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i

UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT PRIVE ET JUDICIAIRE

LA REPARATION DU PREJUDIDCE DANS LA RESPONSABILITE


CIVILE DE PLEIN DROIT : REGARD RETROSPECTIF SUR
L’INNDEMNISATION DES VICTIMES DU DRAME DE MATADI
KIBALA.

Par
TRESOR ABEDI
Gradué en droit

Mémoire présenté et défendu en vue de


l’obtention du titre de licencié en droit.

Directeur : Pascal MUTEBA TSHIMANGA


Professeur

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2021-2022


I

EPIGRAPHE

« Il faut réparer le mal, faire qu'il semble n'avoir été qu'un rêve ».1

1
J. CARNONNIER, Droit civil les obligations, Paris, PUF, 2004, n°1114, p.2253.
II

IN MEMORIAM

ABEDI SHINDANO et MAYANI ZAHABU, chers grands-parents bien aimés,


votre amour pour les siens, vous ont amené à faire le plus grand sacrifice au péril de votre vie !

Jamais nous ne vous oublierons ! Reposez-vous en paix.

Trésor ABEDI
III

DEDICACE

À MALIKI ASHURA Esther, aimable grande soeur.

À ZAINABO SAFI, ma tendre mère.


IV

AVANT-PROPOS
L'auteur tient à exprimer ses chaleureux remerciements à ceux qui, de près tout
comme de loin, l'ont aidé à mener comme il se doit la réalisation de ce mémoire.

Mr le professeur MUTEBA TSHIMANGA PASCAL

Mr l'assistant LUKUSA MUKENDI Lévi

Mr l'assistant KALALA MUKUNA Henock

Mmes et Mrs

BATSHISIMA MASAU Simon

BUKASA KITENGE GHINO

JOWARI ABEDI dada

LABU Marie

LABU Niclette

MALAMBA Édouard

MALIKI Desmond

MUJALIWA Alfred

NDAYA KAZADI Charcky

NDILU ZUZE Prescillia

SADALA Saleh

TONDO Christophe

Ainsi qu'à madame Merveille BIEKOKA, qui en avait assuré la mise en page.
V

LISTE DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS


A.D.F : Administrateur Directeur Financier
A.D.G : Administrateur Directeur Général
A.D.G.A : Administrateur Directeur Général Adjoint
A.D.T : Administrateur directeur technique
Art : article
C.C.C : Code Civil Congolais
C.S.J : Cour Suprême de Justice
Ibidem : même auteur, même endroit
Idem : même auteur
Inst : instance
J.J : Journal de Jurisprudence
Kin : Kinshasa
L.G.D.J : Librairie Général de Droit et de Jurisprudence
n° : numéro
O.C.J : Organisation et Compétence Judiciaire
Op.cit : précité (ouvrage déjà cité)
p : page
p.p : pages
P.U.C : Presse Universitaire du Congo
P.U.G : Presse Universitaire de Grenoble
P.U.Z : Presse Universitaire du Zaïre (RDC)
PUF : Presse Universitaire de France
R.A.D : Revue de Droit Africain
R.D.C : République Démocratique du Congo
R.J.Z : Revue Juridique du Zaïre (RDC)
S : Suivant
S.A : Société Anonyme
S.l.n.d : Sine loco none data
S.N.E.L : Société Nationale d'électricité
T.G.I : Tribunal de Grande Instance
UNIKIN : Université de Kinshasa
UNIKIS : Universitaire de Kisangani
1

O. INTRODUCTION
La philosophie de la responsabilité civile est civile est bien particulière. Déjà à
partir de 1804, l'institution est présentée sous un aspect répressif déterminant, la solution est
présentée par l'article 1382 du code civil français (l'équivalent de l'article 258 du code civil
congolais, livre 3) et a pour finalité de sanctionner le comportement fautif2. Le principe étant
ainsi présenté en ces termes: “tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage,
oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer”3. D'où, chacun n'est responsable que
pour son fait personnel et la réparation ne peut être demandée qu'à son auteur. Conscient que le
dommage n'a probablement pas pour source unique, le fait de l'homme, les choses peuvent être
également sources d'innombrables dommages qui nécessitent d'être réparé. C'est ainsi que le
principe de la responsabilité pour fait personnel connait une dérogation avec le mécanisme de
la responsabilité pour fait des choses, dans lequel une personne est appelée réparer le dommage
dont la source est le fait d'une chose4; les rédacteurs du code code Napoléon proposèrent l'article
1384 pour les dommages qui peuvent résulter du fait d'une chose.
L'article 1384 était, à l'origine, envisagé uniquement comme une annonce des
régimes spéciaux prévues aux articles 1385 et 1386 (les alinéas 2 et 3 portant sur l'incendie
d'une chose n'ont été ajoutés qu'en 1922). Il fallait alors considérer qu'il n'éxistait pas de principe
général de la responsabilité du fait des choses. Par conséquent, la victime d'un dommage causé
par une chose ne pouvait obtenir réparation en prouvant une faute à l'origine du dommage5.
À l'heure du machisme, les dommages deviennent de plus en plus croisants et le
nombre d'accidents causés par le fait des choses notamment en matière du travail connait une
ascension fulgurante. Le besoin indemnitaire se faisant ainsi ressenti avec acuité, dans la mesure
où il n'était pas toujours facile de découvrir une faute à l'origine du dommage. Pendant ce temps,
les victimes se trouvèrent dépourvues de reparation6.
Face à cette situation, certains auteurs ont défendu l'idée que l'alinéa 1 de l'article
1384 du code Napoléon annonçait un principe général de la responsabilité du gardien de la
chose en cas de dommage causé par une chose, sans qu'il soit nécessaire de trouver une faute7.
Cet alinéa 1 de l'article 138

2
B.O KALONGO MBIKAYI., Droit civil : les obligations, tome 1, éditions universitaires africaines, Kinshasa,
2012, p.209.
3
Décret du 30 juillet 1888 portant contrats ou obligations contractuelles, art.258.
4
Lire H.L.J MAZEAUD et F.CHABAS., Leçons de droit civil, tome 2, V.I, obligations, montchrestien, neuvième
ed., 1998, n°425.
5
A.D. PEYRUSSE., Droit civil : les obligations, tome 1, CNFPT, p.178.
6
Ibidem.
7
Ibidem.
2

4 du code Napoléon établirait une présomption de responsabilité à l'égard du


gardien d'une chose, qui se justifie à la fois par la faute et par le risque.
En effet, si une chose cause dommage, cela peut laisser supposer que le gardien
a commis une faute et c'est alors la faute qui peut justifier l'engagement de la responsabilité8.
Cette philosophie de la responsabilité de l'article 1384 alinéa 1 du code civil
français est affermit par l'influence de Saleilles en France et de Laurent en Belgique9, conduisit
à une nouvelle interprétation de l'article 1384 alinéa 1 du code civil français, en vertu de
laquelle cet article augure dans notre droit une responsabilité du fait des choses.
L'article 260 alinéa 1 du code civil livre III a consacré lui aussi la
responsabilité civile pour fait des choses en droit positif congolais est une reproduction quasi
parfaite, quasi fidèle de l'art 1384 du code civil français: “on est responsable non seulement du
dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.” Cet article a été dépuis
des années, sous le régime de Napoléon, d'application en Belgique. C'est l'héritage du droit
français reçu par l'entremise de la Belgique pendant la période coloniale à l'instar de toutes les
autres dispositions du code civil livre III.
C'est de ce contexte historico-évolutif du droit de la responsabilité civile
délictuelle que nous nous contentons de traiter notre thème portant sur la réparation du préjudice
dans la responsabilité civile de plein droit: regard rétrospectif sur l'indemnisation des victimes
du drame de Matadi kibala.

1.1. PROBLÉMATIQUE
Toute conception de la recherche procède normalement par l'existence d'un
problème, lequel mérite des interrogations auxquelles le chercheur se pose [...] la
problématique10 est l'ensemble des questions posées dans un domaine de la science en vue de
chercher des solutions qui s'imposent. Elle est également entendue comme l'interrogation d'un
sujet donné avec des questions pertinentes qui forment le débat, elle suscite un raisonnement,
elle mène à d'autres questionnements: C'est l'art de poser les bonnes questions11.

8
A.D. PEYRUSSE., Op.cit., p.178.
9
Auteurs cités par le professeur PHILIPPE LE TOURNEAU dans son ouvrage qui s'intitule “la responsabilité
civile”.
10
SYLVAIN SHOMBA cité par SAMAS MAKUNGU LUKINA., Mimétisme institutionnel en République
Démocratique du Congo : analyse critique et perspectives d’avenir, mémoire de licence, faculté des sciences
politiques et administratives, unikin, 2021-2022, p.4
11
E. MWANZO idin'AMINYE et K.LUKUSA Carlos., Cours de méthodologie juridique : instruments de
recherche, rédaction scientifique, dissertation juridique, unikin 2018-2019, p.84.
3

En effet, en République Démocratique du Congo, la production, le transport et


la commercialisation de l'énergie électrique sont assurés par la Société Nationale d'électricité
(Snel S.A), qui est créé par l'ordonnance loi n°70/003 du 16 mai 1970, et est transformée depuis
2008 en société commerciale dotée de la personnalité juridique12.
En effet, la présence du courant électrique en RDC en général et de la ville
province de Kinshasa en particulier a une importance qui n'est pas à démontrer. La quasi-totalité
de l'activité de la population a un lien direct avec le courant électrique, tout se fait grâce à la
présence du courant. La coupure temporaire du courant a toujours plongé la population dans un
état de profond regret jusqu'à ce que certaines personnes vont même plus loin en liant ce
problème à la défaillance de l'État face à la satisfaction d'un besoin d'intérêt général en
électricité.
Avec le courant électrique on peut facilement charger son téléphone, repasser
ses habits, conserver les aliments dans le réfrigérateur, préparer la nourriture au réchaud,
regarder le football et suivre les informations à la télé, etc. Tout cela démontre que l'homme ne
peut pas vivre sans la présence du courant électrique.
De la production en passant par le transport jusqu'à sa commercialisation,
l'énergie électrique représente un danger imminent et permanent a côté de la population dans la
mesure où elle est susceptible de causer le dommage à n'importe quel moment lorsque les
utilisateurs ou tout simplement la population qui habite le lieu de leur passage n'arrive pas à
prendre de précaution pour essayer de prévenir toute conséquence dommageable.
Conscients du danger qui qui guettait la population, les ministres des travaux
publics et son homologue des affaires foncières, aménagement du territoire, urbanisme et
habitat prirent en concert l'arrêté n°0021 du 29 octobre 1993 portant application sur la
réglementation des servitudes, qui demeure jusqu'à ce jour en vigueur.
Cet arrêt cite parmi les servitudes les emprises des lignes de haute tension sur
une distance de 25 m de part et d'autre13. D'où, à partir de l'année 1993 toutes les emprises de
passage des lignes de haute tension étaient devenus des espaces non constructible et non
habitable vu le danger qu'il représente.
Malgré la présence de cet arrêté interministériel prohibant toute contribution ou
occupation des emprises sur lesquels les lignes à haute tension passent, la population continuait

12
KABANGE NTABALA., Droit des services et entreprises publiques et problématique de la transformation des
entreprises publiques en RDC: études monographies Sonas et Snel, publication de la faculté de droit des universités
du Congo, Kinshasa, p.244.
13
Arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993, art.1 point 4.
4

ou continue à occuper ces emprises, notamment celui celui de Matadi kibala, tout en ignorant
sensiblement le danger qu'elles représentent. Elle y construisit des habitations et un marché
pirate sur une zone non constructible et non habitable. Certaines de ces personnes prétendent
avoir acquis des titres de propriété sur ces espaces et les autres estimant que face au besoin en
manque d'un marché public, pouvaient utiliser cet espace qui, selon elles disponibles, afin de
faciliter leurs échanges commerciaux mais tout en ignorant sensiblement le danger qui les
guettait.
Après un certain moment de leur occupation du lieu, le malheur n'a pas hésité de
frapper à la porte un mois après que SEM Tshisekedi Tshilombo ait évoqué la question de la
délocalisation du marché de Matadi kibala compte tenu du danger qu'il représentait, à l'occasion
du conseil de ministres de janvier 2022. Hélas ! La proposition est resté comme telle sans être
matérialisé. Un mois après après ait été évoquée au conseil des ministres c'est-à-dire le 03
février 2022 un câble de haute tension s'est coupé par la foudre et est tombé en plein marché de
Matadi kibala et a causé la mort de 25 personnes et deux rescapés après avoir subis des atteintes
corporelles très grave14.
Face à cette situation scandaleuse et malheureuse dont la population est victime,
il importe de s'interroger:
1. À qui revient-il l'obligation d'indemniser les victimes du drame de Matadi kibala? Est-
ce au au gouvernement central entant qu'autorité publique de régulation, au
gouvernement provincial en tant que gestionnaire de la province de Kinshasa: lieu dans
lequel le drame s'est réalisé, ou tout simplement à la snel entant que société productrice,
transportatrice et commerçante de l'énergie électrique ?
2. Le drame ne pouvait- il pas être éviter?
3. Quelles possibilités le code civil, livre 3 offrait-il aux victimes afin de garantir leur
indemnisation ?
Ces questions constituent sans équivoque notre problématique et guideront les
moments clés de nos recherches.
1.2. INTERET DU SUJET
L'intérêt est la base, la clé et la plaque tournante de toute action, pas d'intérêt pas
d'action dit-on. Il est tout a fait logique de faire ressortir l'intérêt théorie, scientifique et pratique

14
Conférence de presse tenue conjointement entre le ministre des médias et porte-parole du gouvernement son
excellence Patrick Muyaya Katembwe, le directeur général de la Snel et le gouverneur de la ville province de
Kinshasa : bilan du drame, tenue le jeudi 03 février 2022.
5

de la question à traiter. Non seulement c'est un bon moyen d'animer le travail, mais c'est souvent
l'occasion de dégager les idées éclairant le sujet15.
0.2.1. Sur le plan théorique
Il importe de relever que sur le plan théorique que cette étude a pour intérêt le
mérite de mettre à la portée de la communauté scientifique et aux lecteurs en général des
données pertinentes sur la question de la réparation du préjudice dans la responsabilité civile de
plein droit, en ce qu'elle prend en compte les règles importantes prévues en la matière.
0.2.2 Sur le plan scientifique
Cette étude est un cadre privilégié rassemblant un nombre important des notions
dans diverses branches du droit, notamment le droit civil les obligations, le droit des assurances,
le droit de la sécurité sociale, le droit Administratif, le droit civil les biens. Il constitue un cadre
privilégié des connaissances juridiques dans lequel les chercheurs en droit pourront s'en servir
dans le cadre de leur recherche scientifique. Cette étude est en réalité une véritable contribution
scientifique sur un thème éloquent, sur lequel il était nécessaire face aux impératifs de la société,
une telle architecture littéraire et juridique puisse en fournir les grandes lignes indicatrices de
solution aux problèmes dont la société fait face.
0.2.3 Sur le plan pratique
S'agissant de l'intérêt que présente cette étude sur le plan pratique, elle est un
instrument important mis à la portée des praticiens de droit notamment aux juges, avocats, les
étudiants en droit etc...afin de leur permettre de mettre en pratique toutes les règles que nous
avons annoncé afin de permettre aux victimes d'être rétablies plus rapidement que possible dans
leur droit après survenance du dommage.

1.3. DÉLIMITATION DU SUJET


La production des données (que l'on appelle observations au sens large) est la
phase de la recherche qui vise à rassembler des données. En soit, cette phase de la recherche est
la plus susceptible d'être infinie, si le champ d'analyse n'a pas été limité ou si l'on a pas construit
un appareillage économique permettant de distinguer les données utiles de celles qui sont
impertinentes pour la recherché 16 . Comme nous aurons l'occasion de le développer, selon
Gaston Bachelard cité par Raymond Quivy et Luc Van Campernoudt, “le fait scientifique est

15
E.MWANZO Idin'AMINYE et L.KALOMBO Carlos., Op.cit., p.82.
16
Raoul KIENGE-KIENGE INTUDI., Initiation à la recherche scientifique, 2009-2010, unikin, p.7.
6

conquis”, construit et constaté : il est construit sur les préjugés, conquis par la raison et constaté
dans le fait17.
Comme on peut s'en rendre compte, le domaine de responsabilité est vaste.
Cependant, comme l'indique l'intitulé du présent travail, nous nous limiterons à l'examen de la
responsabilité civile pour fait des choses.
Nonobstant que nous avons recouru de temps en temps aux solutions apportées
par les droits français et belge, notre champ spatio-temporel est celui de la République
Démocratique du Congo depuis 1993, date à partir de la quelle les emprises des lignes haute
tension étaient officiellement des espaces non constructible frappés de servitudes de non
aedificandi par l'arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993.

1.4.MÉTHODOLOGIE
0.4.1. Méthodes
Il est évident que le point de départ de tout édifice scientifique est constitué
de sources formelles de droit. Nul ne peut en effet prétendre faire une œuvre juridique en
ignorant le postulat essentiel suggéré par le professeur Vittolo Villa pour qui, tout opérateur
juridique doit connaître les paradigmes du droit positif18.
La méthode 19 est définit comme une démarche organisée et rationnelle de
l'esprit pour arriver à un certain résultat. La méthode est également définie par plusieurs auteurs
comme un ensemble des connaissances définies et qui sont utilisées en vue de développer la
connaissance scientifique des phénomènes humains, sociaux20…
Eu égard à la sagacité et la complexité que présente l'analyse des mécanismes
de de réparation du préjudice de la responsabilité civile de plein droit, nous optons de faire
usage à une approche plus ou moins pluridisciplinaire à la fois historique, exégétique, et
comparative.
D'abord la méthode historique: la méthode juridique n'a d'efficacité si elle est
complétée par la méthode historique dans son approche diachronique. Montesquieu21 écrivait,
il faut “éclairer les lois par l'histoire et l'histoire par des lois”.

17
RAYMOND QUIVY et VAN CAMPENHOUDT., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunold,
1995, p.14.
18
VITTORIO VILLA., La science : entre descriptivisme et constructivisme, PUF, Paris, p.284.
19
Le dictionnaire français Larousse (petit)., Malesherbes, 2015, p.267, SV, méthode.
20
E.MWANZO Idin'AMINYE et L.KALOMBO Carlos, Op.cit., p.86.
21
MONTESQUIEU, L'esprit des lois, 1748, livre 30,1.
7

En effet, dans le cadre de cette étude la dialectique historique nous a permis


d'appréhender l'historicité de la responsabilité civile, son évolution dans le temps jusqu'à la
consécration dans notre droit.
Ensuite la méthode exégétique: la méthode exégétique a été à l'honneur dans la
doctrine et la jurisprudence au lendemain du code Napoléon et pendant la grande partie du 19e
siècle22. Elle repose sur le culte de la loi. Il s'agit d'interpréter le texte en se demandant quelle
a été la volonté du législateur, elle repose sur un attachement au texte23.
En effet, cette méthode s'est avérée utile dans la mesure où elle a permis
d'analyser scrupuleusement la documentation ayant une connexité avec notre thème, mais
également il a été question d'analyser quelques décisions de justice en matière de réparation de
préjudice causé par mes installations de la Snel S.A.
Enfin, nous avons utilisé la méthode comparative: Depuis longtemps déjà, il s'est
posé la question suivante: peut-on, en étudiant une matière juridique quelconque, se limiter à
un pays où est-il utile de recourir à la collaboration international ? Faut-il, en élaborant un droit,
en l'applicant, en en faisant une étude théorique, utiliser ou tout au moins connaître et prendre
en considération les autres droits ? Et, si l'on répond affirmativement à cette question, quel est
le meilleur moyen pour y parvenir ? Il faut recourir au droit compare24.
Le droit comparé peut dès lors être défini comme une méthode (mais aussi
comme science) qui a pour objet de comparer les systèmes juridiques de différents pays afin de
dégager les ressemblances et les différences. Il exige donc que les droits soient étudiés de la
même manière, sans préjuger de la supériorité de l'un sur l'autre25.
Se faisant, convaincu qu'à ce jour que le droit comparé est devenu un fait général,
il nous a permis dans le cadre de cette étude de recourir à la comparaison du système juridique
congolaise avec ceux français et Belges dans certains aspects abordés dans ce présent travail.
Elle vous a permis d'avoir une vue beaucoup plus globalisante et étayée de notre thème en
essayant d'appréhender quelques avancées majeures du droit étranger en matière de
responsabilité délictuelle.
0.4.2. Techniques
Une technique de recherché26 peut être définie comme tout moyen qui permet au
chercheur d'acquérir et de traiter les données dont il a besoin afin de comprendre et d'expliquer

22
E.MWANZO Idin'AMINYE et L.KALOMBO Carlos., Op.cit., p.85.
23
Ibidem.
24
Ibidem.
25 Idem, Op.cit., p.89.
26 Idem, Op.cit., p.90.
8

un phénomène ou un sujet d'étude. Elle est donc un ensemble d'outils mis à la disposition de la
recherche et implique donc une manipulation matérielle, des procédés de collecte des données
adaptées à l'objet de la recherche, à l'objectif de la recherche et à la méthode de recherche.
Pour ce faire, nous avons utilisé la technique documentaire. Par document, il
faille entendre toute source qui permet d'appréhender les informations sur un phénomène donné
ou un fait, il peut s'agir par exemple par exemple d'un document écrit, une observation, un
entretien27.
Dans le cadre de la présente étude, nous avons utilisé la technique documentaire
en ce qu'elle nous a permis de prendre connaissance de la littérature disponible ; l'interview qui
nous a permis d'entrer en contact avec quelques personnes ayants des informations nécessaires
susceptibles de nous permettre d'avoir une vue d'ensemble du thème que nous traitons ; nous
avons également récolté les données via les différentes émissions organisées qui avait consacré
le drame comme leur principal thème, mais aussi nous avons également collecté les données
des conférences portant sur le drame de Matadi kibala.

1.5. PLAN SOMMAIRE


Pour mieux cerner la pertinence de notre thème, trois chapitres sont abordés :
1. Le premier chapitre porte sur les généralités ;
2. Le second quant à lui aborde les conditions de mise en œuvre de la responsabilité
civile ( pour fait personnel et pour fait des choses en général);
3. Le troisième et le dernier traite de la mise en œuvre de la responsabilité de la SNEL
et de l’Etat congolais face au dommage causé par le cable haut tension à Matadi
Kibala.

27 OTEMIKONGO MATEFU cité par J.B NAGIFI NGANDAKWE., Des responsabilités pénales et civiles du
personnel soignant congolais ; cas de la ville de Kisangani, Travail de fin de cycle, faculté de droit, unikis, 2009,
p.4.
9

CHAPITRE 1. LES GENERALITES


Dans ce chapitre consacré à aux généralités, il sera question d'aborder tour à tour
les notions préliminaires de la responsabilité civile (section 1), les fondements et fonctions de
la responsabilité civile (section 2).

Section 1 : PRÉLIMINAIRE
Il sera abordé dans cette étude des notions préliminaires, la notion de la R.C (§1)
où il va s'agir de définir et de retracer l'histoire évolutive de la responsabilité civile ; in fine,
établir la distinction entre la responsabilité civile et les autres responsabilités voisines (§2).
§1. Notion de la responsabilité civile
A. Définition de la responsabilité civile
Quand une personne est victime d'un dommage qui l'atteint dans sa chair, dans
ses sentiments, ou dans ses biens, elle va chercher à en effacer les conséquences28. De ce point
de vue, la responsabilité civile peut-être définie comme toute obligation pour l'auteur d'un
dommage causé à autrui, de le réparer (2). Dans le même fil d'idées, V. Ladegaillerie la définie
dans son livre intitulé : « lexique des termes juridiques » comme étant une obligation de réparer
le préjudice résultant soit de l'inexécution d'un contrat, soit de la violation du devoir général de
ne causer aucun dommage à autrui par son fait personnel, ou des choses dont on a la garde, ou
du fait des personnes dont on répond[...]29. La responsabilité civile est définie au regard de son
effet caractéristique: elle fait naître l'obligation, pour le responsable, de réparer le dommage
qu'il a indûment causé à autrui. Ce dommage peut avoir deux origines différentes : tantôt, il
résulte de l'inexécution d'une obligation née d'une convention, en sorte que le responsable est
le débiteur défaillant et la victime son créancier ; le dommage a donc sa source dans un acte
juridique, plus précisément dans un contrat, et l'on parle, pour cette raison, de la responsabilité
contractuelle30. Tantôt le dommage est sans rapport avec l'exécution défectueuse d'un contrat ;
il procède alors d'un fait juridique. Si ce fait a été commis avec la volonté de causer le dommage,
on est en présence d'un délit civil; dans le cas contraire, il s'agit d'un quasi-delit civil. On parle
dès lors, de la R.C délictuelle (et quasi-delictuelle)31.
C'est de cette occurrence, se référant à son origine, le concept responsabilité
dérive du verbe latin « respondere » qui a pour signification se porter garant, s'assumer, la

28
S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Responsabilité délictuelle, PUG, 4e édition, 2015, p.6.
29
V. LADEGAILLERIE., Lexique des termes juridiques, 2018, p.138.
30
S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Op.cit., p.6.
31
Ibidem.
10

responsabilité à être tenu de ses actes 32 . Comme on peut déjà, dès lors l'apercevoir, cette
responsabilité de répondre de ses actes fait émaner soit de la conscience même de la personne
soit d'un texte de loi. On y déceler dans cette obligation, une condition essentielle de la liberté :
[...] Un individu irresponsable est un facteur de trouble et un être humainement diminué 33,
l'homme libre est tout homme qui a la conscience des conséquences de ses actes posés et de
répondre de la conséquence dommageable dont ses actes sont générateurs. La responsabilité
civile telle qu'elle vient d'être définie ci-haut renferme plusieurs objets auxquels elle poursuit
1. Objets de la responsabilité
La responsabilité n'a pas à proprement parler un objet unique, elle poursuit à
contrario des objets divers ; elle peut être morale avec comme but de sanctionner le for intérieur
de la conscience individuelle. Elle est aussi politique, responsabilité du gouvernement. Ellle est
une fois de plus administrative, la responsabilité de l'Administration publique. Elle est bien plus
encore civile et pénale, la responsabilité de l'auteur d'un fait dommageable et de l'auteur d'une
infraction34 etc...
Toutes ces formes de responsabilités font montre sans ambages que la
responsabilité a des objets divers. Par ailleurs, nous avons relevé soupra que la responsabilité
civile a 2 origines différentes (contractuelle ou délictuelle), c'est pour autant que cette
responsabilité civile demeure dualiste au regard du CCCL III.
2. Unité ou dualité de la responsabilité civile?
Pour tout un chacun, le droit de la responsabilité civile est dualiste; il est soit
d'essence contractuelle soit d'essence extra-contractuelle. C'est pourquoi le titre même de ce
point peut surprendre : « unité où dualité de la responsabilité civile »?. Le dualisme est là. Il
suffit d'ouvrir la plupart des ouvrages de responsabilités ou de droit des obligations pour
constater soit le titre même de l'ouvrage, soit dans le plan, soit dans le développement, qu'il y a
deux Responsabilités civiles: la responsabilité contractuelle et la responsabilité extra-
contractuelle, les auteurs contemporains préférant généralement cette dernière expression à
celle de la responsabilité délictuelle35.

32
P. MALAURIE, L. AYNES et M. STOFFEL cités par M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Réforme du
droit civil les obligations en RDC: mélange à la mémoire du Doyen B.O KALONGO MBIKAYI, Paris, Harmattan,
2020, p.213.
33
P.MALAURIE et L. AYNES., Les obligations, ed. Cujas, Paris, 1985, p.21.
34
Ibidem.
35
M. BACACHE GIBEILI., Responsabilité civile extra-contractuelle, 2e édition, economica, 2012 cité par
Benjamin moro-puech., Regards critiques sur la consécration du dualisme des responsabilités contractuelle et etra-
contractuelle, panthéon Assas, p.1.
11

Par ailleurs, la distinction de la responsabilité délictuelle et contractuelle est


indispensable à la compréhension de notre système juridique. Consacré formellement par les
articles 45, 258 à 262 du code civil livre 3. Elle oblige à envisager différemment les dommages
résultant de l'inexécution d'une obligation née d'un contrat (l'art 45 CCL III d'une part, et ceux
qui ont une origine extra-contractuelle d'autre les articles 258 à 262 CCL III).
Cependant, cette division ne remet pas en cause l'unité fondamentale de la
responsabilité civile au point d'ailleurs qu'un mouvement important de la doctrine la juge en
grande partie artificielle. À ce jour, en matière de responsabilité civile, lorsque on lis
attentivement le code civil, livre 3, l'on s'aperçoit sans ambages que le dualisme n'est pas évident.
La seule analyse correcte de cette source de droit est de dire que les rédacteurs du code civil
n'ont pas nettement perçu la question du monisme et du dualisme de la responsabilité civile et
qu'ils ont dont pas tranché cette question36. De ce fait, quelque soit la nature de la responsabilité
civile, on observe que la finalité poursuivie est identique, à savoir la réparation du dommage
subi par la victime. En plus, la structure de la responsabilité civile est constante, ainsi comme
en matière délictuelle la responsabilité exige un fait anormal (à l'origine de l'inexécution ou de
la mauvaise exécution d'une obligation résultant d'un contrat), un préjudice, un lien de causalité
entre l'un et l'autre. Et enfin, un pouvoir de contrôle qui détermine la sphère d'autorité du
débiteur responsable, s'agissant notamment des choses ou des préposés.
B. Approche historico-évolutive de la responsabilité civile
Le fait pour nous d'oser réfléchir sur l'approche historico-évolutive de la
responsabilité civile nous amène à considérer deux grandes périodes :
1. Avant le code civil
a. Dans les droits dits primitifs
Dans une approche historico-évolutive, si sommaire soit-elle, on constate à
l'origine est la vengeance privée: la victime d'un vol ou d'un meurtre se venge, par lui-même ou
par les siens, afin d'apaiser le mal qui l'a frappé [...] Alors la responsabilité est toute à la fois,
une réparation qui apporte un remède au mal et une punition37. Pendant cette période de la
vengeance privée, caractéristique des droits dits primitifs, la distinction entre responsabilité
civile et pénale n'existe pas, la peine et la réparation sont confondues. Par la suite, c'est institué
un système de composition dans lequel la victime obtient du coupable une somme qui est fixée
au gré des circonstances puis qui devient tarifée. Ce système de composition tarifiée est

36
FABIEN GIRARD DE BAROS., Responsabilité civile délictuelle ou contractuelle : la fin d'un monisme absolu?
In lettre juridique n°232 du 19 octobre 2006.
37
P. MALAURIE et L. AYNES Op.cit., p.21.
12

l'émanation des lois saliques qu'elles nommaient Welgheld qui, littéralement signifiait « le prix
du sang »38. Dans ce système, la victime était d'abord vengée puis indemnisée sans que l'on
puisse examiner la conduite de l'auteur du fait dommageable, c'est-à-dire que l'on considère
l'auteur comme coupable du seul fait que sa conduite a été préjudiciable à autrui.
Peu à peu, les lois dites germaniques énumèrent les différents délits en chiffrant
chacun le montant de réparation, c'est le système de la composition pécuniaire : un homme libre
vaut mieux qu'un esclave, un évêque plus qu'un homme libre, un franc plus qu'un romain.39
b. En droit romain
La séparation entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale commence
à se faire constater avec acquitté. Dans cette période, l'idée de la réparation prend du relief.
Ultérieurement, l'autorité sociale fixera une sorte des tarifs des compositions pécuniaires dues
à la victime ou à sa famille. Et puis, lorsque l'autorité de l'État s'est affirmée, peu à peu va
s'établir la distinction entre d'une part les peines infligées par l'État (corporelle ou pécuniaire),
et d'autre part, la réparation due à la victime (en nature ou en argent).
c. Dans l'ancien droit
Les traits primitifs de la responsabilité du droit romain connaissent une évolution
sous l'influence du droit canon et des concepts chrétiens. On arrive à une conception plus
subjective, on assiste à l'essor d'un principe de la responsabilité fondé sur la faute, qu'on doit à
l'émergence de DOMAT. L'idée de la faute devient dès lors essentielle. Le détachement de la
responsabilité civile et la responsabilité pénale, la responsabilité civile gagne son autonomie
par rapport à la responsabilité pénale40.
2. À l'époque du code civil41
À l'époque de l'élaboration du code civil Napoléon, actuel code civil français, 5
articles sont consacrés à la résponsabilité civile :
- L'article 1382 vise les délits
- L'article 1383 vise les quasi-delits c'est à dire les fautes non intentionnelles
- L'article 1384 vise la responsabilité du fait des choses et la responsabilité du fait d'autrui.

