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BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT

Publication autorisée

TUNISIE

PROGRAMME D’APPUI A LA MODERNISATION DU SECTEUR


FINANCIER II (PAMSFI II)

DEPARTEMENTS RDGN/PIFD
Avril 2019
Publication autorisée
TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION : LA PROPOSITION........................................................................................................1
II. CONTEXTE DU PAYS ................................................................................................................................1
2.1. Situation politique et contexte de la gouvernance.............................................................. 1
2.2. Évolutions économiques récentes, analyse macroéconomique et budgétaire ...................... 2
2.3. Compétitivité de l’économie .......................................................................................... 3
2.4. Gestion des finances publiques....................................................................................... 3
2.5. Croissance inclusive, situation de la pauvreté et contexte social ......................................... 4
2.6. Système financier, contraintes et défis ............................................................................. 4
III. PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU GOUVERNEMENT ...............................................................6
3.1. Stratégie de développement du gouvernement et priorités de réforme à moyen terme ......... 6
3.2. Obstacles à la mise en œuvre du programme de développement national ........................... 7
3.3. Processus de consultation et de participation .................................................................... 7
IV. L’APPUI EN FAVEUR DE LA STRATÉGIE DU GOUVERNEMENT ..........................................................8
4.1. Lien avec la stratégie de la Banque .................................................................................. 8
4.2. Respect des critères d’éligibilité ...................................................................................... 8
4.3. Collaboration et coordination avec les autres partenaires ................................................... 9
4.4. Lien avec les autres opérations de la Banque .................................................................. 10
4.5. Travaux d’analyse qui sous-tendent l’opération .............................................................. 11
V. LE PROGRAMME ENVISAGÉ ................................................................................................................. 11
5.1. But et objectif du programme........................................................................................ 11
5.2. Composantes du programme ........................................................................................ 12
5.3. Dialogue sur les politiques ............................................................................................ 16
5.4. Conditions relatives au prêt ........................................................................................... 16
5.5. Besoins et mécanismes de financement ......................................................................... 17
VI. MISE EN OEUVRE DE L’OPÉRATION..................................................................................................... 17
6.1. Bénéficiaires du programme ......................................................................................... 18
6.2. Impact attendu sur le genre, les pauvres et les groupes vulnérables .................................. 18
6.3. Impact sur l’environnement et le changement climatique ................................................ 18
6.4. Impact dans d’autres domaines ..................................................................................... 18
6.5. Mise en œuvre, suivi et évaluation................................................................................. 18
6.6. Gestion financière décaissement et acquisition ............................................................... 18
VII. DOCUMENTATION ET AUTORITÉ JURIDIQUES................................................................................... 20
7.1. Documentation juridique .............................................................................................. 20
7.2. Conditions liées à l’intervention de la Banque ................................................................ 20
7.3. Respect des politiques du Groupe de la Banque.............................................................. 20
VIII. GESTION DES RISQUES .......................................................................................................................... 20
IX. RECOMMANDATION .............................................................................................................................. 21
ÉQUIVALENCES MONÉTAIRES
Janvier 2019
1UC = 4,17 Dinar Tunisien (DT)
1UC = 1,22 Euro (EUR)
1UC = 1,39 Dollars EU (USD)

EXERCICE BUDGÉTAIRE

1er Janvier – 31 décembre

LISTE DES TABLEAUX


Tableau 1 : Indicateurs macroéconomiques clés
Tableau 2 : Liens entre le PND, le DSP et le PAMSFI
Tableau 3 : Leçons tirées des opérations précédentes
Tableau 4 : Mesures préalables
Tableau 5 : Besoins de financement

LISTE DES ANNEXES


Annexe 1 : Lettre de politique de développement
Annexe 2 : Matrice des réformes du programme
Annexe 3 : Note sur les relations avec le FMI

LISTE DES ANNEXES TECH NIQUES


Annexe technique 1 : Évaluation du risque fiduciaire par pays (CFRA)
Annexe technique 2 : Examen des dépenses publiques et de la responsabilité financière (PEFA)
Annexe technique 3 : Note sur les risques pouvant affecter les résultats attendus du PAMSFI II
Annexe technique 4 : Diagnostic synthétique (quick scan) du secteur financier en Tunisie : Etat des lieux
Annexe technique 5 : Exposé complémentaire sur les critères d’admissibilité aux PBO
Annexe technique 6 : Plan Stratégique de Développement
Annexe technique 7 : Analyse de la soutenabilité de la dette tunisienne
Annexe technique 8 : Portefeuille des projets en cours du Groupe de la Banque
Annexe technique 9 : Note technique sur le secteur de la microfinance en Tunisie
Annexe technique 10 : Note technique sur les assurances agricoles en Tunisie
Annexe technique 11 : Note technique sur l’inclusion financière en Tunisie
Annexe technique 12 : Note technique sur les marchés de capitaux
Annexe technique 13 : Note technique sur les titres de créance publics
Annexe technique 14 : Note technique sur la Société Tunisienne de Garantie
Annexe technique 15 : Note technique sur le secteur de l’assurance en Tunisie
Annexe technique 16 : Résultats de la mise en œuvre de l’accord de confirmation (Stand-By Agreement)
avec le FMI entre 2013 et 2015
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ABG Appui budgétaire général
ABS Appui budgétaire sectoriel
AFD Agence française de développement
ACM Autorité de Contrôle de la Microfinance
AMC Association de micro crédit
ARP Assemblée des représentants du peuple
ATIC Association tunisienne des investisseurs en capital
BAD Banque africaine de développement
BCT Banque Centrale de Tunisie
BDR Banque des régions
BERD Banque européenne de reconstruction et de développement
BIAT Banque internationale arabe de Tunisie
BM Banque mondiale
BTS Banque tunisienne de solidarité
BVMT Bourse des valeurs mobilières de Tunis
CGA Comité général de l’assurance
CM Conseil des Ministres
CMF Conseil du marché financier
CwA Compact with Africa
DGGDCF Direction générale de la gestion de la dette et de la coopération financière
DSP Document de stratégie pays
FCPR Fond Commun de Placement à Risque
FIPA Agence de promotion de l’investissement extérieur
FMI Fonds monétaire international
FTUSA Fédération tunisienne des sociétés d’assurances
GFP Gestion des Finances Publiques
HAICOP Haute instance de la commande publique
IDE Investissements directs étrangers
IMF Institution de MicroFinance
IMFA Initiative des Marchés Financiers Africains
INS Institut National de la Statistique
ITCEQ Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives
KfW Kreditanstalt für Wiederaufbau
LF Loi de finances
LFC Loi de finances complémentaire
MAS Ministère des affaires sociales
MdF Ministère des Finances
MDICI Ministère du développement, de l'investissement et de la Coopération internationale
MDT Million de dinars tunisiens
MENA Moyen Orient et Afrique du Nord (Middle East and North Africa)
MFPE Ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi
OAP Opération d’Appui Programmatique
OCDE Organisation pour la Coopération Economique et le Développement
PADRCE Programme d'appui au développement des compétences et à la création d'emploi
PAGDI Programme d’Appui à la Gouvernance et au Développement Inclusif
PAMSFI Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier
PARDI Programme d’Appui à la Relance Economique et au Développement Inclusif
PDAI Programme de Développement Agricole Intégré
PEFA Rapport sur la Performance de la Gestion des Finances Publiques
PIB Produit intérieur brut
PME Petites et moyennes entreprises

i
PNAFN Programme nationale d’aide aux familles nécessiteuses
PND Plan national de développement
PTF Principaux partenaires techniques et financiers
SICAV Société d’Investissement à Capital Variable
SICAR Société d’Investissement à Capital Risque
SMT Société monétique tunisienne
SVT Spécialistes en valeurs du Trésor
TND Dinar tunisien
TPME Très petite, petite et moyenne entreprises
UC Unité de compte
UE Union européenne
UTICA Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat

ii
INFORMATIONS SUR LE PROGRAMME

INSTRUMENT : Appui Budgétaire Sectoriel (ABS)


MODÈLE DE CONCEPTION DE L’OAP : Opération d’Appui Programmatique (OAP) en deux
opérations séparées (2016/2017 et 2018/2019)

INFORMATIONS RELATIVES AU PRÊT

Informations concernant le client


EMPRUNTEUR : République Tunisienne
ORGANE D’EXÉCUTION : Ministère des Finances (MdF)

Plan de financement

Source Montant (UC) Montant (EUR) Instrument

BAD 98 Millions 120 Millions Prêt


COÛT TOTAL 98 Millions 120 Millions

Informations essentielles sur le financement de la BAD

Monnaie du prêt Euro


Type de prêt Prêt à flexibilité totale
Maturité Convenue dans l’accord de prêt
Différé d’amortissement Convenu dans l’accord de prêt
Échéance moyenne pondérée Convenu dans l’accord de prêt
Remboursements Convenu dans l’accord de prêt
Taux d’intérêt Taux de base + Marge du coût de financement + Marge de
prêt + Prime de maturité
(ce taux d’intérêt doit être supérieur ou égal à zéro)
Taux de base Taux flottant EURIBOR 6 Mois révisé les 1er Février et 1er
Août. Une option gratuite est offerte pour fixer le taux de
base
Marge du coût de financement Marge sur coût de financement de la Banque révisée les 1er
Janvier et 1er Juillet et appliquée les 1er Février et 1er Août
avec le taux de base
Marge de prêt 80 points de base (0,8%)
Prime de maturité 0% si l’échéance moyenne pondérée <= 12,75 ans

Calendrier d’exécution – Principaux jalons (prévus)


Achèvement de la phase 1 et dialogue Avril 2018
Préparation Septembre 2018
Evaluation Décembre, 2018
Approbation du programme Mars, 2019
Entrée en vigueur Avril, 2019
Décaissement Avril, 2019
Achèvement Décembre, 2019
Date de clôture Décembre, 2019

iii
RÉSUMÉ ANALYTIQUE DU PROGRAMME
Aperçu général Titre du programme : Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier II (PAMSFI II)
du programme Calendrier d’exécution global : Appui budgétaire sectoriel – opération d’appui programmatique – phase
2 2018/2019 (phase 1 a couvert 2016/2017).
Coût du programme : 98 MUC (120 millions d’euros)
Objectifs du Le PAMSFI II a pour but de contribuer à créer les conditions nécessaires pour une croissance
programme économique accélérée, résiliente et inclusive à travers un renforcement du rôle du secteur financier dans
le financement de l’économie et des couches vulnérables. Il vise en particulier à accompagner
l’émergence d’un nouveau modèle de développement pour la Tunisie où le secteur privé contribue
fortement à la création d’emploi dans toutes les régions du pays, et où les franges défavorisées de la
population participent davantage à l’effort de croissance économique afin qu’elles en tirent un bénéfice
réel. Le PAMSFI II est également fortement aligné sur la matrice d’engagement de la Tunisie dans le
cadre du Compact with Africa (CwA), dont il complète et amplifie les mesures du pilier 3 relatif au cadre
de financement. Les objectifs spécifiques du programme sont le renforcement de la gouvernance du
secteur financier et son approfondissement, et ce en améliorant l’accès des populations et des entreprises
aux services financiers et en diversifiant la panoplie d’instruments financiers offerte.
Alignement sur Le Programme contribue aux objectifs de financement de l’industrialisation, de l’amélioration de la
les priorités de qualité de vie des populations et le développement de l’agriculture, dans le cadre de l’agenda des Cinq
la Banque Hautes Priorités stratégiques. Il est aligné sur le Document de stratégie pays 2017-2021, dont le premier
pilier « Industrialisation et développement des chaines de valeur » met l’accent sur les politiques et les
réformes à entreprendre en vue de réduire le coût des facteurs de production et de renforcer la
compétitivité des services financiers. Le programme est également aligné sur le deuxième pilier
« Amélioration de la qualité de vie des populations des régions prioritaires » en soutenant le
développement de tissus de micro, petites et moyennes entreprises (TPME) par l’amélioration de l’accès
aux services financiers. Il est par ailleurs aligné aux deux axes du Document de politique et de la stratégie
de développement du secteur financier 2014-2019 de la Banque portant sur l’accroissement de l’accès
au financement des populations partiellement ou non desservie ; et l’élargissement et
l’approfondissement des systèmes financiers.
Évaluation des A travers l’amélioration de l’accès des populations et des entreprises aux services financiers et une
besoins et stabilité accrue du système financier, le programme aidera à répondre aux principaux défis que connait
justification la Tunisie, à savoir une croissance faible, un chômage élevé et des disparités régionales et sociales
importantes. L’assistance de la Banque est justifiée par la nécessité d’appuyer les réformes prioritaires
du secteur financier engagées par le Gouvernement dans le cadre de son objectif de transformation
structurelle de l’économie. Il apporte aussi un appui transversal aux autres réformes prioritaires de la
Tunisie. En effet, il contribuera, à travers un meilleur financement de l’économie, à soutenir la croissance
et à améliorer le cadre macroéconomique. Il contribuera aussi à l’amélioration du climat des affaire en
facilitant l’accès aux services financiers. Il apporte au aussi un soutien aux réformes liées à la protection
sociale en appuyant l’inclusion financière des couches sociales les plus vulnérables.
Harmonisation Dans le cadre du pilier 3 du CwA, la Banque est en dialogue continu avec les principaux partenaires
techniques et financiers (PTFs) de la Tunisie pour assurer une complémentarité des interventions. Les
mesures soutenues sont complémentaires aux interventions en cours et envisagées par les PTFs en lien
avec le secteur financier, notamment la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI),
l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD), la Banque de développement allemande (KfW) et l’Union Européenne (UE).
KfW a fait son appui budgétaire du secteur financier notamment en étroite collaboration avec la Banque
et sur la base des résultats du PAMSFI I.
Valeur ajoutée Le PAMSFI II constitue un vecteur de soutien aux autres opérations de la Banque en Tunisie. A ce titre,
de la Banque son impact viendra consolider les acquis obtenus grâce au PAMSFI I et les autres programmes d’appui
aux réformes visant à améliorer le développement régional et la création des emplois. En effet, ces
programmes soutiennent les structures régionales, le cadre des affaires dans les régions et l’employabilité
des jeunes, alors que le PAMSFI II apportera une complémentarité du côté de l’offre des financements
adressés aux porteurs de projets et aux TPME. Le PAMSFI II est également complémentaire avec les
projets d’investissement dans les secteurs de l’infrastructure soutenus par la Banque. La Banque
coordonne le pilier 3 relatif au financement de la matrice du Compact with Africa. Cette matrice revêt
d’un engagement particulier jusqu’au sommet de l’Etat.

iv
Contributions à L’un des objectifs du PAMSFI II est le renforcement du secteur du micro-crédit grâce à l’amélioration
l’égalité entre de la gouvernance du secteur ainsi qu’à l’élaboration d’une vision stratégique pour l’inclusion financière.
les sexes et à On relève que 57% des bénéficiaires du micro-crédit en Tunisie sont des femmes. Elles empruntent
l’autonomisatio auprès des associations de micro-crédit pour financer de petits projets productifs dans les secteurs de
n des femmes l’agriculture et de l’artisanat le plus souvent en milieu rural. Ainsi, l’impact des mesures retenues dans
le PAMSFI II pour accroître l’inclusion financière (produit dédié de financement des femmes
entrepreneurs) et promouvoir la microfinance sera sensiblement ressenti au niveau des femmes
tunisiennes dont la participation au processus de développement sera ainsi de plus en plus renforcée.
Dialogue sur les La Banque a maintenu un dialogue politique de proximité avec les autorités tunisiennes sur les réformes
politiques et du secteur financier dont les orientations ont été annoncées dans leurs programmes de réformes
assistance majeures. Les thématiques abordées ont porté sur le financement des PME, sur la restructuration du
technique secteur de la microfinance et sur le capital risque, comme véhicules importants pour soutenir la
associée croissance inclusive. La Banque a également alimenté la conception de ce programme par les résultats
du PAMSFI I et des ateliers organisés par la profession durant les deux dernières années. Dans le cadre,
du présent programme, ce dialogue continuera pour le suivi de la mise en œuvre des réformes convenues,
mais également, en termes de conseil et d’assistance technique au profit des autorités, notamment pour
l’inclusion financière et pour la mise en place d’une agence de la dette avec l’appui de l’initiative
africaine pour les marchés financiers (IMFA).

v
Cadre Logique Axé sur les Résultats

Pays et titre du programme : Tunisie – Programme d’appui à la modernisation du secteur financier Phase II (PAMSFI II)
But du programme : Contribuer aux efforts du Gouvernement tunisien visant à créer les conditions d’une croissance économique accélérée, résiliente et inclusive
à travers le développement du secteur financier et l’amélioration du financement de l’économie.

