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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (2010) 58, 256—262

ARTICLE ORIGINAL

Les phobies scolaires à l’adolescence


School refusal in adolescence

F. Lamotte a,∗, E. Doncker b, J.-L. Goëb c

a
Service de pédopsychiatrie Caen-Sud, CCTEF, 80, boulevard Dunois, 14000 Caen, France
b
Intersecteur de psychiatrie infantojuvénile 62I03, EPSM Val-de-Lys—Artois, 62350
Saint-Venant, France
c
Service de pédopsychiatrie, CHU, 59037 Lille, France

MOTS CLÉS Résumé Le refus anxieux de l’école, ou phobie scolaire, témoigne généralement d’une
Adolescence ; entrave au processus psychique de l’adolescence, dont la confrontation à l’institution sco-
Phobie scolaire ; laire est le révélateur. Ce concept a été l’objet de nombreuses controverses mais il semble
Refus anxieux de qu’aujourd’hui les contours cliniques se soient affinés. Cependant, si actuellement le paradigme
l’école ; de l’anxiété de séparation semble communément admis pour expliquer la psychopathologie du
Pensée refus anxieux de l’école de la petite enfance, ce modèle paraît insuffisant à l’adolescence.
En effet, face à l’émergence pubertaire, la précarité du fonctionnement mental de certains
adolescents les conduit à un véritable autosabottage de leur capacité de pensée qui se pré-
sente alors sous le masque d’une phobie scolaire. Cette incapacité à réorganiser leur monde
interne nous conduit à discuter l’existence d’une organisation prénévrotique, dont le pronostic
péjoratif impose une prise en charge spécialisée et partenariale.
© 2009 Publié par Elsevier Masson SAS.

KEYWORDS Abstract Anxious school refusal, or school phobia, usually relates to a barrier in the mental
Adolescence; process during adolescence, the revealing factor of which is the confrontation with educatio-
School phobia; nal institutions. This concept has been the subject of much controversy, although it appears
School refusal today that the clinical outlines have been refined. Nevertheless, if the paradigm of separation
anxiety appears commonly acknowledged in explaining the psychopathology of anxious school
refusal in early childhood, this model appears insufficient during adolescence. Indeed, faced
with the emergence of puberty, the precariousness of the mental functioning of some adoles-
cents induces a self-sabotage of their capacity to think, hence exhibited under the mask of

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : flamotte@gmail.com (F. Lamotte).

0222-9617/$ — see front matter © 2009 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.neurenf.2009.10.004
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school phobia. This incapacity to reorganise their internal mode has led us to question the
existence of a pre-neurotic organisation, the negative prognosis of which requires specialised
and collegial management.
© 2009 Published by Elsevier Masson SAS.

1. Introduction important lors du passage en sixième. Le pronostic serait


d’autant plus péjoratif que l’âge de début est avancé [35].
Entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est mar- La phobie concerne principalement un enfant unique,
quée par de profonds remaniements psychiques qui un aîné ou un benjamin [14,20]. Il présente une bonne
peuvent parfois déborder les capacités d’adaptation du intelligence et son intérêt pour l’apprentissage scolaire est
jeune. L’école, par la place prépondérante qu’elle a préservé.
prise dans nos sociétés, est alors un lieu d’expression
privilégié où peuvent se manifester les difficultés psy- 2.2. Clinique
chiques de ces adolescents. La phobie scolaire est
l’un des symptômes qui viennent témoigner d’une Il existe fréquemment des difficultés antérieures à la phobie
entrave, parfois très grave, au processus psychique de scolaire [17] :
l’adolescence. • les phobies scolaires sous forme d’une angoisse de sépa-
La naissance du concept de phobie scolaire est relati- ration excessive en intensité et surtout en durée lors de
vement récente. La première description est de Broadwin l’entrée en maternelle ou en cours primaire, absentéisme
en 1932, auteur qui s’intéressait à l’école buissonnière et partiel pendant la scolarité ou, au contraire, surinvestis-
isolait le cas d’enfants qui s’absentaient de l’école dans des sement de la scolarité ;
conditions particulières, en restant chez eux [14]. C’est Adé- • les problèmes divers d’alimentation (anorexie), de som-
laide Johnson, en 1941, qui propose le terme de « phobie meil (refus du coucher, terreurs nocturnes, cauchemars,
scolaire » et qui met en exergue « des relations de dépen- somnambulisme. . .) pour 25 % des cas environ dans la
dances mal résolues entre mère et enfant » comme élément petite enfance ;
fondamental du trouble. • les problèmes liés aux séparations : soit il n’y a pas ou
Par la suite le terme de « phobie » a été l’objet de peu de séparation familiale, soit les patients ont vécu des
nombreuses controverses, alimentées par des discussions séparations dramatiques dans la petite enfance du fait
portant sur l’organisation psychopathologique sous-jacente. d’une maladie ou d’un accident.
