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1 A. ECTHEGOYEN, la valses des éthiques, Paris, François Bourin, 1991. L’auteur montre avec pertinence et
hauteur de vue comment les éthiques sont, partout, affichées par les entreprises, revendiquées par les
scientifiques et invoquées par les politiques.
2
E. MORIN, Science avec conscience, p.119
Introduction
Ce chapitre se penchera sur les enjeux éthiques que soulève la technologie de
l’informatique. Pour être précis, premièrement nous allons examiner le rapport qui existe
entre morale et éthique. Deuxièmement, nous nous pencherons sur les différents courants
éthiques. Enfin, verront quelques problèmes éthiques liés à l’application de la technologie
informatique.
1.1. Morale et éthique : quel rapport ?
« On se trompe sur la morale. Elle n’est pas d’abord pour punir, pour réprimer, pour
condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul
n’y verrait une morale3. » Ce propos d’André Comte-Sponville nous livre les conceptions
erronées qui sont véhiculées quand on parle de la morale. D’où les questions : qu’est-ce-
que la morale ? Y-a-t’ il une nuance entre morale et éthique ?
1.1.1. Morale et éthique : essai de définition
Le mot ″morale″ vient du latin mores « comportements, coutumes, mœurs ». Il renvoie à
« ensemble de règles de conduites et de valeurs au sein d’une société ou d’un groupe4. »
Exemple : la morale chrétienne.
L’éthique, quant à elle, tire son origine du mot grec ethos « mœurs ». L’éthique est une
« théorie ou doctrine ayant pour objet la détermination des fins de l’existence humaine ou
les conditions d’une vie heureuse5. »
1.1.2. Morale et éthique : divergence et convergence
De par leurs origines étymologiques, nous voyons bien que les deux concepts sont
proches. Cela explique l’éternelle difficulté à les distinguer ; il y a aucun consensus à ce
sujet. Certains rejettent la pertinence d’une telle entreprise ; pour eux, les deux sont
strictement équivalents6. D’autres séparent l’éthique de la morale, mais ne s’accordent pas
sur les critères de distinction. La différence éthique et morale varie d’un courant de
pensée, voire d’un auteur à l’autre.
Toutefois, les deux termes désignent ce qui a trait aux mœurs, au caractère, aux attitudes
humaines en général et, en particulier aux règles de conduite. On réserve parfois, mais
sans qu’il y ait accord sur ce point, le terme latin à l’analyse des phénomènes moraux
concrets, celui d’origine grecque au problème du fondement de toute morale et à l’étude
des concepts fondamentaux, tels que le bien et le mal, l’obligation, le devoir, etc. Pour
cela, l’éthique est « une discipline qui cherche à apprécier les conduites humaines par
rapport à un système de valeurs ou à des exigences de respect de la nature humaine. »7 En
effet, est qualifié d’éthique, toute réflexion qui intervient en amont de l’action et qui a
3
A. COMPTE-SPONVILLE, Présentations de la philosophie, Paris, Albin Michel, 2000, p. 19.
4
L. HANSEN-LOVE, La philosophie de A à Z, Paris, Hatier, 2011, p. 305.
5
Ib., p. 160.
6
E. MORIN, LA méthode, tome 6, Ethique, p. 9 Pour lui, les deux termes sont inséparables et parfois se
chevauchent. C’est pourquoi, Morin utilise indifféremment l’un ou l’autre terme.
7
Olivier MEIER, Dictionnaire du manager, Ed. Dunod, Paris, 2009, p.82.
8
Samuel MERCIER, La déontologie dans les entreprises, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2002,
p.34.
9
P. KEMP, L’irremplaçable. Une éthique de la technologie, trad. De l’allemand, Paris, Push, 1997, p. 35.
10
A. ETCHEGOYEN en fait une excellente illustration. O.C
11
L. FERRY, Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Essai. Paris, Grasset, 2002.
12
HANS JONAS né en 1903 et mort 1993, a véritablement parcouru le 20e siècle et ses tensions. Son principal
ouvrage : le principe responsabilité, paru en 1979, a connu un grand succès.
13
H. JONAS, Principe responsabilité, p.17
14
L. HANS-LOVE, O.C., p.17
15
H. JONAS, O.C., p.243
16
Ib., p.31
17
L. HANSEN-LOVE, O.C., p.243
Faut-il alors considérer ces progrès scientifiques et techniques et la période très brève qui
les vit apparaître comme le point de départ d’un « nouveau monde » dans lequel les
anciennes problématiques, telles les questions concernant les rapports de la déontologie et
de l’éthique avec les exigences morales, n’auraient plus cours ? Le développement
remarquable des connaissances scientifiques a-t-il fait éclater le cadre même des systèmes
des valeurs éthiques ? N’y a-t- il pas dans la culture philosophique bantu des
interprétations de l’intention éthique qui seraient capables de répondre aux nouvelles
préoccupations liées aux mutations scientifiques et techniques de l’informatique ? A une
époque où les bouleversements scientifiques et techniques entraînent d’importants
renversements des systèmes de valeurs18, il est plus que nécessaire de sauvegarder
quelques repères. Il s’agit donc de trouver une invariante éthique capable d’assurer la
conduite humaine dans ces périlleuses traversées.
