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L'INTERACTIONNISME SYMBOLIQUE DE BLUMER REVISITÉ

Lionel Lacaze

De Boeck Supérieur | « Sociétés »

2013/3 n° 121 | pages 41 à 52


ISSN 0765-3697
ISBN 9782804185923
DOI 10.3917/soc.121.0041
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-societes-2013-3-page-41.htm
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Dossier

L’INTERACTIONNISME SYMBOLIQUE
DE BLUMER REVISITÉ
Lionel LACAZE *

Résumé : Cet article est une contribution à la redéfinition de l’interactionnisme sym-


bolique à partir d’une revue critique du travail de David Snow qui tente de refonder les
perspectives d’Herbert Blumer. Dans un premier temps, sont présentées quelques sources
théoriques issues de l’école de Chicago. Ensuite, sont exposées les extensions apportées
à la définition de Blumer basée sur l’imputation de sens par D. Snow (détermination
interactionnelle, symbolisation, émergence, agentivité). Il se conclut par une appréciation
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critique de l’essai de reconstruction théorique de D. Snow et par une discussion axée sur
l’importance pour la sociologie de l’intelligibilité de la notion d’interaction sociale et des
vicissitudes de sa réception.
Mots clés : interactionnisme symbolique, H. Blumer, École de Chicago

Abstract: This article is a contribution to the redefinition of symbolic interactionism from a


critical review of the work of David Snow who attempts to rebuild the prospects of Herbert
Blumer. As a first step, are presented some theoretical sources from the Chicago school.
Then are exposed the extensions of Blumer’s definition based on imputation of meaning
by D. Snow (interactional symbolization, emergence, agentivity). It concludes with a criti-
cal assessment of Snow’s test of theoretical reconstruction and a discussion focused on the
importance for sociology of the intelligibility of the notion of social interaction and the
vicissitudes of its reception.
Keywords: symbolic interactionism, H. Blumer, Chicago School

Cet article intervient sur fond d’une redécouverte des microsociologies et du retour
de l’acteur en sociologie. L’œuvre du philosophe américain George Herbert Mead

* Docteur en psychologie sociale (Université Lumière – Lyon 2, 2006). Courriel :


llcze.69007@gmail.com. Mes remerciements vont à Dmitri Shalin (Université du Nevada
à Las Vegas) pour ses encouragements.

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(1863-1931), auteur posthume d’un classique des sciences sociales 1 longtemps


oublié, est ainsi ouverte à la relecture et revisitée. On assiste aussi actuellement
dans le monde à une renaissance de l’intérêt pour le pragmatisme, l’École de
Chicago et en particulier l’interactionnisme symbolique dont les préceptes restent
mal connus. Ainsi, le rôle majeur qu’il assigne à l’interaction sociale est largement
sous-estimé voire incompris. Or, dès l’origine, la psychologie sociale est un des
domaines majeurs de l’École de Chicago, telle qu’offerte dans l’enseignement de
Mead, dès 1900, et de ses successeurs E. Faris et H. Blumer, un fait parfois omis,
notamment en France 2.
La perspective s’institutionnalise sous le nom d’interactionnisme symbolique,
un néologisme barbare (tel que le reconnaît son auteur) utilisé pour la première
fois dans un article intitulé « Social psychology », publiée en 1937 3 par Herbert
Blumer (1900-1987). Il y propose une nouvelle voie pour une psychologie
sociale axée sur le concept d’interaction symbolique à une époque où règnent
instinctivisme et béhaviorisme. La doctrine, restée longtemps inédite, est forgée
à partir d’une relecture de Mead, mais pas seulement 4 au cours d’une longue
période de gestation. C’est dans ses cours à Chicago qu’il transmet à ses dis-
ciples sa doctrine. Il est avec E. W. Burgess (1886-1966), L. Wirth (1897-1952)
et E. C. Hughes (1897-1983) parmi ceux qui vont contribuer à la création de la
« deuxième école » de Chicago (après 1945), et fait figure de « passeur » entre
les deux générations. Mais pressentant le déclin, en 1952, Blumer quitte Chicago
et prend un nouveau départ à Berkeley, formant ce qu’on appellera désormais
l’« école Chicago-californienne ». Au cours, des années 1960 et 1970, il participe
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avec ses disciples à l’émergence de l’interactionnisme symbolique comme une
spécialité à part entière de la sociologie étasunienne. Cependant, c’est tardive-
ment que des publications portant explicitement le label symbolique-interaction-
niste paraissent. Blumer ne publie un ouvrage qui porte ce titre qu’en 1969 ; il
s’agit d’une compilation d’articles déjà publiés mais précédée d’une introduction
de 60 pages, un texte incontournable qui contient toute sa position. Sont ensuite
créés la Société pour l’étude de l’interaction symbolique et une revue, Symbolic

