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Question de synthèse étayée par un travail préparatoire

TRAVAIL PREPARATOIRE (10 Points) :


Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.

Question 1. Définissez l’expression « coût du travail ». (document 1) (1 point)


Question 2. Expliquez la phrase soulignée. (document 1) (2 points)
Question 3. Expliquez économiquement l'évolution de la part de l'emploi non qualifié dans l'emploi
total entre 1982 et 2002. (document 2) (2 points)
Question 4. Quelle relation observe-t-on entre croissance du pouvoir d’achat et croissance du coût du
travail ? (document 3) (1 point)
Question 5. Expliquez la relation existant entre croissance du pouvoir d’achat et croissance du coût du
travail. (document 3) (2 points)
Question 6. Pourquoi une baisse des cotisations sociales sur les bas salaires ne se traduit-elle pas
toujours par une baisse du chômage des salariés les moins qualifiés ? (document 4) (2 points)

QUESTION DE SYNTHESE (10 Points) :


Votre synthèse ne devra pas dépasser les 3 pages (une 4ème page est tolérée, pas une 5ème).

Après avoir montré que la baisse du coût du travail peut réduire le chômage des travailleurs les
moins qualifiés, vous montrerez les limites de cette mesure.

DOCUMENT 1 :
« Que se passe-t-il lorsque le coût du travail diminue par rapport à celui du capital […] ?
« [Dans un premier temps], si les deux facteurs sont complémentaires, la variation des coûts
relatifs n'a aucun impact. Plus les facteurs sont substituables, plus une baisse du coût relatif du travail
entraîne un accroissement de l'utilisation de ce facteur au détriment de l'autre. […]
« [Dans un second temps], la baisse […] [du coût du travail] peut avoir des conséquences
également sur les prix proposés par l'entreprise et donc sur les quantités produites. Si le producteur
répercute partiellement ou totalement la baisse du coût du travail sur ses prix et si les acheteurs sont
sensibles à cette baisse, il va accroître ses ventes et augmenter sa production pour répondre à une
demande accrue. Pour ce faire, il lui faudra davantage de facteurs de production […]. Cette stimulation
de la demande peut concerner aussi bien le marché intérieur qu'extérieur.
« [Ainsi], on constate que […] la baisse [du coût du travail] provoque [un effet bénéfique sur
l’emploi]. »
Dominique Meurs, « Charges sociales, coût du travail et emploi », Les Cahiers français n°292, 1999

DOCUMENT 2 : Evolution de l’emploi non qualifié en France

Remarque : Les mesures d'allègement des cotisations sociales, portant principalement sur les bas
salaires, ont été introduites en 1993. INSEE, Enquêtes Emploi
DOCUMENT 3 :

Remarque : Ces courbes ont été créées à partir des indicateurs d’Eurostat mesurant l’évolution du coût
de la main-d'œuvre toutes industries confondues et l’évolution du standard de pouvoir d’achat par
habitant.
Eurostat, Annuaire Statistique, 2011

DOCUMENT 4 :

« Il ne faut […] pas exclure, à niveau donné du salaire minimum, des phénomènes de substitution
entre jeunes au profit des plus qualifiés. En fait […] ces phénomènes de substitution pourraient
s'expliquer, dans un contexte de maintien d'un taux de chômage important, par l'éviction des jeunes
faiblement qualifiés, y compris pour les recrutements sur des postes ne requérant pas un niveau de
formation particulièrement élevé. La pénurie d'emplois globale conduit les jeunes diplômés à accepter
des postes ne correspondant pas tout à fait à leur formation […].
« De tels phénomènes sont observables aussi bien dans le secteur marchand que dans le non-
marchand […]. Ils apparaissent corrélés à la conjoncture économique ainsi qu'aux sorties du système
éducatif. Ainsi, en 2000, la part des titulaires de BTS ou de DUT embauchés depuis moins d'un an sur
des emplois d'ouvriers et d'employés non qualifiés (hors stages, emplois aidés et apprentis) atteignait
9,9 % en dépit du contexte économique favorable (cette proportion atteignait 17,7 % en 1997). De
même, la part des diplômés des grandes écoles et du 3ème cycle nouvellement embauchés sur des
emplois d'ouvriers et d'employés qualifiés ou non dépassait 9 % en 1999 (et aurait augmenté en
2000) ».
F. Bouygard et N. Holcblat, «Baisse du coût du travail et création d'emplois pour les jeunes»,
Regards sur l'actualité n°285, 2002
LE COUT DU TRAVAIL ET LE CHÔMAGE DES PEU QUALIFIES
1er temps : lecture du sujet de la QS pour savoir ce qu’on nous demande :
Après avoir montré que la baisse du coût du travail peut réduire vous montrerez les limites de cette mesure
le chômage des travailleurs les moins qualifiés
Baisse du coût du travail ! Baisse du coût du travail !
Baisse du chômage des moins qualifiés Pas de baisse du chômage des moins qualifiés

