Polycarpe ABAH ABAH », monsieur Polycarpe
ABAH ABAH ancien ministre des finances était poursuivi pour coaction de détournement de

246
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, op.cit., p. 334.

75
4,9 milliards de Fcfa et de détournement de 30 millions de Fcfa ; monsieur ATANGANA
MEBARA Jean Marie, ancien secrétaire général à la Présidence de la République est accusé
et enfermé à 15 ans d’emprisonnement ferme pour détournement deniers publics dans le cadre
de l’affaire Albatros, le Boeing présidentiel d’occasion, acquis en lieu et place de l’aéronef
BBVJ-2. Madame HAMAN Adama avait été accusé de détournement de derniers publics de
l’ordre de 2,6 milliards de Fcfa dans le cadre de la passation non conforme de divers marchés
au sein du ministère de l’éducation de base. Monsieur Urbain OLANGUENA AWONO alors
ministre de la santé est condamné le 14 juin 2013 à 15 ans de prison ferme par le Tribunal
Criminel Spécial pour détournement de deniers publics dans le cadre de la gestion des
programmes nationaux de lutte conte le SIDA, le paludisme et la tuberculose.
Monsieur Henri EYEBE AYISSI alors ministre délégué en charge du Consupe et son
équipe avaient infligé à monsieur IYA Mohamed directeur général de la SODECOTON une
« déchéance valant interdiction, pour une durée de sept ans, d’être responsable d’une
administration ou de la gestion des services publics ou des entreprises d’Etat, à quelques titres
que ce soit ». En outre, nous pouvons noter le cas de monsieur Louis BAPES BAPES qui
avait été emprisonné alors même qu’il était encore en fonction en tant que ministre de
l’enseignement secondaire.
Plus récemment encore, on note l’affaire « Covidgate » qui défrai la chronique. Le
Président de la République en mars-avril 2021 avait donné des directives claires et fermes aux
services du Consupe notamment pour améliorer la surveillance et enquêter sur le
détournement de fonds alloués à la lutte contre le Covid 19. Celui-ci devait effectuer une
mission spéciale d’audit des fonds relatifs à la lutte contre le Covid-19; des fonds octroyés par
les bailleurs de fonds à hauteur de 180 milliards.
Le rapport préliminaire de cet audit du Consupe a ressorti principalement trois acteurs
soupçonnés de malversations financières en l’occurrence le ministre de la santé monsieur
MANAOUDA Malachie, monsieur Mohamadou DABO un homme d’affaires et madame
Madeleine TCHUENTE ministre de la recherche scientifique. Ces responsables se trouvent
désormais dans le collimateur du Consupe.
Le Consupe est considéré comme une « institution de répression passive souple,
dissuasive et éducative »247. Le caractère dissuasif du Consupe vise à établir un changement
dans les attitudes de l’agent chargé de gérer les deniers publics en ce sens que toute mission

247
AFANE FONO (J-D), L’efficacité du contrôle(…), op.cit., p. 217.

76
de contrôle fait naturellement peur vu que la finalité de celle-ci est imprévisible248 et le
contrôlé ignore tout des motivations ayant conduits au contrôle. Par ailleurs, le Consupe est
une institution désormais éducative parce que le décret de 2013 prescrit à celle-ci la charge de
l’encadrement pédagogique des ordonnateurs de crédits publics249; ceci constitue une avancée
notable dans la politique de bonne gestion des finances publiques mais également dans
l’amélioration du respect du principe de transparence dans la gestion car l’heure n’est plus à la
répression aveugle des actes de malversations de deniers publics mais beaucoup plus à
l’éducation et la sensibilisation des gestionnaires quant à la sacralité250 des bien publics.
Toutefois, l’on peut relever quelques faiblesses de l’action du Consupe. Eu égard de
l’immensité de son domaine d’intervention, les moyens tant en ressources humaines,
financières et matériels, ne lui permettent pas de couvrir son champ de compétences ; ce qui
plombe son action. De plus, le Consupe n’effectue des missions que sur instruction du
Président de la République ; cette forte dépendance empêche considérablement les descentes
constantes de celui-ci sur le terrain. Pire encore, le Consupe ne dispose pas d’un pouvoir
d’auto-saisine ; ce qui réduit sa marge de manœuvre dans le déploiement de ses actions de
lutte contre la corruption, les détournements de deniers publics pour lesquels le ministre
délégué chargé du Consupe préside le CDBF pour sanctionner les contrevenants.

B- Le conseil de discipline budgétaire et financière du contrôle supérieur


de l’Etat
Aux termes de l’art 3 al 1 du décret n°2013/066 du 4 septembre 2013, « les services du
Contrôle supérieur de l’Etat concourent à la sanction des ordonnateurs et des gestionnaires
des deniers publics, dans les conditions prévues par les lois et règlements en vigueur. A ce
titre, le ministre délégué en charge du Contrôle supérieur de l’Etat préside le conseil de
discipline budgétaire et financière », dont la nature ne fait pas l’unanimité au sein de la
doctrine. En effet, la doctrine est divisée lorsqu’il s’agit de se prononcer sur la nature du
CDBF car sa « nature reste ambiguë »251. D’aucuns lui attribuent une nature administrative,
d’autres une nature juridictionnelle et la tendance mixte voit en elle un organe administratif

248
Ibid.
249
V. le décret de 2013 cité plus haut ; notamment l’art. 2 al 1 les points (f et g).
250
AKONO ONGBA (S), « La distinction entre la faute de gestion et(…) », op.cit., p. 250.
251
DJEYA KAMDOM (Y G), « Réflexion sur l’ambiguïté institutionnelle du Conseil de discipline budgétaire et
financière au Cameroun », GFP, n°2, 2016, p. 89.

77
juridictionnel et politique252 ; cette incertitude sur la nature du CDBF « provient du fait que le
travail de qualification juridique du CDBF n’a été fait ni par un texte législatif, ni par un
texte réglementaire »253.
Pour le professeur LEKENE DONFACK, le « CDBC est une juridiction des comptes d’un
genre particulier »254 ; dans le même sens le professeur Célestin SIETCHOUA
DJUITCHOKO affirmait que « pour la discipline des ordonnateurs et notamment des
ordonnateurs secondaires et délégués chargés de l’exécution des dépenses publiques, la
juridiction qualifié est le conseil de discipline budgétaire et comptable »255. L’argument qui
sous-tend la position des deux auteurs est que la pratique qui se fait au sein du CDBF permet
de ressortir sa nature juridictionnelle256. Etant donné que le CDBF a le pouvoir d’instruire et
de faire un procès qui se déroule conformément à une procédure préétablie. Cependant, cette
interprétation de la nature du conseil s’avère erronée d’où l’exclamation du professeur
ABA’A OYONO lorsqu’il déclare que le « conseil bénéficie curieusement de la qualification
juridictionnelle »257.
Pour la tendance mixte, le CDBF serait une quasi juridiction ; cette qualification du CDBF
est récurrente tout ces derniers temps au point de lui attribuer un « pouvoir quasi
juridictionnelle »258. Il en découle que la CDBF serait un organe hybride compte tenu de son
intégration à l’administration et de son fonctionnement semblable à une juridiction.
Toutefois, l’organisation, le fonctionnement (1) et les attributions (2) fixés par le décret
n°2008/028 du 17 janvier 2008 portant organisation et fonctionnement du conseil de
discipline budgétaire et financière laisse paraître la nature administrative du conseil et
d’autant plus que celui-ci « est un organisme administratif dont les décisions, infligeant des
sanctions à l’encontre des ordonnateurs et gestionnaires, sont susceptibles d’annulation
devant le tribunal administratif »259 et en définitive, l’on ne peut le nier, le CDBF est « une

252
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaise, op.cit., pp. 339-342.
253
DJEYA KAMDOM (Y G), « Réflexion sur l’ambiguïté institutionnelle du Conseil (…) », op.cit., p. 89.
254
Ibid., p.339.
255
V. ALOGO NDI (B A), La nature du contrôle du conseil de discipline financière et budgétaire, op.cit., p. 48.
Le conseil de discipline budgétaire et comptable dont il est question dans le texte était l’ancienne dénomination
du CDBF.
256
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaise, op.cit., p. 341.
257
ABA’A OYONO (J C), La compétence de la juridiction administrative en droit camerounais, thèse de
Doctorat, Nantes, 1994, p. 13
258
Cf. ALOGO NDI (B A), La nature du contrôle du conseil de discipline financière et budgétaire, op.cit., p. 48.
259
DJEYA KAMDOM (Y G), « Réflexion sur l’ambiguïté institutionnelle du Conseil (…) », op.cit., p. 93.
78
institution administrative exerçant une fonction contentieuse en matière de contrôle des
ordonnateurs et gérants de crédits publics »260.

