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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 556–566

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Article original

La phobie scolaire : symptôme, entité spécifique, syncrétisme


ou syndrome d’inadaptation ?
J.-L. Sudres (Psychologue Clinicien, Maître de Conférences en Psychologie) a,*,
G. Brandibas (Psychologue Clinicien, Docteur en Psychopathologie) b,
R. Fourasté (Professeur de Psychologie Clinique et de Psychopathologie, Médecin Psychiatre
et Psychanalyste) c
a
Hôpital de la Grave (CHU de Toulouse) - Université Toulouse le Mirail, CERPP, UFR de Psychologie. 5, allées Antonio-Machado,
31058 Toulouse cedex 1, France
b
ITEF-Foyer de Gaillardie, 106, chemin de Gaillardie, 31100 Toulouse cedex, France
c
IUFM (CERF), 56, avenue de l’URSS, 31078 Toulouse cedex 2, France

Reçu le 5 avril 2004 ; accepté le 27 septembre 2004

Résumé

Depuis des lustres, la phobie scolaire interroge les praticiens et la nosographie sans pour autant rencontrer de consensus. Après avoir
rappelé le contexte historique de son apparition dans le champ de la psychopathologie, les auteurs s’attachent à en parcourir la polysémie des
formes, des mécanismes et processus en allant de l’enfant au jeune adulte. Puis, ils s’arrêtent tour à tour sur la question du regard clinique, des
liens avec les autres troubles de la scolarité/scolarisation, des facteurs familiaux et socioculturels à l’œuvre. Enfin, ils avancent la nécessité
d’inscrire la phobie scolaire comme élément mutatif et surdéterminé dans un syndrome d’inadaptation scolaire dont la dimension syncrétique
et holistique couvre davantage le réel clinique.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Be it within the framework of nosography or among practionners, school phobia has, for ages, given rise to questions, which still remain
unanswered. After a brief reminder of the historical context in which this phobia appeared in psychopathology, the authors go through the
polysemy of the different forms, mechanisms and processes going from the child to the young adult. They then examine the clinical view, the
links with the other school/schooling disorders and sociocultural and family factors which come into play. Finally, they put forward the
necessity to include school phobia as an overdetermined and mutative element in an education maladjustment syndrome of which the syncretic
and holistic dimension covers the clinical reality to a greater extent.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Clinique ; École ; Inadaptation scolaire ; Nosographie ; Phobie scolaire

Keywords: Clinical; Education maladjustment; Nosography; School; School phobia

Chacun sait que les troubles scolaires, ou à tout le moins le les dénominations et les inquiétudes tendent à changer au fil
symptôme scolaire, constituent l’un des motifs transversaux du temps [16,17,25,44]. Rappelons encore que :
de la majorité des consultations en pédopsychiatrie même si • 25 % des élèves de C.P. (cours préparatoire) ont des
difficultés (surtout dans l’apprentissage de la lecture) ;
• 40 % des entrants en CM2 (cours moyen 2e année) affi-
* Auteur correspondant. chent, par-delà l’écran du découpage en cycles du pri-
Adresse e-mail : sudres@univ-tlse2.fr (J.-L. Sudres). maire, une, deux, voire trois années de retard ;
0222-9617/$ - see front matter © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neurenf.2004.09.010
J.-L. Sudres et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 556–566 557

