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Couverture
Introduction
1 - Code génétique
2 - Le format A4
3 - Année zéro
4 - Le couper ou pas ?
5 - Le come-back de Barents
6 - Le flacon de Becquerel
7 - La loi de Benford
9 - Le truc du bilboquet
11 - Histoire de calendriers
12 - La grosse cellule
13 - Les centres
14 - La tête de Charpak
15 - Le chat de Schrödinger
16 - Le cœlacanthe
17 - Le spectre de Crookes
19 - Cuite chinoise
21 - La datalogie
22 - Découvertes à tiroir
23 - Doute
24 - Les édulcorants
25 - Les ékranoplanes
26 - Étalons
27 - La conjecture de Fermat
28 - Filet d’eau
29 - Coordonnées ludiques
30 - Pénicilline
31 - Seuls
35 - Haines scientifiques
37 - Hormones
39 - Illusions
41 - L’île intermittente
43 - La photo de Napoléon
44 - Un pari à 5 euros
45 - Le Colomb baladeur
51 - Gestes machinaux
55 - Nauru
56 - La banane de Newton
59 - La boussole d’Œrsted
60 - Vortex
62 - L’ornithorynque
63 - La malédiction d’Ötzi
64 - Palindromes
65 - La papaïne
67 - Un petit pas
68 - L’homme de Piltdown
70 - Pression atmosphérique
71 - Vestige bizarre
72 - Rongeurs salvateurs
75 - Plus basse
76 - Théories oubliées
77 - Abus toponymiques
78 - L’eau antigravitationnelle
79 - Le cas Voronoff
80 - Le manuscrit de Voynich
Crédits iconographiques
Index
Résumé
Introduction
Ce recueil est le résultat d’un désordre : celui de mes lectures. Je lis tout et
n’importe quoi, en tous domaines, en tous genres. Tout m’intéresse,
j’imagine trouver des pépites intéressantes derrière chaque rideau qui
frémit. Cette curiosité mal canalisée m’a conduit à accumuler au cours des
années un stock de petites histoires étonnantes, en marge de livres ou revues
scientifiques, à-côtés anecdotiques ou contingents glanés au détour de récits
ou d’articles qui parlaient d’autre chose, et qui prenaient une dimension
d’incroyables péripéties si on les isolait et s’y arrêtait quelques instants.
J’avais commencé à les raconter un peu, sur ARTE, à la faveur d’une
défunte émission scientifique, mais finalement, ce sont les Belges qui sont
venus me chercher, sous les traits de Patrice Goldberg, producteur et
animateur de Matière grise, l’émission scientifique de la Radio Télévision
Belge Francophone. Si les Belges aiment la rigueur rationnelle, ils aiment
aussi la bonne humeur, et la bande dessinée, et donc, depuis une petite
dizaine d’années, je raconte ces histoires inouïes, ou reproduis ces
expériences désopilantes, à la fin de Matière grise dans une petite séquence
appelée fort judicieusement La Minute de Léandri. Les voici pour la
première fois rassemblées en livre, en compagnie de quelques autres
passées par Fluide Glacial, et dont je n’allais pas vous priver.
Les plus observateurs d’entre vous ne seront pas sans remarquer qu’en
dépit du titre de ce livre, il n’y a pas 101 chapitres mais 80 et des
poussières. Avec mon éditeur, on s’en est rendu compte nous aussi, mais on
a préféré garder « 101 » dans le titre parce que ça fait plus expression
consacrée. Et puis ce n’est pas vraiment inexact au fond, parce qu’il y a des
histoires à tiroir, des histoires dans les histoires, quoi, donc ça doit tourner
autour de 100 en tout et vous n’allez pas commencer à chicaner…
Bruno Léandri
Dans le monde entier, les généticiens ont pris pour habitude d’utiliser les
initiales A, G, T, et C pour noter les quatre bases de l’ADN : adénine,
guanine, thymine et cytosine. Ainsi, la succession de ces quatre bases
constituant le code génétique de tout organisme vivant s’écrit toujours sous
la forme d’une liste de ces quatre lettres. Par exemple, au hasard :
AGGTACCGCTTAACTGCAAAC
Ce bout de code génétique peut coder aussi bien la couleur d’un pétale de
rose, l’aspect d’un piquant d’oursin, la longueur d’un poil de narine, ou rien
du tout.
Paradoxalement, à côté de l’infinité des combinaisons possibles de ces
quatre lettres, qui peuvent coder toutes les formes du vivant, on ne peut
faire qu’un nombre limité de mots. En français, par exemple, on ne peut
former que les mots :
GAG
TAG
TACT
TATA
GAGA
CACA
GATA
et l’onomatopée TACATAC.
Les Anglais ont aussi CAT et ACT, et c’est à peu près tout.
Alors, dans les laboratoires de biologie, pour passer le temps durant les
fastidieuses manipulations, les chercheurs – enfin, certains – s’amusent à
trouver des phrases phonétiques qu’on peut composer avec les quatre bases
de l’ADN, le jeu étant de construire la plus longue possible. Par exemple,
voici l’histoire de Théa et de son enfant Gérard, dont le diminutif est, bien
sûr, Gégé :
Henri Becquerel.
Eh oui, vous l’avez deviné, Becquerel venait de découvrir par hasard les
effets nocifs de la radioactivité, dont l’unité de mesure portera son nom.
Mais il fallut encore vingt ans avant que l’ampleur exacte des dangers réels
des radiations soit reconnue. Le hasard fait bien les choses mais ne termine
pas toujours son travail.
7
La loi de Benford
Si on s’amusait à faire la liste de tous les animaux qui ont été associés de
près aux travaux d’un scientifique et qui sont devenus aussi célèbres que
« leur » chercheur, on trouverait :
À ceux-ci, il faut ajouter les animaux qui n’ont pas payé de leur personne
mais ont juste servi de métaphore à des scientifiques, comme le chat de
Schrödinger ou la tortue de Zénon. Finalement, ça ne fait pas une grosse
arche de Noé… Sauf si on profite de cette occasion pour rendre hommage
au cobaye proprement dit, Cavia porcellus, docile petit cochon d’Inde, ainsi
qu’aux millions d’autres rongeurs, rats et souris albinos, qui, sans jamais
être associés à une star de la science, ont contribué à faire avancer le
progrès scientifique dans tous les laboratoires anonymes du monde, bien
qu’on leur ait rarement demandé leur avis. Mais on fait pas d’omelette sans
fouetter un chat.
9
Le truc du bilboquet
* Janvier, 31 = bosse
* Février, 28 (ou 29 les années bissextiles) = creux
* Mars, 31 = bosse
* Avril, 30 = creux
* Mai, 31 = bosse
* Juin, 30 = creux
* Juillet, 31 = bosse, on passe à l’autre main
* Août, 31 = bosse
* Septembre, 30 = creux, etc.
Et surgit alors la question que tout le monde s’est un jour posée :
pourquoi cette belle alternance – un mois court / un mois long – est-elle
gâchée par juillet et août, tous deux de 31 jours, qu’heureusement nos
poings joints nous permettent de restituer ? Ce petit détail bizarre est le
résultat d’une histoire de préséance.
Jules et son mois de Julius.
Quand ils se retrouvent dans un trou perdu, ce que les touristes aiment
bien, c’est que ce trou perdu ait quand même quelque chose qui le distingue
du trou perdu d’à côté. Comme ça, ils n’auront pas voyagé pour rien. On a
donc inventé les points géographiques remarquables dans des endroits qui
n’ont en apparence rien de particulier. Le point le plus au nord de l’Europe,
le plus au sud de l’Angleterre, le plus à l’ouest de ma sœur… et surtout, on
a inventé les centres.
