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Gynécologie Obstétrique & Fertilité 42 (2014) 681–685

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Article original

Risque de synéchie utérine après capitonnage utérin pour hémorragie


du post-partum
Risk of uterine synechiae following uterine compression sutures during postpartum
haemorrhage

A. Jamard a,b, M. Turck a, A. Chéret-Benoist a, M. Dreyfus a,b, G. Benoist a,*,b


a
Département d’obstétrique, de gynécologie et de médecine de la reproduction, pôle femmes-enfants, CHU de Caen, avenue de la Côte-de-Nacre, 14000 Caen,
France
b
Université de Caen – Basse-Normandie, 14000 Caen, France

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Historique de l’article : Objectif. – Les techniques de capitonnage utérin constituent des compléments aux ligatures vasculaires
Reçu le 13 janvier 2014 dans le traitement conservateur des hémorragies du post-partum. Cependant, elles exposent à un risque
Accepté le 28 avril 2014 de synéchies utérines. Évaluer la fréquence et le type de synéchies utérines après traitement
Disponible sur Internet le 1er juillet 2014
conservateur de l’hémorragie du post-partum par capitonnage utérin.
Patientes et méthodes. – Nous avons recensé rétrospectivement les patientes qui ont bénéficié de
Mots clés : techniques de capitonnage utérin dans le cadre de la prise en charge d’une hémorragie sévère du post-
Synéchie utérine
partum entre janvier 2002 et mars 2013 dans un CHU français avec maternité de niveau III. Les
Capitonnage utérin
Hémorragie de la délivrance
techniques de Cho, B-Lynch et B-Lynch modifié selon Hayman avaient été pratiquées. Nous avons ensuite
Traitement conservateur étudié les résultats de l’hystéroscopie diagnostique pratiquée dans les mois suivants.
Résultats. – Parmi les 25 patientes recensées, la technique de B-Lynch ou B-Lynch modifié selon Hayman
a été utilisée isolément dans 13 cas (52 %). La technique de Cho a été pratiquée, seule, pour 5 patientes
(20 %) et les deux techniques ont été associées dans 7 situations (28 %). Dans 17 cas (68 %), des ligatures
vasculaires ont été associées et, pour 7 patientes (28 %), une embolisation a été réalisée avant le
capitonnage. Parmi les 19 patientes qui ont bénéficié d’une hystéroscopie diagnostique, 13 avaient une
cavité normale (68 %), 3 présentaient des synéchies utérines (16 %) et 3 avaient une rétention placentaire
(16 %). Les rétentions et les synéchies ont été secondairement traitées par hystéroscopie.
Discussion et conclusion. – Les techniques de capitonnage sont donc pourvoyeuses de synéchies utérines
qui pourraient secondairement affecter la fertilité.
ß 2014 Publié par Elsevier Masson SAS.

A B S T R A C T

Keywords: Objectives. – Uterine compression sutures are highly successful conservative surgical techniques used to
Uterine synechiae treat severe postpartum haemorrhage. These methods can induce subsequent uterine synechiae. To
Uterine compression determine this risk of synechiae after conservative uterine compression sutures, which may induce
Postpartum haemorrhage
further fertility problems.
Conservative treatment
Patients and methods. – We retrospectively reviewed the medical and pathological records of the
patients who underwent uterine compression sutures for severe postpartum haemorrhage between
January 2003 and March 2013 in a French University Hospital. The Cho’s, the B-Lynch’s and the Hayman’s
techniques have been used. The results of the hysteroscopies were detailed.
Results. – Among the 25 patients included, the B-Lynch or the Hayman’s techniques have been used in
13 cases (52%). The Cho’s technique has been performed alone for 5 patients (20%) and both techniques
have been practiced in 7 situations (28%). In 17 cases (68%), some vascular sutures have been associated

* Auteur correspondant.
Adresses e-mail : guillaumebenoist33@gmail.com, benoist-gu@chu-caen.fr (G. Benoist).

http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2014.04.013
1297-9589/ß 2014 Publié par Elsevier Masson SAS.
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and, for 7 patients (28%), a vascular embolisation had been performed before the uterine compressive
sutures. Only 19 patients underwent a diagnostic hysteroscopy and among them 13 had a normal uterine
cavity (68%), 3 of them had uterine synechiae (16%) and 3 had placental retention (16%). Synechiae and
retention have all been successfully removed by operative hysteroscopy.
Discussion and conclusion. – The compressive techniques can induce uterine synechiae, which may
impair subsequent fertility.
ß 2014 Published by Elsevier Masson SAS.

