Vous êtes sur la page 1sur 18

PRISE EN CHARGE MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE IMMÉDIATE DES

ENFANTS ET ADOLESCENTS EXPOSÉS À UN ÉVÉNEMENT


TRAUMATIQUE

Hélène Romano

ERES | « Cliniques »
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
2013/1 N° 5 | pages 166 à 182
ISSN 2115-8177
ISBN 9782749236803
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-cliniques-2013-1-page-166.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour ERES.


© ERES. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page166

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
© Pierre-Georges Despierre

« La prise en charge d’enfants confrontés à des événements traumatiques


nécessite d’être adaptée dans ses modalités techniques aux spécificités
de la psychologie infantile et aux particularités cliniques et évolutives
du traumatisme psychique. »
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page167

Prise en charge

réflexions transversales
médico-psychologique
immédiate des enfants
et adolescents exposés
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
à un événement
traumatique
Primary medico-psychological care for children
and adolescents exposed to a traumatic event

Hélène romano

Hélène Romano,
docteur en
psychopathologie
clinique,
psychologue

S
clinicienne,
psycho-
thérapeute,
consultation
i la réalité des répercussions psychotraumatiques est spécialisée
aujourd’hui mieux connue, la question des modalités de prises de psycho-
traumatisme
en charge fait débat. Pour certains, il est nécessaire d’attendre et référente
de la cellule
l’élaboration d’une demande pour mettre en place un suivi d’Urgence
thérapeutique ; pour d’autres, il est essentiel d’intervenir au médico-
psychologique
plus près de l’événement, en raison de l’incapacité des du Samu 94,
victimes à solliciter de l’aide et des conséquences majeures que CHU Henri
Mondor –
ce type d’événement peut avoir en termes de blessures Samu 94,
chercheure
psychiques. Dans cette dernière perspective, la france a déve- associée au
loppé depuis la fin des années 1990 des Cellules d’urgences laboratoire
INSERM U669
médico-psychologiques (CUMP), intégrées au SAMU et inter- Pr M.R. Moro.

167
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page168

Cliniques 5

venant en immédiat. C’est sur ce modèle que se sont mises en


place les cellules de crise de l’Éducation nationale et de multi-
ples institutions privées et publiques. Ces interventions s’ins-
crivent comme le premier temps des prises en charge et ne
sauraient s’y réduire. Elles nécessitent une attention spéci-
fique, en particulier pour les enfants et les adolescents, souvent
oubliés dans de tels contextes.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
AU PRÉALABLE

La situation traumatique est une expérience singulière qui


confronte violemment le sujet à un événement externe,
soudain et terrifiant (Barrois, 1988, 1992 ; Crocq, 1993). Cette
effraction dans la vie du sujet déclenche un bouleversement
dans les représentations et une avalanche d’excitations dépas-
sant le seuil de tolérance physique, émotif et intellectuel du
sujet. Le temps est suspendu dans un espace « hors temps » où
il n’y a plus de repères permettant de distinguer source et
objet, altérité interne et altérité, passé-présent-avenir
(Roussillon, 2001). L’agonie psychique dans laquelle se trouve
le sujet entraîne un effondrement lié à l’annihilation de ses
ressources pour penser ce qui lui arrive, et ce d’autant plus que
son âge ne lui permet pas d’avoir des ressources affectives et
cognitives suffisantes (enfants mais aussi personnes âgées).
Si l’on s’en tient à cette définition, nous constatons qu’un
grand nombre d’événements peuvent être qualifiés de « trau-
matiques » : séparation brutale, catastrophes naturelles, acci-
dents funestes, agressions violentes, guerres. Ces événements,
s’ils ont des similitudes par leur dimension mortifère et désub-
jectivante, ont une différence essentielle liée à leur nature
même : intentionnelle ou non intentionnelle. Cette distinction
est importante à rappeler pour mieux comprendre les méca-
nismes de défense et les troubles post-traumatiques suscepti-
bles de s’exprimer chez l’enfant comme chez ses proches
impliqués dans l’événement. La prise en charge d’enfants
ayant subi des traumatismes intentionnels nécessite, par
exemple, de penser tout particulièrement l’interaction, de

