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réalités pédiatriques # 187_Septembre 2014

Le dossier
Neurologie

Développement neuropsychique
de l’adolescent : les étapes à connaître
RÉSUMÉ : La période de l’adolescence est marquée par la croissance staturale et la puberté, intimement liées
aux étapes du développement neuropsychique. La prise en charge à cette période délicate a des implications
importantes, aussi bien sur le plan de la santé physique de l’adolescent que pour la construction de sa
personnalité future.
Les développements physique, cognitif et psychologique, bien qu’ils présentent une variabilité individuelle
dans leur expression et leur temporalité, peuvent être déclinés en trois grandes étapes communes.
La première correspond au début de l’adolescence ; elle est marquée par la métamorphose physique des premiers
signes pubertaires, par le développement des capacités d’abstraction, de raisonnement hypothético-déductif
sur le plan cognitif et, sur le plan psychologique, par le début du processus de séparation/individuation.
La seconde correspond à la mi-adolescence avec la mise en place des dernières étapes pubertaires et la
poursuite de la croissance, l’apparition de la capacité à manipuler des concepts théoriques et de l’intérêt
pour les questions fondamentales (sens de la vie…) et, sur le plan psychologique, par le tiraillement entre des
mouvements contradictoires et des comportements d’expérimentation et de prise de risque.
La fin de l’adolescence est marquée par la fin de la croissance staturale, par la capacité à mener un
raisonnement jusqu’à son terme, par l’intérêt pour le raisonnement intellectuel et sociétal et par la
stabilisation identitaire et des capacités relationnelles.

[ Définitions
de l’adolescence
lescent) que la pédiatrie concerne les
enfants de 0 à 18 ans.

Adolescence provient du latin ado- L’âge adulte de 18 ans est l’âge légal de la
lescere : grandir (adolescens : qui est majorité dans beaucoup de pays, même
en train de grandir) ; elle débute à la si ce n’est pas universel. L’adolescence
puberté et se termine à l’âge adulte s’allonge actuellement. L’âge de la
(adultus : qui a fini de grandir). Les ménarche est de 12-13 ans dans la plu-
définitions de l’adolescence sont part des pays développés [1]. Si on prend
variables : pour l’OMS, les adoles- comme fin de l’adolescence des facteurs
cents sont âgés de 10 à 19 ans. Les sociaux de type avoir des responsabili-
teenagers correspondent à la classe tés “d’adulte” (travail, autonomie finan-
d’âge 13-19 ans. Certaines études épi- cière, mariage, avoir des enfants, etc.),
démiologiques donnent des résultats l’adolescence dure typiquement 2 à
➞ M. DEVERNAY1, pour la tranche 15-24 ans correspon- 4 ans dans les sociétés traditionnelles
S. VIAUX-SAVELON2 dant aux “jeunes”. Sous l’impulsion préindustrielles ; mais elle devient
1 Unité de Médecine pour Adolescents,
Hôpital Armand-Trousseau, PARIS.
de la Société française de Pédiatrie beaucoup plus longue, supérieure à
2 Service de Psychiatrie et du Défenseur des Enfants au début 10 ans actuellement dans beaucoup de
de l’Enfant et de l’Adolescent, des années 2000, il est maintenant sociétés occidentales [2, 3].
Hôpital La Pitié-Salpêtrière, PARIS. reconnu (circulaire ministère de la
Santé et de la Protection sociale n° 517 L’expansion de la durée de l’adoles-
du 28 octobre 2004 relative à l’élabo- cence a des avantages : plus de temps
ration des SROS de l’enfant et de l’ado- pour acquérir des compétences diverses

