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Entreprise en difficulté exercice n°1

M. X vient de céder 51% des parts, le 1er janvier 2012, de sa société, (la SA), à une société
d’investissement chinoise qui souhaite s’implanter en France. Il conserve 40 % des parts
avec le statut de P & DG. Cette société (la SA) fabrique des éléments métalliques qu’elle
vend aux chantiers navals. Elle est composée de 200 salariés et de 20 cadres.

Or le premier arrêté de compte n’est pas bon. Plombé par la crise, le secteur des chantiers
navals s’effondre et les commandes de la SA sont au plus mal. Au 31/12, les pertes
apparaissent pour un montant de 200 000 euros. A l’assemblée générale des actionnaires,
les chinois ne s’inquiètent pas outre mesure et abondent le compte courant d’associés pour
un montant de 200 000 euros.

Les comptes du premier trimestre 2013 sont pires puisqu’il faut compter cette fois sur un
déficit prévisible de 400 000 euros, alors que le capital de la SA n’est que de 1 million
d’euros. Les chinois ne sont toujours pas inquiets et rassurent M. X au téléphone. En effet, la
société est propriétaire de locaux industriels qu’elle occupe et ces derniers, d’une surface de
10 000 m 2, ont été achetés il y a 20 ans et ils sont totalement amortis. Ils assurent, par
ailleurs, pouvoir renflouer la société. Ils se contentent d’attendre que le marché des
chantiers navals reparte.

M. X vient vous voir, car il est de plus en plus inquiet. En effet, un des actionnaires : M Tpy,
un coréen qui détient 6 % des parts, exige d’avoir des informations sur la gestion de la
société. En outre, X doute de pouvoir vendre les locaux de l’usine avant le délai de 3 ans,
compte tenu de la crise. Enfin, les salariés de l’entreprise se sont réunis dernièrement car ils
craignent de subir des licenciements collectifs.

Que risque-t-il d’arriver à M X.

Déclanchement de l’alerte qui précède l’application d’une procédure pour les entreprises en
difficultés.

L’alerte du CAC doit être obligatoirement déclenchée lorsque ce dernier a connaissance de


faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation.

En l’espèce, un 1er élément est constitué par le changement d’actionnariat. En effet, la


société d’investissement semble ne pas connaitre le milieu industriel. Toutefois, le PDG qui
reste en place pilotait déjà la société. De ce côté l’expérience va jouer. Ce dernier est
inquiétant car elles ont doublé en un an : en 2013 elles atteignent pratiquement la moitié du
capital social. En revanche, les actionnaires couvrent les pertes et garantissent qu’ils vont
continuer à le faire. Il n’y a malheureusement pas d’engagement ferme à ce sujet.

Enfin, la durée de la crise est inquiétante mais on sait que l’activité des chantiers navals est
cyclique. En définitive, il n’y a qu’un péril modeste sur la continuité de l’exploitation mais par
sécurité on doit envisager de débuter la procédure d’alerte en avertissant le conseil
d’administration.

 sur l’alerte du CSE :


Le CSE peut déclencher l’alerte s’il a connaissance de faits affectant de façon préoccupante
la situation économique de l’entreprise. En l’espèce, 4éléments nous semblent
préoccupants :

- La cession de contrôle : on ne connait pas la politique de ressources humaines de


l’investisseur
- Le déficit : il double tous les deux ans ce qui suscite des inquiétudes
- Le carnet de commandes se vide : cela laisse supposer des licenciements
économiques
- La vente du local qui est totalement hypothéqué

En conséquence, le CSE peut indiscutablement user de son droit d’alerte sur l’action de M.T

Dans les SA, tout actionnaire détenant plus de 5% peut poser deux fois par an des questions
écrites au conseil d’administration et si la réponse n’est pas satisfaisante, demander au
tribunal de commerce de diligenter une expertise de gestion. Le déclencheur c’est si il existe
des faits de nature a compromettre la continuité de l’exploitation. En l’espèce, nous avons
vu que par sécurité le CAC déclenchait son alerte à propos d’un péril dans l’exploitation.
Toutefois le juge répugne à ouvrir l’expertise de gestion car elle est à la charge de la société
et elle ralentit l’entrée dans une procédure collective.

En conclusion, on peut estimer que la requête de M. T n’aboutira pas mais en revanche le


tribunal de commerce sera informé de la situation.

Entreprise en difficulté exercice n°2

Mohamed Lagagne est un coursier qui possède sa petite entreprise EURL de livraisons de
colis rapides dans la région parisienne. Il livre les grandes entreprises en urgence et possède,
pour ce faire un scooter et un véhicule utilitaire de petit volume, l’ensemble représentant un
actif (actuel) de 10 000 euros. Outre ces biens et leur assurance, l’EURL n’est contractante
que d’un abonnement internet de 30 euros /mois et d’un contrat de téléphonie mobile
« super pro illimité » à 60 euros /mois car Mohamed a une gestion prudente.

