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i

EPIGRAPHE

« La justice n’est pas dans les textes mais dans l’âme du magistrat »

Henri-Pascal, cité par KASONGO MUIDINGE M.


ii

A nos parents KASONGO BAKUNDI Robert et KILOLO KUBONGA


Thérèse, pour tout ce qu’ils représentent pour nous ;

Nous dédions ce travail, fruit de dur labeur

et de beaucoup de sacrifices.
iii

REMERCIEMENTS

Au seuil de notre présent exercice académique qui consiste pour


tout étudiant finaliste du deuxième cycle en droit, à présenter un mémoire de
fin de cycle qui sanctionnera sa fin formation; qu’il nous soit permis de saisir
cette possibilité pour nous acquitter d’un agréable devoir, celui de rendre
hommage mérité à ceux qui, de loin ou de pré, tant soit peu, nous ont été, sans
fausse modestie, d’une importance combien estimée, et dont une rédévabilité de
notre part serait une valeur cardinale.
Ainsi, nous tenons de tout cœur à remercier notre directeur, le
professeur KASONGO MUIDINGE qui, sans relâche, a pu assurer la direction
de notre présent travail. Que trouvent ici l’expression de notre gratitude, tous le
corps professoral de la faculté de droit en général, et celui du département de
droit pénal et de criminologie en particulier, ainsi que le corps scientifique pour
leurs enseignements combien utiles pour notre formation ;
Ensuite, nos sincères remerciements s’adressent à notre encadreur,
madame le chef de travaux Annie-BAPU KASONGO KOURA, pour son
importance et ses orientations accordées à notre travail ;
Un vibrant hommage à tous les membres de notre famille, qui se
sont ralliés tous comme un seul Homme derrière notre frère ainé Jacques
KASONGO pour notre transformation tant physique, morale qu’intellectuelle.
Qu’ils trouvent ici l’expression de notre sympathie, Petit, Yvette, Jean- Claude-
juif, Raïssa, Ange, Dada- suprême, Ida, Judith, et Olivier, tous KASONGO.
Enfin, nos remerciements s’adressent tout particulièrement à nos
amis et connaissances : Naomi MUBWABU, Jules KANDA le Pape, Parfait
NGAY, Afi NGELESSY, Nathan MUSANDA, Guylain MUDIKINGO,
Herménelgide-Aimé KIPUNI, Nadia MUYEKE, Inès BONGA, Fils KAZADI et
Pithou MAWAMOKE.
Nous ne pouvons clore cette phase sans rendre hommage mérité à
nos condisciples avec qui, nous avons passé cinq années de bonheur et de
difficultés dans notre alma mater. Nous pensons affectueusement à Tanya
LUMBEMBA, Yves SANDUKU, Raymond MBANA, Luc YABA, Willy
BUNGU, Emile NTANTU, Thaddée MBUBA, Betty MUNDEKE, Jonas
BATONGA, Edith BOLA, Christelle TSIMBA et Anthony TSHIYOYO.

Christian KASONGO N’SELE


iv

LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES

Al. : Alinéa ;
Arr. : Arrêté ;
Art. : Article ;
BICE : Bureau International Catholique pour Enfants ;
CATSR : Centre d’Appui au Travail Social de la Rue ;
CDE : Convention Relative aux Droits de l’Enfant ;
CIRC. : Circulaire ;
CPCLII : Code Pénal Congolais Livre II ;
DES : Edition Droit et Société ;
E.U.A. : Edition Universitaire Africaine ;
ECL : Enfant en Conflit avec la Loi ;
EGEE : Etablissement de Garde et d’Education de l’Etat ;
JO : Journal Officiel ;
JO/RDC : Journal Officiel de la République Démocratique du Congo ;
JOZ : Journal Officiel du Zaïre ;
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence ;
MP : Ministère Public ;
NU : Nations-Unies ;
OMP : Officier du Ministère Public ;
Op. Cit. : Opus Citatum ;
OPJ : Officier de Police Judiciaire ;
Ord. : Ordonnance ;
Ord.-L : Ordonnance-Loi ;
P. : Page ;
PV : Procès Verbal ;
RCEL : Registre Enfance en Conflit avec la Loi ;
RDC : République Démocratique du Congo ;
v

RICTP : Revue Internationale de Criminologie et de Police Technique ;


RIPC : Revue Internationale de Police Criminelle ;
SP : Servitude Pénale ;
SPP : Servitude Pénale Principale ;
TPE : Tribunal pour Enfants.
1

INTRODUCTION

PROBLEMATIQUE

Le dernier quart du XXème siècle qui s’est achevé a été


marqué par des différents fléaux qui ont conduit le monde à la
perversion. Et à la porte du présent siècle, l’on enregistre les mêmes
causes produisant les mêmes effets. Parmi ces fléaux, il y a entre autres
des conflits armés étatiques et interétatiques, la faim, les catastrophes
naturelles, les coups d’Etat répétés dans le monde en général et surtout
dans les Pays en Voie de Développement en particulier, le sida, la
criminalité et la liste n’est pas exhaustive. De tous ces fléaux, la
criminalité est celui qui a retenu notre attention.

En effet, à travers le monde en général, et en RDC en


particulier, il ne se passe pas une minute sans que l’on y voit une
infraction se commettre ; et ses auteurs sont des personnes physiques,
comme l’affirme le Professeur NYABIRUNGU, « l’infraction est avant tout
et toujours un acte humain ». Les développements relatifs à la loi pénale
et à l’infraction, ajoute l’auteur, ont fait entrevoir qu’il est impossible
d’étudier ces différentes notions sans se référer à l’homme, au
délinquant1

Cependant, cette criminalité s’intègre dans presque toutes


les couches de la population, c’est-à-dire, des enfants aux adultes.

En effet, les infractions que commettent les enfants ne sont


pas différentes de celles que commettent les adultes. Elles exigent les
mêmes conditions tant à leur existence qu’à leur poursuite. Cependant,
pourquoi doit-on distinguer l’enfant de l’adulte?

1 NYABIRUNGU Mwene SONGA, Droit Pénal Général Zaïrois, 2è éd., DES, Kinshasa, 1995, p.
180
2

Si l’ancien droit pénal se fondait sur les seuls buts de


punition, expiation et dissuasion1, et qui ne permettait pas de distinguer
la justice pénale pour adultes de celle pour mineurs car la seule formule
de la culpabilité et l’imputabilité suffisait pour répondre de ses actes2 ;
l’évolution des connaissances en sciences humaines et sociales,
notamment les travaux de brillants savants GAROFALO, FERRI et
LOMBROSO3 ont démontré les influences néfastes de l’industrialisation
et de l’urbanisation sur l’individu4; et partant, ont permis de modifier les
objectifs assignés au droit pénal qui visera désormais non plus
seulement à sanctionner (l’expiation, la punition et la dissuasion), mais
aussi à reformer le délinquant.

Et dans cette optique, l’intérêt de distinguer la justice pénale


pour adultes d’avec celle pour mineurs s’est avéré opportun.

Ainsi, l’enfant plus particulièrement est apparu comme une


victime privilégiée de transformations sociales à cause de son caractère
malléable, de sa moindre capacité à formuler un jugement moral et à
contrôler ses impulsions. Puisque l’enfant, souligne les psychologues,
est moins conscient de ses actes et, est moins responsable. Cette
moindre responsabilité suppose qu’il mérite une punition moins sévère
qu’un adulte5 compte tenu de son manque de maturité, de son manque
de discernement, et aussi de sa dépendance vis-à-vis du milieu dans
lequel il s’intègre.

Ces raisons ont poussé la plupart des systèmes pénaux à


distinguer la justice pénale pour adultes de celle pour mineurs.

1 IDZUMBUIR ASSOP (J.), La justice pour mineurs au Zaïre : réalités et perspectives, EUA,
Kinshasa, 1994, p. 7.
2 MVAKA NGUMBU (I.), Cours de Criminologie Clinique, 2è licence, Faculté de Droit, Unikin,
2011-2012, p. 3.
3 KASONGO, MUIDINGE, Cours de Criminologie Générale, 3è graduat, Faculté de Droit,
Unikin, 2009-2010, inédit
4 IDZUMBUIR ASSOP (J.), op.cit. p 7.
5 BARRY, (F.), « La question de la justice rétributive des mineurs : punition ou traitement et
leurs conséquences respectives », in R.I.P.C., n° 39-40, Paris, 1990, p. 47
3

C’est à ce point de vue que l’Assemblée Générale des


Nations-Unies a adopté le 20 novembre 1989 la convention
internationale relative aux droits de l’enfant. Elle a, en outre, fait une
déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du
développement de l’enfant au sommet lui consacré tenu à New York en
1990. En effet, conformément au contenu de la convention précitée, les
Etats sont tenus d’assumer de bonne foi les obligations mises à leur
charge par ladite convention ; Ils sont donc obligés, aux termes de l’art. 4
de ladite convention, de prendre toutes les mesures législatives,
administratives et autres qui sont nécessaires pour mettre en œuvre les
droits reconnus dans la convention à l’enfant.

A ce titre, la RDC, partie à ladite convention, et dont la


population accorde une place centrale à l’enfant en tant que
renouvellement de l’être et de la vie1, s’est engagée dans la voie de faire
de la protection de l’enfant son cheval de bataille et s’est fait sentir le
besoin pressant d’élaborer la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l’enfant.

L’objectif de cette loi est certes, avant tout, d’assurer la


protection de l’enfant, celle-ci entendue dans sa globalité : protection
sociale, protection pénale et protection judiciaire qui nous intéresse le
plus. L’intervention est sensée faite pour lui et non contre lui.

Cependant, en dépit des efforts déployés, de nombreux


enfants continus toujours d’être maltraités, discriminés et d’autres
continus toujours à vivre en marge de la société, alors que la loi précitée
était qualifiée de loi novatrice en ce qu’elle venait innover le sort de
l’enfant en RDC.

Une chose est la consécration, et une autre en est


l’effectivité.

1 Exposé des motifs de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
4

Quel bilan pouvons nous dresser à l’heure actuelle sur


l’effectivité de la présente loi, de son influence sur la situation de l’enfant
considéré comme être faible, vu son manque de maturité, sa
dépendance vis-à-vis de son milieu, son manque d’expérience etc.

Sa mise en mouvement devrait avoir d’impact dans la vie


quotidienne des jeunes. Car, la réalisation des droits de l’enfant, celle
notamment de son droit d’être protégé, suppose un mouvement
d’envergure nationale1.

A ce sujet, que peut-on dire de la situation qui prévaut dans


le quotidien de l’enfant ? Où sont les institutions tant publiques que
privées agréées de prise en charge de l’enfant en situation difficile
promues par les rédacteurs de la présente loi? Qu’est ce qui justifie que
les enfants soient dans la rue ?

Il ne suffit plus simplement de reconnaitre et de comprendre


les devoirs de la société envers les enfants, mais d’agir pour traduire ces
convictions en actes. On peut coucher sur texte de belles initiatives, des
convictions prétentieuses, mais leur effectivité s’avère important. Car, la
justice n’est pas dans les textes mais plutôt, dans l’âme du magistrat
disait HENRI – PASCAL2. A cet effet, quel a été le rôle du magistrat
entant que cible principal de cette mise en mouvement de la justice pour
mineurs mue par la loi précitée.

Après avoir posé la problématique de notre travail, il importe


maintenant de justifier l’intérêt de son étude.

1 O’DONNEL, Dan, la protection de l’enfant, guide à l’usage des parlementaires, Genève,


U.I.P., 2004, p. 73.
2 KASONGO MUIDINGE, Cours de psychologie judiciaire, 2è licence, Faculté de Droit, Unikin,
2011-2012, p. 6, inédit.
5

II. INTERET DU SUJET

Il est important de justifier le choix du sujet pour la société et


de présenter son intérêt scientifique car, la science est faite pour la
société et, l’on ne doit pas écrire pour rien, il faut aussi que le sujet ait un
intérêt direct à la solution des interrogatoires et problèmes que soulève
la communauté1.

Ainsi, notre travail présente un intérêt considérable à double


point de vue, en ce que, il permet d’une part, à ses lecteurs en général, et
aux juristes en particulier, futurs législateurs, de se rendre compte de
l’importante tâche qui les attend dans le domaine de l’enfance, et, d’autre
part, constitue un instrument d’information pour le gouvernement. A ce
titre, il constitue un thermomètre de la température criminogène de la
criminalité des jeunes qui lui permettra de se rendre compte du rôle
criminogène de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant à fin de mieux cadrer son action entant qu’autorité compétente.

Si l’intérêt du travail est présenté, quel cheminement


emprunte pour rencontrer nos préoccupations ? Voilà pourquoi le choix
d’une méthodologie s’avère impérieux.

III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

D’après le dictionnaire universel, la méthodologie renferme


un ensemble des méthodes et techniques appliquées à un domaine
déterminé de la science2

La méthode peut être définie comme un ensemble des


démarches que suit l’esprit pour découvrir la vérité dans la science3. Elle
peut être également définie comme l’ensemble des opérations

1 MBOKO, D’JANDIMA, Principes et usages en matière de rédaction d’un travail


universitaire, CADICEC, Kinshasa, 2004, p. 21.
2 Dictionnaire universel, édition Larousse, 2009, p. 761.
3 MBOKO D’JANDIMA, op.cit., p. 22.
6

intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre la vérité


qu’elle poursuit, la démontre et la vérifie1 .

En revanche, la technique est un instrument ou un outil mis


au service de la méthode en vue de mieux la saisir ou de mieux
l’appréhender pour la rendre plus intelligible2. Elle intervient dans la
collecte des informations (chiffrées ou non) qui devront plus tard être
soumises à l’interprétation et à l’explication grâce aux méthodes.

Ainsi, pour mener à bon port cette étude, la méthode


exégétique nous a permis d’interpréter et commenter quelques
dispositions légales en la matière, et la méthode sociologique nous a
aidés à confronter la loi à la réalité du terrain afin d’être mieux éclairé.

Quant à la technique utilisée, l’interview qui a consisté à


recueillir des informations auprès des instances officielles, et le sondage
qui nous a permis d’avoir le point de vue de l’opinion sur la question.

Seul le choix d’une méthodologie ne suffit pas, il faudra


circonscrire le travail si l’on veut atteindre l’objectif.

IV. DELIMITATION DU SUJET

Une étude scientifique doit être circonscrite sinon le sujet ne


saurait être épuisé. De ce point de vue, notre travail a connu une triple
délimitation relative au temps, à l’espace et à la matière même, car, il
n’est pas possible d’étudier, de parcourir tous les éléments influant
jusqu’aux extrêmes limites de la terre et jusqu’au bout du temps3.

En effet, la complexité des faits sociaux ainsi que les


difficultés relatives à la collecte des données nous impose le réalisme si
l’on veut produire une œuvre scientifique.

1 KASIAMA, MBWANGI, (D), Cours de méthodes de recherche scientifique, 2è graduat,


Université Révérend Kim, Kinshasa, 2012, p. 18
2 Ibidem, p. 19.
3 KASIAMA, BWAG’I, (D), op.cit, p. 14
7

Du point de vue spatial, il a été question de prendre en


compte la ville de Kinshasa, capitale de la RDC et siège des institutions
politiques, où l’on enregistre un nombre important de migrations et de
crimes, et aussi pour des raisons de proximité et de possibilité pouvant
permettre la réalisation du travail.

Du point de vue temporel, il était question de prendre en


compte la période allant de 2009, date de la promulgation et publication
de la loi portant protection de l’enfant en RDC, jusqu’à ces jours.

Et, en ce qui concerne la matière elle-même, c’est-à-dire, la


protection de l’enfant qui comprend la protection sociale, la protection
pénale ainsi que la protection judiciaire, seule cette dernière nous
concerne.

Il convient maintenant de présenter l’ossature de son étude.