2ème temps : réponse aux questions en pensant que les réponses serviront à la QS :
RAPPEL : Q1. Le coût du travail, c'est-à-dire celui des services apportés par la main d’œuvre, désigne non seulement la rétribution
directe des travailleurs (à travers le salaire net versé sur le compte en banque des salariés) mais aussi une rétribution indirecte, à
travers les cotisations sociales et patronales, destinées à financer les prestations sociales issues de la redistribution par l’Etat. En
conséquence, le coût du travail correspond au salaire brut (y compris les cotisations sociales versées par les salariés) auxquels il faut
ajouter les cotisations sociales patronales. On y ajoute aussi les coûts induits par le recrutement et le licenciement.
Q2. La baisse du coût du travail favorise l’emploi par deux Q4. Le pouvoir d’achat et le coût du travail s’élèvent de manière
canaux. D’une part, si les facteurs de production sont concomitante tant en France qu’en Allemagne entre 1996 et 2007. Ainsi, on
substituables, l’entreprise peut profiter de la baisse des peut supposer que ces deux variables sont corrélées positivement. Selon
coûts du travail pour combiner de manière différente les Eurostat, en France, le pouvoir d’achat a augmenté de 50% entre 1996 et
facteurs de production : elle produira à moindre intensité 2007, soit de moitié en l’espace de 13 ans, alors que conjointement, sur la
capitalistique. En effet, si le coût du travail baisse par même période, le coût du travail s’élève de 40%.
rapport à celui du capital, il est intéressant pour elle Q5. L’augmentation du coût du travail peut entraîner l’augmentation du
d’embaucher davantage tout en réduisant le recours aux pouvoir d’achat. En effet, une augmentation du salaire net entraîne
machines. D’autre part, si l’on reporte la baisse des coûts du automatiquement une augmentation du coût du travail toutes choses égales
travail sur le prix proposé au client (à combinaison de par ailleurs. Par conséquent, à prélèvements obligatoires et à revenus de
production inchangée), cela devrait favoriser une hausse de transfert identiques, le revenu disponible augmente. Si les prix
la demande, donc un accroissement de la production et une n’augmentent pas aussi vite que le revenu disponible, le pouvoir d’achat
embauche supplémentaire. En définitive, selon Meurs, la augmente donc. C’est ce que l’on observe quand on constate que les
baisse des coûts du travail semble avoir un « effet bénéfique augmentations du pouvoir d’achat et du coût du travail ont toutes deux été
sur l’emploi ». plus fortes en France qu’en Allemagne : selon Eurostat, entre 1996 et 2007,
Q3. Entre 1982 et 1994, on observe une baisse relative de le coût du travail a augmenté de 17 points de pourcentage de plus en France
l’emploi peu qualifié en France selon l’INSEE. En 1982, qu’en Allemagne pendant que le pouvoir d’achat augmentation de 10 points
sur 100 emplois, 28 d’entre eux sont peu qualifiés, alors de plus.
qu’en 1994, soit 12 ans plus tard, ce n’est plus que 23,5 Q6. La baisse des cotisations sociales sur les bas salaires ne réduit pas le
emplois qui sont peu qualifiés, ce qui correspond à une chômage des salariés les moins qualifiés lorsque cette baisse bénéficie aux
baisse de 4,5 points de pourcentage. Cette baisse s’explique salariés qualifiés. En effet, en raison d’une augmentation de l’offre de
par les pertes d’emplois d’ouvriers non qualifiés dans le travail qualifié plus importante que celle de la demande de travail qualifié,
secteur secondaire (OS) liées aux restructurations et au les salariés qualifiés subissent une situation de déclassement scolaire et sont
progrès technique mais aussi au coût du travail trop élevé en concurrence avec les salariés les moins qualifiés pour les mêmes postes.
de ces salariés en regard de leur productivité, d’où une Un employeur recherche le meilleur « rapport qualité-prix » possible et
tendance à la substitution du capital au travail. Inversement, préfère ainsi embaucher le salarié plus qualifié jugé plus productif que le
de 1994 à 2001, la part de l’emploi non qualifié augmente salarié moins qualifié. C’est ainsi, selon Bouygard & Holcblat, en 2000, en
de 1,5 point. Celui-ci retrouve le même effectif qu’en 1982, France, que 9,9% « des titulaires de BTS ou de DUT sont embauchés
soit 5 050 000 d’emplois, ce qui peut être imputé aux depuis moins d'un an sur des emplois d'ouvriers et d'employés non
mesures d’allègement des cotisations sociales, qui, en qualifiés » au détriment des salariés ne disposant pas d’un niveau bac.
réduisant le coût du travail, encourage l’embauche.