La notion de respect éthique paraît être la plus adéquate si l’on entend par « respect » la
reconnaissance sensible, comme le dit Emmanuel Kant, de la majesté de la loi morale. Le
respect en tant qu’invariante éthique s’exprime ici par l’engagement affectif que chacun
peut éprouver pour l’éminente dignité de son propre corps et par la reconnaissance des
autres corps comme devant être investis de la même façon. Cet aspect sensible le soustrait
de l’abstraction, afin d’installer au cœur du sensible la forme même de l’antique loi
morale : « Agis de telle manière que la maxime de ton action puisse être érigée en loi
universelle de l’action. » L’invariante éthique réside dans le respect du corps humain qui
tend à s’étendre à des formes de plus en plus large de la vie de la société. Les nouveaux
rapports que doivent établir les hommes entre eux et avec leur environnement, la société
marquée par la technologie nouvelle seront déterminés par la volonté de maintenir à tout
prix une telle forme de respect. Ceci étant, notons que la question éthique va au-delà du
bien et du mal qui se rapportent à des lois, des normes ou des impératifs dans la vie de
l’individu ou du collectif sociétal.
En effet, l’objet de l’éthique générale est d’établir les critères pour agir librement dans une
situation pratique et faire le choix d’un comportement, dans le respect de soi même et
d’autrui19. La finalité de l’éthique fait donc d’elle-même une activité cognitive pratique. Il
ne s’agit donc pas d’acquérir un savoir pour soi-même, mais d’agir avec la conscience
d’une action sociétale responsable.
Ainsi, comme la question d’éthique intéresse aussi bien le destin individuel que le destin
collectif de l’humanité, il convenait alors de trouver son objet pour mieux saisir les
problèmes moraux ou éthiques ou de déontologie que soulève la science informatique
dans son évolution.
18
Paul VALADIER, L’anarchie des valeurs. Le relativisme est-il fatal ?, Paris, Albin Michel, 1997.
19
M. BLANC, L’État des sciences et des techniques, Paris, La Découverte, 1983, p. 61.
Ces différentes formes d’éthiques se distinguent par leur objet (la bioéthique, l’éthique et
environnement, l’éthique des affaires, éthique des médias, éthique de l’armée ou l’éthique
de l’informatique). Elles se distinguent aussi par leur fondement culturel (qui peut être
l’habitat, la religion, la tradition propre à un pays, à un groupe social ou à un système
idéologique).
Dans tous les cas, l’éthique vise à répondre à la question : « Comment agir au mieux ? ».
Cette problématisation d’éthique entraîne de fait la connaissance de son objet et sa place
parmi les autres disciplines cognitives.
Un autre grand domaine inséparable de l’éthique est (au moins aux yeux de la tradition
philosophique occidentale) la politique ou plus précisément la philosophie politique. Il est
traditionnel en philosophie de considérer la gouvernance de la cité comme un cadre
naturel et comme un prolongement des commandements éthiques.
20
J.P. DELAYE, art. Cit.
21
J.P. DELAYE, art. Cit.
22
E. MORIN, La méthode, tome 3, la connaissance de la connaissance, Paris, seuil 1986, p. 38
23
Ib., p. 48
24
Ib., p. 42-43
a. Le fichage
La création de fichier de renseignements personnels est une des applications les plus
communes des outils informatiques, bien que cette technologie ait des avantages certains,
elle réduit l’individu à une sorte de double informatisé dont les données seront ensuite
manipulées par l’appareil bureautique. Le droit fondamental de la vie privée qui occupe
une place toujours importante dans la catégorie des droits fondamentaux de l’homme se
trouve ici en péril.25
b. L’internet
L’internet offre à l’homme d’innombrables services et applications à savoir : e-mails,
protocoles de transfert de fichiers (FTP), forums, lister vers (liste de diffusion) la toile,
world wide web, internet, relay chat (IRC).
Toutefois sur internet, il est difficile de faire respecter les normes sur la propriété
intellectuelle. Nous sommes face à un phénomène qui met en conflit plusieurs droits
fondamentaux à savoir : le droit à la vie privée, le doit à la liberté d’expression, le droit à
la sécurité et le droit à la propriété.
c. Délégation de processus intellectuel à des automatismes
Cette pratique peut restreindre l’exercice des libertés. Le cas de la voiture autonome
illustre mieux ce fait. Il est clair qu’avec l’augmentation de la puissance de calculateurs,
on se retrouve maintenant de plus en plus placé vers les décisions qui sont prises par des
systèmes autonomes.
Fort de ce fait, Anne Chartier estime avec raison que « l’informatique est devenu un
phénomène de profession ». D’où l’impératif éthique de contrôler le progrès
technologique pour préserver la dignité de l’être humain.
Examinons à présent les tenants et aboutissants du concept de déontologie.
25
O. DESCHUTTER et Cie, Code international des droits de l’homme
Introduction
Qu’est-ce qu’une déontologie ? Quelles fonctions remplit-elle dans un champ
professionnel ? Ce sont ces questions qui constituent le fil conducteur de ce chapitre.
2.1 Analyse conceptuelle
La déontologie (du grec deontos, devoirs-règles-obligations, science du devoir) semble
plus simple à appréhender et renvoie à un ensemble de règles dont se dote une profession
ou une partie de la profession26 au travers d’une organisation professionnelle qui devient
l’instance d’élaboration, de mise en œuvre, de surveillance et d’application de ces règles.
Elle a toujours un caractère obligatoire ; tout manquement peut faire l’objet d’une
sanction.