168
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page169

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

prendre en compte les effets de l’influence, de l’emprise,


d’identification à l’agresseur, et d’intégrer la nature des liens
intersubjectifs entre l’enfant et son agresseur (Bailly, 1996,
2001), ce qui a conduit aux classifications typologiques propo-
sées par L. Terr, E.P. Solomon, K.M. Heide et J. Herman.
La nature traumatique d’un événement renvoie à ce qui reste
irréductible au savoir, c’est-à-dire ce déficit de figurabilité qui
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
se traduit par un phénomène de non-réponse du psychisme
et qui projette le sujet dans une zone hors conflictualité. C’est
pour cela que de nombreux événements, qui n’ont pas cette
dimension funeste d’agonie psychique, ne devraient pas être
qualifiés comme tels mais devraient être désignés par d’autres
termes tels que « douloureux », « difficiles », « éprouvants ».
C’est aussi pour cette raison que dans une situation trauma-
tique donnée, les sujets impliqués, qu’ils soient adultes ou
enfants, ne sont pas à égalité car ce déficit de figurabilité
n’aura pas la même intensité selon les sujets et n’en prendra
pas le même sens dans leur vie. Un événement traumatique
reste une expérience singulière, dont les conséquences diffé-
rent pour chacune des personnes concernées. Chacune d’elles
possède une capacité propre de perception et d’intégration de
la situation liée aux ressources internes et externes élaborées
progressivement dès les premiers moments de vie. Cette
singularité permet aussi de comprendre que l’impact trauma-
tique n’est pas proportionnel à la gravité matérielle ou pénale
de l’événement, mais à l’intensité de la résonance qu’il a dans
l’histoire de chacun. La qualité des ressources antérieures et
de celles mises en œuvre suite à l’événement, sera donc essen-
tielle pour le devenir de chaque personne impliquée
(Cyrulnik, 2011).

PRISE EN CHARGE MÉDICO-PSyCHOLOGIQUE IMMÉDIATE


DES ENfANTS

L’expérience issue de la prise en charge des enfants victimes


d’événements traumatiques s’inscrit dans la suite des travaux
menés après la Seconde Guerre mondiale par A. freud,

169
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page170

Cliniques 5

J. Bowlby, D.W. Winnicott, entre autres. Leur approche clinique


a permis de comprendre combien la prise en charge d’enfants
confrontés à des événements traumatiques nécessite d’être
adaptée dans ses modalités techniques aux spécificités de la
psychologie infantile et aux particularités cliniques et évolu-
tives du traumatisme psychique (Romano, 2006 ; Grappe,
1985 ; frederick, 1985 ; Pynoos, 1984). Par ailleurs, les progrès
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
considérables apportés depuis vingt ans par les neurosciences
ont permis de comprendre les conséquences des traumatismes
précoces pour le développement de l’enfant.
Selon les situations rencontrées, les interventions médico-
psychologiques immédiates peuvent être engagées en privilé-
giant la prise en charge individuelle, familiale et/ou collective.
Les événements peuvent être ponctuels ou s’inscrire comme
événements chroniques (violence de guerre, zone sismique). Ils
peuvent impliquer exclusivement l’enfant ou d’autres
personnes ; ses parents peuvent être présents ou absents au
moment du drame ; s’ils étaient là, ils peuvent avoir eu une
attitude adaptée de protection de l’enfant ou s’être trouvés en
stress dépassé et incapables de prendre soin de lui ; l’enfant
peut avoir été blessé physiquement ou non ; etc.
Lorsque l’événement traumatique fait effraction dans la vie
d’un enfant, il contamine aussi l’espace psychique intersub-
jectif. Il vient réinterroger le système de croyances familiales,
communautaires, institutionnelles et perturber les niveaux
d’organisation préalable du fonctionnement familial ou extra-
familial. Les fonctions primaires de protection, d’amour, de
compréhension et d’éducation sont bouleversées par l’effroi
traumatique et laissent les adultes envahis par des sentiments
d’abandon, d’impuissance et de culpabilité pour n’avoir pas
su protéger l’enfant. L’événement traumatique a cette dimen-
sion de tryptique traumatique (Romano, 2006), c’est-à-dire
que les conséquences seront à envisager au niveau de l’enfant
traumatisé mais également de son entourage familial et de
l’institution ou du groupe social dont il fait partie (école,
centre de loisirs…). Intervenir au plus près de l’événement
traumatique nécessite donc de s’adapter à chaque situation en