Le centre par les diagonales.
Par une curieuse pulsion géométrique, les touristes aiment bien les
centres. Le centre de la France, par exemple, est censé se trouver à Saint-
Amand-Montrond ou Bruère-Allichamps, c’est selon, parce que les
centristes ne sont pas d’accord entre eux ; celui de la Belgique à Nil-Saint-
Vincent, là on est sûr. Un juste milieu n’est pas toujours facile à trouver, et
le centre d’un pays est une notion difficile. On peut tracer des diagonales,
mais doit-on y inclure les îles et les possessions lointaines ? Si on en tient
compte, le centre de la France est quelque part dans l’océan Indien. Si l’on
n’en tient pas compte, le centre de gravité donne de bons résultats : vous
mettez sur une pointe la forme du pays découpée dans du carton et vous
cherchez l’équilibre ; quand il ne bouge plus sur sa pointe, le centre est là.
Si vous êtes vraiment décentré, ne désespérez pas. En cherchant bien,
vous pouvez toujours être le centre de quelque chose. Il y a quelques
années, la ville de Montreuillon dans la Nièvre s’était découverte centre de
la zone euro, quel privilège ! Ils ont donc élevé un monument que les
touristes venaient visiter en car. Authentique ! Las, avec l’élargissement
monétaire qui a suivi, le centre a changé de place ! Où est-il maintenant ? Et
qu’est devenu le monument de l’ancien centre ? Que de questions
passionnantes ! Que de buts d’excursion !
Le centre par la gravité.
14
La tête de Charpak
Il existe des espèces animales qu’on croyait disparues depuis des millions
d’années et qu’on retrouve par hasard bien vivantes et en pleine forme dans
un trou perdu, coucou nous revoilà, et est-ce que les Beatles ont sorti un
nouveau disque ? L’exemple le plus célèbre est un genre de sorte de poisson
au nom difficile, qui s’écrit « cœlacanthe » mais se prononce « célacante ».
On ne le connaissait que grâce à des fossiles datant de 300 millions
d’années, et on l’estimait disparu depuis 60 millions d’années.
Quand, en 1938, un pêcheur du sud-est africain ramène cette drôle de
sardine dans ses filets, il n’a jamais vu ça et se demande vraiment d’où ça
sort. Un truc énorme qui ressemble bien à un poiscaille, très moche, avec
des organes bizarres et qui mesure quand même 1,80 m de long ! C’est un
hasard étonnant qui a voulu que la conservatrice d’un musée sud-africain
passe ses vacances dans le coin : quand le pêcheur lui montre sa découverte,
elle en fait un dessin et l’envoie à un copain paléontologue. Celui-ci croit à
une blague, avant de sauter au plafond quand il reconnaît le fossile. Il lui
faudra quand même quatorze ans pour en trouver un deuxième, mais la
vérité s’impose : l’espèce n’a pas disparu, elle existe toujours, et elle
connaît son heure de gloire dans les labos de paléontologie du monde entier.
C’est après, que l’histoire contemporaine du cœlacanthe est moins drôle.
Qui dit célèbre dit recherché, car possibilité de pépettes, et on en a donc à
ce jour pêché plus de deux cents, pour fournir musées et collectionneurs du
monde. On dit même que Saddam Hussein en avait un.
Or, les spécialistes estiment à cent cinquante le nombre d’individus
restants, ce qui fait que le rescapé de l’évolution n’en a peut-être plus pour
longtemps à l’être, rescapé.
17
Le spectre
de Crookes
Bien sûr, nul n’était besoin d’être scientifique chevronné pour remarquer
que le fantôme Katie King ressemblait beaucoup au médium Florence
Cook, que la Florence Cook en question ne pouvait entrer en transe que
dans une loge masquée par des rideaux, loge de laquelle sortait Katie King
tout de blanc vêtue. L’entourage et les collègues du physicien ne se
privèrent pas de souligner la grossière supercherie. Mais Crookes s’entêta,
jusqu’à tenter de prouver scientifiquement la réalité de Katie King, tests et
appareils de mesure à l’appui. Son effet le plus notable fut d’amener
quelques années plus tard un historien à une désopilante constatation : tout
compte fait, le résultat final de toute l’affaire était que Crookes passait avec
la jolie médium autant de temps qu’il voulait sans que personne ne pense à
mal, et surtout pas sa femme, spirite encore plus convaincue que lui, mais
qu’on disait très jalouse. D’où l’idée que le physicien avait, pour entretenir
une liaison avec la belle Florence Cook en toute impunité, trouvé un
système encore plus génial que les plus fameuses de ses découvertes. Mais
ce n’est malheureusement qu’une supposition.
18
L’île aux Cochons
Si je vous dis que les Asiatiques sont plus sobres que les Occidentaux,
vous allez dire que c’est un cliché qui repose sur une généralisation hâtive.
Si je vous dis que les Asiatiques sont des petites natures qui supportent
moins l’alcool que nous, les vrais hommes du reste de l’humanité, vous
allez dire que c’est du racisme. Eh bien ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est juste
deux façons de dire une même réalité. Car c’est un fait. Étrange, mais avéré.
Pour l’expliquer, il faut comprendre ce qui se passe quand on se prend
une cuite, ou juste un verre. On boit une molécule qui ressemble à un
personnage de dessin animé japonais, genre petit chien stylisé. C’est une
molécule d’éthanol : deux atomes de carbone, un d’oxygène et six
d’hydrogène.
Une molécule d'éthanol, C H O. Deux atomes de
2 6
La datalogie est une science que je viens juste d’inventer et qui consiste à
collectionner les dates remarquables. Remarquables non pas par les
événements qui s’y sont déroulés mais par leur apparence quand on les écrit
en chiffres. Ce début de siècle en est une véritable mine.
Par exemple, les dates à triple bégaiement y ont proliféré, vous n’avez
pas oublié le 3 mars 2003 qui s’écrit en chiffres abrégés 03/03/03, ni le
04/04/04 ou le 05/05/05, mais c’est fini pour un moment, car ce prodige ne
se reproduit que douze fois par siècle, du 01/01/01 au 12/12/12. Le prochain
01/01/01 tombera donc le 1er janvier 2101. L’année 2013 est aussi la dernière
où trois numéros se suivent, le 11/12/13, mais ils se sont suivis en ordre
décroissant la dernière fois le 13/12/11.
On peut se consoler avec d’autres curiosités comme le double
bégaiement, quand on écrit 20/12/2012. Pour revoir cet insignifiant
phénomène, il faudra maintenant attendre le 21/01/2101. Vous avez aussi
les dates palindromes, qui se lisent dans les deux sens, comme le
10/02/2001. La dernière était le 01/02/2010, je suis sûr que vous l’avez
ratée, la prochaine sera le 02/02/2020.
Évidemment, pour tous les datologues, le vrai prodige, la date culte, c’est
le 11 novembre 1111, qui s’écrit en chiffres 11/11/1111, huit fois le même
chiffre, mais personne à l’époque ne s’en est aperçu, et on n’utilisait même
pas encore le calendrier grégorien. Record absolu et unique, premièrement
parce que le 00/00/0000 n’a jamais existé, vu qu’il n’existe pas de jour ni de
mois 00 et que le calendrier ne commence qu’à l’année 0001,
deuxièmement parce que le 22/22/2222 ne viendra jamais, et troisièmement
qu’il ne sera dépassé que le 11/11/11111. Mais y aura-t-il alors encore des
gens assez fous pour user deux pages d’un respectable ouvrage à
commenter ce genre de stupidités ?