1. G. H. Mead, Mind, Self and Society: From the Point of View of the Social Behaviorist,
University of Chicago Press, Chicago, 1934 (trad. franç., L’esprit, le soi et la société, Presses
universitaires de France, Paris, 1963 ; repr., 2006).
2. Cf. J.-M. Chapoulie, La tradition sociologique de Chicago, 1892-1967, Seuil, Paris,
2001. Au contraire, sa place est centrale dans l’ouvrage de Lester Kurtz, Evaluating Chicago
Sociology: A Guide to the Literature, with Annotated Bibliography, University of Chicago
Press, Chicago, 1984, p. 29-48.
3. H. Blumer, “Social psychology”, in E. P. Schmidt (dir.), Man and Society: A Substantive
Introduction to the Social Science, Prentice-Hall, New York, 1937, pp. 144-198 (p. 158).
4. Comme le souligne Tamotsu Shibutani, elle est restée longtemps une théorie invi-
sible, propagée uniquement sur le mode de la tradition orale. Les principales influences
revendiquées par Blumer sont (outre Mead) celles de C. H. Cooley, J. Dewey, W. James,
R. E. Park, W. I. Thomas, L. Wirth, F. Znaniecki ; cf. T. Shibutani (dir.), Human Nature and
Collective Behavior: Papers in Honor of Herbert Blumer, Prentice-Hall, Englewood Cliffs,
1970, p. 11. Et aussi : J. M. Baldwin, E. W. Burgess, Ellsworth Faris et Robert Redfield.

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Interaction (à partir de 1977), qui attestent du succès théorique et organisationnel


du mouvement.
En France, la résistance à ces idées est patente. Il faudra la venue d’E. Goffman
et surtout H. S. Becker à partir des années 1980 pour qu’émerge un intérêt pour
les idées dont il est le meilleur porte-flambeau. Le présent article se voudrait
une contribution à une visibilité accrue de l’interactionnisme symbolique à partir
d’un essai de refondation de sa définition dans une revue critique d’un travail de
David A. Snow.

Interactionnisme symbolique et École de Chicago


Un point essentiel et incontournable est que « l’École de Chicago a envisagé le
rapport entre individu et société en tant que processus » 5, un dogme qui unit tous
ses représentants de Mead à Blumer en passant par Dewey, Faris, Thomas, Park
et d’autres.
Un des premiers, William I. Thomas (1863-1947) a jeté les bases d’une « ana-
lyse situationnelle » répudiant instinctivisme et behaviorisme. Il introduit ainsi la
notion de « définition de la situation ». Blumer reprend cette idée affirmant que
la réalité est faite de situations. La signification des situations dans laquelle est
immergé l’acteur social influence ses actions ultérieures. Thomas et son collabo-
rateur Florian Znaniecki ont fondé ce qu’on appelle l’« approche situationnelle ».
Une situation y est définie comme « un ensemble de valeurs et d’attitudes aux-
quelles l’individu ou le groupe a affaire dans un processus d’activité et par rap-
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port auxquelles cette activité est organisée et son résultat apprécié » 6. Plus tard,
Thomas affinera cette notion dans The Unadjusted Girl (1923), où il écrit que
« préliminaire à toute action autodéterminée, il y a toujours une phase d’examen
et de délibération que nous pouvons appeler la définition de la situation » 7. Dans
son discours présidentiel à l’American Sociological Society en 1927, il souligne
que « les comportements particuliers et la personnalité totale sont majoritairement
conditionnés par les types de situation et les cours d’expérience rencontrés par
l’individu au cours de sa vie » 8. Il va même jusqu’à attribuer la désorganisation
sociale à un conflit de définitions des situations. L’année suivante, il énonce ce
à quoi Robert K. Merton se réfère comme au « Théorème de Thomas », selon
lequel « si les hommes définissent une situation comme réelle, elle le sera dans
ses conséquences » 9. Cet énoncé axiomatique est baptisé en 1948 Self-fulfilling

