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Notices bibliographiques

Dans Revue d'éthique et de théologie morale 2012/3 (n°270), pages 113 à 116
Éditions Éditions du Cerf
ISSN 1266-0078
DOI 10.3917/retm.270.0113
© Éditions du Cerf | Téléchargé le 13/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 154.66.162.142)

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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

NOTICES
BIBLIOGRAPHIQUES
• Olivier DU ROY, La Règle d’or. Histoire d’une maxime morale
universelle, t. I : De Confucius à la fin du XIX siècle, Paris, Éd. du Cerf,
coll. « Patrimoines – Histoire des religions », 2012, 912 p., 45 = C.

L’auteur, Olivier du Roy, a réalisé une monographie remarquable sur


la règle d’or qu’il formule ainsi : « Traite les autres comme tu voudrais
être traité ».
Dans le premier tome qui nous intéresse, il fait l’histoire de la maxime
jusqu’au XIX siècle. Nous nous sommes surtout attachés à la première
partie qui atteste de la présence de la maxime dans des traditions
religieuses et culturelles asiatiques. L’existence de la règle d’or dans un
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cadre mental aux antipodes de l’Occident semble indiquer qu’elle relève
de ce que nous qualifierions de constantes sociologiques et/ou anthro-
pologiques universelles en prolongeant l’auteur qui parle d’une « struc-
ture anthropologique quasi universelle » (p. 35).
À l’heure où l’humanité est tentée de penser les cultures sur le modèle
géologique de la tectonique des plaques, chaque culture étant définie
comme un bloc rigide incapable d’échanger avec ses voisins autrement
que sur le mode de la collision, il est bon d’entendre dire que nos
humanités plurielles partagent une valeur commune fondamentale, celle
du respect de l’autre.
Nous avons apprécié en particulier le passage sur la tradition chinoise
de l’« école des lettrés », plus connue en Occident sous le nom de
« confucianisme ». L’auteur a bien vu le fil conducteur qui traverse la
pensée de Confucius : « – Y a-t-il un mot qui puisse guider l’action toute
une vie durant ? Le Maître : – Mansuétude (shù ), n’est-ce pas le maître
mot ? Ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse, ne l’inflige pas aux
autres » (p. 25, citation du n 15, 23 des Entretiens de Confucius, dans
la traduction d’Anne Cheng. Voir aussi 4, 15 dans les Entretiens.)
[À propos de la traduction du mot shù, rappelons incidemment celle
du missionnaire jésuite Séraphin Couvreur, mort en 1919 : « N’est-ce pas
le précepte d’aimer tous les hommes comme soi-même ? » Sa traduction
décalque la formulation évangélique du commandement de l’amour du
prochain et tire ainsi le texte dans un sens chrétien : en cela, le père
Couvreur suit, à trois siècles de distance, l’exemple de son illustre
prédécesseur, Matteo Ricci, qui avait tenté d’accommoder les écrits
confucéens avec la foi chrétienne.]

