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FICHE DROIT CIVIL

Les obligations naissant de faits juridiques

Introduction générale

Droit des obligations et faits juridiques

Droit positif :

Situation des faits juridiques comme source d’obligations dans le Code civil :

Ancien article 1370 : “Certains engagements se forment sans qu’il intervienne aucune convention,
ni de la part de celui qui s’oblige, ni de la part de celui envers duquel il est obligé” “Les uns résultent
de l’autorité seule de la loi ; les autres naissent d’un fait personnel à celui qui se trouve obligé. Les
premiers sont les engagements formés involontairement, tels que ceux entre propriétaires voisins, ou
ceux des tuteurs et autres administrateurs qui ne peuvent refuser la fonction qui leur est déférée. Les
engagements qui naissent d’un fait personnel à celui qui se trouve obligé, résultent ou des quasi-
contrats, ou des délits ou quasi-délits ; ils font la matière du présent titre.”

Depuis le 1er octobre 2016 :

Article 1100 : « Les obligations naissent d’actes juridiques, de faits juridiques ou de l’autorité seule
de la loi ».

Article 1100-2 : « Les faits juridiques sont des agissements (comportement personnel) ou des
événements (qui répond à une volonté) auxquels la loi attache des effets de droit.
Les obligations qui naissent d’un fait juridique sont régies, selon le cas, par le sous-titre relatif à la
responsabilité extracontractuelle ou le sous-titre relatif aux autres sources d’obligations »

Obligations : rapports juridiques qui se nouent entre deux ou plusieurs personnes, ce sont des liens
entre les patrimoines de ces personnes.

Faits juridiques : des obligations vont y naitre : un débiteur qui doit et un créancier qui reçoit. Ces
obligations ne naissent pas d’une volonté, mais ce sont des comportements sociaux. La volonté porte
sur le comportement.

Acte juridique : volonté qui porte sur la dimension juridique.

Quasi contrats : ce sont des obligations qui naissent de faits juridiques et qui produisent les effets
d’actes juridiques : l’acteur se trouve engagé comme s’il avait contracté, soit comme débiteur, soit
comme créancier

Ils ressemblent à des contrats, ils se rapprochent d’une figure contractuelle nommée mais il manque
la volonté de l’acteur de s’engager juridiquement. Celui qui agit et qui se comporte comme un
contractant n’a pas conclu un contrat.

Dans les quasi contrats, celui qui agit va enrichir accidentellement l’autre alors qu’en matière de
responsabilité civile, celui qui agit va appauvrir l’autre.

Les quasi contrats ont été réformé avec la réforme de 2016, et se rapproche plus des contrats, et on
les a réformés avec les actes juridiques alors que ce sont des faits juridiques.

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Les règles de la responsabilité civile ont certes été renumérotées, mais on ne les a pas réformés du
tout.

Les règles pensées en 1804 ont hérité du droit romain. L’avantage de ces règles sont leur très haut
degrés de généralité et ne disent rien de véritablement précis. Donc les notions de faute de préjudices
ont évolué, donc l’application du texte est toujours valable, c’est la Cour de cassation qui a fait évoluer
l’interprétation de ces règles pour s’adapter aux évolutions sociales.

C’est un droit extrêmement jurisprudentiel. Les réponses aux questions que l’on se pose sont dans
la jurisprudence et non dans la loi. Donc le juge peut assez adapter les textes en fonction des besoins,
mais cela reste de la jurisprudence, donc ce n’est précédé d’aucun signale, cela tombe parfois au
moment où on ne s’y attend pas, c’est le juge qui fait la loi donc ce n’est pas conforme aux principes
de séparation des pouvoirs. Il y a donc un problème de légitimité, de prévisibilité. Puis les revirements
de jurisprudence sont rétroactifs.

L’emprise réelle du droit de la responsabilité civile est faible, mis à part la loi sur les produits
défectueux.