V. PLAN SOMMAIRE.

Outre la partie introductive et la conclusion, le présent travail


sera divisé en deux chapitres qui aborderont respectivement : d’une
part, l’étude descriptive du concept « enfant » (chapitre I.) et, d’autre
part, la protection de l’enfant en conflit avec la loi (chapitre II.).
8

CHAPITRE I : ETUDE DESCRIPTIVE DU CONCEPT « ENFANT »

Nous verrons les notions générales sur l’enfant (section I.),


ses différents droits et devoirs (section II.), ainsi que l’enfance en conflit
avec la loi comme phénomène de masse (section III.).

SECTION I : NOTIONS GENERALES SUR L’ENFANT

Nous y étudierons les différentes définitions de l’enfant (§1),


les catégories d’enfant en droit congolais (§2), ainsi que les actes
constitutifs de la délinquance juvénile (§3).

§1. Définitions de l’enfant

L’on ne peut aborder la protection de l’enfant sans avant tout,


définir le concept « enfant » en tant que bénéficiaire de cette protection.
A ce point de vue, trois conceptions vont intervenir dans ce processus
notamment, la définition biologique (A), la définition sociologique (B)
ainsi que la définition juridique(C).

A. Définition biologique de l’enfant

Du point de vue biologique, un enfant est une personne qui


n’est pas en âge d’avoir elle-même des enfants1.

En biologie, le développement d’un enfant est un processus


plus ou moins continu qui passe par plusieurs stades notamment : à 28
jours, on parle de nouveau né ; de 28 jours à 2ans, on parle de
nourrisson ; de 2 à 6ans, c’est le début de la petite enfance ; de 6 à
13ans, l’enfance proprement dite commence, bien qu’on utilise
fréquemment le terme préadolescent ; et de 13ans et plus, la puberté qui
marque une période de transition entre l’enfant et l’adulte, déclenche le
fonctionnement du système hormonal qui provoque le pic de croissance,

1 Encyclopédie Familiale enfant et adulte, Paris, édition des connaissances modernes S.A.,
1971, p. 218.
9

la maturation de l’appareil reproducteur et les transformations


physiques.1

L’analyse des éléments de cette définition révèle que l’enfant


est une personne née vivante et viable, qui n’a pas encore atteint la
capacité de reproduction ou de procréation. L’inverse peut se vérifier,
ainsi justifier la réflexion en ce que, n’est pas enfant, toute personne
ayant la capacité de procréation.

B. Définition sociologique de l’enfant

L’étymologie de ce mot est latine : « infans » qui signifie pour


les romains, « qui ne parle pas ». Du point de vue sociologique, un
enfant est un être humain dont le développement se situe entre la
naissance et la puberté2.

L’attention des sociologues se focalisent autour du


développement et de la formation de la personnalité de l’enfant.

Le développement est l’ensemble des transformations qui


affectent les organismes vivants au cours du temps. La formation de la
personnalité quant à elle, est le processus par lequel l’enfant apprend à
faire face aux difficultés internes ou externes3.

Les différents aspects du développement affectif et


intellectuel de l’enfant sont analysés par les psychologues en tenant
compte des phénomènes liés à la croissance physique et aux
modifications émotionnelles qui les accompagnent. Le développement
physique, social et psychologique de l’enfant se fait de façon rapide et
intensive et il est beaucoup plus sensible que celui de l’adulte aux
influences de l’environnement.

1 Encyclopédie Familiale enfant et adulte, op.cit, p. 218


2 Les théories du développement de la personnalité, in http://www.wikipédia.org.
3 Ibidem
10

Le processus de maturation et de perception cérébrale chez


un enfant évoluent d’une façon différente et les détriments intellectuels
se traduisent souvent de façon différente.1

HENRI WALLON prend un enfant comme un être global ;


ainsi même s’il souligne les côtés affectifs du développement, l’influence
de l’environnement, accorde une importance égale à l’affectif, au social
et au cognitif, qui sont pour lui indissociables de la personne2.

Toutefois, la définition convaincante de l’enfant dépendra de


la place qu’occupe ce dernier dans la société car, la définition
sociologique de l’enfant ne sera pas la même en sociologie Américaine,
tout comme en sociologie africaine. A ce propos, la place de l’enfant en
milieu africain nous permettra de bien saisir sa portée.

En effet, l’étude de l’enfant en milieu africain soulève deux


préoccupations à savoir, sa place en milieu africain traditionnel et en
milieu africain moderne ou en voie de modernité.

 La place de l’enfant en milieu traditionnel africain

En milieu traditionnel, l’enfant constituait une richesse pour la


famille, une force sociale et économique pour le clan. La naissance d’un
enfant constituait un événement pour tous les parents, la famille et la
communauté sociale tout entière. Car, on voyait dans l’enfant la
perpétration du clan et de la société. L’adage selon lequel l’enfant est la
force vive de la nation, l’espoir de la société, l’avenir d’un peuple, etc.
pouvait s’appliquer avec beaucoup d’efficacité3

L’enfant en milieu traditionnel était donc protégé dès le sein


de sa mère, la femme enceinte était l’objet de soins particuliers. Né,
l’enfant était protégé dans tous les aspects de sa vie. Il avait donc droit à

1 Encyclopédie Familiale enfant et adulte, op.cit.


2 http://www.wikipédia.org.
3 IDZUMBUIR ASSOP (J), op.cit., p. 17
11

la vie, à la santé, à l’éducation, au travail et au loisir sain. Les


phénomènes d’enfants abandonnés, maltraités, vagabonds, mendiants,
voire en conflit avec la loi étaient rares. La protection de l’enfant était un
droit naturel fondé sur la dignité de sa personne en tant qu’être humain
et social. Elle était un devoir de la part de toute la communauté. C’est
ainsi que l’on peut affirmer que l’éducation de l’enfant en milieu Africain
traditionnel incombait à toute la communauté.

La famille qui avait plus d’enfants était considérée comme


étant riche car, par l’enfant, la famille rentabilisait des ressources
potentielles au point que, la jeune fille ramenait de la dot, et le garçon
constituait une force de production agricole. L’on devait faire des enfants
plus tôt que possible pour les voir grandir pendant que les parents
avaient encore la force d’en bénéficier.

Cependant, faut-il croire qu’en milieu traditionnel, les droits


de l’enfant étaient parfaitement respectés ?

A cette question, il faut noter que cette protection se réalisait


sous un contrôle social intense et dans un conformisme total des
relations au sein de la communauté sociale de laquelle l’individu
(l’enfant) tirait son essence. 1

Une société prête de privilégier les droits collectifs du clan et


de la tribu au détriment des droits individuels de l’enfant. A titre
d’exemple, citons le mariage précoce et sans le consentement de
l’enfant aux fins de gagner des biens, et ce, au prix de sa personnalité
même.

Le respect des pratiques traditionnelles et ancestrales primait


à celui des droits et libertés de l’individu et ainsi de l’enfant.

1 IDZUMBUIR ASSOP (J.), op.cit, p. 4


12

La coutume congolaise, dans sa double variante patrilinéaire


et matrilinéaire1, rendait les parents parfois impuissants devant l’oncle et
vice-versa.

 la place de l’enfant en milieu africain en voie de modernité

L’influence coloniale sur les sociétés africaines en ce qui


concerne la place de l’enfant apparait clairement positive car, la
nécessité de renforcer la personnalité de l’enfant sujet des droits
s’impose désormais. Le jeune enfant recouvre ses droits au sein de la
société, il devient depuis un certain temps, la cible de toute la société.

Cependant, les méfaits de changements sociaux rapides au


plan social, économique, culturel, politique et autres sur l’enfant seront à
l’origine notamment de l’élaboration de la convention internationale de
N.U. relative aux droits de l’enfant (CDE), et à l’instar de celle-ci, de la
Charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant ; et de la loi n°
09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en RDC qui fait
l’objet de notre étude.

C. Définition juridique de l’enfant

Les différences culturelles existant entre les pays ainsi que


les importants changements physiques et émotionnels par lesquels
l’enfant va passer pour devenir un adulte ont mis en lumière la nécessité
de trouver une définition conventionnelle, une référence globale valable
et acceptable par tous qui permette à chaque enfant où qu’il se trouve
dans le monde d’être considéré de la même manière.2

Les N.U. ont donc élaboré une définition de l’enfant pour que
tous les pays ayant ratifié la convention internationale relative aux droits
de l’enfant partage la même référence. C’est l’art. 1er de ladite

1 TSHIBANGU TSHIASU KALALA (F.), Droit civil : Régimes matrimoniaux, Successions et


Libéralités, 2è éd., CADICEC, Kinshasa, 2006, p. 1
2 http://www.wikipédia.org.
13

convention qui stipule que : « un enfant s’entend de tout être humain âgé
de moins de dix huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu
de la législation qui lui est applicable »1.

Grâce à cette convention, il est devenu très simple de définir


qui est un enfant. C’est un être humain âgé de moins de dix huit ans,
sauf si la loi de son pays lui accorde la majorité plus tôt, ce qui est rare
affirme O’DONNEL Dan2.

Ainsi, l’enfant, en droit congolais, est toute personne âgée de


moins de dix huit ans conformément à l’art.2 point 1 de la loi n° 09/001
du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.

La présente loi ne se limite pas seulement à définir l’enfant,


mais elle s’intéresse également à énumérer ses différentes catégories.

§2. Catégories d’enfant.

L’intérêt de la connaissance des catégories d’enfant permet


de saisir les personnes relevant de l’application de la loi précitée en
RDC.

Ainsi, aux termes de l’article 2 de la présente loi, les


personnes concernées par la protection de l’enfant sont notamment :
l’enfant déplacé, l’enfant réfugié, l’enfant en situation difficile, l’enfant en
situation exceptionnelle, l’enfant avec handicap physique ou mental,
l’enfant séparé et l’enfant en conflit avec la loi.

Cependant, il faut entendre aux termes de ce même article


par :

1Article 1er de la convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989.


2 O’DONNEL, Dan, op.cit., p. 53
14

A. Enfant déplacé

Tout enfant non accompagné de ses parents ou tuteur qui a


été contraint de quitter son milieu de vie par suite de la guerre, de
catastrophes naturelles ou d’autres événements graves et s’est installé
dans un autre endroit à l’intérieur du pays où il réside1.

De cette définition, s’en déduit les conséquences que ne peut


être enfant déplacé aux termes de la loi, l’enfant qui franchit la frontière
du pays, ou qui est accompagné de ses parents ou tuteur ;

B. Enfant réfugié

Tout enfant qui a été contraint de fuir son pays en


franchissant une frontière internationale et qui demande le statut de
réfugié ou toute autre forme de protection internationale2.

Un réfugié est un étranger qui n’est pas à confondre avec un


immigrant car, celui-ci vient au pays pour s’y établir, alors celui-là ne
songe qu’à rentrer dès que cela lui sera possible3.

C. Enfant en situation difficile

Tout enfant qui ne jouit pas de ses droits fondamentaux et


qui n’a pas accès aux services sociaux de base tels que la santé, le
logement, l’alimentation et l’éducation4 ;

D. Enfant en situation exceptionnelle

Tout enfant en situation de conflits armés, de tensions ou de


troubles civils, de catastrophes naturelles ou dégradation sensible et
prolongée des conditions socio-économiques (article 2. 5 de la loi portant
protection de l’enfant). A noter que les règles relatives à la conduite des
1 Article 2.2 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit
2 Article 2.3, idem
3
KAPETA et MWANZO, Cours de Doit International Public, 2ème licence, Faculté de Droit, Unikin, 2011-2012, p. 3
4 Article 2.4 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit
15

hostilités en droit international humanitaire interdisent l’enrôlement des


enfants soldats.

E. Enfant avec handicap physique ou mental

Tout enfant se trouvant dans une situation qui peut constituer


un obstacle ou une difficulté à l’expression normale de toutes ses
facultés physiques ou mentales, notamment les fonctions intellectuelles
et cognitives, le langage, la motricité et les performances sociales1 ;

Par handicap, il faut entendre, non seulement une infirmité


physique, mais aussi un trouble mental qui mettent un enfant en état
d’infériorité. Ce handicap peut être dû à une blessure, un traumatisme,
une maladie etc.2

F. Enfant séparé

Tout enfant qui est séparé de ses père et mère ou de la


personne qui exerce sur lui l’autorité parentale (article 2.7 de la loi n°
09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant).

G. Enfant en conflit avec la loi

Le concept « enfant en conflit avec la loi » englobe aussi bien


les mineurs délinquants que les mineurs déviants associés dans le cadre
de la présente loi.

Conformément à l’article 2 point 9 de la loi n° 09/001 du 10


janvier 2009 portant protection de l’enfant, est enfant en conflit avec la
loi, tout enfant âgé de quatorze à moins de dix huit ans qui commet un
manquement qualifié d’infraction à la loi pénale3.

1 Article 2. 5 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 KUSUKILA, JM, Cours de protection de l’enfant conforme au programme national de 6è
technique sociale, Kinshasa, 2004, p. 45
3 Article 2.9 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009
16

Après avoir étudié les catégories d’enfant, il importe de


passer aux actes constitutifs de la délinquance juvénile.

§3. Les actes constitutifs de la délinquance juvénile

La délinquance juvénile (actuellement enfance en conflit avec


la loi) est un phénomène complexe. Sa complexité réside au niveau du
crime en ce que, « celui-ci n’est pas seulement un acte contraire à la loi
pénale, c’est-à-dire, une abstraction juridique, mais aussi un acte d’un
être humain à la fois un être physique et un être social, parfois doué
d’intelligence et de volonté »1.

L’enfant ainsi étudié, mérite une protection de la part de la


société car, sa débandade influence ses conduites déviantes (A) et qui
souvent l’amènent à poser des actes infractionnels (B).

A. Les actes déviants

Les actes déviants que posent les enfants sont ceux dont la
conduite s’écarte de normes sociales. Sont donc des actes antisociaux.

En RDC, depuis un certain temps, l’on assiste à une


déviance manifeste chez les jeunes. Cette déviance se manifeste
notamment dans le vagabondage et la mendicité (I) ; l’inconduite et
l’indiscipline notoires (II) ; ainsi que dans la débauche et la prostitution
(III) dont une étude conceptuelle s’impose désormais.

1. Le vagabondage et la mendicité

Ce sont là des faits principaux pour lesquels les jeunes sont


déférés devant le juge. A l’origine des dispositions sur le vagabondage et
la mendicité, on trouve le décret du roi souverain du 23 mai 1896 modifié
par les décrets du 11 juillet 1923 et du 06 juin 1958. Ces règles étaient
précédées d’une circulaire du 07 avril 1896 qui avait pour but d’enrayer

1 KASONGO MUIDINGE, op.cit.


17

le développement d’une population flottante venue on ne sait d’où et qui


ne pouvait vivre que d’expédiant. Actuellement, l’article 62 point 1 de la
loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant les régit.

1.1. Le vagabondage

Devant le silence de la loi, le juge des mineurs applique les


principes généraux du droit conformément à l’article 1er de l’ord de
l’administrateur général au Congo du 14 mai 18861.

Pour le vagabondage, la définition est celle donnée par le


code pénal belge qui entend par cette expression, « l’état des individus
qui n’ont ni domicile certain, ni moyen de subsistance, et qui n’exerce
habituellement ni métier ou profession2.

Le législateur congolais en cette matière laisse le juge


décider dans chaque cas si l’individu traduit devant lui est effectivement
en état de vagabondage. A cet effet, l’enfant bénéficie conformément à
l’article 62 de la loi sous examen, d’une protection spéciale. Celle-ci se
réalise conformément à l’article 63 al. 3 de la loi du 10 janvier 2009 qui
dispose que « la protection spéciale se réalise à travers les mécanismes
de tutelle de l’Etat tels que prévus par la loi, le placement social et autres
mécanismes de prise en charge appropriés ».

1.2. La mendicité

Suivant la définition classique, la mendicité est le fait de


demander l’aumône, l’acte de tendre la main pour recevoir un secours
même sans le solliciter expressément, pourvu que cet acte soit
accompagnée d’une attitude suffisamment expressive, ne laissant
aucun doute sur l’intention manifestée par le geste3 Le mendiant est

1 Art. 1er de l’ord de l’Administrateur Général au Congo du 14 mai 1886 portant principes à
suivre dans les décisions judiciaires.
2 IDZUMBUIR ASSOP, (J.), op.cit, p. 43
3 Ibidem, p. 46
18

donc celui qui se livre à la mendicité pour soi-même ou pour ses proches
sans contrevaleur appréciable. Cette situation ne vise évidemment pas
le fait de recevoir l’aumône, ni de collecter pour une œuvre
philanthropique.

