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PSYCHOPATHOLOGIE, ATTACHEMENT ET DEVENIR DES ENFANTS

DE MÈRES PRÉSENTANT UN TROUBLE DE PERSONNALITÉ


BORDERLINE/ÉTAT-LIMITE : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE

Marie-Camille Genet et al.

Presses Universitaires de France | La psychiatrie de l'enfant

2014/1 - Vol. 57
pages 259 à 329
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ISSN 0079-726X

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http://www.cairn.info/revue-la-psychiatrie-de-l-enfant-2014-1-page-259.htm
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Pour citer cet article :


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Genet Marie-Camille et al., « Psychopathologie, attachement et devenir des enfants de mères présentant un trouble de
personnalité borderline/état-limite : une revue de la littérature »,
La psychiatrie de l'enfant, 2014/1 Vol. 57, p. 259-329. DOI : 10.3917/psye.571.0259
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REVUE CRITIQUE
DES PROBLÈMES D’ACTUALITÉ
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Trouble de personnalité
borderline
Interactions mère-bébé
Comportements
d’attachement de l’enfant
Représentations
d’attachement de l’enfant
Étude longitudinale
Revue de la littérature

Psychopathologie, attachement
et devenir des enfants de mÈres
prÉsentant un trouble
de personnalitÉ borderline/État-
limite : une revue de la littÉrature
Marie-Camille Genet1 - Bernard Golse2
Emmanuel Devouche3 - Gisèle Apter4

Psychopathologie, attachement et devenir des enfants


de mÈres prÉsentant un trouble de personnalitÉ
borderline/État-limite  : une revue de la littÉrature

Le présent article se propose d’établir une revue de la littérature des


douze études réalisées sur les enfants de mère borderline, publiées entre
1995 et 2011. Si le trouble de personnalité de type borderline est décrit

1.  Psychologue clinicienne, Maternité Ambroise Paré, BLR et Unité de


Recherche RePPEr, EPS Erasme, Antony (92). Docteur en psychologie clinique et
en psychopathologie, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité.
2.  Pédopsychiatre, Psychanalyste, Chef du service de pédopsychiatrie
de l’hôpital Necker-Enfants malades ; Professeur de psychiatrie de l’enfant et
de l’adolescent Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité.
3. Maître de conférences, Laboratoire « Psychopathologie et Processus de
Santé » (PPS, EA 4057), Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité. Unité
de Recherche RePPEr, EPS Erasme, Antony (92).
4.  Praticien Hospitalier, Responsable Unite Ppumma et RePPEr, EPS Erasme,
Antony (92). Chargée de cours, Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité.
Psychiatrie de l’enfant, LVII, 1, 2014, p. 259 à 329
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260 Marie-Camille Genet et al.

dans le DSM depuis 1980 et génère une abondante littérature, notam-


ment quant à l’étiologie de ce trouble et à ses prises en charge (Paris,
2006, 2009), il existe peu d’études concernant les enfants de mères bor-
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derline et leur devenir. Le trouble de personnalité borderline est décrit

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comme « ayant de graves répercussions au sein des relations interper-
sonnelles ». Les relations interpersonnelles, par essence, sont celles des
enfants avec leurs « caregivers », ceux qui leur dispensent des soins, qui
les élèvent. Les risques de distorsions précoces voire de carences et/ou
de maltraitances, souvent retrouvées dans ces situations familiales, font
de l’étude des relations familiales en cas de trouble de personnalité bor-
derline un sujet de santé publique autant que de recherche clinique. Les
auteurs présentent cette revue de la littérature en regroupant les études
en fonction de l’âge de l’enfant. Elle présente les études portant sur
l’observation des interactions mère borderline-bébé, de façon chronolo-
gique, puis celles portant sur l’enfant plus grand, centrées sur l’évalua-
tion de la qualité de son attachement, par le biais de ses comportements
d’attachement. Ensuite, elle décrit les recherches portant sur l’enfant
plus grand, d’âge scolaire (entre 4 et 9  ans). Celles-ci permettent un
accès aux représentations d’attachement, grâce au développement des
tests portant sur les caractéristiques de la narration chez l’enfant, en
lien avec la qualité de ses modalités d’attachement. Cette étude consti-
tue un préambule à une étude longitudinale évaluant le développement
et le devenir des enfants de mères présentant un trouble de personnalité
borderline.

Psychopathology, Attachment and outcomes of children


whose mothers present borderline personality
disorder: a review of the literature

The present article offers a review of the litterature which includes


twelve studies carried out on the children of borderline mothers, pub-
lished between 1995 and 2011. Although borderline personality disor-
ders have been described in the DSM since 1980 and generate abundant
litterature, particularly as to the etiology of the disorder and its treat-
ments (Paris, 2006, 2009), few studies are done with the children of
borderline mothers and their future lives. Borderline personality dis-
order is described as « having serious repercussions on interpersonal
relationships ». Interpersonal relationships are, in essence, those of
children with their caregivers, those who care for them, who raise
them. The risk of early distorsions or even negligence and/or abuse,
often found in these family situations, make such a study of family rela-
tionships in the case of borderline personality disorder a subject of pub-
lic health as much as it is one of clinical research. The authors present
this review of the litterature by grouping together studies as a function
of the children’s ages. She presents studies based on borderline mother/
baby interactions in a chronological order, then those concerning older
children, centered on the evaluation of attachment quality as judged by
the child’s attachment behaviors. Then, she describes research dealing
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 261

with school-age children (between 4 and 9). These give us access to rep-
resentations of attachment thanks to the development of tests looking
at the characteristics of narration in the child as they are linked to the
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quality of his or her type of attachment. This study constitutes a pre-

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amble for a longitudinal study which will be assessing the development
and outcomes of children whose mothers present borderline personality
disorder.
Keywords: Borderline personality disorder – Mother-baby interac-
tions – Attachment behaviors in the child – Children’s representations of
attachment – Longitudinal study – Review of the litterature.

PSICOPATOLOGÍA, APEGO Y PORVENIR DE LOS HIJOS DE MADRES


CON TRASTORNO DE PÈRSONALIDAD BORDERLIN/ESTADO LIMITE:
REVISTA DE LA LITERATURA

Este artículo presenta una revista de la literatura de doce estu-


dios realizados con niños de madres borderline publicados entre 1995
y 2011. Aunque el trastorno de personalidad borderline haya sido
descrito en el DSM desde 1980 y haya dado lugar a una literatura
abundante, especialmente sobre la etiología de este trastorno y su tra-
tamiento (Paris, 2006, 2009) hay pocos estudios sobre el porvenir de
los hijos de madres borderline. Se dice que el trastorno de persona-
lidad borderline “tiene graves repercusiones en las relaciones interper-
sonales”. Las “relaciones interpersonales” son preferentemente las de
los niños con sus “caregivers”, con quién les crían, quién les dispensan
cuidados y/o maltratos. Los riesgos de distorsiones precoces, incluso
de carencias y maltratos que se encuentran frecuentemente en ciertas
situaciones familiares, hacen que en caso de trastorno de personalidad
bordeline su estudio constituya un tema de salud pública y de inves-
tigación clínica. Los autores presentan una revista de la literatura
teniendo en cuenta la edad de los niños y clasifican cronológicamente
los estudios de las interacciones madre borderline/bebé y las interac-
ciones del niño de más edad, centrándose en la calidad de sus compor-
tamientos de apego. A continuación centran su estudio en niños de edad
escolar (entre 4 y 9 años) Estas investigaciones facilitan el acceso a las
representaciones de apego gracias al desarrollo de las pruebas proyec-
tivas que tratan del vínculo y la calidad de las formas de apego. Esta
investigación es el prolegómeno de un estudio longitudinal que evalúe el
desarrollo y el porvenir de los niños de madres con trastorno de perso-
nalidad borderline.
Palabras clave: Trastorno de personalidad borderline – Interacciones
madre-bebé – Comportamientos de apego del niño – Representaciones de
apego del niño – Estudio longitudinal – Revista de literatura.

Le présent article se propose d’établir une revue de


la littérature des études réalisées sur les enfants de mère
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borderline5. Si le trouble de personnalité de type borderline


est décrit dans le DSM depuis 1980 et génère une abondante
littérature, notamment quant à l’étiologie de ce trouble et à
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ses prises en charge (Paris, 2006, 2009), il existe peu d’études
concernant les enfants de mères borderline et leur devenir. Le
trouble de personnalité borderline est décrit comme « ayant
de graves répercussions au sein des relations interperson­-
nelles ». Les relations interpersonnelles, par essence, sont celles
des enfants avec leurs « caregivers », ceux qui leur dispensent
des soins, qui les élèvent. Les risques de distorsions précoces
voire de carences et/ou de maltraitances souvent retrouvées
dans ces situations familiales font de l’étude des relations fami-
liales en cas de trouble de personnalité borderline un sujet de
santé publique autant que de recherche clinique.
Nous présenterons cette revue de la littérature en regrou-
pant les études en fonction de l’âge de l’enfant, en notant que
ce choix suit généralement celui de l’ordre des publications
dans le temps. Nous commencerons par exposer les études
portant sur l’observation des interactions mère borderline-
bébé, de façon chronologique, puis celles portant sur l’enfant
plus grand, centrées sur l’évaluation de la qualité de son atta-
chement, par le biais de ses comportements d’attachement.
Ensuite, nous décrirons les recherches portant sur l’enfant
plus grand, d’âge scolaire (entre 4 et 9  ans). Celles-ci per-
mettent un accès aux représentations d’attachement, grâce
au développement des tests portant sur les caractéristiques
de la narration chez l’enfant, en lien avec la qualité de ses
modalités d’attachement.
Les études évaluant la qualité de l’attachement chez les
sujets borderline révèlent un attachement insécure ou désor-
ganisé, fortement corrélé à des attitudes maternelles chao-
tiques et incohérentes (Lyons Ruth et al., 2005 ; Madigan et
al., 2006). Par ailleurs, le trouble de personnalité border-
line a pu être considéré en partie comme un trouble grave
de l’attachement de type désorganisé (Levy, 2005). Il s’agit
de comprendre si l’on peut ou non parler de transmission

5.  En annexe, un tableau récapitulatif des différentes études présentées dans cet
article donne une vue d’ensemble des différentes données développées et outils utilisés
ainsi que des limites de chaque étude énoncées par les auteurs ou par nous-mêmes. Il
est accompagné de la liste des références de chaque outil données par les auteurs.
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intergénérationnelle de l’attachement désorganisé de la mère


à l’enfant. Les enfants de mères borderline présentent-ils
tous un attachement désorganisé ? Si le type d’attachement se
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transmet de façon intergénérationnelle, quels sont les méca-
nismes de transmission ?

Description du trouble de personnalitÉ borderline

Les pathologies limites sont le plus souvent regroupées


dans la littérature sous l’intitulé de « Trouble de personna-
lité borderline ». Pour les besoins de cet article, nous admet-
trons que ce dernier a des caractéristiques semblables se
superposant aux spécificités des états-limites. Une approche
psychopathologique des sujets présentant un trouble de per-
sonnalité borderline et de leurs prises en charge enrichit les
données actuelles des recherches en psychiatrie et en psy-
chologie du développement. Tel est l’objectif de cette revue
de la littérature. La discussion sur le concept de troubles
états-limites versus la définition sémiologique psychiatrique
du trouble de personnalité borderline est hors du champ de
cet écrit.

Définition des troubles de personnalité selon le DSM-IV


Modalité durable de l’expérience vécue et des conduites
qui dévient notablement de ce qui est attendu dans la culture
de l’individu. Cette déviation est manifeste dans au moins
deux des domaines suivants :
1/ La cognition ;
2/ L’affectivité (c’est-à-dire la diversité, l’intensité, la
labilité et l’adéquation de la réponse émotionnelle) ;
3/ Le fonctionnement interpersonnel ;
4/ Le contrôle des impulsions.

Le trouble de personnalité borderline (TPB) ou état-limite


dans le DSM-IV
Mode général d’instabilité des relations interperson-
nelles, de l’image de soi et des affects avec une impulsivité
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marquée, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent


dans des contextes divers, comme en témoignent au moins
cinq des manifestations suivantes :
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1/ Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou
imaginés ;
2/ Mode de relations interpersonnelles instables et inten-
ses caractérisées par l’alternance entre les positions extrêmes
d’idéalisation excessive et de dévalorisation ;
3/ Perturbation de l’identité : instabilité marquée et per-
sistante de l’image ou de la notion de soi ;
4/ Impulsivité dans au moins deux domaines potentiel-
lement dommageables pour le sujet (dépenses, sexualité,
toxicomanie, conduite automobile dangereuse, crises de
boulimie) ;
5/ Répétition de comportements, de gestes ou de menaces
suicidaires, ou d’automutilations ;
6/ Instabilité affective due à une réactivité marquée de
l’humeur (dysphorie épisodique intense, irritabilité ou
anxiété de quelques heures à rarement plus de quelques
jours) ;
7/ Sentiments chroniques de vide ;
8/ Colères intenses et inappropriées ou difficulté à contrô-
ler sa colère (fréquentes manifestations de mauvaise humeur,
colère constante ou bagarres répétées) ;
9/ Survenue transitoire dans des situations de stress
d’une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs
sévères.
Pour que le diagnostic de TPB puisse être posé, il faut
que le sujet présente au moins cinq des critères cités. Le TPB
présentera donc des répercussions dans un moins deux des
domaines suivants : la cognition, les émotions, le contrôle
des impulsions et les relations interpersonnelles. Tous ces
domaines sont particulièrement mobilisés dans la relation
mère-bébé.
Plusieurs éclairages théoriques et empiriques (Le Nestour
et al., 2007 ; Bezirganian et al., 1993) suggèrent que les indi-
vidus borderline pourraient se trouver particulièrement en
difficulté dans l’exercice de leur rôle parental ; ces derniers
vont dans le sens d’effets délétères pour le développement de
leurs enfants.
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Revue de la littÉrature concernant les enfants


de mÈre borderline
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Il est intéressant de voir que Michael Rutter et David
Quinton, en 1984, avaient prédit que les mères avec des
troubles de personnalité auraient plus de difficultés dans
leur rôle de mère que celles présentant des pathologies de
l’axe  1, tels les troubles dépressifs. Cependant, les effets à
long terme d’une pathologie maternelle de type borderline
sur les enfants n’ont encore été que très peu étudiés.

Les mères présentant un « Trouble de Personnalité


Borderline » (TPB) et leurs bébés : les dysfonctionnements
interactifs
Cinq études ont été publiées sur les interactions des mères
présentant un TPB avec leurs bébés :
– Celle de Lisa Crandell et al. de la Tavistock Clinic de
Londres, avec le premier article sur les interactions
mères borderline et leurs bébés de 2 mois, datant de 2003
(Crandell, Patrick et Hobson, 2003) ;
– Celle de l’équipe française dirigée par Gisèle Apter
(Apter-Danon, Candilis-Huisman, 2005), équipe au
sein de laquelle s’insèrent nos recherches actuelles sur
les mères borderline et leurs enfants. Elle porte éga-
lement sur les interactions des mères borderline avec
leur bébé au « Still-Face », mais lorsque celui-ci a
3 mois ;
– Celle de Louise Newman, Caroline Stevenson, Lindy
Bergman et Philippe Boyce (2007), provenant de deux
équipes d’Australie qui étudient les interactions avec des
enfants âgés de 3 à 36 mois ;
– Celle de Henry White et al. (2011) avec des bébés de
3 mois lors d’interactions en face à face, au cours d’un
moment de jeu libre ;
– Enfin, Elizabeth Kiel et al. (2011) ont étudié ces inter-
actions au cours de la procédure désormais célèbre de la
« Situation Étrange » avec des enfants autour de l’âge de
la marche.
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Les deux premières études ont utilisé la procédure, désor-


mais bien connue, du « Still-Face6 », élaborée par Edward
Tronick et al. en 1978. Ce paradigme avait été conçu, à
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l’origine, dans le but d’évaluer la sensibilité du bébé aux
perturbations inattendues des modes de communication. Il
permet d’évaluer les attentes d’interactions réciproques du
tout-petit ou encore ses réactions lors d’un moment de stress
mineur que représente le moment du SF en lui-même.
– « Interactions au Still-Face des mères présentant un
trouble de personnalité borderline et leurs bébés de
2 mois » (Crandell et al., 2003)
La première étude de Crandell et al. (2003) s’inscrit à
l’entrecroisement des recherches centrées sur l’observation
fine des comportements lors des interactions mère-bébé et des
théories psychanalytiques freudiennes issues de la Tavistock
Clinic. Elle a inauguré l’étude des interactions mère border-
line-bébé, en s’appuyant à la fois sur les écrits des théories
psychanalytiques et attachementistes.
L’originalité de l’étude longitudinale de cette équipe de
recherche réside dans une évaluation très complète des dya-
des incluses dans leur protocole. En effet, d’autres articles
de cette équipe ont également évalué l’attachement maternel,
afin de pouvoir appréhender les mécanismes de transmission
intergénérationnelle de l’attachement. Ces recherches s’ins-
crivent dans la suite des travaux de Peter Fonagy et Mary
Target (1997). Ces derniers ont montré que certaines mères
qui, à l’AAI7, faisaient montre de représentations d’attache-
ment défensives ou empêtrées, pouvaient réagir selon deux
styles différents :
– Soit de façon intrusive lors de partages affectifs au cours
des interactions avec le bébé ;
– Soit en mettant à distance leurs affects ;
De ce fait, chez le bébé, les capacités d’intégration et de
gestion de ses propres émotions sont entravées.

