Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
SEMIOLOGIE DE LA TRAUMATOLOGIE (ST)
1. DEFINITION : Nous entendrons par ST, l’ensemble des symptômes, signes cliniques, et toute autre informations anamnestiques, permettant aux personnels de soins, d’obtenir le bilan des lésions complet à propos d’un malade traumatisé. C’est une sémiologie riche et vaste qui concerne en fait toutes les spécialités cliniques, chacune en ce qui concerne son territoire anatomique ; bien que les plus fréquentes soient celle du squelette appendiculaire et que les plus mortelles soient, neurochirurgicales, thoraciques et abdominales. Pour cette raison, et pour faciliter l’enseignement, une systématisation est nécessaire, nous choisissons l’une des plus populaires, celle du journal Européen des urgences qui repartit le corps humain en 6 secteurs traumatologiques à savoir : la tête et le cou, le système maxillo-faciale, le thorax, l’abdomen, le squelette appendiculaire, et l’enveloppe musculo-cutanée. Les sémiologies respectives plus détaillés et plus précises sont à voir avec les enseignants de la spécialité afférente. En ce qui me concerne, mon job est donc de voir avec vous la sémiologie traumatologique de l’appareil locomoteur qui se résume en 6 questions à savoir : la sémiologie des fractures fermées, la sémiologie des fractures ouvertes, la sémiologie des luxations, la sémiologie des entorses, la sémiologie des poly fractures, et la sémiologie des polytraumatismes que nous étudierons dans cet ordre après avoir parlé des gestes préliminaires devant un traumatisme.
2. LES GESTES PRELIMINAIRES DEVANT UNE VICTIME DE
TRAUMATISME : face à une victime de traumatisme, le médecin ou toute autre personnel de la santé doit, avant même de commencer son anamnèse, installer confortablement la victime, la rassurer, arrêter les grosses hémorragies éventuelles, panser les éventuelles grosses lésions ouvertes, réaligner les éventuelles grosses déformations sur des attèles (même de fortune), administrer une analgésie puissante par voie parentérale, etc, etc. PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
3. SEMIOLOGIE DES FRACTURES FERMEES : la sémiologie des
fractures fermées est l’ensemble des symptômes, signes et autres informations anamnestiques permettant le diagnostic et la classification des fractures fermées. Elle comporte des signes anamnestiques ou fonctionnels, les signes cliniques ou physiques, et des signes radiologiques. 3.1. Les signes anamnestiques des fractures fermées : au moins 3 sont classiques à savoir : 3.1.1. La notion du traumatisme ; qui comporte sont type (accident de la voie publique, de sport, d’aire de jeu, de travail etc.), son mécanisme (qui peut être un impact direct, une torsion, un écrasement, une compression, ou un mécanisme complexe), son lieu, son délai. 3.1.2. La notion de douleur : elle est constante, la douleur étant toujours localisée sur le segment de membre, et d’intensité sévère, insupportable, concomitante à l’impact et à la survenue de l’accident. 3.1.3. L’impotence fonctionnelle totale : il s’agit de l’incapacité à effectuer les gestes usuels de ce segment de membre ou du membre lui- même ; c’est dire, pour le membre inférieur se tenir debout, ou pour le membre supérieur, tenir un stylo ou écrire !
3.2. Les signes physiques des fractures fermées : il faut
d’emblée dire la difficulté à les établir du fait de la sévérité de la douleur qui limite l’examen clinique à l’inspection (la palpation et les autres manipulations sont indécentes chez le traumatisé du fait de la douleur que ces gestes peuvent provoquer). Mais à bien observer, et au mieux sur un membre aligné dans une attèle et sur une victime ayant reçu une bonne dose d’antalgique, on peut très clairement noter 4 signes : 3.2.1. La tuméfaction du foyer de fracture : elle est constante du faite de l’hématome qui succède à l’évènement fracturaire et se voit comme une augmentation nette du volume du membre sur une faible distance, mais sur toute la circonférence. 3.2.2. La déformation du segment de membre fracturé : qui s’établit et s’observe le plus souvent sous forme de varus (en C inversé), de valgus (en demi X), en rotation externe (le bord externe de l’extrémité PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
du membre sur l’attèle ou le lit) ou interne (bord interne de l’extrémité du
membre sur l’attelle ou le lit). 3.2.3. Le raccourcissement du membre : Il s’observe surtout au membre inférieur en comparant par la simple vue et sans essayer de mesurer objectivement (du fait de la douleur) sa longueur à celle du membre controlatérale.