5. A. Abbott, « Le concept de l’ordre social et la sociologie des processus de l’École de


Chicago », in Suzie Guth (dir.), Modernité de Robert Ezra Park: les concepts de l’École de
Chicago, L’Harmattan, Paris, 2008, pp. 117-128 (p. 118).
6. W. I. Thomas & F. Znaniecki, The Polish Peasant in Europe and America. Badger,
Knopf, New York, 2e éd., 1927, p. 68.
7. W. I. Thomas, The Unadjusted Girl., Little, Brown, Boston, 1923, p. 331.
8. W. I. Thomas, “The behavior pattern and the situation”, Publications of the American
Sociological Society, 22, 1928, pp. 1-13 (p. 1).
9. W. I. Thomas & D. S. Thomas, The Child in America, Knopf, New York, 1928, p. 584.

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prophecy, c’est-à-dire prédiction créatrice, ou réalisation automatique des prédic-


tions 10. Depuis lors, la notion de « définition de la situation est devenue une des
clés de voûte de l’interactionnisme symbolique » 11.
De son côté, Robert E. Park (1866-1944), à partir de 1914, l’éminence grise
et la figure majeure des sociologues de la première école de Chicago 12, fondateur
de l’écologie urbaine, élève de G. Simmel, à qui il reprend sa propre définition
de la notion d’interaction 13, dote la tradition de Chicago de recherches ethno-
graphiques sur le terrain et la ville, tout en portant un intérêt aux questions du
comportement collectif et des relations interethniques. Ces aspects de l’apport de
Park seront repris par Blumer dans ses recherches et écrits macrosociologiques
(ici hors champ).
Quelques-uns de ses étudiants directs notent que ses cours étaient très construits
et d’une grande densité mais s’y ajoutaient un style d’enseignement et une mise
en scène qui valaient à son auteur auprès des étudiants le surnom admiratif de
« magicien » (the wizard). Il est vrai, Blumer tarde à écrire et il le fait dans un style
dense et très abstrait mais incisif. Il pose d’emblée que quelques points théoriques
incontournables sont nécessaires pour comprendre l’interactionnisme symbolique,
ce sont les « métaphores racines ». À travers elles, on peut saisir comment il rend
compte de la conduite humaine et de l’ordre social 14.

Les « métaphores racines » de l’interactionnisme symbolique


L’interactionnisme symbolique postule que l’être humain est un organisme qui
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possède un soi (self), c’est-à-dire qu’il peut se voir, s’adresser à lui-même et agir
envers lui-même de la même façon qu’il peut le faire envers autrui et ceci grâce
à la « prise de rôle » (role-taking). Le soi est un processus et non une chose logée
dans la tête, comme le pensent certains. C’est la constatation de ce fait premier
qui a un caractère fondateur. Blumer reprend certes à Mead l’idée du « soi » (self)
comme produit de la conversation intérieure. Mais il va au-delà de Mead pour qui
la conversation, comme forme majeure de l’interaction sociale, est d’abord un dia-
logue avec soi-même comme un autre. En effet, Blumer avance que le monologue
intérieur est un processus d’interaction symbolique où l’autre est toujours présent
même s’il est physiquement absent ou imaginaire. L. Athens a particulièrement

10. Cf. R. K. Merton, “The Thomas theorem and The Matthew effect”, Social Forces. 74,
1995, pp. 379-424.
11. Cf., L. Kurtz, 1984, op. cit., p. 30-31.
12. Ce champ est bien balisé en France : cf. Y. Grafmeyer & I. Joseph (dir.), L’École de
Chicago : naissance de l’écologie urbaine, Aubier, Paris, 1979 ; Alain Coulon, L’École de
Chicago, Presses universitaires de France, Paris, 1992 (pp. 24-25).
13. Cf. le manuel de R. E. Park & E. W. Burgess, Introduction to the Science of Sociology,
University of Chicago Press, Chicago, 1921, pp. 339-432.
14. L. H. Athens, “Blumer’s advanced social psychology course”, Studies in Symbolic
Interaction, 14, 1993, pp. 155-162.