Dans les régimes d’indemnisation, tout est fait pour favoriser l’indemnisation des victimes, ce qui
compte est de savoir qui est la victime pour réparer son préjudice, après on s’occupe de trouver le
responsable. On va introduire entre la victime et son responsable un organisme (tiers-payeurs) qui
va indemniser la victime au nom du responsable. Ensuite, les tiers payeurs vont se charger de se
financer en cherchant à se faire rembourser par le responsable.

La première entité protectrice est la sécurité sociale depuis 1845. Ensuite la sécu s’occupe de se
faire rembourser par le responsable. Ensuite, le régime d’indemnisation des victimes d’accident de la
circulation est la loi Badinter (1985) et pour la responsabilité des accidents médicaux et la loi
Kouchner (2002).

► Le droit de la responsabilité civile a connu de très profonds bouleversements depuis 1804 :

→ La Cour de cassation a également créé de nouveaux cas de responsabilité civile, pour faire face
aux nouveaux besoins indemnitaires :
- Gardiens de choses en 1896
- Responsabilité contractuelle en raison d’un manquement à une obligation de sécurité, en
1911
- Institutions en charge de personnes vulnérables en 1991
- Clubs sportifs en charge de leurs joueurs en 1995

→ La Cour de cassation a également utilisé son pouvoir d’interprétation amplifiante des textes
existants pour favoriser l’indemnisation des victimes : on parlera de courant victimologiste

► Surtout le législateur est intervenu à de nombreuses reprises depuis pour créer de nouveaux cas
spéciaux de responsabilité civile :
- Chose incendiées en 1922
- Accidents de la circulation en 1985
- Producteurs en 1998

La réforme :

Plusieurs propositions ont été faites dans des cadres plus ou moins officiels :
- Le rapport Catala en 2005 (universitaire)
- Le rapport Terré en 2012 (universitaire)

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- Le Projet Béteille en 2010 (parlementaires)
- Le projet de la Chancellerie en 2011 (ministériel)

Régimes d’indemnisation et droit à réparation :

Article 1382 : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la
faute duquel il est arrivé à le réparer. » à Article 1240 et 1244-17

La responsabilité civile suppose en principe la preuve d’une faute : le juge appréciera la faute en se
référant au modèle du bon père de famille

Tout au long du 20è siècle le législateur va multiplier les régimes spéciaux, et va adjoindre aux règles
de responsabilité et d’assurances des tiers payeurs qui ne seront pas la sécurité sociale, mais des
Fonds d’indemnisation financés par les assureurs et chargés de venir suppléer la prise en charge
assurantielle (défaut d’assurance, épuisement des garanties)

L’exigence d’une faute commise par l’auteur du dommage importe moins que la nécessité
d’indemniser la victime :
- Si elles ne sont victimes que de dommages matériels ce sont essentiellement les règles du
droit de la responsabilité civile qui s’appliqueront pour la réparation
- Si elles sont victimes de dommages corporels alors la réparation se déroulera en plusieurs
temps : la sécurité sociale indemnise la victime, puis se charge de se faire rembourser par le
responsable

TITRE I. LES QUASI-CONTRATS

Article 1300 : « Les quasi-contrats sont des faits (les faits légaux et jurisprudentiels) purement
volontaires dont il résulte un engagement de celui qui en profite (suppression de l’homme) sans y
avoir droit, et parfois un engagement de leur auteur envers autrui.
Les quasi-contrats régis par le présent sous-titre sont la gestion d’affaire, le paiement de l’indu et
l’enrichissement injustifié.»

Ancien article 1371 : « Les quasi-contrats sont les faits (uniquement les faits légaux) purement
volontaires de l'homme, dont il résulte un engagement quelconque envers un tiers, et quelquefois un
engagement réciproque des deux parties. »

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En 1804, le législateur avait créé deux quasi-contrats : la gestion d’affaire (quasi-mandat) et la
répétition de l’indu (quasi-paiement).