Ainsi, est-il plus consensuel actuellement de parler de On retrouve parfois un facteur déclenchant au refus sco-
« refus anxieux de l’école », terme athéorique et descriptif laire [33] comme un accident, une maladie, le décès d’un
[23]. proche, ou un évènement plus anodin, des vacances, un
Après un rappel clinique, nous proposerons une lec- déménagement. En fait, tout changement intervenant dans
ture psychopathologique du refus anxieux de l’école à la vie de l’adolescent peut être vécu comme menaçant le
l’adolescence et en discuterons la « dimension phobique ». sentiment de sécurité du jeune.
L’issue de ces réflexions nous conduira à proposer quelques L’expression symptomatique aiguë est liée à l’école :
pistes de prise en charge thérapeutique. des manifestations d’angoisse surgissent lors du départ de
la maison, s’accentuent sur le chemin de l’école, devant
les grilles du collège, dans la salle de classe [4,14,36].
2. Approche clinique Si l’adolescent est forcé, des manifestations comporte-
mentales plus « bruyantes » apparaissent : cris, agitation,
2.1. Épidémiologie violence, fuite. . . Une anticipation anxieuse existe parfois la
veille du jour d’école avec des difficultés en fin d’après-midi
La fréquence de la phobie scolaire est estimée à un peu et au coucher. Certains auteurs [16,33] insistent sur la valeur
moins de 2 % de l’ensemble de la population d’âge scolaire inconsciente du conflit : l’adolescent ne peut expliquer sa
[23,24]. Les données concernant le sexe sont discordantes : conduite et promet le lendemain, à des parents désemparés,
prédominance des filles [4] ou non [33]. En réalité, il sem- de retourner à l’école.
blerait que le sex-ratio tende actuellement vers un relatif Les manifestations somatiques peuvent être au premier
équilibre [14,34,36]. Cette évolution est probablement à plan [33] : l’adolescent peut se plaindre de nausées, de
corréler au fait que l’accès aux études est désormais pos- vomissements, d’une perte d’appétit, de syncopes, de maux
sible sur un mode plus égalitaire. Les filles déclareraient leur de tête. . .
symptomatologie un peu plus tardivement. Le refus anxieux de l’école est souvent rationalisé secon-
L’âge de début présente plusieurs pics : dans la petite dairement [4,33,36]. Les rationalisations portent le plus
enfance (à cinq ou sept ans au moment de l’entrée au CP, souvent sur l’incompétence des enseignants, leur manque
quand les espaces privés et publics se distinguent davan- de contenance, de la diminution (très regrettable) du
tage, quand les parents n’accompagnent plus leur enfant manque d’encadrement lié à la baisse des effectifs ou la
dans la classe), à l’adolescence (12 ou 15 ans) et surtout à crainte des examens. La teneur projective de ces rationa-
la préadolescence (dix ou 11 ans) avec un pic de fréquence lisations est claire, l’autre devenant dépositaire de cette
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partie du Moi pathologique de l’adolescent. Ce mécanisme quentent à nouveau régulièrement l’établissement. Ces
de défense apaise temporairement le tumulte qui anime le résultats dépendent de la durée des troubles [36]. En
monde interne du jeune qui peine à investir les appren- revanche, si l’on tient compte de l’adaptation générale,
tissages acquis grâce à l’intermédiaire d’un autre et qui le pronostic est beaucoup plus réservé. On constate, en
viennent faire intrusion dans l’espace psychique du patient, effet, une sociabilité médiocre [4,14,33,36], une dépen-
alors que l’apprentissage seul devant un livre est possible. dance affective importante (en particulier à l’égard de la
D’un autre point de vue, certains enfants peuvent avoir du famille), des relations affectivosexuelles perturbées. Dans
mal à s’identifier à un enseignant dont la position peut être un nombre assez important de cas des évolutions vers une
perçue comme paradoxale, étant tout à la fois chargé de marginalisation sociale sont signalées [4,33,36]. Chez la
l’aide pédagogique et d’émettre un jugement de sélection femme, Lebovici et Le Nestour insistent sur une fréquente
[15], d’être une personne « par qui la désillusion arrive » organisation sur un mode agoraphobique sévère [33]. Le pro-
[37]. nostic psychiatrique des phobies scolaires les plus graves
Peuvent alors s’observer un retrait progressif des activi- conduit quant à lui à des évolutions vers des conduites
tés de groupe, un isolement vis-à-vis des pairs, l’adolescent perverses, psychopathiques, des états limites, des compor-
se rapproche de sa mère de façon ambivalente. Alors qu’il tements paranoïaques [4,33,36]. Les liens avec la phobie
était jusqu’ici soumis et passif, il devient exigeant, sus- sociale sont fréquents : phobies scolaires et sociales peuvent
ceptible, agressif, véritable tyran domestique. La mère est être concomitantes ou se succéder [38].