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développé cette vision du « soliloque » 15 et ses implications constitutives d’ordre


psychosocial.
La conceptualisation blumérienne de l’interaction symbolique est incontour-
nable même si elle ne fait pas l’unanimité et que certains ironisent sur sa valeur
d’incantation liturgique. D’autres remarquent qu’elle rend la perspective identi-
fiable contre toute autre en plaçant la question du sens au cœur de son système
théorique, ce que d’autres négligent. Mais certains remarquent aussi que son usage
quasi ritualiste tend à produire des effets limitatifs. C’est le constat de David Snow
dans un article publié en 2001, lequel se propose d’apporter des correctifs. Il motive
sa démarche par le fait que Blumer « illumine et obscurcit à la fois les choses en
mettant l’accent sur certains aspects et principes centraux de l’action sociale plutôt
que d’autres » 16. D. Snow prend pour point de départ les trois axiomes de base de
l’interactionnisme symbolique tels qu’ils ont été formulés par Blumer. Rappelons
d’abord ces trois points issus du premier chapitre de Symbolic Interaction (1969),
où l’auteur les formule.
Premier point : « Les êtres humains agissent envers les choses sur la base du
sens qu’elles ont pour eux 17. »
Second point : « La signification de ces choses dérive et émerge de l’interaction
avec autrui 18. »
Troisième point : « Le sens est traité et modifié par un processus d’interpréta-
tion auquel a recours la personne qui a affaire à celles-ci 19. »
Ce troisième point se dédouble en deux propositions :
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« D’abord l’acteur s’indique à lui-même les choses envers lesquelles il agit »,
ensuite, « en vertu de ce processus de communication avec soi-même, l’interpré-
tation devient une affaire de traitement de sens 20. »
Dans sa définition, Blumer met l’accent explicitement sur les processus de défi-
nition et d’interprétation. Autrement dit, il pointe le fait que la dimension du sens
se trouve au cœur de l’association humaine.
L’intérêt théorique de cet accent mis sur le sens et l’interprétation paraît aller
de soi. Il n’en est rien. Toute une vision du rapport individu-société en découle.
D. Snow a le projet dans son article d’aller au-delà de Blumer et de reconfigurer les
principes de base de l’interactionnisme symbolique. Pour Snow, si les métaphores
racines constituent toujours une voie de passage obligée, l’accent mis sur le sens
et l’interprétation est trop restrictif et doit être élargi à d’autres aspects, lesquels

15. L. H. Athens, “The Self as a soliloquy”, The Sociological Quarterly, 35, 1994,
pp. 521‑532.
16. D. A. Snown, “Extending and broadening Blumer’s conceptualization of Symbolic
interactionism”, Symbolic Interaction, 24, 2001, pp. 367-377 (p. 368).
17. H. Blumer, Symbolic Interaction: perspective, and method, Prentice-Hall, Englewood
Cliffs, 1969, p. 2.
18. Ibid.
19. Ibid.
20. Ibid.

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fournissent la base des recherches interactionnistes contemporaines. Les correctifs


qu’il souhaite apporter concernent quatre points :
–– le principe de détermination interactionnelle ;
–– le principe de symbolisation ;
–– le principe d’émergence ;
–– le principe d’agentivité.