3.3. Les signes radiologiques de la fracture fermée : la description des
signes radiologiques de la fractures fermée se résument à 3 choses : sa localisation diaphysaire, ou articulaire ; la description du type de trait fracturaire simple et donc de type A, intermédiaire et donc de type B, ou comminutif et donc de type C ; et enfin la classification de la fracture dans la classification la plus utilisée pour la dite fracture dans la littérature ou celle de l’AO lorsqu’aucune classification n’a fait ses preuves. 3.3.1. Les fractures diaphysaires : elles seront dites de type A, B, ou C selon que le trait de fracture apparaîtra simple, à coin ou comminutif. On peut aller plus loin en précisant la hauteur médio diaphysaire, voire métaphysaire proximale ou distale. PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
3.3.1 Les fracture articulaires : On dira qu’une fracture articulaire est
de type A ou extra articulaire ou métaphysaire vraie, lorsque son trait n’atteint point la surface articulaire ; de type B lorsqu’il y a un refend articulaire unique et de type C lorsque les fragments articulaires sont au moins deux.
3.3.3. Classification des fractures : enfin, l’analyse radiologique
d’une fracture se termine par son étiquetage du site et de son type dans la classification la plus populaire de la littérature lorsqu’elle existe ; et dans le cas contraire en type A, B ou C de l’AO. Quelques classifications populaires sont par exemple : celle de Weber pour les fractures malléolaires, celle Schatzker pour le plateau tibial, celle de Garden pour le col du fémur de la personne âgée, celle de Tile pour le bassin, et celle de Judet et Letournel pour le cotyle.
4. SEMIOLOGIE DES FRACTURES OUVERTES : la sémiologie des fractures
ouvertes est la même que celle de fracture fermées en plus des signes de l’ouverture de l’enveloppe musculo-cutanée qui en fait toute une problématique complexe en terme de risque d’infection extrêmement élevé. Le problème diagnostic ici, est qu’en plus de la classification de la fracture elle-même comme PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
ci-dessus, on est contraint de classer la solution de continuité cutanéomusculaire
selon la célèbre classification de Gustillo et Anderson en 5 types :
4.1. Fracture ouverte de type I de Gustillo & Anderson : on définit
ainsi, une fracture ouverte dont la taille de l’ouverture est inférieur ou égale à 1 cm. En arrière-pensée, elle est supposée être le moins contaminé possible, du moins schématiquement. 4.2. Fracture ouverte de type II de Gustillo & Anderson : on définit ainsi, toutes les fractures ouvertes dont la taille de l’ouverture est comprise entre 1 et 10 cm. 4.3. Fracture ouverte de type III A de Gustillo & Anderson : on définit ainsi, toutes les fractures ouvertes dont la taille de l’ouverture est supérieure à 10 cm, sans une perte de substance et par conséquent aisée à fermer. 4.4. Fracture ouverte de type III B de Gustillo & Anderson : comme ci- dessus, mais avec une perte de substance et dont la fermeture correcte nécessite la procédure des lambeaux bien qu’il n’y est point de dégâts vasculaires ni nerveux. 4.5. Fracture ouverte de type III C de Gustillo & Anderson : on désigne ainsi, toutes fractures ouvertes présentant des lésions vasculaires ou nerveuses. PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
Tableau résumé de la classification des fractures ouvertes
Illustration de fractures ouvertes de gauche à droite : type I, type II,
type III A
5. SEMIOLOGIES DES LUXATIONS : la sémiologie des luxations est