INDICATEURS DE PERFORMANCE MOYENS


RISQUES
DE
/MESURES
VERIFICAT
Indicateurs (y compris les D’ATTENUATION
Situation de référence Cible ION
ISC)
Une croissance
IMPACT

accélérée grâce à Budget


Plus de 3,4% en
un meilleur Taux de croissance du PIB réel 2,5% en 2018 économique,
2020
financement de MDICI
l’économie
I. L’inclusion Ratio d’inclusion financière 36% en 2015 (dernière 38% en 2020 Rapport SNIF, Risque
financière est estimation) MdF L’aggravation du déficit
améliorée Proportion des femmes budgétaire avec la
bénéficiaires de microcrédit probabilité d’un niveau
48% en 2018 55% en 2020 ACM
(par rapport au nombre total de des subventions
bénéficiaires) énergétiques plus
EFFETS

II. La Crédit bancaire au secteur privé Rapport important que prévu, et


gouvernance du 83,8% en 2018 86% en 2020 qui s’étalerait dans le
(%PIB) annuel, BCT
secteur financier temps (effet domino)
est renforcée Contribution du marché
financier au financement de la
Rapport Mesure d’atténuation
8% en 2018 11% en 2020 annuel, CMF, Efforts pour revoir les
formation brute du capital fixe
du secteur privé
MdF tarifs de l’énergie

COMPOSANTE I - RÉDUCTION DES DISPARITÉS SOCIALES ET RÉGIONALES À TRAVERS UNE MEILLEURE INCLUSION Risque
FINANCIÈRE Baisse du rythme des
I.1. Inclusion Financière réformes à l’approche
des échéances
Développer une Publication de l’Arrêté relatif au Plafond du microcrédit Plafond augmenté à MdF
électorales.
microfinance dédoublement du plafond du limité à 20 000 DT 40 000 DT
responsable microcrédit
Mesures
Transmission par le Ministre Cadre réglementaire Arrêté pour les ACM d’atténuation : Le
des Finances du projet régissant la microfinance sanctions PAMSFI II vise à
d’arrêté fixant les sanctions dépourvu de système de administratives à consolider les réformes
administratives et financières sanctions administratives l’encontre des IMF entamées dans la
prononcées par l’Autorité de et financières pris avant la fin du première phase
Contrôle de la Microfinance à programme
l’encontre des IMFs
accompagné de l’avis du
conseil d’administration de
l’ACM à la Présidence du
PRODUITS

Gouvernement (*)
Services et Lancement du produit de Peu des produits financiers 100% des élèves SMT
produits paiement digital des inscriptions digitaux pour les citoyens font leurs
financiers des élèves de l’enseignement inscriptions en ligne
(finance digitale, public
micro assurance, Publication du Décret sur le Offre insuffisante de Le décret publié MdF
indemnisations Fonds de garantie des prêts produits de financement avant la fin du
des catastrophes immobiliers pour la des logements pour les programme
naturelles et population à revenu femmes et la population à
logement social, irrégulier revenu irrégulier
assurance
indicielle)
I.2. Financement des TPME
Financement des Adoption par le Conseil des Pas de véhicules dédiés BDR créée avant fin MdF
PME dans les Ministres du projet de loi aux financements des 2019
régions portant création de la Banque PME dans les régions
des régions (BDR)

vi
Produits de Signature de la convention Garantie existante non Convention signée MdF
garantie entre le MdF et la efficace. Les TPME ont avant la fin du
SOTUGAR pour le produit peu de fonds propres et de programme
de garantie Dhamen Express collatéral à proposer en
pour les PME, afin de garantie de leurs emprunts.
redynamiser le système
national de garantie et
faciliter l’accès des PME au
crédit.
Soutien aux PME Publication du décret de Pas de fonds pour soutenir Le décret portant Ministère de
création du Fonds de les PME en difficultés création du fonds est l’industrie et de
restructuration des PMEs publié en 2019 la PME
Renforcement Adoption par le Conseil des Pas de texte encadrant le Projet de loi adopté
des fonds propres Ministres du projet de loi relatif Crowdfunding par le CM avant fin MdF
(equity) au Crowdfunding 2019
Financement de Signature de la convention Pas de cadre incitatif pour Convention signée
l’innovation entre Ministère finances, le financement des startups en 2019
MdF
ministère des TIC et la innovantes
SOTUGAR
COMPOSANTE II - RENFORCEMENT DE LA RÉSILIENCE DU SECTEUR FINANCIER ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS DE
CAPITAUX POUR UN FINANCEMENT EFFICIENT DE L’ÉCONOMIE

II.1. Gouvernance du secteur financier


Adopter les Soumission au GAFI du Classement de la Tunisie Rapport de la MISE
normes rapport de la CTAF faisant état dans la liste d’observation en œuvre du plan
internationales en des lieux du Plan d’actions du GAFI d’action pour la
matière de lutte élaboré avec le GAFI et sortie de la liste CTAF
contre les confirmant la réalisation de d’observation du
financements l’ensemble des actions GAFI est soumis
illicites avant fin 2019
Publication de la loi relative à Loi nécessitant une Loi publiée avant fin CTAF
la lutte contre le terrorisme et révision pour intégrer le 2019
la répression contre le recommandations du
blanchiment d’argent GAFI
Moderniser le Transmission par le Ministre Loi actuelle ne permet pas Code des assurances
cadre légal et des Finance au Conseil des le développement du transmis au Conseil
réglementaire ministres du projet de loi secteur en particulier, des ministres avant
régissant le portant Code des assurances l’assurance vie et les fin 2019 MdF
secteur des activités d’assurance
assurances risque structurellement
déficitaires
Renforcer la Publication de la loi portant Code actuel d’abandon Loi est publiée avant
résilience du sur la politique d’abandon des créances très la fin du programme
secteur bancaire des créances en souffrance, contraignant et obligeant
MdF
afin d’assainir la situation et au maintien de créances
réduire le taux des créances non recouvrables dans les
en souffrance bilans des banques
Renforcer séparation entre la Pas de séparation entre Lancement des
l’intégrité des commission des marchés et la la commission des travaux de
systèmes de commission chargée des marchés et la séparation des
passation de réclamations des commission chargée commissions
marchés des soumissionnaires au niveau MdF
banques publique
des réclamations des
des banques publiques
soumissionnaires au
niveau des banques
publiques
II.2. Approfondissement des marchés de capitaux
Approfondir et Transmission par la DGDPP au Pas de gestion centralisée Le projet de loi est MdF
améliorer Ministre des Finance du projet et dynamique de la dette transmis avant fin
l’efficience du de loi portant création de publique 2019
marché des titres l’Agence Tunisie Trésor
publics ainsi que
la gestion
efficiente de la
dette publique
Faciliter l’accès Publication des Marché alternatif peu Accès plus grand CMF
au modifications apportées au dynamique des PMEs au
financement Règlement général de la marché des actions
des PMEs par

vii
le marché des Bourse relatif à la refonte au
capitaux cadre réglementaire du
Marché Alternatif
Mobiliser Publication du décret sur les Pas de décret sur les Décret publié avant MdF
l'épargne et SICAV monétaires SICAV monétaire la fin du programme
dynamiser le
marché des
capitaux
Activités clés : - Signature de l’accord de prêt et satisfaction des conditions convenus lors de l’évaluation Financement : Prêt BAD 120 millions
- Mise en œuvre des réformes retenues d’EURO

viii
I. INTRODUCTION : LA PROPOSITION
1.1. La Direction soumet la proposition d’octroi d’un prêt de 120 millions d’Euros en faveur
de la République tunisienne en vue de financer le Programme d’appui à la modernisation du
secteur financier II (PAMSFI II). Le PAMSFI II sera exécuté sur la période 2018-19, et vise à
accélérer la modernisation du secteur financier tunisien à travers la mise en œuvre de réformes de
nouvelle génération. Ce secteur constitue un axe prioritaire du programme de réformes des autorités
tunisiennes, tel qu’est décrit dans le Plan stratégique de développement (PSD) 2016-20, visant à mettre
en œuvre un nouveau modèle de développement permettant de positionner la Tunisie sur un nouveau
sentier de croissance plus inclusive et créatrice d’emplois. Le PAMSFI II contribue aux objectifs de
financement de l’agriculture, d’industrialisation et d’amélioration de la qualité de vie des populations
dans le cadre des Cinq Hautes Priorités de la Banque. Le PAMSFI II devrait constituer une opportunité
à la Banque pour initier un programme de liquidité, en faveur des banques commerciales et des
établissements de leasing, pour répondre au défi de l’assèchement de la liquidité dans le système
financier tunisien et renforcer l’assise financière des établissements financiers. Les actions de ce
programme sont cohérentes avec les efforts de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) pour contenir le
volume de refinancement des banques, promouvoir le Decashing et les Fintech ; et garantir la stabilité
financière.
1.2. Le PAMSFI II est une opération qui s’inscrit dans la continuité du PAMSFI I lequel a été
mis en œuvre de façon satisfaisante. Même si les deux opérations sont séparées, elles maintiennent
les mêmes objectifs et les mêmes composantes à travers les mesures retenues. Il y a lieu de noter
que le contexte politique en Tunisie était instable où trois gouvernements se sont alternés entre 2016 et
2018. Par ailleurs, l’exposition financière de la Banque en Tunisie, a engendré une contrainte de
financement en 2018. Pour cela, il a été difficile d’implémenter une approche complétement
programmatique. Il a été plus judicieux de mettre en place des interventions en phases successives sur
deux ans permettant de tenir compte des dynamiques politiques caractérisant cette démocratie naissante,
tout en maintenant un dialogue soutenu sur le secteur financier. Cela est bien en ligne avec la politique
de la Banque quant aux opérations d’appui programmatiques envisageant ce type d’intervention.
1.3. Le choix d’un appui budgétaire décaissable en une seule tranche est justifié par deux
considérations importantes. Premièrement, cela permettra de fournir au gouvernement les ressources
financières nécessaires pour maintenir ses efforts de réformes financières, dans un contexte de besoins
de financement importants. Deuxièmement, cela permettra de réduire le coût de transaction pour la
Tunisie et pour la Banque tout en assurant l’engagement du pays à travers l’utilisation d’un nombre
important de mesures de réformes préalables à la présentation au Conseil. Le choix de l’instrument
d’appui budgétaire sectoriel est justifié par l’importance du programme de réformes des autorités dans
le secteur financier et son rôle déterminant dans la relance économique. De ce point de vue, le
programme revêt une dimension transversale, en apportant un appui aux autre réformes prioritaires de
la Tunisie. En effet, il contribuera, à travers un meilleur financement de l’économie, à soutenir la
croissance et à améliorer le cadre macroéconomique. Il contribuera aussi à l’amélioration du climat des
affaire en facilitant l’accès aux services financiers. Il apporte aussi un soutien aux réformes liées à la
protection sociale en appuyant l’inclusion financière des couches sociales les plus vulnérables.
II. CONTEXTE DU PAYS
2.1.Situation politique et contexte de la gouvernance
2.1.1. La transition politique réussie et pacifique de la Tunisie a été largement saluée par la
communauté internationale et lui a valu le décernement du prix Nobel de la paix en avril 2015. Les
principales étapes de cette transition ont été l’adoption d’une nouvelle constitution en janvier 2014, la
tenue d’élections législatives et présidentielles transparentes en octobre et décembre 2014, et la mise en
place de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et d’un gouvernement de coalition, qui sont
opérationnels depuis début 2015. Il est à noter que le pays a organisé, en 2018, les premières élections
municipales après 2011.

1
2.1.2. Les efforts du gouvernement actuel se sont focalisés sur la concrétisation des priorités
figurant dans le Pacte de Carthage, notamment, la lutte contre le terrorisme, la stimulation de la
croissance économique et le développement, la recherche des équilibres des finances publiques, et la
mise en place d’une politique spécifique aux collectivités locales. Il est à noter que depuis août 2016,
trois formations gouvernementales se sont succédées.
2.1.3. Sur le plan de la gouvernance politique et institutionnelle, la Tunisie a enregistré des
avancées remarquables depuis 2011. La Tunisie a amélioré son classement selon l’indice Mo Ibrahim
de gouvernance en Afrique, se positionnant au 9ème rang sur un total de 54 pays en 2017. En termes de
gestion publique, elle est classée 7ème en 2017. Le pays s’est doté en mars 2016 d’une loi organique sur
l'accès à l'information qui constitue une avancée en matière de transparence et de redevabilité.
2.1.4. Le pays continue toutefois à faire face à d’importants défis en matière de gouvernance
économique. Le dernier classement (2017) de Transparency International sur la perception de la
corruption, classe la Tunisie au 74ème rang sur un total de 180 pays, en légère progression par rapport
à l’année précédente. Néanmoins, la Tunisie continue ses avancées institutionnelles suite à l’adoption
par l’ARP, le 17 juillet 2018, de la loi N°2018-82 portant sur la déclaration de patrimoine et la lutte
contre l’enrichissement illicite. Cette loi est un outil pour aider l’État à lutter contre la corruption et à
consacrer les principes de la transparence et de l’intégrité. Au 31 déc 2018, on dénombre 119000
personnes ayant fait leurs déclarations dans les délais réglementaires, ce qui représente un succès.
2.2. Évolutions économiques récentes, analyse macroéconomique et budgétaire
2.2.1. La croissance réelle de l’économie tunisienne demeure modérée avec une tendance
haussière. Elle a atteint 2,5% en 2018 contre 2% en 2017, elle est projetée à 3,1% en 20191. Cette
croissance est tirée principalement par les secteurs de l’agriculture, avec une récolte exceptionnelle, et
du tourisme, qui a également généré un effet d’entrainement sur d’autres secteurs notamment le
transport aérien, les télécom, l’agriculture, et l’artisanat.
2.2.2. L’inflation demeure relativement élevée. Elle a atteint 7,3% en 2018 contre 5,3% en 2017 ;
et est projetée à 7% en 2019. On note, cependant, une maitrise de l’inflation en-deçà de la prévision
initiale de 7,8% en 2018 résultant d’un resserrement de la politique monétaire marquée par une montée
du taux directeur de la BCT et d’une décélération de la hausse des prix alimentaires. On notera que
l’économie tunisienne a dû faire face, entre 2017 et 2018, à un choc d’offre non anticipé suite à la montée
du prix de l’énergie à l’échelle mondiale. La facture énergétique a pesé lourdement sur les dépenses de
subventions énergétiques et a exercé des pressions sur la valeur du dinar face au dollar et à l’euro. Cette
conjoncture a favorisé une accélération de l’inflation et a attisé les revendications salariales.
2.2.3. La position extérieure de la Tunisie s’est améliorée mais demeure fragile. Le déficit courant
a atteint 9,5% du PIB en 2018 contre 10,3% en 2017. Il est projeté à 8,9% en 2019 grâce à une
amélioration de la maitrise du déficit commercial.
2.2.4. La consolidation budgétaire s’améliore tout en enregistrant des difficultés conjoncturelles
dues notamment à l’augmentation du prix du pétrole. Le déficit budgétaire a atteint 4,9% du PIB en
2018 contre 6,1% en 2017 et projeté à 3,9% en 2019. Les recettes fiscales ont progressé relativement
puisqu’elles sont passées de 21,8% du PIB en 2017 à 23,1% du PIB en 2018 et pourraient atteindre
23,2% en 2019, grâce à une amélioration du recouvrement. Quant aux dépenses de fonctionnement,
elles sont passées de 22% du PIB en 2017 à 22,3 en 2018 ; et sont projetées à 21,6% en 20192. La part
des dépenses d’investissement sur le total des dépenses a légèrement baissé de 16,7% en 2017 à 15,7%
en 2018 et est projetée à 15,05% en 2019.
2.2.5. L’encours de la dette publique continue de croitre mais reste à un niveau soutenable. Il s’est
accru de 62,42% du PIB en 2016 à 70,35% en 2017. L’encours de la dette publique domestique reste
stable en passant de 21,78% du PIB en 2016 à 21,9% en 2017. L’encours de la dette publique extérieure

1
Perspectives économiques pour l’Afrique (2019), Fonds monétaire international, Octobre 2018
2
Budget économiques 2019, Ministère de Développement, de l’investissement et de Coopération Internationale.