170
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page171

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

offrant à l’enfant un espace où sa parole ne sera pas qu’un


simple récit mais une reconstruction de ce qu’il peut et veut
dire de ce qu’il a vécu.
L’intervention médico-psychologique immédiate permet aussi
au professionnel d’évaluer les troubles exprimés par l’enfant
en immédiat, de repérer les facteurs de risque et de protection
afin de proposer la prise en charge la plus adaptée à l’enfant.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
En immédiat, la première des urgences est de repérer des
victimes qui seraient en stress dépassé (inhibition stuporeuse,
dissociation péritraumatique, fuite panique, conduite automa-
tique). Pour exemple, Julie, 10 ans, en état d’inhibition stupo-
reuse, est comme une statue immobile face à la fenêtre où elle
s’est accrochée pour empêcher sa mère de défenestrer son
petit frère. Il n’y a plus aucun contact possible, elle ne nous
entend pas, regarde dans le vide et reste perdue dans cette
immobilité mortifère. Anaëlle, 7 ans, violée par un groupe de
jeunes adolescents, décrit un état de dissociation péritrauma-
tique au moment de l’agression : « J’étais là, mais c’est comme
si ce n’était pas mon corps, ça faisait bizarre, je les voyais
faire mais comme si je n’étais pas dans mon corps, c’était moi
mais pas tout à fait comme moi. » Lucas, 6 ans, qui découvre
le corps de son père qui s’est suicidé avec une carabine et qui,
dans un état de conduite automatique, retourne « comme si de
rien n’était » devant l’écran de télévision. Enfin, pour exemple
de fuite panique, celui d’élèves sortant d’un car accidenté et
courant dans tous les sens, sans rien écouter des consignes de
sécurité, n’hésitant pas à traverser l’autoroute pour fuir sur des
kilomètres. Ces états nécessitent en urgence de protéger les
victimes qui ne sont plus en état de se mettre à l’abri (Crocq,
1994), et peuvent conduire à une hospitalisation lorsque aucun
proche n’est en mesure d’assurer leur prise en charge.
Pour la majorité des autres personnes impliquées, les réactions
sont souvent adaptées à la gravité de l’événement. Elles
peuvent présenter une décharge émotionnelle, exprimer leur
bouleversement, avoir une certaine confusion de leurs repères,
mais il reste un contact et une communication possibles. Ces

171
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page172

Cliniques 5

réactions de stress adapté permettent aux victimes de se


protéger, comme Léa, 4 ans. Le soir de Noël en pleine nuit, son
père pris d’une bouffée délirante massacre sa mère avec une
multitude d’objets et d’outils. Le frère de Léa, 7 ans, tente de
s’interposer « pour sauver maman » ; il est gravement blessé.
Léa fuit et se retrouve dans la rue, prise en charge par des
passants qui la déposent au commissariat. Elle est pieds nus
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
et elle m’explique : « Tu sais, il y avait du sang partout… j’en
ai mis plein mes chaussons, alors j’ai défait mes chaussons
pour pas qu’il voie mes traces et me retrouve. »
Ces réactions peuvent être impressionnantes et bouleversantes
pour les intervenants qui peuvent se sentir impuissants et
eux-mêmes contaminés par toute cette détresse. Mais il ne
s’agit pas de psychiatriser des réactions adaptées à la gravité
de l’événement en multipliant sans limite les cellules psys ou
en « chargeant » d’emblée d’anxiolytiques et d’antidépres-
seurs toute personne exposée à ce type d’événements. Passé le
temps du repérage et de l’évaluation somatique et psychia-
trique d’urgence, il peut leur être proposé un premier temps
d’écoute bien spécifique, appelé defusing, pour les personnes
en stress adapté. La prise en charge consiste alors à préserver
la victime de tout risque de survictimisation (par exemple,
l’installer à distance du drame) et de lui offrir un espace de
restauration de la pensée et de la parole. Le defusing permet un
travail de figurabilité, de mise en sens de l’événement :
comprendre ce qui vient de leur arriver et s’exprimer sur cet
événement. Ces entretiens immédiats sont habituellement
courts (10 à 30 minutes). Ils peuvent se tenir auprès du patient
ou, lorsqu’il s’agit d’événements collectifs, dans le poste
médical avancé ou en dehors, en fonction du contexte de l’in-
tervention. Ils sont organisés dans un espace le plus sécurisant
et sécurisé possible. Ils sont non intrusifs (« Avez-vous envie
d’en parler ? ») et doivent laisser au sujet la possibilité de
différer ce temps d’expression (« si vous le souhaitez, vous
pouvez venir me parler à tel endroit » « je reste à votre dispo-
sition si vous avez besoin de parler »). Ils peuvent être indivi-
duels ou collectifs, mais dans ce cas-là, il est essentiel de

172
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page173

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

s’assurer que tous les membres du groupe ont vécu la même


chose et se connaissaient avant l’événement. Il est essentiel de
respecter les référentiels culturels des impliqués et leur mode
d’expression.