Mais la jurisprudence a eu besoin de créer de nouveaux cas, pour répondre à un besoin de justice
non satisfait par les textes de l’époque, et a doté ce texte d’une portée normative :
- Cass,1892 en créant l’action de in rem verso et ce qu’on appelle aujourd’hui l’enrichissement sans
cause à devenu l’enrichissement injuste
- Cass, 6 sept. 2002 : « l’organisateur d’une loterie qui annonce un gain à une personne dénommée
sans mettre en évidence l’existence d’un aléa s’oblige, par ce fait purement volontaire, à le délivrer »
à quasi-contrat de jeu

Mais a refusé de consacrer un autre quasi-contrat : cass,15 mars 2006 : « La seule révélation
volontaire faite par le vendeur à l'acquéreur de l'existence d'un contrat conclu avec un tiers et portant
sur la chose vendue n'est pas de nature à créer au profit de cet acquéreur un droit à l'exécution de
ce contrat sur le fondement de l'article 1371 du code civil »

L’ordonnance du 10 février 2016 consacre l’enrichissement sans cause (dénommé « injuste ») et ne


ferme pas la porte à de nouveaux quasi-contrats.

CHAPITRE 1. La gestion d’affaire

L’hypothèse est fréquente : une personne souhaite rendre service à une autre et à cette occasion
s’appauvrit à quasi-mandat

Article 1301 : « Celui qui, sans y être tenu, gère sciemment et utilement l’affaire d’autrui, à l’insu ou
sans opposition du maître de cette affaire, est soumis, dans l’accomplissement des actes juridiques
et matériels de sa gestion, à toutes les obligations d’un mandataire. »

Il existe donc ici un conflit de logiques :


- Une logique objective : compenser un enrichissement sans cause
- Une logique subjective : respecter la volonté du maître de l’affaire

Le Code civil a cherché l’équilibre :


- Le gérant de l’affaire a des droits : se faire indemniser
- Le maître de l’affaire a également des droits : protégé contre tout intervention intempestive

Section I. Les conditions de la gestion d’affaire :

§. 1. Les conditions relatives aux personnes :

A. Conditions relatives au gérant de l’affaire :

1. La liberté d’intervention :

a. L’absence de contrainte juridique :

Article 1301 : « Celui qui, sans y être tenu, gère sciemment et utilement l'affaire d'autrui, à l'insu ou
sans opposition du maître de cette affaire, est soumis, dans l'accomplissement des actes juridiques
et matériels de sa gestion, à toutes les obligations d'un mandataire. »

Il n’y a pas de gestion d’affaire si la personne était légalement tenue d’agir en ce sens : dans cette
hypothèse l’appauvrissement aura une cause

Il n’y a pas de gestion d’affaire si la personne est contractuellement tenue d’agir mais il peut y avoir
gestion d’affaire si le contractant agit en dehors du cadre contractuel

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b. La volonté de gérer l’affaire d’autrui :

Ancien article 1372 : “Lorsque volontairement on gère l’affaire d’autrui ...”

Article 1301 : « gère sciemment »

Le gérant d’affaire peut valablement intervenir sur l’invitation d’un tiers

Si l’intervention est accidentelle, involontaire


- Pas de gestion d’affaire
- Il reste l’action de in rem verso qui présente un caractère subsidiaire

Si le gérant est juridiquement incapable


- Aura le droit d’être indemnisé mais ne supportera aucune charge

2. L’intention altruiste :

Article 1301-4 : « L'intérêt personnel du gérant à se charger de l'affaire d'autrui n'exclut pas
l'application des règles de la gestion d'affaires. »

Le gérant doit gérer pour autrui :


- Ne doit pas poursuivre un intérêt purement égoïste
- Peut poursuivre un intérêt mixte

B. Conditions relatives au maître de l’affaire :

Le maître de l’affaire ne doit pas être en état de gérer son affaire : condition posée implicitement par
l’article 1372 : “achever (la gestion) jusqu’à ce que le propriétaire soit en état d’y pourvoir lui-même.”

