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Gynécologie Obstétrique & Fertilité 39 (2011) 3–7

Article original

Fertilité des patientes présentant une endométriose traitées par cœlioscopie


et AMP

Endometriosis and fertility: Results after surgery and Assisted Reproductive Technology (ART)

C. Dechanet *, S. Rihaoui, L. Reyftmann, B. Hedon, S. Hamamah, H. Dechaud


Département de médecine et biologie de la reproduction, pôle naissances et pathologies de la femme, hôpital universitaire A.-de-Villeneuve, 371, avenue du Doyen-G.-Giraud, 34295
Montpellier cedex 5, France

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Historique de l’article : Objectif. – Évaluer la fertilité des patientes atteintes d’endométriose et traitées par cœlioscopie puis par
Reçu le 11 septembre 2009 assistance médicale à la procréation.
Accepté le 26 janvier 2010 Patientes et méthodes. – Étude rétrospective sur 79 patientes présentant une infertilité associée à une
Disponible sur Internet le 22 décembre 2010
endométriose, après traitement cœlioscopique. La fertilité a été étudiée selon le mode d’obtention de la
grossesse (spontanée ou par AMP) et selon le stade AFSr de l’endométriose.
Mots clés : Résultats. – Après cœlioscopie, 8,9 % des patientes ont eu une grossesse spontanée. Le taux cumulé de
Endométriose patientes enceintes après cœlioscopie puis IIU était de 21,5 %. Enfin, après cœlioscopie puis IIU puis FIV,
Fertilité 68,4 % des patientes ont obtenu une grossesse. Le délai moyen d’obtention de grossesse spontanée a été
Traitement cœlioscopique
de 460 jours, de 271 jours en IIU et de 600 jours en FIV.
AMP
Parmi les stades I-II (n = 62 patientes), 11,3 % des patientes ont obtenu une grossesse spontanée après
Grossesse
traitement cœlioscopique. L’IIU a fait passer le taux cumulé de patientes enceintes à 25,8 % et la FIV à
66,1 %. Le délai moyen d’obtention de grossesse a été de 460 jours après cœlioscopie, de 279 jours en IIU
et de 589 jours en FIV.
Parmi les stades III-IV (n = 17), le taux cumulé de patientes enceintes était de 76,4 %. Aucune grossesse
spontanée n’a été observée. 94,1 % des patientes ont bénéficié d’un traitement par FIV avec un taux de
patientes enceintes de 70,6 %. Le délai moyen d’obtention d’une grossesse était de 563 jours.
Conclusion. – Une prise en charge des patientes ayant une endométriose par cœlioscopie puis par AMP
permet d’obtenir une grossesse chez plus de deux tiers d’entre elles dans un délai de moins de deux ans,
et cela quel que soit le stade de la pathologie. Cette prise en charge successivement par cœlioscopie puis
par AMP potentialise les chances de grossesse. Actuellement, le délai optimal de prise en charge en AMP
suite à un traitement cœlioscopique reste à définir.
ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

A B S T R A C T

Keywords: Objective. – To evaluate fertility outcomes after laparoscopic and ART management of endometriosis in
Endometriosis an infertile population.
Infertility Patients and methods. – Retrospective analysis including 79 infertile patients treated by laparoscopic
Laparoscopic treatment
surgery. Fertility was studied in relation to pregnancy’s mode (spontaneous or ART) and to
ART
Pregnancy
endometriosis stages (rAFS).
Results. – After laparoscopy, 8.9% of patients had a spontaneous pregnancy. IIU led to a cumulative rate
of pregnant women of 21.5%. Then after laparoscopy, IIU and IVF, 68.4% of patients were pregnant. The
average delay was 460 days between laparoscopy and spontaneous pregnancy, 271 days between
surgery and IIU pregnancy and 600 days between surgery and IVF pregnancy.
Among women with stages I-II endometriosis (62 cases), 11.3% patients obtained a spontaneous
pregnancy, the cumulative rate of pregnant women after laparoscopy and IIU was 25,8%. After
laparoscopy, IIU and IVF, 66.1% of patients were pregnant. The average post-surgical time to spontaneous

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : clodechanet@gmail.com (C. Dechanet).