38
P. MALAURIE et L. AYNES., Op.cit., p.21.
39
Https:/www. Coursdedroit.net/cours de Responsabilité civile délictuelle. Consulté le 12 décembre 2022 à 2h17
min.
40
Https:/www. Coursdedroit.net/cours de Responsabilité civile délictuelle. Consulté le 12 décembre 2022 à 2h17
min.
41
Idem.
13

Puis les articles 1385 et 1386 visent respectivement la responsabilité de la ruine


des bâtiments et du fait des animaux.
Les rédacteurs du code avaient consacrés un principe général de la responsabilité
emprunté à DOMAT, principe de l'article 1382, l'équivalent de l'article 258 du CCCL III : « tout
fait quelconque de l'homme qui a causé un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé
à le réparer ». Les rédacteurs du code ont fait une place centrale à la notion de la faute, elle
s'explique par la volonté des rédacteurs du code de consacrer une règle universelle de justice
élémentaire, une règle morale laquelle celui qui commet une faute entraînant un dommage doit
réparation. C'est une conception de la responsabilité qui regarde le sujet du dommage et non
pas l'événement ou les circonstances.
§2. Distinction entre la responsabilité civile et les autres Responsabilités voisines
Dans ce paragraphe consacré à l'étude de la spécialité de la responsabilité civile
face aux autres responsabilités voisines, il va s'agir à proprement parler d'établir la différence
entre la la responsabilité civile et la responsabilité pénale (A), entre la responsabilité civile et
la responsabilité morale (B), entre la responsabilité civile et la responsabilité Administrative
(C); et enfin l'intérêt de distinction (D).
A. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale
La distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale peut être
décelée à plusieurs niveaux : tout d'abord au niveau de la définition de la RC qui est
« l'obligation de réparer le dommage causé à autrui »42. Alors que la responsabilité pénale est
l'obligation de répondre juridiquement des infractions pénales dans lesquelles on est impliqué
comme auteur, co-auteur ou complice43. Ensuite au niveau de la fonction; la fonction de la
responsabilité civile est celle de réparer un dommage causé par l'indemnisation de la victime
de ce dommage alors que la responsabilité pénale, ne répare pas le dommage causé à autrui par
l'indemnisation de la victime, elle vise plutôt à sanctionner quiconque violerait la loi pénale
(par commission ou par omission).
Enfin, au niveau de la faute; relevons que la responsabilité civile est dès lors
engagée lorsque l'on est en présence d'un préjudice, qu'il ait ou non la faute de son auteur. Alors
que la responsabilité pénale, elle trouve application aussitôt qu'il y a un texte légal. C'est cela
le principe de la légalité des délits et des peines <Nullum crimen, nulla poena sine lege> c'est à
dire la responsabilité pénale est engagée face à une violation de la loi pénale.

42
https:/ www. Coursdedroit.net/ différence entre la responsabilité pénale et administrative. Consulté le 12
décembre 2022 à 3h09 min.
43
Https:/ www.ooreka.fr/ Responsabilité pénale. Consulté le 15 décembre 2022 à minuit 57min.
14

Relevons in globo, dépuis l'époque contemporaine, aucun amalgame ne doit


plus être possible entre les deux responsabilités dont l'autonomie se manifeste à bien points de
vue. Leur objet est différent; l'une, la responsabilité civile se préoccupe exclusivement de
réparer un dommage causé à autrui (la victime), l'autre, la responsabilité pénale qui vise à
effacer, par le prononcé d'une sanction le trouble social produit par la commission d'un acte
pénalement illicite.
En conséquence, si le dommage se trouve au centre des débats sur la
responsabilité civile, il n'est pas en réalité une composante indispensable de la responsabilité
pénale; la tentative d'infraction est punissable. Cette différence d'objet explique les
particularismes de ces deux institutions.
B. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité morale
La responsabilité morale est la nécessité pour une personne de répondre de ses
intentions et de ses actes devant sa conscience44.
La responsabilité morale est considérée comme étant une valeur, d'un point de
vue éthique ou moral.
Comme on peut le faire remarquer, il ne s'agit là que d'un aspect particulier de
la distinction entre la responsabilité morale et la responsabilité civile. Certes, la responsabilité
civile apparaît comme la tradition d'une règle morale indiscutée, qui implique un devoir général
de ne pas faire mal à autrui. Mais la morale fondée sur les notions du bien ou du mal, conduit à
envisager par priorité le comportement de l'auteur du dommage et, plus précisément, à scruter
sa psychologie pour relever sa faute. La responsabilité morale par nature subjective est donc
indifférente au préjudice causé (l'intention équivaut au résultat) est plus attachée à la sanction
du responsable qu'à l'indemnisation de la victime45.
Il est d'ores et déjà opportun de relever que la responsabilité civile est une
institution qui est appelée à obéir à une logique propre et radicalement différente, il ne s'agit
pas de prêter un jugement de valeur de la conduite du responsable, mais de procurer à victime
la réparation à laquelle elle a droit. On est donc conduit à admettre sans difficulté qu'une
personne puisse être tenue d'indemniser la victime, même en l'absence de toute faute ; la
responsabilité civile est encline, par nature, à s'objectiver, le développement de l'assurance
accélérant l'évolution46.

44
Https:/ www.loupie.org/ Dictionnaire/ Responsabilité morale consulté le 02 Décembre 2022 à 8h57 min.
45
S. FOURNIER et MAISTRE DU CHAMBON (P.)., Op.cit. p.6.
46
Ibid
15

Bien plus, nous verrons que, même dans le cas où l'on évoque la faute civile, on
se réfère à une notion très particulière, sans aucun rapport avec la faute morale, ce qui éloigne
encore davantage la responsabilité civile de la responsabilité morale.
Déjà à ce niveau de notre analyse, nous ajoutons encore en disant que la
responsabilité civile n'est rien d'autre qu'une obligation juridique, qui a pour émanation la loi
tandis que, la responsabilité morale, relève d'une obligation morale non sanctionnée par
l'autorité étatique. Cette dernière, en effet, n'est pas un lien de droit comme dit haut, c'est un
simple devoir moral très général qui pèse sur la conscience d'un individu ou un devoir mondain
ou religieux et dont l'existence ignorée du droit47.
En définitive, comme on le remarque déjà, le critère de distinction entre la
responsabilité civile qui est l'obligation juridique et la responsabilité morale qui est l'obligation
morale se situe au niveau la sanction :
La première est reconnue par l'autorité publique et sanctionnée devant les tribunaux de l'État
tandis que, la seconde ne l'est pas ; elle est considérée comme une responsabilité imposant un
devoir moral, mondain ou de bienveillance, et non un devoir juridique. Cette responsabilité
morale trouve sa sanction en dehors du droit, c'est-à-dire dans le for intérieur de la conscience
individuelle ou dans l'au-delà (selon les croyances spirituelles de l'obligé)48.
3. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité administrative
La responsabilité des personnes publiques ou la responsabilité administrative
désigne l'obligation qui incombe à l'administration de réparer les dommages occasionnés par
son action ou son inaction 49 . En quelque sorte, la responsabilité administrative est donc à
proprement dit une responsabilité civile, non pas au sens où elle serait une responsabilité
responsabilité de droit civil applicable à l'Administration, mais elle conduit au versement des
dommages-intérêts à la victime (tout comme la responsabilité civile applicable aux personnes
privées).
Concernant la responsabilité civile, elle est généralement une responsabilité
limitée aux personnes privées, en ce sens que c'est le code civil livre 3 qui prend soin d'en
déterminer les principes fondamentaux aux régimes de la responsabilité civile. La responsabilité
administrative serait donc proche si non identique à la responsabilité de droit civil en vertu du
principe d'unité.

47
B.O KALONGO MBIKAYI., Les obligations, tome 1, CRDJ, p.17.
48 P.LUTUMBA WA LUTUMBA., Droit civil : les obligations, édition C.C.D.A, Kinshasa, 2019, p.8.
49
Https:/ www.droit.fr/ droit de la responsabilité administrative. Consulté le 02 Décembre 2022 à 10h47min.
16

En clair, la responsabilité administrative serait distincte de la responsabilité


civile en ce sens qu'elle existerait que par la volonté du législateur ou du juge, en vertu du
principe de l'autonomie, eu égard à la qualité de la personne à l'origine du fait générateur du
dommage ( une personne publique) ou de la mission remplie par cette personne, du point de
vue du but où de sa forme : la mission du service public, l'utilisation d'une prérogative de
puissance publique50.
Avant d'aborder les fondements et fonction de la responsabilité civile,
examinons d'abord l'intérêt de distinction de la la responsabilité civile et les autres
Responsabilités voisines.
4. Intérêt de distinction
La distinction que nous venons d'établir tour à tour d'abord entre la RC et la
responsabilité pénale, ensuite entre la responsabilité civile et la responsabilité morale et enfin
entre la responsabilité civile et la responsabilité administrative n'est un fruit de tâtonnement
voire de hasard. Cette distinction présente un intérêt tout à fait éloquent, et cela à plusieurs
égards :
 Se référant sur le plan du régime juridique applicable, il est important de relever
préalablement qu'en ce qui concerne le droit de la responsabilité civile, le régime
juridique applicable en cas de survenance du dommage reste sans équivoque, les articles
45, 258 à 262 du code civil livre III. La responsabilité morale quant à elle, n'est pas
sanctionnée car ne rélevant pas de l'apanage de l'autorité publique, elle relève de la
conscience individuelle de toute personne. La responsabilité pénale est engagée lorsqu'il
y a violation de la loi pénale. Elle est régie par les dispositions du code pénal et des lois
complémentaires.
 En ce qui concerne le titulaire de l'action en justice, il est important de préciser que:
 En matière de responsabilité pénale, le titulaire de l'action publique reste sans
ambages l'officier du ministère public qui est considéré comme étant le
mandataire de la puissance publique ayant pour mission la recherche des
infractions aux actes legistifs et réglementaires qui sont commis sur le territoire
de la République Démocratique du Congo 51 sous réserve des infractions
commises à l'étranger qui porte atteinte à la sûreté de l'État congolais; pour ce
qui concerne la responsabilité civile, le titulaire de l'action en réparation civile

50
La grande bibliothèque de droit., Responsabilité administrative, barreau-Paris in jurispedia consulté le 02
Décembre 2022 à 11h30 min.
51
M.J TASOKI MANZELE., Manuel de procédure pénale, faculté de droit, unikin, 2013-2014, p.44.
17

est la victime de l'acte dommageable ou les victimes par ricochet, ses ayants
droit( cette réalité demeure inchangée lorsqu'il s'agit de la responsabilité
administrative). En ce qui concerne la responsabilité morale, relevons qu'à ce
niveau, il n'existe aucun titulaire de l'action en terme d'une personne qui subie le
dommage et qui réclame réparation, car comme nous l'avons dit ci-dessus que la
responsabilité morale relève du for intérieur de la conscience de l'obligé.

Terminons ce point en relevant l'intérêt sur le plan de la compétence des


juridictions appelées à connaître où à trancher sur la réparation en cas de la survenance du
dommage :- en matière de responsabilité civile, le juge compétent reste soit le juge du Tripaix
et du TGI selon la valeur du litige (moins de 5 millions de francs congolais : Tripaix; plus de 5
millions de francs congolais: TGI).
La cour d'appel et la cour de cassation peuvent également être saisis pour les
dommages causés par les privilégiés de juridiction. Le juge pénale aussi peut être compétent à
connaître la question de réparation s'il est saisi par voie d'exception lorsque la victime du
dommage joint son action civile à l'action publique intentée par l'OMP.
En matière de responsabilité pénale, le juge compétent est les juges pénaux de
toutes les juridictions pénales de l'ordre judiciaire en considérant le taux de la peine et la qualité
de la personne appelée à comparaître (les privilégiés des juridictions et les personnes jouissant
des immunités de juridiction).
Enfin, en matière de responsabilité administrative, le juge compétent reste les
tribunaux administratifs et les cours administratifs (degré d'appel).
Section 2 : FONDEMENT ET FONCTION DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE
§1. Fondement
Le fondement de la responsabilité civile doit s'entendre de sa recherche de sa
raison d'être, la philosophie sociale qui sous-tend le droit à la responsabilité52.
En effet, se lancer à la recherche du fondement de la responsabilité civile est
une entreprise qui continue, aujourd'hui encore, d'être hasardeuse : plusieurs explications ont
été avancées, avec succès relatifs, en sorte que plusieurs fondements ont été déterminés dont
aucun n'emporte entièrement la conviction. Il reste ces réflexions même différentes,

52
V. KANGULUMBA., Indemnisation des victimes des accidents de la circulation et assurances de
Responsabilité automobile. Étude de droit comparé belge et congolais, Louvain-la-neuve, bruylant, academia,
2002, p.144.
18

contribuent, chacune pour sa part et dans une mesure véritable, à faire ressortir la spécificité
de la responsabilité civile, par rapport à des ordres de Responsabilité différents53.
Par ailleurs, les enseignements du droit romain paraissent avoir sur ce point de
vue une portée limitée. En effet, outre le fait que le droit romain n'a pas su distinguer nettement
la responsabilité pénale et la responsabilité civile d'une part, contractuelle et délictuelle d'autre
part, il n'apparaît pas non plus que les juristes se soient interrogés sur le fondement de la
responsabilité civile. Le droit de l'ancien régime contribua à libérer la responsabilité civile du
joug de la responsabilité pénale, et affirma un principe général de la responsabilité civile fondée
sur la faute54 avec comme conséquence : « pas de faute, pas de responsabilité civile non plus ».
A. La théorie classique fondée sur la faute
On croyait que la faute était passée pour de bon sous les fourches caudines des
théories du risque et de la garantie, de telle sorte que le concept devenait de plus en plus atone,
amorphe. Et même, récemment, il semblait être voué aux gémonies par une frange de la doctrine
qui prônait son abandon pur et simple. Mais, il n'en est rien à défaut d'être efflorescente, la faute
s'est requinquée.
En effet, pour les auteurs du code civil en France (1804), une seule source de
responsabilité : la faute. Le principe est énoncé dans l'article 1382 du code Napoléon : « tout
fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage, obligé celui par la faute duquel il
est arrivé à le réparer ». C'est l'équivalent de l'article 258 du code civil livre 3 55. À cet effet,
c'est le comportement fautif de l'auteur du dommage qui est sanctionné, car selon la philosophie
libérale, chacun doit répondre personnellement de ses fautes. Il s'agit là de la responsabilité
civile subjective fondée essentiellement sur le fait fautif de l'auteur du dommage.
Dans le fondement classique de la responsabilité civile fondée sur la faute, la
victime du dommage était assujettie à l'obligation de l'apport de la preuve de la faute de l'auteur
du dommage, afin d'obtenir de lui l'indemnisation. On y décèle dans le fondement classique de
la responsabilité civile subjective un certain fardeau placé sur la tête de la victime l'obligeant à
démontrer, à prouver, chaque fois qu'elle est victime d'un dommage, la faute de l'auteur de ce
dommage. À persuader le juge saisi, en le faisant voir que le dommage dont elle est victime :
dans sa chaire dans ses biens etc... est la résultante de la faute de l'auteur de ce dommage. À
défaut de toute démonstration, la victime était abandonnée dans son triste sort, sans être
indemnisée.

53
S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Op.cit,. p.11.
54
Ibidem.
55
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Les obligations, Paris, Harmattan, 2017, p.96.
19

Cette situation plaçait le plus souvent la victime dans l'impasse voire dans le
désarroi car son indemnisation était conditionnée à la preuve du dommage dont elle a, ou elle
vient de subir.
Cette théorie classique comme fondement unique de la responsabilité civile
devenait de plus en plus obsolète à l'époque de la révolution industrielle. L'apparition du
machinisme multiplia les sources anonymes des dommages qui ne répondaient pas à la structure
de la responsabilité civile fondée sur la faute. Le besoin indemnitaire était ressenti avec acquitté.
À cet effet, les auteurs classiques proposèrent deux théories, lesquelles pallieront les limites
acquises par la responsabilité civile fondée sur la faute
B. La théorie des risques
La théorie des risques rappelons le, a deux versions, à savoir : la théorie du risque
profit(1) et celle du risque créé (2).
1. La théorie du risque profit
Dans un premier temps, les partisans de cette théorie ont envisagé sa première
version dite risque-profit. Celle-ci prévoit l'indemnisation de la victime conformément aux
critères de justice distributive. Elle est limitée en effet, au cas où le dommage est causé par la
société pour lequel l'identification de l'auteur du fait dommageable est pratiquement impossible.
C'est notamment le cas de l'hypothèse classique à cette époque à savoir : les accidents du travail.
La responsabilité revient, si l'on suit cette théorie à celui qui dirige le risque et en tire profit.
D'après les partisans de la théorie du risque dans la première version, il est possible d'y voir
aussi les bases d'une collectivisation des risques. Défendue avec enthousiasme sur ses mérites
par les adeptes de la théorie du risque, le parlement français en 1898 fait rapidement adopté la
première loi française sur les accidents du travail par le biais de la loi du 9 avril 189856.
Désormais, le patron sera automatiquement responsable du dommage causé à
l'occasion d'un accident du travail. Il ne s'agit plus de savoir si celui-ci a commis une faute;
mais c'est à la faveur d'un risque social bien déterminé, que l'employé mérite une indemnisation.
Ce n'est qu'après une telle codification que la théorie du risque-profit a commencé sa pertinence.
Car cette version est apparue tout de suite après inutile à répondre à tous les besoins
indemnitaires. Cette solution est en effet, selon certains partisans limitée qu'au seul domaine de
l'indemnisation des dommages rélatifs aux activités des entreprises et pas assez aux

56
G. RIPERT., La règle morale dans les obligations civiles, 4eme édition, LGDJ, 1949, n°116, p.53.
20

comportements des victimes57. La base de cette théorie est que la responsabilité doit passer sur
la personne qui est la tête du risque, car c'est elle qui utilise la chose et la met en activité, et qui
du coup, fait courir des risques à d'autres personnes. La responsabilité des personnes ayant agit
sans le moindre avantage économique n'était pas pris en compte. Pour cette raison la théorie a
ensuite trouvé une réponse dans la théorie du risque- créé.
2. La théorie de risque créé
La théorie des risques dans sa deuxième version dite risque-créé, voulait pallier
par la suite, ces carences, était responsable celui qui exerçait une puissance du fait, celui qui
utilisait la chose au moment où l'accident s'est produit58. Cela s'est particulièrement manifesté
dans la jurisprudence française dans une application ayant pour objet la garde de la chose :
refusant en cela de distinguer les différentes choses qui peuvent être à l'origine d'un dommage.
Cette version s'inscrit dans une version plus générale. Elle est devenue ainsi le véritable régime
de la responsabilité sans faute en droit français déduit de l'ancien article 1384 du code civil
dépuis la jurisprudence Jand'heur.
C. La théorie de garantie
Selon cette théorie, on a eu tort d'enfermer le problème de fondement de la
responsabilité : faute ou risque, c'est le type du faux dilemme qui provient du fait que le
problème a été mal posé. Jusqu'ici pour répondre à la question : pourquoi faut-il réparer les
dommages causés à autrui? les réponses étaient recherchées du seul côté de l'auteur de ces
dommages: parce qu'il a commis une faute disent les uns; parce qu'il a profité d'une activité
dont il doit assumer les risques, déclarent les autres, on a eu raison d'observer que la théorie du
risque, comme celle de la faute, sont toutes deux subjectives, en ce sens qu'elles se cherchent
les raisons de condamner du côté de l'auteur du dommage59.
Cette façon de réfléchir n'est pas du tout complet, car elle met de côté la victime
du dommage qui, en principe devrait aussi être au centre de la question liée à la réparation. Il
est évident que toute personne n’a droit à la vie et à son intégrité physique ainsi que celle de ses
proches, chacun a droit à l'intégrité matérielle de ses biens, et plus généralement à sa sécurité
matérielle et morale. Ces droits, il est vrai ne sont pas définis et consacrés expressément par la

57
Voir la loi du 09 août 1898 sur les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail.
Bulletin de l'inspection du travail n°2 . En Allemagne, déjà dans les années 1880, un mouvement de socialiste s'est
manifesté par l'élaboration d'un système d'assurance obligatoire pour les accidents du travail. Voir notamment G.
Vinot, « la loi sur les accidents du travail à cent ans », alternatives économiques 1898 n°158
58
ARENA (S.)., Obligations et Responsabilité civile, thèse, Paris, tome1, 2018, p.125.
59
BORIS STARCK., Obligations: Responsabilité délictuelle, 2eme édition, Paris, Litec, 1985, p.35.
21

loi, mais on ne saurait en méconnaître l'existence sans les impératifs élémentaires de la vie
sociale60. Ces droits, disons les mérite d'être protégé.
Par ailleurs, cette théorie STARCK a recherché à sortir de l'affrontement
faute/risque en trouvant une troisième voie. Pour lui, le tort de deux théories précédentes était
de se placer du seul côté de la victime. Il poursuit en affirmant que la victime a des droits et en
particulier elle a droit à sa vie, à son intégrité corporelle, à l'intégrité matérielle de ses biens et
que ses biens doivent être protégés de l'activité d'autrui et cela même si cette activité est
irréprochable61. Les droits de la victime doivent être garantis contre toute atteinte. La victime a
droit à titre de garantie à toute atteinte à sa personne ou sur son patrimoine, dans ces cas-là il
n'y a pas de faute à exiger du responsable62. En revanche, les autres dommages comme les
dommages moraux ou économiques ne sont pas garantis parce qu'ils sont la conséquence
normale de l'exercice du droit d'agir et même de nuire légitimement, droit que possède l'auteur
du dommage. Ces dommages non garantis ne donneront lieu à réparation que s'il y a une faute
à leur origine. La théorie de garantie proposée par STARCK est mixte, elle combine la
responsabilité sans faute pour les dommages garantis et la responsabilité pour faute pour les
dommages non garantie. Il combine les fondements de faute et de garantie en fonction de la
nature du dommage.
1. Manifestation de la théorie de garantie dans le code civil livre III
De notre point de vue, nous reprochons à la théorie de garantie de ne pas prendre
compte du droit positif dans son ensemble. Le droit de la responsabilité civile dans le code civil
ne fait de distinction en fonction de la nature du dommage. Le droit commun de la responsabilité
distingue selon la source du dommage selon qu'il provient d'un fait personnel, d'un fait d'autrui
ou de la chose qui est sous la garde d'une personne.
2. Mérite du principe
La théorie de garantie a plusieurs mérites, elle a le mérite de proposer une ligne
de partage entre le fondement de la faute et le fondement du risque, de montrer que ces deux
fondements étaient compatibles et d'expliquer certains régimes de responsabilité civile comme
le régime d'indemnisation des victimes de circulation routière.

60
BORIS STARCK., Op.cit., p.35.
61
L. JOSSERAND., De la responsabilité du fait des choses inanimées, Paris: à Rousseau 1897, p.125.
62
BORIS STARCK., Essai d'une théorie générale de la responsabilité considérée en sa double fonction de
garentie et de peine privée (pref). M. Picard, thèse, Paris, 1947, p.42.
22

Il est vrai que Boris STARCK contribua largement au changement contemporain


de perspective qui s'est opéré dans le droit de la responsabilité civile, s'intéressant en priorité à
la victime comme créancière d'indemnité, plus qu'à l'auteur du dommage.
3. Critiques
Boris STARCK savait: « qu'aucun texte, aucun attendu » ne conférait au droit
subjectif à la sécurité un caractère juridique. Il admettait que la théorie de la garantie ne reposait
que sur l'examen expérimental dont dispose la science du droit, celui de la jurisprudence
Le critiques les plus acerbes viennent de Christophe Radé lorsqu'il propose de
justifier le renversement de perspective proposé par STARCK en visant l'article 2 de la
déclaration universelle des Droits de l'Homme et du citoyen qui affirme l'existence d'un droit à
la sûreté, considéré comme un droit naturel et imprescriptible de l'homme, à l'égal de la liberté
et de la propriété. Il défend la thèse que la promotion du droit à la sécurité serait la nature à
assurer la prise en charge des dommages dans les hypothèses où, aujourd'hui, la jurisprudence
hésite63.
§2. Fonction
Par fonction d'une institution, il faut entendre l'objectif qu'elle poursuit, où ce
qui revient au même le résultat auquel elle escompte aboutie. S'agissant ici de la responsabilité
civile, trois principales fonctions dont l'importance n'a pas toujours été égale à travers les
époques qui lui sont assignées, à savoir la réparation ou l'indemnisation de la victime (A), la
prévention des comportements antisociaux (B) et la dilution de la charge des dommages64.
A. La fonction réparatrice ou indemnitaire
Dépuis belle lurette, l'institution de la responsabilité civile a été confondue avec
celle de la responsabilité pénale en raison de l'unicité dans certains cas, quoique légion de la
faute qui occasionne deux responsabilités successives. Lorsqu'il fut établi nettement la
séparation entre la responsabilité civile et la responsable pénale, ce fut d'ores et déjà la fonction
indemnitaire que celle-ci (la responsabilité civile) désormais être caractérisée. Désormais, cette
fonction de la responsabilité aquilienne demeure et s'impose de nos jours au point où quiconque
invoque la responsabilité civile, pense en tout premier lieu à la réparation65.
Il est certes vrai de nos jours que la réparation du dommage causé à la victime
est une fonction qui s'impose, importante et première de la responsabilité civile ; elle a pour

63
BORIS STARCK., Essai d'une théorie générale de la responsabilité considérée en sa double fonction de
garantie et de peine privée (pref). M. Picard, thèse, Paris, 1947, p.42.
64
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., p.214.
65 Idem, Op.cit., p.216.
23

objectif de rétablir l'équilibre qui a été rompu par la surveillance du dommage entre le
patrimoine de la victime du dommage et celui de l'auteur dudit dommage.
Lorsque la victime subie un dommage dans son corps ou dans ses biens, elle
éprouve toujours le désir de voir tout ce qu'elle a perdu à l'occasion de la surveillance du
dommage, lui être restitué en nature ou carrément par équivalent lorsque toute restitution en
nature n'est plus possible. C'est de cette occurrence que la responsabilité délictuelle vise à
réparer les dommages subis par la victime. Cette fonction est aujourd'hui exacerbée, une
nomenclature a été proposée. Certains dommages juridiquement réparables ne sont pas
vraiment réparés ou effacés, telle que la souffrance morale par exemple. Cette fonction semble,
à ce jour, atténuée en raison du développement des techniques modernes de réparation des
préjudices, on assiste notamment à la collectivisation des risques, des différents fonds de
garantie et de la sécurité sociale
1. La collectivisation des risques (socialisation des risques)
a. Etat de la question
Le code civil congolais livre III lorsqu'il érige les conditions de mise en œuvre
de la responsabilité civile, il met en évidence la relation dialectique, tryptique entre la faute, le
dommage et le lien de causalité entre le premier et le second. De telle sorte que, la victime qui
solliciterait devant le juge la réparation du dommage qu'elle a subie, à l'égard d'une autre
personne auteur dudit dommage est contraint à démontrer la faute de celui-ci; c'est-à-dire en
démontrant devant le juge en le persuadant tout en prouvant le dommage dont elle souffre (ou
a souffert) résulte de la faute de l'auteur de l'acte dommageable. De cette considération, les
régimes juridiques du code civil lui-même, notamment les articles 258 à 262 du code civil livre
3 qui proclament d'ailleurs la responsabilité civile individuelle basée essentiellement sur la faute,
avec comme conséquence, pas de faute pas de responsabilité civile non plus.
Dorénavant, avec l'avènement du progrès technique, la théorie de la
responsabilité civile individuelle semble être moins efficace et acquise des limites étant donné
qu'il est des dommages qui existent à ce jour, qui sont le fait de l'évolution acerbe de progrès
de la technologie moderne, de telle sorte que, lorsque qu'il est établi que le dommage est la
résultante de l'activité technologique. De ce prisme, compte tenu de la logique prônée par le
code civil, qui veut que chaque fois que l'on s'engage à étudier la question de la réparation la
victime qui la sollicite est astreinte à l'obligation de l'apport de la preuve de l'acte fautif qui lui
aurait causé préjudice.
24

De ce fait, il se constate une difficulté liée au mode de preuve. La preuve du


dommage résultant de l'activité technologique est difficile à être démontrée, d'où la victime ne
saura, en quelque sorte, démontrer l'acte fautif générateur du dommage dont elle est victime.
Face à cette situation, doit-on abandonné la victime à son triste sort au motif qu'elle n'a pas été
capable de prouver l'acte fautif générateur du dommage qui lui a engendré le préjudice ?
Par ailleurs, il convient de savoir que la difficulté ne se retrouve pas seulement
au niveau de l'apport de la preuve exigé à la victime, l'autre difficulté résulte du fait que face à
ce genre de dommage, il se révèle une impossibilité de pouvoir l'attribuer à charge d'une
personne bien identifiée qui serait débitrice de l'obligation de réparation. Ces dommages
rappelons-le exigent des sommes colossales pour leur indemnisation de telle sorte que le
patrimoine individuelle serait dans une impossibilité absolue de prendre en charge une telle
réparation, de porter ce fardeau de la réparation. Le patrimoine d'une personne physique est
alors minime face à ce genre de dommages.
Face à cette difficulté, la doctrine a imaginé des voies de sortie proposant
quelques techniques modernes d'indemnisation qui semblent atténuer la fonction indemnitaire.
Le Doyen B.O Kalongo Mbikayi dans son livre intitulé : « Responsabilité civile
et socialisation des risques en droit zaïrois », pose les jalons de la fonction indemnitaire basée
sur la socialisation des risques. Pour lui, il convient d'imaginer d'autres mécanismes de
réparation de préjudice par les particuliers parce qu'il devient, de plus en plus difficile aux
victimes de prouver la faute de telle ou telle autre personne qu'elle se serait trouvée dans une
situation inconfortable66. Comme on peut le constater à ce jour, la théorie de la collectivisation
des risques a acquis sa place de prestige dans la fonction indemnitaire de la responsabilité civile
est présente à cet effet, un rôle qu'il convient de relever.
b. Rôle de la collectivisation des risques dans la fonction réparatrice
La collectivisation des risques a pour rôle de permettre l'indemnisation des
dommages par la collectivité en lieu et place de son auteur où en complément de l'assureur.
L'objectif est de faciliter l'indemnisation des victimes67.
Cependant, il existe différents cas dans lesquels les victimes ne peuvent être indemnisés
par les mécanismes traditionnels de la responsabilité civile ou de l'assurance quoique le

66
B.O KALONGO MBIKAYI., Responsabilité civile et socialisation des risques en droit zaïrois, Kinshasa, PUZ,
2e édition, 1979.
67
P. MUTEBA TSHIMANGA., Notes de cours de progrès technique et Responsabilité civile, unikin, faculté de
droit, 2020-2021, inédit.
25

responsable du dommage ne peut être identifié, soit qu'il ne soit pas assuré et s'avère insolvable,
soit que l'assureur refuse sa garantie68.
Pour faire face à ce genre de situations, notamment en droit comparé, le droit
français a imaginé de créer les différents fonds de garantie lesquels permettront l'indemnisation
efficace des dommages subis pas les victimes potentielles. Parmi les fonds de garantie imaginés
en droit français, on peut citer: le fond de garantie obligatoire (FGO) qui prend en charge
l'indemnisation des victimes de circulation routière, lorsque le responsable de l'accident n'est
pas connu ou n'est pas assuré; le fond de garantie des victimes de terrorisme et d'autres
infractions qui prend en charge l'indemnisation des victimes d'infractions lorsqu'il se révèle que
l'auteur de l'acte est inconnu et insolvable ; l'Office national d'indemnisation des victimes
d'accidents médicaux qui prend en charge l'absence de faute de la part d'un professionnel de
santé ou lorsque ce dernier n'est pas assuré.
Certes, il est vrai que personne ne peut ignorer l'importance et le rôle que
présentent la collectivisation des risques dans la fonction réparatrice du dommage, le bien qu'il
fournit aux victimes en favorisant leur indemnisation, mais cette collectivisation présente
certaines limites à l'égard de certains dommages.
c. Limites de la socialisation des risques
Pour certains risques le recours à la solidarité paraît nécessaire. Toutefois, un tel
mécanisme ne peut être généralisé compte tenu des limites qu'il présente :
1. Le risque de déresponsabilisation des auteurs et des victimes des dommages. Selon
cette conception, il est nécessaire de lutter contre que quoiqu'il arrive la société peut
tout prendre en charge ;
2. Le coût financier important pour la société : dans cette perspective d'idée, l'on peut se
demander « quel sera le sort de la victime du dommage lorsque le coût financier de la
réparation est immensément colossal ».
Dans cette hypothèse, il sera logique de ne pas déresponsabiliser les auteurs et
les victimes de ces risques sous peine de voir ce poids s'accroître. Pour ce motif, les fonds de
garantie sont amenés à développer les campagnes de prévention visant à sensibiliser les
individus sur la nécessité de s'assurer et les conséquences du défaut d'assurance en cas de
sinistre.

68
POTO MACRAEM., Notes de cours de droit des assurances, faculté de droit, Unikin, 2021-2022, inédit.
26

En outre, ce fonds dispose d'un recours subrogatoire contre le responsable du dommage qu'ils
ont indemnisés, c'est-à-dire ils peuvent se retourner contre les éventuels auteurs du dommage
s'ils existent69.
d. Procédure d'indemnisation dans la collectivisation des risques
La procédure d'indemnisation dans la collectivisation des risques se déroule
généralement en deux phases qu'il convient de faire atteler succinctement : il y a la procédure
amiable et celle contentieuse.
d.1. La procédure amiable
Dans la procédure dite amiable, la victime dépose une demande auprès du fonds :
- Le fonds procède à l'étude du dossier après cette étude, le fonds par l'intermédiaire de
sa commission transmet à la victime une offre d'indemnisation ;
- Acceptation de la victime et conclusion d'une transaction avec le fonds. Signalons
qu'il est impossible de remettre en cause l'indemnisation devant un juge.
d.2. Phase contentieuse
Cette phase est déclenchée généralement lorsqu'il ya refus de l'indemnisation par
le fonds : dans ce cas la victime peut agir en justice contre le fonds pour faire fixer le montant
de l'indemnité. Le juge compétent saisi du dossier fixera l'indemnité que le fonds doit sans
ambages régler.
2. Le phénomène Assurantiel
L'assurance se révèle, d'une part, comme un contrat à l'instar de tout autre
contre contrat et, d'autre part, comme une technique par excellence. Le contrat d'assurance est
défini comme : une opération par laquelle une partie, l'assuré se fait promettre moyennant
paiement (prime où cotisation) pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d'un sinistre, une
prestation financière (capital où indemnité) par une autre partie, l'assureur, qui prenant en
charge un ensemble de risques, les compense en se basant sur les lois de statistiques70.
Le phénomène Assurantiel se révèle comme une avancée remarquable en
matière d'indemnisation des victimes puisque, comme l'exprimait le Doyen B.O Kalongo
Mbikayi, qu'il constituait une forme de socialisation des risques: l'individu en lui-même,
considéré comme infiniment petit face à l'ampleur des dommages causés, transfert ces risques
à un organe suffisamment outillé pour n'est pas abandonner les victimes sans compensation71.