Article 1301 : « à l’insu ou sans opposition du maître de cette affaire »

§. 2. Les conditions relatives aux actes :

A. La nature des actes :

Le gérant d’affaire peut passer des actes conservatoires (souscrire une assurance, faire intervenir
une entreprise pour soutenir un mur), il peut faire également des actes d’administration (ne modifie
pas l’équilibre du patrimoine). Pour les actes de dispositions, le patrimoine du maitre de l’affaire sera
admis de manière exceptionnelle.

B. L’utilité des actes :

Article 1301-1 : Il est tenu d'apporter à la gestion de l'affaire tous les soins d'une personne
raisonnable ; il doit poursuivre la gestion jusqu'à ce que le maître de l'affaire ou son successeur soit
en mesure d'y pourvoir. Le juge peut, selon les circonstances, modérer l'indemnité due au maître de
l'affaire en raison des fautes ou de la négligence du gérant.

Article 1301-2 : Celui dont l'affaire a été utilement gérée doit remplir les engagements contractés dans
son intérêt par le gérant. Il rembourse au gérant les dépenses faites dans son intérêt et l'indemnise
des dommages qu'il a subis en raison de sa gestion. Les sommes avancées par le gérant portent
intérêt du jour du paiement.

Appréciation souveraine des juges du fond, la cour de cassation ne va pas contrôler ces critères, elle
va refuser d’examiner le moyen dès lors que ce moyen vise à remettre en cause l’appréciation

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souveraine des juges. On va demander aux juges d’apprécier l’utilité de la gestion dans le contexte
de l’époque et de tenir compte de l’urgence et de la rareté des intervenants potentielles sur le bien.
Soit la gestion a été utile et le maitre de l’affaire va devoir rembourser les frais, payer les tiers, voire
indemniser le gérant d’affaire, sinon cela peut se retourner contre le gérant de l’affaire où sa
responsabilité peut être engagé vis-à-vis du maitre d’affaire.

Section II. Les effets de la gestion d’affaire :

§. 1. Obligations du gérant de l’affaire :

Article 1301-1 : Il est tenu d'apporter à la gestion de l'affaire tous les soins d'une personne raisonnable
; il doit poursuivre la gestion jusqu'à ce que le maître de l'affaire ou son successeur soit en mesure
d'y pourvoir.

Le juge peut, selon les circonstances, modérer l'indemnité due au maître de l'affaire en raison des
fautes ou de la négligence du gérant.

Ces obligations :

- Il doit gérer raisonnablement


- Ne répond pas des cas fortuits qui sont toujours exonératoires
- Doit assumer toutes les dépenses de l’affaire et sera remboursé après
- Responsable de toute faute de gestion
- Peut réclamer le remboursement des frais engagés, mais simplement dans le cadre d’un
partage de responsabilité
- Sa faute doit être prouvée
- Peut être excusé par le juge en fonction des circonstances
- Doit rendre compte de sa gestion
- Il doit mener à son terme la gestion
-Article 1372 : continuer jusqu’à ce que le maître soit en état d’y pourvoir lui-même
-Article 1301-1 : ou jusqu’à ce que les héritiers puissent prendre le relais

§. 2. Obligations du maître de l’affaire :

Article 1301-2 : Celui dont l'affaire a été utilement gérée doit remplir les engagements contractés dans
son intérêt par le gérant. Il rembourse au gérant les dépenses faites dans son intérêt et l'indemnise
des dommages qu'il a subis en raison de sa gestion. Les sommes avancées par le gérant portent
intérêt du jour du paiement.

