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Que pense Dieu de la sexualité avant le mariage ?

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July 5, 2019

Par : pasteur Marc Pernot

Question d’un visiteur :


Bonjour,

Je suis chrétien depuis plus de 30 ans, et j’ai fréquenté divers courants chrétiens : je suis
né catholique, puis je me suis « converti » à l’âge de 22 ans et ai rejoint une Eglise
évangélique de Réveil. J’ai ensuite fréquenté une Eglise évangélique Libre, puis l’Armée
du Salut. Je lis beaucoup de livres chrétiens, de livres sur les relations humaines, des
livres de psychologie, etc.

Mon esprit s’est beaucoup plus ouvert qu’à mes débuts de foi chrétienne. Actuellement,
je fréquente une femme, et je me pose sérieusement la question de la sexualité avant le
mariage. Si je lis des articles dans le monde évangélique, ce milieu semble le condamner
de manière ferme, classant cela dans la catégorie « fornication », acte jugé sévèrement
par Dieu.
Dans le milieu Réformé, ce thème ne semble pas poser de problème, dès le moment où
la relation est une relation engagée, stable, durable et où le respect et l’amour sont au
centre.

Aussi, je ne sais pas trop quoi penser… Chacun y va de ses arguments, mais ma lecture
de la Bible me semble ne pas donner de verset 100% clair à ce sujet. Il y a sujet à
interprétation… Si cela était tellement important pour Dieu, n’y aurait-il pas des versets
qui diraient clairement : « Moi le Seigneur, je veux qu’un homme et une femme n’aient
pas de relations sexuelles avant de s’être engagés par l’acte du mariage » ?

De plus, notre vision du mariage n’est pas la même que celle d’il y a 2000 ans, du temps
de Jésus, n’est-ce pas ?

Je vous mets ci-dessous une copie d’un article que j’ai trouvé sur le site « TopChrétien »,
et j’aimerais avoir votre avis éclairé sur ce sujet, et vos commentaires sur ce type
d’article…

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Je désire de tout cœur obéir à la volonté de Dieu, et pour cela j’ai besoin d’avoir une
vision claire et équilibrée sur ce thème…

Merci pour votre aide et que Dieu vous bénisse !

Copie de l’article sur « TopChrétien » :

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Le sexe avant le mariage est-il péché ?

Dans la Bible, aucun terme hébreu ou grec employé ne fait précisément référence
au sexe avant le mariage.

La Bible condamne clairement l’adultère et l’immoralité sexuelle, mais le sexe avant


le mariage entre-t-il dans cette définition ?

D’après 1 Corinthiens 7.2, la réponse est clairement oui : « Toutefois, pour éviter
toute immoralité sexuelle, que chaque homme ait sa femme et que chaque femme
ait son mari ». Dans ce verset, Paul présente le mariage comme un « remède » à
l’immoralité sexuelle. Pour résumer, 1 Corinthiens 7.2 dit que, puisque les hommes
ne savent pas se contrôler et qu’il y a tant d’immoralité sexuelle hors mariage, ils
doivent se marier pour satisfaire leurs passions d’une manière conforme à la
morale.

Ainsi, comme 1 Corinthiens 7.2 inclut clairement le sexe avant le mariage dans sa
définition de l’immoralité sexuelle, tous les versets bibliques qui condamnent
l’immoralité sexuelle, condamnent aussi le sexe avant le mariage comme péché. Le
sexe avant le mariage fait partie de la définition biblique de l’immoralité sexuelle.
De nombreux passages des Écritures (Actes 15.20, Romains 1.29, 1 Corinthiens
5.1, 6.13, 18, 7.2, 10.8, 2 Corinthiens 12.21, Galates 5.19, Éphésiens 5.3,
Colossiens 3.5, 1 Thessaloniciens 4.3, Jude 1.7) disent que le sexe hors mariage
est péché. La Bible enseigne l’abstinence avant le mariage. Les rapports sexuels
entre un mari et sa femme sont la seule forme de sexe que Dieu approuve
(Hébreux 13.4)

Trop souvent, nous nous concentrons sur l’aspect récréatif du sexe à l’exclusion
d‘un autre aspect important : la procréation. Le sexe dans le cadre du mariage
procure beaucoup de plaisir et Dieu l’a voulu ainsi. Il veut que les hommes et les
femmes aient du plaisir à leur activité sexuelle dans le cadre du mariage. Le
Cantique des Cantiques et plusieurs autres passages bibliques (comme Proverbes
5.19) décrivent clairement les joies de la sexualité. Mais les couples doivent
comprendre que Dieu a d’abord prévu la sexualité pour faire des enfants. Par
conséquent, un couple qui a des rapports sexuels avant le mariage pèche à la fois
en profitant de plaisirs qui n’étaient pas prévus pour lui et en risquant de donner
naissance à une vie humaine en dehors de la structure familiale que Dieu a prévue
pour chaque enfant.