En l’absence d’une définition juridique de la mendicité, et de


celui qui l’exerce, le juge, devra comme dans le cas de vagabondage
mener une enquête pour décider éventuellement de l’état occasionnel ou
habituel de la mendicité. Le vagabondage conduit à la mendicité et la
mendicité constitue un symptôme de vagabondage1 C’est ainsi que
VEXLIARD conclut qu’il n’y a pour le vagabond que l’alternative finesse
de mendier ou de voler car il ne se laissera pas mourir de faim.2

2. L’inconduite et l’indiscipline notoires

L’indiscipline est une insoumission de l’enfant à l’autorité de


parents ou de ceux qui ont sa garde de droit ou de fait, tandis que
l’inconduite est un comportement illicite, blâmable qui couvre une série
de comportements tels que la débauche, la prostitution, les mauvaises
fréquentations, les sorties nocturnes non autorisées etc.3

L’indiscipline porte aussi souvent sur les mêmes


comportements que l’inconduite. On pourrait y ajouter en outre les
propos injurieux, les voies de fait, le refus d’obéir aux parents.

Ne pouvait être qualifiée d’inconduite, par exemple le refus


de s’engager dans une carrière professionnelle ou dans un mariage qui
plait aux parents.

1 IDZUMBUIR ASSOP, (J.), op.cit,, p .46


2 VEXLIARD, (A.), Introduction à la sociologie du vagabondage, Librairie marcel rivière et Cie,
Paris, 1959, p.17.
3 IDZUMBUIR, ASSOP, (J.), Op. Cit., p.46.
19

3. La débauche et la prostitution

Dans le langage courant on confond souvent la débauche et


la prostitution alors que chacune exprime techniquement des réalités
distinctes bien que connexes.

La débauche signifie un dérèglement dans les mœurs en


général, alors que la prostitution consiste à faire métier de livrer son
corps aux plaisirs sexuels d’autrui pour de l’argent, quel que soient le
sexe de l’individu et la nature des actes auxquels il se livre1 .

Parmi les actes qui caractérisent le comportement des jeunes


(enfants) marginaux, la prostitution occupe aussi une place de choix
dans la ville de Kinshasa. Les jeunes, surtout les filles, se livrent dans
cette pratique même s’ils ne le font pas à titre professionnel, tout du
moins, le besoin d’argent les anime.

B. Les actes infractionnels

L’infraction est le fait objectif qui déclenche l’action pénale.


C’est le fait objectif qui est porté à la connaissance du Parquet ou du
Tribunal et détermine celui-ci à rechercher si la loi a été violée.2

Mais, il ne faut pas perdre de vue que c’est avant tout et


toujours un acte humain. Les développements relatifs à la loi et à
l’infraction nous ont fait savoir qu’il est impossible d’étudier ces
différentes notions sans nous référer à l’homme, au délinquant.

Le principe posé en droit pénal est que seules les personnes


physiques sont capables de délinquer.3 En application de la loi de 2009
portant protection de l’enfant en RDC, nous dirons, en ce qui concerne
les enfants, que seuls les enfants âgés de quatorze à moins de dix huit

1 IDZUMBUIR, ASSOP, (J.), op.cit., p. 46


2 NYABIRUNGU Mwene SONGA, op.cit, p.180
3 Ibidem
20

ans sont capables de commettre les manquements qualifiés d’infractions


à la loi pénale.1

Cependant, il est important de connaitre la nature des actes


infractionnels pour lesquels les jeunes (enfants) sont déférés devant le
juge. Car, le principe en droit pénal est qu’on ne déclare punissables que
les actes de l’agent préalablement définis comme infraction par la loi
pénale2. Et parmi les dispositions qui assurent la protection des
particuliers, on distingue celles qui sanctionnent les agressions contre
les personnes elles-mêmes et les droits individuels qui leur sont garantis,
de celles qui répriment les atteintes juridiques et physiques à leurs biens
patrimoniaux concourant ainsi à leur épanouissement matériel3.

Les infractions que commettent les enfants ne sont pas


différents de celles que commettent les adultes. Elles sont les mêmes, et
exigent les mêmes conditions quant à leur existence.

Cependant, nous ne saurons étudier tous les actes


infractionnels que commettent les enfants, mais une étude de quelques
cas particuliers, vu l’importance qu’ils présentent du fait de leur nature,
s’avère opportune. Ainsi, le vol, l’extorsion et les coups et blessures,
sont ces actes que nous allons analyser.

1. Le vol

Nous allons définir l’infraction et donner sa base légale


avant de donner ses éléments constitutifs ainsi que son régime
répressif.

1 Article 2.9 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 Article 1er du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais
3 LIKULIA BOLONGO, Droit Pénal Spécial Zaïrois, 2è éd., Tome I, LGDJ, Paris, 1985, p.39
21

1.1. Déf inition et base légale

L’infraction de vol peut être définie comme l’enlèvement ou la


soustraction d’un objet d’autrui de façon frauduleuse (c’est-à-dire contre
le gré ou à l’insu du propriétaire) dans le but de se le procurer ou de le
procurer à autrui. En d’autres termes, s’emparer avec fraude de la chose
d’autrui dans l’intention de se l’approprier1.

Le vol sous toutes ses formes est la plus fréquente de toutes


les infractions. Elle est l’infraction la plus usuelle en droit pénal spécial et
les voleurs sont très souvent de récidivistes.

Et la loi distingue à cet effet le vol simple du vol qualifié ou


aggravé2

Cette infraction est prévue et punie par l’article 79 du décret


du 30 janvier 1940 portant Code Pénal Congolais Livre II

1.2. Eléments constitutifs

Ici, il faudra distinguer les éléments constitutifs du vol simple


ou du vol qualifié.

1.2.1 Les éléments constitutifs du vol simple

Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui


appartient pas, dispose l’article79 du Code Pénal Congolais Livre II, est
coupable du vol.

De l’analyse des éléments de la définition de cette infraction


découle les éléments matériels d’une part, et les éléments intellectuels
d’autre part.

1CIZUNGU M. NYANGEZI (B.), Les infractions de A à Z, 1ère éd., Edition Laurent NYANGEZI,
Kinshasa et Ngakwa-Ludaha, 2011, p. 800
2 Article 79 du décret du 30 janvier 1940, op.cit
22

a. Les éléments matériels

Comme on peut s’en rendre compte, les éléments matériels


du vol sont constitués par l’acte de soustraction et la chose susceptible de
vol.

b. Les éléments intellectuels

Les éléments intellectuels sont constitués par la propriété


d’autrui sur la chose volée et par l’intention frauduleuse.

1.2.2. Les éléments constitutif s du vol aggravé

Nous venons de voir que lors que le vol est accompagné de


l’une ou des plusieurs des circonstances aggravantes prévues par la loi,
le vol est dit « qualifié »

Les vols qualifiés comprennent tous les éléments constitutifs


du vol simple auxquels s’ajoutent les circonstances aggravantes qui les
caractérisent. Ces circonstances aggravantes du vol sont prévues par les
articles 81, 82, 84 et 85 du Code Pénal Congolais Livre II.

Il résulte de l’analyse de ces dispositions légales que ces


circonstances tiennent aux moyens utilisés, aux modes d’exécution, à la
qualité de l’agent, au lieu et au temps, ainsi qu’aux effets.

1.3. Pénalités

La répression du vol simple est prévue par l’article 80 du code


pénal congolais qui prévoit que si le vol est perpétré sans circonstance
aggravante, le coupable de ce vol sera passible d’une servitude pénale de
cinq ans au maximum et d’une amende de 20 à 1000 zaïres ou d’une de
ces peines seulement. Le juge a la faculté de prononcer soit les deux
peines prévues soit l’une d’elles seulement.
23

Quant au vol qualifié, la peine prévue pour le vol simple pourra


être porté à dix années de servitude pénale ; pour le vol commis à l’aide
de violence ou de menaces, le coupable sera puni d’une peine de cinq à
vingt ans de servitude pénale et d’une amende qui pourra être portée à
2000 zaïres ou de la première de ces peines seulement ; pour le vol à
main armée, l’article 2 de l’ord. du 3 mai 1968 punit cette incrimination de
la peine de mort ; pour le meurtre commis pour faciliter le vol ou pour en
assurer l’impunité, le coupable sera passible de mort conformément à
l’article 85 du Code Pénal Livre II.

2. L’extorsion

2.1. Définition et base légale

L’extorsion est le fait de se faire remettre ou d’obtenir par la


force, c’est- à- dire, à l’aide de violences ou de menaces, soit une chose
appartenant à autrui, soit une signature d’un document contenant ou
opérant obligation, disposition ou décharge1. Elle suppose une remise
forcée de la part de la victime par un moyen violent. D’une manière
générale les extorsions se définissent comme des procédés illégaux pour
obtenir une contrepartie de la victime.2

Cette incrimination est prévue et punie par l’article 84 du code


pénal congolais livre II qui dispose que « est puni de servitude pénale de
cinq à vingt ans et d’une amende qui peut être portée à 2000 zaïres, celui
qui a extorqué, à l’aide de violences ou menaces, … ».

2.2. Eléments constitutifs

Il résulte de cette définition que l’extorsion suppose un acte


d’extorsion, l’emploi de violences ou menaces, une chose, objet de la
remise forcée et l’intention coupable.

1 LIKULIA BOLONGO, op.cit, p. 442


2 CIZUNGU M. NYANGEZI (B.), op. cit., p. 405
24

2.3. Pénalités

Celui qui se rend coupable d’extorsion est puni d’une servitude pénale de
cinq à vingt ans et d’une amende qui peut être portée à 2000 zaïres. Ici le
juge doit prononcer obligatoirement les deux peines. L’auteur de
l’extorsion peut également encourir les sanctions civiles.

3. Les coups et blessures.

3.1. Définition et base légale

Le coup est un choc, un heurt produit contre le corps d’une


personne. La blessure est une lésion externe ou interne faite au corps
humain, quel que soit le moyen employés. Les coups et blessures sont
volontaires lors qu’ils sont administrés sciemment, en connaissance de
cause. Ce sont des attéintes à l’intégrité corporelle d’autrui. Les
« coups » désignent les contacts physiques violents n’ayant pas causé
d’effusion de sang. Les « blessures » sont réservées aux plaies et
saignements, à la rupture de tissus, aux fractures.

Cette incrimination est prévue et sanctionnée par les articles


46 et 47 du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais

3.2. Eléments constitutifs

Le code pénal, dans l’incrimination des coups et blessures


volontaires, classe les infractions d’après la gravité du préjudice. C’est
ainsi qu’il distingue les coups et blessures simples (article 46) des coups
et blessures aggravés (article 47)

Ces deux incriminations comportent des éléments constitutifs


communs et des éléments constitutifs propres à chacune d’elles.
25

3.2.1. Eléments constitutifs communs

Les coups et blessures volontaires, qu’ils soient simples ou


aggravés, comprennent trois éléments communs (un fait matériel, la
personnalité humaine de la victime et un élément intentionnel)1.

a. Elément matériel

Les incriminations de coups et blessures supposent d’abord


un élément matériel. Celui-ci est doublement caractérisé. Il faut en effet,
pour que ces incriminations soient matériellement établies que l’acte
perpétré par l’agent soit un acte non seulement positif, mais aussi
matériel (les coups, les blessures)2.

b. La personnalité humaine de la victime

Les coups et blessures ne sont légalement punissables que


s’ils atteignent une personne humaine, née et vivante. Ainsi, ne tombent
pas sous les coups des articles 46 et 47, les coups portés et blessures
faites à une personne déjà morte, mais plutôt, la mutilation de cadavre3.

c. Elément intentionnel

L’intention coupable est exigée dans les infractions de coups


et blessures. L’agent doit avoir agi avec l’intention d’attenter à la personne
physique d’autrui c’est-à-dire, il doit avoir la volonté de causer la blessure
ou de porter le coup (art.46 code pénal ordinaire). Peu importe le mobile,
le consentement de la victime et l’erreur sur la victime.

1 LIKUKIA BOLONGO, op. cit, p. 89


2 Idem
3 Ibidem, p. 91
26

3.2.2. Eléments propres à chacune des infractions constituées par les


coups et blessures aggravés.

La loi distingue les coups et blessures simples des coups et


blessures aggravés.

a. Les coups et blessures simples

L’incrimination de coups et blessures simples est constituée


des lésions corporelles plus graves que les voies de fait et violence mais
qui n’ont pas été préméditées ou n’ont entrainé ni maladie, ni incapacité
de travail, ni perte de l’usage d’un organe, ni mutilation grave.

b. Les coups et blessures accompagnés de circonstances aggravantes

L’article 47 du code pénal congolais livre II aggrave l’infraction


de coups et blessures en raison d’une part des circonstances qui l’ont
accompagnée et d’autre part, du préjudice qu’elle a causé. A coté de ces
circonstances aggravantes prévues par l’article 47 du code pénal, le
décret du 3 décembre 1956 aggrave également la situation de celui qui se
livre aux actes de violences à l’endroit de l’auteur de l’accident de
circulation.

3.3. Pénalités

L’auteur de coups et blessures doit être sanctionné


pénalement et peut être condamné civilement à réparer le préjudice
causé à la victime.

A partir du moment où l’O.M .P. détient les «éléments de


preuve, il exerce l’action publique devant le juge répressif en requérant la
condamnation pénale. Le juge applique les sanctions prévues par le
législateur selon qu’il s’agit des infractions prévues par les articles 46 et
47 du code pénal ou de celle résultant du décret du 3 décembre 1956.
27

a. Sanctions prévues par les articles 46 et 47 du code pénal

L’article 46 du code pénal punit les coups et blessures simples


de huit jours à six mois de servitude pénale et d’une amende de 25 à 200
zaïres ou d’une de ces peines seulement.

Le juge peut prononcer soit cumulativement les deux peines


d’emprisonnement et d’amende, soit l’une d’elles seulement.

Aux termes de l’article 47 du code pénal, si les coups et


blessures ont entrainé l’une des conséquences que nous venons
d’énumérer, le coupable est puni d’une servitude pénale de deux à cinq
ans et d’une amende qui ne pourra pas excéder 1000 zaïres.

Contrairement aux dispositions de l’article 46 qui donne au


juge un large pouvoir d’appréciation dans l’infliction de la sanction, ici le
juge est tenu de prononcer obligatoirement l’emprisonnement et
l’amende.

b. Sanctions prévues par le décret du 3 décembre 1956

L’article 1er du décret du 3 décembre 1956 relatif à la


répression des violences commises à l’occasion d’accidents de roulage
punit de six mois à trois ans de servitude pénale quiconque se serait livré
aux actes de violences à l’endroit d’un accident de circulation.

Après avoir étudié les actes constitutifs de la délinquance


juvénile, il convient de prendre en compte les droits et devoirs de l’enfant
en tant que sujet privilégié du droit pénal en raison de son manque de
maturité, de sa dépendance vis-à-vis de son milieu, son manque
d’expérience, etc.1Car son comportement délictueux lèse la société et
demande à cette dernière de réagir, mais en tenant compte bien sûr de
ses droits et devoirs.

1 IDZUMBUIR ASSOP (J.), op.cit, p. 45


28

SECTION II : LES DROITS ET DEVOIRS DE L’ENFANT

L’étude de l’enfant implique également la prise en compte de


ses droits (§1) qui constituent sa protection, et de ses devoirs (§2) qui
concourent à sa formation intégrale.

§1. Les droits de l’enfant

La constitution élabore des dispositions fondamentales


auxquelles doivent se conformer de façon générale les autres lois.
L’enfant est aussi bénéficiaire au même titre que l’adulte congolais de
tous les droits fondamentaux constitutionnellement garantis à tous les
citoyens.