1. Introduction et une révision utérine ont été pratiqués avant d’avoir recours à
une perfusion de sulprostone (Nalador1). Pour les césariennes, une
L’hémorragie du post-partum (HPP) est l’une des urgences injection de 10 unités d’ocytocine était également effectuée avant
obstétricales les plus redoutée. Sa fréquence est évaluée à 5 % [1]. la l’instauration intraveineuse de Nalador1. Les techniques de
Elle constitue l’une des causes principales de mortalité maternelle ligatures vasculaires n’étaient pas systématiquement associées au
en France [2]. L’atonie utérine en est l’une des causes les plus capitonnage. Le recours à l’embolisation a également été néces-
fréquentes [3]. Sa prise en charge consiste en une succession de saire dans certains cas. Les patientes ayant nécessité une
traitements médicaux, radio-interventionnels et/ou chirurgicaux hystérectomie d’hémostase ont été exclues.
[3–5]. La prise en charge chirurgicale comprend différentes Chez les patientes dont l’accouchement a été compliqué d’HPP
techniques de conservation utérine. En dernier recours, la pratique sévère ayant nécessité des techniques chirurgicales, un rendez-
d’une hystérectomie d’hémostase est parfois nécessaire. De vous de contrôle gynécologique à trois mois du post-partum est
nombreuses techniques de capitonnage utérin ont été décrites systématiquement programmé. Une hystéroscopie diagnostique
depuis 1989 [5–7]. Elles consistent à appliquer les parois est également proposée aux patientes qui présentent encore un
antérieures et postérieures de l’utérus l’une contre l’autre pour désir de grossesse, dans les mois qui suivent cette chirurgie de
assurer l’hémostase. Elles doivent être utilisées en association avec capitonnage afin de vérifier l’intégrité de la cavité utérine.
les ligatures vasculaires et l’embolisation artérielle [2]. Ces Les résultats des hystéroscopies réalisées ont été analysés
méthodes de capitonnage utérin ont prouvé leur efficacité dans rétrospectivement à partir des comptes rendus et photos des
le traitement de l’hémorragie sévère tout en permettant de examens. La fertilité des patientes dont l’hystéroscopie révélait des
préserver la fertilité [5,7]. synéchies a également été évaluée avec un recul minimum de
Il existe cependant peu d’informations sur les conséquences de 17 mois.
ces techniques en termes de fertilité ultérieure. De nombreuses
grossesses de déroulement normal ont été décrites après ce type de
capitonnage, cependant, la pratique de points transfixiants peut 3. Résultats
aussi engendrer des synéchies utérines et donc altérer la fertilité
ultérieure [7–12]. À l’extrême, le syndrome d’Asherman, défini par Sur une durée de 135 mois, 329 patientes, pour lesquelles
des accolements majeurs persistants entre les deux faces de l’accouchement a été compliqué d’une HPP sévère, ont été
l’utérus, a des conséquences notables sur la fertilité [7]. Afin de répertoriées. Cinquante-deux patientes ont été exclues en raison
dépister ces complications, il est donc préférable de réaliser des de la réalisation d’une hystérectomie d’hémostase. Les patientes
