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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 67–75

Revue de littérature

Enjeux et perspectives psychopathologiques de la phobie scolaire


Psychopathological problems and viewpoints about school phobia
J.-L. Gaspard a,∗ , N. Liengme b , R. Minjard c
a
EA 4050, université Rennes 2, place Recteur-le-Moal, 35043 Rennes cedex, France
b 49, avenue Blanc, 1202 Genève, Suisse
c CRPPC, université Lumière-Lyon 2, 5, avenue P. Mendès-France CP 11, 69676 Bron cedex, France

Résumé
Introduction. – Dans notre société moderne, les difficultés que peuvent rencontrer les enfants et adolescents dans leur scolarité constituent un motif
fréquent de consultation médicale. En effet, les impératifs scolaires qui interfèrent souvent avec les processus pubertaires et adolescents et peuvent
être source de conflits psychoaffectifs. Malgré les bonnes capacités intellectuelles du jeune, ces conflits peuvent aussi conduire à des situations de
refus anxieux – souvent incompréhensibles pour les enseignants et les parents.
Méthode. – Prenant appui sur une importante revue de littérature historique et clinique, les auteurs rappellent l’intérêt dont a bénéficié la notion de
phobie scolaire. Objet d’un nombre considérable de comptes rendus en psychiatrie et psychopathologie, distinguée en regard d’autres phobies, de
la fugue (ou école buissonnière) comme du refus scolaire, la « phobie scolaire » a été défendue par l’orientation psychodynamique de la psychiatrie
européenne. Elle connaît de nos jours une certaine désaffection. Plus récemment, la promotion du refus de l’école (School Refusal) constitue
l’acmé de la psychologisation des expériences infanto-juvéniles dans le cadre scolaire. Porteur d’indéniables enjeux économiques et idéologiques,
le refus de l’école est appelé à servir d’attracteur dans le champ de la santé.
Résultats. – L’article montre l’intérêt de la notion de phobie scolaire au carrefour de la pathologie mentale. Là où le refus de l’école – en regroupant
les plus divers accidents du lien scolaire (défection, addiction, évitement, auto-sabotage) – vient lisser toutes les particularités cliniques de ces
comportements, la phobie scolaire a historiquement permis des débats essentiels sur l’angoisse, la dépression et d’autre part, la distinction entre
les symptômes phobiques de facture classique et ceux qui relèvent de formules défensives très diverses (états-limites, psychose).
Discussions. – Pour un nombre d’enfants et d’adolescents, la phobie scolaire relève d’une symptomatologie de première urgence. Cette solution
subjective est certes très précaire. Elle peut cependant être le support d’un important « travail sur soi ». Les auteurs rappellent, au-delà des catégories
syndromiques contemporaines, l’importance de l’écoute thérapeutique. La prise en charge pluridisciplinaire de l’adolescent doit laisser une place
importante à la dynamique de l’économie psychique familiale.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Phobie scolaire ; Refus de l’école ; Solution subjective ; Adolescence ; Psychopathologie

Abstract
Background. – In our modern society, the number of teenagers and adolescents refusing to go to school is regularly increasing. These difficulties
are a common reason for medical consultation. Indeed, school requirements which often interfere with puberty and with adolescent processes can
be a source of important psychological conflicts. Despite the intellectual abilities of these young people, these situations of anxious refusal are
often incomprehensible for professors and parents alike.
Methods. – Building on an extensive review of historical and clinical literature, the authors recall the interest enjoyed by the generic term “school
phobia”. Object of a considerable number of reports and studies in psychiatry and psychopathology, distinguished from other forms of phobias or
educational problems (truancy, learning refusal), school phobia was defended by the psychodynamic orientation of European psychiatry. This notion
knows nowadays some disaffection. More recently, the promotion of school refusal is currently the peak of the psychologizing of youth and adoles-
cent experiences in school. With undeniable political and economic issues, “school refusal” is expected as an ideological attractor in the field of health.

∗ Auteur correspondant.
Adresses e-mail : jlgaspard@wanadoo.fr (J.-L. Gaspard), nicolas@liengme.net (N. Liengme), r minjard@msn.com (R. Minjard).

http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2014.11.004
0222-9617/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
68 J.-L. Gaspard et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 67–75

Results. – The article shows the importance of school phobia at the crossroads of mental pathology. When school refusal includes the most diverse
school issues (defection, addiction, avoidance, self-sabotage) and mask the clinical characteristics of these behaviors, school phobia has historically
allowed for essential clinical discussions on anxiety, depression and secondly to distinguish phobic symptoms of classic style and those belonging
to very diverse defensive formulas (borderline, psychosis).
Discussions. – For many children and adolescents, school phobia is part of a very emergency symptomatology. This subjective solution is certainly
very precarious. It may however be the support of a major “work on oneself.” beyond contemporary syndromic categories, the authors point the
importance of active listening. The multidisciplinary care of the adolescent must pay significant attention to the dynamics of the family psychic
economy.
© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: School phobia; School refusal; Subjective solution; Adolescence; Psychopathology

