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Jézabel Couppey-Soubeyran, Blablabanque.

Le discours de
l’inaction
Michalon, 2015, 272 p., 19 €
Gautier Deruette
Dans Revue Projet 2016/6 (N° 355), pages 94 à 95
Éditions C.E.R.A.S
ISSN 0033-0884
DOI 10.3917/pro.355.0094
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ÉCONOMIE
Jézabel Couppey-Soubeyran
BLABLABANQUE.
Le discours de l’inaction
Michalon, 2015, 272 p., 19 €

Alors que le titre pouvait laisser craindre un


énième ouvrage de vulgarisation expliquant
les causes de la crise économique de 2008 ou
détaillant les méfaits du capitalisme, Blabla-
banque choisit un angle particulièrement perti-
nent pour nous parler de la difficulté qu’ont les
démocraties à légiférer sur le système bancaire.
Jézabel Couppey-Soubeyran transpose à l’argu-
mentaire des banques le décryptage qu’Albert
Hirschman faisait du discours réactionnaire.
Dans son livre Deux siècles de rhétorique réac-
tionnaire (Fayard, 1991), celui-ci classait les
arguments tenus par la classe réactionnaire
depuis la « Déclaration des droits de l’homme et
du citoyen », jusqu’à l’apparition de l’État pro-
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vidence. Les arguments pour s’opposer à toute
réforme étaient regroupés selon trois types :
l’effet pervers, l’inanité et la mise en péril.
« L’effet pervers » argumente sur les risques
de telle réforme provoquant quelque chose
d’encore plus néfaste. « L’inanité » prétend
systématiquement que toute réforme est vaine
et donc inutile à mettre en place. « La mise en
péril », enfin, argue qu’elle menacera ce qui
nous est cher (comme la liberté ou la démo-
cratie…). Jézabel Couppey-Soubeyran transfère
cette grille sur le discours des défenseurs des
banques d’aujourd’hui, et c’est passionnant.
À l’aide d’exemples tirés de l’actualité, on
découvre combien la mécanique est rodée,
invariante mais incroyablement efficace de

REVUE PROJET - N° 355 - DÉCEMBRE 2016 |94


la part des représentants des banques dès
qu’une réforme est présentée, démontrant à
quel point celle-ci est odieuse et néfaste. Ces
réactions systématiques tenues par les experts
sont un véritable « discours de l’inaction »,
comme l’annonce le sous-titre du livre. À la
lecture de Blablabanque, les « experts » – qui
au nom des grandes banques, se succèdent
sur les plateaux de télé, les chaînes de radio
ou dans les colonnes des journaux pour nous
mettre en garde contre une loi régulant le
secteur bancaire – nous sembleront beaucoup
plus prévisibles. Le recul que nous pourrons
désormais prendre à leur égard est salutaire.
Gautier Deruette
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95| LECTURE

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