REVUE D’ÉTHIQUE ET DE THÉOLOGIE MORALE ž N 270 ž SEPTEMBRE 2012 ž P. 113-116 113


REVUE D’ÉTHIQUE ET DE THÉOLOGIE MORALE N 270

La « mansuétude » confucéenne a cependant ses limites, dont l’auteur


ne parle pas. Confucius n’éprouve aucune mansuétude pour ceux qui
contrefont les hommes vertueux, les « beaux parleurs » nìng : de
belles paroles sortent de leur bouche mais non de leur cœur, ils
prétendent à l’excellence sans l’avoir atteinte, ils trouvent des raisons
pour justifier leurs fautes et leurs erreurs. Ce faisant, ils risquent d’abuser
les princes. Promus à des postes de responsabilité, ces hommes amènent
la confusion et le désordre dans l’Empire. Envers ceux-là, Confucius
éprouve de la haine wù : « Je déteste la pourpre qui usurpe
la place du rouge. Je n’aime pas les airs populaires de Zhen qui
se mêlent à la grande musique. J’ai horreur des méchantes langues
qui subvertissent pays et familles », dit le Maître (n 17, 16 des Entretiens
de Confucius dans la traduction d’André Lévy. Voir aussi n 4, 3 ; 11, 24 ;
17, 23).
La règle d’or dans le confucianisme ne s’applique donc pas de ma-
nière indifférente, elle demande un discernement qu’il faut apprendre
si l’on veut bien servir « ciel et terre ».
Nous apportons ici une précision mineure qui n’enlève rien à la
pertinence de l’ouvrage d’Olivier du Roy. Même si son expertise porte
sur la tradition occidentale, l’auteur se devait d’aborder ces rivages non
occidentaux pour attester de l’universalité de la règle d’or à travers les
cultures. Qu’il soit remercié pour le beau risque qu’il a bien voulu
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prendre.

Franck Guyen

• CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE – GROUPE DE TRAVAIL ÉCOLOGIE ET


ENVIRONNEMENT, Enjeux et défis écologiques pour l’avenir, Paris,
C.
Bayard/Éd. du Cerf/Fleurus-Mame, 2012, 78 p., 3 =

Les évêques de France se soucient depuis longtemps déjà de la


question écologique et environnementale et ont publié plusieurs do-
cuments à ce sujet : Le Respect de la Création, en 2000 ; La Création
au risque de l’environnement, en 2008 ; sans oublier Planète vie,
planète mort. L’heure des choix, en 2005, sous la direction de Mgr Marc
Stenger. Fort de cet enracinement comme d’un souci analogue de la part
des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, ce nouveau document n’innove
pas, mais il prolonge et affermit les perspectives déjà ouvertes et les
invitations déjà posées, s’enrichissant des travaux et des réflexions d’un
groupe de travail spécialement consacré au thème « Écologie et envi-
ronnement ».
La première partie de ce document expose les repères qui fondent
et conduisent cette réflexion menée sur l’homme et son environnement.
Autant anthropologiques que théologiques, ces repères face à l’évolution
de ce qui est qualifié de « vie bonne » doivent permettre d’aider les
humains par rapport au temps, à l’espace et à autrui. Au court terme,

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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

les auteurs préfèrent le long terme, au catastrophisme l’espérance, à


l’accélération le temps opportun et la contemplation. Alors qu’est souvent
promu le développement uniforme, ils appellent au développement
intégral ; face aux intérêts nationaux, ils invitent à une gouvernance
mondiale ; regrettant l’instrumentalisation et la sacralisation de la nature,
ils appellent à un plus juste rapport avec elle. Enfin, affirment-ils, la rivalité
doit faire place à l’alliance, la force à la fragilité ; l’engagement et le
détachement doivent être promus. Bref, la crise écologique invite les
chrétiens, et les humains en général, à une véritable conversion morale
et non à un simple intérêt pour la cause environnementale.
La deuxième partie propose aux communautés chrétiennes plusieurs
pistes d’action : développer une théologie et une catéchèse de la Créa-
tion (ce dernier point est suffisamment original pour être souligné),
développer des formations (en soulignant le rôle déjà actif de mou-
vements comme le scoutisme ou le MRJC), célébrer le Dieu créateur (le
jeûne en faisant partie), s’informer sur les questions environnementales,
organiser des relations avec les acteurs de l’environnement (aurait-il été
possible d’en indiquer quelques noms ?), offrir des lieux d’écoute et de
dialogue (en particulier, ceux offerts dans le milieu rural), être exem-
plaire dans les choix, inciter les chrétiens à s’engager dans la construc-
tion d’un développement durable, proposer à la réflexion des chrétiens
une parole d’Église sur les questions d’écologie et d’environnement
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(à l’instar de ce document).
Plus courte, la troisième partie revient sur la nécessaire conversion
à laquelle invite la crise écologique, sur l’évidence de pratiquer une
« écologie humaine » (Benoît XVI). Il faut instaurer de nouvelles relations
entre les hommes, avec Dieu, avec toute la Création, à la manière
proposée et vécue par François d’Assise.
Suivent une bibliographie succincte, une présentation des fiches
Diaconia 2013 et des propositions pour rendre les rassemblements
chrétiens plus respectueux de la planète.
En somme, un document issu d’un groupe de travail qui invite encore
au travail, qui en pose des perspectives essentielles (la théologie, la
catéchèse, la liturgie), qui aurait pu sans doute être plus riche en
références pour alimenter la suite.

