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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ANNEE ACADEMIQUE 2020-2021

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

SUPPORT
DE COURS
BTS RHCOM 1ére Année
PSYCHOSOCIOLOGIE APPLIQUEE
Chargé de cours : Yao Assemien Kan Yves Cel : 07 48 36 24 24 / email : yassem2@gmail.com

INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

Nom et prénoms :
Classe :
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE

CHAPITRE I : GENERALITES
Leçon 1: LES MODELES
I- RAPPORTS DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE AVEC LA PSYCHOLOGIE ET LA SOCIOLOGIE
II- OBJET D'ETUDE
III- LES DOMAINES D'ANALYSE EN PSYCHOLOGIE SOCIALE
Leçon 2: LES MODELES THEORIQUES DE LA PSYCHOSOCIOLOGIE
I- LE BEHAVIORISME
II- LE COGNITIVISME

Leçon 3: LES METHODES DE LA PSYCHOSOCIOLOGIE


I- LES METHODES DESCRIPTIVES
II- LES METHODES CORRELATIONNELLES
III- LES METHODES EXPERIMENTALES

CHAPITRE II : L’ETUDE DE QUELQUES CONCEPTS FONDAMENTAUX


Leçon 1: L’INTELLIGENCE
I- PROBLEME DE DEFINITION
II- INTELLIGENCE UNI- OU MULTIDIMENSIONNELLE?
III- L’INTELLIGENCE ANIMALE
IV- INTELLIGENCE INNEE OU ACQUISE ? (FACTEURS DE DEVELOPPEMENT)
V- THEORIES DE L'INTELLIGENCE
VI- LES PATHOLOGIES DE L’INTELLIGENCE

Leçon 2: LA MEMOIRE
I- QU’EST-CE QUE LA MEMOIRE ?
II- LE MODELE STANDARD DE LA MEMOIRE: MODELE D’ATKINSON ET SHIFFRIN
III- L’OUBLI: LES MECANISMES
IV- LES CAUSES DES DIFFICULTES DE LA MEMOIRE

Leçon 3: LE LANGAGE
I- LA NOTION DE LANGAGE
II- ACQUISITION ET DEVELOPPEMENT DU LANGAGE
III- COMPREHENSION DU LANGAGE
IV- LA PRODUCTION DU LANGAGE (LANGAGE ORAL)
V- LES TROUBLES DU LANGAGE

Leçon 4: LA PERCEPTION
I- LA NOTION DE LA PERCEPTION
II- L’ATTENTION SELECTIVE
III- ORGANISATION DE LA PERCEPTION
IV- INTERPRETATION DE LA PERCEPTION
V- LES PATHOLOGIES DE LA PERCEPTION

CHAPITRE III : LA PERSONNALITE


Leçon 1: DEFINITION ET DETERMINANTS DE LA PERSONNALITE
I- DEFINITION
II- DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
III- LES DETERMINANTS DE LA PERSONNALITE

Leçon 2: LES ETAPES DU DEVELOPPEMENT PSYCHO-AFFECTIF


I- ÉVOLUTION DES COMPOSANTES DE LA PERSONNALITE
II- ÉCONOMIE DU SYSTEME

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Leçon 3: LES STADES PREGENITAUX DE L'ORGANISATION LIBIDINALE

I- LES STADES PSYCHOSEXUELS DU DEVELOPPEMENT


II- L’INFLUENCE DE L’ENFANCE SUR LA PERSONNALITE ADULTE

LEÇON 4: LA PUBERTE ET L'ADOLESCENCE

I- QU’EST-CE QUE L’ADOLESCENCE ?


II- PSYCHOPATHOLOGIE DE L’ADOLESCENT

CHAPITRE IV : L'INDIVIDU DANS LA SOCIETE: LES PHENOMENES D'INTERACTIONS SOCIALES ET LEURS


REACTIONS DE DEFENSES

LEÇON 1: LES PHENOMENES D'INTERACTIONS SOCIALES

I- LES RUMEURS
II- STEREOTYPES ET PREJUGES

LEÇON 2: LES REACTIONS DE DEFENSE DANS LA SOCIETE

I- LES MISES A DISTANCE


II- LES IMMOBILISATIONS
III- LES RAPPROCHEMENTS

BIBLIOGRAPHIE

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INTRODUCTION GENERALE

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Une bonne gestion des ressources humaines exige une bonne connaissance de l’homme, de ce qu’il est, de
ses possibilités et de ses contraintes. Connaître la conduite sociale de l’individu et du groupe s'avère être
d'une grande importance. La psychosociologie, une branche de la psychologie tente de répondre à cette
exigence.

Mais qu’est ce que la psychologie?

Étymologiquement, ce terme vient du grec et se décompose psyché (esprit, âme, mental, pensée) et logos
(connaissance, raison, science, étude). La psychologie peut être définie actuellement comme l'étude
scientifique du comportement. Il convient de souligner d'emblée que cette définition est relativement
récente car la psychologie a été longtemps associée à la philosophie. Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle,
en même temps que se développent les autres sciences humaines, que la psychologie va acquérir une
dimension scientifique.

Revenons quelques instants à la définition et à deux termes importants : scientifique et comportement.

Scientifique : cela signifie que la psychologie repose sur des connaissances acquises par une démarche
scientifique respectant différents critères (objectivité, vérifiabilité, réplicabilité…)

Comportement : doit être entendu au sens large du terme (y compris les processus mentaux) c'est à dire
tout ce que nous faisons (visible, explicite ‡ invisible, implicite, privé, intérieur): les ac ons mais aussi les
pensées, les souvenirs, les images mentales, les raisonnements, les émotions…

Par ailleurs, si la psychologie s’intéresse surtout au comportement humain, elle peut également s’intéresser
au comportement animal, Il s'agit de la description et l'explication du comportement animal en milieu
naturel, C'est l'éthologie.
Remarque : en psychologie, des expériences sont produites sur des animaux en laboratoire, car non
applicables à des êtres humains d’un point de vue éthique. Il s’agit de la psychologie animale ou comparée.

La psychologie a obtenu le statut de domaine d’études indépendant récemment. Au cours des années, elle
a pris de nombreuses dimensions. Dès lors, il est important de poser un regard sur l’origine et le
développement de la psychologie à travers le temps, maintenant qu’elle a atteint un statut de discipline
scientifique.

En effet, pour comprendre l’état actuel d’une discipline, les questions qu’elle se pose, la manière dont elle
se les pose et tente d’y répondre, il faut en connaître l’historique.

Quelle est donc l’histoire de la psychologie ?

La psychologie est une jeune science qui a une longue histoire. Elle a subi de profondes transformations au
cours des années.

Avant le 18ème siècle, l'étude de l’âme. Se faisait dans le cadre de la philosophie. Il s'agissait de l'étude
de la nature de l’âme.

A partir du 18ème siècle, le terme psychologie apparaît véritablement grâce au philosophe allemand
wolf (1679-1754) et désigne l'étude des manifestations de l’âme. Durant cette longue période, la
psychologie présente deux caractéristiques essentielles : elle est subjective et elle ne concerne que
l'homme (pas l'animal puisque l'âme est l'apanage de l'être humain). Elle est subjective car le savoir est
principalement élaboré par introspection, c'est-à-dire en observant ses propres états d'âme (le vécu
personnel, l'expérience privée et subjective des sensations, des perceptions, des sentiments, des idées
éprouvés par l'individu). Il n'y a pas de preuves basées sur des faits observables.(tout est interne).
L'objet de la psychologie à cette époque était la connaissance de l’âme.

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A partir de la seconde partie du 19ème siècle, on voit émerger la psychologie scientifique. La plupart
des historiens fixent la naissance de la psychologie en tant que science, à l'année 1879 lorsque WUNDT
(1832-1920) met sur pied le premier laboratoire de psychologie à Leipzig en Allemagne. Ses travaux portent
sur les sensations et les perceptions, en particulier dans le domaine visuel. Il faut noter que les débuts de la
psychologie scientifique sont plutôt caractérisés par un objectif de mesure qui se situe dans le sillage des
laboratoires de physiologie et de physique. Mais la coupure avec la psychologie philosophique n'apparaît
pas comme radicale. Ainsi, pour WUNDT, toute psychologie commence par l'introspection qu’il qualifie de
dirigée. Soumis à une tâche donnée, les sujets doivent décrire verbalement ce qui « se passe dans leur tête
».Les travaux de WUNDT et les critiques qui s'en ont suivi permirent l’émergence de nouvelles écoles en
psychologie au 20ème siècle, comme Le behaviorisme.
L'objet de la psychologie à cette époque était le comportement (ce qu'on voit).

Des années 1950 à nos jours, la psychologie à eu une orientation très cognitive. La psychologie cognitive
étudie l’ensemble des fonctions cognitives : la perception, l’attention, la mémoire, le langage et les activités
intellectuelles. Contre le béhaviorisme, qui avait éliminé les phénomènes mentaux du champ d’étude de la
psychologie pour ne considérer que les seuls comportements observables (visible ou explicite), la
psychologie cognitive rétablit l’esprit au centre de ses préoccupations.

Comme on peut le voir, l'objet de la psychologie à souvent changé dans le temps.

Quel est son objet d'étude Aujourd'hui ?


L'objet d'étude de la psychologie est le comportement au sens large (y compris les processus mentaux),
susceptibles d'expliquer les conduites

La psychologie a ainsi pour objectifs :

1. Décrire le comportement,
2. Comprendre le comportement, expliquer pourquoi il se produit
3. Prédire le comportement
4. Modifier le comportement, changer les conditions qui influencent celui-ci de manière prévisible

Disons simplement ici que le psychologue se propose de décrire, d’expliquer et de prédire le


comportement, de façon vérifiable.

Quels sont les domaines d’application de la psychologie?

La psychologie recouvre de nombreux domaines. Dans certains domaines, on va surtout trouver des
psychologues qui font de la recherche : les chercheurs. Dans d’autres domaines, plus orientés vers les
services, on va surtout trouver les psychologues qui exercent la psychologie (les plus nombreux) : les
psychologues praticiens.
Les champs d'application ou spécialisations de la psychologie se présentent en deux axes avec quatre pôles.

1er axe : du normal au pathologique Normal


2ème axe : du social au biologique

Social Biologique

Pathologique

 Le normal
- Psychologie expérimentale : concerne les chercheurs dont c'est la méthode de travaille.
-Psychologie cognitive: étudie les processus mentaux qui peuvent rendre compte de l'activité du sujet
observé

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 Le pathologique
- Psychopathologie (psychologie clinique) : porte principalement sur le diagnostic et le traitement des
maladies et troubles comportementaux. Elle se trouve souvent qualifiée par sa méthode, clinique, et on
utilise alors l’appellation de psychologie clinique.
La psychologie clinique ne se base pas sur le traitement médical. Le traitement est basé sur un échange
de paroles entre l'individu et le psychologue: le malade est à l'origine de son propre traitement.
NB : notons qu’il y a une différence entre le psychologue clinicien et le psychiatre

 Le Biologique
- Neurosciences : étudie les bases biologiques du comportement (surtout les fonctions mentales
supérieures (mémoire, apprentissage…) il s'agit d'une explication du fonctionnement humain par le
fonctionnement du système nerveux

 Le social
- Psychologie sociale : se préoccupe de la manière dont les interactions avec les autres influencent le
comportement individuel (influence d’autrui sur notre comportement) Elle s’intéresse aussi au
fonctionnement et aux phénomènes de groupes (relations inter-groupes)

 Entre le normal et le biologique


- Psychologie différentielle : porte sur l’étude des différences entre individus (âge, sexe). Elle est le
complément naturel de la psychologie générale.
- Psychologie développementale : étude des changements physiques affectifs, cognitifs et sociaux à
tous les stades du développement (de la phase prénatale à la mort)
- Psychophysiologie : expliquer le fonctionnement humain par l’impact des sécrétions organiques

 Entre le biologique et le pathologique


- Psychopharmacologie : s’intéresse aux effets des drogues (au sens large : médicaments
(psychotropes)) sur le comportement.

 Entre le pathologique et le social


- Psychologie de la santé : prend en compte le social dans le domaine pathologique. Par exemple, le
stress peut être attribué à des facteurs sociaux.
-Psychologie criminelle : étude de la structure mentale du délinquant. Elle a pour objet de comprendre
et expliquer les actes délictueux.

 Entre le social et le normal


- Psychologie du travail : elle s’intéresse aux conduites de l'homme dans les situations de travail, où
l'homme agit. Elle s'intéresse également aux conséquences, effets du travail ou non travail sur le
comportement et la santé de l'homme.

7
- Psychologie de l’éducation : porte essentiellement sur les processus psychologiques de l’apprentissage et
applique les connaissances relatives à ces processus sur les programmes d’enseignement. Les
psychopédagogues (proches des psychologues de l’éducation) interviennent aussi essentiellement dans le
milieu scolaire. Ils se consacrent surtout à l’amélioration des méthodes pédagogiques (processus
d’apprentissage).

Quelles sont les méthodes de la psychologie ?


En tant que discipline indépendante, la psychologie utilise des méthodes d’enquête scientifiques pour
étudier et arriver à des conclusions sur les êtres humains, notamment sur leurs pensées et comportements.
Les différents types de méthodes de recherche qu'utilisent les psychologues peuvent être classés en trois
grandes catégories : les méthodes descriptives, les méthodes corrélationnelles et les méthodes
expérimentales. (Voir CHP 1: leçon 3)

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CHAPITRE I : LES GENERALITES
La psychologie sociale est une science jeunes née au début du vingtième siècle (Mac Dougall et Ross aux
USA ; Marx et Durkeim en Europe).
Comme les autres sciences humaines, elle s’inscrit dans un effort pour organiser une connaissance de
l’homme qui, durant des siècles, est restée essentiellement philosophique.

L’EMERGENCE DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE a été marquée par des auteurs dont les principaux sont :
COMTE : son but est de fonder une connaissance de l’homme sur sa manière d’être en société.
TARDE : Il observe que les individus ont tendance à imiter les comportements de ceux qui, dans la foule,
leur servent de modèle.
LE BON : Il élabore une théorie psychologique des foules. Le seul fait d’être dans une foule modifie
l’individu (il devient automate, et son rassemblement avec d’autres conduit à la formation d’un être
nouveau « l’âme collective »). Il explique ceci par le fait que les émotions et les opinions se communiquent,
et par là se multiplient et se renforcent.
DURKEIM : Il cherche à comprendre le fonctionnement de la société à travers une science nouvelle, la
sociologie qui a pour objet propre le fait social.
FREUD : Dans la vie de chacun, intervient l’autre : en effet, selon lui, autrui joue toujours dans la vie de
l’individu le rôle d’un modèle, d’un objet, d’un associé ou d’un adversaire.

LEÇON 1: Les objets de la psychosociologie


La psychosociologie a connu ses débuts aux Etats-Unis. La première expérience psychosociale est attribuée
à Norman Triplett. En menant une expérience sur des enfants à qui il avait donné une canne à pêche, il a
remarqué que ceux-ci remontaient leur ligne plus rapidement lorsqu’ils étaient en groupe que seuls. De
même que les cyclistes donnent de meilleurs résultats lorsqu’ils courent en équipe que lorsqu’ils le font
seuls. Triplett élabore à partir de ces expériences un concept, celui de la dynamogénie ou concept de
facilitation sociale, selon lequel « la présence d’autrui peut servir de facilitation et peut améliorer en
conséquence la performance ».

Les résultats de ces expériences pourraient laisser présumer que l’homme est le résultat de la société qu'il
est construit en fonction d’elle.

Notons que parler de psychologie et de sociologie, nous amène à faire référence à la de relations entre
l’homme et la société. A ce niveau, deux idées s’opposent : Le psychologique produit le social/le social
produit le psychologique. Quelle relation existe t-il donc entre la psychosociologie et la psychologie d'une
part et la sociologie d'autre part ?

I- Rapports de la psychologie sociale avec la psychologie et la sociologie


La psychologie est l'étude scientifique du comportement y compris les processus mentaux, affectifs :
pensées sentiments, émotions…de l’individu et La sociologie, l'étude scientifique des sociétés, groupes
sociaux, phénomènes sociaux produits par les interrelations sociales. Le statut de la psychologie sociale
s’est ainsi constitué à travers l’apport de concepts relevant de ces domaines c'est à dire du courant
psychologique qui a mis l’accent sur l’importance du comportement comme élément explicatif de la vie
sociale et du courant sociologique qui considère l’influence exercée par la société sur les comportements
individuels. Il est important de différencier la psychosociologie des approches psychologiques centrées sur
l’individu (considère comme primaire l’individu) et sociologique, centrée sur le fonctionnement social (part
du collectif pour décrire les individus qui la composent), pour en démontrer le caractère englobant, puisque
la psychologie sociale utilise ces deux approches, sans les séparer dans son raisonnement.

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II- Définitions
A- la psychosociologie

La psychologie sociale « analyse l’homme dans sa réalité d’être social». Elle est l'étude scientifique du
comportement social de l’individu. Le comportement social pris au sens large à savoir les comportements
extérieurs (actions, paroles, gestes), les cognitions (pensées, processus intellectuels) et les affects
(émotions, sentiments).

Il s'agit d'analyser (comprendre, expliquer) la façon dont notre comportement social est influencé par les
autres (présence imaginaire, implicite ou explicite), par les divers stimuli environnementaux (Situation
sociale : Normes de la société) et par nos composantes psychologiques personnelles.

Elle est qualifiée par le professeur Jean Maisonneuve de « sciences de l’interaction. C’est-à-dire
l’interaction des influences sociales et des personnalités singulières : relation des individus entre eux et des
groupes entre eux »

La démarche de la psychosociologie est une étude scientifique qui s’est développée selon une double
perspective. A savoir comme une psychologie sociale expérimentale, mais aussi comme une psychologie
sociale appliquée.

B- la psychosociologie appliquée

C’est la mise en œuvre ou l’application de toutes les découvertes qui ont été faites en psychologie en
général et de façon spécifique en psychologie sociale.

Pour notre part il s’agit de mettre en pratique toutes les théories de la psychosociologie dans le cadre de la
communication et la gestion des ressources humaines au sein des organisations.

Rappelons que la communication est définie comme un échange en vue d’influencer son milieu.
il apparait sur la base de cette définition, au moins trois intérêts justifiant l’étude de la psychologie.
D’abord la connaissance de l’émetteur c’est-à-dire son comportement, ses attitudes, ses besoins, ses
préoccupations ; ensuite la connaissance du récepteur sous les mêmes termes que l’émetteur.
Enfin, la connaissance des techniques d’élaboration des messages afin que l’émetteur puisse avoir le
message le plus pertinent pour influencer le comportement du récepteur.
La psychologie apporte à la communication, les moyens d’exploitation de ces trois composantes.

III- Objet d'étude


La psychosociologie a pour objet :
l’examen des rapports entre les personnes en situation sociale à savoir l'influence d’autrui sur notre
comportement, d'une part, et d'autre part, l'examen des relation inter et intra-groupes (petits groupes,
organisation ou société.)

En d'autres termes, l'on peut dire que la psychosociologie étudie la conduite sociale (cognitions et
comportements) de l’individu et du groupe ainsi que les interactions sociales et leurs conséquences.

La psychosociologie a ainsi pour objectif de :


-Comprendre les mécanismes psychologiques responsables des comportements sociaux
- Comprendre l’influence du contexte social sur les différents comportements

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IV-Les domaines d'analyse en psychologie sociale
Nous en avons 4 niveaux :

A- Niveau intra – individuel

Étude des mécanismes cognitifs et affectifs individuels dans l’environnement social :

Exemple de notion, Les attitudes : c'est une disposition mentale (cognition- affectivité) basée sur une
influence d’expériences passées et qui entraîne une Prise de position négative (conflit, lutte, rivalité) ou
positive (coopération) par rapport à un objet ou toutes les situations qui s’y rapportent ».

