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Note sur. Bernard Sesboüé, Invitation à croire.

Des sacrements crédibles et désirables


Michel Fédou
Dans Recherches de Science Religieuse 2009/4 (Tome 97), pages 583 à 586
Éditions Centre Sèvres
ISSN 0034-1258
ISBN 9782913133457
DOI 10.3917/rsr.094.0583
© Centre Sèvres | Téléchargé le 27/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 62.240.135.6)

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RECENSIONS

NOTE SUR
Bernard Sesboüé, Invitation à croire.
Des sacrements crédibles et désirables 1

par Michel FÉDOU,


Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris

L e récent livre de B. Sesboüé se présente comme un développement


de la brève section que l’auteur avait consacrée aux sacrements dans
son ouvrage Croire2 : il s’agit donc, ici encore, d’une « invitation à croire »,
conçue dans la même perspective que le volume précédent. Les mêmes
qualités s’y retrouvent : l’attention au contexte contemporain, le souci
de tenir ensemble l’enseignement de la doctrine et le témoignage de la
foi, les préoccupations pastorales – sans oublier le sens pédagogique et
la clarté d’exposition. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce livre ne fait pas
que compléter un ouvrage antérieur, il constitue en lui-même un véritable
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traité de théologie sacramentaire.
Un premier chapitre propose une réflexion fondamentale sur les sacre-
ments et leur raison d’être. L’A. rappelle comment ceux-ci s’enracinent
dans l’expérience de l’humanité (notamment dans l’expérience du rite,
telle qu’elle est attestée par l’histoire religieuse) ; il intègre aussi les
apports de la réflexion contemporaine sur le « symbole », bénéficiant sur
ce point des travaux fondamentaux d’E. Ortigues et de L.-M. Chauvet.
L’enracinement dans le rituel et le symbolique n’empêche pas de tenir
l’originalité irréductible des sacrements : leur nouveauté vient de leur
référence même à l’événement du Christ. D’où un deuxième chapitre qui,
justement, réfléchit sur le passage « de Jésus premier sacrement aux sacre-
ments de l’Église ». L’A. reprend ici à son compte des intuitions majeures
d’Y. de Montcheuil, H. de Lubac, K. Rahner, E. Schillebeeckx : le Christ
est « premier sacrement de Dieu », les actes de sa vie sont « sacrements ori-
ginels de notre salut », l’Église est elle-même le « sacrement du Christ ».

1 . Cerf, coll. « Théologies », 2009, 353 pages


2. Croire. Invitation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXIe siècle, Droguet et
Ardant, 1999, p. 473-493. Rappelons que l’auteur a aussi contribué, avec H. Bourgeois, à la
rédaction des chapitres sur les sacrements dans Histoire des dogmes. 3. Les signes du salut, Desclée,
1995.

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C’est sur ce fondement que doivent être considérés les rites sacramen-
tels ; et l’A. explique ensuite (en élargissant une formule fameuse de H.
de Lubac à propos de l’eucharistie) que tout à la fois « les sacrements
font l’Église » et « l’Église fait les sacrements ». Ce même chapitre donne
l’occasion de reprendre des questions comme celles de l’ « institution »
des sacrements et de leur « efficacité », en précisant le sens qu’on peut
aujourd’hui donner à ces notions classiques de la sacramentaire.
L’A. en vient alors à l’étude des sept sacrements, qui vont être abordés, un
par un, dans tout le reste de l’ouvrage. Il traite d’abord du baptême (« fon-
dement de l’identité chrétienne »), réfléchissant à la fois sur la portée du
symbolisme universel de l’eau et sur le sens spécifique du rite baptismal,
puis sur l’enracinement scripturaire de ce rite et sur son histoire dans les
premiers siècles ; ce parcours donne lieu à une reprise théologique dont
on retient, entre autres, l’insistance sur le rapport du baptême avec la foi ;
il se conclut par un développement sur la pastorale du baptême (en par-
ticulier, sur la question du baptême des enfants). Selon l’ordre des sacre-
ments de l’initiation, l’A. passe ensuite à un chapitre sur la confirmation ;
après en avoir rappelé le fondement biblique et les évolutions historiques,
il expose les différentes interprétations qui en sont données (selon qu’on
insiste plutôt sur la responsabilité au sein de la mission ecclésiale, ou sur le
sens du sacrement comme achèvement du baptême).
L’eucharistie, « sommet des sacrements », fait l’objet de deux chapi-
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tres successifs. Le premier, après avoir rappelé la symbolique du repas,
traite essentiellement de l’institution du rite eucharistique et de son his-
toire dans les premiers siècles. Le second s’arrête sur les principales ques-
tions théologiques qui se sont posées à son sujet depuis le Moyen Âge.
Partant d’une réflexion sur le sens de l’eucharistie comme « mémorial »,
l’A. aborde le point délicat du lien entre ce sacrement et ce qui advenu
« une fois pour toutes » sur la croix : il faut refuser ici les mots de « répé-
tition » et de « renouvellement », et dire plutôt que le sacrifice du Christ
se trouve « représenté » (au sens fort de « rendu présent ») ou « actua-
lisé ». L’A. éclaire ensuite les débats anciens autour de la « transsubstanti-
ation », avant d’expliquer comment on peut aujourd’hui comprendre la
signification de la « présence réelle ». Tous ces développements, très bien
informés du point de vue historique, portent la marque de la réflexion
menée par des théologiens comme Y. de Montcheuil et H. de Lubac ; ils
bénéficient aussi d’une grande familiarité avec les débats œcuméniques au
sujet de l’eucharistie.
Aux chapitres sur les sacrements de l’initiation fait suite un chapitre sur
« conversion, pardon et réconciliation ». Après une réflexion générale sur
la repentance et le pardon dans l’expérience humaine, puis un dévelop-
pement sur l’ « institution » du sacrement de réconciliation, l’A. s’arrête

