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Département de Psychopédagogie UCAD/FASTEF, APPRENANT-APPRENTISSAGE.

CAEM- Babacar DIOP

Université Cheikh Anta Diop de Dakar


Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation
Département de Psychopédagogie
…………………………………………………………..

Babacar DIOP
babacar21.diop@ucad.edu.sn

COURS : APPRENANT- APPRENTISSAGE

Section 2 : APPRENANT

2023-2024

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Département de Psychopédagogie UCAD/FASTEF, APPRENANT-APPRENTISSAGE. CAEM- Babacar DIOP

1. L’apprenant

Activité 1
Analyse des représentations des enseignants en activité sur le couple conceptuel apprenant-
apprentissage.
1. Donnez une définition de l’apprenant et de l’apprentissage (Cinq lignes maximum pour
chaque définition).
2. En vous appuyant sur les définitions proposées, citez trois concepts que vous jugez
importants en enseignement-apprentissage puis justifiez vos choix.

1.1. Définition
On peut définir l’apprenant en s’appuyant sur quatre grandes visions théoriques de
l’apprentissage. L’apprenant est celui :

- à qui on transmet des savoirs, en renforçant des comportements (point de vue


béhavioriste);
- qui est capable de traiter l’information, par les mécanismes mentaux internes
constitutifs de la pensée et de l’action (perspective cognitiviste).
- Qui construit seule des images de la réalité dans des situations d’action (conception
constructiviste);
- Qui échange du sens, dans des rapports sociaux (position socio-constructiviste).

En d’autres termes, l’apprenant est un sujet qui apprend, engagé activement dans un processus
d’acquisition et /ou de perfectionnement des connaissances et des compétences. Il est un sujet
actif qui reçoit des savoirs pour renforcer ses comportements, traite l’information au moyen
de mécanismes mentaux internes commandant la pensée et l’action, construit seule des images
de la réalité dans des situations d’action et échange du sens dans ses rapports sociaux.
L’apprenant est, en quelque sorte, un être humain, un être social, un être doué de raison et un
être perfectible. Il est important de préciser que des connaissances psychologiques solides sur
l’apprenant en milieu scolaire facilitent l’action pédagogique du professeur.

1.2. Éléments de l’apprenant adolescent


L’adolescence peut être définie comme étant « l’âge qui succède à l’enfance et qui commence
avec les premiers signes de puberté. Elle s’étend entre l’enfance et l’âge adulte » (Origilia et
Ouillon, 1966, p.9). Considérée comme une période de transition entre l’état d’enfance et l’état
d’adulte, l’adolescence est caractérisée par l’action concordante de deux forces distinctes : la
transformation physique et l’évolution psychologique. Cette période est généralement décrite
comme un âge de tempêtes, de refus et de turbulence en raison des perturbations biologiques et
psycho-physiologiques de la puberté. Cette dernière constitue un facteur biologique sur lequel
tous les psychologues s’accordent pour identifier la période de l’adolescence.

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1.2.1. Les différentes phases de l’adolescence