Ces obligations :

- Assumer les engagements contractés en son nom vis-à-vis des tiers : le gérant a déclaré au
tiers agir pour le compte du maître ou il engage directement le maître sans être obligé
personnellement
- Rembourser les engagements pris par le gérant en son nom : le gérant s’est engagé en son
nom propre ou pas de représentation
- Rembourser le gérant de l’affaire de ses dépenses utiles ou nécessaires
- La prescription de l’action est de 5 ans

Article 1301-5 : si ces conditions ne sont pas remplies mais que le maître de l’affaire s’est enrichi il
devra verser au gérant une indemnité (ce qui ne semblait pas possible en l’état de la jurisprudence
avant la réforme (l'enrichissement sans cause étant subsidiaire)

Article 1301-3 : Le maître de l’affaire peut également ratifier la gestion, ce qui fait basculer le régime
dans celui du mandat.

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CHAPITRE 2. LA REPETITION DE L’INDU

L'action en répétition de l’indu était régie avant la réforme par les articles 1376 et 1377 devenus
articles 1302 à 1302-3 après l’ordonnance du 10 février 2016.

La répétition de l’indu :
- Hypothèse de quasi-paiement
- Hypothèse d’un malentendu, d’un quiproquo :
- soit le bon débiteur de trompe de créancier et en paie un autre (indu subjectif)
- soit le bon créancier obtient le paiement d’une personne qui ne lui doit rien (indu subjectif)
- soit même la dette est totalement inexistante (indu objectif)

Section I. Les conditions de la répétition de l’indu :

§. 1. La justification du paiement :

Article 1302 (ancien art. 1235) : « Tout paiement suppose une dette ; ce qui a été reçu sans être dû
est sujet à restitution. La restitution n'est pas admise à l'égard des obligations naturelles qui ont été
volontairement acquittées. »

A. La nature de la justification :

Si on paie sans obligation légale, ni obligation morale, dans la gestion d’affaire, si on a agi en vertu
d’une obligation naturelle, elle peut être invoquée. En revanche, en répétition de l’indu, un agissement
en vertu de la morale ne pourra pas être contestée en vertu de la répétition de l’indu.

B. Les hypothèses d’absence de justification :

La jurisprudence ne pose aucune exigence, elle se contente qu’il n’y ait pas justification. Que j’ai payé
par erreur, par ignorance ou autre, n’a pas d’importance, il suffit d’observer que je n’étais pas obligé
de payer et que j’ai payé.

§. 2. Les conditions du paiement :

Le Code civil exigeait que le transfert d’un patrimoine à l’autre soit le fruit d’une erreur commise soit
par le solvens (celui qui paie), soit par l'accipiens (celui qui reçoit), ignorant l'hypothèse où le paiement
pourrait être fait sous la menace ou la crainte de sanctions, notamment administratives (cas des
contentieux du recouvrement des cotisations de sécurité sociale).

La jurisprudence a consacré à partir de 1993 l'hypothèse dite d'indu objectif, c'est-à-dire sans que la
dette n'existe, et dans le cas où le paiement résulte d'une simple écriture comptable sans intention.

La réforme intervenue en 2016 a fondu les deux anciennes hypothèses d'indus (subjectifs et objectifs)
dans un seul et même régime général.

A. La perception indue :

Ancien article 1376 : “Celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui ne lui est pas dû s’oblige à la
restituer à celui de qui il l’a indûment reçu”.

Article 1302-1 dans une formule réécrite : « Celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui ne lui est
pas dû doit le restituer à celui de qui il l’a indûment reçu. »

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B. Le paiement de la dette d'autrui :

Ancien article 1377 : « Lorsqu’une personne qui, par erreur, se croyait débitrice, a acquitté une dette,
elle a le droit à répétition contre le créancier »

Article 1302-2 : Celui qui par erreur ou sous la contrainte a acquitté la dette d’autrui peut agir en
restitution contre le créancier. Néanmoins ce droit cesse dans le cas où le créancier, par suite du
paiement, a détruit son titre ou abandonné les sûretés qui garantissaient sa créance.