Il s’agit à titre d’exemple du droit à la vie (article 16 al. 2) ; du


droit à une protection égale des lois (article 12) ; du droit à l’intégrité
physique (article 16 al. 1) etc. Ces dispositions reflètent de façon
générale l’esprit de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portent protection
de l’enfant.

Cependant, considérant la crise morale et économique qui


frappe actuellement les congolais, parmi eux « les femmes et les enfants
privilégiés »,1 la constitution du 18 février 2006 telle que révisée à ce
jour insiste de manière spéciale sur la protection de la famille, de la
femme et de l’enfant. Pour ce dernier, ladite constitution garantit, outre
les droits de connaitre les noms de ses parents ; d’être protégé par les
pouvoirs publics contre toute atteinte2.

Encore, la loi portant protection de l’enfant insiste de façon


spéciale sur les droits de l’enfant au point qu’une étude analytique de
quelques uns d’entre eux s’impose. Parmi ces droits, nous citons le droit

1 IDZUMBUIR ASSOP (J.), op.cit, p. 45


2 Article 16 de la constitution du 18 février 2006 de la RDC telle que révisée par la loi n°
11/002 du 20 janvier 2011
29

à la vie, le droit à l’éducation, le droit à une identité dès sa naissance, le


droit au respect de sa vie privée etc.

A. Le droit à la vie

L’article 16 de la constitution du 18 février 2006 telle que


révisée à ce jour dispose que : « la personne humaine est sacrée. Le
travail forcé ou obligatoire est prohibé, nul ne peut être tenu en
esclavage ni dans une condition analogique ou à un traitement cruel,
inhumain ou dégradant».

C’est sur la base de cette disposition que la peine de mort


devra disparaitre de la nomenclature des peines et être remplacée par
les condamnations à perpétuité1

D’ailleurs, l’article 9 al. 2 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009


portant protection de l’enfant dispose : « la peine de mort et la servitude
pénale à perpétuité ne peuvent être prononcées pour les infractions
commises par un enfant »2.

Considérant l’intérêt supérieur de l’enfant, la loi portant


protection de l’enfant vient insister dans son article 13 sur le droit à la
vie. Les père et mère ou l’un d’eux ou la personne exerçant l’autorité
parentale ainsi que l’Etat ont l’obligation d’assurer sa survie, sa
protection, son éducation et son épanouissement ; les père et mère ainsi
que celui qui exerce l’autorité parentale ont le devoir d’élever leurs
enfants3.

De tout ce qui précède, il ressort que l’enfant en tant que


renouvellement de l’être et de la vie bénéficie d’une protection spéciale de

1 MBATA BATUKUMESU (A.), Education à la citoyenneté, 1ère éd., GALIMAGE, Kinshasa,


2009, p. 52
2 Article 9 al. 2 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009, op.cit.
3 Article 13 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit
30

son droit à la vie, en plus de la constitution qui garantit à tous les citoyens
sans distinction, l’enfant y compris, la présente loi en insiste.

B. Le droit à l’éducation

« Eduquer, c’est sortir l’homme de son état d’animalité pour


l’introduire dans l’humanité »1. Disait EMANUEL Kan.

L’article 43 de la constitution du 18 février 2006 dispose


que : « l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics.

L’article 38 de la loi portant protection de l’enfant ajoute que


« tout enfant a droit à l’éducation, les parents ont l’obligation d’envoyer
leurs enfants à l’école sans aucune distinction. L’Etat garantit le droit de
l’enfant à l’éducation en rendant obligatoire et gratuit l’enseignement
primaire public. Il organise l’enseignement des droits humains en
particulier des droits et devoirs de l’enfant, ainsi que l’initiation à la vie à
tous les niveaux du système éducatif. L’article 39 ajoute qu’ « aucun
enfant ne peut, en matière d’éducation, faire l’objet d’une mesure
discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif ou du
fait d’un particulier.

Toutes ces dispositions militent en faveur de l’enfant. La


protection de l’enfant passe avant tout par la promotion de son droit à
l’éducation car, un enfant sans éducation est un risque pour l’avenir.

C. Le droit à une identité

L’article 14 de la loi portant protection de l’enfant dispose


que « tout enfant a droit à une identité dès sa naissance. Sans préjudice
des dispositions des articles 56 à 70 du code de la famille, l’identité est

1 KWAKWA (F.), Cours de l’éducation à la citoyenneté, 1er graduat, Faculté de la


communication et médias, Université Révérend Kim, Kinshasa, 2011-2012, p. 7, inédit
31

constituée du nom, du lieu et de la date de naissance, du sexe, des


noms des parents et de la nationalité.

 Du droit au nom
L’enfant porte dans l’acte de naissance le nom choisi par ses
parents. En cas de désaccords, le père confère le nom.1

Si le père de l’enfant n’est pas connu ou lors que l’enfant a


été désavoué, celui-ci porte le nom choisi par la mère.2

Lors que la filiation paternelle est établie après la filiation


maternelle, le père pourra adjoindre un élément du nom choisi par lui. Si
l’enfant a plus de quinze ans, son consentement personnel est
nécessaire.3

L’enfant dont on ne connait ni le père, ni la mère a le nom


qui lui est attribué par l’O.E.C. dans son acte de naissance (art.60 al.1er
du code de la famille)

 Du droit au lieu et à la date de naissance.

Tout enfant né, doit avoir et connaitre son lieu de naissance.


Le lieu de naissance peut être en RDC ou à l’étranger, cela ne pose
aucun problème. Le lieu seul ne suffit pas pour un enfant, il faut ajouter
au lieu de naissance, la date de naissance. Car tout individu a une
date de naissance.

 Du droit à un sexe

C’est évident que tout enfant né vivant et viable possède un


sexe. Ainsi, tout enfant doit avoir un sexe.

1 Art. 59 al. 1er de la loi n° 87-010 du 1er aout 1987 portant code de la famille, in JOZ, n°
spécial, 1er 1987
2 Art. 59 al. 2, Idem
3 Art. 59 al. 3 du même texte
32

 Du droit aux noms des parents

Conformément à l’article 41 de la constitution du 18 février 2006 de la


RDC, tout enfant mineur a le droit de connaitre les noms de ses père et
mère.

 Du droit à la nationalité

La nationalité au sens juridique est un lien d’appartenance


juridique d’une personne à la population constitutive d’un Etat1. C’est la
qualité d’une personne en raison des liens politiques et juridiques qui
l’unissent à un Etat dont elle est un des éléments constitutifs.

Le droit congolais distingue la nationalité d’origine de la


nationalité dérivée. La première est celle qu’on a dès sa naissance. Le
droit congolais distingue à cet effet le jus soli et le jus sanguinis ; la
seconde, est celle qu’on a après sa naissance. En dépit de toutes ces
distinctions, l’enfant doit avoir une nationalité2.

D. Le droit à un environnement sain

La constitution du 18 février 2006 telle que révisée à ce jour


dispose en son article 53 que « tout individu a le droit à un
environnement sain et propice au développement.

Puisqu’il s’agit ici des droits de l’enfant, l’article 44 de la loi


portant protection de l’enfant vient le renforcer en disposant que
« l’enfant a droit à un environnement sain et propice à son
épanouissement intégral ; il a notamment droit aux activités sportives,
culturelles, manuelles, et récréatives. L’Etat garantit la jouissance de ce
droit par l’aménagement, la promotion et la protection des espaces
appropriés.

1 KAPETA et MWANZO, op.cit, p 20.


2 Article 10 de la constitution du 18 février 2006, op.cit
33

Tous ces droits promus par la présente loi ne peuvent être


réellement mis en mouvement que dans un environnement sain et
propice. On ne sait pas éduquer ou former l’enfant dans un
environnement malsain, malpropre et corrompu.

L’enfant n’a pas que des droits à réclamer, mais il a


également des devoirs vis-vis des parents et de l’Etat. C’est ainsi
qu’après avoir analysé les droits de l’enfant, il importe à présent
d’analyser également ses devoirs vis-à vis de la communauté.

§2. Les devoirs de l’enfant

Un enfant n’a pas que des droits à réclamer de l’Etat, de la


communauté. Il a également des devoirs envers ces derniers. Le titre II
de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour
consacre un certain nombre de devoirs des citoyens en général qui
inclus aussi l’enfant.

La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de


l’enfant vient renforcer la constitution en insistant sur les devoirs de
l’enfant en tant que citoyen pris à part entière. En son article 45 il est dit :
« l’enfant a des devoirs envers ses parents, sa famille, la société, l’Etat, la
communauté internationale, ainsi que vis-à-vis de lui-même ». Parmi ces
devoirs, nous retenons notamment le devoir d’obéir à ses parents et
autres ; le devoir de respecter la constitution et les lois du pays ainsi que
le devoir d’aller à l’école.

A. Le devoir d’obéir à ses parents, respecter ses supérieurs, les


personnes âgées et celles de son âge en toute circonstance, les
assister en cas de besoin1

1 Article 45 point 1 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


34

Le devoir d’obéissance est un des devoirs d’ordre divin, que


Dieu a recommandé à moise. L’enfant doit obéissance à ses parents, aux
adultes, ainsi qu’aux personnes de son âge.

B. Le devoir de respecter la constitution et les lois de la République

L’article 66 de la constitution du 18 février 2006 telle que


révisée à ce jour dispose que « tout citoyen congolais est tenu de
respecter la constitution et doit se conformer à toutes les lois de la
République. Ici la loi est prise au sens large du terme. Ce respect se
fonde sur le principe général de droit qui dit : « Nul n’est sensé ignoré la
loi ». Le devoir de respecter la constitution et les lois du pays ne s’impose
pas seulement aux citoyens congolais, mais aussi à toute personne se
trouvant sur le territoire de la République. Les enfants également ne sont
pas dispensés de ce devoir. Car l’article 45 point 3 de la loi portant
protection de l’enfant impose à tout enfant le devoir de respecter les
droits, la réputation et l’honneur d’autrui, les lois et règlements du pays.

D’où, l’enfant en tant que citoyen congolais (sujet de droit) n’a


pas que des droits, mais aussi des devoirs notamment celui de respecter
la constitution et les lois du pays conformément aux dispositions de la
présente loi.

C.Le devoir d’aller à l’école

L’article 43 al.4 de la constitution du 18 février 2006 de la RDC


dispose que « l’enseignement Primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics. L’article 38 al. 2 de la loi portant protection de
l’enfant ajoutes que les parents ont l’obligation d’envoyer leurs enfants à
l’école sans aucune discrimination.

Cependant, l’enfant bénéficiaire de cette éducation doit


faciliter la réalisation de son droit à l’éducation. C’est ainsi que la loi
portant protection de l’enfant en son article 45 point 2 dispose que
35

« l’enfant a le devoir d’aller à l’école ». Cette lecture dégage qu’aucun


enfant ne peut se dispenser de son droit d’être éduquer car, son
éducation est une préoccupation pour la société.

SECTION III. ENFANT EN CONFLIT AVEC LA LOI COMME


PHENOMENE DE MASSE

Le comportement de l’enfant pris individuellement ne lèse pas


trop. C’est par contre, quand il est associé qu’il présente plus de
probabilité de commettre un crime. Car, il trouve ici un maintien, un appui,
quand il est accompagné. D’où, il est important de comprendre la situation
de l’enfant en conflit avec la loi comme un phénomène de masse en
dégageant ses caractéristiques.

Cependant, lorsqu’on veut décrire la criminalité en dégageant


ses caractéristiques, il convient, avant toute chose, de bien situer le
phénomène étudié dans la culture dans laquelle il s’intègre1.

Ainsi, la criminalité sous examen s’intègre dans la culture


congolaise en général, et dans la culture Kinoise en particulier.

De ce fait, nous allons aborder la criminalité juvénile comme


un phénomène social (§1) qui présente un pourcentage important dans le
milieu urbain (§2) à cause souvent de l’inadaptation sociale (§3).

§1. L’enfance en conflit avec la loi comme phénomène social

Il faut de prime à bord signaler que la criminalité est


étroitement liée à la société car, il y’a eu toujours au sein d’une société
une dissidence se plaçant en marge de la loi2.

1 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), Traité de droit pénal et de criminologie, 3è éd., Tome III,
Dalloz, Paris, 1975, p. 82
2 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), op.cit, p. 82
36

La criminalité constitue donc un phénomène social commun à


tout le temps et à toutes les sociétés c’est-à-dire, il ne peut y avoir
d’infraction que lorsqu’il y a une société1

§2. L’enfance en conflit avec la loi comme phénomène urbain.

L’E.C.L. comme phénomène social communautaire est


essentiellement urbain. Car, entre la ville et la campagne, on constate, sur
le plan écologique que la criminalité urbaine est quantitativement
supérieure à la criminalité rurale, et qualitativement différente d’elle, que
la première varie dans une certaine mesure en raison de l’importance des
villes.

Un travail de Denis SZABO a démontré qu’il existe une


corrélation significative entre l’urbanisation et la délinquance2. Au
contraire, il existe une corrélation négative entre la délinquance et la
population éparse3. C’est une idée généralement reçue en criminologie
que le taux de la criminalité est plus élevé dans les villes et que la
criminalité urbaine a une orientation différente de celle de la criminalité
rurale4. Encore s’agit-il de savoir pourquoi et comment ?

Les résultats ne sauraient étonner en raison du caractère


épars de la population, car il existe moins de possibilités des rapports
sociaux. On peut dire plus les rapports sociaux sont nombreux, plus les
chances de criminalité sont grandes.

En espèce, il ressort des études antérieures à celle-ci qu’en


RDC, les accusés ruraux étaient avant 1960 plus nombreux, mais les
accusés urbains le sont devenus depuis.

1 KASONGO MUIDINGE, op.cit,


2 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), op.cit, p. 151
3 Ibidem
4 GASSIN (R.), Criminologie, 5è éd., Dalloz, Paris, 2003, p. 368
37

Déjà un auteur l’a fait savoir en étudiant les mécanismes


criminogènes dans une société africaine1 . Pour expliquer comment
l’urbanisation influence le développement de la délinquance des jeunes,
cet auteur retient trois variables :

1. La détribalisation entrainant la désocialisation familiale ;


2. L’inadaptation de l’enseignement produisant des déclassés sans
débouchés ;
3. L’absence de loisirs organisés entrainant la formation des bandits.

Quant aux jeunes délinquants, l’auteur y distingue trois types :

1. Les jeunes désœuvrés de 17 à 18 ans accomplissant des délits


contre les biens ;
2. Un type composé des jeunes occupant des emplois de services
(boys) soumis à des pressions considérables par l’étalage d’un luxe
qu’ils côtoient quotidiennement et qui commettent surtout des vols
domestiques ;
3. Un type de délinquants plus précoce, encore écoliers, à l’étiologie
incertaine. Cette analyse est à comparer avec celle de la
délinquance au Congo-belge d’avant l’indépendance, ajoute
l’auteur2

Cette situation est observée aujourd’hui suite à la pression


sociale enregistrée dans la vile de Kinshasa, laquelle due à la pauvreté,
la misère et au chômage. Tout le monde veut vivre à Kinshasa la
capitale, pensant que la vie est facile, la vie est belle. Aussi, le manque
d’infrastructures de base à l’intérieur du pays oblige les jeunes à
fréquenter la ville.

1 HOUCHON (G.), « Les mécanismes criminogènes dans une société urbaine africaine »,
RICPT, 1967, pp. 271-292
2 GASSIN (R.), op.cit, p. 272
38

M. Denis SZABO estime que le rôle criminogène du milieu


urbain semble plus réduit actuellement qu’il ne l’était à la fin du siècle
dernier. Il explique ce fait par deux raisons majeures : l’intégration plus
poussée de la société contemporaine et la diminution de l’anti-anomie
ville-campagne1

Il en reste plus qu’à l’heure actuelle, la densité de la


population urbaine, parce qu’elle multiplie des contacts sociaux, offre
des occasions multiples de délinquance en général, et juvénile en
particulier.