Étant l’ensemble des règles et des devoirs régissant la conduite à tenir pour les membres
d’une profession ou pour les individus chargés d’une fonction dans la société. Elle
constitue la morale d’une profession, qu’elle soit imposée ou non par la loi. Ce code
professionnel est ce qui régit l’exercice d’une profession ; il décrit l’éthique ainsi que les
droits et les devoirs de ceux qui exercent cette profession, mais aussi les rapports entre
ceux-ci et leurs clients ou le public. C’est le cas par exemple pour les professions
médicales (serment d’Hippocrate, serment de Florence Nightingale), les journalistes,
(charte de Munich).
Ce mot, précise le Dictionnaire philosophie Lalande « ne s’applique pas à la science du
devoir en général, au sens kantien, il porte au contraire avec lui l’idée d’une étude
empirique des différents devoirs, relative à telle ou telle situation »27. L’objet de la
déontologie n’est donc pas philosophiquement la notion d’obligation, de comprendre en
quoi un devoir est un devoir, mais d’inventorier très concrètement les obligations qui
incombent à un professionnel dans l’exercice de sa tâche. C’est ce sens que retrouvent,
aujourd’hui aussi bien les dictionnaires spécialisés que les dictionnaires généralistes.
La déontologie se situe comme un triangle équilatéral, à égale distance de la morale et de
l’éthique. Les trois concepts ne sont pas identiques, c’est leur mise en rapport qui peut
permettre leur clarification et leur régulation.
Pour Aristote, il existe assurément une déontologie, il y a des choses qu’il faut faire, il ne
faut pas les faire que parce qu’elles sont requises pour atteindre une certaine fin.
On doit le terme de déontologie au philosophe anglais Jeremy Bentham (déontologie or
the science of morality, 1834). Pour lui, le terme de déontologie est tout simplement un
nom expressif pour désigner l’éthique28.
26
Dans le domaine médical, nous avons le serment de Florence Nightingale pour les infirmiers et le serment
d’Hippocrate pour les médecins.
27
E. PRAIRAT, Art. Cit.
28
E. PRAIRAT, « vers une déontologie de l’enseignement » dans Education et didactique vol 3 n° juin 2009,
(version électronique) Cf, Https://Journals.Open édition éducation didactique 485 (consultée le 18/05/2018
En ce qui concerne la déontologie, elle n’a pas une vocation spéculative mais une visée
pratique, car elle entend définir une pratique professionnelle donnée, à partir de son
axiologie, un socle commun de règles, de recommandations et de procédures.
Les règles déontologiques émanent de groupes professionnels déterminés qui les
établissent généralement par l’intermédiaire de leurs propres instances, ordres
professionnels, associations aux syndicats. Elles correspondent à un phénomène
d’autorégulation. Une déontologie émane toujours des professionnels eux-mêmes, elle se
manifeste ainsi le désir qu’a une profession de s’autogouverner.
Mais nous comprenons vraiment ce qu’est une déontologie professionnelle que si, nous
complétons cette définition essentialiste par une réflexion sur les fonctions. A quoi sert
une déontologie ? Quelles grandes fonctions remplit une déontologie au sein d’une
profession ?
29
E. PRAIRAT, Art. Cit.
30
E. PRAIRAT, « l’orientation déontologie » dans les sciences de l’éducation- pour l’ère nouvelle 2007/2 (vol 40)
p. 95-113 CF. URL : http// www.Cairn.Info.Revue-les sciences -de- l’éducation- pour- ere nouvelle 2007-2-pages
html (page consultée le 18/05/2018)
31
Ib.
32
E. PRAIRAT, Art. Cit.
Aussi, on ne peut cependant pas tenir pour acquis que tout le monde, que tous les
fonctionnaires, partagent un même niveau de compréhension et de jugement éthique.
D’où, bien sûr, la nécessité d’accompagner notre démarche d’un volet visant à solidifier le
niveau de jugement éthique de nos étudiants, futurs professionnels de l’informatique et
fonctionnaires. Cela passe par une prise de conscience double, à la fois des valeurs
chrétiennes, des valeurs véhiculées par la société, le gouvernement et plus largement par
la tradition démocratique.
Il s’agit à chaque fois d’une supériorité de la loi divine, qui transcende toute règle
humaine, qu’il s’agisse d’une règle écrite ou non, d’une loi ou d’un principe moral ; la
règle religieuse a ceci de transcendant qu’elle endosse pour elle-même la moralité. Ainsi,
l’ascétisme relègue la position humaine à une position de stricte ignorance : aucune règle
n’est en position de rivaliser avec les commandements divins.
33
BASTIT, Naissance de la loi moderne, Paris, PUF, 1990, p. 27.
34
Cf. Lc 6, 1-5 ; Jn 8, 2-11.
Lorsqu’il s’agit non plus de loi civile, mais de loi morale, la règle n’a précisément de sens
que par son universalité. La théorie kantienne de la morale formule précisément
l’impératif catégorique par son caractère universalisable. Le devoir est formel,
indépendant de toute matière ; il est donc inconditionnel, et acquiert par là une
transcendance qui nous rappelle ce qui vient d’être dit sur la loi divine. Est-il surprenant,
dans ces conditions, que le vocabulaire religieux apparaisse pour le ceindre de sa
majesté ? Kant formule ainsi cette articulation nouvelle, dans La religion dans les limites
de la simple raison : « La religion (considérée subjectivement) est la connaissance de tous
nos devoirs comme commandements divins ».