Même si la pratique ne doit pas être un facteur déterminant pour distinguer le bien
du mal, si le message biblique sur le sexe avant le mariage était suivi, il y aurait
bien moins de maladies sexuellement transmissibles, d’avortements, de mères
célibataires, de grossesses indésirables et d’enfants qui grandissent sans la
présence de leurs deux parents. Pour Dieu, il n’y a pas d’alternative à l’abstinence
avant le mariage. L’abstinence sauve des vies, protège les bébés, donne leur
valeur appropriée aux relations sexuelles et, surtout, honore Dieu.

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Réponse d’un pasteur :
Bonsoir cher Monsieur

Bravo pour votre recherche de fidélité à Dieu avant d’agir. Bravo aussi pour votre
démarche d’intelligence et de discernement personnel, explorant les avis sans d’ailleurs
négliger l’apport des sciences. Je suis intimement persuadé que cette démarche est
extrêmement prometteuse et en elle même fidèle à l’Evangile du Christ.

Comme vous le remarquez, Jésus-Christ n’est pas du tout moraliste. S’il fallait prendre
son Evangile comme un code moral, il serait très très mauvais, à la fois par les
enseignements qui manqueraient cruellement sur des points essentiels (sur l’égalité
homme femme, sur l’esclavage, par exemple), mais aussi par ses paroles inapplicables
quand on les prends comme un commandement (par exemple « ne résistez pas au
méchant » ou « soyez parfaits comme votre père céleste est parfait »).

Bizarrement, l’apôtre Paul qui semble être parfois un redoutable moraliste, est aussi le
pasteur qui donne cette clef pour décider par soi-même « tout est permis mais tout n’est
pas utile, tout est permis mais tout ne construit pas » (1 Corinthiens 10.23) et encore
« Les commandements : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne
voleras pas, tu ne convoiteras pas, ainsi que tous les autres, se résument dans cette
parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait aucun tort au prochain
; l’amour est donc le plein accomplissement de la loi. » (Romains 13:8-10). Ce paradoxe
entre un Paul parfois très direct dans ses conseils moraux et très très ouverts dans les
principes éthiques qu’il donne dans les mêmes grandes lettres me semble important à
noter. Il me semble en tout cas impossible ensuite d’utiliser ses conseils de conduite
comme une nouvelle Loi religieuse s’imposant à la vie des chrétiens sans discernement
des circonstances particulières, et certainement encore moins à des chrétiens qui vivent
dans un tout autre contexte, avec aussi d’immenses progrès dans la conscience éthique,
progrès qui sont en grande partie des fruits de l’Evangile et de l’Esprit Saint qui continue
à souffler : les droits de la personne humaine, l’égalité homme femme, l’écologie,
l’abolition de l’esclavage… et bien d’autres progrès encore à faire.

C’est donc à chacun de vous deux et à vous deux ensemble que vous devez décider si
avoir des relations sexuelles avant votre mariage est ou n’est pas, plutôt constructif. Bien
entendu, si l’un de vous deux hésitait, il ne faudrait pas que l’autre insiste le moins du
monde. Je ne pense pas que l’activité soit un besoin, c’est un désir, ce qui n’est pas la
même chose. On ne peut se passer de répondre à un besoin, le désir devrait pouvoir se
gérer.

A propos de cette question, il me semble utile de comprendre le mariage civil et religieux


comme une étape de la construction du couple, mais que cette construction commence
avant et se poursuit après. Comme le dit l’Eternel à Samuel « l’humain regarde à ce qui
frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au coeur.” (1 Samuel 16:7).

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Quand dans votre cœur, l’un comme l’autre, vous vous dites que c’est avec cette
personne là que vous voulez vivre en couple durant votre vie, déjà il y a quelque
chose d’un couple qui se forme dans votre cœur, une alliance.
Quand ensuite vous vous déclarez l’un à l’autre pour vous dire mutuellement oui, en
vous regardant dans les yeux et en scellant cela peut-être d’un baiser romantique,
on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas quelque chose de l’ordre du couple qui s’est
constitué.
Ensuite, c’est vrai, comme l’humain est un animal social, il est bon de poursuivre
cette construction du couple devant la société, dans un contrat à la mairie, en
particulier pour que la société puisse protéger les plus faibles par la suite.
Et comme l’humain n’est pas seulement un animal social mais aussi un animal
social et spirituel il est juste de poursuivre la construction du couple devant Dieu, lui
demandant son aide et sa bénédiction, demandant aussi l’aide des proches, et en
travaillant sur le sens, sur la vocation de ce couple. C’est la dimension religieuse du
mariage, dimension qui ne se limite pas à la cérémonie à l’église mais qui
commence avant dans les discussions du couple et qui se devrait se poursuivre
après dans la prière de chacun, dans les discussions, dans des temps de retraite
ensemble si l’on veut…