1297-9589/$ – see front matter ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.gyobfe.2010.08.018
4 C. Dechanet et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 39 (2011) 3–7

pregnancy was 460 days. The average delay between surgery and IIU pregnancy was 279 days and 589 days
between surgery and IVF pregnancy.
In case of stages III-IV (17 patients), 76.4% of pregnancies were obtained. No spontaneous pregnancy was
observed. 94.1% of patients were treated with IVF, leading to a global rate of pregnancy of 70.5%. The average
delay between surgery and IVF pregnancy was 563 days.
Conclusions. – With a combination of surgery and ART, two-third of patients were pregnant with an average
time between surgery and pregnancy of less than two years. This combination (surgery and ART) increases
the chances of becoming pregnant. At the moment, the delay between surgery and ART needs to be
established.
ß 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction 11,25 mg, Ipsen, France) a été instauré. Après la chirurgie, les
patientes ont tenté une grossesse spontanée. Celles n’ayant pas
L’endométriose est retrouvée chez 5 à 20 % de la population obtenu de grossesse spontanée dans un délai d’environ 12 mois ont
féminine en général et chez 20 à 90 % des patientes qui consultent été orientées vers une prise en charge par AMP avec IIU seules, FIV
pour une infertilité [1]. Le mécanisme physiopathologique seules ou IIU puis FIV. Les patientes ont toutes été contactées afin
impliqué dans l’altération de la fertilité est actuellement mal de connaı̂tre l’issue suite à la chirurgie (grossesses spontanées ou
connu. Des mécanismes immunologiques et inflammatoires sont par AMP) et le délai entre la chirurgie et la grossesse. Seules les
probablement impliqués dans l’endométriose. Une endométriose grossesses évolutives avec activité cardiaque à 12 semaines
sévère est associée à des adhérences pelviennes et une anomalie d’aménorrhée ont été retenues.
des rapports tubo-ovariens pouvant être responsable d’un trouble Le type de grossesse (spontanée ou par AMP) a été étudié en
mécanique de la fertilité. Une altération quantitative et qualitative fonction du stade de l’endométriose ainsi que du délai d’obtention
du liquide péritonéal semble créer un environnement délétère de grossesse (spontanée ou suite à une AMP).
pour les spermatozoı̈des, l’ovocyte et l’embryon [2,3]. Ces Les résultats sont exprimés en moyenne ( écart-type), [valeur
modifications immunologiques et inflammatoires [4] de l’envi- minimale–valeur maximale] et en valeur absolue et pourcentage.
ronnement péritonéal sont responsables d’une baisse de la fertilité
alors qu’aucune perturbation de l’anatomie n’est visualisée,
notamment chez les patientes atteintes d’endométriose peu 3. Résultats
sévère. Lors de la prise en charge d’une infertilité due à une
endométriose, deux possibilités s’offrent aux cliniciens : la Le nombre de patientes présentant une infertilité associée à
chirurgie par cœlioscopie avec destruction des lésions macro- une endométriose était de 80. Une a été perdue de vue laissant
scopiques et l’assistance médicale à la procréation [5] avec un échantillon de 79 patientes. Leurs caractéristiques sont
l’insémination intra utérine (IIU) et la Fécondation in vitro [6]. résumées dans le Tableau 1. Leur âge moyen était de 31,1 ans
L’objectif de cette étude a été d’étudier la fertilité des patientes (3,7) [19–39].
présentant une endométriose en fonction du stade de la pathologie La sévérité de l’endométriose se répartissait de la façon suivante
et de définir la modalité d’obtention d’une grossesse (spontanée ou (Tableau 1) : 41,8 % des patientes (33/79) présentaient un stade I,
par AMP) et le délai d’obtention de cette grossesse après un 36,7 % (29/79) un stade II, 17,7 % (14/79) un stade III, 3,8 % (3/79) un
traitement cœlioscopique. stade IV.
Toutes les patientes ont été traitées par cœlioscopie. Après
traitement chirurgical, sept (8,9 %) ont obtenu une grossesse
2. Patientes et méthode spontanée. Parmi les 72 patientes en échec de grossesse spontanée,
34 (47,2 %) ont été traitées par IIU, 56 par FIV (77,8 %) dont 21 par
Il s’agit d’une étude épidémiologique observationnelle avec IIU puis FIV (29,2 %) (Tableau 2).
inclusion rétrospective des patientes traitées par cœlioscopie et Parmi les patientes traitées par IIU (n = 34), dix grossesses ont
assistance médicale à la procréation pour une infertilité d’origine été observées (29,4 %). Le taux de grossesse par cycles était de
endométriosique, entre janvier 2001 et octobre 2006. Les patientes 14,5 %. Le délai moyen de prise en charge en IIU était de 239 jours
présentaient un désir de grossesse de plus de 18 mois. Ont été et le délai moyen entre chirurgie et grossesse en IIU était de
exclues de cette étude les patientes âgées de plus de 40 ans, celles 271 jours.
présentant une autre cause d’infertilité associée (anomalie de Parmi les patientes traitées par FIV (n = 56), 37 (66,1 %) ont
l’ovulation, pathologie tubaire d’origine infectieuse ou adhérentielle obtenu une grossesse. Le taux de grossesse par cycle était de 34,9 %.
autre que secondaire à une endométriose), celles dont le conjoint Le délai moyen entre la cœlioscopie et la FIV était de 434 jours. Le
présentait une anomalie du spermogramme selon les normes WHO délai moyen d’obtention de grossesse était de 600 jours.
(world health organization 1999). Les patientes présentant des signes
biologiques de déficience ovarienne (FSH > 12 UI/L) ont été exclues
de cette étude compte tenu du caractère péjoratif de la déficience Tableau 1
ovarienne sur les résultats de la FIV. Caractéristiques des patientes.
Les patientes ont bénéficié d’une cœlioscopie diagnostique Âge (années) 31,1 [19–39]
permettant une stadification de l’endométriose selon la classifica-
IMC (kg/m2) 21,5  3,8
tion AFSr. Les lésions macroscopiques visibles d’endométriose ont
été traitées par électrocoagulation ou par laser. Les adhérences ont Durée infertilité (mois) 41,2  22,7
été traitées par adhésiolyse. Les endométriomes ont été réséqués Stade endométriose
par kystectomie intrapéritonéale. I 33/79 (41,8 %)
Après traitement cœlioscopique de l’endométriose, lorsque la II 29/79 (36,7 %)
III 14/79 (17,7 %)
résection chirurgicale des lésions paraissait incomplète, un
IV 3/79 (3,8 %)
traitement par analogue de la GnRH (Triptoréline, Décapeptyl LP
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Tableau 2
Résultats en termes de fertilité (post cœlioscopie, IIU et FIV) tous stades confondus.