3ème temps : relecture des documents pour trouver d’autres arguments bruts qui serviront à la QS :
Rien Rien
ème
4 temps : recherche dans les connaissances de cours des derniers arguments et des dernières références :
C1. La baisse du coût du travail correspond à une logique C4. La baisse du coût du travail, si elle passe par une baisse des salaires nets,
néoclassique (et politiquement libérale) : il s’agit conduit les employés à réduire leur consommation. Dans une logique
d’inciter à la création d’emplois en favorisant la demande keynésienne, cela réduit les incitations des entreprises à produire et donc à
de travail. embaucher, et augmente donc le chômage.
C2. La baisse du coût du travail peut avoir lieu par des C5. La baisse du coût du travail, si elle passe par une baisse des cotisations
baisses de cotisations sociales mais également par des sociales, conduit les pouvoirs publics à augmenter le déficit public. Selon la
subventions accordées aux employeurs (sous la forme de façon de compenser ce déficit, l’emploi peut être défavorisé (si hausse de la
contrats aidés par exemple ou en autorisant les stages non TVA qui réduit la consommation par exemple).
rémunérés). C6. La baisse du coût du travail, si elle passe par une baisse des salaires nets,
C3. La baisse du coût du travail a un impact positif sur conduit les employés à réduire leur offre de travail dans une logique
les décisions d’emploi des entreprises en améliorant leur néoclassique (et politiquement libérale). Autrement dit, le chômage n’aurait
compétitivité-prix. Les profits engrangés permettent donc aucune raison de baisser, il changerait simplement de forme : on passerait
de financer de nouveaux investissements de capacité et d’un chômage subi à un chômage volontaire.
ainsi de créer de nouveaux emplois. C7. Rien n’oblige un employeur à utiliser les profits générés par la baisse du
coût du travail pour créer des emplois en investissant. Il peut très bien décider
d’augmenter les dividendes versés aux propriétaires de l’entreprise.

5ème moment : formulation du plan détaillé pour chacune des parties à partir de chaque colonne d’arguments :
Après avoir montré que la baisse du coût du travail peut réduire
le chômage des travailleurs les moins qualifiés,
vous montrerez les limites de cette mesure

I. LA REDUCTION DU COÛT DU TRAVAIL SEMBLE FAVORABLE A LA BAISSE DU CHÔMAGE


DES NON QUALIFIES :
A. Dès les années 1980, les différents gouvernements français ont utilisé l’arme de la réduction du coût
du travail pour combattre le chômage :
-en diminuant les cotisations sociales : il s’agit d’inciter les entrepreneurs à embaucher certains types de
chômeurs en leur proposant en contrepartie un allègement des cotisations. Les travailleurs peu qualifiés sont
souvent les cibles de ce type de politique L’intérêt de baisser les cotisations sociales réside dans le fait que l’on
ne touche pas au pouvoir d’achat des salariés car le salaire net reste identique.
-en proposant des contrats aidés : il s’agit d’emplois à court terme subventionnés par l’Etat qui doivent
permettre aux chômeurs d’acquérir une qualification ou une expérience professionnelle pour trouver ensuite un
« vrai » emploi. Le contrat de réinsertion, de qualification, de retour à l’emploi, les contrats jeunes…font partie
de ce traitement social du chômage.
- en proposant des stages rémunérés en-dessous du salaire minimum : le salaire minimum étant trop élevé pour
des jeunes non qualifiés ou inexpérimentés, on va pouvoir leur proposer des contrats d’apprentissage ou des
stages avec une rémunération inférieure au salaire minimum afin de les insérer dans l’emploi.