Elle comprend trois phases caractérisées chacune par des évolutions biologiques, intellectuelles
et sociales.
Ø La préadolescence (12-14 ans)
L’adolescence commence avec la puberté qui est à la fois une transformation physique et
psychologique évidente. En réalité, on entend par puberté, la période durant laquelle se fait la
maturation sexuelle. Chez les garçons comme chez les filles, le passage à la puberté est marqué
par des changements morphologiques (poussée de poil au pubis, aux aisselles, au menton,
développement des seins, pollution nocturne…).
Le corps de l’adolescent subit une double modification sur le plan de la taille et de sa dimension.
Chez beaucoup de jeunes, c’est une phase de crise difficilement surmontable tandis que d’autres
la traversent sans dommage.
Parmi les caractéristiques de cette période, nous pouvons souligner entre autres les
bouleversements soudains du corps, une pensée logique rivée sur le concret et, menacée
perpétuellement par l’irréalisme de l’imagination et le goût à la polémique stérile et son illusion
de tout savoir.
Ø L’adolescence (14-16 ans)
L’adolescent porte à lui-même une attention particulière. Le narcissisme, une attention
particulière portée à soi-même, a des racines individuelles profondes. Cette attitude narcissique
évolue en un sentiment de pudeur excessive, de mélancolie et de honte qui fait que l’adolescent
se suppose dévisagé par le regard d’autrui. Cela engendre un sentiment de gène permanent face
à l’autre, ce qui favorise les crises adolescentes.
Á cette période, l’adolescent est attiré par l’autre sexe et par ses pairs. Ses fréquentations
évoluent vers les amitiés particulières et sincères et les premières amours naissent. C’est l’âge
d’identification à des héros, des choix d’idoles, de mode de vie, d’idéologie politique et de
sentiments religieux.
En dernière instance, cette période de l’adolescence est essentiellement caractérisée par le
sentiment de pudeur excessive, de mélancolie profonde et de honte, l’intensification des
sentiments religieux, l’inquiétude métaphysique, l’angoisse existentielle, le désir de réformes
sociales et la contestation traduisant la soif du pouvoir chez l’adolescent.
Ø La post adolescence (16-18 ans)
La maturation pubertaire se manifeste par des interrogations sur soi, sur sa sexualité, sur
l’estime de soi et son sentiment d’identité. Tout ce qui concerne la sexualité est évidemment
très présent. Les expériences tentées en cachette, les grossesses précoces non désirées font des
ravages à cet âge et peuvent engendrer des troubles psychosomatiques1 débouchant sur un
sentiment d’infériorité et le suicide. L’adolescent a tendance à explorer le domaine jusque-là
tabou de la sexualité. Cette passion est progressivement orientée vers la recherche du couple
idéal et le sentiment de vouloir fonder un foyer.
Par ailleurs, l’affirmation intellectuelle et sociale est également une caractéristique essentielle
de cette période. La fin des études, l’obtention d’un emploi, le mariage sont autant de critères
pour marquer la fin de l’adolescence et le début de la vie adulte. Mais l’âge de vingt ans semble

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Relatif à l’influence de l’esprit sur le corps. Par exemple le manque d’appétit dû au stress est un trouble
psychosomatique.

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faire le consensus de beaucoup de psychologues car les éléments susmentionnés peuvent


intervenir avant ou après.
Il convient enfin de souligner que la post-adolescence est une période relativement courte moins
critique que celle qui la précède. C’est l’âge de la raison, le début de la sagesse et des
responsabilités familiales et sociales.
1.2.2. La crise d’originalité juvénile
Le concept de « crise d’originalité juvénile » fut développé par Maurice Debesse2 pour articuler
la puberté aux comportements pathologiques des adolescents. Il désigne la psychose débutante
chez les adolescents.
En effet, la volonté de se distinguer à tout prix par des comportements d’opposition excessifs,
est la caractéristique principale de cette phase. Cette crise d’excentricité, d’excès dans le
jugement, dans les goûts, les accoutrements et les conduites non canalisées, prend des allures
différentes entre les garçons et les filles.
Les filles, légèrement en avance sur les garçons du point de vue de leurs visions socio-
affectives, les jugent immatures. Elles sont aussi jugées coquettes par les garçons de leurs âges
et se distinguent par leur saute d’humeur, leur souci de se faire valoir mais aussi leur timidité
excessive et leur pudeur. Certains garçons s’affirment par la violence, l’agressivité et le refus
de l’ordre.
Ainsi, les difficultés avec les parents sont de plus en plus nombreuses. Les parents qui la
subissent sans la comprendre s’opposent de façon négative et violente à leurs enfants, mais ils
sont vite surpris par un changement brusque dans un élan positif à travers des initiatives
individuelles ou collectives. Ce nouvel élan apaisant annonce une maturité sociale et un désir
d’adaptation à la société.
Les périodes de crises mal résorbées, peuvent engendrer, si les enseignants ou les parents ne
sont pas avertis, des conflits aux conséquences graves pour l’avenir de l’adolescent : le passage
à l’acte et la stagnation de la scolarité.

