NRT 312 0448

Spiritualité
Dans Nouvelle revue théologique 2009/2 (Tome 131), pages 448 à 480
Éditions Association Nouvelle revue théologique
ISSN 0029-4845
DOI 10.3917/nrt.312.0448
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448 BIBLIOGRAPHIE
gieuses, ni entre des symboles de l’Inde

ou de la Chine et ceux du monde chré-
tien; l’A. se laisse plutôt inspirer par ces
images asiatiques en vue d’une lecture
renouvelée des sources de sa propre foi.
Ainsi, si Jésus est dit «compatissant»,
l’intention n’est pas de «le comparer à
Bouddha ou de faire de lui un bodhi-
sattva», mais dès lors que la compas-
sion «a une résonance en Asie à cause
de la tradition bouddhiste», les Asia-
tiques — en particulier les chrétiens
d’Asie — «vont le percevoir comme
une personne compatissante» sans que
cela oblitère, bien au contraire, l’origi-
nalité de Jésus (228). De même, le sym-
bole de l’avatar ne donne pas lieu à des
discussions techniques de type compa-
ratif, mais le P. Amaladoss s’attache à
ce thème pour en dégager librement un
SPIRITUALITÉ potentiel de significations nouvelles
dans la perspective de la foi et de la spi-
ritualité chrétiennes. Rédigées tout
AMALADOSS M. sj, Jésus asiatique, d’abord à l’intention de chrétiens de
tr. A. BOUTOT, Paris, Presses de la l’Inde et de l’Asie, ces pages inspireront
Renaissance, 2007, 23x14, 285 p., 20 /. des lecteurs d’autres régions. La tra-
ISBN 978-2-7509-0215-5. duction est fluide, mais parfois un peu
approximative. – J. Scheuer
«Jésus demeure encore largement
euro-américain» (11). Un théologien
indien bien connu dans le monde fran- BALBO Fr. — BERTOGLIO R., A piedi
cophone propose aux chrétiens de verso Gerusalemme, coll. Itinerari,
l’Asie des perceptions de Jésus, de sa Bologna, EDB, 2005, 21x14, 157 p.,
personne et de son action, qui soient 12.80 /. ISBN 88-10-51041-0.
davantage en harmonie avec leurs cul-
tures et leurs traditions religieuses. Plu- Un pèlerinage à pied de Brescia à
tôt qu’un discours théologique de fac- Jérusalem – 4500 km.! –: une réalisation
ture systématique, ce sont des images et peu commune qui mérite le détour.
des symboles qui donnent ici à penser. C’est l’exploit de deux jeunes amou-
De style très abordable, neuf chapitres reux de marche en montagne, Rosanna
présentent Jésus comme le sage, la voie, et Francesco. Ayant achevé leurs
le gourou, le satyagrahi, l’avatar, le ser- études à l’université où ils se sont
viteur, le compatissant, le danseur, connus, et ayant déjà entraîné des
enfin le pèlerin. Si chacun de ces por- jeunes à marcher avec eux, ils décidè-
traits comporte une brève présentation rent de partir à deux pour la Ville sainte
du thème dans les spiritualités de l’Asie à travers l’Italie, la Grèce, la Turquie, la
(surtout de l’Inde hindoue), l’essentiel Syrie, le Liban, la Jordanie et Israël. Ils
de l’exposé exploite les données de la avaient été précédés par le P. A. Haim
Bible, avec quelques incursions dans en 1970 et en 1979 était née l’associa-
l’histoire de la pensée chrétienne. tion «Route de Jérusalem. École de la
Il ne s’agit pas ici d’études compara- paix». Leur modèle était saint Ignace de
tives entre Jésus et d’autres figures reli- Loyola pèlerin, dont ils avaient médité
SPIRITUALITÉ 449
le récit. Partis le 31 juillet 2003, à raison sembler de manière plus systématique

de 20 à 30 km. par jour, et sans argent, les grandes «questions» doctrinales
ils étaient à Jérusalem le 24 juin 2004, soulevées au cours de cette enquête his-
pour rentrer en leur pays au mois torique.
d’août. L’auteur s’en explique lui-même
Ils nous offrent ici un résumé de leur dans un texte donné pour un livre
diaire, avec les points saillants de leur publié en Roumanie en 1996 sous le
pèlerinage, des souvenirs précis, des titre de Théophanie de l’intériorité et
lettres à leurs parents, des notes brèves qui fait l’objet de la première partie du
sur les pays traversés et l’accueil des présent volume: «Sans doute est-il pos-
gens. Scandant leur récit, des passages sible de mettre en lumière un mode
de la Bible, des psaumes notamment, d’enrichissement doctrinal apporté par
ou des Exercices spirituels de saint les mystiques: non pas une extension
Ignace leur reviennent en mémoire, fai- du savoir, mais sa structuration. Dans
sant ressembler leur voyage à une véri- l’infinité d’aspects de la vie chrétienne,
table retraite spirituelle. […] l’expérience des différents mys-
Un beau message adressé aux jeunes tiques en privilégie quelques-uns qui
tentés peut-être par l’aventure: donner servent en quelque sorte de foyers à
une année de sa vie gratuitement pour partir desquels se dessinent des
le Seigneur en approfondissant sa constellations synthétiques. […] De ce
Parole au contact de sœurs et de frères point de vue l’originalité de l’apport
de diverses nations rencontrés tout au mystique est incontestable. En
long de la route. Merci de ce témoi- témoigne toute l’histoire spirituelle de
gnage. — J.R l’Église.» (51)
La présente recherche «s’efforcera de
tenir compte des éléments repérables
BERNARD Ch.-A., Théologie mys- constituant le contexte où se situe le
tique, éd. par M.G. MUZJ, prés. par Fr. phénomène mystique; ainsi en apparaî-
IMODA sj, coll. Théologies, Paris, Cerf, tront de multiples facettes. En un
2005, 21x23, 374 p., 40 /. ISBN 2-204- second temps seulement sera tenté une
07837-9. compréhension plus générale» (63).
Quatre chapitres sont à notre disposi-
On ne peut que remercier les éditions tion. De nombreux paragraphes de ces
du Cerf d’avoir voulu, avec l’aide com- chapitres sont complétés par des «notes
pétente de Maria Giovanna Muzj, com- de lectures» plus spécifiques (Saint
pléter la série des trois volumes au titre Thomas et la théologie mystique,
commun Le Dieu des mystiques par la Maître Eckhart et la mystique, Théolo-
publication de ces textes posthumes du gie mystique et les dons du Saint Esprit,
regretté Père Charles André Bernard pour ne citer que quelques titres). Évi-
(1923-2001). Ils représentent le tiers demment, de nombreuses allusions et
des douze chapitres initialement pré- les notes de bas de page renvoient sys-
vus. Quoi qu’il en soit, ce qui est mis à tématiquement aux volumes de la trilo-
notre disposition, le P. Bernard lui- gie antérieure. Malheureusement aussi
même l’avait jugé achevé et supportait sont annoncés des développements qui
une publication séparée comme partie n’ont pas vu le jour ou n’ont pas été
dans laquelle il avait fait la synthèse de suffisamment élaborés pour être
sa «théologie de la vie mystique» (18). publiés. Mais déjà ce que nous avons
Et de fait, après les trois séries de pré- sous les yeux offre une somme considé-
sentations de grandes figures représen- rable où de nombreuses déterminations
tatives des «voies» de l’intériorité, de la doctrinales sont proposées avec équi-
configuration au Christ et de l’agir libre et ouverture et où des questions
apostolique, le temps était venu de ras- en discussion sont éclairées (par
450 BIBLIOGRAPHIE
exemple la question de la «vocation à la toutes ces harmoniques théologales qui

vie mystique» débattue avec le P. Gar- en font un joyau de la dévotion à la
rigou-Lagrange). Les grands «théolo- sainte humanité du Christ tout autant
giens de la vie mystique» de Denys qu’à sa profondeur eucharistique. Ces
l’Aréopagyte à Jean de la Croix sont accords théologiques pouvaient-ils
évidemment mis à contribution. Ce supporter une évocation picturale?
volume, avec la trilogie qui le nourrit Certes, tout en contemplant le Mystère
atteste du travail considérable au ser- du Christ tout entier réfracté en chacun
vice de la compréhension du «fait mys- de ses mystères revient toujours, au
tique» qu’a fourni le P. Charles André cœur de l’orant, le «visus, tactus, gustus
Bernard tout au long de sa vie. Les in te fallitur / sed auditu solo in te credi-
quelques trente pages consacrées à sa tur» de l’Aquinate! Pourtant, dans ces
bibliographie (primaire et secondaire) meilleures œuvres, l’art chrétien est
en sont encore une preuve si besoin aussi prière et à se laisser toucher par tel
était. C’est avec raison que le Père coup de pinceau, par tel oxymore que
Imoda, recteur de l’université pontifi- propose le choc du texte et de son
cale Grégorienne où le Père Bernard a «commentaire» peint, on est invité au
enseigné (1961-1998), termine sa belle seuil de ce colloque où les paroles
présentation par ce témoignage du P. échangées auront leurs propres cou-
Xavier Tilliette: «Sa piété solide, régu- leurs. Ce sera le secret du cœur à Cœur.
lière, servait de soubassement à une Les témoignages, dont deux extraits
connaissance de la mystique qui était sont proposés, peuvent être consultés
certainement expérimentale». — J. en entier sur le site internet <
Burton sj www.jesuites.com>. — J. Burton sj
BOULER A., La prière de l’Anima BOUYER L., Le sens de la vie monas-

Christi, intr. D. DIDEBERG, témoi- tique (1950), coll. Spiritualité, Paris,
gnages de J.-M. TÉZÉ et B. DORIVAL, Cerf, 2008, 20x13, 314 p., 24 /. ISBN
Namur, Fidélité, 2007, 24x17, 48 p., 978-2-204-08211-2; Le sens de la vie
ill.,11.50 /. ISBN 978 -2-87356-357-8. sacerdotale (1960), coll. Spiritualité,
Paris, Cerf, 2008, 20x15, 202 p., 19 /.
Dans cette très belle plaquette (merci ISBN 978-2-204-08212-9; Introduc-
J.-M. Schwartz) fort bien éditée, nous tion à la vie spirituelle. Précis de théo-
avons, pour les contempler à loisir, les logie ascétique et mystique (1960),
reproductions des treize gouaches (for- coll. Spiritualité, Paris, Cerf, 2008,
mat 1/1), peintes par le P. André Bouler 22x15, 320 p., 26 /. ISBN 978-2-204-
sj (1924-1997) en écho (l’œil écoute) 08082-8.
aux invocations bien connues de
l’Anima Christi. De cette prière, dont Malgré des formats hétéroclites et
nous ne connaissons pas l’origine (le une piètre photo de couverture, la trilo-
plus ancien manuscrit date de 1320- gie que les éditions du Cerf reprodui-
1340), Ignace de Loyola a fait, à l’égal sent à l’identique rend à nouveau dis-
du Salve Regina et du Pater Noster qui ponible une œuvre maîtresse de la
l’enserrent dans le «triple colloque» des spiritualité contemporaine. Dédié à
Exercices Spirituels, une des prières dom C. Lialine, bénédictin de Cheve-
vocales médiévales les plus connues. togne, le premier ouvrage passe
À ce propos, l’introduction historique (presque sans note ou référence infra-
et le commentaire spirituel que nous en paginale, sinon scripturaire) de la
donne le P. Daniel Dideberg la situent «théorie» à la «pratique», se fondant
non seulement avec précision dans la dans la recherche de Dieu et la vie angé-
trame des Exercices, mais encore avec lique pour indiquer les chemins du
SPIRITUALITÉ 451
dépouillement (parmi lesquels la Lectio gieux en France aurait dû couvrir la

divina) qui font finalement du moine période allant du 17e s. «à nos jours», en
«le seul véritable humaniste» (312). Le l’occurrence jusqu’au début du 20e s.
style très vif, emporté parfois et sou- Les 11 tomes parus ne concernèrent
vent flamboyant, permet de souffrir les finalement que le 17e, qui mettaient en
passages qui datent (comme ici la médi- contact avec une foule assez bigarrée de
tation sur la Messe, sans aucune men- personnages, les uns «illustres», les
tion de l’Esprit Saint). autres plus modestes, ayant à leur
Dans le volume plus modeste consa- manière vécu leur relation à Dieu.
cré à la vie sacerdotale et dédié au Père L’abbé étonna par son ouvrage, regardé
Morin, de l’Oratoire, la moitié du texte par certains presque comme un dilet-
environ porte sur le ministère de la tante, pas toujours apprécié de ses
Parole, vigoureusement (et prophéti- anciens confrères à cause de son inter-
quement) présenté; certains morceaux prétation des Exercices spirituels de S.
se révèlent également obsolètes, mais le Ignace, et surtout pris dans la tour-
comique de certaines descriptions mente antimoderniste, condamnée que
(comme l’état des sanctuaires, en fut sa Sainte Chantal. Des études
France) les rend toujours intéressants, sérieuses, telles celles d’André Blanchet
d’un autre point de vue. et d’Émile Goichot, et l’impression-
Mis sous le patronage de la Vierge nante réédition de l’ensemble de l’His-
Marie «Almae Deiparae», le dernier toire par l’éditeur Jérôme Millon (Gre-
volume (qui comporte des illustrations noble, 2006), accompagnée d’inédits,
plus ou moins datées) est évidemment montrent bien que l’œuvre de Bre-
le plus didactique, avec ses courtes mond était non seulement le reflet de
bibliographies à la fin de chaque cha- toute une époque, mais aussi que son
pitre et son exemplaire bibliographie auteur était plus sérieux qu’on avait
finale des grands classiques (un abrégé parfois pu l’imaginer et avait abordé
de la bibliothèque idéale, superbement des questions nullement anodines.
dénommée «les adjuvants de la vie spi- Aussi est-ce avec grand intérêt que l’on
rituelle»). Si le souffle des prédécents voit paraître cette anthologie qui, à
volumes s’atténue, c’est au profit de défaut de pouvoir lire l’ensemble des
chapitres remarquables sur la prière, volumes, permettra certainement
l’ascèse et l’approfondissement des d’avoir un contact relativement étroit
diverses spiritualités (laïque, religieuse, avec ce qui finalement demeure un
sacerdotale) en vue des rythmes de la monument de l’histoire de la spiritua-
vie spirituelle (purification, illumina- lité. — B.J.
tion, union, mystique). Une trilogie
mémorable donc, qui aurait sans doute
gagné à être actualisée par un commen- BRUDÈRE B., «Je me sens la vocation
taire «critique» — N. Hausman scm de prêtre» (Ms B 2 v°). Enquête sur le
sacerdoce commun chez Thérèse de
l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face et
BREMOND H., Histoire littéraire du l’apport de son expérience pour l’ac-
sentiment religieux en France. Les complissement de cette vocation
mystiques français du Grand Siècle. aujourd’hui, Paris, Cerf, 2007, 21x13,
Morceaux choisis par J. DUCHESNE, 620 p., 45 / . ISBN 978-2-204-08474-1.
présent. É. POULAT, Paris, Renais-
sance, 2008, 24x15, 861 p., 29.80 /. La thèse que reprend cet ouvrage a
ISBN 978-2-7509-0191-2. été couronnée par le prix de Lubac
(Rome, 2005). Partant des interpréta-
L’ancien jésuite avait vu grand: son tions principales du «désir» de Thérèse
Histoire littéraire du sentiment reli- concernant le sacerdoce (Navantès,
452 BIBLIOGRAPHIE
Lustiger, Sleiman, Langlois), l’étude étudie l’évolution des «traits» qui dessi-
considère la doctrine du Concile Vati- nent la figure de Marie-Madeleine: sa
can II concernant «le sacerdoce com- féminité, sa fidélité et sa proximité (p.
mun en tant que sacerdoce de commu- 109). Le lecteur est d’abord informé des
nion» (eucharistique), puis analyse tout données scripturaires, puis de l’usage
le vocabulaire de Thérèse relatif au qu’en fera chaque siècle, construisant sa
sacrifice en y relevant quatre thèmes: ne Marie-Madeleine selon le climat spiri-
rien refuser à Jésus, donner ce qu’on a tuel et la situation de l’Église de
de plus cher, accepter les croix inté- l’époque. Chacun la métamorphosera
rieures, offrir même le rien que l’on res- selon ses aspirations plus moins conve-
sent. nues ou, au contraire, subversives.
Quatre «sommets du sacerdoce thé- L’auteur a rassemblé en un volume
résien» sont alors traversés: l’Offrande modeste l’essentiel du matériel histo-
à l’Amour, l’offrande quotidienne de riographique concernant cette sainte.
«jeter des fleurs», l’intercession pour Surtout, il nous initie chemin faisant à
les incroyants à la table des pécheurs, une compréhension affinée de l’émi-
l’union à la prière sacerdotale du nemment catholique «culte des saints».
Christ, comme autant de facettes d’un En nous conduisant à travers 2000 ans
seul tout: une correspondance qui fait de «dévotion», l’enquête situe l’émer-
Thérèse «comédiatrice» avec Jésus gence au XXIe siècle d’une Marie-
(429). Le chapitre V examine enfin le Madeleine championne de mouve-
chemin de croissance de la jeune car- ments divers en contradiction avec
mélite dans ce don de soi (du «je choisis l’Église et éclaire, dans une approche
tout» au «je donne tout»), avant une hagiographique qu’une lecture trop
courte conclusion qui affirme la corres- rapide pourrait trouver à tort «démy-
pondance du désir thérésien du sacer- thisante», la fonction très complexe de
doce avec le sacerdoce commun — notre rapport aux figures de sainteté
l’originalité de cette position résidant qui enchantent de ciel notre pèlerinage
dans sa démonstration (593). C’est terrestre. — J. Burton sj
donc quand elle s’identifie au sacerdoce
de l’Église Épouse que Thérèse trouve
sa vocation, ce sacerdoce royal qui est Cahiers (Les) d’école de Thérèse de
aussi le sacerdoce de la charité (583- Lisieux 1877-1888, intr. et notes Mgr
584). — N. Hausman scm G. GAUCHER avec le Carmel de
Lisieux, Paris, Cerf, 2008, 22x15, 655
p., 58 /. ISBN 978-2-204-07988-4.
BURNET R., Marie-Madeleine (Ier —
XXIe siècle). De la pécheresse repentie Avant son entrée au carmel, Thérèse
à l’épouse de Jésus. Histoire de la fut, si l’on peut dire, une enfant «nor-
réception d’une figure biblique, Cerf, male» qui eut une scolarité en trois
2004, 22x14, 137 p., 13 /. ISBN 2-204- temps: dans la maison familiale, sous la
07747-X. houlette de ses sœurs, puis à l’abbaye
des bénédictines de Notre-Dame-du-
Dans la pléthore de publications Pré (1881-1886), puis auprès d’une ins-
variées anciennes et actuelles, voici une titutrice privée, Valentine Papineau
précieuse mise au point sur la figure (1886-1887). De ces années, on a gardé
biblique composite de Marie-Madeleine 25 cahiers et quelques autres docu-
qui a fasciné et fascine encore prédica- ments qui permettent d’approcher ce
teurs, poètes, essayistes, peintres et sites que fut la formation intellectuelle de
Internet. Ce dossier très fouillé aux 297 Thérèse. Ces documents, traces d’une
notes érudites est présenté avec une éducation qui était destinée à «‘former
intelligence historique remarquable et des jeunes filles à la fois chrétiennes et
SPIRITUALITÉ 453
distinguées’ et à leur enseigner ‘tout ce conteur. Peu d’originalité: aucun effort