6.  Le Still-Face (SF) se divise en trois temps de deux minutes chacun, un pre-
mier temps d’interaction en face à face, une interruption où la mère doit adopter un
visage impassible toujours face au bébé, puis à nouveau un temps d’interaction.
7.  The Adult Attachment Interview (George, Kaplan, Main, 1996).
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 267

Crandell et al. ont donc tout d’abord observé les inter-


actions entre des mères borderline et leurs bébés de 2 mois
au cours du Still-Face en utilisant la grille de cotation des
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interactions de Lynne Murray et al. (1996). Il s’agit d’une
analyse en temps réel de l’interaction globale. Les auteurs
ont comparé ces interactions à celles d’une population de
dyades contrôles, sans pathologie maternelle. Ils ont choisi
de coter ces interactions au cours de l’épisode de stress pour
la mère et l’enfant que représente la procédure expérimen-
tale du Still-Face, en se focalisant sur le temps du Still-Face
en lui-même (celui où la mère doit prendre un visage impas-
sible et cesser d’interagir avec le bébé tout en maintenant
un contact visuel avec lui), ainsi que sur le troisième temps
du SF (celui des « retrouvailles », où la mère reprend l’inte-
raction avec le bébé).
En centrant leur analyse sur le troisième temps de la
procédure, ils visaient une compréhension de la gestion
émotionnelle des dyades. Le temps des retrouvailles est
particulièrement délicat. De ce fait, il est un moment privi-
légié d’analyse des effets de la psychopathologie maternelle
(Tronick et al., 1978). En effet, le paradigme du SF vient
mettre en exergue l’extraordinaire sensibilité du bébé aux
changements et perturbations dans ses échanges émotionnels
avec ce partenaire privilégié que représente sa mère (Tronick
et al., 1978). En réaction au stress, le bébé tente tout d’abord
de réengager la mère dans l’interaction et lorsque cette perte
se prolonge, il se montre moins souriant. Des affects neutres
voire négatifs peuvent être observés. Progressivement, il
se détourne du visage maternel (Carter et al., 1990 ; Toda
& Fogel, 1993 ; Kogan & Carter, 1996). « Le bébé est
constamment dans la nécessité d’ajuster et de réajuster ses
propres états émotionnels tout en s’inscrivant dans la co-
régulation de la dyade avec sa mère » (Apter, 2013).
D’après les résultats de Crandell et al. (2003), les
mères avec un TPB étaient moins sensibles et ce, de façon
intrusive, envers leur bébé de 2 mois, au cours des inter-
actions lors du SF, comparativement aux mères contrôles.
L’équipe avait préalablement fait l’hypothèse que les bébés
présenteraient des caractéristiques spécifiques comparati-
vement à ceux du groupe de mères contrôles. Cependant,
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268 Marie-Camille Genet et al.

les enfants ne se distinguaient pas, ni lors de la première


phase, ni lors du SF en lui-même ; ils n’étaient pas parti-
culièrement plus « perturbés » par le SF en lui-même ou
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moins disponibles pour s’engager dans l’interaction, au
sens où contrairement à leurs hypothèses, les bébés des
mères borderline ne présentaient pas significativement
plus d’affects négatifs. Cependant, lors du SF, ils étaient
plus nombreux à présenter des regards de stupéfaction
ou hébétés. Au contraire, au cours de la troisième phase,
plus de différences apparaissaient entre les deux groupes.
Les bébés de mères borderline montraient moins d’affects
positifs et étaient plus nombreux à présenter plusieurs
expressions faciales qualifiées « d’hébétées ». Enfin, ils
montraient moins de capacité à réengager la mère dans
l’interaction, comparativement aux bébés contrôles.
Selon les auteurs, ces comportements du bébé semblent
être en lien avec une stratégie particulière de gestion de
l’interruption soudaine de l’interaction dyadique. Ils ont
interprété ces résultats comme étant la marque d’une dys-
régulation émotionnelle au cours d’une situation interper-
sonnelle stressante.
En effet, les auteurs soulignent que ce regard hébété
vient rappeler les comportements de gel (de « freezing »)
des enfants plus âgés à l’attachement désorganisé, au cours
de la « Situation Étrange ». Comparativement au groupe
contrôle, les bébés des mères borderline se distinguaient
par de brefs regards dirigés vers la mère, puis des regards
se détournant d’elle, au cours du SF. Les bébés de mères
borderline étaient plus nombreux à présenter un nombre
élevé de détournements du regard. Enfin, s’ils regardaient
moins longtemps leur mère, le temps passé à regarder la
mère n’était pas significativement différent dans sa tota-
lité entre les deux populations. Par conséquent, les bébés
contrôles avaient des regards plus longs vers la mère. Les
auteurs ont interprété ces résultats ainsi : les bébés ayant
jusqu’alors fait l’expérience d’une mère contingente8 et
sensible au bébé sont capables de gérer cette interruption

8.  Une mère est dite contingente lorsqu’elle est capable de s’ajuster aux
comportements et signaux du bébé.
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 269

soudaine et d’attendre cette mère qu’ils savent habituel-


lement disponible. Les attentes comblées par les retours
répétés de cette mère suffisamment bonne, au cours des
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interactions passées, auraient donné au bébé plus de capa-
cité d’autorégulation comparativement à ceux des mères
borderline. Ceux-ci auraient déjà été exposés à la répétition
d’interactions maternelles intrusives ou particulièrement
insensibles. Lors de la dernière phase, les bébés des mères
borderline continuaient à rester disponibles pour s’engager
dans l’interaction, tout en montrant, en même temps, des
affects à caractère dépressif et plus de regards « hébétés ».
Cette discordance entre cette disponibilité des bébés et leur
vécu affectif mérite d’être soulignée. Après le moment du
SF, les dyades des mères borderline témoignaient d’une
moins bonne capacité de récupération interactive, tandis
que les bébés continuaient de manifester de plus en plus
d’affects négatifs. Le réengagement avec leur mère s’en
trouvait, de ce fait, beaucoup moins satisfaisant que pour
les bébés des mères « sans troubles ».
– « Un challenge pour la psychiatrie périnatale : les
prises en charges thérapeutiques des mères présentant
un trouble de personnalité borderline et de leurs
nouveau-nés » (Apter et Candilis-Huisman, 2005)
Gisèle Apter-Danon et Drina Candilis-Huisman (2005)
ont comparé les interactions au cours du SF de mères pré-
sentant un TPB avec celles de mères contrôles, avec leurs
bébés de trois mois. Dans leur étude, les dyades contrôles ne
présentaient aucune pathologie psychiatrique et le trouble
de personnalité borderline était très fortement associé à la
dépression. Ce sont d’ailleurs ces premiers résultats qui
amenèrent leur équipe à reconsidérer le concept de dépres-
sion du post-partum en regardant de plus près la possibilité
d’une co-morbidité avec un trouble de personnalité (Apter
et Le Nestour, 2008 ; Apter, Devouche et al., 2012). Cette
recherche s’est inscrite dans une étude comparative plus
large sur les interactions mère-bébé, comportant 109 dyades.
Cette étude longitudinale comportait un suivi au cours de la
première année de vie de l’enfant, qui consistait en l’enre-
gistrement du SF, puis d’une séquence de jeu libre de dix
- © PUF -
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270 Marie-Camille Genet et al.

minutes, ainsi qu’en un bilan de développement du bébé à


l’aide du Brunet-Lézine9.
Les auteurs ont retrouvé certaines caractéristiques inter-
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actionnelles communes avec celles de l’étude de Crandell et
al. (2003). Leurs résultats ont montré que les mères présen-
tant un TPB faisaient preuve de comportements paradoxaux,
difficiles à repérer ; elles étaient plus intrusives, tout au
long de la procédure du SF, tout en interagissant avec une
plus faible variété de comportements. Leurs comportements
étaient plus intrusifs et qualitativement différents de ceux
des mères contrôles. Les auteurs ont décrit des mouvements
de pression ou encore de piqûre du bout des doigts. Leurs
gestes étaient moins diversifiés et moins faciles à « décoder »
pour l’enfant comme pour l’observateur. De plus, les mères
présentant un TPB avaient beaucoup plus de difficultés à
réajuster leurs comportements après l’épisode du SF que les
mères contrôles. Une autre caractéristique du comportement
de ces mères était le peu de différence dans leurs compor-
tements entre le T1 et la phase des retrouvailles (T2). Tout se
passait comme si elles étaient dans l’impossibilité de prendre
en compte les effets de cette interruption du SF, que ce soit
pour elles-mêmes ou pour le bébé. Lors des retrouvailles, les
mères du groupe contrôle, elles, montraient plus de capacités
à varier et généralement à diminuer leurs attentes à l’égard
du bébé, comparativement au T1, laissant plus de temps au
bébé pour initier l’interaction ou acceptant que les inter-
actions soient moins ludiques. Elles semblaient comprendre,
contrairement aux mères atteintes de TPB, qu’un laps de
temps était nécessaire pour rétablir un jeu interactif après
cette « rupture ».
Enfin, leurs résultats ont montré d’importantes diffé­-
rences chez les enfants de mères borderline comparativement
à ceux des mères contrôles ; ces premiers montraient plus de
comportements du système nerveux autonome10, tels que des

9.  Le développement psychologique de la première enfance (Brunet, Lézine,


1951).
10.  Les troubles de la régulation émotionnelle se traduisent par une modifi-
cation des manifestations du système nerveux autonome (avec des activations/
désactivations de ce dernier) se traduisant par certains « symptômes », comme par
exemple des régurgitations ou des hoquets.
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 271

hoquets ou des régurgitations, déjà présents au cours du T1,


tandis que chez les bébés contrôles, ces manifestations du sys-
tème végétatif n’étaient pas présentes ou seulement au cours
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des autres temps de la procédure. L’analyse des interactions
vocales montrait également un manque de rythme commun
de la part des deux partenaires, ce qui avait été décrit par
Maya Gratier et Gisèle Danon (2000).
– « Trouble de personnalité borderline, interactions
mère-bébé et perception maternelle concernant
l’éducation : résultats préliminaires » (Newman et
al., 2007)
Dans la lignée de ces recherches, Newman et al. (2007) ont
observé les interactions de 14 mères borderline et 20 mères
contrôles avec leurs bébés âgés de 3 à 36 mois, au cours d’une
séquence de jeu libre de dix minutes.
Ils ont choisi d’évaluer les précurseurs du développe-
ment d’un attachement sécure en appréciant la sensibilité
et la disponibilité émotionnelle maternelle à l’aide d’une
échelle de cotation des interactions de disponibilité émo-
tionnelle (« Emotional Availability scales » (EA), Biringen
& Robinson, 1998). Selon ces auteurs, la sensibilité mater-
nelle est considérée comme l’un des éléments essentiels du
développement émotionnel et social de l’enfant, contri-
buant à la sécurité d’attachement chez ce dernier. Ces
échelles donnent un aperçu des possibilités maternelles
de s’ajuster aux demandes de l’enfant, d’échanger avec
lui de façon appropriée et authentique d’un point de vue
affectif, autrement dit, elles estiment les capacités d’accor-
dage affectif (Stern, 1989). Ces facultés d’ajustement favo-
risent ainsi le développement d’un attachement sécure
chez l’enfant. L’EA permet également d’évaluer la structu-
ration des interactions. Du côté du bébé, elle apprécie la
disponibilité affective (en termes d’ouverture et d’échange
affectif) vis-à-vis de la mère. De plus, elle montre la façon
dont le très jeune enfant peut à la fois s’engager dans
l’interaction initiée par la mère et sa capacité à initier l’inte-
raction lui-même. L’échelle EA se présente sous la forme de
six dimensions en lien avec la disponibilité émotionnelle :
quatre échelles du côté maternel mesurent la sensibilité, la
- © PUF -
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272 Marie-Camille Genet et al.

capacité à structurer les interactions, la non-intrusion et la


non-hostilité et deux échelles pour l’enfant cotent les capa-
cités d’engagement et d’implication dans l’interaction avec
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la mère.
Selon l’échelle EA, comparativement aux dyades
contrôles, les mères présentant un TPB étaient significa-
tivement moins sensibles à l’égard de leur enfant. De plus,
elles avaient plus de difficultés à donner un sens et à orien-
ter les activités de leur enfant au cours de la séquence de
jeu libre. Certaines des mères affectées par le TPB pou-
vaient faire preuve de comportements hostiles à l’égard
du bébé bien qu’aucune différence significative n’ait été
observée par rapport aux mères du groupe contrôle en ce
qui concerne de tels comportements. Les antécédents de
traumas chez les mères présentant un TPB peuvent entraî-
ner des comportements hostiles, « effrayants ou effrayés »,
à l’égard du bébé, selon l’hypothèse de Mary Main et Erik
Hesse (1990). Au sein de leur échantillon, toutefois, plutôt
que d’être activement hostiles et d’adopter des compor-
tements effrayants, la plupart de ces mères se montraient,
au contraire, apeurées par leur enfant et en retrait dans
l’interaction avec ce dernier. Enfin, les mères avec TPB
présentaient significativement plus de sentiments d’insatis-
faction au sein des interactions avec leur enfant, se per-
cevaient comme plus incompétentes et se sentaient plus
stressées dans leur rôle de parent, comparativement aux
mères contrôles. Par ailleurs, ces mères exprimaient une
plus grande détresse parentale tout en étant moins sensi-
bles à l’égard de leur enfant, d’après les résultats obtenus
à l’échelle EA.
Les enfants de mères présentant des troubles border-
line, eux, étaient significativement moins enclins à s’engager
dans l’interaction avec leur mère. Ils étaient moins disposés
et moins désireux de solliciter leur mère, comparativement
aux enfants de la population contrôle. Ces enfants se trou-
vaient significativement moins impliqués au sein de l’inte-
raction avec leur mère, en lien avec leur moindre réceptivité
aux propositions de cette dernière. Enfin, selon les résultats
de cette étude, aucun de ces enfants n’étaient cotés « dispo-
nibles » ou « impliqués » « de façon optimale ».
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 273

– « Interactions mère-bébé chez les mères présentant un


TPB ou un épisode dépressif majeur ou la cooccurrence
des deux et au sein de dyades contrôles » (White et al.,
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2011)
White et al. (2011) ont analysé les interactions en face à
face de mères présentant un TPB avec leur bébé de 3 mois
(avec épisode dépressif majeur ou non) comparativement,
d’une part, à des mères présentant un épisode dépressif
majeur (EDM) avec ou sans trouble de personnalité et,
d’autre part, à des mères contrôles sans pathologie psy-
chiatrique. Dans leur étude, toutes les mères présentant un
TPB, en dehors d’une, présentaient un autre TP (pour plus
de détails voir tableau récapitulatif des études). Cette étude
est la première à comparer les interactions mère borderline-
bébé avec celles des dyades pour lesquelles les mères pré-
sentaient un EDM ou la cooccurrence des deux pathologies
psychiatriques sur un si grand échantillon. Ils ont observé
la présence de certains comportements maternels et infan-
tiles à l’aide d’une échelle d’interactions inspirée de celle de
Tiffany Field (1980) en cotant les différents comportements
comme étant présents ou non.
Du côté des mères : Leurs résultats ont suggéré que plu-
sieurs comportements « positifs » au sein des interactions
mère-bébé étaient perturbés lorsque la mère présentait un
TPB. En effet, « le toucher maternel » ainsi que « les compor-
tements de jeu » étaient significativement moins présents chez
les mères présentant un TPB (avec ou sans EDM) compa-
rativement aux groupes contrôle et EDM, et cela, malgré la
forte présence de TP (co-morbidité) associé dans le groupe
EDM (17/25). De plus, la fréquence des sourires maternels
différait de façon significative entre les groupes contrôle,
EDM et les deux groupes TPB. Enfin, les comportements
maternels d’imitation sont apparus comme particulièrement
peu présents au sein des dyades pour lesquelles la mère ne
présentait qu’un TPB, tandis que la capacité maternelle à
imiter le bébé restait préservée dans le groupe TPB+EDM ;
comme si la dépression « améliorait » cette capacité chez la
mère, très importante pour le bébé, dans le cas où cette der-
nière présente un TPB.
- © PUF -
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274 Marie-Camille Genet et al.