1- L’organisation et le fonctionnement du conseil de discipline


budgétaire et financière
D’entrée de jeu, l’appartenance du CDBF à l’administration ne fait aucun doute dans la
mesure où il a été repris plus d’une fois qu’il « est une structure intégrée dans
l’administration centrale »261 et qu’il occupe à cet effet une « place dans la hiérarchie de
l’administration »262.
Aux termes de l’article 3 du décret portant organisation et fonctionnement du CDBF, « Le
Conseil comprend les représentants des administrations particulièrement impliquées dans la
sauvegarde du patrimoine public ». Le président du conseil est le ministre chargé du contrôle
supérieur de l’Etat. Et comme membre on a des représentants de la Présidence de la
République, de la primature, le ministre de la Justice Garde des sceaux ou son représentant ;
le ministre chargé de l'administration territoriale et de la décentralisation ou son représentant ;
le ministre chargé des finances ou son représentant ; le ministre chargé de la fonction publique
et de la réforme administrative ou son représentant le ministre de tutelle ou son représentant
au cas où l'affaire instruite intéresse une entreprise publique ou un organisme public ou
parapublic. Des rapporteurs et des secrétaires assistent le Conseil dans l'instruction des
affaires. Ils sont désignés par le ministre délégué, président du Conseil, parmi les cadres
techniques des services du contrôle supérieur de l'Etat.
Il est judicieux de faire au passage une mise en relief des membres du CDBF. A cet
égard, on a les membres titulaires ; on entend par là les membres qui n‘ont pas besoin d’un
mandat pour assister aux séances du conseil ; ce qui y participent de plein droit. Ces membres
titulaires sont pour l’essentiel des ministres notamment le ministre de la justice garde des
sceaux, le ministre de l’administration territoriale263, le ministre des finances, le ministre de la
fonction publique et de la réforme administrative et du ministre de tutelle si l’affaire intéresse

260
Ibid., p. 94.
261
V. ABA’A OYONO (J C), La compétence de la juridiction administrative en droit camerounais, thèse de
Doctorat, Nantes, 1994, p. 13.
262
LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaise, op.cit., p. 340.
263
Le décret parle en réalité du ministre chargé de l’administration territoriale et de la décentralisation mais
seulement ce ministère avait été éclaté en deux ministères lors du remaniement ministériel du 2 mars 2018 à
savoir le ministère de l’administration et le ministère de la décentralisation et du développement local. Il sied
donc de rappeler qu’on ne parle plus du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation mais
plutôt du ministère de l’administration territoriale (Minat).

79
une entreprise publique ou parapublique. Etant tous des autorités administratives, leur
présence au conseil vient renchérir l’idée selon laquelle le CDBF est un organe administratif.
En outre les membres mandataires sont assujettis à l’obligation de présentation d’un mandat
pour assister aux séances du conseil. Ce sont ici les représentants des autorités citées plus
haut ; ils agissent donc en leur nom. S’adjoint à ceux-ci les représentants de la Présidence de
la République et de la Primature. Par ailleurs, le président du conseil à savoir le ministre
chargé du Consupe ne peut se faire représenter.

« Pour l'accomplissement de ses missions, le Conseil dispose d'un secrétariat


permanent »264. Celui-ci comprend un pool de secrétariat ;le bureau du courrier ;le bureau de
l'information et de liaison ;la section des études et des statistiques qui comprend à son tour la
brigade ses études et la brigade des statistique ;la section de la coordination et des synthèses
qui comprend la brigade des normes et qualités et la brigade des synthèses générales ;la
section de gestion et du suivi de l'application des sanctions qui renferme l a brigade de gestion
des sessions et la brigade de suivi de l’application des sanctions. Le secrétaire permanent du
conseil ainsi que les chefs de section et chefs de brigades sont nommés parmi les personnels
techniques exerçant les fonctions d'inspecteurs et de contrôleurs d'Etat ; ceux-ci sont nommés
par décret du Président de la République.
En ce qui concerne le fonctionnement du conseil, le conseil peut être saisi par le
Président de la République, le premier ministre, le ministre en charge du Consupe, les
ministres supérieurs hiérarchiques des agents mis en cause ou ceux chargés de la tutelle des
entreprises et organismes publics et parapublics concernés et toute autre autorité prévue par
les textes en vigueur. Une fois saisi, le président du conseil désigne un rapporteur et un
secrétaire de séance. Le rapporteur a qualité pour procéder à toutes enquêtes et investigations
utiles, de se faire communiquer tous les documents et entendre tout témoin. Le conseil ne
délibère que si les deux tiers 2/3 des membres sont présents et la décision est prise à la
majorité des voix à huit clos. Les décisions sont notifiées aux intéressés avec ampliations au
premier ministre, au secrétaire général de la Présidence de la République, au ministre des
finances, à l’autorité dont relève le mis en cause et à l’autorité qui a éventuellement saisie le
conseil.
Les décisions prises par le CDBF peuvent faire l’objet d’un recours en annulation
devant la juridiction administrative ou d’un recours en réformation, sans pour autant faire

264
Art. al 2 du décret de référence.

80
obstacle à l’action disciplinaire ou pénale. Ceci étant, il importe à présent de se pencher sur les
missions du CDBF en tant que organe chargé de sanctionner les fautes de gestions et irrégularités
commis par les gestionnaires publics.

2- Les missions du Conseil de Discipline Budgétaire et financière


L’objectif principal du CDBF est la répression des fautes de gestion d’une certaine
gravité, dès lors que les règles ont été violées. Aux termes de l’article 2 al 1 du décret portant
organisation et fonctionnement du CDBF, « Le Conseil est chargé de prendre des sanctions à
l'encontre des agents publics, patents ou de fait, coupables des irrégularités et fautes de
gestion commises dans l'exercice de leurs fonctions, irrégularités et fautes ayant eu pour effet
de porter préjudice aux intérêts de la puissance publique ». Les agents publics, patents ou de
fait sont en réalité les ordonnateurs et gestionnaires des crédits de l'Etat, des collectivités
territoriales décentralisées, des entreprises et organismes publics et parapublics et toute autre
personne agissant en cette qualité ; les agents publics exerçant d'autres fonctions à titre
principal, mais agissant occasionnellement ou subsidiairement comme ordonnateurs ou
gestionnaires des crédits de l'Etat ; les commissaires aux comptes, censeurs et commissaires
de gouvernement auprès des entreprises publiques et toutes personnes agissant en cette
qualité.
Les irrégularités dont il est question ici sont énumérées dans la loi du 5 décembre 1974
relative au contrôle des ordonnateurs, gestionnaires et gérants des crédits publics et des
entreprises d’Etat, modifiée par celle du 8 juillet 1978 notamment dans son article 3 pour ce
qui est de l’Etat et des collectivités publiques. Il s’agit en effet de l’engagement d'une dépense
sans avoir qualité pour le faire ou sans avoir reçu délégation à cet effet; l’engagement d'une
dépense sans crédit disponible ou délégué; l’engagement d'une dépense sans pièces
justificatives suffisantes; l’engagement d'une dépense sans visa, autorisation ou réquisition
préalable de l'autorité compétente; l’engagement d'une dépense ou certification des pièces
sans justification de l'exécution des travaux, des prestations de biens ou de services; le
recrutement et emploi effectif d'un agent sans intervention du contrôle budgétaire quand ce
contrôle est prévu par les règlements; le recrutement d'un agent en infraction à la
réglementation du travail en vigueur; la modification irrégulière de l'affectation des crédits;
les appels à la concurrence, lettres de commande et achats effectués en infraction à la
réglementation sur la passation des marchés publics; l’utilisation à des fins personnelles des
agents ou des biens de l'Etat et des collectivités publiques lorsque ces avantages n'ont pas été
accordés par les lois et règlements.
81
S’agissant des entreprises d’Etat, les irrégularités sont définies à l’article 6 de la loi
susmentionnée. Est donc considérée comme irrégularité en ce sens la Violation des statuts ou
du règlement intérieur de l'établissement, le dépassement des crédits arrêtés par l'organe
statutaire compétent, l’engagement de dépenses non visées par cet organe, le recrutement d'un
agent en infraction à la réglementation du travail en vigueur, l’engagement délibéré de
l'entreprise dans les opérations manifestement ruineuses ou en disproportion avec ses moyens
financiers, la tenue irrégulière ou absence de comptabilité, les marchés passés sans appel à la
concurrence ou conclus avec des tiers ou entreprises qui frisent la déconfiture ou avec des
sociétés en période suspecte de faillite ou de liquidation judiciaire, l’utilisation à des fins
personnelles des agents ou des biens de l'entreprise considérée lorsque ces avantages n'ont pas
été accordés par les lois, règlements et statuts.
Les fautes de gestion quant à elles sont définies par la loi du 11 juillet 2018 portant
régime financier de l’Etat et des autres entités publiques dans son article 88. De ce fait, est
considérée comme faute de gestion « tout acte, omission ou négligence commis par tout
agent de l’Etat, d’une collectivité territoriale décentralisé ou d’une entité publique, par tout
représentant, administrateur ou agent d’organismes manifestement contraire à l’intérêt
général »265.
A cet effet constitue donc une faute de gestion la violation des règles relatives à
l’exécution des recettes et des dépenses de l’Etat et des autres entités publiques ; la violation
grave et répétée des règles de comptabilisation des produits et des charges applicables à l’Etat
et aux autres entités publiques ; la violation des règles relatives à la gestion des biens
appartenant à l’Etat et aux autres entités publiques ; le fait pour toute personne dans l’exercice
de ses fonctions ou attributions, d’enfreindre les dispositions législatives ou règlementaires
nationales destinées à garantir la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les contrats de
commande publique ; le fait d’avoir entraîner la condamnation d’une personne morale de droit
public ou d’une personne de droit privé chargée de la gestion d’un service public, en raison de
l’inexécution totale ou partielle de l’exécution tardive d’une décision de justice ; le fait, pour
toute personne dans l’exercice de ses fonctions ou attributions, de causer un préjudice à l’Etat
ou à une entité publique, par des agissements manifestement incompatibles avec les intérêts
de l’Etat ou de l’organisme, par des carences graves dans les contrôles qui lui incombaient ou
par des omissions ou négligences répétées dans son rôle de direction ; les négligences dans la
gestion du budget, le suivi des crédits, la mise en œuvre de la dépense ainsi que de la

Art. 88 al 1 du régime financier de l’Etat et des autres entités publiques, op.cit.