qui peut être utile à une maîtresse de d’imagination pour recréer des person-
maison’» (p. 29) sont ici édités presque nages ou un cadre de vie. Souci d’un
intégralement, accompagnés de nom- conformisme moral dû à l’époque de
breuses reproductions de parties de ces même qu’un attrait de la sensibilité
mêmes cahiers, et d’autres photos qui pour le malheur et l’infortune. Fond
donnent une idée de l’environnement. banal, pauvre en idées. Cependant
Que penser d’une telle publication? quelques saillies quand il s’agit de la
Voici quelques avis qui permettront au nature, de sa famille, de Dieu et
lecteur de se faire une opinion. quelques trouvailles pénétrantes sur le
En 1948, André Combes, certes cœur humain…. Ensemble correct,
excellent connaisseur de Thérèse, écri- apprêté à la mode du temps, mais tout
vait: «Thérèse est une Sainte canonisée. ordinaire, qui ne retient pas l’attention.
Le moindre mot écrit de sa main est une Thérèse est une écolière parmi les
relique. Ses fautes d’orthographe elles- autres. Pour apprécier ces devoirs, il a
mêmes sont vénérables. Elles font par- paru opportun de les comparer à ceux
tie de la Petite Voie! Lorsque sa plume d’enfants de même âge, de la même
encore maladroite trébuche sur un mot époque, appartenant à des milieux sco-
difficile ou hésite dans sa syntaxe, vous laires différents. Les résultats laissent
pensez qu’elle est encore l’élève de supposer une formation intellectuelle
l’Abbaye qu’une faute de français moins poussée chez Thérèse que chez
risque de déshonorer: non, elle est la ses contemporaines. Elle n’avait pas
Sainte universelle… qui peut enthou- acquis davantage quand elle entra au
siasmer les plus doctes par l’élévation Carmel, et pourtant, quel écrivain de
de sa doctrine, tout en consolant les qualité nous révèlent les manuscrits
plus humbles par les banalités mêmes jaillis de sa plume huit ans après» (p.
que la vie lui a parfois imposées» (p. 9). 28).
On voudrait pouvoir le croire. Les deux dernières opinions étaient
Quatre décennies plus tard, le carme sans doute plus réalistes… — B.J.
Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus
constatait: «J’ai pu avoir en mains ses
devoirs et les comparer avec ceux d’une CHARPENTIER L., Recueil de neu-
jeune personne qui était au pensionnat vaines. Cinquante prières irrésistibles,
dans une autre ville mais à la même coll. Oracle, Paris, Grancher, 2005,
époque. En étudiant les copies, on 22x14, 201 p., 16 /. ISBN 2-7339-
constate que Thérèse était d’un déve- 0916-9.
loppement moyen à ce moment-là. Il
semble bien que la névrose avait On ne sait ce qu’il faut déplorer le
comme paralysé ses facultés; les mathé- plus dans ce fatras pompeusement titré
matiques lui apportaient de grosses dif- «recueil»: l’absence de références aux
ficultés; elle arrivait peu à peu à rédiger sources (sans même parler d’approba-
ses devoirs de style, mais avec une cer- tions ecclésiastiques), l’affirmation
taine note enfantine, comme une enfant répétée que telle invocation faite selon
un peu retardée au point de vue psy- telle procédure est infaillible, les
chologique» (p. 28). inexactitudes (qui font de F. Borgia un
C’était en somme un écho à l’avis missionnaire, 78; de Benoît le support
émis par un groupe de professeurs en d’incantations magiques simili latines,
1957: «Facilité, caractère général du 79…) ou la conclusion, qu’on aimerait
style où manque la rigueur: on devine qualifier de débile si la bienséance n’y
l’enfant habituée à la conversation avec répugnait. Un ouvrage trompeur, qui
de grandes personnes. Composition n’honore certes pas son curieux édi-
simple et logique. Un certain talent de teur. — N. Hausman scm
454 BIBLIOGRAPHIE
UN CHARTREUX, Vivre dans l’inti- L’A. de ce livre original et attachant

mité du Christ, t. 1, Paris, Pr. Renais- est professeur émérite de la Faculté de
sance, 2005, 20x13, 209 p., 15 /. ISBN théologie catholique de Lille. Il a com-
2-7509-0150-2. posé une Histoire de l’Église, publié les
Carnets du Cardinal Baudrillart (Cerf
L’A. inconnu, dont un indice («le 1994,-2003), et dirige au Cerf une col-
rude climat de nos montagnes») atté- lection d’histoire religieuse. Pour nous
nue l’anonymat, est un chartreux, accompagner spirituellement à Pâques
maître des novices depuis trente ans. et au temps pascal, il nous offre ce petit
Il leur adresse une vingtaine de confé- volume consacré au mystère pascal.
rences illustrant les thèmes de la litur- Reprenant les évangiles de la résur-
gie de l’Avent, de Noël, du Carême et rection et un extrait de la 1ère lettre de
de la Passion. Le texte est classique et Pierre, il nous aide à méditer, en douze
austère, émaillé d’innombrables, sou- étapes, le cheminement des premiers
vent longues, citations bibliques… témoins du Ressuscité, soulignant l’ac-
avec, ici et là, une allusion à Péguy, tualité de leur message. Chacune de ces
Alexandre Pope, Saint-Exupéry… et méditations s’achève par un témoi-
une confidence: l’A. avoue son aver- gnage contemporain concernant le pas-
sion spontanée pour le Christ de sage évangélique proposé à notre
Grünewald. Relevons quelques for- réflexion.
mules percutantes: l’espérance est un Souhaitons que ce petit volume de
désir certain d’obtenir son objet; réflexion spirituelle sur le mystère de la
l’éternité n’est pas la continuation résurrection du Christ soit lu et médité
infinie de notre temps créé; notre par un grand nombre de chrétiens qui y
pauvreté est la mesure de notre récep- puiseront courage et espérance pour
tivité; l’attente est le milieu vital du conforter leur foi en la résurrection,
contemplatif… celle du Christ et la nôtre. — J.R.
Et retenons surtout les belles pages
intitulées Isaac retrouvé: dans l’obscu-
rité de la foi, qui débarrasse le moine COTTIER card. G. op, Consacrés
de son faux Dieu, «il n’est pas sûr qu’il dans la vérité. Méditations sur l’évan-
continue à croire réellement en ce qu’il gile de saint Jean. Retraite prêchée au
ne peut voir». Les rites et les cérémo- Vatican, 4-9 mars 1990, Paris, Parole et
nies ne lui disent plus rien, la répéti- Silence, 2008, 21x14, 206 p., 18 /. 978-
tion des actes ne correspond plus à sa 2-84573-660-3.
liberté intérieure, les structures lui Le présent ouvrage reproduit les
deviennent barreaux de prison: «C’est Libres méditations sur le quatrième
que Dieu est en train de reprendre évangile, que l’A., théologien particu-
Isaac». Un Isaac qui lui sera rendu, lier de Jean-Paul II (de 1989 à 2004), a
peut-être même, ajoute l’A., en cette proposées à la retraite du Vatican, en
vie. Deux conférences concernent première semaine du carême 1990. Il
Marie (celle que le Salve Regina des aborde successivement les témoi-
chartreux appelle affectueusement gnages de Jean-Baptiste, du Père, de
vitae dulcedo), sa disponibilité à l’ac- Jésus, du Saint-Esprit, des disciples. Il
tion de Dieu et sa compassion. — P. adopte un style direct et chaleureux:
Detienne sj «Arrêtons-nous un instant à l’émotion
de Jésus… Cette phrase concerne cha-
cun de nous.» L’A. étaie ses arguments
CHRISTOPHE P., Douze chemins de par des citations singulièrement perti-
prière pour le temps de Pâques, coll. nentes et toujours actuelles de l’Aqui-
Épiphanie, Paris, Cerf, 2008, 20x14, nate. Dans son allocution finale, Jean-
128 p., 12 /. ISBN 978-2-204-08596-0. Paul II relève le fait que l’exégèse
SPIRITUALITÉ 455
contemplative du prédicateur n’a pas non-violent. Et les dix commande-

éludé les plus profonds problèmes de ments cités à la p. 84, ressourçant et
l’humanité contemporaine, une réfé- encadrant cet engagement, conservent
rence à ce que G.C. appelle ses “digres- toute leur jeunesse et méritaient bien
sions”. Elles concernent, entre autres: d’être proposés à de nouveaux lecteurs.
le déisme, précurseur de l’athéisme, Si le fil de sa vie n’avait été brutalement
étroitement rationaliste; la banalisa- coupé, King entrerait dans sa quatre-
tion de l’euthanasie et de l’avortement; vingtième année seulement… Sa parole
l’alléchante doctrine de la réincarna- demeure jeune à jamais. — Ét.R.
tion, contraire à la vérité de la per-
sonne; la rencontre des religions…
L’A. exprime son appréciation pour la DE SOLEMNE M. e.a., La grâce de
sympathie naturelle, quoique fragile et solitude, coll. Espaces libres, Paris,
ambivalente, que manifestent les non- Albin Michel, 2006, 18x11, 132 p.
chrétiens pour Jésus dans son huma- ISBN 2-226-14919-8.
nité (culte du dulie). Il met en garde
contre une conception univoque de Qu’est-ce que la solitude? L’A enre-
l’expérience mystique, comme si elle gistre diverses réponses: un don qu’on
s’autojustifiait, indépendamment de vous fait en vous aimant (Christian
son contenu. Il termine sur une cita- Bobin); le résultat d’une conquête
tion du cardinal Journet, un auteur acquise de haute lutte et de manière
auquel il se réfère fréquemment: incessante (Jean-Michel Besnier); une
«Marie est comme la première onde de question de tempérament, une donnée
l’Église, génératrice de toutes les autres génétique (Théodore Monod); une joie
jusqu’à la fin des temps». — P. qui ne s’explique que par l’existence de
Detienne sj Dieu (Jean-Yves Leloup). Parmi les
sujets évoqués relevons: solitude-plé-
nitude alias solitude ‘habitée’ du sage
DELORME Chr., Prier 15 jours avec ou du saint (on fuit vers Quelqu’un) et
Martin Luther King, coll. Prier 15 solitude-vacuité alias isolement du
jours – 30, Bruyères-le-Châtel, Nou- marginalisé (Caïn)… culpabilité de ne
velle Cité, 22008, 19x12, 125 p., 12.50 /. pas être aimable, indignation de ne pas
ISBN 978-2-85313-547-4. être aimé…la vertu de l’ennui… l’or-
gueil de la solitude… un luxe? un
Les éd. Nouvelle Cité tirent prétexte refuge?… la communication comme
du quarantième anniversaire de l’assas- prolongement de la solitude… À lire.
sinat du pasteur King, pour présenter à — P.-G.D.
nouveau l’ouvrage que le P. Delorme a
consacré à sa spiritualité. Et elles font
bien. Se référant à la situation d’un DE SOLEMNE M., GERMAIN S., KRIS-
jeune pasteur baptiste dont le ministère TÉVA J., MISRAHI R., RIMPOCHÉ D.,
ne dura pas plus de quatorze ans, au Entre désir et renoncement, coll.
cœur d’une situation particulière elle Espaces libres, Paris, Albin Michel,
aussi — une minorité luttant pour la 2005, 18x21, 168 p. ISBN 2-226-14909-
reconnaissance de ses droits, s’ap- 0.
puyant sur la tradition biblique pour
fonder cette prétention —, le «prêtre Déjà, Platon, dans le Phédon, nous
des Minguettes» nous met en présence avertissait que «l’homme s’enchaîne
d’une réalité universelle: l’éminente lui-même par son désir» (Phédon, 82e).
dignité de chaque humain, l’égale Aussi, c’est un exercice bien périlleux
dignité de chaque peuple et tradition auquel nous invite M. de Solemne. Elle
humaine, la beauté nue de l’engagement organise, avec une série de questions
456 BIBLIOGRAPHIE
qui reviennent peu ou prou dans les faire œuvre d’historien», une biogra-
quatre rencontres (mais intelligemment phie chaleureuse, qu’il étaie d’abon-
adaptées à l’horizon des intervenants) dantes citations tirées des Manuscrits
un volume d’interviews centré sur le du Laus dus à la plume de quatre
thème du rapport entre le désir et le témoins ayant vécu longtemps dans
renoncement. Au simple énoncé de la l’entourage de la ‘vénérable’. Tout
problématique et la considération des commence en 1664, à la manière des
horizons culturels des personnes inter- fioretti. ‘Dame Marie’, qui tient l’En-
rogées, on peut s’attendre à une lecture fant Jésus par la main (et à qui Benoîte à
diversifiée et hautement contrastée. En refusé de céder sa chèvre!) lui enseigne
effet, sauter des réflexions d’un profes- les litanies de Lorette, que ses cama-
seur de philosophie spécialiste de Spi- rades chanteront en procession. Puis
noza (R. Misrahi), pour qui «nous ne elle réclame une église. Les pèlerinages
désirons pas un objet parce qu’il est se multiplient, entraînant des conver-
bon; il est bon parce que nous le dési- sions spectaculaires et de nombreux
rons» (21) à la perspective psychanaly- miracles (au contact de l’huile de la
tique (J. Kristéva) où, en régime de lampe de la chapelle, sous l’injonction
manque, il importe de «savoir différer de Marie). Benoîte passe ses nuits en
pour mieux désirer» (77) nous aide prière et ses journées au service des
pour le moins à admettre qu’«il y a malades et des pécheurs, qu’elle dirige
renoncement et renoncement». Pris vers tel ou tel confesseur, et à qui,
simplement pour lui-même, le très encouragée par Marie, elle rappelle ou
beau dialogue, sensible et modeste révèle leurs fautes. Elle souffre de
aussi, avec une romancière et essayiste l’hostilité du clergé, qui lui avait été
(S. Germain) limite prudemment son d’abord favorable. Elle reçoit des mes-
propos à l’exploration de cette contre- sages angéliques, elle a des visions du
façon du désir qu’est l’envie. Cela nous Christ des douleurs, de l’enfer, du pur-
préparait à «apprécier» la sagesse boud- gatoire, du paradis; le vendredi, elle
dhiste (Dagpo Rimpoché) où la séré- souffre de stigmates invisibles; le
nité du «savoir apprécier sans s’atta- démon la précipite dans le feu. En 1679,
cher» semble possible à qui n’est «pas Marie lui prédit que ses ossements
trop égoïste». Restait à l’éditrice de ces feront des miracles. L’A., en bon pas-
textes de nous offrir (avec un poème) teur, émaille son récit de précisions
quelques pages — qui ne pouvaient être théologiques et de conseils spirituels.
que trop rapides — pour mettre en — P.-G.D.
perspective historique la question sou-
levée. — J. Burton sj
DOMAIN M., Une pédagogie pour le
corps. Éveil spirituel et guérison inté-
DI FALCO LÉANDRI Mgr J.-M., rieure, coll. Pédagogie pastorale 3,
Benoîte Rencurel, la visionnaire du Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 23x16,
Laus, Paris, DDB / Parole et Silence, 221 p., 18 /. ISBN 2-87324-265-5.
2008, 21x14, 199 p., 15 /. ISBN 978-2-
84573-682-5. Jésus n’a rien écrit et l’Évangile n’est
pas d’abord un texte mais une voix, un
Après avoir reconnu officiellement souffle, une voie. Animée par cette
l’origine surnaturelle des visions conviction, Michaëlle Domain a mis
mariales dont a bénéficié la «bergère du son art de la danse au service de la vie
Laus», Benoîte Rencurel (1647-1719), spirituelle chrétienne. Ce livre issu de
pendant les 54 dernières années de sa sa pratique n’est pas un simple recueil
vie, l’évêque de Gap et d’Embrun nous d’exercices pour méditer avec son
propose ici, «en action de grâce, et sans corps. C’est une pédagogie spirituelle
SPIRITUALITÉ 457
pour le corps où celui-ci est amené à de l’Église catholique (1013) balaie