Du côté des bébés : Aucune différence significative en ce


qui concerne les vocalisations ou les sourires n’est apparue
entre les enfants du groupe EDM et ceux du groupe contrôle.
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Les bébés dont les mères présentaient un EDM (avec ou sans
TPB associé) montraient plus de détournement du regard,
comparativement à ceux des groupes contrôle et TPB.
Résultats des auto-questionnaires : L’évaluation mater-
nelle du tempérament des groupes dont les mères présentaient
un TPB, ou un TPB et un EDM, estimait l’expression des
affects de peur à des scores plus élevés comparativement aux
deux autres groupes contrôles. Enfin, les bébés du groupe
des mères présentant seulement un TPB obtenaient un score
significativement plus bas par rapport à tous les autres grou-
pes en ce qui concerne la capacité à se calmer. Considérant
le fait que la pathologie psychiatrique maternelle influence la
façon dont les mères perçoivent leur enfant, les auteurs ont
proposé deux pistes de réflexion :
– L’hypothèse selon laquelle les mères présentant au moins
un TPB voire celles présentant un EDM pourraient avoir
du mal à appréhender leur enfant tel qu’il est ; ce der-
nier pouvant être perçu au travers du prisme déformant
de la pathologie psychiatrique. De ce fait, ces données
pourraient ne pas refléter le tempérament « réel » de
l’enfant. Par ailleurs, cela pourrait aussi suggérer que les
différences entre les bébés de tous les groupes pourraient
n’apparaitre que lors des interactions ;
– L’hypothèse selon laquelle une évaluation adéquate du
tempérament de l’enfant pourrait constituer un élément
prédictif fiable de problèmes comportementaux ultérieurs
chez l’enfant (Keenan et al. 1998) ou de diagnostic psy-
chiatrique à l’adolescence (Teerikangas et al. 1998).

– « L’impact de la pathologie de personnalité borderline


sur les réponses des mères face à la détresse du bébé »
(Kiel et al., 2011)
Kiel et al. (2011) ont comparé les interactions comporte-
mentales et affectives de deux groupes de mères – un groupe
au sein duquel les mères présentaient des symptômes cliniques
importants du trouble de personnalité borderline (TPB+) et
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 275

un autre où les mères ne présentaient pas ces symptômes


(TPB-)  – au cours d’un moment stressant pour l’enfant :
le deuxième moment de retrouvailles lors de la « Situation
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Étrange » (Ainsworth, 1978) qui fait suite à des séparations
répétées d’avec la mère. Dans leur étude, les enfants étaient
âgés de 12 à 23 mois. Ils sont partis de l’analyse des affects et
des comportements de la mère et de l’enfant au cours de cet
épisode en établissant des groupes mutuellement exclusifs.
Les affects de l’enfant étaient cotés : « affligés » (perturbés),
« non affligés » (non perturbés) ou « neutres ». Les affects
maternels, eux, étaient cotés : « positifs », « négatifs » ou
« neutres ». Les comportements maternels se déclinaient en
« consolant » (comforting), « distrayant », tentant de détour-
ner l’attention de l’enfant par rapport à son vécu (distrac-
tion), « comportements insensibles » (insensitive behavior)
et « comportements neutres ».
Comparaison des deux populations TPB+/TPB- : D’après
leurs résultats, les auteurs n’ont retrouvé aucune différence
significative entre les deux groupes (TPB+ et TPB-) du côté de
la détresse des enfants (ce qu’ils nomment « caractéristiques
temporales dans l’expression de la détresse des enfants »), ce
qui suggère que les différences inter-groupes observées chez
les mères ne sont pas liées à des différences dans l’expres-
sion des niveaux de détresse des enfants. La seule différence
significative entre les mères TPB+ et celles TPB- se situait au
niveau de la durée des affects positifs maternels dirigés vers
l’enfant. La durée de ces affects positifs chez les mères du
groupe TPB+ était significativement plus courte que celle
du groupe TPB-.
Contingence entre la détresse de l’enfant et les réponses
maternelles : Les auteurs ont analysé la probabilité d’obser-
ver une réponse maternelle « contingente » lorsque l’enfant
exprimait de la détresse. Ils ont considéré que les compor-
tements et manifestations affectives de la détresse de l’enfant
étaient les cris, les pleurnichements et les vocalisations à
valence négative. D’après leurs résultats, au sein du groupe
TPB+, la probabilité pour que les mères présentent un affect
positif en réponse à la détresse de l’enfant était moindre
comparativement au groupe TPB-. En revanche, ils n’ont
pas observé de différence significative entre les deux groupes
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276 Marie-Camille Genet et al.

en ce qui concerne la probabilité d’observer un affect négatif


chez la mère face à la détresse de l’enfant. Les auteurs n’ont,
par ailleurs, pas retrouvé d’autres différences significatives
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entre les deux groupes, en ce qui concerne les réponses mater-
nelles à la détresse de l’enfant. Ainsi, les probabilités pour
que les mères des deux groupes présentent des comportements
insensibles, de distraction ou de réconfort face à la détresse
de l’enfant n’étaient pas significativement différentes. Ces
résultats étaient identiques, lorsque les auteurs contrôlaient
les variables de dépression et d’anxiété maternelles.
Évaluation des différences entre les groupes TPB+ et
TPB-, en termes de temps de latence précédant la réponse
maternelle à la détresse de l’enfant : D’après leurs résul-
tats, comparativement au groupe TPB-, les mères du groupe
TPB+ exprimaient des affects positifs suite à la détresse de
l’enfant après un temps de latence significativement plus
long. (La même différence était observée en ce qui concerne
l’expression de comportements maternels réconfortants face
à la détresse de l’enfant, mais celle-ci n’était toutefois pas
significative.)
Analyse des changements éventuels au sein des réponses
maternelles durant les moments de détresse de l’enfant : Le
but de ces analyses était de tenter de répondre à la question
suivante : la probabilité d’observer chacune des réponses
maternelles (comportementale ou affective) change-t-elle à
mesure que la durée de la détresse de l’enfant augmente ?
D’après leurs résultats, les auteurs ont observé un lien signi-
ficatif entre la durée d’expression de la détresse des enfants
et la probabilité d’observer un comportement maternel
insensible au sein du groupe TPB+. S’ils observaient peu de
tels comportements au sein des deux populations, à mesure
que durait la détresse de l’enfant, la probabilité pour que
les mères du groupe TPB+ (contrairement au groupe TPB-)
répondent par un comportement insensible augmentait for-
tement. De plus, la probabilité pour que l’enfant présente
encore des signes de détresse diminuait de façon linéaire,
après l’expression d’une réponse maternelle affective à
valence positive. Cela va dans le sens de l’idée selon laquelle
les enfants sont apaisés par l’expression d’affects positifs
maternels à leur égard. En revanche, la probabilité que la
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 277

détresse de l’enfant persiste après un comportement maternel


insensible augmentait immédiatement après une telle réponse
maternelle puis diminuait ensuite au cours du temps.
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Les études sur l’attachement des enfants de mères
borderline

– « Mode de relation et attachement des enfants de mères


avec un trouble de personnalité borderline » (Hobson
et al., 2005)
À la suite de l’étude de Crandell et al., Peter Hobson
et al. (2005) de la même équipe de recherche se sont inté-
ressés à la qualité de l’attachement des enfants de mères
borderline. Ils ont évalué les patterns d’attachement de ces
enfants à 12  mois, au sein d’une population de dix dyades
mère borderline-bébé comparativement à ceux d’enfants de
dyades contrôles pour lesquelles la mère ne présentait
aucune pathologie psychiatrique.
L’une des forces de cette étude est d’avoir évalué en
parallèle les patterns d’attachement des enfants de mères
borderline, par le biais de la « Situation Étrange » et les
interactions au sein de ces dyades, au cours de deux autres
situations. En plus de cette procédure expérimentale bien
connue, les auteurs se sont penchés sur les interactions
mère-bébé au cours d’une situation expérimentale issue d’un
moment de jeu imaginé par Donald Winnicott (« Winnicott’s
Set Situation »). Au cours de celui-ci, les enfants se retrou-
vaient sur les genoux de la mère, en face d’une étrangère
qui, ayant initialement adopté un visage impassible (« Still-
Face »), devait ensuite tenter d’engager l’enfant dans un jeu
de « prendre et donner » avec une spatule. Cette équipe a
également utilisé une autre situation de jeu semi-structuré
où les mères avaient pour consigne d’apprendre à l’enfant
à jouer avec de petites figurines et un train. Cette dernière
cherchait à évaluer les interactions mère-bébé et notamment
la sensibilité et « l’intrusivité » maternelle lors d’une tâche
cognitive.
Résultats concernant l’évaluation de l’enfant au cours
de la situation de mise en scène tirée des travaux de
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278 Marie-Camille Genet et al.

Winnicott : Comparativement aux enfants de la population


contrôle, les enfants de mères borderline avaient moins de
disponibilité à s’engager dans une interaction positive. Ils
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se montraient moins enclins à s’engager dans un échange
émotionnel positif avec l’étrangère et moins organisés dans
leurs comportements. Enfin, ils exprimaient moins d’émo-
tions positives avec cette dernière. En ce qui concerne les
regards des enfants dirigés vers l’étrangère, si le nombre
total de regards était équivalent dans les deux populations,
les enfants de mères borderline présentaient significative-
ment moins de regards positifs comparativement à ceux de
la population contrôle. Un enfant de mère avec TPB seu-
lement, contre plus de la moitié des enfants de la population
contrôle, obtenait plus de 50% de regard positifs dirigés vers
l’étrangère. Toutefois, contrairement à leur hypothèse, les
enfants des mères avec TPB ne tendaient pas moins souvent
la spatule à l’étrangère que ceux de la population contrôle.
Ce résultat peut donner une idée, selon les auteurs, de la
différence qu’il peut y avoir entre l’habilité à répondre à une
tâche comportementale et la capacité à s’impliquer dans une
relation positive avec un autre, où il est question de négocier
tout un partage interpersonnel. Comme les auteurs l’ont sug-
géré à la suite des travaux de Maria Jose Ortiz Baron (1993),
en face d’une étrangère, la réponse d’un bébé de cet âge est
influencée par le déroulement de l’expérimentation ; notam-
ment, si l’enfant s’approche lui-même de cette personne qui
au préalable a gardé une certaine distance, ou au contraire,
si celle-ci va d’emblée vers lui. Les auteurs ont choisi une
situation où le bébé est soumis aux deux cas. Ils ont également
mis leurs résultats en perspective avec certaines des théories
concernant la construction de la régulation émotionnelle. En
effet, des auteurs comme Edward Tronick et Jeffrey Cohn
(1989) ont décrit la mère et le bébé comme étant au sein d’un
système de régulation mutuelle. « La question de la régula-
tion émotionnelle se trouve au carrefour du tempérament, du
comportemental par le biais des expressions émotionnelles,
de l’intersubjectivité, de l’attachement et des manifestations
psychopathologiques » (Apter, 2013 ; Cole et al., 1994). Le
bébé est donc amené à réguler par lui-même ses propres émo-
tions, autant que son développement le lui permet, à chaque
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 279

âge de la vie, mais il est toujours pris dans la co-régulation


émotionnelle dyadique avec sa mère ou toute autre personne
qui interagit avec lui. Par conséquent, de possibles diffé­-
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rences interindividuelles liées au style de régulation émo-
tionnelle interpersonnelle peuvent avoir constitué un biais
dans l’évaluation de la sociabilité des enfants. Nous ajou-
terons qu’il est difficile de savoir jusqu’à quel point ces dif-
férences sont d’ordre interindividuel ou liées aux influences
des caractéristiques maternelles sur l’enfant ; la dyade est
marquée par la dissymétrie de la maturité des appareils psy-
chiques de la mère et du bébé, tous deux impliqués dans la
co-régulation dyadique.
Résultats obtenus à la « Situation Étrange » : 80%
des enfants de mères présentant un TPB avaient un type
d’attachement désorganisé, contre seulement 27% au sein
de la population contrôle. Ce pourcentage d’attachement
désorganisé se rapproche fortement de celui retrouvé au
sein de populations d’enfants victimes de maltraitances et
de carences (Carlson et al., 1989). De plus, les deux seuls
enfants de mères borderline qui paraissaient sécures à la SE
appartenaient à la catégorie B2 (qui correspond à un type
d’attachement difficile à coter) tout en présentant certains
comportements atypiques pour cette catégorie et étant, par
conséquent, au seuil de la catégorie désorganisée. Ils avaient
par ailleurs des scores très bas aux items évalués au cours de
la situation de mise en scène avec l’étrangère : ils étaient peu
enclins à s’engager dans un échange positif avec cette der-
nière, avaient un faible score d’organisation comportemen-
tale et lui montraient peu de regards positifs. Leurs mères,
elles, se trouvaient être parmi les mères les plus insensibles
de façon intrusive ; au jeu d’apprentissage, elles présen-
taient un mauvais accordage affectif à l’enfant et étaient
particulièrement intrusives. Au regard des comportements
atypiques qu’ils présentaient lors de la SE et du mode par-
ticulier de relation avec l’étrangère qu’ils instauraient, ces
deux enfants pouvaient avoir des points en commun avec
les enfants à haut risque montrant « un évitement instable »
mais ayant aussi été classés dans la catégorie d’attachement
B2 identifiés par Karlen Lyons-Ruth et ses collègues (Lyons-
Ruth, Connell, Zoll, & Stahl, 1987 ; Lyons-Ruth, Repacholi,
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280 Marie-Camille Genet et al.