Le principe de détermination interactionnelle


Le principe de détermination interactionnelle comporte une stipulation parfois
négligée. Les objets d’analyse de l’interactionnisme symbolique (par exemple, les
concepts de soi, de rôle, de comportement collectif, d’organisation) « ne peuvent
pas être atteints pleinement en s’occupant seulement des qualités qui leur sont
intrinsèques » 21. On ne doit pas omettre la dynamique des « contextes interaction-
nels ou des réseaux de relations », qui fonde leur base. Les objets sociaux décrits
plus haut n’existent pas en eux-mêmes mais « seulement en relation mutuelle entre
eux » 22. C’est donc à l’examen de leur interaction, qu’elle soit réelle, virtuelle ou
imaginée, que l’on doit s’attacher.
En fait, Snow pense que deux idées doivent être prises en compte. Il admet
en substance que l’interactionnisme symbolique traite comme « problématique, et
donc comme objets d’observation et d’analyse » un certain nombre de processus
d’interaction sociale (aux niveaux micro ou méso) que les autres théories ignorent
ou négligent. Pour bien saisir les autres principes de symbolisation, d’émergence
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et d’agentivité, il faut comprendre « les contextes interactionnels dans lesquels ils
sont enracinés et desquels ils émergent » 23.
En somme, Snow tente d’expliquer que l’interactionnisme symbolique est
l’étude de l’interaction. Or, en France, il semble y avoir quelque résistance à saisir
la portée sinon le sens de ce concept. On y entend généralement un vague intérêt
pour les domaines du relationnel ou de l’interpersonnel. Les travaux de Goffman
et notamment son approche dramaturgique ont certainement suscité ce malen-
tendu par son attention exclusive aux relations face à face. Loin de cela, l’interac-
tion doit être pensée comme un processus social et un acte collectif.
« Parce que l’interaction par définition n’est pas une activité solitaire, une idée
de la conduite humaine centrée sur cette idée ne se focalise pas sur des actes isolés
d’individus mais sur le développement de l’action collective, sur la façon dont les
gens agissent ensemble pour créer une activité qui devient quelque chose à quoi
ils ont tous contribué 24. »

21. D. A. Snow, “Extending and broadening Blumer’s conceptualization of Symbolic inte-


ractionism”, op. cit.
22. Ibid.
23. Ibid., p. 370.
24. H. S. Becker, « Quelques idées sur l’interaction », in Alain Blanc & Alain Pessin
(dir.), L’art du terrain : mélanges offerts à Howard S. Becker, L’Harmattan, Paris, 2004,
pp. 245‑255 (p. 247).

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Substituant le terme d’« action conjointe » à celui meadien d’« acte social »,
Blumer y voit « une forme d’action collective élargie qui est constituée par l’adap-
tation mutuelle des lignes d’action de participants séparés » 25. Que ce soit une
transaction commerciale, un dîner de famille, un mariage, un match, un débat, une
guerre, un procès, etc., ils peuvent être considérés comme une « action conjointe ».
Car la vie sociale est essentiellement comprise comme « l’adaptation mutuelle de
lignes d’action par les membres du groupe » 26. Cette articulation des lignes d’action,
que Blumer appelle l’action conjointe, énonce que « chaque individu aligne son
action sur l’action d’autres individus en s’assurant de ce qu’ils font ou de ce qu’ils
ont l’intention de faire – c’est-à-dire en comprenant la signification de leurs actes 27. »
Cette vision est au cœur de l’interactionnisme symbolique et est un aspect
obligé pour saisir sa conception de l’action conjointe des acteurs sociaux comme
constitutive d’un ordre social de nature processuelle.

Le principe de symbolisation
Dans ce principe, Snow tente de dénoncer certaines conceptions erronées qui ont
amené à négliger ce que P. Berger et T. Luckmann nomment le processus de « sédi-
mentation » 28. Ces conceptions erronées sont liées, selon Snow, au recours excessif
à l’imputation du sens. Il en découle une sous-estimation des systèmes institués
du sens qui « sont enracinés et réfléchis dans les contextes organisationnels et cul-
turels existants » 29. Snow cherche à attirer l’attention sur l’institutionnalisation du
sens ou sur la manière dont les symboles en viennent à être tenus pour acquis et
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routinisés. Et de l’autre côté, sur la manière dont les significations sédimentées et les
cadres culturels existants sont débattus, contestés, ce qui altère les fondements com-
muns de l’action et aboutit à de nouvelles interprétations et de nouveaux cadres.
Une des contributions principales de Mead et Blumer serait que les origines de
la conscience sont « une interaction sociale qui est devenue une institution, avec
des positions établies qui sont stables dans le temps » 30.
Blumer insiste sur le caractère instituant de l’action conjointe : « Bien que
créée à partir de divers actes la comprenant et qui entrent dans sa formation, [elle]
est différente de chacun d’eux et de leur propre agrégation. L’action conjointe