intérioriser la Parole. Loin de n’être d’un coup de main; il cite, mais pour en
qu’un instrument, le corps peut devenir critiquer la chute, une superbe prière
le lieu de l’éveil spirituel et même d’une d’Ali, gendre de Muhammad. Parmi les
guérison intérieure à travers un par- sujets non traités notons la naissance
cours fait d’exercices gestuels rassem- virginale du Christ et sa descente aux
blés en douze sentiers. enfers. Faisant fi de sa ‘timidité’ face à
Tous ceux et celles qui désirent faire un sujet ‘difficile’, l’A. nous offre de
franchir au spirituel l’au-delà du men- belles pages sur l’Esprit Saint. L’ou-
tal pourront tirer profit de cet ouvrage. vrage se clôt sur une brève allusion au
On voit bien le service qu’il rendra aux purgatoire. Pour tous. — P. Detienne sj
catéchistes mais aussi aux animateurs
préoccupés d’une liturgie qui fasse
droit à une gestuelle priante. — H. Élisabeth de la Trinité. L’aventure
Thomas osb mystique, éd. J. CLAPIER ocd, coll.
Recherches Carmélitaines 5, Toulouse,
Carmel, 2006, 22x15, 836 p., 39 /.
DUBOST Mgr M., Prier le Credo, ISBN 2-84713-050-0.
Paris, DDB, 2008, 21x14, 301 p., 19 /.
ISBN 978-2-220-05902-0. La collection des Recherches Carmé-
litaines vient de publier un remar-
Une catéchèse concernant le Sym- quable ouvrage avec la collaboration
bole des Apôtres, dont chaque chapitre assidue des sœurs moniales du Carmel
est précédé d’une prière et est suivi de Dijon sis à Flavignerot, muni d’une
d’une liste de questions. Son A., évêque préface de Mgr R. Minnerath, arche-
d’Evry-Corbeil, s’y exprime en un vêque de Dijon où vécut la bienheu-
style familier qui fait son charme: «je reuse Élisabeth de la Trinité (1880-
sais que je suis caricatural», «je vais 1906) décédée il y a juste 100 ans. Le
redire la même chose»… Il illustre son centenaire de sa mort donne l’occasion
texte de nombreuses références à la d’explorer les richesses de sa vie et de sa
Bible et à Vatican II. Qu’en retenons- spiritualité. Ce superbe ouvrage en est
nous? Dieu est appelé Père avant d’être sorti. Il nous décrit, grâce à la plume de
proclamé créateur. La raison grecque et fins connaisseurs du Carmel, «l’aven-
le droit romain ont marqué l’Église: ture mystique» de la bienheureuse.
alors que le premier testament se méfie Le P. J. Clapier, ocd (Montpellier)
de la vision, le mot Theos vient du verbe propose un avant-propos esquissant le
theastai, être vu, Le filioque a été intro- projet de l’ouvrage. Une 1ère partie s’at-
duit dans la liturgie latine sous Charle- tache aux Sources où s’est approvision-
magne contre l’avis du pape; c’est une née l’expérience spirituelle d’Élisabeth:
invention gauloise. Certaines affirma- les lettres de Paul et de Jean (J.-M. Gri-
tions de l’A. donnent à réfléchir: toute maud, osb, Landévennec); Ruusbroec
la Bible annonce le retour de Jésus; on (A. Louf, ocso, Mont-des Cats); Thé-
ne peut comprendre Jésus qu’à travers rèse d’Avila (Sr M.-Michelle, ocd,
son être juif; un dialogue est forcément Dijon); Jean de la Croix (M. Huot,
missionnaire, etc. L’A. ne boude pas Mers-sur Indre); Thérèse de Lisieux et
l’actualité: il mentionne, à plusieurs le P. Vallée (C. De Meester, ocd, Gent),
reprises, l’abbé Pierre et sœur Emma- sans parler des remous autour de Mgr
nuelle; il évoque les convertis à l’islam Le Nordez, évêque de Dijon (1898-
et les chrétiens évangéliques de son 1904) se soldant par la rupture des rela-
diocèse; il relève le concept occidental tions entre Église et État.
de la réincarnation (si différent de la La 2e partie est consacrée à l’expé-
doctrine orientale), que le catéchisme rience théologale d’Élisabeth: silence de
458 BIBLIOGRAPHIE
l’enracinement trinitaire (J. Hospied, EMMANUEL (Frère de Taizé), Un

Tournai, et J.F. Houdret, ocd, Tou- amour méconnu, Au-delà des repré-
louse), notamment dans sa dernière sentations spontanées de Dieu, Paris,
retraite (Cl. Sarrasin, Venasque); le sens Bayard, 2008, 20x15, 254 p., 17.50 /.
du salut de Dieu à travers le mystère de ISBN 978-2-227-4775-9.
la souffrance (A.M. Sicari, ocd, Trente);
sa perception du Christ dans une chair Voici un livre qu’il faudra lire au
de femme (V. Azcuy, Buenos-Aires); moins deux fois, pour effectuer le
l’aspect sponsal de sa mystique (Sr M. double parcours qui veut nous conduire
du Christ, ocd, Dijon); sa dévotion à la «au-delà des représentations spontanées
Vierge Marie (D. Poirot, ocd, Paris); la de Dieu» et, en conséquence, à la décou-
spécificité chrétienne de sa mystique (J. verte de Celui dont la révélation judéo-
Clapier, ocd, Montpellier). chrétienne nous dit qu’Il est amour.
Une 3e partie s’attarde au rayonne- Pour cela, on se rendra attentif aux péri-
ment pastoral de la sainte de Dijon: sur péties de l’évolution de notre psy-
le plan liturgique de sa spiritualité (J. chisme, entendu comme notre vie rela-
Castellano, ocd, Rome); la manière de tionnelle sexuée (et des accidents ou
son oraison (R.D. Langlois, ocd, blessures qui peuvent le marquer à
Avon); la vocation de la carmélite (Sr diverses étapes), pour discerner, et si
Claire-M., ocd, Dijon); la place de la possible les corriger, les projections et
musique (P. Barthez, Toulouse); son transferts qui émanent de notre plus ou
influence sur le ministère sacerdotal moins bonne capacité d’aimer. Notre
(P. de Cointet, Venasque); son impact langage sur Dieu, et au premier chef les
sur les jeunes (D. Garnier, Dijon) et «représentations spontanées» que nous
sur les laïcs (M. Benetti, Buenos- nous en faisons, ne peuvent être qu’ana-
Aires); l’enseignement évangélique de logiques et il n’est pas simple de mainte-
la dernière étape de sa vie (Fr. Girard, nir cette «pensée de Dieu» sous le regard
Venasque). vigilant de ce que nous apprend le savoir
La 4e partie parle de sa postérité, ou clinique des psychologues.
de son héritage spirituel: quelques Les références utilisées ici sont géné-
annotations sur ses œuvres et ses com- ralement freudiennes (avec les travaux,
mentaires (C. De Meester, ocd, Gent); entre autres, de A. Vergote [mais pas
son influence sur la spiritualité des plus récents] et [massivement] de
contemporaine (L. Borriello, ocd, M. Klein) mais aussi à l’occasion, jun-
Rome). Trois figures traduisent bien giennes (avec l’apport des remarques
l’ascendant de Sr Élisabeth: Dom A. du logothérapeute V. Frankl). Certes,
Guillerand (N. Nabert, Paris), H. Urs cet éclairage issu des sciences humaines
von Balthasar (G. Narcisse, op, Bor- n’est pas négligeable. Il reste, et l’auteur
deaux), le cardinal A. Decourtray (Sr en est conscient, qu’elles ne doivent pas
M.-Michelle, ocd, Dijon). Le volume s’ériger en cadre normatif de l’expé-
est complété par une bibliographie, un rience religieuse et, à notre estime, doi-
tableau des œuvres et des notices bio- vent accepter les limites de leur juris-
graphiques. prudence en présence de la Révélation
Ce beau florilège contient des études à la source de la foi chrétienne. On
de grande valeur et d’une réelle profon- sera donc prudent dans l’examen des
deur spirituelle. La trentaine de contri- quatre constellations des représenta-
butions réunies dans ce beau volume tions incriminées: la toute-puissance
sont pour moitié œuvres de filles ou de divine, le jugement divin, la transcen-
fils du Carmel. C’est un vibrant hom- dance divine, la tendresse divine.
mage à la spiritualité carmélitaine Comme l’écrit K. Rahner, à propos des
incarnée dans l’expérience mystique termes théologiques: «[…] l’histoire de
d’Élisabeth Catez. — J. Radermakers sj la formulation de l’expérience de la foi
SPIRITUALITÉ 459
s’est déroulée de facto de telle sorte que Archiprêtre dans une paroisse
ce terme est là, et que l’individu ne peut orthodoxe parisienne, l’A., fils du
s’en débarrasser par arbitraire privé». théologien Paul Evdokimov, présente
Ces quatre «attributs» de Dieu vont ici une nouvelle édition de son étude
évidemment rencontrer des questions consacrée à l’image du Christ reflétée
théologiques délicates et leur arrière- dans la culture russe: littérature, ico-
fond scripturaire: un Dieu qui ne veut nographie, tradition orale… Une pre-
ni ne permet le mal, un Dieu qui mière partie couvre la période anté-
connaît les blessures de chacun, un rieure au XIXe siècle; elle est illustrée
Dieu qui désire être aimé, par delà la de textes peu connus, traduits par l’A.
figure du père. Relevons: le ‘martyre’ de Boris et
Dans les 50 pages de «Notes-com- Gleb, fils de Vladimir, fondateur en
mentaires» qui accompagnent le ver- 988 de la chrétienté russe; le pèleri-
sant psychologique du travail proposé, nage de la Mère de Dieu dans les tour-
l’auteur accueille en notes appuyant ments (elle obtient une relâche
son propos de façon œcuménique les annuelle des châtiments infernaux
travaux issus de diverses sensibilités entre Pâques et Pentecôte); les ser-
théologiques: la tradition orientale à mons d’Hilarion (premier métropo-
propos de la théologie trinitaire, les lite slave à Kiev) et de Cyrille de Tou-
études de la théologie féministe sur rov (le plus célèbre prédicateur de la
l’équilibre masculin – féminin dans Russie prémongole); l’Izmaragd
l’appréhension du mystère divin, cer- (Émeraude), recueil de préceptes ins-
taines propositions d’études de mys- pirés de l’Évangile pour la vie de tous
tique comparée, et de bien d’autres les jours; Nil de la Sora, hésychaste;
horizons encore. Dimitri de Rostov (+1709) et Tikhon
Bref, sont abordées des questions de Zadonsk (+1783), contemplateurs
énormes qui demanderaient chacune, à de la passion du Christ, qui ont ins-
notre estime, un traitement plus déve- piré les poèmes spirituels (le songe de
loppé. De toute évidence, l’intention de la Mère de Dieu; les pleurs d’Adam…)
l’auteur est éminemment pastorale, aler- des Kaljeki, infirmes ambulants. L’A.
tée qu’elle est par les rencontres des clôt cette première partie par un essai
jeunes qui viennent à Taizé entendre et d’explication sur le retard culturel de
chanter «Dieu ne peut que donner son la Russie durant toute cette période,
amour, notre Dieu est tendresse». Les un retard en partie comblé par le lan-
nombreuses références bibliques sont là gage des icônes, qu’on ‘écrit’ et qu’on
pour ouvrir des chemins de prière et pré- ‘lit’ de gauche à droite.
parer les cœurs à se laisser bouleverser La deuxième partie de l’ouvrage est
par la découverte de l’Amour qui se consacrée à la littérature du XIXe s.,
révèle d’au-delà et au-delà de nos pensées siècle d’or de la pensée russe. L’A. en
et sauve encore celles-là mêmes qui le montre les racines dans les yourodi-
défigurent. Santé psychique et maturité vyje, les fols en Christ, dont il décèle
accomplie de nos relations, pour autant l’influence dans les œuvres de Pouch-
que cela existe, ne sont pas, loin s’en faut, kine, Tolstoï, Dostoïevski. Il explique
synonyme de sainteté. — J. Burton sj en quel sens on peut parler d’un
«Christ russe» (Dostoievski). Un der-
nier chapitre évoque la présence du
EVDOKIMOV M., Le Christ dans la Christ dans la vie quotidienne du
tradition et la littérature russe (1996), peuple russe. Professeur de littérature
nv. éd. revue et augmentée, coll. Jésus et comparée, l’A. se réfère fréquemment
Jésus-Christ 67, Paris, Desclée, 23x15, à de nombreux auteurs occidentaux:
361 p., 28.50 /. ISBN 978-2-7189- Pascal, Shakespeare, Kierkegaard etc.
0991-2. — P.-G.D.
460 BIBLIOGRAPHIE
FÉVOTTE P.-M., Louange de gloire. a été impatient… Et quelques belles