McLeod, & Silva, 1991). Malgré leur classification sécure à


la SE, ces enfants pourraient en réalité montrer des compor-
tements atypiques soit du spectre de la désorganisation de
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l’attachement soit de celui de l’évitement (insécurité), des
comportements que l’on pourrait observer, par ailleurs,
au sein d’autres situations d’interactions avec la mère ou
d’autres personnes que l’enfant ne connaît pas.
Du côté des mères : Comparativement aux mères de la
population contrôle, les mères présentant un TPB étaient
significativement plus insensibles de façon intrusive lors du
jeu d’apprentissage ; elles manifestaient plus de compor-
tements intrusifs à l’égard de leur enfant. Les mères des
deux bébés au type d’attachement apparemment sécure se
trouvaient parmi les plus intrusives insensibles. Au sein de
la population contrôle, les mères dont les enfants présen-
taient un type d’attachement désorganisé avaient un niveau
d’intrusion insensible plus élevé que le reste des mères de
cette même population, mais encore inférieur toutefois à
celui des mères présentant un TPB. Enfin, l’insensibilité
intrusive maternelle n’était corrélée ni à la disponibilité de
l’enfant à s’engager dans une relation positive avec l’étran-
gère, ni à la capacité de l’enfant à lui donner la spatule. Par
conséquent, l’intrusion maternelle n’entravait pas la socia-
bilité de l’enfant.
– « Comment les mères avec un trouble de personnalité
borderline entrent en relation avec leur enfant âgé
d’un an » (Hobson et al., 2009)
Dans la lignée de ces résultats, Hobson et al., (2009) ont
cherché à appréhender plus clairement les comportements
et particulièrement l’insensibilité de type intrusif, au sein
du mode de communication affective des mères présentant
un TPB à l’égard de leur enfant, au cours de la « Situation
Étrange ». Ils ont utilisé une méthode d’évaluation et de clas-
sification des formes perturbées et atypiques de la commu-
nication mère-bébé (AMBIANCE11 ; Lyons-Ruth et al.,
1999). Cette méthode se centre sur les ruptures au sein de la

11.  Atypical Maternal Behavior Instrument for Assessment and Classification


(Lyons-Ruth, Bronfman, Parsons, 1999).
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 281

communication affective et émotionnelle, et sur les effets


perturbateurs d’affects maternels non intégrés de peur,
d’hostilité ou d’anxiété. Des études ont montré que de tels
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affects étaient fortement liés, d’une part aux états d’esprits
non résolus en lien avec un trauma ou une perte à l’AAI et,
d’autre part, à l’attachement désorganisé chez l’enfant. En
effet, selon Lyons-Ruth et al. (2005), la perturbation de la
communication maternelle permet d’expliquer la relation
entre des représentations d’états d’esprit hostiles/impuissants
qui reflètent le type d’attachement maternel et l’attachement
désorganisé chez l’enfant. Par ailleurs, John Grienenberger
et al. (2005) avaient montré que sur une population de
45  mères et de leurs bébés âgés de 10 à 14  mois, un score
élevé obtenu à l’échelle AMBIANCE était inversement cor-
rélé aux scores concernant la fonction réflexive maternelle.
Hobson et al. (2009) ont coté les comportements des mères
de trois cohortes (avec troubles borderline, avec troubles
dépressifs et sans pathologie) en dénombrant les items sui-
vants (résumés) au cours de la « Situation Étrange » :
– Les erreurs dans la communication affective, tels que des
signaux contradictoires adressés à l’enfant ;
– La confusion des rôles, consistant pour la mère à attirer
l’attention de l’enfant sur soi en fonction de son propre
référentiel, sans tenir compte des signaux ou demandes
de celui-ci ;
– Les comportements effrayés ou désorientés ;
– Les comportements verbaux et physiques, négatifs et
intrusifs à l’égard de l’enfant ;
– Les comportements de retrait ou de mise à distance de
l’enfant.
Résultats concernant la cotation des comportements et
des modes de communication maternels : D’après leurs résul-
tats, la quasi-totalité des mères présentant un TPB faisaient
preuve de patterns de communication affective perturbés à
l’égard de l’enfant comparativement aux mères déprimées et
aux mères sans pathologie. Si deux mères présentant un TPB
seulement n’obtenaient pas un score suffisant pour être clas-
sées dans le groupe des patterns de communication pertur-
bés, les enfants de ces mères présentaient pourtant un type
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282 Marie-Camille Genet et al.

d’attachement désorganisé, ce qui, selon les auteurs, met-


taient en lumière de possibles difficultés relationnelles mère-
bébé. Enfin, ce type de communication affective perturbée
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était même spécifique aux mères présentant un TPB puisque
ces dernières présentaient significativement beaucoup plus
de comportements de type effrayés ou désorientés. Ceux-là
étaient rares au sein des populations de mères déprimées ou
sans pathologie. Ces résultats ont mis en exergue les consé-
quences du trouble de personnalité borderline d’un point de
vue psychopathologique sur les relations interpersonnelles,
et particulièrement sur les relations mère-bébé, lorsque ce
dernier se trouve dans une relation de détresse (on pourrait
dire, d’activation de ses besoins d’attachement) qui met la
mère en difficulté. En plus de montrer des modes de commu-
nication affective perturbée, les mères borderline montraient
significativement plus de comportements de peur ou de déso-
rientation à l’égard de l’enfant, face à ses demandes d’affec-
tion ou d’attention ; or de tels comportements sont fortement
associés (corrélés) à l’attachement désorganisé chez l’enfant
(Hesse et Main, 2006 ; Abrams et al., 2006).
La dernière recherche centrée sur l’étude de l’atta-
chement des enfants de mères présentant un TPB porte
sur l’évaluation des représentations d’attachement au sein
d’une population d’enfants plus âgés. Pour avoir accès aux
représentations d’attachement chez l’enfant, liées à ses
« Modèles Internes Opérants » (Bowlby, 1969, 1980), diffé-
rentes méthodes basées sur le récit de l’enfant ont été mises
au point. Elles se situent dans la continuité des études portant
sur les représentations d’attachement de l’adulte à l’AAI qui
avaient permis le développement des études sur les relations
entre modalités d’attachement du bébé et qualité des repré-
sentations d’attachement chez les parents (particulièrement
chez la mère).
Un groupe de chercheurs, le « MacArthur Narrative
Working Group », dirigé par Inge Bretherton et David
Oppenheim, a élaboré une procédure standardisée d’his-
toires à compléter (Bretherton, Prentiss et Ridgeway, 1990).
Une version plus courte et spécifiquement orientée vers les
thématiques d’attachement en a été à l’origine (Bretherton,
Ridgeway et Cassidy, 1990). Ce test de complément d’histoire
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 283

place l’enfant dans une situation de récit associée à la néces-


sité d’une mise en scène sous la forme d’un jeu symbolique
avec des personnages où ce dernier est confronté à des situa-
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tions problématiques de plus en plus difficiles et censées acti-
ver son système de représentations d’attachement.
– « Représentations de la relation entre le caregiver et
l’enfant, de soi, et régulation émotionnelle au sein des
narratifs de jeunes enfants de mères ayant un trouble
de personnalité borderline » (Macfie et Swan, 2009)
À notre connaissance, il n’existe qu’une seule étude por-
tant sur les caractéristiques des narratifs d’enfants de mère
borderline. Il s’agit de celle de Jenny Macfie et Scott Swann
(2009). Ceux-ci ont évalué la qualité des représentations
d’attachement entre la mère et l’enfant, chez des enfants de
mères présentant un TPB, âgés de 4 à 7 ans, comparative-
ment à celle d’enfants d’une population contrôle. Ils ont éga-
lement estimé chez ces enfants les représentations parentales
(du donneur de soins ou caregiver), de soi, et les représen-
tations de relations entre le donneur de soins et soi, ainsi que
des aspects de la régulation émotionnelle de l’enfant. En se
plaçant du point de vue de la psychologie du développement,
les auteurs sont partis de l’idée que des précurseurs du
trouble de personnalité borderline pourraient être en partie
appréhendés par le biais de représentations mentales néga-
tives, développées précocement depuis l’enfance (Carlson,
Sroufe et Egeland, 2004). Ces représentations mentales aug-
menteraient la probabilité de développer, à l’âge adulte, un
trouble de personnalité borderline.
Macfie et Swan ont utilisé dix histoires à compléter :
parmi ces histoires, cinq ont pour but d’activer le système
d’attachement de l’enfant, il s’agit de l’ASCT12 (Attachment
Story Completion Task ;  Bretherton et al., 1990) et cinq
autres histoires servent à évaluer le développement moral

12.  l’Attachment Story Completion Task a été développé par Bretherton et al.
(1990). Il permet un accès aux représentations d’attachement de l’enfant au travers
du récit et de la mise en scène d’histoires dont les débuts lui sont proposés avec
des personnages représentant les membres d’une famille. Les thèmes abordés ont
pour but d’activer son système d’attachement. Pierrehumbert (2003) a montré une
corrélation entre la cohérence des récits et la catégorie d’attachement sécure. Le
contenu positif des histoires est aussi fortement corrélé à la sensibilité maternelle.
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284 Marie-Camille Genet et al.

chez l’enfant, la MSSB (MacArthur Story-Stem Battery ;


Bretherton et al., 1990). L’enfant doit raconter la suite de
ces débuts d’histoires mettant en scène les relations d’atta-
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chement, au sein de situations interpersonnelles stressantes
pour l’enfant et liées à l’exercice de la discipline parentale,
au confort parental ou encore aux disputes parentales. Les
représentations issues du récit de l’enfant reflètent tant
les expériences actuelles de celui-ci au moment de l’évalua-
tion que ses modèles internes opérants d’attachement, en lien
avec ses représentations du donneur de soins, de soi, et ses
capacités de régulation émotionnelle. Une importance parti-
culière est accordée à la cohérence des récits de l’enfant.
Sans parler de la qualité de l’attachement des enfants
dont ils ont évalué les représentations d’attachement, les
auteurs ont cherché à mettre en évidence, au sein des nar-
ratifs, la présence de représentations caractéristiques des
modes de relations parents-enfants, notamment en ce qui
concerne l’attachement désorganisé chez l’enfant d’âge sco-
laire. Ils sont partis des résultats de Hobson et al. (2005)
faisant état du fort pourcentage d’attachement désorganisé
chez les enfants de mères présentant un TPB, et de l’idée
selon laquelle l’inversion des rôles au sein de la relation
parent-enfant dans la littérature anglophone constitue une
caractéristique de ces relations parent-enfants (Macfie et al.,
2008).
Résultats obtenus : Comparativement à ceux de la popu-
lation contrôle, les narratifs d’enfants de mères présentant
un TPB contenaient significativement plus d’inversion des
rôles (par exemple, des récits où l’enfant donnait des ordres
aux parents). Dans leur récit, il était retrouvé la peur d’être
abandonné par les parents ainsi que de nombreux éléments
d’attentes négatives vis-à-vis des relations mère-enfant et
père-enfant. Il se dégageait de ces relations, au cours du
récit, un sentiment de danger et/ou d’imprévisibilité. Les
enfants de mères présentant un TPB racontaient des histoires
au sein desquelles les représentations de l’enfant étaient
plus souvent « incongrues » (par exemple, l’enfant range
sa chambre puis détruit tout ce qui s’y trouve) ou « hon-
teuses » (l’enfant dit être mauvais), mais pas plus « néga-
tives », contrairement à leurs hypothèses initiales. De telles
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 285

représentations de soi faisaient écho à celles qui avaient été


retrouvées dans les études utilisant les tests des histoires
à compléter auprès de populations d’enfants maltraités
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(Toth, Cicchetti, Macfie, et Emde, 1997 ; Toth, Cicchetti,
Macfie, Maughan, et al., 2000). Enfin, les enfants de mères
présentant un TPB faisaient preuve d’une mauvaise régu-
lation émotionnelle. Comparativement à la population
témoin, ils étaient moins capables de faire la distinction
entre leurs fantasmes et la réalité, notamment en ce qui
concerne les représentations qu’ils avaient d’eux-mêmes.
Ils étaient plus enclins à s’écarter de la question posée, sans
apporter de résolution à l’histoire proposée, et leurs récits
allaient vers des thèmes à dominance fantastique ou fantas-
matique. Leur narration était moins cohérente et laissait
apparaître des intrusions de thèmes traumatiques au cours
des histoires.
Les corrélations entre les caractéristiques des narratifs
des enfants et les symptômes du TPB maternel : Macfie et
Swan (2009) ont tenté de chercher d’éventuelles corrélations
entre des caractéristiques des narratifs des enfants et des
traits du trouble de personnalité borderline de leur mère,
tels qu’ils sont décrits dans le DSM-IV. Ils ont considéré les
éventuels épisodes dépressifs majeurs chez les mères comme
une co-variable. Les caractéristiques des représentations de
l’enfant, au sein des narratifs des enfants de mères présentant
un TPB, et celles de la régulation émotionnelle étaient signi-
ficativement corrélées avec des traits du trouble borderline
maternel. Plus particulièrement, au sein des narratifs des
enfants de mères présentant un TPB, une variable décrivant
une « relation donneur de soin-enfant de mauvaise qualité »
(construite par l’ensemble des traits négatifs se rapportant à
cette relation, en soustrayant les traits positifs) était liée à la
présence des symptômes de perturbations de l’identité et des
conduites auto-dangereuses chez la mère. Une variable décri-
vant des représentations de soi inadaptées chez l’enfant était
aussi liée à des conduites auto-dangereuses chez ces mères.
Enfin, une variable décrivant une mauvaise régulation émo-
tionnelle chez l’enfant était liée à la présence, chez les mères
borderline, de plusieurs traits appartenant à ce trouble
de personnalité : la confusion de l’identité, les relations
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286 Marie-Camille Genet et al.

interpersonnelles perturbées, des conduites auto-dangereuses


et, de façon marginale, l’instabilité affective.
Par cette étude, Macfie et Swan souhaitaient apporter
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des éléments de réflexion quant au risque, pour les enfants
de mères présentant un TPB, de développer le même trouble
de personnalité. Ils sont partis de l’idée selon laquelle il exis-
terait une continuité au sein des représentations mentales
liées aux « Modèles Internes Opérants » développés précoce-
ment qui pourraient prendre des formes différentes en fonc-
tion de l’âge du sujet, au cours de son développement, mais
être cependant porteuses de la même signification (Carlson
et al., 2004).
Ainsi, un enfant d’âge scolaire qui évoquerait la peur
d’être abandonné au sein de ses narratifs pourrait, plus tard,
en tant que jeune adulte, éprouver cette peur au sein de ses
relations aux autres. De même, un enfant dont les représen-
tations parentales traduiraient des attentes négatives à leur
égard serait susceptible de développer en lui de la colère et/
ou de la défiance envers les autres, au sein de ses futures
relations qui pourraient devenir intenses, instables et mar-
quées par des éclats de colère inappropriés.
Un jeune enfant qui présente peu de capacité de
régulation émotionnelle pourrait faire preuve de cette
même incapacité à s’autoréguler, à l’âge adulte, dans des
moments de détresse émotionnelle. Une des hypothèses
que nous formulons ici serait que le manque de régu-
lation dyadique ou maternelle au sein des interactions
précoces, en lien avec le trouble de personnalité border-
line maternel, mettrait l’enfant en incapacité d’intério-
riser cette fonction pour lui-même. Ces enfants seraient
à risque de développer les mêmes difficultés de régulation
émotionnelle (un des symptômes du TPB) déjà mises en
évidence par le biais des narratifs. Ce manque de régu-
lation émotionnelle maternelle pour le bébé serait en lien
avec un défaut de capacité de conscience réflexive que
l’on retrouve chez les sujets présentant un TPB (Fonagy,
Target ; 1997 ; Fonagy, 2004).
Enfin, ce défaut de capacité de régulation émotionnelle
chez l’enfant, en lien avec le trouble maternel et les inter-
actions précoces, entrainerait chez l’enfant un sens de soi
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 287

qui serait biaisé puisqu’il passerait par une régulation plus


somatique neuro-végétative, donc plus « automatique ou
inconsciente » (Apter, 2004). Toutefois, ce trouble de la
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régulation émotionnelle dyadique se retrouverait au sein
des interactions, pour l’ensemble des dyades dont la mère
est atteinte d’un TPB, mais n’aurait pas les mêmes consé-
quences chez tous les enfants. Ces différences au niveau des
conséquences sur l’enfant pourraient notamment se perce-
voir au travers du développement de différentes stratégies
comportementales d’attachement ou encore du développe-
ment de personnalité en faux Self (Winnicott). Selon Macfie
et Swan citant Bradley et Westen (2005), ce défaut d’inté-
riorisation des capacités de régulation émotionnelle pourrait
être à l’origine du développement à l’âge adulte de conduites
addictives, dans un but auto-calmant.
Les résultats de Macfie et Swan ont également montré
une corrélation entre les conduites auto-dangereuses mater-
nelles et une variable rassemblant des traits caractéristiques
de capacités narratives inadaptées chez l’enfant (des repré-
sentations de soi et des relations inadaptées, ainsi qu’une
mauvaise régulation émotionnelle.) Ce résultat est parti-
culièrement intéressant car, d’une part, comme le soulignent
les auteurs, les conduites auto-dangereuses ont été mises en
lien avec le fait de n’avoir pu éprouver précocement dans
l’enfance des relations fiables ou gratifiantes. D’autre part,
ces conduites ont été reliées à l’échec de l’instauration du
sentiment d’être digne de recevoir des soins ainsi qu’à un
défaut de modulation ou de régulation des émotions et de
l’éveil de la peur. Ces échecs au cours d’étapes saillantes du
développement du sujet, notamment en termes de développe-
ment du sens de soi, de l’autorégulation et de l’attachement,
pourraient ensuite mener au développement de conduites
compensatoires inadaptées (Yates, 2004).
Mise en lien de leurs résultats avec le concept de dis-
sociation développé dans la littérature anglophone ainsi
qu’avec les données concernant l’attachement désorga-
nisé : Macfie et Swan ont mis leurs résultats concernant
les difficultés de régulation émotionnelle observées par le
biais des narratifs d’enfants de mères atteintes de TPB
en parallèle avec d’autres données reflétant la présence
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288 Marie-Camille Genet et al.