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avant d’être soumis aux exigences des délaisse alors ses jeux autrefois familiers, objets d’investissement mais doit aussi
responsabilités de la vie d’adulte, mais cherche l’isolement et l’intimité. Il amorce se choisir lui-même en tant qu’objet
a aussi un coût puisqu’elle va de pair le processus de séparation/individuation d’intérêt et d’estime.
avec une extension de la période de et se rapproche de ses pairs. Sur le plan
vulnérabilité sur les plans comporte- émotionnel, l’expression se fait essen- Ce mouvement vers l’extérieur consiste
mental et émotionnel. Nous avons fait tiellement en acte avec des difficultés aussi en un réinvestissement de l’éner-
le choix d’étudier le développement de verbalisation des affects. Des préoc- gie pulsionnelle vers des activités
neuropsychique du début de l’adoles- cupations liées à son image corporelle variées, physiques, intellectuelles ou
cence (environ 11 ans) jusqu’à l’âge de apparaissent avec les premiers signes de artistiques qui fournissent à l’ado-
21 ans, correspondant dans la pratique la puberté. L’accélération de la vitesse de lescent des médias d’expression émo-
courante à l’âge des patients “les plus croissance modifie le rapport au monde tionnelle et peuvent le guider en dehors
âgés” pris en charge en pédiatrie. de l’adolescent. Certains commencent à de cette période de vulnérabilité. Sur
ressembler extérieurement à un adulte le plan cognitif, ses capacités d’abstrac-
Le développement physique, cogni- sans pour autant avoir achevé leur matu- tion continuent à augmenter ; apparaît
tif et psychologique à l’adolescence ration psychologique. Les jeunes filles la logique des propositions qui lui
est un processus en trois grandes peuvent passer des heures devant leur donne accès à un nombre infiniment
étapes (tableau I d’après [4] et [5]). miroir, cherchant à reprendre la maîtrise plus grand d’opérations. Il manipule
L’adolescence est considérée sur le plan sur ce corps qui se modifie malgré elle ; des concepts théoriques et s’intéresse
développemental comme le deuxième les garçons peuvent se questionner sur au raisonnement intellectuel et sociétal.
processus de séparation/individuation la normalité du développement de leurs Il s’interroge sur le sens de la vie.
et comme une étape fondamentale du caractères sexuels.
processus de subjectivation [6, 7]. >>> La fin de l’adolescence (17-21 ans)
Sur le plan cognitif, les intérêts intellec- vient avec la consolidation des dernières
Les maturations psychiques et cogni- tuels se développent. De l’intelligence étapes du développement pubertaire.
tives de cette période sont intimement opératoire, basée sur les opérations Le grand adolescent est plus stable
intriquées à la maturité physique puber- concrètes, l’adolescent passe à une émotionnellement. Il s’intéresse aux
taire. Ces nombreuses transformations intelligence opératoire formelle qui autres et à leurs désirs, stabilisant ainsi
ont des implications importantes, aussi porte sur des énoncés verbaux, et il ses relations affectives et sexuelles.
bien sur le plan de la santé que de la accède au raisonnement hypothético- L’identité est plus affirmée, en parti-
construction de la personnalité du déductif [8]. Il augmente ses capacités culier l’identité sexuelle. Les rapports
futur adulte. d’abstraction et accède à une réflexion aux pairs restent importants, mais plus
sociétale plus approfondie. sur le mode des relations duelles. Il a
L’adolescence constitue ainsi tout à à présent la capacité de mener un rai-
la fois une période de transition et >>> La mi-adolescence – entre 13 et sonnement complet. Il se préoccupe de
de maturation et nécessite la mobili- 16 ans pour les filles et entre 14 et 17 ans l’avenir et, en s’intéressant à la culture
sation des capacités d’adaptation de pour les garçons – est une phase d’expé- et aux origines, il cherche sa position
l’adolescent et de son entourage. Les rimentation et de prise de risques. Sur dans la société.
mouvements qui animent l’adolescent le plan physique, l’adolescent poursuit
au cours de cette période sont plus ou son travail d’intégration des dernières Certains facteurs de risque, tels que
moins simultanés et contradictoires, ce transformations pubertaires. Sur le plan des antécédents de carences, d’excès
qui donne cet aspect parfois paradoxal psychique, il accède à la subjectivation : ou d’ambivalence dans les liens fami-
et fluctuant du comportement de l’ado- il se construit ainsi en tant que sujet suite liaux, peuvent entraver le travail psy-
lescent. au travail de séparation/individuation chique de l’adolescence et ainsi amener
qu’il a amorcé à la phase précédente. l’adolescent à attaquer son propre corps
>>> Le début de l’adolescence – entre Cette étape est ainsi caractérisée par (mouvements d’autoagressivité, troubles
10 et 12 ans pour les filles et 11 à 13 ans des mouvements paradoxaux aussi des conduites alimentaires) ou rempla-
pour les garçons – est marqué par la bien envers les parents qu’envers les cer leur dépendance ressentie vis-à-vis
période de transition entre l’enfance pairs et la société : “pour savoir qui d’autrui, insupportable à leurs yeux, en
et l’âge adulte, au cours de laquelle je suis, j’ai besoin de ressembler à une dépendance envers les produits,
l’adolescent sort de la phase de latence quelqu’un et en même temps je ne peux conduites, objets addictifs qu’ils ont
et où on observe une réactivation des être moi-même qu’en me différenciant l’illlusion de pouvoir maîtriser ; des
pulsionnalités œdipiennes [8]. L’enfant d’autrui.” L’adolescent choisit d’autres mouvements dépressifs sont fréquents.