25. H. Blumer, Symbolic Interactionism, op. cit., p. 540.


26. Ibid., pp. 16-17.
27. H. Blumer, “Society as symbolic interaction”, in Arnold M. Rose (dir.), Human
Behavior and Social Processes, Houghton-Mifflin, Boston, 1962, pp. 179-192 (trad. franç.,
« La société en tant qu’interaction symbolique », Sociétés, 66, 1999, 95-105, p. 98).
28. P. L. Berger & T. Luckmann, The Social Construction of Reality, Doubleday, Garden
City, 1966 (trad. franç., La construction sociale de la réalité, Méridiens/Klincksieck, Paris,
1986, pp. 95-96).
29. D. A. Snow, “Extending and broadening Blumer’s conceptualization of Symbolic inte-
ractionism”, op. cit.
30. A. Gillespie, “G. H. Mead: Theorist of the social act”, Journal for the Theory of Social
Behaviour, 35 (1), 19-39 (p. 27).

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a un caractère distinctif de plein droit, un caractère qui repose sur l’articulation


ou le lien comme existant en dehors de ce qui peut être articulé ou lié. Ainsi,
l’action commune peut être identifiée comme telle et peut être évoquée et traitée
sans avoir à la décomposer en des actes distincts qui la composent. [...] C’est ce
que nous faisons quand nous parlons de choses telles qu’un mariage, une tran-
saction commerciale, une guerre, une discussion parlementaire, ou d’un service à
l’église. De la même façon, on peut parler de la collectivité qui s’engage dans une
action commune sans avoir à identifier les membres de cette collectivité, comme
nous le faisons en parlant d’une famille, d’une société commerciale, d’une église,
d’une université ou d’une nation 31. »
Avant de passer au troisième principe, il me semble important d’insister sur
un point. Snow, à mon sens, tend à négliger le dernier Blumer et notamment sa
thèse du « caractère résistant de la réalité » (« obdurate character of reality ») 32.
Cette idée, que l’on trouve surtout dans ses écrits ultimes, reconnaît que si les
acteurs construisent leurs actions à travers un processus continu de définition et
d’interprétation, la réalité peut agir sur eux indépendamment de cette définition
de la situation. Ce trait de résistance trouve sa source dans un des trois domaines
de la réalité, le domaine physique, psychologique ou social. De ce fait, la réalité
a un « caractère dual » 33. Il y a un hiatus, une séparation entre le point de vue de
l’acteur et la réalité qui agit en retour sur lui eu égard au processus de définition
et d’interprétation et de la définition de la situation par l’acteur. On en revient à la
thèse pragmatiste selon laquelle l’acteur et le monde, le connaissant et le connu,
le sujet et l’objet sont séparés. Pour Morrione, « Blumer voit l’acteur et l’environ-
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nement sociophysique comme co-déterminants, chacun influençant et formant
l’autre, les deux inextricablement liés l’un à l’autre dans l’interaction. » À ce niveau
on saisit l’aspect dialectique du processus : la réalité ou les situations « influencent
les unités agissantes et sont, en retour, influencées par elles » 34.

Le principe d’émergence
Le principe d’émergence, déjà brièvement abordé, renvoie à la doctrine de Mead.
Il s’agit d’un point de vue important de sa doctrine et plus globalement du pragma-
tisme. La théorie de l’émergence formule qu’à travers l’interaction sociale un objet
nouveau est susceptible d’émerger de toute forme vivante de quelque nature :
« Quand des choses se rencontrent, il se crée alors quelque chose qui n’était pas
là avant 35. »

31. H. Blumer, op. cit., p. 17.


32. T. J. Morrione, “Persistence and change: Fundamental elements in Herbert Blumer’s
metatheoretical perspective”, in Luigi Tomasi (dir.), The Tradition of the Chicago School,
Ashgate, Aldershot, 1998, pp. 191-216 (notamment pp. 201-202).
33. Ibid.
34. Ibid.
35. G. H. Mead, Philosophy of the act, University of Chicago Press, Chicago, 1938, p. 641.