22
Découvertes
à tiroir
Le hasard aime bien donner de temps en temps un petit coup de pouce aux
scientifiques, les mettant sur la voie d’une découverte. Mais parfois, le
hasard a bon dos. Qui fera la liste des découvertes importantes dues à la
seule négligence des chercheurs ? Tenez : si on ne prenait que l’exemple
des édulcorants de synthèse, on dirait plutôt que les chimistes sont des gros
dégueulasses.
Découverte de la saccharine
Fin XIXe siècle, un chimiste américain nommé Ira Remsen bosse avec un
collègue sur les dérivés de la houille. Le soir, il rentre chez lui sans se laver
les mains et se met à table. Tout en causant, il prend un bout de pain et
s’aperçoit que, tiens, il est sucré. Il n’y a rien de sucré sur la table, il n’a pas
manipulé de sucre, serait-ce des traces de son travail qui seraient restées sur
ses doigts ? Il retourne à son labo, vérifie, et découvre la saccharine qui
allait connaître le succès que l’on sait.
Mais elle avait encore quelques défauts et on l’améliora avec un
deuxième édulcorant célèbre, le cyclamate.
La saccharine. Une histoire bien salissante.
Découverte du cyclamate
En 1937, un autre chimiste américain, nommé Michael Sveda, travaille
sur la synthèse de médicaments antipyrétiques, c’est-à-dire destinés à lutter
contre la fièvre. Non seulement il travaille avec des mains toujours aussi
crades, ce qui est un peu fort quand on manipule des médicaments, mais en
plus, il fume. Avec ses doigts sales, il pose sa clope au bord de son établi, et
quand il la reprend, s’aperçoit qu’elle a un goût sucré. Il s’interroge,
constate que ce sont ses doigts sales qui ont déposé la substance
médicamenteuse sur le bout de la cigarette. Il cherche pourquoi cette
substance est sucrée, et trouve le cyclamate.
Mais ce deuxième édulcorant n’était pas encore parfait. Le plus célèbre
d’entre eux, l’aspartame, restait à découvrir.
Découverte de l’aspartame
En 1965, un autre chimiste, nommé Jim Slatters, toujours américain, est
lui aussi en train de travailler sur des médicaments, destinés cette fois à
soigner les ulcères gastriques, toujours sans se laver les mains. En pleine
manipulation, il veut tourner les pages d’un carnet de notes, n’y arrive pas,
et tout naturellement passe son doigt sur sa langue pour mieux y parvenir.
Vous avez deviné la suite.
Moi, je mange du sucre normal, je n’ai rien découvert, mais au moins j’ai
les mains propres.
25
Les ékranoplanes
C2 = A2 + B2
52 = 32 + 42
25 = 9 + 16
Mais en revanche, qu’un cube ne peut pas être la somme de deux cubes.
C3 ≠ A3 + B3
C’est d’ailleurs la même chose pour toute puissance supérieure à 2.
Si les scientifiques sont des humains comme les autres, on peut dire que
dans leur immense majorité ils sont souvent plus calmes et plus
raisonnables que la moyenne. Par exemple, quand des scientifiques se
détestent, ils restent plutôt discrets sur leurs différends. Sauf quelques cas
assez rares.
Tout le monde connaît l’animosité qui régna toute leur vie entre les deux
génies européens Leibniz et Newton. Chacun accusant l’autre de lui avoir
piqué le calcul intégral. Si on connaît aussi la vindicte perpétuelle entre
Buffon et Réaumur, ou les aigres controverses entre Pasteur et Berthelot, on
a moins parlé des conflits obscurs, mais tout aussi gratinés, qui opposèrent,
le mot est faible, les deux codécouvreurs de l’insuline, un nommé Frederick
Banting et un certain John Macleod.
Ils ne travaillaient pas ensemble à proprement parler, mais l’un travaillait
dans le laboratoire de l’autre à Toronto. Quand le prix Nobel leur fut
conjointement attribué en 1923, ils furent à deux doigts de le refuser tant
chacun estimait injuste et inadmissible la récompense de l’autre. Macleod
accusait Banting d’avoir pillé son travail en s’introduisant par effraction
dans son laboratoire, quand Banting accusait Macleod d’avoir tout fait pour
lui mettre des bâtons dans les roues afin de mieux lui voler sa découverte. Il
le qualifiait, ce sont ses mots, de « cupide, égoïste, déloyal, intéressé et
menteur ». Le prix Nobel n’arrangea rien. Mais le plus drôle, c’est que
même de nos jours, leurs partisans respectifs continuent à s’engueuler !
Une haine tout aussi corrosive opposa les deux inventeurs de la
saccharine. Si Ira Remsen et Constantin Fahlberg en furent reconnus tous
deux codécouvreurs par la communauté scientifique, le second réussit à
tirer la couverture à lui en en déposant le brevet et en commençant à
l’exploiter sans jamais mentionner son collègue. Il s’ensuivra une rancœur
indélébile entre les deux à tel point qu’entre autres sucreries, Remsen
déclarait : « Fahlberg est une canaille. Ça me fait vomir d’entendre
prononcer mon nom dans la même phrase que le sien. »
La pilule de l’amabilité reste à découvrir.
36
Les heures
baladeuses
* le sexe
* l’amour
* la famille
* la virilité
* la séduction
* la compétition, sportive ou pas, hormonée ou pas
* la jalousie
* la bagarre
* les guerres
* la recherche du plaisir
* la soif de violence
* et tout ce qui en découle, sans même parler des arts, de la littérature ou
du cinéma qui s’alimentent de tout ce que je viens de lister. Ça en fait
des déplacements d’air !
C19H28O2
Molécule de la testostérone.
C18H24O2
Molécule de l'œstradiol.
C’est-à-dire que tout ce cirque qui rend la vie intéressante mais fatigante
vient d’une différence de cinq atomes, pas un de plus, 1 de carbone et
4 d’hydrogène, entre deux molécules quasiment identiques. On est peu de
chose, ma bonne dame…
38
Dans l’espace,
on ne vous entendra pas crier « merde ! »
Quand vos propres yeux vous font croire des carabistouilles et vous
montrent des trucs qui n’existent pas, on appelle ça une illusion d’optique.
Les illusions qui trompent la vue sont très nombreuses, mais pour les quatre
autres sens, le catalogue des illusions est beaucoup plus restreint, et, ipso
facto, moins spectaculaire.
Par exemple, pour l’oreille, l’illusion la plus célèbre est la mer qu’on
entend dans un coquillage. Un coquillage, ou une boîte de conserve, ou une
chaussure. En fait, l’air immobile que contient n’importe quel contenant
posé sur l’oreille ne renvoie au nerf auditif que le bourdonnement de votre
propre circulation sanguine. Pas la peine d’y guetter les cris des mouettes.
Les illusions du goût sont plus intéressantes. Prenez le piment. Quand on
mange un piment fort, le palais peu habitué ressent exactement une
sensation de brûlure, alors qu’il n’y a aucune brûlure à proprement parler, la
langue est intacte. C’est que la molécule responsable, qui s’appelle la
capsaïcine, a la propriété de stimuler les récepteurs nerveux de la chaleur et
de la douleur, mais elle-même ne chauffe rien du tout.
La menthe produit exactement le même effet, à l’inverse : la molécule de
menthol stimule les récepteurs du froid alors que la température dans les
gencives n’a pas baissé d’un degré.
Le toucher présente aussi assez peu d’illusions spectaculaires. La plus
marrante se fait avec une simple bille. Roulez-la sous l’extrémité de deux
doigts en fermant les yeux comme sur la photo.