Ainsi, le devoir est divin du fait qu’il est transcendant bien plus qu’il n’est transcendant
parce qu’il est divin. La notion de religion voit dans cette affaire son sens se déplacer pour
venir conférer à la morale humaine son sens transcendant sans plus rien enveloppé de son
contenu divin. En effet, la théorie kantienne ne suppose l’existence de Dieu que comme
réquisit ultime du système, vidant entre-temps cette foi de son objet religieux pour lui
conférer un objet proprement moral. C’est au point qu’on peut à présent opposer à la foi
« simplement doctrinale qui a toujours en soi quelque chose de chancelant, une foi morale
dont le but est indispensablement fixé36. » La loi morale est transcendante au point de
mériter d’être dite commandement divin.
3.1.3 La convergence
S’il en est ainsi, c’est que peut-être le devoir divin et le devoir humain ne sont que deux
noms qui ne peuvent nécessairement renvoyer qu’à deux degrés ou deux formulations de
35
MONTESQUIEU, L’Esprit des lois, XXVI, 9, Paris, Garnier-Flammarion, 1979, p. 185.
36
KANT, Critique de la Raison pure, PUF, « Quadrige », 1984, p. 555.
Ce que Nietzsche appelle la mort de Dieu n’est autre que la disparition de ce référent
moral : « que l’idée du dieu disparaisse, le sentiment de péché disparaît aussi, de
manquement aux préceptes divins, de souillure infligée à une créature vouée à Dieu42. »
Ainsi semble-t-il que la caution divine recherchée par le devoir moral puisse être assez
suspecte. Bataille cite ainsi sainte Thérèse d’Avila dans l’expression d’une foi qui n’a
besoin d’aucun référent moral : « ce qui me fait tressaillir d’amour n’est pas le ciel que tu
m’as promis, l’horrible enfer ne me fait pas tressaillir…s’il n’y avait pas le ciel je
t’aimerais et s’il n’y avait pas d’enfer je te craindrais43. »
37
HEGEL, Leçons sur l’Histoire de la philosophie, Idées-Gallimard, 1954, p. 221.
38
HOBBES, Leviathan, III, 32, Sirey, 1971, p. 396.
39
Id, p. 395.
40
KOLAKOWSKI, Philosophie de la religion, 10/18, 1985, p. 239.
41
SARTRE, L’existentialisme est un humanisme, Folio, essais, 1996, p. 39.
42
NIETZSCHE, Humain trop humain, § 133, Folio, 1988, p. 121.
43
BASTILLE, L’expérience intérieure, Gallimard, « Tel », 1954, p. 32.
3.2.2 La responsabilité
Le second fondement possible de l’éthique doit être recherché du côté de la responsabilité.
Cette éthique de la responsabilité est fondée sur la prise en compte des incidences de
l’acte qu’on se propose, la garantie d’une fin bonne à long terme pouvant dépasser la
44
FREUD, L’Avenir d’une illusion, PUF, « Quadrige », 1995, p. 40.
45
ROUSSEAU, Du contrat social, 4, 8, Garnier-Flammarion, 2001, p. 178.
46
Ibidem.
Se retrouve donc au sein même de cette Eglise cette tension entre l’exigence politique de
responsabilité et l’exigence religieuse de conviction : « le génie ou le démon de la
politique vit dans un état de tension extrême avec le Dieu de l’amour et aussi avec le Dieu
des chrétiens tel qu’il se manifeste dans les institutions de l’Église. Cette tension peut en
tout temps éclater en un conflit insoluble47. » La façon dont Machiavel instruit le prince ne
peut qu’induire une critique du christianisme qui n’a pas pris conscience de l’importance
fondamentale du politique. La légitimité de la fin (maintenir l’État) y justifie en effet bien
souvent des moyens (la ruse, le mensonge, la violence) que l’éthique de conviction
réprouverait. Ainsi, le prince doit-il préférer la grandeur de sa cité au salut de son âme :
« s’il est chrétien et s’il veut être bon Prince, il devra trouver son inspiration à partir des
réquisits du politique, plus qu’à partir de ses convictions personnelles. Ces exigences
s’inscrivent dans une éthique rigoureuse du politique que l’on a souvent confondue avec
l’absence de toute éthique48. »
47
WEBER, Le savant et la politique, 10/18, 1963, p. 216.
48
VALADIER, Machiavel et la fragilité du politique, Point Seuil, 1996, p. 85.
49
WEBER, op. Cit., p. 205.
3. 3 La question de la tolérance
3. 3.1 Tradition et autorité
Qu’il s’agisse de formuler le devoir par la religion ou en dehors de celle-ci, la question du
fondement de l’éthique est aussi celle de son origine et de sa transmission, question que
ses deux sources permettent l’une et l’autre d’éclairer. Montaigne voit à l’origine du
devoir comme de la religion le même mécanisme d’autorité qui ne repose que sur la
coutume et la convention : « nous sommes chrétiens au même titre que nous sommes ou
Périgourdin ou Allemand51. » De même que Descartes adopte au titre de sa morale par
provision (et l’on sait qu’à la fin il n’y en eut point d’autre) la règle de vivre selon les lois
et coutumes de son pays, de même Montaigne fait de la religion et du devoir le simple
résultat de la contagion d’un usage. « Nous ne recevons notre religion qu’à notre façon et
par nos mains, et non autrement que comme les autres religions se reçoivent. Nous nous
sommes rencontrés au pays où elle était en usage ; ou nous regardons son ancienneté ou
l’autorité des hommes qui l’ont maintenue52. »
Pour être éventuellement contingente, cette autorité n’en est pas moins nécessaire. La
tradition est certes d’un côté menacée par le zèle du traditionaliste, mais elle l’est tout
autant par la volonté de comprendre et de démystifier. Montaigne s’indigne ainsi « de voir
tracassé par une salle et par une cuisine le Saint livre des sacrés mystères de notre
créance », réduit au statut d’objet de débat par la mauvaise manie analytique des
théologiens. Ce qui est dit ici de la religion vaut aussi bien pour le devoir, dont Montaigne
pourfend tout autant les analyses, qui voudraient le suivre pour la justesse de son contenu
et non parce qu’il est un devoir. Tout se passe donc comme si, y compris dans sa forme
religieuse, le devoir n’avait de sens et d’utilité qu’à condition d’être observé avant toute
enquête.