Activité 2

Vous êtes professeur dans un lycée donné, à l’occasion d’une cellule pédagogique, un de vos
collègues fait une intervention en vous plongeant au cœur de la psychologie de l’apprenant en
milieu scolaire. Il avance :
« La fonction d’éducation exige beaucoup de maturité et de hauteur pour ne pas
tomber au niveau de l’apprenant-adolescent. Pour gérer les jeunes collégiens, il faut
comprendre leur psychologie et connaître les différentes phases de leur
développement. Il y a deux phases dans le développement de l’apprenant-adolescent :
la phase préopératoire et la phase concrète. La phase préopératoire est caractérisée
par le bouleversement soudain du corps, le goût à la polémique stérile et l’illusion de
tout savoir. La phase concrète est marquée par le sentiment de pudeur excessif et la
contestation
1.2.3. se traduisant
Aperçu sur par la soif du pouvoir. La puberté constitue un facteur
les caractères
héréditaire sur lequel tous les psychologues s’accordent pour identifier la période de
l’adolescence ».

La contribution ci-dessus de votre collègue est incomplète et comporte des erreurs. Reprenez-la
en complétant les informations et en corrigeant les affirmations erronées.

2
Debesse, M. (1937). La crise d’originalité juvénile. Paris : P.U.F.

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1.2.3.1. Qu’appelle-t-on caractère ?

Activité 3
En vous fondant sur votre expérience d’enseignant craie-en-main, listez les
principaux types de caractère que vous aurez retrouvé chez les apprenants.

Le mot caractère est synonyme de tempérament, de volonté ou de personnalité. Les américains


ont réglé la question en ne parlant que de personality (personnalité). Selon le psychologue LE
SENNE, « le caractère est un ensemble de dispositions congénitales qui forment le squelette
mental de l’individu ». Il ne change pas ; ce qui change c’est la personnalité individuelle, c’est
l’humeur. Pour Gaston Berger, « le caractère fait de l’individu un tendre ou un brutal, un
mystique ou un positif » (Berger, 1971, p.35). Il constitue l’ensemble des manières habituelles3
de sentir et de réagir qui distinguent un individu d’un autre. Il est évident que le caractère
(comme la taille) se modifie avec l’âge. Cela veut dire qu’à certains moments de la vie,
l’individu est sollicité vers certaines structures, non par le hasard ou par les circonstances, mais
par la loi même de son développement.
1.2.3.2.Les principaux types de caractères
La caractérologie est une branche de la psychologie qui a pour objet d’étude du caractère
psychologique. Elle s’est développée en France grâce aux travaux de René Le Senne et de
Gaston Berger. La caractérologie est la connaissance des Hommes (Berger, 1971, p. 21). Les
caractérologues classent les êtres humains selon trois racines fondamentales :
v L’émotivité (E) : être ému, c’est être troublé. Tout Homme l’est, dans certaines
circonstances, mais chacun l’est à sa manière. Les différences d’émotivité font
apparaitre entre les individus l’incompréhension et le scandale.
v L’activité (A) : en caractérologie, l’activité n’est pas le comportement de celui qui agit
beaucoup, mais la disposition de celui qui agit facilement. Un des traits de l’actif est la
facilité avec laquelle il reprend des forces après un travail épuisant. Deux jours de
vacances, quelques heures de sommeil ininterrompu suffisent à lui redonner sa
puissance normale.
v La retentivité: la secondarité (S) ou la primarité (P), c’est-à-dire la réaction de
l’individu plus ou mois rapide (P) ou bien plus ou moins lente face à un événement ou
un problème (S). En effet, toutes les impressions et représentations que nous subissons
exercent sur nous, pendant qu’elles sont effectivement présentes, une action immédiate
que nous appelons leur « fonction primaire ». Lorsqu’elles ont disparu du champ de la
conscience claire, elles continuent à « retentir » en nous-même et à influencer notre
manière d’agir et de penser : c’est cette action prolongée qui est leur « fonction
secondaire ».
La combinaison de ces racines a donné naissance à HUIT grandes familles de
caractères (Berger, 1971) :

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Habituelle ne signifie pas qu’elles sont dues à l’habitude mais qu’elles ont une fixité relative.