Vous sentez une bille, c’est normal. Maintenant, croisez les deux doigts et
faites la même chose, vous sentez deux billes.
C’est que dans votre cerveau, les deux nerfs concernés se sont pris les
pieds dans le tapis.
Quant à l’odorat, à vue de nez, on peut parler d’erreur, mais pas à
proprement parler d’illusion.
Et c’est à peu près tout. Les quelques autres rares illusions des sens sont
tirées par les cheveux et demandent des dispositifs plus compliqués.
Finalement, on peut se faire confiance dans une proportion acceptable.
40
Le mystère des zapettes
Toutes les télécommandes à infrarouge qu’on utilise dix fois par jour pour
faire fonctionner les télés, lecteurs numériques, décodeurs, portes de garage
ou appareils divers, ne sont rien d’autre que des lampes de poche. À une
différence près : on ne peut pas voir la lumière qu’elles envoient, car nos
yeux ne sont pas faits pour ça.
Devant l'œil humain.
Dans les années 1860, on ne connaît rien des liaisons atomiques, la théorie
atomique est encore loin d’avoir triomphé des théories rivales, la chimie
pédale dans le yaourt et les chimistes sont très malheureux. Un pauvre
savant, notamment, souffre avec ses molécules. Il est allemand, s’appelle
Friedrich August Kekulé et cherche désespérément la structure du benzène.
Le benzène est un liquide transparent utilisé de nos jours dans la fabrication
d’une multitude de produits, du plastique aux insecticides.
On savait déjà à l’époque que la molécule de benzène se composait de
6 atomes de carbone et de 6 atomes d’hydrogène. Tout le problème était de
comprendre comment ils s’assemblaient. En tas ? en ligne ? en quinconce ?
La solution la plus simple que Kekulé avait pu trouver était de les aligner en
serpent tordu, mais ça n’expliquait rien des propriétés du benzène. Alors,
une nuit de 1865, à bout de patience, il envoya tout balader et alla se
coucher.
Parmi les serpents de Kekulé...
Dans la série des paris stupides mais honnêtes, pariez 5 euros que vous
allez passer au travers d’un billet de même valeur. Mais attention, sans
triche ni astuce de langage, vous allez réellement passer au travers, c’est-à-
dire vous tout entier, avec le billet autour de vous sans discontinuité.
Évidemment, ça paraît impossible.
C’est compter sans les prodiges de la géométrie. Disons, pour simplifier,
qu’en géométrie, un périmètre n’a pas de rapport avec la surface qu’il
délimite. Une même surface peut avoir un périmètre minimum ou
maximum, le tout dépendant de sa forme. Allons-y.
Commencez par faire un trou au milieu du billet (normal, si vous voulez
passer au travers), et pliez-le en deux dans le sens de la longueur.
Bon. Le trou est un peu petit pour votre taille, il faut l’agrandir en
découpant des deux côtés du trou une fente suivant le pli. Arrêtez-vous à
5 mm du bord.
Dépliez délicatement et vous obtenez une jolie guirlande, qui est en fait
un cercle de papier, un peu fragile certes, mais au travers duquel vous
passez sans difficulté. Attention aux gestes brusques.
Voilà, vous êtes content. Mais j’ai perdu bêtement 5 euros, allez-vous
dire. Non, puisque vous avez gagné votre pari, on va vous les rembourser…
Ou alors, vous pouvez toujours essayer de recoller votre billet qui est
toujours entier, avec beaucoup de ruban adhésif et encore plus de patience.
Pendant ce temps, vous ne ferez pas de bêtise…
45
Le Colomb baladeur
Parfois, la science doit rendre son arbitrage dans des problèmes inattendus.
Prenez Christophe Colomb. A priori, son histoire est très simple. Il
découvre l’Amérique, rentre chez lui, a quelques petits ennuis, fait encore
quelques petits voyages, et bref, il meurt. Et c’est là que ça se complique.
Essayons de résumer. Colomb meurt en 1506 à Valladolid en Espagne. Il
y est d’abord enterré, puis les autorités espagnoles le déplacent en 1513 à la
cathédrale de Séville. En 1537, à la demande de sa belle-fille et
conformément aux volontés du défunt, le prestigieux cadavre est transféré à
travers l’Atlantique pour être enterré sur l’île de Saint-Domingue. Il y
repose en paix un bon moment, mais, en 1795, l’île est cédée aux Français.
Les Espagnols récupèrent leur précieux squelette et l’inhument dans la
cathédrale de La Havane à Cuba. Un siècle plus tard à peine, en 1898, Cuba
proclame son indépendance et les Espagnols doivent reprendre leur
macchabée. Le pauvre Cristobal est rembarqué une fois de plus à travers
l’Atlantique et retourne à Séville, où il est inhumé dans la cathédrale.
Mais voilà-t-y pas que quelques décennies plus tard, les Dominicains
affirment que les Espagnols se sont trompés de cadavre, que le bon est resté
à Saint-Domingue, où on a trouvé un cercueil garni avec l’inscription
« Grand homme illustre don Cristobal Colon ». Et les deux pays de se
disputer l’authenticité des ossements. En attendant, les Espagnols
construisent un monument à Séville où ils logent leur Colomb à eux, et les
Dominicains en bâtissent un plus grand à Saint-Domingue où ils inhument
le leur.
Dans les années 2000, un prélèvement d’ADN a été effectué à Séville
pour faire cesser la controverse. Et au vu des résultats, Séville a proclamé
son tas d’os comme étant le seul Colomb authentique, ce qu’ont aussitôt
démenti les Dominicains, incriminant la faible quantité d’ossements
contenus dans le cercueil espagnol et contestant le sérieux des ADN de
comparaison. Même la génétique ne permet pas à un héros de l’humanité de
reposer tranquille.
La tombe de Colomb à Séville.
La même à Saint-Domingue.
46
Les bestioles de Leeuwenhoek
Rares sont les scientifiques dont l’œuvre traverse les siècles sans subir les
outrages du temps et incidemment de leurs collègues qui vont plus loin –
c’est le progrès. Mais le Suédois Carl von Linné, l’inventeur de la
classification du vivant, est à cet égard un cas particulier.
Depuis la publication de ses travaux au début du XVIIIe siècle, le système
de Linné est à peu près resté le même, on l’utilise quasiment à l’identique
aujourd’hui, et dans tous les pays du monde. Son idée de génie se résume
en deux mots, c’est le cas de le dire. Il décida de nommer chaque espèce
animale ou végétale par seulement deux termes latins, qui seront les mêmes
pour tout le monde. Par exemple, une carotte appartient au genre Daucus et
à l’espèce carotta. Le premier, qui s’écrit toujours avec une majuscule,
désigne le genre, le deuxième, en minuscules, décrit le nom de l’espèce. Et
ces noms sont tirés de l’observation de la créature. C’est tout de même pas
bien compliqué.
Mais si on devait classer Linné lui-même parmi les savants, il se
trouverait dans un genre un peu à part : ceux dont le génie est inversement
proportionnel à la modestie. Vers la fin de sa vie, comblé d’honneurs, de
gloire et de reconnaissance internationale, il nourrissait à son propre égard
une telle admiration qu’il était ébloui par sa splendeur. Voici, par exemple,
ce qu’il écrivait, parlant de lui à la troisième personne :
« Son œuvre est la plus grande œuvre accomplie dans le royaume de la
science et on ne l’admirera jamais trop. Personne avant lui n’a exercé sa
profession avec le plus grand zèle, et personne n’a été un botaniste aussi
éminent. Nul n’a écrit davantage de livres, réformé aussi complètement une
science entière, et inauguré une ère nouvelle. »
D’accord c’est pas faux, mais la nomenclature ne laisse pas de doute :
Linné est à classer parmi les Grossum têtum.