Cœlioscopie IIU FIV

Nombre de patientes 79 34 56
Taux de grossesses 7/79 (8,9 %) 10/34 (29,4 %) 37/56 (66,1 %)
Délai moyen cœlio–AMP (jours) – 239 [22–1856] 434 [62–1616]
Délai moyen cœlio–grossesse (jours) 460 [30–1440] 271 [115–386] 600 [134–1643]
Nombre total de tentatives – 69 106
Nombre moyen de tentatives/patientes – 2,0  1,3 1,9  1,2
Taux de grossesse/tentative – 14,5 % 34,9 %
Taux cumulé de grossesse (7/79) 8,9 % (17/79) 21,5 % (54/79) 68,4 %

Avec cette association cœlioscopie puis AMP, nous avons après cœlioscopie, IIU puis FIV était de 66,1 % dans un délai
observé sept grossesses spontanées, dix grossesses après IIU et d’environ 19 mois (589 jours). Trois approches thérapeutiques
34 grossesses post FIV. Les taux de grossesses cumulés étaient de successives sont utilisées afin de permettre l’obtention d’une
8,9 % après cœlioscopie, puis de 21,5 % après cœlioscopie + IIU puis grossesse.
de 68,4 % après cœlioscopie + IIU + FIV. Le délai moyen d’obtention Nous avons pu constater dans les stades AFS I-II, la cœlioscopie
de grossesse après cœlioscopie + IIU + FIV était de 600 jours permettait l’obtention de grossesse spontanée chez 11,3 % des
(Tableau 2 et Fig. 1). patientes. Ce taux de grossesse, relativement plus faible que ceux
Parmi les patientes en stades AFSr I-II (n = 62) (Tableau 3), 29 retrouvés dans la littérature [7,8], peut être expliqué par la longue
(46,8 %) ont été traitées par IIU et 41 (66,1 %) par FIV. Il a été durée d’infertilité qui précède la prise en charge et par la petite
observé sept grossesses spontanées (11,3 %) post cœlioscopie. taille de l’échantillon. L’intérêt d’un traitement cœlioscopique de
Parmi les patientes traitées par IIU (n = 29), une grossesse a été l’endométriose dans le cadre d’une infertilité a été l’objet de
observée chez neuf des patientes (31,0 %). Le taux de grossesse par plusieurs investigations. L’étude ENDOCAN a montré lors d’un
tentative était de 14,8 %. Le délai moyen entre cœlioscopie et essai prospectif, l’intérêt d’un traitement cœlioscopique avec
grossesse en IIU était de 279 jours. Parmi les patientes traitées par l’obtention d’un taux de fécondité cumulée de 30,7 % dans le
FIV (n = 41), 25 (61,0 %) ont obtenu une grossesse. Le taux de groupe de patientes traitées contre 17,7 % dans le groupe de
grossesse par tentative était de 30,5 %. Les taux de grossesse patientes diagnostiquées mais non traitées [7]. Lors d’un essai
cumulés étaient de 11,3 % après cœlioscopie, puis de 25,8 % après similaire, Parazzini n’a pas trouvé d’amélioration de la fertilité
cœlioscopie + IIU puis de 66,1 % après cœlioscopie + IIU + FIV. Le spontanée lors d’un traitement cœlioscopique avec des taux de
délai moyen d’obtention d’une grossesse après cœliosco- grossesse de 23,5 % dans le groupe traité et 28,9 % dans le groupe
pie + IIU + FIV était de 589 jours. non traité [8]. Une méta-analyse reprenant les données de ces deux
Parmi les patientes en stade AFSr III-IV (n = 17) (Tableau 4), études précédentes a confirmé l’intérêt du traitement chirurgical
aucune grossesse spontanée n’a été observée. Quatre patientes ont de l’endométriose dans l’infertilité avec des chances de grossesse