D’une manière générale, il résulte des statistiques criminelles


que la criminalité urbaine est la plus importante quantitativement que la
criminalité rurale dans la plupart des Pays en Voie de Développement.
Et cette situation s’explique souvent par le fait de l’inadaptation sociale
de population.

§3. L’enfance en conflit avec la loi comme phénomène


d’inadaptation sociale

Il existe actuellement des formes nouvelles de criminalité


dans les Pays en Voie de Développement qui se développent dans les
villes. C’est une délinquance qui est liée au fait de l’urbanisation desdits
pays2, lui-même en relation avec un début d’industrialisation. Cette
délinquance revêt la forme d’une délinquance utilitaire caractérisée par
des vols, extorsions, et agressions sur la voie publique ; la prostitution y
occupe aussi une place de choix. Elle affecte tout particulièrement les
jeunes (enfants).

Et cette situation s’explique par le fait de l’inadaptation


sociale de population en général, et celle des jeunes (enfants) en
particulier.

1 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), op.cit, p. 151


2 GASSIN (R.), op.cit, p. 272
39

Cependant, s’agit-il de savoir comment et pourquoi ? La


réponse est à rechercher dans les rapports sociaux.

En effet, en RDC et précisément dans la ville de Kinshasa,


l’ECL comme phénomène social lié à l’inadaptation se justifie, aussi, par
l’exode rural. La crise économique que traverse le pays, les guerres
d’agression, et aussi la paresse au sein de la population locale elle-
même, influence ce mouvement de campagne vers la ville. Arrivé à
Kinshasa, pensant que la vie ne sera plus la même qu’au village,
évidemment oui, puisqu’ici, à la ville, il faut travailler pour manger, celui
qui ne travaille pas ne mange pas non plus; le surnombre de familles se
manifeste, face à un revenu constant, l’on ne sait pas nourrir toute la
famille à sa faim.

Cette insatisfaction est insupportable pour ceux qui viennent


d’ailleurs, et l’inadaptation les conduit à se méconduire face aux règles
établies et tombent souvent sous les coups de multiples faits
infractionnels et des conduites déviantes que nous avons vu ci-haut.
L’adaptabilité pose un sérieux problème. Car celle-ci est d’après
GAROFALO, la capacité ou la faculté d’adaptation à la vie sociale. Tout
individu a une possibilité d’adaptabilité plus ou moins grande au milieu
dans lequel il vit1.

Lorsque, pour un enfant, qui se déplace de la campagne pour


la ville, si les conditions de vie ne sont plus les mêmes, il y’a possibilité
d’enregistrer des crimes car, il ne se laissera pas mourir de faim.

Après avoir abordé le chapitre premier qui était consacré à


l’étude descriptive du concept « enfant », nous allons à présent, passer
au second chapitre qui est consacré à la protection judiciaire qui est le
nœud même de notre étude.

1 MVAKA NGUMBU (I.), op.cit, pp. 5 et suivants.


40

CHAPITRE II : DE LA PROTECTION DE L’ENFANT EN CONFLIT


AVEC LA LOI

La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de


l’enfant en RDC distingue plusieurs catégories d’enfants notamment,
l’enfant déplacé, l’enfant réfugié, l’enfant en situation difficile, l’enfant en
situation exceptionnelle, l’enfant avec handicap physique ou mental,
l’enfant séparé et l’enfant en conflit avec la loi. Cette dernière catégorie
d’enfant, est celle qui suscite pas mal d’interrogations au sein de la
société mondiale en général, et congolaise en particulier, vu l’importance
de ses actes combien antisociaux, et son comportement vis-à vis de la
communauté en général, et de son entourage en particulier ; et de ce
point de vue, mérite une protection particulière en termes de traitement
tant préventif que curatif de la part de la communauté, et ce, en
considération bien sûr, de son manque de discernement, de son manque
de maturité et de sa dépendance vis-à vis du milieu dans lequel il
s’intègre.

A défaut d’un traitement préventif efficace et d’une politique


criminelle efficiente, l’enfant tombe dans l’entreprise criminelle et se met
en conflit avec la société et la loi.

Ainsi, dans le présent chapitre, nous allons nous atteler


autour de la protection judiciaire de l’enfant en conflit avec la loi (section
I.), car les manquements qualifiés d’infractions par la loi pénale pour
lesquels il est déféré devant le juge appellent une réaction sociale qui doit
nécessairement tenir compte de son niveau d’appréhension. Ensuite,
nous allons vérifier son effectivité dans la vie quotidienne de l’enfant
(section II.) puisque, l’on ne peut pas écrire juste pour écrire, il faudra que
le texte ait un impact direct dans la vie quotidienne de la population.

Enfin, nous allons apporter notre appréciation critique avant


de formuler une série de suggestions (section III).
41

SECTION I : DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE L’ENFANT EN


CONFLIT AVEC LA LOI

Aux termes de l’article 2 point 9 de la loi n° 09/001 du 10


janvier 2009 portant protection de l’enfant, l’enfant en conflit avec la loi est
défini comme tout enfant âgé de quatorze à moins de dix huit ans qui
commet un manquement qualifié d’infraction par la loi pénale. Cette
situation appelle la réaction sociale de la part de la société pour rétablir
l’ordre public ainsi troublé par l’acte de l’enfant combien antisocial. Et
cette réaction sociale soulève un problème de l’autorité compétente, qui,
en cette matière, est sans doute le juge pour enfants.

Ainsi, nous allons dans cette présente section aborder le


problème de l’institution et de l’organisation du tribunal pour enfants (§1),
de sa compétence (§2), de la procédure devant ledit tribunal (§3), ainsi
que de la médiation (§4).

§1. De l’institution et de l’organisation du tribunal pour enfants

A. De l’institution du tribunal pour enfants

Aux termes des dispositions de l’article 84 de la loi n° 09/ 001


du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, Il est créé, dans chaque
territoire ou dans chaque ville, une juridiction dénommée tribunal pour
enfants conformément à l’article 145 al. 5 de la constitution du 18 février
2006 telle que révisée. Le siège ordinaire et le ressort de ce tribunal
seront fixés par le décret du Premier Ministre poursuit l’article.

Un arrêté du Ministre ayant la justice dans ses attributions


peut regrouper deux ou plusieurs ressorts des tribunaux pour enfants en
un seul pour les mesures de garde, d’éducation et de préservation
prévues par la loi portant protection de l’enfant.
42

Il peut, par la même occasion, être créé dans le ressort du


tribunal pour enfants un ou plusieurs sièges secondaires ayant la justice
dans ses attributions.

B. De l’organisation du tribunal pour enfants

Le tribunal pour enfants est composé de la chambre de première


instance et la chambre d’appel. Les deux chambres sont indépendantes
l’une de l’autre quant à leur fonctionnement.1

Le tribunal pour enfants compte un juge président et des


juges. Le juge président est chargé de la répartition des tâches.

La chambre de première instance siège à juge unique, tandis que la


chambre d’appel, quant à elle, siège à trois juges.

Le tribunal pour enfants compte un greffier assisté d’un ou


plusieurs adjoints.

Il est doté d’au moins un assistant social affecté par les


services provinciaux ayant les affaires sociales dans leurs attributions et il
siège avec le concourt du ministère public du ressort et l’assistance d’un
greffier.

§2. De la compétence du tribunal pour enfants

Conformément à la loi portant protection de l’enfant, le tribunal


pour enfants n’est compétent qu’à l’égard des personnes âgées de moins
de dix-huit ans.

L’enfant âgé de moins de quatorze ans bénéficié, en matière


pénale, d’une présomption irréfragable d’irresponsabilité.

1 Articles 84 à 88 de la loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009, op cit.


43

Lorsque l’enfant déféré devant le juge a moins de quatorze


ans, celui-ci le relaxe comme ayant agi sans discernement et ce, sans
préjudice de la réparation du dommage causé à la victime.

Dans ce cas, le juge confie l’enfant à un assistant social et /ou


un psychologue qui prend des mesures d’accompagnement visant la
sauvegarde de l’ordre public et la sécurité de l’enfant et tenant compte de
la réparation du préjudice causé1.

Ces mesures consistent notamment dans l’accompagnement


psycho social et le placement dans une famille d’accueil ou une institution
privée agréée à caractère social autre que celle accueillant des enfants
en situation difficile.

Un enfant de moins de quatorze ans ne peut être placé dans


un établissement de garde, d’éducation ou de rééducation de l’Etat.

Est pris en considération, l’âge au moment de la commission


des faits. Le tribunal pour enfants est seul compétent pour connaitre des
matières dans lesquels se trouve impliqués l’enfant en conflit avec la loi.

Il connait également des matières se rapportant à l’identité, la


capacité, la filiation, l’adoption et la parenté telle que prévues par la loi.

Dans les matières prévues à l’alinéa 2 de l’article 99 de la


présente loi, les décisions sont prises conformément aux règles de la
procédure civile.

Et territorialement compétent, le tribunal de la résidence


habituelle de l’enfant, de ses parents ou tuteurs, du lieu des faits, du lieu
où l’enfant aura été trouvé, ou du lieu où il a été placé, à titre provisoire ou
définitif2.

1 Art. 96 al. 2 de la loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009 ; op.cit


2 Art. 101, idem
44

Après avoir relevé la compétence du tribunal pour enfants, il


importe bien d’envisager la procédure devant cette juridiction.

§3. De la procédure devant le tribunal pour enfants

La procédure pénale est l’ensemble des règles près établies


qui organisent le déroulement d’un procès pénal et ce, de l’instruction pré
juridictionnelle jusqu’au dernier jugement de condamnation ou
d’acquittement du prévenu.

Les poursuites contre un enfant en conflit avec la loi doivent


être diligentées conformément aux règles en vigueur en cette matière. Et
ces règles posent les problèmes de la saisine (A.), des garanties
procédurales (B.), des mesures provisoires à prendre (C.), de l’instruction
du dossier (D.), des décisions à prendre (E.), des recours contre ces
décisions (F.), de la révision (G.), de l’exécution de ces décisions (H.)
ainsi que des sanctions pénales (I.).

A. De la saisine

La saisine en matière répressive est le fait pout une juridiction


de se saisir de l’existence d’un fait délictueux (d’une infraction) dont elle a
compétence. En effet, le tribunal pour enfants est saisi par :

 La requête de l’OMP du ressort dès qu’il a connaissance des faits


portés contre l’enfant ;
 La requête de l’OPJ dès qu’il a connaissance des faits portés contre
l’enfant ;
 La requête de la victime ;
 La requête des parents ou du tuteur ;
 la requête de l’assistant social ;
 La déclaration spontanée de l’enfant ;
 la saisine d’office du juge1.

1 Art. 102 al. 1er de la loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009, op.cit
45

Lors que le tribunal est saisi par requête de l’OPJ, celui-ci en


informe immédiatement l’OMP du ressort1

B. Des garanties procédurales

Dès qu’il a connaissance des faits portés contre l’enfant, l’OMP


ou l’OPJ en informe immédiatement ou si ce n’est pas possible, dans le
plus bref délai, ses parents, son tuteur ou la personne qui exerce sur lui
l’autorité parentale2

Tout enfant suspecté ou accusé d’un fait qualifié d’infraction


par la loi pénale bénéficie, sous peine de nullité de la procédure,
notamment des garanties énumérées par les articles 104 et 105 de la
présente loi.

C. Des mesures provisoires

L’article 106 de la loi sous examen dispose que « le juge pour


enfants peut, avant de statuer sur le fond, prendre par voie d’ordonnance
l’une des mesures provisoires suivantes :

 Placer l’enfant sous l’autorité de ses père et mère ou de ceux qui


ont la garde ;

 Assigner à résidence l’enfant sous la surveillance de ses père et


mère ou de ceux qui en ont la garde ;

 Soustraire l’enfant de son milieu et le confier provisoirement à un


couple de bonne moralité ou à une institution publique ou privée
agréée à caractère social.

Par couple, on entend deux personnes de sexes opposés


légalement mariées.

1 Art. 102 al. 2 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 Art. 103, idem
46

Le choix par le juge pour enfants des mesures provisoires


privilégie autant que possible le maintien de l’enfant dans un
environnement familial.

Le placement dans une institution publique ou privée agréée à


caractère social ne peut être envisagé que comme une mesure de dernier
recours1.

L’assistant social assure le suivi des mesures provisoires


prises par le juge.2

Dans ce cas, poursuit l’ article 107 de la même loi, le juge


informe immédiatement ou si ce n’est pas possible dans le plus bref délai,
les parents, le tuteur ou la personne qui en a la garde des faits portés
contre l’enfant.

Il les informe également des mesures provisoires prises à


l’égard de celui-ci.

Si les mesures prévues à l’article 106 dudit texte ne peuvent


être prises parce que l’enfant est présumé dangereux et qu’aucun couple
ou aucune institution n’est en mesure de l’accueillir, l’enfant peut être
préventivement placé dans un EGEE, pour une durée ne dépassant pas
deux mois.

Un décret du Premier ministre, délibéré en conseil des


ministres, fixe l’organisation et le fonctionnement de l’EGEE déclare
l’article 108 L. du 10 janvier 2009. Dans ce cas, le juge pour enfants
charge l’assistant social du ressort de la collecte des informations
concernant la conduite et le comportement de l’enfant3

1 Art. 106 al. 4 de la loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 Art. 106 al. 2 du même texte
3 Art. 109, idem
47

D. De l’instruction

Aux fins de l’instruction de la cause, le juge peut à tout


moment convoquer l’enfant et les personnes qui exercent sur lui l’autorité
parentale.

Il vérifie l’identité de l’enfant et le soumet, s’il éché, à une visite


médicale portant sur son état physique et mental.

En cas de doute sur l’âge, la présomption de la minorité


prévaut.

Le greffier notifie la date de l’audience à la partie lésée.

La procédure par défaut est exclue à l’égard de l’enfant1

Le juge pour enfants décrète le huis clos tout au long de la


procédure.

Il procède à l’audition de l’enfant, et ce, en présence des


parents, du tuteur, de la personne qui en a la garde ou de l’assistant
social.

Dans l’intérêt de l’enfant, le juge peut décider du déroulement


des plaidoiries hors la présence de l’enfant.

L’audience se déroule sans toge.

Le Ministère Public donne son avis sur le banc.

Lorsque le fait commis par l’enfant est connexe à celui qui


peut donner lieu à une poursuite contre un adulte, les poursuites sont
disjointes et l’enfant est poursuivi devant le juge pour enfants2.

1 Art. 110 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 Art. 111, idem
48

E. De la décision

Dans les huit jours qui suivent la prise en délibéré de la cause,


le juge peut prendre l’une des décisions suivantes1 :

 Réprimander l’enfant et le rendre à ses parents ou aux personnes


qui exerçaient sur lui l’autorité parentale en leur enjoignant de mieux
le surveiller à l’avenir ;

 Le confier à un couple de bonne moralité ou à une institution privée


agréée à caractère social pour une période ne dépassant pas sa
dix- huitième année d’âge ;

 Le mettre dans une institution publique à caractère social pour une


période ne dépassant pas sa dix-huitième année d’âge ;

 Le placer dans un centre médical ou médico-éducatif approprié ;

 Le mettre dans un établissement de garde et d’éducation de l’Etat


pour une période ne dépassant pas sa dix-huitième année.

La mesure prévue au point 3 ne s’applique pas à l’enfant âgé


de plus de seize ans. Un décret du Premier Ministre, délibéré en conseil
des ministres, fixe l’organisation et le fonctionnement de l’EGEE2

Dans le cas où le juge ordonne le placement de l’enfant dans


l’EGEE, il peut prononcer le placement avec sursis pour une période qui
n’excède pas sa majorité et pour une infraction punissable au maximum
de cinq ans de SPP3 et, le juge apprécie les conditions de sursis4.

L’article 115 de la même loi dispose que si l’enfant a commis


un manquement qualifié d’infraction à la loi pénale punissable de plus de
cinq ans de SPP et qui n’est pas punissable de la peine de mort ou de la

1 Art. 113 al.1, de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 Art. 113 al. 2, idem
3 Art. 114, du même texte
4 Art. 114 al. 2, de la susmentionnée
49

servitude pénale à perpétuité, le juge peut, s’il le met dans un EGEE,


prolonger cette mesure pour un terme qui ne peut dépasser sa vingt-
deuxième année d’âge.