50
HUME, Essais, 2, 12, Folio, 1965, p. 146.
51
MONTAIGNE, Essais, 2, 12, Folio, 1965, p. 146.
52
Ibidem.
53
SPINOZA, Traité théologico- politique, XV, Garnier-Flammarion, 1965, p. 251.
54
LEVINAS, Difficile liberté, Biblio-Essais, 1976, p. 244.
C’est pourquoi il est important de comprendre que les valeurs et l’éthique fournissent un
cadre pour la prise de décision et le leadership. Cette compréhension est d’autant plus
importante dans la mesure où nous pensons, à la suite du rapport, que la déontologie et les
règles qui l’accompagnent ne sont pas les seuls éléments susceptibles de promouvoir les
valeurs et l’éthique au sein de la fonction publique. « Un régime déontologie, tel que nous
le définissons, est plus qu’une seule initiative. C’est un ensemble d’initiatives, qui
s’appuient l’une sur l’autre et se complètent.» Cette règle ne peut seule encourager le
citoyen ou le fonctionnaire à développer l’esprit conciliant qui, en toute conscience, lui
permet d’agir de manière responsable, de façon honnête et avec justesse. Un code seul ne
suffit pas à la promotion des valeurs et des normes de l’éthique de la fonction publique,
par exemple. Il faut mettre en place un dialogue constant afin qu’il soit possible d’intégrer
les valeurs et l’éthique dans toutes nos décisions, dans tous nos gestes au sein de notre
milieu de travail.
1. Elle vient du fait qu’elle n’est pas un secteur séparé de la vie, mais une dimension
permanente de tout comportement. Des valeurs, en effet, sont mises en œuvre plus
ou moins explicitement dans tous les comportements et toutes les décisions. Ainsi,
la pratique de la médecine, des sciences infirmières, du travail social, du droit, par
exemple, implique inévitablement des choix éthiques, des choix de valeurs
morales ;
2. Elle tient au vocabulaire qui varie selon les auteurs. Le mot comporte, d’un milieu
à un autre, des connotations ou de sens divers ;
3. Elle tient au fait que celle-ci renvoie finalement à une réflexion philosophique,
laquelle a donné naissance à une multitude de théories éthiques plus ou moins
contradictoires.
Selon Durand, trois mots reviennent fréquemment dans le discours sur l’action humaine :
éthique, déontologie et morale. Ceux-ci sont parfois pris comme synonymes. Les trois
DROZ (2006) définit l’éthique comme un ensemble rationnel structuré des valeurs
explicites qui définissent le bien, le juste et le beau, par lequel quelqu’un rend compte de
lui-même, de ce qui le fait exister et agir. Elle est la manière de dire comment l’individu
se doit de vivre et à partir de quoi il doit juger et décider. Il s’agit en conséquence, d’un
système explicite et argumenté de valeurs qui induisent des comportements ou des
pratiques sociales. Il y a donc des éthiques universelles (droit de l’homme) ou des
éthiques propres à une culture. Bob Jickling (1996) propose deux façons de concevoir
l’éthique : l’éthique comme un code qui tend à reproduire des rôles dans la vie sociale.
Les prescriptions et les valeurs qui les informent ont tendance à être pris pour acquis,
faisant ainsi autorité, et applicables dans un large éventail de contextes. Alors dans ce
sens, éthique implique de chercher des principes pour guider le comportement moral et les
évaluer. Il faut tout d’abord identifier les valeurs qui peuvent être contestées, existant au
sein d’une communauté.
L’organisation des valeurs entre elles, sous forme de système, correspond à une éthique ;
celle-ci donne sens et cohérence aux valeurs qui s’y rattachent (sauvé, Villemagne, 2006).
Une valeur (come la démocratie ou le développement durable) ne prend son sens qu’en
fonction du champ éthique dans lequel elle s’inscrit. Parmi les valeurs sont retrouvées les
valeurs d’ordre fondamental, correspondant à des buts, à atteindre (par exemple,
l’équilibre écologique), et des valeurs d’ordre instrumental destinées à l’atteinte de ces
buts (comme la responsabilité). Il y a également les valeurs abstraites (la solidarité) et les
valeurs correspondant à des objets et également des valeurs qui sont intrinsèques (la
nature ou le patrimoine architectural). Une valeur est une croyance durable (Rokach,
1979), un mode spécifique de conduite ou d’état final d’existence qui est personnellement
ou socialement préférable à un autre mode de comportement ou but de l’existence opposé
ou convergent. Un système de valeur est une organisation durable de croyances
concernant les modes souhaitables de conduite et les conceptions de l’existence.