L’opinion est l’expression de l’attitude en ce sens qu’elle révèle les dispositions mentales sur lesquelles elle
(attitude) s’appuie»

B- Niveau inter – individuel

Situations d’interactions entre les individus

Exemple de notion ; la sociométrie : C’est la mesure, le traitement quantitatif de toute relation humaine.
Elle se préoccupe des phénomènes seulement humains en mesurant le degré d’attraction et de rejet qu’ils
entretiennent au sein d’un groupe.
L’enquête sociométrique (observation, entretiens, questionnaire) permet de mesurer grâce à un
sociogramme les relations entre les individus à savoir, les attractions et attirances mais aussi les rejets à
l’intérieur d'un groupe »

La sociométrie a pour Buts de:


•Comprendre ce qui se passe dans le groupe au niveau relationnel
•Agir pour améliorer le mieux être : l’intégration, la productivité, la créativité, l’épanouissement de
l’individu

C- Le niveau intragroupe

Situations d’interactions entre les individus au sein d’un groupe

Exemple de notion ; L’influence sociale :


le conformisme c’est lorsqu’une personne modifie son jugement personnel en faveur du groupe » il s'agit
d'une Pression implicite de la majorité sur l’individu. Notons que la relation ente le groupe et l’individu
n'est pas hiérarchique.

Groupe Individu

Pourquoi se conforme – t- on ?
-Effet de l’influence de l’information. Si je ne connais pas la situation, je tends à me conformer car :
•Les autres ont plus d’informations que moi
•Je n’ai pas confiance dans mes jugements

-Effet de l’influence des normes. Je me conforme car :


•Peur des conséquences négatives
•Être aimé ou accepté par le groupe

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Qu’est-ce qui influence le degré de conformité ?
-Les caractéristiques du groupe :
•Le conformisme augmente avec la taille du groupe jusqu’à 4 personnes
•Plus le groupe est unanime, plus l’individu se conforme

-Primarité de la réponse : Si l’individu donne sa réponse en premier, le conformisme diminue

-Traits de personnalité : La faible estime de soi et le grand besoin d’affiliation augmente le conformisme

D- Le niveau intergroupes :

Situations d’interactions entre groupes

Exemple de notion ;
-Le préjugé : jugement prématuré, attitudes souvent négatives envers un groupe social
-La discrimination : Comportements négatifs à l’égard des membres d’un autre groupe social

Définition de quelques notions :

Représentation sociale : (D.Jodelet, 1989) Les représentations sociales constituent « une forme de
connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction
d’une réalité commune à un ensemble social. Egalement désignée comme savoir de sens commun ou
encore savoir naïf, naturel, cette forme de connaissance est distinguée, entre autres, de la connaissance
scientifique.»
Les représentations sociales concernent « la façon dont nous, sujets sociaux, appréhendons les événements
de la vie courante. Bref, la connaissance spontanée, naïve, qui intéresse tant aujourd’hui les sciences
sociales, celle que l’on a coutume d’appeler la connaissance de sens commun ou encore pensée naturelle,
par opposition à la pensée scientifique.

Cette connaissance se constitue à partir de nos expériences, mais aussi des informations, savoirs, modèles
de pensée que nous recevons et transmettons par la tradition, l’éducation, la communication sociale. Aussi
est-elle, par bien des côtés, une connaissance socialement élaborée et partagée.

Groupe : Un groupe comprend un ensemble de personnes qui collaborent, agissent et communiquent pour
atteindre un objectif commun. Les personnes sont liées les unes aux autres et entretiennent des relations
structurées et organisées.
Un groupe n’est pas une simple collection d’individus sans lien entre eux.

La dynamique de groupe : c’est l’ensemble des interactions (positives ou négatives) qui se développent
dans un groupe donné. La dynamique de groupe s’intéresse aux processus relationnels internes à un
groupe, aux phénomènes d’influence qui le traversent, guident ses prises de décisions et les positions de
ses membres.

Minorité active : c’est l’ensemble des individus qui, dans un groupe donné, peuvent influencer la décision
de la majorité. Une minorité active est un sous-groupe d’individus (moins de la moitié du groupe) qui
s’oppose en totalité ou en partie aux positions ou aux normes de la majorité.
Le comportement d’une minorité active peut renverser les positions ou les normes de cette majorité. Elle
facilite donc l’innovation dans un groupe.

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L’influence d’une minorité active : l’innovation
Une minorité active peut influencer les autres membres du groupe grâce à des propositions claires,
cohérentes, argumentées et convaincantes. Toutefois, de nombreux paramètres sont à prendre en compte
pour expliquer la réussite ou l’échec de la minorité active : la crédibilité des personnes composant cette
minorité, le contexte, le statut des acteurs, la cohérence du groupe,…
A l’inverse, la minorité active peut être à l’origine de tension dans le groupe si elle n’arrive pas à se faire
entendre.

Leader et leadership : Le leader est la personne qui exerce une autorité sur le groupe. Cette autorité peut
être fondée sur son statut (leader de droit) ou sur l’ascendant particulier que le leader exerce sur les
membres du groupe (leader de fait). Le leadership est l’influence prépondérante qu’exerce le leader sur le
groupe.

Le leader le plus performant est celui qui sait adapter son style à la situation.

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LEÇON 2: Les modèles théoriques de la psychosociologie
Nous allons décrire deux courants scientifiques majeurs qui ont participé au développement de la
psychosociologie.

I- Le béhaviorisme
Le béhaviorisme a été fondé aux Etats-Unis en 1913 par le psychologue américain John Broadus Watson
1878-1958) . Il affirme que si la psychologie veut être considérée comme une science objective au
même titre que la physique ou la chimie, elle doit se limiter aux événements observables et
mesurables, c'est-à-dire au comportement (visible ou explicite) (behavior) plutôt que les processus
mentaux qui se déroulent dans le cerveau. Le béhaviorisme rejette par conséquent toute introspection
Pour WATSON, il s'agit d'étudier l'homme avec les mêmes méthodes objectives que celles utilisées pour
l'animal qui ne peut s'observer lui-même.
Cette observation objective ne peut s'appliquer que sur deux types de variables :
- les variables de situation (les stimuli) : la variété de ces stimulations est illimitée, allant des longueurs
d'onde d'un stimulus lumineux à une question posée...
- les variables de comportement (les réponses) : réponse motrice comme le parcours dans un
labyrinthe, temps de réaction, dessin...

Selon les behavioristes, tous les phénomènes psychologiques débutent par un stimulus et finissent dans
une réponse (réaction), ce qui a donné lieu à l'expression "psychologie stimulus-réponse (psychologie S-R)".
Dans cette perspective, l'étude du comportement consiste à établir les relations qui existent entre un
stimulus et une réponse.
Le béhaviorisme n’étudie pas ce qui se passe à l’intérieur de l’organisme, c’est ce qui justifie son appellation
de théorie de la « boite noire ». Un stimulus entre dans la boite et une réponse en sort. Ce qui est étudié
est ce qui peut être observé : la relation entre ce qui entre et ce qui sort, et non pas ce qui se passe à
l’intérieur de la boite.
La méthode privilégiée des béhavioristes est l’expérimentation.
Cette théorie repose sur un certain nombre de convictions :
-l’homme n’est qu’un organisme qui, pour vivre, doit s’adapter à son milieu.
-Les adaptations s’effectuent par des actions exécutées en réponse aux changements de milieu.
-La psychologie est une science pratique

WATSON a adopté la notion de réponse conditionnelle pour expliquer la plupart des


comportements.

Deux autres chercheurs célèbres sont associés au béhaviorisme : PAVLOV (1849-1936) physiologiste russe
et SKINNER (1904-1990) psychologue américain. Les travaux de ces chercheurs ont porté sur le
conditionnement et ce, principalement à partir d’expériences avec des animaux

A- Conditionnement répondant ou de type I


PAVLOV avait découvert que les chiens apprennent à saliver lorsqu'une cloche sonne si le son de
la cloche a été associé plusieurs fois à de la nourriture. Il expliqua la salivation en fonction des
conditions de laboratoire - ou conditionnement - qui la déclenchaient et non pas en fonction des
processus mentaux imaginés chez le chien. Dans le conditionnement pavlovien (répondant ou de type
I), l’association répétée d’un stimulus neutre (SN) et d’un stimulus inconditionnel (SI) déclenchant une
réponse inconditionnelle (RI) a pour effet que le stimulus neutre en vient à provoquer une réponse
similaire. On dit alors que le stimulus neutre est devenu un stimulus conditionnel (SC) et la réponse qu’il
déclenche est appelée réponse conditionnelle (RC).

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NB
Stimulus Inconditionnel = évènement qui déclenche une réponse sans apprentissage préalable
Réponse Inconditionnelle = réponse produite automatiquement par la présence d’un SI
Stimulus Neutre = évènement qui ne déclenche pas de réponse
Stimulus Conditionnel = évènement qui déclenche, suite à l’association répétitive d’un SN à un SI, une
réponse semblable à la RI initiale
Réponse Conditionnelle = réponse produite automatiquement par la présence d’un SC

B- conditionnement opérant ou de type II


SKINNER a repris l'approche du conditionnement et y a introduit le concept de renforcement.
Selon SKINNER, l'organisme apprend à se comporter d'une certaine façon parce qu'il est renforcé à le
faire. Les animaux de laboratoire parviennent à exécuter divers comportements à la suite de
renforcements. Ils réussissent à picorer sur des boutons de commande ou à tourner en rond puis à
escalader une échelle... Le principe fondamental du conditionnement skinnerien (opérant ou de type II)
s’énonce comme suit : un comportement a plus ou moins de chances de se produire selon les
conséquences qui lui sont associées. Le comportement est déterminé par ses conséquences (récompense
ou punition).
La loi de l’effet que l’on doit à THORNDIKE (1874-1949) est à la base des travaux de SKINNER.
Selon cette loi, c’est l’effet (conséquence) de la réponse qui renforce la réponse. Si une
conséquence suit toujours un comportement donné, la probabilité d’émission du comportement est
modifiée selon la nature de la conséquence. Un comportement se développe ou se maintient s’il est
suivi d’une conséquence agréable. Il disparaît s’il est suivi d’une conséquence désagréable.

A partir des années 1920, presque tous les psychologues américains sont béhavioristes. Dans le domaine
de l’apprentissage, le béhaviorisme est fécond. Toutefois, les recherches s'accumulant à grande
allure, certaines limites du behaviorisme vont apparaître.

C- Limites du behaviorisme
-Un des reproches adressés aux béhavioristes est le fait que la plupart de leurs expériences ont été
effectuées sur des animaux : les lois qui en sont déduites sont-elles vraiment applicables sur l’Homme ?
-les béhavioristes ont tendance à étudier une influence de l’environnement à la fois. Or, dans la vie de tous
les jours, chaque individu est susceptible d’être influencé par une multitude d’éléments.
-Par ailleurs, le réductionnisme environnemental fausse la compréhension du comportement humain.
-Une des prises de position les plus controversées des behavioristes (Skinner) vise la notion de libre arbitre :
pour eux le libre arbitre est une illusion et ils s’étaient prononcés en faveur du déterminisme (les influences
de l’environnement déterminent notre comportement)

NB : il est faux de penser que les théoriciens modernes du béhaviorisme considèrent que l’on peut
transformer tout individu comme on veut si on le place dans l’environnement approprié. Ils reconnaissent
que chaque individu a des prédispositions biologiques qui lui permettent d’apprendre certaines choses plus
facilement que d’autres.

II- Le cognitivisme
Ce courant étudie l’ensemble des fonctions cognitives : la perception, l’attention, la mémoire, le langage et
les activités intellectuelles. Contre le béhaviorisme, qui avait éliminé les phénomènes mentaux du champ
d’étude de la psychologie pour ne considérer que les seuls comportements observables (visible ou
explicite). la psychologie cognitive rétablit l’esprit au centre de ses préoccupations. Cela d’une manière
objective et scientifique (en ayant recours à d’autres méthodes que l’introspection).

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Les cognitivistes postulent que les processus mentaux peuvent aussi expliquer les comportements
observables.

Comme dans la perspective comportementale, la principale méthode de la perspective cognitive est la


méthode expérimentale mais avec une différence importante : les cognitivistes utilisent l’expérimentation
pour regarder à l’intérieur de la « boite noire », pour inférer (déduire) des processus mentaux à partir de
comportements observables.

Au début, les psychologues cognitivistes étudiaient essentiellement les processus qui ont peu de rapport
avec la motivation ou l’émotion, tels que la mémoire, le raisonnement ou la prise de décision. Plus
récemment, force est de constater un élargissement des comportements étudiés dans la perspective
cognitive. Ainsi, certains chercheurs aujourd’hui s’intéressent beaucoup aux émotions et avancent que la
façon dont les individus considèrent les événements jouent un rôle important dans la genèse de ces
émotions (ainsi, il est assez probable qu’on se mette en colère si on juge que la situation entrave nos
objectifs et qu’on a des difficultés à imaginer une solution pour contourner cet obstacle).

Un apport intéressant de la perspective cognitive est d’avoir montré clairement que les êtres humains sont
loin d’être totalement rationnels ! Il leur arrive fréquemment de raisonner de travers, de commettre des
erreurs de jugement et d’avoir des trous de mémoire. Mais la perspective cognitive ne se contente pas de
mettre en évidence nos limites mentales, elle propose aussi des stratégies pour les dépasser. On peut se
prémunir contre certains biais, apprendre à porter des jugements basés sur une pensée critique et
améliorer la fiabilité de notre mémoire.

En dépit de ses nombreux apports, la perspective cognitive présente aussi des faiblesses.
Ainsi, l’enthousiasme soulevé par ce courant a amené certains à réduire la complexité du comportement à
ce qui « se passe dans la tête ». Avec ce type de réductionnisme, on en vient assez rapidement à penser
que l’on peut résoudre n’importe quel problème personnel en modifiant sa façon de penser. Ainsi, de
nombreux programmes de développement personnel prônent aujourd’hui de façon simpliste « qu’on peut
guérir de tout avec le seul pouvoir de la pensée positive ». S’il est vrai que des facteurs cognitifs tels que le
sens de l’humour, l’optimisme, le sentiment de contrôler les événements influencent notre comportement
et notre santé, cela ne signifie pas que ceux-ci sont les seuls à intervenir. La pensée positive ne suffit pas
pour vaincre le cancer, le chômage, l’injustice ou la pauvreté ! De plus, il n’y a pas que l’esprit qui influence
le corps (ou la pensée qui influence les événements), l’inverse est tout aussi vrai. Si les pensées pessimistes
peuvent causer la dépression, être déprimé rend aussi les gens plus susceptibles d’avoir des pensées
pessimistes.

16
LEÇON 3 : Les méthodes de la psychosociologie
La psychosociologie, comme en psychologie (générale), utilise différentes méthodes de recherche. Une de
ces méthodes est la méthode descriptive.

I- Les méthodes descriptives


Plusieurs méthodes employées en psychologie sont de nature descriptive : Elles permettent de décrire le
comportement humain le plus objectivement possible tel qu’il se présente, mais elles n’en fournissent pas
d’explication causale. Les plus courantes sont l’observation, l’enquête, les tests et l’étude de cas.

II- Les méthodes corrélationnelles


Par rapport aux méthodes descriptives, les méthodes corrélationnelles permettent d’aller plus loin dans
l’étude du comportement. Elles permettent de mesurer le degré de dépendance entre des éléments
appelés variables.

A- Résultats trouvés :

Corrélation positive (quand un phénomène croît/décroit, l’autre croît/décroit également) Par exemple, il
existe une corrélation positive entre le QI et le rendement scolaire : plus les individus ont un QI élevé,
meilleur est leur rendement scolaire.

Corrélation négative (quand un phénomène croît, l’autre décroît) Par exemple, il existe une corrélation
négative entre le stress et l’état de santé : plus les individus sont stressés, moins ils sont en bonne santé.

Aucune corrélation ou trop faible, Les deux variables sont totalement indépendantes (par exemple, le
poids d’un individu adulte et son score à un test d’intelligence).

Toutefois, il est rare qu’une corrélation soit parfaite. Cela signifie qu’il existe des exceptions. Ainsi, certains
individus qui ont un QI moyen se classent parfois parmi les meilleurs. D’autres individus qui ont un QI élevé
obtiennent parfois des résultats médiocres.

B- De la corrélation à la causalité :

Ne pas commettre l’erreur d’établir automatiquement un lien de causalité lorsqu’il y a corrélation (bien
qu’il n’y ait pas de causalité sans corrélation). 2 éléments empêchent qu’on franchisse ce niveau de
conclusion :

Le problème de la direction : A cause B … non : B cause A ! Difficile de distinguer parmi les 2 variables celle
qui pourrait être la cause et celle qui pourrait être l’effet

Le problème de la troisième variable : une 3ème variable pourrait être la cause des 2 autres sans qu’il n’y
ait entre ces 2 dernières un autre lien que celui de la corrélation

Les recherches corrélationnelles ne sont pas suffisantes pour établir des relations de causalité entre
variables. Lorsque deux variables sont reliées entre elles (coefficient de corrélation non nul), il est possible
que l’une soit la cause de l’autre mais ce n’est pas nécessairement le cas.

17
III- Les méthodes expérimentales
Si les chercheurs ont recours à la méthode descriptive pour formuler des hypothèses à propos d’un
comportement, à la méthode corrélationnelle pour associer différentes variables à un comportement
donné, ils utilisent la méthode expérimentale pour découvrir les causes du comportement (et donc,
pouvoir l’expliquer).

18
CHAPITRE II : L’ETUDE DE QUELQUES CONCEPTS
FONDAMENTAUX
Leçon 1 : intelligence
Des personnages comme Félix Houphouët Boigny, Leonard de Vinci ou Einstein nous ont marqué par leur
intelligence.
Intelligence ! Ce terme est au centre des préoccupations dans notre société et est l’objet de nombreuses
allégations et interrogations: « Les femmes sont-elles plus intelligentes que les hommes », « Un bébé
allaité, sera t-il plus intelligent » « Les cours de musique améliorent le QI »
Mais qu'est ce que l'intelligence ?

I- Problème de définition
Plus d’un siècle après sa naissance, le débat autour de la définition de l’intelligence est toujours aussi vif.
Les définitions de l’intelligence sont nombreuses.“Tout à la fois «faculté de connaître, de comprendre»,
«ensemble de fonctions mentales ayant pour objet la connaissance rationnelle” et ”aptitude d’un être
vivant à s’adapter à des situations nouvelles», tantôt considérée comme spécifique à l’homme, tantôt
reconnue comme partagée par l’ensemble des animaux supérieurs, la notion d’intelligence se dérobe à
l’entendement de ceux- là mêmes qui tentent de la cerner par une approche scientifique.
Il n’existe donc pas, à l’heure actuelle, de définition unanime et univoque de l’intelligence. En donner une,
unique et claire s'avère ainsi être un exercice difficile.
Les chercheurs semblent toutefois d’accord pour reconnaître dans l’intelligence une capacité à apprendre à
partir de l’expérience et celle de s’adapter à des problèmes nouveaux.

On peut ainsi définir l'Intelligence comme étant l'Ensemble d'aptitudes cognitives servant à acquérir des
connaissances, à les mémoriser et à utiliser les éléments de sa propre culture pour résoudre des problèmes
de la vie quotidienne et pour s’adapter rapidement tant à un milieu stable qu'à un milieu en
transformation.

Malgré les évolutions de la définition de l’intelligence, le débat reste marqué par deux questions
fondamentales : « L’intelligence est-elle unique ou multidimensionnelle ? » et « L’intelligence est-elle
déterminée par le milieu, par l’hérédité ou par une interaction des deux? ».

II- Intelligence uni- ou multidimensionnelle?


Pour certains Psychologues, L’intelligence est considérée comme une habileté générale qui sous-tend des
habiletés spécifiques.