PROCESSUS DE L’INTERVENTION EN TROIS TEMPS


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
Le defusing est une technique qui peut être proposée indivi-
duellement ou à des petits groupes de personnes ayant vécu
la même chose. Il consiste à proposer un cadre où la parole
peut s’exprimer sans contrainte et où le thérapeute s’ajuste au
patient et lui permet de relancer sa réflexivité. Il n’est jamais
imposé.
Tant que cela est possible, la prise en charge s’inscrit en trois
temps : un temps commun à l’enfant et à ses proches, un temps
pour l’enfant seul et un temps de restitution en commun.
Le premier temps de prise en charge, qu’il s’agisse d’une interven-
tion individuelle ou collective, correspond à une période d’ac-
cueil en présence de l’enfant et des care divers (parents,
responsables). Il s’agit d’offrir à l’enfant et à ses camarades
(lorsque la prise en charge est groupale) un cadre matériel le
plus sécurisé et le plus calme possible. Ainsi, lors de l’accueil en
grand nombre, dans les aéroports, des victimes des violences en
Côte d’Ivoire puis des victimes du tsunami, du tremblement de
terre en Haïti, des violences de guerre au Liban et au Tchad, des
tentes ont été installées dans l’aérogare pour offrir un espace
d’écoute pour les enfants, préservé autant que possible des
bruits extérieurs. Le même dispositif a été mis en place dans les
gymnases ayant accueilli les victimes des incendies parisiens.
Notre pratique nous incite à informer que nous nous sommes
déjà occupés d’enfants, de personnes ayant vécu le même
type d’événement. Il nous semble essentiel de faire
comprendre à l’enfant, comme aux adultes, notre capacité à
entendre réellement ce qu’ils ont à dire, quelle qu’en soit l’hor-
reur, quel qu’en soit le caractère incroyable. Ce travail consiste
à conduire l’enfant et ses proches à faire l’hypothèse d’un
savoir chez le soignant sur ce dont il souffre, ce qui autorise

173
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page174

Cliniques 5

l’enfant à sortir de l’isolement absolu dans lequel le trauma-


tisme l’a placé, à s’exprimer sans craindre de blesser ou d’ef-
frayer son interlocuteur, à parler sans la terreur d’être perçu
comme « pas normal », « dégoûtant », « fou ».
Ce premier lien va rendre possible l’élaboration de l’expé-
rience traumatique puisque l’enfant réalise soudain que l’autre
peut savoir quelque chose de ce qu’il a vécu et qu’il pensait
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
impossible à communiquer autrement que comme une force
autodestructrice. Mais il est tout aussi important de faire
comprendre à l’enfant qu’il sait quelque chose de ce dont il
souffre, même si pour l’instant il lui est difficile de mettre des
mots sur ses ressentis.
Le deuxième temps est consacré exclusivement à l’enfant. Il est
souvent précieux pour l’enfant ou pour l’adolescent d’avoir un
temps de prise en charge en dehors de ses parents, en dehors
des adultes de l’institution, afin de pouvoir exprimer librement
ses émotions sans craindre d’être jugé, ou de blesser l’autre.
S’ils restent en présence de leurs parents ou d’adultes proches,
nous constatons très souvent que les enfants s’autocensurent
et ne s’expriment pas librement. Tout enfant parle en fonction
de ce qu’il sent ou sait que l’autre peut entendre : s’il perçoit
chez les adultes une détresse importante, des réactions de
dégoût, une incompréhension de ce qu’il vient de vivre, des
manifestations de dénégation ou de banalisation, l’enfant ou
l’adolescent ne parviendra pas à se dégager de l’effroi trauma-
tique. Pour exemple, Mathias, 6 ans, et Julie, 8 ans, coincés avec
leurs parents dans leur appartement alors que l’immeuble
était en feu. Lors de l’incendie Julie s’est mise au balcon en
chantant et, selon son frère, « en rigolant » : « Au feu les
pompiers, il y a la maison qui brûle… » La mère des enfants
est restée prostrée, incapable de les protéger et de les rassurer,
immobile sur le canapé du salon. Le père a réagi avec beau-
coup d’anxiété, de cris de panique en direction des pompiers
mais sans aucune attention portée aux enfants. La famille est
restée bloquée près de quatre heures avant son évacuation. Six
habitants sont décédés dans cet incendie. Dans le premier
temps d’entretien, Mathias berce littéralement sa mère