265

82
liquidation de la recette ; l’imprévoyance caractérisée résultant de la consommation des
crédits pour des dépenses d’intérêt secondaire au détriment des dépenses indispensables et
prioritaires du service ; la poursuites d’objectifs manifestement étrangers aux missions et
attributions du service ; la mise en œuvre des moyens manifestement disproportionnés ou
inadaptés aux objectifs poursuivis par le service.
Le CDBF inflige aux ordonnateurs coupables de faute de gestion une amende de 200 000
à 2 000 000 de Fcfa, des sanctions disciplinaires notamment interdiction d’assumer pendant
un délai de cinq (5) ans les fonctions d’ordonnateur, de gestionnaire de crédits ou de
comptable dans un service, organisme public ou parapublic ou dans les entreprises d’Etat. Il
peut aussi s’agir de l’interdiction d’être responsable à quelque titre que ce soit pendant un
délai de cinq(5) à dix(10) ans, de l’administration ou de la gestion des services et entreprises
d’Etat266.
Bon nombre d’affaires permettent d’illustrer les actions de la CDBF en matière de
protection de a fortune publique et la lutte contre les détournements de deniers publics. On a
de façon non exhaustive la décision du CDBF concernant le professeur Gervais MENDO ZE
ex-directeur général de la Cameroon Radio and Television (CRTV). En l’espèce, le CDBF a
retenu contre l’ex-directeur de la CRTV les fautes de gestion ci-après : « la réalisation en
2004 des travaux de construction et de réfection au centre de formation professionnelle en
audiovisuel (CFPA) de la CRTV, en violation du principe de libre accès à la commande
publique, d’égalité de traitement des candidats, de transparence des procédures, la passation
des marchés compétente, le paiement intégral d’un marché nonobstant l’existence d’un
matériel non conforme d’une valeur de 55 millions de Fcfa ; de paiement sans justificatif d’un
marché en dépassement du montant arrêté contradictoirement ». De même, le 27 mars 2013 le
CDBF avait retenu 20 fautes de gestion ayant induit un préjudice de 9 052 078 692 (neuf
milliards cinquante-deux millions soixante-quinze mille six cent quatre vingt-douze) Fcfa
contre l’ex-directeur général de la société de développement du coton (SODETON) monsieur
IYA Mohamed. Ce dernier a écope d’une déchéance de 7 ans et d’une amende de 2 000 000
Fcfa.
Dans l’affaire concernant l’ex directeur général de la société nationale de raffineries,
celui- ci avait été condamné le 12 mars 2013 pour 40 fautes de gestion commises dont 28
assorties d’un préjudice financier évalués à hauteur de 27 milliards de Fcfa ; Il écope a cet
effet d’une amende de 2 000 000 Fcfa et d’une interdiction d’être responsable de

266
Cf. Art. 14 nouveau, loi du 8 juillet 1976

83
l’administration ou des services publics de l’Etat pour une durée de 7 ans. De même, l’ex
directeur général de Electricité du Cameroun avait été à la même date pour des montages
fautifs ayant traits aux projets de construction des barrages hydro-électriques de Lom Pangar,
de Memve’ele et de Menkin. Il est mis en débet pour 829 889 960 Fcfa et frappé d’une
déchéance de 5 ans et d’une amende de 2 000 000 Fcfa.
Au vu de ces quelques décisions du CDBF, les sanctions qu’il inflige appellent quelques
considérations majeures. D’une part, le montant de l’amande paraît relativement dérisoire
compte tenu des montants « gigantesques » souvent détournés par les gestionnaires indélicats.
Cela dit infliger une amande de 2 000 000 Fcfa à un directeur général auteur d’un préjudice
financier de 27 milliards causé à une entreprise publique est disproportionnée et « cette
situation est de nature à ne point dissuader les gestionnaires qui ne seraient pas portés à
multiplier les fautes de gestion en raison de la souplesse des sanctions financières pouvant
leur être infligées »267 de ce fait il serait urgent de « revoir substantiellement à la hausse le
montant de cette amande »268.

AKONO ONGBA (S), « La distinction entre la faute de gestion(…) », op.cit., p. 283.


267

268
Ibid.

84
CONCLUSION DU CHAPITRE 1
Le contrôle supérieur de l’Etat jouit d’une prééminence dans le contrôle administratif
de l’exécution du budget non seulement du point de vue de son statut mais également de ses
missions et prérogatives. En effet, placé sous l’autorité directe du Président de la République
à qui il rend compte, le Consupe dispose des pleins pouvoirs pour effectuer un contrôle
d’ensemble sur l’exécution du budget de l’Etat et des autres entités publiques. Garant de la
régularité, de la conformité et de la performance dans la gestion des finances publiques, il
effectue des missions d’inspection et de vérification auprès des organismes publiques. Avec
l’appui de son organe de sanction qu’est le conseil de discipline budgétaire et financière, il
sanctionne les irrégularités et fautes de gestion commises dans l’exécution du budget de l’Etat
et des autres entités publiques. Les mesures de sanction prises par le CDBF concourent à la
protection de la fortune publique et à la dissuasion des détournements de deniers publics.
Erigé au titre d’institution supérieure de contrôle des finances publiques, le Consupe a
pour objectif principal de vérifier, au niveau le plus élevé, des services publics, des
établissements publics, des collectivités territoriales décentralisées et leurs établissements, des
entreprises publiques et parapubliques, des liquidations administratives et judiciaires, ainsi
que des organismes, établissements et associations confessionnels ou laïcs bénéficiant des
concours financiers, avals ou garanties de l’Etat ou des autres personnes morales publiques,
sur les plans administratif, financier et stratégique.

85
CHAPITRE 2 :

LES ORGANES DE CONTRÔLE ADMINISTRATIF


INDEPENDANT

86
L’Etat du Cameroun ne cesse de renforcer son dispositif de lutte contre la corruption,
d’enrichissement illicite et de détournement de deniers publics. Sa constitution du 18 janvier
1996 avait pris le devant en mettant des garde-fous contre des risques d’enrichissement
illicite dans la mesure où elle assujettie les autorités camerounaises à l’exercice de déclaration
de leurs bien et avoirs. En effet, l’article 66 dispose que « Le Président de la République, le
Premier Ministre, les membres du Gouvernement et assimilés, le Président et les membres du
Bureau de l’Assemblée Nationale, le Président et les membres du Bureau du Sénat, les
Députés, les Sénateurs, tout détenteur d’un mandat électif, les Secrétaires généraux des
ministères et Assimilés, les Directeurs des administrations centrales, les directeurs généraux
des entreprises publiques et parapubliques, les Magistrats, les personnels des administrations
chargé de l’assiette, du recouvrement et du maniement des recettes publiques, tout
gestionnaire de crédits et des biens publics, doivent faire une déclaration de leurs biens et
avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction ». Cette disposition mise en
application notamment avec la promulgation de la loi n°2006/003 du 26 avril 2006 relative à
la déclaration des biens et des avoirs vient conforter ici l’idée d’une transparence et de la
bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. Mais seulement, l’article 17 de la
loi susdite viendra ralenti son élan en prévoyant des décrets du Président de la République
instituant ses modalités d’application qui jusqu’à l’heure restent toujours attendus. Ce sont
donc « des considérations d’ordre pratique qui semblent toujours plomber sa mise en œuvre
effective »269. Pourtant les motifs de cette loi lui assignent une double mission importante à
savoir promouvoir la transparence dans la gestion des finances publiques et contribuer à lutter
contre les enrichissements illicites. C’est à cet effet que cette loi crée la commission chargée
de recevoir les déclarations des biens et avoirs270.
Toutefois, le grand chantier de lutte contre la criminalité financière et les
enrichissements illicites ne s’arrête pas là. En effet, le Cameroun va se doter de nombreux
autres organes administratifs indépendants de lutte contre les détournements de deniers
publics au rang desquels l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF) (Section 1) et
la Commission Nationale Anti-corruption (CONAC) (Section 2). Ces institutions sont mises
sur pied dans l’optique de renforcer le dispositif de contrôle de l’exécution du budget ; elles
concourent à renforcer l’efficacité de ce dernier notamment par l’indépendance des
contrôleurs des contrôlés.

269
V. AFANE FONO (J-D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget de l’Etat du Cameroun, op.cit., p.
42.
270
Art. 6 de la loi relative à la déclaration des biens et des avoirs.

87
Section 1 : L’agence nationale d’investigation financière
L’Anif est un service public de renseignement financier institué par le règlement
n°01/03-CEMAC-UMAC-CM adopté le 04 avril 2003 à Yaoundé, portant prévention et
répression du blanchiment des capitaux et financement du terrorisme dans chaque Etat de la
sous région Afrique centrale. C’est une cellule de renseignement financier de type
administratif rattachée au Minfi. C’est en fait pour répondre au règlement ci-dessus que le
Président de la République va prendre le décret n°2005/187 du 31 mai 2005 portant
organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale d’Investigation Financière. Ce décret
fixe l’organisation et le fonctionnement (A) de l’Anif mais aussi ses missions (B). Toutefois,
il est important de le préciser l’Anif a connu une évolution de son cadre normatif initial,
laquelle évolution a conduit à la mise en pratique du code de déontologie et du manuel de
procédure adopté en 2010 ; des éléments indispensables au bon fonctionnement d’une cellule
de renseignement financière.
L’élément substantiel de cette évolution a été la révision du règlement initial
01/03/CEMAC-UMAC-CM cité précédemment qui a muté en règlement n°02/10 du 02
octobre 2010 portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et financement du
terrorisme en Afrique. L’Anif est une institution de la moralisation271 de la société en général
dont la tâche principale consiste en « l’établissement de la véracité des déclarations des
soupçons »272. A cet égard, l’action majeure de l’Anif se borne à la mise en relief des cas
d’infractions se rapportant au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme au
Cameroun.

A- L’organisation et le fonctionnement de l’Agence Nationale


d’Investigation Financière
Comme nous l’avons précédemment évoqué, l’Anif est rattachée au Minfi ce qui fait
qu’elle n’est pas totalement indépendante. Cela étant, « L’ANIF est un service public de
renseignement financier. Elle est dotée de l’autonomie financière ainsi que d’un pouvoir de
décision sur les matières relevant de sa compétence »273. A cet égard, elle comprend quatre
membres dont un Directeur ayant rang et prérogatives de directeur de l'administration centrale

271
AFANE FONO (J-D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget(…), op.cit., p. 224.
272
Ibid.
273
Art. 2 al 1 décret n°2005/187 du 31 mai 2005 portant organisation et fonctionnement de l’ANIF.