• 40 % de ceux qui abordent une 6e classique présentent une 1. Naissance et transformation d’une entité
année de retard.
De plus, lorsque l’on prend acte que : Dans l’hexagone, avec les lois J. Ferry de 1882 officiali-
• 41 % des jeunes patients qui ont consulté au moins une sant l’instruction laïque et obligatoire jusqu’à 14 ans, appa-
fois dans l’année ont entre 5 et 9 ans, 29 % entre 10 et raissent les premières descriptions de ces enfants qui refusent
14 ans ; et/ou buttent à l’école... D’ailleurs, A. Binet en 1887, dans un
• le volume global des consultations dans les secteurs de travail sur les peurs de l’enfant, s’arrête ponctuellement sur
pédopsychiatrie a augmenté de plus de 49 % entre 1991 et un cas. Cet enfant dont le mutisme était contemporain à son
19971. arrivée à l’école, affichait un refus de travailler et un empres-
Il devient pertinent de s’intéresser à la sphère « troubles sement à partir en fin de journée [4].
scolaires » et à son contenu pour le moins bigarré. D’autres, Quelques années plus tard, G. Heuyer [32], dans sa thèse
certainement à raison, les posent comme un problème de de Doctorat en Médecine sur les enfants normaux et délin-
santé publique propice à débats et/ou réformes. Quoi qu’il en quants, individualise ceux qui présentent un problème d’ab-
soit, ce sont des pathologies sur-médiatisées compte tenu de sentéisme ou de retards en se posant la question d’une peur
l’importance de la scolarité posée en vecteur témoin de de l’institution scolaire. C’est dans cette désadaptation que se
réussites personnelles, sociales et professionnelles. lit pour lui une « a-normalité ».
Entre le retard, l’échec, le refus, le désintérêt, le fléchisse- De son côté, I. T. Broadwin [11] note pour la première fois
ment, l’inhibition, la rupture... et la phobie scolaire, il existe dans les années trente que « l’absentéisme peut représenter
une quantité de nuances cliniques et psychopathologiques un acte de défiance, une tentative pour obtenir de l’amour,
souvent confondues tant la sémiologie spécifique à tous ces ou s’évader de situations réelles pour lesquelles il est
troubles semble s’être abrasée. Sommes-nous passés dans le diffıcile de faire face ». D’ailleurs, il souligne que l’absen-
domaine des troubles scolaires de notions de spécialistes à téisme ne résulte pas seulement d’un acte de déviance mais
des notions communes, voire de sens commun ? aussi de difficultés psychoaffectives présentes dans nombre
En l’occurrence, la phobie scolaire, pourtant présente d’autres troubles scolaires.
dans nos consultations, voire service d’hospitalisation, a dis- Enclin aux descriptions sémiologiques, le milieu du XXe
paru de la plupart de nos manuels modernes de psychiatrie siècle accueille avec A.M. Johnson et al., E.I. Falstein et al.
générale [12,18,19,29,35] tout comme de la CIM X et bien [33] le terme de « phobie scolaire » pour décrire les « enfants
entendu du DSM IV. Ce dernier, à défaut de la nommer, la qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école
réduit à un simple élément d’une phobie de situation, voire à et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de
une anxiété de séparation facile à brandir sur la scène dia- panique quand on essaie de les y forcer ».
gnostique. Est-ce à dire que ce trouble constitue un simple Ainsi, nous avons :
symptôme abâtardi d’une entité beaucoup plus spécifique qui • d’un côté les enfants qui ne peuvent pas aller à l’école
gommerait la dynamique de la désadaptation scolaire ? même s’ils apprécient d’apprendre et réussissent bien,
Fort heureusement, les travaux de D. Marcelli [41], tout • de l’autre ceux qui ne veulent pas y aller par manque
comme la Classification française des troubles mentaux de d’intérêt. Ces derniers actent souvent leurs refus dans
l’enfant et de l’adolescent (CFTMEA-R 2000), lui accordent l’école buissonnière. Ils deviennent les « écoliers des
encore une place2, à même de refléter quelques aspects de la buissons »3 et entrent dans l’anormalité sus-évoquée.
singularité qu’elle ne manque pas de susciter chez le prati- Très rapidement dans cette période en laquelle la scolarité
cien [39,45]. Divers repères épidémiologiques évaluent une devient obligatoire en France jusqu’à 16 ans (Décret Ber-
fréquence autour de 5 % en population consultante et de 0,3 à thouin du 06/01/1959) et où la pédopsychiatrie conquiert ses
2 % pour l’ensemble de la population scolaire avec une lettres de noblesse, l’entité phobie scolaire soulève des
prédominance masculine qui tend à s’estomper [26,31]. Mais controverses... Certes, elle s’éloigne des classiques concep-
est-ce suffisant pour en faire une entité dans l’arborescence tions des phobies de la psychiatrie adulte et s’autonomise par
des difficultés scolaires ? son organisation psychopathologique non fondée sur l’objet
Bien plus qu’une simple mise en discussion de l’entité de la peur.
« phobie scolaire », notre projet est d’essayer de lui (re)don- Courant 1956, HR. Estes et al. [21] assoient l’étiologie de
ner corps : la phobie scolaire, non pas dans la peur de l’école, mais dans
• d’une part en regard d’une sémiologie ad hoc, différen- l’angoisse de séparation. Peur et refus de l’école deviennent
tielle et élargie ; de simples expressions symptomatiques, manifestes des pro-
• d’autre part avec une approche psychopathologique et cessus et d’une entité beaucoup plus globale que d’autres
socioculturelle mettant l’école en scène. vont baptiser « refus anxieux de l’école » [38]. En fait dans
cette évolution se retrouvent condensées les vues psychana-
lytiques princeps de S. Freud [24] sur la phobie des chevaux
1
L’ensemble de ces chiffres sont issus de la DRESS (Direction de la
Recherche, des Études, de l’Évaluation et Statistiques).
2 3
Dans l’axe 1 (catégorie clinique). « Truants » en anglais.
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Tableau 1
Les critères diagnostiques de l’Anxiété de séparation selon le DSM IV – TR
A. Anxiété excessive et inappropriée au stade du développement concernant la séparation d’avec la maison ou les personnes auxquelles le sujet est atta-
ché ; comme en témoignent trois des manifestations suivantes (ou plus) :
• détresse excessive et récurrente dans les situations de séparation d’avec la maison ou les principales figures d’attachement, ou en anticipation de telles
situations ;
• crainte excessive et persistante concernant la disparition des principales figures d’attachement ou un malheur pouvant leur arriver ;
• crainte excessive et persistante qu’un événement malheureux ne vienne séparer l’enfant de ses principales figures d’attachement (par exemple, se retrou-
ver perdu ou être kidnappé) ;
• réticence persistante ou refus d’aller à l’école, ou ailleurs, en raison de la peur de la séparation ;
• appréhension ou réticence excessive et persistante à rester à la maison seul ou sans l’une des principales figures d’attachement, ou bien dans d’autres
environnements sans des adultes de confiance ;
• réticence persistante ou refus d’aller dormir sans être à proximité de l’une des principales figures d’attachement, ou bien d’aller dormir en dehors de la
maison ;
• cauchemars répétés à thèmes de séparation ;
• plaintes somatiques répétées (telles que maux de tête, douleurs abdominales, nausées, vomissements) lors des séparations d’avec les principales figures
d’attachement, ou en anticipation de telles situations.
B. La durée du trouble est d’au moins quatre semaines.
C. Début avant l’âge de 18 ans.
D. Le trouble entraîne une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, scolaire (professionnel), ou dans d’autres domai-
nes importants.
E. Le trouble ne survient pas exclusivement au cours d’un Trouble envahissant du développement, d’une Schizophrénie ou d’un autre Trouble psychotique,
et, chez les adolescents et les adultes, il n’est pas mieux expliqué par le diagnostic de Trouble panique avec agoraphobie.
Spécifier si : Début précoce : si le début survient avant l’âge de 6 ans.