Cette notion d’intelligence générale repose sur une intuition assez partagée, selon laquelle on distingue
facilement les individus que tout le monde qualifie d’intelligents de ceux qui le sont beaucoup moins.
Toutefois, à y regarder de plus près, on constate que les capacités et les talents peuvent être multiples ;
celui qui excelle dans le maniement des subtilités du langage ou brillant en mathématiques peut être
incapable de gérer sa vie au quotidien. Ainsi, pour d'autres, l'intelligence est un ensemble d’habiletés
apprises par conditionnement et observation de modèles.

19
A- Les partisans de l'intelligence unique

Charles Spearman psychologue anglais, fait partie de ceux-ci. Il est l’un des premiers à proposer une théorie
de l’intelligence. Il constate qu’il y a une faculté individuelle qui permet de résoudre différents problèmes.
En traitant statistiquement un grand nombre de réponses à des tests, il met en évidence une tendance
générale qu’il appelle «Facteur G». Il postule que nos performances cognitives sont sous-tendues par ce
facteur commun, qui traduit le fait que plus on est bon dans une épreuve d’intelligence plus on a de
chances de l’être dans les autres. Les quelques divergences par rapport à cette tendance constituent des
«Facteurs spécifiques». Le facteur G, ou « sens commun », traduit l’aptitude individuelle à résoudre des
questions, et donc une forme d’intelligence générale.

D’autres auteurs vont appuyer le facteur G. Raymond Cattell soutient que deux entités distinctes
composent le facteur G :
l’intelligence fluide (assimilé au facteur G) : innée et sensible au vieillissement, c’est la capacité
d'acquérir de nouvelles connaissances et de résoudre des problèmes. Elle est en partie déterminée par des
facteurs biologiques et génétiques et qui est relativement stable sur de courtes périodes.)
L’intelligence cristallisée : (dépendante de l’éducation et de l’expérience). Ensemble des connaissances
et des expériences acquises au cours d'une vie grâce à l'interaction entre l'intelligence fluide et l'expérience
du milieu.

B- Les partisans de l'intelligence multiple

Le psychologue Edward Lee Thorndike, nia l'existence du facteur G et fut le premier à soutenir l’existence
d’autres intelligences que l’intelligence abstraite, comme l’intelligence sociale (capacités à résoudre des
problèmes interpersonnels) et l’intelligence mécanique (capacités à résoudre des problèmes concrets).
Louis Thurstone mit en évidence d’autres facteurs spécifiques (numérique, verbal, spatial, fluidité verbale,
raisonnement) qu’il regroupe sous l’appellation « aptitudes primaires », et nia également l’existence du
facteur G.

H. Gardner ne laisse pas non plus de place au facteur G au sein de sa théorie des intelligences multiples. Il
propose un modèle multidimensionnel non hiérarchique de l’intelligence. Il met en évidence huit formes
d’intelligence : verbale, musicale, logico-mathématique, intrapersonnelle (capacité à bien se comprendre
soi-même), interpersonnelle (capacité à bien comprendre les autres), corporelle (mise en œuvre dans le
sport), naturaliste (capacité à reconnaître les animaux, les plantes) et spatiale. En établissant ce modèle,
Gardner voulait permettre une évaluation du potentiel général de l’individu et non pas s’arrêter aux
intelligences verbale et logico-mathématique, relatives aux apprentissages scolaires.

Robert J. Sternberg, quant à lui, propose un modèle trirarchique de l’intelligence. Selon lui, chaque individu
possède à des degrés divers trois types d’intelligence : l’intelligence analytique (capacité d’analyser des
problèmes abstraits), l’intelligence créative (capacité à faire face à des situations nouvelles) et l’intelligence
pratique (capacités à résoudre les problèmes de la vie quotidienne). Généralement, on ne peut exceller que
dans une seule de celles-ci. C’est pourquoi Sternberg postule qu’elles sont indépendantes l’une de l’autre.

Au delà de ces positions antagonistes (intelligence unique et multiple), il faut relever que la tendance
actuelle est de réconcilier ces deux approches: l’intelligence ne dépendrait pas d’un seul facteur commun
mais il n’existerait pas non plus une multitude d’intelligences totalement indépendantes l’une de l’autre.

C- Les travaux de J.B. Carroll

Un large consensus s’est fait autour du modèle de John Bissel Carroll qui a synthétisé les travaux existants
et réconcilié les modèles unitaires et les modèles multifactoriels. Il conçoit l’intelligence de façon
pyramidale à trois niveaux. A la base, on trouve une trentaine de capacités spécifiques, comme la capacité
de raisonnement, la mémoire visuelle, le vocabulaire, l’aisance numérique.

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Au deuxième étage ces capacités se regroupent en huit grands facteurs : l’intelligence fluide (Capacité de
trouver des solutions nouvelles à des problèmes nouveaux), l’intelligence cristallisée (Application à la
situation présente de l’accumulation des expériences antérieures), la mémoire, la vitesse de traitement,
etc. Au sommet se trouve le facteur d’intelligence générale. Donc le fameux facteur G serait une
combinaison entre notre rapidité à traiter l’information et notre capacité à nous concentrer et à gérer un
problème.

III- L’intelligence animale


L’espèce humaine n’est pas la seule à posséder des aptitudes cognitives : la réaction de certaines bêtes face
à de nouveaux problèmes suggère qu’elles sont capables de penser. D’autres scientifiques n'en sont pas
convaincus ; ils s’appuient sur la thèse d’un comportement génétiquement déterminé, de facultés innées.
Deux notions s'opposent : anthropomorphisme (attribuer à tort des qualités humaines aux animaux) vs
anthropocentrisme (penser à tort que les êtres humains n’ont rien à voir avec les animaux)

Si la définition de l’intelligence reste floue, il existe une autre problématique pour les chercheurs.
L'intelligence vient elle des gènes ou est elle le fruit de l’influence de l’environnement?

IV- Intelligence innée ou acquise ? (Facteurs de développement)


Le débat autour des déterminants de l’intelligence n’est pas récent. Les enjeux de ce débat ne sont pas
vraiment scientifiques, mais bien plus politiques et sociaux, voire même économiques. En effet, les
enquêtes qui tendent à prouver une prédominance de l’hérédité dans la détermination de l’intelligence
sont susceptibles de servir des idéologies racistes. Au contraire, celles qui privilégient l’influence du milieu
légitiment les thèses interventionnistes.

Sir Francis GALTON (1822-1911), cousin de C. Darwin, est considéré comme le fondateur de l’eugénisme.
Persuadé que l’intelligence était déterminée par les gènes, il proposa à l’État anglais un projet politique
encourageant les gens intelligents à se marier entre eux. Il suggéra même de payer les individus moins
intelligents pour ne pas procréer.

Pour tenter de déterminer l’influence respective de l’hérédité et celle du milieu, de nombreuses études ont
cherché à comparer les QI d’individus en fonction de leur degré de parenté et de leur milieu éducatif. Ainsi,
les résultats d’une méta-analyse effectuée sur des centaines d’études semblent confirmer que l’origine de
l’intelligence est à la fois environnementale et génétique.

21
V- Théories de l'intelligence
A- Approches cognitives (traitement de l'information) : Les travaux de Jean
Piaget

Selon Piaget, comme la vie, l'intelligence est adaptation, c'est à dire l'équilibre entre les processus
d'assimilation et d’accommodation. Ces deux concepts, base de sa théorie sont primordiaux pour
quiconque désire comprendre les principes du développement intellectuel d'un individu.

1- L'assimilation

Comme le terme l'indique, à trait a une forme d'incorporation, a l'image de la nourriture qu'un individu
ingurgite; C'est en quelque sorte la matière première de tout processus dynamique. Grâce à l'assimilation,
les matériaux de base qui serviront a l’édification de cette cathédrale complexe qu'est le cerveau humain
seront emmagasinés. Toute carence dans le domaine de l'assimilation entraînera une faiblesse, une fragilité
dans la structure de l'édifice. L'assimilation est donc une étape de toute première importance car elle est le
garant de la richesse des matériaux, de l'inventaire des possibilités qu'un individu se donne pour pouvoir
par la suite composer avec le monde qui l'entoure. Pour Piaget, le principe de l'assimilation débute au
moment ou l'enfant entre en contact avec le monde. C'est par l'assimilation que l'enfant construit ses
premiers schèmes qui sont la répétition de certains gestes qu'il intégrera (tétée, mouvement d'agripper, de
se tourner la tête‚ de pousser, de tirer etc.).
Ces premiers schèmes ont une connotation sensori-motrice et ils permettent à l'enfant de d'entrer en
contact avec le monde qui l'entoure.

Cependant l'assimilation a elle seule ne permet pas à l'enfant de s'adapter a son environnement; elle devra
être accompagnée du processus de l'accommodation.

2- L’accommodation

Elle permet à l'individu de réutiliser et de réorganiser ses propres schèmes dans des situations différentes.
Si nous prenons l'exemple de la construction d'un édifice, nous pourrons comparer l'assimilation a la
découverte des matériaux disponibles pour la construction alors que l'accommodation se comparerait à la
façon dont on se servira de ces matériaux.

C'est donc le jeu de ces deux composantes fondamentales (assimilation et accommodation) qui
permettront à un individu de s'adapter.

3- Les différents stades de développement de l’intelligence de l’enfant selon


Piaget.

Stade 1. Le premier, le stade ” sensori-moteur ”, va de la naissance jusqu’à dix-huit mois ou deux ans : le
bébé apprend à connaître le monde par les objets qu’il utilise. L'acquisition la plus importante de ce stade
est le concept de l'objet. L'objet est vu comme une entité physique indépendante du sujet en interaction
sur l'objet. L'objet hors de la vue ne cesse ainsi pas d'exister (permanence de l'objet)

Stade 2. Vers deux ans, l’enfant passe au stade ” préopératoire ” : il peut se représenter certains actes sans
les accomplir ; c’est la période du jeu symbolique, qui correspond à l’acquisition du langage.

Stade 3. Vers sept ou huit ans, l’enfant entre dans la période des ” opérations concrètes ” : il se socialise,
notamment sous l’influence de l’école. C'est à ce stade qu'émerge les opérations.

Stade 4. Enfin, vers onze ou douze ans, il atteint le stade des ” opérations formelles ”, celui de
l’abstraction.
22
B- Approche psychométrique: mesure de l’intelligence

Le premier test d’intelligence (le Binet-Simon) fut publié en 1905 par le Français Alfred Binet à la suite
d’une demande du ministère de l’éducation nationale. Son but était de mesurer les capacités intellectuelles
d’un individu à un âge donné, de prédire la réussite scolaire et de repérer la déficience; c’est d’ailleurs lui
qui introduit la notion d’âge mental. Dans son évaluation, chaque âge correspond à une série de questions
et de tâches habituellement réussies par les enfants de cet âge.

Par la suite, Pour permettre la comparaison entre des enfants d’âges différents, le psychologue allemand
William Stern introduit la notion de quotient intellectuel, en divisant l’âge mental par l’âge réel, qui
s’exprime en pourcentage.

1- Caractéristiques des tests

Pour être utilisé à une large échelle, un test doit répondre à deux critères fondamentaux :
Fidélité : Le test doit donner sensiblement les mêmes résultats si une personne s’y soumet à plusieurs
reprises.

Validité : la validité prédictive ou valeur pronostique d'un test.

2- Interprétation des résultats

Par convention la moyenne du QI est fixée à 100.


L’évaluation de l’efficience cognitive reste toujours une approximation qui, comme toute mesure
statistique, est entachée d’erreurs, et donc le QI observé se situe toujours dans un intervalle de confiance
de 95%, ce qui correspond à plus ou moins 7 points autour du score observé.
Notons qu'un état de fatigue et/ou de stress peut avoir un impact non négligeable sur le résultat des tests.

3- Critiques

Paradoxalement, et contrairement à ce que l’explosion du concept d’intelligence pouvait laisser supposer,


les psychologues continuent d’évaluer un QI unique (distinguant éventuellement QI verbal et non-verbal).
Dans le meilleur des cas, les batteries de tests utilisées comportent des items variés qui permettent de
rendre compte de quelques facettes de l’intelligence.

Néanmoins, l’accent reste principalement mis sur la mesure du raisonnement logicomathématique, qui est
par ailleurs un bon prédicteur de la réussite scolaire. Ainsi, Si le Q.I. mesure certaines manifestations de
l’intelligence il ne la mesure pas dans son intégralité, il faudrait d’ailleurs pour la mesurer intégralement
pouvoir la définir plus précisément.

On peut reprocher en outre à plusieurs tests d’intelligence d’être connotés culturellement.

En Occident, l’accent est mis sur les aptitudes verbales (capacité de comprendre et de produire un langage
parlé ou écrit) ainsi que sur les aptitudes logico-mathématiques (utilisées par un ingénieur par exemple), ce
qui se comprend dans une société technologiquement développée.

En Afrique, dans la plupart des cultures, l’intelligence tend à être définie en termes d’aptitudes pratiques et
de compétences.

Comme les tests sont construits autour d’une population de référence occidentale, la validité de la mesure
pour d’autres cultures peut être mise en doute. Si, par exemple, on considère la rapidité de traitement qui
est symptomatique dans nos civilisations occidentales, il n’en va pas de même pour d’autres cultures.

23
Certains tests sont construits pour être indépendants de toute culture. (Culture free).

Ces tests ne font donc que mesurer des différences, mettre en évidence des difficultés pouvant se
manifester sur le plan scolaire ou social, mais leurs résultats sont relatifs et ne permettent pas de parvenir à
une évaluation absolue, certaine et définitive.

Il ne s’agit en aucun cas d’un diagnostic infaillible permettant de mesurer l’intelligence naturelle d’une
personne et pouvant par là déterminer de façon indiscutable ses capacités potentielles. Il convient donc de
considérer avec prudence les travaux effectués par des psychologues prenant en compte le Q.I. et l’utilisant
comme une mesure parfaitement exacte.

4- Quelques tests d’intelligence

-Le Binet-Simon : n’est plus utilisé en France faute d’avoir été révisé à temps. La seule révision qui en ait
été faite est celle qui a été dirigée par Zazzo en 1966 et a abouti à la Nouvelle Echelle Métrique de
l’Intelligence (NEMI). La NEMI n’a toutefois pas été révisée depuis et, pour les raisons indiquées plus haut,
une échelle qui n’a pas été révisée depuis 35 ans devient obsolète.

-Les tests de Weschler : Les tests de David Weschler sont les plus utilisés. La première version de son
test d’intelligence pour adulte, la WAIS (Weschler adult intelligence scale), fut publiée en 1939. Elle fut
suivie dix ans plus tard par une version pour les enfants de 6 à 16 ans, la WISC (Weschler Intelligence
scale for children, 2005), ensuite, la WPPSI (Weschler Preschool and Primary Scale of Intelligence) pour
les moins de 6 ans.

-Le K-ABC (Kaufman Assessment Battery for Children), une batteriede tests qui évaluent le développement
de l’intelligence dans la période d’âge de 2 à 12 ans. Elle a été publiée en 1983 aux USA par A. et N.
Kaufman et adaptée en France en 93 Kaufman & Kaufman, 1993).

5- Utilisation

Le QI fait généralement partie du dossier des élèves rattachés aux structures de l’enseignement spécialisé
ou intégrés à des institutions. Les tribunaux ordonnent parfois une expertise pour un prévenu afin de
pouvoir décider de sa responsabilité.

Il s’agit d’une mesure plus ou moins précise permettant d’évaluer les aptitudes d’un individu à un moment
de son développement et pouvant fournir des informations parfois utiles par exemple pour aider au choix
d’une orientation ou pour tenter de remédier à une situation d’échec scolaire.

En conclusion…

La mesure du QI n’est pas la mesure de l’intelligence dans sa globalité. Elle correspondrait plutôt à une
intelligence académique. De fait, le QI ne représente aucun intérêt sorti de son contexte.

Il ne faut pas oublier que chacun d’entre nous présente un éventail de capacités, capacités qu’il faudrait
potentialiser. En conséquence, notre objectif devrait être de faire émerger le génie qui est en nous !

24
VI- Les pathologies de l’intelligence
Nous en avons 4 types :

1- Les arrêts du développement

Physiologiquement l’enfant grandit. Mais à partir d’un certain âge, il ne peut rien apprendre.

2- La régression mentale

Elle marque la déchéance progressive et irrésistible des activités mentales.

3- La confusion mentale

C’est un état passager pendant lequel le sujet présente certains troubles de la perception de la mémoire.
Elle peut être accidentelle ou chronique.

4- Les déficits passagers de l’intelligence

Ce sont les conséquences des interférences entre la sphère affective et la sphère cognitive (intellect).

25
Leçon 2 : La mémoire
Rappelons-nous nos premiers souvenirs. Avec quelle clarté se souvient-on d’une scène ? Imaginons qu'on
n’ait plus aucun souvenir de notre passé, des gens qu’on a connus, ni des événements qu’on a vécus. Sans
ces références temporelles, comment pourrait-on savoir qui nous sommes, quelle est notre identité ? Ou
bien encore, supposons qu’on ne pourrait plus former de nouveaux souvenirs. Qu’adviendrait- il de nos
expériences les plus récentes ? Tout disparaîtrait, comme si les événements n’avaient jamais eu lieu,
comme si nous n’avions jamais eu de pensées. Existe-t-il une seule activité qui ne soit pas influencée par la
mémoire ?

L’objectif de cette leçon est d’expliquer comment on se souvient et pourquoi on oublie des choses
connues.
Nous étudierons comment on place et récupère les expériences quotidiennes de la mémoire. Nous
exposerons ce que la psychologie a découvert sur les différents types de mémoires et comment celles-ci
fonctionnent.

I- Qu’est-ce que la mémoire ?


La Mémoire est un ensemble complexe d’aptitudes, de processus et de structures cérébrales, une capacité
indispensable pour effectuer des tâches quotidiennes, pour retenir de l’information et pour la récupérer.
En fait, dès qu’une information est captée par un de nos sens, elle déclenche la mise en œuvre d’une série
de processus qui vont conduire à sa disparition, à son utilisation immédiate ou à son utilisation ultérieure
après avoir été stockée durant une période plus ou moins longue. Le travail accompli par la mémoire est
quotidien et il s’effectue souvent sans qu’on s’en rende compte.

Elle est à la base du sentiment d’identité personnelle : chaque individu est la somme de tous ses souvenirs.
Le processus de la mémoire passe par 3 étapes. Que sont l’encodage, le stockage et la récupération.

A- L’encodage (acquisition)

L'encodage représente la transformation de l’information sous une forme qui peut être stockée. Pour être
stockée en mémoire, une information doit être transformée en une trace mnésique constituant une
représentation mentale de la situation perçue. Cette transformation renvoie à l’encodage de l’information
qui peut s’effectuer selon différents codes : visuel, auditif, sémantique. Le code visuel représente les
informations sous la forme d'images. Le code acoustique les représente sous la forme de sons. Le code
sémantique les représente en fonction de leur signification. Par exemple : si on doit se souvenir de la série
de lettres : LEBEFIDEMA, on peut essayer de retenir une image mentale du tracé des lettres (code visuel).
On peut aussi répéter mentalement la suite des lettres dans l'ordre (code acoustique). On peut également
faire correspondre les lettres à celles de l'acronyme "LEs BElles Filles DE MAN". Elles deviennent alors
significatives (code sémantique).

B- Le stockage (rétention)

La consolidation permet de passer de l’encodage au stockage. Ce sont les changements physiologiques qui
s’opèrent dans le cerveau. Le stockage c’est l’entreposage dans le temps de l’information.

26
C- La récupération (rappel, actualisation, réactualisation)

Lorsque l’on extrait ultérieurement l’information, on parle de récupération. C'est un processus de rappel
des informations stockées. La facilité avec laquelle les informations sont récupérées, dépend de la manière
dont ces informations ont été codées et stockées. Par ailleurs, la récupération s’effectue toujours plus
facilement par reconnaissance (processus par lequel une information présentée au sujet est reconnue
parmi un ensemble d’informations de la même classe) que par rappel (processus par lequel une
information est restituée (extraite directement de la mémoire) sans aucun point de référence).