88
et trois chargés d’études ayant rang et prérogatives de sous-directeur de l'administration
centrale établi comme suit : un fonctionnaire provenant du ministère chargé des finances,
expert en questions douanières ou en écriture bancaire ; un officier de police judiciaire
spécialisé dans les questions financières, provenant du ministère chargé de la défense ou de la
Délégation Générale à la Sûreté Nationale; un magistrat doté d'une expérience dans les
questions financières provenant du ministère chargé de la justice. De même, elle dispose des
services d’appui pour l’accomplissement de ses missions.
En ce qui concerne le directeur, il est nommé par décret du Président de la République
sur proposition du ministre chargé des finances pour un mandat de trois ans renouvelable une
fois. Les chargés d’études sont constatés par décision du ministre des finances sur proposition
de leur administration d’origine.
Dans son fonctionnement l’Anif recourt à des correspondants désignés au sein d’autres
administrations et institutions afin d’assurer la coopération avec ceux-ci. Ils peuvent relever
notamment de la police, la gendarmerie, la direction générale de la recherche extérieure, les
douanes, la justice, le ministère du commerce, le ministère des relations extérieures et tout
autre service publics dont le concours est jugé nécessaire dans le cadre contre le
blanchissement des capitaux et le financement du terrorisme. Les fonctionnaires et les agents
de l'Etat mis à la disposition de l’ANIF, cessent dès lors d’exercer leurs fonctions, dans le
cadre de leur administration d’origine. Ceux-ci et les personnels de l'ANIF ne pouvant exercer
concomitamment aucune activité pouvant porter atteinte à l’indépendance de leurs fonctions
au sein de l’ANIF, ils ne peuvent exercer des fonctions auprès de l’un des assujettis définis
par le décret instituant l’ANIF que sur autorisation du Directeur de l’ANIF. Les
correspondants sont nommés par arrêté du ministre chargé des finances sur proposition de
l’administration dont ils relèvent. Ceux-ci ainsi que le personnel de l’ANIF et les experts
requis par elle sont tenus au secret des informations dont ils ont connaissance dans le cadre de
leurs fonctions ou missions, même après cessation de celles-ci. Ces informations ne pourront
être utilisées à d'autres fins que celles prévues par le Règlement ; les membres et les
correspondants de l'ANIF prêtent dès leur nomination et avant d'entrer en fonction, le serment
d'accomplir leurs missions loyalement dans le strict respect du Règlement et des dispositions
prises pour son application, devant la Cour d'Appel du Centre siégeant en audience solennelle.
L'ANIF élabore des rapports d'activités trimestriels. Ces rapports recensent les
techniques de blanchiment relevées sur le territoire national et formulent des propositions
visant à renforcer la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Elle établit annuellement un rapport récapitulatif ; ceux-ci sont adressés au Ministre chargé
89
des finances, au Ministre chargé de la Défense, au Délégué général à la Sûreté Nationale, au
Ministre chargé de la justice, au Secrétaire Permanent du Groupe d'Action contre le
Blanchiment d'Argent en Afrique Centrale (GABAC) et au Gouverneur de la BEAC.

B- Les missions de l’Agence Nationale d’Investigation Financière


Les missions de l’Anif sont définies par son décret à l’article 3. En effet, l’Anif a pour
mission de recevoir, de traiter et, le cas échéant, de transmettre aux autorités judiciaires
compétentes, tous renseignements propres à établir l’origine des sommes ou la nature des
opérations faisant l’objet de la déclaration de soupçon au titre de la lutte contre le blanchiment
des capitaux et le financement du terrorisme ; d'obtenir des informations utiles à sa mission
des autorités judiciaires et de contrôle des assujettis ; de constituer une banque de données
contenant toutes informations utiles concernant les déclaration de soupçon prévues par le
Règlement de la CEMAC, les opérations effectuées ainsi que les personnes ayant effectué
l'opération, directement ou par personnes interposées.
L’Anif exécute ses missions grâce à une sincère et grande collaboration que lui
apportent les assujettis qui sont au sens de l’article 13 du décret en référence « toute personne
physique ou morale qui, dans le cadre de sa profession, réalise, contrôle, ou conseille des
opérations entraînant des dépôts, des échanges, des placements, des conversions ou tous
autres mouvements de capitaux notamment ; le Trésor Public ; la Banque des Etats de
l'Afrique Centrale ; les organismes financiers ; les changeurs manuels ; les gérants,
directeurs et propriétaires de casinos et établissements de jeux ; les notaires et autres
membres des professions juridiques indépendantes lorsqu'ils conseillent ou assistent des
clients ou agissent au nom ou pour le compte de leurs clients pour l'achat et la vente de biens,
d'entreprises ou de fonds de commerce, la manipulation d'actifs, de titres ou d'autres actifs,
l'ouverture de comptes bancaires, la constitution, la gestion ou la direction de sociétés, de
fiducies ou de structures similaires, ou toutes autres opérations financières ; les agents
immobiliers; les sociétés de transport et de transfert de fonds ; les agences de voyage ; les
commissaires aux comptes, les experts-comptables et auditeurs externes, les conseils fiscaux ;
les marchands d'articles de valeur tels que les couvres d'art, les métaux et les pierres
précieuses, les automobiles ».
Ces assujettis constituent des sources formelles d’information car astreint à la
déclaration de soupçon, ils doivent déclarer les sommes ou tous autres biens qui sont en leur
possession lorsqu'ils pourraient être liés à un crime ou à un délit ou s'inscrire dans un

90
processus de blanchiment de capitaux ; les opérations qui portent sur des sommes ou biens qui
pourraient provenir d'un crime ou d'un délit ou s'inscrire dans un processus de blanchiment
des capitaux ; mais aussi, toute opération dont l'identité du donneur d'ordre ou du bénéficiaire
reste douteuse malgré les diligences effectuées conformément aux dispositions du
Règlement ; les opérations effectuées par les organismes financiers pour compte propre ou
pour compte de tiers avec des personnes morales y compris leurs filiales ou établissements,
agissant sous forme ou pour le compte de fonds fiduciaires ou de tout autre instrument de
gestion d'un patrimoine d'affectation dont l'identité des constituants ou des bénéficiaires n'est
pas connue. Ces déclarations peuvent être verbales ou écrites.
L'ANIF analyse les déclarations de soupçon reçues sur la base de toutes informations
complémentaires propres à établir l'origine des sommes ou la nature des opérations faisant
l'objet des déclarations recueillies notamment auprès des organismes et des administrations
intervenant dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Lorsque le traitement de la déclaration de soupçon met en évidence des faits susceptibles de
relever du trafic de stupéfiants, de l'activité d'organisations criminelles, du blanchiment ou de
toute autre infraction prévue par le Règlement, l’ANIF peut, avant expiration du délai
d'exécution mentionné par le déclarant, former opposition à l’exécution de l'opération. Cette
opposition est notifiée au déclarant par tout moyen laissant trace écrite par le Directeur de
l'ANIF. Il est par ailleurs opportun de mentionner que la déclaration de soupçon est
obligatoire et non facultative pour les assujettis. Cela dit, si ces derniers ne la font pas ils
s’exposent soit à des poursuites judiciaires soit à des sanctions de la part de l’autorité ayant
pouvoir disciplinaire.
L’on peut remarquer un accroissement exponentiel des déclarations de soupçon fait à
l’ANIF ces derniers années ceci étant du à deux facteurs selon le rapport d’activité274 de
l’agence. Le premier facteur est la confiance qui s’est progressivement installée entre l’ANIF
et les établissements de crédits qui à eux seuls fournissent un peu plus de 95% d’informations.
L’ANIF travaille à établir une véritable relation de confiance entre les établissements de
crédits et elle car la confiance est le « véritable socle du respect du ‘’sacro saint’’ principe de
la confidentialité dans les relations entre une Cellule de Renseignement Financière et les
entités déclarantes »275.
Le second facteur est la maîtrise des obligations par la plupart des établissements de
crédits qui ont reçus de la part de l’ANIF la formation de leurs personnels sur les faits et

Rapport disponible sur le site internet de l’agence à l’adresse www.anif.cm. Consulté le 26 juillet 2021.
274

Synthèse du rapport d’activités de l’ANIF. P. 2.


275

91
méfaits du blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme mais beaucoup plus
davantage sur la cybercriminalité (escroquerie via internet) qui est le moyen par excellence
aujourd’hui par l’apogée de la numérique et des NTIC de financer le terrorisme.
Ainsi lorsque les faits sont établis, le dossier est transmit au procureur de la république
qui parachève dès lors l’action de l’Anif qui intervient de façon efficace contre la
prévarication des deniers publics. On compte à ce titre a peu près une soixantaine de dossier
transmis aux autorités judiciaires compétentes l’an dernier276 dont diverses infractions sous-
jacentes aux cas de blanchiment d’argent. Le graphique de répartition de pourcentage
d’infractions sous-jacentes établit dans le rapport de l’agence faisait étalage de 63,33% de
« scamming » (cyber escroquerie) ; 13,33% de faux et usage de faux ; 6,67% de corruption ;
5% de détournements de deniers publics ; 1,67% d’usurpation de titres et 10% de trafic divers.
La présentation générale des statistiques sur les activités de l’ANIF permet de mesurer
l’accroissement de ses résultats depuis sa création ainsi depuis le démarrage de ses activités
en janvier 2006 jusqu’à nos jours, l’Anif a enregistré un peu plus de 3440277 déclarations de
soupçon provenant des professions assujetties. Ce qui a abouti à près de 700 dossiers déposés
auprès des autorités judiciaires faisant état de soupçons confirmés de blanchiment de capitaux,
de ses infractions sous-jacentes et de financement de réseaux de terroristes.
On peut le reconnaître grâce aux actions pluridimensionnelles de l’ANIF, le dispositif
camerounais de lutte contre le blanchiment d’argent, de corruption, de détournement de
deniers publics et de financement du terrorisme tend de plus en plus à se conformer aux
standards internationaux favorisant ainsi un meilleur résultat et une protection majorée des
biens publics. De plus, l’ANIF a perpétuée ses missions de coopération avec d’autres
institutions indépendantes de contrôle de l’exécution du budget au rang desquelles la
Commission Nationale Anti-corruption.