du « petit Hans »4, celle du conditionnement pavlovien d’une parents, ne vont pas à l’école... Dans cette dynamique,
phobie menée par JB. Watson et R. Rayner [54] avec le « petit comme l’ont montré plusieurs récents travaux [10,27,37], les
Albert »5 et enfin l’approche thérapeutique cognitivocom- glissements conceptuels amènent autant à des confusions de
portementale de la phobie des lapins du « petit Peter »6 diagnostic qu’à des travaux de recherches limités dans leurs
réalisée par MC. Jones [34]. ambitions.
Au décours des années soixante et soixante-dix s’installe, Avec les années quatre-vingt, la phobie scolaire entre dans
à bas bruit, le débat entre une étiologie de type névrotique, le DSM comme élément constitutif de « l’anxiété de sépara-
une anxiété de séparation surtout du côté maternel, et « une tion » (Tableau 1) et de la « phobie sociale » (Tableau 2). Elle
névrose mutuelle » résultant d’interactions familiales patho- s’y dilue au point de ne plus être nommée en tant que telle, y
gènes [36]. Progressivement, le champ du « refus scolaire compris dans la récente version révisée [2].
anxieux » devenu synonyme dans la littérature spécialisée de À côté du rouleau compresseur descriptif de la nosogra-
« phobie scolaire » s’élargit pour englober les enfants qui ne phie anglo-saxonne, l’entité « phobie scolaire » continue
sont pas phobiques mais qui, avec l’assentiment de leurs donc de subsister dans la littérature francophone (Tableau 3).
Mais à l’instar des autres classifications, la CFTMEA-R
2000 délaisse l’intelligibilité des processus et mécanismes
sollicités pressentis dans le rapport manifestations anxieuses/
4
Rappelons que le petit Hans souffrait d’une phobie spécifique des che- fréquentation — déroulement de la scolarité.
vaux et d’une anxiété de séparation l’amenant à refuser de quitter la maison.
S. Freud travailla par correspondance avec le père de l’enfant en avançant
l’hypothèse hardie d’une inscription œdipienne des symptômes. Ainsi, la 2. Polysémie des formes, des mécanismes et processus
peur exagérée des chevaux représentait la crainte inconsciente d’une castra-
tion paternelle en lien avec son désir de relation intime avec sa mère. Quant
psychopathologiques
au refus de s’éloigner de la maison, il lui permettait de juguler toute
séparation avec sa mère. Chacune de ses positions renforçant l’autre dans 2.1. Du pseudoclassique...
une sorte de boucle systémique.
5
Ces chercheurs conditionnèrent le petit Albert âgé de 11 mois à craindre Faut-il considérer la phobie scolaire comme une forme
un rat blanc. Chaque fois qu’il s’en approchait, jaillissait un bruit métallique
particulière d’anxiété de séparation et classer définitivement
strident, engendrant une réaction de sursaut. Très vite, il manifesta les
symptômes d’une phobie spécifique qui se généralisa à d’autres animaux et la problématique clinique soulevée sur l’étagère du symp-
objets (chat, chien, manteau en fourrure, etc.). Devant les résultats de tôme ? Assurément, non !
l’expérience, la mère du petit Albert refusa de leur confier sa progéniture Quelquefois progressive, l’interruption du déroulement de
pour une désensibilisation... la scolarité est le plus souvent brutale. Elle surgit dès le début
6
Âgé de trois ans, le petit Peter présentait une phobie spécifique des lapins
de l’année ou bien après une période de vacances ou encore à
que le praticien traita avec les principes du conditionnement classique et
opérant associé à des techniques de modelage. Le tout se rapprochant de ce l’occasion de tout événement à type de décès d’un proche, de
que nous nommons en T.C.C. (Thérapie Cognitivo-Comportementale) la séparation parentale, de déménagement, d’un redoublement,
désensibilisation systématique. de changement de place dans la classe, de remontrance d’un
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Tableau 2
Les critères diagnostiques de la Phobie sociale selon le DSM IV – TR
A. Une peur persistante et intense d’une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec
des gens non familiers ou bien peut être exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui. Le sujet craint d’agir (ou de montrer des symptômes anxieux)
de façon embarrassante ou humiliante.
N.B. : Chez les enfants, on doit retrouver des éléments montrant la capacité d’avoir des relations sociales avec des gens familiers en rapport avec l’âge et
l’anxiété doit survenir en présence d’autres enfants et pas uniquement dans les relations avec les adultes.
B. L’exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique une anxiété qui peut prendre la forme d’une Attaque de panique liée à
la situation ou bien facilitée par la situation.
N.B : Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des accès de colère, des réactions de figement ou de retrait dans les situations sociales
impliquant des gens non familiers.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
NB : Chez l’enfant, ce caractère peut être absent.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situation(s) redoutée(s) sociale(s) ou de performance perturbent, de façon importante,
les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles (scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette
phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois.
G. La peur ou le comportement d’évitement n’est pas lié aux effets physiques directs d’une substance (par exemple ; une substance donnant lieu à un abus,
ou un médicament) ni à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (par exemple : Trouble panique avec
ou sans agoraphobie, Trouble anxiété de séparation. Peur d’une dysmorphie corporelle, Trouble envahissant du développement ou Personnalité schizoïde).
H. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur décrite en A est indépendante de ces troubles : par exemple, le sujet ne
redoute pas de bégayer, de trembler dans le cas d’une maladie de Parkinson ou de révéler un comportement alimentaire anormal dans l’Anorexie mentale
(Anorexia nervosa) ou la Boulimie (Bulimia Nervosa).
Spécifier si : Type généralisé si les peurs concernent la plupart des situations sociales (envisager également un diagnostic additionnel de Personnalité évi-
tante).

Tableau 3
Les critères diagnostiques de la phobie scolaire dans la CFTMEA R 2000
Phobies scolaires.
On classera ici les manifestations d’angoisse majeure avec souvent un phénomène panique, liées à la fréquentation scolaire et interdisant sa poursuite sous
les formes habituelles.
Exclure :
• les manifestations par angoisse de séparation ;
• les manifestations phobiques localisées sur un objet ou une situation qui doivent être classées en 2 (Troubles névrotiques à dominantes anxieuses).