Élisabeth de la Trinité, coll. Carmel citations: «Seigneur, aide-nous à don-
vivant – Série Élisabeth de la Trinité 2, ner du pain à ceux qui ont faim, et à
Toulouse, Carmel, 2007, 18x11, 111 p., donner faim à ceux qui ont du pain»;
8 /. ISBN 978-2-84713-074-4. «Quand on a mis sa main dans la main
des pauvres, on trouve la main de Dieu
Le Père P.-M. Févotte est bien connu dans son autre main». — P.-G.D.
par ses nombreux écrits sur la bienheu-
reuse Élisabeth de la Trinité. Il nous
présente ici la musicienne. Élisabeth fut FRANÇOIS DE SALES (S.), Introduc-
en effet une pianiste brillante, affection à la vie dévote mise en français
tionnant tout particulièrement Cho- contemporain. Une initiation pratique
pin, Liszt et Schumann qui étaient à la à la vie spirituelle, éd. D.-M. PROTON,
mesure de son jeu si expressif. Mais, coll. Trésors du christianisme, Paris,
plus encore, Élisabeth fut une musi- Cerf, 2007, 20x14, 544 p., 25 /. ISBN
cienne de l’amour, car sa musique était 978-2-204-98310-2.
prière. Elle entra au Carmel le 2 août
1901, «pour passer d’une musique à Si l’Introduction à la vie dévote de
une autre». Après les vibrations de son François de Sales, un classique de la lit-
clavier sous la pression si délicate de ses térature spirituelle française, a cessé
doigts, c’est désormais son âme qui d’être un best-seller, c’est que son
s’est mise à vibrer sous la main du Sei- thème fondamental, l’appel universel à
gneur. Elle devint ainsi la chantre de la sainteté, a cessé d’être révolution-
l’Amour et de la présence trinitaire au naire: il a intégré la doctrine commune
plus profond de nous-mêmes. Sous la de l’Église (cf. Lumen Gentium). Mais
conduite de l’A. nous sommes ainsi est-ce la seule cause de la défaveur dans
conviés à laisser à notre tour notre laquelle l’ouvrage est tombé? Celui-ci a
cœur vibrer au chant de louange qui près de 400 ans, son titre est suranné, sa
monta de celui d’Élisabeth. — H. langue a pris des rides. D’où l’«entre-
Jacobs sj prise risquée» du Père D.M. Proton,
professeur d’histoire de la spiritualité:
en faire une adaptation en français
FORTHOMME B. ofm, Prier 15 jours contemporain. Sa transposition se veut
avec l’abbé Pierre, coll. Prier 15 jours – fidèle («misérables tentations» devient
116, Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, «malheureuses suggestions») sans être
2008, 19x12, 115 p., 12.50 /. ISBN 978- rigoureuse: «J’avoue derechef et renou-
2-85313-539-9. velle la sacrée profession de la fidélité
faite de ma part à mon Dieu en mon
L’A., franciscain, commente à sa baptême» est modernisé en «Je renou-
manière quinze textes, fort courts, velle les engagements de mon baptême».
extraits de quelques-unes des publica- Les altérations ne s’étendent pas au
tions de l’abbé Pierre, spécialement de delà du style. Restent inchangés: le
l’ouvrage qu’il a consacré à la prière: milieu social (on joue aux échecs; la
Dieu merci (1995). Qu’en retenons- chasse est une honnête récréation); les
nous? Son éblouissement devant le naïves comparaisons florales et fau-
Buisson ardent; ses épreuves (insom- niques, inspirées de l’Histoire Naturelle
nies, trahison des siens); sa louange de Pline l’Ancien (les bourdons font la
pour notre frère l’arc-en-ciel; son évo- cire, les abeilles font le miel; que, dans
cation des disciples d’Emmaüs; son leurs relations conjugales, les époux
refus de réciter le bénédicité lors d’un s’inspirent des éléphants!); la justesse
banquet scandaleusement somptueux; des observations psychologiques et la
la mort dont, depuis l’âge de huit ans, il pertinence des conseils pratiques
SPIRITUALITÉ 461
(faites-vous vendeuse en achetant, ache- le monde des pensées ne veut pas dire
teuse en vendant); l’insistance sur la per- régresser dans la conscience prération-
sévérance, la promptitude, la douceur nelle; le but n’est pas la perfection, mais
envers soi-même, l’a priori favorable, la plénitude; voir Dieu, c’est voir les
l’estime de l’amitié particulière (Pierre choses ordinaires telles qu’elles sont
affectionnait Pétronille; Paul affection- vraiment… En annexe, une courte his-
nait Thècle); le très démodé chapitre sur toire de la Communauté. — P.-G.D.
l’eucharistie… Deux excellents index,
minutieusement détaillés: les thèmes; les
personnages cités. Quant au lecteur FRÈRE (UN) CARME, L’Hésychia.
désireux de s’abreuver à la source, il Chemin de la tranquillité surnaturelle
trouvera le texte original de l’ouvrage et de la fécondité ecclésiale, coll. Car-
dans la collection La Pléiade, 1969. — P. mel vivant — Série Eremos, Toulouse,
Detienne sj Carmel, 2008, 18x11, 142 p., 11 /. 978-
2-84713-076-8; Et l’Esprit nous
pousse au désert, ibid., 150 p., 11 /.
FREEMAN L., Lettres sur la médita- 978-2-84713-075-1.
tion. Le christianisme face au silence,
tr. M. COULIN, coll. Espaces libres, En trois chapitres, inspirés d’un
Paris, Albin Michel, 2007, 18x11, 230 p. apophtegme de l’Abbé Arsène (Fuis les
ISBN 978-2-226-17300-3. hommes; tais-toi; reste tranquille), l’A
traitant d’hésychasme, «un terme qui
L’A., moine bénédictin, rassemble ici ne figure pas dans le vocabulaire du
les douze bulletins trimestriels qu’il a Carmel», introduit le lecteur à diverses
envoyés, de 1992 à 1995, aux adhérents notions de la spiritualité orientale: ana-
de la Communauté mondiale des médi- chorèse, xéniteia, anagogie, philautie,
tants chrétiens, dont, depuis le décès de apathie, amérimnia. Il en cherche des
son fondateur John Main O.S.B. en ressemblances chez les saints carméli-
1982, il assure la direction spirituelle. tains (Thérèse d’Avila, Jean de la Croix,
Nous y trouvons non seulement des Thérèse de Lisieux, Elisabeth de la Tri-
nouvelles concernant la communauté nité), dont il multiplie les citations,
(visite de Don Griffith; séminaire animé qu’il propose comme harmoniques de
par Jean Vanier; interview du Dalaï textes d’Anciens orientaux (Macaire,
Lama…) mais également d’éclairants Isaac le Syrien etc.). Le second ouvrage,
commentaires sur la prière telle qu’elle qui traite de l’Esprit Saint et de ses dons
est pratiquée dans la Communauté. (simplicité, humilité, foi), est du même
L’A., qui la présente comme un moyen cru. — P.-G.D.
d’unification et d’attention (awareness),
la définit comme une méditation silen-
cieuse, non discursive, accompagnée FROIDURE M., Vieillir avec la Bible.
d’un mantra. La pratique du mantra Quarante-cinq ans de vérification
évoque une discipline indienne, compa- évangélique, coll. Épiphanie, Paris,
rable, en certains points, aux enseigne- Cerf, 2007, 20x11, 258 p., 18 /. ISBN
ments de la dixième Conférence de Cas- 978-2-204-07858-0.
sien (360-435) et à ceux d’un opuscule
anonyme anglais du XIVe siècle: Le «Je voudrais témoigner de ces qua-
nuage d’inconnaissance. La toute-puis- rante-cinq années de vérification de la
sance du mantra, nous avertit l’A., pertinence du pari que j’avais fait sur
réside dans sa petitesse: nous abandon- Dieu, sur Jésus et son Évangile, et sur
nons la force de la pensée au profit de la une vie spirituelle sérieuse au bénéfice
force de l’amour. Relevons quelques- d’une fraternité universelle identifiée à
unes de ses considérations: transgresser la vie tout court.» (p. 16). Tel est en
462 BIBLIOGRAPHIE
résumé l’objet de ce livre attachant: le GARIEL C., Le Pain d’Emmaüs,

témoignage d’un homme qui a fait la Montréal, Médiaspaul, 2006, 19x13,
guerre d’Algérie comme officier avant 125 p., 10.50 /, ISBN 2-7122-0986-9.
d’entrer dans l’Ordre des Dominicains,
qui a vécu douloureusement la sup- L’A., qui confesse n’avoir jamais
pression des prêtres-ouvriers et la mise suivi de cours biblique, présente ici ce
à l’écart de théologiens de renom, et qui qu’elle propose comme le fruit de
a puisé dans la Bible, les Psaumes sur- soixante années de vie liturgique et de
tout, la substance de sa réflexion méditation. Commentant l’apparition
concernant son existence de prêtre et du Ressuscité aux disciples d’Emmaüs
de religieux au sein d’un monde sécula- (Lc 24,12-32), elle «ajoute ce qui
risé. Il fut aumônier d’étudiants, manque à l’Évangile du Christ» Elle
prêtre-ouvrier et responsable du imagine un colloque à trois voix: l’In-
«monde arabe» de la province domini- connu, Shimon et Cléophas, dont la
caine de France. femme aurait accompagné Marie au
Il débute par une question de fond: Calvaire. L’entretien s’étend sur cent
qui est son Dieu pour lequel il s’est pages, émaillé de quelque 150 citations
engagé? Il passe au crible le langage sur bibliques, dont le lecteur est supposé
Dieu des gens d’Église dont il prend connaître les références (rejetées à la fin
distance après lui avoir comparé l’évan- de l’ouvrage). À table, Jésus est traversé
gile, et il procède au même nettoyage d’une étrange émotion: «L’heure des
des visages du Christ pour en restituer ténèbres… Sauve-toi toi-même… Dis-
les traits évangéliques, tendres et mas…». Ses commensaux le trouvent
fermes: l’ami des pauvres, des publi- «très émotif, impressionnable». Ce
cains et des pécheurs. Il rejette les inter- n’est sans doute pas ainsi que le lecteur
prétations édulcorées de Jésus et des se représente la scène. Qu’il l’évoque
femmes, de l’Église. Son but constant donc telle que lui-même l’imagine…
est de confronter son expérience per- P.-G.D.
sonnelle à l’Évangile. Les réflexions se
succèdent: un vécu entrecoupé de ver-
sets de psaumes, de citations d’auteurs GAUTHIER J., Prier avec son corps,
contemporains, des discussions de coll. Les chemins de la prière, Paris,
mots comparés à l’hébreu… et tou- Renaissance / Prier, 2007, 21x12, 147
jours: son «vieux rêve d’amour univer- p., 14.50 /. ISBN 978-2-7509-0361-9.
sel» reprenant le dessus. «J’ai le senti-
ment d’avoir mis en place un ensemble Un beau livre, simple et pratique,
de repères bibliques assez stables, assez d’un laïc, père de famille, universitaire
solides, pour garder leur pertinence et poète. Un priant surtout. Chroni-
dans les tempêtes de l’actualité» (p. queur de Prier, il nous apprend à prier.
233). Ses dernières pages sont un testa- Il aide à la prière, comme le manifestent
ment: croire en la présence du Christ ses deux précédents ouvrages: Se puri-
vivant, appartenance à l’Église en soli- fier pour renaître. Prier: pourquoi et
darité avec toutes les victimes du mal, comment? et Du temps pour prier
dans la non-violence. Ses témoins sont (Presses de la Renaissance). Celui-ci est
Pierre Claverie, Christian de Chergé, le troisième de la série.
Geneviève de Gaulle. Nous avons là un Il développe pour nous une technique
pan de vie qui suscite respect et humi- et un esprit. La première partie enseigne
lité. les gestes de la prière du corps: debout, à
À lire par les femmes et les hommes genoux, assis, avec le souffle, en jeûnant.
en quête de vérité de vie, qui n’ont pas La symbolique des attitudes est briève-
peur de se mouiller et de se remettre en ment expliquée, en esprit de foi, avec çà
question. — J.R. et là des versets bibliques suggestifs.
SPIRITUALITÉ 463
Chaque chapitre se termine par un exer- GOZIER A. osb, La croix: folie de

cice pratique et une prière en guise Dieu. Méditations, coll. Méditer, Magny
d’exemple. La deuxième partie, suivant les Hameaux, Soceval, 2005, 21x13, 142
le même schéma, approfondit la prise de p., 14 /. ISBN 2-903242-65-8.
conscience du corps pour en laisser sur-
gir la prière dans toutes ses dimensions: L’A., moine bénédictin, réédite ici
du corps au cœur, l’offrande de Jésus, une vingtaine de méditations tirées de
célébrer de tout son corps, petit carnet ses œuvres, toutes centrées sur la
du priant, prières du monde. Un exer- kénose du Christ et le sacrifice de la
cice pratique et un exemple de prière ter- croix, «sans lequel je ne serais que
mine encore chaque chapitre. La gibier de potence». Accompagnant le
méthode est excellente: il n’y a plus qu’à Christ de la Cène au Calvaire, l’A. pré-
passer à l’acte de prier. sente des considérations fortes: il est
Humble offrande d’un priant à ses mort à notre place; nous avons tous
sœurs et ses frères croyants pour que contribué à la mise à mort du Fils de
nos corps et nos bras puissent s’élever Dieu; c’est une erreur de croire que les
comme un encens, matin et soir. À pra- déportés dans les camps hitlériens ou
tiquer assidûment pour comprendre! dans les goulags ont souffert plus que
— J.R. Jésus… Du dolorisme? Il s’en défend,
et il nous invite à ne voir aucun maso-
chisme dans des phrases telles que
GOZIER A., Célébration de l’Inef- «Toutes les fois que je pense à la cruci-
fable, réflexions sur la dénomination de fixion du Christ, je commets le péché
Dieu: le Nom au-dessus de tout nom: d’envie» (Simone Weil, citée à plusieurs
Maxime le Confesseur, Grégoire de reprises). Les textes que l’A. propose
Nysse, Denys l’Aréopagite, Grégoire de seront, suggère-t-il, une aide tant pour
Nazianze, Magny-les-Hameaux, Socé- l’oraison personnelle que pour la
val, 2006, 21x13, 97 p., 12 /. ISBN 2- réflexion dans les cercles bibliques et
903242-83-6. les groupes de prière. Il termine son
anthologie en ouvrant, à leur intention,
L’A, moine bénédictin, nous offre ici une trentaine de ‘pistes’ sous forme de
une courte introduction à la théologie questions, dont ces deux-ci, à ses yeux,
mystique grecque. Il nous présente, capitales: «Admettez-vous que la croix
dans un ordre qui bouscule pédago- du monde est la croix du Christ?…
giquement la chronologie, quelques Croyez-vous que la croix creuse la
extraits de la Mystagogie de Maxime le capacité de gloire?» Le style et l’ap-
Confesseur; de la vie de Moïse de Gré- proche de l’A. toucheront un public
goire de Nysse; de la théologie mystique plutôt traditionnel. — P.-G.D.
de Denys l’Aréopagite, pour conclure
avec l’hymne Ô toi l’au-delà de tout,
attribué à Grégoire de Nazianze. Il y est HEALY K., ocarm, Élie, prophète de
question de la Ténèbre, excès de feu, tr. M. BIGORIE, coll. Grands
lumière, qui exprime l’absolue transcen- Carmes, Paris, Parole et Silence, 2006,
dance de Dieu; de l’inconnaissance qui 21x14, 219 p., 18 /. ISBN 2-84573-
devient un moyen de connaître (au-des- 358-5.
sus de l’intelligence); du silence qui n’est
pas cessation de la parole sur Dieu mais Un livre insolite qui nous parle du
participation à la plénitude de l’inef- prophète Élie tel que nous le décou-
fable… dans laquelle l’âme est à la fois vrons dans le livre des Rois et tel que
comblée et assoiffée: le mouvement de nous apprenons à en percevoir l’impact
son désir ne cesse pas avec la béatitude. dans l’esprit du Carmel d’aujourd’hui.
À méditer. — P.-G.D. L’A., que nous présente la préface du
464 BIBLIOGRAPHIE
Fr Terrance Cyr de Nantes, est carme consacré à la signification des para-