souvent l’objet de ses mouvements de colère, de rage et
parfois de violence. Le jeune cherche à contrôler la plu-
part des gestes de la vie quotidienne réalisant une sorte
d’emprise familiale qui est l’image inversée de la totale 3. Approche psychopathologique de la
perte d’autonomie et de contrôle qu’il éprouve dans la vie phobie scolaire à l’adolescence
extrafamiliale. On peut alors observer une véritable pho-
bie sociale, qui pour certains concerne 30 % des adolescents L’anxiété de séparation est un ressort fondamental de la
présentant un refus scolaire anxieux [38]. Dans ce cas, la psychopathologie de ce trouble chez l’enfant. La phobie sco-
symptomatologie du refus anxieux de l’école s’exprime plus laire est d’ailleurs englobée dans le « Trouble : angoisse de
tardivement, mais le pronostic est plus sérieux. séparation », inclus lui-même dans les « Troubles anxieux de
Parfois la phobie scolaire reste rigoureusement isolée. l’enfance et de l’adolescence » dans les classifications inter-
Tout va bien en dehors de la situation scolaire : le jeune peut nationales (DSM IV) [13] et dans la Classification française
se promener, voir des amis, pratiquer des activités extrasco- des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent. La
laires. Cependant, le plus souvent, on retrouve des troubles CIM 10 n’emploie pas le terme de phobie scolaire et range la
anxieux plus ou moins patents (agoraphobie, phobie des description afférente dans les « Troubles anxieux phobiques
transports en commun, phobie sociale, phobie simple, syn- de l’enfance » qui possède une parenté avec le « Trouble
drome de stress post-traumatique. . .) ; des comportements panique ».
de la série dépressive, fréquents chez le préadolescent et Cependant, ce modèle théorique paraît insuffisant à
l’adolescent [33,35] ; ou encore des conduites d’évitements, l’adolescence [39] et il convient de proposer une lecture
hypochondriaques ou obsessionnelles. psychopathologique qui tienne compte des spécificités du
Les entretiens cliniques mettent souvent en évidence une travail psychique propre à cet âge.
inhibition intellectuelle et affective. Ce sont des adoles-
cents timides, réservés, voire fermés à la relation [4]. La
curiosité intellectuelle fait défaut, l’effort de concentration 3.1. Psychopathologie des phobies scolaires à
semble difficile. l’adolescence

2.3. Diagnostic différentiel La sexuation pubère du corps à l’adolescence s’accompagne


d’une réactivation des désirs œdipiens incestueux [7]. Dès
Il faut faire la distinction avec l’école buissonnière où lors, l’adolescent doit assumer la transformation de son
l’enfant quitte son domicile et ses parents sans difficulté image corporelle qui s’accompagne le plus souvent d’un
pour occuper son temps scolaire de façon variable et revenir ressenti « d’inquiétante étrangeté », de doute vis-à-vis du
ensuite en toute impunité. La recherche du sens qui motive lien entre le « je » et son corps. Mais l’adolescent doit aussi
ces conduites est bien sûr important (opposition, revendi- déplacer ces fantasmes incestueux des parents vers d’autres
cation). Nous sommes loin également de la fugue (dans ses objets d’investissements [32].