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Étapes
Développement physique Développement cognitif Développement psychologique
de l’adolescence
● Préoccupations liées à l’image du corps,
Métamorphose physique – ● Les intérêts intellectuels questionnements sur la normalité
Premiers signes pubertaires : se développent. des transformations pubertaires.
● filles : seins, pilosité, ● Apparition de l’intelligence ● Début du processus de séparation/individuation

Début début des menstruations, opératoire formelle [11], entraînant éventuellement des conflits avec
de l’adolescence croissance staturale ; raisonnement hypothético- les parents. Nécessité d’un espace intime physique
● garçons : augmentation déductif, augmentation de et psychologique.
du volume testiculaire et la capacité d’abstraction. ● Influence plus importante du groupe de pairs.

~ 11-13 ans du pénis, pilosité, premières ● La pensée formelle porte ● Oscillation entre des comportements d’enfant

“Collégiens” éjaculations, mue de la à présent sur des énoncés et des comportements adultomorphes.
voix, augmentation de la verbaux. ● Caractère “lunatique”, sautes d’humeur.

musculature, croissance ● Réflexion sociétale plus Expression émotionnelle plus agie que verbalisée.
staturale. approfondie. ● Test des règles et des limites.

● Intérêt croissant pour la différence des sexes.

● Contraste entre les sentiments d’invulnérabilité,


● Poursuite de l’augmentation de toute-puissance et un manque sous-jacent de
de la capacité d’abstraction. confiance en soi.
● Apparition de la logique ● Phase d’expérimentation et de prise de risque

Mi-adolescence des propositions dans tous les domaines afin d’accéder


permettant d’accéder à la construction de l’identité (processus
à un nombre infiniment de subjectivation). Réactions impulsives face
Dernières étapes
~ 13-17 ans plus grand d’opérations. à des situations anxiogènes ou dépressiogènes.
des transformations ● La concentration peut ● Tendance à la distance avec ses propres parents.
“Lycéens”
physiques de la puberté.
être perturbée par les ● Ajustement continu au corps changeant.
Poursuite de la croissance.
Phase mouvements émotionnels. ● Importance de réussite de l’intégration

d’expérimentation ● Intérêt pour le dans un groupe de pairs. Questionnements sur


et de subjectivation raisonnement intellectuel la normalité.
et sociétal. ● Amélioration des capacités d’expression

● Réflexions sur le sens émotionnelle.


de la vie. ● Expérimentation des sentiments amoureux et

passionnels. Intérêt augmenté pour la sexualité.

● Capacités de mener un ● Affirmation plus marquée de l’identité,


raisonnement complet du en particulier de l’identité sexuelle.
Fin
début à la fin. ● Amélioration de la stabilité émotionnelle.
de l’adolescence ● Capacités de stabilisation ● Augmentation de la préoccupation pour les

des relations intimes autres et leurs désirs.


Fin de la croissance
affectives et sexuelles. ● Meilleure confiance en soi. Augmentation de
17-21 ans pubertaire. ● Préoccupation augmentée l’indépendance.
pour l’avenir. ● Les rapports avec les pairs restent importants,
Stabilisation ● Poursuite de l’intérêt développement de relations duelles plus
identitaire
pour le raisonnement approfondies.
intellectuel et sociétal. ● Regain d’intérêt pour les traditions et la culture.

Tableau I : Étapes du développement physique, cognitif et psychologique à l’adolescence. Inspiré de figure du Lancet, Sawyer 2012;379:1630-1640.