américain de Boston. Après avoir boles. En appendice, les références aux
enseigné la théologie et la spiritualité à dimanches des années A, B, C. Une
Rome et aux États-Unis, il fut élu aide précieuse offerte aux personnes
prieur général de l’ordre de 1959 à qui cherchent à prier à partir de l’évan-
1971, homme de prière à la fois proche gile. — P.-G.D.
de Dieu et des hommes.
Il nous offre ici, en traduction fran-
çaise, un pieux essai sur le prophète: à IGNACE DE LOYOLA, Journal des
partir de l’Écriture, il brosse en dix cha- motions intérieures suivi du «Papier
pitres le portrait de ce champion de des élections» et du «Feuillet de
Dieu, parfois appelé fondateur de Madrid». Édition critique et nouvelle
l’Ordre du Carmel, et dont s’inspirent traduction des manuscrits autographes
Carmes et Carmélites encore aujour- par P.-A. FABRE, coll. Au singulier 15,
d’hui. Tout en reprenant les passages de Bruxelles, Lessius, 2007, 21x15, 286 p.,
l’Écriture, l’A. rappelle l’histoire de la 24 /. ISBN 978-2-97299-157-0.
fondation du Carmel et de sa tradition
spirituelle, en mentionnant les figures Les lecteurs de langue française
éminentes de l’Ordre et la signification avaient surtout jusqu’à ce jour accès au
des blasons qui le représentent. C’est Journal spirituel de saint Ignace grâce à
cela surtout que nous apprend le livre, l’édition du Père M. Giuliani (DDB,
car il fait peu mention des hésitations et 1959) et à celle des Écrits d’Ignace de
des fragilités du prophète, et la reprise Loyola (éd. M. Giuliani, DDB, 1991).
du texte scripturaire manque de regard P.-A. Fabre a entrepris ici, sous un nou-
critique; de plus, le ton du livre est un veau titre, l’édition critique et une nou-
tantinet moralisateur. Tel quel cepen- velle traduction du Journal d’Ignace,
dant, avec ses légendes pieuses et ses qu’il a fait suivre du Papier des élections
données liturgiques intéressantes, cet et du Feuillet de Madrid. Ce travail, il l’a
essai de bonne vulgarisation nous accompli à partir des manuscrits auto-
introduit dans la spiritualité du Carmel graphes. De multiples notes, toute une
en remontant jusqu’à Élie. — J.R. documentation érudite feront pour
longtemps de ce volume un ouvrage de
référence. On sait que le Journal des
HUBAUT M., Prier les paraboles. motions intérieures, selon le titre que lui
Accueillir le Royaume de Dieu, Paris, avait donné Maurice Giuliani, est
DDB, 2008, 21x14, 261 p., 19 /. ISBN constitué d’une liasse de 26 feuillets
978-2-220-05981-5. recto-verso entièrement autographes de
saint Ignace. La nouvelle entreprise de
À partir d’une quarantaine de péri- traduction qui nous est ici proposée
copes évangéliques, paraboles du obéit à deux principes fondamentaux:
Royaume, qu’il présente dans leur tra- donner pour la première fois une ver-
duction liturgique, l’A., franciscain, sion française de l’intégralité du manus-
sans souci d’exégèse, et en une prose crit d’Ignace, et aussi publier une pho-
rythmée, alerte et ‘contemporaine’, tographie partielle du manuscrit
s’abandonne en de riches méditations conservé aux Archives jésuites de
personnelles, sur un leitmotiv qui par- Rome. Quant à l’analyse de ce manus-
court tous les textes: l’amour gratuit. Il crit, conduite avant tout dans l’annota-
s’adresse au Seigneur («J’ai enfoui mon tion du texte, elle n’est pas un commen-
cœur dans un bas de laine») et le Sei- taire mais une tentative de lecture du
gneur répond, en italiques («Qu’as-tu texte dans le manuscrit. Les deux docu-
fait de ton capital d’amour?»). Le pre- ments publiés à la suite du Journal sont
mier chapitre, d’introduction, est d’abord une feuille pliée en quatre, tra-
SPIRITUALITÉ 465
ditionnellement appelée «Papier des ment uni dans une connaissance inté-
élections», synthèse autographe des rieure d’amour et de service. On
arguments d’Ignace pour ou contre l’ac- s’étonnera qu’un confrère de L.L. l’ait
ceptation de rentes régulières pour les dénoncé auprès du P. Vitelleschi, alors
établissements de la Compagnie. préposé Général de la Compagnie,
Ensuite, il s’agit d’un feuillet recto- mais, à la lecture des deux textes mis ici
verso, conservé à la Biblioteca Real de en parallèle, on comprendra encore
Madrid, et constituant la retranscrip- mieux que celui-ci lui ait gardé toute sa
tion, de la main du Saint, à une date non confiance. — J. Burton sj
déterminée, d’une série de fragments du
Journal. Ceux-ci n’ont jamais fait l’ob-
jet d’une publication. L’introduction et JIMÉNEZ DUQUE B., Vie mystique de
les annotations de l’édition sont d’une Mère Maravillas de Jésus. Son âme
écriture passablement difficile. Nous d’après ses lettres intimes, tr. J. RAS-
recommandons de lire surtout, pour TOIN, Toulouse, Carmel, 2008, 18x11,
faciliter l’accès au Journal d’Ignace, les 272 p., 18 /. ISBN 978-2-84713-067-6.
pages intitulées «Propositions de lec-
ture» (p. 243-282). — H. Jacobs sj Née en 1891 au sein d’une famille
aristocratique espagnole, Maravillas de
Jésus entra au carmel de l’Escorial, à
IGNAZIO DI LOYOLA, Esercizi Spiri- Madrid, en 1920, fonda celui du Cerro
tuali con il commento di Louis LALLE- de los Angeles, au centre géographique
MANT, éd. G. MUCCI sj, Roma, La du pays, et contribua, en 1933, à la créa-
Civiltà Cattolica, 2006, 19x11, 239 p., 9 tion de celui de Kottayam, en Inde, où
/. ISBN 88-16-28055-7. elle ne peut toutefois se rendre. Après
bien des tribulations durant la guerre
Anniversaires obligent, la revue civile espagnole, elle put rentrer à
jésuite romaine a voulu apporter sa Cerro et déploya à nouveau une acti-
contribution à la célébration des trois vité intense, notamment dans l’aide à
«amis dans le Seigneur» que furent d’autres établissements de son Ordre.
Ignace, François-Xavier et Pierre Favre Morte en 1974, elle a été béatifiée en
en confiant aux soins du Père Giando- 1997 et canonisée en 2003.
menico Mucci et aux éditions Jaca Si durant toute son existence, cette
Book pour la diffusion, la tâche de religieuse parut «forte», elle n’en vécut
publier, en notes de bas de pages, de pas moins de profonds tourments inté-
larges extraits de la Doctrine spirituelle rieurs que seuls ses directeurs spirituels
du P. Louis Lallemant. La spiritualité connurent à travers une abondante cor-
du P. L. s’avère-t-elle authentiquement respondance qu’elle leur adressa. C’est
ignatienne? L’originalité serait d’avoir cette expérience que cet ouvrage nous
traduit la leçon des Exercices, en la convie d’«approcher» à travers bon
complétant par l’enseignement des nombre d’extraits des lettres de Mara-
Constitutions et la tradition vivante de villas de Jésus.
l’Ordre. Il était donc largement justifié Est-il pertinent de la comparer à
de rendre visible cette originalité. d’autres grands mystiques comme Jean
Faisant mémoire des «disciples» de de la Croix, Thérèse d’Avila ou encore
Louis Lallemant, parmi lesquels on Mère Teresa dont on vient de découvrir
compte les «martyrs canadiens», le P. qu’elle aussi connut bien les «nuits»?
Mucci n’en doute pas: l’«action» — à sa Au pays des saints et des mystiques, la
plus haute faiblesse qu’est le martyre — prudence est de la plus extrême rigueur:
laisse apparaître, comme en transpa- c’est peut-être là le secret pour mieux
rence, la force de la Vie, à laquelle la les respecter et percevoir leur origina-
«contemplation» de l’apôtre l’a intime- lité. — B.J.
466 BIBLIOGRAPHIE
LECLEIR G., Prier la Parole, Bruxel- qualités didactiques de rigueur et de

les, chez l’auteur, 2007, 21x15, 194 p. clarté. Mais, surtout, il faut admettre que
l’enseignement qui se trouve dans cette
L’A. commente ici une soixantaine de étude est d’une grande richesse. Le refus
courts textes bibliques, répartis en de lire Jean Eudes à travers le prisme
quatre chapitres (foi, espérance, charité, d’autres interprètes permet de retrouver
conversion du cœur). Chaque commen- la pureté et la transparence de l’eau en sa
taire est suivi d’une oraison, que l’orant source. La sémiotique permet la saisie
est invité à remplacer par ses mots à lui. globale de l’objet textuel et renforce la
La présentation typographique reflète le capacité cognitive du sujet investigateur.
souci pédagogique de l’A. La méditation En saisissant les écrits de Jean Eudes à
Sourire à ma mort, de la plume de ce l’intérieur de l’univers bérullien, l’A. met
prêtre octogénaire, est particulièrement en lumière les conditions selon lesquelles
émouvante. — P.-G.D. la pensée de Bérulle peut aujourd’hui
demeurer féconde. Ces conditions sont
l’actualisation et l’inculturation sans
LEGARÉ C., La mission continue de cesse reprises de cette pensée. Ainsi, à
Jésus et le bérullien Jean Eudes. travers un langage technique souvent
Sémiotique du discours religieux, austère, l’A. nous tend une coupe d’eau
Québec, Pr. Univ. du Québec, 2006, très pure et nous permet de donner
23x19, 320 p. ISBN 2-7605-1400-5. aujourd’hui tout son sens et toute sa
force au discours de la mission continue
Le lecteur sera peut-être déconcerté de Jésus. — H. Jacobs sj
par le jargon technique de cet ouvrage.
L’A., prêtre eudiste, entend, en effet,
aborder l’œuvre écrite de saint Jean LELOUP J.-Y., «Notre Père». «Dieu
Eudes, et, plus précisément, le discours n’existe pas, je le prie tous les jours»,
du saint sur la mission de Jésus comme coll. Spiritualités, Paris, Albin Michel,
objet de lecture sémiotique. On veut 2007, 21x12, 188 p., 14 /. ISBN 978-2-
dire par là que l’on s’y reporte «comme 226-17307-2.
(à) un ensemble cohérent de significa-
tions manifestées textuellement». On connaît la plume volontiers pro-
Pareille entreprise suppose une métho- vocatrice de l’A., et l’on entame sans
dologie particulière sur laquelle l’A. sourciller la «lecture spirituelle» de ce
s’explique largement. Il part de l’hypo- livre original, d’un style alerte, que l’A.
thèse «qu’il existe dans les douze tomes dédie à son père tout en répondant à la
des Œuvres complètes de Jean Eudes demande d’un ami.
une logique immanente qui les fait tenir Ce commentaire du Notre Père mêle
en un tout de signification». des modes littéraires variés: l’hébreu, le
Rattaché par sa forme à la spiritualité grec, l’araméen côtoient des citations
bérullienne, le discours religieux de d’auteurs anciens ou modernes, des
saint Jean Eudes «illustre — à sa références à l’Écriture, souvent évoquée,
manière — l’intensité et l’étendue de des jeux de mots, des expressions à l’em-
l’univers sémantique de cette spiritua- porte-pièce: un vrai feu d’artifice avec
lité». Cette intensité tient à la puissance quelques bouquets de choix. À travers
d’attraction qu’y exerce le prototype ces effets de style, la pensée fluide de l’A.
Jésus. Quant à son étendue, elle «se nous mène à la découverte des noms du
mesure à la grandeur et au nombre de Père pourtant innommé, de son Règne
connexions qu’il réalise dans le monde d’humilité et de service, de sa volonté
divin et humain». toujours au-delà de nos prises. On peut
Si le langage de l’A. est souvent tech- le lire d’un trait, ou s’arrêter à chaque
nique, il faut lui reconnaître beaucoup de page; la dose quotidienne d’un chapitre
SPIRITUALITÉ 467
est une bonne mesure: de la lecture pour encore «l’inculturation» actuelle, mais
trois semaines en compagnie de «notre un premier pas dans cette direction.
Père»! — J.R. L’A. présente les directives de 1659
adressées aux Vicaires apostoliques par
la Congrégation de la Propagation de la
MARCOCCHI M., Spiritualità e vita foi fondée en 1622.
religiosa tra Cinquecento e Nove- La troisième partie se compose de 11
cento, coll. Storia 8, Brescia, Morcel- comptes rendus critiques de livres im-
liana, 2005, 21x15, 956 p., 65 /. ISBN portants portant sur l’Église à l’époque
88-372-2040-5. de l’absolutisme et de l’illuminisme, la
réforme de l’Église et la Réforme protes-
Ce recueil de 40 articles échelonnés tante de 1450 à 1530, la Réforme en Alle-
sur 40 ans, entre 1960 et 2000, forme un magne (Lortz), l’histoire du concile de
tout cohérent, publié avec de légères Trente par H. Jedin, l’image de Luther
retouches. Ces études sont regroupées chez les catholiques au XIXe s., l’Alle-
en trois parties. magne religieuse (Bendiscioli), etc.
La première, avec 25 essais, porte sur M. Marcocchi, professeur d’histoire
l’histoire de la spiritualité des XVI-XXe ecclésiastique à l’Université catholique
siècles en se basant sur les spirituels de Milan, s’intéresse avant tout à l’Ita-
connus ou peu connus de cette époque lie. Ses études partielles préparent,
et en soulignant leurs relations et leurs espérons-le, une future histoire de l’É-
ramifications, mais aussi en étudiant des glise hiérarchique et «populaire» (au
sources peu exploitées comme les sens de «peuple chrétien») en Italie, en
manuels de piété, les prédications, les attendant qu’on fasse de même pour les
prières, les chansons populaires, la litur- autres pays européens, ce qui donnerait
gie, les correspondances, du moins pour une vue plus juste de l’Église en
l’Italie; en outre, l’A.rappelle que Europe. — B. Clarot sj
Charles Borromée ne fut pas le seul
modèle d’évêque de l’après-concile et il
nous explique les orientations pasto- MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS
rales de deux autres évêques influents: (P.), Dieu t’attend. Les chemins de la
César Speciano et Charles Bascapé. prière. Extraits de «Je veux voir Dieu»,
La deuxième partie (4 essais et un Toulouse, Carmel, 2006, 18x11, 72 p.
appendice) esquisse un portrait de ISBN 2-84713-055-1.
l’évangélisation dont la forme moderne
date des grandes découvertes du XVIe Ce livre appartient à une série qui
s. L’Espagne et le Portugal y jouèrent présente des extraits de l’œuvre du P.
un grand rôle à cause de leurs Marie-Eugène «Je veux voir Dieu». Les
conquêtes et du «Patronage» accordé extraits proviennent des deux chapitres
dans les missions de ces conquêtes. «Premières oraisons» et «L’oraison de
Cette situation politico-religieuse eut recueillement». La présentation, fort
des répercussions funestes pour les soignée, vise à mettre en relief les points
missions. L’A. souligne l’impact du essentiels. Dans la première partie, elle
christianisme sur les autres cultures et reprend les traits de la prière vocale: le
les différentes méthodes employées par «parler à Dieu», le contact avec Dieu
les missionnaires. En Amérique, on dans la célébration liturgique, la lecture
imposa le catholicisme européen, mais méditée, la méditation. La seconde par-
en Inde, en Chine et au Japon, pays de tie tente de décrire l’oraison de
vieilles cultures raffinées, les jésuites recueillement qui consiste selon les
principalement, tentèrent d’adapter les mots de Thérèse d’Avila à «Échangez
méthodes d’évangélisation aux cultures avec lui comme avec un père, un frère,
des pays concernés. Ce n’était pas un maître, un époux. Considérez-le
468 BIBLIOGRAPHIE
tantôt sous un rapport, tantôt sous un MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS

autre. Il vous enseignera Lui-même ce ocd, Jésus, contemplation du mystère
que vous devez faire pour le contenter. pascal, rééd., coll. Carmel vivant, Tou-
Ne soyez pas si simples que de ne rien louse, Carmel, 2005, 18x11, 93 p., 7 /.
demander» (p. 43). Le livre se veut ISBN 2-84713-035-7.
comme une «étincelle d’amour», une
porte d’accès à une doctrine spirituelle Six prédications (homélies, médita-
sur la prière. Il sera bien utile même si la tions, heure sainte, chemin de croix…)
distinction entre les extraits de l’œuvre de Semaine Sainte, prononcées dans les
principale et les repères et suggestions dernières années de sa vie (entre 1960 et
n’est malheureusement pas toujours 1965) par l’A., prêtre carme, fondateur
facile à faire. — A. Mattheeuws sj de l’Institut de Notre-Dame de Vie. Le
ton y est uniformément dévotionnel.
Marie y est partout présente: Le Père
MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS me fait peur par les exigences pour son
(P.), J’ai prié pour toi. Prière de Jésus. Fils; la Mère me rassure. Quant à l’eu-
Prière du disciple, Toulouse, Carmel, charistie, où Jésus s’est réduit à une
2006, 18x11, 72 p., 5 /. ISBN 2-84713- petite hostie, elle est présentée comme
054-3. un prodige qui déconcerte la science
humaine et même la philosophie. Pour
Ce livret nous offre une part de l’en- tous. — P.-G.D.
seignement sur la prière de Jésus du
Père Carme, fondateur de l’Institut
Notre-Dame de Vie. Le texte est MARTON M. B. ocd, La sainte de la
extrait d’une retraite (22 août 1953) sur confiance. Neuf jours de méditations
l’apostolat. La présentation de ces avec Thérèse de l’Enfant-Jésus, coll.
paroles est fort soignée: des repères Carmel vivant – Série Thérèse de
sont offerts, des références concrètes l’Enfant-Jésus 1, Toulouse, Carmel,
(en note et en annexe) pour l’homme 2007, 18x11, 93 p., 7 /. ISBN 978-2-
d’aujourd’hui balisent la compréhen- 84713-078-2.
sion du texte. Que nous dit l’A. sinon
que Jésus a beaucoup prié dans sa vie L’A, né en 1887, mort en 1966, est un
ordinaire et sa vie publique? Le mys- carme déchaussé hongrois dont on a
tère de cette prière nous dépasse même entrepris la cause de béatification.
si nous en connaissons quelques traits: Maître des novices, prédicateur, direc-
prière de jour et de nuit, prière d’un teur spirituel, il fut très tôt conquis par
Fils, prière pour son Église et ses le rayonnement de Thérèse de Lisieux
apôtres, louange, offrande, joie et et de sa «petite voie». Il y découvrait
souffrance, confiance dans l’exauce- une Parole et une Volonté de Dieu qui
ment de la demande. Le «Notre Père» doivent nous conduire à la confiance et
revêt une importance particulière pour à l’amour. On trouvera dans ce petit
les priants que nous sommes appelés à livre, disposées selon neuf jours, ses
être. Le vœu exprimé pour nous dans méditations sur la doctrine de Thérèse.
ce commentaire est d’entrer dans la Son intention est de «nous plonger
prière de Jésus. Le «disciple n’est pas dans la solitude spirituelle» pour y
plus grand que son maître»: sa gran- trouver la grâce thérésienne de la
deur consiste justement à s’abandon- confiance. On y trouvera des vues spi-
ner dans la prière de son maître. Sim- rituelles profondément enracinées dans
plicité et beauté nous aident ainsi à le message de Lisieux, mais plus d’une
mieux connaître le Christ et un de ses fois exprimées dans un langage qui ne
disciples, le P. Marie-Eugène de l’En- fait pas toujours l’unanimité. — H.
fant-Jésus. — A. Mattheeuws sj Jacobs sj
SPIRITUALITÉ 469
MENDIBOURE B., Lire la Bible avec Ce best seller de Thomas Merton