d’éléments de dissociation chez les enfants ayant été mal-


traités (Macfie et al., 2001).
Dans la littérature anglophone, le concept de « disso-
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ciation » est un trait du trouble de personnalité borderline
(APA13, 1996). Il se réfère à « des perturbations de fonctions
habituellement intégrées de la conscience, de la mémoire, de
l’identité, ou de la perception de l’environnement ». Cette
« dissociation » a également été décrite comme l’échec des
processus informatifs lors d’un trauma, s’accompagnant
d’une perturbation de la régulation émotionnelle, en lien
avec l’inondation du système nerveux sympathique par les
hormones du stress (Macfie et Swan, 2009, citant Bower et
Sivers, 1998).
Dans la littérature, la « dissociation » est aussi liée
à l’attachement désorganisé durant l’enfance (Carlson,
1998 ; Ogawa, Sroufe, Weinfield, Carlson et Egeland, 1997).
L’hypothèse, ici, serait que l’attachement désorganisé au
cours de l’enfance favoriserait des réactions de « dissocia-
tion » face aux événements traumatiques pouvant survenir
au cours du développement. Les effets cumulés de ces « expé-
riences de dissociation » mèneraient à des troubles complexes
et chroniques à l’âge adulte. Les enfants ayant présenté un
attachement précoce désorganisé seraient donc plus vulné-
rables aux états de stress post-traumatique (MacDonald
et al., 2008). Or la plupart des enfants de mères avec des
troubles de personnalité borderline montrent, selon la litté-
rature (Hobson et al. 2005), un attachement désorganisé et
sont, par conséquent, à risque de développer des symptômes
dissociatifs à l’âge adulte.
Cette difficulté dans la régulation émotionnelle lors de
moments de stress pourrait également être impliquée dans
la genèse du développement du TPB. Les auteurs, à la
lumière des résultats de Tuppett Yates, Elizabeth Carlson
et Byron Egeland (2008), ont alors insisté sur le fait que la
« dissociation » pourrait faire le lien entre des antécédents

13. American Psychiatric Association (1996), DSM-IV : « Disruption of the


usually integrated functions of consciousness, memory, identity, or perception of
the environment. »
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 289

d’abus sexuels au cours de l’enfance et des conduites auto-


dangereuses à l’âge adulte.
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Études chez les enfants plus grands d’âge scolaire et/ou
adolescents
Parmi les études de notre revue de la littérature, quatre
d’entre elles évaluent de façon empirique les enfants de mères
présentant un TPB sur un très large intervalle d’âge : (Feldman,
Zelkowitz, Weiss, Vogel, Heyman, Paris, 1995 ; Weiss,
Zelkowitz, Feldman, Vogel, Heyman, Paris, 1996 ; Abela,
Skitch, Auerbach, Adams, 2005 ; Barnow, Spitzer, Grabe,
Kessler, Freyberger, 2006). Nous résumerons chronologique-
ment ci-dessous plus succinctement, par choix, ces travaux.
Leurs résultats sont limités en raison de l’important écart
d’âge des enfants que les auteurs ont évalués. Ces études nous
renseignent partiellement sur la psychopathologie des enfants
ou préadolescents de mères présentant un TPB bien que nous
ne cherchions pas à développer les données au-delà de l’âge de
l’enfance. Elles apportent toutefois ainsi un bref aperçu des
besoins futurs d’études longitudinales plus longues.
Dans la littérature anglophone, au sein des études que
nous avons répertoriées, les enfants d’âges scolaires et/ou
adolescents de mères présentant un TPB sont décrits comme
étant à risque de troubles dits internalisés et externalisés.
– « Une comparaison de familles au sein desquelles la
mère présente ou non un trouble de la personnalité
borderline » (Feldman et al., 1995)
Cette étude concernait des enfants âgés de 4 à 18 ans. Selon
leurs résultats, comparativement aux enfants de mères pré-
sentant un autre trouble de personnalité, les enfants de mères
borderline avaient plus de chance de faire l’expérience de
réaménagements au sein des ménages parentaux (de familles
recomposées) et de changements de cadre scolaire ou de vie. Ils
étaient également plus exposés à l’abus de drogue ou d’alcool
de la part des parents et aux tentatives de suicide maternelles.
Ces familles étaient caractérisées par des niveaux élevés d’ins-
tabilité, de conflit et de désorganisation et un faible niveau de
cohésion et de satisfaction quand à l’environnement familial.
- © PUF -
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290 Marie-Camille Genet et al.

– « Psychopathologie des enfants de mères présentant


un TPB : une étude pilote » (Weiss et al., 1996)
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Selon cette étude issue de la même équipe que la précé-
dente, ces mêmes enfants (pour lesquels les auteurs avaient
contrôlé la présence d’antécédents d’événements trauma-
­ti­ques ou de mauvais traitements) présentaient plus de
troubles de l’attention et de l’hyperactivité, ainsi que
d’autres troubles du comportement et plus de symptômes du
trouble de personnalité borderline, comparativement à une
population contrôle pour laquelle les mères présentaient
d’autres troubles de personnalité. Leurs résultats rejoignent
ceux de Paul Links et al. (1988), selon lesquels on retrouve
une plus forte prévalence de troubles appartenant au spectre
des troubles liés à l’impulsivité et des TPB au sein des des-
cendants du premier degré de patients présentant un TPB.
Les implications cliniques de cette étude sont très impor-
tantes car celle-ci a montré que les enfants de mères présen-
tant un TPB présentaient plus de diagnostics psychiatriques
dont le TPB, des troubles du comportement et du fonction-
nement au sens large, entre 4 et 18 ans, comparativement à
des enfants dont les mères présentaient un autre trouble de
personnalité. Les antécédents de traumatismes seulement,
bien que très fréquents au sein des deux populations (plus de
90%, sans différence significative entre les deux groupes), ne
permettaient pas de rendre compte du risque accru chez les
enfants de mères avec TPB de présenter un trouble psycho-
pathologique. Selon les résultats de cette étude, le trouble de
personnalité borderline maternel constitue un facteur signi-
ficativement relié au développement ultérieur de psychopa-
thologie chez l’enfant d’âge scolaire ou chez l’adolescent.
Il est probable que les parents présentant un TPB et
leurs enfants aient en commun des vulnérabilités d’ordre
biologique, particulièrement en ce qui concerne l’impulsi-
vité. Selon les auteurs, cette probable vulnérabilité biolo-
gique pourrait expliquer la raison pour laquelle les enfants
de mères présentant un TPB présenteraient plus de psycho-
pathologie que ceux de la population contrôle alors même
qu’ils ont observé des taux équivalents en terme d’antécé-
dents traumatiques. Ils soulignent également qu’ils ont noté
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 291

des différences familiales importantes entre les deux groupes


dans leur précédente étude.
Toutefois, les auteurs concluent que leurs résultats ne
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permettent pas de conclure sur la nature des causes (bio-
logique, psychologique ou les deux ?) responsables de cette
présence importante de psychopathologie chez les enfants de
mères présentant un TPB.
– « Impact du TPB sur la vulnérabilité face à la
dépression des enfants de parents présentant un
trouble affectif » (Abela et al., 2005)
L’étude de John Abela et al. (2005) a été réalisée sur
140  enfants âgés de 6 à 14  ans. Elle a évalué la vulnérabi-
lité aux épisodes dépressifs des enfants de parents border-
line (mère ou père) présentant ou ayant présenté un épisode
dépressif majeur, comparativement à ceux dont un des parents
ne présentaient ou n’avaient présenté qu’un épisode dépressif
majeur. Si cette étude a également inclus des enfants de pères
présentant ces pathologies, les auteurs ont précisé que les
résultats étaient les mêmes, lorsqu’ils excluaient ces derniers.
Selon leurs résultats, les enfants de parents présentant
un trouble de personnalité borderline ainsi qu’un trouble
dépressif majeur (TPB+MDD14) présentaient plus de symp-
tômes dépressifs (et plus francs) et avaient 6.8 fois plus de
risque d’avoir présenté au moins une fois un épisode dépres-
sif majeur. Ces enfants de parents (TPB+MDD) présentaient
également des scores plus élevés aux facteurs de vulnéra-
bilité cognitive et interpersonnelle de dépression, compa-
rativement aux enfants de parents présentant seulement
un épisode dépressif majeur. Ces facteurs de vulnérabilité
étaient évalués à l’aide d’auto-questionnaires. Ces résultats
persistaient même lorsque les auteurs contrôlaient la présence
d’un épisode dépressif majeur chez la mère au moment de
l’évaluation, ce qui selon ces derniers vient mettre en lumière
les facteurs de vulnérabilité liés au trouble de personnalité
borderline parental et aux épisodes dépressifs pour l’enfant.
Les individus présentant de tels facteurs de vulnérabilité aux
épisodes dépressifs seraient plus susceptibles de souffrir d’un

14. MDD = Major Depressive Disorder


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292 Marie-Camille Genet et al.

épisode dépressif à la suite d’événements négatifs ou parti-


culièrement stressants. Or les enfants de mères présentant
un TPB peuvent être particulièrement exposés à plusieurs
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négligences de la part de leurs parents voire à leurs tenta-
tives de suicide (Feldman et al., 1995 ; Weiss et al., 1996).
Par conséquent, les enfants de parents présentant un TPB
ainsi qu’un trouble dépressif majeur pourraient présenter
un double risque en termes de facteurs de vulnérabilité mais
aussi de risque d’être exposés à des événements douloureux,
susceptibles d’être à l’origine d’épisodes dépressifs.
Toutefois, les auteurs ont souligné que d’autres facteurs
pouvaient aussi avoir influencé ce lien entre le TPB parental
et les symptômes dépressifs chez leurs enfants. Bien qu’il
existe des preuves mixtes allant dans le sens de facteurs géné-
tiques communs entre le TPB et les troubles dépressifs, des
recherches récentes ont suggéré que certains symptômes bor-
derline, telle que la dysrégulation émotionnelle, pouvaient
présenter un degré modéré d’héritabilité (Skodol et al.,
2002). Les perturbations de la régulation émotionnelle ont
en effet été reliées au développement d’une symptomatologie
dépressive (Chaplin et Cole, 2005), les liens entre le TPB
parental et les troubles dépressifs chez l’enfant peuvent donc
faire coexister des facteurs de vulnérabilité d’ordre biolo-
gique, tout autant que cognitif et interpersonnels.
– « Caractéristiques individuelles, expérience familiale
et psychopathologie des enfants de mères présentant
un TPB » (Barnow et al., 2006)
Sven Barnow et al. (2006) ont évalué la psychopatho-
logie ainsi que certaines caractéristiques individuelles
et familiales d’une population d’adolescents et de pré-
adolescents âgés de 11 à 18 ans de mères présentant un TPB
(n=23), comparativement à des adolescents de plusieurs
populations. Les groupes comparatifs étaient faits d’ado-
lescents de mères 1/ sans pathologie, 2/ ayant un trouble de
personnalité du cluster C15, 3/ ou encore de mères avec un
trouble dépressif. Les mères et les enfants devaient donc

15.  Le « cluster C » rassemble les troubles de personnalité : évitante, dépen-


dante et obsessionnelle-compulsive.
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 293

remplir des auto-questionnaires concernant le tempérament


de l’enfant, et d’autres caractéristiques propres à l’enfant
ou à la famille (voir en annexe le tableau récapitulatif des
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échelles et auto-questionnaires).
Leurs résultats ont montré que les enfants de mères pré-
sentant un TPB décrivaient leur mère comme étant surpro-
tectrice, comparativement aux adolescents de tous les autres
groupes. En ce qui concerne le tempérament, les adolescents
des mères présentant un TPB obtenaient des scores significa-
tivement plus élevés d’évitement du danger comparativement
à ceux des mères présentant un TP du cluster C. En ce qui
concerne la psychopathologie des adolescents, leurs résultats
étaient issus d’auto-questionnaires en partie remplis par les
mères et pour l’autre partie par les adolescents.
Ils ont mis en évidence une plus forte prévalence de
symptômes psychopathologiques chez les enfants de mères
présentant un TPB. Leurs résultats ont montré que compa-
rativement à ceux des autres groupes contrôles, les ado-
lescents des mères présentant un TPB obtenaient les scores
les plus élevés en ce qui concerne les problèmes de compor-
tement ; toutefois, ces scores n’étaient significativement
plus élevés que comparativement au groupe pour lequel
les mères ne présentaient aucune pathologie. D’un point
de vue comportemental, en ce qui concerne le spectre des
problèmes liés à l’impulsivité, les adolescents de mères pré-
sentant un TPB avaient ainsi plus de problèmes de concen-
tration et d’attention, de délinquance, et d’agressivité. De
plus, ils présentaient significativement plus de problèmes
d’ordre émotionnel avec plus de symptômes d’anxiété et de
dépression, ainsi qu’une moins bonne estime de soi et plus
de plaintes physiques, comparativement aux adolescents des
mères sans troubles psychiatriques ou ayant présenté un épi-
sode dépressif majeur, ou encore ayant un autre trouble de
personnalité. Ces données viennent mettre en exergue une
forte instabilité affective chez ces adolescents.
Enfin, chez les adolescents de mères présentant un TPB
les auteurs ont observé des taux particulièrement élevés de
tendances suicidaires, même si la différence avec ceux des
autres groupes n’était pas significative : 39% d’entre eux
faisaient état d’un désir de mourir ; 26% d’une idéation
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294 Marie-Camille Genet et al.

suicidaire ; et 9% d’entre eux avaient déjà fait des tenta-


tives de suicide.
Les adolescents des mères présentant un TPB décri-
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vaient plus fréquemment leur mère comme étant surpro-
tectrice, comparativement aux adolescents des autres
groupes. Les auteurs ont précisé que cette évaluation était
en lien avec les items suivants : la mère peut être surinves-
tie, peut induire des sentiments de honte ou de culpabilité,
peut agir de façon très anxieuse, peut imposer à l’enfant
les vêtements qu’il doit porter. Selon les auteurs, de tels
comportements pourraient donc être en lien avec le style
parental décrit par Marsha Linehan (1993) au sein duquel
les pensées et ressentis de l’enfant seraient invalidés par
la mère. Linehan, partant de l’importance des expériences
liées à l’environnement familial dans l’étiologie du TPB,
avait mis l’accent sur le rôle majeur du caractère inva-
lidant que pouvait avoir un tel environnement dans cette
étiologie. Il avait décrit ce dernier comme pouvant poten-
tiellement ignorer, écarter ou encore punir l’expression de
ressentis de l’enfant. Des études de patients présentant un
TPB parlant de leur propre mère avaient aussi fait état de
relations particulièrement conflictuelles, surinvesties ou
sous-investies, rejetantes et inconsistantes (Paris et al.,
1994 ; Zanarini et al., 1997).
Par conséquent, dans cette étude, ce sentiment de surpro-
tection maternelle pourrait être un indicateur d’une volonté
maternelle d’exercer un certain contrôle sur l’enfant plutôt
que de lui fournir les soins dont il a besoin. Le besoin d’auto-
nomie de l’enfant serait alors dénié par la mère. Toutefois,
ces résultats méritent d’être répliqués sur de plus grands
échantillons.
Les résultats de Barnow et al. (2006) vont dans le sens
d’une étiologie multifactorielle du TPB pour laquelle les
facteurs liés au tempérament de l’enfant et aux caracté-
ristiques de l’environnement familial influenceraient le
risque psychopathologique pour les enfants de mères pré-
sentant un TPB, comme l’avaient souligné Mary Zanarini
et al. (2005). Ainsi, les enfants de mères présentant un
TPB sont-ils à risque d’être exposés à une combinaison
de facteurs de risque pour le développement de problèmes
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 295

comportementaux, émotionnels et somatiques. Les résultats


de Barnow et al. (2006) suggèrent que plusieurs symptômes
pourraient être liés à ce risque accru de développer des
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éléments psychopathologiques sévères : d’une part, le fait
que les adolescents se décrivent comme nerveux, inhibés,
timides et manquant d’estime de soi dans la plupart des
situations sociales ; d’autre part, cette forte prévalence de
problèmes émotionnels et/ou comportementaux ainsi que
ces tendances suicidaires.