2
conserve une trajectoire ascendante : à 40,65% du PIB en 2016 puis 48,45% en 2017 en étant attendue
à 50,59% en 2018. Cette augmentation a renforcé la dominance de la dette extérieure qui
représente70,6% de la dette publique en 2018.
2.2.6. Les différentes revues satisfaisantes du programme du FMI et les décaissements y afférents
témoignent que le pays est sur une trajectoire macroéconomique positive. Le ralentissement de la
croissance économique et les retards accusés dans la mise en œuvre des réformes structurelles ont été à
l’origine d’importants déséquilibres macroéconomiques. Leurs ampleurs ont conduit les autorités
tunisiennes à demander l’appui du FMI. Un premier programme de 1,73 milliards de dollars EU a été
signé en juin 2013 et clôturé en décembre 2015 et deuxième programme de 2,9 milliards de dollars EU
a été signé en mai 2016. Le FMI et les autorités tunisiennes sont parvenus le 17 avril 2019 à un
accord concernant la cinquième revue du programme de réformes économiques au titre de la
facilité élargie de crédit.
Tableau 1 : Principaux indicateurs macroéconomiques
2016 2017 2018(e) 2019(e) 2020(e) 2021(e) 2022(e) 2023(e)
Croissance PIB réel (%) 1,1 2,0 2,6 3,1 3,4 3,6 4,0 4,0
Inflation (moyenne période, %) 3,7 5,3 7,3 7,0 5,7 5,2 4,5 4,0
Déficit courant en % PIB -8,8 -10,2 -9,7 -8,5 -7,8 -7,0 -6,5 -6,0
Investissement direct étranger net (USD, millions) 695 810 742 936 -- -- -- --
Réserves officielles (USD, milliards) 5,9 5,9 6,3 7,3 7,8 8,0 8,9 9,5
Réserves officielles (en mois d’importations) 3,6 3,3 3,4 3,8 4,0 4,0 4,3 4,6
Revenus en % PIB 21,2 24,2 24,9 25,7 25,8 25,9 25,9 26,1
Déficit budgétaire – excl. dons en % PIB -5,9 -5,9 -5,2 -3,7 -2,5 -2,2 -2,2 -2,2
Dette du gouvernement central en % PIB 62,3 70,3 72,0 71,8 70,8 69,8 68,0 66,7
Dette externe en % PIB 68,8 82,6 89,4 91,7 93,0 91,6 90,2 88,7
Crédit à l’économie (% de changement) 9,7 12,7 10,1 6,9 7,0 7,1 7,4 7,0
Source : MDICI (pour les réalisations) et Fonds monétaire international (pour les projections), Octobre 2018

2.3. Compétitivité de l’économie


2.3.1. Les retards accusés dans l’exécution des réformes structurelles et le contexte sécuritaire
et social difficile ont négativement affecté la compétitivité de la Tunisie. Le pays a reculé de plusieurs
places dans les classements internationaux depuis 2011, tels que le Doing Business où la Tunisie occupe
en 2019, le 80ème rang, en gagnant huit places par rapport au Doing Business 2018, sans pour autant
regagner sa 45ème place de 2011. Le pays affiche aussi une forte dépendance vis-à-vis de l’Europe, qui
absorbe 70% de ses échanges commerciaux, et un niveau de productivité en baisse depuis 2011. De
même, malgré une augmentation du degré de sophistication des exportations tunisiennes sur les deux
dernières décennies, cette complexité demeure insuffisante pour soutenir une croissance forte,
résiliente et inclusive.
2.3.2. Les problèmes d’accès au financement et la réglementation contraignante du marché du
travail, constituent les principales contraintes à la croissance et l’investissement privé en Tunisie3.
Néanmoins, la Tunisie dispose de nombreux atouts et facteurs de résilience. Parmi les avantages de la
Tunisie, il convient de citer une économie ouverte et relativement diversifiée, un niveau de
développement humain supérieur à celui de la moyenne de la région MENA (0,7 pour la Tunisie contre
0,64 pour la région MENA), une qualité des infrastructures qui répond aux besoins actuels de
l’économie et un positionnement géographique stratégique.
2.4. Gestion des finances publiques
2.4.1. Selon les diagnostics les plus récents de la gestion des finances publics (PEFA 2015), le système
tunisien de gestion des finances publiques permet une préparation et une exécution acceptables du
budget annuel et présente un dispositif adéquat de contrôle interne et de vérification des dépenses. La
planification budgétaire pluriannuelle a été consolidée depuis 2016, à travers l’élaboration d’un plan de
développement assorti d’un cadre de dépenses à moyen terme. Néanmoins, des axes d’intervention
prioritaires subsistent notamment : (i) la rationalisation des organes de contrôle interne, (ii) la
3
Résultats d’un diagnostic de croissance réalisé selon la méthode HRV. Rapport BAD 2013 et Rapport pays FMI N.16/47, février 2016.

3
modernisation du système comptable et sa convergence vers les normes internationales, (iii)
l’amélioration des délais de reddition des comptes et (iv) le renforcement du contrôle externe
juridictionnel. Au lendemain de la révolution, la Tunisie a engagé des réformes profondes de la gestion
des finances publiques (GFP). En janvier 2019, il a eu adoption par l’ARP de la loi organique du budget
(LOB) où il est prévu une budgétisation basée sur l’égalité des chances entre hommes et femmes
ainsi que l’égalité entre les différentes franges sociales.
2.5.Croissance inclusive, situation de la pauvreté et contexte social
2.5.1. Huit ans après la révolution, la Tunisie continue à faire face à d’importantes disparités
régionales et au problème du chômage, les principales fragilités qui ont contribué au déclenchement
de la révolution de 2011. La situation sur le front de l’emploi demeure un défi pour le pays. Après un
pic à 18,9% en 2011, le taux de chômage évolue autour d’un niveau pivot de 15% depuis 2013. Fin
2017, le niveau du chômage est resté élevé. On comptait 618.000 chômeurs, soit 15,4% de la population
active estimée à quatre millions de personnes. Le chômage est quasiment deux fois plus élevé chez les
femmes (22,6%) que chez les hommes (12,5%). Le chômage des diplômés de l’enseignement supérieur
(28,6%) demeure préoccupant et le niveau de croissance économique actuel ne permet pas d’absorber
les quelques 60 000 nouveaux diplômés de l’enseignement supérieur arrivant sur le marché du travail
chaque année.

2.5.2. Les autorités tunisiennes ont déployé des efforts importants pour lutter contre la pauvreté
et les inégalités, mais des insuffisances persistent. Le budget de 2019 prévoit des mesures sociales qui
consistent : i) à améliorer la qualité des services éducatifs en renforçant les ressources humaines et les
infrastructures ; ii) à renforcer les ressources humaines et matérielles pour améliorer la qualité des
services de santé et à consolider les stocks stratégiques de médicaments ; iii) à opérationnaliser le fonds
de soutien à la santé publique ; iv) à augmenter le montant de l’abattement fiscal sur la valeur du
logement construit par les promoteurs immobiliers, en exemptant les frais d'enregistrement ; v) à élargir
le champ d'application de l'exemption de la taxe sur la consommation pour les voitures destinées aux
personnes handicapées. De même, le gouvernement a augmenté de 35000 le nombre des bénéficiaires
du programme national d’aide aux familles nécessiteuses (PNAFN), qui seront au total 285000 familles
bénéficiaires en 2019 ainsi que le montant de l’allocation sociale. Enfin, notons l’adoption en 2019 de
la loi organique relative à la création du programme « Amen social » pour la promotion des catégories
sociales pauvres et à revenu limité.
2.5.3. En matière d’équité de genre, le code du statut personnel de 1956 place la Tunisie à l’avant-
garde du monde arabe au regard de la situation des femmes dans la société. Toutefois, du point de vue
de l’inclusion économique et du capital humain, et en dépit des efforts fournis, des importantes disparités
persistent. Au niveau de l’éducation de base, le taux d’analphabétisme était de 25,6% chez les filles
contre 12,8% pour les garçons en 2014.
2.6.Système financier, contraintes et défis
2.6.1. En dépit des reformes accomplies jusqu’à présent dans le secteur financier tunisien, il
subsiste d’importants défis qui doivent être relevés pour que le secteur joue son rôle escompté
dans le financement de l’économie et l’inclusion économique des plus démunis (Cf. Annexe
technique 4). Avec un crédit bancaire fourni au secteur privé représentant 85,6% du PIB en 2018, le
secteur bancaire tunisien réalise une performance appréciable, et ce comparativement aux pays du
Maghreb. Toutefois, ce secteur est appelé à accroître son concours au financement du tissu productif et
à réussir la bancarisation des personnes à faible revenu.
2.6.2. Le secteur bancaire est caractérisé par plusieurs défis. Premièrement, le paysage bancaire
est constitué d’un nombre relativement élevé d’institutions bancaires au nombre de 23 en 2018.
Deuxièmement, malgré le manque de concurrence, la profitabilité moyenne du secteur est faible,
reflétant avant tout des faiblesses dans la gestion des charges opérationnelles de certaines institutions
notamment les banques publiques. On note que la part du crédit au secteur privé en Tunisie est

4
relativement la plus forte (81% du total de crédit contre 65% au Maroc et 75% en Jordanie)4. Cependant,
les enquêtes montrent que même si une majorité d’entreprises ont des encours de crédits bancaires, elles
jugent l’accès au financement comme une contrainte majeure à leur expansion. Le troisième défi du
système bancaire tunisien, consiste en son taux de créances douteuses structurellement très élevé,
atteignant 13,9% en 2017. Il était de 12% avant la révolution (15% à fin 2013), soit un ratio
significativement supérieur à celui du Maroc (5%) et de la Jordanie (8,5%). Ces créances douteuses sont
le signe de dysfonctionnements dans le mécanisme et les conditions de l’allocation des crédits.
Toutefois, il est important de noter que les autorités consentent d’importants efforts pour palier à ces
insuffisances, notamment à travers l’assainissement du secteur bancaire, l’amélioration du dispositif de
garantie et la diversification des instruments de financements, en particulier dans les régions. Ces efforts
font l’objet de mesures d’appui convenues dans le cadre du présent programme. Une autre contrainte
importante pour le secteur banquier tunisien est l’assèchement de liquidité auquel il fait face.
2.6.3. Les insuffisances en matière d’inclusion financière limitent aussi les opportunités
économiques dont peuvent disposer les couches vulnérables et les populations rurales pour sortir
du chômage et de l’exclusion, à travers l’entreprenariat et l’auto-emploi. Les adultes déclarant
posséder un compte bancaire représentent 27%. Cette moyenne cache des disparités selon le genre :
20,7% des femmes disposent d’un compte contre 34,3% pour les hommes. L’exclusion financière est
plus prononcée dans le milieu rural puisque seulement 22,4% des adultes détiennent un compte dans
une institution formelle. Cet accès limité aux services financiers constitue un frein à l’investissement,
particulièrement pour les petites entreprises. Par ailleurs, la collecte formelle de l’épargne demeure faible
(18,3% du PIB en 2017), même si elle est en avance dans la région Maghreb et le monde arabe. Les
banques peinent à collecter l’épargne nationale et à améliorer significativement le niveau d’inclusion
financière des tunisiens. Pourtant l’épargne est le service financier de base pour les personnes en
situation de précarité et le moteur de l’inclusion financière.
2.6.4. Sur le plan de la stabilité financière, on notera que la Tunisie est confrontée à un grand
défi qui consiste à réduire le volume global de refinancement des banques dont le montant a
atteint un niveau record de 16 milliards de dinars en août 2018. A vrai dire, les banques font face à
un problème chronique et structurel de liquidités lié aux facteurs autonomes de liquidité parmi lesquels
il y a lieu de citer les avoirs nets en devises. Ceux-ci ont baissé en raison particulièrement du creusement
du déficit de la balance énergétique5, de la baisse des recettes touristiques et de la chute des ventes de
phosphates. L’autre dimension importante ayant agi négativement sur la liquidité bancaire est
l’utilisation massive du cash dans les transactions.
2.6.5. Les infrastructures de paiements présentent des insuffisances. Il coexiste deux plateformes
de paiement, celle de la Poste (e-Dinar) et celle des banques, où l’interopérabilité demeure partielle.
Dans un tel contexte, les opérateurs téléphoniques ont dû dédoubler leurs offres de services financiers
mobiles afin qu’ils soient en mesure de proposer à leurs clients des produits ayant une interopérabilité
plus grande entre les écosystèmes de la Poste et les banques. En avril 2018, la Poste tunisienne a
cependant annoncé avoir mis en place un switch entre sa plateforme et celle de la Société Monétique-
Tunisie dans le but d’atteindre une compatibilité plus large entre les deux grandes plateformes de
paiement du pays. Cette évolution a été suivie de près dans le cadre du dialogue à travers le PAMSFI,
étant donné que le switch national représentait une condition préalable.
2.6.6. Le gouvernement a historiquement adopté une politique d’encouragement des activités
du capital investissement, qui est basée sur les incitations fiscales mais le secteur demeure sous-
développé. Depuis la révolution, le secteur a connu des avancées positives, favorisées notamment par
l’adoption du décret-loi de 2011. Le secteur du capital investissement est dominé par les banques : ces
dernières ont fourni plus de 60% des capitaux levés en 2017 et les SICAR et FCPR (S&F) bancaires
comptent pour environ 2/3 des investissements réalisés en termes du montant d’approbations. La

4
Chiffres sont relatifs à l’année 2017
5
Suite à la conjugaison de plusieurs effets : diminution de la production locale en pétrole, la progression de la consommation
domestique en énergie et la montée du prix baril du pétrole, et ce durant les années 2012, 2013, 2017 et 2018.