bénéficié d’une IIU et une patiente a obtenu une grossesse. Seize augmentées par 1,6 [9]. Dans notre échantillon, ce taux reste
patientes ont été traitées par FIV avec l’obtention de 12 grossesses. relativement plus bas que ceux décrits dans la littérature mais
Le taux de grossesse par tentative était de 48,1 %. Le délai moyen apporte chez 11,3 % des patientes la possibilité d’une grossesse
d’obtention d’une grossesse par FIV était de 563 jours. Les taux après en moyenne 41 mois d’infertilité. Cependant, après traite-
cumulés de grossesse étaient de 5,9 % après cœlioscopie et IIU, puis ment cœlioscopique, il a été observé que près de deux tiers des
de 76,4 % après cœlioscopie + IIU + FIV. patientes n’obtenaient pas de grossesse [7,8,10] et qu’une
stagnation des taux cumulés de grossesse apparaissait 12 mois
4. Discussion après l’intervention [7,11].
Après traitement par cœlioscopie, nous avons observé que
Dans cette étude, nous avons obtenu, tous stades confondus, 31,0 % des patientes traitées par IIU ont obtenu une grossesse avec
68,4 % de grossesses dans un délai maximum de 600 jours. Les taux des taux par tentative de 14,8 %. L’utilisation de l’IIU dans le
cumulés de grossesse était de 8,9 % après cœlioscopie, puis de traitement de l’infertilité par endométriose de stades I et II est un
21,5 % après cœlioscopie et IIU, puis de 68,4 % après cœliosco- sujet de controverse [12–15]. En l’absence de traitement cœlios-
pie + IIU + FIV. copique, les taux de grossesses observés, en IIU, se situent entre
Chez les patientes stades I-II, grâce à cette prise en charge 6,5 et 16,3 % [12,16,17], taux inférieurs à ceux obtenus avec
associant cœlioscopie puis AMP, la proportion de patiente ayant d’autres étiologies d’infertilité [13,17,18]. En associant cœlioscopie
obtenu une grossesse suite à la cœlioscopie était de 11,3 %, de et IIU avec un délai moyen de sept mois entre ces deux approches,
31,0 % après IIU et 66,1 % par FIV. Les taux cumulés de grossesse Werbrouck et al. trouvent des taux de grossesses de 20 %, taux
[()TD$FIG] identiques à d’autres indications de IIU, et concluent à un rôle
potentialisateur de la cœlioscopie sur les résultats en IIU [19]. Dans
notre série, en cumulant traitement cœlioscopique et IIU, 21,5 % de
nos patientes ont obtenu une grossesse. Des IIU dans le traitement
de l’infertilité avec endométriose stades I-II, malgré des résultats
modestes, entrent dans un schéma thérapeutique associant
cœlioscopie et AMP. Actuellement aucune étude n’a déterminé à
quel moment en postopératoire, les chances de grossesse
spontanée semblaient inférieures aux chances d’obtention d’une
grossesse par IIU, moment qui correspond à une indication d’AMP.
Une prise en charge par FIV a permis, dans notre étude, des taux
de grossesse par tentative de 30,5 %, résultats proches de ceux
Fig. 1. Fertilité des patientes endométriosiques traitées par cœlioscopie, IIU puis retrouvés dans la littérature [6,20,21]. Le rôle de la cœlioscopie
FIV. thérapeutique dans un éventuel effet potentialisateur des résultats
6 C. Dechanet et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 39 (2011) 3–7