1. Position du problème suivante : sévères difficultés à fréquenter l’école entraînant


le plus souvent une absence prolongée, bouleversement
Historiquement, l’école buissonnière (truancy) a constitué le émotionnel important avec des craintes excessives, une humeur
terreau fécond des travaux interrogeant le lien possible entre injustifiée, une souffrance ou des plaintes concernant le senti-
les conduites de déscolarisation et la délinquance. Dans les ment d’être malade dès qu’il s’agit d’aller à l’école, séjour à la
pays anglo-saxons, Healy (1915) et Burt (1925) sont consi- maison au su des parents, absence de comportement antisocial
dérés comme des pionniers [1,2]. Il faut attendre le tournant manifeste [13]. Un critère supplémentaire est rajouté par King
des années 1930 pour que soit soulignée l’importance de et al. (1995) pour les cas sévères : une absence prolongée supé-
l’angoisse dans certains cas d’évitement scolaire. L’américain rieure à 40 % du temps scolaire (sur un mois) [14]. Alors qu’au
Broadwin (1932) est ainsi le premier clinicien à décrire cette plan de l’observation, règne un large consensus, de nombreux
forme atypique d’école buissonnière [3]. Quelques années plus travaux vont s’employer à affiner et décliner les caractéris-
tard, en Angleterre, Partridge (1939) nomme ce mode par- tiques psychopathologiques propres à certaines subdivisions
ticulier de refus d’aller à l’école « psychoneurotic truancy » de la « phobie scolaire ». Ainsi, relatant une étude débutée en
et le décrit comme un « mother-following syndrome » [4]. 1953 au Judge Baker Guidance Center, Coolidge et al. (1957)
Des références éparses [5,6] en dénominations successives, ce divisent les cas rencontrés en types « névrotique » (« neurotic »)
mode anxieux d’évitement scolaire (strictement distingué de et « caractériel » (« characterological ») [15]. Sperling (1967)
l’école buissonnière) fait en 1941 une entrée décisive dans présente un tableau clinique très approfondi [16]. Elle dis-
la littérature spécialisée sous le terme de « school phobia » tingue les phobies scolaires aiguës ou chroniques, induites ou
ou « phobie scolaire » [7]. Le contexte clinique est précisé. communes. Les phobies scolaires chroniques s’avèrent plus dif-
À la différence des élèves fugueurs (école buissonnière), il ficiles à traiter et indiquent un trouble grave de la personnalité
s’agit d’enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent (notamment à l’adolescence). Ce diagnostic est partagé par un
d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très nombre d’auteurs [17–20]. Le tableau clinique nécessite une
vives ou de panique, quand on essaie de les y forcer. Dans prise en charge globale du jeune et de la famille. Cependant, les
une orientation psychodynamique, ces premiers cliniciens défi- diverses tentatives de classification de la « phobie scolaire » ne
nissent ainsi cette peur par déplacement de l’angoisse sur l’objet parviennent à faire l’unanimité. Johnson, dès son premier article
école (enseignant, pairs, situation) selon un mécanisme pho- [7], consigne l’incidence de l’angoisse de séparation dans ces
bique. D’autres présentent la « phobie scolaire » comme une états anxieux associés ou remplacés par des troubles somatiques
névrose profondément fixée de type obsessionnel. Mais tous (qui permettent à l’enfant de rester à la maison). Jugeant incor-
les auteurs soulignent l’importance de la dynamique familiale rect le terme de « phobie scolaire » (la situation redoutée étant
(anxiété maternelle, désaccord conjugal, inconséquence paren- le fait de quitter la maison), l’auteur propose qu’il soit rem-
tale). Dans cette perspective, la mère de l’enfant « phobique placé par celui d’« angoisse de séparation » [21]. Une majorité
scolaire » est le support inconscient des peurs de l’enfant par une d’études ultérieures feront de l’angoisse de séparation un déter-
forte complaisance aux plaintes que peut exprimer ce dernier à minant majeur de la « phobie scolaire »[22–26]. Ainsi, Eysenck
l’endroit de l’école. Warren (1948) compare des enfants entre et Rachman (1965) établissent une distinction entre la « phobie
neuf et quatorze ans présentant un refus angoissé d’aller à l’école scolaire » (dans laquelle l’angoisse s’attacherait au cadre sco-
et des écoliers des buissons [8]. Les premiers sont considé- laire) et l’« angoisse de séparation dans la situation scolaire » où
rés comme névrotiques et décrits – malgré leurs performances la problématique de séparation prédominerait le tableau clinique
intellectuelles et scolaires – comme timides et très dépendants [27]. Mises (1994) décrit une forme de phobie scolaire larvée
vis-à-vis des mères généralement fragiles au plan émotion- dans laquelle l’élève parvient à rester en classe tout en entrete-
nel. Dans le groupe des élèves fugueurs, seul un tiers des nant des rituels contraignants avec sa mère qui doit apparaître
enfants présente de l’anxiété. Dès cette époque, le terme de derrière la porte ou les grilles de l’école au moment de la récréa-
« phobie scolaire » (ou phobie de l’école) tend à s’imposer dans tion [28]. Par ailleurs, la connaissance parentale du refus d’aller
la littérature [9–12]. Berg et al. (1969) proposent la définition à l’école ne semble pas être un critère diagnostique satisfaisant :