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Lionel Lacaze 49

Cette idée vise à saisir la nature processuelle et adaptative de la vie sociale.


Chez Mead ainsi que chez Dewey, promoteurs d’une « philosophie du flux » 36,
on trouve cette « image d’un monde saturé par l’indétermination, rempli de
possibilités, en attente d’être accompli et rationalisé ». Ce statut de la réalité
dans le pragmatisme implique que seulement et de façon partielle une synthèse
ne peut être achevée que dans des situations concrètes et avec l’aide d’un acteur
doté d’un esprit pensant.
Pour Blumer, dire que la conduite est émergente, revient à dire qu’elle est
continuellement construite pendant son exécution. L’interaction symbolique donne
à la vie de groupe le caractère d’un processus en cours (ongoing process), c’est-
à-dire « une question continue d’adaptation mutuelle de lignes de conduite en
développement » 37. Celle-ci est réalisée à travers un processus duel de définition et
d’interprétation. Dans l’interaction symbolique, les participants construisent leurs
actions respectives par l’interprétation réciproque des lignes d’action en cours. Dès
lors qu’elle est conçue comme créée pendant sa réalisation, l’issue de la conduite
de l’acteur (individuel ou collectif) est ouverte. De ce fait, la redéfinition est un
phénomène important et constant : elle « communique un caractère formatif à
l’interaction humaine donnant lieu ici et là à de nouveaux objets, de nouvelles
conceptions, de nouvelles relations et de nouveaux modes de conduite » 38. Elle est
associée à la fluidité de l’agir humain susceptible de re-direction constante. Ce n’est
pas la moindre des vertus de l’interactionnisme symbolique que de pointer des
caractéristiques de la conduite humaine qui renvoient à une essentielle plasticité.
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Le principe d’agentivité
Le principe d’agentivité le rappellera, mettant l’accent sur la nature active et volon-
tariste des acteurs humains ou sur leur aptitude à l’autodétermination. L’acteur
n’est pas un sujet passif, cible des contraintes externes ou internes qui conditionne-
raient sa réponse. Snow note que « l’interactionnisme symbolique voit ces facteurs
comme des prédispositions ou des contraintes sur l’action sans automatiquement
ou nécessairement déterminer le caractère de cette action » 39. Dans l’optique blu-
mérienne, les acteurs prennent eux-mêmes en compte ces contraintes dans la
mesure où elles contribuent à une limitation des possibles dans la construction de
leurs lignes d’action.

36. Cf. D. Shalin, Pragmatism and social interactionism, American Sociological Review,
51, 1986, p. 10-11p. 10-11. Cf. aussi F. C. da Silva, “G. H. Mead: a system in a state of
flux”, History of the Human Sciences, 20, 2007, pp. 45-65.
37. H. Blumer, “Sociological implications of the thought of George Herbert Mead”,
American Journal of Sociology, 76, 1966, pp. 535-548 (p. 538).
38. T. J. Morrione, “Persistence and change: Fundamental elements in Herbert Blumer’s
metatheoretical perspective”, op. cit.
39. D. A. Snown, “Extending and broadening Blumer’s conceptualization of Symbolic
interactionism”, op. cit., p. 373.

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50 L’interactionnisme symbolique de Blumer revisité

L’interactionnisme symbolique n’est évidemment pas le seul courant à s’être


intéressé à la question de l’agentivité. Cependant, sa contribution et celle des doc-
trines pré-interactionnistes (Dewey, Mead) sont indubitablement liées à ce principe
qui colle plus nettement encore que dans les autres systèmes avec sa doctrine
de base. Car, plus que tout autre, l’interactionnisme symbolique s’est attaché à
prendre en compte la part du volontariat, de l’autodétermination ou de l’auto-
emprise pour saisir la façon dont l’acteur est l’agent ou l’artisan de sa conduite.
Cette vision de l’humain et de son rapport avec autrui et la société est en outre
consistante plus que dans d’autres théories avec les fondements de la théorie de
l’interaction symbolique, un point sous-estimé par Snow.
Contrairement à ses dires, Blumer est un de ceux qui a le plus contribué, et
d’une façon tout à fait insistante, au développement d’une perspective axée sur la
question de l’agentivité fondamentale des acteurs sociaux. Il semble sous-estimer
son implication pour faire reconnaître les êtres humains comme essentiellement
actifs et producteurs de signification.