50
Les prodiges de la numérologie
6+3=9
9, c’est mon chiffre. Et vous regardez dans la table d’interprétation
crypto-symbolico-choucroutique à quoi correspond le 9 : Saperlipopette, je
ne suis pas un humain mais un poisson rouge ! Évidemment, après, faut
ajouter des sophistications à n’en plus finir qui font savant-compliqué. Mais
le vrai délire qui excite les amateurs, c’est de trouver des correspondances.
Les attentats du 11 septembre 2001 à New York en ont été une mine.
Échantillon :
* 92 passagers à bord → 9 + 2 = 11
* Deuxième avion, 65 passagers → 6 + 5 = 11
* New York est le 11 État des États-Unis
e
Le physicien italien Ettore Majorana n’est pas très connu ailleurs que dans
les milieux scientifiques et chez les amateurs d’histoires tordues dans mon
genre. Pourtant, son prestigieux compatriote et collaborateur, le physicien
Enrico Fermi, concepteur du premier réacteur nucléaire, voyait en lui à
trente ans un des grands génies de la physique, du gabarit d’un Einstein. Et
c’est vrai qu’encore jeune, Majorana avait déjà décrit la structure atomique
plus précisément que Bohr ou Heisenberg. Ça promettait, surtout dans cette
spécialité sensible, avec la perspective encore floue mais qui se précisait –
et que la tension internationale croissante rendait plus cruciale – d’utiliser
l’énergie des particules pour autre chose que chauffer les biberons.
Et voilà que le 27 mars 1938, il prend le bateau à Palerme, direction
Naples. On le voit monter sur le pont et… plus rien. Il n’arrivera jamais à
destination, il s’est volatilisé, aucun témoin ne peut apporter le moindre
indice, toutes les recherches resteront veines. Et depuis soixante-treize ans,
on n’a retrouvé ni cadavre, ni indice probant, ni aveux tardifs.
Il est vraisemblable qu’il se soit suicidé. Comme tous les génies surdoués
(il calculait en quelques secondes des intégrales qui demandaient des heures
à ses collègues matheux), il avait des faiblesses : hypersensible, plein de
lubies, détestant les contacts humains, ne se nourrissant quasiment que de
lait. Nombre de scientifiques ont des singularités excentriques. Le détail
néanmoins significatif, c’est cette lettre qu’il écrit trois jours plus tôt à un
ami. Jugeant sa vie inutile, il y manifeste son intention de se supprimer.
Pourtant, la veille du voyage, le même ami reçoit un télégramme du
physicien, le priant de ne pas tenir compte de sa lettre, que tout va bien,
qu’il prend finalement le bateau pour Naples. On peut se dire que, une fois
embarqué, il a changé une deuxième fois d’avis.
Mais le plus étonnant de l’affaire, c’est la pharamineuse somme
d’hypothèses émises concernant sa disparition, venant de tous les milieux,
scientifiques, littéraires, policiers, politiques, et n’allez pas les croire
farfelues, non, elles sont toutes étayées, argumentées – des livres entiers,
parfois ! De son kidnapping par les services secrets nazis, ou anglais, à son
refus d’endosser l’enjeu d’une arme nucléaire et de sa retraite secrète dans
un couvent, en passant par sa fuite et le démarrage d’une nouvelle vie en
Argentine, toutes sont surpassées par la dernière en date, très sérieuse,
venant d’un physicien ukrainien : il serait volontairement passé dans un
monde parallèle en appliquant sur lui-même ses propres découvertes
théoriques sur les particules1 !
53
Micro-ondes, maxi coup de chance
… 23 h 59 min 59 s / 23 h 59 min 60 s / 24 h 00 mn 00 s…
Vous avez vu quelque chose ? Non. Alors on retourne se coucher, il ne
s’est rien passé. La dernière fois qu’on a ajouté cette 60e seconde qui
normalement n’existe pas, c’était en juin 2012. Mais voilà : personne ne le
sait. Vous le saviez, vous ? Avouez que je vous l’apprends. Et donc
personne ne règle sa montre. Pour 1 seconde, c’est pas grave, et puis les
horloges modernes se règlent maintenant à distance, par ondes radio. Mais
dans beaucoup de secteurs de pointe, où nombre de systèmes informatiques
de haut vol sont incapables d’intégrer la correction, cette négligence
accumule les décalages et leurs inconvénients. Par exemple, le temps
référencé par les GPS n’en tient pas compte, et se trouve actuellement
décalé de 14 secondes par rapport au temps officiel international, notre
TUC. Ajoutant ainsi un troisième temps en vigueur, le TRD, le Temps des
Rigolos Désinvoltes.
55
Nauru
L’un des plus petits pays du monde est aussi l’un des plus bizarres. Si vous
n’avez jamais entendu parler de la République de Nauru dans le Pacifique,
vous perdez quelque chose.
Treize mille habitants, une île toute ronde de 5 km de diamètre qui a eu la
curieuse particularité de posséder en son centre un énorme gisement de
phosphate. Quand l’île est devenue indépendante en 1968, les gros
bénéfices qui jusque-là allaient aux exploitants anglais et australiens sont
retombés sur les habitants de l’île, lesquels, en quelques années, sont
devenus en terme de PIB par habitant les plus riches de la planète. Et les
plus gros. Car non seulement, on ne payait pas d’impôts à Nauru, mais on
n’avait pas besoin de travailler : tout était gratuit pour les citoyens. Alors on
passait son temps à faire le tour de l’île dans des grosses voitures en
mangeant des sucreries, sur la seule route existante. Dix voitures par
famille, trois télés par chambre, très vite, l’obésité est devenue un problème
national, avec le taux de diabète le plus important du monde.
Mais le destin veillait. À partir de 1995, le gisement s’épuise. Fini
phosphate, a pu phosphate, le pays se retrouve sans revenus, avec des dettes
énormes à cause de la corruption. Surtout, un désert a remplacé la
végétation.
Alors, pris à la gorge, les Nauruans exploitent des filons surprenants,
dont l’un est leur propre indépendance. Nauru vend sa nationalité et ses
passeports aux plus offrants, propose l’asile politique aux réfugiés les plus
riches, monnaye ses votes aux institutions internationales où son statut de
république lui permet de siéger à l’ONU, à la Commission baleinière, etc.,
et se déclare officiellement paradis fiscal en installant le siège de quatre
cents banques dans un cabanon sur une plage.
Évidemment, la communauté internationale s’est un peu énervée, et
depuis un accord avec l’Australie il y a quelques années, la délinquance
géostratégique a cessé, et la situation s’améliore. Pas assez encore pour voir
disparaître cet étrange paradoxe : sur le plus grand gisement d’engrais du
monde, l’agriculture a totalement disparu. L’enfer n’est jamais très loin du
paradis.
56
La banane
de Newton
Si vous demandez à n’importe qui un tant soit peu cultivé de vous dire
comment Newton a trouvé les lois de la gravitation universelle, il vous
répondra aussitôt : « En se prenant une pomme sur le crâne. Il passait sous
un pommier, BOUM… Et toc, il découvre la gravitation ! »
Cette grave falsification de l’histoire est due principalement au
dessinateur Gotlib dont les bandes dessinées malfaisantes ont perverti la
culture collective2. Tout le monde croit maintenant que Newton s’est pris la
pomme sur la poire, alors que la légende est formelle : il a vu tomber la
pomme. Mais était-ce vraiment une pomme, d’ailleurs ? N’était-ce pas
plutôt une banane ? Une pizza ? Ou un potiron ? Comme toujours avec les
légendes, il est amusant de regarder celle-ci de près.