contextes et ses organisations très variables plus ou moins Ce mouvement de resexualisation se dirige alors sur la
organisés et planifiés), du refus ou de la rupture scolaire où relation que le jeune entretien avec les autres. Il consti-
l’enfant ne porte aucun intérêt aux acquisitions scolaires. tue une énergie libre qui, d’un point de vue économique,
Dans chacun de ces cas, en effet, il n’y a pas d’anxiété et il intensifie ses besoins pour l’objet de la réalité externe. Pour
manque le désir profond de ne pas quitter la famille [14]. Jeammet [28], l’adolescent est soumis à un déséquilibre
narcissico-objectal qui crée les conditions d’un antagonisme
2.4. Pronostic entre investissement de soi et de l’autre. S’il est trop
important, cet antagonisme menace directement le sen-
Le pronostic de la phobie scolaire est sévère. Si timent de continuité d’être du sujet, l’investissement de
l’on considère le seul symptôme « refus de l’école », l’autre prenant la valeur d’une véritable hémorragie pour
l’évolution semble satisfaisante puisque 40 à 60 % fré- l’investissement de soi [7].
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Pour Choffardet [10], la phobie scolaire survenant au familiales ascendantes ont permis de mettre en évidence
début de l’adolescence serait le révélateur de difficulté une augmentation des troubles thymiques ou des troubles
d’autonomisation, au décours du second processus de anxieux et thymiques au premier et second degré d’enfants
séparation-individuation. Pour cela, il met en perspec- et d’adolescents présentant des phobies scolaires. Ces dif-
tive les conceptions complémentaires de Blos [6] (1965) férents éléments peuvent bien sûr ne se révéler qu’au cours
pour qui l’adolescence serait le lieu d’un second proces- de la prise en charge de l’enfant.
sus de séparation-individuation, et de Jeammet, qui voit Différents auteurs [14,36] s’accordent sur
dans l’adolescence « le moment même de la révélation l’anxiété excessive de certaines mères et sur le lien
de la dépendance ou des troubles de développement de d’hyperdépendance précoce mère-enfant. Un état
l’enfance, étant donné justement la nécessité du travail de dépressif chronique est également décrit chez certaines
séparation qui paraît jouer le rôle de révélateur des diffi- mères d’adolescents phobiques scolaires [4,20,36]. Cette
cultés latentes ». dépression maternelle, accompagnée d’une culpabilité
importante, conduit l’enfant à intérioriser une imago
3.2. Quelques conditions préalables au travail maternelle fragile, donc insuffisamment contenante pour
de pensée lui assurer une autonomie psychique et les bases d’un
narcissisme solide. Le désir d’autonomie suscite alors
Cet équilibre fragile entre investissement de soi et de un sentiment de culpabilité chez l’adolescent. En outre,
l’autre va dépendre de la qualité des assises narcissiques ces éléments de dépression maternelle activent chez lui
et des relations précoces qu’a vécues le jeune. Comme le des représentations de mort de la mère, très difficiles à
soulignent Marcelli et Braconnier [36], plus ces relations refouler [20]. L’incapacité à se séparer d’elle implique
précoces ont été satisfaisantes, plus elles ont permis un non seulement la crainte non conscientisée qu’il puisse
investissement continu et équilibré de soi, plus le sentiment lui arriver quelque chose en son absence, mais aussi la
d’identité sera stable et assuré. Ainsi, l’antagonisme entre difficulté à élaborer un autoérotisme suffisant pour être un
le besoin objectal et l’intégrité narcissique sera d’autant temps autonome et pour changer d’objet. Cela rejoint la
moins important. À l’opposé, si le jeune a connu des proposition de Golse [20] qui considère l’aptitude à la pen-
défaillances excessives dans la qualité ou la continuité de sée comme faisant partie du système de pare-excitation,
son investissement, son sentiment d’identité est fragile, système dont les adolescents phobiques scolaires sont
incertain, le besoin objectal est vécu comme une menace privés : ici la pensée ne permet pas d’assurer, par leur
potentielle pour l’assise narcissique [26,36]. L’activité de manipulation, une certaine continuité de la relation aux
pensée est ressentie comme une activité « coupable », car objets internes qui viendrait compenser l’inévitable dis-
trop proche des désirs œdipiens interdits. Cette sexualisa- continuité de la relation aux objets externes. Ce sentiment
tion de la pensée peut alors être à l’origine d’une inhibition d’insécurité est à l’origine d’une grande dépendance à
de la pensée. Autrement dit, le processus de pensée est l’environnement externe par défaut de consistance interne.