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Werry (1996) note qu’une petite proportion de jeunes réus- lui-même) » (p. 268). La phobie scolaire aiguë est définie
sissent à dissimuler un temps leur trouble à l’entourage [29]. comme une névrose traumatique dont le refus de l’école est le
En France, si le diagnostic différentiel entre école buissonnière, symptôme manifeste et où « il est possible de mettre en relation
refus scolaire et phobie scolaire est maintenu [30], l’incertitude l’apparition de la phobie avec le (ou les) événement(s) conden-
demeure. Reprenant ce mouvement des idées, Ajuriaguerra en sateur(s), généralement (celui ou) ceux qui débusquent ces
vient à se demander « jusqu’à quel point le terme « phobie sco- peurs et ces désirs inconscients liés aux conflits œdipiens » (p.
laire » est adéquat, car en fait ce n’est pas l’école qui est crainte 284). Parmi les phobies scolaires chroniques, l’ensemble de la
mais la séparation qui déclenche une angoisse » [31], (p. 919). personnalité est généralement affecté. L’évitement scolaire est
Et l’auteur de souligner l’hétérogénéité du groupe des pho- une tentative pour maintenir un semblant d’équilibre. La phobie
bies scolaires. Dans cette veine, Lebovici (1990) rappelle qu’à permet certes de localiser l’angoisse dans une aire spécifiée mais
l’adolescence la phobie scolaire peut conduire à un compor- le symptôme ne se manifeste qu’au milieu de divers troubles
tement contra-phobique d’allure antisociale [32]. Cet auteur de la personnalité. L’exemple de Fred souligne ce mouvement :
rejoint en partie les conclusions de nombreuses études montrant la fixation à sa mère, manifestée dès le jardin d’enfants, est
des cas mixtes avec l’école buissonnière (fugue) [33–37]. le support de difficultés de fréquentation scolaire précoces et
Dès lors, la phobie scolaire ne serait-elle qu’un « concept récurrentes. À l’âge de neuf ans et demi, il développe une symp-
limite » qu’il conviendrait d’abandonner au profit du terme plus tomatologie psychosomatique (nausées et vomissements) le
générique de refus de l’école (School Refusal) ? Ce serait faire contraignant à manquer l’école pendant une période prolongée.
fi du formidable débat qu’a initié cette notion dans le champ de La psychothérapie et les prises de médicaments lui permettent
la psychopathologie et de la psychiatrie infanto-juvénile. Avec de retourner, de manière chaotique, en classe non sans le
pour conséquences : l’émergence de prises de positions extrême- développement de rituels obsessionnels. À treize ans, nouvel
ment tranchées sur l’angoisse, la dépression et la phobie mais effondrement : présentant un épisode psychotique aigu avec
aussi paradoxalement le dégagement d’un consensus sur le dis- des idées paranoïdes, accompagné d’une anorexie avec perte de
tinguo entre les symptômes phobiques de facture classique et poids, il est hospitalisé : « Chaque fois qu’il retournait à l’école,
ceux qui relèvent par défaut de formules défensives très diverses. les parents considéraient que le problème était réglé, refusant
de reconnaître la détérioration progressive de sa personnalité,
2. Phobie scolaire : une approche en compréhension jusqu’à ce qu’il refusât tout à fait de fréquenter l’école » (p.
279). Lorsque Sperling rencontre Fred, à l’âge de 15 ans : celui-
Dès son introduction, un argument majeur a été opposé à ci présente (malgré une efficience intellectuelle supérieure) un
la notion de « phobie scolaire » : le constat que la situation tableau régressif sévère de nature phobique avec phénomènes
redoutée tient majoritairement au fait de quitter la maison et psychosomatiques associés. Incapable de faire face aux réalités
que l’école n’entraîne pas systématiquement une recrudescence scolaires, surtout sur le plan social, ainsi qu’aux exigences de
de l’angoisse [38]. Parmi la population observée par Hersov l’adolescence, Fred est victime de taquineries et de moqueries
(1960), seule une minorité se plaint en effet de l’école (ensei- vécues « comme un échec permanent et une blessure narcissique
gnant, élèves) tandis qu’une bonne part s’y sent en parfaite continuelle, ce qui ne faisait qu’augmenter son besoin d’une
sécurité, l’angoisse culminant au départ de la maison ou en régression encore plus profonde et d’un retrait encore plus
chemin [39]. Ainsi, ce traitement particulier de l’angoisse grand de la réalité » (p. 279). Dans toutes les formes chroniques,
projetée sur l’objet désigné (l’école) laisse perplexe et apparaît on retrouve des fixations préœdipiennes non liquidées. Sperling
d’autant plus inadéquat que l’enfant est soumis à l’obligation compare le lien pathologique parent–enfant/adolescent à celui
scolaire. Ces considérations s’opposent radicalement aux déve- de la schizophrénie symbiotique. Dès lors que le traitement ne
loppements de Sperling sur la question [16]. Pour l’auteur, la parvient pas à distendre ou dissoudre l’influence pathologique
phobie scolaire doit être comprise comme « une psychonévrose de l’adulte inducteur, le pronostic reste mauvais. Les rechutes
au vrai sens du terme, reposant sur des conflits et des fantasmes se font tout particulièrement à la puberté et à l’adolescence,
inconscients, et que les raisons données par un enfant phobique périodes propices aux manifestations phobiques, psychotiques