276
Ibid., p. 5.
277
Ces données sont minutieusement détaillées dans les rapports annuels de l’ANIF qui donne une idée
impressionnante du taux de malversation financière et de corruption dans la gestion publique. Le fait notable est
que l’ANIF est relativement présente et investie dans toute l’étendue du territoire nationale car ses activités ne se
limitent pas uniquement aux grands métropoles. Ses investigations couvrent bien des villes telles que Buéa,
Bamenda, Limbé, Bafoussam, Bertoua, Dschang, Tiko, Mamfé, Sangmélima, Mbengwi, Maroua, Ebolowa,
Nkongsamba et la liste est non exhaustive. Même si au bout du compte l’on remarque que ce sont les villes de
Yaoundé et Douala qui sont en tête en matière de détournement de deniers publics et de corruption.

92
Section 2 : La Commissions Nationale Anti-corruption
La création de la CONAC traduit la volonté des autorités publiques d’éradiquer la
corruption dans les secteurs publics et parapublics. En effet, elle a été créée dans l’optique
d’atteindre une plus grande efficacité dans la lutte contre la corruption.
Avant de présenter l’organisation et le fonctionnement (A) et les attributions (B) de la
Conac, il est judicieux de s’appesantir au passage sur quelques généralités relatives à la
notion de corruption et son contexte africain.
En droit pénal, la corruption est entendue comme un « Comportement pénalement
incriminé par lequel sont sollicités, agréés ou reçus des offres, promesses, dons ou présents, à
des fins d’accomplissement ou d’abstention d’un acte, d’obtention de faveurs ou d’avantages
particuliers »278. On distingue à cet effet la corruption passive de la corruption active. Ainsi la
corruption est dite active lorsqu’elle est le fait du corrupteur et s’entend comme « fait, par
quiconque, de proposer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres,
des promesses, des dons, des présents, ou des avantages quelconques à une personne
dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service public ou investie d’un
mandat électif public, pour elle-même ou pour autrui, pour qu’elle accomplisse ou
s’abstienne d’accomplir, ou parce qu’elle a accompli ou s’est abstenue d’accomplir, un acte
de sa fonction, de sa mission ou de son mandat, ou facilité par sa fonction, sa mission ou son
mandat »279et passive lorsqu’elle est le fait du corrompu et est perçue comme « fait, par une
personne dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service public, ou
investie d’un mandat électif public, de solliciter ou d’agréer, sans droit, à tout moment,
directement ou indirectement, des offres, promesses, dons, présents, ou avantages
quelconques, pour elle-même ou pour autrui, pour accomplir ou avoir accompli, pour
s’abstenir ou s’être abstenue d’accomplir un acte de sa fonction, de sa mission ou de son
mandat, ou facilité par sa fonction, sa mission ou son mandat »280.
Au regard de ce qui précède, « la corruption est donc un phénomène d’une grande
complexité qu’il importe de bien cibler pour prétendre le combattre avec efficacité »281. Selon
Hyacinthe SAWADOGO282, la corruption est un phénomène comportant cinq principaux
aspects en l’occurrence la corruption proprement dite, les infractions apparentées à la

278
Lexique des termes juridiques, op.cit., p.617.
279
Ibidem.
280
Ibidem., p. 618.
281
AKAKPO (M B), Démocratie financière en Afrique occidentale francophone, op.cit., p. 92.
282
Cf. André TCHOUPIE sur l’institutionnalisation de la lutte contre la corruption et la criminalité financière au
Cameroun, www.polisciencebordeaux.fr consulté le 28 juillet 2021.

93
corruption notamment le trafic d’influence, l’ingérence et la concussion ; les infractions
assimilées à la corruption dont le détournement de deniers publics et la destruction des pièces
par les fonctionnaires. En réalité la liste des faits apparentés ou assimilés à la corruption n’est
pas exhaustive mais cela dit « tous ces actes ont en commun que leur fait générateur est une
dégradation morale qui pousse à s'approprier un bien par un moyen non
recommandable »283. Cette corruption est bien une réalité en Afrique et ses pays notamment
les pays noirs francophones qui occupent des places importantes dans le classement de
l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency international. En effet, en
mars 2021 sortait le classement du degré de corruption perçu par pays pour le compte de
l’année 2021 en Afrique et la tête du classement était occupée par le Seychelles qui occupait
en 2020 la 20è position au classement mondiale et le Rwanda qui était au rang du 49è. Le
Cameroun quant à lui occupait la 38è position au classement en Afrique et la 149è position à
l’échelle mondiale284.
C’est en raison de cette réalité de la recrudescence de la corruption en Afrique que les
actions menées par la Conac sont plus que nécessaires et importantes voilà pourquoi elle
bénéficie d’un régime particulier dans le contrôle de l’exécution du budget car est la
matérialisation de la vision du Président de la République « d’un Cameroun débarrassé de
toutes formes de corruption »285.

A- L’organisation et le fonctionnement de la commission nationale


anti-corruption
L’organisation et le fonctionnement de la Conac est régie par le décret n°2006/088 du
11 mars 2006 portant création, organisation et fonctionnement de la commission nationale
anti-corruption. Et à cet effet, elle est composée de deux organes 286 à savoir le comité de
coordination et le secrétariat permanent.
Le comité de coordination est placé sous l’autorité du président de la commission et
comprend outre le président, un vice-président, et neuf membres choisis parmi des
personnalités ayant fait preuve de probité dans l'exercice de leur fonction et jouissant d'une
bonne moralité, provenant de l'administration et de la société civile287. Ceux-ci sont nommés

283
AKAKPO (M B), Démocratie financière en Afrique occidentale francophone, op.cit., p. 93.
284
Cf. www.agenceecofin.com consulté le 28 juillet 2021.
285
Préface du rapport de la CONAC sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, 2011, p. IV.
286
Art. 4 du décret instituant la Conac.
287
Ibid., art. 6.

94
par un décret du Président de la République pour une durée de trois ans renouvelable une fois.
Toutefois, il peut être mis fin aux fonctions du président de la commission ou des membres du
comité de coordination à tout moment en cas faute lourde ou cas de poursuite judiciaires ou
de conflit d’intérêt manifeste. De même, En cas de décès en cours de mandat ou dans tous les
cas où le président de la Commission ou un membre du comité de coordination n'est plus en
mesure d'exercer ses fonctions, il est pourvu à son remplacement.
Le secrétariat permanent quant à lui est placé sous l’autorité d’un secrétaire permanent
qui est le collaborateur administratif du président de la commission. Il comprend la division
des investigations qui outre son le chef de division, comprend cinq chargés d’études et cinq
chargés d’études assistants; la division de la prévention et de la communication qui comprend
à son tour outre le chef de division, deux chargés d’études et trois chargés d’études assistants;
la division des études et de la coopération qui comprend hormis le chef de division deux
chargés d’études et trois chargés d’études assistants ; le service du courrier et des archives ; le
service des affaires générales ; le service de la traduction.
Même si elle est « placée sous l’autorité du Président de la République »288, la Conac
« est un organisme public indépendant »289 jouissant d’une autonomie dans son
fonctionnement.
En effet, le comité de coordination se réunit au moins une fois par mois sur
convocation de son président et la délibération de la commission ne peut se faire qu’en
présence des 2/3 de ses membres et les décisions sont prises à la majorité simple des membres
présents. En cas de partage des voix, celle du président de la Commission est prépondérante.
Les membres de la Commission disposent de pouvoirs de suivi, d’évaluation et
d’investigation dans l’accomplissement de leur mission et doivent mener les investigations
nécessaires, dans les délais raisonnables, dès réception d’une dénonciation ou saisine.
La Conac peut donc s’auto saisir ou être saisie par des dénonciations. Aux termes de
l’article 3, « La Commission peut se saisir de pratiques, faits ou actes de corruption et
infractions assimilées dont elle a connaissance » et « peut également être saisie par toute
personne physique ou morale de plainte ou de dénonciation pour faits ou actes de
corruption » ce sont ainsi des mécanisme déployés afin de permettre à la Conac d’agir
efficacement contre la corruption d’autant plus qu’elle a accès à tous les services et peut
requérir l’appui de toutes autorités compétentes.

288
Art. 1er al 2 du décret de référence.
289
Art. 2 al 1.

95
Tout membre en mission a un droit d'accès à tous les services publics, parapublics et
privés ainsi qu'à tous les documents et informations nécessaires à l'exécution de leur mission;
peut requérir toute l'autorité habilitée à l’effet de lui prêter main forte ou de l’assister dans
l'exercice de sa mission; est habilité à adresser des demandes d'informations à tout agent
public, titulaire ou non d'un poste de responsabilité, ainsi qu'à toute personne physique ou
morale adjudicataire d'un marché public. Et ceux-ci sont astreints à collaborer avec la
commission car tout refus de collaboration ou de soutien à la Conac est susceptible
d’entraîner des poursuites disciplinaires ou administratives290et Lorsque le refus provient d'un
membre du gouvernement ou d'un dirigeant d'une entreprise publique ou parapublique,
rapport en est fait immédiatement au président de la République.
Les résultats des investigations de la Conac aboutissent à des poursuites disciplinaires
ou judiciaires lorsqu’il y a constatation d’actes ou de faits susceptibles d'être qualifiés de
corruption ou de tout délit connexe. La Commission réunit les éléments de preuve et transmet
le dossier constitué au président de la République qui prend éventuellement les décisions
appropriées.