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longuement sur les nombreuses évolutions de ce sacrement au long de


l’histoire. Il souligne au terme la portée des célébrations communautaires
depuis Vatican II, mais aussi le renouveau qui a marqué la pratique per-
sonnelle du sacrement de réconciliation, avant d’évoquer les situations
nouvelles que représentent, d’une part, la possibilité d’une absolution
collective en cas de nécessité, et d’autre part les « confessions » auprès
de laïcs dans des cliniques ou hôpitaux. Le chapitre suivant est consacré
à l’onction des malades. L’A. prend d’abord acte de la manière dont se
posent, dans le monde actuel, les questions de la maladie et de la mort ;
il explique ensuite comment le sacrement trouve son fondement dans
l’Écriture, et retrace les diverses figures que sa célébration a connues au
long de l’histoire. On notera au passage que, même si l’administration de
ce sacrement est réservée aux évêques et aux prêtres, l’A. juge nécessaire
de prendre en compte la situation de personnes hospitalisées qui deman-
dent aujourd’hui l’onction des malades.
Avec le chapitre sur le sacrement de l’Ordre et les ministères dans l’Église,
l’A. retrouve un sujet qui lui est particulièrement familier3. Sa démarche,
d’abord enracinée dans une réflexion sur l’autorité dans la société et dans
l’Église, passe ensuite par une relecture des témoignages du Nouveau
Testament à propos des ministères, puis par quelques sondages historiques
depuis l’époque des Pères jusqu’à Vatican II. Les deux dernières sections
du chapitre abordent des questions souvent débattues depuis le concile :
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la spécificité du ministère diaconal, le « ministère pastoral des laïcs », le
célibat des prêtres ; comme dans le chapitre sur l’eucharistie, l’A. est éga-
lement attentif aux problèmes qui se posent ici dans le cadre des dialogues
œcuméniques. Le dernier chapitre, enfin, traite du mariage. L’A. prend
d’abord acte des évolutions qui touchent l’institution du mariage dans
nos sociétés. Puis, après une réflexion sur les fondements scripturaires,
sur l’histoire du mariage chrétien et sur sa signification sacramentelle, il
aborde plusieurs questions pastorales de grande actualité : les « déclara-
tions de nullité » ; les mariages « mixtes » entre chrétiens de différentes
confessions ; les mariages entre fidèles de diverses religions ; les mariages
entre des baptisés qui ont perdu la foi (le mariage civil ne pourrait-il pas
être reconnu par l’Église, en pareil cas, comme un mariage légitime, alors
même qu’il n’y aurait pas mariage sacramentel ?) ; enfin, les problèmes
douloureux que pose la situation des divorcés remariés.
L’ensemble du parcours ainsi proposé fait très bien ressortir la cohé-
rence de l’organisme sacramentel. Certes, B. Sesboüé n’ignore pas les gra-
ves questions que pose aujourd’hui la baisse de la pratique ; il sait que les

3. Cf. notamment son livre N’ayez pas peur ! Regards sur l’Église et les ministères aujourd’hui, DDB,
Paris, 1996.

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rites proposés par l’Église apparaissent à beaucoup comme « étrangers »,


dépourvus de signification et d’intérêt (p. 8). Mais il répond au terme que
l’organisme sacramentel « nous fait au contraire sortir du rite qui fonc-
tionne simplement comme rite », que les sacrements « présupposent en
amont la foi du candidat et lui donnent en aval la capacité d’un compor-
tement évangélique », qu’ils « constituent sept dons permanents du Dieu
trinitaire aux hommes », et qu’ils sont également « les témoins du sens de
nos vies » (p. 323-324). Nous ajouterions pour notre part que la situation
actuelle invite sans doute à retrouver le chemin même qui, bien avant la
détermination du septénaire, conduisit à découvrir le sens du baptême,
de l’eucharistie et des autres rites ultérieurement qualifiés comme « sacre-
ments » ; de ce point de vue, on appréciera les pages que l’A. consacre
au fondement scripturaire des rites sacramentels, ainsi qu’aux premières
figures de ces rites durant les premiers siècles de l’ère chrétienne. Mais
cette nécessaire attention à la genèse des sacrements ne saurait faire pour
autant renoncer à l’exigence d’une synthèse sur l’organisme sacramen-
tel. C’est une telle synthèse que nous offre ici B. Sesboüé, d’une manière
qui honore avec un parfait équilibre l’enracinement des rites dans l’expé-
rience humaine, l’apport des sciences humaines, les données de l’Écriture
et de la Tradition, les acquis du dialogue œcuménique et les questions
pastorales les plus concrètes – cela pour que les sacrements deviennent
effectivement, selon l’expression du sous-titre, « des sacrements crédibles
et désirables ». ■
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