Limites de ces Études et discussion des rÉsultats

Si l’on considère l’ensemble de ces études, une compa-


raison des principaux résultats semble montrer différentes
informations particulièrement importantes. Quelques élé-
ments concernant des différences au sein des échantillons
sont à souligner.

Le choix des populations


La plupart des études ont présenté des résultats sur de
petits échantillons de population, il semble que cela soit par-
tiellement lié à la difficulté de suivre les sujets présentant un
TPB, à établir une relation de confiance suffisamment stable
et durable, comme le souligne la plupart des études.
Ces dernières ont basé leurs critères diagnostiques sur le
DSM-IV, en dehors de l’étude de Kiel et al. (2011). Celle-ci
ne portait pas sur des mères présentant un TPB selon le
DSM-IV, mais avait pour but de comparer les interactions
entre des dyades pour lesquelles les mères présentaient de
nombreux symptômes borderline ou des « niveaux clini-
quement pertinents de pathologie borderline » et d’autres
qui ne présentaient pas ces mêmes symptômes. La raison
pour laquelle les auteurs n’ont pas établi clairement ce dia-
gnostic demeure peu claire à nos yeux. Elle ne nous permet
pas de considérer avec certitude que les résultats issus de
cette étude sont caractéristiques d’un échantillon de mères
atteintes de TPB, bien qu’ils restent particulièrement
pertinents.
- © PUF -
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296 Marie-Camille Genet et al.

La question des co-morbidités, en particulier les épisodes


dépressifs
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Certaines études n’ont pas évalué de possibles co-
morbidités, notamment avec les épisodes dépressifs. Or,
nous savons qu’il s’agit d’une association fréquente dans
les troubles borderline (Zanarini et al., 1998 ; Apter,
Devouche et al., 2012 ; Apter-Danon et Candillis-Huisman,
2005). Certaines études ne précisent pas si les mères avec
TPB étaient ou non (ou avaient été) déprimées (Newman et
al., 2007). Par ailleurs, l’EPDS16 inférieur à 13 a pu éga-
lement majorer certains comportements au sein de leurs
populations (contrôle et TPB), notamment dans le sens
d’une inhibition dépressive en lien avec des comportements
de retrait observés dans l’étude de Newman et al. Le score
de 13 constitue en effet un score relativement élevé (le cut
off habituellement appliqué se situerait plutôt autour d’un
score compris entre 9 et 11). Par ailleurs, il semble qu’en
plus des épisodes dépressifs récurrents ou d’une dimension
dépressive importante au sein du TPB, ce dernier soit
souvent associé à d’autres troubles de la personnalité. Ces
autres troubles pourraient avoir des conséquences psycho-
pathologiques dont les possibles répercussions sur l’enfant
devraient être étudiées. La plupart des études se limitent
pourtant à n’inclure dans leurs échantillons que des mères
avec un TPB sans autre TP par ailleurs.
La fréquence d’épisode(s) dépressif(s) majeur(s) au sein
des échantillons de mères présentant un TPB est telle que
certains auteurs s’interrogent sur la probabilité pour que des
mères catégorisées avec TPB et des mères présentant un TPB
avec des épisodes dépressifs majeurs puissent ne constituer
qu’un seul et même groupe (White et al., 2011). Enfin, si la
présence d’un épisode dépressif était souvent évalué en tant
que co-variable au moment des études, les recherches por-
tant sur les enfants plus âgés ne donnent pas d’informations
sur la présence ou non d’épisode(s) dépressif(s) majeur(s) au
cours de la première année de vie de l’enfant (post-partum),

16.  Edinburgh Postnatal Depression Scale (Echelle de dépression post-natale


d’Edinburgh) (Cox, Holden, Sagovsky, 1987).
- © PUF -
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 297

épisodes qui pourraient avoir joué un rôle majeur dans l’his-


toire du développement de celui-ci.
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Les éventuels suivis psychothérapeutiques
Une différence majeure entre les études se situe au niveau
d’éventuels suivis psychothérapeutiques. Pour la plupart
des recherches, nous ne savons pas si ces mères ont demandé
et/ou se sont vu proposer une prise en charge psychothéra-
peutique pour elle-même ou avec leur bébé. Seule l’étude de
Newman et al. (2007) précise que 50 à 60% des mères avec
un TPB avaient, au préalable, bénéficié d’une psychothé-
rapie individuelle. Enfin, en ce qui concerne l’étude d’Apter-
Danon et Candilis-Huisman (2005), l’intégralité des dyades
bénéficiaient ou avaient bénéficié d’un suivi mère-bébé. Kiel
et al. (2011) ont souligné que leurs analyses devraient être
reproduites sur un échantillon clinique, c’est-à-dire sur un
échantillon de personnes en demande d’aide face à leurs
difficultés d’expression émotionnelle. Toutes les études por-
taient sur des échantillons avec un petit intervalle d’âge (des
enfants du même âge), en ce qui concerne l’enfant, en dehors
de l’étude de Newman et al. (2007) pour laquelle les enfants
étaient âgés de 3 à 36 mois et celle de Ronald Feldman et al.
(1995) portant sur des enfants âgés de 4 à 18 ans. Il semble
difficile de comparer des interactions mère-bébé, si les bébés
ont des âges trop différents.
Enfin ces études ne précisent pas si l’on retrouvait, dans
les antécédents ou l’histoire des mères, des traumatismes en
lien avec des carences ou des maltraitances ou encore des
deuils au cours de leur enfance. La notion de traumatisme
précoce en tant que facteur pathogénique est admise par la
plupart des auteurs. La recherche des traumatismes dans les
données anamnestiques est donc importante. Elle est men-
tionnée dans la majorité des études anglo-saxonnes. Par
ailleurs, la littérature sur les recherches cliniques psycha-
nalytiques fait aussi état de l’importance de ces antécédents
traumatiques ou douloureux (Le Nestour et al., 2007). De
plus, il semble que l’intensité des événements trauma-
tiques soit directement corrélée à la gravité de la sympto-
matologie borderline (Zanarini, 2002). Enfin, on sait que de
- © PUF -
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298 Marie-Camille Genet et al.

tels traumatismes peuvent avoir de lourdes répercussions,


notamment sur la qualité de l’attachement des sujets et de
leurs relations interpersonnelles, comme en témoignent
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les études portant sur l’attachement à l’aide de l’AAI. Ces
études font état de la désorganisation de l’attachement de
ces sujets dont le traumatisme reste non résolu ; elles pro-
posent de relier cette non-résolution à l’attachement désor-
ganisé chez leurs enfants (Main & Hesse, 1990).

Les effets des donneurs de soin (caregivers) sur les


interactions et sur la qualité de l’attachement de l’enfant
L’étude de la qualité de l’attachement de l’enfant s’appré-
hende au sein d’un modèle développemental complexe,
accordant une importance particulière à l’influence des
comportements des donneurs de soin (caregivers) à l’égard
de l’enfant et par conséquent à la qualité de leurs interac-
tions. Déjà, durant la grossesse, l’évaluation de la qualité
de l’attachement maternel permet de prédire dans 70% des
cas les patterns d’attachement de l’enfant (van Ijzendoorn
et al., 1999). De plus, la qualité de l’attachement de l’enfant
à l’égard de ses figures d’attachement précoces est positi-
vement corrélée à la qualité de sa future adaptation sociale
(Main, Kaplan, & Cassidy, 1985 ; Suess, Grossmann,
& Sroufe, 1992).
En ce qui concerne les TPB, plusieurs études font état du
manque de sensibilité maternelle à l’égard du bébé et par-
ticulièrement de comportements intrusifs (Crandell et al.,
2003 ; Apter-Danon et Candilis-Huisman, 2005 ; Newman
et al., 2007 ; Hobson et al., 2005, 2009 ; Kiel et al., 2011).
L’intrusion pourrait alterner avec des comportements de
retrait, par ailleurs souvent décrits dans littérature (Le
Nestour et al., 2007). Ces différentes études ont permis de
mettre en lumière ce que même une clinique fine de ces dyades
ne peut clairement appréhender, tant ces dysfonctionnements
interactifs semblent paradoxaux, voire imperceptibles.
Toutefois, il semble que ce manque de sensibilité mater-
nelle à l’égard du bébé soit particulièrement plus perceptible
ou accentué face à la détresse de l’enfant (Kiel et al., 2011 ;
Hobson et al., 2009). Ce manque de sensibilité à l’égard de
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 299

l’enfant et ces comportements intrusifs font par ailleurs écho


à l’inconsistance maternelle alternant avec le surinvestis-
sement maternel de l’enfant décrite dans l’étude de Sophia
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Bezirganian et al. (1993), qui concernait des enfants plus
âgés.
On observe une dysrégulation émotionnelle et affective au
sein des interactions mère-bébé (Crandell et al., 2003 ; Apter-
Danon et Candilis-Huisman, 2005). Les mères semblent en
difficulté pour aider l’enfant à réguler ses affects et ses émo-
tions liés à la détresse qu’il peut ressentir après des épisodes
de séparation (Kiel et al., 2011). Plus les mères avec un TPB
seraient confrontées à la détresse de l’enfant (en terme de
durée), plus elles seraient en difficulté sur le plan de la régu-
lation émotionnelle, et pour elle-même, et pour l’enfant, et
plus elles manqueraient de sensibilité à l’égard de ce dernier
(Kiel et al., 2011). Elles ne seraient plus en mesure d’effec-
tuer un « accordage affectif » adéquat vis-à-vis des compor-
tements et vécus de l’enfant (Newman et al., 2007).
Les mères avec un TPB montraient moins de comporte-
ments d’imitation à l’égard de leur bébé (White et al., 2011).
Ceci pourrait être en lien avec les difficultés de fonction
réflexive et de mentalisation décrites par Fonagy et Target
(1997). Ceci rejoint d’autres résultats de White et al. (2011),
selon lesquels les mères présentant un TPB décrivent leurs
enfants comme exprimant plus d’affects de peur et sont plus
difficiles à calmer. Cette appréciation du tempérament de
l’enfant pourrait être liée aux difficultés maternelles à être
en empathie avec le ressenti de l’enfant ou bien encore aux
caractéristiques du tempérament des enfants liées au trouble
de personnalité maternel, dès la grossesse.
En ce qui concerne les capacités maternelles d’imitation
de l’enfant, celles-ci étaient préservées pour le groupe des
mères présentant une co-morbidité du TPB avec un épisode
dépressif majeur (White et al., 2011). Une des hypothèses
cliniques à vérifier serait que la dépressivité maternelle,
dans la période périnatale, permettrait aux mères d’avoir de
meilleures identifications au bébé. Ainsi, un réaménagement
des imagos maternels pourrait-il se mettre en place et faci-
liter des identifications plus positives pour le bébé. Ces ima-
gos maternelles, souvent de mauvaise qualité en raison des
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300 Marie-Camille Genet et al.

nombreuses difficultés relationnelles dans le passé infantile


des sujets présentant un TPB, seraient soumises aux méca-
nismes de défense pathologiques à l’œuvre dans ce trouble
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(déni, clivage et idéalisation). Le bébé se trouverait lui-même
pris dans un entrelacs d’identifications projectives patholo-
giques inscrites au sein de ces mêmes mécanismes de défense.
Les meilleures capacités d’imitation pourraient ainsi être
liées à une meilleure appréhension des mouvements affec-
tifs du bébé, par l’amélioration des capacités de fonction
réflexive, par ailleurs perturbées, chez les sujets avec un
TPB (Fonagy, 2004).

Les auto-questionnaires
Selon l’étude de Newman et al. (2007), il semble que pour
certaines mères avec un TPB, il puisse exister un lien fort
entre un sentiment de détresse maternelle et les compor-
tements insensibles à l’égard du bébé. Ces mères se sentent
particulièrement stressées et moins compétentes. Ce sen-
timent d’insatisfaction, de stress, voire de détresse pourrait
constituer une porte d’entrée vers une prise en charge psy-
chothérapeutique mère-bébé, même s’il s’agit de les aider
bien au-delà d’une simple guidance compte tenu des réper-
cussions du trouble de personnalité dans leurs relations avec
leur bébé. La perception d’un haut niveau de stress dans le
rôle de parent représente un effet défavorable au sein de la
relation mère-bébé ainsi que dans la capacité à être parent.
En outre, des hauts niveaux de stress lié à la fonction paren-
tale sont associés à un style négatif d’autorité parentale.
Enfin, ce style éducatif a été associé à des comportements
perturbés ou d’opposition chez l’enfant plus âgé (Abidin,
1990). Ainsi, le style parental des mères borderline pourrait
entrainer des effets défavorables sur le développement et la
régulation comportementale de l’enfant.
En ce qui concerne le tempérament des enfants, ces der-
niers sont décrits à 3 mois, par leur mère, comme montrant
plus d’affects de peur et de difficultés à se calmer (White
et al., 2011). On peut s’interroger encore une fois sur les
capacités des mères à appréhender leur bébé, tant elles
semblent en difficulté dans leurs capacités de fonction
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 301

réflexive et d’empathie, notamment face à la détresse de


l’enfant, dont on sait, à la lumière des résultats de Kiel et
al. (2011), qu’elle accentue les comportements manquant de
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sensibilité à l’égard de l’enfant.
Toutefois, si les mères présentant un TPB montraient
plus de comportements de type intrusifs à l’égard de l’enfant
(Crandell et al., 2003 ; Apter et Candilis-Huisman, 2005 ;
Hobson et al., 2005, 2009), il n’existait pas de lien de corré-
lation entre l’insensibilité intrusive maternelle et la capacité
de l’enfant à s’engager dans une relation avec une étran-
gère. Newman et al. (2007) avaient soulevé l’hypothèse selon
laquelle les enfants de mères borderline pourraient être à
risque de développer des patterns évitants au sein des rela-
tions interpersonnelles puisqu’ils avaient tendance, au cours
des interactions avec leur mère, à faire preuve de plus de
comportements de retrait relationnel.
La question posée par l’étude d’Hobson et al. (2005) était
donc de savoir ce qui, dans les comportements et la commu-
nication des mères, pouvait être lié à la désorganisation de
l’attachement chez l’enfant ou encore à des comportements
de type évitant dans la relation à la mère et/ou à d’autres
personnes, plus loin que des comportements maternels intru-
sifs. Hobson et al. (2005) avaient anticipé que la catégorie
d’attachement désorganisé serait majoritairement repré-
sentée chez les enfants de mères borderline, au regard des
études préalables sur l’attachement des sujets avec TPB.
Par conséquent, Hobson et al. (2005, 2009) ont insisté
sur la nécessité d’avoir accès au style de communication
affective maternelle qu’ils ont évalué, afin d’appréhender
plus finement ce qui pourrait être représentatif du TPB dans
les relations interpersonnelles, particulièrement la relation
au bébé, et être lié au développement chez l’enfant du type
d’attachement désorganisé et/ou être lié à des comportements
évitants au sein des relations.
Les résultats préliminaires de Matthew Patrick et al.
(1994), obtenus à l’aide du système de codage de Mary Main
et Ruth Goldwyn (1998), avaient suggéré que les mères pré-
sentant un TPB apparaissaient « empêtrées » dans leurs
représentations d’attachement précoce, et faisaient preuve
d’états d’esprit particulièrement « confus, effrayants ou
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302 Marie-Camille Genet et al.