69
Https:/www.aidebtsam.com/ la socialisation des risques consulté le 07 Décembre 2022 à 2h11'.
70
G. CORNU., Vocabulaire juridique. Association Henri Capitant, 10e édition, Quadrige, p.84.
71
Lire utilement B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit.
27

La réparation apportée par le phénomène Assurantiel ne replace pas la victime


dans son état homéostatique avant la surveillance du dommage, il permet tant soit peu à la
victime d'être quand même soulagé : pour quelqu'un qui perd une jambe à la suite d'un accident
de voiture, la prothèse qu'on lui place pour assurer sa mobilité ne peut, en aucun cas, remplacer
psychologiquement la jambe perdue, on note quand même qu'il se déplace, c'est mieux que
l'immobilisme. Le phénomène Assurantiel est beaucoup plus envisagé dans le contexte de la
responsabilité sans faute. L'assurance constitue donc un contrepoids nécessaire à la
responsabilité sans faute car, le plus souvent les indemnités dues sont souvent très élevés que
le patrimoine de l'auteur du dommage fautif ou non, ne pourrait de toute façon pas le payer.
3. La sécurité sociale
La sécurité sociale à l'instar du phénomène Assurantiel joue un rôle très
important dans la fonction réparatrice de la responsabilité civile. La sécurité sociale s'entend,
selon la définition proposée par le bureau international du travail comme : la protection que la
société accorde à ses membres grâce à une série de mesures publiques contre le dénuement
économique et social ou pourrait les plonger en raison de la disparition ou de la réduction
sensible de leur gain, la maladie, les accidents du travail et les maladies professionnelles, le
chômage, l'invalidité, la vieillesse et le décès72. Il se révèle de cette définition que la sécurité
sociale est un symbole de la solidarité en matière de responsabilité civile dans l'optique où,
grâce à elle c'est la collectivité dans son ensemble qui prendra désormais en charge les atteintes
de la santé et leurs conséquences pécuniaires. Exemple : les accidents du travail sont incorporés
dans le régime de la sécurité sociale en République Démocratique du Congo.
Par ailleurs, il est digne d'affirmer à ce jour que la sécurité sociale et le
phénomène Assurantiel et les différents fonds de garantie contribuent à renforcer la fonction
réparatrice de la responsabilité civile dans le cadre de la responsabilité civile objective, c'est-à-
dire une responsabilité détachée de l'idée de la faute. Une Responsabilité qui s'est développée
dans le souci majeur de promouvoir l'indemnisation des victimes sans que l'on se préoccupe
préalablement de l'auteur du dommage qui ne pas non plus le payeur de la réparation.
B. La fonction préventive
Il est certes vrai que la responsabilité civile à bien évidemment de nos jours une
fonction préventive très éloquente. La fonction préventive a pour fondement, la conscience
individuelle de toute personne, connaissant le risque d'être condamné s'il commet un dommage,

72
V. LOKO. Notes de cours de la sécurité sociale, unikin, faculté de droit, 2020-2021, inédit.
28

s'efforce normalement d'agir avec prudence (le rôle préventif c'est beaucoup plus vif dans la
responsabilité pénale)73.
En effet, la responsabilité civile vise aussi à éviter que le préjudice ne se
renouvelle, ne s'aggrave ou ne perdure. Le juge peut prendre toute mesure pour mettre fin au
préjudice. La responsabilité civile apparaît en quelque sorte comme une menace, une épée de
Damoclès suspendue sur la tête (où mieux, sur le patrimoine) de quiconque causerait dommage
à autrui74. Traditionnellement, la responsabilité civile permet, dans la mesure du possible, de
punir la réalisation des dommages par la crainte légitime de la sanction pécuniaire qu'elle
engendre75.
Par ailleurs, ce qu'il faut cependant reconnaître s'agissant de la responsabilité
civile, le développement fulgurant de l'assurance à l'époque contemporaine affaiblit, à coup sûr,
la fonction préventive, étant donné l'assurance déplace le poids de l'indemnisation du
patrimoine du responsable (du fait dommageable) à Celui de la compagnie d'assurance qui est
un tiers dans le rapport d'obligation né de l'avènement du dommage76.
C. Fonction de dilution de la charge des dommages
Il arrive fréquemment qu'en tenant compte des circonstances, qu'il serait
illogique en cas de survenance du dommage, de laisser la charge de la réparation à l'auteur du
dommage tout seul, c'est-à-dire la charge d'indemniser la victime. La justice sociale voudrait
que la charge de la réparation soit supportée par l'ensemble de la société. Pour y arriver, il faut
procéder à l'amortissement du poids de l'indemnisation en le diluant sur l'ensemble de la société.
Cette fonction a un avantage considérable à l'égard des victimes qui peuvent souvent échapper
à l'insolvabilité de l'auteur du dommage, en espérant être indemnisé par les structures fortes de
la société toute entière. Cette fonction a connu un essor fulgurant avec le développement de
l'assurance, les fonds de garantie et la sécurité sociale à l'instar de la fonction réparatrice.

73
P. LE TOURNEAU Responsabilité civile professionnelle, 2e édition, Dalloz, p.62.
74
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., 216.
75
P. LE TOURNEAU et LOIE CADIET., Droit de la responsabilité et des contrats, Dalloz, Paris, 2000, p.2.
76
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., p.217.
29

CHAPITRE 2. CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ


CIVILE
Se lancer dans l'étude des conditions de mise en oeuvre de la responsabilité civile
sans en préciser le domaine paraît hasardeux voire imprécis, étant donné que ces conditions
différent selon que l'on les étudie en droit commun (faute personnel, dommage et le lien de
causalité entre le premier et le second) ou dans les cas spéciaux de responsabilité
(Responsabilité civile pour fait d'autrui ou pour fait des choses).
En effet, compte tenu de la particularité de notre thème d'étude orienté
essentiellement sur les faits dommageables causés par les installations de la SNEL (coupure
du câble à haute tension) qui sont des choses au regard de la loi n°73-021 du 20 juillet 1973
portant régime général des biens, foncier et immobilier et régime des sûretés. Ce qui nous amène
à circonscrire l'étude des conditions de cette responsabilité civile. Il s'agit plus précisément
d'analyser non pas les conditions de la responsabilité civile dans tous les domaines qui puissent
exister, mais plutôt, il s'agit d'analyser les conditions de responsabilité civile pour fait des
choses.
En effet, pour favoriser la compréhension aisée du lecteur de toutes ces
conditions, il importe préalablement de préciser les conditions de responsabilité civile pour fait
personnel (section 1) en premier lieu avant d'aborder les conditions de responsabilité civile
pour fait des choses (section 2), en second lieu.
Section 1 : CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE
POUR FAIT PERSONNEL
La responsabilité civile de droit commun est comme on l'a dit ci-haut, la
responsabilité pour fait personnel, les autres responsabilités constituent des exceptions.
En effet, la législation congolaise, notamment le code civil livre 3 (articles 258
et 259 cccl3) constitue le siège de cette matière. Aux termes des articles 258 et 259: « tout fait
quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer ». De ce côté, l'article 259 édicte que: « chacun est responsable du dommage
qu'il a causé, non seulement par son fait, mais encore par la négligence ou par son imprudence ».
Après lecture et relecture de ces deux dispositions, il se révèle que 3 conditions
cumulatives peuvent être réunies pour que l'on puisse retenir la responsabilité civile à l'égard
d'une personne déterminée : d'abord l'existence d'un fait dommageable, ensuite la preuve que
le dommage a été causé par la faute de son auteur et enfin l'établissement d'un lien de causalité
entre le dommage subi et la faute invoquée.
30

§1. Le dommage
A. Définition et preuve du dommage
1. Définition
La responsabilité civile ne se conçoit pas sans dommage, puisque sa finalité est
de rétablir la victime dans l'état antérieur à l'accident qu'elle a subi. Si un dommage ou un
préjudice (les termes s'emploient l'un pour l'autre) est une condition nécessaire de la réparation,
il ne s'ensuit pas que n'importe quel dommage ne donne ouverture à l'action en responsabilité.
Sans dommage pas de Responsabilité civile dirait-on, le dommage reste
l'élément déclencheur de celle ci parce que le juge ne peut accorder aucune réparation à la
victime si elle ne parvient à prouver qu'elle a subie un dommage réparable77. Les articles 258
et 259 qui constituent d'ailleurs le siège de la matière n'ont pas pris soin de définir clairement
le concept dommage
Pour Bernard Dubuisson a qui nous empruntons la définition du dommage78,
celui-ci est un concept extrêmement vaste. Le dommage écrit-il représente toute perte totale ou
partielle d'un bien, d'un avantage ou d'un intérêt que l'on avait ou sur lequel on pouvait compter.
Abordant dans le même sens Mme Hebrand ajoute que le dommage est l'amoindrissement
infligé à la victime dans sa personne physique, morale ou dans ses biens79. Le Doyen B.O
Kalongo Mbikayi abordant toujours dans le même fil d'idée en résumant le dommage comme :
toute atteinte aux droits et intérêts d'ordre patrimonial et économique de la victime80. Il s'agit
là, d'une atteinte à un bien, à un droit, un avantage ou un intérêt de quelqu'un.
En effet, il est de principe que tout dommage mérite réparation, lorsque les
conditions de la mise en oeuvre de l'action en responsabilité sont réunies. Cependant,
contrairement au droit coutumier, le droit écrit n'indemnise (ne répare) pas tous les dommages.
Ne peuvent donner lieu à l'indemnisation que les dommages répondant aux critères suivants :
certitude, liaison directe avec la faute, caractère personnel et la lésion d'un intérêt juridiquement
protégé81.
2. Preuve du dommage
La règle la plus connue qui forme d'ailleurs un principe général en matière de
contentieux civil est la maxime latine « Actori in cumbit probatio » qui se traduit en langue de

77
MULENDA KIPOKE J.M., Droit civil les obligations, s.l.n.d, p.213.
78 B. DUBUISSON., Cours polycopié de droit des obligations, UCLLN, fac droit, 2004-2005, p.190.
79 Mme HEBRAND., Cours polycopié de théorie générale des obligations. 2e année. ENDA, 1967-1968.
80 B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.214.
81 J.M. MULENDA KIPOKE., Op.cit., p.247.
31

Molière comme « la charge de la preuve incombe à la partie accusatrice » lorsqu'elle sollicite


la réparation devant le juge pour le préjudice qu'elle a subi.
De ce fait, l'étape de la démonstration de la preuve par la victime devant le juge
est une étape très décisive, étant donné qu'elle détermine in limine litis l'issue du procès en
responsabilité civile : réparation au cas où la victime réussie à démontrer le dommage, à le
prouver noir sur blanc ; abandonnée à son triste sort au cas où la victime n'arrive pas à le faire
(à prouver le dommage). Par ailleurs, cette réalité n'est pas la même lorsque l'on est en face
d'une responsabilité civile contractuelle car, en cette matière il appartient au créancier de
l'obligation d'apporter la preuve de l'inexécution, du retard dans l'exécution ou de la mauvaise
exécution du contrat par le débiteur du contrat lorsqu'il sollicite les dommages-intérêts devant
le juge. Sous cette considération, le créancier est obligé d'apporter la preuve du contrat : la faute
du débiteur étant présumé du seul fait de l'inexécution dudit contrat82. Le dommage dont le
débiteur est astreint à l'obligation de réparation renferme quelques particularités pour qu'il entre
dans le champ de la réparation.
B. Catégories du dommage reparable en droit congolais
Comme dit soupra, contrairement au droit coutumier qui répare tous les
dommages sans en rechercher la particularité, le droit écrit quant à lui ne les répare pas tous.
Seuls les dommages matériels, corporels et moraux sont facilement réparables.
1. Dommages matériels
Le dommage matériel est celui qui est causé aux biens et plus généralement au
patrimoine de la victime. Par exemple, la perte de revenu, le dégât causé à un véhicule. Il
englobe la perte subie (Damnum emergens) et le gain manqué (Lucrum cessans)83.
Comme nous l'avons dit dans les lignes qui précèdent, que le dommage matériel
ne peut être constitué que par les atteintes au patrimoine, une atteinte aux biens de la victime;
c'est d'ailleurs l'expression dont se sert la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par
la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains dispositions de la constitution en
son article 34.
Exemple : À la suite d'une surcharge (capacité inadaptée) ou aux ruptures
intempestives de l'énergie électrique, un vendeur de Mpiodi est victime de la détérioration de
toute sa marchandise se trouvant dans son réfrigérateur. Pour ce fait, la victime a droit au
remboursement à titre de dommage matériel.

82
Lire utilement le décret du 30 juillet 1888 portant contrats ou obligations conventionnelles, art 45.
83
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Droit civil les obligations, Paris, harmattan, 2017, p.99.
32

Par ailleurs, Roland Crunger relève à ce sujet pour donner lieu à la réparation, le
dommage doit remplir certains critères : le dommage doit être certain, direct et consistant à la
violation un intérêt juridiquement protégé84.
 Dommage certain
S'agissant du dommage certain, il importe de savoir que cela va de soi pour être
indemnisé, la victime doit prouver l'existence du dommage qu'il a subi. La certitude du
dommage s'apprécie généralement au moment où le juge est saisi pour son évaluation, c'est-à-
dire le préjudice à réparer doit être actuel. Le Doyen B.O Kalongo Mbikayi relève que la notion
de la certitude a toujours été une notion problématique, elle soulève dans les pratiques
nombreuses discussions qui ont donné lieu aux conclusions suivantes85:
Il n'est pas nécessaire pour être réparé que le dommage soit actuel au jour du
jugement. On a admis, en effet, que la réparation d'un préjudice futur était possible dès lors que
sa réalisation (son existence, son avènement) était certain dans l'avenir et son évaluation par le
juge dès maintenant86. Ainsi, pour un accident entraîna une incapacité permanente de travail, le
juge évalue aussitôt saisi la réparation (rente viagère) car le préjudice est successif.
 Dommage direct
Pour ce qui concerne le dommage direct, signalons que ce caractère permet
d'écarter dans un cas donné la réparation de nombreux autres dommages indirects et lointains
qui, peut-être n'auraient pu être provoqués par la faute de l'auteur du dommage.
 Dommage consistant à la violation d'un intérêt juridiquement protégé : considérant cette
modalité des dommages, elle est celle qui fait référence à un intérêt digne d'être pris en
considération par la loi, un intérêt non contraire aux lois et qui est cependant protégé
par loi87. Il se décèle clairement qu'un intérêt illégitime non protégé par la loi ne peut
pas donner lieu à une quelconque réparation.
2. Dommages corporels ou physiques
Lorsque l'on se plonge dans la lecture et relecture de la constitution de la
République Démocratique du Congo du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002 du
20 janvier 2011, à son article 16 qui, disposant que: « la personne humaine est sacrée. L'Etat a
l'obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l'intégrité physique

84
R. GRUNGER, in savoir juridique, économique, fiscale et politique, tome 1, Edilec, 1973, p.170.
85
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.218 à 219.
86
L'shi, 7 août 1974, R.J.Z, 1977, n°1,2et 3, p.74-75 cité par B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.219.
87
Lire utilement le développement de la théorie de la causalité du Doyen B.O KALONGO., Op.cit., p.201 à 2004
33

ainsi qu'au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l'ordre public,
du droit d'autrui et des bonnes mœurs [...] »88, on décèle dans cette disposition constitutionnelle
que le droit à la réparation du dommage découle du principe constitutionnel de l'intégrité
corporelle inviolable. Il découle de ce principe que nul n'est autorisé de porter atteinte à
l'intégrité physique de la personne d'autrui.
L'étude du dommage physique nous contraint d'apporter une certaine précision
quant à ce qui concerne les conséquences dont ces dommages sont générateurs. À cet effet, les
conséquences sont légions selon que nous sommes en face d'un dommage non mortel ou mortel,
que nous considérons comme un dommage suprême.
a. Dommage consistant dans une atteinte à la santé ou à l'intégrité physique
Ce dommage renferme plusieurs composantes, les plus certaines ou fiables sont
constituées des frais médicaux, chirurgicaux, pharmaceutiques que la victime supporte
(damnum emergens), et par le manque à gagner correspond à la diminution, à la suppression de
la capacité de travail (Lucrum cessans). Outre l'existence des préjudices de nature matériel, il
existe également des dommages que l'on qualifie des moraux qui exigent, tant soit peu après
leur réalisation, que les victimes potentielles des dits dommages obtiennent réparation (le
développement des dommages moraux sont abordés au point C).
b. Dommage corporel entraînant la mort
Il est souvent des circonstances où un dommage se produit, il occasionne
directement la mort pour celui qui le subi. Ainsi, lorsque l'on se référé directement au drame de
Matadi kibala, qui constitue d'ailleurs le cadre matériel de notre étude, on note que le
sectionnement d'un fil conducteur haute tension à l'occasion d'une pluie torenciere qui causé la
mort de 25 personnes dans le marché pirate de Matadi kibala selon le rapport du gouvernement
par le biais de son porte-parole Mr Patrick Muyaya. Cette situation scandaleuse a plongé toute
la population de toute la ville de Kinshasa dans le désarroi et une désolation totale manquant
même des mots.
Pour cette hécatombe, il doit être envisagé une réparation au profil des ayants
droit des victimes de ce drame. La prétention pour ces personnes d'obtenir la réparation du
préjudice causé se fonde tantôt sur le droit de la victime dont les ayants droit constituent le
prolongement (droit successoral), c'est-à-dire les héritiers et légataires universels de la victime
qui acceptent la succession, peuvent exiger au responsable du fait dommageable la réparation.

88
Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011, art.16.
34

3. Dommages Moreaux 89
Le dommage moral est réparable, lorsque le dommage subi cesse d'être corporel
ou matériel et revêt un caractère extra-patrimonial, sa réparation peut susciter des objections,
soit d'une manière générale, parce qu'il est alors singulièrement difficile d'aménager une
réparation adéquate, soit de manière plus particulière, lorsqu'il s'agit d'une douleur morale car
il peut être choquant d'aller en quelque sorte monnayer ses larmes devant les tribunaux. À quoi
cela a été répondu que, de toute façon, et même lorsqu'il ne s'agit pas de dommage moral,
l'octroi des dommages-intérêts tend moins à réparer qu'à compenser l'irréparable, y compris la
douleur subie à la mort d'un être cher.
Sensible à ces arguments la jurisprudence a décidé que le dommage réparable
pouvait être moral, ce qui lui a notamment permis d'affirmer la responsabilité de son auteur,
en cas d'atteinte à l'honneur ou à la considération à la pudeur ou aux convictions religieuses
d'une personne. Là où le dommage moral coexiste avec le dommage matériel (physique), sa
réparation a d'ailleurs souvent permis aux tribunaux , sans le dire, d'user de ce chef de préjudice
pour augmenter les dommages-intérêts mis à la charge du responsable, dans la mesure où,
faisant remplir par l'indemnisation une fonction de peine privée, ils ont estimé que l'attitude de
l'auteur du dommage était nettement répréhensible. Des indemnités ont même été accordées en
réparation du préjudice d'affection par la mort d'un animal
Le dommage moral par ricochet (le préjudice d'action), c'est surtout à propos de
la réparation de la douleur éprouvée en raison de la mort d'un être cher ou même des seules
souffrances physiques subies par lui que l'on a pu se demander si la jurisprudence n'avait pas
été trop loin dans le sens de l'indemnisation des préjudices d'affection. S'agissant des préjudices
d'affection accompagnant la mort ou les blessures subies par un être humain, la jurisprudence,
après avoir adopté en termes assez généreux une solution libérale , voulant , d'une part,
subordonner la réparation du préjudice d'affection à l'existence d'un lien de parenté ou d'ailleurs
et, d'autre part, ne l'admettre qu'en cas de décès de la victime immédiatement ou, à tout le moins,
si les proches souffrent d'un dommage de gravité exceptionnelle, mais ces restrictions ont été
abandonnées.
§2. La faute
A. Notions
La faute n'est pas définie en droit positif congolais. Lorsque l'on se réfère à son
étymologie, la faute peut s'entendre comme la défaillance de l'homme qui n'accomplit pas son

89
https: www. mémoireonline.com/ la problématique de la réparation du dommage moral en droit positif congolais
consulté le 16 Décembre 2022 à 11h40 min.
35

devoir90. Elle est d'abord une notion morale, saisie par l'évidence, immédiatement ressentie par
tous, sauf dans des cas limites ou pour des personnes tordues 91 . La faute englobe des
comportements divers pouvant revêtir des réalités multiples plus ou moins complexes. Il peut
s'agir d'un écart si minime soit-il, volontaire ou non, par acte ou omission par rapport à la
prudence et à la négligence que l'on peut attendre d'un homme raisonnable. Comme on le
remarque, la faute n'est pas toujours facile à définir, bien que les juristes s'y soient toujours
essayés92.
Pour rendre aisé la compréhension du concept faute compte tenu de la difficulté
définitionnelle qu'il éprouve, il semble logique que l'on se serve d'un critère général
d'appréciation
1. Critère général de la définition du concept faute
a. Faute, violation d'un texte
Est constitutif de faute tout manquement volontaire ou involontaire aux
dispositions législatives et réglementaires impératives ordonnant ou prohibant tel ou tel autre
acte. Les textes violés peuvent être pénaux, d'ordre administratif (cas de règlement d'hygiène
par exemple), d'ordre privé (en matière d'empiètement, par exemple construire sur un terrain
d'autrui) 93 . Dans tous les cas, l'acte illicite constitutif de la faute n'est pas toujours au fait
formellement illégal, c'est-à-dire expressément interdit par un texte, ce qui fait une majeure
différence avec le droit pénal dominé par le principe de la légalité des délits et des peines:
Nullum crimen nulla poena sine lege (pas d'infractions sans texte). Inversement, le fait de s'être
conformé à une disposition légale ou réglementaire n'est pas toujours exclusif d'une faute. Il
n'est pas non plus nécessaire que ce fait constitue une norme préexistante, même non écrite. Il
suffit qu'il soit un comportement social défectueux, une erreur de conduite, c'est-à-dire injuste94.
b. Faute en l'absence de la violation d'un texte
Comme nous l'avons annoncé dans les lignes qui ont immédiatement précédées,
que l'on peut commettre une faute que l'on ait forcément transgressé un texte légal ou
réglementaire existant. En se référant à l'article 258 du code civil livre 3, la faute qui engage la
responsabilité de celui qui est imputé, implique une certaine appréciation morale, un jugement
de valeur sur ce qui est bon et ce qui est mal. C'est une erreur de conduite qu'un homme
normalement avisé, le bonus pater familias des Romains, n'aurait commise dans les mêmes

90
Étymologie : du latin fallo, ere= tomber.
91
P. MALAURIE et L. AYNES ., Obligations : 1Responsabilité délictuelle, édition Cujas, 2001-2002, p.41.
92
Ibidem.
93
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.197.
94
P. MALAURIE et L. AYNES ., Op.cit., p.43.
36

circonstances. D'où, certains faits sont normalement condamnables, quel que soit la morale que
l'on professe, religieuse ou laïque95. En l'absence de toute violation de la loi, la conscience de
chacun réprouve, par exemple le comportement de l'amant qui reconnaît et légitime un enfant
qu'il sait ne pas le sien, pour agir en nullité une fois la brouille survenue.
En effet, de l'appréciation souveraine du juge qui saurait appliquer le critère
moral purement subjectif pour apprécier le fait fautif en dehors de toute violation d'un texte
légal existant, et décider en fonction de ce qu'il considère, lui, comme fautif. Il doit tenir compte
de la mentalité moyenne de la société dans laquelle il vit et non de laquelle il rend son
jugement96.
Par ailleurs, la faute civile notamment la faute d'imprudence, est à opposer de la
faute morale. La morale recommande à tout individu l'abandon du mal, et de ne faire que ce qui
est jugé bon par la société. Le manquement aux devoirs moraux s'apprécie par rapport à la
conscience universelle qui est supérieure, élevée et n'est pas sanctionnée juridiquement dans la
vie en société.
À contrario, la faute civile s’apprécie comme le rappelle le Doyen B.0 Kalongo
Mbikayi qu': « en se référant aux besoins moraux de la vie en société, aux usages, soit généraux,
soit professionnels » 97 . On recommande à l'homme d'être prudent, éveillé et souple dans
l'exercice de ses activités dans la société. La référence est faite non pas à l'homme parfait dans
sa conduite, mais à celui qui est moyen.
c. La faute dans l'exercice d'un droit
La faute dans l'exercice d'un droit peut se comprendre en des termes simplistes
comme l'abus d'un droit c'est-à-dire en faisant usage d'un droit que l'on sait légitime et protégé
par la loi, on l'exercice au-delà des limites reconnus par la loi, à l'ordre public et aux bonnes
mœurs. Il est souvent fréquent, qu'un individu ou plusieurs d'ailleurs, exerçant un droit subjectif
ou une liberté publique, l'exerce au-delà des limites imposées (abus de droit). L'article 14 al.1
de la loi dite foncière dispose: « la propriété est le droit de disposer d'une chose d'une manière
absolue et exclusive, saufs les restrictions qui résultent de la loi et des droits réels appartenant
à autrui »98. Faisant allusion à cette disposition, on y décèle une certaine limite imposée au droit
de propriété. Cette limite d'observe dans l'exercice du droit de propriété qui doit être exercé

95
BORIS STARCK, H. ROLAND et L.BOYER., Obligations. 1Responsabilité délictuelle, 5e édition, Paris, Litec,
p.134
96
BORIS STARCK, H. ROLAND et L.BOYER., Op.cit., p.134
97
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.227
98
Loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, foncier et immobilier, régime des sûretés,
art. 14.
37

dans les limites imposées par la loi et au respect des droits réels appartenant à autrui. Il est de
droit reconnu à toute personne d'exercer son droit de propriété sur la chose qu'elle dispose, mais
cet usage devient abusif lorsqu'il est fait dans le dessein de nuir à autrui. Il en est de celui qui
allume sa radio en plein milieu de la nuit, à volume hyper élevé dans l'intention de provoquer
une nuisance sonore à ses voisins. Pareil acte est sans ambage constitutif d'un abus de droit, et
est donc une faute au sens de l'article 258 CCl III.
B. Critères imputabilité de la faute
1. Notion de l'imputabilité
Traditionnellement, on estime qu’il ne suffit pas qu’une faute ait été commise
pour que la responsabilité de son auteur soit engagée, encore faut-il qu’elle lui soit imputable.
Aussi, l’imputabilité implique que l’auteur du dommage soit doué de
discernement. Autrement dit, il doit avoir conscience de ses actes, soit être capable de savoir
s’il commet ou non un écart de conduite. L’auteur du dommage doit, en somme, être en mesure
de distinguer le bien du mal. A cet effet, trois critères ont été retenus pour apprécier l'importance
à l'égard de l'auteur d'un fait dommageable
2. Critères d'imputabilité
L'imputabilité s'avère être un élément subjectif de la faute. En effet, comme nous
venons de le mentionner précédemment, qu'il ne suffit pas de violer une norme de conduite ou
de poser un acte objectivement fautif pour qu'on soit obligé de répondre d'une faute, aucune
faute ne peut être imputée à son auteur si celui-ci n'a pas agi librement. La compréhension de
cette exigence de discernement conduit à affirmer que, lorsque l'auteur d'une faute qui soit
incapable d'apprécier les conséquences dommageables de son acte fautif, ne se verra pas être
reproché d'aucune responsabilité99. La conscience, la capacité et la liberté de la volonté sont
préalablement exigés pour que l'auteur d'un acte dommageable puisse porter le fardeau de la
conséquence de ses actes.
a. La volonté conscience
Au sens de l'article 258 du code civil livre 3, un seul un individu conscient peut
commettre une faute, c'est-à-dire celui qui, agissant avec toute lucidité, est celui qui peut
commettre une faute. L'inconscient, le fou, l'idiot et l'enfant sont considérés comme
irresponsables. L'irresponsabilité de l'inconscient tout comme celle de l'animal est donc la règle.
Il y a donc, à cet égard une évolution en droit comparé où l'on tend dans le souci d'une grande

99
J.M. MULENDA KIPOKE., Op.cit., p.258.
38

protection des victimes à mettre fin à l'irresponsabilité des déments et des anormaux100. Ainsi,
l'article 1386 bis du code civil Belge (loi du 16 avril 1935) permet au juge de condamner un
dément à un dommage quand bien même que la condition d'imputabilité ferait. Il en est aussi
du droit français (article 489-2 du code civil français).
Toutefois, relevons que l'état d'inconscience ne serait pas confondu avec la
perte momentanée de conscience. Lorsqu'une personne commet une faute en état d’ivres que
par exemple, la faute lui sera sans ambages imputable.
S'agissant des personnes morales, le principe retenu est celui veut que la faute
des organes puis engager la personne morale. Outre la volonté consciente, elle doit aussi être
capable.
b. Volonté capable
La volonté à laquelle nous faisons allusion est celle de l'auteur d'un
comportement délictuel, d'où la volonté de l'auteur d'un comportement délictuel doit être
capable. Cette capacité délictuelle ne doit, en aucun moment être confondue avec la capacité
contractuelle. La capacité délictuelle est plus largement reconnue, parce qu'il suffit, pour ne
pas commettre la faute, d'une expérience plus élémentaire que pour contracter, et aussi parce
que n'ayant pas choisi leur rôle mérite plus de protection que les contractants101.
Ainsi, certaines personnes peuvent être capables délictuellement sans l'être dans
les engagements contractuels (lire utilement l'article 8 du code civil, livre 3). La volonté en plus
d'être consciente et capable, elle être aussi libre.
c. La volonté libre102
Pour qu'un comportement dommageable soit imputé à son auteur, un autre critère,
le troisième d'ailleurs est requis : il s'agit de la volonté libre comme le souligne d'aucuns. En
effet, les seules volontés consciente et capable ne suffisent pas pour rendre le défendeur
responsable de son acte. La victime est alors contrainte de prouver que le défendeur a agi en
toute liberté. Dès ce fait, le cas de dommage résultant d'un cas fortuit ou de la force majeure, le
défendeur ne sera nullement responsable. Il sera de même du préjudice né de l'État de nécessité
de la faute exclusive de la victime elle-même ou d'un tiers.