surveillant, de l’absence d’un enseignant, d’une dispute avec tout le temps de moi... » « tout le monde me regarde
un camarade, etc. Cela a conduit M. Sperling [50] à distin- quand je me change pour la gym... ») ;
guer : • puis par un décalage vis-à-vis du programme de l’année
• la phobie scolaire aiguë, secondaire à un traumatisme. La (« je suis beaucoup trop en retard par rapport aux
manifestation phobique permet alors au sujet de maintenir autres... », « j’ai pas été averti des contrôles, je vais
un holding–handling autour de ses entourages immédiats prendre un carton si j’y vais, c’est pas juste... », « avec
et de prévenir un effondrement somato-psychique contin- le CNED7 le programme est super mieux, je suis plus en
gent. Il s’agit d’une modalité réactionnelle à tonalité de avance que ma classe... »).
coping négatif ; À ces rationalisations s’ajoutent à la maison :
• la phobie scolaire induite, secondaire à une relation • un travail scolaire parfois acharné. Rappelons que ces
mère–enfant, voire père–enfant pathogène et/ou patholo- enfants désirent souvent apprendre même si la mobilisa-
gique. Celle-ci s’observe notamment chez l’enfant qui tion des potentialités cognitives et imaginatives leur font
s’investit de la mission de soigner un parent en souffrance (quelquefois) défaut ;
(dépressif, éthylique, phobique, etc.). D’autres, sur le pro- • une conduite relationnelle et sociale adaptée, voire même
totype de l’angoisse de séparation maternelle originaire plaisante tant que la sphère scolaire n’est pas abordée.
prennent en charge l’angoisse parentale. Le tout se rappro- Ainsi, ils sont décrits comme des enfants « faciles » et
che de l’anxiété de séparation (Tableau 1) ; gentils.
• la phobie scolaire chronique, qui se présente comme Cette homéostasie de façade plonge les entourages (pa-
l’installation de l’une des deux formes cliniques sus- rents entre autres) dans une incompréhension et une ambiva-
développées à même d’interférer. lence qui retardent le temps de la première consultation
L’enfant tend à rationaliser ses difficultés de fréquen- clinique.
tation/déroulement de sa scolarité :
• d’abord par des pseudo-éléments persécutifs (« la maî-
tresse ne m’aime pas... », « tous ces profs sont des
enfoirés, ils sont nuls à chier... », « les potes se moquent 7
Centre National d’Enseignement à Distance.
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2.2. Au singulier de l’adolescence et de l’âge adulte... mée de non dits et aux valeurs socioculturelles dans les faits
non transmis. L’enseignant, l’école et ce qu’ils représentent
La phobie scolaire emprunte souvent les chemins des sont devenus au travers de l’équation psychique de cet en-
« petits riens », des vécus ponctuels difficiles, des éléments fant, des objets et situations phobogénes à part entière.
transgénérationnels intriqués à des événements sociocultu- Revu vingt ans plus tard lors d’un entretien préliminaire
rels. Le tout émaille l’enfance et l’adolescence avant de se pour une cure analytique, Julien évoque avec émotions la
cristalliser à l’âge adulte dans des manifestations singulières. poursuite de sa scolarité, après cet épisode phobique. Ponc-
Julien, 7 ans 5 mois, entre en CE1, c’est la première fois tuée par de multiples déménagements familiaux dictés par les
qu’il se retrouve confronté à un enseignant homme, en l’oc- contraintes professionnelles de son père, il a cultivé son
currence âgé. Celui-ci doit prendre sa retraite l’année sui- retrait et nourrit sa révolte contre la chose scolaire.
vante. « Je faisais le minimum pour avoir 10/20 en donnant
« Il va être sévère comme grand-père ? » s’enquiert l’illusion de travailler beaucoup. Mes parents, les profs
Julien auprès de sa mère, le jour de la rentrée... Les premières disaient : le pauvre, il fait tout ce qu’il peut, il est plein de
semaines se passent sans difficulté. Julien affiche son goût bonne volonté.... J’avais la paix mais j’ai failli me faire
pour le travail bien fait et propre. prendre à ce jeu. Un de mes profs qui depuis est devenu un
Advient la date du 11 novembre ! Tous les hommes de la psychanalyste de renom avait convaincu mes parents que
famille, côté paternel comme maternel, participent aux com- j’étais obtus avec une nette tendance pour la psychopa-
mémorations militaires... Ces familles ont payé un lourd tribu thie... Bref, j’ai échappé de peu à l’Hôpital de Jour pour
aux conflits militaires du XXe siècle. À l’instar d’un mythe adolescents[...] et à l’Institut de rééducation qui, après un
sensé se transmettre par opération inconsciente, personne ne séjour de quinze jours, m’a trouvé normal. Heureusement
parle de ces histoires, de ces disparus. Autrement dit, aucune entre temps, ce noble idiot de prof avait quitté l’éducation
élaboration ne succède à ces temps de recueillement militaire nationale et j’ai moins fait le con [...].
emplis de douleurs mortifères. Le non-dit des morts omni- Je me suis fait mes références, mes normes scolaires à
présents et de la souffrance tue obère toute mise en histori- moi. J’ai développé de la haine à l’égard de l’école, de tous
cité. ces cons de profs qui m’ont humilié, de mes parents qui
Depuis l’âge de quatre ans, Julien manifeste son refus n’ont jamais rien compris aux études. Vous savez, mon père,
« d’y aller » avec expressions de pleurs et de somatisations. quand il me voyait avec un bouquin, il me criait : jette ça,
« On le force, c’est notre devoir de famille d’y aller » tu vis qu’avec les morts. Ouais, j’ai développé une agres-
affirme le père. Mais, ce 11 novembre-là, le refus se trans- sivité, une rage grandiose, une arme terrible. Mon moteur
forme en opposition quasi-inébranlable. Toute la famille se salvateur, c’était ça, la rage, les écraser tous !
met en vain à le raisonner... In fine, le père l’amène en pleurs Une fois arrivé à l’Université, tout s’est fissuré de toute
à coups de pieds aux fesses au Monument aux Morts. L’hu- part. La déprime maximum. J’ai rencontré, à la Médecine
miliation est totale, la blessure narcissique terrible. Universitaire, un de vos collègues, un type obscur au
Dans l’assemblée des médaillés, portes-drapeaux, anciens premier abord ; mais qui m’a bien aidé [...]. La semaine
combattants et autres personnalités, son regard croise celui dernière, j’ai été nommé professeur dans cette prestigieuse
de son enseignant, ancien combattant des Troupes d’Afrique École de Commerce [...]. J’ai vu que vous y interveniez.
du Nord. Cet échange visuel sera perçu comme plein de Depuis cette nomination, je flippe avec mes règlements de
reproches... comptes scolaires. Pardon, mes casseroles scolaires, en-
De retour à l’école, Julien ne voit plus que cet œil désap- combrent ma tête. Comment je vais me comporter ? Est-ce
probateur. Qui plus est, l’enseignant entame une leçon sur le que j’arriverai à enseigner sans ressentir cette rage ?
respect des traditions et les valeurs des anciens... Julien vomit Qu’est ce que je vais transmettre ? »
et se sauve. Par-delà le fond atavique du questionnement actuel de
Par la suite, malgré plusieurs tentatives, il ne parvient plus Julien se lisent les failles de son espace de subjectivation
à fréquenter l’école. Progressivement, les manifestations pour élaborer/mentaliser le symptôme phobie scolaire d’an-
d’angoisse s’installent pour tout ce qui rappelle la situation tan. Colmaté par le retrait, l’agressivité et la fantasmatisation,
de classe. La famille s’inquiète... La maman développe un cette dynamique défensive œuvre en pare-excitations pour
syndrome dépressif, le papa perd son emploi et entame une maintenir un équilibre précaire mais c’était sans compter sur
succession de petits boulots instables. la force de la répétition névrotique qui l’emprisonne avec et
Julien fréquente le C.M.P.P. (Centre Médico-Psycho- par son symptôme.
Pédagogique) près de chez lui et le retour à l’école s’initie en Au-delà des évidences étiologiques, comme le rappellent
étapes aux alentours des vacances de Pâques. L’enseignant fort bien N. Catheline et D. Marcelli [14], il convient de
lui trouve une attitude en retrait qu’il qualifie pour l’heure de s’intéresser chez l’adolescent phobique scolaire aux :
taciturne. • symptômes d’allures névrotiques (rituel du bonsoir paren-
La défense contre la mort imminente, l’angoisse œdi- tal interminable, difficultés d’endormissements, cauche-
pienne projetée sur l’école constituent ici la trame de la mars, peur du noir, agoraphobie, rangement obsessionnel
phobie scolaire aux prises avec une histoire familiale parse- des affaires de classe et/ou des habits, angoisse de sépara-
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tion, etc.) et à la persistance des objets transitionnels res apparents demeure fort limitée en rapport à l’augmenta-
d’antan. Toutes ces anticipations anxieuses se retrouvent tion de la frustration.
ultérieurement modelées par des déplacements et conden- Brice, 13 ans, est le dernier d’une fratrie de trois enfants.
sations ; Le papa, directeur d’une grande banque, effectue de nom-
• conduites tyranniques, impulsives agressives ou bien sa- breux déplacements. La maman, agrégée de Lettres Moder-
domasochistes avec un des membres de la famille alors nes, veille à l’éducation des enfants qui « doivent réussir ».
qu’à l’extérieur de ce cadre il se montre craintif et inhibé ; « Depuis le début de sa scolarité, Brice est dans « les
• éléments de dépressivité (morosité, diminution de l’es- dys » ; dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, dysphasie,
time de soi, repli sur soi, pleurs, etc.) ; dyspraxie, etc. Il a tout eu. J’ai tout fait. J’ai anticipé toutes
• altérations du sommeil ; les diffıcultés. Maintenant, il ne peut plus ! Non il ne veut
• troubles des conduites alimentaires. pas se rendre au collège, il vomit, se tord de douleurs
Professeur de Psychopédagogie, Céline 41 ans ne se sé- abdominales jusqu’à ce que l’heure du départ soit passée
pare pas, depuis l’enfance, de son doudou (un morceau de [...]. À chaque fois que je l’oblige [...] en le frappant et le
couverture à carreaux). « C’est ma petite maman qui me l’a tirant par le col, il se mord frénétiquement les avant-bras
donné pour que je pense à elle quand je suis rentrée à la jusqu’au sang. Il s’abîme, vous comprenez ! » En réalité la
maternelle... » Aujourd’hui, le doudou de sa propre fille âgée situation perdure depuis près de trois ans...
de huit ans a rejoint le sien. Outre la relation objectalisante entretenue par cette ma-
Régulièrement, y compris durant ses cours, Céline man exaspérée se lit une dimension sadomasochiste placée
éprouve le besoin impérieux de plonger ses mains dans son sous la houlette de la réussite avec un père absent et peu
cartable, faire glisser ces doudous entre ses doigts. « Je ne sécurisant. En cette constellation familiale, la phobie scolaire
m’en rends même pas compte quand je le fais [...] ça vient témoigner des difficultés identificatoires de Brice qui
m’apaise ». parvient, au prix du symptôme, à maintenir une vigilance sur
Deux bémols sont venus émailler cette angoisse de sépa- sa personne [50].
ration au demeurant contenue par l’entremise d’un objet : La question de la liberté que se donne le sujet pour penser
• l’un remonte à un séjour linguistique en Grande-Bretagne (panser) son monde se pose avec acuité. La phobie scolaire
où, du fait d’un règlement strict, elle a été dépouillée de apparaît alors comme une sorte de modalité d’aménagement
son doudou. Dans les jours suivants, une authentique défensif, plus ou moins transitoire, d’une difficulté à parcou-
phobie scolaire faisait son apparition avec une montée en rir un temps existentiel à l’instar d’un rite de passage avec des
puissance conduisant à son rapatriement ; achoppements sur les étapes de séparation — marginalisa-
• l’autre, beaucoup plus importante dans sa traduction psy- tion — agrégation particulièrement prégnantes à l’adoles-
chopathologique (inauguration d’une longue série d’épi- cence [53].
sodes d’anorexie) s’originait dans une « farce » de ses « Je travaillais mal, j’arrivais plus à aller en cours...
camarades de promotion. Ces derniers lui avaient subtilisé Tout le monde me tombait dessus. Nul, j’étais un nullard !
et dissimulé son doudou qu’elle retrouva une semaine J’ai demandé à être interne pour cette année de 5e » déclare
après, maculé d’encre de chine et effrangé... Michel à l’infirmière scolaire.
En ce cas, l’angoisse de séparation est entretenue jusque Depuis le début de l’année, il fréquente davantage l’infir-
dans la vie adulte avec des aménagements dévoilant une merie que les salles de cours, tout en essayant de suivre par
fragilité moïque et narcissique. La constance de la situation copains interposés le programme. La morosité et le malaise
« école » associée à la pulsion de savoir/savoir transmettre et qu’il affiche durant les 10 à 15 minutes de présence systéma-
enseigner à l’Autre apparaissent comme les reliquats d’une tique aux cours a amené le corps enseignant à une compas-
pulsion d’emprise archaïque fondant une place de sujet dési- sion et une indulgence surprenante. Seule l’infirmière « cette
rant. sans cœur » comme l’a qualifiée une des enseignantes,
La phobie scolaire rime mal avec l’échec scolaire absolu dénonce en vain l’entretien de cette situation de phobie
ou relatif si nous prenons comme critère l’acquisition de scolaire qui « va s’arranger ». En fait, une tentative de
savoirs et/ou de compétences validées ou non par un di- suicide permettra de poser un autre regard et de balayer les
plôme. Rappelons que l’école transmet un savoir que l’on projections complémentaires des uns et des autres.
peut acquérir ailleurs et autrement. Entre les enseignants et les soignants (a fortiori des clini-
ciens) la différence de regards portés sur les difficultés sco-
2.3. En passant par le regard familial et/ou scolaire laires d’un jeune s’avèrent considérables. L’identité profes-
sionnelle de chacun conduit à une lecture différentielle
L’enfant, tout comme l’adolescent, s’essaie à travers le décalée8, d’où une apparente dissonance que la simple mu-
symptôme phobie scolaire à maintenir un lien complexe et
ambivalent chez les parents et les enseignants. Susceptible de 8
Les cliniciens identifient plus fréquemment les symptômes anxieux, les
générer des temps conflictuels, ce type de lien reflète indirec- éléments dépressifs, les troubles du sommeil, les troubles relationnels
tement son malaise existentiel et une demande d’aide quasi parents-enfants. Tandis que les enseignants repèrent davantage les symptô-
impossible à formuler. La jouissance des bénéfices secondai- mes liés à l’école (difficultés scolaires, troubles de l’adaptation, difficultés
562 J.-L. Sudres et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 556–566