Ignace de Loyola, coll. La Bible tout (1915-1968), qui se présente comme une
simplement, Paris, L’Atelier, 2005, autobiographie délibérément littéraire,
22x15, 252 p., 23 /.ISBN 2-7082-3804-3. est émaillée de réflexions pieuses, didac-
tiquement spirituelles, dont le contexte
On consultera avec profit ce livre. La nécessairement préconciliaire (la pre-
connaissance et la pratique des Exercices mière édition française de l’ouvrage
Spirituels de Saint Ignace trouvent en datant de 1951) enlève peu de chose à
effet un regain certain d’intérêt et une leur pertinence. C’est l’histoire de la
audience de plus en plus large dans un conversion d’un fan de jazz, devenu
éventail de publics plus diversifié. Qui militant communiste avant d’être attiré
fréquente la revue Christus connaît bien par l’idéal franciscain pour finalement
l’auteur. On ne s’étonnera pas de la qua- entrer à la Trappe faute d’avoir trouver
lité de l’itinéraire biblique proposé ici. une chartreuse. Il se sent plus ‘continen-
Certes, «la Bible tout simplement», lue, tal’ que franchement américain, recon-
méditée, priée et contemplée avec l’in- naît sa dette envers Gilson et Maritain,
telligence exacte de la lettre et une dispo- date sa conversion des jours qu’il a pas-
nibilité «large et généreuse» à s’y laisser sés en France: «En entrant à l’abbaye de
interpeller, suffit à conduire qui la fré- Gethsémani, j’ai tourné le dos autant
quente ainsi dans l’Esprit à la chambre que j’ai pu aux États-Unis pour me
secrète où le Père le rencontrera. Les iti- tourner spirituellement vers la France
néraires bibliques peuvent être divers et où je suis né». Aveuglément attiré par le
ceux que balisent les «Semaines» des catholicisme, il se montre sévère pour
Exercices invitent à des fréquentations l’anglicanisme. Un beau livre, bien tra-
de l’Écriture spécifiques. Respect de l’É- duit (mais est-il politiquement correct
criture, jamais «instrumentalisée», et d’appeler les afro-américains nègres et
fidélité aux mouvement et moments négresses?). En annexe, cinq essais
propres à l’expérience spirituelle que concernant les vœux, la prière, la paix, la
favorise la pédagogie des Exercices igna- charité tentent de présenter l’idéal
ciens. La compétence du praticien monastique ancien dans son contexte
chevronné des retraites ignaciennes moderne. — P. Detienne sj
affleure à chacune des pages de ce guide
d’oraison, et particulièrement aux arti-
culations qui caractérisent la tournure MIRAS J., Fidèles dans le monde. La
ignacienne de l’aventure. Fiches péda- sécularité des laïcs chrétiens, coll. Gra-
gogiques, verbatim du texte des Exer- tianus – Cahiers, Montréal, Wilson et
cices commenté, glossaire, et autres Lafleur, 2007, 24x16, 70 p. ISBN 978-
notations accompagnent le «retraitant 2-89127-841-6.
biblique» supposé fouler les sentiers de
cet itinéraire. On lira avec attention la Traduite de l’espagnol, cette bro-
brève, mais éclairante, introduction du chure du doyen de la Faculté de droit
P. Gibert qui, au titre d’exégète, justifie, canonique de l’Université de Navarre
si besoin était, l’entreprise doublement (Opus Dei), comporte un premier cha-
risquée qu’annonçait le «avec» du titre pitre, assez convenu, sur la condition
de ce livre. — J. Burton sj chrétienne entendue comme appel uni-
versel à la sainteté et à l’apostolat. Un
deuxième chapitre, portant plus expli-
MERTON Th., La nuit privée citement sur «la sécularité des fidèles
d’étoiles suivie de La paix monas- laïcs», décrit celle-ci comme «la forme
tique, tr. M. TADIÉ, coll. Spiritualités particulière autant de la sainteté que de
vivantes, Paris, Albin Michel, 2005, la mission apostolique» des laïcs (38).
18x11, 480 p. ISBN 2-226-15898-7. L’unité de vie est à plusieurs reprises
470 BIBLIOGRAPHIE
audacieusement rapportée (par réfé- des Cantiques: Bernard de Clairvaux et

rence aux écrits de saint Josémaria Guillaume de Saint-Thierry y voient
Escriva) au «patron» dogmatique de non pas d’abord un symbole de l’amour
l’unité dans le Christ de «son être de de Yahvé pour son peuple mais l’âme-
Dieu-Homme et de sa fonction de épouse assoiffée et ardente en désirs
Rédempteur». Pour finir, «c’est (dans d’amour. L’A. suggère une analogie
l’Eucharistie) que se réalise l’unité par- entre l’amour que le consacré voue à
faite entre vie ordinaire, sainteté et Dieu et l’amour conjugal, qui est total,
apostolat» (69). — N. Hausman scm exclusif, définitif, intégral, complexe. Il
reconnaît à l’éros et à la sexualité affec-
tive un rôle dans l’expérience mystique
NOIR M.-R., Prier 15 jours avec le des célibataires. La chasteté est relation
docteur Nagai (1908-1951), coll. Prier d’amour. Elle ne peut être réduite à
15 jours – 117, Bruyères-le-Châtel, l’abstinence sexuelle. Elle n’implique ni
Nouvelle Cité, 2008, 19x12, 120 p., répression des sentiments et des pul-
12.50 /. ISBN 978-2-85313-540-59. sions, ni méfiance à l’égard du plaisir.
Elle permet aux chastes d’aimer en tant
Takashi Nagai (1908-1951), médecin que personnes sexuées. Elle ordonne le
radiologue à Nagasaki, reçoit le bap- sexe, l’éros et l’amour, et les met au ser-
tême en 1934: «C’est en lisant les Pen- vice de la charité et de la communion.
sées de Pascal que l’Esprit Saint est venu L’A. envisage la possibilité d’une com-
me bouleverser». Ayant perdu sa femme munion d’amitié amoureuse dans l’Es-
dans le bombardement de 1945, et lui- prit entre religieux de sexe différent.
même, gravement blessé et atteint de Parmi les conditions qu’il propose pour
leucémie, il se retire avec ses deux qu’elle s’intègre dans leurs autres rela-
enfants dans un ermitage (Nyokodo tions tout en conservant son originalité,
«lieu où l’on aime les autres comme soi- il mentionne: des projets créatifs ou
même»), où il consacre les six dernières communs (de nature intellectuelle,
années de sa courte existence à l’accueil d’aide mutuelle, de service à des tiers); le
des visiteurs et à l’écriture: une vingtaine refus du secret, de l’exclusivisme, de
de publications tant scientifiques que l’isolement; l’ouverture de cœur à une
religieuses, dont le best-seller Les tierce personne. Les deux derniers
Cloches de Nagasaki. L’A. du présent articles concernent le testament du P.
ouvrage, traductrice de livres japonais, Christian et la dévotion mariale du P.
évoque la vie spirituelle de Nagai en Christophe, deux des six trappistes
quinze chapitres (le dépouillement, la assassinés à Tibhirine en 1996. — P.
paix, l’abandon…) qu’elle émaille de Detienne sj
citations. Une spiritualité traditionnelle,
qui ignore les valeurs religieuses et cul-
turelles du Japon. — P.-G.D. OLIVERA B., Petites et grosses
gouttes de sel et de soleil tirées de l’en-
crier de Mr Toulemonde, coll. Voix
OLIVERA Dom B., Aurore au plein monastiques 17, Oka (Québec), Abbaye
midi, coll. Voix monastiques 15, Oka, N.D. du Lac, 2008, 21x14, 64 p., 7 /.
Abbaye N.-D. du Lac, 2006, 21x14, 165 ISBN 978-2-921592-38-3.
p., 12 /. ISBN 2-921592-34-7.
Les aphorismes ici recueillis, et répar-
L’Abbé général des Trappistes ras- tis selon une dizaine de thèmes, relèvent,
semble ici quelques textes dans lesquels nous avertit l’A., ancien Abbé Général
il traite du célibat consacré. Il y évoque des Cisterciens de la Stricte Observance,
la mystique sponsale proposée par les du bon sens de «Monsieur Toule-
commentateurs médiévaux du Cantique monde»: à questions inexactes, réponses
SPIRITUALITÉ 471
erronées; Dieu a créé le temps, et moi la dans la classe ouvrière, accepte l’avorte-
hâte; l’inquiétude n’enlève pas la souf- ment; dans la classe paysanne, se marie
france du lendemain, mais aigrit l’au- vierge. L’A. nous confie, en finale, ses
jourd’hui; être fidèle, c’est promettre convictions personnelles sur le célibat.
d’aimer; l’athée est un croyant à l’en- Une dernière page rencontre les objec-
vers… Le chapitre concernant le mascu- tions du lecteur: «beaucoup de ques-
lin et le féminin (v.g. l’homme s’inté- tions n’ont pas été traitées; il y a trop ou
resse au message; la femme privilégie trop peu de rigueur; l’A. est très condi-
l’interlocuteur) est spécialement riche et tionné par sa culture et par son genre».
propre à susciter la discussion. Laissons — P. Detienne sj
le dernier mot à l’A.: L’Évangile est la
Parole de Dieu; c’est pour cela qu’il sur-
vit à mes homélies. — P.-G.D. PAUL-MARIE DE LA CROIX ocd,
«Demeurez en moi» (Jn 15, 4), coll.
Vives flammes, Toulouse, Carmel,
OLIVERA dom B., Chastes pour 2007, 18x12, 123 p., 8 /. ISBN 978-2-
aimer, coll. Voix monastiques 16, Oka, 84713-073-7.
Abbaye N.-D. du Lac, 2007, 21x14,
103 p., 11 /. ISBN 978-2-92159-236-9. Carme de la Province de Paris ayant
laissé le souvenir d’un grand spirituel,
L’A., abbé général des Trappistes, l’A. médite ici sur l’appel de Jésus à
d’origine argentine, propose ici quelque demeurer en Lui (Jn 15, 4). «Demeu-
234 réflexions anthropologiques, adres- rez», «Maître, où demeures-tu?»,
sées aux «âmes consacrées» (sans exclure «Maître, avec qui demeures-tu?»,
les époux) et regroupées sous neuf titres: «Maître, à quelles fins demeures-tu en
Personnels et interpersonnels; Spirituels nous?», telles sont les quatre parties
et corporels; Êtres de désir et d’affec- d’une substantielle et savoureuse
tion; Sexués et complémentaires; Aimés méditation sur l’invitation que nous
et aimant; Amis et amoureux; Pudiques fait le Christ de demeurer dans son
et chastes; Vierges/célibataires et époux; Amour. C’est un maître spirituel
Mystiques. Il invite le lecteur à les lire à plein d’expérience, qui n’ignore rien
petites bouchées: la femme est plus faci- de ce qu’est en réalité l’être humain,
lement monogame… le corps féminin que nous rencontrons ici, cherchant à
existe dans le don conjugal et dans le nous aider à expérimenter «la force de
don maternel … le sexe sans éros, c’est la la divine Présence». — H. Jacobs sj
danse sans partenaire; l’éros sans désir,
c’est la danse sans musique; le désir sans
mystique, c’est danser sans savoir dan- PERRIER L.-M. ocd, La prière. Une
ser. divine aventure, chants J.-B. DU JON-
Il prône une lecture littérale du Can- CHAY ocd, coll. Jeunes en route, Tou-
tique des Cantiques, dont l’auteur, nous louse, Carmel, 2008, 21x15, 183 p., 16
dit-il, est probablement une femme. Ses /. 978-2-84713-088-1.
exposés abondent en divisions pédago-
giques: les huit sentiments «chefs de L’A., carme missionnaire au Sénégal,
file» (colère, tristesse, peur, joie, amour, propose aux jeunes, en six chapitres, une
surprise, aversion, honte); les quatorze initiation à la prière mentale: pourquoi
différences entre amis et amoureux… Il prier; relation d’amitié; rencontre inté-
considère les diverses classes sociales: rieure; distractions; consolations et
v.g. la femme occidentale, dans les sécheresse; degrés d’oraison. Chaque
classes élevées, ne parle pas avec son chapitre comporte une méditation,
mari des problèmes sexuels; dans la introduite par des textes bibliques et
classe moyenne, divorce avec facilité; étayée par des citations carmélitaines
472 BIBLIOGRAPHIE
(Thérèse de Lisieux; Élisabeth de la Tri- Dieu à la découverte d’un nouveau

nité; Jean de la Croix; Thérèse d’Avila visage du Dieu de silence. Un essai
abondamment et judicieusement sollici- traite de la méditation considérée
tée) et se termine sur une triple conclu- comme une méthode ordonnée à
sion: une sentence, une prière, un chant l’union à Dieu, à un Dieu qui garde
(accompagné de la partition musicale). toujours l’initiative: s’y trop fier est
L’ouvrage, imprimé en quadrichromie, du pélagianisme; s’en trop méfier est du
est illustré par d’inspirantes photos quiétisme. La dernière communication
superbement reproduites. Recom- est consacrée à la prière de recentre-
mandé à tout lecteur soucieux d’aviver ment (centering prayer) du cistercien
son désir de rencontrer le Seigneur dans Thomas Keating: une psychothérapie
la prière. — P.-G.D. divine (ou pneumanalyse) de détache-
ment et d’intégration aux manifesta-
tions de l’inconscient, analogue à l’ap-
Prier Dieu dans un monde sans proche jungienne. C’est une oraison de
Dieu, éd. R. BERGERON e.a., Montréal, silence intérieur, inspirée du Cloud of
Médiaspaul, 2006, 22x14, 221 p., 16.10 unknowing (Le nuage d’inconnais-
/. ISBN 2-89420-701-8. sance, XIVe siècle). — P. Detienne sj
Le présent recueil reprend les com-

munications faites au Congrès annuel de Prier les psaumes avec Jean-Paul II
la Société Canadienne de théologie en et Benoît XVI, t. II, Paris, Bayard,
2004 à l’Université Laval, Québec. Elles 2007, 17x12, 463 p., rel. ISBN 978-2-
présentent une réflexion théologique 227-47656-1.
sur la praxis de la prière: Comment
prier? Qui est cet Autre que l’on prie? Ce livre recueille les catéchèses de
Que fait celui qui prie? Dans notre Jean-Paul II, poursuivies par Benoît
monde postmoderne, sécularisé et XVI, offertes au peuple de Dieu lors
pluraliste, nous ne pouvons plus être des audiences générales du mercredi.
catholiques sans être interreligieux. Des Le Tome I (2003) nous guidait pour la
distinctions s’imposent: la prière multi- prière du matin; ce Tome II nous com-
religieuse (ensemble pour prier: Jean- mente les psaumes et cantiques des
Paul II, Assise, 1986) n’est peut-être vêpres. Les commentaires sont ceux
qu’un ensemble de prières parallèles donnés à la place saint Pierre de
adressées à des dieux différents; la prière novembre 2003 à janvier 2005 (Jean-
(positivement) ‘syncrétiste’ emprunte Paul II) et de mai 2005 à février 2006
des éléments hétérogènes qu’elle inter- (Benoît XVI). Il est d’abord significatif
prète chrétiennement; la prière propre- pour la prière de tous de voir cette
ment interreligieuse (prier ensemble) continuité de l’enseignement des papes.
pose le problème épineux de la double On sera attentif ensuite à l’Introduc-
appartenance: v.g. hindou-chrétien. tion qui souligne l’unité «dans le jour»
Existe-t-il dans les divers patri- entre les laudes et les vêpres pour le
moines religieux des textes de prière et déploiement du mystère pascal dans
des symboles universellement utili- l’histoire. Les tonalités et la structure
sables? Un chapitre traite de la possibi- de la prière du soir sont admirablement
lité métaphysique de l’exaucement de la décrites (p. 21-24) avant d’entrer dans
prière: dans la supplication que nous le commentaire des quatre semaines. La
adressons au Dieu immuable, nous col- présentation du livre est soignée et per-
laborons au déploiement et la réalisa- met de méditer les psaumes et les can-
tion de ses plans. Un autre chapitre étu- tiques de chaque jour. Les commen-
die la prière des survivantes d’abus taires, d’égale tonalité, témoignent de la
sexuels: de la colère devant le silence de manière dont on peut unir «Écriture et
SPIRITUALITÉ 473
Tradition». Pour ceux qui ne connais- tions requièrent, ce témoignage du P.