explorations dans le post-partum chez les patientes ayant ayant bénéficié de ligatures vasculaires ou d’embolisation arté-
bénéficié de ces techniques [13]. rielle sans capitonnage utérin n’ont pas été incluses. Au total,
Le but de cette étude était d’évaluer le risque de synéchies 25 patientes ayant bénéficié d’une technique de capitonnage utérin
utérines après capitonnage dans le traitement conservateur des dans le cadre de la prise en charge d’une HPP ont été sélectionnées
HPP. pour cette étude.
Les caractéristiques de la population d’étude sont résumées
2. Patientes et méthodes dans le Tableau 1. L’âge médian de ces patientes était de 30 ans
(22–40). La majorité des patientes était primipare avec un taux de
Il s’agit d’une étude observationnelle rétrospective réalisée 64 % (n = 16) contre 36 % de multipares (n = 9). Deux grossesses
dans un seul centre hospitalier universitaire français avec une étaient gémellaires (8 %). Le mode d’accouchement était la
maternité de niveau III. césarienne dans 88 % des cas (n = 22). Les indications des
Les patientes ayant accouché entre janvier 2002 et mars césariennes sont résumées dans le Tableau 2.
2013 ont été répertoriées. L’ensemble des patientes ayant présenté Les causes des HPP étaient l’atonie utérine dans 72 % des cas
une hémorragie de la délivrance (HPP) sévère ont été sélectionnées (n = 18) et une anomalie d’insertion placentaire de type praevia ou
à l’aide du logiciel de suivi de grossesse utilisé dans cette structure accreta dans 16 % des cas (n = 4). Un contexte de troubles de la
de soins depuis 2002 (4D1 Obstétrique). L’HPP sévère a été définie coagulation dans le cadre d’une pré-éclampsie et/ou d’un HELLP
comme une hémorragie résistante au traitement médical bien syndrome était constaté dans 12 % des cas (n = 3).
conduit, selon le protocole de prise en charge [4]. Dans 68 % des cas (n = 17), des ligatures vasculaires étaient
Nous avons ensuite recensé toutes les patientes qui ont associées au capitonnage utérin. Dans tous les cas, il s’agissait de
bénéficié d’une technique de capitonnage utérin de type B-Lynch, triples ligatures vasculaires. Dans 28 % des cas (n = 7), une
B-Lynch modifié selon Hayman et/ou Cho dans le cadre de la prise embolisation a été réalisée avant le capitonnage. La technique
en charge de cette HPP sévère. Dans tous les cas d’accouchement de B-Lynch ou B-Lynch modifié selon Hayman a été utilisée de
par les voies naturelles, une délivrance dirigée était effectuée. Les façon isolée dans 52 % des cas (n = 13). La technique de Cho a été
mesures initiales de prise en charge de l’hémorragie du post- pratiquée pour 20 % des patientes (n = 5) de manière isolée. Les
partum étaient identiques pour l’ensemble des patientes. Pour les deux techniques ont été associées de manière systématique pour
accouchements par voie basse, une injection de 10 unités augmenter les chances de réussite dans 28 % des situations (n = 7).
d’ocytocine était effectuée, puis un examen de la filière génitale Les suites opératoires ont été simples pour l’ensemble des
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Tableau 1
Caractéristiques de la population et résultats.