sur son comportement sont des rationalisations, tandis que les ou psychosomatiques. Chez les adolescentes, Sperling souligne
vraies raisons sont ignorées de lui » (Ibid., p. 266). S’appuyant la dominante de traits agoraphobiques avec des fantasmes
sur la position d’A. Freud, Sperling souligne le rôle décisif des sexuels : « L’attachement phobique à la mère, avec sa colora-
éléments prégénitaux dans l’étiologie et la dynamique de cette tion homosexuelle, recouvre l’hostilité et les désirs de mort
symptomatologie. Selon elle, l’abord des phobies scolaires est sous-jacents » (p.284). Le tableau parental présente une mère
possible non pas uniquement selon le symptôme mis en avant surprotectrice et omniprésente et un père séducteur contribuant
dans chaque cas mais surtout en fonction de l’âge. Dans les à intensifier les conflits œdipiens. Sperling exprime sa totale
phobies scolaires aiguës, la situation qui cristallise la phobie opposition à toute orientation prônant un retour prompt dans
tient à la maladie ou au décès redouté d’une figure parentale, un le cadre scolaire ou invoquant l’autorité légale pour obtenir
accident ou une intervention chirurgicale sur le sujet où domine la fréquentation régulière [40]. Cette attitude qui conduit à
le sentiment d’avoir échappé à la mort. « L’événement prend méconnaître la possible gravité d’une phobie scolaire peut
valeur d’une menace intense de séparation, qui, chez l’enfant même être utilisée par la famille pour interrompre un traitement
prédisposé à la phobie par des fixations au stade sadique perçu comme menaçant la poursuite du lien pathologique. Pour
anal, symbolise une mort imminente (du parent ou de l’enfant les adolescents, le travail d’élaboration nécessite par ailleurs que
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les contacts avec les parents soient réduits au minimum [41]. Si d’une décompensation, Lebovici estime que celle-ci a rarement
le parent impliqué a besoin d’un soin continu, il est adressé à la valeur contraignante du symptôme phobique mais se situe plu-
un autre thérapeute auquel est proposé de focaliser le traitement tôt « au carrefour de l’insuffisance de l’élaboration névrotique
de façon élective sur la relation parent–enfant/adolescent. Dans et de la mise en actes » [19]. De fait, quand le balancement entre
ce cadre, le parent est considéré « comme l’aîné des partenaires les difficultés de comportements et la phobie s’enracine dans
dans la relation pathologique » tandis que le traitement est la perturbation chronique et profonde des relations familiales,
centré sur sa relation spécifique à l’adolescent. l’organisation psychique à l’adolescence est difficile à évaluer
[20,44,45]. Comme il est fréquemment constaté dans la littéra-
3. La phobie scolaire : carrefour de la pathologie ture, la situation devient inextricable dès lors que la famille ne
mentale supporte pas les crises de l’adolescent, chargeant inconsciem-
ment celui-ci de réaliser leurs désirs refoulés, ou projetant eux
Alors qu’elle laisse à penser la « phobie scolaire » comme aussi sur la scolarité des souvenirs d’échec comme des repré-
homologue d’une phobie d’objet, Sperling contourne habile- sentations angoissantes. Il en est ainsi du cas René qui présente
ment l’obstacle par la référence à la problématique de séparation. une phobie scolaire suite au décès de son père. La mère, toute à
L’angoisse de séparation qui est associée inconsciemment au son ambivalence, témoigne d’angoisse et d’admiration pour les
risque potentiel de mort de la mère ou de l’adolescent constitue comportements violents de son fils. Le refus de l’école, entre-
le facteur dynamique interférant dans la résolution des conflits tenu par la famille durant de longues années, va entraîner la
œdipiens. Mais son rôle est situable à un niveau différent de celui destruction de l’équilibre précaire de celle-ci et l’aggravation
proposé par Johnson : non comme un déterminant primaire mais des troubles de comportements de René [19]. Ainsi, par delà
comme vecteur secondaire. D’autre part, Sperling rapporte dans les réaménagements psychiques inhérents à l’adolescence et qui
plusieurs cas l’utilisation des données du Rorschach pour déga- exercent, sans conteste, une influence dans sa catalyse, la pho-
ger un diagnostic et orienter sa thérapie, preuve de la difficulté bie scolaire témoigne ici de la fragilité des assises narcissiques.
d’établir un diagnostic notamment entre les formes « commune » La nécessité de masquer cette faille dessine diverses réponses
ou « induite ». Parvient-elle cependant à faire taire toutes les cri- pathologiques. À un premier niveau, les auteurs soulignent la
tiques sur sa conception « uniciste » de la phobie scolaire ? Il transformation de l’angoisse de séparation en réponse à une
n’en sera rien, même si cette analyse va trouver écho favorable « menace dépressive » [46–50]. Dans ce cas, la dépression ne
outre-atlantique dans divers travaux [19,42]. Loin de contester peut être qualifiée de « névrotique » [51] et doit être « attribuée
la complexité de la situation phobogène, Lebovici va en faire à une économie qui se trouve nullement organisée sous le pri-
même un trait différentiel vis-à-vis des phobies plus banales mat du génital, ni à l’ombre de la triangulation œdipienne et