100
art.1386 du code civil belge (loi belge du 16 avril 1953) art.489-2 du code civil français (loi du 03 janvier 1968,
J.C.P III, 33784. Il est à souhaiter que notre droit s'inspire de ces innovations cité par B.O KALONGO MBIKAYI.,
Op.cit., p.230
101
B.O KALONGO MBIKAYI., Responsabilité civile et socialisation des risques en droit zaïrois, Kinshasa, PUZ,
1977 cité par le même auteur, Op.cit., p.231.
102 MULENDA KIPOKE J.M., Op.cit., p.259.
39

S'agissant de la faute d'un tiers, il y a à envisager la responsabilité collective en


cas de dommage causé par une personne indéterminée au sein d'un groupe de personnes. Quant
à ce qui concerne de la faute exclusive de la victime elle-même, elle doit exonérer le défendeur
de toute responsabilité.
Il est des cas où le partage de la responsabilité est requis, si est seulement si, la
faute de la victime se combine avec celle du défendeur. Par exemple, le cas de la victime qui se
jette elle-même sur la chaussée et se fait écraser alors que le chauffeur du véhicule roulait à une
allure interdit par les signaux routiers.
Par ailleurs, les cas qui concernent les conventions de non responsabilité, on
retiendra que contrairement au domaine contractuel où elles sont valables, ces conventions sont
frappées de nullité absolue en matière délictuelle parce que étant contraire à l'ordre public. En
effet, comme l'affirment Josserand, Rippert et Sabatier : il existerait une obligation générale de
ne pas nuire à autrui. Aussi, ne peut-on accepter que l'on puisse se comporter de manière à
causer préjudice à autrui même avec le consentement de ce dernier. Car ça serait favorisé
l'imprudence dans la conduite à l'égard des autres.
§3. Le lien de causalité
A. Problématique de la causalité
L'exigence de la causalité n'est pas, à proprement parler, une condition qui
s'impose en soi, de façon purement objective pour qu'il ait responsabilité civile. Certains
systèmes de philosophie y croient tandis que d'autres n'y croient absolument pas. La plupart des
systèmes africains et même certaines populations de l'occident n'attachent aucune importance à
la causalité du moins telle qu'elle est conçue par le droit écrit. Dans le système précité, on
attribue facilement le dommage au hasard ou certains fléaux à des causes métaphysiques et en
tout cas irrationnels103.
En effet, le contexte du droit congolais inspiré par le droit français et Belge est
différent. Il exige pour qu'il y ait responsabilité, outre le dommage et la faute déjà analysés
précédemment, qu'il soit établi entre eux un lien de cause à effet, de telle sorte que si ce lien
n'est pas clairement établi, que l’on n’impute pas la responsabilité à l'auteur du comportement
fautif.
Par ailleurs, face à cette exigence de causalité, le code civil lui-même n'est pas
explicite de ce point de vue. Ainsi, la compréhension aisée nous est fournie par la doctrine et la
jurisprudence en interprétation et en faisant les jeux des mots de l'article 258 du code civil

103
B.O. KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.233.
40

livre III qu'ont pu déceler le lien causal dans les mots « qui cause et par la faute duquel »104.
La troisième condition de mise en œuvre de la responsabilité civile est donc l'existence d'un
lien de causalité dans notre droit positif congolais. L'exigence de la notion de causalité est une
tâche qui n'est facile à réaliser, son application en est une autre.
B. Application de la notion de causalité
Il y a différentes manières de concevoir la causalité. La difficulté du droit de la
responsabilité tient du fait qu'un dommage est précédé d'un enchaînement d'événements, qui
peut avoir plus au moins contribué à sa réalisation. Le problème consiste donc à choisir parmi
ces antécédents celui où ceux que l'on considère comme cause du dommage. Il en est ainsi d'une
personne qui s'arrête pour acheter un agenda et laisse les clefs sur la voiture, la voiture est volée.
Le voleur a commis un accident et a renversé un piéton. On remarque parmi ces antécédents, il
ya l'accident du voleur, mais aussi la négligence du propriétaire de la voiture, sans le vol de la
voiture, pas d'accident et donc pas de dommage.
En droit doit-on considérer que le dommage a été causé par le fait de conduire
trop vite ou par la négligence du propriétaire ? Il faut envisager les diverses solutions doctrinales
en cas de multiplicité de cause.
C. Solutions doctrinales en cas de multiplicité de causes
1. Théorie de l'équivalence des conditions
Ce fût, pendant longtemps, la position dominante. L'idée est que tous les faits
sans lesquels l'accident ne se serait pas produit qui, en d'autres termes, en ont été la condition
nécessaire, en sont, de manière équivalente, la cause, sans que l'on puisse à cet égard faire le
choix ni de mesure 105 . En clair, cette théorie consiste à considérer comme causalité tout
événement sans lequel le dommage n'aurait pas eu lieu, par conséquent tout événement qui
participe à la chaîne causale doit être considéré comme une cause du dommage, c'est une
conception large de la causalité106.
Par ailleurs, cette théorie était suffisante pour résoudre le problème de la
causalité lorsque la faute était le fondement quasiment exclusif de la responsabilité. Aujourd'hui,
lorsque l'on s'écarte de la responsabilité civile pour faute prouvée, cette théorie est généralement
écartée car elle pousse beaucoup trop loin les implications de la responsabilité et donne à un
dommage un nombre infini de causes. La retenir aujourd'hui serait hasardeux car elle prend en

104
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.234; LUTUMBA WA LUTUMBA., Op.cit., p.169.
105
P. MALAURIE et L. AYNES., Op.cit., p.47.
106
Idem, Op.cit., p.59.
41

compte toutes les causes sans en faire une distinction. Cette allure, on peut même allonger la
liste de causes et dire que s'il y a accident c'est parce que l'auteur du dommage vivait et s'il
vivait, c'est parce qu'il a été conçu par la volonté de ses parents [...] On pourrait en arriver à
mettre en cause l'humanité toute entière, voire le créateur. Ce serait une responsabilité trop
étendue107.
2. Théorie de la causalité adéquate
La théorie de la causalité adéquate cherche parmi les antécédents de l'accident le
fait adéquat, c'est-à-dire celui dont on peut considérer comme la véritable cause. En clair, cette
théorie considère comme antécédents de l'accident, les seuls antécédents qui, selon le cours
normal des choses sont de nature à produire le résultat qui s'est effectivement réalisé.
Cette théorie est développée par le philosophe Allemand Bon Kries, elle tend à
faire un choix entre les différentes causes qui ont contribué à produire un dommage, car chaque
cause peut avoir un pouvoir causal différent. Cette théorie retient, seul l'événement qui
normalement, raisonnablement, peut entraîner des dommages, tel qu'il s'est produit sans
l'intervention des circonstances extraordinaires peuvent être considéré comme la cause du
dommage108.
Ainsi, la théorie de la causalité adéquate introduit le critère de raisonnabilité dans
le processus de la recherche de la causalité en écartant tous les antécédents qui, en réalité, ne
peuvent pas produire le dommage de tel qu'il vient d'être commis.
Le professeur J.M Mulenda Kipoke estime pour sa part que la théorie de la
causalité adéquate présente toutefois d'arbitraire dans ses explications. Car, elle passe sous le
silence et jette dans l'ombre le principe de la prévisibilité du dommage cher à la démarche
pénale109.
3. La théorie de la proximité de la cause (causa proxima)
Cette théorie veut que l'on retienne l'événement le plus proche du dommage et
le dernier en date. C'est la théorie la plus simple à appliquer. Cependant, l'ordre chronologique
n'est pas nécessairement l'ordre causal. En pratique, on est passé de l'appréciation de la cause
la plus proche à l'appréciation de la faute la plus proche110.

107
B.O KALONGO MBIKAYI., Op.cit., p.236
108
MULENDA KIPOKE J.M., Op.cit., p.264.
109
Ibidem.
110
https://www.lgbd.org/lien de causalité.fr consulté le 20 Décembre 2022 à 15h09 min.
42

4. La théorie de l'empreinte continue du mal


La théorie de l'empreinte continue du mal dont le précurseur est le professeur
Noël Dejean de la Bastie. Dans cet esprit, le Professeur Dejan de la Bâtie développe la théorie
de « l’empreinte continue du mal » qui se propage jusqu’à la victime, invitant le juge à retracer
le cheminement ininterrompu qui va de la victime au mal, via une série de réponses à la question
« Pourquoi ? ».
Ce processus régressif permet d’instaurer le lien entre le dommage et la faute
originelle, sans laquelle rien ne se serait ensuivi. Il consiste à vérifier en premier lieu si le
dommage serait advenu sans la faute, puis si cette faute est causale au point d’expliquer son
lien direct avec le préjudice111. En clair, Pour l'auteur, ce qui est essentiel, c'est de pouvoir
suivre le « cheminement du mal » qui a atteint la victime, sans considération du fait « que ce
cheminement soit court ou long, normal ou exceptionnel ».
Il est alors retenu 2 conditions cumulatives pour l'application effective de cette
théorie, à savoir :
 D'une part, le fait défectueux doit avoir joué un rôle dans la surveillance du dommage
en ce sens qu'en son absence celui-ci n'aurait pas eu lieu ;
 D'autre part, ce fait doit s'expliquer par sa défectuosité, même le préjudice.
Comme on peut le constater, l'analyse de toutes ces théories démontrent
clairement la difficulté qu'il y a de définir avec beaucoup de précision le lien de causalité sur le
plan théorique
Section 2. CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE
POUR FAIT DES CHOSES
La responsabilité pour fait des choses concerne la situation dans laquelle un
individu engage sa responsabilité délictuelle à la suite d'un préjudice qu'il aurait causé à autrui
par le biais d'une chose dont il aurait eu usage, la direction et le contrôle au moment du
dommage. Notons que le principe de la responsabilité pour fait des choses inanimées a été forgé
de toute pièce par la jurisprudence et la doctrine en vue d'aider les victimes112. On sait que
depuis les arrêts Teffaine et Jand’heur, la responsabilité du fait des choses est une responsabilité
de plein droit, sans exigence de faute. Mais quelles sont les conditions qui permettent de mettre
en jeu cette responsabilité ?

111
https:// www. Varoclier-avocat. Com/articles-juridiques: la prévision historique et la juridique Trinité consulté
le 06 février 2023 à 18h49'.
112
V. KANGULUMBA., Op.cit., p.41
43

Les conditions retenues par la jurisprudence sont tirées du texte de l'article 260
al.1° du décret du 30 juillet 1888 portant sur les contrats ou obligations conventionnelles, le
fameux code civil livre III. Ces conditions sont au nombre de 4, il s'agit de la chose, le fait de
la chose, la garde de la chose et le dommage causé par le fait de la chose. Ces conditions peuvent
être ramené à trois dans nos développements car les conditions rélatives à la chose et fait de
celle-ci seront examinés en une seule et même condition qui sera intitulé sous un titre unique:
« la chose ». D'où les conditions retenues seront au nombre de trois, à savoir : la chose
(paragraphe 1), la garde (paragraphe 2) et le dommage (paragraphe 3).
§1. La chose
A. Notions de la chose
Cette condition retenu par la jurisprudence et la doctrine congolais est également
requises par nombreuses autres jurisprudences et doctrines de droit étranger, c'est notamment
le droit Français et Belge qui en fait une condition existentielle de mise en œuvre de
responsabilité pour fait des choses.
Cependant, la chose ne reçoit aucune définition légale. Aussi, ce terme reçoit-
elle une acception assez vague dans la langue française. Il s'agit là d'un concept le plus général
possible par lequel l'on désigne tout ce qui existe et qui est concevable comme objet unique
(concret, abstrait, réel, mental) et qui, en droit, peut être approuvé113.
En droit, elle devrait être précisément définie, car cela va de la sécurité de tous.
B. Application du concept chose
Autant que le terme chose est vague, autant qu'il est nécessaire tout au moins
d'en déterminer les contours.
En effet, l'article 260 al.1° du code civil livre 3 pose le principe selon lequel pour
engager la responsabilité du gardien de la chose, il faut d’abord être en présence d’une chose.
Le principe est que toutes les choses peuvent être sources de responsabilité,
qu’elles soient meubles ou immeubles (exemples : arbres, poteaux…), matérielles ou
immatérielles (exemples : ondes sonores, vapeur, images télévisées…), inertes ou en
mouvement, viciées ou pas, dangereuses ou non.
Ainsi, même une chose qui ne présente absolument aucun caractère de
dangerosité peut entrer dans le champ d’application de l’article 260 Al.1° du Code civil. On
peut citer un exemple parlant : celui de la feuille de banane qui provoque la chute d’une cliente
dans un supermarché.

113
Dictionnaire Larousse illustré cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.41.
44

Toutefois, il existe des exceptions à ce principe. Ainsi, l’application de la


responsabilité du fait des choses est impossible pour :
 les animaux, régis par l'article 261 du code civil, livre 3;
 les bâtiments, régis par l'article 260 du code civil, livre3;
 le corps humain ne saurait non plus être traité comme chose, ni sa pensée même
matérialisée 114 , cependant, la jurisprudence française applique parfois l’article 1242
alinéa 1 du Code civil français (l'équivalent de l'article 260 al.1°) à un dommage causé
par le corps humain lorsque ce dernier constitue un tout avec la chose. Exemple : un
choc entre deux cyclistes (cfr Cass. Crim. 21 juin 1990). Ici la responsabilité du fait des
choses sera applicable au corps humain car ce dernier constitue un tout avec le vélo, qui
est bien évidemment une chose;
 les choses sans maître ou res nullius (exemples : l’eau, l’air…) et les choses
abandonnées ou res derelictae (exemple : les déchets), car elles n’ont pas de gardien.
 Dangereuse ou pas, actionnés par l'homme ou non
 la distinction des choses mobilières et immobilières n'étant pas admises car l'article 260
al.1° s'applique indistinctement aux meubles qu'aux immeubles ;
 le dommage ayant pour origine l'incendie de certains bâtiments ne sont pas couverts par
l'article 260 al.1°
Par ailleurs, notons que la chose soit dangereuse ou pas, actionnée par l'homme
ou non, inerte ou en mouvement, le principe s'applique à toutes les choses115.Ainsi donc, l'article
260 al.1° du code s'applique à toutes les choses matérielles qui ne sont pas soumises à un
régime particulier de responsabilité. Le rôle de la chose doit être imminent dans la réalisation
du dommage.
C. Aspect critique du concept chose
Le principe légal peut être résumé en ce que l'on est responsable chaque fois que
la chose dont on a la garde cause dommage à autrui. Mais le problème surgit quant il faut
déterminer ce qu'est effectivement une chose. Nous nous en rendions mieux compte à travers
l'examen des conditions d'application de la responsabilité

114
A. TUNCA., Risques et sécurité, J.T., 1972, p.457 cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.42.
115
1er inst. Leo, 12 1avril 1952, R.J.C, 1953, p.93, avec note- Fagnart, L, -L, « examen de la jurisprudence, 1968-
1975 » in JJ, 1969, p.259, n°34 cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.42.
45

La lecture de l'alinéa premier de l'article 260 du code civil congolais paraît d'une
généralité absolue. Elle ne fait pas distinction entre les choses mobilières et immobilières. Nous
dirons que la disposition s'applique à toutes les choses qui ne sont pas régis par une disposition
particulière. Tels, l'écroulement d'un mur qui n'est pas causé par le ruine [...].116.
Il y a problème actuellement au regard de l'évolution technologique quant à la
qualification de certains produits comme des choses. Nous avons noté que le corps humain ne
pouvait pas être traité de chose, ni la pensée humaine même matérialisée. À l'heure actuelle, la
science médicale commercialise le sang et certaines parties d'organes humains pour la
transfusion, les greffes et la transplantation : les microbes et les virus humains qui font des
milliers des victimes ne peuvent-ils pas être considérés comme les choses ?
Dans l'entre temps, notons que s'agissant d'un être humain, il est interdit qu'il
soit dans le commerce. Or, le sang humain est donc dans le commerce donc susceptible d'être
approprié comme toute chose. Dans cette mésure, il engagerait en cas de dommage la
responsabilité du gardien et non du donneur du sang. Il peut en être de même pour des microbes
qui sont sous la garde de laboratins ou des médecins en dehors de leur responsabilité
professionnelle.
D. Rôle ou fait de la chose
La responsabilité du fait des choses suppose un fait de la chose à l'origine du
dommage. Pour qu'il y ait dommage selon les termes de l'article 260 al.1° du code civil livre 3,
la doctrine et la jurisprudence renseignent que la chose doit avoir joué un rôle actif. Le rôle
d'une chose est pris en considération que si la chose a été, en quelque manière, l'instrument du
dommage 117 . Si tel s'avère être le cas, il s'observe que peu importe les circonstances dans
lesquelles le dommage s'est réalisé, elles demeurent les plus souvent indéterminées, dans ce cas,
c'est le gardien de la chose qui demeure responsable. Inversement, lorsque la chose apparente
du dommage n'a joué qu'un rôle extrêmement passif, son gardien demeure sans doute
irresponsable. Cette irresponsabilité du gardien se fonde sur le fait que l'instrument apparent du
dommage n'a à proprement parlé joué un rôle actif dans la réalisation du dommage. Ce rôle
passif de l'instrument apparent s'analyse comme une cause négative d'exonération en soi,
indépendamment de la cause étrangère118. Dans les cas où la chose n'a joué qu'un rôle passif, la
victime est implicitement présumée responsable de son propre malheur car, la chose n'a qu'un

116
Loi congolaise du 10 juillet 1974 portant R.C obligatoire des bâtiments communaux, administratifs et autres
contre l'incendie, in jour officiel 15 août 1974, p.638-683 cité par V. KANGULUMBA., Op.cit., p.44.
117
Cas. 2e civ., 5 janvier.1994. Bill.civ.II, n°14 cité par P. LE TOURNEAU., Op.cit., p.49.
118
Ibidem.,
46

rôle passif, l'on conclut que le dommage résulte de sa propre faute. Il revient pour cela, à la
victime d'établir que la chose incriminée a participé de manière déterminante à la production
du dommage.
Notons in fine, que le fait de la chose n'est pas nécessairement anormal, de sorte
que le gardien ne peut se contenter, pour être exonérer, de prouver que le fait de la chose a été
parfaitement normal119.
Se faisant, pour une compréhension facile du rôle de la chose dans la réalisation
du dommage, nous analysons deux situations :
1° la chose en mouvement est entrée en contact avec la victime : lorsqu'une chose est en
mouvement et est entrée en contact avec la victime, la jurisprudence présume le rôle causal de
la chose dans survenance du dommage. Il appartient à la personne dont la responsabilité est
engagée d'apporter les éléments tendant à l'exonération de la responsabilité ;
2° la chose n'est pas entrée en contact avec la victime: lorsqu'une chose est en mouvement mais
n'est pas entrée en contact avec la victime, c'est à la victime de prouver le rôle causal de la chose
dans la survenance du dommage.
En effet, l'alinéa premier de l'article 260 du code civil pose le principe selon que
le dommage ait été causé par le fait de la chose incriminée, n'exige pour autant la matérialité
d'un contact. L'absence de contact entre la chose et la personne ou l'objet qui ont subi le
dommage n'est pas nécessairement exclusive de lien de causalité (cfr l'arrêt : 2 arrêts civ. 2
janvier 1940). La chose qui a causé dommage à autrui doit être sous la garde d'une personne.
§2. La garde de la chose
A. Aspect général de la garde
La garde de la chose est la condition centrale de ce système de responsabilité.
L'arrêt Franck120 a défini la garde de la chose comme l'usage, la direction et le contrôle de la
chose. Ainsi la garde est définie sous un angle matériel : pouvoir de fait sur la chose. Ce pouvoir
est objectif, c'est-à-dire qu'un dément ou un enfant peut être gardien de la chose étant donné
que le discernement n'est pas une condition pour garder la chose (Civ. 2e, 30 juin 1966). La
garde présente un caractère objectif, il suffit que l'auteur du dommage soit le gardien effectif
de la chose au moment du dommage (exemple : lancé d'un caillou). L'élément moral n'est pas
pris en compte : peu importe que le dommage résulte d'une action volontaire ou non de l'auteur.

119
P. LE TOURNEAU., Op.cit., p.50.
120
Cass. Ch. Réunies, 2 décembre 1941.
47

Le plus souvent, c'est le propriétaire qui est désigné comme gardien. C'est l'arrêt
Franck du 2 décembre 1941 qui a révélé la présomption de garde du propriétaire. Celle-ci peut
être renversée à sa charge s'il prouve que quelqu'un d'autre a l'usage, le contrôle et la direction
de la chose. De plus, lorsque la détermination du propriétaire est impossible, cette présomption
de garde pèse sur l'utilisateur de la chose121.
Mais par principe il est possible d’établir un transfert de la garde chaque fois que
l’on démontre qu’une personne, autre que le propriétaire, s’est emparée de l’usage, de la
direction et du contrôle de la chose. Le transfert peut être également établi par un contrat,
comme le contrat de prêt.
Concernant le transfert de la garde et du lien de préposition, on considère que
c'est le commettant qui a la direction et le contrôle de la chose. Il serait donc gardien de la chose
à la place de son préposé. Toutefois, la doctrine s'interroge par rapport à d'autres formes d'outils
dont jouisse le préposé (ex. : le matériel chirurgical). Cette position est justifiée par l'idée que
le préposé utilise la chose au profit de son commettant. En outre, la condition de contrôle de la
chose n'est pas remplie (le préposé n'en a que l'usage et la direction).
Mais il se pose la problématique du vice inhérent à la chose et non à son gardien.
La jurisprudence a donc, sur le fondement d'une thèse élaborée par Berthold
Goldman [réf. nécessaire], éclairci ce point avec l'arrêt Oxygène liquide (Cass. 5 janvier 1956)
en distinguant deux cas :
1° Lorsque les dommages sont dus au comportement de la chose, c’est-à-dire à la manière dont
elle a été utilisée, c’est le possesseur de la chose qui sera réputé le gardien.
2° Mais si le dommage est dû à la structure même de la chose, c’est-à-dire à la manière dont
elle est constituée, ce sera son fabricant ou son propriétaire qui sera considéré comme le gardien.
Cette distinction n'est utilisée que lorsqu'on est face d'un dommage causé par une
chose mue par un dynamisme propre et dangereux.
Aussi se pose la problématique de la garde collective : une chose pouvant être
sous la maîtrise de plusieurs personnes à la fois. Dans cette situation, chacune des personnes,
gardiens collectifs, pourra être tenue du dommage. Cela a pour intérêt de trouver des
responsables lorsqu'il est impossible de désigner un responsable propre. Dans l'hypothèse où la
victime fait partie du groupe de gardiens collectifs, les responsabilités des autres gardiens seront
alors écartées. L'exemple type d'une garde collective est l'accident de chasse avec impossibilité

121 Civ. 2e, 28 novembre 2002.


48

de désigner l'auteur du coup de feu, les chasseurs verront donc leur responsabilité engagée in
solidum.
B. Les conditions d'exonération122
La responsabilité du fait des choses est une responsabilité objective dite aussi de
plein droit. Les seules conditions d’exonération sont donc celles de la cause étrangère :
1° La force majeure : il ne faut pas que le dommage ait été créé par un vice interne de la chose.
Si l’événement était normalement prévisible, alors la force majeure ne pourra être retenue.
L’irrésistibilité de l’événement est appréciée in abstracto. La force majeure est exonératoire si
et seulement si elle a causé le dommage dans sa totalité.
2° Le fait du tiers : si le dommage est causé par le fait d’un tiers, il peut être exonératoire, à la
condition que ce fait revêtisse tous les caractères de la force majeure.
3°Le comportement de la victime peut éventuellement exonérer le gardien de sa responsabilité,
notamment si la victime a accepté les risques. Notons, que l'exonération sera partielle si le fait
de la victime a concouru à la survenance du dommage. Dans ce cas, les risques doivent être
normaux et prévisibles pour qu'il y ait exonération. Désormais toutefois, la victime d'un
dommage causé par une chose peut invoquer la responsabilité résultant de l'article 260, alinéa
1er, du code civil, à l'encontre du gardien de la chose, instrument du dommage.
C. Consentement de la victime
Le consentement de la victime se manifeste de plusieurs manières et produit des
retombées diverses. Parfois la victime consent au dommage, parfois sans consentir au dommage,
accepte de courir certains risques générateurs du dommage. Souvent il peut s'agir de
l'acceptation du dommage (a), ou de l'acceptation des risques.
a. Acceptation du dommage
Volenti non fit injuria. En droit pénal par exemple, sauf exception (vol viol et
séquestration) le consentement de la victime est sans effet sur l'infraction. Au contraire, en droit
civil, le principe est que l'obligation de réparer disparaît quand la victime a consentie au
dommage: volenti non fit injuria (à celui qui consent, on ne fait pas de tord). Mais la règle
suppose que l'intérêt soit disponible pour la victime, ce qui amène à distinguer le dommage
pécuniaire et le dommage corporel.
1° lorsqu'il s'agit d'un dommage pécuniaire, la victime perd son droit en consentant au dommage,
parce qu'elle peut renoncer directement à ses droits, elle peut aussi le faire individuellement, à

122
https:// www.coursdedroit.net/Responsabilité pour fait des choses : causes où conditions d'exonérations consulté
le 14 décembre 2022 à 11h40 min.
49

la condition qu'il ait eu véritablement consentement, c'est-à-dire que sa volonté ait été réelle et
consciente.
2° Au contraire, s'il s'agit d'un dommage corporel, l'efficacité du consentement est restreinte et
dépend des intérêts en cause. L'atteinte à l'intégrité corporelle d'une personne est justifiée par
son consentement lorsque s'y ajoute un intérêt particulier (l’acte chirurgical par exemple) ou
général (l’acte de transfusion sanguine par exemple). Dans le cas contraire, le consentement de
la victime ne supprime pas la responsabilité. Par exemple, dans le duel la participation
commune et volontaire de deux partie ne retire pas à l'acte son caractère fautif; de même, le
consentement de la personne à sa propre mort. L'acceptation de dommage ne doit pas être
confondue par l'acceptation des risques.
b. L'acceptation des risques
Qu'adviendrait-il lorsque la victime, par son comportement à accepter
volontairement les risques? Ce cas peut-il être exonératoire de toute responsabilité ?
En effet, se référant dans le contexte de notre thème, les victimes du drame de
Matadi kibala sachant que le marché dans lequel ils réalisaient leurs opérations commerciales
était situé au coeur d'une emprise de la SNEL qui, au départ était un endroit frappé de servitude
légale, l'on peut alors leurs opposer l'acceptation des risques afin de s'éloigner de l'idée selon
laquelle les victimes pourraient un jour solliciter l'indemnisation ?
Le code civil est muet quant à ce qui concerne l'acceptation de risques par la
victime. La réponse à cette préoccupation est puisée en droit comparé, notamment en droit
français. La jurisprudence et la doctrine ont varié, pour cela, il faut considérer :
- La situation avant 2010: la jurisprudence prend en compte l'acceptation des risques mais
uniquement dans les compétitions sportives.
Aux termes de la jurisprudence, seuls les risques normaux de l’activité pouvaient
être accepté par la victime, c’est-à-dire les dangers prévisibles eu égard à une pratique habituelle
de l’activité dommageable, un risque de mort ne pouvant cependant jamais être considéré
comme accepté par la victime123.
- La situation en 2010: la deuxième chambre civile rend l'arrêt le 04 novembre 2010124
dans cet arrêt la cour de cassation française rejette acceptation des risques sur le terrain
de la responsabilité du fait des choses, attendu de principe clair dans lequel elle énonce
que la victime d'un dommage causé par une chose peut invoquer la responsabilité

123 Cass.
Civ. 2, 8 mars 1995 n°91-14895.
124 Civ.
2e, 4 nov. 2010, n° 09-65947.
50

résultant de l'article 1242 al.1°( l'équivalent de l'article 260 al.1°) à l'encontre du gardien
de la chose, instrument du dommage sans que puisse lui être opposé son acceptation des
risques. Ici, l'étendu est général et ne fait plus référence à une compétition sportive. Elle
n'étend plus accepter l'exonération des risques sur fond de l'article 1242 al.1° (article
260 al.1° du code civil livre III) peu importe que ce soit une compétition ou pas.
- Cet arrêt fut très dezingué et a balisé le chemin à la réforme de la loi du 12 mars 2012
tendant à faciliter l’organisation des manifestations sportives et culturelles s’est donnée
comme objectif de réformer le régime de responsabilité civile des pratiquants sportifs
du fait des choses.
Cette loi introduit l'acceptation des risques dans le sport. L’article L. 321-3-1 du
Code du sport, issu de l’article 1er de la loi n° 2012-348 du 12 mars 2012 tendant à faciliter
l’organisation des manifestations sportives et culturelles dispose ainsi que : « les pratiquants ne
peuvent être tenus pour responsables des dommages matériels causés à un autre pratiquant par
le fait d’une chose qu’ils ont sous leur garde, au sens du premier alinéa de l’article 1384 du
code civil, à l’occasion de l’exercice d’une pratique sportive au cours d’une manifestation
sportive ou d’un entraînement en vue de cette manifestation sportive sur un lieu réservé de
manière permanente ou temporaire à cette pratique»125.
Le texte n’exclut la responsabilité du sportif gardien de la chose que pour les
seuls « dommages matériels » causés à l’occasion d’une pratique sportive se déroulant sur « un
lieu réservé » à cette pratique.
Dans les autres cas, le sportif ayant causé un dommage à un autre ne pourra plus
opposer à la victime son acceptation des risques
§3. Le dommage
Rappelons que le dommage a fait l'objet d'un long commentaire dans la section
consacrée aux conditions de mise en œuvre de la responsabilité pour fait personnel, pour éviter
les redites nous émettons juste un bref commentaire pour fixer l'encrage en ce qui concerne
cette section réservée aux conditions de mise en œuvre de la responsabilité pour fait des choses.
En effet, lorsque l'on évoque la question de la responsabilité, l'idée du dommage
vient directement à l'esprit. Le dommage est une condition de responsabilité civile pour fait des
choses. La responsabilité civile pour fait des choses avons nous dit concerne la situation dans
laquelle un individu engage sa responsabilité délictuelle à la suite d'un dommage qu'il aurait

125
P. MALAURIE et L.AYNES., Op.cit., p.78.
51

causé à autrui par le biais d'une chose dont il aurait eu usage, la direction et le contrôle au
moment du dommage. Pourtant une chose peut paraître aussi dangereuse qu'elle soit, n'emporte
aucune responsabilité si elle ne cause pas à une personne ou à une autre chose. Et pour causer
dommage, elle peut s'être comportée d'une certaine façon, de sorte à prendre une part active
dans la genèse du dommage 126 . Cette condition suppose la relation entre la chose
(comportement de la chose, fait de la chose) et l'effet (le dommage causé, la lésion d'un intérêt
juridiquement protégé).
Nous concevons qu'il y a fait de la chose lorsqu'il est établi que cette dernière à
sûrement provoqué un dommage. La jurisprudence française par exemple, n'exige pas un
contact matériel de la chose avec la victime ou l'objet endommagé127.
D'où, le fait de la chose ne loge pas nécessairement l'idée d'un contact matériel
avec la chose incriminée, il implique tout simplement que l'intervention de la chose incriminée
ait joué un rôle causal, générateur du dommage.

126
P. Arnold., Droit du sport. Théorie de l'acceptation des risques : état de lieux, 14 février 2014 consulté sur
https://www.eclipse-avocats.com, le 7 février 2023 à 10h34 min.
127
V. KANGULUMBA., Op.cit., p.45
52

CHAPITRE TROISIÈME: MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ DE LA


SNEL ET DE L'ÉTAT CONGOLAIS FACE AU DOMMAGE CAUSÉ PAR LE
CABLE HAUT TENSION À MATADI KIBALA

L'étude de la responsabilité civile délictuelle n'a pas pour unique vocation


l'analyse des conditions de mise en oeuvre de la responsabilité civile en vérifiant si chacune
d'entre elles est bel et bien réunie (dommage, faute et lien de causalité), mais aussi passer à
l'épineuse question rélative à la désignation de la personne qui devra supporter le poids de
l'indemnisation des victimes ou de ses ayants droit.
L'étude que nous menons orientée essentiellement sur la problématique de la
réparation de préjudice dans la responsabilité civile de plein droit: regard rétrospectif sur
l'indemnisation des victimes du drame de Matadi kibala, nous pousse à analyser tour à tour la
responsabilité civile de la SNEL entant que société productrice, transportatrice et commerçante
de l'énergie électrique sur l'ensemble du territoire national en général et de la ville de Kinshasa
en particulier d'une part ; la responsabilité de l'État entant que pouvoir public ayant pour rôle
d'assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, capacité et le rôle qu'il(l'État) possède dans
la prévention des actes dommageables en prenant en amont des mesures idoines qui s'imposent
à l'ensemble de la population, d'autre part.
Section 1: DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ÉLECTRICITÉ (SNEL en sigle)
§1. Présentation de la SNEL
A. Aperçu historique de la SNEL128
La Snel est créée par l'ordonnance loi n° 70-033 du 16 mai 1970 entant que
service public à caractère industriel et commercial (SPIC) ayant pour mission la production, le
transport et la commercialisation de l'énergie électrique qu'elle exploite de la centrale
hydroélectrique d'Inga.
Au moment où il existait plusieurs sociétés productrices d'énergie électrique
après la découverte par les autorités coloniales des diverses chutes , il a donc était question de
mettre en œuvre un établissement de droit public à caractère industriel et commercial (SPIC)
dénommé Société Nationale d'électricité (SNEL en sigle) pouvant contrôler et gérer les
ressources énergétiques et les lignes de transport.
À l'origine, cette entreprise reçue de l'État, la mission du maître d'ouvrage du site
Inga.