B- Les attributions de la Commission Nationale Anti-corruption


Dans la préface du rapport de la Conac de 2011, le président de la commission le
Révérend Dieudonné MASSI GAMS disait « son statut d’organe central de lutte contre la
corruption impose à la CONAC d’assumer à la fois la pertinence de son existence, la
responsabilité de la méthode pour l’atteinte des objectifs et par-dessus tout, le leadership
dans sa tâche de mener toutes études ou investigations et de proposer toutes mesures de
nature à prévenir ou juguler la corruption. Car il lui revient de proposer des réponses à la
fois novatrices et durables qui, au-delà des symptômes, attaquent le mal à la racine »291 voilà
dégager par son président l’objectif global de la Conac qui ne cesse de s’élargir vue que les
méthodes et les mécanismes des acteurs de corruption ne cesse d’évoluer au fil du temps.

La Conac a pour mission de suivre et d'évaluer l'application effective du plan


gouvernemental de lutte contre la corruption ; de recueillir, de centraliser et d'exploiter les
dénonciations et informations dont elle est saisie pour des pratiques, faits ou actes de
corruption et infractions assimilées ; de mener toutes études ou investigations et de proposer
toutes mesures de nature à prévenir ou à juguler la corruption ; de procéder, le cas échéant, au
290
Art.21 al 1.
291
Préface du rapport de la Conac, op.cit.

96
contrôle physique de l'exécution des projets, ainsi qu'à l'évaluation des conditions de passation
des marchés publics ; de diffuser et de vulgariser les textes sur la lutte contre la corruption ;
d'identifier les causes de la corruption et de proposer aux autorités compétentes des mesures
susceptibles de permettre de l'éliminer dans tous les services publics ou parapublics ;
d'accomplir toute autre mission à elle confiée par le président de la République.
Au vu de la dimension et de l’étendue de ses missions, la Conac apparaît à juste titre
comme « le bras séculier, le cheval de bataille, l’arme fatale gouvernementale de lutte contre
la corruption »292 et l’on peut déduire cela des propos du Président de la République lorsqu’il
affirme que « c’est la corruption qui, pour une large part, compromet la réussite de nos
efforts. C’est elle qui pervertit la morale publique. Chacun (…) doit se sentir responsable de
ce combat dans son domaine de compétence (…). Le détournement de l’argent public, quelle
qu’en soit la forme, est un crime contre le peuple qui se voit privé de ressources qui lui
reviennent. Il doit donc être sanctionné avec la plus grande sévérité »293. Ce que se charge de
faire la Conac dont les rapports sont jusqu’à l’heure satisfaisant. De plus, l’indépendance de
ses membres est une garantie suffisante de son efficacité, ils ne peuvent être poursuivis,
recherchés, arrêtés ou détenus pour des opinions ou des actes commis dans l’exercice de leurs
fonctions294.
Des nombreuse réalisations de la Conac, on note un intérêt majeur pour l’éducation et
la prévention car comme le disait son président« c’est dans les esprits que naissent les
pratiques de corruption. C’est, par conséquent, dans les esprits que doivent être semées et
cultivées les graines de lutte contre la corruption »295. Pour ce faire, la Conac a mis en place
un système de communication rapproché des citoyens à travers son émission Espace Conac
qui est diffusé sur plus d’une chaîne de télévision et sur le poste nationale mais également
l’affichage de divers panneaux se sensibilisation et d’avertissement dans les administrations
publiques notamment ceux avec l’inscription « le service publique est gratuit »; la production
des documentaires sur la corruption dans divers secteurs d’activité. De même que la
publication des rapports annuels d’activités, misent gracieusement à la disposition de la
société civile et des médias. La prévention constitue pour la Conac un rôle moteur296 car
« prévenir vaut mieux que guérir » et cette prévention est « irriguée par les actions

292
AFANE FONO (J-D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget(…), op.cit., p. 222.
293
Communiqué spéciale du Président de la République du Cameroun à l’occasion du conseil ministériel le 12
septembre 2007.
294
Art. 26 al 3.
295
Préface du rapport de la Conac, op.cit.
296
Ibid.

97
d’éducation, de sensibilisation et de vulgarisation des textes sur la lutte contre la corruption,
vecteurs de l’émergence d’une conscience anti-corruption, elle-même porteuse des germes
d’une culture anti-corruption seule à même de donner naissance à une société
d’intégrité »297. La Conac dans son fonctionnement rallie l’appel de la conscience et le respect
des lois.
Par ailleurs, la Conac a permis à l’Etat de recouvrer des sommes importantes à travers
la « traque » des gestionnaires indélicats. A ce propos, le rapport de 2019 de la commission
faisant état du recouvrement d’un montant de plus de 34 milliards de francs298 dans le
domaine des indemnisations des terres dans le cadre de la construction du complexe
industrialo-portuaire de Kribi et l’avenant relatif à la construction de la route Ayos-Bonis. Et
en outre, elle a reçu cette année là 17 350 appels de détresse, dont 4 482 n’étaient en lien
direct avec les actes de corruption. Selon toujours ce rapport, le Mini serait le plus corrompu
du Cameroun ensuite vient le ministère du cadastre et des affaires foncières. De même, ce
rapport dresse un bilan entre 2011 et 2017 des gains réalisés par la Conac pour le bénéfice de
l’Etat du Cameroun d’un montant de 1652,5 milliards ceci en collaboration avec le tribunal
criminel spécial et la cour suprême.
L’on note dans les années antérieures par exemple en 2018, que la Conac avait
enregistrée 23 048 dénonciations d’actes de corruption ce qui représentait un accroissement
exponentiel au regard des 482 cas similaires en 2010. Preuve que le combat mené par la
Conac est celui de bon nombre de citoyens qui adhèrent volontiers à l’idée de la protection
des deniers publics. Ce qui permet à l’Etat de recouvrer des sommes importantes comme en
2013 dans le secteur de la téléphonie et des virements frauduleux l’on avait recouvré plus de 8
milliards de francs299. Ceci est sans compter le renforcement du cadre institutionnel, légal,
réglementaire de la lutte contre la corruption.
En effet, grâce aux nombreuses dénonciations faites par la Conac l’Etat du Cameroun
s’est doté de nouvelles lois et règlements ainsi que nouvelles institutions notamment dans le
secteur des marchés publics, l’insuffisance de la bonne gouvernance financière dénoncée par
la Conac a conduit à la création du ministère des marchés publics 2011. En outre la création
du tribunal criminel spécial la même année, est venue combler l’absence d’une juridiction
spéciale pour le jugement des détournements de deniers publics de plus de 50 millions de
francs.

297
Ibid.
298
Cameroon tribune. Consulté le 28 juillet 2021 via le site du journal www.cameroon-tribune.cm.
299
Ibid.

98
Eu égard de ce qui précède, la Conac est une institution forte qui n’a guère finit son
combat contre la corruption car comme le réitérait le Président de la République dans son
message « la corruption, toujours elle, sans cesse renaissante (…). Nous continuerons à la
traquer sans pitié »300. Seulement, la Conac dans l’accomplissement de ses missions fait face
à certaines difficultés qui concourent au ralentissement de ses actions et à l’atténuation de
l’efficacité de ses actes.
En effet, les actions de la Conac sont rendues difficiles du fait de l’absence criarde de
moyens de coercition et de contrainte301 car en réalité elle n’est dotée d’aucun pouvoir de
sanction; elle se limite à la mise en lumière dans certaines circonstances, des atteintes à la
fortune publique. Elle a besoin de plus de pouvoirs notamment de l’adoption d’une loi anti-
corruption qui ferait d’elle une « haute autorité de lutte contre la corruption ».
D’un autre côté, l’absence des textes d’application de l’article 66302 de la constitution
qui est l’une des bases constitutionnelles303 de la Conac entrave considérablement l’efficacité
de ses actions. En sus, la faible dotation financière et de ressources humaines de la Conac ne
favorise pas le déploiement de la structure non seulement dans tout le pays mais également à
l’étranger pour rechercher les avoirs et produits de la corruption logés dans banques et paradis
fiscaux304. Plus encore, la non implémentation effective de la Stratégie nationale de lutte
contre la corruption (Snlcc) au Cameroun par la plupart des ministères, services parapublics,
privés etc empêche le déploiement efficace de la Conac.

300
Extrait du message du Président de la République à la Nation le 31 décembre 2010.
301
Chaque mission de la Commission donne lieu à la rédaction d'un rapport adressé au président de la
République, qui juge de l’opportunité des poursuites.
302
Cet article prévoit que les hauts cadres de l’Etat doivent déclarer leurs biens et avoirs à l’entrée et à la sortie
de leur fonction. De plus la loi du 25 avril 2006 relative à la déclaration des biens et avoirs vient déterminer les
autres catégories de personnes assujetties à cette disposition.
303
Cf. le rapport de 2011 de la Conac, op.cit., p. 10.
304
Ce sont là quelques difficultés non exhaustives relevés dans le rapport susmentionné.

99
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
Les organes de contrôle administratif indépendant au rang desquels l’ANIF et la
CONAC sont des structures stratégiques du contrôle de l’exécution du budget. Placés
respectivement sous l’autorité du ministre chargé des finances et du Président de la
République ceux-ci mènent des contrôles visant la lutte contre l’enrichissement illicite, les
détournements de deniers publics, le blanchiment des capitaux et financement du terrorisme
pour l’un et la corruption pour l’autre.
L’ANIF et la CONAC concourent à la protection de la fortune publique, à une
meilleure transparence et bonne gouvernances dans la gestion des finances publiques par la
qualité des contrôles qu’elles opèrent sur l’exécution du budget ; leurs investigations et
enquêtes ont permis à l’Etat d’éviter un nombre important de détournements mais mieux
encore de recouvrer une quantité importante de sommes déjà détournées par des gestionnaires
indélicats.