[32]. Sont ainsi distingués : le trajet pour aller en cours durant dans laquelle le Surmoi ne joue qu’un rôle modeste » (p. 142).
lequel un tiers peut jouer le rôle d’objet contra-phobique et Pour ces cliniciens, l’anticipation du danger de surgissement de
l’expérience scolaire qui implique l’absence de toute protection l’affect se vérifie notamment au plan transférentiel dans le tra-
parentale. Qu’il s’agisse donc de refus mineurs avec plaintes vail thérapeutique. La phobie scolaire trouve alors les issues les
somatiques et troubles fonctionnels à l’heure du départ en classe, plus diverses : l’abandon de la scolarité, la fugue adolescente
d’un refus aigu (angoisse de séparation), de claustrophobie (avec contra-phobique (sous une patine antisociale) [52], « le recours
son cortège de malaises physiques, de crainte d’étouffement, au passage à l’acte et l’installation d’un système comportemen-
etc.), d’agoraphobie où l’angoisse apparemment infondée est tal, psychopathie ou névrose de comportement, dont l’avenir
souvent masquée par une symptomatologie somatique (senti- est préoccupant » (p. 149). Nul doute alors que cette absence
ment de malaise, dyspnée, palpitations, envies de vomir, etc.), d’élaboration ne conduise à l’abrasement des capacités intel-
le diagnostic de phobie ne fait guère de doute. En fait, le maintien lectuelles comme à de graves défaillances de la pensée et de
de cette lecture clinique paraît pleinement justifié à partir de la la représentation [53]. Ce qu’un célèbre cas freudien va nous
période de latence que la phobie scolaire vient subvertir, tradui- permettre de mettre en exergue.
sant l’échec de la sublimation et des processus identificatoires
à trouver des issues aux conflits inconscients. Pour expliquer 4. La « phobie scolaire » de l’homme aux loups
la nature des conflits, la référence à l’angoisse de séparation
est légitime mais non exclusive. En soutenant (à l’instar de Au vu du nombre considérable de publications et d’articles
Sperling) que la phobie scolaire est un symptôme névrotique qui ont eu cours depuis la publication par Freud des éléments de
grave, Lebovici dénonce les auteurs qui « préfèrent sans doute sa cure, le cas de Sergueï Pankejeff, plus connu sous le surnom
suivre la mode qui voudrait éviter le recours à cette notion cli- de l’homme aux loups1 , semble avoir résisté tout autant à la doc-
nique » (p. 58). À l’adolescence, l’émergence de ce symptôme trine qu’à la sollicitude de la communauté psychanalytique. Il
invalidant est d’autant plus inquiétante qu’elle se situe « aux est vrai qu’une série d’affrontements doctrinaux ont pu voir le
confins du comportement psychopathique et des interprétations jour autour des enjeux de diagnostic différentiel (relatifs notam-
pathologiques, aux confins de la névrose grave, en un mot aux ment à certains épisodes hallucinatoires), au rapport paradoxal
états-limites » (Ibid.). On retiendra ici la manière plus insidieuse du sujet vis-à-vis de la castration (reconnaissance et rejet) et
par laquelle s’installe le trouble comme le polymorphisme des
expressions dans lequel il se trouve noyé [43]. Écartant les cas
franchement psychotiques où la phobie scolaire marque le début 1 Pour exemple, ces dernières parutions en langue française [55–59].
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enfin de la réalité clinique chez ce sujet de ce que Freud présen- dans une traduction latine une faute stupide ; de ce jour, il ne put
tait comme un exemple de « névrose infantile » [54] et que Lacan se défendre d’une peur paralysante en présence de ce maître,
n’hésita pas à ranger un temps dans la catégorie borderline2 . Mis peur bientôt transférée à d’autres professeurs » (p. 351–352).
en cause à propos de la reconstruction au forceps de la scène Cependant, loin d’être anodine, cette erreur de traduction recèle
primitive chez son patient3 , Freud entreprend un véritable réqui- une vérité propre au plan inconscient et possède une forte charge
sitoire : « Je prétends que l’influence de l’enfance se fait sentir fantasmatique : « Il avait à traduire le mot latin filius et il le fit
jusque dans la situation initiale où se forme la névrose en jouant par le mot français fils au lieu de se servir du mot adéquat dans
un rôle décisif pour déterminer si et en quel point l’individu sa langue natale ». Nous voici donc ramenés par cet acte man-
faillira devant les problèmes réels de la vie » (p. 364). De fait, qué à la question de la filiation, des origines et en filigrane de
dans l’anamnèse du cas, Freud note que les années d’enfance la fonction paternelle. Reste qu’il nous manque le chaînon qui
avaient été « dominées par de graves troubles névrotiques qui permettrait de saisir les enjeux subjectifs qui concourent à la
avaient éclaté juste avant son 4e anniversaire sous forme d’une situation d’angoisse et d’embarras rencontrée par notre lycéen.
hystérie d’angoisse (phobie d’animaux) » (p. 326). Cette pho- Sur ce point, la réponse est pour le moins surprenante et pour-
bie infantile n’est pas sans faire écho (mais dans une version rait même – si elle n’était pas donnée par Freud – tenir de la pure
plus œdipienne) à celle d’un autre cas célèbre de Freud : le petit invention du narrateur : « le maître qui enseignait le latin dans
Hans [61]. Chez ce dernier, l’angoisse (qui finira par se fixer en sa classe se nommait Wolf (loup) ». Mauvaise rencontre donc