174
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page175

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

pendant que Julie fait un magnifique dessin spontané avec de


belles fleurs et plein de cœurs. Les parents nous expliquent que
leurs enfants n’ont pas compris la gravité de ce qui s’était
passé, qu’ils vont bien, pour preuve le dessin plein de couleurs
de Julie. La prise en charge individuelle des enfants permet à
Mathias d’exprimer son incompréhension et sa colère à l’en-
contre de sa sœur « qui ne l’a même pas protégé ». Il nous
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
explique son sentiment d’étrangeté face aux réactions de ses
parents : « C’était comme si on avait changé ma maman et
papa c’était pareil… c’était très grave mais j’étais tout seul. »
Seule Julie s’effondre en larmes et parle de sa terreur de
mourir : « J’ai pensé aux tours [référence aux attentats de
New york] et je me suis dit qu’on allait tous mourir pareil.
J’aurais voulu sauter mais c’était trop haut… alors j’ai chanté…
c’était ça où je devenais comme maman… ça m’a évité de
pleurer et c’était pour que Mathias il ait moins peur. » La
prise en charge individuelle permet la libération émotionnelle
et le décryptage des ressentis. Le travail thérapeutique immé-
diat a pour objectif de ne pas laisser l’enfant seul face à son
sentiment d’abandon et d’étrangeté. Il permet aussi, avec un
temps dédié à la fratrie, de comprendre ce qui a pu se passer
pour les uns et pour les autres et ce qui a été compris par
chacun. Julie peut dire à son frère qu’elle a essayé de le
protéger « à sa façon » et qu’elle était « très inquiète pour lui ».
Mathias peut aussi s’autoriser à dire à sa sœur combien il a eu
l’impression d’être abandonné. Le même travail individuel est
réalisé auprès des parents, puis un temps commun de restitu-
tion s’organise avec l’ensemble de la famille.
Ces temps d’expression exclusivement dédiés à l’enfant ou à
l’adolescent permettent de dire les symptômes, la peur de
devenir fou, la peur de mourir, la culpabilité de n’avoir pu
changer les choses, la culpabilité d’avoir dit, d’avoir fait
certaines choses, la responsabilité des adultes, la colère à l’égard
des adultes, les sentiments d’abandon, d’impuissance, la peur
de la punition, de la vengeance, la crainte de l’avenir. Cet
espace est nécessaire pour montrer à l’enfant ou à l’adolescent
que les émotions peuvent être exprimées sans danger et que

175
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page176

Cliniques 5

cela aide à ne pas être débordé par elles. Ce temps s’inscrit en


s’adaptant aux modalités d’expression infantile. Lorsque l’en-
fant joue, raconte, dessine, il met en scène ses émotions, traduit
l’angoisse réveillée par l’événement traumatique et donne à
voir et/ou à entendre les mécanismes qu’il utilise pour l’inté-
grer dans son univers et le rendre plus acceptable. Quel que soit
l’outil investi par l’enfant (dessin, pâte à modeler, livres,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
peluches, poupées), ce n’est qu’un « support de sens », un
exutoire du surcroît d’excitations déclenché par le trauma-
tisme, un intermédiaire obligé entre les traces mnésiques, les
représentations choses et l’objet où il va pouvoir figurer ce qui
constitue un symptôme, c’est-à-dire ce qui vient en place de ce
qui ne peut pas se dire. Le professionnel ne reste pas muet par
rapport à ces productions, mais intervient comme un coparti-
cipant et propose son ressenti. Cette approche réintroduit la
temporalité et fait redémarrer chez l’enfant ou l’adolescent sa
capacité de symbolisation et d’énonciation personnelle.
Les interventions en urgence médico-psychologique auprès
d’enfants se réalisent très fréquemment dans des conditions
matérielles difficiles et sur des sites d’accueil précaires (hall de
gare ou d’aéroport, gymnase, bureau anonyme). Pour cette
raison, certaines équipes ont élaboré un matériel spécifique-
ment dédié aux enfants et facilement transportable. La Baby
VUMP® 1 du SAMU 94 est par exemple une valise de 10 kg de
matériel de médiation (jouets, pâte à modeler, livres, peluches,
poupées, voitures, valise de docteur, animal méchant) conçue
pour des enfants à partir de 2 ans. Elle offre la possibilité aux
enfants d’investir selon leur choix tel ou tel matériel sans être
limités aux seuls feutres habituellement proposés et réalisés
dans un contexte que nous avons appelé de « dessins-leurres »
où, comme Julie, l’enfant tente avant tout de rassurer ses
proches (Romano, 2010).
L’objectif de ce temps de prise en charge, qu’il s’étaye ou non
sur des supports de médiation, est d’offrir à l’enfant ou à l’ado-
1. VUMP ® : lescent un espace pour décrypter l’impact traumatique, réin-
Valise d’urgence scrire dans le champ du symbolique les traces traumatiques et
médico-
psychologique. faire qu’elles soient désormais pensables et nommables.