Tableau 4
Les critères diagnostiques de la Phobie spécifique selon le DSM IV – TR
A. Peur persistante et intense à caractère irraisonné ou bien excessive, déclenchée par la présence ou l’anticipation de la confrontation à un objet ou une
situation spécifique (par exemple prendre l’avion, les hauteurs, les animaux, avoir une injection, voir du sang).
B. L’exposition au stimulus phobogène provoque de façon quasi systématique une réaction anxieuse immédiate qui peut prendre la forme d’une Attaque de
panique liée à la situation ou facilitée par la situation.
N.B. : Chez les enfants, l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des accès de colère, des réactions de figement ou d’agrippement.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irrationnel de la peur.
N.B. : Chez l’enfant, ce caractère peut être absent.
D. La (les) situation(s) phobogène(s) est (sont) évitée(s) ou vécue(s) avec une anxiété ou une détresse intense.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situation(s) redoutée(s) perturbent, de façon importante, les habitudes de l’individu,
ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne
d’un sentiment de souffrance important.
F. Chez les individus de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois.
G. L’anxiété, les Attaques de panique ou l’évitement phobique associé à l’objet ou à la situation spécifique ne sont pas mieux expliqués par un autre trou-
ble mental tel un Trouble obsessionnel-compulsif (par ex. lors de l’exposition à la saleté chez quelqu’un ayant une obsession de la contamination), un État
de stress post-traumatique (par ex. en réponse à des stimuli associés à un facteur de stress sévère), un Trouble anxiété de séparation (par ex. évitement sco-
laire), une Phobie sociale (par ex. évitement des situations sociales par peur d’être embarrassé), un Trouble panique avec agoraphobie ou une Agoraphobie
sans antécédents de trouble panique.
Spécifier le type :
Type animal
Type environnement naturel (par exemple hauteurs, tonnerre, eau).
Type sang–injection–accident
Type situationnel (par exemple avions, ascenseurs, endroits clos)
Autre type (par exemple peur de s’étouffer, de vomir ou de contracter une maladie ; chez les enfants, évitement des bruits forts ou des personnages costu-
més).