En résumé on peut dire que l’encodage fait rentrer l’information, le stockage la conserve jusqu’à un besoin
ultérieur et la récupération la fait sortir. Ces 3 étapes correspondent à 3 niveaux différents du système de
traitement de l’information. Ces niveaux sont en interaction mais ils possèdent chacun une structure
particulière. Ils renvoient à l’architecture de la mémoire et aux modèles qui ont été proposés pour la
décrire.

Certes, il est facile de définir l’encodage, le stockage et la récupération comme des processus mémoriels
distincts, mais l’interaction entre ces trois processus est très complexe.

II- Le modèle standard de la mémoire: Modèle d’Atkinson et


Shiffrin
Depuis la fin des années 60, la plupart des psychologues sont d’accord sur l’existence de trois niveaux
mémoires qui sont déterminé par le stockage plus ou moins prolongé d’informations.

Selon ce modèle standard de la mémoire (encore appelé le modèle classique ou des 3 mémoires,
principalement basé sur les travaux de ATKINSON & SHIFFRIN, la mémoire est constituée de 3 stocks : la
mémoire sensorielle (MS), la mémoire à court terme (MCT) et la mémoire à long terme (MLT). Se souvenir
consiste à faire passer l’information d’un stock à l’autre et en particulier à récupérer l’information venant
de la MLT. L’information qui ne passe pas de la mémoire sensorielle à la MCT et de la MCT à la MLT est
considérée comme perdue (oubli). Une fois dans la MLT, l’information peut être récupérée pour permettre
l’analyse de l’information provenant de la mémoire sensorielle ou des opérations mentales dans la MCT.

A- Mémoire Sensorielle ou registre d'information sensorielle (RIS)

La mémoire sensorielle (MS) (ou mémoire-tampon (buffer en anglais), mémoire à très court terme)
maintient l’information à propos d’un stimulus perçu pendant un bref moment après la disparition du
stimulus. Jusqu’à présent, les recherches ont surtout porté sur la mémoire sensorielle visuelle et auditive.

La MS retient l’information transmise par les sens pendant une ou deux secondes, jusqu’à ce que le
traitement se poursuive. Elle comprend différents registres (soit un pour chaque sens). La durée de vie des
informations dans la MS est très courte : une demi-seconde pour les images visuelles (ou icône (mémoire
iconographique ou iconique)), environ 2 secondes pour les sons (mémoire échoïque)… Cette mémoire sert
surtout à retenir l’information juste le temps qu’il faut pour que l’individu sélectionne les éléments
auxquels il va accorder de l’attention dans le flot continu bombardant ses sens. La MS joue donc un rôle
important de filtre, en bloquant l’accès à l’information non pertinente ou sans importance.

B- Mémoire à court terme (mémoire primaire)

C’est par notre capacité d’attention que l’information passe de la mémoire sensorielle à cette mémoire.
Comme la MS, la MCT ne retient l’information que temporairement.

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Elle permet de maintenir à un niveau conscient un nombre restreint d’informations (par exemple, un
numéro de téléphone) approximativement pendant 20 à 30 secondes, à moins que l’individu ne fasse un
effort délibéré pour la maintenir plus longtemps en la répétant sans cesse. Nous avons tous expérimenté le
fait qu’un numéro de téléphone qu’on vient de lire dans l’annuaire, est très vite oublié si nous sommes
interrompu avant d’avoir eu le temps de le composer. L’auto répétition mentale favoriserait non seulement
le maintien des informations en MCT mais aussi leur passage en MLT. Le codage dominant en MCT est
acoustique.

La MCT est non seulement limitée par sa durée mais aussi par sa capacité.

1- Durée de rétention en MCT

La MCT se caractérise par un oubli massif et très rapide. Dans la vie quotidienne, l'oubli à court terme se
manifeste fréquemment. Si l’autorépétition est interrompue, le matériel disparaît sans laisser de trace.
Ainsi, par exemple, il nous arrive d'oublier une idée dans une conversation lorsque quelqu'un d'autre prend
la parole ... L’oubli en MCT peut être lié à l’estompage (désagrégation de la trace mnésique au cours du
temps) mais aussi à l’interférence (penser à autre chose). La répétition permet de maintenir l’information
suffisamment longtemps pour qu’on puisse s’en souvenir plus facilement et qu’elle finisse par être
transférée dans la mémoire à long terme. En effet, Les éléments de la MCT passent dans la MLT ou sont
perdus à jamais.

NB: La MCT conserve aussi l’information récupérée de la MLT pour une utilisation temporaire (c’est
pourquoi elle est appelée la mémoire de travail).

A un instant donné, la MCT ne peut contenir qu’une quantité limitée d’information Elle est une mémoire
fragile qui est facilement surchargée.

2- Capacité de la MCT

La capacité de stockage à court terme (empan mnésique à court terme) ne peut excéder en moyenne plus
de 7 éléments à la fois (ce nombre pouvant varier entre 5 et 9). Ainsi, Quand la mémoire est « pleine », elle
fait disparaître les éléments précédemment stockés. On parle alors de déplacement : chaque nouvel
élément prend la place d’un autre qui est alors oublié. Il n’est donc pas étonnant que lorsqu’on doit
composer un indicatif devant un numéro de téléphone à 7 chiffres, on ait du mal à retenir les chiffres
supplémentaires. Pour augmenter sa capacité, on peut faire des regroupements. Dans ce cas, on réunit ou
on classe des éléments distincts en blocs plus gros donc moins nombreux et donc plus faciles à retenir.
Lorsqu’il est nécessaire de retenir à court terme plus de 7 éléments, le cerveau pratique des
regroupements (« chunks ») permettant de ramener à 7 (au maximum) le nombre d’éléments à conserver
en MCT.

C- Mémoire à long terme

Contrairement à la MCT, la capacité de la MLT ainsi que la durée de rétention des informations qui y sont
stockées sont quasi-illimitées. Autrement dit, on peut maintenir une grande quantité d’informations durant
un laps de temps très long (vie entière) en MLT. Cela permet d’apprendre, d’agir et d’élaborer un sentiment
d’identité personnel. Elle est la plus importante et la plus complexe des systèmes de mémoire. Ce n’est pas
une mémoire unique, mais plutôt un système de mémoires. Elle est divisée en 2 sous-systèmes.

1- La mémoire déclarative

La mémoire telle qu’on se la représente intuitivement correspond à la mémoire déclarative. Elle fait
référence à nos souvenirs et connaissances sur les choses, les êtres, les faits. Ces informations sont
accessibles à une récupération consciente. Un critère simple d’identification de ces connaissances est
qu’elles sont transmissibles oralement. Elle englobe la mémoire épisodique et la mémoire sémantique.

28
-La mémoire épisodique
Elle contient les informations relatives aux événements particuliers de notre vie plutôt qu’en une
connaissance générale. Ce sont des connaissances autobiographiques (personnel) donc propre à nous-
mêmes en tant qu’acteur ou observateur. Elle concerne notre vie individuelle, nos expériences et nos
souvenirs personnels (se souvenir de ce qu’on a fait le jour de son anniversaire, de ce qu’on a mangé le
matin…)
NB : Parmi les souvenirs autobiographiques, certains semblent particulièrement préservés. Il s’agit des
souvenirs-éclairs (ou souvenirs-flashs).Ces événement fortement marqué sur le plan émotionnel, les
individus ont tendance à bien s'en souvenir et ce, sur une longue période. La restitution du souvenir
s’accompagne fréquemment de la restitution du vécu émotionnel qui a accompagné l’événement. On
appelle mémoire émotionnelle, la mémoire qui porte sur le vécu émotionnel qui accompagne certains
événements.

Dans la mémoire épisodique, il existe une catégorie de souvenirs que nous conservons et qui a trait, non
plus à des événements du passé, mais plutôt aux actions qui doivent être réalisées dans un futur plus ou
moins proche. Cette mémoire prospective consiste à se souvenir de se souvenir et se souvenir de ce dont
il faut se souvenir.

-La mémoire sémantique


La mémoire sémantique (ou générique) concerne notre connaissance du monde en général (comme des
noms d’objets mais aussi leur couleur, leur odeur…, des dates, des formules mathématiques…) Elle permet
de l'organiser et de la partager.

On a tendance à commencer une phrase par "je me souviens que..." lorsqu'on parle de souvenirs
épisodiques tandis que l'on a tendance à dire "je sais que..." lorsqu'il s'agit de souvenirs sémantiques.

2- La mémoire procédurale

La mémoire procédurale est moins évidente à se représenter mais elle est très importante dans la vie
quotidienne. Elle contient les connaissances sur la façon de faire des activités c'est-a-dire les savoir-faire
(utiliser un ordinateur…), (les habiletés psychomotrices: rouler à vélo, marcher, lacer ses chaussures), mais
aussi les activités mentales (stratégies) intervenant dans l’accord des verbes, l’application des règles
grammaticales, la résolution de problème…
Ces connaissances résultent de la pratique. Il s’agit d’apprentissages très difficiles à décrire verbalement
mais qui ne s’oublient pas. Les gens sont souvent stupéfaits de constater que même s’ils n’ont pas roulé à
vélo pendant très longtemps, leur habileté se retrouve très facilement, presque comme s’ils n’avaient
jamais arrêté. C’est le résultat d’une longue pratique.

NB : Mémoire implicite / explicite

Pendant très longtemps, les psychologues ont étudié la mémoire en demandant à des sujets de mémoriser
des listes de mots, de syllabes sans signification et de s’en souvenir par la suite. Toutes ces tâches (de
rappel ou de reconnaissance) font appel à la mémoire explicite (ou à des souvenirs conscients). Par la suite,
on s’est rendu compte qu’un autre type de mémoire existait : la mémoire implicite. Celle-ci renvoie à une
mémoire qui s’exprime dans un comportement mais qui n’exige pas de souvenir conscient comme lacer ses
chaussures, ce qui peut se faire facilement sans se rappeler consciemment les étapes que cela nécessite.

29
III- L’oubli: les mécanismes
L’envers de la mémoire est l’oubli ou l’incapacité de se souvenir. On ne peut donc pas parler de la mémoire,
sans parler de l’oubli. On tend à considérer l'oubli comme une catastrophe qui fait échouer aux examens,
manquer un rendez-vous, éprouver de la gêne lorsqu'on est incapable de retrouver le nom de quelqu'un
que l'on connaît. Pourtant, l'oubli est non seulement nécessaire mais souvent bénéfique. L'oubli permet de
nous débarrasser de l'énorme quantité d'informations que nous traitons tous les jours et qui est sans
utilité.

Hermann EBBINGHAUS (1850-1909), psychologue allemand fut le premier à s’intéresser à l’étude


expérimentale de l’oubli en vérifiant sur lui-même la vitesse à laquelle on oublie. Avec sa courbe de l'oubli,
ce que l’on constate, c’est que le taux de rétention dégringole rapidement après apprentissage mais que
par la suite le taux de rétention se stabilise.

A- La détérioration graduelle

Les traces mnésiques s’effacent si elles ne font pas occasionnellement l’objet de «rappels». Parmi les
informations que nous souhaitons conserver en MLT, certaines sont « oubliées » car leur codage est
insuffisant ou incomplet (nous n’avons pas prêté assez d’attention à ces informations ou nous n’avons pas
eu assez temps pour capter leurs caractéristiques essentielles). Si l’information n’est pas renforcée par une
autorépétition (ou par un aide-mémoire externe), on peut craindre que la trace mnésique ne soit assez
profonde pour permettre une récupération efficace.

B- L’interférence

Une autre cause importante d’oubli est l’interférence. Les souvenirs relatifs à une information ou à un
événement ont tendance à interférer les uns avec les autres comme c’est le cas quand on apprend deux
théories concernant la mémoire et qu’on les confond. On distingue 2 types d’interférences :

1- L’interférence proactive:

Elle renvoie à l’interférence d’anciens souvenirs sur la récupération de nouveaux (comme lorsqu’un homme
appelle sa nouvelle petite amie du nom de l’ancienne).les données déjà mémorisées nuisent au rappel de
données similaires apprises plus récemment.

2- l'Interférence rétroactive:

Dans la vie de tous les jours, plus encore que l’interférence proactive, c’est l’interférence rétroactive qui
semble jouer un rôle important dans l’oubli. Elle renvoie à l’interférence de nouveaux souvenirs sur la
récupération d’anciens. Notons que l’interférence se manifeste plus en cas de rappel qu’en cas de
reconnaissance.

C- L’oubli lié aux indices

Pour se souvenir, on a souvent recours à des indices contextuels de récupération qui facilitent l’accès à la
zone de la mémoire où l’information recherchée est encodée. Les défaillances mnésiques de ce type sont
les plus fréquentes.

On a cru pendant longtemps que l’oubli était lié à un effacement (estompage) de la trace mnésique au
cours du temps. Or, certains souvenirs qu’on croyait perdus peuvent resurgir dans des situations
particulières.

30
On admet aujourd’hui qu’il y a peu de chances (sauf cas pathologiques) pour qu’une trace mnésique puisse
s’effacer quand elle a été stockée en MLT. L’oubli
serait surtout lié à un défaut d’encodage ou d’accessibilité à l’information plutôt qu’à la perte pure et
simple de celle-ci.

D- Les amnésies (dysfonctionnement de la mémoire)

Il existe aussi des oublis liés aux atteintes cérébrales (traumatismes, lésions, tumeurs, hémorragies… mais
aussi abus de drogues ou vieillissement). On peut mentionner à ce niveau les amnésies qui se caractérisent
par la perte du souvenir de certains événements. On a beaucoup appris sur la mémoire en observant des
gens qui ont souffert d'amnésie.

1- amnésie rétrograde

On appelle amnésie rétrograde, cette incapacité de se rappeler les événements antérieurs au traumatisme.
Elle ne touche pas en général ce qui a été consolidé dans la MLT même si parfois elle peut entraîner chez la
personne, l’oubli de sa propre identité ou de son histoire de vie.

2- L'amnésie antérograde

Le sujet se trouve dans l’impossibilité d’apprendre de nouvelles informations ou de nouveaux


comportements. Ce type d’amnésie peut aussi (comme l’amnésie rétrograde) être lié à un traumatisme
crânien ou à la sénilité. Mais le plus souvent, il s’agit du syndrome de Korsakoff.

3- L'amnésie infantile

Nous souffrons tous de ce type particulier d'amnésie. En effet, pratiquement personne n'est capable de se
souvenir des événements qui se sont déroulés avant l’âge de 3 ans. C'est FREUD qui a été le premier à
attirer l'attention sur ce phénomène.

4- paramnésie

Illusion du déjà vu, comme déjà vécu, comme si on peut prédire

5- la fabulation du passé

Souvenir raconté de façon imaginaire

6- hallucination du passé

Le passé est vécu au présent.

IV- Les causes des difficultés de la mémoire


Les difficultés de mémoire peuvent avoir des origines multiples, que l’on peut classifier en les regroupant
autour de trois centres : biologique, psychologique, environnemental.

Biologique: tout ce qui concerne la santé a un effet important sur la mémoire:

- mal voir ou mal entendre gênent pour enregistrer,

31
- être fatigué, anémié, avoir mal dormir … tous ces «problèmes » concernant notre corps gênent le
fonctionnement de la tête,
- certaines maladies touchent même le fonctionnement global du cerveau comme la Maladie
d'Alzheimer,
- des chocs consécutifs à des accidents, à des sports violents, à des anesthésies, voire des comas…

Psychologique : le « moral» joue un rôle particulièrement important, aussi bien pour mettre en
mémoire que pour retrouver les souvenirs. Les pannes peuvent survenir à l'occasion de:

- chocs brutaux de l'existence: deuils, accidents de vie,


- situation dépressive entraînant un manque d'énergie psychique, manque d'envie de se battre,
- distraction, manque de concentration,
- désintérêt, manque de motivation.

Environnemental : tout ce qui «entoure» notre vie quotidienne joue un rôle considérable, et, est
susceptible de provoquer des difficultés dans notre fonctionnement de mémoire :

- modification plus ou moins brutale de notre cadre de vie familiale: conflits, déménagements …
- changement professionnel, tensions dans le quartier, au travail, au lycée ou en faculté …,

Les causes sont multiples, et, en provoquant un déséquilibre intérieur, elles empêchent le jeu libre de la
mémoire. Ce n'est pas alors de la mémoire qu'il faut s'occuper, mais bien de gérer correctement ce
moment difficile de l'existence.

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Leçon 3 : Le langage
I- La notion de langage
A- Définitions

Le langage, principal vecteur des relations interhumaines, est aussi un support de la pensée. C'est « la
fonction qui permet d'exprimer et de percevoir des états affectifs et des idées au moyen de signes vocaux
(parole) et éventuellement de signes graphiques (écriture) qui constitue une langue. »

NB: Quelques définitions :

La langue :

La parole :

B- Fonctions du Langage

On reconnaît au langage plusieurs fonctions. Pour Roman Jakobson, linguiste russe, le langage remplit 6
fonctions fondamentales.

Expressive ou émotive : Le langage permet de traduire des émotions. L’intonation, le ton et la gestuelle
renforcent cette fonction.
Conative ou incitative : Le langage vise à agir sur le destinataire. Cette fonction utilise souvent l’impératif
ou le vocatif pour interpeller le destinataire.
Phatique : Dans cette fonction le langage établit ou maintient le contact, il ne transmet en fait aucune
information pertinente. Les gazouillis du nourrisson sont notamment de cette nature, tout comme une
grande partie des conversations dites « de salon ».
Métalinguistique : Cette fonction vise à réguler le discours. Le langage est utilisé pour parler du langage
lui-même. Ainsi les commentaires du professeur, notées en marge d’une dissertation relèvent de cette
fonction : « Style maladroit et lourd », « « cliché ! », « Redondance ! »,…
Poétique : Le langage autorise des effets de style qui échappent aux autres fonctions : « La terre est bleue
comme une orange ».
Référentielle: Le langage transmet une information.

C- Les composantes du langage

Les linguistes différencient quatre composantes du langage :

La phonétique : c'est le niveau concernant les sons du langage ou phonèmes,


La sémantique : c'est ce qui concerne les mots et leur signification (lexique),
La syntaxe : règles d'associations des éléments du langage entre eux, règle de la construction des mots et
des phrases, arrangement des mots et construction des propositions dans la phrase selon les règles de
grammaire, permettant de déterminer le statut grammatical des mots et les ensembles de mots
appartenant au même constituant
La pragmatique : étude des actes de parole en situation (prise de parole, échange conversationnel, etc.).

33
D- Le langage faculté spécifique à l'homme ?

II- Acquisition et développement du langage


A- L’acquisition du langage

-Le langage est trop complexe pour être appris en imitant les adultes.
Il dépend à la fois de capacités neuro-cognitives innées, et d'une rencontre de l'enfant avec un
environnement humain parlant. Cette prédisposition biologique diminue avec le temps. Ainsi, le
développement des capacités langagières n’est possible qu’entre 1 et 6 ans.

-L'acquisition du langage est conditionnée par l'intégrité :

.des organes phonatoires (Production de la voix et de la parole) et de leurs commandes neuro-musculaires;

.des structures corticales et sous-corticales spécialisées dans diverses fonctions du langage;

.de l'appareil auditif;

B-Le développement du langage

Le développement du langage (0 à 6ans) suit un déroulement assez fixe d'un enfant à l'autre, mais avec des
variations dans les dates des différentes étapes.

Il est difficile de déterminer le nombre des mots maîtrisés par l’enfant, car il ne suffit pas qu’il produise un
mot pour qu’il en comprenne le sens. Certaines études reposant sur l’observation des enfants permettent
de dénombrer approximativement les mots que maîtrise l’enfant en fonction de son âge. De 1 mot à 10
mois il passe à plus 2500 à 6ans

On peut considérer 2 moments principaux dans l’acquisition du langage :

1- Phase pré-linguistique

1er semestre
De 0-2 mois
-Compétences précoces : le nouveau-né montre un intérêt privilégié pour la voix humaine et est capable de
différencier des phonèmes.
-premières productions vocales de l'enfant (Les cris) : ils se diversifient dès les premières semaines en
fonction des états éprouvés par l'enfant (faim, douleur, appel, bien-être) ; la mère leur attribue déjà des
significations, et les fait entrer dans un premier système de communication.