A sa dix-huitième année d’âge, poursuit l’article, l’intéressé


devra être séparé des enfants, au sein du même EGEE, sur décision du
juge, à la demande de l’autorité de l’établissement de garde.

Si l’enfant a commis un manquement qualifié d’infraction à la


loi pénale punissable de la peine de mort ou de la SPP, le juge peut, s’il le
met dans un EGEE, prolonger cette mesure au-delà de la dix-huitième
année de l’enfant pour un terme de dix ans au maximum.

Les dispositions de l’article 115, alinéa 2 s’appliquent, mutatis


mutandis, au présent article1.

L’enfant qui a commis un manquement qualifié d’infraction


punissable de plus d’un an de servitude pénale, et qui est d’une perversité
caractérisée ou récidiviste est placé dans un établissement de
rééducation de l’Etat pendant une année au moins et cinq ans au plus.
Cette mesure n’est pas applicable aux enfants âgés de moins de quinze
ans.

Un décret du Premier ministre délibéré en Conseil des


ministres fixe l’organisation et le fonctionnement de l’établissement de
rééducation de l’Etat. L’enfant qui n’a pas fait l’objet de placement dans
l’une des hypothèses prévues aux articles 113 à 117 ci-dessus ou dont le
placement a été levé est soumis, jusqu’à sa dix-huitième année d’âge, au
régime de la liberté surveillée2.

1 Article 116 du même texte


2 Art. 117 et suivants de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit
50

Si le manquement qualifié d’infraction est établi, le juge met


les frais à charge des personnes civilement responsables et, s’il y a lieu,
les oblige aux restitutions et aux dommages et intérêts.

L’utilisation des salaires gagnés par l’enfant qui fait l’objet de


l’une des mesures prévues à l’article 113, points 2, 3 et 5 est déterminée
par le juge dans l’intérêt supérieur de l’enfant, notamment pour sa
réinsertion sociale. Les frais d’entretien et d’éducation de l’enfant résultant
des mesures prononcées par le tribunal sont à charge des personnes qui
lui doivent des aliments, si elles sont solvables. A défaut, ils sont à
charge de l’Etat. La décision du juge est motivée. Elle est prononcée en
audience publique1.

F. Des voies de recours

Toute œuvre humaine est sujet à imperfection dit-on !

Ainsi, les décisions du juge pour enfants sont susceptibles


d’opposition ou d’appel.

L’opposition est une voie de recours ordinaire et de


rétractation contre les jugements ou arrêts rendus par défaut en matière
pénale et empêchant ceux-ci d’acquérir l’autorité de chose jugée.2

Hormis le Ministère Public et l’enfant concerné, l’opposition est


ouverte à toutes les autres parties dans les dix jours qui suivent la
signification de la décision. Cette opposition est formée par la déclaration
actée au greffe du tribunal qui a prononcé la décision3.

La chambre de première instance statue dans les quinze jours


à dater de sa saisine4.

1 Art. 122 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009, op.cit.


2 PRADEL (J.), Manuel procédure pénale, 12 éd., CUJAS, Paris, 2004, p. 822
3 Art. 123 al.2 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 209, op.cit
4 Idem, art.123 al. 2
51

L’appel par contre, est une voie de recours ordinaire contre les
décisions en premier ressort, rendus contradictoirement ou par défaut en
matière pénale1

Il appel est ouvert au Ministère Public ainsi qu’à toutes les


parties à la cause.

L’appel est formé par déclaration actée soit au greffe du


tribunal qui a rendu la décision, soit au greffe de la chambre d’appel dans
les dix jours à dater du jour où l’opposition n’est plus recevable, ou dans
les dix jours de la décision rendue contradictoirement.

La chambre d’appel statue dans les trente jours à dater de sa


saisine.2 La chambre d’appel applique les mêmes règles de procédure
que la Chambre de première instance ; et le délibéré se déroule
conformément au droit commun3.

G. De la révision

Le juge peut, en tout temps, soit spontanément, soit à la


demande du Ministère Public, de l’enfant, des parents ou représentants
légaux, ou de toute personne intéressée, soit sur rapport de l’assistant
social, rapporter ou modifier les mesures prises à l’égard de l’enfant.

A cet effet, le juge visite le lieu de placement de l’enfant.

Le juge statue sur la demande de révision dans les huit jours


qui suivent sa saisine. Les mesures prises à l’égard de l’enfant font
d’office l’objet d’une révision tous les trois ans4.

1 PRADEL (J.), op.cit, p. 829


2 Art. 123 al. 6 de la loi susmentionnée
3 Art. 124, idem
4 Art. 127 de la même loi
52

H. De l’exécution de la décision

A moins que le juge n’en décide autrement, la décision est


exécutoire sur minute dès le prononcé en ce qui concerne la mesure prise
à l’endroit de l’enfant. Le juge veille à l’exécution de toutes les mesures
qu’il a prises à l’égard de l’enfant. Il est aidé par l’assistant social
territorialement compétent.

Sur décision motivée du juge prise, soit d’office, soit à la


demande du Ministère Public, des parents, tuteur ou personnes qui ont la
garde de l’enfant, soit sur rapport de l’assistant social, l’enfant placé dans
un établissement de garde et d’éducation de l’Etat, qui atteint l’âge de dix-
huit ans en placement peut, pour raison de perversité, être transféré dans
un établissement de rééducation de l’Etat pour une durée qui ne peut
excéder sa vingt-deuxième année d’âge. Dans ce cas, l’enfant est
préalablement entendu1

I. Des sanctions pénales

Sont punis d’une servitude pénale principale de un à cinq ans


et d’une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs
congolais ou de l’une de ces peines seulement, le père, la mère, le tuteur
ou toute autre personne qui :

 Soustrait ou tente de soustraire un enfant à la procédure intentée


contre lui en vertu de la présente loi ;

 Le soustrait ou tente de le soustraire à la garde des personnes ou


institution à qui l’autorité judiciaire l’a confié ;

 Ne le présente pas à ceux qui ont le droit de le réclamer ;

 L’enlève ou le fait enlever, même avec son consentement.

1 Art. 128 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


53

Si le coupable est déchu de l’autorité parentale en tout ou en


partie, la SPP peut être élevée de deux à cinq ans et à une amende de
cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais1.

Hormis les mécanismes juridictionnels de la mise en œuvre de


la protection de l’enfant en conflit avec la loi, il existe bien de mécanisme
extra juridictionnel qui concourt aux mêmes fins. C’est ainsi que nous
allons analyser dans le paragraphe qui suit, la médiation comme
mécanisme de protection de l’enfant en conflit avec la loi.

§.4. De la médiation

Aux termes de l’article 132 de la loi susmentionnée, la


médiation est un mécanisme qui vise à trouver un compromis entre
l’enfant en conflit avec la loi ou son représentant légal, et la victime ou
son représentant légal ou ses ayants-droit, sous réserve de l’opinion de
l’enfant intéressé dûment entendu.

Elle a pour objectif, déclare l’article 133 de la même loi,


d’épargner l’enfant des inconvénients d’une procédure judiciaire,
d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, de mettre fin au
trouble résultant du fait qualifié d’infraction à la loi pénale, et de contribuer
ainsi à la réinsertion de l’enfant en conflit avec la loi.

Elle est notamment conclue sur la base d’une ou plusieurs


des mesures ci-après:

 L’indemnisation de la victime ;

 La réparation matérielle du dommage ;

 La restitution des biens à la victime ;

 La compensation ;

1 Art. 131 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


54

 Les excuses expresses présentées de façon verbale ou écrite à la


victime ;

 La réconciliation ;

 L’assistance à la victime;

 Le travail d’intérêt général ou prestation communautaire1

Le travail d’intérêt général consiste en une prestation utile à la


collectivité ne dépassant pas quatre heures par jour, pour une durée d’un
mois au plus. Le travail doit être effectué dans le respect de la dignité
humaine, avec le consentement éclairé de l’enfant et sous la supervision
de l’assistant social. Elle est conduite par un organe dénommé « Comité
de médiation ».

Un arrêté interministériel des ministres ayant la justice et


l’enfant dans leurs attributions, délibéré en Conseil des ministres, en fixe
la composition, l’organisation et le fonctionnement2

L’article 136 du texte précité dispose que lorsque les faits en


cause sont bénins et que l’enfant en conflit avec la loi n’est pas
récidiviste, le président du tribunal pour enfants défère d’office la cause
au comité de médiation dans les quarante-huit heures de sa saisine.

En cas de manquement qualifié d’infraction à la loi pénale


punissable de moins de dix ans de SPP, le président du tribunal pour
enfants peut transmettre l’affaire au comité de médiation ou engager la
procédure judiciaire.

La médiation n’est pas permise pour des manquements


qualifiés d’infraction à la loi pénale punissables de plus de dix ans de SP.

1 Art. 134 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


2 Idem, art. 135
55

La médiation est ouverte à toutes les étapes de la procédure


judiciaire. Elle suspend la procédure devant le juge saisi, sauf en ce qui
concerne les mesures provisoires.

Le Comité de médiation statue en toute indépendance et fait


rapport au président du tribunal pour enfants sur les conclusions de la
médiation dans les trente jours à dater de la réception du dossier.

Passé ce délai, le comité de médiation est dessaisi d’office.

Lorsque la médiation aboutit, elle met fin à la procédure


engagée devant le juge. Le compromis signé par les différentes parties,
est revêtu, sans délai, de la formule exécutoire par le président du tribunal
pour enfants. En cas d’échec, la procédure judiciaire reprend son cours.

L’acte de médiation est exonéré de tous frais1.

SECTION II : DE L’EFFECTIVITE DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE


L’ENFANT EN CONFLIT AVEC LA LOI

L’ECL est un fléau qui ronge le monde actuel et freine son


développement.

En RDC, le phénomène n’est pas aussi d’une moindre


importance. Il suscite des réactions de partout, et interpelle la conscience
de tout un chacun de nous. De ce point de vue, des nombreuses
initiatives ont été prises et continuent d’être prises pour lutter tant soit peu
contre le fléau pour, si pas son élimination, son atténuation. C’est dans ce
contexte que le législateur congolais de la troisième République a senti le
besoin pressant de prendre la loi que nous venons de présenter dans la
section précédente

En RDC en général, et dans la ville de Kinshasa en particulier,


la vie quotidienne de l’enfant dans cette dernière décennie n’a pas été

1 Art. 142 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


56

satisfaisante. Accusé de sorcellerie, abandonné, rejeté, exposé à la


négligence, au vagabondage, à la mendicité, exploité économiquement
ou sexuellement, etc. Tous ces traitements ont conduit l’enfant à
embrasser la rue, et doit désormais conter que sur soit même pour
survivre. Cette nouvelle forme de vie l’oblige à commettre des faits
délictueux et à entrer en conflit avec la société et avec la loi.

Pour palier à cette situation, le législateur congolais de la


troisième République a, dans la nouvelle loi sur l’enfance, initié une
protection spéciale pour des enfants considérés comme en situation
difficile. Cette protection spéciale devait se réaliser à travers les
mécanismes de tutelle de l’Etat tels que prévus par la présente loi, le
placement social et autres mécanismes de prise en charge appropriés
conformément aux dispositions des articles 63 et suivants de la loi
précitée. La mise en œuvre de toutes ses recommandations devrait
permettre de réduire le taux de la criminalité juvénile car, les acteurs de
cette activité délictueuse ne sont rien d’autres que ces enfants énumérés
par l’article 62 de la loi sous examen. Ces derniers, constituent sans
doute une criminalité potentielle pour l’avenir.

Cependant, il ne suffit plus seulement de prendre des lois, des


initiatives, mais de les mettre en mouvement ou de les exécuter.
Car, « vaut mieux un petit geste qu’un long discours » disait VOLTAIRE.

Peut-on parler actuellement en termes d’avancés, de


régression ou de constance ? A cet effet, il faut poser la question de
savoir, qu’est ce qui a été fait ? Où en sommes – nous avec la situation
de l’enfant de la rue, appelé autrement chégué ou faseur. La prise en
charge de celui-ci devrait avoir des conséquences positives dans
l’évolution de la criminalité juvénile ; quelle est la température actuelle de
la criminalité des jeunes dans la ville de Kinshasa ? Puisque la justice
n’est pas dans les textes mais plutôt dans l’âme du magistrat, disait
57

HENRI-PASCAL. Quel a été le travail du magistrat, son rôle dans l’action


judiciaire contre l’enfant.

Pour y parvenir, nous allons envisager l’aspect quantitatif de


cette criminalité (§1), son aspect qualitatif (§2) avant de dégager le
constat (§3) de cette évolution.

§1. Aspect quantitatif de l’enfant en conflit avec la loi

La loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de


l’enfant a institué des tribunaux pour enfants en lieu et place des tripaix
qui exerçaient ces attributions dans notre législation jadis.

A ce jour, seul le tribunal pour enfants de N’djili est compétent


pour connaitre les affaires pour lesquels les enfants sont impliqués et ce,
pour tous les ressorts de Parquets de la ville de Kinshasa. Nous y
référons pour mesurer l’évolution de cette criminalité dans la ville de
Kinshasa. Il faut toutefois signaler que cette juridiction n’a été installée et
a fonctionné que vers le mois de mai 2011. C’est ainsi que, vu cette
réalité, nous baserons-nous aux données statistiques produites par cette
juridiction depuis son installation.

Nous y verrons les statistiques judiciaires (A) et celles


policières (B), avant de passer à l’aspect qualitatif de cette criminalité.

A. Les statistiques judiciaires

Comme nous venons de l’énoncer, actuellement tous les


ressorts des Parquets de la ville de Kinshasa sont regroupés en un seul
ressort du tribunal pour enfants de N’djili qui connait en premier et second
ressort les affaires pour lesquels se trouve impliquer l’enfant en conflit
avec la loi.
58

Ainsi, nous baserons – nous sur cet organe juridictionnel pour


se rendre compte de la quantité des actes que posent les jeunes
(enfants).

Tableau n° 1 : Statistiques judiciaires de manquements des enfants


en conflit avec la loi

Année Effectif Effectif relatif (%)

2011 955 53,01

2012 917 48,98

Total 1872 100

Source : le greffe du tribunal pour enfants de Kinshasa

En 2011, alors que le tribunal était installé que vers le mois de


mai comme l’indique les renseignements fournis ci-haut, cette juridiction
a enregistré dans l’ensemble 955 cas de manquements commis par les
enfants. En d’autres termes, ces données ne représentent que les huit
mois sur douze que compte l’année.

En 2012, nous n’avons pu recueillir que les données pour les


mois de janvier à septembre qui ont fait état de 917 cas de
manquements pour lesquels le juge a été saisi. Car, c’est cette période
qui a coïncidé avec la rédaction de notre mémoire, l’année n’étant pas
arrivée à son terme.
59

B. Les statistiques de la police

Parmi les modes de saisine du tribunal pour enfants, nous


retrouvons les P.V. des OPJ. C’est ainsi qu’avons-nous recouru
également aux données de quelques postes de
commissariats de police de la capitale pour se rendre compte de la
quantité de crimes que commettent les jeunes.

Tableau n° 2 : Renseignements obtenus auprès de quelques postes


de commissariats de police de la ville de Kinshasa

Manquements Désignation du commissariat de police et nombre


des cas / an

KALAMU MATETE MASINA KINTAMBO

2011 2012 2011 2012 2011 2012 2011 2012

Vol simple 170 197 210 205 179 182 200 201

Vol qualifié 81 96 87 62 25 72 70 61

Coups et
148 190 191 215 177 190 154 132
blessures

viol 0 1 2 1 0 2 0 0

Chanvre à
57 51 42 35 71 82 43 25
fumé
60

Source : les registres d’OPJ des commissariats de Kalamu, Matete, Masina et


Kintambo.