5
contribution du capital risque au financement de l’investissement privé demeure très limitée et une forte
concentration sur l’activité de capital développement6. Cette progression limitée reflète surtout la rigidité
de la réglementation régissant le secteur.
2.6.7. Le secteur des assurances est également peu développé en Tunisie avec un volume de
primes équivalent à 2,2% du PIB en fin 2017 contre 1,9% en 2015, et ce malgré un nombre
relativement élevé d’acteurs (22 compagnies) qui se concentrent principalement dans les activités
d’assurances non-vie obligatoires (Cf. Annexe Technique 15). Bien que la Tunisie affiche des taux de
croissance annuel des primes collectées avec un taux de croissance annuel moyen des primes collectés
de 10,2% entre 2013 et 2017, le secteur reste encore en-deçà de son potentiel. La densité de l’assurance
(prime moyenne par habitant) qui est de l’ordre de 182 dinars reste faible comparée à d’autres économies
émergentes. L’analyse de la situation fait ressortir les principaux constats structurants suivants : i)
l’assurance tunisienne n’exploite pas l’immense potentiel existant, ii) la branche automobile est
prépondérante et déficitaire, iii) les assurances obligatoires ne sont pas respectées dans les faits, iv) un
très faible développement de l’assurance-vie, et v) la règlementation est insuffisante.
2.6.8. En dépit d’une avancée positive, les marchés de capitaux ne jouent pas pleinement leur
rôle de moteur de financement de l’économie tunisienne7 (Cf. Annexes Techniques 12 et 13). La
contribution du marché financier au financement de la formation brute du capital fixe du secteur privé
s’est établit à 8% en 2018. Le marché financier tunisien est aligné sur les standards internationaux, sa
structure technique avancée et dispose d’une expertise dans l’ingénierie financière. Malgré le retard pris
dans l’importante révision de la loi 1994 régissant le marché financier tunisien, les parties prenantes ont
enrichi la cote de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) et ont amélioré la culture
financière. L’indice Tunindex a réalisé une performance de 15,76% en 2018 contre 14,45% en 2017.
Ensuite, le marché des actions ne contribue pas suffisamment au financement des investissements de
long terme et connait une participation limitée des investisseurs institutionnels, privant ainsi l’économie
de ressources de financement non négligeables. Enfin, le marché alternatif créé pour attirer les PME
affiche un attrait encore très limité. Le marché alternatif pourrait être amélioré par des exigences
renforcées en matière de qualité des informations financières. Il convient également de noter le besoin
en nouveaux produits pour mobiliser l'épargne privée et institutionnelle. S’agissant du marché de la dette
souveraine, il répond aux exigences de taille minimale pour être inclus dans les indices mondiaux, mais
il continue d’être de taille réduite et peu liquide. Les efforts entrepris par les autorités afin d’approfondir
ce marché, d’améliorer son efficience et de promouvoir une gestion efficiente de la dette publique,
doivent être poursuivis. La Banque avait notamment appuyé la mise en place d’un cahier des charges
des spécialistes en valeurs du trésor (SVT) et engagé un dialogue avec les autorités dans le cadre des
travaux pour la création d’une courbe des taux et la mise en place de l’Agence Tunisie Trésor.
2.6.9. Sur la base des éléments décrits, le secteur financier tunisien pouvait jouer un rôle beaucoup plus
important dans le financement sain de l’économie et dans le renforcement de l’inclusion financière, si
les réformes nécessaires pour relever les défis susmentionnés, seraient mises en œuvre.
III. PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DU GOUVERNEMENT
3.1.Stratégie de développement du gouvernement et priorités de réforme à moyen terme
3.1.1. La réforme du secteur financier tunisien revêt une importance majeure dans le
Programme national des réformes 2016-2020. L’amélioration du financement de l’économie
représente un des 5 piliers du programme National des réformes majeures. Les composantes identifiées
pour ce pilier sont : (i) l’amélioration du cadre réglementaire et de la gouvernance, (ii) renforcement de
la supervision bancaire, (iii) renforcement de la résilience du secteur bancaire, (iv) amélioration de
l’inclusion financière, (v) amélioration de l’accès au financement des microentreprises, PME,
entreprises innovantes à risque, et (vi) approfondissement du marché de capitaux.

6Ce taux est toutefois supérieur à la moyenne pour la région MENA.


7Diagnostic synthétique du secteur financier en Tunisie : Etat des lieux, principaux défis et opportunités de réformes (Juin
2014).

6
3.1.2. La stratégie du gouvernement est décrite dans une note d’orientation publiée en aout 2015
qui représente le fondement du plan stratégique de développement 2016-2020 validé par le
Parlement. Cette note souligne le besoin pour le pays de mettre en œuvre un nouveau modèle de
développement permettant de positionner la Tunisie sur un nouveau sentier de croissance qui soit plus
inclusif et créateur d’emplois. Pour atteindre ces objectifs, cinq axes stratégiques ont été retenus, à savoir
(i) l’amélioration de l’efficacité de l’état et des institutions publiques à travers une bonne gouvernance,
(ii) la diversification de l’économie à travers un climat des affaires favorable et un meilleur accès au
financement, (iii) un meilleur développement humain et inclusion sociale, (iv) le développement des
régions à travers une accélération de l’investissement public pour développer une infrastructure
adéquate et un meilleur accès au financement, et (v) une économie verte pour que la croissance générée
soit durable. Évidemment, la réalisation des objectifs décrits dans la note d’orientation et des stratégies
sectorielles de réformes dépendra de la capacité de la Tunisie à mobiliser les ressources financières et
techniques appropriées.
3.1.3. Les partenaires techniques et financiers de la Tunisie apportent un appui soutenu à la Tunisie,
pour l’aider à mettre en œuvre sa stratégie, à relever les défis qui bloquent la croissance et à accélérer la
mise en œuvre des réformes prioritaires. Le FMI est davantage concentré sur l’appui aux équilibres des
finances publiques et à la consolidation macroéconomique, la Banque mondiale appuie l’amélioration
du climat des affaires, alors que l’Union européenne apport un soutien substantiel à la protection sociale.
Les partenaires bilatéraux complètent aussi ces appuis à travers des programmes de réformes des
assistances techniques et des projets d’investissement. L’intervention de la Banque, à travers le secteur
financier, vise à relever le défi lié au financement de l’économie, mais également à apporter des
réponses, d’une façon transversale aux autres axes de réformes prioritaires, telles que la consolidation
macroéconomique (decashing pour faciliter la mobilisation des recettes internes), le climat de
l’investissement (garantie, financement de l’innovation) et le renforcement des filets sociaux (inclusion
financière).

3.2 Obstacles à la mise en œuvre du plan de développement stratégique.


3.2.1. Globalement, l’enveloppe des investissements retenue par le plan pour la période 2016-2020
(120000 millions de dinars) semble insuffisante et ne permet pas de rehausser le taux d’investissements
à des niveaux qui permettraient de relever ou du moins atténuer les défis sociaux. Les investissements
dans les secteurs agricoles et manufacturiers apparaissent insuffisants et ne permettent pas de consolider
la base économique du pays et son potentiel d’exportation qui peine à se redresser8. Le financement de
l’économie en continue à représenter un obstacle à l’investissement qui permettrait de débloque le
potentiel de l’économie tunisienne.
3.3.Processus de consultation et de participation
3.3.1. Pour garantir une meilleure appropriation des réformes, la mise en place de cadres de
concertation et de participation élargis à tous les citoyens est nécessaire. Soucieux de trouver des
solutions aux disparités régionales et aux attentes des jeunes, des femmes et des autres groupes
vulnérables, le Gouvernement a intégré ces dimensions dans ses orientations stratégiques, reflétées dans
le PSD 2016-2020, qui a été réalisé selon une approche participative impliquant 292 commissions
régionales et locales.
3.3.2. En ce qui concerne le PAMSFI II, il est à noter qu’au cours des missions de préparation et
d’évaluation, plus d’une trentaine de séances de travail ont été tenues avec les autorités tunisiennes et
les autres parties prenantes du secteur financier tunisien en vue d’identifier les réformes majeures
susceptibles de relever les défis de l’ensemble du secteur et de consolider les acquis du PAMSFI I (2016-
2017). La préparation du programme proposé a bénéficié de larges consultations avec les acteurs clés
du secteur financier. La Banque a mené le dialogue non seulement avec les autorités mais également

8
Plan de développement 2016-2020 : « Réformes, investissements, commerce extérieur et emploi. Une lecture critique, 2016, Solidar-
Tunisie

7
avec des opérateurs bancaires, la bourse ainsi que les associations professionnelles des assurances, des
investisseurs en capital-risque, et de la microfinance. Cette approche a permis de recueillir les avis des
différentes parties prenantes quant aux contraintes pesant sur le développement du secteur financier
tunisien et d’apprécier la pertinence des mesures convenues avec les autorités dans le cadre de la
présente opération. La Banque a également alimenté la conception de ce programme par les résultats du
PAMSFI I et des ateliers organisés par la profession durant les deux dernières années.

IV. L’APPUI EN FAVEUR DE LA STRATÉGIE DU GOUVERNEMENT


4.1.Lien avec la stratégie de la Banque
4.1.1. Le Programme contribue aux objectifs de financement de l’industrialisation, de
l’amélioration de la qualité de vie des populations et le développement de l’agriculture, dans le
cadre de l’agenda des Cinq Hautes Priorités stratégiques. Il est aligné sur le Document de stratégie
pays 2017-2021, dont le premier pilier « Industrialisation et développement des chaines de valeur » met
l’accent sur les politiques et les réformes à entreprendre en vue de réduire le coût des facteurs de
production et de renforcer la compétitivité des services financiers. Le programme est également aligné
sur le deuxième pilier « Amélioration de la qualité de vie des populations des régions prioritaires » en
soutenant le développement de tissus de micro, petites et moyennes entreprises (TPME) par
l’amélioration de l’accès aux services financiers. Il est par ailleurs aligné aux deux axes du Document
de politique et de la stratégie de développement du secteur financier 2014-2019 de la Banque portant
sur l’accroissement de l’accès au financement des populations partiellement ou non desservie ; et
l’élargissement et l’approfondissement des systèmes financiers. L’assistance de la Banque est justifiée
par la nécessité d’appuyer les réformes prioritaires du secteur financier engagées par le Gouvernement
dans le cadre de son objectif de transformation structurelle de l’économie. Par ailleurs, le PAMSFI II
représente une activité clé planifiée dans le DSP de la Banque. En effet, le secteur financier ressort
comme un vecteur commun aux deux piliers du DSP (1. Industrialisation et développement des chaines
de valeur ; 2. Amélioration de la qualité de vie des populations des régions prioritaires).

Tableau 2 - Liens entre le PND, le DSP et le PAMSFI II

4.2.Respect des critères d’éligibilité


4.2.1. La Tunisie remplit les critères d’éligibilité pour l’Appui budgétaire sectoriel (ABS) :
Critère 1. Stabilité macroéconomique : En dépit des difficultés liées à la phase de transition, les
perspectives macro-économiques de la Tunisie à moyen terme demeurent positives. Le pays dispose
8
d’un cadre macro-économique stable et soutenu. Il poursuit son programme avec le FMI, appuyé par
l'Instrument de Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI, approuvé en 2016, d’une manière satisfaisante.
En outre, le Gouvernement s’est engagé dans la loi de finances de 2019 de réduire le déficit budgétaire
à 3,9% du PIB et de diminuer, à moyen terme, le ratio de la dette publique. Une telle perspective devrait
permettre de maîtriser à moyen terme l’inflation et préserver le pouvoir d’achat du citoyen.
Critère 2. La stabilité politique : La Tunisie a réussi sa transition politique avec notamment l’adoption
d’une nouvelle constitution posant les bases d’une démocratie multipartite et œuvre à mettre en place
des instances constitutionnelles indépendantes à l’instar de la cour constitutionnelle.
Critère 3 : Harmonisation des partenaires : En guise de mécanismes de coordination, notons que les
différents bailleurs soutenant la Tunisie se rencontrent périodiquement dans le cadre de groupes de
travail thématiques, pour faire le point sur les problèmes du secteur, partager les informations financières
relatives à leurs opérations, et identifier des synergies. Cette coordination s’est renforcée dans le cadre
CwA.
Critère 4. Cadre fiduciaire : L’évaluation du risque fiduciaire de la Tunisie est conduite dans le cadre
du DSP 2017-21 sur la base des diagnostics de GFP les plus récents (PEFA 2015,) a conclu à un niveau
de risque modéré. Il en ressort que le système de gestion des finances publiques tunisien permet une
préparation et exécution acceptables du budget annuel et présente un dispositif adéquat de contrôle
interne et de vérification des dépenses.
Critère 5. Engagement dans une stratégie de réduction de la pauvreté : La Tunisie a fait des progrès
remarquables en matière de réduction de la pauvreté et d’amélioration de l’accès aux services (eau,
assainissement et hygiène) au cours des dernières décennies. Entre 1990 et 2012, l’accès à une source
d’eau potable améliorée a augmenté de 82% à 97% de la population et ce taux est passé de 73 % à 92
% pour l’assainissement amélioré. Plus de quatre millions de personnes ont pu accéder à
l’assainissement amélioré entre 1990 et 2015 et il est en de même pour l’eau. La pauvreté a diminué
dans l’ensemble de la Tunisie pendant les dernières décennies mais sa distribution reste inégale. Selon
les estimations récentes du gouvernement, le taux de pauvreté a chuté de 25 % en 2000 à 15 % en 2015
et le nombre des pauvres était estimé à 1,7 millions de personnes en 2015.
4.3.Collaboration et coordination avec les autres partenaires
4.3.1. L’intervention proposée de la Banque s’inscrit dans le cadre de la coordination des
bailleurs pour la mise en œuvre du Compact with Africa (CwA) du G20. En guise de mécanismes
de coordination, notons que les PTFs se rencontrent périodiquement dans le cadre de groupes de travail
thématiques, pour faire le point sur les problèmes du secteur, partager les informations financières
relatives à leurs opérations, et identifier des synergies. Ainsi, la Banque est en dialogue continu avec les
principaux PTFs de la Tunisie pour assurer une complémentarité des interventions. Les mesures
identifiées à l’issu de la mission de préparation sont complémentaires aux interventions en cours et
envisagées par les PTFs en lien avec le secteur financier, notamment la Banque mondiale, le Fonds
monétaire international (FMI), l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne
pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque de développement allemande (KfW) et
l’Union Européenne (UE).
Encadré - La Tunisie dans le cadre du Compact with Africa
La Tunisie est un pays clé du Comapct with Africa : démocratie naissante, implantée stratégiquement dans le sud de la Méditerranée
(au carrefour de corridors commerciaux et d’entrée de marchés importants), visant à créer un climat favorable aux entreprises
(réformes clés: PPP, concurrence, réformes du secteur bancaire, libéralisation des TIC et infrastructures adéquates).
Le CwA était au cœur du Forum sur l’investissement en Afrique (AIF), où la Tunisie a reflété son expérience du CwA, en
présentant aux investisseurs un pays ouvert aux affaires.
La Banque joue un rôle clé dans la coordination de la CwA :
- Structuration de l’approche et des groupes thématiques,
- Mobilisation d’assistances techniques sen appui aux réformes du CwA (PPP, Investia PME, BDR) ;
- Appui aux réformes du CwA : Le gouvernement attache la priorité aux actions compactes visant essentiellement à
renforcer la stabilisation macroéconomique et à stimuler une croissance inclusive et durable. La Banque intervient sur
les trois axes du CwA : (i) Cadre macroéconomique ; (ii) climat des affaires et (iii) Cadre de financement. Le PAMSFI
apporte une réponse concrète au pilier 3 sur le financement, tout en contribuant aux deux autres piliers