128
Https//www.congovirtuel.com/page-rapport-travaux/page-rapport-nzinga [en ligne] consulté le 22 Décembre
2022 à 1h35'.
53

En effet, en cette qualité, la Snel étant créée et a, par la suite, absorbé


progressivement toutes les sociétés privées pour qu'elle ait le monopole sur l'exploitation de
l'énergie électrique. Les sociétés absorbées étaient les suivantes :
 Camectick;
 Sogelin;
 Force de l'Est ;
 Force du Bas-Congo;
 SOGEFOR (Société Générale de Forces Hydrocarbures);
 SOGELEC (Société Générale Afrique d'électricité).
Favorisé par la loi N°74/012 de juillet 1974, portant reprise par la Snel des droits,
obligations et activités des anciennes sociétés commerciales privées d'électricité ; la Snel
devrait donc assumer ses responsabilités en matérialisant sur terrain ses activités, c'est-à-dire :
 Traduire dans le fait une véritable société d'électricité à l'échelon national et
international;
 Définir son développement à court, moyen et long terme en rapport avec les objectifs
généraux lui assigné par l'État.
B. Objectif de la snel129
À la suite de la mise en service par l'État, la Snel devrait donc à moindre coût
assurer la production, le transport et la commercialisation de l'énergie électrique, à l'instar de la
Regideso et de six autres sociétés commerciales privées existant et poursuivant le même object
social; puis s'assurer du contrôle direct des ressources stratégiques en matière de développement
économique et social du pays
C. Statut juridique de la société nationale d'électricité
La Snel comme prédit, est un établissement de droit public à caractère industriel
et commercial créé par par l'ordonnance loi n° 70-033 du 16 mai 1970.
En effet, soucieux de répondre aux besoins énergétiques du pays, le pouvoir
public par l'entremise de l'ordonnance présidentielle n°67-391 du 23 septembre 1967,
instituèrent le comité de contrôle technique et financier pour les travaux d'Inga lequel comité
sera transformé en 1970 en Société Nationale d'électricité.
Toutefois, ce service public d'électricité est confié à la Snel, érigée sous forme
de société d'État, et régie par la loi cadre sur les entreprises publiques et l'ordonnance loi
n°78/196 du 5 mai 1978 approuvant ses statuts, sous tutelle technique du ministère de l'énergie;

129
Https//www.congovirtuel.com/page-rapport-travaux/page-rapport-nzinga [en ligne] consulté le 22 Décembre
2022 à 1h35'.
54

la tutelle administrative et financière étant assurée par le ministère du portefeuille. Arrivé en


2008, la Snel ne gardera pas le même statut de société d'État, d'entreprise publique ; elle est
transformée par la loi n°08/007 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la
transformation des entreprises publiques en société commerciale dont l'Etat congolais étant
actionnaire majoritaire.
D. Localisation et situation géographique
La Snel est située à l'ouest de la ville de Kinshasa ayant statut de province, la
capitale de la RDC, dans la commune de la Gombe, sur l'avenue de la justice n°3281 au
croisement des avenues batetela et de la justice, en plein centre administratif.
En effet, elle est l'une des grandes entreprises d'Afrique centrale où ses services
sont implantés sur toute l'étendue du territoire national, afin de bien et mieux jouer son rôle
d'épine dorsale à l'économie congolaise.
E. Structures organisationnelles et fonctionnelles
La Snel étant une entreprise issue de la fusion de plusieurs sociétés ayant chacun
une organisation propre , il fallait donner à cet ensemble hétéroclite la forme d'une entreprise
homogène moderne. C'est ainsi qu'il est donc né un département d'organisation dénommé
Département d'organisation et de Management (D.O.M en sigle) afin de mettre en place un
système managérial unique pour l'entreprise, puis un système de gestion et d'information, en
suite disposer d'un système de codification des points alimentés pouvant permettre de bien
situer un abonné dans l'espace en ayant une structure très complexe comprenant :
 Un conseil d'administration (1);
 Un comité de gestion (2).
1. Le conseil d'administration
Le conseil d'administration est chargé de la gestion active de l'entreprise, et
comprends à son sein 9 administrateurs nommés par le président de la République dont:
 Un président du conseil d'administration (PCA en sigle);
 Administrateurs (ADG, ADGA , ADT , ADF) choisis au sein de l'entreprise, soit en
dehors de celle-ci;
 Quatre administrateurs venant de l'extérieur de l'entreprise ou des différentes
organisations de l'État.
2. Comité de gestion
Dans son object, l'organisation régie dans ce département a pour rôle :
 Définir les orientations et les objectifs de l'entreprise ;
55

 Mettre en place des processus mensuels ou automatiques de traitement des


informations relatives à ces orientations nécessaires pour atteindre les objectifs définis ;
 Contrôler la mise en oeuvre des dites orientations et processus ainsi que
l'accomplissement de ces objectifs.
F. Direction générale
La direction générale de la Snel est assumée par l'administrateur délégué général
qui est le responsable de l'entreprise, il contrôle et assume la coordination de toutes les activités
de l'entreprise.
En effet, il est donc secondé par l'administrateur délégué général adjoint
(ADGA), suivi par un administrateur directeur technique (ADT) et de l'administrateur directeur
financier (ADF). Ces 4 membres du comité de gestion sont donc responsables dudit
département dont dépendant directement des divisions et directions par ordre de présence. Elle
comprend plusieurs départements : le département d'approvisionnement, le département des
ressortissants humaines, le département technique et le département financier.
§2. Approche penale des dommages causés par la coupure du cable haut tension a Matadi
Kibala
La constitution de la République démocratique du Congo du 18 février 2006 telle
que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 proclame solennellement la sacralité de la
vie humaine lorsqu'elle dispose à son article 16 que : “la vie humaine est sacrée. l'État a
l'obligation de la respecter et de la protéger [...]” 130 .La vie humaine est regardée comme
l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort131.
En effet, l'ensemble des réligions et des philosophies spiritualistes considèrent
que la vie humaine est sacrée. Aussi posent- elles en principe l'interdiction de lui porter
atteinte 132 . La sacralité de la vie humaine étant ainsi proclamée par des textes aussi bien
conventionnels que constitutionnels, affirment cette valeur en des termes diversifiés :
 Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne133;

130
Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février telle que révisée par la loi n°11/002 du 20
janvier 2011, art.16.
131
DOUCET cité par Manasi N'kusu, Droit pénal spécial, troisième graduat, faculté de droit, unikin, 2016, p.34.
132
Ibid.
133
Déclaration Universelle des droits de l'Homme proclamée par l'assemblée générale des nations unies dans sa
résolution 217(3), du 10 décembre 1948, art.3.
56

 La personne humaine est inviolable. Toute être humain a droit au respect de sa vie privée
et à l'intégrité physique et morale de sa personne : nul ne peut être privé arbitrairement
de ce droit 134;
 Toute personne a droit à la vie, à l'intégrité physique ainsi qu'au libre développement de
sa personnalité dans le respect de la loi, de l'ordre public, du droit d'autrui et des bonnes
moeurs135; en aucun cas, et même lorsque l'État de siège ou d'urgence est proclamé
conformément aux articles 87 et 88 de la présente constitution, il ne peut être dérogé au
droit à la vie 136 .Les articles 16 et 61 de la constitution rendent la vie sacrée en
interdisant de manière paremptoire d'y porter atteinte.
Cependant, la question de la sacralité de la vie humaine n'est plus retenue par
tous les pays. Sa protection s'affaiblit peu à peu, car dans certains pays on tend déjà à la
reconnaissance du droit à l'avortement ou de l'interruption volontaire de la grossesse, la vie
humaine ne partant plus de la conception mais plutôt de la naissance.
En droit positif congolais à contrario, le code pénal érige en infraction plusieurs
comportements de l'homme susceptibles de porter atteinte à la vie humaine en prévoyant des
incriminations ayant généralement des taux assez élevés de la peine, en tenant compte de la
valeur qu'il protège.
En effet, au vue des faits et circonstances dans lesquelles le drame de Matadi
kibala s'est réalisé avec tous les dégâts en perte des vies humaines, on peut être tenté de penser
que seule la question de la réparation des préjudices causés vallait son pesant d'or et peut être
portée devant le juge civil en ignorant sensiblement les aspects penaux qui méritent d'être
analysés.
Se faisant, une seule incrimination peut être retenue dans le drame, il s'agit: de
l'homicide ou les lésions corporelles involontaires.
A. L'homicide ou les lesions corporelles
1. Notions
Aux termes de l'article 52 du code pénal qui dispose: “Est coupable d'homicide
ou des lésions corporelles involontaires celui qui a causé le mal par défaut de prévoyance ou de
précaution, mais sans intention d'attenter à la personne d'autrui”. Il résulte de cette disposition
que l'homicide involontaire consiste dans le fait de causer la mort par défaut de prévoyance ou

134
Art.4 de la charte Africaine des droits de l'homme et de peuple du 27 juin 1981, entrée en vigueur le 21 octobre
1986, in OUA Doc.cab/leg/67/3 rev5, 21, Lm.58.1982 cité par MANASI N'KUSU, Op.cit, p.10.
135
Constitution de la République Démocratique du Congo telle que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011,
art.16.
136
Idem, art.61.
57

de précaution, sans intention d'attenter à la personne d'autrui 137. Il ne s'agit pas uniquement de
la mort provoquée par des violences involontaires certes, la mort non recherchée qui survient à
la suite d'une omission due à la maladresse, à l'imprudence, à la négligence, à l'inattention, à
l'indifférence ou à l'imperitie (par exemple, ne pas mettre des gardes fous autour d'une piscine
dans laquelle les enfants se noient ; ne pas couvrir la fausse sceptique dans laquelle un enfant
tombe et meurt; laisser les médicaments à la portée des enfants qui en prend et meurent138).
Par ailleurs, DOUCET semble traiter cette question avec une minutie excessive,
très pointilleux en définissant le concept homicide involontaire comme étant : “le fait de causer
la mort d'autrui par une action ou une omission rélevant de la maladresse, l'imprudence, de la
négligence, de l'inattention, de l'indifférence ou de l'imperitie”, ce qui comprend l'inobservation
des règlements.
Bien plus, pour Jean Levasseur pour qu'il y ait infraction au sens de l'article 52
du code pénal congolais, il faut qu'il y ait atteinte à l'intégrité corporelle de la victime, il peut
s'agir des lésions externs (un piéton blessé par un véhicule, un accident de chasse, pris en terme
d'exemple) ou des lésions internes, des maladies, d'empoisonnement.
Peu importe, le degré de gravité des blessures ou des maladies, aussitôt l'intégrité
physique de la victime est atteinte, si légèrement que ce soit, il ya sans doute lésions corporelles.
Il faut cependant, qu'il s'agisse d'une véritable atteinte à l'intégrité physique: une simple
indigestion provoquée par l'absorption des denrées légèrement avariées ne peut être considéré
comme lésion corporelle.
La précision étant apportée pour ce qu'il faille entendre de l'infraction d'homicide
ou lésions corporelles involontaires au regard du code pénal et de la doctrine, examinons au
point qui va suivre les éléments constitutifs de cette prévention.
2. Éléments constitutifs d'homicide ou lesions invontaires
a. Élément légal
L'infraction d'homicide ou les lésions involontaires est prévue et punie par les
articles 52 et 53 du code pénal. Ces dispositions prevoyent respectivement ce qui suit :
- Article 52 : Est coupable d'homicide involontaire ou des lésions involontaires celui qui
a causé le mal par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d'attenter
à la personne d'autrui ;

137
MANASI N'KUSU, Op.cit, p.34.
138
Ibidem.
58

- Article 53 : Quiconque aura involontairement causé la mort d'une personne sera puni
d'une servitude pénale de trois mois à deux ans et d'une amende de 50 mille francs.
b. Le Dommage (élément matériel)
À l'instar de tout délit d'imprudence, l'homicide ou lésions corporelles
involontaires réquiert un dommage, une faute pénale et un lien de causalité entre le premier et
la seconde.
Ici le dommage est le fait matériel : pour que le fait matériel soit établi la loi
exige qu'une personne soit morte. On tient ici au résultat : la mort 139. C'est ainsi qu'on estime
que l'auteur d'une faute, meme la plus grave, la plus évidente et la mieux établie ne sera pas
poursuivie et réprimé que si celui-ci a produit le résultat matériel prévu par la loi, à savoir : la
mort de la victime en cas d'homicide involontaire ou la lésion corporelle de la victime en cas
des lésions corporelles involontaires. À partir du moment où la faute est prouvée et que le
résultat s'est effectivement produit, l'agent doit être sanctionné sans qu'il y ait lieu de faire la
distinction selon la gravité de la faute. Tél est le principe applicable en cette matière.140
c. La Faute
Pour que l'infraction d'homicide ou des lésions corporelles involontaires soit
retenue, l'agent doit commettre une faute . Et il n'est pas exigé que cette faute soit intentionnelle,
c'est-à-dire il n'est pas requis l'agent ait voulu ou prévu le résultat ni même le fait générateur de
celui-ci. Une faute même légère peut caractériser cette qualification 141. La faute étant alors
considérée comme l'élément central de cette prévention sans lequel, l'on se trouverait dans une
situation telle que l'infraction ne serait pas établie à l'égard de l'agent nonobstant que le
dommage existe. Ceci étant précisé, que doit- on entendre par le concept faute?
D'emblée, le code pénal congolais lui même n'a pas pris soin de définir le concept
faute, il énumère uniquement des comportements de l'agent qui peuvent être constitutifs de
faute.
c.1. La faute, quelle définition ?
Le concept faute ne renferme pas une définition légale. Face à ce vide
definitionnel créé par le législateur, la doctrine n'est pas restée indifférente. C'est de cette
occurence que le professeur Likulia Bolongo défini la faute comme: “Une erreur de conduite
qui permet d'imputer à un agent une conséquence dommageable”142. Comme nous l'avons déjà

139
LIKULIA BOLONGO., Droit spécial zaïrois, Tome1, Ed.LGDJ, Paris, 1985, p.109.
140
AKELE ADAU., Syllabus du droit pénal spécial , troisième graduat, faculté de droit, unikin, 2003-2004, p.59.
141
Ibidem.
142
LIKULIA BOLONGO, Op.cit, p.109.
59

mentionné, pour que l'infraction soit établie en fait tout comme en droit, l'agent doit
nécessairement avoir commis une faute, cette dernière peut être, de fois légère; à contrario si
aucune faute n'est établie , il n'y a pas non plus infraction.
La faute dont il est ici question, est une condition existentielle de cette infraction
et peut prendre des formes diverses.
c.2. Différentes formes que peut prendre une faute
Il peut s'agir, selon Jean Levasseur:
 La maladresse : Elle consiste dans le défaut d'adresse, dans un manque d'habilité ou
d'exterité corporelle. L'exemple le plus classique illustrant la maladresse est celui d'un
ouvrier qui laisse tomber une pierre et tue un passant ou celui d'un chasseur qui atteint
mortellement une personne humaine en visant un gibier. La maladresse se caractérise
par la faute morale ou intellectuelle de l'architecte, du guérisseur ou du médecin qui ne
se montre pas habille dans l'exercice de son art ou qui pratique sans aucune adresse ou
finesse de l'esprit143;
 L'imprudence : Lorsqu'il faut évoquer l'imprudence dans cette prévention, pour bien la
comprendre, l'on se serve d'un type d'homme standard ou refferenciel: un homme
prévoyant et raisonnable. Dans l'appréciation du comportement d'un homme prévoyant
raisonnable, si l'on arrive à se rendre compte que tel ou tel autre comportement ne
pouvait pas normalement être affiché par lui(homme prévoyant et raisonnable),
facilement on peut conclure que tel comportement ou tel autre est constitutif d'une faute ;
 L'inattention : elle consiste pour l'homme d'être absorbé par une autre chose que par ce
qu'il fait.144 Voici quelques formes d'inattention :
 Le cas d'un chauffeur de taxi qui s'absorbe dans le spectacle de la rue et qui provoque
un accident ;
 Le cas d'un chirurgien qui oublie une pince dans le ventre de son patient, pour ne citer
que ces 2 exemples;
 La négligence : Elle consiste dans l'insouciance, le manque de soin, d'application ,
d'exactitude ou généralement caractérisée par l'inaction, l'abstention ou l'omission. C'est
notamment le fait d'omettre de donner par geste ou par signal un avertissement
nécessaire.145

143
AKELE ADAU, Op.cit., p.62
144
Idem, Op.cit., p.36
145
Idem, Op.cit., p.62
60

En clair, la faute par négligence est l'omission d'une précaution commandée par
la prudence, on décèle dans cette définition que les fautes par négligence pourraient être
classées dans la catégorie des fautes par imprudence.146
 L'inobservation des règlements : il s'agit ici, de considérer dans cette gibecière des
règlements, tous les textes légaux et administratifs: lois, ordonnances, décrets, arrêtés
des diverses autorités administratives. La violation par l'agent de tous ces textes légaux
et administratifs est constitutif de faute pénale qu'incrimine cette prévention.
3. Le lien de causalité entre la faute pénale et le dommage
Pour que l'infraction d'homicide ou lésions corporelles involontaires soit établie,
il est nécessaire qu'il y ait une relation logique entre la faute pénale commise par l'agent et le
résultat de la faute qui est le dommage réalisé, c'est-à-dire il doit y avoir une relation de cause
à effet entre la faute commise et le dommage subi par la victime. Il importe peu qu'il y ait ou
non de fautes multiples imputables à plusieurs personnes pour qu'il y ait faute. Ici, la
responsabilité de chacune des personnes doit être engagée. L'imprudence ou la négligence de
l'une ne doit pas exclure la négligence ou l'imprudence de l'autre147.
Si l'auteur de l'homicide involontaire est la personne morale, peu importe que la
causalité soit directe ou indirecte, toute faute permet d'engager la responsabilité pénale de la
personne morale.
Par ailleurs, la situation change lorsque l'auteur de l'homicide involontaire est
une personne physique, il ya deux types de causalité:
 La causalité directe148
C'est l'idée où une personne sans avoir vraiment causé le dommage elle-même,
a créé ou bien a contribué à créer une situation ayant permis la réalisation du dommage ou n'a
pas pris des mesures pour l'éviter. En cas de causalité directe, une faute simple pourra engager
la responsabilité pénale de l'auteur. Il s'agit ici de voir si l'auteur n'a pas accompli ce qu'il faut
faire au regard de la nature de ses missions, de ses fonctions, de ses compétences ou du pouvoir
et des moyens dont il dispose ;
 Causalité indirecte
Il s'agit ici du cas où l'auteur (l'agent) n'a fait seulement contribuer à la situation
qu'à provoquer le dommage ou bien au comportement de celui qui devrait agir et ne l'a pas fait.
Si la causalité s'avère indirecte, une faute plus grave est requise, il doit s'agir soit d'une faute

146
MANASI N'KUSU, Op.cit., p.37.
147
Ibidem..
148
Https//www.cabinet.zenou.fr.droit pénal/homicide involontaire [en ligne] consulté le 28 décembre 2023 à 1h44'
61

délibérée ou une faute caractérisée. Il faut donc une détermination à commettre la faute, et ceci
en connaissance de l'obligation particulière ou de sécurité. Cette distinction est faite par le code
pénal criminel français149. Le code pénal congolais quant à lui n'opère pas de distinction entre
la causalité directe et indirecte. Cette distinction ne vaut que pour les personnes physiques, les
personnes morales en sont exclues. N'importe quelle faute légère ou grave suffit pour engager
la responsabilité pénale de la personne morale.
4. Appréciation personnelle
L'infraction d'homicide ou lésions corporelles involontaires étant parfaitement
analysée, qu'il me soit permis d'apprécier les faits tels qu'ils se sont réalisés dans le drame en le
confrontant avec les caractéristiques de l'infraction d'homicide ou lésions corporelles
involontaires récemment analysée. Pour rendre aisée cet exercice, le rappel des faits vaut son
pesant d'or:
En effet, tout rémonte dans la matinée du mercredi 02 février 2022, les médias
locaux notamment la radio Okapi et top Congo fm nous apprirent qu'un drame s'est réalisé à
Matadi kibala. Ils rapportèrent que le drame fut provoqué par la coupure d'un câble haute-
tension sur la ligne zongo-gombe à l'accasion d'une pluie torenciere. Ledit câble est tombé sur
un marché pirate érigé en pleine emprise des lignes de haute tension dans lequel se trouvait des
marchands qui réalisaient les opérations d'achat et de vente. Le lieu était inondé par les eaux de
pluie; et l'eau étant reconnue comme la meilleure conductrice d'électricité. Les eaux Jonchèrent
le marché pirate et créèrent un champ magnétique tout au tour de celui-ci, et par la suite il s' en
est suivi l'électrocution de 25 personnes dont 21 personnes mortes au sein du marché et 4 autres
sur le boulevard. Il avait seulement deux personnes qui ont survécu après le drame (selon le
rapport du gouvernement lu par le ministère national des médias et porte parole du
gouvernement, Mr Patrick Muyaya).
En effet, au regard des faits tels que relayés, il se constate à plusieurs égards que
l'infraction d'homicide ou lésions corporelles involontaires prévue aux articles 52 et 53 du code
pénal congolais est sans ambages établie en fait tout comme en droit:
 D'abord sur le point de vue du dommage exigé par le code pénal, pour ce qui concerne
l'homicide le code pénal exige qu'il une mort d'homme pour qu'il soit retenu. Par
conséquent, le drame en avait fait 25; pour ce qui concerne les lésions corporelles
involontaire, le code pénal exige en terme de dommage qu'il ait des atteintes physiques,
sans qu'il n'ait mort d'homme. Or, le bilan du drame renseigne qu'il ya eu deux personnes

149
Https//www.cabinet.zenou.fr.droit pénal/homicide involontaire [en ligne] consulté le 28 décembre 2023 à 1h44'
62

qui ont survécu à la mort après le drame mais ayant subies des atteintes physiques très
graves. Au vue de cette considération, nous dirons que le dommage a été sans doute
réalisé ;
 Ensuite, du point de vue de la faute: Découvrir la faute dans les circonstances qui ont
milité dans la réalisation de ce drame n'est pas une tâche facile à réaliser. En effet,
rappelons au préalable que le lieu dans lequel le drame s'est réalisé est une servitude au
regard de la l'arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993 qui cite à son article
premier les emprises des lignes de haute tension sur une distance 25m de part et d'autre.
Le petit marché de Matadi kibala étant entièrement érigé sur une emprise qui, selon la
loi ne devrait pas abrité un marché ou toute autre construction de nature à y être habitée.
En effet, la Snel étant aujourd'hui la société détenant le monopole de la
production, du transport et du commerce d'énergie électrique sur l'ensemble du territoire
national en République Démocratique du Congo. L'exploitation se réalise par différents
barrages hydroélectriques construits sur l'ensemble du territoire national, le transport de
l'électricité se réalisant lui par l'implantation des pilonnes à l'aide desquels les câbles électriques
à haute tension sont suspendus, favorisant ainsi le transport aisé de l'électricité jusqu'aux
différents lieux de consommation. La consommation quant à elle est réalisée au moyen des
différentes installations de la Snel qui permettent la distribution facile de l'électricité dans les
habitations des abonnés.
Rappelons que de la production en passant par le transport jusqu'à la
consommation de l'électricité par les abonnés, le courant électrique présente un danger qui
guette toujours la population, de telle sorte que chacun dans son coin est sensé prendre beaucoup
plus de précaution pour échapper au dommage que le courant électrique est susceptible de
causer.
En effet, la Snel connaissant le danger qu'il ya en cas d'occupation d'une emprise
des lignes de haute tension devrait normalement s'assurer que dans cette emprise de passage
des câbles H.T que personne n'y habite, n'y construise des habitations ou toute autre
construction de nature à abriter un marché. Ne pas remplir cette obligation qui était sienne est
constitutif d'une faute qui lui est forcément imputable;
 Enfin, le dommage et la faute étant démontré, il revient maintenant important d'établir
le lien de causalité entre la faute et le dommage tel que réalisé. Il importe de rappeler
que l'exercice à ce niveau ne consisterait pas à étudier des caractéristiques de la causalité
directe et indirecte qui, entant exigé lorsque l'auteur est une personne physique. Or, la
Snel est une société commerciale, donc une personne morale.
63

En effet, le lien de causalité est là. Il suffit juste de faire appel à la théorie des
risques. Il s'apercevoir sans équivoque que la Snel à créer le risque, et il revient à celui qui crée
le risque, selon les partisans de cette théorie, d'en supporter les conséquences dommageables
sans qu'il soit demandé au victime d'apporter la preuve du comportement fautif de celui qui doit
supporter la réparation.
D'un autre point de vue, il était de l'obligation de la Snel connaissant le danger
que pourrait apporter un câble à haute tension, devrait s'assurer que les emprises de câble ne
soient occupées par la population en menant des campagnes de sensibilisation quant à ce. Ne
pas le faire, est une défaillance à son obligation, et cela étant constitutif d'un comportement
fautif ayant un lien avec le drame.
En paroraison, il est évident que la responsabilité pénale de la Snel est sans doute
dégagée. La question épineuse qui reste est celle rélative à l'application de la peine à l'égard de
la Snel entant que personne morale.
A. Responsabilité pénale de la société nationale d'électricité (Snel S.A)
Au prélude cette de réflexion, il semble important de s'interroger s'il existerait
effectivement une responsabilité pénale des personnes morales en droit positif congolais. Le
décret du 30 juillet 1940 portant code pénal congolais tel que modifié par la loi n°06/18 du 20
juillet 2006 est muet sur cette question. Qu'à cela ne tienne, il semble important d'analyser la
question de la responsabilité pénale des personnes morales dans notre droit positif.
1. Principe
Lorsqu'une infraction est commise par une personne physique agissant, non pas
pour lui même ou pour son compte personnel, mais dans l'exercice de ses fonctions, en tant que
organe ou représentant d'une personne morale; notamment en tant qu'associé de la société,
syndicat etc. La responsabilité pénale de la personne physique qui a commis l'infraction peut
être retenue. Il est poursuivi et condamné personnellement et non en sa qualité.150
Se faisant, la question que l'on se pose est celle de savoir si à côté de la
responsabilité pénale de l'organe ou du représentant de la personne morale, qui a matériellement
commis l'infraction , en agissant pour le compte de la personne morale dont il a exécuté sa
volonté, l'on peut retenir la responsabilité pénale de la personne morale elle-même?151

150
NGOTO NGOYIE NGALINGIE., L'essentiel du droit pénal congolais, Ed. PVC, Kinshasa, 2018, p.50.
151
BERNARD BOULOC cité par SOCRATE LISANGA MANDEFU., Responsabilité pénale des personnes
morales en droit positif congolais: approche comparative sur le droit belge et français in IJRDO- journal of
Law and cybercrime, pp.25-26.
64

En effet, en RDC il est de principe que seules les personnes physiques sont
capables de delinquer. Ni les choses ni les animaux ne peuvent pas être sujets de l'infraction.
Seuls les êtres fait de chair, doter de la volonté et d'intelligence peuvent commettre une
infraction et, de ce fait, encourir une peine. “L'esprit individualiste du droit pénal fait qu'on ne
peut attribuer un acte coupable et appliquer une peine qu'à l'individu”.152 Le principe retenu est
coulé en ces termes : “SOCIETAS NON PROTEST DELINQUARE” traduisant l'incapacité de
la personne morale à commettre une infraction et d'encourir une peine. Une telle affirmation se
fondait sur divers arguments:
 La loi pénale n'impose des obligations qu'à des individus153;
 Matériellement, seule une personne physique peut commettre effectivement un délit.154
Mais il peut arriver qu'une personne physique commet une infraction dans le but de
réaliser l'objet social de la personne, dans ce cas, la responsabilité pénale sera partagée
entre l'agent et la personne morale;
 Les collectivités n'ont ni volonté ni conscience, elle ne peuvent, dès lors, pas être
résponsabilisées;
 Les sanctions n'ont pas été prévues pour des personnes morales, soit par leur nature,
comme l'emprisonnement, soit que la loi y fait obstacle 155 . L'instauration de la
responsabilité pénale de la personne morale a forcé certaines législations à proposer des
peines applicables à celle-ci.
2. Rejet progressf du principe
Le principe qui a été retenu est celui qui veut que la société ne puisse pas avoir
la capacité de commettre une infraction et d'encourir une peine (Societas non protest delinquare).
Cependant, à côté de cette irresponsabilité pénale de la personne morale coexiste
des lois particulières qui consacrent la responsabilité pénale des personnes morales, il s'agit
notamment de:
 L'ordonnance loi n°68/010 du 06 janvier 1968 relative aux droits de consommation et
régie des boissons alcooliques telle que modifiée par l'ordonnance loi n° 68/192 qui
dispose en son article 29 al.4 que toute personne physique ou morale est responsable
des infractions commises par les membres de son personnel ;

152
G.STEFANI et LEVASEUR (G.)., Droit pénal général, 10e édition, Dalloz, Paris, 1978, n°244 cité par
NYABIRUNGU MWENE SONGA, Traité du droit pénal général, 2e édition, Ed.Universitaires Africaines, p.236.
153
A.ABBAS., Précis du droit pénal général, Bruylant, Bruxelles, 1936, p.82.
154
Code pénal Belge, art.5 al.2. Attention, contrairement à la France, la Belgique prévoit une cause d'excuse
absolutoire pour l'individu ayant agi par négligence ou imprudence si sa faute est moins grave que celle de la
personne morale.
155
Code pénal Belge, art.39.
65

 En matière fiscale, l'ordonnance loi n°69/009 du 10 février 1969 relative aux


contributions cedulaires sur les revenus précise qu'une personne morale peut encourir
des sanctions pécuniaires aux articles 147 à 148;
 En droit maritime, l'ordonnance loi n° 66/68 du 14 mars 1966 portant code de la
navigation maritime, qui prévoit une amande pour la personne morale qui,
intentionnellement, laisse naviguer un navire dont l'état ne satisfait pas aux conditions
de sécurité ;
 L'amende prévue par la loi n°74/003 du 5 mars 1974 relative au dépôt obligatoire des
publications est appliquée à toute personne, physique ou morale ;
 Les mésures d'exécution des décisions relatives à la zaïrianisation ont prévu des peines
applicables aux personnes physiques et morales telles que l'amende, la déchéance d'un
acquéreur et de la radiation au registre du commerce etc...
 L'article 4 de la loi n°04/016 du 19 juillet 2004 portant lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme déclare s'appliquer à toute personne physique
ou morale agissant dans le cadre de sa profession. Et les peines spécifiques aux
personnes morales sont expressément prevues, notamment par les articles 36 et 42 de la
même loi156;
 La loi n°08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des personnes vivant avec le
VIH/SIDA et les personnes affectées qui punit la personne morale coupable de la
stigmatisation ou de la discrimination à l'endroit d'une personne vivant avec le
VIH/SIDA et des personnes affectées.
En effet, notons que les lois particulières évoquées ne constituent que l'exception
au principe évoquer ci-haut qui, rejettent toute idée de la responsabilité pénale des personnes
morales. De ce fait, il apparaît opportun de pouvoir percer encore la question de la responsabilité
pénale des personnes morales, cette fois-ci en analysant deux tendances:
3. Affrontement entre deux tendances
Comme l'intitulé l'indique, il va s'agir d'affronter deux tendances qui, chacune
pense le contraire de l'autre sur la question de la responsabilité pénale ou non de la personne
morale. Il s'agit d'une part la tendance minimaliste, et la tendance maximaliste d'une autre part.

156
NYABIRUNGU MWENE SONGA., Op.cit., p.254.
66

3.1. La tendance minimaliste


La tendance minimaliste fondée essentiellement sur la théorie dite de fiction que
présente P.Morvan, estime que retenir la personne morale comme pénalement responsable
équivaudrait à une pire maltraitance de celle-ci. Les pénalistes de cette tendance ignorent les
réflexions engagées dans d'autres branche du droit et ont ainsi redoublé d'effort afin de
démontrer que les personnes morales ne peuvent commettre d'infractions. Ces êtres abstraits ne
peuvent mal agir puisqu'ils sont dénués de toute conscience et de tout sens moral.157
Par conséquent, ils estiment que retenir ou admettre la responsabilité pénale des
personnes morales serait une hécatombe aux yeux du droit criminel et de la philosophie qu'il
véhicule car se basant sur la question de l'imputabilité, ces pénalistes pensent qu'il est
juridiquement impossible d'imputer une faute à une personne morale qui n'a ni existence
matérielle, ni volonté propre 158 . Et pourtant la responsabilité pénale suppose une faute
personnelle qui consiste dans la possibilité de mettre la faute au compte de celui qui l'a
commise.159
Cette frange de doctrinaires nous fait la même observation sur le plan de
l'effectivité de la répression et des sanctions des personnes morales, les peines établies par la
loi pour les personnes physiques notamment les peines privatives de liberté sont inapplicables,
et ainsi, si on les appliquerait à des personnes morales, on frapperait inévitablement des êtres
physiques à savoir des membres ou représentants de la personne morale, et pourtant étrangers
à l'infraction, ce qui va à l'encontre de l'éffectivité de l'application du principe de la personnalité
des peines d'après lequel la peine ne peut être infligée qu'à celui qui a personnellement accompli
un acte infractionnnel. D'où, la raison pour laquelle les auteurs de cette tendance prônent donc
l'irresponsabilité pénale des personnes morales et renforce leur opinion en faisant valoir que les
textes du code pénal ne visant que les personnes physiques. La tendance maximaliste quant à
elle a un point de vue contraire.
3.2. La tendance maximaliste
La tendance maximaliste quant à elle est fondée sur la théorie de la réalité. Selon
cette théorie, les personnes morales étant entendues comme des entités juridiques abstraites
auxquelles sont reconnues des droits et des obligations par possession d'une personnalité
juridique. Cette responsabilité est distincte et autonome de celle des représentants et est acquise
par la loi après l'accomplissement d'une formalité administrative ou encore qu'elle correspond

157
EMMANUEL DREYER., Droit pénal général, troisième édition, Lexis nexis, 2014, p.775.
158
Lire utilement CUCHE (P.)., Précis du droit criminel, Dalloz, cinquième édition, 1934, p.91, n°102.
159
SOCRATE LISANGA MANDEFU., Op.cit., p.28.
67

à une réalité160. C'est de cette occurence que les partisans de cette théorie nous font observer
que des personnes morales n'ont jamais été des êtres fictifs tel qu'on le pense, elles constituent
sans ambages une réalité juridique, d'autant plus que ces entités détiennent ou possèdent une
volonté propre diamétralement distincte de celle de leurs membres et, qu'elles peuvent à tout
moment engagée leur résponsabilité pénale.
Cependant, le cas de l'impossibilité matérielle de leur appliquer des sanctions
pénales à titre de peine d'emprisonnement, cet argument n'est pas éloquent. C'est vrai,
admettons le qu'il est quasiment impossible de faire appliquer la sanction pénale comme la
peine d'emprisonnement à une personne morale, il est du moins possible, par le simple fait que
la personne morale procède un patrimoine, la logique oblige de lui infliger une sanction
pécuniaire, notamment l'amende et la confiscation spéciale voire même condamner la personne
morale à une peine comme la dissolution qui mettra automatiquement terme à son existence ou
de lui créer une incapacité à exercer son activité.
4. Position du droit congolais et de sa jurisprudence
4.1. Position retenue par le droit congolais
Le droit congolais de la responsabilité pénale des personnes morales pose le
principe selon que la personne morale ne peut engager sa responsabilité. S'il ya des faits
infractionnels qui font penser aux personnes morales, seuls les dirigeants sociaux, personnes
physiques, pourront pénalement répondre.161
Par conséquent, il paraît évident à ces jours lorsque l'on évoque la problématique
de la responsabilité pénale des personnes morales, la première idée qui taraude l'esprit fait état
uniquement de la responsabilité des personnes impliquées dans la gestion quotidienne de la
personne morale. La jurisprudence s'est également prononcée sur cet débat, elle n'est pas restée
indifférente.
4.2. La position de la jurisprudence
Le titre lui même n'est pas équivoque. Il fournit déjà l'idée de ce qui sera
développé dans le cadre de ce point. Il s'agit sans doute de donner la position de la jurisprudence
congolais par rapport au débat sur la question. En substance, cet exercice sera rendu possible
en relevant quelques unes des décisions phares sur la question de la responsabilité pénale des
personnes morales, c'est notamment:

160
SOCRATE LISANGA MANDEFU., Op.cit., pp.28-29.
161
NYABIRUNGU MWENE SONGA., Op.cit., p.252.
68

 L'affaire Difco162
Dans cette affaire, la cour d'appel de Kinshasa a condamné la société Difco,
représenté par son administrateur délégué, à une peine d'amende cumulée avec la restitution à
la RDC des devises fraudées et à la confiscation des biens, y compris les créances ayant fait
l'objet de l'infraction, ainsi que les bénéfices tirés de l'infraction.
 L'affaire Socobanque
Dans l'affaire Socobanque, la cour suprême de justice a condamné la société
Socobanque pour avoir, par intermédiaire de son administrateur délégué, fait le commerce de
monnaie et moyens de paiement en monnaie étrangère non conforme à la réglementation de la
banque nationale, à une peine d'amende, à la restitution à la RDC des devises frauduleusement
soustraites à l'encaissement et au paiement des dommages-interêts.163
Par conséquent, au travers de ces deux jurisprudences, la cour suprême de justice
avait fondé sa décision, notamment dans l'affaire Socobanque sur pied de l'article 11 de
l'ordonnance loi n°67/272bdu 23 juin rélative au change qui dispose: “l'infraction à la
réglementation du change est réputée existente dans le chef de toutes personnes physiques ou
morales intervenant directement ou indirectement dans le fait qui la caractérise”.
4.3. Position personnel sur le débat
Il est tout a fait correcte que les deux tendances ci-haut évoquées aient réellement
soulevées les vrais problèmes de droit qui alimentent ainsi le débat autour de la question de de
la responsabilité pénale des personnes morales. D'un côté, les minimalistes se fondant sur la
théorie fictive pour repousser toute idée sur la responsabilité pénale des personnes morales (cfr
l'argument de la tendance minimaliste); les maximalistes, eux par contre se fondant sur la
théorie de la réalité ont estimé que la personne morale devrait engager pénalement sa
responsabilité (cfr nos développements sur la tendance maximalistes). Par ailleurs, le droit
congolais admet à titre de principe l'irresponsabilité pénale de la personne morale. Telle est
l'expression Societas Delinquare non protest.
De ce fait, malgré que le principe retenu soit l'irresponsabilité pénale des
personnes morales, mais il est désormais opportun de préciser que cette irresponsabilité n'est
pas absolue. Il existe des lois particulières au Congo qui tendent déjà à obstruer la tendance de
l'irresponsabilité en affirmant aux travers des dispositions claires et précises la responsabilité
pénale des personnes morales qui, à mon humble avis semble être logique envue de contraindre
les personnes morales à être soumises aux lois et la réglementation nationale sous peine

162
Kin, 11 avril 1970., Revue congolaise de droit, Kinshasa, ONRD, 1971, p.253.
163
CSJ, 13 Août 1971., Revue congolaise de droit, 1972, p.14.
69

d'encourir une peine. D'où, la responsabilité pénale des personnes morales est, à ce jour, en droit
positif congolais, non pas une mythe mais une réalité.
5. Poursuite de la personne morale (Snel S.A)
La poursuite de la personne morale devant les juridictions congolaises est
aujourd'hui plus une réalité qu'une simple utopique.
Aujourd'hui il est reconnue à la victime, la possibilité de saisir les juridictions de
jugement contre les personnes morales. Cependant, dans cette démarche il va s'agir de préciser
la procédure que les victimes des dommages pourront suivre afin que leur situation soit
examinée devant un juge pénal saisi pour résponsabilité pénale de la personne morale.
Section 2: ANALYSE DE LA RESPONSABILITÉ DE L'ÉTAT
Il est évident que lorsque l'on pense au drame de Matadi kibala avec tous les
dégâts qu'il a occasionné en perte des vies humaines, il ya vraiment de quoi se demander si une
telle hécatombe n'était pas évitable. Il s'agit en substance dans cette section d'analyser le rôle
de l'État en tant que puissance publique, pourvoyeur et capable d'intervenir dans le but de
prévenir des conséquences dommageables en prenant des mésures idoines imposantes. Pour y
parvenir, l'État à une mission connue et dispose des moyens d'intervention pour rendre effectif
la réalisation matérielle de sa mission.
§1. Bref rappel sur la mission et les moyens d'intervention de l'Etat
A. La mission de L'État
L'état comme personne morale de droit public interne et international rempli
deux principales missions, à savoir: la mission de l'État gendarme (1) et celle de l'État
providence (2).
1. Mission de l'État gendarme
Plusieurs auteurs relèvent que la mission de l'État gendarme vise à garentir aux
citoyens la paix sociale. L’État gendarme est celui qui garanti l'ordre social au sein de la société
étatique. L'ordre social est une valeur qui permet à une communauté de vivre en harmonie au
sein de la société ; il procure la paix interne en protégeant les droits et libertés fondamentales
de chaque citoyen contre la loi du plus fort, la loi de la jungle164.
Par conséquent, l'État gendarme est un Etat qui limite ses interventions à la
protection extérieure (l'armée) et intérieure (la police et la justice) des citoyens. En effet, l'État
gendarme est indissociable à la pensée libérale, son rôle aux fonctions régaliennes qui consistent
pour l'essentiel à faire appliquer des lois en accord avec l'ordre naturel qui contraint toute société,

164
YUMA BIABA (L.)., Manuel du droit Administratif général, éditions CEDI, 2018, p.6.
70

ces lois permettent d'échapper à l'État de nature et de garentir les libertés individuelles (que l'on
se rappelle la célèbre formule de Hobbes selon laquelle l'homme est un loup pour l'homme.165
ADAM Smith dans son ouvrage intitulé “la richesse des nations de 1776”,
enonce les trois devoir du souverain dont:
- Le premier est celui rélatif à la protection de la société contre la violence et l'invasion
d'autres sociétés, c'est-à-dire d'entretenir une armée et la défense du territoire ;
- Le deuxième devoir du souverain est celui relatif à la protection, autant que cela est
possible, chacun des membres de la société. L'état doit ainsi entretenir une police et une
justice qui offrent à chacun la protection de la loi;
- Enfin, Adam Smith énonce un troisième devoir du souverain, celui relatif à la
construction des certains ouvrages publics et certaines institutions que l'intérêt privé
d'un particulier ne pourrait jamais les porter à ériger ou à entretenir, parce que jamais le
profit n'en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers.166
On y décele dans la pensée de Adam Smith, trois trois objectifs d'un État
moderne:
a. Le maintien de l'ordre public
La notion du maintien de l'ordre public renvoit essentiellement à trois éléments
qui composent d'ailleurs l'ordre public: La tranquillité publique, la sécurité publique et la
salubrité publique.
- La tranquillité publique correspond à la quiétude sociale167, elle permet d'empêcher des
troubles aux sein de la population et d'éviter que les individus se conduisent sans aucune
contrainte sociale.
En clair, il s'agit de mettre en place des mésures adaptées pour permettre
l'exercice des droits et libertés tout en assurant la sécurité des personnes et de leurs biens. Il
s'agit d'une opération de rétablissement de l'ordre public par les forces de sécurité [...]168 en cas
de troubles ;
- La sécurité publique quant à elle vise essentiellement à la protection des biens et des
personnes; elle constitue l'un des besoins fondamentaux pour la paix sociale. Seul l'État
peut garantir une telle sécurité en réglementant la sécurité routière et en empêchant les
atteintes aux droits et libertés des citoyens: droit de propriété, droit de domicile, droit à

165
https//www.melchior.fr/notion-etat-gendarme [en ligne] consulté le o4 janvier 2023 à 1h28'
166
Ibid.
167
YUMA BIABA (L.)., Op.cit., p.7.
168
Https//www.viepublique.fr consulté le o4 janvier 2023 à 16h 43'.
71

la vie et à l'intégrité physique, droit de la famille et autant d'autres droits et libertés que
l'on retrouve dans le préambule de la constitution.169
- La salubrité publique : elle est encore plus recherchée dans un Etat qui se veut protecteur
des intérêts purement vitaux de la communauté car elle s'investie dans la promotion de
la vie saine , en luttant contre les épidémies, les maladies etc. l'État met en place des
règles d'hygiène qui interdisent formellement la pollution de l'environnement et à la
détérioration des endroits publics ainsi que du voisinage 170 , à défaut d'une salubrité
efficace, il sera sans doute impossible d'assurer à la population la santé publique.
En somme toute, il est d'une évidence que l'État gendarme s'investit
essentiellement dans la protection des et des personnes, qui assure la tranquillité des citoyens.
Ces missions rentrent généralement dans ce que l'on appelle la police administrative.171
b. L'encadrement social
l'État gendarme est aussi celui qui s'investit dans l'organisation et l'encadrement
de la vie socio-économique de la population, la gestion de la population à travers l'état civil, à
travers la gestion de l'espace foncier et de l'urbanisme , la protection de l'environnement et la
contribution par la population aux charges publiques par les paiements des taxes et impôts.
En effet, il est évident que l'encadrement social a pour mérite de faciliter une vie
organisée des citoyens au sein de la société par la présence des règles qui s'imposent. En faisant
de l'encadrement social une clef de vous, l'État s'assigne la mission de lutter contre la loi du
plus fort en organisant la société de manière équitable et équilibrée.
c. L'organisation de la sanction et le règlement du contentieux
l'État gendarme assume aussi la charge de protéger les citoyens contre le non
respect de la loi. l'État s'investit à cet effet, à assurer à la fois un rôle préventif et répressif en
organisant des sanctions contre les comportements anti-sociaux des certains membres de la
communauté, en les incitant à se soumettre aux exigences légales et réglementaires. l'État joue
également le rôle d'arbitre en cas des conflits opposés entre les membres de la société afin que
ceux-ci ne se rendent point justice. C'est donc à l'État qu'il revient la charge d'organiser la justice
sociale pour éviter la loi du talion et mettre fin aux litiges entre les individus.172
Il convient de dire en clair, que les missions de l'État gendarme sont réalisés aux
moyens des différents services publics de l'État qui constitue son administration ; celle-ci

169
YUMA BIABA (L.)., Op.cit., p.7.
170
Ibidem.
171
Idibem.
172
Idem, Op.cit., p.8.
72

constitue la cheville ouvrière de l'État. Chacun des services publics de l'État est attaché à un
ministère regalien qui en assure la tutelle. L'armée, la police et les services judiciaires
accomplissent la mission de l'État gendarme. l'État moderne n'est pas resté au stade d'être
seulement structurel, il a pris la dimension d'un État machine, pourvoyeur des besoins de la
population.
B. Missions de l'état providence
1. Origine et fonction pourvoyeuse de l'État
“On a pensé à faire la charité aux pauvres et jamais à faire valoir les droits de
l'homme pauvre sur la société”. En s'exprimant ainsi devant l'assemblée constituante, le duc de
la Rochefoucauld-liancourt, rapporteur de la commission pour l'extinction de la mendicité,
posait le débat sur la question sociale. Ce débat opposera tout au long du 19e siècle ceux qui,
d'une part défendaient les droits du pauvre, c'est-à-dire une prise en charge collective des risques
sociaux ; à ceux qui, d'autre part misaient sur le devoir du riche, c'est-à-dire le choix de la charité
et de la bienfaisance, le seul pour eux qui ne porte pas atteinte aux libertés fondamentales. C'est
d'ailleurs en défendant le second point de vue que le député Émile Olivier utilisera le premier,
en 1864, cette expression d'État providence.173
Son sens étymologique révèle que le mot providence tire sa source du verbe latin
“providere” qui signe “remplir un vide, combler une lacune.” l'État providere est celui qui vient
répondre aux besoins auxquels la popularité faire face ou satisfaire par elle-même. Comme on
le remarque, les Etats modernes évoluent à la vitesse de croisière sous tous les aspects,
notamment les aspects la vie sociale etc. D'où, à ce jour, les questions se rapportant aux aspects
sociaux de la vie dans la société se posent avec acuité.
Pour faire face à cette réalité, les Etats font face a des nouvelles contraintes qui
nécessitent que des solutions soient urgemment apportées. Ces solutions avouons-le, dépassent
la capacité des citoyens et nécessitent l'intervention de l'État afin de rétablir l'ordre social. l'État
devient ainsi une sorte de providence car, sans son intervention, la population serait abandonnée
à elle-même.
En effet, que deviendrait les citoyens sans l'État devant les épidémies, les
calamités et catastrophes naturels? Comment l'éducation des masses seraient-elles gratuitement
sans l'État? Comment les voies de communication (transport aérien, transport maritime,
transport ferroviaire) seraient-elles développées au profit de toute la communauté au moindre
coût sans l'État ?.174

173
Https//www.melchior.fr/etat-providence [en ligne] consulté le 05 janvier 2023 à 3h01'.
174
Ibidem..
73

Ces questionnements bien plus pertinent du professeur YUMA Biaba Louis


révèle l'importance majeure de la mission pourvoyeuse de l'État aux besoins urgents
qu'éprouvent la population car sans l'État, la population ne saurait par elle même y faire face.
En effet, l'État dans sa casquette de l'État providence, l'État d'investissement
inlassablement dans la prise en charge face aux besoins d'intérêt général éprouvés par la
population sur tous les plans de la vie sociale. L'état est alors l'unique entité qui soit capable
d'apporter un soulagement aux besoins d'intérêt général qu'éprouvent la population, si lui ne le
fait pas, la population ne saura non plus le faire.
Notons que la satisfaction des ces besoins n'est pas à confondre avec une simple
faveur, mais elle constitue une obligation de l'État, l'une de ses missions principales. Si l'État
ne le réalise pas ou le réalise partiellement, faillit à sa mission. De ce fait, pour que l'État
parvienne à remplir ses missions de l'État gendarme et de l'État providence, il dispose des
différents moyens d'intervention.
2. Moyens d'intervention de L'État
Pour réaliser ses missions d'intérêt général l'Administration dispose non
seulement d'actions (décisions et contrats) mais également les moyens d'intervention. Les
moyens d'intervention relèvent de la fonction sociale de L'Administration. La vie sociale exige
également la satisfaction des besoins d'intérêt général en vue d'assurer l'équipe social. l'État
organise à cet effet les différents types de services publics chargés d'assurer la gestion des
activités d'intérêt général175
Parmi les moyens d'intervention dont dispose l'État, d'une part nous abordons le
moyen de police administrative (a), et d'autre part, les moyens des services publics (b).
a. La police administrative
La police dans le langage commun fait référence à l'action des forces de l'ordre.
La constitution de l'État a pour objet de monopoliser cette force, elle ne peut être confiée qu'à
des personnes publiques. La police est à la compétence des certaines autorités publiques, leur
permettant d'assurer la sauvegarde de l'ordre public. De ce fait, elles peuvent émettre des actes
normateurs ou décider d'opérations matérielles. Cette fonction de l'activité administrative
constitue un enjeux considérable dans un Etat libéral, afin de garentir et permettre l'exercice
des droits et libertés.

175
YUMA BIABA (L.)., Op.ci.t, p.9.
74

En R.D.C, la police administrative est appelé la police nationale congolaise


(PNC), elle est organisée par la loi organique n°11/013 du 11 août 2011 portant organisation et
fonctionnement de la PNC.
a.1. Missions de la police dans un Etat de droit
La constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002
du 20 janvier 2011 a posé le fondement d'un nouveau type d'État par une logique
constitutionnelle. Cette constitution impose aux organes du secteur de sécurité que sont la police,
l'armée et les services d'intelligence, des mutations substantielles devant les conduire à des
reagissement pour atteindre les objectifs fixés par elle. C'est de cette occurence que la
constitution, en ses articles 182 à 186 définit les missions de la police nationale congolaise,
décrit ses caractéristiques propres, circonscrit son champ d'action, donne des grandes
orientations inhérentes au statut des membres et laisse la loi organique de pourvoir son
organisation et son fonctionnement.
a.1.1. Missions ordinaire de la police en général
Les missions ordinaires de la police sont celles qui s'opèrent quotidiennement ou
à des époques déterminées, sans qu'il soit besoin d'une réquisition de la part des autorités. Elles
s'exercent dans le cadre du service normal de police. Elles ont pour but de prévenir les troubles
à l'ordre public et les infractions, de constater celles-ci, d'en ressembler les preuves, d'en
rechercher les auteurs etc. Ces missions comportent notamment : les renseignements généraux,
la lutte contre le crime organisé, la protection de l'environnement et des ressources naturelles,
la sauvegarde de la salubrité et l'hygiène, la sécurité routière, des voies de communication et de
transport, le contrôle frontalier, douanier et migratoire , la participation au secours de la
population en cas de catastrophes naturelles176, etc.
En RDC, la PNC est chargée de veiller à la tranquillité publique, de protéger les
personnes et leurs biens, de rétablir l'ordre public ainsi que d'assurer la protection reproché des
hautes autorités. La surveillance continue du territoire national en vue de faire respecter les lois
et les règlements de la République constitue même l'essence de sa mission.
a.1.2. Missions extraordinaires et spéciales
Les missions extraordinaires sont celles dont l'exécution n'a lieu qu'en vertu des
réquisitions écrites émanant des autorités administratives177. Sous peine de sanction, les agents

176
A. MARIE NSAKA., Réforme de la police nationale congolaise et la contribution des partenaires
internationaux, p.5.
177
Loi organique n°11/013 du 11 avril 2011 portant organisation et fonctionnement de la police nationale
congolaise, art.17.
75

de la PNC sont tenus avec promptitude de déférer à toute réquisition légale des ces autorités.
Ceci signifie que si la réquisition est manifestement illégale, les éléments de la PNC doivent
s'abstenir d'exécuter ses termes. Ceci soulève la question de la légalité des mésures prises par
les agents de la PNC. À ce sujet, il faut noter qu'elles sont pour une part celles de la légalité de
toute décision administrative, la subordination de la légalité des mésures de police à leur
nécessité. La légalité à laquelle toutes les mésures de police sont soumises signifie qu'elles
doivent émaner de l'autorité compétente et avoir été prises, le cas échéant selon les procédures
et dans les formes prescrites quant au fond, elles doivent bien attendu, avoir été prises en vue
du maintien de l'ordre public (où s'agissant de certaines polices spéciales , conformément à la
finalité qui leur propre) et non pas surtout en vue d'un intérêt financier ou pour satisfaire à un
intérêt financier, un intérêt personnel ou celui d'un tiers178.
Il importe de préciser que l'autorité de la police s'attache à concilier les nécessités
de l'ordre public où des intérêts généraux dont elle a la charge avec certains principes
constitutionnels comme les articles 16, 17 et 61 de la constitution de la RDC du 18 février 2006
telle que révisée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 qui consacrent notamment la sacralité
de la personne humaine, le respect du droit à l'intégrité physique, le droit à la liberté individuelle
ou encore l'interdiction de l'emprisonnement pour dette [...].
De ce qui précède, l'on peut ainsi déduire que la fonction de police peut s'analyser
comme étant une fonction institutionnelle de protection et de régulation de l'ordre social qui est
exercée aux fins de prévenir ou de corriger les dérèglements à cet ordre. La police
administrative a une mission qui se résume en activités d'accomplissement de régulation,
d'assistance, de surveillance et de protection dont l'objet est la prévention des délits ainsi que la
maîtrise ou le contrôle d'activités perturbatrices de l'ordre, de situation de crise.
a.1.3. Distinguer la police administrative et la police judiciaire
La police judiciaire a pour finalité la répression, car elle constate les infractions
en recherchant les auteurs et les preuves; les litiges qui concernent ces infractions rélevant du
juge judiciaire. À contrario, la police administrative a pour finalité la prévention, elle a pour
mission de prévenir les atteintes à l'ordre public, et relève du juge administratif. Il arrive le plus
souvent dans la pratique que la distinction entre la police police administrative et la police
judiciaire soit très délicate à opérer puisque disposant d'un même personnel. La distinction peut
se faire remarquer par les interventions sur le terrain: des policiers qui effectuent des rondes
pour prévenir une atteinte éventuelle à l'ordre public répondent à la mission de police

178
CHAPUIS (R.)., cité par MUHINDO MAGADJU., Le rôle de la police nationale congolaise dans le contexte
de la décentralisation en RDC, p.603.
76

administrative, mais des mêmes policiers constatent une infraction lors d'une patrouille
nocturne parce qu'ils se retrouvent face au un voleur pris en flagrant délit, ils répondront alors
à une mission de police judiciaire.
En RDC, l'autre distinction peut également être établie sur base du régime
juridique différent qui organise ce deux types de police :
- En ce qui concerne la police administrative, c'est la loi organique n°11/013 du 11 aout
portant organisation et fonctionnement de la police nationale congolaise (PNC);
- Alors que la police judiciaire, elle, est organisée par l'ordonnance n°78-289 du 03 juillet
1978 relative à l'exercice des attributions d'officiers et agent de police judiciaire près les
juridictions de droit commun.
En somme toute, quoique difficile de distinguer la police administrative et celle
judiciaire, nous avons quand même osé de le faire compte tenu de certaines caractéristiques non
visible par tous (la mission sur le terrain et le régime juridique différent entre ce deux types de
police).
b. Intervention de l'État au moyen de services publics
b.1. Préliminaire
Il est aujourd'hui une évidence que dans toute société, l'on retrouve un ensemble
d'activité et que l'on qualifie d'intérêt général, à ce titre, prises en charge par la collectivité
publique. Jacques CHEVALIER pense que les services publics, relèvent, à proprement parler
et à première vue, de l'ordre de l'évidence179. Le service public renvoit essentiellement aux
fonctions collectives, nécessaires à l'existence du social.
L'État justifie alors sa permanence à l'aide de la notion de service public180. La
présence de l'État est beaucoup plus ressentie par la présence de services publics investis du
rôle de la satisfaction des besoins d'intérêt général ressentis par la population afin d'assurer tant
soit peu l'ordre public. Le service public se révèle aujourd'hui comme une activité de l'État
manifestée sous la forme de prestation de service particulière se cristallisant sous un régime
dérogatoire au droit commun impose une nouvelle perception de l'État et de son mode
d'organisation. L'État structurel se décloisonne et muté spectaculaire en Etat machine dans
l'optique de la satisfaction des besoins d'intérêt général.

179
CHEVALIER (J.)., Le service public, onzième édition mise à jour, PUF, 1987, p.3.
180
Lire J.L de CORAIL., La crise de la notion juridique de service public en droit Administratif français, LGDJ,
1954, p.22 et S.
77

Concrètement, un service public est assimilé à la fonction publique qualifiée


d'intérêt général. Et les tâches d'intérêt général peuvent se résumer, notamment au service public
ecclésiastique, l'électricité, l'éducation, le transport, l'école, l'université, les marchés181 etc.
b.2. L'intervention étatique
Face à un phénomène, l'État ou les autres personnes publiques ont à choisir entre
deux attitudes, la première consiste à laisser se développer ce phénomène dans le cadre
juridique existant, par la seule impulsion et sous la seule responsabilité des particuliers.
En effet, les raisons de l'intervention sont multiples. Le phénomène social peut
être destructeur, néfaste, dangereux, porteur du déséquilibre ou tout simplement risqué. Il peut
présenter ces caractères pour la société dans son ensemble ou seulement pour une catégorie
sociale ou professionnelle. L'intervention, d'autre part, peut prendre des formes variées.
L'intervention exclusivement normative : les personnes publiques encadrent le phénomène
social dans de nouvelles normes (l'interdiction, limitation, surveillance, contrôle).
L'intervention matérielle (et accessoirement normative): les personnes publiques prennent en
charge le phénomène social, en l'intégrant dans les fonctions administratives en le plaçant sous
la dépendance d'organes administratifs, assurant elles-mêmes ou en metrisant de biens et des
services 182 . Par ailleurs, la notion de l'intervention étatique dans le cadre de service public
soulève une séries de questionnements, c'est notamment: à quel moment l'État doit intervenir ?
À partir de quels critères de demande sociale l'intervention des gouvernants est-elle justifiée ? .
Ces questionnements trouveront sans doute une lumière dans nos lignes qui suivent.
b.3. Justification de l'intervention étatique
Les services publics rappelons le, constituent la manifestation la plus importante
et la plus perceptible de l'intervention étatique. l'Etat dirait-on, est une personne morale, une
entité ayant la prérogative de puissance publique, de souveraineté; ses rapports avec les
particuliers sont alors les rapports entres des personnes inégales de droit privé, fait pour des
rapports égaux entre les personnes, ne peut pas être valable dans le rapport entre l'État et les
individus [...].183 Ce rapport d'inégalité entre l'administration et les individus dans le contexte
de service public comme moyen d'intervention étatique, l'administration intervient le plus
souvent dans la perspective de combler aux éprouvés pas la population; cette intervention ne se

181
MBAU SUKISA (D.)., Manuel des grands services de l'État, faculté de droit, unikin, 2020-2021, inédit, p.4.
182
GUGLIELMI (J.)., Une introduction au droit du service public, col. Exhumation d'epuisés, Université Paris 2,
p.2.
183
SANGA KABAMBA (E.)., Les services publics congolais face à la satisfaction d'intérêt général. Cas de la
Snel, p.1.
78

fait pas au hasard, elle doit respecter 3 criteres principaux que la doctrine qualifie de critères de
détermination de service public.
 La présence d'un intérêt considéré d'intérêt général :
L'expression "intérêt général" désigne les intérêts, valeurs ou objectifs qui sont
partagés par l'ensemble des membres d'une société. Elle correspond aussi à une situation qui
procure un bien-être à tous les individus d'une société184.
En effet, dans le langage politique par exemple, l'intérêt général ou intérêt public
est une notion qui décrit la finalité de l'action de l'Etat au niveau d'un pays sans qu'il soit
nécessaire d'en définir le contenu exact. Il peut être à la fois la somme des intérêts particuliers
et un intérêt spécifique à la collectivité qui transcende les intérêts des individus. Pour les
partisans de l'utilitarisme, la recherche de l'intérêt général consiste à maximiser le bonheur
individuel du plus grand nombre des membres d'une société185;
 Le lien plus plus ou moins étroit avec une personne publique (le service public est
rattaché à une personne publique):
C'est le critère le plus évident, la pierre angulaire de service public. En effet,
dans le cas où le service public n'est géré le plus par une personne publique, l'État est alors
l'unique maître de gestion de service public. Il est des cas où il (l'État) peut accorder la gestion
de service public à des personnes privées par le mécanisme la régie directe ou indirecte;
 La soumission de cette activité à un régime exorbitant du droit privé: lié au droit public
depuis l'arrêt Blanco. Activité de service public à raison de sa nature doit être soumis
à un régime juridique spécifique exorbitant du droit commun.186
En effet, les activités gérées par l'État ou les entités territoriales décentralisées
sont considérées comme activité de service public soumise au droit public d'où la compétence
du juge administrative.
Se faisant, il ne suffit pas que le besoin soit d'intérêt général afin de faire appel
à l'intervention de l'État, il faut encore que ce besoin ne soit donc pas en mesure d'être pris en
charge par l'initiative des particuliers au motif que ce besoin nécessite des moyens matériels et
financiers colossaux pour leur pris en charge, leur satisfaction. D'où, au cas où ces critères sont
remplis, l'intervention étatique est sans doute opportune. En RDC, l'intervention étatique a un
fondement constitutionnel.

184
Https//www.toupie.org/dictionnaire/intérêt-général[en ligne] consulté le 04 janvier 2023 à 18h33'.
185
Ibid.
186
Https/www.coursdedroit.net/ la notion de service public : définition et critères [en ligne] consulté le 04 février
2023 à 19hO8'.
79

c. Fondement constitutionnel de l'intervention de l'État


En RDC, l'intervention étatique dans le cadre de la satisfaction des besoins
d'intérêt général revêt une valeur constitutionnelle. En effet, c'est dans la constitution du 18
février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002:du 20 janvier 2011 que le constituant consacre
tout un titre qui fait présager le fondement de l'intervention de l'État, ce chapitre s'intitule <
des droits humains, des libertés fondamentales et des devoirs des citoyens et de l'État>. Nous
avons fait référence à ce titre, parce qu'il renferme plusieurs dispositions constitutionnelles qui
fondent l'intervention de l'État dans le cadre de la satisfaction des besoins d'intérêt général, c'est
notamment :
- l'article 35 dispose: “l'État garentit le droit à l'initiative privée tant aux nationaux qu'aux
étrangers. Il encourage l'exercice du petit commerce [...]”. Il se révèle aux termes de
cette disposition que l'État est astreint à l'obligation de garentir l'initiative privée et
d'encourager le petit commerce. Cette obligation contraint l'État à pouvoir créer des
cadres appropriés qui faciliteront à la population l'exercice aisé du petit commerce et
tant d'autres. Pour ce qui est du petit commerce, l'État est alors appelé à construire et
disponibiliser à la population des infrastructures de base susceptibles de leur permettre
d'exercer le petit commerce avec toute quiétude et assurance. Parmi ces infrastructures,
la construction des marchés publics sur l'ensemble de l'étendue du territoire national
permettra à la population de réaliser leurs échanges commerciales se rapportant au petit
commerce et à l'initiative privée. Il d'observe que cette obligation fait partie des droits
économiques, sociaux et culturels consacrés dans le pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels adopté par l'Assemblée générale de nations unies le
16 Décembre 1966, qui entre en vigueur dix ans après (le 3 janvier 1976).
- l'article 42 dispose: “les pouvoirs publics ont l'obligation de protéger la jeunesse contre
toute atteinte à sa santé, à son éducation et à son développement intégral>. Il en est de
même pour cette disposition aux termes desquels l'État est soumis à une obligation qui
se révèle dans la protection assurée de la jeunesse; l'obligation qui se résume en ce sens
que l'État est tenu de contruire et de disponibiliser les infrastructures susceptibles
d'accomplir aisément cette obligation. Par exemple la construction des hôpitaux, des
centres culturels pour les jeunes, des écoles de football, etc.
De ce prisme, l'État est placé dans le contexte tel que lorsqu'il ne parvient pas à
réaliser toutes ces obligations qui sont siennes à l'égard de la population, il sera considéré
comme défaillant à sa mission, laquelle mission lui est dévolue par la constitution. Sa
80

responsabilité sera sa doute engagée au cas où cette défaillance causerait des dommages à la
population.
§2. Fondement de la responsabilité de l'État dans le drame de matadi kibala
A. Fondement tiré du rôle de l'État
Rappelons que la responsabilité est un institut créé dans le but de protéger et de
sauvegarder les droits de l'homme. Elle présume donc un dommage, une perte pour un tiers, et,
avec cela, l'objectif de reconstitution de cet équilibre rompu par le dommage, non seulement
l'acte d'indemnisation, mais aussi la réparation des dommages causés.
En effet, la recherche du fondement de la responsabilité de l'État s'inscrit dans
une perspective d'analyse d'attitudes de l'État et de ses services publics bien avant la survenance
du dommage, lesquelles (attitudes de l'État) pourraient être regardées comme causes non
lointaines du drame. À cet effet, deux attitudes semblent captiver notre attention comme fondant
la responsabilité de l'État : - le fait pour l'État de ne pas intervenir au moment opportun afin de
prévenir des conséquences dommageables occasionnées par le drame d'une part, et
l'amateurisme de ses services publics, d'autre part. La responsabilité de l’Etat sans faute sera
alors engagée sur pied des articles 258 du CCCL III et de 147 de la constitution en cas de
dommâge exceptionnel. Notons que, avant que l'on analyse les deux attitudes qui présagent la
responsabilité de l'État, précisons préalablement l'importance des buts de l'État.
1. Importance des buts de l'État
Depuis les siècles passés, les ideologues mais également les praticiens de la
théorie de l'État ne parviennent pas à s'entendre sur les tâches dont l'accomplissement incombe
à l'État. L'éventail d'opinion va de celles qui restraignent au maximum le pouvoir de l'État et ne
concèdent à celui-ci que l'accomplissement de tâche de police, à ce qui prônait l'État total qui
doit faire le bonheur des hommes, contre le gré au besoin187.
Les buts de l'État doivent s'entendre comme différentes missions que l'État est
sensé accomplir dans le but de la protection de la population contre le mal et de la satisfaction
des besoins d'intérêt général.
Ainsi donc, l'État moderne comme la RDC ne doit pas seulement, comme il était
dans le passé, de ne se contenter que de la protection de la population contre les voleurs, des
meurtriers et d'autres criminels, il a encore sensiblement étendu le champ de sa protection.