34
De 2-6 mois
-Au cours du deuxième mois les vocalisations se diversifient (babil (abondance de parole inutiles), jasis ou
lallation (gamme d'expressions sonores plus étendues que celle utilisée par la langue de
l'environnement=gazouillis ou chant d'oiseau).
Avec les Babillage, Le bébé produit d’abord des sons de façon accidentelle puis il en reproduit certains de
façon constante et répétée.
-l'enfant s'enrichit progressivement et entre après le 5ème-6ème mois, dans un jeu interactif avec
l'environnement maternant.
Progressivement l’enfant va reconnaitre les personnes et établir un lien entre les paroles qu’elles
prononcent et certains objets qu’elles désignent.

2e semestre

-La production de syllabes bien articulées débute entre 6 et 8 mois ;


-A partir de 8-10 mois, les productions de l'enfant se modifient en fonction du langage du milieu
environnant.
-A l'évolution des productions vocales s'associe un développement de la communication non verbale: par le
regard, puis par le sourire (mimiques). Enfin vers 8-9 mois, l'enfant cherche à attirer l'attention d'autrui,
porte son regard sur ce qu'on lui montre, pointe du doigt en direction d'un objet.
– Vers la fin de la 1ere année le babillage est plus clair et on constate la répétition intentionnelle de
certaines sonorités, l’enfant a alors la possibilité de prononcer le premier mot. Cela correspond
véritablement à l’accès au langage. Ce premier mot a plus de signification pour l’enfant qu’il n’en a pour
l’adulte, c’est pourquoi on le qualifie de mot-phrase car il ne renvoie pas seulement à un objet, mais à une
action ou une situation. EX :< Maman > peut signifier < elle arrive >, < cet objet lui appartient > ou < c’est sa
voix que j’entends >.

L’enfant veut donc en dire plus qu’il ne peut en dire, l’intention de signification dépasse la capacité
d’expression. Un mot a en général de multiples significations que l’entourage parvient à décoder en
fonction des circonstances.

2- Phase linguistique

-L'accroissement du vocabulaire -très variable d'un enfant à l'autre, est relativement lente jusque vers 16
mois (moyenne 30 mots). Vers la fin de la deuxième année, il s'accélère : 250 à 300 mots vers deux ans ;
-Vers 18 mois, l'enfant commence à utiliser le non, qui montre un progrès de son individualisation.
-Les premières phrases (association de deux mots, pour désigner une action) apparaissent entre 20 et 26
mois (protolangage). < a boire eau > = < je veux boire de l’eau>, il ne s’agit pas encore de phrases, mais
d’une juxtaposition de mots sans liens grammaticaux.
-Au cours de la 3ème année, L'acquisition du vocabulaire s'intensifie pour atteindre environ 1000 mots à 3
ans. L'enfant perfectionne l'articulation des différents phonèmes (selon une progression assez fixe d'un
enfant à l'autre).

-L’acquisition des phonèmes : Les phonèmes sont les sons sélectionnés par une langue donnée. Leur
maîtrise se fait selon un certain ordre. EX : La première voyelle prononcée est le < a > et la première
consonne le < p > ou le < m >. Puis progressivement les autres phonèmes sont maitrisés selon un ordre
relativement constant chez tous les enfants.
Cependant si l’ordre est le même, le rythme peut varier selon les enfants ; ainsi si certains enfants parlent
assez correctement à l’âge de 3 ans, certains ne maitrisent des sons comme < ch. > ou le < z > que vers l’âge
de 7 ans.

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-Acquisition de la syntaxe : les phrases sont d'abord de "style télégraphique" (mots-phrases, mots-valises),
puis comportent progressivement sujet, verbe, complément, qualificatifs, pronoms ; le "je" apparaît vers 3
ans marquant une étape importante de l'individuation et de la reconnaissance de sa propre identité par
l'enfant.
-Le langage adulte de base, correctement articulé, est généralement acquis entre 3 et 5 ans.

Au delà, le langage continue d'évoluer : enrichissement du vocabulaire, perfectionnement de la syntaxe


(concordance des temps, accord des participes passés) ; le langage progresse aussi sur le plan expressif et
cognitif (acquisition de la métaphore).

Vers 6 ans l'enfant est en général prêt pour l'apprentissage du langage écrit : la lecture est normalement
acquise en une année scolaire, elle continuera de progresser par la suite (rapidité, automatisation).

Le langage, facteur d’autonomie


Tant qu’il ne maitrise pas le langage la condition de l’enfant reste proche de l’animalité, il ne fait
qu’exprimer les états de son corps par des cris.

En bref on peut donc considérer qu’il y a deux moments principaux dans l’acquisition du langage
– Dans un premier temps, la capacité d’articuler certains phonèmes (constituants phoniques élémentaires
d’une langue correspondant au son en tant que tel) indépendamment de leurs significations.
– Dans un deuxième temps, la capacité de leur donner un sens relativement à la langue parlée par
l’entourage.

III- Compréhension du langage

A- Grammaire transformationnelle de Noam Chomsky

Pour comprendre une phrase, le système cognitif met en œuvre des procédures d’analyse syntaxique
permettant de déterminer le statut grammatical des mots et les ensembles de mots appartenant au même
constituant.

Ainsi, pour une phrase, nous avons une structure de surface (la façon dont la phrase est exprimée) à
laquelle on applique les règles de syntaxe afin d'en découvrir la structure profonde (noyau : là où se situe la
signification)

B- Facteurs qui influencent la compréhension

-Les phrases négatives sont plus difficiles à comprendre que celles affirmatives

-Les phrases à la forme passive sont plus difficiles à comprendre que celles à la forme active

-Les phrases ambiguës sont celles dont la signification n’est pas univoque. Elles sont plus difficiles à
comprendre que celles qui ne le sont pas. Plus une Phrase est ambiguë plus il faut du temps à y répondre ;
plus une Phrase est non ambiguës, moins il faut du temps à y répondre.

36
IV- La production du langage (langage oral)
Créer du langage est un processus que nous réalisons très rapidement mais qui est en réalité très
complexe.

Si la compréhension du langage va de l’énoncé à la représentation mentale, la production du langage fait le


mouvement inverse. Elle va de la représentation mentale à l’énoncé. Il s'agit donc d'étudier ce qui se passe
dans le système cognitif lorsque nous produisons du langage oral ou écrit.
Pour notre cours nous n'évoquerons que les travaux sur la production orale. Les deux modèles de la
production orale, les plus élaborés à l’heure actuelle, sont ceux proposés par Bock et Levelt d’une part et
par Dell d’autre part. Nous n'analyserons dans notre cours, que les postulats des premiers cités.

A- Postulats du modèle de Kathryn Bock & Willern Levelt

Ce modèle postule que la production orale comprend quatre étapes de traitement.

• étape 1 : Traitement du message. Le locuteur élabore le contenu du message qu’il veut véhiculer, le sens
de ce qu’il veut dire.

• étape 2 : Traitement fonctionnel. Le locuteur sélectionne le vocabulaire qu’il veut utiliser et le rôle
grammatical des mots sélectionnés.

• étape 3 : Traitement positionnel. Après avoir sélectionné les items lexicaux et avoir assigné un rôle à
ceux-ci, le locuteur les met en ordre pour former une phrase et les infléchit.

• étape 4 : Traitement phonologique. Enfin, le sujet sélectionne les sons constituants les mots des phrases
construites, ainsi que les autres paramètres liés à la production orale, comme la prosodie.

Comme on le voit, la production orale met en œuvre une suite d’étapes de traitement. Chacune de celles-ci
peut se dérouler correctement ou bien s’interrompre et conduire à une erreur.

37
B- Données empiriques sur la production orale

L'une des sources de données utilisées pour étudier la production orale réside dans les erreurs que les
sujets commettent spontanément lorsqu’ils parlent. Ces erreurs comprennent notamment :

- des substitutions sémantiques : le mot est remplacé par un autre mot qui appartient à la même catégorie
sémantique (« il écrit dans la mage» au lieu de « il écrit dans la marge ») ; la sémantique prend en compte:
synonymie, polysémie, homonymie
-des substitutions intra-catégorielles : les mots substitués sont dans 99 % des cas de la même catégorie,
c’est-à-dire que les sujets remplacent un nom par un nom et un verbe par un verbe ;
- des échanges de position des mots dans une phrase : le sujet dira par exemple « je dois faire un cadeau à
rokia » au lieu de « je dois faire un rokia à cadeau ».
- des échanges de phonèmes (prononciation, sons du langage d'une langue donnée): ex :Nokia possède un
téléphone Rokia pour Rokia possède un téléphone Rokia.
les flexions (modification de la forme d'un mot par rapport à ce qui est considéré comme sa forme de base,
par la conjugaison, la mise au pluriel des noms et au féminin pour les adjectifs) ne sont pas opérées sur les
bons items (mots) dans une phrase (« l’homme regarde les étoilait » pour «l’homme regardait les étoiles »).

Les erreurs dans la production de la parole nous fournissent des informations sur les mécanismes de base
du langage. Les chercheurs se sont focalisés sur 2 aspects de ces erreurs :
- La fréquence des différents types d’erreurs : La haute fréquence des échanges de phonèmes et de mots
ont mené à la conclusion que les phonèmes et les mots sont des unités basiques du langage.
- Le pattern (modèle) d’erreur : Les erreurs n’apparaissent pas aléatoirement, dans plusieurs cas, les
chercheurs ont identifié des règles qui régissent les erreurs. (Ex: substitution : verbe-verbe/nom-nom)

V- Les troubles du langage


A- Troubles du langage oral

1- trouble de l'articulation

Il s'agit d'une altération systématique d'un ou de quelques phonèmes. Cela sur certaines consonnes (s, ch,
z, j) ; il en résulte le plus souvent un zozotement ou zézaiement

2- dysphasie

C'est la forme plus sévère des troubles du développement du langage ;Il s'agit d'enfants qui n'ont, à l'âge de
4 ans, qu'un langage très sommaire, souvent encore au stade du mot-phrase. Elle est définie comme un
trouble de la structure du langage sans substrat organique décelable, en l'absence de déficit auditif, de
retard mental majeur et de trouble psychotique.
Le langage spontané est réduit avec un vocabulaire imprécis et rudimentaire, souvent difficilement
compréhensible en raison des troubles phonétiques ; il est agrammatique ou comporte d'importantes et
nombreuses erreurs syntaxiques. On parle d'audimutité lorsque n'existe pratiquement aucun langage.

3- Les aphasies

Troubles affectant l'expression ou la compréhension du langage parlé ou écrit survenant après traumatisme
(accident vasculaire cérébral)

4- Surdi-mutité

C’est L'absence totale de langage (mutité) doit faire systématiquement évoquer une surdité. Il s’agit de la
privation de l’ouïe à laquelle s’associe une inaptitude à la parole.

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5- Le syndrome de Landau-Kleffner

Associe une régression du langage, pouvant aller jusqu'à une disparition totale, associée à une épilepsie,

6- Le mutisme

Suspension ou disparition de la parole chez un sujet qui l'avait acquise antérieurement. Le mutisme peut
être total (suite à un traumatisme et généralement transitoire) ou électif (se manifeste que dans certaines
conditions ou vis à-vis de certaines personnes).

7- Bégaiement

Trouble de la fluidité de la parole caractérisée par des répétitions ou des prolongations involontaires de
syllabes, se manifestant de façon très fréquente.

B-Troubles du langage écrit

1- Dyslexie

Déficit sévère et durable dans les processus d’acquisition de la lecture chez un enfant
d'intelligence normale, normalement scolarisé. Il s’agit de problèmes d’association des phonèmes (sons du
langage) avec les graphèmes (leurs représentations sous forme de symboles écrits)

2- Dysorthographie

Elle fait généralement suite à une dyslexie ; c’est un trouble dans l’acquisition et la maitrise des règles
d’orthographe (sans déficience intellectuelle). On parle de dyslogie quand il y a altération des fonctions
intellectuelles.

3- Dysgraphie

Difficultés dans l’acquisition ou l’exécution de l’écriture, liée à des troubles fonctionnels (en l’absence de
déficiences intellectuelles). Elle se manifeste par une écriture particulièrement maladroite,
pratiquement illisible ou encore très lente, et de ce fait, source de difficultés scolaires.

39
Leçon 4: La perception
Percevoir est une activité à la fois très complexe et triviale. A tout instant nous percevons quantité de
phénomènes différents :des êtres (personnes, animaux…) ou des objets concrets (bâtiments, objets…), des
propriétés abstraites objectives ( la chaleur d’un feu, l’humidité de l’air…), des qualités abstraites
subjectives (la douceur d’un regard, la beauté d’une personne…), des relations objectives (plus grand que,
plus vert que…), des relations subjectives (elle n’a pas l’air de m’aimer, il semble agressif avec elle …), des
“atmosphères psychologiques” (il y a de l’électricité dans l’air …), des sentiments psychologiques propres
(je me sens en colère…).

La perception est à la base de tous les autres comportements. Sans elle, il serait impossible d'apprendre, de
parler, de mémoriser, de communiquer...Mais qu'est ce que la perception ?

I- La notion de la perception
A- Définition

La perception est l’ensemble des mécanismes de traitement des informations sensorielles qui permet à un
organisme vivant d’agir de manière adaptée et d’acquérir des connaissances sur son environnement et sur
son activité. La perception va donc au-delà d’un simple enregistrement de l’information qui parvient à nos
organes sensorielle. Par exemple, si on regarde le ciel, on va voir des signaux lumineux. Le fait de savoir que
ces signaux lumineux sont des étoiles, c’est de la perception.

B- Acteurs de la perception

Le contenu de la perception dépend de 3 sources d’influence qui agissent simultanément :

1- le stimulus

C’est le déclencheur d’une excitation. Il peut être externes extéroceptives (provenant du monde extérieur)
ou internes proprioceptives (provenant de l’intérieur même du corps humain). Le stimulus possède ses
caractéristiques physiques propres (ondes physiques, composants chimiques….) qui structurent la
perception.

2- l’organe sensoriel

Organe éprouvant l’excitation sensorielle et la transmettant au cerveau. Ces organes ont leur
fonctionnement et leurs limites qui structurent la perception. Ils ne fonctionnent pas comme des
enregistreurs d’énergie physique mais sont clairement orientés dans la détection de certains signaux.

3- le sujet percevant

Chaque individu a une perception de la sensation en fonction de l'environnement extérieur mais aussi par
son expérience antérieure, ses émotions, sa personnalité, ses attentes, ses intentions … Ces variables
internes interviennent d'autant plus que les stimuli sont ambigus, peu clairs, confus...

Dans un même environnement, avec un équipement sensoriel équivalent, des sujets différents se
construiront des perceptions différentes, d’où la fragilité du témoignage humain.
C’est ce qui explique qu’un objet n’aura jamais tout à fait la même signification pour deux individus, qui
ont chacun, leur système de référence particulier.

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C- Le processus de perception

Comprend plusieurs étapes :

- l'attention (sélection des informations sensorielles),


- l'interprétation (informations sensorielles retenues transformées en impressions),
- La compréhension (signification donnée à ces informations sensorielles retenues),
- la mémorisation (archivage au sein du cerveau des informations sensorielles retenues, interprétées
et comprises).

II- l’attention sélective


A chaque moment, nous ne pouvons prendre conscience que d’une partie limitée de tout ce que nous
sommes capables de ressentir. Seules les informations utiles sont traitées. Notre attention est dite
sélective. Certaines expériences montrent cet état de fait.

A- phénomène de la cécité au changement

Il s’agit de notre incapacité à détecter des changements inattendus qui se produisent durant une « rupture
visuelle ».

B- « l’effet cocktail party »

Il existe au niveau du cerveau un filtre sélectif qui limite à un seul canal le traitement de l’information en
provenance de différentes sources. Ainsi, on ne peut écouter attentivement qu’une conversation à la fois.
C’est l’hypothèse du canal unique de traitement qui a été aussi avancée à propos de la vision.

NB : l’attention partagée (ou attention distribuée, divisée).


Lorsque les tâches font intervenir des processus automatiques n’exigeant pas d’attention (cuisine et
causerie), celles-ci peuvent s’exécuter simultanément. Par contre, cela n’est pas possible lorsque les tâches
exigent des processus contrôlés demandant du temps et de l’attention (devoir de math et suivre TV)

III- Organisation de la perception


En présence d'une information sensorielle, nous l'organisons pour la transformer en une perception ayant
une signification. Il existe divers types d'organisations perceptives.

A- La perception des formes


1- L’approche gestaltiste

La perception des formes est très complexe et pourtant elle est réalisée sans effort par les êtres humains.
On est capable de reconnaître et d'identifier des objets même lorsqu'ils sont partiellement cachés.

L'étude de la perception des formes en psychologie s'est faite selon différentes approches ; Notamment
gestaltistes (pionniers), fonctionnaliste et cognitiviste.

La psychologie de la forme qu'on nomme aussi le gestaltisme ou théorie de la gestalt nous ramène en
Allemagne, ce pays où naquit la psychologie comme science expérimentale.

41
Les premiers psychologues à avoir étudié la perception des formes de façon systématique sont les
gestaltistes, au tout début du 20ème siècle. Ils considèrent que percevoir est un tout. Ils prônaient ainsi
l'idée que le stimulus doit être considéré dans son ensemble car il s'impose d'emblée comme une forme
(Gestalt, en allemand) avec ses qualités propres, différentes de celles des éléments constitutifs : « le tout
est différent de la somme de ses parties ». Une forme est une organisation et non une somme, une
structure qui s'impose à nous.

Figure et fond
La perception des formes renvoie à une organisation de l'environnement en figure et fond. Nous aurions
tendance à structurer les informations de telle façon que tout ce qui est plus petit, tout ce qui est plus
régulier ou encore et surtout tout ce qui a une signification pour nous soit perçu comme une figure. Celle-ci
serait alors perçue en avant d’un fond (perçu comme moins bien structuré et moins précis).Pour les
gestaltistes, la distinction figure-fond serait innée et déterminée par des structures cérébrales spécifiques.
EX: étoile sur fond de ciel, voitures sur fond de rue, bouton sur chemise, tableau sur mur,

La distinction (ou ségrégation) figure-fond ne se réalise pas qu'au moyen de la vision. Elle peut s'effectuer
au moyen des autres systèmes sensoriels. Entendre son nom dans le brouhaha d’une réunion ou sentir
l’odeur d’une rose dans une assemblée de fumeurs, par exemple.

Il existe des cas où la distinction figure-fond est ambiguë, interprétable de plusieurs façons. Notre
perception a alors tendance à être instable, à changer sans arrêt. C’est ce qui se passe avec les figures
réversibles.

Lois de l'organisation perceptive


Pour expliquer la distinction figure-fond, les gestaltistes ont mises en évidence des lois de l'organisation
perceptive. Ils s'intéressent aux formes que les individus construisent dans la perception. Ainsi, une forme
sera d'autant mieux distinguée d'un fond que la disposition de ses parties satisfait à des lois. Ces lois sont
principalement :
- La loi de la familiarité (ou de la signification) implique plus personnellement le sujet, en particulier ses
attentes, sa mémoire et ses connaissances antérieures. Cette loi fut un apport fondamental de l’école
gestaltiste, car elles démontraient le rôle du sujet dans ses constructions perceptives

- la loi de proximité. Tendance à regrouper les éléments qui sont proches les uns des autres. Ces éléments
sont perçus comme appartenant à une même forme. Des éléments rapprochés sont perçus comme
groupés.

- la loi de similarité. Tendance à regrouper les éléments qui sont semblables. Ces éléments sont perçus
comme appartenant à une même forme. Le cerveau regroupe les éléments ayant des caractéristiques
communes et privilégiera cette relation dans l’analyse du signal.