[ Les mécanismes impliqués humains, des chercheurs ont suggéré >>> Au niveau des cortex frontaux, tem-
que les hormones pubertaires puissent poraux et pariétaux, les transformations
1. Maturation cérébrale modifier la structure et la fonction du de la matière grise se conforment à une
et neuro-imagerie cerveau humain en développement [9]. trajectoire développementale en forme
Des avancées en IRM ont permis l’identi- de “U inversé”, avec une augmentation
Bien que peu de choses soient connues fication de changements dans la matière de volume durant l’enfance, atteignant un
sur la relation entre la puberté et le grise corticale du cerveau pendant l’ado- pic au début de l’adolescence avec une
développement neurologique chez les lescence et chez l’adulte jeune [10, 11]. diminution ultérieure de volume chez

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l’adulte jeune [10, 12]. Cette trajectoire [17]. La plus grande disparité de matu- de GnRH, la protéine kisspeptine et son
correspond à une croissance dendritique ration entre le système limbique et le récepteur GPR54 (G-protein-coupled
et une synaptogenèse (correspondant à cortex préfrontal a lieu durant le début receptor 54) [23], entre autres, ont un
l’augmentation de volume de matière et à la mi-adolescence. La prise de risque rôle dans l’initiation de la puberté.
grise en IRM) avec un élagage synaptique augmentée à ce moment pourrait être Il s’en suit une sécrétion pulsatile de
ultérieur (diminution du volume de expliquée par un déséquilibre dévelop- FSH (follicle-stimulating hormone) et
matière grise) [13]. pemental, favorisant les comportements LH (luteinizing hormone) hypophy-
dirigés par l’émotion et les récompenses saires, puis une sécrétion d’estradiol
>>> L’élagage synaptique est en lien sur la prise de décision plus rationnelle et de testostérone gonadiques. Le début
avec un affinement, une spécialisation [4, 9, 17]. de la puberté est modifié par diffé-
des fonctions neuronales. Cet affinement rents facteurs, entre autres les produits
des connections synaptiques correspond Les données suggèrent que les adoles- chimiques perturbateurs endocriniens
à un remodelage cérébral en réponse aux cents peuvent prendre des décisions estrogènes-like ; les enfants adoptés
stimulations sociales, émotionnelles et étonnantes en dépit de la connaissance (adoption internationale) ont un risque
comportementales. Il se déroulerait selon des risques. Les adolescents semblent relatif de puberté précoce augmenté
le principe du “use it or loose it” : seules être plus vulnérables que des adultes [24].
les connections utilisées vont pouvoir lors de la prise de décision dans des
survivre et prospérer. Les activités de situations particulièrement stimu- Cliniquement, l’évolution pubertaire
l’adolescent seraient ainsi susceptibles lantes ou stressantes – ainsi appelé sera évaluée grâce aux stades de Tanner
d’avoir une grande influence sur la “hot cognition” – surtout en présence et la croissance staturale sera précisé-
structure définitive du cerveau [14]. des pairs [18]. Une augmentation de ment mesurée, les caractères sexuels
l’activité dans le noyau accumbens, une secondaires se mettent en place pro-
Les études par IRM montrent une aug- région liée à la récompense, au plaisir gressivement (morphologie, voix,
mentation globale de la matière blanche et à d’autres réponses émotionnelles, musculature). La puberté est dite pré-
de l’enfance à l’adolescence, qui ralen- semble liée à l’augmentation des com- coce si les premiers signes pubertaires
tit et se stabilise chez le jeune adulte. portements [19] à risque à la puberté apparaissent avant 8 ans chez les filles
Cette augmentation est attribuable à [18, 20]. et avant 9 ans 6 mois chez les garçons
une progressive myélinisation axonale [25]. Elle est retardée si ces premiers
liée à l’âge ou à une augmentation du Mais la plasticité cérébrale est aussi signes apparaissent après 13 ans chez
calibre axonal, les deux phénomènes une immense source de potentialités les filles et après 14 ans chez les garçons
améliorant la vitesse de transmission de fonctions et d’adaptation pour l’in- [26]. Dans ces cas, des examens complé-
neuronale. dividu [4, 21, 22]. Même si les publica- mentaires sont nécessaires et des traite-
tions existent, la réalité des relations ments, en fonction des étiologies et de
>>> Le cortex préfrontal – lieu de entre la structure et le fonctionnement l’évolutivité, seront discutés.
contrôle des fonctions exécutives, cérébral est probablement plus com-
incluant la planification, la régulation plexe, et nous ne sommes qu’au début ● Hormones sexuelles et comportement
émotionnelle, la prise de décision et la des connaissances dans le vaste champ
conscience de soi – est une des régions des liens comportements/imagerie Il n’y a pas d’étude mettant en évidence
du cerveau qui subit le développement cérébrale et biologie. de lien direct entre les taux de testosté-
le plus prolongé chez les êtres humains. rone et l’agressivité à l’adolescence ; la
Le cortex préfrontal commence à se 2. Les hormones pubertaires testostérone augmenterait la motivation
développer très tôt dans la vie et conti- et le développement neuropsychique pour atteindre un statut plus élevé, mais
nue après l’adolescence jusqu’à ce que de l’adolescent les effets spécifiques sur le comporte-
l’individu soit dans sa 20e année [10, ment dépendent du contexte social et
16]. Ce développement cérébral pour- ● Puberté : mécanisme, définitions de développemental [9]. Le rôle de la tes-
rait expliquer l’amélioration régulière la puberté précoce, retardée tostérone sur la libido de l’homme est
dans le contrôle de soi de l’enfance à bien établi, y compris chez les adoles-
l’âge adulte. Par contraste, le système La puberté débute quand la sécrétion cents [27] et adolescentes [28]. Le rôle
limbique, qui gouverne le traitement de pulsatile de GnRH (gonadotropin- des traitements hormonaux substitutifs
la récompense, l’appétit, la recherche releasing hormone) par l’hypothalamus (testostérone ou estrogènes) sur le com-
du plaisir, se développe plus tôt dans active l’axe hypothalamo-hypophyso- portement sexuel est bien décrit chez
l’adolescence que le cortex préfrontal gonadique. En amont de cette sécrétion des adolescents hypogonadiques traités