Donc : la cérémonie religieuse a plein de sens et vient graver quelque chose en nous
d’important, mais ce n’est pas le tout. Et Dieu n’est pas un fonctionnaire des douanes qui
vérifie que le passeport porte bien le visa de l’église ou de la mairie pour valider le
couple. Encore une fois, Dieu regarde au cœur, pas à ce qui est spectaculaire. C’est
nous, humains, qui avons grand besoin de signes visibles pour graver en nous les
choses de l’Esprit.

A vous de mesurer dans vos cœurs à quel point vous êtes dans votre chemin
d’engagement l’un avec l’autre, et si des relations sexuelles participeraient ou non à cette
construction, ou si vous en abstenir serait constructifs dans ce temps
d’approfondissement de votre projet de vie commune ? Il me semble qu’il serait
particulièrement intrusif pour un pasteur ou un prêtre, et pour tout autre personne que
vous deux de prétendre savoir ce qui est dans vos cœurs et de décider à votre place.

En ce qui concerne l’article que vous citez, je le trouve, à vrai dire, assez décevant. A
plusieurs reprise, l’auteur affirme un commandement moral absolu comme découlant
clairement de la Bible, alors que ce qui est clair c’est que le passage ne dit pas cela ! Par
exemple :

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« 1 Corinthiens 7.2 inclut clairement le sexe avant le mariage dans sa définition de
l’immoralité sexuelle » dit cet article. La réalité est que le mariage n’est pas évoqué
dans ce passage. Il est seulement dit « que chaque homme ait sa femme et que
chaque femme ait son homme« . A ma connaissance c’est votre cas, puisque vous
n’avez pas plusieurs copines en même temps et votre fiancée plusieurs mecs ? Les
mots « homme » et « femme » dans ce verset ne sont pas les termes techniques
« époux » (nymphios) et épouse (nymphè) mais l’homme mâle (aner) et la femme
(gyne). Ensuite, comment peut-on faire de ce verset un commandement absolu à
appliquer intemporellement puisque Jésus lui-même, et apparemment Paul aussi
n’avaient pas de femme ?
Ensuite, l’auteur affirme « De nombreux passages des Écritures (Actes 15.20,
Romains 1.29, 1 Corinthiens 5.1, 6.13, 18, 7.2, 10.8, 2 Corinthiens 12.21, Galates
5.19, Éphésiens 5.3, Colossiens 3.5, 1 Thessaloniciens 4.3, Jude 1.7) disent que le
sexe hors mariage est péché. » Le lecteur se dit que si cet auteur, qui a l’air de
connaître la Bible dans tous ses recoins, l’affirme avec un tel aplomb, cela doit être
vrai. Mais bon, après le coup du verset précédent, allons voir :
– Actes 15.20 ne parle pas du mariage du tout, il dit effectivement d’éviter la
« porneia », la débauche sexuelle, certes, c’est un conseil utile mais ce n’est a priori
pas tellement votre intention !
– Romains 1:29 ne parle ni de mariage ni de sexualité !
– 1 Corinthiens 5:1 ne parle pas du mariage, il critique encore la porneia, et une
personne qui peut-être s’est mis en couple avec la femme de son père : cela n’a
pas de rapport avec la question. 1 Corinthiens 6:13-18 encore moins car le verset
15 montre que la pornéia dont Paul parle ici est le commerce du sexe avec des
prostituées, ce qui n’est n’a rien à voir avec le cas de fiancés, je pense. 1
Corinthiens 10:8 ne parle pas du mariage ni de fiancés, mais encore de la pornéia
non seulement physique mais aussi spirituelle dans l’épisode que cite Paul de
Nombres 25.
– 2 Corinthiens 12.21, Galates 5.19, Éphésiens 5.3, Colossiens 3.5, 1
Thessaloniciens 4.3 aucun de ces textes ne parle ni du mariage ni de fiancés, mais
seulement de la pornéia. La question peut éventuellement s’appliquer donc à tout
acte sexuel, dans et hors mariage : est-ce de la pornéia ou non ? Par exemple un
viol conjugal, une relation sexuelle imposée (physiquement ou psychologiquement)
à l’autre, peut à mon avis entrer dans cette catégorie, même s’il y a eu un acte de
mariage très officiel.
– Jude 1:7 ne parle pas non plus du mariage ni de fiancés, il évoque lui aussi un
exemple de pornéia, celui de Sodomme et Gomorre, ce péché est explicitement le
viol en réunion de deux étrangers de passage (Genèse 19:5). Là encore, cela n’a
absolument rien à voir avec des rapports sexuels dans un couple de personnes
engagées dans leurs cœurs, consentantes l’une et l’autre, et ayant qui plus est un
projet de mariage.