9
4.4.Lien avec les autres opérations de la Banque
4.4.1. A la date du 1er janvier 2019, le portefeuille actif s’élève à près de 1.2 milliards d’euros, et
comprend 43 opérations dont 29 du secteur public (y compris 11 opérations financées par le Fonds
d’assistance technique pour les pays à revenu intermédiaire), 4 du secteur privé, et 14 opérations
financées par le Fonds fiduciaire pour les pays en transition et le Fonds pour la transition au MENA
(TFT MENA). En complément des opérations de prêts, ces assistances techniques ont pour objectifs
d’accélérer la diversification de l’économie, l’industrialisation, le développement des chaînes de valeur,
la gouvernance des entreprises publiques et répondre aux problématiques des réformes prioritaires du
pays. Les engagements au niveau du secteur public s’élèvent à 1 060 millions d’UC soit 91% du total
du portefeuille. Le secteur privé avec des engagements de 93,3 millions d’UC représente 8,2% du
portefeuille, alors que les dons d’assistances techniques (TFT/MENA) avec un montant total de 8,18
millions d’UC représentent 0,8% du montant total des engagements. La répartition sectorielle du
portefeuille était la suivante : transports (46,8%), eau et assainissement (16,3%), social (13,5%), secteur
financier (8,2%), agriculture (6,1%), industrie/numérique (5,4%), énergie (3,6%), et multi-secteur
(0,1%). Le taux de décaissement global du portefeuille est de 70%. D’une manière globale, la
performance du portefeuille de la Banque en Tunisie a fait un bond qualitatif durant le 2ème trimestre
2018 et se situe désormais parmi les plus performants de la Banque.
4.4.2. Le PAMSFI II se situe dans la continuité du PAMSFI I, en consolidant les acquis de la
première phase, qui était mise en œuvre d’une façon très satisfaisante. Il vise à créer les conditions
nécessaires pour une croissance économique accélérée, résiliente aux changements climatiques, basse
en carbone et inclusive en Tunisie. A travers l’amélioration de l’accès des populations et des entreprises
aux services financiers, la diversification de ces derniers et une stabilité accrue du système financier, le
programme aidera à répondre aux principaux défis que connait la Tunisie, à savoir une croissance faible,
un chômage élevé et des disparités régionales et sociales importantes. En effet, il est estimé qu’une
augmentation du financement tunisien de 10 points de pourcentage au financement de l’économie,
permettrait de mobiliser 19 milliards de dollars EU qui profiteraient à l’investissement et à la création
d’emplois. Ce Programme viendra en complément au programme d’appui au développement régional
inclusif, qui a été approuvé en 2017. En effet, ce dernier vise à lever les contraintes pesant sur
l’investissement, public et privé, dans les régions les plus défavorisées, à améliorer le climat des affaires,
à renforcer la gouvernance dans ces régions et à accroitre l’employabilité des jeunes diplômés. De son
côté, le PAMSFI II vise à améliorer l’offre de financement, y compris dans les régions défavorisées, au
profit des jeunes entrepreneurs et PME, en vue de stimuler la création d’emplois susceptibles de
bénéficier à ces chômeurs diplômés et régions défavorisées. Les résultats du PAMSFI I combinés avec
les mesures envisagées dans PAMSFI II permettront aussi de créer des synergies avec les autres
opérations de la banque, y compris les lignes de crédit et le renforcement de l’infrastructure au profit des
opérateurs économiques
4.4.3. Liens avec les projets d’assistance technique : Le programme a bénéficié d’importants effets
de levier par le biais de son articulation avec des assistances techniques destinées à : (i) améliorer le
financement des PME à travers l’appui à la Banque de financement des PME (BFPME) ; et (ii) l’appui
à l’amélioration de la performance des Spécialistes en valeurs du trésor pour le marché de la dette et (iii)
l’étude du dispositif de financement BTS/AMC qui a bénéficié à la Banque tunisienne de solidarité.
4.4.4. En termes de leçons tirées des opérations précédentes : Depuis la Révolution de 2011, la
Banque a financé trois opérations d’appui aux réformes en soutien à la transition démocratique et à la
relance de la croissance en Tunisie. Les rapports d’achèvement de ces programmes ont conclu à la
performance et à l’appropriation satisfaisante du pays dans la conduite des réformes. A cet effet, parmi
les principales leçons retenues, on peut citer la nécessité de prévoir le temps nécessaire pour le suivi de
la maturation des mesures de réformes, en particulier celles présentant un éventuel risque social et
politique dans leur mise en œuvre. La conception du PAMSFI a tenu compte de ces principales leçons,
notamment, en concevant le programme sur deux phases (2016-2017 et 2019-2020). Par ailleurs, les

10
résultats et leçons de la mise en œuvre de certaines réformes appuyées par les programmes précédents
ont permis de concevoir les mesures du PAMSFI comme reflété dans le tableau 3.

Tableau 3 - Leçons tirées des opérations antérieures de la Banque


Principaux enseignements tirés Mesures prises pour intégrer les leçons dans le programme
La nécessité d’accompagner le gouvernement par une Identifier certaines mesures qui pourraient faire l’objet d’une assistance
assistance technique dans le cadre d’un appui budgétaire. technique, tels que l’élaboration et l’opérationnalisation du plan stratégique de
la Banque Centrale de Tunisie ou la mise en place de l’agence de la dette.
La difficulté de vérification quant au nombre élevé de Prendre quelques indicateurs pertinents en concertation avec les autorités
mesures et aux indicateurs du cadre logique se pose pour
les indicateurs chiffrés du programme de courte durée.

4.5.Travaux d’analyse qui sous-tendent l’opération


4.5.1. La conception du présent Programme a bénéficié de plusieurs travaux réalisés par la
Banque et d’autres partenaires. Le Diagnostic de croissance pour la Tunisie effectué par la Banque:
vers un nouveau modèle économique (2013), a permis de faire ressortir les principales contraintes pesant
sur l’investissement en Tunisie, y compris, les difficultés du financement. Le Diagnostic synthétique du
secteur financier, réalisé par la Banque et la Banque mondiale en 2014, fait également ressortir les
faiblesses pour chacune des composantes du secteur financier et propose des recommandations de
réformes. L’enquête des autorités tunisiennes sur l’inclusion financière publiée le 18 décembre 2018 a
permis de faire l’état des lieux quant à l’accès des tunisiens aux services financiers. Le programme a
également bénéficié des recommandations du diagnostic des marchés de capitaux pour la Tunisie réalisé
par la Banque et ses partenaires de développement dans le cadre du partenariat de Deauville et de
l’initiative arabe pour le développement des marchés de capitaux. Le programme s’est également
appuyé sur l’étude de faisabilité de l’intermédiation des institutions de microfinance pour le compte des
banques commerciales et de la Poste tunisienne dans la collecte de l’épargne, publiée en novembre
2018 et réalisée dans le cadre du programme MicroMED. Notons aussi que le PAMSFI a puisé dans les
résultats des travaux de recherche produit par la Banque9.
V. LE PROGRAMME ENVISAGÉ
5.1.But et objectif du programme
5.1.1. L’opération proposée s’inscrit dans la forte volonté de la Banque d’accompagner le
Gouvernement tunisien dans la mise en œuvre de sa vision de politique générale déclinée dans le
plan stratégique de développement 2016-2020 et dans la consolidation des acquis du PAMSFI I en
poursuivant les réformes engagées pour améliorer l’inclusion financière et renforcer le développement
du secteur financier. Le PAMSFI II maintient ainsi l’objectif du PAMSFI I de contribuer à créer les
conditions nécessaires pour une croissance économique accélérée, résiliente aux changements
climatiques, basse en carbone et inclusive, et ce à travers un renforcement du rôle du secteur financier
dans le financement de l’économie et des couches vulnérables. Le système bancaire est le pilier central
de la stratégie du secteur financier. Il doit remplir pleinement et efficacement son double rôle : (i)
l’intermédiation entre les déposants et les emprunteurs ; et (ii) la fourniture de services financiers à tous
les secteurs de l’économie et toutes les strates de la société tunisienne. Il se doit d’être sain, solide et
crédible. Les autres segments du secteur financier, marchés des capitaux, assurances et microcrédits et
doivent jouer un rôle dans la satisfaction des demandes de fonds prêtables pour l’investissement.
5.1.2. Ainsi, la pertinence de l’intervention envisagée par la Banque en soutien aux autorités
tunisiennes demeure et se justifie par la nécessité de continuer à appuyer les réformes prioritaires
du secteur financier engagées par le Gouvernement dans le cadre de son objectif de
transformation structurelle de l’économie. En effet, le PAMSFI II contribuera à accompagner
l’émergence d’un nouveau modèle de développement pour la Tunisie, dans lequel le secteur privé peut
se développer et créer de l’emploi sur tout le territoire tunisien, et où les segments défavorisés de la
population peuvent contribuer à la croissance et en bénéficier. En outre, la Tunisie est engagée dans des

9
L’ouvrage sur l’inclusion financière en Afrique et l’analyse de l’impact des bureaux de crédits sur l’accès des PME au financement.

11
programmes ambitieux pour l’appui aux PME et l’attractivité des investissements privés dans le secteur
énergétique, à travers le programme solaire tunisien de 1000 MW. Le PAMSFI II apporterait un appui
aux ambitieux objectifs de ce programme en contribuant à l’amélioration du financement de l’économie.
5.2.Composantes du programme
5.2.1. Le PAMSFI II se décline en deux composantes complémentaires, à savoir : (i) la
Composante 1 pour la réduction des disparités sociales, territoriales, régionales et de genre à travers
une meilleure inclusion financière ; et (ii) la Composante 2 pour le renforcement de la résilience du
secteur financier et le développement des marchés de capitaux pour un financement efficient de
l’économie. La Composante 1 comprendra deux sous composantes, à savoir : la Sous Composante 1.1
portant sur l’amélioration de l’inclusion financière des populations vulnérables avec une perspective de
genre ; et la Sous Composante 1.2 relative à l’amélioration de l’accès aux financements aux TPME.
Quant à la Composante 2, elle comprendra également deux sous composantes, à savoir : la Sous
Composante 2.1 portant sur le renforcement du dispositif de gouvernance du secteur financier ; et la
Sous Composante 2.2 relative à l’approfondissement des marchés de capitaux. Les différentes mesures
soutenues par le programme sont décrites dans la matrice des réformes (Cf. Annexe 2).
5.2.2. Dans le cadre de la Composante 1, l’amélioration de l’inclusion financière est envisagée à
travers la mise en œuvre de certains projets de réformes visant notamment à développer une
microfinance responsable en renforçant l’offre, l’accessibilité et la qualité des produits financiers
proposés aux couches vulnérables. L’amélioration de l’accessibilité au financement pour les TPME est
appréhendée par le biais de la réalisation de projets de réformes visant à améliorer l’accès au
financement pour les TPME dans les régions, à développer des mécanismes d’appui et de garantie au
profit des TPME, à encourager l’activité de capital investissement et à financer l’innovation.
5.2.3. Dans le cadre de la Composante 2, le renforcement de la gouvernance du secteur financier
s’appuierait essentiellement sur l’exécution de réformes visant à accélérer l’adoption des normes
internationales en matière de lutte contre les financements illicites et blanchiment d’argent, moderniser
la gouvernance du secteur des assurances et renforcer la résilience du secteur bancaire.
L’approfondissement des marchés de capitaux est abordé par la mise en œuvre de réformes visant à
approfondir l’efficience du marché des titres publics, faciliter l’accès au financement des PME par le
marché boursier, et à diversifier l’offre de produits pour mobiliser l’épargne privée et institutionnelle.
Composante I – Une réduction des disparités sociales et régionales à travers une meilleure
inclusion financière

Sous-composante I.1 - Inclusion financière


5.2.4. Problèmes et contraintes :
5.2.4.1. En Tunisie, l’offre de services financiers inclusifs est plus développée comparativement aux
pays de la région grâce au réseau postal. Toutefois, l’offre reste peu diversifiée. Le taux d’inclusion
financière est de 36% de la population adulte en 2015. Les efforts récents des acteurs du secteur se sont
concentrés sur certains types de microcrédit sans répondre aux besoins en services de micro-épargne,
d’assurance et de moyens de paiement. Différentes études font ressortir une demande de 950 000 à 1,4
million de particuliers pour le microcrédit, mais une demande encore plus importante de 2,5 à 3,5
millions pour une gamme plus large de services de microfinance, soit 30% à 40% de la population
adulte. On estime entre 245 000 et 425 000 le nombre de micro et très petites entreprises qui auraient
besoin d’une gamme de services financiers spécifiques, soit 37% à 65% des entreprises répertoriées par
le Registre National des Entreprises (RNE). L’étude IFC de 2014 estime à 15 000 PME ayant des
besoins financiers non servis. Cela s’explique par certaines inefficacités inhérentes au système financier
et juridique.

12
5.2.5. Mesures récentes adoptées par le Gouvernement :
5.2.5.1 Pour améliorer la qualité de vie de la population et élargir les opportunités d’emploi, les autorités
tunisiennes ont adopté, en juin 2018, la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière SNIF (2018-2022) et
son mode de gouvernance par la création d’un Conseil National d’Inclusion Financière. La mise en
place du plan d’action de la SNIF pour promouvoir la finance digitale, le refinancement des IMFs, la
micro-assurance, et l’économie solidaire et sociale. Pour la première fois en Tunisie, une enquête
nationale sur l’Inclusion Financière a été lancée en 2018. Les résultats de l’enquête montrent que 9%
des tunisiens sont des clients actifs du système financier parmi lesquels on dénombre des femmes (6%),
des ruraux (5%) et des personnes à revenu (3%). Cela témoigne de l’exclusion financière de franges
entières de la population tunisienne, du décalage entre zone urbaine et zone rurale, et la prépondérance
de l’utilisation exclusive du cash pour les transactions financières quotidienne.
5.2.6. Activité du Programme : Pour répondre à ces défis d’amélioration de l’inclusion financière, il
a été convenu dans le cadre de ce programme de mettre en œuvre les mesures de réformes suivantes
pour promouvoir l’inclusion financière: (i) la publication de l’Arrêté du Ministre des Finances relatif au
dédoublement du plafond du microcrédit octroyé par les institutions de microfinance ; (ii) validation de
l’étude de faisabilité pour la mise en place d’un véhicule de refinancement des institutions de
microfinance par le comité de pilotage, (iii) Transmission par le Ministre des Finances du projet
d’arrêté fixant les sanctions administratives et financières prononcées par l’Autorité de Contrôle
de la Microfinance à l’encontre des IMFs accompagné de l’avis du conseil d’administration de
l’ACM à la Présidence du Gouvernement; (iv) l’opérationnalisation de la phase 4 de la centrale de
risque des micro-crédits intégrant le TEG et le scoring basic ; (v) le lancement du produit de paiement
digital des inscriptions des élèves de l’enseignement public ; (vi) le lancement d’au moins un produit
financier digital pour le paiement de l’État aux citoyens dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie
du decashing ; (vii) Approbation par le Ministre des Finances du statut de l’association professionnelle
des IMF en application du Décret-Loi 117; (viii) Signature de la convention entre la FTUSA et
l’association professionnelle des IMF pour la commercialisation des produits de micro-assurances; (ix)
la publication des décrets d’application pour l’opérationnalisation du fonds d’indemnisation des dégâts
agricoles engendrés par les catastrophes naturelles ; et (x) Publication du Décret sur le Fonds de garantie
des prêts immobiliers et signature de la convention avec la SOTUGAR pour le produit de garantie pour
les crédits immobiliers au profit de la population à revenu irrégulier.
5.2.7. Résultats attendus : La mise en œuvre de ces mesures permettra à la stratégie nationale
d’inclusion financière d’atteindre ses objectifs : l’amélioration de l’inclusion financière de 36% en 2015
à plus de 38% en 2020 et l’augmentation du taux de pénétration des services financiers mobiles de 4%
en 2017 à 10% à l’horizon 2020 ; dédoublement de l’encours du microcrédit octroyé par les institutions
de microfinance ; et l’inscription (et paiement des frais y relatifs) en ligne de 100% des élèves du public.
Sous-composante I.2 - Financement des TPME
5.2.8. Problèmes et contraintes : Le secteur bancaire finance timidement les TPME. Les banques
sont réticences à prêter aux TPME en raison de la non-rentabilité des projets, le risque important induit
par l’asymétrie de l’information et l’insuffisance des garanties. Du côté des TPME, le manque de
trésorerie est un handicap crucial quand il s’agit notamment de renouveler le stock. Les TPME n’ont
pas généralement d’actif circulant et un nantissement à faire valoir comme garantie. Ensuite, la banque
dispose peu d'information concernant son client, même avec la création d’un crédit bureau. Enfin, les
banques observent une prudence du fait des problèmes de recouvrement des créances consenties, la
lourdeur du système judiciaire et la difficulté à donner de l’effectivité aux garanties.
5.2.9. Mesures récentes adoptées par le Gouvernement : Pour améliorer le financement du tissu
productif, les autorités ont amorcé plusieurs réformes. Les banques publiques ont été restructurées par
le biais d’une recapitalisation et une refonte du mode de gouvernance. Le financement dans les régions
et l’amélioration du système de garantie, notamment pour les PME et jeunes entrepreneurs, ont été au
cœur des préoccupations des autorités. Dans ce cadre, il a été décidé de créer la Banque des régions et