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[29]. Concernant les femmes ayant un les pairs et au comportement parental >>> L’adolescent s’éloigne de ses
syndrome de Turner, associé fréquem- dans différentes espèces dont l’être parents, poussé par sa quête de nou-
ment à un hypogonadisme hypogona- humain. veaux “objets d’amour” qui le mettent
dotrope, l’âge de la première expérience à l’abri de la menace incestueuse et
sexuelle est lié à l’âge de début de la L’action des hormones – variable indi- d’un rapprochement trop fort avec
puberté [30]. viduellement en fonction de facteurs le parent de l’autre sexe. Mais l’objet
génétiques, épigénétiques, du sexe, de d’amour ne signifie pas d’emblée “objet
Le décalage pubertaire est mal vécu l’âge, du stade pubertaire – est modérée amoureux”, l’adolescent est d’abord
(avance ou retard), pouvant être à l’ori- par la nature, les valeurs et les forces attiré par le groupe de ses pairs : c’est le
gine de victimisation par les pairs et normatives du milieu socioculturel temps des copains. L’homogénéité du
davantage de symptômes dépressifs (famille, groupe de pairs, religion, groupe lui permet d’atténuer les doutes
(questionnaire en population générale). société). Bien que la biologie puber- liés aux flottements identitaires et aux
Les filles ayant une puberté avancée ne ta i re, “tempête hor mona le” pou r transformations physiques. Il se fond
sont pas satisfaites de leur image corpo- cer ta ins [38], soit com mu nément dans le groupe avec un certain degré
relle ; quant aux garçons, ils consomme- considérée comme à l’origine d’un de conformisme, il y expérimente la
raient plus de substances illégales [31]. effet de turbulence et de préoccupa- problématique de la position active/
Les filles et les garçons ayant eu un rap- tion pour la sexualité à l’adolescence, passive et il y tente de se reconnaître
port sexuel avant 15 ans avaient débuté la réalité de son effet dans l’émotion- dans son sexe d’appartenance.
leur puberté plus tôt que la moyenne [31- nalité humaine est difficile à estimer
33]. De plus, dans une analyse multiva- [39, 40]. >>> De même, à la mi-adolescence,
riée, les facteurs associés à la précocité vient le temps de l’ami(e) du même