176
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page177

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

Parallèlement à cette prise en charge de l’enfant, tant que cela


est possible nous proposons également en immédiat un temps
individuel pour les proches pour qu’ils puissent parler de
leurs inquiétudes, leurs interrogations, leur incompréhension
hors la présence de l’enfant. Ce temps permet de restaurer les
adultes dans leurs compétences et de les soutenir dans leurs
capacités à accompagner leur enfant au-delà de l’événement
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
traumatique.
Le troisième temps est à nouveau commun à l’enfant et aux care-
givers (proches et soignants). Il permet de reprendre auprès des
proches ce que l’enfant nous a autorisés à transmettre ; de leur
donner des éléments pour comprendre les manifestations de la
souffrance des enfants. Nous concluons l’intervention en rappe-
lant à l’enfant qu’il peut solliciter notre aide à tout moment ou
celle d’un autre professionnel, et que certains troubles peuvent
apparaître avec un certain délai : « Maintenant nous allons
arrêter l’entretien. Ta vie ne se réduit pas à ce qui vient de se
passer [rappel du type d’événement]. Tu avais ta vie avant et tu
auras ta vie après… Ta vie est celle d’un garçon/d’une fille qui
va à l’école, qui voit ses copains, qui fait ses activités, peut-être
que tu penses qu’en parler ça va faire revenir toute la peur, toute
la douleur… Je voudrais juste te dire une dernière chose : peut-
être que tu vas rester longtemps sans y penser, plusieurs jours,
plusieurs semaines, plusieurs mois et peut-être qu’un jour,
quand tu grandiras, certaines images reviendront, cette histoire
que tu pensais oubliée viendra t’envahir la tête, te réveiller la
nuit… Si cela t’arrive, c’est normal. Cela arrive souvent qu’on
ne pense plus à certaines choses pendant longtemps et qu’elles
finissent un jour par revenir à la mémoire : cela veut dire que ton
corps se souvient, qu’il n’a pas oublié. Ce jour-là, peut-être que
tu auras envie d’en parler. »
L’objectif de ces prises en charge thérapeutiques immédiates
est de prévenir les troubles post-traumatiques bien souvent
invalidants et dont l’expressivité chez l’enfant reste
méconnue des professionnels et des parents. Ce dispositif
participe au processus de résilience qui permet à l’enfant de

177
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page178

Cliniques 5

se dégager de l’impact traumatique de l’événement sans trop


hypothéquer son devenir. Ces interventions visent aussi à
soutenir les proches et les professionnels de l’institution
concernée (ex. école) pour limiter les risques de survictimi-
sation de l’enfant par des attitudes inadaptées (fausse réas-
surance, déculpabilisation compassionnelle, identification
projective, mensonge, banalisation, déni). Ce premier contact
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
autorise plus facilement les proches à solliciter de l’aide à
distance de l’événement sans craindre d’être jugés et inva-
lidés par les professionnels.

CONCLUSION

L’événement traumatique est un moment de rupture, un temps


hors temps : la prise en charge en immédiat permet de limiter
ce temps de rupture en réinscrivant l’événement traumatique
dans une temporalité contenante. Pour être réinscrits dans la
communauté des vivants dont l’événement traumatique les a
expulsés, enfants et adolescents doivent pouvoir être pris en
charge dans des dispositifs qui les pensent dans toute leur
complexité : sujet singulier, sujet d’un groupe et groupe-sujet.
Pour accompagner les enfants exposés à un événement trauma-
tique, il importe de se mettre à hauteur d’enfant et de chercher
des ressources individuelles et groupales pour les soutenir et
leur permettre de se figurer l’impensable, la mort et ses consé-
quences. L’enfant pris en charge seul (Bailly, 1996 ; Baubet,
2003 ; Romano, 2010e), mais aussi le groupe fratrie (Grappe,
1995 ; Romano, 2009a), le groupe de pairs (Daligand, 1993 ;
Kaës, 2009 ; Romano et Baubet, 2011), le groupe familial
(Delage, 2000, 2001, 2002 ; Romano, 2012b) peut alors participer
au maillage humanisant indispensable pour survivre psychi-
quement face au trauma. Il s’agit de leur offrir des espaces
transitionnels où toute l’horreur vécue pourra être décryptée,
élaborée, supportée, sans crainte d’effondrement. Cela ne
saurait se faire sans limite et sans cadre éthique (Romano,
2009b ; Romano et Crocq, 2010a). L’expérience clinique est une
valeur inestimable pour apporter les soins adaptés aux enfants