13
de restructurer les principaux mécanismes mis en place par l’État pour le financement des régions
défavorisées. Le modèle institutionnel et opérationnel de la BDR a été déjà adopté où il est prévu d’offrir
des produits spécifiques aux jeunes porteurs de projets, qui sont souvent dépourvus de garanties
suffisantes. Pour améliorer la prise des risques des banques dans le financement des entreprises, un
assouplissement du cadre régissant le taux effectif global (TEG) a été envisagé. Au niveau, du capital-
risque, l’exception faite dans la LF 2015 au niveau du cadre dédié pour rendre éligibles les entreprises
en difficulté a été étendu jusqu’à 2017 pour répondre aux besoins de financement de ces entreprises.
5.2.10. Activité du Programme : Le programme soutiendra les mesures décrites ci-après dans le cadre
de cette sous-composante : (i) l’adoption par le Conseil des Ministres du projet de loi portant création
de la Banque des régions ; (ii) l’inscription au Budget de l’Etat d’une dotation de 100 M TND pour lui
permettre de souscrire au capital de la Banque des régions ; (iii) Signature de la convention entre le
Ministère des Finances et la SOTUGAR, pour la mise en place du produit de garantie reparamétré
Dhamen Express pour les PME ; (iv) Lancement de l’étude sur l’amélioration des modalités de gestion
du fonds national de garantie couvrant les secteurs agricoles et de la microfinance; (v) la publication du
décret portant création du Fonds de restructuration des PMEs et signature de la convention entre le MdF
et la SOTUGAR pour le produit de garantie de la restructuration financière ; (vi) l’opérationnalisation
du Fonds de restructuration des PMEs à travers la validation du premier lot des rapports de diagnostic
et de propositions de plan de sauvegarde des PME ; (vii) la publication des trois textes d’application de
la loi régissant les procédures collectives ; (viii) l’adoption par le Conseil des Ministres du décret pris en
application de la loi sur les taux d’intérêts excessifs pour les entreprises fixant la nouvelle marge ; (ix)
Finalisation et Transmission du projet de loi sur le Crowdfunding au Ministère de l’Industrie et des PME
et à la Présidence du gouvernement ; (x) l’adoption par le Conseil des Ministres du projet de loi relatif
au Crowdfunding ; (xi) la signature de la convention entre le Ministère des Finances, le Ministère des
TIC et la SOTUGAR pour le fonds de garantie des Startups; et (xii) Mise en place du Fonds de Fonds
public-privé (Anava) pour le financement des start-ups et sa dotation par l’Etat via la CDC à hauteur de
20% de la taille du Fonds.
5.2.11. Résultats attendus : La mise en œuvre des mesures du programme, convenues au titre de
cette sous composante devrait contribuer à améliorer le taux du crédit aux entreprises privées par rapport
au PIB de 83,8% du PIB en 2018 à 86% en 2020. Les femmes et jeunes entrepreneurs devraient
bénéficier d’un meilleur accès au financement ainsi que les entreprises établies dans les régions
intérieures du pays.
Composante II - Renforcement de la résilience du secteur financier et développement des
marchés de capitaux pour un financement efficient de l’économie

Sous-composante II.1 - Gouvernance du secteur financier


5.2.12. Problèmes et contraintes: La résilience du secteur financier est négativement affectée par la
lourdeur et le manque d’efficience de plusieurs textes, l’absence de données fiables permettant
l’évaluation des risques clients aussi bien dans le secteur bancaire que dans le secteur de l’assurance, et
le besoin d’une refonte des systèmes d’information (SI) de la quasi-totalité des institutions. En février
2018, la Tunisie a été classée par le Groupe d’Action Financière (GAFI) sur la liste grise des États
susceptibles d’être exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme. De façon
concomitante, le Parlement européen a inscrit la Tunisie dans la liste des pays présentant des déficiences
dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
5.2.13. Mesures récentes adoptées par les autorités : Pour renforcer la gouvernance du secteur
financier, plusieurs réformes ont été entreprises. Notons l’adoption en 2016 par l’ARP de la loi 2016-35
portant sur le statut de la BCT. Elle a permis de garantir l’indépendance des autorités monétaires, de
renforcer la supervision prudentielle des banques et d’améliorer le cadre opérationnel de la politique
monétaire. De même, l’adoption de la loi 2016-48 relative aux établissements de crédit a permis
d’instaurer un dispositif de garantie des déposants et d’adopter les meilleures pratiques internationales.
L’autre réforme engagée consiste à refondre le Code des assurances, à renforcer la gouvernance des
14
sociétés d’assurance, à améliorer la supervision prudentielle du secteur par le Comité général des
assurances (CGA) ; et à moderniser le cadre juridique d’assurance-vie. Enfin, la révision de la loi n° 94-
117 régissant les marchés financiers, suite à une assistance technique de la BERD, devrait permettre une
meilleure gouvernance du marché financier. À ce titre, on notera la publication de l’arrêté du ministre
des Finances en 2018, portant sur la modification du règlement du CMF relatif aux mesures pratiques
pour la répression du blanchiment d’argent et la lutte contre le financement du terrorisme. Le nouveau
texte oblige les intermédiaires en Bourse de prendre les mesures et les diligences nécessaires lors du
dénouement d’une relation d’affaires. Aussi, il est demandé aux intermédiaires de s’assurer
périodiquement que le bénéficiaire effectif n’est pas inscrit sur la liste des personnes ou entités faisant
l’objet de sanctions financières ciblées.
5.2.14. Activités du programme: Les actions retenues au titre du présent programme visent à
moderniser le cadre légal et réglementaire régissant le secteur financier : (i) Publication de loi organique
relative à la lutte contre le terrorisme, à la répression du blanchiment d'argent (et intégrant des
dispositions contre la prolifération), abrogeant et remplaçant la loi 2015-26; (ii) Soumission au GAFI
du rapport de la CTAF faisant état des lieux du Plan d’actions élaboré avec le GAFI et confirmant la
réalisation de l’ensemble des actions ; (iii) Publication des textes réglementaires des superviseurs : BCT,
CMF, CGA et ACM, relatifs à la supervision basée sur les risques en matière de blanchiment d’argent
et lutte contre le financement du terrorisme ; (iv) Transmission par le Ministre des Finance du projet de
loi portant Code des assurances au Conseil des ministres; (v) l’émission des règlements du CGA relatifs
à la gouvernance des compagnies d’assurances et la fiche technique des contrats d’assurance vie ; (vi)
l’opérationnalisation de la centrale des risques du secteur des assurances; (vii) la publication de la loi
portant sur la politique d’abandon des créances en souffrance des banques publiques ; et (viii) la mise
en place du comité de contrôle de la réforme administrative et structurelle et des politiques de
recouvrement et d’audit dans les banques publiques, (x) Mise en œuvre des dispositions nécessaires
pour assurer une séparation entre la commission des marchés et la commission chargée des réclamations
des soumissionnaires au niveau des banques publiques.
5.2.15. Résultats attendus : Il est attendu que la mise en œuvre des mesures du programme se
concrétise par un accroissement du taux de pénétration de l’assurance de 2% en 2015 à 2,5% en
2020 ; une baisse du taux de créance en souffrance de 13,9% en 2017 à 11,5% en 2020; et la sortie de
la Tunisie de la liste grise du GAFI en juin 2019.
Sous-composante II.2 – Approfondissement du marché des capitaux
5.2.16. Problèmes et contraintes : Les marchés de capitaux tunisiens sont caractérisés par le manque
de profondeur et de liquidité (Annexe technique 12) se traduisant par une faible contribution de ces
marchés au financement de l’économie. L’assèchement de liquidité bancaire a agi négativement sur les
taux des souscriptions des bons du Trésor. La gestion de la dette publique se caractérise par un cadre
institutionnel fragmenté, par un marché secondaire peu liquide et par l’absence d’une courbe des taux
efficiente, nécessaire à la valorisation au prix de marché des actifs (Annexe technique 13). S’agissant
des conditions d’accès au marché boursier, on constate un manque d’adaptation aux besoins des PME :
lourdeur des procédures, inadéquation des prospectus et conditions d’entrée à la cote, et manque
d’accompagnement.
5.2.17. Mesures récentes adoptées par les autorités : Avec une assistance technique de la BAD, le
MdF a mis en place un nouveau cahier de charges des SVT qui permet d’observer davantage de
transparence et d’efficacité dans la gestion des titres du Trésor. Ceci a permis l’élimination de SVT non
performants. Une assistance technique de la BERD s’est focalisée sur la construction d’une courbe de
taux devant servir de référentiel pour la valorisation des actifs. Pour rendre la gestion de la dette
centralisée et dynamique, une réforme est engagée. Pour réviser les conditions d’accès au marché
boursier, un arrêté du Ministre des Finances du 27 mars 1996 fixant les taux et les modalités de
perception des redevances et commissions revenant au CMF et à la BVMT au titre des opérations
boursières, a été publié en 2016.

15
5.2.18. Activités du programme : Les actions retenues au titre du présent programme visent à
approfondir et améliorer l’efficience du marché des titres publics : (i) Publication par le Ministère des
Finances, le CMF, Tunisie Clearing et la BCT d’une courbe de taux servant de référentiel efficient pour
les émissions et la valorisation mark-to-market des actifs ; (ii) l’opérationnalisation de la plateforme
électronique d’adjudication des titres du trésor par les SVTs; (iii) Transmission d’une note et du projet
de loi par la DGGDCF au Ministre des finances relatif à la création de l’ « Agence Tunisie Trésor» ; (iv)
Publication du décret sur les Sukuks ; (v) Adoption par le collège du CMF du règlement portant sur
l’application des dispositions des décrets sur les Sukuks relatif à l'émission des sukuks islamiques au
profit des institutions du secteur privé ; (vi) Publication des modifications apportées au Règlement
général de la Bourse relatif à la refonte au cadre réglementaire du Marché Alternatif; (vii) la publication
du décret sur les SICAV monétaires ; et (viii) l’émission par la BCT de la circulaire régissant l’émission
de TCN.
5.2.19. Résultats attendus : Il est attendu que le programme se concrétise par un accroissement de la
contribution du marché financier au financement de l’économie de 9,2% en 2015 à 11% en 2020 ; et
une progression de la capitalisation boursière ainsi que du taux de souscription des titres publics.
5.3.Dialogue sur les politiques
5.3.1. Durant les quatre dernières années, la Banque a maintenu un dialogue politique de
proximité avec les autorités tunisiennes sur le secteur financier. Les thématiques abordées ont porté
sur le financement des PME, la restructuration du secteur de la microfinance, les services financiers
mobile, le capital-risque et le financement des régions de l’intérieur. Dans le cadre du présent
programme, ce dialogue se poursuivra pour la mise en œuvre des réformes convenues et pour apporter
le conseil et l’assistance technique nécessaires aux autorités. Des assistances techniques pour le
financement non bancaire des PME, pour la fiance digitale, dans le cadre de l’Africa Digital Financial
Inclusion (ADFI) seront déployés.
5.4.Conditions relatives au prêt
5.4.1. Mesures préalables : Le dialogue avec le Gouvernement a permis d’identifier les mesures
suivantes comme actions préalables à la soumission du PAMSFI II au Conseil (Cf. tableau 4). Ces
mesures ont été retenues compte tenu de leur degré de maturité, du dialogue approfondi dont elles ont
fait l’objet et également de leur impact important sur les résultats du programme à moyen et long terme.
Tableau 4 - Mesures préalables
Composante Mesures préalables
Composante 1. Amélioration de l’inclusion financière pour une réduction Preuves
des disparités sociales et régionales
Transmission par le Ministre des Finances du projet P1 : Copie de la lettre de transmission du projet de l’arrêté fixant
d’arrêté fixant les sanctions administratives et financières les sanctions administratives et financières prononcées par l’ACM
prononcées par l’Autorité de Contrôle de la Microfinance à l’encontre des IMFs
Mesure 1
à l’encontre des IMFs accompagné de l’avis du conseil
d’administration de l’ACM à la Présidence du
Gouvernement
Publication du Décret sur le Fonds de garantie des prêtsP1 : Copie du Décret gouvernemental n° 2018-749 du 7
immobiliers et signature de la convention avec la septembre 2018, fixant les modes de gestion du fonds de garantie
SOTUGAR pour le produit de garantie pour les crédits pour les crédits à l'habitat au profit des catégories sociales à
immobiliers au profit de la population à revenu irrégulier
revenus irréguliers, les modalités et les conditions du bénéfice de
Mesure 2
ses interventions
P2 : copie de la Convention portant gestion du fonds de garantie
pour les crédits immobiliers au profit de la population appartenant
aux classes sociales à revenu irrégulier
Signature de la convention entre le Ministère des Finances P1 : Copie de la convention signée de Dhamen Express
et la société de gestion des mécanismes de garantie, pour
Mesure 3
la mise en place du produit de garantie Dhamen Express
pour les PME
Composante 2. Renforcement de la résilience du secteur financier et
développement des marchés de capitaux pour un financement efficient de
l’économie

16
Publication de loi organique relative à la lutte contre le Copie de la loi 2019-21
Mesure 4 terrorisme, à la répression du blanchiment d'argent,
abrogeant et remplaçant la loi 2015-26
Publication de la loi 2018-36 portant sur la politique P1 : Copie de la Loi n° 2018-36 du 6 juin 2018, modifiant et
d’abandon des créances en souffrance des banques complétant la loi n° 2015-31 du 21 août 2015, relative au
Mesure 5
publiques renforcement de la solidité financière de la banque de l’habitat et
la société tunisienne de banque
Mise en œuvre des dispositions nécessaires pour assurer P1 : Copie de la lettre du Ministre des finances attestant le
une séparation entre la commission des marchés et la démarrage d’un processus visant la séparation entre la commission
Mesure 6
commission chargée des réclamations des des marchés et la commission chargée des réclamations des
soumissionnaires au niveau des banques publiques soumissionnaires au niveau des banques publiques
Publication du décret 2018-7-48 portant sur les SICAV P1 : copie du Décret gouvernemental n° 2018-748 du 7 septembre
monétaires 2018, complétant le décret n° 2001-2278 du 25 septembre 2001
Mesure 7 portant application des dispositions des articles 15, 29, 35, 36 et 37
du code des organismes de placement collectif promulgué par la
loi n° 2001-83 du 24 juillet 2001

5.4.2. Application des bonnes pratiques en matière de conditionnalité : Le PAMSFI II répond aux
critères de bonnes pratiques en matière de conditionnalité relatives aux appuis budgétaires : (i)
une bonne appropriation par le Gouvernement; (ii) une coordination étroite et continue avec les autres
partenaires (FMI, BM, AFD, BERD, KfW et UE); (iii) un alignement sur les priorités nationales et sur
les axes du PSD ; (iv) une sélectivité et la parcimonie dans la définition du nombre de conditions clés;
et (v) un alignement de l’appui de la Banque au cycle budgétaire de la Tunisie correspondant à 2019.
5.5.Besoins et mécanismes de financement
5.5.1. Par rapport à 2018, le besoin de financement du budget de l’État a progressé de 4,5%
pour s’établira à 10 142 millions de TND lequel sera financé par le recours à l’endettement
intérieur à hauteur de 2 350 millions de TND et 7 792 millions de TND devant être financés par la
dette extérieure. Ces besoins de financements ont été évalués sur la base du budget économique. A ce
titre, les recettes totales sont projetées à 30,719 milliards de TND pour un niveau global de dépenses
estimé à 40,861 milliards de TND. Le besoin de financement sera financé par la Tunisie avec le soutien
de ses PTF. La Banque contribuerait à répondre à ce besoin de financement pour un montant de 120
millions Euros (98 millions d’UC). La consolidation et le renforcement des réformes fiscales, la
rationalisation des dépenses publiques et l’amélioration de la mobilisation des recettes permettront
d’améliorer les marges budgétaires qui seront dégagées en vue de maintenir les équilibres des finances
publiques. Le solde primaire de base s’en trouvera amélioré, passant de -2,3% du PIB en 2018 à -1,2%
en 2019 contre -3,9% en 2017. Le tableau 5 ci-après, présente la structure du gap de financement.
Tableau 5 - Besoins de financement du budget de l’État.
millions de dinars millions d’Euros
2018 2019 2018 2019
Total des recettes et dons 27 966 30 719 8401 9125
Total des dépenses et prêts nets 37 666 40 861 11314 12138
dont, paiements d'intérêts 2 755 3 137 827 932
dont, dépenses en capital 5 086 6 170 1528 1833
Besoins de financement 9 700 10 142 2914 3013
Financement intérieur 2 340 2 350 703 698
Financement extérieur 7 360 7 792 2211 2315
Prêts affectés 1 136 820 341 244
*) Projets de l’Etat 937 700 282 208
**) prêts rétrocdéés 198 120 59 36
Prêts non affectés (Appuis Budg + MFI) 5 466 7 919 1 599 2 261
Dont, BAD 0 403 0 120
dont, FMI 1 603 1 500 469 439
dont, BM 1 453 1 336 425 391
dont, UE 0 1 025 0 300
dont, FMA 359 120 105 35
dont, KFW 342 683 100 200
Dont AFD 0 342 0 100
Dont Arabie Saoudite 0 1 500 0 439
Dont, MFI 1 709 0 500 0
Prêt syndiqué 0 810 0 237
Source : Ministères des Finances, 2018