[ L’adolescent,
des premiers rapports sexuels étaient sexe, double identitaire, et support de
la diminution de la surveillance paren- sa sexualité projection narcissique. La capacité de
tale et la diminution de la satisfaction et ses relations aux autres l’adolescent à investir cet espace social
à l’école [34]. Dans une grande cohorte dépend de la qualité et de la richesse
de femmes, cette précocité était asso- Selon la dernière enquête du Baromètre des relations qu’il a pu établir avec les
ciée à d’autres conduites à risque [35]. santé jeunes [41], les premiers compor- enfants de son âge lors de l’enfance.
Cependant, l’association entre déca- tements sexuels apparaissent à l’ado-
lages pubertaires et conduites à risque lescence. Moins d’un adolescent sur 5 >>> Chez le grand adolescent, apparaît
doit être considérée avec précaution. a eu sa première relation sexuelle avant ensuite le temps du (de la) petit(e)
15 ans, avec un âge médian du premier ami(e). Même s’il peut exister dans
Dans d’autres études, un des facteurs rapport en 2010 à 17 ans, identique aux l’enfance et dans la première partie de
qui semble important pour débuter chiffres de 1993. On note ainsi qu’entre l’adolescence des relations amoureuses
ou non une vie sexuelle, est “la norme 15 et 19 ans, dans 1/4 des cas, la rela- privilégiées, la relation amoureuse au
sociale ambiante ressentie”, c’est-à-dire tion avec un “petit ami” n’implique sens telle qu’elle existera à l’âge adulte
la perception du niveau d’expérience pas le rapport sexuel. Cependant, se structure à cette période. Elle néces-
sexuelle des amis fréquentés [36, 37]. ces études relèvent aussi la présence site la maturation de l’adolescent dans
importante d’une sexualité forcée : plusieurs domaines : tout d’abord, une
Par ailleurs, bien d’autres systèmes 15 % des filles de 15 à 18 ans et 2 % bonne intégration de la différence des
hormonaux existent en dehors des des garçons ont déclaré avoir eu des sexes (c’est-à-dire se reconnaître soi-
hormones sexuelles de la puberté. Par rapports non consentis, dans 3/4 des même dans un sexe aussi bien au sens
exemple les systèmes adrénergiques cas avec d’autres jeunes et dans 8 % biologique, psychique que sociétal) et
et corticotropes peuvent non seule- des cas avec des adultes. Dans 85 % des accepter la reconnaissance de l’autre
ment moduler l’expression de l’axe cas, l’agresseur se trouve dans l’entou- sexe. Sur le plan émotionnel, apparaît
hypothalamo-hypophyso-gonadique rage immédiat du jeune. la découverte de la différence des
mais, avec le système neurovégétatif, désirs. Dans l’enfance, l’enfant attend
ils jouent un rôle majeur dans les phé- Il existe un décalage entre sexuali- qu’on satisfasse son désir ; le grand
nomènes d’adaptation de la réponse au sation et sexualité à l’adolescence : la adolescent, lui, cherche ce que l’autre
stress. Des changements pubertaires sexualisation porte sur la reconnais- attend de lui et c’est en s’efforçant de
de l’ocytocine chez les femelles et de la sance du sexe de l’autre, de ses désirs et répondre au désir de l’autre qu’il va
vasopressine chez les mâles ont été liés des siens propres ; elle n’est pas néces- créer sa relation amoureuse. Le désir
à l’attachement social, aux liens avec sairement associée à la sexualité. de la découverte de l’autre apparaît

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au moment de la découverte de son [ L’addiction à l’adolescence nelle sans intention autodestructrice.


incomplétude, compensant l’angoisse L’adolescent, en difficulté de verbali-
liée à cette perte de la toute-puissance. L’addiction se définit selon plusieurs sation de ses affects, marque dans sa
degrés : l’expérimentation qui consiste chair une souffrance psychique pour
Il existe cependant un paradoxe lié à en au moins un usage au cours de la lui donner une réalité physique. Le
l’entrée dans la sexualité : au moment vie, l’usage régulier marqué par au geste autoagressif amène d’ailleurs
de l’émergence de la subjectivation, qui moins dix usages dans les 30 jours souvent une forme d’apaisement après
conduit à l’affirmation de sa singula- précédant l’enquête et l’usage quoti- la crise, qui peut être trompeuse.
rité et d’une forme de mégalomanie, la dien consistant en au moins un usage
transformation pubertaire inscrit dans quotidien dans les 30 derniers jours. À l’adolescence, les mouvements
le corps la dimension de l’incomplétude L’addiction commence par l’expéri- dépressifs sont fréquents, le jeune
et du besoin de l’autre, ce qui peut appa- mentation, phénomène habituel de la étant soumis aux doutes identitaires
raître pour certains insoutenable. mi-adolescence. Les données épidé- et étant particulièrement perméables
miologiques de l’étude HSBS 2010 [43], aux aléas de son environnement. De