187
Lire utilement G.THOMAS FLEINER., Théorie générale de l'État, quatrième partie : l'État et la société, s.l.n.d,
pp.435-458.
81

En effet, les dépendances et les interactions toujours plus marquées ont conduit
à intensifier les communications mais également à accroître les périls auxquels l'homme
s'expose. l'État est donc contraint d'assumer des nouvelles responsabilités et d'accomplir les
tâches correspondantes. Cet accroissement continu des missions de police implique de même
coup des restrictions aux libertés du citoyen.188
Lorsque, dans l'intérêt de la protection de l'environnement et des lieux jugés
dangereux par leur nature où le rôle qu'ils accomplissent, les pouvoirs publics édictent des
prescriptions pour délimiter des zones à bâtir dans l'intérêt de l'aménagement du territoire, ils
restraignent considérablement entre autre la liberté du propriétaire foncier qui ne peut plus
construire n'importe où ni n'importe comment.189
En effet, en RDC il existe l'arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993 sur
les servitudes. Cet arrêté ministériel énumère les différentes servitudes au sein desquelles toutes
construction et occupation sont strictement prohibées: les emprises des lignes haute tension en
fait partie.
l'État est sensé veiller au respect de ces servitudes par la population en prenant
des mesures idoines imposantes à l'égard de toute personne qui construirait ou occouperait des
lieux frappés de servitude par la loi. De ce fait, sachant que l'emprise des lignes haute tension
de la SNEL sur la ligne zongo-gombe était entièrement jonchée par une frange de population
qui s'en servait en titre de marché pirate et qui y construisait des habitations. On s'interroge sur
quelle attitude l'État a-t-il pris face à ce comportement de la population ?
2. La non intervention de l'État : une omission coupable ?
Les personnes civilisées n'arrêtent pas dire que le malheur n'est jamais venu seul.
Ils affirment cependant que derrière le malheur qui frappe un homme dans sa chair ou dans ses
biens, se trouverait un comportement actif ou passif qui serait considéré comme source dudit
malheur. De ce fait, comme le titre l'indique : “la non intervention de l'État : une omission
coupable?” Nous pousse à analyser le fait pour l'État de ne pouvoir pas intervenir face à un
besoin d'intérêt général alors que le dit besoin relevait de sa mission lui dévolue par la
constitution.
À ce jour, beaucoup de familles en RDC en général et dans la ville de Kinshasa
en particulier trouvent difficilement de quoi manger, subvenir à leurs besoins divers grâce au
petit commerce (que les kinois appellent mombongo). Il s'avère que depuis une décennie, la vie
est devenue dure en RDC et les familles souffrent jour et nuit pour chercher le moyen de

188
G.THOMAS FLEINER., Op.cit., pp.435-458.
189
Ibidem
82

survivre le lendemain : c'est un secret de polichinelle. Sans le mombongo (petit commerce), la


vie en RDC serait encore difficile davantage et ressemblerait à un calvaire et beaucoup de
familles risquent de mourrir de faim.
En effet, la population de Matadi Kibala commerçante qu'elle a toujours été, se
retrouve dans une circonstance telle qu'elle est en manque d'un cadre idéal dans lequel elle
souhaite réaliser ses opérations commerciales. En clair, cette population de ce coin n'avait pas
et continue de n'avoir un marché dans lequel elle pouvait réaliser les opérations commerciales.
Notons que, construire un marché et le disponibiliser à la population n'est jamais
une faveur où un acte de charité que l'État accompli pour le compte de sa population, il relève
de son obligation à l'égard de la population dont il est serviteur. D'où, face à ce besoin l'État
aurait dû intervenir d'une manière ou d'une autre afin de prévenir ce drame; et son intervention
devrait être envisagée de deux manières :
a. L'intervention de l'État envisagée dans le sens de l'apport d'une solution urgente
Les partisans de la langue de Molière disent souvent qu': “aux problèmes urgents,
les solutions urgentes”, c'est-à-dire un problème urgent fait appel à un régime de célérité pour
le solutionner.
En effet, le fait pour la population de réclamer auprès du pouvoir public n'est pas
une situation exceptionnelle, au sens où elle impliquerait une implication légale de la loi par le
pouvoir public pour les résoudre ; elle ne relève pas de l'État d'exception au sens schemittien
du terme. Mais elle est catégorisée comme une urgence dont la prise en charge nécessite aux
politiques sociales déjà institutionnalisées190.
D'où, le besoin lui même était urgent dans le contexte où la population de ce coin
de Matadi kibala était tous les jours permanente à un endroit dont le danger était présent et
imminent.
Face à cette situation inquiétante d'ailleurs, l'État était dans l'obligation
d'apporter une solution urgente en construisant dans un délai raisonnable un marché respectant
les normes internationales, sensé contenir tous ces marchands qui assimilaient le lieu dangereux
frappé de servitude par la loi à un lieu d'échange commercial.
Malheureusement, l'État n'avait pas répondu présent au rôle qu'il devrait
normalement joué entant que puissance publique protecteur et pourvoyeur, Et voilà l'hécatombe

190
MICHAEL LIPSKY et STEVEN RATHGEB (S.)., traduit par GARELLA, Financement exceptionnel,
contractualisation publique/privée particulière, innovation exceptionnelle, dispositif ciblé sur les besoins
immédiats et focalisés sur des solutions de court terme [en ligne] consulté sur
htpps//www.journals.openedition.org, le 09 février à 18h18'.
83

s'était produit causant ainsi la mort de plusieurs de nos compatriotes par électrocution. À en
croire, l'État avait tous les moyens en sa possession pour intervenir afin d'apporter la solution
si minime soit-elle, à ce besoin d'intérêt général; et l'État s'est totalement abstenu sans aucune
intervention majeure. Cette abstention est, à notre sens coupable et devra engager la
responsabilité de l'État.
b. L'intervention envisagée dans le sens de la prévention
Admettons que l'État justifierait sa défaillance par manque des moyens
financiers colossaux pour prendre en charge tous les besoins urgents éprouvés par la population
sur l'étendue du territoire national au même moment, c'est pour autant qu'il manquait d'autres
options pour éviter ce drame ?
Il importe de rappeler encore que la population du coin de Matadi kibala faisait
de l'emprise des lignes à haute tension, un lieu d'échanges commerciaux par faute d'avoir un
marché public, courait déjà un danger imminent dans la mesure où, ces lignes transportent une
grande quantité d'électricité susceptible de causer de dommages considérables lorsqu'il ya
coupure d'un câble qui entre directement en contact avec la population.
Conscient de ce danger, un arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993
avait été signe pour faire des lignes passage des câbles à haute tension, une servitude, c'est-à-
dire un endroit auquel la population n'est autorisée d'y habiter ou de construire des locaux de
nature à y exercer des activités commerciales .
De ce fait, il découle d'ailleurs de l'obligation de l'État, connaissant le danger que
présente les emprises des lignes à haute tension, de s'assurer que dans cette servitude aucune
personne, aucune construction ne pouvait s'y retrouvée. l'État devrait procéder à l'aide des
actions concrètes sur le terrain en deguerpissant toutes ces personnes occupatrices de cette
servitude. La police devrait en principe, s'investir de cette tâche avec l'accompagnement de
l'État. De ce prisme, il est évident que l'État avait sensiblement failli à sa mission de prospection
de la population face à ce danger jugé imminent auquel elle (la population) s'exposait. Ne pas
intervenir en amont pour prévenir le drame rend coupable et, devra engager sa responsabilité.
B. Fondement tiré du non respect de la loi et des règles urbanistiques
Dans une ville moderne, les constructions ne s'érigent pas comme à la campagne
ou chaqu'un le fait de sa manière selon ses préférences; elles ne se font pas d'une manière
désordonnée non plus, mais suivant l'observance de certaines règles: l'intéressé est sensé obtenir
un contrat d'occupation auprès des services cadastraux et est assujetti au respect des règles
urbanistiques. Cela témoigne que ce processus n'est pas automatique, elle est longue et prend
84

assez de temps pour permettre aux services de l'État en la matière d'appliquer leur pouvoir de
contrôle à l'égard de l'intéressé qui est sensé respect les règles en la matière.
En effet, les servitudes légales ne sont pas destinées à être habitées. Dans le
contexte actuel, il s'observe dans la ville de Kinshasa que la quasi-totalité de voies de passage
des lignes haute tension sont occupées par les populations qui y érigent des constructions ou y
exercent des activités de type commerciale sous le regard impuissant de l'État qui, devrait faire
respecter la loi en usant de son pouvoir de contrainte.
Un autre fait criant est celui se rapportant à l'amateurisme des services fonciers,
de l'urbanisme et habitat qui octroient des titres de propriété et autorisation de bâtir dans des
espaces frappés de servitude par la loi. Est-ce l'ignorance de la loi ou tout simplement de la
mauvaise foi?
Rappelons tout de même que les services fonciers, de l'urbanisme et l'habitat ne
peuvent, en aucun cas, se cacher derrière l'ignorance de la loi pour justifier ses comportements
maladroits, ils sont sensés connaître la loi plus que quiconque. Cette attitude est sans cesse
regardée comme constituant l'une des causes du drame, pour le simple motif que sans
l'occupation de ce lieu, le drame ne se serait pas réalisé de la ma manière dont elle s'est réalisée.
À ce niveau aussi, l'on retient la responsabilité de l'État via les actes maladroits accomplis par
ses services.
Section 3: MISE EN OEUVRE DES DROITS DES VICTIMES
Aussitôt les conditions de la responsabilité sont réunies. Il naît une obligation
dans le chef de celui-ci un dommage au profit de celui qui l'a subi. Chaque fois que la victime
n'obtient pas à l'amiable la réparation du préjudice éprouvé, elle doit exercer une action en
justice (1). Le procès en responsabilité civile a une importance particulière. Le fait constitutif
d'un dommage balise la voie à une réparation du dommage, mais cette obligation se révèle
encore informe, c'est en quelque sorte un rouage inerte. Il faut l'intervention d'un procès en
responsabilité pour la transformer en une dette précise en terme des dommages-interêts. Ce qui
fait que le jugement auquel abouti l'action en responsabilité ou la décision d'un arrangement à
l'amiable a un caractère non pas déclaratif comme il en est le cas de la plupart de jugements,
mais constitutif, créateur de droit dans ce sens qu'elle fait partie désormais du patrimoine de la
victime.
85

§1. L' action en responsabilité


A. La transaction ou l'arrangement à l'amiable
L'article 583 du code civil définit la transaction comme “un contrat par lequel
les parties terminent une contestation née, où previennent une contestation à naître”. Elle est
fréquemment utilisé en matière délictuelle: une partie reconnaît au moins partiellement sa
responsabilité et les contractants fixent le montant de la réparation191.
En effet, les parties préfèrent régler un contrat à l’amiable à travers une
transaction. L’avantage n’est pas à démontrer puisqu’il permet de régler un litige sans avoir à
subir les inconvénients d’une action en justice (lenteur, coût, aléa); une mauvaise transaction
est préférable à un bon procès. De plus, en tant que remplaçant un jugement elle est revêtu de
l’autorité de la chose jugée, renforçant ainsi sa sécurité juridique. Enfin, ce contrat permet
d’encourager la paix civile.
Par ailleurs, face à un contexte législatif de plus en plus complexe, et alors que
les juridictions étatiques ne sont pas toujours suffisamment spécialisées pour appréhender la
complexité grandissante des conflits et tous les domaines du droit, l’aléa judiciaire paraît
grandissant. Il milite, dans de nombreux cas, en faveur de la recherche d’une transaction qui
donnera aux parties de la sécurité juridique [...]192.
B. Voie judiciaire
Disons préalablement que l'action en justice est entendu comme un pouvoir193
accordé par la loi au titulaire d'un droit, lui permettant de faire intervenir la puissance publique
en vue de protéger et de restaurer son droit.
1. Titulaires de l'action
Peuvent exercer une action en responsabilité tout ceux qui éprouvent un
préjudice réparable, c'est-à-dire personnel, certain et direct.
a. La victime
Elle agit contre le responsable ou son assureur. L'action peut également être
exercée par par les personnes légalement subrogées aux droits de la victime, c'est-à-dire celles
qui l'on indemnisé de tout ou partie de son préjudice. Les créanciers de la victime peuvent aussi
par voie oblique car ils ont intérêt à ce que l'indemnité rentre sans tarder dans son patrimoine.194

191
M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Op.cit., p.116.
192
JAY et ASSOCIATES (Bloc du cabinet d'avocats)., Transaction en droit du travail congolais: Attention à
l'évolution de la loi de 2002 à 2016[en ligne] consulté sur htpps//www.legavox.fr le 12 février 2023 à 12h55'.
193
A. Rubbens, Droit judiciaire congolais, tome1, PUC, Kinshasa, 2012, p.12.
194
P.MALAURIE et L.AYNES., Op.ct., p.120.
86

Si par exemple, la victime est un commerçant, tombe en cessation de paiement


et qu'une procédure judiciaire étant ouverte en son encontre, elle est désaisie de la gestion de
son patrimoine et ne peut plus, en principe, exercer personnellement l'action en réparation de
son préjudice195.
b. La victime par ricochet
Lorsque la victime a tiré sa révérence, l'action en responsabilité peut être intentée,
soit par les héritiers exerçant les droits qu'ils acquièrent par succession, soit par les proches du
défunt exerçant leur droit propre. Or les héritiers sont généralement les proches du défunt: ils
peuvent donc introduit deux actions, l'action en successorale en qualité d'héritiers (1) et l'action
personnelle, en qualité de proches (2). Cette dualité suscite des nombreuses difficultés
b.1. Après la mort de la victime
Les héritiers les droits qui étaient nés à la personne du défunt, c'est-à-dire ils
peuvent demander réparation du préjudice éprouvé par le défunt.
 Action personnelle
La mort de la victime constitue aussi un dommage personnel d'état civil pour les
proches: elle cause un préjudice matériel à ceux qu'elle faisait vivre et un préjudice moral à
ceux qui l'aimait et souffrent de sa perte. C'est un préjudice par ricochet qui est dans son principe,
réparable (547). Examinons à l'instant qui peut obtenir réparation et quelle est la nature de ce
droit ?
 Les proches ?
Pendant longtemps, il a été décidé que le demandeur devait avoir un lien
juridique statutaire (filiation, mariage,...) avec la victime, qu'il devait, en d'autres termes ,
invoquer un intérêt juridiquement protégé, ce qui permettait d'exclure la concubine qui n'est pas
statutairement lié à la victime. Cette solution a été abandonee (548).
 Nature de l'action propre
L'action personnelle des proches de la victime est distincte de celle qui
appartenait à la victime et leur a été transmis par voie successorale. Principe que l'on appelle
“l'indépendance des droits à la réparation de victime par ricochet”.
En revanche, si les proches sont en même temps les héritiers, ils peuvent exercer
qui appartenait à la victime comme celle qui lui est propre: ainsi, le fait qu'ils renoncent à la
succession leur interdit d'exercer l'action successorale, non l'action personnelle.
2. Exercice de l'action en responsabilité

195
P.MALAURIE et L.AYNES., Op.cit., p.124.
87

L'exercice de l'action en responsabilité présente un particularisme lorsque le fait


dommageable est constitutif d'une infraction. Sera d'abord exposé le droit lorsque le fait, puis
le droit applicable lorsque dommageable est une infraction pénale.
a. Juridiction civile
Il convient de relever qu’en matière civile, la compétence matérielle est
déterminée par le montant de la créance réclamée par le demandeur, c'est-à-dire ici, la victime
de dommage des installations de la SNEL.
Souvent, il se remarque que, la victime saisit le tribunal de grande instance, car,
il est compétent pour connaitre des créances de plus de 5 millions de francs congolais alors que
le tribunal de paix se limitant à un taux maximum de 5 millions de francs congolais mais, la
compétence territoriale est déterminée par le domicile du défendeur. Si le fait dommageable est
constitutif d'une infraction,la victime peut initier une action en se constituant partie civile dans
un procès penal.196
Dans cette hypothèse, la victime se constitue partie civile devant la juridiction
répressive.
b. Juridiction répressive
L'action en réparation du dommage causé par une infraction peut être poursuivie
en même temps que l'action publique et devant le même juge.
Il en est de même des demandes de dommages- intérêts formées par le prévenu
contre la partie civile ou contre les co-prévenus197 .C’est le tribunal de paix qui est compétent
naturellement pour les dommages des installations de la SNEL, car, il connait des infractions
punissables au maximum de cinq ans. L’homicide et/où lésion corporelle involontaire qui est
une infraction fréquente qui puisse être retenu à l’endroit de la SNEL en cas d'électrocution,
est punisable au maximum de deux ans.198
La compétence territoriale du tribunal de paix est déterminée soit, par le lieu où
l’infraction a été commise, c'est-à-dire le lieu de circonstance victimisant et imputant la SNEL,
soit par la résidence du prévenu (qui est ici le siège nationale de la snel).
D'où, les victimes du drame de Matadi kibala causé par la coupure du câble à
haute tension de la SNEL peuvent demander réparation soit au tribunal répressif en se

196
P. LUTUMBA wa LUTUMBA., Notes de cours de droit des obligations, deuxième graduat, faculté de droit,
unikin, 2018-2019, inédit.
197
Loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l'ordre
judiciaire, art.107.
198
Code penal congolais, art. 53.
88

constituant partie civile, fera que le juge saisi puisse aussi accorder les allocations d’office des
dommages intérêts en vertu de l’article 107 du code d’OCJ qui dispose que : « l’action en
réparation du dommage causé par une infraction peut être poursuivie en même temps que
l’action publique et devant le même juge. Il en est de même des demandes de dommages-
intérêts formés par le prévenu contre la partie civile ou contre les co-prévenus ».
En effet, le juge civil s'il était déjà saisi doit surseoir à statuer tant qu’il n’a pas
été statué définitivement sur l’action publique. Cela en vertu du principe général du droit « le
criminel tient le civil en état », principe dont le fondement est pour certains auteurs
l’ordonnance-législative de l’administrateur général au Congo du 14 mai 1886 sur les principes
à suivre dans les décisions judiciaires en son article premier: « Quant la matière n’est pas prévue
par un décret, un arrêté ou une ordonnance déjà promulgués, les contestations qui sont de la
compétence des tribunaux du Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes
généraux du droit et l’équité ».
Le professeur Vincent KANGULUMBA199 quant à lui trouve le fondement de
ce principe dans l’article 116 du code d’O.C.J plutôt que dans cette ordonnance législative qui
dispose à ses alinéas 1 & 2 « si une contestation doit être tranchée suivant la coutume, les cours
et tribunaux appliquent celle-ci, pour autant qu’elle soit conforme aux lois et à l’ordre public.
En cas d’absence de coutume ou lorsque la coutume n’est pas conforme aux lois et à l’ordre
public, les cours et tribunaux s’inspirent des principes généraux du droit ». L’application
correcte du principe : « le criminel tient le civil en état » signifie que le juge civil a l’obligation
de vérifier si le procès répressif invoqué peut avoir une influence sur le procès civil. Cet adage
indique que les juridictions civiles, saisies d'une cause connexe avec une affaire repressive,
doivent surseoir à statuer jusqu'à ce que le procès pénal soit vidé.200
Il ressort qu'avant toute décision de surseance, il faut préalablement que:
- Que le juge civile se trouve dans l'impossibilité de se prononcer sur la demande civile
sans préjuger des faits de la responsabilité sur lesquels la juridiction répressive est
appelée à se prononcer201;

- Que les poursuites soient effectivement entamées, soit par l'ouverture de l'instruction
soit par la citation directe202 .

199
V.KANGULUMBA., L'ordonnance de l'administrateur général du 14 mai 1886: un ancêtre révéré en droit
congolais ? Propres critiques sur l'application d'un texte dégénéré, in Revue de droit Africain (RDA), RDJA,
p.329.
200
A.RUBBENS, Droit judiciaire congolais, tome 1, PUC, Kinshasa, 2012, p.77.
201
L'shi, 13 Août 1971, R.J, 1972, p.66.
202
A.RUBBENS., Op.cit., p.77.
89

En effet, cette surseance 203 doit être décrétée même si les poursuites sont
entamées après l'introduction et l'instruction de l'affaire civile; si la clôture des débats est déjà
été prononcée, l'ouverture des poursuites justifie une réouverture des débats. La surseance ne
prend fin que lorsque le jugement répressif est coulé en force des choses jugées.
Toutes fois, en ce qui concerne le principe de l’autorité de la chose jugée au
pénal, nous relevons que si une personne est condamnée au pénal, cela entraine forcement faute
civile et, s’il y a dommage prouvé, il y a des allocations des dommages et intérêts. Mais, en cas
d’acquittement au pénal, il n’y a pas en principe nécessairement absence de responsabilité au
civil. L’action publique peut être éteinte, mais l’action civile subsiste contre les héritiers. Dans
cette dernière hypothèse, l’action civile peut être menée par les ayants-droit contre l’auteur du
dommage. Si la victime n’exerce pas l’action en responsabilité civile dans le délai, celle-ci peut
se prescrire.
3. La prescription de l’action en responsabilité
L’action en responsabilité peut être prescrite selon que le fait des installations de
la SNEL donnant par conséquent lieu au dommage est purement civil ou pénal. De ce fait, La
prescription désigne la durée au-delà de laquelle une action en justice, civile ou pénale, n'est
plus recevable. La prescription est un mode légal d'acquisition ou d'extinction de droits par le
simple fait de leur possession pendant une certaine durée.
La question de la prescription est réglée par l'article 613 du code civil, lorsqu'il
disposition : “la prescription est un moyen d'acquérir ou de se libérer par un certain laps de
temps et sous les conditions terminées par la loi”. Se faisant, nous n'avons guère trouvé la
jurisprudence en la matière.
a. Action civile
Lorsque le titulaire d’un droit est resté trop longtemps sans l'exercer, il y alieu
de présumer que son droit est éteint. Elle dispense également les débiteurs qui se sont acquittés
de leur obligation du soin de conserver indéfiniment leur quittance.
Toutefois, la victime peut renoncer à l’action en réparation. Mais celle-ci doit
intervenir qu’après le dommage, c'est-à-dire une fois que la créance en indemnisation sera née
dans le patrimoine de la victime. Cela signifie en d’autres termes, qu’avant, il ne peut y avoir
de renonciation à l’action en réparation car, celle-ci est d’ordre public.
La victime d’une infraction peut aussi voir son action éteinte.204

203
A.RUBBENS., Op.cit., p.66.
204
https://congovirtuel.com/page_lukusa.php consulté le 26 février 2023 à 1h56'.
90

b. Action pénale
Lorsque la victime veut obtenir une indemnisation découlant d’une infraction,
celle-ci doit se constituer partie civile. C’est aux termes de disposition de l’article 24 du code
pénal que l’on donne la solution sur la prescription en matière répressive. Il dispose en effet
que :
« L’action publique résultant d’une infraction sera prescrite :
1. Après un an révolu, si l’infraction n’est punie que d’une peine d’amende, ou si le
maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas une année ;
2. Après trois ans révolus, si le maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas
cinq années ;
3. Après dix ans révolus, si l’infraction peut entrainer plus de cinq années de servitude
pénale ou la peine de mort ».
Aux termes de l'article 107 du code d’O.C.J, il se révèle que le juge répressif
peut accorder d’office des allocations à la victime d’une infraction qui résulte d’un dommage
des installations de la SNEL. A cet effet, la victime joint son action civile à l'action pénale
intentée par le ministère public.
4. Étude des modes de réparation du préjudice
Si la responsabilité pénale a pour but la peine infligée au délinquant, la
responsabilité civile trouve sa finalité dans la reparation.205 Il vise à remettre la victime dans la
situation où elle se serait trouvée si l'acte dommageable ne s'était pas produit. A cette fin, les
modes de réparation soulèvent deux séries de questions: la réparation doit elle se faire en nature
ou en argent ?
a. Réparation en nature ou en argent ?
La doctrine est partagée sur la question de savoir si la réparation doit être faite
en nature ou en argent. Certains auteurs écartent complètement la possibilité pour le juge
d'ordonner une réparation aussi bien en matière contractuelle que extra-contractuelle; d'autres
en font le principe. En fait tout dépend de la nature du préjudice, 3 règles domine cette question:
 Il est des cas ou la réparation en nature est quasiment impossible : le cas par exemple
d'un dommage ayant entrainé la mort de la victime tel est le cas du drame ayant causé
la mort de plusieurs personnes, dans ce cas, la Snel ou l'État ne peut pas restituer aux

205
L.Ripert, la réparation dans la responsabilité délictuelle, thèse, Paris, Gren.oble, 1938; G. Viney et Markesinis,
la réparation du dommage corporel. Essai de comparaison des droits anglais et français, 1985 Cité par Boris
Starck, Henri Roland et Laurent Boyer, Op.cit., p.491.
91

familles des victimes d'autres personnes à la place de celles mortes, il ya une


impossibilité matérielle;
 il est des cas où la réparation en nature est obligatoire si elle est demandée;
 Dans d'autres cas, le juge est libre de prononcer une mesure en nature , s'il l'estime, sous
réserve que la victime ne s'y voit pas opposé
Ainsi Ripert écrivait déjà: « L’argent est la commune mesure des valeurs, il sert
à se procurer l’objet ou l’acte que l’on désire. Le juge n’a pas à savoir quelle est la compensation
que souhaite la victime et à juger si cette compensation est légitime. Il lui alloue une indemnité,
la victime en fera l’usage qui lui convient. L’indemnité allouée a une fonction satisfactoire »206
b. En argent ou par équivalent
La réparation en argent ou par équivalent est seule qui est faite sous forme des
dommages-interêts. Elle soulève deux principales questions: ses modalités (a), et la garentie de
la victime devenue créancière de l'obligation
b.1 Modalités
Il appert que le juge doit donner à la victime une indemnité constituant
l'équivalent exacte de ce dont elle été lésée et la victime est libre d'en faire ce qu'elle veut.
L'exercice est difficile; mais le juge pourrait refuser d'indemniser un préjudice dont il a reconnu
la réalité sous prétexte qu'aucun élément d'évaluation pertinent ne lui a été fourni
Les modalités en ce qui concerne la réparation en argent sont relatives à la date
d'évaluation ainsi que les modalités d'indemnité:
 La date du jugement :
La règle est que l'évaluation du préjudice est faite au jour du jugement . Depuis
longtemps il avait été décidé que le préjudice devrait être évalué au jour de l'accident, date à la
quelle il avait été subi, puisque c'était le moment que la victime avait acquis son droit à
réparation. En droit comparé, la jurisprudence française decide depuis 1942 que le préjudice
doit être évalué au jour la décision qui calcule et accorde les dommages-interêts207;
 Modalités d'indemnité
Le juge peut, de sa propre autorité, sans être lié par la demande de la victime,
choisir entre capital où une rente:
- Capital et intérêt. Normalement, l'indemnité est allouée sous forme d'un capital. La
créance n'étant pas liquide avant son évaluation par le juge, le capital la représentantne

206
P. MALAURIE L.AYNES, Op.cit., pp.146-147.
207
Idem., Op.cit., p.146.
92

devrait produire d'intérêts moratoires que du jour où par le jour où il a été calculé par
un jugement de condamnation208;
- Rente viagère: la condamnation à une rente viagère est souvent employé afin de réparer
les dommages corporels ayant entrainé une incapacité permanente ou en cas de décès
des parents laissant des jeunes enfants. Elle compense effectivement le préjudice auquel
elle s'adapte puisqu'elle s'échelonne dans le temps.
5. Caractères de la réparation
La réparation d'un préjudice soulève deux principales préoccupations
notamment sur les fonctions de celle-ci. Ainsi deux principales fonctions ou caractères s'en
dégagent: la réparation a une fonction compensatoire et est intégrale.
a. Caractère integral de la réparation
Cette fonction de la réparation consiste en la restitution ou au retablissement à
la situation antérieure au dommage. Il en est ainsi de la restitution des avantages divers à titres
de compensation (jouissance d'un bien, droit de préfèrence, etc.)
De ce fait, on peut estimer que réparer un dommage, c'est bien faire en sorte qu'il
y ait rétablissement à la situation antérieure. Il est fort de constater qu'un tel rétablissement n'est
toujours pas possible dans bien de cas. Ainsi, le droit ne saurait ressuscité les morts causés!
Réparer dans ces cas est, non seulement rétablir une situation, mais compenser un dommage
[...].209 Dans cette perspective, les décisions du juge peuvent être assez diverses.
b. Caractère integral de la réparation
Les circonstances dans lesquelles s'est produit le dommage peuvent, le cas
échéant, empêcher à la Victime d'obtenir un rétablissement du statu quo ante. Sous ce prisme,
on peut affirmer qu'elle a droit en principe, à une réparation intégrale nonobstant que
l'évaluation du préjudice semble être une casse tête.
La condamnation ne doit réparer que le dommage retenu à charge du responsable.
La victime doit être remise exactement dans son état antérieur à l'accident, restitutio in integrum.
Du moins, autant qu'il est possible au juge surtout par analogie du réalisme210.
 Difficulté de la réparation intégrale liée à l'évaluation: on peut s'interroger s'il est facile
de réparer le dommage rien que le dommage. Que faudra-t-il décider le juge lorsque le

208
P. MALAURIE L.AYNES., Op.cit., p.46.
209
ROBERT J.H cité par TERRE, SMILER et LEQUETTE, Droit civil les obligations, huitième édition, Dalloz,
Paris, p.794.
210
J.CARBONNIER., Droit civil : les obligations, PUF, Paris, 1956, p.447.
93

dommage a causé la perte de la vie humaine comme il est le cas du drame de Matadi
kibala, cette vie pourra-t-elle être remplacée par une autre?
Dans cette pareille circonstance l'évaluation de l'indemnité est destiné à
compenser le dommage et non la restitution de ce qui est perdu à la suite du dommage.
Ainsi, le principe de la réparation intégrale qui veut que le dommage soit réparé
entièrement et rien que le dommage, trouve les limites dues principalement à des difficultés
d'évaluation des dommages, partant de l'étendue de la réparation elle même, peut se faire sous
plusieurs formes qui constituent autant d'éléments rendant difficile voire impossible
l'application stricte du principe de la réparation intégrale.
§2. Examen des quelques décisions de justice sur le dommages causés par les installations
de la SNEL
A. Voie extrajudiciaire (transaction)
Le présent point a pour objet l’analyse des dossiers relatifs à des électrocutions
et électrisations recueillies auprès de la division juridique de la SNEL et dans des cours et
tribunaux.
L’analyse des dossiers se fait en deux temps : un premier temps présentant les
faits et un second ou l’on critique le traitement apporté par la SNEL à ces dossiers.
1. Dossier électrisation
 Cas de monsieur QI Rappel des faits :
En date du 15 Avril 2004, devant un kiosque de vente installée au croisement
des avenues Tshuapa et Bokasa, C/Kinshasa, madame QI, à sa descente d’un minibus, avait
marché sur un câble BT du départ 04 de la cabine LUVUA II. De cet incident, madame QI s’en
est sortie avec des brûlures au niveau des deux jambes.
Après avoir pris en charge les soins de son épouse, monsieur J.C, a sollicité de
la SNEL un règlement à l’amiable du litige né de cette électrisation. Après discussions, les deux
parties conviennent sur le montant de 1500 $ américains à payer par la SNEL au titre de
réparation de tous les préjudices subis.
Evaluation médico-légal du dommage révèle l’incapacité physique permanente
de 5%.
 Discussions en droit
Le dommage causé à madame QI est un dommage corporel qui donne lieu à
réparation. La responsabilité de la SNEL est engagée sur pied de l’article 260 alinéas 1, CCCL
III. En effet, la SNEL en tant que gardienne de la chose ayant causé le dommage, est responsable
du fait de n’avoir pas veillé au maintien de sa chose en bon état d’usage et de fonctionnement
94

tel que lui est recommandé par le cahier des charges générales relatif à la distribution publique
de l’énergie électrique en son article 10.
D’un point de vue pénal, ce fait, est constitutif de l’infraction de coups et
blessures involontaires, infraction prévue à l’article 52, CP et, puni de servitude pénale de 8
jours à 1 an et d’une amende de 50 à 500 FC ou d’une de ces peines seulement, (article 54 CP).
Cette responsabilité repose sur le fait que le dommage causé est dû au défaut de prévoyance ou
de précaution de la SNEL. Ceci aurait débouché sur la condamnation du responsable des
activités de la SNEL dans le secteur ne laissant à la SNEL que la charge de payer les dommages
et intérêts parce qu’étant l’employeur de celui sur qui pèse la responsabilité pénale donnant lieu
à la réparation.
 De la réparation
La réparation de ce dommage a donné lieu à une évaluation préalable du médecin
légal. Mais, la convention de règlement amiable signée mentionne l’engagement des parties au
respect de celui-ci, notamment celle de la victime à n’entreprendre aucune autre action pour
obtenir un quelque conque paiement en rapport avec ledit préjudice.
Toutefois, la convention peut être révoquée dans les cas prévus par la loi,
notamment les cas du dol, lésion ou de survenance de dommage ultérieurement à la convention
mais, toujours lié à l’électrisation dont elle a été victime. C’est là même la portée du principe
de la réparation intégrale : tout le dommage rien que le dommage. Peu importe que celui-ci ne
soit pas apparu, et donc pas pris en compte lors de la signature de la convention :
2. Dossier d'électrocution
B. Voie judiciaire
a. Dossier électrocution au civil
 Cas de dossier Z.K
Rappel des faits En date du 04 Janvier 2002, le nommé KK, fils de monsieur
Z.K, âgé de 14 ans, est mort électrocuté sur le réseau SNEL qui pris en charge, les funérailles.
Dans sa requête adressée à la SNEL, monsieur Z.K sollicita le paiement de
500.000 $ américains de dommage intérêts pour tous préjudices confondus. N’ayant pas obtenu
de suite favorable, il assigna la SNEL devant le TGI/Gombe qui lui alloue 25.000 $ américains
à titre de dommages intérêts, jugement rendu sous R.C 81.216 en date du 17 Août 2004.
Estimant que la somme lui allouée était insatisfaisante, il interjeta appel contre
la décision du premier juge devant la cour d’appel de Kinshasa/Gombe, sous R.C 23.268 qui,
elle, a porté ce montant à 40 000 $ américains dans son arrêt rendu en date du 23 Mars 2006.
95

La SNEL ayant perdu ce procès, elle estima sage de n’intenter aucune action
judiciaire et invita monsieur Z.K à signer avec elle un accord de règlement à l’amiable et épura
complètement sa dette au mois d’Août 2007.

 Durée du contentieux : 5 ans et 7 mois


 Discussion en droit:
Le cas présent se passe de beaucoup de commentaires, car, la responsabilité de
la SNEL a été judiciairement reconnue et établie sur base de l’article 260 alinéa 1, CCCL III,
car elle avait la garde de la chose qui est à l’origine du dommage. Le jugement rendu par le
second juge, ayant acquis l’autorité de la chose jugée, la SNEL a bien fait de s’exécuter et a pu
ainsi éviter la procédure d’exécution forcée qui lui aurait coûté plus chère.
b. Dossier électrocution au pénal
Cas de monsieur H.P et madame F.I (RP 22.206/ 19.788/ m ; RPA 902 et RH4741)
 Rappel des faits:
En date du 21 Février 2001, après la pluie, alors que le nommé NSA, âgé de 25
ans, élève en 3ème année de mécanique, rentrait au domicile familial, il fut électrocuté devant
le parquet de grande instance de MATETE. Ses ayants droits H.P et F.I saisirent le juge du
TGI/MATETE en appel par une citation directe, le jugement de premier degré ayant été rendu
à défaut, pour s’entendre le juge condamne monsieur B.K et MNZ pour homicide par
imprudence, fait prévu par les articles 52 et 53, C.P. S’entendre condamner leur commettant,
la SNEL (et tous solidairement l’un à défaut des autres au paiement de la somme de 100.000
$ américains pour tous dommages confondus. Attendu que les deux premiers cités « bien qu’au
courant du défaut de couverture des câbles de leurs commettants (SNEL) devant le parquet de
grande instance, s’étaient par leur attitude passive a abstenu d’y remédier, exposant ainsi la
population à un réel danger mortel bien connu d’eux ; cela en reconnaissant même y avoir
travaillé dans un passé récent et que les installations de l’époque coloniale sont devenues
défectueuses ».
 Discussion en droit
Ce cas rentre dans l’hypothèse type de l’électrocution comme homicide involontaire.
Le juge du tribunal de paix, dans sa décision reçoit l’exception de défaut de
qualité soulevée par le cité mais la dit non fondée et annule le premier jugement et statuant à
nouveau, dit non établi en fait et en droit l’infraction d’homicide involontaire mis à charge des
96

employés SNEL (ici opposant) cités et les en acquitte sans frais, se déclare incompétent pour
statuer sur les dommages intérêts postulés et met les frais d’instance à charge des citant.
Le juge d’appel statuant, après réouverture des débats, estime que les préposés
de SNEL ont commis une faute pénale dit établi en fait comme en droit l’infraction d’homicide
involontaire à charge de monsieur BK et MNZ, dit qu’ils ne subiront aucune peine ; condamne
la SNEL, civilement responsable aux paiements des dommages intérêts de 20.000 $ américains
et met les frais d’instance à charge des intimés.
Le dernier juge a dit le droit de la bonne manière en reconnaissant la
responsabilité pénale des agents SNEL tout en ne les condamnant pas pour autant à subir de
peine et met à charge de la SNEL le paiement des dommages intérêts.