peur que les chevaux ne le mordent) se présente aussi par un véritablement massive avec ce « Wolf » qui permet de saisir en
cauchemar : l’enfant se réveille en larmes après avoir rêvé que quoi, « l’occasion à laquelle il avait commis une bévue dans sa
sa mère allait partir. Pour Freud, le rêve d’angoisse qui consti- traduction n’était pas non plus sans rapport avec son complexe ».
tue le temps inaugural de la crise phobique chez cet enfant doit Cette simple erreur prend dès lors au plan inconscient une toute
être mis en rapport avec l’amour de nature libidinale porté à la autre résonance : « le loup continuait toujours à être son père »
mère. L’angoisse de séparation ferait ainsi le lit d’une élabo- (p.352). Ainsi, peut-on voir, suite à cet incident, l’adolescent
ration secondaire, corrélée à une menace imaginaire tentant de tenter de se dédouaner de « cette violente prise à partie par le
barrer une tendresse accrue pour la mère et non le risque réel de maître-loup (Wolf) » en s’inscrivant dans la soumission vis-à-vis
départ de la mère. Chez l’homme aux loups, c’est là encore un de ce professeur. C’est du reste dans le registre anal – fixation
rêve (p. 342–343) qui est le point de départ de la phobie et sera qui renvoie dans une majorité de cas à un échec du processus
aussi le support de l’investigation frénétique de Freud condui- de maîtrise de l’objet et des pulsions sexuelles – que s’inscrit
sant à la reconstruction d’une scène primitive traumatique. Mais, le mode hypothétique de réparation imaginé par les camarades
le point qui mérite toute notre attention dans le présent article de classe de l’homme aux loups : « Après il apprit que, d’après
et qui a été fort peu exploité tient en une courte anecdote rela- l’opinion générale de ses camarades, ce maître attendait, afin
tée par Freud à propos de la scolarité de notre personnage. On d’être apaisé, de l’argent de sa part ».
connaît le rôle « pacifiant » de précepteurs qui avaient permis Grâce au surplomb que nous offre cette présentation de cas,
aux troubles de se transformer « en névrose obsessionnelle à nous pouvons mettre en valeur la conjoncture d’une « phobie
contenu religieux, troubles ayant persisté, ainsi que leurs déri- scolaire » à l’adolescence qu’esquissent ces quelques données
vés, jusque dans la dixième année du malade » (Ibid.). Le voici d’anamnèse. Il s’agit ici d’une situation où le signifiant « loup »,
parvenu à l’adolescence au lycée lorsque le destin lui fournit véritable condensateur de la problématique du sujet conduit à
« une curieuse occasion de revivifier [.] sa phobie des loups et nouveau ce dernier à convoquer au plan imaginaire un père ter-
de se servir de la relation qui en constituait le fond pour se créer rible. Angoisse de castration donc, transformée ici en peur du
de graves inhibitions » (p. 351). Cette cristallisation symptoma- maître, qui constitue le « mobile le plus fort de sa maladie » et
tique va indiscutablement dans le sens de nos développements qui n’est pas sans rappeler les derniers termes de la séquence que
précédents. En effet, dans le cadre d’une fragilité des assises nous livre l’analyse freudienne du cauchemar de l’homme aux
narcissiques ou d’un blocage de l’évolution libidinale (organi- loups : problèmes sexuels – castration – le père – quelque chose
sation limite de la personnalité), une des modalités défensives de terrible. Toute la dialectique de la rivalité passivante avec le
à l’adolescence peut être du registre de la phobie scolaire [62]. père, celle-là même qui avait été jusqu’alors superficiellement
L’angoisse de perte d’objet de plus en plus contraignante sur- écartée par les interventions de personnages fortement investis
vient dès lors qu’un objet anaclitique ou une représentation à (précepteurs) comme par l’introduction du sujet à la religion,
forte valeur d’étayage narcissique en vient à faire défaut. Si l’on fait donc retour. Au travers de la « chose scolaire », de l’autre
s’en tient au contexte relevé par Freud, la situation rencontrée côté de la fenêtre fantasmatique censée ouvrir sur le savoir, et
par notre personnage est d’une grande simplicité et renvoie aux par les effets de pouvoir et de domination du corps enseignant,
rapports avec un enseignant : « Dès le début, ce maître l’intimida vient se dresser à nouveau dans l’imaginaire de cet adolescent,
et il fut une fois sévèrement pris à partie par lui pour avoir fait un « maître-loup » menaçant et dévorateur. En remettant en selle
le signifiant organisateur de la phobie (ici « le loup »), l’espace
du lycée réactualise le trauma infantile et devient ainsi le support
2 Lacan J., leçon du 19 décembre 1962 de la version prononcée du Séminaire
d’une crise subjective profonde et le lieu qui ouvre à l’inhibition.
X. On notera l’absence de cette mention dans l’édition publiée [60].
3 « Il est maintenant question non plus de fantasmes du malade, mais de fan- Pour Sergueï Pankejeff, l’affaire ne s’arrêtera pas là. Le destin va
tasmes de l’analyste qu’il impose à l’analysé en vertu de certains complexes s’acharner par la suite pour le conduire à un échec rédhibitoire
personnels » [54], (p. 362). de la scolarité. En effet, ce n’est pas uniquement l’orientation
72 J.-L. Gaspard et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 67–75