Jacques Arnould

• CENTRE DE RECHERCHES EN ÉTHIQUE ÉCONOMIQUE ET DES AFFAIRES, Éthique


et fiscalité, Marseille, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2011, 318 p.

Le CREEA nous livre dans cet ouvrage les actes de son colloque
annuel et développe ses réflexions sur un thème important en éthique :
l’impôt. Publier des actes de colloque est toujours une opération édito-
riale peu aisée et cela pèse lourdement sur cette livraison.

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REVUE D’ÉTHIQUE ET DE THÉOLOGIE MORALE N 270

Tant les organisateurs que le titre nous laissaient présager d’un livre
sur l’éthique, or cette approche est peu présente ; on a surtout à faire
à des réflexions hayekiennes de politique économique et de droit,
affirmant que l’État doit être minimal et donc que l’impôt est un mal.
On trouve là une trace des difficultés épistémologiques réelles pour
définir le champ de l’éthique économique et ses méthodes et, en
particulier, dans l’approche de l’économie libérale où l’acteur individuel
optimise son seul profit sans prendre en compte l’autre et ses besoins.
Dans le recueil, la confusion entre morale et éthique est constante et
même la morale n’est approchée qu’à partir des postulats de liberté des
individus défendant la propriété et leur droit : l’éthique n’est qu’une
résultante du droit. On notera la quasi-absence de la littérature classique
(Rawls, Sen, etc.) en éthique de la justice ou de réflexion sur l’équité.
Les seules références sont celles de Nozic et de Hayek et un des auteurs
(J.-F. Mattei) réaffirme plusieurs fois qu’il n’y a « rien d’éthique ou de
moral » dans les questions fiscales mais juste un problème politique
(p. 35 à 45).
Si F. Blin propose un papier sur « Religion et impôt ; la doctrine
catholique de l’obéissance à l’impôt : une éthique du contribuable au
service du bien commun », il ne tire que peu d’enseignements pro-
prement éthiques de son survol très rapide de saint Thomas et des
textes du Magistère moderne. La notion de bien commun que l’auteur
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identifie comme une clef pour comprendre l’impôt aurait pu fournir
des éléments pour articuler le bien et la liberté de chacun et de tous
et aurait permis de poser la question d’une éthique collective ou d’un
sujet collectif.
Les communications, même celles des hommes politiques qui ne par-
lent pas d’éthique mais du financement de la dette publique, concernent
les bienfaits de la flat tax (impôt à taux non progressif), la notion de
biens collectifs, la critique de la fiscalité verte et de la fiscalité en gé-
néral, l’arbitraire fiscal... Le thème central est que l’impôt est une spo-
liation ou un vol (P. Schweitzer) et qu’il est immoral car il est une
contrainte (P. Salin) : « l’optique de la répartition est un déni de la
morale universelle et des droits de propriété (...) l’optique de la création
qui est l’optique libérale et qui consiste à considérer que les richesses
humaines sont les résultats de l’action humaine. En taxant ces résultats
de l’action humaine, on porte atteinte au Droit et on fait une action
immorale... la fiscalité est fondamentalement arbitraire et injuste » (p. 291).
Il est dommage que de telles affirmations libérales, peu habituelles
dans la littérature francophone, ne soient pas mieux étayées éthiquement
et ne sont développées qu’à partir du champ des idéologies et des
pratiques économiques.

Jean-Claude Lavigne

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