- la loi de continuité. Tendance à organiser les éléments en ligne ou pattern(MODÈLE) continu. Le cerveau
privilégiera des relations simples et continues entre les formes présentes.

-La loi de Cohérence ou symétrie : Le cerveau analyse les formes en fonction des formes connues, simples
et de leurs relations.

- la loi de clôture ou de Fermeture : Cette expression peut être utilisée dans plusieurs sens. Dans son sens
le plus restreint, elle désigne des contours complets. Notre perception évite autant que possible les
interprétations conduisant à des tracés incomplets. Les figures qui sont caractérisées par des contours
complets auront plus de chance d'être perçues comme des formes.

Apport de la gestalt théorie


L'apport fondamental des gestaltistes à travers les lois de l'organisation perceptive est d'avoir montré que
la perception n'est pas une copie du réel mais possède ses propres lois d'organisation pouvant conduire à
des rajouts ou à des suppressions dans le réel perçu.
42
Toutefois, ces lois ont été critiquées. Elles ont été jugées comme trop descriptives et mises en évidence sur
un matériel bidimensionnel trop simple (différent du matériel que l'on rencontre dans la vie de tous les
jours (3D)).
De plus, si deux lois opèrent simultanément dans la perception, il est difficile de déterminer le poids
respectif de chacune.
On leur a reproché entre autre de ne pas prendre en compte l'exploration visuelle. Car pour eux, le champ
perceptif est d'emblée constitué de formes qui s'imposent à nous. En fait, le sujet peut avoir un rôle
beaucoup plus actif dans l'organisation de l'environnement. S'il fixe une partie du champ visuel plutôt
qu'une autre, cela peut déterminer la perception d'une figure plutôt qu'une autre.

2- L’approche cognitive

Cette dernière est l’approche la plus récente dans laquelle on peut ranger les types de traitement
perceptif. il en existe deux qui interviennent de manière complémentaire. Il s’agit du traitement dirigé par
les données (« bottom up processing » ou traitement de bas en haut) et du traitement dirigé par les
connaissances (« top down processing » ou traitement de haut en bas).

Grâce au premier type de traitement, nous percevons les objets à partir de l’analyse des données c'est-à-
dire l’identification des attributs élémentaires des objets que nous cherchons alors à intégrer.

L’autre type s’appuie sur la connaissance que nous avons d’une situation et sur les attentes, les besoins et
les intérêts qui s’y rattachent et qui nous amènent à identifier plus vite certains objets que d’autres dans
une situation donnée.

B- La constance perceptive

La constance perceptive est un type d’organisation perceptive qui permet la perception des objets comme
relativement stables malgré des changements de taille, de forme ou de couleur.

43
1- La constance de la forme

La constance de la forme consiste à percevoir la forme d'un objet invariante même si l'image de cet objet
sur la rétine varie en fonction de sa position dans l'espace (ou en fonction de la position de l'observateur).
Exemple : une assiette ronde déposée devant soi sur une table produit une image rétinienne ovale mais
pourtant on sait que l'assiette est ronde.

2- La constance de la grandeur (ou de la taille)

La constance de la grandeur consiste à percevoir un objet comme ayant une grandeur constante même si la
grandeur de son image sur la rétine varie en fonction de la distance.
Exemple : l'image d'un chien à une distance d'environ 6 mètres occupe environ le même espace sur notre
rétine qu'un insecte de quelques centimètres qui est sur notre main. Et pourtant, on ne perçoit pas le chien
aussi petit que l'insecte. Nous percevons une voiture assez grande pour contenir des personnes même si
cette voiture s’éloigne de nous.

3- La constance de la couleur

La constance de la couleur est la tendance à percevoir un objet comme ayant la même couleur même si les
conditions d'éclairage modifient son apparence.
Exemple : une voiture orange vif peut glisser vers le jaune grisâtre au fur et à mesure que la nuit tombe.
Toutefois, lorsque vous recherchez cette voiture dans un parking, vous la considérez toujours comme une
voiture orange et vous la percevez plus orange que les voitures vertes ou bleues qui l'entourent.

La perception des formes et la constance perceptive sont des organisations perceptives ayant une
fonction adaptative. Il s'agit de construire une image suffisamment cohérente du réel pour permettre un
comportement adapté.

C- Les illusions perceptives

Les illusions perceptives sont aussi des organisations perceptives mais mises en échec dans leur fonction
adaptative. Elles ne permettent pas la mise en place d'un comportement adapté. Ce sont des déformations
perceptives systématiques.

IV- Interprétation de la perception


Dans quelle mesure la perception repose-t-elle sur l’expérience ? Cette question renvoie au débat entre
l’inné et l’acquis.

Selon la théorie écologique de la perception (GIBSON), la perception ne nécessite que peu de


connaissances préalables. Les sens ont évolué pour s’adapter à l’environnement, aussi la signification des
stimuli est souvent immédiate et évidente

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A- Les attentes perceptives

L’expérience avec l’environnement influence la perception en créant des attentes perceptives. Ces attentes
rendent plus probable telle ou telle interprétation. Le contexte et les schémas constituent deux aspects
des attentes perceptives.

1- Le contexte

Le contexte joue un rôle important dans l’interprétation perceptive et ce, pour presque toutes les
modalités sensorielles (visuelle, auditive, tactile…). Le contexte est particulièrement important dans la
perception de la langue parlée puisque certains mots produisent les mêmes sons mais ont des significations
différentes

2- Les schémas

L’interprétation perceptive est aussi influencée par les connaissances stockées en MLT qui rendent
l’environnement assez prévisible et nous permettent de nous comporter de façon adaptée. Grâce à eux, la
vitesse et l’efficacité de la perception sont augmentées.

Comme les attentes, la motivation peut influencer la perception. Les individus voient (ou entendent…) ce
qu’ils veulent bien voir (ou entendre…).

B- La motivation

Nos besoins physiologiques (faim, soif, libido…) peuvent influencer la manière dont nous percevons les
autres ou des objets. La perception peut aussi être influencée par les motivations profondes du sujet tels
que ses valeurs, son idéologie...

V- les pathologies de la perception


A- les illusions

ce sont de fausses perceptions produites par un stimulus réel. Elles peuvent être causées par un manque
médicamenteux, une privation de sommeil, une intoxication.

NB: dans certains cas, elles ne sont pas anormales (naturelles, passives) mais considérés comme
particularité structurale et fonctionnelle de l'appareil percepteur.

B- les hallucinations

Ici, il n'y a pas d'objet réel, le patient croit vraiment ce qu'il voit. Il est Convaincu de la réalité de ce qu'il
voit.
NB : Elles peuvent être non-pathologiques ou physiologiques.

45
CHAPITRE 3 : LA PERSONNALITE
Leçon 1: Définition et déterminants de la personnalité
« Pourquoi les gens sont-ils ce qu’ils sont ? Pourquoi suis-je ce que je suis ? » Nous sommes tous fascinés
par l’être humain ; nous nous demandons souvent en quoi et pourquoi les individus sont si différents les
uns des autres et pourquoi ils agissent comme ils le font. Pourquoi certains ont-ils des difficultés d’ordre
affectif que d’autres n’ont pas ? Pourquoi certains réussissent-ils dans des domaines où d’autres échouent,
malgré des capacités apparemment similaires ? Pourquoi les individus perçoivent-ils différemment les
mêmes choses ? Pourquoi certaines personnes souffrent-elles d’un grand stress, alors que d’autres non ?
L’étude scientifique de la personnalité offre des réponses à ces questions. Elle cherche ainsi à comprendre
ce que nous sommes et pourquoi nous sommes ainsi.

Ce cours ne pourra sans doute pas répondre à toutes les questions qu'on se pose sur la personnalité, mais il
fournira un certain nombre de réponses pour expliquer ce qu'on est.

I- Définition
Il existe de nombreuses définitions de la personnalité. Gordon Allport a noté plus d'une cinquantaine de
définitions différentes de la personnalité. Comme plusieurs concepts centraux de la psychologie,
empruntés à notre culture, la notion de personnalité est ambiguë.

De façon générale en psychologie, le terme personnalité sert à définir un domaine d’étude. La définition
scientifique de la personnalité nous révèle les aspects qui doivent être étudiés et propose une façon
judicieuse de les aborder. Ainsi, nous pouvons définir la personnalité comme étant « l’ensemble structuré
des dispositions innées et des dispositions acquises sous l’influence de l’éducation, des interrelations
complexes de l’individu dans son milieu, de ses expériences présentes et passées, de ses anticipations et
de ses projets » (N. Sillamy, Dictionnaire de Psychologie, 1980)

Les psychologues parlent de la personnalité comme d’une collection de modèles d’émotion, de pensée et
de comportement unique à une personne, et constante sur une longue durée.

Il s'agit de l’ensemble des comportements qui constituent l’individualité d’une personne. Elle rend bien
compte de ce qui qualifie l’individu: d’une part la permanence et la continuité de ses modes d’agir/réagir
dans des situations diverses, d’autre part l’originalité et la spécificité de sa manière d’être.

II- Définition de quelques concepts


A- Le tempérament

Il fait référence aux aspects biologiques de la personnalité. Il correspond aux différences individuelles,
biologiquement déterminées, dans les façons d’agir, de réagir et dans les dispositions émotionnelles. Ainsi,
le tempérament représente des dispositions génétiquement déterminées :

– manifestes dès les premiers mois de la vie


– stables dans le temps
– les expressions en sont néanmoins modulées par l’expérience et le contexte

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Distinction personnalité - tempérament

Personnalité tempérament

B- Le caractère

Ensemble de dimensions de la personnalité considérés comme moins héritables et à développement plus


tardif, car influencées par les processus de maturation, et représentant des différences interindividuelles au
niveau des relations « soi– objet ».

Cette notion s’applique tout particulièrement au comportement, détermine les façons de réagir qui sont
propres à l’individu et qui permettent de le distinguer des autres. Le caractère correspond donc aux
attributs acquis par l’expérience, l’apprentissage et la culture. « Versant acquis et conscient de la
personnalité ».

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III- Les déterminants de la personnalité
L’un des plus grands défis des psychologues de la personnalité consiste à expliquer le développement des
différences entre les individus qui font de chacun de nous des individus uniques. En règle générale, on
distingue deux catégories de déterminants de la personnalité : les déterminants génétiques et les
déterminants environnementaux. Cette division a souvent donné lieu à de vives polémiques entre ceux qui
estiment que ce sont les premiers qui ont le plus de poids et ceux qui estiment que ce sont les seconds.
C’est la fameuse controverse nature-culture.

Au delà de ces divisions, il ressort que manifestement, les deux types de déterminants comptent beaucoup
dans la formation de la personnalité.

A- Les déterminants génétiques

Les facteurs génétiques jouent un rôle essentiel dans la formation de la personnalité, notamment en ce qui
a trait à la singularité de chaque individu. Bien que de nombreux psychologues aient traditionnellement
souligné l’influence des facteurs génétiques et environnementaux dans le façonnement global de la
personnalité, des théoriciens ont admis récemment que cette influence pouvait varier selon la
caractéristique de la personnalité qui est à l’étude. Ainsi, les facteurs génétiques jouent en général un rôle
clé dans le développement de l’intelligence et du tempérament et un rôle beaucoup moins important dans
celui des valeurs, des idéaux et des croyances.

Le degré d’activité, ou encore d’appréhension, est un bon exemple de différence entre les individus
attribuable au tempérament. Certains jeunes enfants sont plus actifs et moins craintifs que d’autres. Ces
caractéristiques peuvent persister à l’âge adulte : certains individus sont toujours sur la brèche, alors que
d’autres préfèrent la lecture ou la sieste ; certains sont audacieux, alors que d’autres sont généralement
craintifs ou prudents. Le fait qu’elles apparaissent tôt, qu’elles persistent et qu’elles se développent
indépendamment de l’expérience de vie de chacun, laisse croire que ces différences sont attribuables à des
caractéristiques génétiques ou innées. On dit souvent que les parents sont des « environnementalistes » à
la naissance de leur premier enfant, mais qu’ils deviennent des « héréditaristes » après la naissance de
leurs autres enfants.

Les psychologues qui mettent au premier plan les émotions fondamentales (la colère, la tristesse, la joie, le
dégoût, la peur) laissent entendre que ces émotions sont innées, c’est-à-dire que l’information pertinente
est codée dans nos gènes. Ainsi, les enfants comme les adultes, ressentent de telles émotions en raison
d’une structure génétique commun (e)s. Cela ne veut pas dire que l’expérience ne joue pas un rôle dans les
émotions que peut manifester l’individu, ou dans l’apparition d’émotions particulières et de leur
expression, mais plutôt que l’expérience survient conformément à une structure génétique sous-jacente.

En somme, les gènes contribuent à façonner nos ressemblances en tant qu’êtres humains et nos
différences en tant qu’individus.

B- Les déterminants environnementaux

Les déterminants environnementaux englobent les influences qui nous rendent semblables à autrui de
même que les expériences qui font de nous des êtres uniques.

1- La culture

Parmi les déterminants environnementaux de la personnalité, les expériences individuelles que nous vivons
en tant que membres d’une culture donnée sont primordiales. Chaque culture possède ses propres modes
institutionnalisés et approuvés de comportements acquis, de rituels et de croyances. Cela signifie que la
plupart des membres d’une culture partagent certaines caractéristiques de la personnalité.

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Nous négligeons souvent ces influences culturelles jusqu’à ce que nous entrions en contact avec des
membres d’une autre culture dont la vision différente du monde remet peut-être en question la nôtre.
Même si nous considérons ces influences comme allant de soi, leur effet est énorme et agit sur presque
tous les aspects de notre existence : notre façon de définir nos besoins et les moyens de les satisfaire ;
notre expérience de diverses émotions et la façon dont nous exprimons nos sentiments ; nos relations avec
autrui et avec soi ; ce que nous trouvons drôle ou triste ; notre manière de vivre et de mourir ; et ce que
nous considérons comme sain ou malsain.

2- La classe sociale

Si certains de nos modes de comportement proviennent de notre appartenance à une culture, d’autres
proviennent de notre appartenance à une classe sociale. Rares sont les aspects de la personnalité d’un
individu que l’on peut expliquer sans tenir compte du groupe auquel il appartient. Le groupe social qu’il
s’agisse de la classe « inférieure» ou « supérieure », de la classe ouvrière ou d’une profession libérale a une
importance particulière. Il permet de déterminer le statut de l’individu, son rôle, ses responsabilités et les
privilèges dont il jouit.

Ces facteurs influent sur la perception que l’individu a de lui-même et des membres des autres classes
sociales, ainsi que sur la façon dont il gagne et dépense son argent. Comme les facteurs culturels, les
facteurs liés à la classe sociale modifient notre façon de définir les situations et d’y réagir.

3- La famille

Si certains facteurs environnementaux comme la classe sociale et la culture sont à l’origine de similitudes
entre les individus, d’autres entraînent des variations considérables dans le développement de la
personnalité. C’est le cas de la famille. Le milieu familial peut être chaleureux et aimant ou hostile et
rejetant, surprotecteur et possessif ou sensible au besoin de liberté et d’autonomie des enfants. Chaque
mode de comportement parental a un effet sur le développement de la personnalité de l’enfant. Les
parents influencent le comportement de leurs enfants d’au moins trois façons :

1) Par leurs comportements, ils créent des situations qui suscitent un certain comportement chez l’enfant.

2) Ils agissent en qualité de modèles auquel l’enfant peut s’identifier.

3) Ils récompensent certains comportements plutôt que d’autres.

4- Les pairs

Si le milieu familial n’est pas aussi influent qu’on le croit, quels seraient les déterminants
environnementaux prépondérants ? S’agit-il des expériences familiales uniques à chaque enfant ? On a
émis récemment une autre hypothèse selon laquelle ce sont les pairs qui expliquent les effets du milieu
social sur le développement de la personnalité. « Les expériences que les enfants et les adolescents vivent
avec leurs groupes de pairs en dehors de la famille, plutôt que les expériences qu’ils vivent à la maison,
expliquent les influences du milieu sur le développement de la personnalité. À la question “Pourquoi les
enfants d’une même famille sont-ils si différents?”, on peut répondre : parce qu’ils vivent des expériences
différentes à l’extérieur de la maison et que leurs expériences en milieu familial ne les rendent pas plus
semblables ».

On laisse donc entendre que les enfants font de nombreux apprentissages à la maison, mais que ceux-ci
sont restreints au milieu familial et qu’ils s’effacent souvent devant la pression au conformisme exercée par
leurs pairs. Ainsi, le groupe d’amis sert à socialiser l’individu en l’amenant à accepter de nouvelles règles de
comportement et lui procure des expériences qui auront des effets durables sur le développement de sa
personnalité.

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5-les expériences vécues

Au delà des particularités d'ordre génétiques, culturelle, familiales...Chaque individu est unique par les
épreuves, les évènements qu'il a traversé. Ainsi, ces différentes situations et circonstances ont quelque-
part des effets sur la formation de la personnalité.

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Leçon 2 : Les étapes du développement psycho-affectif

Différentes théories ont proposé des modèles explicatifs du développement de la personnalité et de son
fonctionnement. Nous intéresseront à l'approche psychanalytique. Les stades affectifs issus de la
psychanalyse Freudienne forment le système de stades le mieux déterminé et le plus original.

La personnalité selon Freud possède une structure qui évolue avec le temps. Il en définit trois
composantes, le ça siège de la libido, le moi beaucoup plus conscient qui dirige la personnalité et enfin le
surmoi centre de la moralité qui intègre les normes imposées par la famille et la société

I- Évolution des composantes de la personnalité

Apparition de ces Composantes


composantes
Nourrisson Que le ça Instinct et Désir
Vers l’âge de2 ans et Le Moi commence à se développer à mesure que l’enfant apprend à adapter ses
stratégies de gratifications immédiates.
jusqu’à 4 ans
Vers 5 – 6 ans Le Surmoi se développe juste avant l’âge scolaire, lorsque l’enfant assume les
valeurs des parents et leurs coutumes sociales.

II- Économie du système


A- Le ça

Le ça représente dans le psychisme les exigences d’ordre organique imperméable à la réalité objective, il
est le réservoir des énergies psychiques (pulsions) et des tendances héréditaires. il recherche la satisfaction
immédiate, sans prendre en compte les éventuelles conséquences négatives d’un tel comportement. Les
pulsions de base, physiologiques, sont très fortes (faim, soif).

Les pulsions du Ça répondent à l’instinct de Vie ou Éros (désigne la volonté de jouissance, la recherche de
plaisir, ce que Freud nomme la sexualité) ou à l’instinct de mort ou Thanatos (désigne la pulsion de mort,
de destruction, de l'autre comme de soi=agressivité).

B- Le moi

Le moi, régi par le principe de réalité, est capable de pensées rationnelles et réalistes et met un frein aux
pulsions du ça(mécanismes de défense). Un personne en bonne santé psychique devrait posséder un moi
solide (pas trop, ni pas assez) pour maîtriser ses pulsions et trouver des moyens réalistes de les satisfaire.

C’est donc au moi que reviennent les tâches de défense de l’individu et de son ajustement à l’entourage.

51
C- Le surmoi

Le moi n’a pas seulement à se défendre contre le ça, il doit aussi se soumettre aux exigences du surmoi qui
apparaît plus tardivement, c’est une modification du moi qui se produit au stade du complexe d’œdipe. Il
correspond à l’intériorisation de tous les interdits parentaux, sociaux, de toutes les forces répressives que
le sujet a rencontré au cours de son développement.

Le surmoi, qui représente la voix de la moralité (les règles émises par les parents et la société) et le pouvoir
de l’autorité, juge les activités du moi. Il est constitué de 2 sous-systèmes : l’idéal du moi et la conscience
morale.

D- Les mécanismes de défense

Lorsque les désirs du ça se heurtent aux exigences du surmoi, la personne peut ressentir de l’angoisse, que
le moi cherchera à atténuer en recourant aux mécanismes de défense, négation ou déformation
inconsciente de soi-même ou du monde extérieur, nécessaire pour échapper à des conflits désagréables. En
voici quelques-uns :

1- Le refoulement

Garder cachées dans l’inconscient des pensées honteuses, de sorte que la personne elle-même n’en soit
pas consciente.