B. Les faits montrent que ces politiques ont montré une certaine efficacité :
-question 3 doc 2 Entre 1982 et 1994, on observe une baisse relative de l’emploi peu qualifié en France. En
1982, sur 100 emplois, 28 d’entre eux sont peu qualifiés, alors qu’en 1994, soit 12 ans plus tard, ce n’est plus
que 23,5 emplois qui sont peu qualifiés, ce qui correspond à une baisse de 4,5 points de pourcentage. Cette
baisse s’explique par les pertes d’emplois d’ouvriers non qualifiés dans le secteur secondaire (OS) liées aux
restructurations et au progrès technique mais aussi au coût du travail trop élevé de ces salariés en regard de
leur productivité, d’où une tendance à la substitution du capital au travail. Il ne faut pas oublier l’échec de la
politique de relance du gouvernement socialiste en 1981 : celle-ci s’axe autour d’une hausse du SMIC de 10%.
De plus, la hausse du salaire minimum crée un effet d’entraînement sur l’ensemble des salaires. En
conséquence le taux de chômage des moins qualifiés a augmenté fortement. Inversement, de 1994 à 2001, la
part de l’emploi non qualifié augmente de 1,5 points. Celui-ci retrouve le même effectif qu’en 1982, soit
5 050 000 emplois, ce qui peut être imputé aux mesures d’allègement des cotisations sociales qui, en réduisant
le coût du travail, encourage l’embauche. Ainsi, la création nette d’emploi s’élève à 700 000 emplois entre
1994 et 2000.

C. Les économistes libéraux justifient la baisse des coûts salariaux :


- question 2 doc 1 L’effet de la baisse du coût du travail sur l’emploi s’observe à travers deux phénomènes.
D’une part, si les facteurs de production sont substituables, l’entreprise peut profiter de la baisse des coûts du
travail pour combiner de manière différente les facteurs de production : elle produira à moindre intensité
capitalistique. En effet si le coût du travail baisse par rapport à celui du capital, il est intéressant pour elle
d’embaucher davantage tout en réduisant le recours aux machines. D’autre part, si l’on reporte la baisse des
coûts du travail sur le prix proposé au client (à combinaison de production inchangé), cela devrait favoriser
une hausse de la demande, donc un accroissement de la production et une embauche supplémentaire. En
définitive, la baisse des coûts du travail semble avoir un « effet bénéfique sur l’emploi ».
- Pour les économistes libéraux, les entrepreneurs seront incités à embaucher davantage. En effet, le coût
marginal du travail, celui du dernier travailleur embauché, deviendra inférieur à sa productivité marginale. En
d’autres termes, embaucher deviendra profitable puisque le travailleur rapportera plus à l’entreprise que ce qu’il
coûte. L’entreprise préférera donc employer un salarié supplémentaire plutôt que de substituer le capital au
travail (Doc 1). En effet, la baisse du coût salarial devrait rendre les entreprises plus compétitives dans un
marché concurrentiel. Les entreprises vont donc augmenter leur compétitivité-prix sur les marchés nationaux et
internationaux. De plus la baisse du coût du travail augmente le profit des entreprises. En effet, si le coût du
travail diminue alors que la productivité des travailleurs continue d’augmenter, le coût salarial unitaire
diminue. Le partage de la valeur ajoutée devient favorable aux profits. Or, selon le théorème du chancelier
Helmut Schmidt, « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-
demain ».
II. MAIS LA REDUCTION DU COÛT DU TRAVAIL NE REDUIT PAS NECESSAIREMENT LE
CHÔMAGE DES MOINS QUALIFIES :

A. Une hausse du pouvoir d’achat, favorable à la création d’emploi, va de pair avec la hausse des coûts
du travail :
- question 4 doc 3 Le pouvoir d’achat et le coût du travail s’élèvent de manière concomitante tant en France
qu’en Allemagne entre 1996 et 2007. Ainsi, on peut supposer que ces deux variables sont corrélées
positivement. En France, le pouvoir d’achat a augmenté de 50% entre 1996 et 2007, soit de moitié en l’espace
de 13 ans, alors que conjointement, sur la même période, le coût du travail s’élève de 40%
question 5 doc 3. L’augmentation du coût du travail peut entraîner l’augmentation du pouvoir d’achat. En
effet, une augmentation du salaire net entraîne automatiquement une augmentation du coût du travail toutes
choses égales par ailleurs. Par conséquent, à prélèvements obligatoires et à revenus de transfert identiques, le
revenu disponible augmente. Si les prix n’augmentent pas aussi vite que le revenu disponible, le pouvoir
d’achat augmente donc. C’est ce que l’on observe quand on constate que les augmentations du pouvoir d’achat
et du coût du travail ont toutes deux été plus fortes en France qu’en Allemagne : selon Eurostat, entre 1996 et
2007, le coût du travail a augmenté de 17 points de pourcentage de plus en France qu’en Allemagne pendant
que le pouvoir d’achat augmentation de 10 points de plus. A l’inverse, la baisse du coût du travail conduit à une
baisse du pouvoir d’achat si cette baisse passe par une diminution des salaires nets. Mais les employeurs
n’auront aucune raison d’embaucher si les ménages ne consomment plus. La baisse du coût du travail peut donc
être un frein aux embauches futures.