Tableau 3
Résultats en termes de fertilité (post cœlioscopie, IIU et FIV) des stades I-II.

Cœlioscopie IIU FIV

Nombre de patientes 62 29 41
Taux de grossesse 7/62 (11,3 %) 9/29 (31,0 %) 25/41 (61,0 %)
Délai moyen cœlio–AMP (jours) – 202 [22–1856] 443 [130–1616]
Délai moyen cœlio–grossesse (jours) 460 [30–1440] 279 [115–386] 589 [134–1444]
Nombre total de tentatives – 61 82
Nombre moyen de tentatives/patientes – 2,1  1,3 2,0  1,3
Taux de grossesse/tentatives – 14,8 % 30,5 %
Taux cumulé de grossesse 7 (11,3 %) 16 (25,8 %) 41 (66,1 %)

Tableau 4
Résultats en termes de fertilité (post cœlioscopie, IIU et FIV) des stades III-IV.

Cœlioscopie IIU FIV

Nombre de patientes 17 4 16
Nombre de grossesse 0 1 12
Délai moyen cœlio–AMP (jours) – 483 [248–911] 438 [62–1020]
Délai moyen cœlio–grossesse (jours) – – 563 [212–1020]
Nombre total de tentatives – 4 25
Nombre moyen de tentatives/patientes – 1 1,6  1,0
Taux de grossesse/tentatives – 25 % 48,1 %
Taux cumulé de grossesse 0 (0 %) 1 (5,9 %) 13 (76,4 %)