Voici le texte dont elle est tirée, c’est un certain William Stukeley qui
rapporte une conversation qu’il aurait eue avec le génie universel : « Il me
dit qu’il se trouvait à l’ombre d’un pommier lorsque lui était venue l’idée de
la gravitation. Celle-ci lui avait été suggérée par la chute d’une pomme. »
De là, la fulgurante légende qui a traversé les siècles.
Mais une deuxième légende se superpose à la première : l’histoire aurait
été rapportée en fait par la nièce de Newton, une certaine Catherine Barton,
libérée et libertine, dont le savant aurait été amoureux. La vérité est peut-
être plus triste. Tous les biographes s’accordent à dire que Newton était un
personnage peu fréquentable, sinistre, qui ne riait jamais et qui, assure-t-on,
n’a jamais fait l’amour de sa vie. Il détestait la vulgarisation et rendait
volontairement ses écrits indigestes de façon, je cite, « à ne pas être
importuné par les médiocres mathématiciens ». Ce tableau de sa
personnalité semble incompatible avec la gentille et didactique anecdote
arboricole.
Alors, Newton a-t-il oui ou non raconté cette histoire, et à qui ? Le
mieux, pour le savoir, c’est de lire son œuvre dans le texte. Bon courage.
Celui ou celle d’entre vous qui me donne la réponse gagne une orange.
57
Le prix Nobel des maths
* Et enfin la paix, que l’on peut voir comme un désir de rédemption car
en dehors du moteur et de l’acier, rien n’a plus contribué à augmenter
la puissance des armes de guerre que son invention.
Dans l’infinité grise des nombres, ceux d’entre eux qui se font remarquer
par des particularités qu’ils sont les seuls à posséder s’appellent très
judicieusement les « nombres remarquables ». Par exemple, 2 est le plus
petit nombre pair. La chasse aux nombres remarquables est un sport de
matheux.
Ce qui rend un nombre remarquable, c’est souvent son appartenance à
une catégorie spéciale, en se trouvant être, entre autres, le plus petit ou le
plus grand de cette catégorie. Tout le monde connaît les nombres premiers,
seulement divisibles par 1 et par eux-mêmes : 1, 2, 3, 5, 7, 11, etc. 2 est
aussi le seul nombre premier pair. On est déjà moins nombreux à connaître
les nombres parfaits : nombres égaux à la somme de leurs diviseurs, comme
6 (= 1 + 2 + 3). Alors, apprenons la modestie.
Si vous n’êtes pas matheux, sachez que ce genre de catégories, il en
existe à ce jour 61, dont je vous cite les plus étourdissantes : les nombres
abondants, les nombres amiables, les nombres chanceux, complexes,
congruents, oblongs, convenables, déficients, étranges, tordus, imaginaires,
impairement pairs, pairement impairs, pseudo-premiers, semi-parfaits,
super-abondants, transcendants, les nombres de Behara, de Bernouilli, de
Carmichaël, de Mersenne, de Poulet, et même les super-nombres de Poulet.
En fait, si les premiers nombres entiers jusqu’à 80 sont quasiment tous
remarquables à des titres divers, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le
nombre de nombres remarquables est limité. Le mathématicien Le Lionnais
en avait retenu 446. Sur une infinité, ce n’est pas énorme.
Évoquons pour finir le cas très particulier du nombre 39. C’est le plus
petit entier qui, à ce jour, ne possède aucune propriété mathématique
connue. En d’autres termes, c’est le plus petit entier qui n’a rien de
remarquable. Mais, s’il devient remarquable à cause de ça, objecterez-vous
avec raison, il ne fait plus partie dès lors des nombres insignifiants, et ne
peut donc en être le plus petit…
Alors, est-il remarquable ou pas ? Je ramasse les copies dans cinq
minutes.
59
La boussole d’Œrsted
Vous le savez sans doute, un palindrome est un mot ou une phrase dont les
lettres ont le même ordre dans les deux sens.
Rotor ou radar sont des mots palindromes.
La phrase palindrome la plus connue est
Les plantes réservent leur lot de petites surprises, ce qui est très pratique
pour passer le temps, surtout si on n’a rien d’autre sous la main.
Le geste que l’on apprend en même temps que l’on apprend à marcher,
c’est souffler sur une fleur de pissenlit, produisant un lâcher de
parachutistes plus beau que les opérations aéroportées du Débarquement
(toute autre comparaison, pluie de fleurs ou flocons de neige, est ennuyeuse
à crever).
Effleurer du doigt les fruits du genêt à la fin de leur maturation est un
plaisir dont on ne se lasse pas pendant au moins douze secondes. Ils
s’ouvrent avec un système de ressort naturel qui les fait littéralement
exploser afin de disperser les graines dans la nature. Nos compatriotes du
Sud rigolent encore plus avec le concombre gicleur ou « concombre des
ânes » dont le fruit mûr vous envoie son jus à la figure dès que vous le
touchez. Concombre fâché toujours faire ainsi.
Si vous coupez en deux dans le sens de l’épaisseur les graines de l’érable
(celles munies d’une petite aile qui les fait tournoyer), l’intérieur est si
collant que vous pouvez les faire tenir sur l’arête du nez, le bord des oreilles
ou n’importe quelle partie de la peau. C’est désopilant, à se tenir les côtes
tellement on se marre.
Si, cette fois, vous coupez en deux le fruit de l’arbre des cimetières, le
cyprès, vous verrez apparaître une tête de mort ricanante plus terrifiante que
dans Scream 2 – enfin, par temps de brouillard.
Passons maintenant à une expérience beaucoup plus élaborée. Si vous
coupez en trois dans le sens de la longueur la tige d’un œillet blanc (c’est
pas si difficile que ça, avec un cutter), et que vous trempez respectivement
chaque brin dans un verre d’eau colorée à l’encre bleue, dans un verre d’eau
pure et dans un verre d’eau colorée à l’encre rouge, au bout de quelques
heures, votre œillet devient bleu-blanc-rouge. Pas vaguement bleuâtre ou
rosâtre, non, vraiment bleu et rouge. Je vous jure que c’est vrai, je l’ai fait et
vu moi-même, si y en a qui me croient pas, ils peuvent toujours parier.
70
Pression atmosphérique
La pression atmosphérique est une copine avec laquelle on vit tous les
jours sans s’en apercevoir. Jour et nuit, tout autour de moi, de vous, ça
presse, ça pousse, ça pèse, mais on ne le sent pas, parce que notre corps est
né avec.
Un simple verre d’eau et un bout de carton mettent en évidence cette
pression invisible. Je pose le carton sur le verre plein, je le retourne. Si
j’enlève ma main – plus rien ne retient le carton –, l’habitude et le bon sens
veulent que l’on s’attend à voir tomber l’eau et le carton.
Eh non. Ici, la pression atmosphérique se montre en pleine lumière et
l’on n’assiste à rien d’autre qu’à la lutte entre deux forces. Celle de la
gravité, qui veut que l’eau tombe par terre, et celle de l’air ambiant qui, au
contraire, pousse sur le carton. Et dans ce cas-là, c’est l’atmosphère la plus
forte. Mais combien plus forte ? Plus qu’on ne le croit. En fait, rien n’est
plus amusant que de pousser la pression atmosphérique dans ses derniers
retranchements.
Rejouons le coup du verre, avec le même carton. Mais cette fois, collons
un bout de ficelle en son centre. Je le retourne tout pareil, et là, attention : je
le retourne encore une fois pour le remettre dans le bon sens. Maintenant, si
je lâche le verre en tenant le bout de la ficelle, avouez qu’on a tous
l’intuition qu’il va tomber… Non, sous nos yeux incrédules, le verre reste
suspendu au bout de son fil. Bravo, la pression atmosphérique !