sent pas cette prière de l’Église et pour Raguin. Est-il donc si difficile de
ceux qui en vivent depuis des années, ce naître? Nicodème déjà interrogeait
livre peut éveiller une «nouvelle» intel- Jésus. Nous connaissons la réponse
ligence des psaumes et aider à la prière que Celui-ci lui fit. Est-ce la même que
personnelle et communautaire. — A. celle qui se laisse entendre en se désal-
Mattheeuws sj térant à la Source?
«Parler de l’expérience de la source,
c’est parler aussi de l’expérience
QUESNEL M., Prier 15 jours avec humaine du ‘commencer’» (III) écrit
saint Paul, Coll. Prier 15 jours 120, Benoît Vermander, compagnon jésuite
Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, de l’auteur à l’Institut Ricci de Tapei où
2008, 19x11, 120 p., 12.50 /. ISBN 978- il ont travaillé ensemble. C’est donc de
2-853-13550-4 cette expérience que ce texte nous
«entre-tient». Expérience personnelle à
En présentant, dans l’ordre chronolo- n’en pas douter depuis qu’un livre post-
gique, quinze extraits de six épîtres pau- hume (Vide et plénitude, Arfuyen,
liniennes ‘authentiques’ (1 Th; 1 et 2 2005) a rendu compte des circonstances
Co; Ga; Rm; Ph), l’A., oratorien, rec- fondatrices où elle s’est présentée «inex-
teur de l’Université catholique de primable», où «Jamais encore je n’avais
Lyon, nous invite à partager sa longue aussi profondément perçu en moi cette
familiarité avec une œuvre ‘judéo- réalité de l’existence divine» (II).
grecque’ réputée difficile. Chaque cha- En 27 brefs chapitres le P. Raguin va
pitre comporte trois parties: d’abord, donc nous convier à chercher de che-
une introduction qui situe la péricope minements de lumière en chemine-
dans son contexte historique; ensuite, ments de nuit, et nous conduire, de
une lecture méditée, qui invite le lecteur plénitude en vide, vers ce lieu intime
à s’approprier la pensée de l’Apôtre et à où affleure le secret de notre «nature»,
en tirer profit pour sa propre existence; «cette réalité indéfinissable qui est ‘la
enfin, une prière, adressée au Père ou au vie’, le grand courant impersonnel qui
Christ. Parmi les thèmes développés, vient de la source pour s’épanouir en
retenons les titres: Prier sans cesse; un ‘cœur’ qui est l’intériorité de l’être
Rendre grâce pour les autres; Tenir sa humain». La richesse des traditions
force de Dieu… Le chapitre «S’unir à spirituelles de l’extrême Orient mys-
Israël» (Rom 9, 1-5) est illustré par le tique (taoisme et bouddhisme Zen
Kaddish. La dernière prière est une pour l’essentiel) donne à notre auteur
action de grâces pour Saul de Tarse. Les un cadre tant théorique que pratique
traductions sont agréables: elles sont de pour avancer sur ce chemin risqué de l’
la main de l’A. — P.-G.D. «éveil» à l’ultime profondeur de ce
total dépouillement où s’expérimente
l’ineffable. Le chrétien va-t-il se ris-
RAGUIN Y., La Source, coll. Christus quer au bord de cet abîme? Il le peut.
68, Essais, Paris, Desclée de Brouwer / Tout au long de ces pages nous
Bellarmin, 2008, 20 x 13, vii-126 p., 14 sommes en perspective johannique. Et
/. ISBN 978-2-220-05765-1. de conclure «cette expérience atteint
son apogée dans la réalisation de
En contexte actuel où la présence l’amour du Père, source, origine, unité
des spiritualités orientales se fait pres- et en même temps totalité de tout ce
sante en bien des lieux, il ne sera pas qui existe» (124). Et c’est dans la venue
inutile de relire (la première édition est kénotique du Fils et la livraison de son
de 1998) avec attention et avec la pru- Esprit que se donne, d’au-delà de tout,
dence critique que certaines formula- notre naissance. — J. Burton sj
474 BIBLIOGRAPHIE
RATZINGER J., Chi ci aiuta a vivere? écrits. Voici qu’on a été en mesure de le
Su Dio e su l’uomo, ed. H. ZOBO- faire pour Benoît XVI, un an après son
ROWSKI & A. LETZKUS, coll. Books, accession au pontificat, en s’appuyant
Brescia, Queriniana, 2006, 21x14, 182 sur 40 années d’écrits. On y perçoit la
p., 13 /. ISBN 88-399-2853-7. pensée énergique et la voix discrète du
cœur de notre Pontife. À nous de l'ac-
L’élection papale de J. Ratzinger a été cueillir avec notre esprit et notre cœur.
reçue en Allemagne de façon mitigée, Les textes sont tirés de 55 œuvres du
car il laissait derrière lui la réputation Pape. Ils ne dépassent pas une page et,
d’être intransigeant, froid, bureaucrate pour les questions importantes, peu-
et au service d’une vérité abstraite. Mais vent s'étendre sur plusieurs jours.
après un an de pontificat, on possède Dans ces textes, on sent évidemment le
une image plus nuancée de sa person- professeur de théologie, le grand intel-
nalité et l’on constate combien unilaté- lectuel désireux de répondre aux ques-
raux étaient les premiers jugements sur tions et objections de notre temps,
son compte. On découvre en lui un mais aussi le chrétien qui vit par et
penseur sage, un pasteur sensible aux pour Dieu, en réponse à l'amour divin.
besoins de l’homme actuel, enfin un — B.C.
homme de prière qui tente de faire par-
tager sa foi confiante.
L’homme moderne cherche souvent RÉMOND Chr., Un amour univer-
le sens de sa vie en dehors de la foi et n’y sel. Fioretti de Thérèse de Lisieux,
parvient pas. Sur le conseil d’Urs von préf. Mgr G. GAUCHER, Paris, Pr.
Balthasar, J.R. ne «présuppose» plus la Renaissance, 2005, 23x19, 275 p., ill.,
foi, mais la «propose» en la vivant lui- 30 /. ISBN 2-7509-0092-1.
même tout d’abord et en montrant que
les hommes ne peuvent vivre de façon Voici un moyen économique de
vraiment humaine que dans un rapport «parcourir la terre!». Richement illus-
avec Dieu. Il faut écouter Dieu qui s’est tré, bien écrit, présenté sur papier glacé,
tourné vers l’homme pour l’aimer. l’ouvrage est une sorte de guide du
«Qui nous fait vivre?» Ce n’est pas «Thérèse World Tour», entendez, le
une chose, une idée ou une idéologie, tour du monde que les reliques de Thé-
mais une Personne que nous pouvons rèse de Lisieux ont entrepris, depuis
rencontrer et qui veut devenir notre 1994, et qui est loin de s’achever (l’ap-
Ami. L’amitié avec le Christ a été le plat donne le programme fixé pour
thème principal de la première homélie 2006 et 2007). Sous ses apparences
de Benoît XVI. anecdotiques (rien n’est négligé de ces
Ces extraits des œuvres de J. Ratzin- traversées aventureuses, dans toutes
ger montrent que le Pape est un homme sortes de lieux, touchant des croyants
proche de nous et de nos problèmes. — de toutes religions), c’est un tableau
B. Clarot sj nouveau de «l’impact planétaire et
durable» du récent Docteur de l’Église
qui nous est dessiné. Comme le dit le
RATZINGER J., Toccati dall'invisi- Père R. Zambelli en finale, «cette sainte
bile, éd. G. FRANCESCONI, coll. Books, n’a pas fini de nous surprendre». — N.
Brescia, Queriniana, 2006, 21x14, Hausman scm
412 p., 28 /. ISBN 88-399-2857-X.
On avait attendu une quinzaine d'an- Fr. ROGER de Taizé, Prier dans le
nées pour éditer un livre de méditations silence du cœur. Cent prières, Taizé,
de J.-P. II pour les 365 jours de l'année, Pr. de Taizé, 2005, 17x11, 124 p., 10 /.
à partir de textes provenant de ses ISBN 2-85040-228-1.
SPIRITUALITÉ 475
Une centaine de courtes aspira- ROSSI DE GASPERIS Fr. – CARFAGNA

tions, désarmantes de simplicité, A., Da Dan a Bersabea. Pregare e cam-
rédigées, peu avant sa mort, par le minare in tutta la Parola e la Terra di
Fr. Roger. Il les lisait à l’oraison Dio, coll. Bibbia e spiritualità 25, Bolo-
communautaire de midi. Elles illus- gna, EDB, 2005, 21x14, 96 p., 8 /.
trent la phrase d’Augustin: «Un désir ISBN 88-10-21117-0.
qui appelle Dieu est déjà une prière».
Un grand nombre de ces prières On connaît le P. Fr. Rossi de Gaspe-
sont adressées au Saint Esprit. — ris pour ses études concernant la lec-
P.-G.D. ture spirituelle de l’Écriture, notam-
ment en référence aux Exercices
spirituels de saint Ignace (cf. NRT 123
RONDET M. sj, Laissez-vous guider [2001] 112; 127 [2005] 487). Avec A.
par l’Esprit. Petit traité de théolo- Carfagna, accompagnatrice de groupes
gie spirituelle, Paris, Bayard, 2005, de pèlerinages-retraites en Terre sainte,
21x15, 168 p., 18.50 /. ISBN 2-227- il nous propose ici un programme de
47504-5. lecture priée de la Bible «sur le terrain».
Goûter la Parole de Dieu dans les lieux
Je suis un être de désir, il s’agit pour géographiques où elle s’est incarnée à
moi de donner un sens à ce que je suis. travers l’histoire du peuple de Dieu et
L’A., théologien jésuite, propose ici celle de Jésus, jusqu’à en imprégner
une «théologie de l’action de l’Esprit notre propre évolution spirituelle: tel
dans le monde et en nous» en quatre est le but que poursuivent ces deux A.:
étapes, qui balisent notre croissance «de la Terre au Livre et du Livre à la
spirituelle selon l’Évangile. Nous par- Terre». La Terre sainte devient ainsi
tons de Dieu, qui vient à nous dans comme le sacrement de la Parole.
l’acte même où il nous appelle à la vie. Trois parties divisent ce passionnant
Nous l’accueillons en engageant notre livret: le Livre, qui nous montre com-
liberté, en réponse à l’action de l’Es- ment faire grandir le Christ en nous à
prit qui nous précède. Le terme vers partir d’une lecture priante de l’A.T.; la
lequel nous tendons, la rencontre qui Terre perçue à travers l’archéologie,
sera notre béatitude, est une réalité l’histoire des «lieux saints» et la typolo-
déjà présente en nous. Sur le chemin, gie découverte dans l’Esprit Saint, avec
nous avons des guides qualifiés. L’A. l’épisode de Marthe et Marie en Lc
en présente un choix, nécessairement 10,38-42; l’eau du Gihon, seule source
subjectif, qui dévoile peut-être un peu de Jérusalem, la sainte Sion, approvi-
de sa personnalité, qu’il a choisi de sionnant la cité de David grâce à la pis-
garder secrète tout au long du traité: cine de Siloë.
Augustin, Bernard, François d’Assise, Recommandons ce guide spirituel
Ignace, Jean de la Croix, François de précieux dont sauront profiter les pèle-
Sales; puis, Charles de Foucauld et rins de Terre sainte qui entendent l’ita-
Thérèse de Lisieux; enfin, Madeleine lien. — J. Radermakers sj
Delbrêl et… Etty Hillesum, cette
intellectuelle juive, sur laquelle l’A.
s’attarde longuement: son itinéraire ROTSAERT M., sj., La vie en pléni-
rejoint, de façon profonde, des aspira- tude. Prier avec l’évangile de Jean, préf.
tions contemporaines: «Ma vie s’est card. G. DANNEELS, tr. J. WEISSHAUPT,
muée en un dialogue ininterrompu Namur, Fidélité, 2007, 21x15, 144 p.,
avec Toi, mon Dieu… J’aime en cha- 13.95 /. ISBN 078-2-87356-384-4.
cun une parcelle de Toi». Doctrine
classique, tonalité ignatienne. — P. Il existe de nombreux commentaires
Detienne sj de l’évangile johannique, conçus sui-
476 BIBLIOGRAPHIE
vant différents types. D’une autre fac- ouvrage aux multiples facettes de
ture est ce petit volume que nous offre l’amour. Les titres des chapitres sont
M. Rotsaert, jésuite, qui fut maître des révélateurs: Quand on n’a que l’amour;
novices et deux fois supérieur de la Je t’aime, donc je suis; L’autre est sacré;
Province belge du Nord, avant d’être Se méfier des contrefaçons… Parmi les
nommé président de la commission des sujets abordés mentionnons: la sexua-
provinciaux sj européens. Comme dans lité, le divorce, le célibat des prêtres
une retraite, il nous aide à prier avec le (Comment peut-on donner à un seul
quatrième évangile, nous proposant être autant d’attention lorsque des
brièvement des «points de méditation» multitudes n’ont personne?). L’A
pour nous disposer à recevoir «la vie en illustre son texte par de nombreux ‘cas
plénitude». vécus’; il l’émaille d’émouvants souve-
Ce livre, préfacé par le cardinal G. nirs autobiographiques; il l’enrichit de
Danneels, finement traduit du néerlan- nombreuses références (Teilhard, et
dais par J. Weisshaupt sj, accompa- surtout Saint-Exupéry, sont le plus fré-
gnera heureusement religieux et chré- quemment cités); il le termine par un
tiens, hommes ou femmes, désireux commentaire de l’hymne à l’amour (I
d’apprendre à méditer l’évangile, en Cor. 13). Le dernier chapitre s’achève
retraite comme dans la vie quotidienne. sur l’épitaphe qu’a souhaitée pour son
À leur intention, quelques indications tombeau l’abbé Pierre: Il a essayé d’ai-
sont fournies dans les pages liminaires. mer. En annexe: un florilège amoureux,
Dix-sept passages de l’évangile de Jean, reflétant les lectures favorites de l’A
surtout parmi les récits, sont ici présen- (Thibon, Garaudy, Neruda et K.
tés, permettant un parcours fidèle du Gibran sont plusieurs fois cités),
message transmis par l’évangéliste. auquel le lecteur est implicitement
L’A. nous invite à pénétrer, au-delà des invité à substituer le sien. Dans les der-
faits racontés, jusqu’à l’intime du nières pages, consacrées aux ‘notes’,
Verbe incarné qui vient nous visiter, sont relégués les noms d’une trentaine
aujourd’hui encore, dans une contem- d’auteurs (Aragon, Rilke, Durkheim,
plation simple, mais dense, et d’une Jean-Paul II…) dont les citations, par-
grande richesse spirituelle. Si les com- fois longues, apparaissent dans le texte
mentaires de Jean foisonnent, les comme dépersonnalisées. Recom-
guides de prière sont peu nombreux. mandé. — P. Detienne sj
Celui-ci nous réjouit, d’autant qu’il
s’approvisionne chez les meilleurs
interprètes. Conçu de manière pra- SANCHEZ-ZARIÑANA H.J., L’être et
tique, il nous offre le texte évangélique la mission du laïc dans une église
assorti de réflexions qui nous aident à pluri-ministérielle. D’une théologie
entrer progressivement, avec l’évangé- du laïcat à une ecclésiologie de solida-
liste, dans la réalité actuelle du mystère rité (1953-2003), coll. Religions et spi-
pascal. Cette méditation comble un réel ritualité, Paris, L’Harmattan, 2008,
besoin. — J. Radermakers sj 24x16, 460 p., 35 /. ISBN 2-296-
04962-8.
ROUGIER St., L’amour comme un Disposée en trois parties égales, cette

défi, coll. Espaces libres, Paris, Albin thèse (ou ces trois thèses!), présentée(s)
Michel, 2006, 18x11, 307 p., 9 /. ISBN au Centre Sèvres par un jésuite mexi-
2-226-14915-2. cain, repart de l’œuvre d’Yves Congar,
entièrement traversée jusqu’en 1984,
Variations sur un thème connu, où se clôture le bilan de la «première
inépuisable… L’A, qu’on ne présente théologie du laïcat». La deuxième par-
plus, consacre son vingt-deuxième tie, «l’Église et l’apostolat des laïcs»
SPIRITUALITÉ 477
prend son départ avant la veille du C’est «la méthode d’investigation» de