dès lors ressenti comme persécuteur, et l’école, par dépla- Elle se traduit par un hyperaccrochage à la mère déprimée,
cement, devient le lieu symbolique de cette persécution ce qui renforce encore, en un cercle vicieux, l’insécurité
par la pensée et par les désirs qui seraient susceptibles interne de l’enfant et alimente une blessure narcissique
de s’y représenter. Dans ces conditions, l’adolescent peut intense.
s’engager dans une lutte active contre tout phénomène de Dans ce jeu relationnel, le père dans la majorité des
pensée. cas semble peu capable de tenir son rôle indispensable
L’impossibilité qu’éprouve l’adolescent à investir sa pen- de garantie de la solidité du cadre. Il est soit physi-
sée serait donc en partie à situer du côté d’un avatar des quement absent ou inaccessible (divorcé, décédé, éloigné
primorelations du jeune : comme le souligne Golse [19], les pour raisons professionnelles. . .), soit déchu de son rôle
conditions nécessaires à l’investissement de la pensée, et ou dévalorisé. Il souffre également fréquemment d’anxiété
donc des apprentissages, s’enracinent dans l’organisation chronique [14,36] et présente des éléments dépressifs. Pour
prégénitale de la personne. Il s’agit tout d’abord pour le Marcelli et Braconnier, « l’adolescent garçon ne trouve pas
bébé d’élaborer dans la relation à l’autre, et plus spécifique- auprès de son père des possibilités identificatoires suf-
ment à la mère, un espace psychique, ou « Moi-peau » [1], fisamment solides et positives de façon à utiliser cette
au sein duquel vont se développer les processus de pensée, relation œdipienne indirecte pour contrebalancer l’emprise
notamment sous la pression de la pulsion d’emprise. Cette de la relation maternelle et s’en extraire ». Ces auteurs
dernière permet en effet que progressivement le bébé enri- considèrent alors la phobie scolaire comme une « phobie
chisse son monde interne. Ce mouvement est essentiel car il identificatoire » [36]. Soulignons d’ailleurs qu’au sein de
fonde le désir de savoir et d’apprendre, la pulsion d’emprise ce processus d’identification, l’adolescent est privé d’un
« visant à conquérir et à maîtriser non pas tant l’objet que aspect plus spécifique qui est « l’identification de l’enfant
le dedans de l’objet » [7]. Ainsi, « l’énigme du dedans de aux rapports que les adultes entretiennent eux-mêmes avec
l’objet fournit probablement les racines prégénitales de la leur propre psychisme, leur désir de savoir et leur capacité
curiosité sexuelle ultérieure, dont dérive ensuite, par subli- d’apprendre » [21].
mation, la curiosité intellectuelle proprement dite » [7]. Cependant, il faut insister sur la dimension fantasma-
tique du triangle parents-enfant. Cette « démission » du
3.3. Dimension familiale père peut être suscitée par la représentation qu’en propose
la mère. Les bases d’un équilibre précaire où parents et
La dynamique relationnelle et familiale est considérée pour enfant sont des « partenaires névrotiques » sont alors jetées
certains comme fondatrice du symptôme [14]. Des enquêtes [14]. Dans ce contexte, à l’occasion du moindre évènement
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déclenchant, signifiant pour l’enfant, le refus anxieux de la question de l’inhibition de pensée, pensée inaccessible,
l’école risque d’éclore : apprendre serait pour l’adolescent impossible parce que le sujet y perdrait sa représentation
accepter la compétition avec les images parentales, accep- de lui-même et des autres.