Traditionnellement, le concept de valeur est utilisé de deux manières distinctes, soit il est
question de valeur que possèdent les objets, soit ce sont celles que possèdent les
personnes. Se rapportant aux propos d’Audigier (1999), il est inutile de s’attacher à
déterminer une liste bien établie et cohérente de valeurs, puisque dans toute situation, dès
qu’il faut prendre une décision, l’individu est aux prises avec des valeurs en contradictions
les unes avec les autres. Mais elles se définissent comme un point de vue à partir duquel
l’individu évalue, au sens fort du terme évaluer (porter un jugement sur la valeur ou
estimer, priser) les actions sociales ; les comportements, voire les opinions.
Ainsi, elles sont à la base de toute activité, de tout désir de disposer d’un moyen capable
de prévenir ou de faire cesser une sensation pénible, de provoquer, de conserver ou
d’accroître une sensation agréable. Si l’on admet cela, le constat peut être fait de
l’existence d’un certain nombre de principes cardinaux encadrant l’action du
fonctionnaire. Chaque fonctionnaire est ainsi amené à se référer à des orientations
d’ensemble, à des principes directeurs qui donnent sens aux règles et aux prescriptions.
Ceci étant, ils sont alors l’instrument de la cohésion d’ensemble de l’action publique.
3.4.2.1. L’égalité
Parmi les premiers principes généraux du droit, l’égalité est, avec la liberté, l’un des
principes à valeur constitutionnelle, dans certains pays. En droit, le principe signifiera que
l’on doit mettre en œuvre un droit favorisant un égal accès au service public et respectant
un traitement égal devant le service public, et d’autre part, le principe implique que le
service public doit aller à la rencontre de certains usagers et prendre en considération leurs
différences, et dans la pratique, le principe signifiera contribuer à l’égalité des chances.
Dans les deux cas, les obligations des agents de l’administration seront différentes.
On sait désormais que selon la jurisprudence, le droit d’accès n’implique pas que les
conditions d’utilisation du service soient identiques pour l’ensemble des candidats
usagers.
Par exemple, un responsable d’établissement scolaire doit certainement toujours se
demander si les élèves sont traités selon leurs besoins55. Le principe d’égalité doit aussi
guider cette mission. Il est une valeur, dans le sens utilisé par Taine, un principe d’action
partagée, une référence commune. Les actes administratifs ne peuvent être motivés par
des considérations partiales, et dans l’exercice de leur profession les fonctionnaires ne
peuvent être partiaux. Selon Littré, l’impartialité désigne la qualité ou le comportement de
celui qui s’abstient de prendre parti pour l’un plutôt que pour l’autre. Elle se caractérise
donc à la fois par un souci d’objectivité et par l’idée de neutralité. Le fonctionnaire a
souvent intérêt à se demander s’il a un intérêt personnel à l’affaire qu’il traite. Lorsqu’il
exprime une animosité personnelle à l’égard du destinataire de l’acte, il est partial. Le
principe de neutralité protège efficacement les agents publics. Dès l’instant où il implique
la non-discrimination (races, convictions politiques, religieuses), il se fond dans celui
d’égalité. Il exerce avant tout à l’égard des usagers qui sont en droit d’attendre d’un agent
public qu’il fasse preuve de neutralité politique, religieuse et commerciale.
II.4.2.2. La continuité
La continuité est aussi un principe à valeur professionnelle soutenu par l’idée selon
laquelle le service ne s’interrompt pas, sous réserve de l’exercice du droit de grève, lui-
même principe à valeur acquise. La continuité est le fonctionnement ponctuel et régulier
du service public, qui s’apprécie par rapport à l’objet du service. Elle sous-tend un
ensemble d’obligations professionnelles : obligation d’assurer à titre exclusif et personnel
sa fonction, obligation d’assurer le libre accès au service public, etc.
La déontologie du fonctionnaire consiste aussi à veiller à offrir aux usagers le meilleur
service possible. La gestion des attentes, le vouvoiement et l’amabilité, la lisibilité des
imprimés sont des indicateurs de la considération portée à l’usager et à son origine sociale
et culturelle. La qualité de l’accueil dépend très largement de la compétence des agents
préposés à cette fonction. Ceux-ci doivent être capables d’orienter les usagers, ce qui
55
CAA. Bordeaux, 10 juin 2003, M.C. Cl. Min. de l’Éducation nationale, req. N° 01BX02273. Ce qui
commence à être remis en cause : CAA Versailles, 17 févr. 2005, Parents de M. et J. req. N° 03VE02976
Ceci étant, l’éthique des vertus est ancienne. Elle naît de la rencontre entre morale
antique, notamment aristotélicienne et stoïcienne et de la sagesse biblique. La théorie des
verts s’articule autour de 4 vertus cardinales : la prudence, la force ou le courage, la
justice et la tempérance. C’est au XIIIème siècle, sous l’influence des ordres chrétiens
(Dominicains et Franciscains) que cette formule définitive des vertus cardinales voit le
jour.
3.4.3.1.1La prudence
La vertu de la prudence a un sens différent en moral. Elle n’a pas le sens que le commun
des mortels lui donne. Elle est la vertu principale par le fait qu’elle est la mise en pratique
Autrement dit, la prudence est une attitude d’esprit de celui qui, réfléchissant à la portée et
aux conséquences de ses actes, prend ses dispositions pour éviter des erreurs, des
malheurs possibles, s’abstient de tout ce qu’il croit pouvoir être source de dommage.