B. Au niveau macroéconomique, le salaire n’est pas seulement un coût mais aussi un revenu :
Pour Keynes, le niveau de l’emploi dépend du niveau de production, qui lui-même dépend du niveau de la
« demande effective » des entrepreneurs. Cette "demande effective" correspond à la demande anticipée des
entrepreneurs, c'est à dire la demande en biens et services qu'ils prévoient et pour laquelle ils vont mettre en
oeuvre un certain volume de production. Si on baisse le coût du travail en réduisant, non pas les cotisations
sociales, mais le niveau des salaires, l’effet sur le chômage ne sera pas une baisse, mais bien au contraire une
aggravation. En effet, si l’on réduit le coût du travail des moins qualifiés, le ralentissement du pouvoir d’achat
va peser sur l’emploi et le chômage. Les entrepreneurs ne vont pas augmenter les bas salaires de peur de perdre
leur allègement de cotisations. On tombe dans la trappe à bas salaire qui pèse sur le pouvoir d’achat et ralentit
la consommation. Les entreprises vont donc réduire leur niveau de production et de l’emploi au niveau de la
demande anticipée, dont l’estimation est basse, ce qui va favoriser le chômage conjoncturel.

C. De plus, la baisse des cotisations va avoir plusieurs autres effets pervers :


- Elle ne se traduit pas toujours par une baisse des du chômage des salariés les moins qualifiés. Question 6 doc
4. La baisse des cotisations sociales sur les bas salaires ne réduit pas le chômage des salariés les moins
qualifiés lorsque cette baisse bénéficie aux salariés qualifiés. En effet, en raison d’une augmentation de l’offre
de travail qualifié plus importante que celle de la demande de travail qualifié, les salariés qualifiés subissent
une situation de déclassement scolaire et sont en concurrence avec les salariés les moins qualifiés pour les
mêmes postes. Un employeur recherche le meilleur « rapport qualité-prix » possible et préfère ainsi embaucher
le salarié plus qualifié jugé plus productif que le salarié moins qualifié. C’est ainsi, selon Bouygard &
Holcblat, en 2000, en France, que 9,9% « des titulaires de BTS ou de DUT sont embauchés depuis moins d'un
an sur des emplois d'ouvriers et d'employés non qualifiés » au détriment des salariés ne disposant pas d’un
niveau bac.
- Un effet d’aubaine : les entreprises profitent des réductions de charge alors qu’elles avaient, de toute façon,
l’intention d’embaucher. Dans ce cas, la réduction du coût du travail n’a créé aucun emploi supplémentaire. Il
est à noter que la période pendant laquelle le nombre d’emplois non qualifiés s’est accru (entre 1994 et 2000)
est marquée, en fin de période, par un retour de la croissance économique, après la récession de 1993. Or, en
période de croissance, le chômage a tendance à se réduire de toute façon.
_ Une baisse du salaire réel peut entraîner une démotivation des travailleurs. Les néo-keynésiens ont observé
qu’une forte hausse de salaire pouvait motiver les travailleurs à être plus efficace (« salaire d’efficience »), ce
qui accroît leur productivité et diminue les coûts unitaires du travail. Cette baisse peut donc être un résultat
positif plutôt qu’une mesure supposée aider les entreprises.
_ Enfin, ces mesures présentent un coût élevé pour le budget de l’Etat. Le déficit budgétaire et l’endettement,
qui en résulte, peuvent peser sur la croissance future (effet d’éviction). Cet argent public aurait pu être mieux
utilisé pour des politiques actives d’emploi : formation, incitation à la reprise d’un emploi…

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