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LA FRAUDE FISCALE

Au droit marocain

6 JUIN 2019
EL AYACHI KAOUTAR
Sommaire :

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La fraude fiscale
Définition de la fraude fiscale au droit marocain
la fraude fiscale est toute sorte de violation de la loi fiscale afin
d’échapper aux impôts ou de minimiser leurs montants .
La fraude fiscale est définie par l’ODCE (L'Organisation de
coopération et de développement économiques ) comme «toute
action du contribuable qui implique une violation de la loi,
lorsqu’on peut prouver que l’intéressé a agi dans le dessin
délibéré d’échapper à l’impôt».

La distinction entre la fraude fiscale et l’évasion


fiscale
La fraude fiscale et l’évasion fiscale ont des définitions différente
toutes fois sur le plan théorique elles ont des points communs et
des points de divergences.
Points communs :
    -les deux procurent un gain au contribuable, donc
une économie par rapport à la dette fiscale initiale du
contribuable : la motivation financière est donc présente
dans les deux cas.
    -la fraude comme l’évasion fiscale découlent toutes
les deux de l’existence de l’intention préméditée d’éluder
l’impôt. Ce qu’on peut appeler de ‘réaction négative face à
l’impôt.
Points de divergences :
    Il s’agit d’évasion fiscale lorsqu’intentionnellement,
le contribuable utilise d’une manière abusive les lacunes du
dispositif fiscal national, et l’existence de systèmes fiscaux
variables selon les différents pays. Quant à la fraude fiscale,
elle suppose un comportement intentionnel consistant à
dissimuler une partie des recettes ou à majorer les charges.

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    - Sur un plan juridique la légalité de l’acte constitue
un critère de séparation : la fraude est illégale car elle
constitue une transgression des dispositions fiscales, alors
que l’évasion fiscale est aux regards de la législation comme
n’enfreignant pas la loi, elle est donc légale autant qu’habile.

Causes de la fraude fiscale


Causes politiques : Pour sa stabilité le système politique fait
recours aux recettes fiscales pour financer les exigences de son
environnement en termes de dépenses publiques. Au Maroc, Les
choix politiques d’octroi des avantages fiscaux et le poids fort des
groupes de pression dans la de décision fiscale ont attisé la
tendance à la fraude. Consciente de cet état de fait,
l’administration fiscale marocaine oeuvre, depuis quelques années,
pour la réduction progressive des dérogations fiscales et la
consolidation d’une certaine l’équité fiscale, à l’instar des actions
menées au niveau international. Il y a lieu de rappeler brièvement
que l’histoire du Maroc a connu des cas de non consentement à
l’impôt.
Causes économiques : La situation économique du contribuable
affectée par la conjoncture économique commande souvent son
comportement en matière fiscale et peut l’inciter à la fraude. Ainsi,
le niveau de prélèvement constitue un facteur important dans
l’incitation à la fraude.
Mécanismes de la fraude fiscale  :
La dissimulation ou la minoration de recettes et
sous facturation Il s’agit d’occulter à l’administration fiscale
l’existence d’une activité économique ou la perception d’un revenu.
Les fausses justifications Une deuxième grande catégorie de
fraude, plus élaborée, consiste, pour le contribuable fraudeur, à
chercher à travestir la réalité de sa situation de façon à minorer le
montant d’impôt normalement dû.

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Le développement des montages A l’inverse des catégories
précédentes, la dernière grande catégorie de fraude est beaucoup plus
sophistiquée : de complexité extrêmement élevé, d’autant que, pour
les grandes entreprises, ils comportent souvent une dimension
internationale et s’inscrivent dans des structures de groupe elles-
mêmes complexes.
Prix de transfert L’internationalisation des activités économiques
a conduit les entreprises à agir de plus en plus indépendamment des
frontières. Le mécanisme des prix de transfert, bien connu des
multinationales, consiste à manipuler les prix des transactions entre
filiales d’une même entreprise afin de diminuer l’imposition dans le
pays de production et/ou de destination.
Paradis fiscaux La liberté de circulation des capitaux, la rapidité
des échanges, la concurrence fiscale, la faible fiscalité qui est
appliquée dans certains territoires, l’opacité juridique et bancaire ou
bien encore les nouvelles technologies sont autant d’éléments qui
constituent les principaux ingrédients de ce phénomène qui touche
tous les pays et qui affecte particulièrement les budgets publics et
sociaux.
 
Les fraudes sur les comptes de gestion en matière de l’Impôt sur
les bénéfices et TVA les procédés de fraude constatés sont : La
minoration des produits, la majoration ou les minorations des achats,
l’évaluation fictive des stocks et travaux en cours, la comptabilisation
de charges fictives non liées à l’exploitation,
La fraude sur les comptes du bilan : - les anomalies et
irrégularités de l’actif:
immobilisations fictives, provisions non justifiées, taux
d’amortissement
élevé..; - les anomalies et irrégularités du passif : provisions non
justifiées,
dissimulation du CA et de recettes au titre des comptes courants
des associés,
dettes et autres créanciers.
Les technologies de l’information et de la
communication peuvent faciliter la fraude fiscale. En fait, la tâche des
fraudeurs est incroyablement facilitée  à cause de la généralisation des

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technologies de l’information et de la communication (TIC) au sein
de notre économie et de notre société. Le commerce électronique et
l’internet, la comptabilité informatisée et d’une manière générale la
dématérialisation de l’économie constituent de véritables opportunités
de fraude.