[ Les
montrent une augmentation nette des même, les adolescents expriment
réseaux sociaux consommations dans la population facilement des idées morbides ; mais
et Internet préadolescente en France, avec une il existe un décalage important entre
forte corrélation entre la précocité les tentatives de suicide qui sont 30
Internet est un outil particulièrement des premières consommations et la fois plus fréquentes que les suicides
utilisé par les adolescents car il répond survenue ultérieure de syndrome de (nombre de décès par suicide : 521/an
parfaitement à leur désir d’éloignement polyaddiction [44]. Ainsi, 30 % des en 2010 en France chez les 15-24 ans
et d’exploration du monde tout en leur collégiens ont essayé le tabac et, en 3e, vs 937 en 1985).
permettant de rester dans le rassurant 16 % fument déjà quotidiennement.
cocon familial. Il est important de ne L’alcool reste le produit psychoactif Le suicide reste cependant la deuxième
pas s’arrêter à la consommation d’écran le plus souvent expérimenté (70 % cause de mort violente en France chez
de l’adolescent, mais bien d’analyser ce des collégiens), marqué ces dernières les 15-24 ans après les accidents. C’est
qu’il y fait. Les réseaux sociaux, par- années par l’apparition du phénomène l’accumulation des facteurs de risque
ticulièrement utilisés par les filles, de binge drinking : consommation mas- qui est en cause dans toutes les études
leur permettent de ne jamais perdre sive d’alcool en moins de 2 h avec pour [46].
contact avec leur groupe de pairs et objectif l’ivresse aiguë. Ce phénomène
leur double identitaire. Les jeux vidéo est en forte augmentation depuis les
et leur mise en réseau sont plus utili- années 2000. Quant au cannabis, 24 % [ Conclusion
sés par les garçons. Ils y expérimentent des collégiens l’ont expérimenté en 3e.
leurs compétences, rivalisent avec les S’occuper de la santé des adolescents
autres joueurs plus ou moins virtuels L’absence de recherche systématique de dans leur globalité est primordial.
et testent ainsi leur toute-puissance. la consommation au cours des consul- L’adolescence est un temps où les tra-
Cependant, les écrans peuvent parfois tations conduit généralement à sous- jectoires peuvent s’orienter vers des
amener trois types de problématiques : estimer sa prévalence (ainsi, 39 % des pathologies qui vont perdurer à l’âge
le monde virtuel peut prendre le pas adolescents hospitalisés déclarent leur adulte. Cette période de maturation
sur le monde réel (phénomène des addiction contre 16 % si l’on interroge aussi bien sur le plan physique que
otachi aux Japon), les réseaux sociaux le clinicien) [45]. psychique est aussi une période de
devenir un lieu de harcèlement dont il vulnérabilité.

[ L’autoagressivité
devient impossible de se sortir, comme
l’atteste l’augmentation du phénomène Les actions de prévention et de soins
de cyberbullying (14 % des adolescents à l’adolescence menées à cette période ont des effets
américains en seraient victimes [42]), bien plus marqués que les mêmes
et la consommation intensive des jeux L’autoagressivité est un phénomène interventions réalisées plus tard dans
vidéo peut les mener à une forme d’ad- fréquent à l’adolescence, mais elle la vie. Le pédiatre a donc un rôle fon-
diction. Ces dérives signent générale- n’est pas toujours associée au risque damental de prévention, de repérage
ment une fragilité psychopathologique suicidaire. Les scarifications, en parti- des signes d’alerte, d’orientation et de
sous-jacente, qu’il faudra traiter pour culier, sont généralement l’expression prise en charge pour l’adolescent et sa
elle-même. d’une difficulté d’expression émotion- famille.

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19. GALVAN A, HARE TA, PARRA CE et al. Earlier 33. EDGARDH K. Sexual behaviour and early
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