ter de les égaler, voire de les dépasser, ce que la fragilité de De ce point de vue, l’adolescent phobique scolaire
l’équilibre familial n’autorise pas. connaîtrait un attrait pour la « position psychotique » [22]
c’est-à-dire qu’il éprouve le besoin de « résister radica-
3.4. Une organisation prénévrotique ? lement à l’instauration d’une séparation d’avec l’objet
ou plutôt de manière plus élémentaire avec l’Autre ». Il
M. Sperling s’est appuyé sur les travaux de Freud pour lequel s’agit de « conjurer l’altérité en tant que sa reconnaissance
la phobie est décrite comme une névrose de la phase œdi- consommerait la perte d’une toute puissance narcissique
pienne en relation avec l’angoisse de castration et les irrenonçable et son remplacement par une dépendance
conflits de ce stade. La phobie scolaire ferait alors vraiment réclamant l’élaboration d’un appareil psychique dilaté et
partie du groupe des phobies [14]. aménagé, conteneur d’absence » [20]. L’adolescent pho-
Les phobies scolaires concernent en fait des structures bique scolaire est dans un processus d’inhibition de pensée
de personnalité très variées, névrotiques, caractérielles ou car il doit s’épargner toute trace représentative d’un
psychotiques. Un lien entre la phobie à l’adolescence et manque à pouvoir se représenter, organisation qui peut
le comportement psychopathique est parfois décrit [33] s’apparenter à la haine psychotique contre l’appareil psy-
du fait de « la faiblesse de l’élaboration phobique dans la chique et la différenciation.
phobie scolaire » qui « conduit facilement à l’idée d’une
organisation prénévrotique ou en tout cas d’une élaboration
névrotique très insuffisante ». 4. Prise en charge
Dans ces cas pathologiques, la sexualisation de la psyché
aboutit progressivement à un processus de lutte contre la La complexité de l’organisation psychopathologique, indivi-
pensée autonome et la sexualisation du rapport à l’autre duelle et familiale, nous amène à utiliser plusieurs ressorts
conduit à un désinvestissement du lien : l’ensemble faisant thérapeutiques associés au sein d’une approche multidimen-
régulièrement évoquer un processus de nature psychotique sionnelle [4,14,36,40]. Il s’agira pour chaque enfant et pour
[18]. Cette mise en cause des processus de pensée amène chaque famille de pouvoir élaborer une prise en charge indi-
la plupart des auteurs contemporains à détacher la pho- vidualisée, adaptée à leur possibilité de mobilisation.
bie scolaire des adolescents du cadre des névroses pour y Dans ce contexte, une prise en charge institutionnelle
lire l’expression d’une organisation de personnalité préné- [31] s’impose : elle permet de proposer des prises en charges
vrotique [2,33,35]. Ces adolescents souffrent d’inhibition psychothérapeutiques individuelles et familiales, mais aussi
diffuse du fonctionnement psychique et d’une altération et surtout au début de la prise en charge, groupales. Il
profonde des capacités créatives. Ils perdent la maîtrise s’agit de proposer à l’adolescent de participer à des ateliers
de leur vie fantasmatique, qui devient objet de répulsion, thérapeutiques à médiations diverses (manuelle, culturelle,
et dont ils cherchent à se protéger par des mécanismes corporelle, imaginative et créative), au cours d’une hospi-
de clivage et de protection. Pour Kestemberg, les phobies talisation à temps plein ou de jour [19], voire un traitement
scolaires correspondent à une véritable « phobie du fonc- ambulatoire rapproché ou hospitalisation à domicile [12].
tionnement mental », ancrée dans une angoisse suscitée Le but est d’amener les adolescents à tolérer puis à aimer
chez le sujet par sa production psychique propre. Elle met penser. Les ateliers thérapeutiques trouvent une place pri-
l’accent sur la peur des acquisitions scolaires, qui peut être mordiale, car ils permettent de déconnecter réflexion et
ramenée non seulement à la peur de l’objet mais aussi à cadre scolaire. Toute activité qui met en jeu le langage ver-
« l’angoisse de soi-même-acquérant-et-s’en-servant » [30]. bal est assimilée à la pensée et à la scolarité, alors que
Pour Birraux [5], « la pathologie scolaire est toujours une le « faire » évoque les loisirs et les jeux. Au cours de ces
pathologie de la pensée ». En cela, chez le préadolescent, ateliers, le médiateur (théâtre, art plastique. . .) introduit
la phobie scolaire serait souvent une phobie du penser. Elle de la distance dans la relation et rend l’accès à la parole
postule que l’objet persécuteur serait la pensée, pensée plus facile. Les activités proposées doivent leur permettre
sexualisée par le fait pubertaire. En effet : « à la différence d’exprimer des désirs venant d’eux-mêmes. Les adoles-
des adolescents qui vont utiliser la projection de manière cents sont amenés à rêvasser en présence de quelqu’un et
positive et structurante, comme manière de tester la réa- « expriment les parties les plus saines de leur appareil psy-
lité, de différencier ce qui est de l’autre ou ce qui est de chique pour renforcer leurs assises narcissiques » [7,8,9].