Enfin, conseil : si vous voulez jouer vous aussi avec elle, entraînez-vous
dans la salle de bains plutôt que dans votre salon Louis XV.
71
Vestige bizarre
Tous ceux qui travaillent sur un clavier, réel ou virtuel, ont tous les jours
sous les yeux et sous les doigts un amusant vestige : l’ordre des lettres qui
s’y étalent, commençant par AZERTY dans les pays francophones et par
QWERTY dans le reste du monde utilisant l’alphabet romain. En quoi est-
ce un vestige ? Parce que les raisons qui ont prévalu à cet agencement des
lettres ont totalement disparu. On ne continue à l’utiliser que parce qu’il est
déjà là et qu’on y est habitué. J’ai toujours imaginé que ce truc avait été
concocté par de graves techniciens observant en laboratoire les blanches
mains des secrétaires et déduisant le meilleur emplacement ergonomique
des lettres par rapport à leurs doigts, en mesurant les distances au poil près
entre l’auriculaire et le A.
Pas du tout. C’était un bricolage vite fait bien fait pour pallier les
défaillances d’une mécanique approximative et qui subsiste encore après un
siècle et demi.
La machine à écrire qui a connu le premier succès commercial notable a
été conçue dans les années 1870 aux États-Unis par la firme Remington,
fabricant d’armes déjà célèbre pour son revolver à six coups. Pour
conquérir le marché, les représentants en machines à écrire Remington
amenaient d’ailleurs chez le client une mallette d’échantillons du reste de la
production maison, avec promesse de démonstration sur-le-champ si l’autre
ne se décidait pas à prendre le nouvel article. Je simplifie peut-être.
Toujours est-il que les machines Remington avaient un défaut rédhibitoire :
dès qu’on tapait trop vite, les barrettes métalliques des lettres proches se
coinçaient. Une fois écartée la première solution envisagée (envoyer le
même représentant, avec sa mallette, se placer dans le dos de la secrétaire
pour l’inciter à taper moins vite), les ingénieurs de Remington élaborèrent
en urgence une disposition des lettres qui éloignerait sur le clavier les
associations alphabétiques les plus fréquentes dans la langue anglaise, par
exemple M et E, S et O, Q et U (je les crois sur parole, je vais pas aller
vérifier), afin que, tapées fissa l’une derrière l’autre, les lettres ne se
coincent plus. Ainsi naquit l’ordre QWERTYUIOP4.
Les premiers succès dans les concours de dactylos, remportés avec des
machines Remington, et qui firent tant pour leur généralisation, n’avaient
rien à voir avec leur clavier mais avec leur position déjà dominante sur le
marché. Les autres fabricants adoptèrent cette disposition et, une fois
l’habitude prise, pourquoi se fatiguerait-on à changer ? On dit qu’AZERTY
s’explique de la même façon pour la langue française (je ne vois pas tant de
ZL et de KA en français, mais bon).
72
Rongeurs salvateurs
Jusqu’au XIX siècle, les bateaux de la marine à voile qui partaient pour de
e
longs voyages emmenaient dans leurs cales quelques fruits et légumes frais
qui pouvaient se conserver longtemps ainsi que des animaux vivants,
comme des volailles. Mais très vite, les vivres frais s’épuisaient ou
pourrissaient, et il fallait recourir aux aliments conservés par les moyens de
l’époque : légumes secs et viande salée.
Avec ce menu tous les jours à tous les repas pendant un mois, vous
commenceriez à ressentir les atteintes du scorbut, la maladie des premiers
grands navigateurs, causée par une carence de la fameuse vitamine C. Les
symptômes ont souvent été décrits : épuisement, œdèmes, saignements du
nez et des gencives, perte des dents…
Pour en guérir, il suffit de consommer des aliments qui contiennent
beaucoup de vitamine C : orange, citron, salade, chou-fleur… Bien sûr, au
milieu de l’océan, c’est pas facile à trouver – surtout si on en ignore
l’importance.
Pourtant, à en croire de récentes recherches, ce qui a sauvé Magellan,
Cook, Bougainville et quelques autres, c’est le contraire : l’absence totale
d’aliments, la disette.
À un moment ou à un autre de leur voyage, ces explorateurs n’avaient
plus rien à se mettre sous la dent. Et pourtant, c’est paradoxalement la faim
qui a sauvé les matelots, en les forçant à se nourrir des rats qui pullulaient
sur les navires. Or, les rats, contrairement à l’homme, synthétisent eux-
mêmes leur vitamine C, et la dose minime absorbée par chaque marin dans
ses dégustations de rongeurs a suffi à le préserver du scorbut. Mais les
grands navigateurs l’ont toujours ignoré, et les rats n’ont jamais eu droit à la
reconnaissance qu’ils méritaient.
73
Une découverte attachante
On va dire que nous sommes en 1951, que mon nom est Fred Joyner, et
que je suis un obscur chercheur américain parmi des dizaines d’autres, dans
le grand laboratoire Eastman du Tennessee. Cette année-là, on cherche de
nouvelles résines pour l’industrie aéronautique. Parmi des dizaines d’essais,
je viens de préparer un liquide sans grand intérêt, nul pour une résine, et qui
porte en plus un nom atrocement barbare : le cyanoacrylate d’éthyle.
Comme il ne m’a pas servi à grand-chose, je m’apprête à l’archiver dans
l’armoire des bides, mais auparavant, routine obligatoire, je l’analyse à
l’aide d’un appareil optique très cher, au nom tout aussi barbare de
« réfractomètre ». Le principe est simple. Je glisse une goutte du produit à
observer entre deux prismes de verre que je presse l’un contre l’autre, je
fais passer un rayon de lumière à travers, et je note plein de trucs
compliqués. Une fois l’examen fini, je m’empare des deux prismes pour les
séparer et nettoyer l’appareil, en bon chercheur zélé et consciencieux que je
suis. Mais là, impossible. Impossible de les séparer.
Je tire, je pousse, je tords en disant des gros mots, rien à faire. Un peu
affolé, j’essaye diverses méthodes, toutes mes tentatives restent vaines. Au
bout du compte, m’attendant à être ou blâmé ou renvoyé, je vais rendre
compte à mon patron, un certain Coover, de la perte d’un appareil de
7 000 dollars. Il vérifie, essaie lui-même et constate que les outils les plus
perfectionnés du laboratoire sont impuissants à séparer les deux prismes. Et
là, deuxième prodige, au lieu de me virer, il me prend dans ses bras et
m’embrasse.
Je venais par hasard de découvrir une colle superpuissante, que les
laboratoires cherchaient depuis quelques années, et que le public connaîtra
plus tard sous le nom de Super Glue. Vous savez, la colle qui permet de
faire l’andouille au plafond, collé par les semelles.
74
Surface tendue
Les impasses scientifiques ont deux intérêts : d’abord elles font progresser
la science dans la bonne voie, ensuite elles permettent aux mauvais esprits
de rigoler. En anthropologie, en voici deux.