tualisation des points de vue pourrait propulser sur l’étal de la Faut-il, à l’instar de N. Catheline et D. Marcelli [14],
complémentarité [1]. À défaut de devenir acteur de santé, réserver l’usage du terme « phobie scolaire » ou « refus
l’école constitue un partenaire potentiel lors de toute mani- anxieux scolaire » aux élèves du primaire/secondaire et uti-
festation de phobie scolaire. liser électivement celui « d’angoisse de séparation » pour les
Par ailleurs en repérant, tout comme jadis N. Hersov [30] enfants de maternelle ? Cela revient à se placer dans une
et I. Berg [3], des pics de phobie scolaire à 5–7 ans, 10–12 ans perspective développementale tout aussi arbitraire que res-
et 13–15 ans, D. Marcelli [41] pointe implicitement son pectable.
apparition lors des périodes de maturation somatopsychiques Doit-on, comme le préconise R. Gittelman-Klein [28],
et d’étapes scolaires9, en l’occurrence difficiles à élaborer considérer le refus d’école comme la plus sévère des formes
pour l’enfant comme pour la famille. L’anxiété de sépara- cliniques de l’anxiété de séparation (Tableau 1) et éradiquer
tion, tout comme la phobie sociale, peuvent trouver là leur lit de notre vocabulaire psychopathologique l’expression « pho-
développemental et se manifester par le symptôme phobie bie scolaire » ? En référence à la conception classique des
scolaire. phobies, l’absence apparente d’objet phobogène paraît, à
première vue militer contre l’existence de celle-ci. D’autres
encore, habitués aux torsions du DSM IV, parviendront à la
3. L’inadaptation scolaire : expédient et/ou résultante ? placer dans l’espace des phobies spécifiques de type situa-
tionnel ou autre (Tableau 4)... Toutefois, la pratique pédo-
3.1. Questions de regard et de conceptions cliniques
psychiatrique quotidienne montre la manière dont l’école, à
la fois en tant qu’objet, moment existentiel, situation10 ou
Est-il pertinent, comme l’avance I. Berg et al. [3], de
encore institution, se syncrétise en élément phobogène sin-
distinguer l’anxiété de séparation de la phobie scolaire sur le
gulier.
simple facteur spatiotemporel de l’apparition de l’angoisse ?
Par-delà la diversité des formes, des expressions et des
Le premier trouble correspondrait alors au départ à l’école et
débats, la question se résume pour une large part à la moda-
le second à l’arrivée sur le lieu... Par-delà la clinique quoti-
lité d’approche clinique retenue par chaque praticien. Rappe-
dienne qui met à mal une telle approche (cf. 3), les auteurs
lons simplement qu’il existe une différence considérable
anglo-saxons comme C.A. Kearney et al. [36,37] réunissent
entre :
sous un même chapeau d’étiopathogénie névrotique le
• un abord symptomatique et athéorique « made in DSM
« school refusal » et le « school phobia ». Pour eux, il s’agit
IV » des signes pathologiques présentés et une conception
de la même chose...