soi, le jeune qui s’organise dans une phobie scolaire va iden- La prise en charge en ateliers thérapeutiques, dans un
tifier comme autre persécuteur une partie de lui-même, un lieu qui n’est ni le domicile ni l’école, permet de plus
organe, son corps, sa peau, ou sa pensée dans le miroir de tenir compte du rôle pris par les pairs à cet âge.
de l’école ». Ici, ce qui effraie le préadolescent serait de Ici l’utilisation du groupe est constante ce qui permet la
« devoir faire face à son monde interne et à son appareil psy- constitution d’un « idéal groupal », nouveau support identi-
chique destabilisé par la poussée pulsionnelle pubertaire », ficatoire. Comme le souligne Jeammet, le groupe « facilite
c’est aussi « de ne pas être apte au travail de secondarisa- l’étayage narcissique » car « c’est parce qu’on lui renvoie
tion qui caractérise l’exigence scolaire ». Ainsi, s’absenter plusieurs images de lui que l’adolescent peut les critiquer et
à soi-même, c’est « éviter l’ingérable angoisse de la repré- acquérir la liberté de présenter une image encore différente
sentation par une mise en stand by de l’activité psychique ». et qu’il ressent comme la sienne » [25].
De Mijolla-Mellor [11], dans une réflexion sur « la pen- Pour cet auteur, le travail en petit groupe permet de
sée buissonnière » en lien avec le refus scolaire, aborde travailler selon deux axes [27]. Le premier consiste en
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une revalorisation narcissique, susceptible de renforcer une dire de la liberté que se donne l’adolescent d’avoir prise
identité menacée. Il s’agit de faire en sorte que l’on puisse sur le monde externe aussi bien que sur son monde intra-
« se nourrir de l’objet, sans savoir justement que l’on psychique » [3]. L’impossibilité dans laquelle se situent les
dépend de cet objet » [29]. Le but est de prendre du plaisir adolescents phobiques scolaires de pouvoir investir l’école
ensemble, sans que l’adolescent réalise que ce plaisir est traduit en réalité leur incapacité à investir leur propre
lié à la présence des autres. Renforcer un plaisir partagé pensée ce qui conduit à plaider pour une organisation pré-
permettrait alors par « ricochet » de retrouver un plaisir à névrotique qui justifie une prise en charge importante.
être, à fonctionner. Le second consiste à intérioriser des Dans ce contexte les modèles de prise en charge proposés
relations différenciées par le biais d’« une fonction tiers ». doivent être multipartenariaux ; associant en fonction de la
C’est tout l’intérêt des thérapies plurifocales qui montrent psychopathologie propre à chaque situation, des thérapies
à l’adolescent que l’on ne peut pas tout lui offrir et qu’il individuelles (verbales ou médiatisées), familiales et grou-
y a une place pour autrui. Cette fonction différenciatrice pales. Ces dernières paraissent être un outil essentiel face
l’empêche de s’enfermer dans une relation de maîtrise. à l’inhibition psychique et l’isolement social dans lesquels
L’institution permet également de travailler le lien certains jeunes se trouvent enlisés.
parent-enfant. Elle tente de le desserrer peu à peu, par
sa fonction médiatisante, étayante et séparatrice. Elle per-
met d’ouvrir un nouvel espace de relation entre les parents Références
et l’enfant. Ce travail de co-pensée qui débute en atelier
trouve ensuite sa finalité en consultation, regroupant psy- [1] Anzieu D. Le Moi-peau. Paris: Dunod; 1995.