débordés » et étaient souvent classées « non résolues » à


l’égard d’un trauma ou d’une perte à l’AAI (George, Kaplan,
Main, 1996 ; Patrick et al. 1994). Ces types de représen-
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tation d’attachement pouvaient influencer les relations de
ces mères envers leur enfant et, dans le cas de traumas non
résolus, prédisposer aux comportements maternels de types
« effrayés/effrayants », dont on sait qu’ils augmentent le
pourcentage d’attachement désorganisé chez l’enfant (Main
& Hesse, 1990 ; Schuengel et al., 1999). Ces comportements
maternels de frayeur ou effrayants (incluant des états dis-
sociatifs pouvant se retrouver dans le cadre du TPB) pou-
vaient avoir pour conséquence le développement d’un
attachement désorganisé chez l’enfant, en mettant à mal les
stratégies comportementales et d’attention du bébé (Lyons-
Ruth, Bronfman et Parsons, 1999 ; Schuengel, Bakermans,
Kranenburg et van Ijzendoorn et al., 1999). Enfin, le type
d’attachement « non résolu » chez la mère, évalué avant la
naissance de l’enfant, était fortement corrélé au développe-
ment ultérieur d’un attachement désorganisé chez ce dernier
(r=0.31) (van Ijzendoorn et al., 1999).
Mary Main et Judith Solomon (1986) avaient inter-
prété les stratégies d’attachement désorganisé à l’égard de
la mère comme étant l’indice, chez l’enfant, d’un dilemme
d’approche-évitement intrinsèque à la nature même de
l’attachement. L’hypothèse de Main & Hesse (1990) était
que, pour les enfants à l’attachement désorganisé, le care-
giver était à la fois source de réconfort et d’alarme, d’où
l’expérience d’un besoin simultané d’approche et de fuite à
l’égard du parent. Partant de cette hypothèse, Lyons-Ruth,
Bronfman, & Parsons (1999) avaient noté que l’absence de
régulation provenant du donneur de soin conduisait aussi à
la désorganisation de l’enfant, de telle sorte que l’absence de
régulation plutôt que la crainte du parent en soi pouvait être
le mécanisme interactif lié à la désorganisation. Le manque
de régulation effective par le donneur de soin, le « fearful
arousal » (éveil de la peur) plutôt que la peur du parent en
lui-même pourrait donc être à l’origine du développement
d’un attachement désorganisé chez l’enfant. Il s’agirait donc
de mères qui seraient dans l’incapacité de fournir le réconfort
adéquat à l’enfant dont la peur a été éveillée en raison d’une
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 303

variété de réponses aversives à ses demandes et besoins


d’attachement. En effet, il n’est pas si courant d’observer
très clairement des comportements maternels effrayants
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à l’égard de l’enfant, mais peut-être plus d’observer une
difficulté chez les mères à répondre de façon adéquate aux
demandes d’attachement de ce dernier. Ainsi, « les modes de
communications intersubjectives du donneur de soin seraient
impliqués dans la structuration de la réponse au stress du
bébé » (Lyons-Ruth, 2005). Ces réponses maternelles aver-
sives, selon Lyons-Ruth et al. (1999), incluent le retrait, la
désorientation et la frayeur, les comportements de confusion
des rôles, des réponses négatives-intrusives, ou encore des
réponses contradictoires à l’égard de l’enfant, que les auteurs
ont nommé « erreurs ou perturbations de la communication
affective et comportementale maternelle ». Ces dernières
incluent des signaux affectifs conflictuels simultanés envers
l’enfant et des manquements à répondre aux signaux affectifs
de celui-ci. Chez la mère, des états d’esprit de type hostile/
impuissant impliqués dans les échanges mère/enfant pour-
raient être à l’origine de ces comportements (Lyons-Ruth et
al., 2007). Par ailleurs, les résultats d’une méta-analyse de
Sheri Madigan et al. (2006) avaient montré que l’attachement
désorganisé était fortement corrélé avec ces comportements
maternels atypiques (r=0.35). De plus, les travaux récents
de Lyons-Ruth (2005) suggèrent qu’à l’heure actuelle, il y
a convergence des arguments développementaux-comporte-
mentaux, biologiques et évolutionnistes suggérant d’élargir
le modèle du système d’attachement comportemental et d’y
inclure des composantes de la communication intersubjective
entre le caregiver et le bébé qui servent à réguler l’éveil de
la peur chez ce dernier. Par conséquent, les perturbations
de la communication intersubjective et de l’attachement
seraient liées.
Hobson et al. (2009), dans le but d’affiner l’appréhen-
sion du type de communication maternelle, ont montré que
les mères présentant un TPB faisaient preuve de patterns
de communication affective perturbés, caractéristiques du
trouble de personnalité ; ils ont observé significativement
plus de comportements de type effrayants ou désorientés (en
plus des comportements intrusifs) chez les mères présentant
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304 Marie-Camille Genet et al.

un TPB, tandis que ces comportements étaient rares chez


les autres mères, notamment celles déprimées. Par ailleurs,
ces comportements étaient fortement liés à l’attachement
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désorganisé chez l’enfant. Ces résultats rejoignent ceux de
Newman et al. (2007) selon lesquels les mères présentant
un TPB de leur échantillon n’étaient pas hostiles envers
l’enfant mais se montraient plutôt effrayées ou en retrait.
Enfin, Grienenberger et al. (2005) ont montré que chez des
mères de bébés âgés de 10 à 14 mois, un score élevé obtenu
à l’échelle AMBIANCE était inversement corrélé aux scores
concernant la fonction réflexive maternelle. Ainsi, les dif-
ficultés de conscience réflexive (Fonagy et Target, 1997)
pourraient être une des explications des perturbations de
la communication affective maternelle avec l’enfant chez les
mères avec TPB.

Concernant les bébés


Si nous avons vu qu’à 2  mois les bébés de l’étude de
Crandell et al. (2003) interagissaient de la même façon
que les bébés contrôles avant l’épisode du Still-Face, bien que
leurs mères aient été décrites comme insensibles et intru-
sives à leur égard, à 3 mois, dans l’étude d’Apter-Danon et
Candilis-Huisman, les bébés de mères borderline, eux, se
présentaient déjà différemment, avec plus de manifestations
de dysrégulation du système nerveux autonome. Ils étaient
désorganisés par un stress mineur.

Vers l’âge de la marche


Si l’on analyse toutes les études de façon globale, il
semble que l’on puisse dire que les bébés de mères présen-
tant un TPB développent des patterns caractéristiques au
sein de la relation à l’autre assez précocement ; ces patterns
trouvent ensuite de nouvelles formes d’expression chez les
enfants, vers l’âge de 12 mois, lorsque l’on peut évaluer leur
style d’attachement.
Vers cet âge, les bébés de mères présentant un TPB
semblent montrer moins de capacité à s’engager avec la
mère dans des comportements de partage émotionnel ou de
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 305

jeu et se montrent moins réactifs face aux signaux de leur


mère (Newman et al., 2007). L’hypothèse de la présence de
patterns interactifs de type évitant au sein des relations,
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développée par ces mêmes auteurs, semble se vérifier dans
d’autres études. À 12 mois, ils sont aussi moins disponibles
à s’engager dans l’interaction et dans le partage émotionnel,
ils se montrent moins organisés dans leurs comportements et
montrent moins d’émotions positives (Hobson et al., 2005).
Par ailleurs, les résultats de Hobson et al. (2005) au sujet
des interactions émotionnelles et comportementales entre
l’enfant et l’étrangère vont aussi dans le sens d’un évitement
de l’enfant dans la relation à l’autre. Ces enfants ont, pour
la plupart, développé un attachement désorganisé. Deux
enfants de leur population étaient sécures, mais au seuil de
l’attachement désorganisé (Hobson et al., 2005). Il semble,
de plus, que ce type d’attachement (B2) – difficile à attribuer
et proche par certains côtés du type d’attachement insécure-
évitant  – se caractérise, d’après Lyons-Ruth et al. (1999),
par une évolution vers une forme d’évitement instable.
Il s’agit de la seule étude ayant évalué la qualité de l’atta-
chement des enfants de mères présentant un TPB dont les
résultats font état de 80% d’attachement désorganisé, ce qui
est préoccupant, d’autant plus que ce taux est très proche
de celui retrouvé au sein des populations d’enfants ayant été
maltraités (Carlson et al., 1989). Or Main et Salomon (1986)
puis Main et Hesse (1990) avaient préalablement décrit les
comportements de désorientation et de désorganisation que
des enfants avec de tels patterns d’attachement présentaient :
des recherches de proximité suivies par des évitements ;
des comportements de changement brutal de trajectoire
ou encore des mouvements interrompus ; des expressions
ou des postures anormales ; des états figés ou « gelés » ;
des expressions de frayeur ; et enfin des manifestations de
désorientation telles que des expressions de confusion ou
de stupéfaction (d’hébétude) ou de multiples changements
d’affects très rapides. Ces réponses paradoxales font écho
aux contradictions inhérentes aux comportements inter-
personnels prototypiques des sujets présentant un TPB en
termes de besoin et de frayeur (Gunderson et Lyons-Ruth,
2008 ; Holmes, 2004). Les adultes présentant un TPB sont
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306 Marie-Camille Genet et al.

pris dans des relations interpersonnelles chaotiques mar-


quées par des mouvements contradictoires de besoins
intenses de rapprochements et d’attention en même temps
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qu’ils doivent faire face à la crainte des abandons et rejets
réels ou fantasmatiques.

De l’attachement désorganisé au développement ultérieur


de symptômes borderline à l’entrée dans l’âge adulte
Toutefois, il s’agit de comprendre que l’attachement dés-
organisé chez le jeune enfant n’est pas prédictif en lui-même
des symptômes borderline chez le jeune adulte. Une étude
prospective a montré que la perturbation de la communi-
cation affective, particulièrement le retrait émotionnel,
chez des mères d’enfants âgés de 18 mois était prédictive de
symptômes borderline à l’entrée dans l’âge adulte (19 ans)
(Lyons-Ruth, 2005). Dans leur population, ces jeunes
adultes présentaient des relations interpersonnelles parti-
culièrement instables et des comportements auto-dangereux.
Ces résultats allaient dans le sens de la méta-analyse de
Madigan et al. (2006), sur une population de 384  dyades
mère-bébé montrant que la perturbation de la communi-
cation affective maternelle était liée à la fois à l’attachement
désorganisé de l’enfant (r=0.35) et au type d’attachement
« non résolu » chez la mère (r=0.20). De plus, cette pertur-
bation de la communication émotionnelle maternelle est
toujours corrélée à la présence de symptômes borderline,
après avoir contrôlé le sexe de l’enfant, les facteurs de risque
socio-économique, les antécédents d’abus ou de maltraitance
ainsi que la présence de l’allèle courte du transporteur de la
sérotonine (Lyons-Ruth, Bronfman et Parsons, 1999).
Cette étude suggère que la qualité de la communication
affective précoce mère-enfant (et peut-être, pas seulement
précoce), indépendamment des antécédents d’abus ou de mal-
traitance, pourrait être un facteur particulièrement impor-
tant et indépendant, influençant le développement ultérieur,
à l’âge adulte, du trouble de personnalité borderline. Même
au sein des populations à bas revenu, les enfants dont les
mères manifestaient des configurations de communication
affective non perturbées avaient un taux bas d’attachement
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 307

désorganisé. Les enfants de mères manifestant des patterns


de communication affective perturbée (hostile ou impuissant)
obtenaient, au contraire, un taux d’attachement désorganisé
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jusqu’à cinq fois plus élevé.

Représentations d’attachement chez les enfants d’âge


scolaire des mères présentant un TPB
Par ailleurs, sans que la qualité de l’attachement ne soit
établie, les seuls résultats concernant les représentations
d’attachement des enfants plus âgés (de 4 à 7 ans) de mères
présentant un TPB faisaient état de représentations de soi
« honteuses » ou « incongrues » (Macfie et Swan, 2009), qui
font aussi écho à celles retrouvées dans les études utilisant les
mêmes tests chez des enfants maltraités (Toth et al., 1997 ;
Toth, et al., 2000). Ces enfants montraient des représenta-
tions d’attachement au sein desquelles les enfants adoptaient
des attitudes contrôlantes à l’égard des parents, qui faisaient
écho aux résultats des études portant sur le devenir des
enfants du même âge dont les comportements d’attachement
étaient désorganisés entre 12 et 18 mois (Macfie et al. 2008).
De plus, leurs récits étaient particulièrement incohérents
et laissaient apparaître des intrusions de thèmes trauma­-
tiques ; le manque de cohérence dans les récits d’attachement
chez l’enfant est aussi lié au type d’attachement désorganisé.
Enfin, ces mêmes enfants faisaient preuve d’une mauvaise
régulation émotionnelle dans leur récit d’attachement et
celle-ci, de même que les représentations d’attachement de
mauvaise qualité, étaient liées à la présence de certains traits
borderline chez la mère : la perturbation de l’identité et des
conduites auto-dangereuses (Macfie et Swan, 2010).
Beaucoup d’études anglo-saxonnes font état d’une réor-
ganisation particulièrement importante des patterns d’atta-
chement désorganisés en stratégies dites contrôlantes chez
l’enfant d’âge scolaire (Main et Cassidy, 1988 ; Wartner et
al., 1994). Entre 18 mois et 6 ans, environ 2/3 des enfants
qui présentaient un type d’attachement désorganisé réus-
sissent, pourrait-on dire, à organiser leurs comportements
d’attachement dans le but de maîtriser l’interaction (la rela-
tion) avec leur figure d’attachement (Main, 1995 ; Wartner,
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308 Marie-Camille Genet et al.