CRITIQUE
La responsabilité civile pour faire des choses prévue à l'article 260, al.1 du code
civil est une responsabilité basée sur la faute. En effet, le défaut d'entretien et de surveillance
du gardien de la chose incriminée laisse présager la faute de celui-ci, qui doit par la suite
engagée sa responsabilité civile. D'où, la responsabilité civile pour fait des choses n'est jamais
engagée automatiquement: le juge cherche toujours à connaître si la personne qui en assurer la
garde, si le dommage qui se produit résulterait de son défaut d'entretien ou de surveillance. Un
tel paradigme réduirait la chance des victimes d'obtenir réparation du préjudice par elles subies.
Car le responsable peut invoquer les causes d'exonération notamment la faute de la victime elle.
Et le juge n'étant soumis qu'à l'autorité de la loi peut facilement être tenté de laisser la victime
sans réparation.
Pour éviter ce genre de situation, le juge doit être très prudent et doit prendre en
compte le fait que les les installations de la Snel, notamment les câbles de haute tension sont de
choses bien sûr mais des choses particulières compte tenu du danger qu'elles représentent : un
danger imminent et permanent.
De ce fait, il doit en cas de dommage causé par ces institutions, établir la
responsabilité civile de la Snel non seulement sur base de l'article 260, al.1 du code civil, mais
également et surtout sur base de la théorie des risques en dispensant aux victimes l'obligation
de prouver la faute de la Snel S.A comme gardien de la chose. Cette vision va de pair avec le
fondement actuellement de la responsabilité civile qui n'est pas basée sur la faute mais plutôt
sur le soucis ardent d'apporter le remède à la victime de l'accident (la réparation).
97

CONCLUSION
Dans le cadre du présent travail intitulé “la réparation du préjudice dans la
responsabilité civile de plein droit : regard rétrospectif sur l'indemnisation des victimes du
drame de Matadi kibala”, nous avons observé que la problématique que nous avons constitué
tout au début de nos recherches valait son pesant d'or. Il s'est agi, en substance dans le cadre
de cette étude de relever le responsable sur la tête duquel pouvait être porté la charge
d'indemniser les victimes; étudier les possibilités que le code civil nous offre afin de faciliter
aux victimes d'acquérir ses droits qui étaient déjà nés le jour du drame, dans le but d'apporter
les solutions idoines qui favoriseront le respect des droits des victimes.
De ce fait, notre problématique a essentiellement tournée autour des questions
suivantes :
1. À qui revient-il l'obligation d'indemniser les victimes du drame de Matadi kibala? Est-
ce au au gouvernement central entant qu'autorité publique de régulation, au
gouvernement provincial en tant que gestionnaire de la province de Kinshasa : lieu dans
lequel le drame s'est réalisé, ou tout simplement à la snel entant que société productrice,
transportatrice et commerçante de l'énergie électrique ?
2. Ce drame ne pouvait-il pas être éviter ?
3. Quelles solutions le code civil livre 3 offrait-il aux victimes afin de favoriser leur
indemnisation?
Puisqu'il s'agit de la question de la responsabilité civile avant tout, il nous a
préalablement paru important de préciser tout d'abord son contexte historico-evolutif avant
d'indiquer les conditions et la mise en oeuvre des droits des victimes.Puisqu'il en est ainsi, nous
avons relevé à ce sujet que la responsabilité civile est l'obligation qui incombe à l'auteur du
dommage d'indemniser la victime.
Avant l'avènement du code Napoléon est la vengeance privée qu'on a appelé la
“vindicte”. Il s'agissait de la vengeance reconnue à la victime du dommage ou sa famille contre
l'auteur . De ce fait, la victime d'un vol se venge par lui-même ou par les siens afin d'apaiser le
mal qui l'a frappé, puis plutard pour punir le coupable. D'où la responsabilité avait une double
facette: une réparation qui apporte un remède au mal et une punition que l'on inflige à l'auteur
du dommage. À ce temps là, la responsabilité civile n'était pas encore libérée du joug de la
responsabilité pénale.
Peu à peu après l'époque antique marquée par la vengeance privée, s'en est suivi
l'époque où la responsabilité était dominée par le système de la composition pécuniaire. Dans
ce système les différents délits étaient énumérés d'avance en chiffrant pour chacun le prix de la
98

vengeance. Nous quittons alors de la vengeance privée non proportionnée à un système où le


prix de la répartition était connu d'avance pour un certains types de dommages jugés fréquents.
Lorsque l'autorité publique a elle même assuré le châtiment du coupable, l'aspect pénale se
dissocia de l'action civile, la responsabilité civile se libère du joug de la responsabilité pénale.
En 1804, le roi Napoléon réunirent les juristes de son pays qui redigèrent le code
civil Napoléon. Une grande avancée en matière de responsabilité fût réalisée, il s'agit du
principe de la responsabilité civile classique basée sur la faute, emprunté de DOMAT, principe
de l'article 1382 du code civil français (l'équivalent de l'art.258 code civil livre 3): “tout fait
quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est
arrivé à le répareré”, qui fait de la faute la notion centrale de la responsabilité civile : pas de
faute, pas de responsabilité civile.
Au 19e siècle, les sources du dommage se multiplia notamment en matière des
accidents du travail, la structure du code civil sur la responsabilité basée sur la faute a
sensiblement présenté ses limites car, en matière des acidents du travail il était impossible pour
la victime de prouver la faute de son employeur afin de pouvoir obtenir de lui une éventuelle
indemnisation. De ce fait, pour aider les victimes a avoir facilitement réparation au mal qui les
atteint, les théoriens du droit proposèrent quelques théories civilistes afin de palier à cette
carence. Il s'agit deux deux théories les plus connues en droit de responsabilité civile : la théorie
des risques et celle de garantie.
De ce paradigme, nous avons démontré qu'à ce jour, le fondement classique de
la responsabilité civile basé sur la faute n'est pas toujours efficace et ne favorise pas
l'indemnisation des victimes, elle s'arcboute davantage à relever la faute de l'auteur du
dommage plutôt qu'à favoriser l'indemnisation de celles-ci. D'où la responsabilité civile a,
comme prencipale fonction la réparation ou l'indemnisation des victimes, avant d'être
préventive ou de dilution de la charge du dommage.
Puisqu'il s'agit de reparer les dommages causés par la coupure d'un câble haute
tension de la snel ayant causé d'innombrables dommages donnant lieu à une question de
responsabilité, il nous a paru important après l'étude liminaire sur la responsabilité civile et son
aspect historico-evolutif, l'examen des conditions de responsabilité prévues en la matière. À ce
sujet, nous avons avons examiné préalablement les conditions de mise en oeuvre de la
responsabilité civile pour fait personnel (faute, dommage et lien de causalité) avant d'examiner
celles relatives pour fait des choses (chose, la garde de la chose et le dommage) entant entendu
que l'instrument incriminé est une chose au regard de la loi n°73/021 du 20 juillet 1973 sur le
régime général des biens, foncier et immobilier, régime des sûretés, dite loi foncière.
99

Pour clore cette étude, nous avons examiné la question relative à la mise en
œuvre de droit des victimes, où il a été question d'identifier les personnes sur la tête desquelles
devraient être portées la charge d'indemniser des victimes. Sur cette question pertinente, il
s'agissait plus précisément de répondre à la première question de notre problématique.
En premier lieu, nous avons attribué la charge d'indemniser les victimes à la Snel
en se fondant sur la théorie des risques. Nous avons démontré que le câble haute tension fait
partie des installations de la Snel. Selon cette théorie avons nous dit, il était logique pour celui
qui crée les risques ou qui profite de l'activité à risque de réparer le dommage dont cette activité
à risque est susceptible de générer. Et pour cela, il est logique pour la Snel de prendre en charge
toutes les victimes des dommages qui résulteraient du fait de ses installations ou de la coupure
des câbles à haute tension ayant causer dommage. D'où, avons affirmé la responsabilité de la
Snel d'indemniser les victimes du drame de Matadi kibala.
En second lieu, nous avons démontré la responsabilité de l'État congolais. À ce
sujet, nous avons établi le fondement de sa responsabilité en démontrant le rôle préventif qu'il
était sensé jouer. Certes, il était de l'obligation de l'État de prendre en charge les besoins
d'intérêt général ressentis par la population, c'est le moyen le plus éloquent qui fait sentir la
présence de l'État au près de la population. Les besoins sont infiniment nombreux dans un Etat
comme le nôtre, mais l'État est appelé à satisfaire ceux qui sont urgents avec impact social
visible. La population de Matadi kibala en avait éprouvé un et avait besoin que l'État agisse
(construir un marché public pour le compte de la population de cette contrée de Matadi kibala)
afin de permettre aux mamans commerçantes de ce coin de réaliser les échanges commerciaux
avec beaucoup plus de quiétude. Chose qui n'étant pas faite et la population s'étant alors décidée
d'utiliser d'un espace non constructible frappé de service par l'arrêté interministériel n°0021 du
29 octobre 1993 sur les servitudes. Face à cette réaction de la population inadaptée, l'État
quoique faillible à sa première mission de pourvoyeur des besoins d'intérêt général, il devrait
en principe faire respecter cet arrêté interministériel qui interdit toutes contribution et habitation
dans les emprises des lignes de haute tension en prenant des mesures idoines qui s'imposent en
deguerpisant toutes ces personnes occupatrices des emprises des lignes de haute tension,
notamment celles qui occupaient l'emprise de passage de ligne haute tension de Matadi kibala
sur les pilonnes 181 et 182. D'où, l'État est regardé comme défaillant à sa mission de faire
respecter cet arrêté interministériel et de prévenir des troubles à l'ordre public. C'est de cette
occurrence que nous avons relevé la responsabilité de l'État congolais.
À cet effet, après l'examen de la procédure que les victimes devront suivre devant
les juridictions civiles ou pénales pour arriver à recevoir de la Snel et de l'État congolais
100

l'indemnisation de leur préjudice éprouvé ont également fait l'objet d'une longue analyse. Nous
avons relevé en ce qui concerne la responsabilité civile pour fait des choses, que le code civil,
livre 3 prévoit une possibilité pour toute personne victime d'un dommage causé par le fait d'une
chose de se voir être retablie à sa situation antérieure comme si le dommage n'avait jamais eu
lieu. Pour y parvenir, il faut que la victime obtienne réparation du préjudice qu'elle a subi. Il
faut pour cela que la chose incriminée soit sous le contrôle ou pouvoir d'une personne
déterminée (la garde).
Les décisions de justice sur cette matière démontrent que les juges n'ont usé d'un
seul fondement pour déterminer la responsabilité de la Snel S.A, ils se fondent sur les prescrits
de l'article 260 al.1 du code civil. Nous avons démontré dans la critique que nous avons adressé
à ces décisions de justice que ce fondement n'était pas adapté à fonction actuel de la
responsabilité civile qui ne vise pas la faute pour qu'il ait indemnisation, mais par contre le
simple dommage si minime soit-il suffit pour que la victime optienne réparation. Or, en se
fondant sur l'article 260 al.1 du code civil, livre 3 le gardien de la chose peut être exonéré en
prouvant que le dommage aurait resulté du fait de la force majeure ou de la faute exclusive de
la victime. D'ou, la théorie des risques était le meilleur fondement de la responsabilité surtout
en ce qui concerne les activités des entreprises susceptibles de causer des dommages, afin de
permettre aux victimes d'être rétablies dans leur droit en bénéficiant des indemnités dus au
préjudice subi. Ceci nous pousse à formuler les suggestions suivantes à l'État et la Snel S.A:
 Identifiez tous les sites à problème et prendre le courage de délocaliser tous les
occupants illégaux sans délai
 Qu'il soit prévu un fonds de garantie pour l'indemnisation des victimes d'électrocution
et d'électrisation ou carrément que la Sonas prevoye une police d'assurance obligatoire
pour les victimes d'électrocution
 Que le ministère public fasse respecter formellement les prescrits de l'article 120.9 de
loi n°14/11 du 17 juin 2014 relative d'électricité qui interdit formellement la
construction ou l'autorisation de construire sur les lignes électriques en appliquant les
peines prévues 125 la même loi qui prévoit une peine de 6 à 12 mois de servitude pénale
et une amende de l'ordre de 1.000.000 à 10.000.000 de Frans congolais;
 Que la Snel s'investit dans la campagne de sensibilisation de la population en leur
rappelant les risques qu'il ya en essayant d'occuper les lieux de passage des lignes
électriques, leur rappeler aussi que ce comportement est érigé en infraction et peut
donner lieu à des poursuites pénales à l'égard de l'intéressé.
101

BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES JURIDIQUES
A. Textes Nationaux
1. Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que révisée par la loi n°11/002 du 20
janvier 2011.
2. Loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence
des juridictions de l'ordre judiciaire.
3. Loi congolaise du 10 juillet 1974 portant responsabilité civile, obligatoire des bâtiments
communaux, administratifs et autres contre l'incendie, in jour officiel 15 août 1974.
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5. Arrêté interministériel n°0021 du 29 octobre 1993, art.1 point 4.
6. Constitution de la République Démocratique du Congo telle que révisée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011.
7. Loi organique n°11/013 du 11 avril 2011 portant organisation et fonctionnement de la
police nationale congolaise.
8. Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal.
B. Textes internatioanux
1. Déclaration Universelle des droits de l'Homme proclamée par l'assemblée générale des
nations unies dans sa résolution 217(3), du 10 décembre 1948.
2. Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981, entrée en vigeuer
le 21 octobre 1986.
II. JURISPRIDENCES
- Cass. Ch. Réunies, 2 décembre 1941.
- Civ. 2e, 28 novembre 2002.
- Cass. Civ. 2, 8 mars 1995 n° 91-14895.
- Civ. 2e, 4 nov. 2010, n° 09-65947.
- L'shi, 13 Août 1971, R.J, 1972.

III. OUVRAGES
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3. A.D PEYRUSSE., Droit civil : les obligations, tome 1, CNFPT.
102

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universitaires africaines, Kinshasa, 2012.
5. B.O KALONGO MBIKAYI., Les obligations, tome 1, CRDJ.
6. B.O KALONGO MBIKAYI., Responsabilité civile et socialisation des risques en droit
zaïrois, Kinshasa, PUZ.
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1985.
8. E. MWANZO idin'AMINYE et K.LUKUSA Carlos., Cours de méthodologie juridique
: instruments de recherche, rédaction scientifique, dissertation juridique, unikin 2018-
2019.
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12. J. CARNONNIER, Droit civil les obligations, Paris, PUF, 2004, n°1114.
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français, LGDJ, 1954.
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Snel, publication de la faculté de droit des universités du Congo, Kinshasa.
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2017.
18. M.T KENGE NGOMBA TSHILOMBAYI., Réforme du droit civil les obligations en
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2020.
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Ed.Universitaires Africaines.
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2001-2002.
103

21. Raoul KIENGE-KIENGE INTUDI., Initiation à la recherche scientifique, unikin, 2009-


2010.
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sociales, Paris, Dunold, 1995.
23. S. FOURNIER et P. MAISTRE DU CHAMBON., Responsabilité délictuelle, PUG, 4e
édition, 2015.
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jurispedia.
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1973.
4. Revue congolaise de droit, Kinshasa, ONRD, 1971.
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droit positif congolais: approche comparative sur le droit belge et français in IJRDO-
journal of Law and cybercrime.
6. V.KANGULUMBA., L'ordonnance de l'administrateur général du 14 mai 1886: un
ancêtre révéré en droit congolais ? Propres critiques sur l'application d'un texte
dégénéré, in Revue de droit Africain (RDA), RDJA.

IV. THESES, MEMOIRES ET NOTES DE COURS


A. THESES
1. ARENA (S.)., Obligations et Responsabilité civile, thèse, Paris, tome1, 2018.
2. BORIS STARCK., Essai d'une théorie générale de la responsabilité considérée en sa
double fonction de garentie et de peine privée (pref). M. Picard, thèse, Paris, 1947.
3. V. KANGULUMBA., Indemnisation des victimes des accidents de la circulation et
assurances de Responsabilité automobile. Étude de droit comparé belge et congolais,
Louvain-la-neuve, bruylant, academia, 2002.
104

B. MEMMOIRE
- SAMAS MAKUNGU LUKINA., Mimetisme institutionnel en République
démocratique du Congo: critique et perspectives d’avenir, mémoire de Licence, faculte
de ScienceS PolitiqueS et Administratives, unikin, 2021-2022.
C. NOTES DE COURS
1. MBAU SUKISA (D.)., Manuel des grands services de l'État, faculté de droit, unikin,
2020-2021, inédit.
2. Mme HEBRAND., Cours polycopié de théorie générale des obligations. 2e année.
ENDA, 1967-1968.
3. P. LUTUMBA wa LUTUMBA., Notes de cours de droit des obligations, deuxième
graduat, faculté de droit, unikin, 2018-2019, inédit. B. DUBUISSON., Cours polycopié
de droit des obligations, UCLLN, fac droit, 2004-2005, p.190.
4. P. MUTEBA TSHIMANGA., Notes de cours de progrès technique et Responsabilité
civile, unikin, faculté de droit, 2020-2021, inédit.
5. POTO MACRAEM., Notes de cours de droit des assurances, faculté de droit, Unikin,
2021-2022, inédit.
- SAMAS MAKUNGU LUKINA., Mimétisme institutionnel en République
Démocratique du Congo : analyse critique et perspectives d’avenir, mémoire de licence,
faculté des sciences politiques et administratives, unikin, 2021-2022.
6. V. LOKO. Notes de cours de la sécurité sociale, unikin, faculté de droit, 2020-2021,
inédit.

V. WEBOGRAPHIE
- GARELLA, Financement exceptionnel, contractualisation publique/privée
particulière, innovation exceptionnelle, dispositif ciblé sur les besoins immédiats et
focalisés sur des solutions de court terme [en ligne] consulté sur
htpps//www.journals.openedition.org, le 09 février.
- Https//www.cabinet.zenou.fr.droit pénal/homicide involontaire [en ligne] consulté le 28
décembre 2023.
- Https//www.congovirtuel.com/page-rapport-travaux/page-rapport-nzinga[en ligne]
consulté le 22 Décembre 2022.
- Https//www.melchior.fr/etat-providence consulté le 05 janvier 2023 à 3h01'.
- Https//www.toupie.org/dictionnaire/intérêt-général [en ligne] consulté le 04 janvier
2023.
105

- Https//www.viepublique.fr consulté le o4 janvier 2023.


- Https/www.coursdedroit.net/ la notion de service public : définition et critères [en ligne]
consulté le 04 février 2023.
- https: www. mémoireonline.com/ la problématique de la réparation du dommage moral
en droit positif congolais consulté le 16 Décembre 2022.
- Https:/ www.droit.fr/ droit de la responsabilité administrative. Consulté le 02 Décembre
2022.
- Https:/ www.loupie.org/ Dictionnaire/ Responsabilité morale consulté le 02 Décembre
2022.
- Https:/ www.ooreka.fr/ Responsabilité pénale. Consulté le 15 décembre 2022.
- https:// www. Varoclier-avocat. Com/articles-juridiques: la prévision historique et la
juridique Trinité consulté le 06 février 2023.
- https:// www.coursdedroit.net/Responsabilité pour fait des choses : causes où conditions
d'exonérations consulté le 14 décembre 2022.
- https://congovirtuel.com/page_lukusa.php consulté le 26 février 2023.
- https://www.lgbd.org/lien de causalité.fr consulté le 20 Décembre 2022.
- Https:/www. Cours de droit.net. Consulté le 12 décembre 2022.
- Https:/www.aidebtsam.com/ la socialisation des risques consulté le 07 Décembre 2022.
- JAY et ASSOCIATES (Bloc du cabinet d'avocats)., Transaction en droit du travail
congolais: Attention à l'évolution de la loi de 2002 à 2016[en ligne] consulté sur
htpps//www.legavox.fr le 12 février 2023.
- P. Arnold., Droit du sport. Théorie de l'acceptation des risques : état de lieux, 14 février
2014 consulté sur https://www.eclipse-avocats.com, le 7 février 2023..
106

TABLE DES MATIERES


EPIGRAPHE ............................................................................................................................................ I
IN MEMORIAM ..................................................................................................................................... II
DEDICACE ........................................................................................................................................... III
AVANT-PROPOS................................................................................................................................. IV
LISTE DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS .................................................................................... V
O. INTRODUCTION .............................................................................................................................. 1
1.1. PROBLÉMATIQUE ............................................................................................................... 2
1.2. INTERET DU SUJET ............................................................................................................. 4
0.2.1. Sur le plan théorique.............................................................................................................. 5
0.2.2 Sur le plan scientifique ........................................................................................................... 5
0.2.3 Sur le plan pratique................................................................................................................. 5
1.3. DÉLIMITATION DU SUJET ................................................................................................. 5
1.4. MÉTHODOLOGIE ................................................................................................................. 6
0.4.1. Méthodes ............................................................................................................................... 6
0.4.2. Techniques............................................................................................................................. 7
1.5. PLAN SOMMAIRE ................................................................................................................ 8
CHAPITRE 1. LES GENERALITES ..................................................................................................... 9
Section 1 : PRÉLIMINAIRE ............................................................................................................... 9
§1. Notion de la responsabilité civile .............................................................................................. 9
A. Définition de la responsabilité civile ....................................................................................... 9
1. Objets de la responsabilité ..................................................................................................... 10
2. Unité ou dualité de la responsabilité civile? .......................................................................... 10
B. Approche historico-évolutive de la responsabilité civile ...................................................... 11
1. Avant le code civil ................................................................................................................. 11
a. Dans les droits dits primitifs .................................................................................................. 11
b. En droit romain ...................................................................................................................... 12
c. Dans l'ancien droit ................................................................................................................. 12
2. À l'époque du code civil ........................................................................................................ 12
§2. Distinction entre la responsabilité civile et les autres Responsabilités voisines...................... 13
A. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale ..................................... 13
B. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité morale .................................... 14
3. Distinction entre la responsabilité civile et la responsabilité administrative ......................... 15
4. Intérêt de distinction .............................................................................................................. 16
Section 2 : FONDEMENT ET FONCTION DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE ........................ 17
§1. Fondement ............................................................................................................................... 17
A. La théorie classique fondée sur la faute................................................................................. 18
B. La théorie des risques ............................................................................................................ 19
1. La théorie du risque profit ..................................................................................................... 19
2. La théorie de risque créé........................................................................................................ 20
C. La théorie de garantie ............................................................................................................ 20
1. Manifestation de la théorie de garantie dans le code civil livre III ....................................... 21
2. Mérite du principe ................................................................................................................. 21
3. Critiques ................................................................................................................................ 22
§2. Fonction .................................................................................................................................. 22
A. La fonction réparatrice ou indemnitaire ................................................................................ 22
1. La collectivisation des risques (socialisation des risques) ..................................................... 23
107

a. Etat de la question ................................................................................................................. 23


b. Rôle de la collectivisation des risques dans la fonction réparatrice ...................................... 24
c. Limites de la socialisation des risques................................................................................... 25
d. Procédure d'indemnisation dans la collectivisation des risques ............................................ 26
d.1. La procédure amiable ............................................................................................................. 26
d.2. Phase contentieuse .................................................................................................................. 26
2. Le phénomène Assurantiel .................................................................................................... 26
3. La sécurité sociale ................................................................................................................. 27
B. La fonction préventive........................................................................................................... 27
C. Fonction de dilution de la charge des dommages .................................................................. 28
CHAPITRE 2. CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE ......... 29
Section 1 : CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE POUR
FAIT PERSONNEL .......................................................................................................................... 29
§1. Le dommage ............................................................................................................................ 30
A. Définition et preuve du dommage ......................................................................................... 30
1. Définition............................................................................................................................... 30
2. Preuve du dommage .............................................................................................................. 30
B. Catégories du dommage reparable en droit congolais .............................................................. 31
1. Dommages matériels ............................................................................................................. 31
2. Dommages corporels ou physiques ....................................................................................... 32
a. Dommage consistant dans une atteinte à la santé ou à l'intégrité physique........................... 33
b. Dommage corporel entraînant la mort ................................................................................... 33
3. Dommages Moreaux ............................................................................................................ 34
§2. La faute .................................................................................................................................... 34
A. Notions .................................................................................................................................. 34
1. Critère général de la définition du concept faute ................................................................... 35
a. Faute, violation d'un texte ..................................................................................................... 35
b. Faute en l'absence de la violation d'un texte.......................................................................... 35
c. La faute dans l'exercice d'un droit ......................................................................................... 36
B. Critères imputabilité de la faute ............................................................................................ 37
1. Notion de l'imputabilité ......................................................................................................... 37
2. Critères d'imputabilité ........................................................................................................... 37
a. La volonté conscience ........................................................................................................... 37
b. Volonté capable ..................................................................................................................... 38
c. La volonté libre ..................................................................................................................... 38
§3. Le lien de causalité .................................................................................................................. 39
A. Problématique de la causalité ................................................................................................ 39
B. Application de la notion de causalité..................................................................................... 40
C. Solutions doctrinales en cas de multiplicité de causes .......................................................... 40
1. Théorie de l'équivalence des conditions ................................................................................ 40
2. Théorie de la causalité adéquate ............................................................................................ 41
3. La théorie de la proximité de la cause (causa proxima) ........................................................ 41
4. La théorie de l'empreinte continue du mal ............................................................................ 42
Section 2. CONDITIONS DE MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ CIVILE POUR
FAIT DES CHOSES ......................................................................................................................... 42
§1. La chose................................................................................................................................... 43
A. Notions de la chose................................................................................................................ 43
B. Application du concept chose ................................................................................................ 43
108

C. Aspect critique du concept chose .......................................................................................... 44


D. Rôle ou fait de la chose ......................................................................................................... 45
§2. La garde de la chose ................................................................................................................ 46
B. Les conditions d'exonération ................................................................................................. 48
C. Consentement de la victime................................................................................................... 48
a. Acceptation du dommage ...................................................................................................... 48
b. L'acceptation des risques ....................................................................................................... 49
§3. Le dommage ............................................................................................................................ 50
CHAPITRE TROISIÈME: MISE EN OEUVRE DE LA RESPONSABILITÉ DE LA SNEL ET DE
L'ÉTAT CONGOLAIS FACE AU DOMMAGE CAUSÉ PAR LE CABLE HAUT TENSION À
MATADI KIBALA ............................................................................................................................... 52
Section 1: DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ÉLECTRICITÉ (SNEL en sigle) ............................ 52
§1. Présentation de la SNEL .......................................................................................................... 52
A. Aperçu historique de la SNEL ............................................................................................... 52
B. Objectif de la snel .................................................................................................................. 53
C. Statut juridique de la société nationale d'électricité............................................................... 53
D. Localisation et situation géographique .................................................................................. 54
E. Structures organisationnelles et fonctionnelles ..................................................................... 54
1. Le conseil d'administration .................................................................................................... 54
2. Comité de gestion .................................................................................................................. 54
F. Direction générale ................................................................................................................. 55
§2. Approche penale des dommages causés par la coupure du cable haut tension a Matadi Kibala
....................................................................................................................................................... 55
A. L'homicide ou les lesions corporelles .................................................................................... 56
1. Notions .................................................................................................................................. 56
2. Éléments constitutifs d'homicide ou lesions invontaires ....................................................... 57
a. Élément légal ......................................................................................................................... 57
b. Le Dommage (élément matériel) ........................................................................................... 58
c. La Faute ................................................................................................................................. 58
c.1. La faute, quelle définition ? .................................................................................................... 58
c.2. Différentes formes que peut prendre une faute ....................................................................... 59
3. Le lien de causalité entre la faute pénale et le dommage ...................................................... 60
4. Appréciation personnelle ....................................................................................................... 61
A. Responsabilité pénale de la société nationale d'électricité (Snel S.A)................................... 63
1. Principe.................................................................................................................................. 63
2. Rejet progressf du principe .................................................................................................... 64
3. Affrontement entre deux tendances ....................................................................................... 65
3.1. La tendance minimaliste .................................................................................................... 66
3.2. La tendance maximaliste ................................................................................................... 66
4. Position du droit congolais et de sa jurisprudence ................................................................ 67
4.1. Position retenue par le droit congolais .............................................................................. 67
4.2. La position de la jurisprudence.......................................................................................... 67
4.3. Position personnel sur le débat .......................................................................................... 68
5. Poursuite de la personne morale (Snel S.A) .......................................................................... 69
Section 2: ANALYSE DE LA RESPONSABILITÉ DE L'ÉTAT .................................................... 69
§1. Bref rappel sur la mission et les moyens d'intervention de l'Etat ............................................ 69
A. La mission de L'État .............................................................................................................. 69
1. Mission de l'État gendarme ................................................................................................... 69
109

a. Le maintien de l'ordre public ................................................................................................. 70


b. L'encadrement social ............................................................................................................. 71
c. L'organisation de la sanction et le règlement du contentieux ................................................ 71
B. Missions de l'état providence ................................................................................................ 72
1. Origine et fonction pourvoyeuse de l'État ............................................................................. 72
2. Moyens d'intervention de L'État ............................................................................................ 73
a. La police administrative ........................................................................................................ 73
a.1. Missions de la police dans un Etat de droit ............................................................................ 74
a.1.1. Missions ordinaire de la police en général........................................................................... 74
a.1.2. Missions extraordinaires et spéciales................................................................................... 74
a.1.3. Distinguer la police administrative et la police judiciaire ................................................... 75
b. Intervention de l'État au moyen de services publics .............................................................. 76
b.1. Préliminaire ............................................................................................................................ 76
b.2. L'intervention étatique ............................................................................................................ 77
b.3. Justification de l'intervention étatique .................................................................................... 77
c. Fondement constitutionnel de l'intervention de l'État ........................................................... 79
§2. Fondement de la responsabilité de l'État dans le drame de matadi kibala ............................... 80
A. Fondement tiré du rôle de l'État ............................................................................................ 80
1. Importance des buts de l'État ................................................................................................. 80
2. La non intervention de l'État : une omission coupable ? ....................................................... 81
a. L'intervention de l'État envisagée dans le sens de l'apport d'une solution urgente ................ 82
b. L'intervention envisagée dans le sens de la prévention ......................................................... 83
B. Fondement tiré du non respect de la loi et des règles urbanistiques ...................................... 83
Section 3: MISE EN OEUVRE DES DROITS DES VICTIMES..................................................... 84
§1. L' action en responsabilité ....................................................................................................... 85
A. La transaction ou l'arrangement à l'amiable .......................................................................... 85
B. Voie judiciaire ....................................................................................................................... 85
1. Titulaires de l'action .............................................................................................................. 85
a. La victime .............................................................................................................................. 85
b. La victime par ricochet .......................................................................................................... 86
b.1. Après la mort de la victime .................................................................................................... 86
2. Exercice de l'action en responsabilité .................................................................................... 86
a. Juridiction civile .................................................................................................................... 87
b. Juridiction répressive ............................................................................................................. 87
3. La prescription de l’action en responsabilité ......................................................................... 89
a. Action civile .......................................................................................................................... 89
b. Action pénale......................................................................................................................... 90
4. Étude des modes de réparation du préjudice ......................................................................... 90
a. Réparation en nature ou en argent ? ...................................................................................... 90
b. En argent ou par équivalent ................................................................................................... 91
5. Caractères de la réparation .................................................................................................... 92
a. Caractère integral de la réparation ......................................................................................... 92
b. Caractère integral de la réparation ......................................................................................... 92
§2. Examen des quelques décisions de justice sur le dommages causés par les installations de la
SNEL ............................................................................................................................................. 93
A. Voie extrajudiciaire (transaction) .......................................................................................... 93
1. Dossier électrisation .............................................................................................................. 93
2. Dossier d'électrocution .......................................................................................................... 94
110

B. Voie judiciaire ....................................................................................................................... 94


a. Dossier électrocution au civil ................................................................................................ 94
b. Dossier électrocution au pénal............................................................................................... 95
CRITIQUE .................................................................................................................................... 96
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 97
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................. 101
TABLE DES MATIERES................................................................................................................... 106
111

Le fondement actuel de la responsabilité civile n'est pas toujours la faute comme il en a été le cas à
l'époque classique mais plutôt la réparation. Lorsqu'une personne est atteinte par un préjudice dans
sa chair ou dans ses biens, son soucis majeur est d'obtenir réparation de la manière la plus efficace
possible. Les victimes du drame de Matadi Kibala méritent d'être indemnisés de la part de l'État
d'une part et de la SNEL de l'autre part. Cette responsabilité étant aisni fondée sur les dispositions
du code civil (258, 260 al.1) et de l'article 147 de l constitution d'une part, et sur la théorie des
risques d'autre part: tout celui qui crée le risque ou profite des revenus génerés par cette activité,
doit indamniser les dommages generés par elle. Pour ce faire, les parties devront favoriser beaucoup
plus la voie extrajudiciaire pour permettre aux victimes d'être rétablies dans leur droit de la manière
la plus prompte que possible, car la voie judiciaire étant très longue et coûteuse pour les victimes.

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