Cas Âge Parité Mode d’accouchement Cause de l’hémorragie Cho B-Lynch Ligatures Embolisation Hystéroscopie

1 29 M VB A + + S
2 38 M C P + + N
3 25 P C P + RP
4 22 P VB A + + + N
5 24 P C A + + S
6 28 M C A + + S
7 30 M C A + R
8 36 P C A + + N
9 29 M C A + + R
10 39 M C A + + R
11 28 P C A + + + N
12 26 P C CIVD + + N
13 31 P C A + + N
14 29 P C A + + N
15 23 P C A + + + N
16 26 P C CIVD + + N
17 25 P C A + + ?
18 36 P C A + + + + RP
19 36 P C P + + + + N
20 34 P C CIVD + + R
21 22 P VB P + + + N
22 36 P C A + + + N
23 27 M C P + N
24 28 M C A + + ?
25 40 M C A + + RP

P : primipare ; M : multipare ; C : césarienne ; VB : voie basse ; A : atonie ; P : placenta ; CIVD : coagulation intra-vasculaire disséminée ; N : normale ; S : synéchie utérine ; R :
refusée ; RP : rétention placentaire.

patientes hormis un cas d’endométrite du post-partum qui a été et ont été levées secondairement par hystéroscopie opératoire
traité par une antibiothérapie. permettant de rétablir une cavité normale, sans difficulté ni
Dix-neuf patientes ont accepté de réaliser une hystéroscopie complications. Ces patientes ont toutes les trois pu obtenir une
diagnostique à la recherche de synéchies entre trois et six mois grossesse secondairement dont l’une s’est compliquée d’une
post-partum. Les résultats sont résumés dans le Tableau 1. Quatre récidive d’HPP. Les 3 grossesses étaient spontanées et les délais
patientes ont refusé cet examen parce qu’elles n’avaient plus de de conception variaient de 6 à 10 mois.
désir ultérieur de grossesse (16 %) et deux patientes ont été
perdues de vue (8 %). 4. Discussion
Une cavité utérine normale a été observée pour 13/19 patientes
(68 %). Trois des 19 patientes étaient porteuses de synéchies Lors d’une évaluation hystéroscopique systématiquement
utérines (16 %). Enfin, 3/19 patientes présentaient une rétention pratiquée 3 mois après un accouchement marqué par une HPP
placentaire (16 %). Parmi les 3 patientes porteuses de synéchies, ayant nécessité le recours à une/des technique(s) de compression
deux d’entre elles avaient accouché par césarienne et la troisième ou de capitonnage utérin, associée(s) ou non à des ligatures
par voie basse. Deux ont bénéficié de la technique de Cho et une vasculaires, nous avons pu mettre en évidence 16 % de synéchies
d’une technique de B-Lynch modifié. Dans 2 des 3 cas, la procédure utérines sur une cohorte de 19 patientes. Le traitement de ces
de capitonnage était associée à une triple ligature. Aucune d’entre synéchies par voie hystéroscopique a permis une fertilité
elles n’avait présenté d’endométrite du post-partum. Les synéchies ultérieure.
étaient localisées au niveau de l’isthme dans un cas et au niveau du En 1997, des méthodes de compression utérine ont été décrites
fond utérin pour les deux autres. Toutes ces synéchies étaient fines pour la première fois par B-Lynch et al. [6,7]. Cette technique de
plicature consiste à réaliser une suture en bretelle autour du corps
de l’utérus afin de maintenir une compression continue des parois
utérines sans être transfixiante [5]. Une hystérotomie segmentaire
Tableau 2
Indications des césariennes.
est nécessaire, en utilisant celle de la césarienne si celle-ci a été
réalisée [6]. La meilleure indication de cette technique est l’atonie
Indications des césariennes Nombre utérine. Son taux de succès est évalué à 86 % [7]. En 2002, Hayman
HELLP syndrome 1 et al. ont décrit une technique de B-Lynch modifiée sans
Hémorragie fœto-maternelle 1 hystérotomie afin de favoriser l’hémostase [14]. Les deux ligatures
Hématome rétro-placentaire 1
sont indépendantes l’une de l’autre mais sont cette fois transfi-
Pré-éclampsie 2
Siège et contre-indication à la voie basse 1
xiante. En 2004, la technique de capitonnage selon Cho et al. a été
Utérus cicatriciel, siège et antécédent d’endométrite 1 publiée [6]. Elle a aussi pour but d’assurer l’hémostase par
du post-partum compression utérine en appliquant entre elles les parois anté-
Utérus cicatriciel et conditions locales défavorables 1 rieures et postérieures par des sutures transfixiantes multipoints
Anomalies du rythme cardiaque fœtal 2
en cadre. L’atonie et les anomalies de l’insertion placentaire sont
Métrorragies sur placenta praevia 2
Non-engagement à dilatation complète 3 les meilleures indications de cette technique [5]. Enfin, en 2008,
Présentation transversale en début de travail 1 Hackethal et al. mettent au point une technique de points en U
Stagnation de la dilatation 3 horizontaux transfixiants allant du fond utérin au col [15]. D’autres
Suspicion de chorioamniotite 2
auteurs ont également décrit des techniques de capitonnage utérin
Suspicion de rupture utérine 1
alternatives ou dérivées de celles sus-citées [14,16,17].
684 A. Jamard et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 42 (2014) 681–685

Tableau 3
Revue de la littérature.

Étude Nombre de cas Nombre de Nombre de Techniques Explorations Nombre de


césarienne voie basse synéchie (%)

d’Ercole et al., 2004 [5] 16 15 1 Cho  ligatures vasculaires Hystéroscopie 2 (12)

Desbriere et al., 2008 [18] 13 11 2 Cho  ligatures vasculaires Hystéroscopie 3 (18)

Poujade et al., 2011 [2] 15 ? ? Embolisation Hystéroscopie 4 (26)


Hackethal  ligatures vasculaires

Ibrahim et al., 2013 [11] 27 27 0 Cho Hystéroscopie 5 (18,5)


B-Lynch

Étude 19 16 3 Cho Hystéroscopie 3 (16)