Cette argumentation me semble donc pas rigoureuse (et peut-être délibérément


mensongère, je ne sais pas) pour apporter le moindre argument en faveur de la thèse
annoncée. Mais même si Paul avait dit (ce qui n’est pas le cas), que des fiancés non
officiellement mariés ne devaient pas coucher ensemble, il resterait son « Tout est permis

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mais tout ne construit pas » qui laisserait à chacun le droit de décider sans que des chefs
religieux viennent s’immiscer dans la vie intime des personnes et des couples avec un
moralisme étranger à l’évangile du Christ.

D’ailleurs, du temps de Paul, ni le mariage civil ni le mariage religieux n’étaient pratiqués


par les chrétiens. Le mariage civil pour les chrétiens est apparu quand l’empire romain
est devenu chrétien (au IVe siècle) et la cérémonie religieuse de mariage est apparue au
moyen-âge.

L’article continue en assénant « les couples doivent comprendre que Dieu a d’abord
prévu la sexualité pour faire des enfants« . Ah oui ? Et d’où est-ce que l’auteur sort cela ?
Les textes avancés disent précisément le contraire.

A commencer par 1 Corinthiens 7.2 si important à ses yeux : Paul dit qu’il faudrait
se mettre en couple pour que le désir sexuel soit calmé par la joyeuse pratique
sexuelle, que c’est la seule bonne raison à ses yeux de se marier. Bon, Paul a ici
une conception du couple qui me semble plus que limitée, mais en tout cas cela dit
l’inverse que ce qu’annonce notre auteur comme venant de Dieu lui-même.
Un autre texte cité est le livre du Cantique des cantiques qui est effectivement un
long poème très sensuel sur la cour que se font deux amoureux et du plaisir qu’ils
ont ensemble. Précisément, il n’est pas une fois question dans ce texte que ce
couple fasse un enfant. Le plaisir que prennent ces deux amoureux ensemble a
ainsi son intérêt pour lui-même en dehors de tout projet de procréation.

Ce livre de la Bible « Le Cantique des cantiques » est à double sens, il parle de l’amour
de deux amoureux humains et il parle en même temps de l’amour de Dieu pour l’humain.
Cela montre que pour son auteur, le sexe n’est pas sale comme certains le pensent, juste
légitimée par la procréation. Non, c’est une activité qui peut avoir son rôle dans la
construction et la vie d’un couple. C’est une activité facultative (il existe de vrais bons
couples qui n’en n’ont pas). De même le projet d’avoir un enfant est facultatif pour un
couple (dans l’évangile, la fécondité ne se limite pas au domaine matériel et biologique,
mais avant tout relationnel et spirituel). Heureusement pour le Christ dont la fécondité en
ce domaine n’a a priori pas été tellement brillante.

L’article se termine sur « Pour Dieu, il n’y a pas d’alternative à l’abstinence avant le
mariage. L’abstinence sauve des vies, protège les bébés, donne leur valeur appropriée
aux relations sexuelles et, surtout, honore Dieu. »

Le « Pour Dieu… » et assez osé, même si l’auteur pense avoir eu une réflexion
spéciale du Saint-Esprit.
Ce qui « honore Dieu », c’est de le respecter et de ne pas s’intercaler entre Dieu en
la personne individuelle en prétendant parler à sa place au lieu de conseiller à la
personne de voir avec Dieu, directement, quel est le mieux dans les circonstances
présentes, et quelle est sa vocation personnelle.

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En ce qui concerne la suite, ce qui, à mon avis, éviterait bien des maux, c’est de
responsabiliser la personne individuelle en lui donnant les moyens de faire face aux
questions de sa propre vie, avec l’aide de Dieu. Et non d’étouffer sa conscience et sa foi
sous un moralisme brutal.

Paul nous rend un fier service en nous donnant cette question comme conseil « tout est
permis mais tout n’est constructif« . Avec cela comme viatique, et en se posant cette
question dans la réflexion et dans la prière, je pense que bien des réponses peuvent être
trouvées personnellement.

Dieu vous bénit, vous, votre fiancée et votre couple.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Si vous voulez, vous pouvez voir aussi, dans le petit dictionnaire de théologie :

Ethique – Morale
Liberté

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