17
VI. MISE EN OEUVRE DE L’OPÉRATION
6.1.Bénéficiaires du programme
6.1.1. Le bénéficiaire final du programme est la population tunisienne dans son ensemble. Celle-
ci profitera d’une amélioration de leurs conditions grâce à une croissance économique inclusive et
durable rendu possible par la disponibilité d’opportunités économiques et d’emplois. Le secteur privé,
bénéficiera également du PAMSFI. Son accès au financement sera facilité grâce à l’amélioration de
l’offre des services financiers, y compris dans les régions intérieures du pays. L’accès à des services
d’épargne permettra aux personnes dont les revenus sont bas et souvent irréguliers de maintenir un
niveau de consommation plus stable dans le temps. De plus, l’accès au financement pour les très petites,
petites, et moyennes entreprises (TPPME) devraient permettre de créer un plus grand nombre d’emplois.
Finalement, l’inclusion financière diminue le coût de mise en œuvre des politiques sociales, comme le
versement des allocations.
6.2.Impact attendu sur le genre, les pauvres et les groupes vulnérables
6.2.1. L’un des objectifs principaux du PAMSFI II est le renforcement de l’inclusion financière à
l’accès au micro crédit et la finance digitale afin de favoriser l’accès des services financiers aux femmes,
les, opportunités d’emploi et la réduction des inégalités. Environ la moitié des bénéficiaires du micro-
crédit en Tunisie sont des femmes et 26% sont des jeunes, qui empruntent pour financer de petits projets
productifs dans les secteurs de l’agriculture et de l’artisanat, le plus souvent en milieu rural. La stratégie
d’inclusion appuyée par le PAMSFI devra aussi favoriser l’inclusion économique et financière des
pauvres par d’autres canaux. Le PAMSFI inclut une mesure dédiée au financement des femmes
entrepreneurs. Par ailleurs, plusieurs franges de la population, y compris, les familles nécessiteuses et
les étudiants, bénéficieraient du développement des services financiers mobiles pour leurs allocations.
6.3.Impact sur l’environnement et le changement climatique
6.3.1. Sur le plan du changement climatique, le PAMSFI II n’a pas d’impacts environnementaux
et sociaux potentiels. Le PAMSFI II a été classé en catégorie 3 conformément aux procédures
environnementales et sociales de la Banque. Il devrait renforcer la résilience des petits agriculteurs aux
aléas climatiques grâce aux mécanismes d’assurance et d’indemnisation.
6.4.Impact dans d’autres domaines
6.4.1. En se concentrant sur l’amélioration de l’accès au financement des entreprises, le
PAMSFI contribuera au développement d’un environnement favorable aux activités du secteur
privé. La facilitation de l’accès des entreprises au financement est d’autant plus importante que ce
facteur constitue l’un des principaux obstacles pour faire des affaires en Tunisie.
6.5.Mise en œuvre, suivi et évaluation
6.5.1. La mise en œuvre du programme sera assurée par le Ministère des finances (MdF), en coordination
étroite avec le Ministère du développement, de l’investissement et de la coopération internationale
(MDICI). La Direction générale des financements (DGF) du MdF sera chargée de la supervision du
programme. Disposant des effectifs et de l’expertise nécessaire en matière de réformes, elle a assuré un
suivi efficace de la mise en œuvre de la phase 1 du programme. Le MdF a mis en œuvre de façon
satisfaisante plusieurs programmes d’appui aux réformes de différents bailleurs grâce à sa capacité de
mobiliser les différentes parties prenantes impliquées dans les Programmes. La matrice de mesures
convenues formera la base de suivi-évaluation du PAMSFI II. Il est prévu des missions de supervision
pendant la durée d’exécution du programme afin d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre.
6.6.Gestion financière décaissement et acquisition
6.6.1. Evaluation du risque fiduciaire : L’Évaluation du risque fiduciaire de la Tunisie conduite
dans le cadre du DSP 2017-2021 a conclu à un niveau de risque modéré, sur la base des plus récents
diagnostics sur la gestion des finances publiques (PEFA de 2015, scan d’intégrité de l’OCDE). Une
mise à jour de certains aspects du risque fiduciaire a été effectuée lors de l’évaluation du PAMSFI II

18
incluant une évaluation des risques spécifiques du secteur financier. Il en ressort que le système de
gestion des finances publiques tunisien permet une préparation et exécution acceptables du budget
annuel et présente un dispositif adéquat de contrôle interne et de vérification des dépenses. Néanmoins,
un retard significatif est constaté dans la mise en œuvre des axes d’intervention prioritaires. En effet, les
réformes profondes de la gestion de ses finances publiques dont le programme ambitieux de la Gestion
Budgétaire par Objectifs (GBO) vient d’être renforcé par l’adoption, en janvier 2019, de la nouvelle Loi
Organique du Budget (LOB). Cette Loi présidera : (i) la mise en place effective de la nouvelle
nomenclature budgétaire ; (ii) la simplification du contrôle a priori et le renforcement du contrôle a
posteriori ; et (III) l’élargissement du rôle de la Cour des Comptes qui sera chargé de la certification des
comptes de l’Etat. Par ailleurs, une attention devra être accordée à la rationalisation des corps de contrôle
interne caractérisés par une grande fragmentation et une approche systémique non basée sur l’approche
par les risques. La mise en œuvre du programme des réformes conduirait à l’atténuation des risques
fiduciaires identifiés. Le PAMSFI II sera exécuté en utilisant intégralement la chaîne de la dépense
publique en Tunisie.
6.6.2. Mécanismes de gestion financière et de décaissement : Du fait de la nature de l’opération
(appui budgétaire), l’utilisation des ressources financières sera effectuée selon la réglementation
nationale des finances publiques. Le circuit de la dépense publique sera utilisé dans son entièreté et les
règles de contrôle internes y afférentes seront appliquées. Le prêt de 120 millions d’euros contribuera,
de par le décaissement de sa tranche unique en 2019, à couvrir le déficit budgétaire de l’année 2019. A
la demande de l’Emprunteur, la Banque décaissera les fonds de ce prêt en devises dans un compte
spécial ouvert à la Banque centrale de Tunisie. L’Emprunteur devra s’assurer qu’une fois que le dépôt
est effectué sur ledit compte, l’équivalent des fonds en monnaie locale est transféré au Compte Courant
du Trésor. Le Ministère des Finances fournira à la Banque dans un délai de trente (30) jours après le
décaissement, une lettre de confirmation de ce transfert indiquant que le montant total du prêt a été reçu,
converti et reversé dans le Compte Courant du Trésor, accompagné des avis d’opérations émis par la
Banque Centrale de Tunisie. Etant donné le niveau modéré du risque fiduciaire global, ce programme
fera l’objet d’une supervision annuelle. Les rapports semestriels d’exécution budgétaire disponibles sur
le site du ministère des finances seront également consultés. Par ailleurs, les documents ci-après qui
devront être établis dans les délais conformes à la nouvelle loi organique du budget : la loi de règlement
liée à l’exécution de la Loi de Finances et le rapport de la Cour des comptes y afférent pour l’année 2019
et 2020, seront consultés par la Banque.
6.6.3. Audit externe : L’audit s’appuiera sur le dispositif national de vérification a postériori exercé par le
Contrôle Général des Finances (CGF). Celui-ci réalisera un audit spécifique portant sur les flux financiers et un
audit sur la performance dans la réalisation des mesures. Le délai de soumission du rapport spécifique d’audit des
flux et de la performance par le CGF à la Banque sera de six mois à compter de la clôture du Programme.
6.6.4. Acquisitions : Le système Tunisien des Marchés publics a connu ces dernières années des
avancées majeures suite au démarrage en 2014 de la mise en œuvre du plan d’actions issu de la réforme
des marchés publics (initiée avec le concours de la Banque en 2012) et l’adoption d’un nouveau code
des marchés publics de même qu’à la poursuite continue de la réalisation des différentes actions prévus
par le plan. Le niveau de risque fiduciaire pays pour le volet acquisition a été réévalué durant l’évaluation
et a été jugé Modéré.
6.6.5 Les pratiques de passation des marchés du secteur financier ont été examinées par la Banque
afin de s’assurer que le programme comprend des mesures fiduciaires appropriées. Il convient de noter,
en particulier, que les Banques publiques ne sont plus assujetties à la réglementation des marchés
publics10. Elles sont dotées d’une règlementation des marchés publics spécifique et sont désormais
soumises à des instances de contrôles11. Les Banques publiques exemptées d’utiliser le code des
marchés publics, ont élaboré des manuels de procédures de passation des marchés s’inspirant de la
nouvelle réglementation nationale tout en tenant compte des aspects d’efficacité et de souplesse dont

10
Le nouveau système des marchés publics régit par le décret no 2014-1039 du 13 mars 2014
11
Comme le conseil d’administration et ses comités spécialisés composées de profils qualifiés recrutés par appel à candidature.

19
elles ont besoin. Des informations collectées auprès des acteurs12 du secteur montrent certaines
faiblesses en termes de pratiques de passation de marchés au niveau des banques publiques : (i) les
marchés passés par ces institutions sont parfois fractionnés entrainant un risque de compétition moindre
et des difficultés de supervision d’un nombre élevé de contrats; (ii) bien que TUNEPS13 ait été mis en
vigueur depuis le 1er septembre 2018, les Banques publiques n’y ont toujours pas adhéré ; et (iii) les
commissions de contrôles des marchés (CCM) des Banques publiques qui effectuent les revues des
documents d’acquisitions/d’achats et se prononcent sur les adjudications des marchés sont également
chargées d’examiner les plaintes et réclamations des soumissionnaires participant à ces mêmes
marchés : il y a une absence d’indépendance et d’équité en termes de traitement des réclamations. Le
risque fiduciaire du secteur financier est évalué substantiel. Toutefois, pour réduire ce risque à un niveau
Modéré, il a été recommandé aux banques publiques de mettre en place une commission indépendante
chargée d’examiner les réclamations et plaintes des soumissionnaires.
VII. DOCUMENTATION ET AUTORITÉ JURIDIQUES
7.1.Documentation juridique
7.1.1. La Banque (BAD) conclura un accord de prêt avec la République tunisienne aux fins de
l’exécution du PAMSFI II pour un montant de 120 millions d’EUR (98 millions d’UC).
7.1.2. Conditions préalables d’entrée en vigueur du prêt : L’entrée en vigueur du prêt sera
subordonnée à la satisfaction des conditions stipulées à la section 12.1 des Conditions générales
applicables aux Accords de prêt.
7.2.Conditions liées à l’intervention de la Banque
7.2.1. Conditions préalables à la présentation du PAMSFI II au Conseil : La présentation du
Programme au Conseil est subordonnée à la réalisation par l’emprunteur, à la satisfaction de la Banque,
des mesures préalables indiquées au point 5.4.1 (tableau 4) du présent rapport d’évaluation.
7.2.2. Conditions préalables à l’entrée en vigueur du prêt : L’entrée en vigueur du prêt est
subordonnée à la réalisation par l’emprunteur, à la satisfaction de la Banque, des conditions stipulées à
la section 12.01 des Conditions générales applicables aux Accords de prêt et de garantie de la Banque.
7.2.3. Conditions préalables au décaissement. Le décaissement de la tranche unique du prêt, d’un
montant de 120 millions d’euros, est subordonné à la satisfaction de la condition ci-dessous :
Transmission à la Banque des références du compte spécial ouvert t à Banque Centrale de Tunisie et
destiné à recevoir les ressources du prêt.
7.3.Respect des politiques du Groupe de la Banque
7.3.1. Le PAMSFI II a été préparé conformément aux directives du Groupe de la Banque en
vigueur, en particulier la politique sur les opérations programmatiques. Aucune exception n’est
demandée par rapport à ces Directives dans la présente proposition.
VIII. GESTION DES RISQUES
8.1. Deux risques majeurs pourraient affecter la qualité des résultats de cette opération : (i)
l’aggravation du déficit budgétaire, notamment en raison du risque d’un niveau des subventions
énergétiques plus important que prévu, et qui s’étalerait dans le temps ainsi que la hausse de la masse
salariale, et (ii) la baisse du rythme des réformes à l’approche des échéances électorales (Analyse
détaillée en Annexe technique 3).
8.2. En termes de mesures d’atténuation, les autorités tunisiennes ont déjà pris les dispositions
nécessaires afin d’anticiper et de répondre à ces risques. En ce qui concerne le risque d’aggravation
du déficit budgétaire et contenir la hausse de la masse salariale, un cadrage a été convenu avec le FMI
et les différents bailleurs, et des dépenses supplémentaires. Pour réduire les dépenses de subventions

12
Contrôleurs d’État des Banques publiques, Comite des contrôleurs d’état
13Système de passation dématérialisée des procédures de passation des marchés de la Tunisie

20
énergétiques, le Gouvernement a engagé un programme ambitieux de production de l’électricité à partir
des énergies renouvelables. Ce secteur est susceptible de contribuer à la relance économique.
IX. RECOMMANDATION
9.1.Au regard de ce qui précède, il est recommandé au Conseil d’administration d’approuver en faveur
de la République tunisienne un prêt ne dépassant pas 120 millions d’euros, pour la réalisation du
Programme d’appui à la modernisation du secteur financier II, aux fins et selon les conditions stipulées
dans le présent rapport.

21
Annexe 1
PageI/3
LETTRE DE POLITIQUE DE

I
Annexe 1
Page II/8

II
Annexe 1
Page III/8

III
Annexe 1
Page IV/8

IV
Annexe 1
Page V/8

V
Annexe 1
Page VI/8

VI
Annexe 1
Page VII/8

VII
Annexe 2
PageVIII/6

Annexes 2. MATRICE DES MESURES DE REFORME DU PAMSFI II 2018 – 2019


(*) Mesure préalable à la présentation au Conseil.