B-Lynch  ligatures vasculaires  embolisation

Ces méthodes doivent être associées aux ligatures vasculaires Afin de tirer des conclusions significatives, une étude avec un
[2]. Elles ont fait la preuve de leur efficacité dans le traitement effectif plus important serait nécessaire. Cependant, le suivi de ces
conservateur de l’hémorragie sévère du post-partum et permet- patientes s’avère compliqué en raison des nombreuses perdues de
tent de préserver la fertilité [2]. Les résultats des études récentes vue. De même, le désir de grossesse incertain dans les suites d’une
sont résumés dans le Tableau 3. Dans l’étude de d’Ercole et al. HPP sévère limite les inclusions. Enfin, les ligatures vasculaires et
publiée en 2004, une hystéroscopie de contrôle a été pratiquée surtout l’embolisation qui sont associées aux techniques de
dans le suivi de 16 patientes : 2 présentaient une synéchie soit un compression constituent des facteurs confondants dans l’inter-
taux de 12 % et les 14 autres examens étaient normaux. Aucun prétation des résultats.
renseignement quant à la fertilité ultérieure n’était décrit dans Même si l’évaluation de la fertilité après capitonnage est
cette étude [5]. Dans l’étude de Desbriere et al., publiée en 2008 et incomplète dans notre étude en raison du nombre important de
concernant 13 patientes, l’hystéroscopie réalisée à 6 mois perdues de vue, les résultats semblent rassurants et concordent
montrait 2 synéchies sur 11 patientes (18 %) [18]. Dans l’étude avec les données publiées au préalable [2,9,19]. En 2009,
de Poujade et al., publiée en 2011, parmi les 15 patientes ayant eu Sentilhes et al. ont réalisé une revue de la littérature au sujet
une hystéroscopie ou une hystérosalpingographie, 4 présentaient des grossesses après capitonnage utérin [8]. Ils ont recensé
des synéchies utérines (26 %) qui ont toutes été levées par 14 cas dont 13 sans complications. La majorité de ces études
hystéroscopie. Enfin, une des 15 patientes a pu obtenir une étaient des cas cliniques. Les grossesses obtenues étaient toutes
grossesse ultérieure, sans que l’on sache si elle faisait partie de spontanées. La plupart du temps aucune séquelle n’était visible
celles porteuses de synéchie [2]. Dans l’étude d’Ibrahim et al., sur l’utérus. Une grossesse s’est compliquée d’une pré-éclampsie
parmi les 27 patientes répertoriées, 5 présentaient des synéchies avec récidive de l’HPP ayant nécessité une hystérectomie
utérines qui ont été toutes traitées par hystéroscopie soit un taux d’hémostase [8].
de 18,5 % [11]. Dans notre série, les synéchies étaient retrouvées Ainsi, même si les techniques de capitonnage semblent
chez 3 patientes sur 19 soit un taux de 16 %. Ainsi, notre taux de intéressantes du fait de leur plus grande simplicité de réalisation
synéchies est concordant avec les données disponibles dans la et de leur efficacité tout en permettant une préservation de la
littérature. Dans les 3 cas, il s’agissait de techniques de caractère fertilité, elles demeurent pourvoyeuses de complications avec une
transfixiant. Les synéchies importantes responsables du syn- fréquence non négligeable, souvent sous-estimées par le manque
drome d’Asherman sont peu décrites après capitonnage utérin, de suivi à long terme et doivent donc être réservées aux
contrairement aux gestes plus invasifs [7]. On ne retrouve aucun hémorragies sévères, résistantes aux traitements médicamenteux
cas de syndrome d’Asherman dans notre étude. [2,19].
Nous n’avons pas pu identifier une technique de capitonnage
plus sujette à complications qu’une autre. Il serait intéressant de 5. Conclusion
comparer les résultats en fonction des techniques employées à la
recherche de différences en termes de survenue de synéchies, ainsi De nombreux cas de grossesse ont été décrits après traitement
que d’évaluer le lien avec les ligatures vasculaire ou la réalisation conservateur par capitonnage utérin. Cependant, ces techniques
d’une embolisation. Il n’a jamais été décrit de différence peuvent aussi avoir des conséquences sur la fertilité. Les patientes
significative entre les techniques sauf pour la celle d’Hackethal qui bénéficient de ce traitement doivent donc en être informées. Le
qui semblerait être plus génératrice de complications que les risque de synéchie existe et une hystéroscopie diagnostique doit
autres [2,5,10,19]. leur être proposée afin de les diagnostiquer et de les traiter, le cas
Devant la fréquence des complications, il nous apparaı̂t licite de échéant. Afin d’optimiser la prise en charge de ces patientes, un
proposer une évaluation de la cavité utérine à distance de registre national a été proposé afin de documenter la réussite ou
l’accouchement (hystérosonographie, hystéroscopie ou hystéro- l’échec de ces techniques ainsi que leurs conséquences à court et à
graphie). Il n’y a pas de consensus quant à la date de réalisation des long termes.
explorations. L’hystéroscopie diagnostique, technique simple et
peu invasive, pourrait être la technique de choix pour la mise en
évidence des synéchies [2,11,13]. Déclaration d’intérêts
En ce qui concerne la prise en charge de ces lésions observées en
hystéroscopie, les synéchies sont le plus souvent accessibles à un Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
traitement simple [11,19]. Les résultats de notre étude sont, là relation avec cet article.
aussi, concordants avec la littérature avec des lésions qui ont
toutes été traitées par hystéroscopie. Cette prise en charge permet Remerciements
de restituer une cavité morphologiquement normale afin d’envi-
sager une grossesse dans les meilleures conditions. Nathalie Lamendour.
A. Jamard et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 42 (2014) 681–685 685

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