La lutte contre la fraude fiscale : du droit comparé a la


politique fiscale
Les éléments constitutifs de la fraude fiscale :
a)                    L’élément légal : La fraude fiscale est un acte de
mauvaise foi qui s’exerce a l’encontre d’un objet en
l’occurrence la loi, et n’existe que s’il y’a une règle obligatoire a
laquelle on tente de soustraire. En droit marocain bien que le
législateur marocain n’invoque pas expressément la fraude
fiscale, nous pouvons dire que les articles 186 et 187 du code
général des impôts marocain constituent l’élément légal.
 b) L’élément matériel :

  vérification par l’administration fiscale. Elle peut prendre deux

formes :
l’omission de déclaration ou l’omission d’un élément
d’assiette.
f)                     1) L’omission de déclaration est constitutive de
délit de fraude fiscale si volontairement, elle permet de se
soustraire au paiement de l’impôt.
g)                   2) L’omission d’un élément d’assiette est très
courante .surtout en matière de droit d’enregistrement.
h)                   -En général la fraude par action conduit à des
dissimilations en matière imposable .cette dissimulation peut
être matérielle ou juridique.
L’élément intentionnel :Enfin la fraude fiscale suppose un
acte intentionnel de la part du contribuable traduisant sa volante
de contourner de manière délibère et
j)                     intentionnelle la loi, afin d’éluder le paiement de
l’impôt. Cet élément intentionnel reste l’élément le plus délicat
de la fraude fiscale, il divise la doctrine, et le droit positif n’est
pas définitivement fixe .

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k)                   l’analyse doctrinale : Le droit pénal général
distingue les infractions matérielles, des infractions
intentionnelles, l’analyse vaut pour le délit de fraude fiscale qui
fait l’objet de
l)                     deux appréciations différentes : objective et
subjective
m)                - L’approche objective du délit de fraude fiscale
conduit ase désintéresser de son caractère intentionnel, l’élément
matériel suffirait, des lors qu’une norme fiscale a été violée peu
importe l’intention de même que le fait de démontrer l’intention
frauduleuse et en pratique très délicat
n)                   - L’approche subjective, elle exige du contribuable
qui fraude une double connaissance, il doit savoir au moment de
l’acte qu’il contrevient a la loi fiscale, mais il doit vouloir en
plus ce résultat et que son acte ait été commis librement sans
contrainte

Contrôle et répression de la fraude fiscale


Si les ressources fiscales constituent l'une des principales sources
des budgets des Etats, leur préservation mérite donc une attention
particulière. Généralement, les sanctions fiscales appliquées par
l'administration, en vertu des dispositions légales, prennent la forme:
De majorations d'impôt suite à la rectification des bases
d'imposition dans le cadre des procédures de contrôle fiscal des
déclarations; De pénalités, de majoration ou d'amendes pour
infractions aux obligations déclaratives ou comptables. Au Maroc, il
existe une prépondérance des sanctions administratives et en contre
partie une quasi absence des sanctions pénales.
Au Maroc l'amende est, pour l'auteur principal, une amende de
5000 à 50000 Dh et en cas de récidive on ajoute à l'amende
l'emprisonnement de 1 à 3 mois, et pour le complice selon les
dispositions de l'article 187 du code général des impôts Marocain une
amende égale à 100% du montant de l'impôt soustrait.
De même dans le projet de la loi de finance 2017 , le
gouvernement poursuivra ses efforts d’incitation du secteur informel
pour l’intégrer progressivement dans le cycle économique de
renforcement du contrôle fiscale et douanier , a travers l’exploitation

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de tous les mécanismes juridiques , fiscaux et douaniers possibles
pour la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale , la contrebande, le
dumping, les déclarations douanières incomplètes et l’importation des
produits imites et d’application des normes de qualité et de sécurité
aux produits importes. La soustraction fiscale demeure un phénomène
dont les causes et les manifestations peuvent être variées et différente
d’un cas a l’autre, mais néanmoins dont la lutte a travers la mise en
place d’une stratégie efficace est fondamentale, voir crucial pour les
pouvoirs publics.
Cette stratégie dépendra sur différents piliers :
- L’amélioration de l’environnement général de l’impôt  (Il
faut viser à développer le sens civique chez le contribuable pour qu’il
soit conscient de l’importance de la fiscalité sans qu’il se soucie des
obstacles psychologiques ou financières.)
- La restructuration et le renforcement de
l’administration fiscale (L’efficacité du système fiscal repose
sur la simplicité des règles fiscales, en effet la diversité de ces
règles constitue un véritable blocage au contrôle fiscal ) .
- L’amélioration des travaux du control fiscal  (Normalement
le contribuable déclare ses revenus, calcul les droits dus et verse
spontanément le montant de l’impôt. Ces déclarations souscrites par
les contribuables sont considérées généralement correctes et honnêtes.

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