2- La projection

Refouler les pulsions considérées par le surmoi comme honteuses et les attribuer à quelqu’un d’autre.

3- La régression

Revenir à un stade antérieur de son développement psychique, suite à une expérience traumatisante.

4- Le déni

Refuser de reconnaître la présence d’une chose désagréable ou d’une émotion interdite. Le déni entretient
l’illusion d’invulnérabilité et explique bien des comportements autodestructeurs et dangereux.

5- L’intellectualisation

Transformer un problème auquel on ne veut pas faire face en un problème théorique abstrait.

6- Le déplacement

Changer l’orientation des émotions, lorsque l’objet réel est trop menaçant pour y faire face, vers des
choses qui ne sont pas l’objet réel des sentiments.

8- La rationalisation

Donner une explication cohérente ou acceptable à une action dont les véritables motifs sont refoulés.

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Leçon 3 : Les stades prégénitaux de l'organisation
libidinale
Dans le développement de la personnalité Freud a mis en évidence cinq stades psycho-sexuels. Il émet
l’hypothèse que chacun de ces stades privilégie une zone corporelle particulière, qui constitue la principale
zone de plaisir chez l’enfant. Ces différentes zones sont successivement investies par l’individu. Et donc
pour Freud, la façon dont ces différents stades sont vécus au cours de l’enfance va déterminer les bases de
la personnalité, d’où l’importance des premières années de la vie dans l’adaptation future.

Pour lui, tout (ou presque) est joué vers 6 ans, après que l'enfant ait traversé les stades oraux, anaux et
phalliques.

I- Les stades psychosexuels du développement


A- Stade oral

Le premier stade par lequel passe l’enfant est celui de la sexualité orale. C’est le plaisir du suçotement.
Cette activité rythmique, séparée du besoin de nutrition, procure à l’enfant ses premières jouissances.
Assez rapidement se manifeste aussi le plaisir de mordre, manière pour l’enfant de satisfaire son désir de
s’approprier cet aimé et tout puissant objet qu’est le sein maternel.

B- Stade anal

Le deuxième stade est celui de la sexualité sadico-anale. Ce sont les plaisirs coprophiles de l’enfance. Ceux
qui ont un rapport aux excréments, c’est aussi la jouissance liée à l’usage des sphincters anaux (défécation,
rétention). L’enfant éprouve alors un sentiment d’emprise, de toute puissance sur ses fèces qu’il peut
retenir ou donner.

C- Stade phalliques

Le troisième stade : La sexualité infantile culmine avec le stade phallique. L’enfant découvre son corps, s’y
intéresse. Le plaisir est alors lié aux organes génitaux (onanisme). C’est aussi le plaisir de faire souffrir
(sadisme) avec son opposé passif (masochisme) ou encore le plaisir de voir et celui d’exhiber. L’enfant
prend aussi le parent de sexe opposé comme objet de désir et entre en rivalité avec celui du même sexe.
Son monde est alors structuré par une polarité absolue : d’un coté, ceux qui ont le phallus ; de l’autre, ceux
qui ne l’ont pas, les castrés. Le petit garçon qui se pose en rival du père, redoute la castration. La petite fille,
déçue par la mère qui ne lui a pas donné le phallus, va se tourner vers le père. Ce phénomène porte le nom
de « complexe d’œdipe »

D- La période de latence

Le quatrième stade : Suit une période de latence, de refoulement, de mise en sommeil de l’activité
sexuelle. La honte le dégoût apparaissent et s'établissent en gardiennes pour contenir ce qui a été refoulé,
c’est la formation de la personnalité morale par intériorisation des interdits parentaux et sociaux.

E- Le stade génital

Le cinquième stade : A la puberté, la sexualité se manifeste à nouveau mais elle trouve dans les réactions et
les résistances qui se sont établies précédemment des digues qui l’obligent à suivre la voie dite normale,
celle de la sexualité génitale. Recherche d’un objet d’amour à l’extérieur du milieu familial.

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Les pulsions se réveillent sous l’effet de la maturation physiologique. L’objet de fixation devient un pair en
général de sexe opposé. C’est l’ouverture vers la sexualité adulte et donc un changement dans les
perceptions sociales de l’adolescent.

TABLEAU RECAPITULATIF DES STADES PSYCHOSEXUELS

II- L’influence de l’enfance sur la personnalité adulte

Tout au long du parcours des stades prégénitaux, se développe et se structure la personnalité du sujet,
celle-ci sera affectée plus ou moins gravement si des “accidents” jalonnent ce cheminement.

Si au cours de l’enfance le sujet est victime de traumatisme (carence affective) jalousie résultant de la
naissance d’un frère ou d’une sœur, violence, parent démissionnaire, indifférents, super protecteurs etc., la
frustration de certains désirs pourra entraîner à l’âge adulte une régression vers les stades de l’enfance, des
fixations infantiles pourront rompre ou détourner le refoulement. Ou engendrer d'autres troubles
mentaux.

A- Les troubles mentaux

Les troubles de la personnalité désignent des modes prédominant de fonctionnement à l’origine de


comportements inadaptés et rigides, au cours desquels l’individu répète les mêmes attitudes et les mêmes
conflits. Leur origine remonte des stades prégénitaux (oral, anal, phallique) à la période post-œdipienne.

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Ils entraînent une souffrance de l’individu et/ou de l’entourage et une plus grande vulnérabilité dans les
relations sociales et face aux difficultés de l’existence. Ils vont perturber la personnalité de l'individu. On
distingue 3 groupes importants de maladies mentales : les névroses, les psychoses, et les états limites.

1- les névrosés

La névrose est une affection nerveuse qui n'a pas de lésion anatomique visible mais entraîne des troubles
du comportement sans altérer gravement la personnalité du sujet Parmi les névrosés, on trouve :

-Les obsessionnels sont des personnes qui cherchent l'ordre, le coté méticuleux, le contrôle permanent. Ils
ont un Sens de l’économie qui va jusqu’à l’avarice.
On relève chez eux l'Obstination (peu influençable, tendance à l’autoritarisme), la Froideur affective
(incapacité d’expression de leurs sentiments). Ils sont sérieux, formalistes, perfectionnistes,
conventionnels.

-Les hystériques sont le contraire des obsessionnels c'est à dire un désordre total. L’hystérique, assez
histrionique a besoin d'attirer l'attention sur lui pour exister. Théâtralité, dramatisation, chantage affectif,
mythomanie. Hyperréactivité émotionnelle : hyperémotivité et labilité émotionnelle, caprices, colères,
impulsivité (impulsions suicidaires) comportements manipulatoires. Facticité des affects : Les sentiments
exprimés sont exagérés, les relations affectives sont superficielles.

-Les phobiques qui constituent une catégorie à part. Le phobique est un évitant, un anxieux. Il a peur de
plein de choses. L’angoisse disparaît en l'absence de ces choses.

2- les psychotiques

La psychose est un trouble mental grave. Ce terme recouvre l'ensemble des maladies mentales : délires,
manies, démences. Contrairement à la névrose, le sujet n'a pas conscience des troubles dont il est sujet.

les psychotiques sont plus « atteints ». Leur état perturbe réellement leur vie et leur identité et celle de
leur entourage. Pour Freud, ce sont vraiment des malades. A un moment, il perd le contrôle de lui même
avec des douleurs physiques atroces. On trouve :

-les paranoïaques : le paranoïaque vit avec la théorie du complot. La terre entière est contre lui. Refus de
l'idée d’être fautif, pas ou peu de contact avec le monde, méfiance, susceptibilité parfois jusqu'au délire
paranoïaque. Il se considère droit, honnête, innocent, noble alors qu'il est tout le contraire. La critique le
renforce dans ses croyances. Le paranoïaque ne se reconnaît quasiment jamais comme tel mais son
entourage si.

-les schizophrènes : la schizophrénie est un trouble mental parmi les plus sérieux, autrement appelé
démence précoce. La schizophrénie est une dissolution de la personnalité, un dédoublement à la fois
intellectuel (impression d'être dirigé par un esprit étranger), affectif (détachement par rapport à
l'entourage) mais aussi au niveau de l'action (sentiment d'irréalité par rapport au monde et indifférence vis
à vis de l'action). Cette maladie peut occasionner des hallucinations et des troubles moteurs

C'est une personne qui a plusieurs personnalités et qui dans certaines circonstances est totalement en
dehors de la réalité. Il a des raisonnements et des actions que l'on ne comprend pas.

3- les états limites

Il s'agit des personnes qui sont plus que névrosés mais qui ne sont pas vraiment non plus psychotiques.

55
B- Les perversions sexuelles

Les perversions sont une déviation par rapport à la norme sexuelle. Leur caractéristique est qu’elles
refusent et fuient le but essentiel de la sexualité, c’est-à-dire l’accouplement des organes génitaux de sexe
opposé.

Freud distingue les perversions qui se rapportent à l’objet sexuel, c’est-à-dire à la personne exerçant un
attrait sexuel, et celles qui se rapportent au but sexuel, à la nature de l’acte qui remplace le coït
hétérosexuel.

1- perversions se rapportant à l’objet sexuel

-l’homosexualité: c’est la plus importante des perversions qui concernent l’objet sexuel.

-Nécrophilie :

-Pédophilie :

-La zoophilie :

-La gérontophilie:

Il en va tout autrement des pervers qui le deviennent quant au but sexuel.

2- perversions se rapportant au but sexuel

-Le fétichisme :

-exhibitionnisme :

-voyeurisme :

-Le sadisme :

-Le masochisme:

-L'ondinisme :

-La clysterophilie :

-coprophilie :

56
Leçon 4: La puberté et l'adolescence
Parmi les différentes périodes qui constituent le développement de l’être humain, l’adolescence semble
être l’une des plus critiques et problématiques ; non pas que l’enfance et l’âge adulte soient des périodes
stables et simples à définir. En effet l’enfant comme l’adulte se transforme et se modifie, mais les
conditions de cette évolution ne sont pas les mêmes pour l’adolescent.
Alors que l’enfant évolue et se transforme en restant toujours dans un état de dépendance (principalement
par rapport à ses parents), et que l’adulte est celui pour qui l’indépendance est un mode
normal d’existence, l’adolescent se trouve quant à lui situé dans une position intermédiaire et
inconfortable en raison du caractère transitoire de la période qu’il traverse.
Si on remarque certaines transformations physiologiques au cours de cette période, on ne peut limiter et
réduire cependant l’adolescence à la puberté, il faut aussi tenir compte d’autres aspects tout aussi
importants comme les répercutions de ces changements physiques.

III- Qu’est-ce que l’adolescence ?


Selon le dictionnaire Hachette, l'adolescence correspond à « l'âge compris entre la puberté et l'âge adulte».
Il s’agit d’une période de la vie qui s’échelonne généralement de 11-12 à 17-18 ans. L’adolescence est donc
la période durant laquelle l’enfant se transforme en un adulte, afin qu’il devienne acteur responsable de
son parcours personnel et civique.

A- Les transformations physiques (puberté)

L’adolescence correspond partiellement à la période de la puberté qui se caractérise par un certain


nombre de transformations physiologiques. La Puberté est donc la Période de maturation sexuelle au
cours de laquelle se produit une profonde mutation de l’individu. Début : 9 à 14 ans chez la fille, 11 à 16 ans
chez le garçon. Il s’agit d’un âge moyen car le début et la durée de la puberté sont très variables selon les
sujets. Des facteurs aussi bien nutritionnels qu’environnementaux et familiaux jouent un rôle déterminant
à ce sujet.
En plus du développement des organes sexuels qui rendent l’individu apte à la reproduction on
constate l’apparition d’un certain nombre de caractères sexuels secondaires.

Chez les Garçons :





Chez les Filles :






A l’achèvement de la puberté, garçons et filles deviennent aptes à la procréation.

B- Les changements d’ordre psychologique


Le jeune adolescent éprouve brutalement le besoin de rompre avec son enfance, avec ses désirs,
ses idéaux, ses modèles d’identification, avec les intérêts venant de son enfance. L’adolescent devra donc
chercher de nouvelles sources d’intérêts et de plaisir. Il a aussi besoin de s’éloigner de ses parents même
s’il s’agit d’une distance symbolique.

57
1- Le développement cognitif à l’adolescence
On assiste chez l’adolescent à une restructuration importante de l’activité mentale. Il devient ainsi capable
d’utiliser la pensée abstraite ; ses intérêts s’élargissent et ses expériences relationnelles se multiplient et
s’approfondissent.
L’enfant pense sur le concret alors que l’adolescent a une pensée formelle hypothético-déductive. Ainsi,
l’activité mentale connaît des transformations profondes et, de la même façon que le corps d’enfant
devient un corps d’adulte, la pensée enfantine devient une pensée adulte.

L’accès à la pensée formelle permet de déduire des conclusions à partir de plusieurs hypothèses, sans
recours à une observation (ou manipulation) réelle. Il permet aussi le passage de la rédaction à la
dissertation, le passage du calcul aux problèmes. Tous ces changements caractérisent le développement
intellectuel du jeune adolescent à partir de 12-13 ans et son accession au stade de la pensée
abstraite ou hypothético-déductive. Ayant acquis cette pensée formelle, il en usera à l'excès. Il n'a pas
besoin de l'expérience. C'est la période où on refait le monde, très créative mais sans support dans la
réalité. Il a acquis l'intellect adulte.

2- La crise d’adolescence
C’est un processus d’individuation. Pour devenir un individu à part entière, le jeune doit se différencier de
ses modèles afin d’accéder à terme à l’autonomie. Pour environ 90% des jeunes, ce processus s’effectue
sans trop de difficultés.
a- Son déroulement
La crise d’adolescence se déroule avec :
- Des attitudes d’opposition : dire systématiquement l’inverse de ce qu’affirment les modèles
parentaux.
- Des conflits nombreux autour des droits et des devoirs de l’adolescent (argent de poche, sorties,
scolarité…).
- Des conduites de transgression qui consistent le plus souvent à tester la « solidité » et l’affectivité
des parents.
b- Son intensité
L’intensité de la crise d’adolescence peut varier en fonction de certains paramètres :
- Le sexe :

- La place dans la FRATRIE :

c- l’implication plus ou moins grande des modèles parentaux


Pour gérer au mieux la crise d’adolescence, Les parents « devront » de façon équilibrée :
- être dans le « relationnel »
- être dans « l’affectif »
- Aider le jeune à se structurer psychologiquement en posant des limites raisonnables et évolutives
en fonction de l’âge.

IV- Psychopathologie de l’Adolescent

A- l’Adolescent en difficulté
« L’adolescent en difficulté est le résultat de troubles relationnels, affectifs et psychologiques ». Ces
troubles sont généralement de l’ordre :
- Du manque : Indifférence éducative.
- De l’excès : Emprise éducative.

58
1- L’indifférence éducative
- Absence de communication. Impossibilité de s’initier au monde des adultes.
- Absence des relations affectives. L’adolescent a le sentiment de ne pas être aimé, de ne pas être «
aimable »…
- Absence de cadre et de limites. Impossibilité de se construire psychologiquement.

2- L’emprise éducative
- Excès de communication.
- Etouffement affectif.
- Excès de cadre et de limites pouvant aller jusqu’à « l’autoritarisme ».

B- Épidémiologie des difficultés à l’adolescence


Même si beaucoup d’adolescents inquiètent parfois leurs parents, 90 % d’entre eux vont plutôt bien. 10 %
sont des jeunes en difficulté, ce qui signifie qu’ils nécessitent une aide extérieure spécialisée pour s’en
sortir. Parmi ces derniers, on compte autant de filles que de garçons. Mais les signes de malaise varient
profondément en fonction du sexe.

1- Les causes de l’adolescence en difficulté


Ces jeunes ont, durant leur petite enfance, leur enfance ou leur prime adolescence, vécu des épisodes
traumatiques plus ou moins aigus :
- Décès d’un proche,
- maladie grave ou accident grave d’un proche,
- dysfonctionnement grave du couple parental,
- maltraitances physiques ou morales,
- secret de famille,
- difficultés socio-économiques de la famille,

C- Définition clinique de l’adolescent en difficulté


Le plus souvent, l’adolescent en souffrance ne se sait pas en difficulté. Il est incapable de verbaliser son
malaise car il a perdu ou n’a jamais eu la faculté de communiquer avec ses parents et, par extension, avec
les autres adultes.
Il va alors « EXPRIMER SON « MAL À ÊTRE » PAR DE MULTIPLES SYMPTÔMES ».

Un adolescent en difficulté présente au moins trois symptômes pertinents, un symptôme pertinent est un
indicateur de malaise s’inscrivant dans une certaine fréquence, trois fois par semaine au minimum, et, une
certaine durée égale ou supérieure à trois mois ».Plus la durée et la fréquence d’un symptôme sont
élevées, plus la pertinence du symptôme est importante. UN nombre de symptômes pertinents très élevé
traduit un degré de difficulté très important.

GRILLE « D’ANALYSE DES SYMPTÔMES »


Un adolescent en difficulté est susceptible de présenter une kyrielle de symptômes différents. On peut les
classer en huit grandes familles. Statistiquement, on peut classer ces grandes familles de symptômes selon
une déclinaison chronologique très précise (de la plus précoce à la plus tardive).Dans chaque famille, nous
évoquerons un indicateur essentiel qui est le « sex-ratio ».

1- Les troubles graves du sommeil


- Le manque de sommeil : insomnies d’endormissement, insomnies terminales.
- Le sommeil agité : réveils nocturnes, cauchemars, somnambulisme.
- L’excès de sommeil : hypersomnies, somnolences diurnes.
Les troubles du sommeil concernent deux filles pour un garçon

59
2- Les conduites alimentaires déviantes
- Le manque alimentaire : les conduites anorexiques, anorexie mentale
-L’excès alimentaire : les conduites boulimiques, le grignotage, l'obésité.
- L’alimentation perturbée : vomissements, contrôle habituel du poids, prise de laxatif ou de produits
anorexigènes.
Les troubles de l’alimentation concernent environ neuf filles pour un seul garçon. Il s’agit de la famille de
symptômes préférentiellement féminine.

3- Les manifestations psychosomatiques


▪Les plaintes physiques : maux de tête, mal au ventre, tachycardies, douleurs musculaires…
▪La fatigue importante : sans raison apparente.
▪Les crises : spasmophilie (maladie) :
Tétanie:
▪Scarifications et autres marquages du corps.
▪D’autres symptômes plus rares : onychophagie :
énurésie :
encoprésie :
Les manifestations psychosomatiques habituelles concernent environ trois filles pour un garçon.

4- Les troubles affectifs ou de l’humeur


-Excitation, turbulence, impulsivité, tensions psychiques…
- Tristesse, dépression, crises de larmes, sentiment de faute et de culpabilité…
-Anxiété, angoisses, peurs excessives, attaques de panique...
-Isolement, mutisme, repliement, arrêt des relations sociales.
-Vécu négatif (attitudes et discours négatifs envers soi-même pouvant aller jusqu’à des plaintes
dysmorphophobiques :
Les troubles de l’humeur concernent autant les filles que les garçons, mais avec une symptomatologie
différente en fonction du sexe.

5- Les troubles de la scolarité


-Fléchissement scolaire :
-Absentéisme, retards fréquents en cours.
-Refus scolaire, rupture scolaire, phobie scolaire.
-Échec scolaire

Les troubles de la scolarité concernent environ trois garçons pour une fille.

6- Les troubles du comportement (ou conduites déviantes ou délinquantes) :


-Violence, bagarres, instabilité.
-Vol et recel :
-Idées de fugue, fugue, idées d’errance,
-D’autres symptômes tout aussi graves, mais moins courants : racket, vandalisme, tagage, conduites
sexuelles particulières
-Les conduites ordaliques

-Ces conduites à risque se réalisent souvent avec un engin à moteur sur la voie publique et mènent à
l’accident.