obtenus en FIV reste un sujet de débat [22,23]. Aucune étude ne entre chirurgie et FIV afin de définir le moment optimum de la
compare les résultats en FIV après cœlioscopie diagnostique et prise en charge par FIV.
thérapeutique. Miller et al., sur un modèle murin, ont démontré Dans les stades III-IV, nous n’avons pas observé, de façon
l’effet délétère du sérum de patiente endométriosique sur la surprenante, de grossesse spontanée dans un délai de prise en
fertilité et le développement embryonnaire et l’efficacité d’un charge de 14 mois (438 jours), contrairement à ce qui a pu être
traitement cœlioscopique sur le développement embryonnaire observé par d’autres études [11,32–34]. Cette absence de grossesse
[24]. Ces constatations tendent à préconiser l’intérêt d’un observée peut s’expliquer par la petite taille de notre échantillon et
traitement avec résection des lésions d’endométriose. Littman le recul après la chirurgie de deux ans maximum. Après chirurgie,
et al. ont démontré dans une étude, l’efficacité de la cœlioscopie la prise en charge en AMP permet une grossesse chez 76,4 % de nos
avec traitement des lésions d’endométriose après plusieurs cycles patientes. La proportion de patientes obtenant une grossesse par
de FIV. Après traitement chirurgical, ils ont montré sur un petit AMP lors de stades III-IV est relativement élevée et peut être
échantillon, une augmentation de la fertilité spontanée et des expliquée par l’âge jeune de nos patientes et par l’absence de
résultats en FIV, soulignant le rôle de la cœlioscopie dans patientes présentant des signes de déficience ovarienne, connu
l’amélioration des résultats en FIV [25]. pour diminuer les résultats de la stimulation ovarienne. Le rôle
Dans notre étude, l’association cœlioscopie puis AMP a permis d’un effet bénéfique de la chirurgie lors de stade sévère en vue
l’obtention d’une grossesse pour 66,1 % de nos patientes. d’une amélioration de la fertilité et des résultats de la FIV n’est pas
Somigliana et al., chez des patientes traitées chirurgicalement démontré et reste un sujet de controverse [35]. Pagidas et al., en
pour endométriose, ont observé que plus d’un tiers, d’entre elles associant chirurgie à deux tentatives de FIV, retrouvaient dans les
obtenaient une grossesse spontanée et que 20 % des patientes en stades III-IV des taux de grossesse de 69,7 % [36]. Coccia et al., chez
FIV après échec de grossesse spontanée avaient obtenus une des patientes traitées pour endométriose stades III et IV, ont
grossesse [26]. observé des taux de grossesse spontanée chez 28,3 % des patientes
Dans une étude similaire avec des patientes traitées par [27]. Puis, parmi les patientes en échec de grossesse spontanée
cœlioscopie pour endométriose, Coccia et al. avaient observé traitées par FIV, 23,3 % ont obtenu une grossesse. En cumulant
48,9 % de patientes avec une grossesse spontanée. Puis parmi les chirurgie puis FIV, 45 % des patientes ont été enceintes.
patientes en échec de grossesse spontanée mais traitées par FIV, En cas d’endométriose sévère et en l’absence d’endométriome
41,7 % avaient obtenu une grossesse. En cumulant chirurgie puis visible lors d’une imagerie préalable, le diagnostic et la stadifica-
AMP, 70,2 % des patientes avaient obtenu une grossesse [27]. tion de la maladie n’est possible qu’au cours d’une cœlioscopie.
La notion de délai entre cœlioscopie et prise en charge en FIV est Après un diagnostic lésionnel et un traitement chirurgical, les
un sujet de controverse. Les lésions récidivent chez 12 à 78 % des patientes doivent être orientées vers une prise en charge en AMP.
patientes expliquant peut-être la stagnation des taux cumulées de Ces patientes doivent bénéficier d’un traitement par FIV préféren-
grossesses spontanées dans les 12 à 18 mois qui suivent le tiellement à une IIU, compte tenu des faibles résultats des IIU en
traitement [28–30]. Cette stagnation des taux de grossesse cas d’endométriose sévère [15,37]. Nos résultats en FIV sont
spontanée après 12 mois en postopératoire incite à une prise en encourageants dans ces stades avancés d’endométriose. L’influ-
charge à ce moment-là par AMP. Cependant, ce délai optimal entre ence de la sévérité de l’endométriose sur les résultats de la FIV reste
chirurgie et AMP reste actuellement à définir. Surrey et Schoolcraft, un sujet débattu [38–41] bien que la méta-analyse de Barnhart
en comparant cœlioscopie puis FIV avec un délai inférieur à six et al. retrouvait des taux de grossesse plus bas chez les patientes
mois et cœlioscopie et FIV avec un intervalle de plus de six mois, ne présentant une endométriose sévère [42]. La notion de délai entre
retrouvaient pas de différence en termes de grossesse quel que soit cœlioscopie et AMP semble fondamentale et reste actuellement à
le délai de prise en charge en AMP [31]. D’autres études définir. Au vu de nos taux de grossesses spontanées, une prise en
prospectives semblent nécessaires en comparant différents délais charge rapide par AMP semble préférable. Sallam et al. ont
C. Dechanet et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 39 (2011) 3–7 7