178
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page179

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

et adolescents exposés à des événements traumatiques. La


compréhension des conséquences psychotraumatiques chez
l’enfant et l’adolescent s’inscrit actuellement essentiellement à
partir de recherches menées avec une méthodologie (voire une
idéologie) qui consiste à étudier des scores, à partir d’échelles
bâties empiriquement selon une représentation réductrice du
trauma. La conception anglo-saxonne, en vogue actuellement,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
met en exergue l’aspect neurophysiologique et cognitivo-
comportemental, sans accorder plus de place à la dimension
psychodynamique et aux enjeux psychiques du trauma. Nous
ne souhaitons pas dans cet article polémiquer sur ce sujet, sauf
à rappeler que la recherche clinique devrait partir du sujet, dans
toute sa dimension, et ne devrait pas exister sans le respect qui
lui est dû. Et comme le soulignait M. Reuchlin (1995), la signi-
fication statistique d’un résultat devrait s’effacer devant sa
signification psychologique. Le vécu traumatique d’un sujet ne
saurait se réduire à des échelles, des pourcentages ou des
statistiques. C’est un enjeu important pour le devenir de la
pratique clinique et pour la qualité des dispositifs thérapeu-
tiques qui pourront être apportés aux victimes d’événements
traumatiques (Romano, 2013).

BIBLIOGRAPHIE

ANZIEU, D. 1999. Le groupe et l’inconscient, Paris, Dunod.


BAILLy, L. 1996. Les catastrophes et leurs conséquences psychotraumatiques chez
l’enfant, Paris, ESf.
BAILLy, L. 2001. « Les traumatismes psychiques de l’enfant », dans M. De Clercq
et f. Lebigot, Les traumatismes psychiques, Paris, Masson.
BARROIS, C. 1988. Les névroses traumatiques, Paris, Dunod.
BARROIS, C. 1992. « Souvenir de guerre et enfer du souvenir », dans L. Crocq
et C. Doutheau (sous la direction de), Stress, psychiatrie et guerre, Paris,
Association mondiale de psychiatrie, section militaire.
BAUBET, T. ; LEROCH, K. ; BITAR, D. ; MORO, M.R. 2003. « Soigner malgré
tout », Bébés, enfants et adolescents dans la violence, vol. 2, Grenoble, La Pensée
sauvage.
COHEN, D. 2012. « Traumatismes et traces : données expérimentales »,
Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, vol. 60.
CROCQ, L. 1993. « Le trauma et ses mythes », Psychiatrie médicale, vol. 25, n° 10.

179
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page180

Cliniques 5

CROCQ, L. 1994. « Stress post-traumatique, comportements spécifiques et


statut nosographique », Synapses, numéro spécial, Vers une médecine des
comportements.
CyRULNIK, B. 1999. Un merveilleux malheur, Paris, Odile Jacob.
CyRULNIK, B. 2001. Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob.
CyRULNIK, B. 2011. Quand un enfant donne la mort, Paris, Odile Jacob.
DALIGAND, L. 2001. « Culpabilité et traumatisme », Stress et trauma, 1 (2).
DALIGAND, L., GONIN, D. 1993. Violences et victimes, Lyon, Méditions.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
DE CLERCQ, M. 1995. « Les répercussions de syndrome psychotraumatique
sur les familles », dans Thérapie familiale, 16(2).
DE CLERCQ, M. ; LEBIGOT, f. 2001. Les traumatismes psychiques, Paris, Masson.
DELAGE, M. 2000. « Traitement familial du traumatisme psychique », Thérapie
familiale, 21, 3.
DELAGE, M. 2001. « Répercussions familiales du traumatisme psychique »,
Stress et trauma, 1, 4.
DELAGE, M. 2002. « Aider à la résilience familiale dans les situations trauma-
tiques », Thérapie familiale, 23.
fREDERICK, C.J. 1985. « Children traumatised by catastrophic situations in
PTSD », dans S. Eth, R. Pynoos (sous la direction de), Children, Washington, DC,
American Psychaitric Press.
fREUD, A. ; BURLINGHAM, D. 1943. War and Children, New york, Internat
Univers Press.
GRAPPE, M. 1995. « La guerre en ex-yougoslavie : un regard sur les enfants
réfugiés », dans M. Moro et S. Lebovici (sous la direction de), Psychiatrie
humanitaire en ex-yougoslavie et en Arménie, Paris, Puf.
KAëS, R. 2009. « Le travail psychique en situation psychanalytique de groupe.
Nouer et dénouer les alliances inconscientes », dans Le processus thérapeutique
dans les groupes, Toulouse, érès.
LEZINE, I. 1948. « L’enfant et la guerre», Enfance (1), 2.
PyNOOS, R. ; ETH S. 1984. « The child as witness to homicide », Journal of Social
Issues, n° 40.
REUCHLIN, M. 1995. Totalités, éléments, structures en psychologie, Paris, Puf.
ROMANO, H. 2006. « Prise en charge des enfants et des adolescents victimes
d’événements traumatiques », Stress et trauma, vol. 6, n° 4.
ROMANO, H. 2009a. « Incidence du trauma sur le lien fraternel »,
Neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescence, n° 57.
ROMANO, H. 2009b. « Réflexion éthique sur les prises en charge d’urgence
médico-psychologique », L’évolution psychiatrique, vol. 7, n° 4.
ROMANO, H. 2010b. « Le dessin-leurre. Traces traumatiques invisibles dans
les dessins d’enfants exposés à des événements traumatiques », Psychiatrie de
l’enfant, LIII, I.
ROMANO, H. 2010c. « être un adulte transitionnel ou comment permettre à
l’enfant de se dégager de l’impact du trauma », Dialogue, n°189.