disciplinaire et une mauvaise pédagogie qui seront incrimi- investi) ne se révèle pas en mesure de fournir un appui pour
nées par notre homme dans ses mémoires mais une série régler toute « mauvaise rencontre » traumatique, qu’il s’agisse
d’événements à forte résonance traumatique. En effet, paral- de la réviviscence d’une phobie infantile, de la confrontation à
lèlement à sa « phobie scolaire », le voici qui contracte avec une l’énigme du sexuel, voire des origines (situation rencontrée chez
fille de la campagne une gonorrhée. Cette infection qui avait des adolescents ayant été adoptés ou nés de donneur anonyme),
été précédée entre 12 et 15 ans de deux autres inflammations du de la supposition chez le jeune (autre exemple) de la patholo-
pénis (l’une provoquée par des tiques, la seconde par un manque gie d’un des parents et donc dès lors que ce discours scolaire
d’hygiène) le plonge un temps dans une grande dépressivité et ne protège en rien du développement de l’angoisse. C’est dans
le confronte à une angoisse de « pourrissement » prenant appui un recul de l’obligation de choix (prendre par exemple position
sur les propres dires de son père. Quelque temps après, sa sœur, vis-à-vis de la castration), dans un « n’en rien vouloir savoir »,
son « unique camarade » dont on connaît le lien « incestuel » dans cette difficulté particulière à affronter des interrogations
se suicide. La rechute est immédiate : cette fois-ci Sergueï portant sur le féminin, le sexe ou la mort, que ces conduites ado-
sombre dans un état profond de dépression, suivi de ruminations lescentes d’évitement ou de refus viennent traduire l’impasse,
obsessionnelles, de doute et d’agoraphobie avec un évitement voire pour certains, l’impossibilité de négocier tout retour de
phobique de toute relation. C’est à cette époque qu’il décide de l’infantile. Ainsi, dans le cas de l’homme aux loups, il est dif-
s’ouvrir de ses difficultés à son père4 et qu’il se met à peindre ficile de reconnaître l’histoire d’une névrose infantile aboutie
notamment des paysages, activité qu’il poursuivra jusqu’à la fin [62], « sans doute n’est-elle pas non plus une névrose de l’enfant.
de sa vie. Comme le montre magistralement le cas freudien, la Les traumatismes précoces ont empêché le moi de construire sa
« phobie scolaire » peut émerger à différents niveaux de structu- cohésion, cohésion qu’il recherchera ultérieurement dans des
ration psychique : celui de l’angoisse liée à une problématique tentatives de névrotisation » [63]. Et sur ce point, nous devons
œdipienne comme à celui, plus archaïque, où la pensée ne peut admettre qu’il ne suffisait pas à l’homme aux loups d’avoir, en
se libérer du jeu des investissements et contre-investissements. son temps, admis la réalité de la castration pour être en mesure
Il n’est donc pas surprenant qu’elle se présente avec une grande d’en tirer toutes les conséquences5 . Dernier point : notre pratique
fréquence à l’adolescence sous un mode régressif pour protéger de terrain invite à repenser le rapport actuel qu’entretiennent
le moi, menacé dans sa continuité, par l’effraction du puber- l’adolescent et leurs parents vis-à-vis de cette passe phobique et
taire ou par la réactivation d’angoisses primaires du fait de la vis-à-vis des prises en charge qui sont proposées. L’expérience
défaillance des objets narcissiques (structure familiale n’offrant clinique montre ainsi la nécessité d’une approche globale du
pas à l’adolescent des conditions d’identification solides, effon- jeune dans son environnement, comprenant et se dégageant à la
drement phobique ou dépressif d’un des parents). La phobie fois d’une réduction au seul travail du symptôme. Le retour du
scolaire relève donc d’un « choix forcé » et met souvent à jour sujet au centre des préoccupations thérapeutiques et familiales
une séquence en deux temps : réactualisation d’une probléma- offre ainsi, au travers d’une pensée ouverte à la complexité, de
tique phobique (fixation à un stade préœdipien ou œdipien) et nouvelles voies de compréhension. Grâce notamment aux effets
action pathogène consécutive sur l’expérience scolaire (troubles de « musement »6 et aux interactions transférentielles – lors de
de la pensée et des apprentissages, peur des enseignants, des séances de travail en présence des parents ou lors de réunions de
camarades, etc.). Certes, l’environnement scolaire participe à synthèse – peuvent être réinterrogées une histoire infantile et une
la catalyse, mais en devenant, soit le support d’un surmoi économie psychique familiale dans ses aspects intersubjectifs et
non intégré et archaïque, soit l’objet d’une projection rendant trans-subjectifs.
l’évitement inadéquat car ne protégeant pas de la morosité ou
d’une angoisse pure non élaborée. À ce titre, le nombre de
5. Conclusion
conduites de détour discrètes (évitement ponctuel d’un cours,
désinvestissement scolaire sectoriel) généralement rationalisées
Au terme de ce travail de recension et de synthèse sur
par l’adolescent pourraient rentrer dans ce cadre sans pour autant
la « phobie scolaire », force est de constater le formidable
virer à la « phobie » proprement dite. De cette histoire, deux
engouement théorico-clinique qui a eu cours dans la seconde
autres enseignements peuvent être tirés. L’effondrement subjec-
moitié du XXe siècle pour ce qui paraît être une véritable
tif dont témoigne la « phobie scolaire » ne relève du rapport au
« symptomatologie-limite ». Regroupant des comportements
savoir que dans la mesure où celui-ci (généralement fortement
divers d’évitement, de non-assiduité ou de déscolarisation de