démontré l’intérêt d’une prise en charge précoce en AMP avec [16] Omland AK, Tanbo T, Dale PO, Abyholm T. Artificial insemination by husband
in unexplained infertility compared with infertility associated with peritoneal
désensibilisation hypophysaire prolongée à l’aide d’agoniste de la endometriosis. Hum Reprod 1998;13(9):2602–5.
GnRH : un traitement chirurgical avec FIV et protocole ultra long [17] Ahinko-Hakamaa K, Huhtala H, Tinkanen H. Success in intrauterine insemi-
sont associés à des chances de grossesse significativement plus nation: the role of etiology. Acta Obstet Gynecol Scand 2007;86(7):855–60.
[18] Tummon IS, Asher LJ, Martin JS, Tulandi T. Randomized controlled trial of
élevées (OR = 4,28) [2,00–9,15] [43]. superovulation and insemination for infertility associated with minimal or
mild endometriosis. Fertil Steril 1997;68(1):8–12.
5. Conclusion [19] Werbrouck E, Spiessens C, Meuleman C, D’Hooghe T. No difference in cycle
pregnancy rate and in cumulative live-birth rate between women with
surgically treated minimal to mild endometriosis and women with unex-
Le traitement des patientes présentant une infertilité associée à plained infertility after controlled ovarian hyperstimulation and intrauterine
une endométriose est possible par la cœlioscopie et l’AMP. Cette insemination. Fertil Steril 2006;86(3):566–71.
[20] Meden-Vrtovec H, Tomazevic T, Verdenik I. Infertility treatment by in vitro
prise en charge fait appel successivement à un traitement
fertilization in patients with minimal or mild endometriosis. Clin Exp Obstet
chirurgical par cœlioscopie puis par une AMP en l’absence de Gynecol 2000;27(3–4):191–3.
grossesse et permet l’obtention d’une grossesse chez près de deux [21] Nardo LG, Moustafa M, Beynon DW. Reproductive outcome after laparoscopic
tiers des patientes dans un délai inférieur à deux ans. Le délai de treatment of minimal and mild endometriosis using Helica Thermal Coagu-
lator. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2006;126(2):264–7.
prise en charge par AMP suite à une cœlioscopie reste à définir. [22] The Practice Comittee of the American Society for Reproductive Medicine.
Pour les stades I-II, une cœlioscopie suivie d’une AMP, IIU puis FIV Endometriosis and infertility. Fertil Steril 2004;81(5):1441–6.
dans un délai de 12 mois semble acceptable. Ce délai peut être [23] Brosens I. Endometriosis and the outcome of in vitro fertilization. Fertil Steril
2004;81(5):1198–200.
modulé en fonction de facteurs pronostiques connus tels que l’âge [24] Miller KA, Pittaway DE, Deaton JL. The effect of serum from infertile women
de la patiente, la qualité de la réserve ovarienne et la durée de with endometriosis on fertilization and early embryonic development in a
l’infertilité. Pour les stades III-IV, la cœlioscopie doit être suivie murine in vitro fertilization model. Fertil Steril 1995;64(3):623–6.
[25] Littman E, Giudice L, Lathi R, Berker B, Milki A, Nezhat C. Role of laparoscopic
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qui reste aujourd’hui à déterminer. Des études complémentaires Fertil Steril 2005;84(6):1574–8.
sont nécessaires afin d’évaluer l’intérêt de la chirurgie avant une [26] Somigliana E, Daguati R, Vercellini P, Barbara G, Benaglia L, Crosignani PG. The
use and effectiveness of in vitro fertilization in women with endometriosis:
prise en charge en AMP, notamment dans les stades sévères. Des the surgeon’s perspective. Fertil Steril 2009;91(5):1775–9.
études prospectives comparant cœlioscopie et AMP à des [27] Coccia ME, Rizzello F, Cammilli F, Bracco GL, Scarselli G, Endometriosis. et al.
intervalles différents sont nécessaires afin de trouver le moment An integrated approach for successful management. Eur J Obstet Gynecol
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