Or voici que l’une de entreprises qu’il livre depuis longtemps, la société AKCHA, semble sans
dessus dessous. Le 1er juin, alors qu’il effectue une livraison, la secrétaire de l’accueil lui
remet un document lui précisant que la société est sous sauvegarde et qu’elle est placée
sous la protection des articles 621 et s. du code de commerce.

Malheureusement, pour Mohamed, AKCHA lui devait des arriérés de 30 000 Euros de chiffre
d’affaires. Il est particulièrement en colère et vient vous voir afin de savoir ce qu’il peut
entreprendre contre AKCHA. En consultant ses comptes, c’est vous qui devenez inquiet : sa
trésorerie est vide et, sans les 30 000 euros, il va être dans l’impossibilité de payer les frais
de carburant de ses véhicules qui s’élèvent à 17643 Euros pour le trimestre. L’échéance
vient de tomber aujourd’hui. Que lui conseillez-vous de faire ?

Il est en cessation de paiement depuis 1journée : procédure de conciliation privilégiée.


Problème juridique : Action à entreprendre vis-à-vis du débiteur

Le principes des procédures collectives est d’engager par un jugement un traitement global
du paiement des créanciers. Les procédures collectives ont donc ceci de particulier que les
paiements sont suspendus ainsi que les poursuites dès le jour d’ouverture.

En l’espèce l’EURL ne pourra pas être payé et elle doit se déclarer créancière auprès du
mandataire qui aura été nommé par le tribunal de commerce. Débiteurs de grande société
La procédure de paiement sera réalisé via des classes de créancier. Le mandataire réalisera
donc la classe à pa… et elle devra voter avec les autres classes pour adopter le plan de
sauvegarde.

Dans ce plan de sauvegarde on proposera à l’EURL des modalités de règlements de sa classe.

Problème juridique : Quelle procédure choisir pour traiter des difficultés de l’EURL

Parmi les différentes procédures on peut distinguer entre celles qui nécessitent de ne pas
être en cessation de paiement et celles qui l’autorisent. Cette cessation de paiement
s’analyse selon le CdC comme étant l’impossibilité de répondre du passif exigible avec l’actif
disponible. Les procédures sans cessation de paiement sont celles du modèle ad hoc et de la
sauvegarde, en revanche la cessation de paiement est accepté dans la conciliation, le
redressement et la liquidation.

En l’espèce l’EURL à un actif de 10 000€ mais son passif exigible est supérieur à 18 000€. La
société est donc en cessation de paiement et ne peut ainsi opté que pour la conciliation, le
redressement ou la liquidation.

La conciliation est une procédure c contractuelle (amiable) qui est ouverte aux débiteurs qui
sont en cessation de paiement depuis moins de 45 jours. Elle a pour objet de négocier un
accord de règlement avec les principaux créanciers. … est également lié à une cessation de
paiement depuis moins de 45 jours et vise à une situation dans lequel le débiteur ne peut se
relever seul. La liquidation enfin s’applique lorsque le redressement est manifestement
impossible.

En l’espèce la liquidation n’est pas adaptée par l’entreprise eusine et peut se redresser, le
redressement quant à lui est envisageable mais comme l’EURL n’a qu’un seul créancier
principal, il est préférable d’envisager une procédure de conciliation qui sera demander au
Tribunal de commerce.

Problème juridique : choix d’une procédure à appliquer dans une entreprise en difficulté.

Le principe dans les procédures qui traitent des difficultés des entreprises est de distinguer
entre les procédures amiables et collectives. Les procédures amiables sont de nature
contractuelle (mandat ad hoc et conciliation). Les procédures collectives, elles, permettent
l’arrêt des poursuites des créanciers, il s’agit des sauvegardes, du redressement et de la
liquidation. Parmi ces procédures, certaines d’entre elles ne peuvent être ouverte que s’il n’y
a pas cessation de paiement : la sauvegarde et le mandat ad hoc.

En l’espèce, la cessation de paiements, qui s’analyse comme l’impossibilité de régler le passif


exigible avec l’actif disponible est caractérisé au 2juin, puisque l’actif de l’EURL est de 10
000€ alors que la société doit 17 643€ à un fournisseur. Il ne reste que trois procédures
utilisables dans cette situation : la conciliation, le redressement et la liquidation.

La liquidation doit s’ouvrir pour les sociétés dont le redressement est manifestement
impossible. Le redressement doit être ouvert lorsque la continuité de l’exploitation est
menacée. La conciliation, enfin, doit s’ouvrir lorsque le débiteur est confronté à des
difficultés juridiques, économiques ou financières qu’il ne peut surmonter seul et la
procédure vise à négocier avec les principaux créanciers.

En l’espèce, nous écarteront d’emblée la liquidation, en effet la société parait saine et ses
difficultés viennent d’un seul de ses clients. Quant au redressement, il peut être envisagé, la
procédure est couteuse : il faudra nommer un mandataire judiciaire et des organes de la
procédure (contrôleur), c’est une procédure trop lourde pour cette petite EURL. La
conciliation semble donc plus appropriée car dans les faits, il n’y a qu’un seul créancier
principal qui pose un problème : c’est le fournisseur de carburant. S’il refuse de négocier
dans les 4mois, il est possible depuis le 15septembre 2021 de transformer la conciliation en
sauvegarde accélérée ce qui permettra de geler le droit d’action des créanciers.