Les troubles du comportement concernent plus de neuf garçons pour moins d’une fille.

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7- La consommation de produits
GLOBALEMENT, les jeunes de 14 à 25 ans consomment essentiellement 4 variétés de PRODUITS :
-Tabac : Le tabagisme concerne également les deux sexes. évaluer le nombre de cigarettes consommées
chaque jour.

-Alcool : BOIRE tous les jours et presque, ne pas boire durant la semaine, mais avoir une ou plusieurs
ivresses le week-end (évaluer la consommation). L’alcoolisation concerne plus les garçons que les filles.
-Cannabis : distinguer trois niveaux d’intoxication : consommation festive, consommation
autothérapeutique, toxicomanie (Voir Tableau). L’usage de cannabis concerne un peu plus les garçons que
les filles.
-Médicaments : tranquillisants, antidépresseurs, somnifères avec ou sans prescription médicale. La
médicomanie concerne 8 filles pour 2 garçons.

8- Le suicide à l’adolescence idées, projet et intention

-Idées de mort :
-Idées suicidaires :
-Intention suicidaire :
-Projet suicidaire :
-Tentative de suicide :
La tentative de suicide concerne plus de deux filles pour moins de un garçon.
Le suicide-décès constitue la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et concerne deux fois plus
les garçons que les filles.

CONCLUSION
En bref, l’adolescence représente une période de profonds bouleversements. C’est le temps d’une
transformation d’ordre physiologique et psychologique. Dans les sociétés occidentales et les pays
industrialisés, l’adolescence est considérée comme un âge de crise et elle peut être aussi une lutte
pour trouver son identité et acquérir son indépendance. Mais l’adolescence n’est pas vécue de la même
façon dans toutes les sociétés et les époques. Dans les cultures traditionnelles comme en Afrique, les
stades de la vie sont ponctués par ce que les ethnologues appellent des rites de passage
(naissance, initiation, mort). Ayant atteint un certain âge, les garçons sont soumis à une cérémonie
d’initiation qui les transforment en hommes à part entière aux yeux de leur communauté. Quant aux filles,
elles passent du statut d’enfant à celui de femme dès l’apparition de leur premier cycle menstruel.

61
CHPATITRE 4: l'individu dans la société: les phénomènes
d'interactions sociales et leurs réactions de défenses

LEÇON 1: Les phénomènes d'interactions sociales


L’individu doit être envisagé en fonction de son insertion dans un milieu donné. Dans la société, les
individus sont répartis dans différentes classes sociales. La place de l’individu dans une catégorie sociale
détermine alors sa relation avec d’autres membres de groupe.
Quels sont les différents phénomènes qui existent dans ces interactions sociales ?

I- Les rumeurs
A- Définition
L’origine du mot rumeur : "rumor" signifie en latin "bruit qui court ". À l'origine, la rumeur désigne le bruit
confus de voix qui émane d’une foule.
Sur le plan scientifique la définition de ce concept peut être prise par n’importe quel bout (contenu du
message, mode de transmission, le média qui le transporte, la taille du groupe qui le partage, les effets qu’il
produit…), il semble constamment nous échapper.
Une définition valable en tout temps, en tout lieu, cernant clairement le phénomène et remportant
l’adhésion de l’ensemble des spécialistes ne semble pas pouvoir faire l’objet d’un accord.
Conséquence de ce problème conceptuel, la rumeur est également insaisissable du point de vue de son
appréhension scientifique ; tour à tour, elle passe du statut de rumeur à celui d’information, légende
contemporaine, anecdote, fantasme, bruit, commérage, désinformation, discussion,… ou, à force de lui
être associé, est confondue avec un mode de transmission qui lui est proche : le bouche à oreille, pour
finalement ne plus se différencier de tout autre phénomène communicationnel.
"La rumeur n’a aucun fondement et c’est là sa définition la plus irréductible peut-être"
A partir de là l'on pourrait définir la rumeur comme étant une affirmation générale que l’on présente
comme vraie, sans qu’il y ait de données concrètes permettant de vérifier son exactitude.

NB : DISTINCTION ENTRE BRUIT ET RUMEUR


Sans masse, sans un nombre important de personnes, il n’y a pas rumeur mais plutôt discussion,
conversation ou bruit.
Ces deux termes se distinguent, non par leur source mais par l’amplitude du processus : rumeur et bruit
émanent de sources non officielles. La première renvoie à un processus de diffusion en chaîne, à une force
de propagation, à une amplitude dont le résultat est le son audible qui s’élève de toutes ces voix, et que
l’on peut suivre à la trace : il court. Le bruit renvoie à un processus décousu, rampant, hésitant, très limité
localement.
Il faut relever qu'entre ces deux mots, la frontière est assez imprécise, et certaines langues comme l’anglais
ne les distinguent pas. Un point commun cependant :
l’idée d’une information qui se répand. Une différence : la rumeur semble impliquer un plus grand nombre
de personnes que le bruit."
Le nombre de personnes partageant la rumeur apparaît donc comme primordial ; En effet, "La rumeur n’a
de réalité tangible qu’à partir du moment où il existe un nombre suffisant d’individus à s’intéresser à ses
dires et à les colporter."
Sans un nombre suffisant de personnes, la rumeur ne peut donc pas exister. Pourtant, l’existence d’une
masse n’est pas une condition suffisante à l’apparition des rumeurs.

62
B- Conditions d’apparition

-L’importance du sujet: une rumeur ne se développe que si elle touche un sujet important pour les
membres du groupe dans lequel elle se développe.
-La nature ambiguë du sujet: il faut que peu d’informations sur le sujet soient disponibles ou que ces
informations soient ambiguës pour qu’une rumeur se développe.
Outre ces conditions, d'autres hypothèses ont été formulées quant au climat favorable à l’apparition des
rumeurs
Outre ces conditions, d'autres hypothèses ont été formulées quant au climat favorable à l’apparition des
rumeurs :
– Une importante somme de communications interpersonnelles.
– Un besoin d’information non satisfait au sein du groupe.
– L’ennui et le manque d’activité. La rumeur comporte en elle une dimension de distraction, elle constitue
l’occasion de "savourer à plusieurs une information épicée". Elle serait au départ moins colportée parce
qu’on y croit que parce qu’elle distrait, amuse.
A remarquer : même si, au départ, elle est racontée sans trop y croire, la rumeur acquiert par la suite une
crédibilité "par le simple effet du nombre".
– Un groupe homogène dans ces sentiments. La rumeur, phénomène collectif, contribue à la cohésion
sociale. En effet, la rumeur est un phénomène collectif, impliquant non des milliers de personnes isolées,
mais le groupe. Adhérer à la rumeur, c’est manifester son allégeance à la voix du groupe, à l’opinion
collective. La rumeur fournit une occasion de se compter, de s’exprimer : cela se fait en général sur le dos
d’un autre groupe, de quelque bouc émissaire.
Enfin, P. Froissart écrit: "Une rumeur en effet ne peut toucher une population entière que parce qu’elle
traite d’un problème commun à tous.

Notons que les processus de transmission occupent aussi, dans le phénomène de la rumeur encore plus
qu’ailleurs, une place essentielle. En effet, la transmission en est une composante essentielle. Par elle, la
rumeur vit et revit au gré des créations de chaque transmetteur. Sans transmission, nous ne pouvons plus
parler de rumeur

C- Les mécanismes de transmission de la rumeur

La rumeur est souvent dépeinte comme une entité insaisissable et effrayante. Effrayante à cause des effets
destructeurs qu’on lui attribue mais aussi parce que perçue comme insaisissable : par sa rapidité de
diffusion, elle échappe à tout contrôle. "En effet, tout le discours sur la rumeur tend à en faire un objet
autonome, incontrôlable, doué de propriétés fantastiques : elle court", elle part comme une "traînée de
poudre", elle "fonce comme l’éclair", elle vole.
Il en va de même lors de sa disparition : on parle de "la mort d’une rumeur, de la tuer, de l’éteindre…" Ce
faisant, on se dissocie de la rumeur en faisant d’elle un objet extérieur à nous, autonome.
Cependant, loin d’être une entité maligne prenant plaisir à nous échapper, la rumeur est avant tout le fruit
de ce qu’en font ses relais, de ce que nous en faisons. "Par sa transmission, la rumeur vit et revit au gré des
créations de chaque transmetteur.

1- L’expérience d’Allport et Postman: "jeu du téléphone"


L’expérience est une simulation en laboratoire de la transmission en chaîne d’un message : un sujet
regarde, pendant un temps limité, une photographie représentant une scène de la vie quotidienne puis la
décrit à un deuxième sujet qui la raconte à un troisième et ainsi de suite. Après le huitième relais, le
message n’a plus rien avoir avec le message initial. Allport et Postman ont ainsi mis en évidence trois types
de distorsions dans l’évolution du message

63
a- La réduction (leveling) :
Le volume du message diminue de relais en relais. La réduction, très importante lors des premières
transmissions, tend à diminuer au fur et a mesure des échanges jusqu’au moment où le message acquiert
une concision telle qu’il peut être reproduit fidèlement sans "efforts mnémoniques particuliers". Il est
cependant à noter que les oublis ne sont pas aléatoires mais sélectifs.

b- L’accentuation (shapening) :
L’attention est portée sur un nombre de détails prélevés dans l’ensemble du message. En fait,
l’accentuation est fortement liée à la réduction : les détails qui ne sont pas omis sont accentués.
Peu d’éléments permettent d’expliquer pourquoi et comment certains éléments sont accentués et pas
d’autres. Tout juste les auteurs relèvent-ils que les détails liés aux mouvements, nombres et grandeurs font
souvent l’objet d’une exagération caractéristique.
L’accentuation, phénomène extrêmement complexe ne peut, à ce jour, faire l’objet d’une explication
satisfaisante.

c- L’assimilation (assimilation) :
L’assimilation recouvre une série de transformations sémantiques subies par le message. Elles ne sont pas
non plus aléatoires : elles correspondent à l’organisation cognitive de la population. "Au fur et à mesure de
son évolution, celui-ci (le message) tend à acquérir une "bonne forme", celle d’un récit bien construit,
respectant les stéréotypes ambiants du groupe dans lequel circule la rumeur." On retrouve ainsi des
phénomènes comme :
-La généralisation qui consiste essentiellement en "une baisse du niveau de spécification qui s’applique
principalement aux sujets désignés dans le message de la rumeur.
- L’attribution tient dans la désignation de la source du message. Dans la plupart des cas, celle-ci est
totalement indéterminée.
Cependant, l’information véhiculée est parfois attribuée à une personne dont la position sociale ou la
fonction légitime les dires. A noter, le contact avec cette personne est toujours médiatisé par plusieurs
intermédiaires : "X qui connaît Y qui l’a entendu d’un proche de…"
La crédibilité de la rumeur a donc deux formes : la crédibilité par attribution universelle et la crédibilité
par attribution de compétences. Dans les deux cas, il y a une coupure entre la source initiale et les relais
du message qui interdit toute vérification.

2- Critiques

Notons que les travaux d’Allport et Postman ne sont pas exempts d’influence venant de leur contexte
historique et ont contribué au discrédit des rumeurs. La rumeur est envisagée comme un processus de
dégradation : "Au départ était le vrai, à l’arrivée tout est faux". Cette manière d’envisager les choses sous-
entend qu’il y a une "vérité", un message initial considéré comme juste. La rumeur se réduit alors à une
destruction de la vérité initiale. Or, "c’est oublier que souvent, il n’y a pas de vérité initiale.

En outre, de nombreuses critiques peuvent être apposées à cette étude, notamment, du fait même qu’elle
ait été réalisée en laboratoire, de ne pas coller à la réalité beaucoup plus complexe du terrain.
Aussi, l’explication de ces déformations par l’évolution du message vers un état optimal pour les capacités
mnémoniques des individus est très insatisfaisante. Cette explication, qui néglige complètement les
facteurs psychosociaux ne suffit pas. Les causes déterminantes de l’évolution des rumeurs sont beaucoup
plus complexes.

On l’aura remarqué, les mécanismes de déformations trouvent leur explication dans le lien étroit
qu’entretient le message de la rumeur avec la pensée sociale.
"Ainsi, de tous les messages, la rumeur jouit seule d’une singulière caractéristique : elle justifie l’opinion
publique en même temps qu’elle la révèle, elle rationalise en même temps qu’elle satisfait.

64
II- Stéréotypes et préjugés
A- Définitions

1- Les stéréotypes

Le stéréotype «désigne les catégories descriptives simplifiées par lesquelles nous cherchons à situer autrui
ou des groupes d’individus »
Les stéréotypes correspondent donc à des croyances partagées au sujet des caractéristiques personnelles,
généralement des traits de personnalité, mais aussi souvent des comportements d'une personne ou d’un
groupe de personnes qu'on leur attribue de façon arbitraire.

Une catégorie est dite stéréotypique lorsque les membres d’un même groupe s’accordent à penser qu’un
ou plusieurs traits particuliers caractérisent les individus de cette catégorie.
Une fois le stéréotype intégré, il sera utilisé par les individus de façon quasi mécanique.

2- Les préjugés
Le mot préjuger, signifie juger avant. C’est porter un jugement de valeur. Avoir des préjugés, c’est formuler
un jugement inconsidéré et définitif sur une personne sans la connaître suffisamment.
Le préjugé est une idée préconçue sur une personne ou un groupe de personnes.

3- Distinction préjugés/stéréotype

NB : Les stéréotypes et les préjugés constituent un seul et même phénomène.

B- Fonctions des stéréotypes et des préjugés

Les stéréotypes et préjugés ont une fonction sociale explicative. Ils constituent des processus de
rationalisation et ainsi permettent de légitimer les différences sociales ou de justifier les situations
d’inégalité.
Ils ont aussi une Fonction socio-affective: la plupart du temps, les préjugés sont le reflet de tensions
latentes ou manifestes entre certains groupes sociaux.

65
C- Les caractéristiques des stéréotypes et préjugés

Les stéréotypes et préjugés sont déterminés essentiellement par 3 types de facteurs :


1) Facteurs psychosociaux
Ex : différences sociales ou conformité (plus l’individu est conformé aux normes sociales plus il a tendance à
avoir des préjugés)
2) Facteurs affectifs
Ex : Frustration, sentiment d’être différent (un stéréotype n’est pas neutre, il exprime de la faveur ou de la
défaveur.)
3) Facteurs cognitifs
Ex : Illusion de corrélation (établir un lien qui n’existe pas entre deux éléments)

D- Quelques effets des préjugés

1- La discrimination
C’est un comportement dirigé contres les individus visés par le préjugé. Ce mécanisme est particulièrement
saillant lors des périodes de crises sociales et économiques.
La discrimination rejette, exclut, infériorise autrui et est lié à certaines conditions sociales et
psychologiques.

2- L’effet sur l’estime de soi


Les personnes fréquemment sujettes à discrimination, en arrivent à s’autodévaloriser, intériorisant ainsi
leur statut de victime.

66
LEÇON 2: Les réactions de défense dans la société
Par ce terme, on entend les différents types d’attitude que chacun est susceptible d’adopter face à des
situations de frustration, voire d’agression verbale. Derrière ce vocable se cachent des atteintes par :

-mise en accusation morale ou intellectuelle « vous êtes d’une bêtise remarquable »),
-dénigrement et ridiculisation de l'apparence « cette chemise vous donne vraiment l’air ridicule »),
-dévalorisation du rôle social en démontrant son inutilité «vous n’êtes que rouage la dernière roue du
carrosse ») ,
-dévalorisation du groupe d’appartenance (« les gens qui font un travail comme le vôtre sont tous des
profiteurs »).

Les attitudes de réaction, ou de défense, sont fortement influencées par la personnalité mais aussi par le
contexte immédiat.

Que ce soit dans ses relations avec le personnel ou les clients on se doit d’avoir conscience de ce que l’on
peut nommer les « gammes » de réactions possibles. En effet face à ces situations, nous nous révélons tels
que nous sommes dans notre spontanéité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un test de frustration,
connu aussi comme le test de « Rosenzweig » du nom de son auteur, est couramment utilisé par les
recruteurs. On devrait s’attacher à connaître les types de réactions dans le but d'éviter des conflits inutiles.
Ces réactions sont classées en trois styles.

I - les mises à distance


Il s’agit ici par ces réactions d’établir ou de rétablir une distance protectrice suffisante entre l’individu et
son adversaire.

A- les réactions d’attaque

Face à un autre perçu comme menaçant, l’attaque, en tant que conduite réactionnelle défensive, vise à
repousser la menace, le jugement dévalorisant. On parle alors de l’attaque comme de la meilleure
technique de défense. Les réactions d’attaque recouvrent aussi bien des agressions défensives ou
préventives que des attitudes de menace, de rejet, de représailles.

B - les réactions d’intimidation

Il s’agit plus ici d’une menace voilée (exprimée physiquement ou verbalement) que d’une conduite
explicite. Ces réactions d’intimidation peuvent être des réactions de prestance (faire le beau, parader), des
menaces ou défis qui tendent à faire céder du terrain à l’autre. Ce peut être également des réactions d’auto
grossissement visant à impressionner l’ennemi potentiel (comme un chat qui ferait le gros dos).

C - les réactions d’évitement

Si l’évitement typique est la fuite, on appelle également évitement les réactions qui consistent à ne pas se
faire remarquer, voire à passer inaperçu. On change de sujet, souvent même on nie, ou plus simplement on
ne reconnaît pas l’importance de la frustration ou de l’agression subie, essayant par la même d’échapper à
l’emprise de l’adversaire. Se désolidariser d’un groupe ou simplement d’un point de vue personnel est
également une réaction d’évitement.

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II - les immobilisations
On cherche par ce biais à ne plus prêter le flanc à la critique, voire même parfois à « faire le mort ». Cette
immobilité de protection tend, par contre coup, à neutraliser le protagoniste et donc à éviter une nouvelle
attaque, ou une réprimande, une punition…

A- les réactions de simulation

Il s’agit de conduites au cours desquelles on fait semblant, dites de camouflage ou de conformisme de


façade. Des marques de politesse peuvent également permettre de dissimuler certains de nos
comportements. Se cacher derrière son rôle, son statut, se retrancher derrière des proverbes sont
également des réactions de simulation.

B - les réactions de blocage

L’immobilisation de soi-même est ici très nette. L’individu complètement paralysé est incapable de
répondre ou de tenter une action. Ces blocages s’expriment dans certaines conduites inhibées (rougir et se
mettre à bégayer d’émotion).

C - les réactions de rétraction

L’individu montre sans équivoque à son adversaire qu’il lui reconnaît puissance et supériorité, néanmoins, il
ne se place pas sous la protection de l’adversaire, mais il se met simplement à l’abri derrière le rempart du
règlement, derrière une carapace de stéréotypes.

III - les rapprochements


L’objectif ici visé est de se rapprocher au maximum de l’adversaire, de le neutraliser en faisant appel à sa
pitié, à sa compréhension ou à son désir d’être mis en valeur.

A- les réactions de soumission

En se montrant d’accord (approbation ostensible) ou en se soumettant (par des comportements verbaux


ou non: baisser les yeux, s’auto critiquer) l’individu exprime clairement sa quête de protection, sa demande
de dépendance et tout en même temps sa reconnaissance de la supériorité, de la valeur qu’il reconnaît à
son adversaire.

B - les réactions de justification

Plus que de rejeter systématiquement ce qui vient d’être dit, il s’agit surtout de l’expliquer autrement,
voire d’en rajouter pour se justifier, en exprimant sa bonne foi, son bon droit, en alignant ses « bonnes
raisons ». L’individu cherche à éviter que son image de soi ne soit dévalorisée aux yeux d’autrui.

C - les réactions de séduction

En faisant du charme, ou en persuadant l’adversaire qu’il est très intéressant, le sujet tente d’acheter sa
sécurité, de se faire estimer, même si c’est en s’offrant en victime ou en valorisant l’autre, mais sans pour
autant se montrer systématiquement d’accord avec le jugement de cet autre.

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