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ü Les nerveux : Emotifs non Actifs Primaires (EnAP). D’humeur variable, ils veulent
étonner et attirer sur eux l’attention des autres. Valeur dominante : le divertissement.
ü Les sentimentaux : Emotifs non Actifs Secondaires (EnAS). Ambitieux qui restent au
stade d’inspiration, timides et vulnérables, ils savent mal entrer en relation avec les
autres et tombent aisément dans la misanthropie (hostilité et haine envers le genre
humain). Valeur dominante : l’intimité.
ü Les passionnés : Emotifs Actifs Secondaires (EAS). Activité concentrée sur une fin
unique, dominateurs et naturellement aptes au commandement ; ils ont un sens profond
de la grandeur. Valeur dominante : l’œuvre à accomplir.
ü Les colériques : Emotifs Actifs Primaires (EAP). Généreux, pleins de vitalité, souvent
doués d’aptitudes oratoires, ils sont volontiers révolutionnaires. Valeur dominante
l’action.
ü Les sanguins : non Emotifs Actifs Primaires (nEAP). Opportunistes, ils font preuve
d’initiative, témoignent d’une grande souplesse d’esprit et aiment le monde. Valeur
dominante : le succès social.
ü Les flegmatiques : non Emotifs Actifs Secondaires (nEAS). Hommes d’habitudes,
respectueux des principes ponctuels, objectifs, dignes de foi, ils sont aussi patients et
aiment les systèmes abstraits. Valeur dominante : la loi.
ü Les amorphes : non Emotifs non Actifs Primaires (nEnAP). Disponibles, tolérants par
indifférence, ils font pourtant preuve souvent d’un entêtement passif très tendance. Ils
manquent tout à fait de ponctualité et ont des aptitudes pour la musique et le théâtre.
Valeur dominante : le plaisir.
ü Les apathiques : non Emotifs non actifs Secondaires (nEnAS). Fermés, secrets, tournés
vers eux-mêmes mais sans vie intérieure frémissante, ils sont les moins bavards des
Hommes et honnêtes. Valeur dominante : la tranquillité.

1.2.4. Les applications pédagogiques dans la gestion de la classe


Averti de la diversité et de la complexité des caractères qu’il peut rencontrer chez ses
apprenants, l’enseignant se doit d’en tirer les conséquences pédagogiques pour une meilleure
gestion de sa classe.
Selon Maurice Debesse, « il y a des élèves apathiques qu’il faut pousser sans cesse au travail ;
d’autres qu’il faut freiner et discipliner ; d’autres encore, les natures nerveuses par exemple
qu’il faut soutenir. Les récompenses doivent être fonction des caractères ». Le professeur doit
donc comprendre que sa classe réunit un ensemble complexe d’aptitudes mentales et
d’attitudes caractérielles. Chaque caractère a besoin d’une approche pédagogique appropriée,
d’un traitement particulier. Il est évident qu’un sujet colérique c’est-à-dire Emotif Actif
Primaire pose des problèmes éducatifs fort différents de ceux du sentimental ou du
flegmatique.
Dans sa pratique de classe, l’enseignant en plus des difficultés visuelles et auditives qui le
poussent à réserver les premières places à ceux qui en souffrent, doit éviter que deux bavards
soient mis côte à côte et doit faire de telle sorte que le turbulent soit neutralisé par un voisin
placide et faire agir un sujet ouvert sur un voisin de table taciturne (silencieux).
Par ailleurs, André Le GALL souligne l’intérêt du travail de groupe pour les caractères non
émotifs et non actifs comme les apathiques tandis que les sentimentaux seraient plus à l’aise de

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travailler seuls.

Compte tenu de la diversité des caractères des apprenants, l’enseignement efficace nécessite
une application des principes de la psychologie différentielle. Chaque adolescent est un cas
particulier à traiter avec précaution. Il faut agir dans le sens d’un équilibre entre une adaptation
aux exigences du milieu et un permanent souci de dépassement de soi.

Enfin, il est important que le professeur soit averti des principaux signes de la délinquance
juvénile afin de prévenir tout passage à l’acte, en avertissant l’administration scolaire pour une
prise en charge précoce du délinquant potentiel, sans qu’il soit nécessaire de jouer au
psychologue ou de verser dans des mesures punitives lourdes de conséquences.

Activité 4 : analyse de cas

1. Présentation du cas.
2. Les problèmes
psychologiques et
pédagogiques posés.
3. Critiques du cas

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