l’ensemble des signes fonctionnels, des signes physiques, des critères anamnestiques et en fin, des signes radiologiques permettant le diagnostic complet d’une luxation. Il faut d’emblée PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
dire que des 3 points de vue des informations de l’anamnèse,
des signes fonctionnels et des signes physiques, les luxations présentent point par moins, les mêmes données que les fractures articulaires fermées ; d’autre part, la douleur induite par les manœuvres qui auraient permis d’établir le différentiel ont contraint la communauté des orthopédistes à se contenter du diagnostic radiologique par ailleurs largement suffisant. 5.1. Diagnostic radiologique des luxations : comme dit ci-dessus, du point de vue anamnestique et clinique, les luxations vont énormément ressembler aux fractures articulaires au point de largement permettre le doute avant la radiographie qui sera la clé du diagnostic. On recherche trois aspects radiologiques : 5.1.1. Le déboitement entre les 2 surfaces articulaires : il faut alors décrire et étalonner le degré de luxation Par exemple, dans l’entité la plus fréquente que constitue la luxation antérointerne de l’épaule, il faut préciser si elle extra coracoïdienne, sous coracoïdienne, ou intra coracoïdienne. 5.1.2. Le défaut d’un trait de fracture sur les 2 épiphyses : ce qui confirme que la luxation est bien isolée et sans fracture associée. 5.1.3. L’association d’une luxation à une fracture : cette entité est très fréquente dans la hanche ou s’associe fracture du mur postérieur du cotyle et luxation postérieur de la hanche. En ce qui concerne l’épaule c’est l’association fracture du trochiter et luxation antérointerne qui est le plus observée. 6. SEMIOLOGIE DES ENTORSES : après les fractures fermées, les fractures ouvertes, et les luxations, les entorses constituent la quatrième entité classique de la traumatologie du squelette appendiculaire. Il s’agit de lésions traumatiques des ligaments allant de la simple contusion à la rupture totale. Leurs sémiologies, de localisation articulaire, sera voisine de celles des fractures articulaires et des luxations si l’on y extrait la tuméfaction. Après une anamnèse évocatrice tantôt de fracture articulaire tantôt de luxation, dans l’impossibilité de faire des tests ligamentaires à chaud, et avec des radiographies n’objectivant ni fracture, ni luxation, le diagnostic d’entorse sera fait par élimination !!! Et ce PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
n’est que 7 à 10 jours plus tard, lorsque le processus inflammatoire a
suffisamment régressé et rendu possible l’examen clinique, que les tests ligamentaires seront entrepris aux fins de conclure si l’entorse est bénigne, modérée ou sévère. Dans certains cas comme celui du genou l’IRM objectivera les lésions. 5.2. Sémiologie de l’entorse bénigne : on dira qu’une entorse est bénigne, lorsque les tests de stress ligamentaires ne présentent aucune laxité et sa sémiologie se limite à la douleur et à l’impotence fonctionnelle. Du point de vue morphologique ceci correspond à une simple contusion ligamentaire sans élongation encore moins rupture. 5.3. Sémiologie de l’entorse modérée : on dira qu’une entorse est modérée, lorsque les tests de stress ligamentaires présentent une laxité partielle, c’est-à-dire ne survenant que sous stress, et pas spontanément en plus de la douleur et de l’impotence fonctionnelle. Du point de vue morphologique ceci correspond à une contusion-élongation ligamentaire sans véritable rupture. 5.4. Sémiologie de l’entorse grave : on dira qu’une entorse est grave, lorsque la laxité ligamentaire survient spontanément en plus de la douleur et de l’impotence fonctionnelle. Du point de vue morphologique ceci correspond à une rupture ligamentaire totale.