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[6] Blos P. The separation individualisation process of adolescence.
par exemple, de tous les cours de certaines matières pré- Psychoanal Stud Child 1965;22:162—73.
férées de l’élève, en vue d’une reprise progressivement [7] Botbol M, Barrere Y, Speranza M. Psychoses à l’adolescence.
plus complète) [12,41]. Ce partenariat entre les enseignants EMC. Psychiatrie/Pédopsychiatrie, 37-215-B-30. Paris: Elsevier
et l’équipe éducative, les psychologue et médecin sco- SAS; 2005.
laires, l’équipe de soin et l’enfant et sa famille permet [8] Catheline N. Quand penser devient douloureux. Intérêt d’un
souvent de réduire les différents clivages et d’organiser travail thérapeutique de groupe en institution et avec média-
une prise en charge sur mesure pour l’enfant en fonc- teur dans la pathologie du jeune adolescent. Psychiatr Enfant
tion de ses besoins. L’école est investie de compétences 2001;XLIV(1):169—210.
maternelles et paternelles majeures. Lieu de manifesta- [9] Catheline N. De la douleur au plaisir à penser: place de la
médiation. In: L’absentéisme scolaire, du normal au patholo-
tion des troubles, elle devient un levier thérapeutique
gique. Paris: Hachette Littératures; 2006.
indispensable lorsqu’elle peut accueillir les initiatives créa- [10] Choffardet S. À propos d’un cas de phobie scolaire. Rev Fr
trices proposées par l’enfant [37], ce dont est incapable Psychiatr Psychol Med 2004;74:59—63.
l’école de Pink Floyd dans le film The Wall d’Alan Parker, [11] De Mijolla-Mellor S. La pensée buissonnière. In: L’absentéisme
dans laquelle l’instituteur jette les poèmes de l’enfant, scolaire, du normal au pathologique. Paris: Hachette Littéra-
lui interdit de rêver et contrôle littéralement ses pensées tures; 2006.
[19]. [12] Denis H. Le refus scolaire anxieux. Prise en charge par une
Parfois, une hospitalisation à temps plein est néces- équipe multidisciplinaire. Enfance Psy 2005;28(3):98—106.
saire, associée pour certains à un séparation plus ou moins [13] DSM IV. Washington DC: APA Press; 1992.
complète de la famille [24,10]. Bien que difficile à réali- [14] Dugas M, Gueriot C. Les phobies scolaires. Étude clinique et
psychopathologique. Psychiatr Enfant 1977;20:307—82.
ser, cette période de séparation complète peut être riche
[15] Egler PJ, Baleyte JM. Perspectives systémiques dans la prise
car elle dévoile de façon aiguë les modes de fonction- en charge de la phobie scolaire. Journées inter-régionales
nement pathologique de la famille. L’institution peut en de pédopsychiatrie Lille-Amiens-Rouen-Caen, Amiens, le
effet être le lieu de projections pathologiques du patient, 26 juin 2009 [Pr Ch. Mille].
mais aussi de son entourage. La charge revenant ensuite [16] Francois-Poncet CM. La phobie scolaire. Nervure
à l’enveloppe soignante de pouvoir accueillir ces projec- 2002;26(6):27—31.
tions, puis de les restituer en les métaphorisant au cours des [17] Gal JM. Contribution clinique et psychopathologique à l’étude
consultations familiales. Au cours de ce travail l’adolescent des phobies scolaires de l’enfant et de l’adolescent [Thèse].
peut s’identifier au thérapeute, qui, bien qu’étant le lieu de Poitiers; 1993.
projection de l’anxiété familiale, ne s’effondre pas. [18] Goeb JL, Delion P. Considérations cliniques introductives à ce
numéro spécial consacré aux schizophrénies infantiles. Neuro-
psychiatr Enfance Adolesc 2009;57(1):2—5.
[19] Goëb J-L, Durieux C. Accueillir en hôpital de jour dans une
5. Conclusion Unité d’hospitalisation à temps plein. Lettre Psychiatr Fr
2009;184:16—8.
Comme le souligne Birraux, « les conditions du ‘pouvoir [20] Golse B. Phobie scolaire, phobies scolaires. Nervure
apprendre’ sont les conditions du ‘pouvoir penser’ c’est-à- 2002;26(6).
262 F. Lamotte et al.

[21] Golse B. Psychodynamique de l’apprentissage et de l’échec [31] Lacour-Gonay. Entre enfance et adolescence : des collégiens
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