10
de focalisation de l’attention, hyperactivité, etc.) et aux relations avec les Peur de passer au tableau, de lire au milieu des autres élèves à haute voix,
pairs [48]. de changer de classe et/ou salle, de l’autorité de l’enseignant, des mathéma-
9
Passage de la grande section de maternelle au CP, du CM2 à la 6e, de 5e tiques, des toilettes qui ferment mal ou plus, de se changer pour aller en
à la 4e. gymnastique, etc.
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psychopathologique supposant une étiologie et une patho- Dans la plupart des cas, cette inhibition résulte d’une
génie permettant d’expliquer et/ou de comprendre les di- organisation névrotique en laquelle la pulsion épistémophili-
vers éléments dysfonctionnels. Une telle conception rai- que et le désir de savoir se retrouvent associés sous la me-
sonne souvent en termes de maladies, d’organisations ou nace, d’une part de la castration œdipienne, d’autre part de la
encore de structures avec en soubassement un étayage culpabilité d’accéder au savoir des figures identificatoires
théorique (psychanalytique, systémique, cognitivocom- [7]. S’il ne peut exister de sujet sans savoir, le sujet se fonde
portemental, intégratif, etc.) qui lui prête des concepts et lui-même sur, par et dans son savoir.
modalités d’intelligibilité — interprétation pour formuler
des hypothèses cliniques, une prise en charge et un pro- 3.2.3. Du retard à l’échec scolaire
nostic ; Nombre d’enfants, que cela soit par simple immaturité
• une approche susceptible d’envisager la phobie scolaire affectivocognitive et/ou psychomotrice, protection et/ou ré-
comme un trouble associé (comorbidité) à une anxiété de gression, déstabilisation familiale et/ou sociale, présentent
séparation, une phobie sociale, un trouble de l’humeur ou des difficultés dans les acquisitions scolaires. Ils accumulent
autres, et ceux qui en restent à une conception monosyn- du retard sur le groupe classe, d’abord considéré comme
dromique. Dans la même perspective, nous pourrons nous récupérable et réversible. Mais, si tel n’est pas le cas dans
référer à une lecture en diagnostic primaire/diagnostic l’année en cours, ils se trouvent au bout de deux ans placés et
secondaire11 qui renvoie tout simplement à l’ordre histo- considérés en échec scolaire [7,42] !
rique de repérage du tableau clinique par le praticien. Outre le décalage somato-psychique avec leurs camarades
La complémentarité de ces conceptions est évidente. Elle et les attentes de l’école, ces enfants intègrent insidieusement
implique une investigation médicopsychologique approfon- une logique du négatif (avec des souffrances narcissiques qui
die, tant sur le plan cognitif (apprentissages inclus), affectif se répètent). Ils entrent dans la case des « mauvais élèves »
que socioculturel. De fait, une telle approche holistique re- soit des sujets perçus comme non intelligents, des personnes
quiert l’expertise de praticiens de spécialités différentes à problème, des gens à éviter...
(psychiatrie, psychologie, pédagogie, psychomotricité, or- Le vécu d’exclusion aidant, l’école devient « mauvaise
thophonie, sociologie), une exploration biopsychosociale du fille ». Des défenses maniaques à type de persécution/
sujet et du fonctionnement familial. omnipotence, de passages à l’acte auto ou hétéro-agressifs
s’installent [22,40]. D’autres surévaluent leurs capacités
3.2. Phobie scolaire et autres troubles
pour faire face à cette déferlante [46]. L’institution scolaire,
de la scolarité/scolarisation : quels liens ?
rappelons-le, œuvre avec une logique de sélection12.
À ce niveau, arrêtons-nous sur ces autres troubles (retard, Arrivée au collège, la non-réussite constitue une modéli-
échec, refus, etc.) précédemment évoqués et toujours à même sation adaptative de base pour eux, comme pour le corps
de frayer l’étiopathogénie d’une phobie scolaire et/ou d’en enseignant. Classiquement, les parents sont convoqués pour
emprunter la toge clinique. « comprendre », « rétablir la barre »... Même s’ils avancent la
paresse de leur rejeton, l’incompréhension/incompétence des
3.2.1. La timidité scolaire enseignants, la classe surchargée, la mauvaise ambiance, etc.
Repérable dès la 2e année de vie et le plus souvent en le scénario progresse toujours dans le même sens ! Au fil des
petite-moyenne section de maternelle, elle s’apprécie à situations, les mêmes questions reviennent de la part des
l’aune d’un repli sur soi électif et de difficultés à s’intégrer enseignants, du principal et autres (« Qu’est ce qui se passe
dans le groupe classe. Ces enfants vivent, anticipent toute chez vous ? Vous avez des problèmes de couple ? ... Vous
situation scolaire donnée avec des manifestations anxieuses n’êtes pas là le soir quand elle rentre ? ... Vous ne vous en
et des pensées négatives les conduisant à l’évitement puis au occupez pas assez ? ... Il a un problème d’intelligence ? »
retrait de tout apprentissage évoquant l’école [49,52]. En etc.) tel un boomerang. Les parents sont culpabilisés, voire
doutant ainsi d’eux-mêmes et du regard de l’autre, ils s’effa- parfois disqualifiés et cela quelle que soit leur classe sociale
cent autant que faire se peut avec le risque, si aucune mesure d’appartenance. La pire situation étant certainement celle où
d’accompagnement n’est mise en place, de cristallisation en l’élève assiste à ce règlement de comptes. L’école, ses repré-
une personnalité évitante et/ou une phobie sociale. sentants, ne peuvent échouer, cela s’origine étiopathogéni-
quement dans l’Autre.
3.2.2. L’inhibition scolaire « Je suis sorti vidé de cette heure trente face au
Elle relève d’une incapacité à se concentrer peu ou prou Principal, Principal adjoint et à la C.P.E. (Conseillère
sur une activité malgré le désir de le faire. De là naît un conflit Principale d’Éducation). Ils l’ont accablée, ma fille, de
internalisé et une authentique souffrance. toutes les tares possibles, m’ont menacé de l’exclure via le
11
On désigne par :
12
« primaire » le diagnostic correspondant aux aspects les plus évidents et Tous les travaux aboutissent à la conclusion que le système scolaire
prégnants du tableau clinique, « secondaire » le ou les diagnostics supplé- français profite à un tiers des élèves auxquels il apporte une formation de
mentaires justifiés par d’autres symptômes qui ne sont pas imposés d’em- qualité. Un autre tiers constitue le groupe « des suivistes » et le dernier réunit
blée ou bien qui ne constituent pas le motif principal de consultation. les élèves en échec scolaire.
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conseil de discipline mais qu’ils se retenaient vu ma 3.3.1. Sur le plan familial