La phrénologie, inventée par un certain Franz Josef Gall, connut un
véritable triomphe au XIXe siècle. Elle tentait d’expliquer le fonctionnement
du cerveau par des localisations un tant soit peu abusives. Imaginons qu’on
situe vers la tempe droite la capacité à parler l’anglais, et vers la nuque celle
à réussir le soufflé au fromage. On pouvait conclure, rien qu’en observant
les proéminences de son crâne sur le côté droit et sur l’arrière, qu’un
individu était un anglophile émérite, mais qu’il était préférable de se faire
inviter à dîner par son voisin. Un seul coup d’œil à votre boîte crânienne
suffisait à décrire votre personnalité – il valait mieux ne pas se cogner la
tête contre l’embrasure d’une porte trop basse avant l’examen. La
phrénologie a entièrement disparu. Seul le langage populaire en a gardé une
trace, quand on dit de quelqu’un qu’il a la « bosse des maths » ou la « bosse
du commerce ».
Une autre théorie, beaucoup moins célèbre mais plus réjouissante,
établissait une hiérarchie des races en se référant à la hauteur du nombril.
La « nombrilologie » a été élaborée par un certain Étienne Serre, professeur
au Muséum de Paris, dans les années 1840. À l’en croire, le nombril
témoignait de la constitution de l’abdomen, par la position du foie et de
l’estomac. Sa hauteur, comme chacun sait, est l’apanage d’une race
supérieure. Plus ils sont hauts, estimait Serre, plus la race est évoluée. Il
avait donc établi un diagramme : nombril bas, les races mongoliques, très
inférieures ; au milieu, les races éthiopiques, à peine plus évoluées, et tout
au-dessus, chef-d’œuvre de l’évolution, les races caucasiques, c’est-à-dire
blanches, avec un nombril culminant dans les nuages. Pour vous classer
dans la hiérarchie, il suffit de mesurer avec un mètre, dans la rue c’est
pratique, pardon mademoiselle, je peux mesurer votre nombril s’il vous
plaît ?
L’histoire ne dit pas si Serre avait prévu que le surhomme aurait le
nombril au bout du nez ou dans les cheveux.
77
Abus
toponymiques
Dans notre série « Les prodiges au-dessus de mon évier », je vous propose
de défier les lois de la gravitation avec un matériel aussi simple qu’un verre
et un petit morceau de tulle ou de gaze souple, genre gaze à pansement, que
vous trouverez dans votre armoire à pharmacie.
C’est une évidence, la gaze laisse passer l’air et l’eau par tous ses petits
trous. La preuve : si vous posez la gaze sur un verre,
ça ne vous empêchera pas de le remplir, l’eau passe au travers comme si la
gaze n’existait pas.
Remplissez le verre à ras bord, de manière à ce que toute la gaze soit
mouillée, tendez-la en étalant bien les bords du tissu sur les bords du verre,
posez votre main bien à plat sur le verre, de manière à le boucher
hermétiquement, et retournez-le d’un seul coup.
C’est maintenant que vous allez assister à un prodige qui aurait étonné
Newton lui-même : tenez le verre bien droit, retirez tout doucement votre
main en la faisant glisser latéralement, et regardez les yeux ronds de vos
spectateurs. L’eau reste dans le verre, comme si elle défiait la gravitation.
C’est magique, mais il n’y a pas de truc ni d’astuce : juste la complicité de
la pression atmosphérique avec les phénomènes de tension de surface.
La tension de surface apporte à la pression atmosphérique le petit renfort
suffisant qui lui permet d’opposer à la force qui attire l’eau vers le bas une
force très légèrement supérieure. On obtient ainsi cet équilibre inattendu dès
l’instant où cette force s’applique de manière égale sur toute la surface du
liquide. Je ne pousserai pas la facilité jusqu’à dire que c’est renversant.
79
Le cas Voronoff
p. 28, Buste attribué à César, marbre de Dokimeion, milieu du Ier siècle av.
J.-C., no inv. RHO.2007.05.1939, Musée départemental Arles antiques-
CG13, © R. Bénali/Musée départemental Arles antique-CG13. p. 28,
L’empereur Auguste, 20-30 av. J.-C., Musée du Louvre, Paris, © Marie-Lan
Nguyen/Wikipedia Commons. p. 40, Florence Cook en Katie King, avec
William Crookes, © Mary Evans/Rue des Archives. p. 42, Extrait de carte
IGN, © IGN – 2014, Autorisation no 80-1414. p. 102, Charles Lindbergh,
Harris & Ewing Collection, Library of Congress. p. 118, Newton, © Gotlib.
p. 119, Alfred Nobel, par Gösta Florman, The Royal Library. p. 130,
Ornithorynque, © lynea, Fotolia.com. p. 131, © The Oetzi Iceman/South
Tyrol Museum of Archeology, Bolzano, Italy/Wolfgang Neeb/The
Bridgeman Art Library. p. 147, Machine à écrire, © Marty Haas,
Fotolia.com. p. 156, Gerris, © Emer, Fotolia.com
Notes
Anthropologie
- Théories oubliées : 1
Archéologie
- La malédiction d’Ötzi : 1
- Le Colomb baladeur : 1
Arithmétique
- Les prodiges de la numérologie : 1
Astronomie
- Les parasites de Jansky : 1
Astrophysique
- Dans l’espace, on ne vous entendra pas crier « merde ! » : 1
Biologie
- Code génétique : 1
- La grosse cellule : 1
- Les bestioles de Leeuwenhoek : 1
- Les chevilles de Linné : 1
- Pénicilline : 1
Botanique
- Jouons avec les plantes : 1
- Seuls : 1
Cartographie
- L’île aux Cochons : 1
Chimie
- Les édulcorants : 1
- Une découverte attachante : 1
Cryptologie
- Le manuscrit de Voynich : 1
Épistémologie
- Découvertes à tiroir : 1
- Haines scientifiques : 1
- Le bestiaire des sciences : 1
- Le prix Nobel des maths : 1
Géographie
- Abus toponymiques : 1
- L’île intermittente : 1
- Le come-back de Barents : 1
- Les centres : 1
- Mais où est donc passé Franklin ? : 1
- Nauru : 1
Géométrie
- Le format A4 : 1
- Un pari à 5 euros : 1
Linguistique
- Un petit pas : 1
Mathématiques
- La conjecture de Fermat : 1
- Le flacon de Becquerel : 1
- Les nombres remarquables : 1
- Palindromes : 1
Mécanique
- Le truc du bilboquet : 1
Médecine
- Cuite chinoise : 1
- La papaïne : 1
- Le cas Voronoff : 1
- Le couper ou pas ? : 1
- Rongeurs salvateurs : 1
Mesure du temps
- Année zéro : 1
- Histoire de calendriers : 1
- La datalogie : 1
- Les heures baladeuses : 1
Météorologie
- Tempête dans un chaos : 1
Métrologie
- Étalons : 1
- La seconde baladeuse : 1
Minéralogie
- Il est rond, mon galet ! : 1
Optique
- La photo de Napoléon : 1
- Le mystère des zapettes : 1
Paléontologie
- L’homme de Piltdown : 1
Physique
- Doute : 1
- Filet d’eau : 1
- L’eau antigravitationnelle : 1
- La banane de newton : 1
- La disparition d’Ettore Majorana : 1
- La tête de Charpak : 1
- Le beau rêve de Kekulé : 1
- Le flacon de Becquerel : 1
- Les amours de Marie : 1
- Micro-ondes, maxi coup de chance : 1
- œrsted : 1
- Pression atmosphérique : 1
- Surface tendue : 1
- Vortex : 1
Physique-chimie
- La bulle du capitaine Haddock : 1
Psychologie
- Onze heures onze : 1
Technologie
- Les ékranoplanes : 1
- Vestige bizarre : 1
Transports
- Le gyroptère : 1
- Lindbergh, le photogénique second : 1
Zoologie
- Le cœlacanthe : 1
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Couverture :
Photo : © Jacob Khrist.
Conception graphique :
Clément Chassagnard
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