Nous conseillons à Mohammed de déclarer immédiatement ses créances au mandataire


judiciaire nommé dans AKCHA.

Cas pratique n° 3 (nota : cette question a été posée à l’épreuve du DSCG1 2009)

Vous êtes le nouveau commissaire au compte, depuis le 1er juillet 2009, de la société
Odysée (SA), spécialisée dans la production de peinture et de produits chimiques de
spécialité. Vous avez été, nommé suite à la prise de contrôle de cette société par un nouvel
actionnaire chinois.

Vous vous apercevez, après avoir fait un bilan de l’activité du 3ème trimestre, des faits
suivants.

- La société a procédé à un acompte sur dividende versé le 30 juin 2009. La trésorerie de la


société est, depuis cette date, pratiquement réduite à zéro.
- Depuis le changement d’actionnaire, la société attend désormais que ses fournisseurs aient
réclamé leur dû par lettre recommandée avec accusé de réception avant de les régler.
- La société mobilise systématiquement ses créances clients en les cédant à la banque (Dailly).
- Les stocks obsolètes encombrant l’entrepôt, il a été décidé de les déplacer à l’extérieur de
l’usine. Malheureusement, à la suite d’un orage violent, des résidus de ces stocks se sont
répandus dans le voisinage. Cette pollution, très visible, est dépourvue de toute
conséquence sanitaire mais elle fait l’objet d’une campagne de presse violente qui ternit
l’image de la société.
La centaine de salariés d’Odyssée s’inquiète. Au sein du comité d’entreprise, les élus
s’interrogent sur leur droit d’alerte. Vous estimez, quant à vous, que ces événements ne
justifient pas le déclenchement de votre obligation d’alerte.

 Les conditions de l’exercice du droit d’alerte par le comité d’entreprise vous paraissent-elles
réunies ?

Le CSE peut déclencher l’alerte lorsqu’il a connaissance de faits de nature à affecter de


façon préoccupante la situation économique de l’entreprise.

 Comment justifiez-vous n’avoir pas, en tant que commissaire aux comptes, l’obligation de
mettre en œuvre votre propre pouvoir d’alerte.

Nota : les questions sont limitées au déclenchement de la procédure et non à son


déroulement ultérieur.

Le problème juridique posé est celui des conditions de l’alerte dans le cas d’une
entreprise en difficulté.

S’agissant de l’alerte du CSE :


Le CSE dispose de la faculté, lorsqu’il a connaissance de faits susceptible d’affecter de
façon préoccupante la situation économique de l’entreprise. En l’espèce, on nous
annonce 4faits :
- Le versement de l’acompte sur dividendes peut inquiéter les salariés, l’associé est
très éloigné (en Chine), la cession de contrô le est très récente (début d’année) et
déjà il se verse des dividendes par anticipation. Ce versement, en outre, fait
baisser d’un niveau inquiétant la trésorerie de la société.
- La société accumule les retards de paiement dans ce qu’il apparait être une
véritable stratégie (on attend la LR avec AR). On peut se demander si cette
attitude ne cache pas la réalité d’une trésorerie négative.
- La société mobilise « systématiquement » ses créances or, c’est une technique
onéreuse qui peut également cacher une trésorerie déficitaire. En tout état de
cause nous avons un décalage de trésorerie.
- L’image de l’entreprise s’est dégradée dans le public, cela peut avoir des
conséquences dans le CA ou causer une perde de Goodwill.

En conséquence, le CSE a de nouveaux arguments pour pouvoir lancer l’alerte.

S’agissant de l’alerte du commissaire aux comptes :


Le principe est le suivant : le commissaire aux comptes doit lancer l’alerte lorsqu’il a
connaissance de faits susceptibles de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation. En l’espèce, les éléments qui nous sont rapportés doivent être analysés de
façon nuancée :
- La société a une trésorerie réduite à 0, toutefois c’est dû au versement anticipé
qui démontre que la trésorerie était suffisante avant ce versement et par ailleurs
il n’y aura pas besoin de verser le dividende de fin d’année.
- Il y a certes un décalage de trésorerie et la politique des nouveaux actionnaires
est assez déloyale envers les fournisseurs. En toute hypothèse ces derniers sont
réglés et il n’y a pas d’impayé.
- La mobilisation des créances est certes assez onéreuse mais c’est lié, comme nous
l’avons vu, à un décalage de trésorerie. Nous pouvons résumer la situation de la
façon suivante : si les dividendes n’avaient pas été versés la situation
n’appellerait aucune remarque.
- L’indicent lié à l’orage n’est pas de la compétence d’un CAC. En effet il faudrait
qu’il y ait un risque environnemental dans une activité classée. On nous indique
qu’il n’y a aucune conséquence sanitaire, il n’y a donc pas lieu de rattacher cette
opération à une procédure d’alerte.

En conséquence, les conditions de déclanchement par le commissaire aux comptes ne


sont pas réunies.

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