Dans ce cas il pourra ensuite demander le remboursement au véritable débiteur de la dette :


Article 1302-2, al. 2 : « La restitution peut aussi être demandée à celui dont la dette a été acquittée
par erreur. »

SECTION 2 : LA MISE EN ŒUVRE DE L’ACTION EN REPETITION DE L’INDU

PARAGRAPHE 1 : LE SUJET PASSIF DE L’ACTION

A. Les sujets admis : celui qui reçoit

Prescription de 5 ans sauf textes spéciaux :


- Art. art. L. 110-4 du code de commerce lorsque l’action est dirigée contre un commerçant.
- Art. L. 133-6 du code de commerce s’agissant du contrat de transport.
- Art. L. 3245-1 du code du travail s’agissant de l’action en « répétition » du salaire (solution légalisée
en 2013).

B. Les sujets écartés

Dans le cas du tiers-payant : le professionnel de santé (médecin, pharmacien) ne fait pas payer
l'assuré et se fait rembourser directement par la sécurité́ sociale et la complémentaire ; en cas d'erreur
dans les montants des sommes versées au professionnel l'action en restitution sera dirigée contre
lui, même si ces sommes sont perçues dans l'intérêt de l'assuré qui a bénéficié́ de la dispense
d'avance des frais. (Cass. soc. 5 décembre 1996, Anseur). à 2ième cas : Cas du concubin : certaines
aides tiennent compte de sa présence au foyer (accipiens intellectuel) et il pourra en profiter
indirectement puisqu'il appartient à la même cellule économique) : la Cour de cassation refuse l’action
contre lui (Cass. soc. 26 avril 1984).

PARAGRAPHE 2 : LES OBLIGATIONS DE L’ACCIPIENS

A. L’obligation de remboursement

Avant l’ordonnance de 2016 les dispositions étaient particulières : - L’accipiens de bonne foi
(présumée) devait rembourser seulement le capital et pas les intérêts ni les fruits perçus et
consommé. - L'accipiens de mauvaise foi était tenu d'une obligation de restitution étendue.

Désormais il n'y a plus de régime spécial le texte renvoie aux dispositions consacrées aux restitutions
en général des articles 1352 et suivants du code civil. (traitées dans le cadre du cours sur le régime
général des obligations) qui reprennent peu ou prou les mêmes principes.

B. L’exonération de l’accipiens

La solution est prévue à l'article 1302-3, al. 2 du code civil qui dispose que « Elle peut être réduite si
le paiement procède d’une faute. » : a consacré les solutions jurisprudentielles antérieures. »

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L'idée est de limiter l'entendue de l'obligation de restitution pour tenir compte du caractère involontaire
de l'enrichissement et de la situation dans laquelle le place l'obligation de restituer (peut ne plus avoir
l'argent).

L'exonération suppose une faute commise par celui qui a versé́ les sommes indues, même simple
(Cass. Soc. 12 juillet 1995). La solution a été́ consacrée en 2016 à l’article 1302-3 : « La restitution
est soumise aux règles fixées aux articles 1352 à 1352-9. Elle peut être réduite si le paiement procède
d'une faute. »

La faute ne prive pas le solens de son droit à remboursement mais peut réduire le montant des
sommes dues.

Les caisses de sécurité sociale peuvent d’ailleurs elles aussi accorder des remises gracieuses qui
peuvent se cumuler (Cass. 1ière civ. 8 juillet 2003 : « La seule imprudence ou négligence de celui
qui a enrichi autrui en s’appauvrissant ne le prive pas de son droit d’invoquer l’enrichissement sans
cause. »)

L’exonération peut par ailleurs être refusée même si l’organisme social a commis des fautes ;
notamment le cas lorsque l’accipiens était de mauvaise foi et connaissait le caractère indu des
sommes versées et les a volontairement dépenses pour ne pas avoir à les rembourser (Cass. soc. 6
janvier 1977).

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