§2. Aspect qualitatif de l’enfance en conflit avec la loi

Nous allons dans ce présent paragraphe aborder la nature des


faits pour lesquels les jeunes (enfants) sont traduits devant le juge (A.),
avant d’indiquer la nature des décisions prises par ce dernier (B.)

A. La nature des faits commis par les jeunes

Tableau n°3 : Faits pour lesquels les enfants ont été traduits en
justice.

n MANQUEMENTS Nombre de cas / an

2011 2012

1. Vol simple 86 89

2. Vol qualifié 86 71

3. Viol 105 102

4 Coups et blessures 145 154

5 Extorsion 75 79

6 Injures publiques 10 14

7 Menaces 56 72
61

B. La nature des décisions intervenues

Tableau n°4 : Les décisions prises par le juge pour enfants.

Nature des décisions Nombre de cas / an

2011 2012

Réprimande 11 15

Placement dans un EGEE 30 28

Placement sous l’autorité des pères et 54 35


mères

Envoyés au CPRK 102 87

En cours 47 53

Source : le greffe du tribunal pour enfants de Kinshasa / N’djili

§3. Constat dégagé

Après avoir présenté l’évolution de la criminalité juvénile dans


la ville de Kinshasa depuis l’effectivité du tribunal pour enfants de N’djili, il
importe à présent de dégager le constat en ce qui concerne sa quantité et
sa qualité afin de nous rendre compte de l’impact de la présente loi dans
la lutte contre l’ECL. Car, cet impact ne peut être possible que si et
seulement si, elle a été appliquée, mieux, il y’a eu des actions concrètes
dans le cadre de sa mise en mouvement.
62

Il faut toutefois, signaler que nous ne travaillons pas sur


l’étude évolutive de la criminalité juvénile, mais le recours à celle – ci nous
a permis de palper du doigt les réalités du terrain.

Ainsi, les données statistiques présentées ci-dessus font un


constat à la fois quantitatif (A.) et qualitatif (B.) qui permettra d’envisager
bien des critiques, mais aussi des suggestions.

A. Constat dégagé sous l’angle quantitatif

L’on constate déjà que ce qu’on a cru être un véritable fléau,


l’enfance en conflit avec la loi, ne se vérifie pas du point de vu quantitatif.
Les données fournies par le tribunal pour enfants sont loin d’affirmer
l’hypothèse.

Cependant, la question qu’il faut se poser à ce sujet, est celle


de savoir si une ville comme Kinshasa, capitale de la RDC et siège des
institutions politiques, où l’on enregistre une migration très poussée de
populations, où il y a une forte possibilité de rapports sociaux, puisse
présenter des tels chiffres de crimes ?

En effet, il est sans doute faux que la ville come Kinshasa la


capitale puisse présenter un tel pourcentage de la criminalité juvénile, si
l’on doit partir de la vie quotidienne des jeunes, de ce qui se passe
presque tous les jours à travers la ville de Kinshasa, ce que fournissent
nos médias et autres sources d’informations telles que le sondage qui
nous a permis d’entrer directement en contacte avec la population dans
toutes ses couches, à savoir, les auteurs des actes délictueux, leurs
victimes, les témoins et autres spectateurs.

L’on s’aperçoit tout de suite que peu de manquements


seulement sont révélés à l’autorité judiciaire. Or, la dénonciation est l’une
des possibilités par lesquelles l’OPJ ou l’OMP s’informe de la commission
63

d’un fait infractionnel, et peut par la suite ouvrir des enquêtes pour établir
ses responsables et ouvrir un dossier judiciaire à leur charge.

Les chiffres présentés par les tableaux ci-dessus, démontrent


bien qu’il y a un très faible pourcentage de la criminalité légale.

B. Le constat dégagé sous l’angle qualitatif

Contrairement aux études antérieures qui ont présenté plus


des actes de déviance, celle-ci démontre plus des actes de nature
infractionnelle tels que vols, coups et blessures volontaires, viol,
extorsion, menaces, chanvre à fumé etc. en réalité, la déviance juvénile
n’a pas disparu, elle s’est par contre amplifiée de plus en plus.

Les rapports sociaux des jeunes présentent beaucoup plus


d’occasions de crimes que de déviances. Cette situation s’explique par le
fait même de la pression sociale d’une part, et par ses conséquences
d’autre part.

L’effectivité de la protection judiciaire de l’ECL abordé à la


section précédente nous permet d’apporter notre appréciation critique,
ainsi que nos suggestions qui feront l’objet de la troisième section.

SECTION III : APPRECIATION CRITIQUE ET SUGGESTIONS

L’enfant, nous l’avons dit, est un être faible, vulnérable et


impuissant vu son niveau très faible de maturité, son manque de
discernement et surtout sa situation de dépendance ; il a donc besoin du
concours de toute la communauté pour son épanouissement.

Ces raisons, avions – nous dit, on poussé le législateur à


prendre, mieux, à édicter la loi portant protection de l’enfant pour
réadapter sa vie aux exigences des règles minima de la vie.
64

Ainsi, nous allons émettre notre appréciation critique (§1) et


formuler des différentes propositions (§2).

§1. Appréciation critique

La protection judiciaire de l’ECL aborder ci-dessus, suscite


notre appréciation critique qui du reste est considérable à double point de
vu. C’est-à-dire que nous allons aborder les améliorations de conditions
de vie de l’ECL (A.), et les difficultés relatives à la mise en œuvre de cette
protection (B.).

A. Les améliorations des conditions de vie de l’enfant en conflit avec la loi

Déjà, le fait de remplacer le terme « enfance délinquante »


consacré par le décret de 1950 par « l’enfance en conflit avec la loi », est
une amélioration. Car, démontre combien était le souci du législateur,
celui de voir l’enfant être traité dans les conditions qui tiennent compte de
ses droits, à savoir, les droits reconnus à tout enfant.

Ensuite, la loi portant protection de l’enfant institue une


juridiction spécialisée dénommée « tribunal pour enfants », ce qui
soustrait l’enfant du rang des justiciables de droit commun, encore une
avancée, car le fait de placer l’enfant devant une même juridiction que
l’adulte, bien que dans la chambre des mineurs, n’était pas suffisant dans
le cadre de sa protection. Désormais, le tribunal pour enfants est le seul
compétent pour connaitre en premier et second ressort les affaires pour
lesquels se trouve impliqué l’enfant en conflit avec la loi.1

La suppression du critère de discernement dans la recherche


de la responsabilité pénale de l’enfant (sous le décret de 1950), et
l’instauration du principe de l’irresponsabilité pénale des mineurs (sous la
nouvelle loi sur la protection de l’enfant).

1 Art. 99 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009, op.cit


65

Au niveau des règles de procédure, il faut reconnaitre là


également des améliorations relatives à la procédure devant le tribunal
pour enfants ; l’institution des mesures provisoires à prendre en faveur de
l’enfant et ce, au long de l’instruction du dossier ; des garanties
procédurales.

Enfin, au niveau des décisions à prendre contre l’enfant, on


reconnait également l’institution des mesures ajustées aux droits de
l’enfant, et aussi le mécanisme de médiation.

B. Les difficultés relatives à la mise en œuvre de la protection de l’enfant.

La justice n’est pas dans les textes, mais plutôt dans l’âme du
magistrat disait HENRI-PASCAL1.le magistrat qui est appelé à dire le
droit, à rendre justice doit être mis dans les conditions adéquates de la vie
pour ne pas tomber dans la tentation.

Certes, l’on reconnait à la loi portant protection de l’enfant des


innovations en ce qui concerne la protection de l’enfant, et dans sa
politique criminelle. Mais, le problème qui suscite nombre de réactions au
sein de la classe politique congolaise, est celui de la mise en œuvre, bref,
son effectivité reste une lettre morte nous semble t-il.

L’on devait à ce jour, compter un pourcentage très faible


d’enfants de la rue, d’enfants qui sont délaissés à la merci de la
débrouillardise. L’article 62 de la loi susmentionnée institue une protection
spéciale à l’encontre des enfants en situation difficile, alors que quand on
se promène dans la ville de Kinshasa, l’on constate bien des enfants dans
la rue, devenus mendiants, vagabonds, se livrant à la prostitution, à la
débauche. Ces enfants, avions nous dit, vont acquérir des habitudes de
vie qui les rendront incapables d’accepter les exigences d’un travail
régulier, ils seront alors poussés à s’engager de plus en plus

1 KASONGO MUIDINGE, op.cit,


66

profondément dans un style de vie délinquant pour l’avenir. Or, la mise en


œuvre de cette loi devait permettre qu’il n’y ait presque pas d’enfants
dans cette situation, et diminuer cette orientation de la criminalité juvénile.

Car la réalisation des droits de l’enfant, ceux notamment, de


son droit d’être protégé, suppose un mouvement d’envergure nationale.
Désormais, il ne suffit plus simplement de reconnaitre et de comprendre
les devoirs de la communauté envers l’enfant, mais d’agir pour traduire
ces convictions en actes.

Les parlements et ses membres peuvent être les meilleurs


champions de la protection de l’enfant, mieux, ils le doivent. Ils peuvent
légiférer, superviser l’action du gouvernement, et en tant qu’autorité
budgétaire allouer des ressources financières capables de répondre aux
attentes. Comme responsables nationaux et notables locaux, ils peuvent
attirer l’attention sur des questions importantes, et sensibiliser l’opinion1.

Cependant, l’exécution du budget incombe au pouvoir


exécutif. Car, la satisfaction des besoins d’intérêt général est une mission
dévolue au gouvernement, celui-ci dans sa conception
multidimensionnelle. Que peut-on dire de la situation actuelle de l’enfant
en République Démocratique du Congo en général, et dans la ville de
Kinshasa en particulier ?

Nous avons reconnu les innovations adaptées par la loi sous


examen, en ce qui concerne les droits de l’enfant, mais l’on ne dira pas
que tout ceci est une fiction juridique ? Puisque la réalité sur terrain
présente un autre aspect de ce qui devrait être.

Déjà sur terrain, l’on rencontre pas mal de difficultés relatives


à l’organisation et au fonctionnement du tribunal pour enfants ! L’article
200 de la loi dispose qu’ils seront installés les tribunaux pour enfants dans

1 O’DONNEL, Dan, op.cit, p. 17


67

les deux ans qui suivent la promulgation de la présente loi, or,


actuellement nous avons dépassé le délai légal de cette organisation.
Combien de tribunaux pour enfants ont été installés au jour où nous
parlons.

Le seul tribunal de Kinshasa / N’djili installé au mois de mai


2011, connait de sérieux problèmes liés à son fonctionnement. Le
manque des locaux, le non paiement du personnel administratif, l’absence
des frais de fonctionnement, tant de problèmes qui jalonnent cette
juridiction. Pour l’organisation des audiences il faut recourir aux locaux du
Tribunal de Grande Instance de N’djili.

Au niveau de la détention, là encore rien ne marche nous


semble t-il ! Selon le rapport du centre d’appui au travail social de la rue
(CATR en sigle), publié au net, lançant un cri d’alarme en faveur des
enfants en conflits avec la loi au pavillon des mineurs de la prison
centrale de Makala, à l’issue de la visite de ses responsables et
partenaires, visite intervenue le 14 juillet dernier, «les enfants en conflit
avec la loi détenus au pavillon 10 de cet établissement de rééducation,
sont nourris deux fois par semaine (mardi et jeudi) grâce à une action de
BICE. Cet organisme leur fournit des gâteaux le mardi et des plats du riz
le Jeudi. Les autres jours, les enfants attendent que la manne tombe du
ciel » comme ils l’ont témoignés eux-mêmes à la délégation du CASTR et
partenaires (IDAY/ SUISSE, IDAY/ RDC, CNB/ BERLGIQUE) conduite
par M. Michel LUKOMBO, chef de division représentant le Directeur de la
protection judiciaire des enfants au ministère de la Justice. Même un
éducateur du BICE et des agents de la prison ont appuyé ces
témoignages et surtout salué le fait que les membres de la délégation ont
partagé et mangé des gâteaux avec les enfants, outre certains effets leur
offerts (ballons de foot Ball, arrosoirs, habits, livres, cahiers, etc.). Tous
les témoignages sur la sous alimentation des détenus mineurs étaient
moins .parlant que leur état de santé précaire, pour la plupart.
68

Quant aux dossiers judiciaires, ils semblent être au point mort.


Certains enfants ont profité de l’ambiance de gaité occasionnée par la
visite du CASTR et partenaires pour poser le problème de leurs dossiers
au Juge du tribunal de paix de KASAVUBU (Assossa) de passage au
pavillon 10 pour une visite. Parmi les détenus, beaucoup ont confié à la
délégation qu’ils ont passé plusieurs mois sans espoir de recouvrer la
liberté. Bien d’autres affirment que les parents ne sont pas informés de
leur incarcération.

Selon un agent de la prison, plusieurs griefs sont reprochés


aux enfants, notamment le vol, les coups et blessures, le viol, le
vagabondage, l’escroquerie, etc. Il a, par ailleurs, épinglé le manque de
loisirs, de réchauds et d’ustensiles de la cuisine parmi les difficultés.
Souvent, les enfants déchirent leurs vêtements pour s’en servir et allumer
le feu et cuir de rares denrées que leur apportent certaines personnes de
bonne volonté.

Pour ce qui est de la prise en charge des enfants tant en


situation difficile qu’en conflit avec la loi, ceux-ci, aux termes des
dispositions de l’article 62 et suivants de la loi portant protection de
l’enfant, sont bénéficiaires d’une protection spéciale qui doit se réaliser à
travers les mécanismes de tutelle de l’Etat conformément à l’article 63 de
la loi susmentionnée. Mais le constat amère démontre qu’à ce niveau, il
y’a encore un sérieux problème. Depuis la promulgation de la loi, aucune
infrastructure n’a été construite à cette fin, le seul centre de garde et de
rééducation de l’Etat de BENSEKE FUTI qui, à ce jour est en pleine
réhabilitation, ne sait pas accueillir les enfants.

A peine quelques institutions privées agréées militent tant soit


peu, avec bien sûr les moyens de bord, à la prise en charge des enfants
tant en situation difficile qu’en conflit avec la loi. D’autre part, la mentalité
même des enfants tant en situation difficile qu’en conflit avec la loi pose
un sérieux problème de la mise en œuvre de cette protection. Les enfants
69

arrêtés et transférés au juge pour enfants, dès qu’ils arrivent, posent des
difficultés quant à leur encadrement. Puisque l’on ne peut pas trop les
coincer, alors les uns sautent les mures de la clôturai du tribunal pour fuir,
tandis que les autres, lors de leur acheminement vers soit la prison de
Makala, soit le centre d’ébergement, menacent pas mal les agents
commis à leur garde en cours de route et cherchent à échapper.

L’appréciation critique faite dans le point ci haut nous a permis


de formuler une série de suggestions dans le point suivant.

§2. Suggestions

La tradition scientifique voudrait à ce que, lorsque l’on critique,


que l’on y apporte également sa contribution. A ce propos, nous allons,
après avoir posé nos critiques, envisager la politique de sensibilisation et
de diffusion de la loi (A.), la formation des agents de service appelés à
s’occuper des enfants (B.), des mécanismes permanents de collecte des
données (C.), l’accueil, la réhabilitation physique et psychique des enfants
placés par ordonnance du juge en prison ou en alternative à
l’emprisonnement (D.), l’éducation de base et l’initiation professionnelle
des enfants (E.) et enfin la politique de réinsertion sociale (F.).

A. Sensibilisation et la diffusion des principes de la loi

Le principe du droit pénal libellé à l’article 6


3 de la constitution du 18 février 2006 telle que révisée à ce
jour, selon lequel, « nul n’est sensé ignorer la loi » s’appliquant
indistinctement à tout citoyen, du plus obscur au plus illustre, ne peut
trouver tout son sens que si les citoyens disposent d’un instrument de la
connaissance de leurs droits1. Or, la meilleure façon de connaitre ses
droits est, à notre avis, son enseignement. A cet effet, les pouvoirs publics

1 LIKULIA BOLONGO, op.cit, p.15


70

doivent mettre au point un système pour faire largement connaitre les


principes et les dispositions de la loi aux adultes et aux enfants.