Ainsi, la personne sait analyser une situation et prévoir les conséquences de ses actes. Elle
sait agir en tenant compte de la réalité du caractère des partenaires et elle peut opposer un
refus ou montrer un désaccord sans humilier, encouragé sans flatter, enseigner sans
pontifier. C’est pour cette raison que l’on dit, d’ailleurs, d’elle comme étant la vertu qui
sait faire progresser avec courage mais sans présomption, et choisit suivant les cas le pas à
pas ou l’intervention incisive.
La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve
et les persécutions. Elle dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice de sa vie pour
défendre une juste cause. Il faut dans ce cas d’espèces, dire que la tradition chrétienne fait
une distinction. La foi est toujours un acte libre et ne doit jamais être imposée par une
quelconque force morale ou physique. Le concile Vatican II a largement insisté sur la
nécessité de respecter la liberté des consciences. La Bible et les chrétiens ne condamnent
pour autant la force qu’au service de l’injustice et du mensonge : ils condamnent aussi la
vengeance personnelle : « Ne vous faites pas justice vous-mêmes » (Rm 12, 19).
3.3.1.3 La tempérance
Ce mot d’origine latine temperatia, temperare n’est rien d’autre qu’une modération de
tous les plaisirs des sens : modération dans le boire et dans le manger, etc. Il s’agit
nettement d’une continence ou d’une frugalité ou encore d’une sobriété d’autant plus que
de par son origine, le concept veut déjà signifier garder la mesure, c’est-à-dire l’équilibre.
Elle est le fruit de la présence de l’Esprit Saint dans le cœur de l’homme, affirme St Paul
(Gal 5, 22-23). La vertu cardinale de la tempérance canalise les dérèglements. Elle assure
la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de
l’honnêteté. La personne tempérante oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une
saine discrétion et ne se laisse pas entraîner pour suivre les passions négatives de son
cœur.
L’intempérance peut revêtir bien des formes actuellement : trop d’alcool, trop de travail,
trop de voyages, trop de responsabilités, trop de plaisirs tuent la vie spirituelle et la vie
sociale. Très souvent il n’est parlé de la tempérance qu’à propos de l’alcool : les Anglo-
saxons ont lancé beaucoup de sociétés de tempérance qui, en leur temps, militaient pour la
3.3.1.4 La justice
La justice comme prise de conscience et de considération du comportement avec autrui.
Pour Socrate, autrui, philosophiquement, est à la fois « un autre moi » et « un autre que
moi ». Car l’autre est tout ce qui n’est pas moi (un objet, un animal, un homme, etc). Or
autrui désigne l’autre en tant que personne humaine, alter ego, c’est-à-dire un autre que
moi-même capable de recevoir ce qui lui revient, le respect de ses droits et avec lequel on
rétablit dans les relations humaines l’harmonie qui promeut l’équité à son égard et à
l’égard du bien commun. En terme platonicien, autrui entrelace le même et l’autre ; c’est-
à-dire tout à la fois autre que moi et identique à moi parce que homme parmi les hommes
dans leur ensemble et non une chose parmi les choses. Si l’on reconnait ainsi, point la
tentation de le dominer ou d’être injuste à son endroit. La justice comporte ainsi une
dimension économique (le sens du partage), une dimension sociale (respect du droit) et
une dimension politique (égalité de tous).
La justice est une exigence fondamentale, pour tout homme. Pour les chrétiens surtout, il
s’agit d’une obligation d’ordre de la foi puisque cette dernière reconnaît en Dieu le juste
juge qui ne condamne pas mais rend juste en pardonnant. Jamais, dans leur histoire, ils
n’ont autant réfléchi qu’aujourd’hui à la justice, puisque jamais les causes d’injustices
n’ont été aussi nombreuses. Les remèdes proposés à cette situation sont, bien entendu,
ceux du développement, le nouveau nom de la paix selon Paul VI. Il s’agit ici du
développement collectif et personnel comme lieu d’établissement et du respect des lois
qui protègent les pauvres ; mais c’est aussi la dénonciation, par les chrétiens, des
injustices : « Ce qui suppose que l’Église sache se remettre en cause elle-même : il faut
donc examiner avec soin les procédures, les possessions et le style de vie de l’Église »
(Synode des évêques, Rome, 1971). Ayant la responsabilité de protéger toute forme de vie
et la nature comme étant des créatures de Dieu, l’Église doit se refuser de se concentrer
uniquement sur la croissance économique en plaçant en priorité le profit et l’efficacité.
Elle doit se soucier d’abord de la justice pour retrouver le vrai visage du Dieu juste,
l’annoncer et le faire découvrir à tout homme.
Il est cependant indéniable que toute son action tende, en ce domaine, à promouvoir la
concertation et l’entraide internationales, mais faut-il encore que cette entraide appelle la
contribution à des fonds de développement et qu’elle soit fondée sur la reconnaissance des
droits de l’homme et du respect, de la volonté d’accueillir toutes cultures humaines. Lors
de la journée de la paix, le 1er janvier 1990, Jean Paul II s’adressait ainsi au monde : « Il
n’est pas juste qu’un petit nombre de privilégiés continuent à accumuler des biens
superflus en dilapidant les ressources disponibles (…) C’est maintenant l’ampleur
dramatique du désordre écologique qui nous enseigne à quel point la cupidité et
l’égoïsme, individuels et collectifs, sont contraires à l’ordre de la création dans lequel est
inscrite également l’interdépendance mutuelle. » Il s’agit ici de la question de justice aussi
bien entre les hommes que dans leur relation avec le cosmos qu’il doive sauvegarder. Car
l’injustice économique surtout, s’il n’est pas combattu et dépassé par l’action sociale,
favorise la concentration des richesses, de la puissance, du pouvoir de décision entre les
Introduction
L’éthique journalistique, par exemple, condamne tout journaliste recevant de l’argent pour
publier une information tendancieuse en faveur d’une certaine personne, organisation ou
société. Dans un monde qui va très vite, il faut que le journaliste ait le courage de vérifier
ses sources, de prendre du recul, le temps de s’assurer de ce qu’il dit ou écrit. Dans le
monde des affaires, par ailleurs, l’éthique établie qu’un vendeur ne peut pas réaliser des
transactions hors du contexte de la société pour laquelle il travaille en tant qu’employé.