6. SEMIOLOGIE DU POLYFRATURE : Le terme poly fracturé, est utilisé
par certains auteurs ou même certains hôpitaux pour désigner les victimes porteuses de plusieurs lésions qui, prises isolément ou dans l’ensemble, ne mettent point en jeu le pronostic de survie. Dans cette catégorie qui est en croissance depuis la culture des mototaxis dans nos contrées, on observe 3 associations fréquentes à savoir : 6.1. Le genou flottant ; qui associe une fracture du fémur à celle de la jambe homolatérale. 6.2. Le coude flottant ; qui associe une fracture de l’humérus à celle de l’avant-bras homolatéral. 6.3. Le genou flottant associé à l’humérus homo ou controlatérale. PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
7. SEMIOLOGIE DU POLYTRAUMATISE : On désigne ainsi, toute victime
présentant plusieurs lésions donc au moins une est potentiellement mortelle. Il en est ainsi des trois lésions les plus mortelles que sont : le traumatisme crâniens graves, les plaies/contusions thoraciques graves, et les plaies/contusions abdominales graves. La sémiologie d’une telle entité regroupe par conséquent et de facto, celle de tous les 6 systèmes traumatologiques conventionnels qui doivent tous être examinés en particulier chez le patient comateux. Les 6 systèmes conventionnels de la chirurgie traumatologique* étant : la tête et le cou, le système maxillo- facial, le thorax, l’abdomen, le squelette appendiculaire et les destructions musculocutanées. A chacun de ces 6 systèmes est accordé un score lésionnel gradué de 0 à 6 en fonction de son atteinte et appelé score AIS (Abreviated injury severity scale). Une fois les 6 AIS calculés, on calcule par la suite la score ISS (injury severity score) égal à la somme des carrés des trois AIS les plus élevés et variant de 0 à 75. Le score ISS permet d’apprécier la gravité de chaque traumatisé, de le classer et de fixer le niveau de priorité en particulier dans un contexte d’afflux massif. 7.1. Calcul du score AIS de chacun de 6 systèmes : la valeur de l’AIS sera de : 7.1.1. AIS = 0, lorsque que le système ne présentera aucune lésion 7.1.2. AIS = 1, lorsque le système présentera une lésion mineure d’évolution spontanément favorable, 7.1.3. AIS = 2, lorsque le système aura une lésion de bon pronostic sous traitement conservateur non invasif, 7.1.4. AIS = 3, lorsque le système présentera une lésion nécessitant un traitement invasif conventionnel bien codifié pour un bon pronostic, 7.1.5. AIS = 4, lorsque comme ci-dessus associé à la réanimation 7.1.6. AIS = 5, lorsqu’il y a présence d’une lésion nécessitant un traitement très spécialisé ou de pronostic réservé. 7.1.7. AIS = 6 pour des lésions constamment Mortelles. 7.2. LE CALCUL DE L’ISS CHEZ UN POLYTRAUMATISME : L’ISS qui est la somme des carrés des 3 AIS les plus élevés, représente la quotation totale PR JEAN BAHEBECK, ORTHOPAEDIC CONSULTANT SURGEON, BP : 25095 messa Yaoundé, Cameroun Mobile : 00 237 699000298, E-Mail : jbahebeck@yahoo.fr
du polytraumatisé ; elle varie 0 à 75, ce maximum correspondant à la valeur
attribuée d’emblée a tout malade présentant une lésion constamment mortelle. Les vrais polytraumatisés ont une ISS supérieur à 16 ; entre 16 et 20 le pronostic est en général bon ; à l’inverse il va s s’altérer au fur et à mesure de l’augmentation de la faiblesse du plateau technique et du système de ramassage et de secours aux blessés. En plus de l’ISS, l’autre score obligatoire chez le polytraumatisé sera celui des comas de Glasgow, variable de 3 à 15. Il vous sera enseigné par les neurochirurgiens ou les réanimateurs.
Sutures Chirurgicales: Un Manuel Pratique sur les Nœuds Chirurgicaux et les Techniques de Suture Utilisées dans les Premiers Secours, la Chirurgie et la Médecine Générale