En outre, que les principes et les objectifs de la loi soient


largement diffusés dans les langues nationales de la RDC et qu’ils soient
traduits dans les langues des principaux groupes de refugiés et
d’immigrants.

B. Formation des agents de l’Etat

L’Etat doit à tout moment, envisager la formation et le


renforcement des capacités des agents de l’Etat et des acteurs de la
société civile dans le domaine de la protection des enfants.

Le domaine de la protection des enfants est un secteur très


complexe qui demande de la technicité et aussi et surtout de la volonté. A
cet effet, les agents de l’Etat et les acteurs de la société civile qui s’y
intéressent, doivent manifester un intérêt particulier et un enthousiasme
dans le domaine de l’enfance.

C. Mécanismes permanents de collecte des données

Les chiffres présentés par nos enquêtes démontrent sans


doute que la criminalité juvénile est loin d’être un fléau dans la ville de
Kinshasa. Or, chaque jour qui passe, dans la ville de Kinshasa, l’on
enregistre bien des faits infractionnels chez les enfants. L’écart entre la
criminalité réelle et la criminalité apparente est très importante. Car, tout
ce qui se commet n’est pas toujours révélé à l’autorité compétente. La
culture de la dénonciation n’est pas présente dans la mentalité du citoyen.
Pour palier à cette situation, les pouvoirs publics doivent à ce niveau
envisager de créer au niveau national un mécanisme permanent de
collecte des données pour disposer d’une évaluation globale de la
situation des enfants sur son territoire et faire une évaluation approfondie
71

et multidisciplinaire de progrès et difficultés qui jalonnent la mise en


œuvre de la loi portant protection de l’enfant.

D. Education de base et initiation professionnelle

Tant que le niveau intellectuel de l’enfant demeurera l’actuel,


et que celui-ci restera sans une connaissance professionnelle, l’on peut
tout dire, crier et partir atelier en atelier, la situation de l’enfant ne saura
s’améliorer.
Ainsi, il faudra envisager déjà une politique éducative efficace.
Pour ce faire, l’Etat doit disposer de ses propres infrastructures scolaires
pour la prise en charge de ces enfants en situation difficile et en conflit
avec la loi. D’autre part, il doit envisager la formation professionnelle des
enfants ayant raté le niveau de scolarité, alors les récupérer par
l’apprentissage des métiers pouvant permettre leur auto prise en charge
dans la vie.

E. Réinsertion familiale et scolaire des mineurs libérés et de ceux qui sont


en rupture familiale

Châtier, c’est une bonne chose pour l’éducation de l’enfant.


Mais, la finalité de la sanction en droit pénal, est la réinsertion de l’agent.
A ce niveau encore, l’Etat doit avoir une bonne politique de réinsertion
sociale des mineurs après leur détention ou placement dans les
établissements de garde et d’éducation de l’Etat. Parce que, la pratique
renseigne que les enfants, une fois libérés, regagnent la rue et reprennent
leurs activités, autrefois condamnées. Et tout ceci se justifie par le
manque d’une politique efficace de réinsertion sociale et familiale.
72

CONCLUSION

Aux termes de notre travail qui a consisté à présenter


« l’impact de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant sur la protection de l’enfant en conflit avec la loi : réalités et
perspectives en RDC », loin de nous la prétention d’avoir épuisé la
matière si immense relative à notre objet, les instruments de travail ainsi
que le temps ne nous ayant pas été favorables, tout du moins, un effort a
été consenti pour arriver à la fin de nos investigations.

Pour mener à bon port ce travail et aboutir à des constructions


logiques, nous avons, outre l’introduction, abordée dans le premier
chapitre, l’étude descriptive du concept « enfant », où nous avons analysé
les notions générales sur l’enfant, ses droits et devoirs, les
caractéristiques de la criminalité juvénile.

Dans le second chapitre, nous avons cherché à répondre à la


question de savoir l’impact de la loi susmentionnée sur l’enfant en conflit
avec la loi dans notre pays. Pour y arriver, nous avons analysé la
protection judiciaire de l’ECL au regard de la présente loi, son effectivité a
été notre préoccupation. Le constat dégagé par les investigations nous
ont permis de formuler quelques propositions.

Pour chuter, l’on retiendra que dans la société congolaise


traditionnelle, l’enfant est considéré comme une richesse. De par
l’évolution actuelle, sa place est plus ambigüe. Dans des circonstances de
vie difficile, il tend à devenir une charge, dont certaines familles acculées
par l’impossibilité de subvenir à leurs besoins, cherchent à se débarrasser
sous divers prétextes plus ou moins fallacieux. Certains livrés à eux-
mêmes sont obligés pour survivre, de se livrer à des activités peu
recommandables, les mettant en conflit avec la société et la loi. L’état de
l’appareil judiciaire en RDC constitue également une préoccupation
73

majeure. Cet état de fait a des conséquences dramatiques en matière de


justice juvénile.

Que l’enfant soit suspecté, accusé, convaincu ou victime


d’infraction, la parole de l’accusateur ou agresseur et des agents policiers,
judiciaires et pénitentiaires prévaut. L’enfant n’est pas sujet de droit mais
reste, jusqu’à présent, objet des pratiques routinières injustes, souvent
peu appropriées qui nuisent à son développement, à son équilibre
psychique et ruinent ses perspectives d’avenir.

Le présent travail a proposé une combinaison d’actions de


plaidoyer, de sensibilisation, de formation et d’accompagnement des
groupes cibles destinés à promouvoir et vulgariser des bonnes pratiques
en matière de traitement de jeunes justiciables et des enfants victimes de
violation de leurs droits. Les jeunes eux-mêmes trouveront des lieux et
outils pour accorder plus facilement à l’information et à des moyens
d’expressions divers (théâtre, radio, internet). Ils feront l’apprentissage de
l’exercice de leurs responsabilités et du respect des valeurs
fondamentales. Les familles et la société civile seront également
sensibilisées et impliquer dans l’action pour accorder davantage de crédit
aux droits fondamentaux des enfants sans démagogie.
74

BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES LEGAUX ET REGLEMENTAIRES

1. Constitution du 18 février 2006 de la RDC telle que révisée par la loi


n°11/ 002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de
la constitution du 18 Février 2006, in JO/RDC, n°spécial, 20 janvier
2011;

2. Convention internationale relative aux droits de l’enfant-adoptée par


l’Assemblée Générale des N.U.-le 20 novembre 1989 et ratifiée à la
RDC par l’ord.-L n°90/48 du 22 aoute 1990 ;

3. Décret du 30 janvier 1940 portant Code Pénal Congolais ;

4. Loi n°87-010 du 1er aout 1987 portant code de la famille, in JOZ, n°


spécial, 1er aout 1987 ;

5. Loi n°09/ 001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, in


JO/RDC, n°spécial, 25 mai 2009

6. Ordonnance-Loi n°82-020 du 31 mars 1982 portant code de


l’organisation et de la compétence judiciaires, in JOZ, n°7, 1er avril
1982 ;

7. Ordonnance de l’Administrateur Général au Congo du 14 mai


1886 portant principes à suivre dans les décisions judiciaires.

II. DOCTRINE

A. Ouvrages

1. BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), Traité de droit pénal et de


Criminologie, 3e éd., Tome III, Dalloz, Paris, 1975;
2. BRILLON (Y.), Ethno-criminologie de l’Afrique noire, presse de
l’Université de Montréal, Montréal/ Québec, 1986 ;
75

3. CIZUNGU M. NYANGEZI (B.), Les infractions de A à Z, 1ère


Edition, Editions Laurent NYANGEZI, Kinshasa et
Ngakwa-Ludaha, 2011 ;

4. Dictionnaire universel, édition LAROUSSE, 2009;

5. Encyclopédie Familiale enfant et adulte, Paris, édition des


Connaissances modernes S.A., 1971 ;
6. GASSIN (R), Criminologie, 5è éd., Dalloz, Paris, 2003 ;

7. IDZUMBUIR ASSOP, (J.), La justice pour mineurs au Zaïre :


réalités et perspectives, E.U.A., Kinshasa, 1994 ;

8. LIKULIA BOLONGO, Droit Pénal Spécial Zaïrois, 2ème éd., Tome I,


LGDI, Paris, 1985;

9. MBATA (B), Education à la citoyenneté, 1è éd., GALIMAGE,


Kinshasa, 2009 ;

10. MBOKO, D’JANDIMA, Principes et usages en matière de rédaction


d’un travail universitaire, CADICEC, Kinshasa,
2004 ;

11. NYABIRUNGU Mwene SONGA, Droit Pénal Général Zaïrois, 2è


éd., DES, Kinshasa, 1995 ;

12. O’DONNEL, Dan, La protection de l’enfant, guide à l’usage des


Parlementaires, Genève, U.I.P., 2004 ;

13. PRADEL (J.), Manuel de Procédure pénale, 12e éd., CUJAS, Paris,
2004 ;

14. STEPHANI (G.) LEVASSEUR (G.) BOULOC (B.), Droit pénal


général, 2è éd., Dalloz, Paris, 1987 ;
76

15. TSHIBANGU TSHIASA KALALA, Droit civil : Régimes


matrimoniaux, successions et Libéralités, 2è éd.,
CADICEC, Kinshasa, 2006 ;

16. VEXLIARD, (A.), Introduction à la sociologie du vagabondage,


Librairie marcel rivière et Cie, Paris, 1959.

B. Articles des revues

1. BARRY, (F), « La question de la justice rétributive des mineurs :


Punition ou traitement et leurs conséquences
respectives », in RIPC, n°39-40, 1990 ;

2. HOUCHON (G.), « Les mécanismes criminogènes dans une société


Urbaine africaine », in RICTP, 1967.

C. Notes des cours

1. KAPETA et MWANZO (E.), Cours de Droit International Public, 2è


licence, Faculté de Droit, Unikin, 2011-2012, inédit;

2. KASIAMA, MBWANGI, (D), Cours de méthodes de recherche


Scientifique, 2è graduat, Université Révérend Kim,
Kinshasa, 2011-2012, inédit ;

3. KASONGO MUIDINGE, - Cours de criminologie général, 3è Graduat,


Faculté de Droit, Unikin, 2009- 2010,
inédit ;

- Cours de psychologie judiciaire, 2è


Licence, Faculté de Droit, Unikin, 2011-
2012, inédit ;

4. KUSUKILA, JM, Cours de protection de l’enfant, conforme au


Programme national de 6è technique Sociale,
2008, inédit ;
77

5. KWAKWA (F.), Cours de l’éducation à la citoyenneté, 1er graduat,


Faculté de la communication et médias, Université
Révérend Kim, Kinshasa, 2011-2012, inédit ;

6. MVAKA NGUMBU, (I.), Cours de criminologie clinique, 2è Licence,


Faculté de Droit, Unikin, 2011-2012, inédit.

D. Thèse

1. KIENGE-KIENGE (R.), Le contrôle policier de la délinquance des


jeunes à Kinshasa. Une approche ethnographique en
criminologie, thèse de doctorat en criminologie, Université
catholique de Louvain, 2005.

III. WEBOGRAPHIE

1. http://www.fr.wikipadia.org.
78

TABLE DES MATIERES


EPIGRAPHE ................................................................................................................. I

REMERCIEMENTS ......................................................................................................III

LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES .................................................................. IV

INTRODUCTION .......................................................................................................... 1

PROBLEMATIQUE................................................................................................... 1
II. INTERET DU SUJET ............................................................................................ 5
III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE .................................................................. 5
IV. DELIMITATION DU SUJET ................................................................................. 6
V. PLAN SOMMAIRE................................................................................................ 7

CHAPITRE I : ETUDE DESCRIPTIVE DU CONCEPT « ENFANT » ........................... 8

SECTION I : NOTIONS GENERALES SUR L’ENFANT ............................................ 8


§1. Définitions de l’enfant ..................................................................................... 8
A. Définition biologique de l’enfant ............................................................... 8
B. Définition sociologique de l’enfant ........................................................... 9
C. Définition juridique de l’enfant .................................................................12
§2. Catégories d’enfant. ......................................................................................13
A. Enfant déplacé ........................................................................................14
B. Enfant réfugié .........................................................................................14
C. Enfant en situation difficile ......................................................................14
D. Enfant en situation exceptionnelle ..........................................................14
E. Enfant avec handicap physique ou mental .............................................15
F. Enfant séparé .........................................................................................15
G. Enfant en conflit avec la loi .....................................................................15
§3. Les actes constitutifs de la délinquance juvénile ...........................................16
A. Les actes déviants ..............................................................................16
1. Le vagabondage et la mendicité .........................................................16
2. L’inconduite et l’indiscipline notoires ...................................................18
3. La débauche et la prostitution .............................................................19
B. Les actes infractionnels ......................................................................19
1. Le vol ......................................................................................................20
79

2. L’extorsion ..........................................................................................23
3. Les coups et blessures. ......................................................................24
SECTION II : LES DROITS ET DEVOIRS DE L’ENFANT ........................................28
§1. Les droits de l’enfant .....................................................................................28
A. Le droit à la vie ...................................................................................29
B. Le droit à l’éducation ..............................................................................30
C. Le droit à une identité .........................................................................30
D. Le droit à un environnement sain .......................................................32
§2. Les devoirs de l’enfant ..................................................................................33
SECTION III. ENFANT EN CONFLIT AVEC LA LOI COMME PHENOMENE DE
MASSE ....................................................................................................................35
§1. L’enfance en conflit avec la loi comme phénomène social ............................35
§2. L’enfance en conflit avec la loi comme phénomène urbain. ..........................36
§3. L’enfance en conflit avec la loi comme phénomène d’inadaptation sociale ...38

CHAPITRE II : DE LA PROTECTION DE L’ENFANT EN CONFLIT AVEC LA LOI ..40

SECTION I : DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE L’ENFANT EN CONFLIT AVEC


L A L OI ....................... ........................................ ....................................... ...............4 1
A. De l’institution du tribunal pour enfants ...............................................41
B. De l’organisation du tribunal pour enfants ..........................................42
§3. De la procédure devant le tribunal pour enfants ............................................44
A. De la saisine .......................................................................................44
B. Des garanties procédurales ................................................................45
C. Des mesures provisoires ....................................................................45
D. De l’instruction ........................................................................................47
E. De la décision .....................................................................................48
F. Des voies de recours ..........................................................................50
G. De la révision ......................................................................................51
H. De l’exécution de la décision ..............................................................52
I. Des sanctions pénales........................................................................52
§.4. De la médiation ............................................................................................53
SECTION II : DE L’EFFECTIVITE DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE L’ENFANT
EN CONFLIT AVEC LA LOI .....................................................................................55
§1. Aspect quantitatif de l’enfant en conflit avec la loi .........................................57
80

A. Les statistiques judiciaires ......................................................................57


B. Les statistiques de la police ....................................................................59
§2. Aspect qualitatif de l’enfance en conflit avec la loi.........................................60
A. La nature des faits commis par les jeunes..............................................60
B. La nature des décisions intervenues ......................................................61
§3. Constat dégagé .............................................................................................61
A. Constat dégagé sous l’angle quantitatif ..................................................62
B. Le constat dégagé sous l’angle qualitatif ................................................63
SECTION III : APPRECIATION CRITIQUE ET SUGGESTIONS .............................63
§1. Appréciation critique ......................................................................................64
A. Les améliorations des conditions de vie de l’enfant en conflit avec la loi64
B. Les difficultés relatives à la mise en œuvre de la protection de l’enfant. 65
§2. Suggestions...................................................................................................69
A. Sensibilisation et la diffusion des principes de la loi ...............................69
B. Formation des agents de l’Etat ...............................................................70
C. Mécanismes permanents de collecte des données ................................70
D. Education de base et initiation professionnelle.......................................71
E. Réinsertion familiale et scolaire des mineurs libérés et de ceux qui sont
en rupture familiale .....................................................................................71

CONCLUSION.............................................................................................................72

BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................74

TABLE DES MATIERES .............................................................................................78

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