4 Notre personnage consultera successivement un neurologue, le docteur Bet-

cherev (Saint-Pétersbourg) qui se prononce pour une neurasthénie et propose un 5 Seul un travail de cure pouvait (selon Freud) lui offrir la possibilité de

traitement hypnotique, l’éminent Kraepelin (en Allemagne) qui diagnostique réviser sa position à cet endroit. On sait qu’il n’en fût rien. D’où les dérives
un état « maniaco-dépressif » comme son père avant de se rétracter, puis le Dr hypocondriaques et les épisodes hallucinatoires et psychosomatiques.
Drosnes (suivi psychologique) qui l’orientera à Vienne chez Freud. Ce dernier 6 Le « musement » peut se définir comme une technique de libre pensée per-

l’accueille en février 1910 puis le revoit en 1918 pour une post-cure, de façon mettant les émergences associatives produites au chevet du patient ou dans le
épisodique entre 1920 et 1924. Il l’envoie en 1926 chez Ruth Mack Bruns- cadre d’une réflexion d’équipe. Cette possibilité de rêver éveillé, de témoigner
wick (qui permettra l’extinction de l’épisode dit psychotique et la rémission de ce qui vient pour chacun (que le patient soit présent ou non) permet d’enrichir
de l’hypocondrie). Puis ce sera un long cheminement de psychanalyste en psy- l’abord de la problématique du cas mais aussi dans ses effets inconscients ou
chiatre, mais aussi à certaines périodes de dentiste en dermatologue jusqu’à la non conscients d’étayer les capacités d’élaborations (parfois limitées ou sous
fin de sa vie en hôpital psychiatrique. contraintes) du patient [64,65].
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mode anxieux, la « phobie scolaire » ne peut d’aucune façon poids de l’échec scolaire et la culpabilité sur le seul adoles-
être considérée comme un syndrome ou un trouble homo- cent [89]. Par ailleurs, dans la volonté d’une sédation rapide du
gène. Devant la dispersion des manifestations et des tableaux trouble, s’attacher strictement à la manifestation d’affect (pré-
cliniques, deux axes explicatifs principaux ont émergé de la senté dans la littérature comme un élément clé et déterminant)
littérature psychopathologique pour s’attacher à l’impossible ou aux seuls critères comportementaux (crise, résistance, fuite,
définition de la « phobie scolaire ». Le premier courant a tenu etc.) qui ne sont en rien discriminants peut conduire à bien
à inscrire fermement celle-ci dans un contexte de psychopa- des errements diagnostiques et thérapeutiques [90]. Face à la
thologie individuelle. Le second a insisté sur l’importance de logique utilitariste et consumériste qui se déploie dans nos socié-
la dynamique relationnelle intrafamiliale [7,66] et sur le rôle tés actuelles, la notion de « phobie scolaire » permet pourtant de
que joue chaque parent [67]. La phobie scolaire grave s’est rappeler « l’utilité » de la phobie [63], la permanence du débat
vue rattacher aux vicissitudes du travail de séparation. La place sur les liens entre angoisse, dépression et phobie [91], le fait cli-
centrale qu’occupe la position dépressive [68] est soulignée nique que tout objet phobogène peut avoir une valeur totalement
dans ce processus comme la spécificité des faits pathologiques différente d’un sujet à un autre. D’où le caractère foncièrement
qui peuvent chez l’enfant comme pour l’adolescent décou- hétérogène des phénomènes qu’elle subsume parfois associée à
ler de son défaut d’élaboration [69]. Ainsi, tout échec partiel, d’autres entités (dysmorphophobie, éreutophobie, agoraphobie,
toute entrave dans ce travail de séparation peut conduire, soit claustrophobie) très fréquentes à l’adolescence [92,93]. Enfin,
à interdire l’entrée dans une configuration œdipienne structu- loin d’être un simple jeu d’esprit, comment ne pas souligner ici
rante névrotique, soit à des défaillances de la pensée et de la l’angle de vue tout à fait précieux qu’offre la « phobie scolaire »
représentation par l’incapacité à penser l’absence [70]. À la sur l’adolescence : cette « passe » en quelque sorte charnière où
lecture des théories de l’apprentissage et des approches sur peut se vérifier l’incapacité particulière pour certains à maintenir
l’angoisse de séparation [71,72], cette orientation servira ensuite la réponse que constitue la névrose infantile (cette phallicisation
de base pour la mise au point de protocoles thérapeutiques du désir) ou son aporie, quand le sujet adolescent est condamné
cognitivo-comportementaux [73]. Ainsi, depuis son émergence, à devoir affronter la question sans réponse et parfois traumatique
la « phobie scolaire » n’a cessé de jouer le rôle d’attracteur aux que pose la sexualité et qu’il ne peut indéfiniment esquiver.
multiples enjeux (théoriques, cliniques mais aussi profession-
nels, idéologiques, etc.). À cet effet, il serait aussi possible de
convoquer les cas désormais classiques de Richard qui permet- Déclaration d’intérêts
tra à Mélanie Klein (1945) d’affirmer son hypothèse d’Oedipe
précoce [74] comme de Frankie, cet enfant « phobique sco- Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
laire » analysé par Bornstein (1940), puis par Ritvo (1965) relation avec cet article.
dont le devenir fera l’objet d’importantes confrontations doc-
trinales entre psychanalystes [75]. Alors que cette notion se
voit critiquée [38,76,77] et supplantée par le terme générique Références
de refus de l’école/School Refusal [78–81], comment ne pas
[1] Healy W. The individual delinquent. London: Heinemann; 1915.
reconnaître son importance dans le déploiement au cours du [2] Burt C. American journal of the young delinquent. London: University of
siècle précédent d’une psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ? London Press; 1925.
Cette mutation historique a eu pour conséquences de dégager [3] Broadwin IT. A contribution to the study of truancy. Am J Orthopsychiatry
cette dernière du modèle psychiatrique classique de l’adulte, 1932;2:253–9.
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« phobie scolaire » révèle l’inadéquation entre un jeune et son [9] Van Houten J. Mother-child relationship in twelve cases of school phobia.
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en contre-point l’inadaptation fréquente de ces structures au [10] Goldberg TB. Factors in the development of school phobia. Smith College
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[11] Suttenfield Y. School Phobia. A study of five cases. Am J Orthopsychiatry
de reconnaissance d’une singularité, etc.) [86]. D’où l’intérêt
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de porter une attention particulière sur les liens du sujet à son [12] Talbot M. Panic in school phobia. Am J Orthopsychiatry 1957;27:286.
environnement et ses origines [87] dans la prise en charge, [13] Berg I, Nichols K, Pritchard C. School phobia – its classification and rela-
d’individualiser le dispositif ambulatoire ou hospitalier (qu’il tionship to dependency. J Child Psychol Psychiatr 1969;10:123–41.
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supports et activateurs de l’économie psychique familiale [88], Am J Orthopsychiatry 1957;27:296–306.
là où une médicalisation par trop systématisée des conduites [16] Sperling M. School phobias: classification, dynamic and treatment. Psy-
d’évitement et d’objection scolaire a tendance à faire porter le choanalytic study of the child, 22. New York: International Universities
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