Objectifs Mesures réalisées dans le PAMSFI II Mesures 2018 PAMSFI II Mesures 2019 Indicateurs
Preuve et Institutions
PAMSFI I ciblés d’effets et
Responsables
Source de Données
I. Réduction des disparités sociales et régionales à travers une meilleure inclusion financière
I.1 Inclusion Financière
Dynamiser le secteur Emission de l’Arrêté du Ministre Publication de l’Arrêté du Ministre Validation de l’étude de Inclusion financière de P1 : Copie de l’arrêté du
de la microfinance tout des finances sur le traitement des Finances relatif au faisabilité pour la mise en place 36% en 2015 (dernière ministre des finances
en développant une équitable de de la clientèle des dédoublement du plafond du d’un véhicule de refinancement estimation) à 38% en P 2: Copie du compte
microfinance institutions de microfinance microcrédit octroyé par les des institutions de microfinance 2020 rendu de la réunion du
responsable institutions de microfinance par le comité de pilotage comité de pilotage
IR: MdF ; ACM

Transmission par le Ministre Opérationnalisation de la phase 4 P1 : Copie de la lettre de


Opérationnalisation de la des Finances du projet d’arrêté de la centrale de risque des transmission projet de
centrale de risque des micro- fixant les sanctions micro-crédits intégrant le TEG et l’arrêté fixant les
crédits administratives et financières le scoring basic sanctions
prononcées par l’Autorité de administratives et
Contrôle de la Microfinance à financières prononcées
l’encontre des IMFs par l’ACM à l’encontre
accompagné de l’avis du conseil des IMFs.
d’administration de l’ACM à la P2 : Lettre de notification
Présidence du Gouvernement de l’ACM de
(*) l’opérationnalisation de la
phase 4
IR: MdF ; ACM
Diversifier l’offre de Lancement du produit national Lancement du produit de paiement Lancement d’au moins un taux de pénétration des P1 : lettre de notification
services et produits de paiement mobile inter- digital des inscriptions des élèves produit financier digital pour le services financiers pour le lancement des
financiers (finance banques et inter-opérateurs de l’enseignement public paiement de l’Etat aux citoyens mobiles de 3% en produits de paiement
digitale, micro- télécom basé sur une plateforme dans le cadre de la mise en 2017 à 8% à l’horizon digital
assurance, gérée par la SMT œuvre de la stratégie du 2020 IR: MdF ; SMT
indemnisations des decashing
catastrophes naturelles
et logement social)

VIII
Annexe 2
PageIX/6

Objectifs Mesures réalisées dans le PAMSFI II Mesures 2018 PAMSFI II Mesures 2019 Indicateurs
Preuve et Institutions
PAMSFI I ciblés d’effets et
Responsables
Source de Données
Validation de la phase pilote de Approbation par le Ministre des Signature de la convention entre P1 : Copie du PV de
l’assurance agricole indicielle et Finances du statut de l’association la FTUSA et l’association l’assemblée générale
de l’étude de faisabilité du professionnelle des IMF en professionnelle des IMF pour la constitutive de
mécanisme global des application du Décret-Loi 117 commercialisation des produits l’association
assurances agricoles portant organisation des de micro-assurances professionnelles des IMF
institutions de microfinance P2 : Copie de la
convention signée
IR: MdF
Publication des décrets P2 : Lettre du MdF
d’application pour transmettant une copie de
l’opérationnalisation du fonds la publication des décrets
d’indemnisation des dégâts d’application
agricoles engendrés par les IR: MdF, MinAgri
catastrophes naturelles
Publication du Décret sur le P1 : Copie du décret de
Fonds de garantie des prêts création du fonds de
immobiliers et signature de la garantie des prêts
convention avec la SOTUGAR immobiliers et copie de
pour le produit de garantie pour la convention signée
les crédits immobiliers au profit
de la population à revenu IR : MdF et SOTUGAR
irrégulier (*)
I.2 Financement des TPME
Renforcer le Adoption par le comité de Adoption par le Conseil des Inscription au Budget de l’Etat le taux du crédit aux
financement des PME pilotage du modèle institutionnel Ministres du projet de loi portant d’une dotation de 100 M TND entreprises privées par P1 : Copie de Loi de
dans les régions en pour la mise en place de la création de la Banque des régions. pour lui permettre de souscrire rapport au PIB de finances 2019
améliorant l’efficience Banque des régions (BDR) au capital de la Banque des 83,8% du PIB en 2018
des mécanismes de régions à 86% en 2020 IR: MdF
financement des PMEs
Développer des Signature de la convention entre Lancement de l’étude sur P 1: Copie de la
produits de garantie le Ministère des Finances et la l’amélioration des modalités de convention signée de
plus adaptés aux SOTUGAR, pour la mise en gestion du fonds national de Dhamen Express
besoins de financement place du produit de garantie garantie (dans le cadre de la
des PMEs reparamétré Dhamen Express Banque des régions). IR: MdF et SOTUGAR
pour les PME (*)

IX
Annexe 2
PageX/6

Objectifs Mesures réalisées dans le PAMSFI II Mesures 2018 PAMSFI II Mesures 2019 Indicateurs
Preuve et Institutions
PAMSFI I ciblés d’effets et
Responsables
Source de Données
Soutenir les PMEs en Opérationnalisation de la Publication du décret portant Opérationnalisation du Fonds de P1 : Copie du décret de
situation de convention entre la BTS et le création du Fonds de restructuration des PMEs à création du fonds de
restructuration Ministère de la femme pour le restructuration des PMEs et travers la validation du premier restructuration des PMEs
lancement d’un produit de signature de la convention entre le lot des rapports de diagnostic et P2 : Copie du Compte
financement dédié aux femmes MdF et SOTUGAR pour le de propositions de plan de rendu du comité de
entrepreneurs produit de garantie de la sauvegarde des PME pilotage des fonds PME
restructuration financière IR: MdF ; Min Ind
Publication des décrets Adoption par le Conseil des P1 : Copie des décrets
d’application de la loi régissant les Ministres du décret pris en d’application des
procédures collectives. application de la loi sur les taux procédures collectives
d’intérêts excessifs pour les P2 : Copie du PV de la
entreprises fixant la nouvelle réunion du CM adoptant
marge le décret
IR : MdF
Mettre en place des Extension pour une période de 3 Finalisation et Transmission du Adoption par le Conseil des P1 : Copie de la lettre de
instruments de ans des dispositions de l’article projet de loi sur le Crowdfunding Ministres du projet de loi relatif transmission du projet de
financement alternatif 22 de la loi de finance 2015 au Ministère de l’Industrie et des au Crowdfunding loi CF au Ministère de
(Crowdfundig) au permettant aux sociétés de PME et à la Présidence du l’Industrie et des PME
profit des PMEs et des capital-risque de soutenir la gouvernement P2 : Copie de l’extrait du
startups restructuration financière des compte rendu du Conseil
entreprises des Ministres
IR : Ministère de
l’industrie et de PME
Financer l’innovation Signature de la convention entre le Mise en place du Fonds de 5 fonds bénéficiaires P1 : Copie du mandat du
Ministère des Finances, le Fonds public-privé (Anava) pour directs du Fonds start- Min TIC
Ministère des TIC et la le financement des start-ups et sa up d’ici 2020. P2 : Copie du contrat BPI
SOTUGAR pour le fonds de dotation par l’Etat via la CDC à France Etude de
garantie des Startups hauteur de 20% de la taille du structuration du fonds de
Fonds fonds
IR: MdF ; CDC
II. Renforcement de la résilience du secteur financier et développement des marchés de capitaux pour un financement efficient de l’économie
II.1 Gouvernance du secteur financier
Adopter les normes Publication de loi organique Soumission au GAFI du rapport La Tunisie sort de la P1 : Copie de la loi
internationales en relative à la lutte contre le de la CTAF faisant état des lieux liste grise du GAFI 2019-09 en date du 23
matière de lutte contre terrorisme, à la répression du du Plan d’actions élaboré avec le janvier 2019

X
Annexe 2
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Objectifs Mesures réalisées dans le PAMSFI II Mesures 2018 PAMSFI II Mesures 2019 Indicateurs
Preuve et Institutions
PAMSFI I ciblés d’effets et
Responsables
Source de Données
les financements blanchiment d'argent (et GAFI et confirmant la réalisation P2 : Lettre de
illicites intégrant des dispositions contre de l’ensemble des actions transmission du Rapport
la prolifération), abrogeant et du CTAF au GAFI
remplaçant la loi 2015-26 (*) IR: CTAF
Publication des textes P1 : Copies des textes
réglementaires des superviseurs : relatifs à la répression du
BCT, CMF, CGA et ACM, blanchiment d'argent et le
relatifs à la supervision basée sur financement du terrorisme
les risques en matière de IR : BCT, CGA, CMF,
blanchiment d’argent et lutte ACM
contre le financement du
terrorisme
Moderniser le cadre Lancement de la révision du Transmission par le CGA au Transmission par le Ministre des taux de pénétration de P1 : Copie de la lettre du
légal et réglementaire cadre léagl régissant le secteur Ministre des Finance du projet de Finance du projet de loi portant l’assurance de 2% en CGA de transmission du
régissant le secteur des des assurances loi portant Code des assurances Code des assurances au Conseil 2015 à 2,5% en 2020 projet de la loi
assurances des Ministres P2 : Lettre de
transmission aux parties
prenantes
IR : MdF
Emission des Règlements du Opérationnalisation de la P1 : Copies des
Comité Général des Assurances centrale des risques du secteur règlements du CGA
relatifs à la gouvernance des des assurances P2 : Copie de la note
compagnies d’assurances et la circulaire du CGA
fiche technique des contrats relative à
d’assurance vie l’opérationnalisation de la
centrale
IR : MdF ; CGA
Renforcer la résilience Adoption par l’ARP de la loi Publication de la loi portant sur Mise en place du comité de baisse du taux de P1 : Copie de la loi
du secteur bancaire portant révision de la loi bancaire la politique d’abandon des contrôle de la réforme créance en souffrance 2018-36
n°2001-65 de juillet 2001 créances en souffrance des administrative et structurelle et de 13,9% en 2017 à P2 : Copie de la décision
relative aux établissements de banques publiques (*) des politiques de recouvrement 11,5% en 2020 de la mise en place du
crédit et d’audit dans les banques comité
publiques IR : MdF
Renforcer l’intégrité Mise en œuvre des dispositions P1 : Lettre du MdF
des systèmes de nécessaires pour assurer une IR : MdF
séparation entre la commission

XI
Annexe 2
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Objectifs Mesures réalisées dans le PAMSFI II Mesures 2018 PAMSFI II Mesures 2019 Indicateurs
Preuve et Institutions
PAMSFI I ciblés d’effets et
Responsables
Source de Données
passation de marchés des marchés et la commission
des banques publique chargée des réclamations des
soumissionnaires au niveau des
banques publiques (*)
II.2 Approfondissement du marché des capitaux
Approfondir et Signature du nouveau cahier de Publication par le Ministère des Opérationnalisation de la 100% des P1 : Copie de la lettre de
améliorer l’efficience charges des SVT Finances, le CMF, Tunisie plateforme électronique adjudications du notification de
du marché des titres Clearing et la BCT d’une courbe de d’adjudication des titres du trésor marché primaire l’opérationnalisation de la
publics ; ainsi que la taux servant de référentiel efficient par les SVTs incluent dans la courbe de taux
gestion efficiente de la pour les émissions et la valorisation plateforme avant fin P2 : Copie de la lettre de
dette publique mark-to-market des actifs juin 2019 notification aux SVT pour
les adjudications à travers
la plateforme électronique
IR : MdF
Transmission d’une note et du P2 : Copie de la lettre de
projet de loi par la DGGDCF au transmission du projet de
Ministre des finances relatif à la loi
création de l’ « Agence Tunisie IR : MdF
Trésor »
Mobiliser l'épargne Publication du décret sur les Adoption par le collège du CMF contribution du marché P1 : Copie du décret sur
privée et Sukuks du règlement portant sur financier au les Sukuks
institutionnelle et l’application des dispositions des financement de P 2: Copie de la lettre de
dynamiser le marché décrets sur les Sukuks relatif à l’économie de 8% en transmission au MdF pour
des capitaux à travers l'émission des sukuks islamiques 2018 à 11% en 2020 VISA
de nouveaux produits au profit des institutions du IR : MdF ; CMF
secteur privé
Publication des modifications P1 : Copie de l’arrêté
apportées au Règlement général IR : MdF ; CMF
de la Bourse relatif à la refonte au
cadre réglementaire du Marché
Alternatif

XII
Annexe 2
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Objectifs Mesures réalisées dans le PAMSFI II Mesures 2018 PAMSFI II Mesures 2019 Indicateurs
Preuve et Institutions
PAMSFI I ciblés d’effets et
Responsables
Source de Données
Publication du décret sur les Emission par la BCT de la P1 : Copie du décret sur
SICAV monétaires (*) circulaire régissant l’émission de les SICAV monétaires
Titres de Créances Négociables P2 : Copie de la circulaire
(TCN) émise par la BCT sur les
TCN
IR : MdF ; BCT

XIII
Annexe 3
PageXIV/1
NOTE SUR LA RELATION AVEC LE FMI

Accord au niveau des services sur la cinquième revue du programme de la


Tunisie soutenu par le Mécanisme Elargi de Crédit
le 17 avril 2019
Les communiqués de presse de fin de mission contiennent des déclarations des équipes des services du FMI qui
rendent compte de leurs conclusions préliminaires. Les avis exprimés dans la présente déclaration sont ceux des
services du FMI et ne correspondent pas nécessairement à ceux du Conseil d’administration du FMI. À partir des
conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI prépareront un rapport qui, sous réserve de
l’approbation de la Direction, sera présenté au Conseil d’administration pour examen et décision.

 Les services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenus à un accord concernant la
cinquième revue du programme de réformes économiques qui est appuyé par un accord au titre
de la facilité élargie de crédit.

 Les autorités tunisiennes et les services du FMI se sont mis d’accord sur des mesures et des
réformes visant à atteindre l’objectif d’un déficit budgétaire de 3,9 % du PIB (hors dons) pour
2019 afin de limiter la dette élevée et les besoins de financement considérables.

Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Mr Björn Rother
a rencontré, du 11 au 16 avril, les autorités tunisiennes en marge des Assemblées de Printemps
du FMI, pour discuter des politiques économiques envisagées par les autorités dans le cadre de
la cinquième revue du programme de réformes économiques de la Tunisie soutenu par le
Mécanisme Elargi de Crédit (MEdC). À l’issue de ces négociations, M. Björn Rother, chef de
mission pour la Tunisie, a déclaré :

« L’équipe des services du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenues à un accord, au
niveau des services du FMI, sur la Cinquième Revue du programme de réformes économiques
soutenu par le MEdC. La finalisation de la revue est sujette à l’approbation du conseil
d’administration du FMI. La Tunisie bénéficiera d’une sixième tranche de 177 millions de DTS
(environ 247 millions US$) à la suite de l’examen par le Conseil d’Administration du FMI,
prévu d’ici le début de juin 2019. Ceci amènera le total des déboursements dans le cadre du
MEdC à environ 1.6 milliards US$, et contribuera à débloquer des financements
supplémentaires de la part des autres partenaires de la Tunisie.

Nous avons eu des échanges porteurs avec les autorit és tunisiennes à propos des politiques
économiques qu’elles doivent engager pour stabiliser et réformer l’économie dans les mois qui
viennent, tout en tenant en compte d’une situation socio-économique tendue et d’un
environnement régional difficile. Les autorités et l’équipe du FMI sont parvenus à un accord
sur les mesures de politique et de réforme économiques pour faire en sorte que l’objectif de
déficit budgétaire de 3.9 % du PIB (hors dons) pour 2019 soit atteint, en tant que condition
fondamentale pour contenir une dette et des besoins de financement tous deux élevés. En
parallèle, les autorités sont en train de renforcer le filet de protection sociale pour les ménages

XIV
Annexe 1
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à faible revenue, afin de les protéger contre les effets potentiellement défavorables de certaines
réformes, grâce, également, à la mise en place d’une nouvelle base de données sur les ménages
vulnérables. Les politiques monétaires et de change resteront orientées vers une réduction de
l’inflation, qui érode le pouvoir d’achat et niveau de vie de tous les Tunisiens, et vers une
amélioration continue du déficit élevé des paiements courants, au travers d’une compétitivité-
prix accrue.

« L'équipe du FMI souhaite remercier le Ministre des Finances, M. Ridha Chalghoum ; le


Ministre du Développement, de l'Investissement, et de la Coopération Internationale, M. Zied
Laâdhari ; le Ministre aux Grandes Réformes, M. Rajhi ; le Gouverneur de la Banque Centrale
M. Marouane El Abassi, ainsi que leurs équipes pour les échanges constructifs dont elle a pu
bénéficier. »

XV

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