situation professionnelle [...]. Puis, ils m’ont prédit pour Les parents d’aujourd’hui sont soumis à une double in-
elle un avenir de psychopathe et tout au plus une place de jonction. La société leur demande d’être à la fois des (bons)
caissière à Lidl [...]. Ils ont continué. À trois, ils avaient de parents et des éducateurs en les mettant en concurrence avec
la ressource. Oui, ils ont continué en me jetant à la figure d’autres lieux d’éducation. À défaut d’une confiance et d’une
qu’avec le boulot de mon épouse (consultante en marke- adhésion dans les valeurs que transmet l’école, ils génèrent
ting) et le mien, nous n’avions certainement pas le temps de chez l’enfant un écart de références. Ce manque de
nous occuper de nos enfants... La CPE a surenchéri en congruence se traduit par un formatage cognitif et affectif
s’étonnant que nos autres enfants réussissent. C’était trop ! distancié des exigences scolaires, s’observant avec beaucoup
Presque une heure à subir une entreprise de destruction de de prégnance pour les élèves d’origine sociale défavorisée
ma fille, de mes autres enfants, de moi-même et de mon et/ou de minorité ethnique [13,20].
épouse [...]. J’en pouvais plus. J’ai commencé à demander Le stéréotype d’infériorité intellectuelle dès lors qu’il
à la CPE de préciser sa pensée et là, ça a flambé. constitue une explication plausible de leurs résultats, devient
Vociférations, cris, postillons,... j’ai eu droit à tout. Puis opérant. L’exposition répétée à celui-ci lors de toute mau-
elle est partie en claquant la porte. Tout d’un coup, j’ai vaise performance conduit ces élèves à un fonctionnement
analysé la situation d’une manière différente et nous avons défensif de désinvestissement scolaire [43,47].
joué autrement. Je n’ai plus subi [...]. Il ne s’agissait plus
de mon enfant mais d’un combat entre eux et moi. L’entre-
3.3.2. Sur le plan socioculturel
vue s’est soldée par une sorte de faux compromis... Je m’en
Jadis modèle d’ascenseur social, l’école actuelle s’orga-
veux d’avoir encaissé comme cela et d’avoir du redevenir
nise en système symbolique hautement hiérarchisé et appa-
un professionnel pour défendre ma fille et notre famille. En
raît comme un appareil à reconstruire les inégalités [9]. Si
fait, nous n’avons même pas parlé de ses vraies diffıcultés
d’un côté, elle ouvre le droit à l’éducation pour tous les
scolaires. Ils voulaient s’en débarrasser ; ça je l’ai compris
enfants, de l’autre elle les repère, étiquette et classe en fonc-
de suite. Deux jours après, le Principal me téléphonait pour
tions des compétences acquises dans son sein mais aussi dans
s’excuser en jouant sur la fibre : mon cher collègue, nous
avons un peu dérapé l’autre jour, ça nous arrive à tous... » la famille. Ce double langage est transversal à tous les ni-
Voilà ce que nous confie un père, enseignant universitaire veaux de la scolarité [15,48] même si quelques acteurs
en géographie, lors de sa première consultation de psycho- s’échinent à démontrer les soubresauts d’une école inté-
traumatologie, trois semaines après la situation sus-décrite... grante [8].
Les difficultés scolaires des enfants génèrent parfois des La modélisation économique tend à imposer un seul mode
vécus de maltraitances psychiques chez les parents ; il de (non) penser au détriment d’un comment et pourquoi
convient de ne pas les négliger et d’explorer quasi systéma- exister, travailler, s’épanouir.
tiquement cette sphère. Ces éléments (cf. 3,3.1. et 3,3.2.) bordent avec une effi-
Par ailleurs, beaucoup de ces adolescents fragilisés affi- cace discrétion le syndrome d’inadaptation scolaire. « Les
chent des réactions de prestance à type de perturbation de la dépositaires à désirs » que sont les enfants en proie à des
classe. Réussir à échouer, réussir dans un statut du négatif, difficultés scolaires échappent moins que les autres aux fac-
c’est une performance qui attire, à sa manière, l’attention et teurs familiaux et socioculturels.
contient leurs peurs de l’école [51]. En fait, ces jeunes déran-
gent. Ils font peur aux enseignants, à l’administration sco- 3.4. Pour un syndrome d’inadaptation scolaire...
laire, aux surveillants, à certains élèves et même parfois à
certains parents qui vont jusqu’à demander leur exclusion. Le dénominateur commun qui sous-tend tous les aspects
« Le pouvoir apprendre » comme le souligne A. Birraux symptomatiques, organisationnels, structurels, mutatifs et
[5,6] dépend du « pouvoir penser ». Mais dans le décours des surdéterminés de la phobie scolaire tient dans ce que nous
troubles de la scolarité/scolarisation parcourue ci-dessus, nommons ici « le syndrome d’inadaptation scolaire » [23].
seul le déploiement d’une véritable « phobie du penser » Syncrétique par excellence, ce syndrome entend recouvrir :
semble en mesure de former un rempart défensif à des situa- • l’écart entre les normes intégrées par l’élève et celles
tions qui, au fur et à mesure de l’avance en âge, se renforcent attendues/prescrites par l’institution scolaire ;
et se cristallisent. • l’inadaptation à la règle et/ou à la loi ;
Bref, au fil de la scolarité, la phobie scolaire peut prendre • la démobilisation et le désengagement scolaire ;
divers visages et se transformer, d’où la pertinence en clini- • les difficultés de relation à l’adulte, au groupe et au travail
que de l’enfant et de l’adolescent, voire de l’adulte, de systé- en tant que tel.
matiquement explorer cette zone. Tout cela conditionne la réalisation de soi à l’école.
Beaucoup plus holistique et dynamique, ce syndrome en-
3.3. Facteurs familiaux et socioculturels
globe la phobie scolaire, tout comme les autres troubles de la
Quelle que soit la forme et l’expression adoptées par la scolarité/scolarisation dans une perspective développemen-
phobie scolaire, elle chemine dans un contexte familial et tale et processuelle qui conduit à les penser (panser) autre-
socioculturel étroitement intriqués. ment et hors d’une référence à des normes.
J.-L. Sudres et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 556–566 565

4. Suspension conclusive [14] Catheline N, Marcelli D. Phobie scolaire. In: Catheline M, editor.
Psychopathologie de la scolarité : De la maternelle à l’université.
Paris: Masson; 2003. p. 96–100.
Poser le diagnostic de phobie scolaire est en soi délicat et [15] Charlot B, Bautier E, Rocheix JY. École et savoir dans les banlieues...
périlleux dès que le praticien ne se limite pas à une simple et ailleurs. Paris: Armand-Colin; 1992.
lecture symptomatique ou bien à une modélisation en DSM [16] Coudert AJ. Psychopathologie de l’enfant et scolarité. Rapport intro-
IV. S’il peut signer une difficulté ponctuelle, il peut aussi bien ductif. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence 1985;33(8–
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être l’expression d’un trouble ancré dans une dynamique
[17] Diatkine G, Valentin E. Les phobies de l’enfant et quelques autres
développementale d’où la multiplicité de ses facettes et de formes d’anxiété infantile. In: Lébovici S, Diatkine G, Soulé M,
son inconfort nosographique. editors. Nouveau traité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.
En postulant d’intégrer la phobie scolaire dans ce que Paris: PUF; 1995. p. 1105–30.
nous nommons le syndrome d’inadaptation scolaire, nous [18] Dumas J. Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent. Bruxelles:
De Boeck Université; 2002.
disposons à la fois d’une perspective d’intelligibilité holisti- [19] Durand VM, Barlow DH. Psychopathologie. In: Une perspective
que et transdisciplinaire pour appréhender ce trouble et le multidimensionnelle. Bruxelles: De Boeck Université; 2002.
soigner. Appréhender les difficultés scolaires quelles qu’elles [20] Duru-Bellat M. L’échec scolaire : rouages sociaux, politiques pos-
soient, avec le regard de l’inadaptation revient à s’extirper sibles. Regards sur l’actualité 2003;293:39–48.
des classiques perspectives défectologiques qui les accompa- [21] Estes HR, Haylett C, Johnson AM. Séparation anxiety. Am J Psy-
chother 1956;10:682–95.
gnent. L’écart entre les attendus des parents, de l’école, du [22] Flagey D. Mal à penser, mal à être. In: Troubles instrumentaux et
monde socioprofessionnel et de la vie psychique de l’enfant pathologie narcissique. Ramonville Saint-Agne: Erès; 2002.
devrait davantage trouver d’écho dans nos pratiques et susci- [23] Fourasté R, Brandibas G, Sudres JL. La phobie scolaire : entité
ter dans l’avenir des recherches sur l’inadaptation scolaire en clinique ou syndrome d’inadaptation ? La Nouvelle Revue de l’AIS
Adaptation et intégration scolaire 2003;24:145–51.
tant que telle. In fine, rappelons que le métier d’élève débute
[24] Freud S. Analyse d’une phobie d’un petit garçon de cinq ans (le petit
de plus en plus tôt et génère précocement son lot de maux. Hans). In: Cinq psychanalyses. Paris: PUF; 1954. p. 93–197 (1909).
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