Conclusion
Malgré son intérêt sur le fond, la tentative d’apporter des correctifs à la définition
fondatrice de Blumer, a priori louable, reste limitée sur la forme par un certain
nombre de déficiences. L’écriture de Blumer l’emporte par la conviction du propos,
une rigueur et une force qui sont liées au sens qu’induit le fait d’avoir une vision
des choses et de l’héritage déposé en lui. Cet attachement de Blumer à se vouloir
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le dépositaire d’une tradition de pensée issue pour partie de Mead a certes été
souvent minimisé, critiqué, jalousé, voire nié, mais ses rivaux n’ont laissé aucune
trace d’un engagement similaire. C’est justement cet enracinement historique qui
fait défaut à D. Snow dont les définitions et l’écriture ont du mal à convaincre.
Il y a par ailleurs un ralliement implicite ou tacite à des positions d’autres écoles
sociologiques dans un mouvement qui viserait à l’absorber dans le « mainstream »
sociologique 40. En fait, le projet de ce texte vise probablement à « dé-blumériser »
l’interactionnisme symbolique, ce qu’en son temps l’École d’Iowa avait tenté en
vain de faire et que tentent de faire actuellement Joas ou Knorr-Cetina, tous deux
titulaires d’une chaire à Chicago. L’un viserait à re-labéliser l’œuvre de Mead en une
« intersubjectivité pratique » 41, l’autre, en un « situationnisme méthodologique » 42.

40. Sur la thèse de l’« auto-sabordage » de l’école sous le « chairmanship » d’Everett


C. Hughes (1952-1956), suite à la consigne « pas de continuateur », « pas de départe-
ment symbolique-interactionniste », cf. Philippe Vienne, “The enigma of total institution:
Rethinking the Hughes-Goffman intellectual relationship”, Sociologica, 2, 2010, pp. 1-30
(pp. 8-10, 26).
41. H. Joas, Praktische Intersubjektivität: Die Entwicklung des Werkes von George Herbert
Mead, Sührkamp, Francfort a/M, 1980 (trad. franç, George Herbert Mead : une réévalua-
tion contemporaine de sa pensée, Economica, Paris, 2007).
42. K. Knorr-Cetina, “The micro-social order: Towards a reconception”, in Nigel G. Fielding
(dir.), Actions and Structure: Research Methods and Social Theory, Sage, Newbury Park,
1988, pp. 21-53.

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Lionel Lacaze 51

Dans le même ordre d’idées, il semble que de plus en plus d’enseignants-


chercheurs refusent dorénavant l’appellation d’interactionnisme symbolique et
refusent d’appartenir à l’association ou de publier dans ses revues ou sous ce
label. Il y a comme une volonté, dirait-on, de « tuer le père », en rejetant la doctrine
blumerienne jugée trop restrictive et sectariste. Beaucoup, au risque de perdre
leur identité, cherchent à se désolidariser des métaphores racines ou à adopter un
pluralisme théorique voire à être sans étiquette. Pour quels heurs et malheurs 43 ?
Pour terminer, le projet de D. Snow s’avère décevant, prometteur par son
titre mais sans réelle portée refondatrice. Il ne permet pas vraiment au public qui
n’est pas familier avec l’interactionnisme symbolique de saisir pleinement le sens
de la notion d’interaction sociale. Cependant, l’idée d’étendre la formulation ini-
tiale de Blumer à d’autres sous-concepts est une voie digne d’intérêt et à pour-
suivre. D’ailleurs, il me semble qu’un cinquième principe serait à ajouter, celui de
la régulation interactionnelle des émotions et des sentiments. Puissent ces quelques
pages contribuer à une intelligibilité accrue de la notion d’interaction symbolique
et encourager la production savante dans cette même visée.

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43. L. H. Athens, “The growing threat of intellectual dispersion”, Studies in Symbolic


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