Grossmann, Fremmer-Bombik, et Suess, 1994 ; Solomon et


al., 1995 ; O’connor et al., 2011). L’autre tiers reste désor-
ganisé dans leurs patterns d’attachement. Ces enfants pré-
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cédemment désorganisés dans leur attachement ont dû
renoncer à se tourner vers leur parent dans le but d’obtenir
le réconfort dont ils avaient besoin. Ils mettent alors en place
des tentatives pour maintenir l’attention de ce dernier. Face
aux comportements parentaux dysfonctionnels, cette « orga-
nisation » de leurs patterns d’attachement représente une
stratégie adaptative et protectrice dans le but de rendre ce
parent plus impliqué dans cette relation, ayant été confron-
tés à l’incapacité de ce dernier à répondre de façon adaptée
à leurs besoins de réconfort et de sécurité. Selon Lyons-Ruth
(2005), ce changement radical dans les stratégies d’attache-
ment pourrait s’expliquer par la transformation chez l’enfant
de ses sentiments négatifs en colère à l’égard du parent. De
telles stratégies pourraient ensuite être perçues comme une
forme de rejet par un parent hypersensible aux réactions de
rejet et d’abandon.
Selon John Gunderson et Karlen Lyons-Ruth (2008),
ce changement radical dans les stratégies d’attachement de
l’enfant s’expliquerait par une discontinuité phénotypique
au cours du développement, puisque les stratégies contrô-
lantes sont radicalement différentes des patterns d’atta-
chement précoces hésitants, d’appréhension ou conflictuels
qui caractérisent l’attachement désorganisé de l’enfant plus
jeune. Certains de ces enfants, jadis désorganisés, peuvent
plus tard exercer un certain contrôle sur l’attention du
parent en prenant soin de lui, en l’organisant, en le dis-
trayant ou encore en veillant sur lui : nous pourrions dire
en exerçant sur lui une sorte d’attention hypervigilante.
Cette stratégie d’attachement est appelée « contrôlante/soi-
gnante ». Nicole Guédeney (2011) a rapproché ce terme de
celui de « parentification » chez l’enfant. D’autres enfants
retiennent l’attention et l’engagement du parent en établis-
sant un mode de relation colérique, hostile, coercitive voire
humiliante avec lui ; il s’agit alors d’une stratégie d’attache-
ment « contrôlante/punitive ».
Selon Gunderson et Lyons-Ruth, ces stratégies d’atta-
chement contrôlantes chez l’enfant pourraient être en lien
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avec le TPB et contribuer à éclairer le développement « d’un


phénotype d’hypersensibilité aux relations interperson-
nelles des patients présentant un TPB ». Une étude de Kate
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Hennighausen et al. (2005) a montré que des adolescents
âgés de 14 à 16  ans présentant de telles stratégies compor-
tementales à l’égard de leurs parents étaient susceptibles
de développer un type d’attachement « non résolu » à l’âge de
25 ans évalué à l’AAI ; ce type d’attachement est par ailleurs
très présent chez les sujets présentant un TPB. Toutefois,
aucune étude prospective n’a encore mis en évidence de lien
entre ces stratégies d’attachement contrôlantes et le dévelop-
pement ultérieur d’un TPB à l’âge adulte.
Gunderson et Lyons-Ruth considèrent les relations
parent-enfant désorganisées comme pouvant potentiellement
constituer un facteur relationnel précoce défavorable inter-
agissant avec d’autres prédispositions de tempérament du
côté du parent et de l’enfant, augmentant la probabilité que
ce dernier développe un TPB.
Ces stratégies interpersonnelles comportementales pour-
raient être le reflet d’une tendance chez l’enfant à inhiber
ses propres besoins en développant à l’inverse une sorte
d’hypervigilance et une volonté de structurer l’interaction en
la dirigeant vers la réalisation des besoins de sa figure d’atta-
chement. Nous dirions plutôt vers ce que l’enfant imagine et
perçoit, du désir ou des besoins de son parent. Cette appré-
hension du processus développemental des jeunes enfants au
type d’attachement précoce désorganisé suggère donc qu’une
partie des patients présentant un TPB pourraient, de façon
adaptative à leur figure d’attachement, être prédisposés à
l’inhibition de leurs propres besoins, et cela en conséquence
de leur accordage hypersensible aux réponses subtiles des
autres. Cette inhibition pourrait aussi s’expliquer par les
comportements et modes de communications maternels aty-
piques décrits par Linehan (1993) au sein duquel les pensées
et ressentis de l’enfant seraient invalidés par la mère.
Gunderson et Lyons-Ruth (2008) ont suggéré que cette
hypersensibilité aux signaux des autres et cette inhibition
de l’agentivité du sens de soi feraient partie d’une attitude
de soin au sein d’une grande proportion de patients présen-
tant un TPB.
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De tels échanges interactifs viendraient mettre à mal le


développement d’un dialogue interactif cohérent de l’enfant
avec ses figures d’attachement, le laissant dans son hyper-
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sensibilité toutefois incapable de l’articuler aux niveaux
réflexif et verbal. Ces données complètent les descriptions
des patients borderline présentés comme ayant peu de capa-
cités de mentalisation (Fonagy et Target, 1997). Par ailleurs,
ces descriptions nous font penser à celles, dans une approche
plus psychodynamique, des enfants présentant un trouble de
personnalité en « faux Self » (Winnicott, 1971).
De plus, Gunderson et Lyons-Ruth (2008) ont émis
l’hypothèse selon laquelle ces stratégies adaptatives chez
l’enfant seraient impliquées dans le développement ultérieur
de difficultés, chez les patients avec un TPB à l’âge adulte, à
identifier et à communiquer leurs propres besoins interper-
sonnels, difficultés pouvant être liées au recours à des pas-
sages à l’acte auto-dangereux (le passage à l’acte devenant le
seul moyen d’expression de ces patients, dans un retourne-
ment de la pulsion agressive contre eux-mêmes). Là encore, il
s’agit de pouvoir mettre en évidence ce lien entre des modes
de relations (registre interpersonnel) et un mode de fonction-
nement psychique (registre intrapsychique). Barnow et al.
(2006) ont, par ailleurs, observé des taux particulièrement
élevés de tendances suicidaires et/ou de tentatives de suicide
chez des adolescents de mères présentant un TPB.
Par conséquent, au regard de cette revue de la littérature,
il apparaît que les enfants de mères présentant un TPB sont
à risque de développer les mêmes difficultés de régulation
émotionnelle ainsi que les mêmes qualités d’attachement que
ces dernières ; c’est-à-dire, soit un attachement désorganisé
pouvant évoluer vers des relations interpersonnelles difficiles,
soit des comportements d’évitement au sein de ces dernières
en lien avec un attachement insécure. Il semble donc que ces
enfants soient précocement pris dans un processus intersub-
jectif perturbé impactant leur développement subjectif, mais
aussi le développement de la qualité de leur attachement. Ces
données rejoignent celles de Barnow et al. (2006) qui ont fait
état de plus de problèmes d’ordre émotionnel chez ces enfants.
Selon Ronald Feldman et al. (1995) et Margaret Weiss (1996),
entre 4 et 18  ans, chez les enfants de mères présentant un
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 311

TPB, on observe plus de symptômes appartenant au TPB,


plus de troubles de l’attention et/ou de l’hyperactivité ainsi
que d’autres troubles du comportement, comparativement à
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des enfants d’une population contrôle ou de mères présentant
d’autres TP. De plus, les antécédents de traumatismes chez
ces enfants, bien que très présents, ne permettaient pas de
rendre compte de ce risque accru de présenter un diagnos-
tic psychopathologique au sens large. Même en contrôlant la
présence des antécédents de traumatisme et/ou de symptômes
dépressifs chez l’enfant, le trouble de personnalité borderline
maternel constituait un facteur significativement relié au déve-
loppement ultérieur de psychopathologie chez l’enfant d’âge
scolaire ou chez l’adolescent. Par ailleurs, ils pourraient aussi
présenter plus de problématiques agressives, de concentration
ou de délinquance, selon Barnow et al. (2006).
Les résultats de Barnow et al. (2006) vont dans le sens
d’une étiologie multifactorielle du TPB pour laquelle les fac-
teurs liés au tempérament de l’enfant et aux caractéristiques
de l’environnement familial influenceraient le risque psycho-
pathologique pour les enfants de mères présentant un TPB,
comme l’avaient déjà souligné Zanarini et al. (2005). Ils vont
dans le sens du modèle gène-environnement de Gunderson
et Lyons-Ruth (2008) selon lequel le développement du TPB
serait lié à la résultante des caractéristiques des enfants et de
celles de ses figures d’attachement. Aussi, le TPB ne peut-il
se comprendre qu’au sein d’un modèle développemental
complexe dans une perspective épigénétique, qui tienne
compte des relations non linéaires entre les comportements
parentaux et ceux de l’enfant ayant pour effet de modérer ou
au contraire de potentialiser le développement de ce trouble.
Des caractéristiques innées psychobiologiques ou de tempé-
rament chez le bébé rentreraient en interactions avec des
prédispositions relationnelles défavorables chez les parents,
augmentant les difficultés interactives pouvant aboutir au
développement du TPB à l’âge adulte. Si l’on considère ce
modèle, les enfants de mères présentant un TPB pourraient
être déjà prédisposés à un tempérament reflétant une parti-
culière sensibilité au stress interpersonnel. Des états extrêmes
de détresse chez l’enfant (ou une prédisposition à l’état de
détresse, notamment, lors de séparations d’avec la mère ou
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de stress brefs) pourraient alors générer et/ou accentuer


des comportements effrayés chez la mère vulnérable et, en
retour, cette dernière pourrait s’en trouver moins disponible
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pour l’enfant. Ce modèle rejoint les résultats de Kiel et al.
(2011) pour lesquels les comportements insensibles mater-
nels ne se percevaient pas d’emblée au sein de l’interaction,
mais particulièrement lors de l’expression de la détresse de
l’enfant. Dans ce modèle, on peut penser que tous les enfants
ne réagissent pas de la même façon à la pathologie de leurs
parents, certains enfants qui seraient, au sein des relations
interpersonnelles, hypersensibles et réactifs au stress, pour-
raient plus facilement potentialiser chez la mère des compor-
tements de retrait lié à un sentiment d’impuissance ou de
crainte ; de telles réactions pourraient ensuite avoir des
effets significatifs sur cet enfant déjà vulnérable.

Vers de nouvelles recherches longitudinales

Il n’existe pas encore, à l’heure actuelle, d’étude longitu-


dinale évaluant le développement et le devenir des enfants
de mères présentant un TPB. Cette absence pourrait en par-
tie s’expliquer par la difficulté à suivre les patients avec des
troubles borderline, en raison même des caractéristiques de
leur psychopathologie qui rendent difficile le maintien d’une
prise en charge psychothérapeutique au long cours. De telles
études, pour des raisons éthiques évidentes, impliquent la
possibilité d’un accès au soin pour cette population. Aussi,
de telles recherches sont facilitées lorsqu’elles sont réalisées
au sein d’un laboratoire travaillant en lien étroit avec des
dispositifs cliniques destinés à prendre en charge les familles
de mères présentant un TPB et leurs enfants (Apter-Danon,
Candilis-Huisman, 2005). Les travaux portant sur des
enfants à risque, dans des familles à difficultés multiples, se
doivent d’offrir des structures de soins adaptées.
Au vu de cette revue de la littérature, la nécessité d’obser-
ver les comportements et les modes de communication affec-
tive à l’égard du bébé dans un contexte où ce dernier peut
exprimer du stress, voire de la détresse, paraît essentiel. Il
semble en effet que les comportements maternels atypiques
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 313

s’expriment particulièrement dans un tel contexte (Hobson


et al., 2009 ; Kiel et al., 2011).
Grâce à une étude longitudinale que nous avons mise
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en place, nous espérons avoir accès aux interactions, à la
qualité des patterns d’attachement et à la qualité des rela-
tions interpersonnelles entre la mère et l’enfant à plusieurs
moments clés du développement de ce dernier. Il s’agit de
pouvoir mettre en exergue d’éventuelles perturbations des
modes de communication maternelle avec l’enfant, tout en
évaluant de manière longitudinale la co-occurrence d’épi-
sodes dépressifs pouvant également les impacter. Nous éva-
luerons enfin chez l’enfant d’âge scolaire le fonctionnement
psychique au travers d’un éclairage psychodynamique ainsi
que la qualité des représentations d’attachement. Ces diffé-
rentes appréciations nous permettront de faire le pont entre
ce que nous observons de l’interpersonnel, d’une part, et de
l’intrapsychique, d’autre part. Elles s’inscriront dans un
protocole de recherche longitudinale fait d’observations à la
fois synchroniques et diachroniques pour des dyades ayant
bénéficié d’un suivi psychothérapeutique mère-bébé plus ou
moins long au cours de la ou des première (s) année (s) de vie
de l’enfant.
L’importance de la mise en œuvre de recherches sur les
enfants de mères présentant un TPB n’est plus à démontrer
face au risque de carences et ou de maltraitances que le
trouble fait peser sur les enfants. Toutefois, ces études
restent encore peu nombreuses comparativement à celles
qui ont trait au trouble en tant que tel. Pourtant, de telles
recherches peuvent améliorer les prises en charge en ouvrant
de nouvelles pistes de réflexion. Notre propre recherche vise
elle aussi à apporter de telles pistes, notamment quant à la
durée et aux modalités des prises en charge.

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Marie-Camille Genet Printemps 2012


EPS Erasme
14, rue de l’Abbaye
BP 10081
92161 Antony Cedex
mcgenet@gmail.com
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Annexe 1 : Tableau récapitulatif des différentes études

Etudes Age des TPB Cont. Dep TP Outils mères Echelles Outils enfants Situation Limites
enfants (n) diagnostic
Feldman et al. (1995) 4 à 18 ans 9  DIB-R CTS Entretien semi- Grand intervalle d’âge
(n=21) FES structuré
FSS
Weiss et al. (1996) 4 à 18 ans 9  DIB-R FTRI CDIB, KSADS-E, Entretien Grand intervalle d’âge
(n=23) DIPD CTS CGAS Clinique
Abela et al. (2005) 6 à 14 ans : 15   SCID-I KSADS, CASQ, Pas d’information sur quel
(n=140) SCID-II CRSQ, SEQ parent présente ce trouble
- Facteurs de vulnérabilité
aux épisodes dépressifs
évalués par des
- © PUF -

auto-questionnaires
- Populations non cliniques
Barnow et al. (2006) 11 à 18 ans 16    SCID-II CBCL CDIPD, DESPD, Grand intervalle d’âge
(n=23) SSAGA,
TCI, EMBU,
YSR, RSWS,
Evaluation
de l’idéation
suicidaire
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Etudes Age des TPB Cont. Dep TP Outils mères Echelles Outils enfants Situation Limites
enfants (n) diagnostic
Crandell et al. (2003) 2 mois 8  DSM III-R Still-Face, Grille Petit échantillon
SCID-II de Murray et al. Pas d’évaluation
de la dépression
Apter-Danon 3 mois 25  SIDP 4 Still-Face Petit échantillon
& Candilis-Huisman BID-R MRSS & IRSS
(2005)
Newman et al. 3 à 36 mois 14  SIDP4 & BID-R PSI-SF Jeu libre de 10 Intervalle d’âge des enfants
(2007) EPDS PSOC min trop grand
SCL-90-R Manuel EA
White et al. (2011) 3 mois 17    SCID-IV IBQ-R 5 min TPB associé à d’autres
- © PUF -

(n=87) DIB-R d’interactions troubles de personnalité


IPDE en face à face Analyse des interactions
BDI Grille IRS seulement au sein des
BAI (simplifiée dyades où l’enfant a
en item présent manifesté de la détresse
ou non) 16/22 enfants dans le
groupe TPB+ et 51/77
enfants pour le groupe TPB-
9 avril 2014 11:01 - La psychiatrie de l’enfant 1/2014 - Collectif - La psychiatrie de l’enfant - 135 x 215 - page 322 / 350

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9 avri
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Etudes Age des TPB Cont. Dep TP Outils mères Echelles Outils enfants Situation Limites
enfants (n) diagnostic
Kiel et al. (2011) 12 à 23 mois 22  BEST DERS Situation - Populations non cliniques
DASS Etrange - Analyses réalisées
Cotation qu’au sein des dyades
des affects pour lesquelles les enfants
et avaient manifesté
comportements de la détresse (TPB+ : 16/22
de l’enfant et TPB- / 51/77)
et de la mère.
Hobson et al. (2005) 12 mois 10  Situation Petit échantillon
étrange
Winnicott’s
Set Situation
- © PUF -

situation de jeu
semi-structurée
Grille de Murray
et Fiori–Cowley
Hobson et al. (2009) 12 à 18 mois 13   AMBIANCE Situation Petit échantillon
Etrange
Macfie & Swann. 4 à 7 ans 30  SCID-II, PAI ASCT, MSSB, Ne parle pas de la qualité
(2009) (n=30) NECS, CNCS, de l’attachement des
NCM enfants
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324 Marie-Camille Genet et al.

Annexe 2 : Tableau récapitulatif des différents sigles


et abréviationsdes outils et échelles utilisés dans les études
du tableau 1
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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 325

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326 Marie-Camille Genet et al.

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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 327

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Psychopathologie, attachement et devenir des enfants 329

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disorders. Psychopathology, 34, 159-163.

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The Youth Self-Report.
Achenbach T. M. (1994), Child Behavior Checklist and related
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Planning and Outcome Assessment, Maruish M ed., Hillsdale, NJ,
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