100
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Le contrôle administratif de l’exécution du budget effectué en marge du ministère des


finances incombe aux institutions indépendantes et autonomes. Notamment le Contrôle
supérieur de l’Etat, qui jouit d’une prééminence dans ce cadre au regard de sa posture
stratégique d’institution placée sous l’autorité direct du Président de la République et
d’institution supérieur de contrôle des finances publiques du Cameroun.
Par ailleurs, les institutions de lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption
notamment l’Anif et la Conac se révèlent indispensable dans le contrôle du budget si l’on veut
s’assurer d’une bonne santé constante des finances publiques car au regard de leurs
attributions celles-ci assurent la sauvegarde des fonds publics et une transparence dans la
reddition des comptes.

101
CONCLUSION GENERALE

102
Le contrôle administratif de l’exécution du budget est aujourd’hui indispensable et
même une condition sine qua non de la bonne santé financière de l’Etat au vu de l’ampleur
non seulement de la prévarication de la fortune publique mais également de la croissance des
gestionnaires indélicats. A cet égard comme nous l’avons constaté, l’Etat du Cameroun
attache une importance capitale à la transparence et à la bonne gouvernance dans la gestion
des finances publiques. Voilà pourquoi on note au sein de son ordonnancement juridique une
prolifération des textes régissant la protection des deniers publics ; des textes qui concourent
au renforcement du contrôle administratif qui est depuis la réforme des finances publiques au
Cameroun axé vers la performance qui vise une gestion conciliant efficacité, efficience et
économie.
Pour ce faire, le contrôle administratif de l’exécution du budget incombe à des acteurs
diversifiés et variés. Ces différents acteurs peuvent être regroupés en deux catégories
notamment ceux relevant du ministère des finances et ceux en dehors du ministère des
finances.

Le ministère des finances étant le ministère chargé de la mise en œuvre de la politique


du gouvernement en matière financière, budgétaire, monétaire et fiscale, il apparaît à juste
titre comme acteur principal dans le processus de contrôle de l’exécution du budget. En effet,
le ministre des finances en tant que « grand argentier de la République », doit s’assurer de
l’exécution du budget dont il est responsable de l’élaboration. A cet égard, il effectue un
contrôle hiérarchique, un contrôle de tutelle et un contrôle interne sur les structures placées
sous son autorité. Par ailleurs, dans son action, le ministre des finances est soutenu par
l’inspection générale de son ministère et de nombreux organes de son administration centrale.
L’inspection générale du ministère des finances tient une place incontournable dans le
contrôle de l’exécution du budget au regard de son champ de compétence qui est nationale
mais également celle-ci effectue un contrôle sur les autres départements ministériels. A côté
d’elle, on a les directions générales du budget, du trésor et des impôts qui viennent supplier le
ministre dans sa démarche de contrôle.

Le ministère des finances pour un contrôle plus rapproché des gestionnaires dispose de
deux agents extérieurs placés auprès de chaque ordonnateur et gestionnaire de deniers publics.
Il s’agit ici du contrôleur financier et du comptable public. Ceux-ci sont garant de la
régularité, de la conformité de l’exécution du budget pour le compte du ministère des finances
103
et par ricochet pour le compte de l’Etat. Le contrôleur financier même si son intervention
n’est que toute récente au Cameroun bénéficie d’un statut défini et des attributions lui
permettant de s’assurer de la régularité et exceptionnellement de l’opportunité de la dépense
publique. Il est une sorte d’interlocuteur entre l’ordonnateur et le comptable. Le comptable
qui est le dernier intervenant dans la chaîne d’exécution du budget car chargé du paiement des
dépenses et du recouvrement des recettes effectue un contrôle non seulement à priori mais
également concomitant dans le processus d’exécution du budget et à ce titre il effectue un
contrôle de régularité, de conformité. Et en sa qualité de payeur et caissier, sa responsabilité
pécuniaire et personnelle est engagée.

Par ailleurs, en marge du ministère des finances, des institutions indépendantes et


autonomes sont misent en place afin d’effectuer un contrôle administratif externe de
l’exécution du budget. Au rang de ces institutions, on a la prééminence du Contrôle supérieur
de l’Etat au regard de son statut car non seulement il est placé sous l’autorité direct du
Président de la République mais il est également l’institution supérieur de contrôle des
finances publiques du Cameroun. Et à ce titre, il effectue des vérifications au niveau le plus
élevé de l’Etat et des autres entités et avec son organe de sanction le Conseil de discipline
budgétaire et financière, il sanctionne les irrégularités et les fautes de gestion commis par les
ordonnateurs et les gestionnaires de crédits. A côté du Consupe, on a les institutions de lutte
contre l’enrichissement illicite et la corruption en l’occurrence l’Agence d’investigation
financière et la Commission nationale anti-corruption dont les misions de contrôle concourent
à la protection des fonds publics et surtout à la lutte contre la prévarication de la fortune
publique.

Au demeurant, le contrôle administratif de l’exécution du budget à l’aune de la loi


n°2018/012 portant régime financier de l’Etat et des autres entités publiques revêt un nouveau
plumage au regard de son orientation axé sur la transparence car la loi susdite est
indissociable de la loi n°2018/011 portant code de transparence et de bonne gouvernance dans
la gestion des finances publiques lesquelles justifient aujourd’hui la réforme du cadre
administratif des finances publiques au Cameroun. Cette réforme qui a par ailleurs renforcer
le contrôle de l’exécution du budget notamment avec la diversification et multiplication des
acteurs de contrôle. Cependant, ce trop plein d’acteurs du contrôle de l’exécution du budget
ne vient-il pas entraver la bonne exécution du budget ?

104
BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES

A- Ouvrages généraux

- BOUVIER (M), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, LGDJ,


6e édition, 2004.
- CATTEAU(D), Droit budgétaire et comptabilité publique, hachette supérieur,
édition.3, 2016.
- DUVERGER(M), Finances Publiques, PUF, édition.7, paris, 1971.
- GARANT (P), Droit administratif, Cowansville, éditions Yvon Blais, 4ème édition,
vol.1, 1996.
- GRAWITZ (M), Méthodes des sciences sociales, paris, Dalloz, édition.11
- HAURIOU (M), Principes de droit public, Larose, 1ère édition, 1910.
- LEGRAND (A), WIENER (C), Le droit public, Paris, la documentation française,
2017.
- OLINGA (A D), La constitution de la République du Cameroun, Yaoundé, Afredit,
2ème édition, 2013.

B- Ouvrage spécialisés

- AKAKPO (M B), Démocratie financière en Afrique occidentale francophone, FES,


Bénin, 2015.
- BAUSCH (R), Finances publiques, Luxembourg, inspection générale des finances,
2019.
- BIDIAS (B), Les finances publiques du Cameroun, imprimerie nationale, Yaoundé,
1982.
- BOUVIER(M), ESCLASSAN (M-C), LASSALE (J-P), Finances publiques, LGDJ,
édition.13, 2014.
- CHOUVEL (F), Mémentos LMD finances publiques, Gualino, édition.19, 2016.
105
- CHOUVEL (F), Mémentos apprendre utile, Gualino, édition.23, 2020.
- COHEN (A G), La nouvelle gestion publique, Gualino, édition 3, 2012.
- De DIVONNE Philibert, Contrôle hiérarchique : guide méthodologique
d’élaboration d’un dispositif, Paris, DPSM, 2005.
- DEMBA BA (B), Finances publiques et gestion par la performance dans les pays
membres de l’UEMOA : étude du cas du Sénégal, Paris, L’harmattan, 2015.
- KOTT (S), Le contrôle des dépenses engagées : évolutions d’une fonction,
Vincennes, IGPDE, 2004.
- LEKENE DONFACK (E), Finances publiques camerounaises, berger-Levrault,
1987.
- MEDE (N), Finances publiques : espace UEMOA/UMOA, l’harmattan, Sénégal,
2016.
- MONNIER (J M), Les finances publiques, la documentation française, édition.4
- MOR(F) et IBRAHIMA(T), Finances publiques : approche théorique et pratique,
L’harmattan, Sénégal, 2018.
- WASERMAN (F), Les finances publiques, la documentation française, édition.8,
Paris, 2016.

II- ARTICLES
- AKONO ONGBA SEDENA, « La distinction entre la faute de gestion et le
détournement de deniers publics en droit camerounais », RASJ, n°1, 2014.
- DJEYA KAMDOM (Y G), « La réforme du contentieux financier public au
Cameroun par la loi du 11 juillet 2018 : portée et insuffisance d’un texte », GFP, n°6.
- DJEYA KAMDOM (Y G), « Réflexion sur l’ambiguïté institutionnelle du Conseil de
discipline budgétaire et financière du Cameroun », GFP, n°2, 2016.
- FARDET (C), « La notion d’exécution des décisions de justice administrative »,
Civitas Europa, n°39, 2017.
- KOUA (S E), « La prescription de la cour des comptes comme institution supérieur de
contrôle des finances publiques par le droit communautaire CEMAC aux Etats
membres : le cas du Cameroun », in RAFIP, n°3-4, 2018.