Telle est la disposition de l’esprit, la recherche du bon, du juste, de l’équité que doit avoir
l’employé comme authenticité même de son éthique mais aussi comme déontologie
professionnelle se traduisant en règles obligatoires.
56
Cf. L’éthique est un des 11 facteurs d’intelligence économique selon le modèle de l’AFDIE.
57
Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises, une association loi de 1901 fondée en 1970. Ses
membres partagent leurs expériences au sein de groupes de travail afin de faire émerger les meilleures
pratiques.
58
C’est l’un des syndicats professionnels français de l’industrie du numérique.
59
« Principes déontologiques relatifs à l’usage de l’outil informatique à l’université de nouer » Cf.
http//www.Unamur.be/organes/Cade/Principes (page web consultée le 22/05/2018)
60
« Un ordre des informaticiens du Congo en gestation » dans le phare du 3 novembre 2014.
61
Art. cit
62
OFFICE DES PROFESSION DU QUEBEC, Avis sur l’opportunité de constituer les informaticiens et
informaticiennes en ordre professionnel, Québec, mars 1997, P.9
63
Ib.
Subdivisée en treize parties, seules les trois premières (Principes et définitions, conditions
de licéité des traitements des données à caractère personnel, commission nationale de
l’informatique et des libertés) concernent directement les particuliers. La LIL inscrit, dès
l’article premier, l’informatique dans le cadre des droits de l’homme en ces termes :
Article 1. L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit
s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte à
l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés
individuelles ou publiques.
Dès le second article, elle définit son cadre, s’adressant au plus grand nombre.
Article 2. […] Constitue une donnée à caractère personnel toute information relative à
une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement,
par référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont
propres.
Constitue un traitement de données à caractère personnel toute opération ou tout
ensemble d’opérations portant sur de telles données, quel que soit le procédé utilisé, et
notamment la collecte, l’enregistrement, l’organisation, la conservation, l’adaptation ou la
modification, l’extraction, la consultation, l’utilisation, la communication par
transmission, diffusion ou toute autre forme de mise à disposition, le rapprochement ou
l’interconnexion, ainsi que le verrouillage, l’effacement ou la destruction.
Article 6 : un traitement ne peut porter que sur des données à caractère personnel qui
satisfont aux conditions suivantes :
1. Les données sont collectées et traitées de manière loyale et licite ;
Cette démarche fut l’instigateur des législations européennes mises en place dans les dix
pays de la communauté en 1981, inspirant la Convention du Conseil de l’Europe sur la
protection des données (1981) et les Lignes directives pour la réglementation des fichiers
des données personnelles automatisées (1990). La France sera la dernière à transposer en
2004 une directive européenne de 1995, qui modifie profondément la loi, en remplaçant
notamment le terme d’ « informations nominatives » par « données à caractère
personnel », en donnant à l’article 2 une définition de ces dernières afin d’éviter les
interprétations douteuses de cette notion et d’englober le plus de situations possibles. En
outre, la Loi Informatique et Libertés s’est rapprochée des nouvelles technologies de
l’information en définissant les conditions exactes de licéité des traitements de données à
caractère personnel.
Il est très important de remarquer que les législateurs, qui n’avaient pour ambition que de
reconnaître de nouveaux droits aux citoyens à l’égard des grands systèmes centralisés
d’information, dont les administrations commençaient à se doter, ne pouvaient ne serait-ce
qu’imaginer le développement d’internet. Toutefois, ils ont réussi à créer une « loi
monument », pilier de la législation électronique.
La loi de 1978 a été aussi modifiée par la loi du 6 août 2004 afin de transposer en droit
français les dispositions de la directive 95/46/CE sur la protection des données
personnelles.
64
Nous allons nous inspirer abondamment de la charte de déontologie du service informatique. CF. www.univ-
tlse2.fr (page web consultée le 05/06/2018)
65
Code de déontologie des techniciens des secteurs de l’informatique, du génie électrique. Cf.
www.workspace.unpam.org/sitesinternet/documents/UNPANO.33437.pdf (page web consultée le 25/05/2018)
66
« PRISM (programme de surveillance » Cf. http//fr.wikipedia.org/org/voiri/prism/
67
Art. Cit.
68
Art. Cit.
69
Art. Cit.
70
C. COSTIL, « Edward Snowden, traitre ou défenseur des droits de l’homme » dans économie-société du 7 juin
2017
71
E. PELLEGRENI : « Ethique et la révolution numérique » Cf. http/www.avril.org:ethique-et-revolution (page
web consultée le 25/05/2018)
72
Nous nous inspirons de l’article lumineux d’Evan LEBASTARS » Mark Zuckerberg et les données personnelles :
quinze années d’excuses » dans France culture. fr