Concile (non sans un détour par Ori- Thérèse, sa quête engagée de la vérité, son
gène, Tertullien et Cyprien), relit Vati- expérience de vie comme doctrine donc,
can II comme le moment où la commu- qui semblent convenir au monde d’au-
nauté précède les ministères, et jourd’hui. On entre dans ce recueil de
examine la réception du Concile, contributions diverses, «par la porte de
notamment dans le rapport Église- l’histoire», celle d’une vie, magistrale-
monde (ou Royaume de Dieu-œuvre ment évoquée par Mgr G. Gaucher
terrestre). La troisième partie considère («Nouveauté de la petite voie: Thérèse
«l’Église tout entière ministérielle au missionnaire de l’Amour miséricor-
service des pauvres (1965-2003)», avec dieux»). P. Airiau s’interroge ensuite,
la lente ouverture des ministères ecclé- en historien du siècle, sur «la liberté
siaux aux laïcs, et la répercussion de spirituelle de sainte Thérèse» dont cer-
cette conception d’une «Église ministé- tains pensent qu’elle a «dissout trois
rielle» sur les ministères pastoraux. Le siècles de spiritualité», entendons, d’orai-
dernier chapitre, «la ministérialité de son méthodique discursive. Mgr P. d’Or-
l’Église au service des pauvres» repré- nellas revient sur cette quête de vérité qui
sente sans doute un inestimable résultat n’a cessé d’animer Thérèse, conduite par
de la recherche, avant même la conclu- Jésus à la dernière place, celle du pur
sion générale. On ne peut que saluer amour. Mais Thérèse est aussi docteur de
l’analyse fouillée de l’œuvre conga- l’Amour, comme le montre le P. F.
rienne, admirer la traversée du Concile Girard («L’Église de l’Amour») et, dans
et des théologiens contemporains (de un parallèle majestueux entre Thérèse et
Schillebeeckx à A. Faivre), et surtout, Silouane du mont Athos, le prêtre ortho-
être intéressé par cette «Église ministé- doxe Michel Evdokimov («Ces deux
rielle» qui peut néanmoins faire sa saints ont été “prêtres du monde”, c’est-
place au diaconat (mais hélas, bien peu à-dire, ils ont fait offrande à Dieu de l’hu-
à la vie consacrée). Une impression- manité entière»). Enfin Thérèse pourrait
nante bibliographie (40 pages) et un aussi nous enseigner sur l’espérance,
très utile index des personnes achèvent comme je l’ai moi-même indiqué à partir
de faire de cette impressionnante d’un passage célèbre du dernier Manus-
recherche un indispensable outil de tra- crit. La contribution de Cl. Langlois à ces
vail dans les difficiles questions des res- assises fera, on l’espère, l’objet d’une pro-
ponsabilités ministérielles et sacramen- chaine publication. — N. Hausman scm
telles en discussion aujourd’hui. —
Noëlle Hausman scm
TUVERI G., La sainte flamme. Sur les
pas de sainte Marie-Madeleine de
Thérèse de Lisieux, docteur de la Pazzi, coll. Grands carmes, Paris,
vérité. Session d’étude préparée par les Parole et Silence, 2008, 21x14, 195 p.,
étudiants de la Faculté Notre-Dame, 18 /. ISBN 978-2-84573-686-3.
École Cathédrale de Paris, 1er-2 février
2007, éd. J. BEAU, coll. Cahiers de Publié en ce quatrième centenaire de
l’École Cathédrale 78, Paris, Parole et la mort de saint Marie-Madeleine de
Silence, 2007, 21x14 144 p., 14 /. ISBN Pazzi, ce livre a pour objet la décou-
978-2-84573-583-5. verte de sa vie et de son message. La
famille de Pazzi débuta à Fiésole avant
Il n’est pas encore courant qu’une l’an 1000. Quand cette ville fut détruite
faculté de théologie occidentale décide, par les florentins, en 1010, elle vint
par la voix de ses étudiants, d’organiser s’établir à Florence où elle constitua,
plusieurs journées d’étude pour écouter jusqu’au 18e siècle pour ce qui concerne
le plus jeune des docteurs de l’Église. la branche de notre sainte, l’une des
478 BIBLIOGRAPHIE
familles les plus en vue. Plusieurs car- Trois petits volumes, modestes mais
mélites l’illustrèrent jusqu’à Catherine, précieux, viennent de paraître dans
fille unique, née à Florence le 2 avril l’excellente collection allemande intitu-
1566. L’influence des jésuites fut lée «Impulsion ignatienne». Il s’agit en
importante sur cette jeune fille qui, fait de bouffées d’air frais inspirées par
dans son amour du Seigneur, entra à la spiritualité de saint Ignace de Loyola.
son tour, en 1582, au Carmel et y reçut Le premier est la 4e édition de P. van
le nom de Marie-Madeleine. Sa vie spi- Breemen, jésuite néerlandais vivant à
rituelle n’y cessa de s’approfondir jus- Aix-la-Chapelle; il nous parle de
qu’aux plus surprenantes expériences «vieillir comme itinéraire spirituel». Il
mystiques. Les épreuves de santé ne médite avec nous le phénomène d’avan-
l’épargnèrent pas, la menant encore cer en âge: sa nature, la manière de le
plus loin dans l’union au Seigneur. vivre, de prier, de pardonner, de souf-
Le don de son cœur marqua fortement frir, de s’offrir, de porter la solitude…
sa vie avec Dieu: «Ma fille, donne-moi Réaliste et tonifiant: les personnes avan-
ton cœur. Aussitôt, nous raconte Made- çant en âge s’y retrouveront.
leine, il prit mon cœur et le mit dans le Le deuxième, intitulé «Il manquerait
sien»… L’Amour l’embrasait et les quelque chose au monde», est écrit par
extases se multipliaient. Sa vie spirituelle l’évêque d’Essen. Il reprend en bref le
ne se réduisait toutefois pas à celles-ci. parcours des Exercices spirituels de
Une guérison inattendue la projeta dans saint Ignace comme dans une prière
les activités les plus concrètes de son méditative qui apprend à tout lâcher
monastère. «Très humble et désireuse pour suivre Jésus pauvre et humilié,
d’être parmi les autres, elle n’aimait pas se dans l’amour, en s’attachant à la vie de
singulariser». Elle n’en continue pas l’Église, dans un discernement constant
moins à vivre des expériences extraordi- de la volonté divine. Pacifiant et encou-
naires et à recevoir pour elle et pour ses rageant.
sœurs d’éblouissantes lumières. Plu- Le troisième, signé par un jésuite
sieurs écrits de l’époque nous font psychologue plein d’humour, inter-
découvrir l’intensité de cette vie mys- roge le lecteur sur ce que signifie
tique. L’Esprit Saint et le Verbe occupent «Résister aux tentations», à la lumière
une grande place dans sa spiritualité, fai- des récits bibliques de tentation: celles
sant d’elle «une figure exceptionnelle- de Jésus, puis retour à nos premiers
ment contemporaine». L’A. nous aide à parents, avant d’examiner les aspects
pénétrer dans cette vie spirituelle que psychologiques subtils de nos tenta-
n’épargnèrent pas les doutes contre la foi tions et de consulter Ignace, qui nous
et les tentations contre la chasteté. On eût fournit quelques conseils pratiques.
cependant aimé être davantage guidés Éclairant et rudement utile! — J.R.
dans une appréciation «critique» de cette
existence admirable qui s’acheva le 25
mai 1607. — H. Jacobs sj VAN BREEMEN P., Im Geheimnis
daheim. Hilfen aus der Bibel, coll.
Ignatianische Impulse 26, Würzburg,
VAN BREEMEN P., Alt werden als Echter, 2008, 20x12, 69 p., rel., 6.90 /.
geistlicher Weg, 4e éd., Bd 3, ISBN ISBN 978-3-429-02978-4.
978-3-429-02533-8; GENN F., Es
würde der Welt etwas fehlen, Bd 31, «Dans le mystère chez soi»: sept
ISBN 978-3-429-03021-6; KÜGLER H., méditations dans l’esprit de saint
Versuchungen widerstehen?, Bd 32, Ignace de Loyola adossées aux mys-
ISBN 978-3-429-03022-3, coll. Ignatia- tères du Christ dans les évangiles. Les
nische Impulse, Würzburg, Echter titres sont significatifs: «Que désires-
Verlag, 2008, 20x12, 80 p., 7.90 /. tu?», la question que Jésus nous pose —
SPIRITUALITÉ 479
«Où demeures-tu?», la question que purement sociologique en partant des

nous lui posons. — «Qu’est-ce qui te textes existants jusqu’au tournant du
porte?», ce que Dieu nous offre. — Ve s. On y voit le don de discerner les
«Devenir transparent», de son action et charismes devenir la principale source
à son action, car il est lumière. – «Vivre de légitimation du pouvoir religieux et
à plein», car sans Dieu la vie devient même d’une forte influence en poli-
terne. — «Souffrance de Jésus, la tique et jusque dans la vie courante.
nôtre», car il assume avec nous les Mais qu’est-ce au juste qu’un “cha-
épreuves. — «Paix!», appelée par l’A. risme”? Une réalité complexe qui a sus-
sur son lecteur: Jésus en personne, cité bien des polémiques. K. Rahner y
vivant, miséricordieux… voit “un don fait à tous les chrétiens
Ce petit livre apporte fraîcheur et depuis le don de l’Esprit au baptême et
lumière. Il s’avère tonique pour la vie l’élément dynamique de l’Église favori-
quotidienne. Les lecteurs comprenant sant la synergie entre charisme et insti-
l’allemand y trouveront joie et récon- tution”. Au terme d’un long appendice,
fort: ils goûteront la Présence secrète F. Vecoli distingue, pour sa part, “une
qui nous invite chez nous en Lui, chez capacité extraordinaire, corollaire de la
Lui en nous. — J. Radermakers sj sainteté, possédée de façon stable et
exercée librement par son possesseur”.
Mais il se contente de chercher les par-
VECOLI F., Lo Spirito soffia nel ticularités qui font de l’expérience des
deserto. Carismi, discernimento e Pères du désert une expérience unique.
autorità nel monachesimo egiziano Le “discernement des esprits”,
antico, coll. Scienze e storia della reli- conclut-il, est le grand charisme égyp-
gione n.s. 6, Brescia, Morcelliana, 2007, tien, fruit d’une purification spirituelle
23x15, 279 p., 20 /. IBSN 978-88-372- extraordinaire et d’une grande élévation
2124-X. de l’âme à Dieu. Antoine l’ermite utilise
ce discernement pour lui-même, afin de
Chercheur à l’Université de Turin, F. reconnaître les tentations diaboliques
Vecoli a déjà publié trois ouvrages sur dans le désert, alors que Pacôme en fait
les Pères du désert égyptien. Il propose le grand moyen pour assurer la cohésion
ici une nouvelle approche du mona- de la communauté et son orthodoxie.
chisme en partant du discernement des Les multiples dons du saint moine sont
esprits. la clé de son succès, ainsi que de son
Le Père Brown signale que jusqu’au pouvoir spirituel et politique.
IVe s., pour les païens d’Égypte, les C’est principalement au tournant des
dieux arrivaient à l’appel des prêtres. IVe-Ve siècles que, dans les nombreux
C’est dans un tel contexte que com- témoignages des pèlerins du désert,
mencèrent les moines chrétiens de la Vecoli tente de découvrir les façons de
Thébaïde, au sud de l’Égypte. Ayant reconnaître les vrais charismes et le
vécu respectivement 100 et 60 ans, les processus de manifestation de l’Esprit
deux premiers moines, Antoine (256- chez les moines, en les opposant aux
356) et Pacôme (286-346), acquirent hommes religieux païens. Notons que
une autorité sans égale sur les moines et c’est saint Paul qui a commencé à parler
sur la société égyptienne. À cause de sa des charismes, mais en leur attribuant
nouveauté, ce pouvoir était difficile à déjà une forte variété de sens. — B.C.
contrôler et aujourd’hui encore, on n’y
voit pas très clair.
Vecoli tente d’y apporter un peu de ZUNDEL M., Vivre Dieu. L’art et la
clarté en partant des charismes et en joie de croire, éd. Fr.-M. CHAUVELOT,
particulier du don de discerner les Paris, Renaissance, 2007, 23x15, 286 p.,
esprits. Il se place à un point de vue 19 /. ISBN 978-2-7509-0183-7.
480 BIBLIOGRAPHIE
Une entreprise audacieuse, qui ras-

semble (sous plus de deux cents titres,
qui regroupent chacun jusqu’à six
extraits) des textes fragmentés, publiés
ou inédits, d’origines parfois très éloi-
gnées (correspondance, notes privées,
enregistrements d’homélies)… avec le
risque de systématiser la pensée d’un
visionnaire qui s’exprimait sur l’inspi-
ration du moment en formulations har-
dies, bousculant les idées reçues, sans
souci de catéchèse organisée. L’antho-
logie se présente en trois parties: Dieu,
relation à soi; Dieu, relation à l’autre: le
Credo. Relevons l’insistance de Zundel
sur le lavement des pieds et «l’amour
agenouillé» du Christ. Notons l’im-
portance qu’il accorde aux ‘nuances’: le
refus de sentir le désir de l’autre, de
deviner sa souffrance, de baisser les
yeux devant sa faute ou sa confusion…
c’est cela qui est grave. Retenons
quelques perles: La vie mystique est
consubstantielle à la vie chrétienne…
L’esprit de possession rend tout
opaque… L’évangile n’est pas toujours
au niveau de Jésus Christ… Je ne crois
pas en Dieu, je le vis… Ne parlez pas
trop de Dieu: vous allez l’abîmer. — P.
Detienne sj

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gieuses, ni entre des symboles de l’Inde

le récit. Partis le 31 juillet 2003, à raison sembler de manière plus systématique

exemple la question de la «vocation à la toutes ces harmoniques théologales qui

BOULER A., La prière de l’Anima BOUYER L., Le sens de la vie monas-

dépouillement (parmi lesquels la Lectio gieux en France aurait dû couvrir la

distinguées’ et à leur enseigner ‘tout ce conteur. Peu d’originalité: aucun effort

UN CHARTREUX, Vivre dans l’inti- L’A. de ce livre original et attachant

contemplative du prédicateur n’a pas non-violent. Et les dix commande-

pour le corps où celui-ci est amené à de l’Église catholique (1013) balaie

l’enracinement trinitaire (J. Hospied, EMMANUEL (Frère de Taizé), Un

FÉVOTTE P.-M., Louange de gloire. a été impatient… Et quelques belles

résumé l’objet de ce livre attachant: le GARIEL C., Le Pain d’Emmaüs,

Chaque chapitre se termine par un exer- GOZIER A. osb, La croix: folie de

Fr Terrance Cyr de Nantes, est carme consacré à la signification des para-

LECLEIR G., Prier la Parole, Bruxel- qualités didactiques de rigueur et de

tantôt sous un rapport, tantôt sous un MARIE-EUGÈNE DE L’ENFANT-JÉSUS

MENDIBOURE B., Lire la Bible avec Ce best seller de Thomas Merton

audacieusement rapportée (par réfé- des Cantiques: Bernard de Clairvaux et

(Thérèse de Lisieux; Élisabeth de la Tri- Dieu à la découverte d’un nouveau

Le présent recueil reprend les com-

Tradition». Pour ceux qui ne connais- tions requièrent, ce témoignage du P.

Une centaine de courtes aspira- ROSSI DE GASPERIS Fr. – CARFAGNA

ROUGIER St., L’amour comme un Disposée en trois parties égales, cette

prend son départ avant la veille du C’est «la méthode d’investigation» de

«Où demeures-tu?», la question que purement sociologique en partant des

Une entreprise audacieuse, qui ras-

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