180
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page181

Prise en charge médico-psychologique immédiate des enfants…

ROMANO, H. 2010d. « Réflexion éthique sur les prises en charge d’urgence


médico-psychologique », L’Évolution psychiatrique, vol 7, n° 4.
ROMANO, H. 2012a. L’enfant et les jeux dangereux, Paris, Dunod.
ROMANO, H. 2012b. « Prise en charge groupale d’enfants et d’adolescents
exposés à un événement traumatique », Neuropsychiatrie de l’enfant et de l’ado-
lescent, 60.
ROMANO, H. 2013. L’enfant face au traumatisme, Paris, Dunod. Préface De
Boris Cyrulnik.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
ROMANO, H. ; BAUBET, T. 2011. L’école face au traumatisme et à la violence,
Grenoble, La pensée sauvage.
ROMANO, H. ; BAUBET, T. ; MARTy, J. ; MORO, MR. 2010. « Medico-psycholo-
gical emergency airport care of haïtian adopted children in france », The
Signal, World Association for Infant Mental Health Newsletter.
ROMANO, H ; CROCQ, L. 2010a. « Événements traumatiques et médias :
quelles répercussions pour les sujets impliqués ? » Annales médico-psycho-
logiques, 168, (6).
ROMANO, H. ; DUPUIS, S. ; BAUBET, T. et coll. 2010. « La prise en charge de
jeunes enfants victimes d’un événement traumatiques », Soins psychiatrie,
n° 269.
ROUSSILLON, R. 2001. Agonie, clivage et symbolisation, Puf.
TERR, L. 1991. « Childhood traumas : an outline and overview », Am.
J. Psychiatry, vol. 148, n° 1.
WINNICOTT, D.W. 1984. Deprivation and Délinquance, London, Tavistock &
Routledge Ed.
WINNICOTT, DW. 1958. De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris Payot, 1989.

Résumé
Les études sur le psychotraumatisme ont permis de relever l’importance des
interventions médico-psychologiques précoces pour prévenir l’apparition
de troubles post-traumatiques. Si l’attention portée aux adultes est
aujourd’hui ancrée dans les pratiques, l’attention au plus près de l’événe-
ment portée aux enfants reste aléatoire. L’enfant exposé à l’événement
traumatique est trop souvent pris en charge au même niveau que les
adultes impliqués alors qu’une intervention spécifique devrait lui être
dédiée. Nous proposons de discuter des spécificités de la prise en charge
des enfants en situation d’extrême urgence, à partir de notre expérience
d’urgentiste et de psychothérapeute spécialisé dans ce domaine. Dans un
premier temps nous rappelons l’impact d’un événement traumatique dans
le psychisme, puis nous abordons les possibilités de prises en charge des
enfants en immédiat.
mots-clés
Traumatisme psychique, enfant, urgence médico-psychologique, soin
d’urgence.

181
Cliniques 5:- 18/03/13 18:47 Page182

Cliniques 5

abstract
Studies on psychological trauma have identified the importance of early medical and
psychological intervention to prevent the onset of post-traumatic stress disorder.
Although the treatment of adults is now well-established, the treatment of children
immediately following the event remains haphazard. The child who is exposed to a
traumatic event is very often treated in the same way as adults when a specific, dedi-
cated intervention is required. We discuss in detail the care of children in extreme
emergency situations based on our experience as specialized emergency psychother-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis Lumière Lyon 2 - - 159.84.143.22 - 17/02/2020 11:30 - © ERES
apists in this field. We first highlight the impact of a traumatic event for the psyche
then we address the immediate potential care for children.
Keywords
Psychological trauma, child, medico-psychological emergency, emergency care.

Vous aimerez peut-être aussi