106
- NGOUNMEDJE (F M), « Loi de règlement et contrôle de l’exécution du budget :
contribution à l’étude de la pertinence de la loi de règlement dans les Etats de
l’Afrique noire francophone », RAFIP, n°3-4, 2018.
- NGUECHE (S), « Le contrôle citoyen des finances publiques en droit Camerounais »,
RAFIP, n°8, 2020.
- SAKINATOU BELLO « Le Système de Contrôle de la Gestion des Finances
Publiques au Benin », LAEJ, n°6, 2019.
- PHILIP(L), « Panorama du contrôle des finances publiques dans le monde », RFFP,
n°101, 2008.
- PISSALOUX (J-L), « Les inspections générales au sein de l’administration française :
structures, fonctions et évolution », RFAP, n°155, 2015.

III- THESES ET MEMOIRES

A- Thèses

- AFANE FONO (J D), L’efficacité du contrôle de l’exécution du budget de l’Etat du


Cameroun, thèse de doctorat Ph.D présenté et soutenu en 2020 à l’université de
Yaoundé II.
- AKONO OLINGA (A), L’apport de la performance au contrôle des finances locales
au Cameroun, thèse de doctorat Ph.D, université de Yaoundé II, 2019-2020.
- AKONO ONGBA (S), L’apport du juge administratif au droit fiscal au Cameroun, thèse de
doctorat Ph.D, université de Yaoundé II, 2011-2012.
- BATIA EKASSI (S), L’institution supérieure de contrôle des finances publiques au
Cameroun, thèse de doctorat Ph.D, université de Yaoundé II.
- GUESSELE (L), L’apport de la cour suprême au droit administratif camerounais,
thèse de doctorat Ph.D, université de Yaoundé II, 2010.
- NGUECHE (S), La formation de l’autonomie financière des collectivités territoriales
décentralisées au Cameroun, thèse de doctorat Ph.D, université de Yaoundé II, 2014-
2015.
- YOSSUNDARA(A), Le contrôle des finances publiques en Thaïlande, thèse de
doctorat, Présentée et soutenue publiquement le 17 septembre 2013, université de
Paris I.

107
B- Mémoires
- ALOGO NDI (B C), La nature du contrôle du conseil de discipline budgétaire et
financière au Cameroun, mémoire DEA, Université Yaoundé II.
- ONDOUA EKOBENA (J-M), Les démarches de modernisation du système
camerounais de contrôle des finances publique, mémoire de master, université de
Strasbourg.
- KOUMDA AYISSI (A R), Quelle place pour le contrôle financier dans la chaîne des
dépenses publiques au Cameroun ?, mémoire master, université de Strasbourg.

IV- TEXTES JURIDIQUES


- Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26/08/1789
- Déclaration de Lima sur les lignes directrices du contrôle des finances publiques
- Déclaration de Mexico sur l’indépendance des ISC
- DIRECTIVE N°06/11-UEAC-190-CM-22 7Relative au Code de transparence et de
bonne gouvernance
- DIRECTIVE N° 01/11-UEAC-190-CM-22 21Relative aux Lois de Finances
- Constitution du Cameroun du 18 janvier 1996
- Loi n°2018/011 du 11 juillet 2018 portant code de transparence et de bonne
gouvernance dans la gestion des finances publiques au Cameroun
- Loi n°2018/012 du 11 juillet portant régime financier de l’Etat et des autres entités
publiques
- Loi n°74/18 du 5 décembre de 1974 relative au contrôle des ordonnateurs,
gestionnaires et gérants des crédits publics et des entreprises d’Etats
- loi n°003/2006 du 25 avril 2006 relative à la déclaration des biens et des avoir
- Décret n°77/41 du 03 février 1977 fixant les attributions et l’organisation des contrôles
financiers
- Décret n°2020/375 du 07 juillet 2020 portant règlement général de la comptabilité
publique
- Décret n° 2013/159 du 15 mai 2013 portant régime particulier du contrôle
administratif des finances publiques
- Décret N° 2013/287 du 04 septembre 2013 portant organisation des services du
Contrôle supérieur de l’Etat

108
- Décret N° 2008/028 du 17 janvier 2008 portant organisation et fonctionnement du
conseil de discipline budgétaire et financière
- Décret n°2006/011 du 11 mars 2006 portant création, organisation et fonctionnement
de la commission nationale anti-corruption
- Décret n°2005/187 du 31 mai 2005 portant organisation et fonctionnement de l’agence
nationale d’investigation financière
- Décret n°2013/066 du 28 février 2013 portant organisation du ministère des finances
- Statut de l’INTOSAI

V- Dictionnaires et Autres documents


- Dictionnaire de droit administratif, Paris, Dalloz, 6è édition, 2012
- Dictionnaire du vocabulaire juridique, 9è édition, 2018
- Dictionnaire de gestion, 3è édition 2013
- Dictionnaire Larousse de français, 2008
- Lexique du contrôle interne comptable, ministère de l’économie, des finances et de
l’industrie, 2005
- Lexique des termes juridiques, 2017-2018
- Manuel de préparation du budget programme, 2010
- PHILIP (L), (sous la direction), Dictionnaire encyclopédie de finances publiques, Paris,
economica, 1991
- Rapport d’activité de l’ANIF
- Rapport d’activité de la CONAC

109
TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT…………………………………………………………………………....i
DEDICACE…………………………………………………………………………………....ii
REMERCIEMENTS………………………………………………………………………......iii
ABREVIATIONS ET SIGLES……………………………………….……………………….iv
RESUME……………………………………………………………………………………....v
ABSTRACT…………………………………………………………………………………...vi
SOMMAIRE………………………………………………………………………………….vii
INTRODUCTION GENERALE……………………………………………………………1
PREMIERE PARTIE :

LE CONTRÔLE EXERCE PAR LE MINISTERE DES FINANCES………………….2

CHAPITRE 1 : LES SERVICES CENTRAUX DU MINISTRE DES FINANCES.....22

Section 1 : Le ministre et l’inspection Générale……………………………………………...23

A- Le ministre des finances…………………………………………………………...…23


1- Le contrôle hiérarchique et le contrôle de tutelle…………………………..…….24
2- Le contrôle interne……………………………………………………………….26
B- L’inspection générale du ministère des finances…………………………………….30
1- Statut et organisation de l’inspection générale…………….…………………….30
2- Les missions de l’inspection générale…………………………………………...30

Section 2 : Les organes de l’administration centrale………………………………………...32

A- La direction générale du budget……………………………………………………..33


1- Les missions de la direction générale du budget………………………………...33
2- La division du contrôle budgétaire, de l’audit et de la qualité de la dépense
de la direction générale du budget……………………………………………….35
B- Les directions générales du trésor et des impôts…………………………………….36
1- La direction générale du trésor et de la coopération financière et monétaire……36
2- La direction générale des impôts………………………………………………...37

Conclusion du chapitre 1…………………………………………………………………….38

110
Chapitre 2 : LES SERVICES EXTERIEURS DU MINISTERE DES FINANCES…39

Section 1 : Le contrôle exercé par le contrôleur financier…………………………………..40

A- Le statut du contrôleur financier…………………………………………………….40


1- Le statut du contrôleur financier en France……………………………………...41
2- Le statut du contrôleur financier au Cameroun………………………………….42
B- Les attributions du contrôleur financier……………………………………………..44
1- Le contrôle de l’ordonnateur…………………………………………………….44
2- Les moyens de sanction du contrôleur financier………………………………...47

Section 2 : Le contrôle exercé par le comptable public……………………………………...50

A- Le principe de séparation de l’ordonnateur et du comptable………………………..51


1- Le fondement classique rigide du principe………………………………………51
2- L’aménagement contemporain souple du principe………………………………54
B- Le régime de responsabilité des ordonnateurs et des comptables…………………...54
1- La responsabilité de l’ordonnateur………………………………………………55
2- L’étendue de la responsabilité du comptable……………………………………56

Conclusion du chapitre 2…………………………………………………………………….59

CONCLUSION DE LAPREMIERE PARTIE………………………………………......60

SECONDE PARTIE :

LE CONTRÔLE EXERCEEN MARGE DU MINISTRE DES FINANCES………...61

Chapitre 1 : Le contrôle supérieur de l’Etat……………………………………...………63

Section 1 : Le statut du contrôle supérieur de l’Etat……………………………………….65

A- Une institution placée sous l’autorité directe du Président de la République………65


1- L’inféodation du CONSUPE à l’exécutif………………………………………65
2- La dépendance financière du CONSUPE au budget de l’Etat………………....67
B- Une institution supérieure de contrôle des finances publiques……………………...68
1- La notion d’institution supérieure de contrôle…………………………………..68
2- Les caractéristiques d’une institution supérieure de contrôle…………………...70

Section 2 : L’organisation et le fonctionnement du contrôle supérieur de l’Etat…………..73

111
A- De l’organisation et des missions du contrôle supérieur de l’Etat………………….73
1- L’organisation des services du contrôle supérieur de l’Etat……………………73
2- Les missions du contrôle supérieur de l’Etat…………………………………...74
B- Le conseil de discipline financière et budgétaire du contrôle supérieur de l’Etat….77
1- L’organisation et le fonctionnement du conseil de discipline budgétaire et
financière………………………………………………………………………..79
2- Les missions du conseil de discipline budgétaire et financière…………………81

Conclusion du chapitre 1……………………………………………………………………85

Chapitre 2 : LES ORGANES DE CONTRÔLE ADMINISTRATIF INDEPENDANT

……………………………………………………………………………………………...86

Section 1 : L’Agence nationale d’investigation financière………………………………...88

A- L’organisation et le fonctionnement de l’ANIF……………………………………88


B- Les missions de l’ANIF…………………………………………………………….90

Section 2 : La Commission nationale anti-corruption………………………………………93

A- L’organisation et le fonctionnement de la CONAC………………………………..94


B- Les attributions de la CONAC……………………………………………………..96

Conclusion du chapitre 2…………………………………………………………………...100

CONCLUSIONDE LA DEUXIEMEPARTIE………………………………………….101

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………....102

BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………...108

TABLE DES MATIERES………………………………………………………………...110

112

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